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57Marange-SilvangeCINNO2014-bilan PASI Nancy-Metz 1
Art et
mémoire
Collège Les Gaudinettes
MARANGE-SILVANGE
57535
Année scolaire 2013-2014
CA
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http://www4.ac-nancy-metz.fr/pasi
57Marange-SilvangeCINNO2014-bilan PASI Nancy-Metz 2
Art et Mémoire 2014
Description de l’action
Dans le cadre du Concours de la Résistance et de la Déportation, il s’agit de faire travailler
une quarantaine d’élèves volontaires dans un atelier « Mémoire et culture ».
Le projet est une expérience interdisciplinaire et allie les compétences de l’étude historique
sur le thème de la Résistance et celles des zrts plastiques autour de la création
photographique.
Les élèves de l’atelier sont des volontaires des classes de 3ème, car la partie historique
correspond à leur programme (la 2ème Guerre Mondiale). Nous partons du sujet du Concours
National de la Résistance et de la Déportation puis nous essayons de travailler la thématique
par le biais de la photographie. Nous cherchons aussi à perpétuer cette idée de Mémoire en
mettant en relation nos élèves avec des Anciens Combattants et en nous rendant dans des
lieux chargés d’Histoire et de Mémoire (Camp de concentration du Struthof, Fort de Queuleu
à Metz, Mémorial de la Shoah à Paris, Caves de la Gestapo à Moyeuvre, Mont Valérien,
Auschwitz, Plages du débarquement).
L’action proposée aux élèves permet de réaliser un travail photographique autour de
l’arbre et des racines : L’arbre pour se souvenir, l’arbre qui raconte une histoire de mémoire.
En raison de la commémoration du centenaire de la première guerre mondiale et en lien avec
les professeurs d’histoire, est proposé en 2013-2014 un travail photographique autour de
l’arbre, de l’écorce, de ses racines en référence aux arbres témoins de grands évènements
chargés d’histoire. Nous pouvons penser à la bataille de Verdun, aujourd’hui une immense
zone boisée dont les arbres portent les stigmates du conflit.
Le lieu devient ainsi le cadre d’une réflexion pour un travail photographique afin que les
élèves s’approprient l’espace et deviennent des « acteurs de notre mémoire collective ».
L’arbre pour se souvenir, l’arbre qui raconte une histoire de mémoire. Un travail artistique
pour que l’arbre nous livre ses secrets, ce qu’il a vécu dans ces lieux chargés d’histoire : les
chênes d’Auschwitz, d’Oradour-sur-Glane, le chêne de Goethe à Buchenwald… La forêt de la
zone rouge, des villages disparus autour de Verdun.
La racine avec ses ramifications se développant sous terre dans l’obscurité, devient ici une
forme plastique mise en lumière, mise en scène pour évoquer les réseaux de l’ombre, les
réseaux de la Résistance.
Une approche en histoire des arts est envisagée autour du travail d’Anselm Kiefer, de
Giuseppe Penone sur l’arbre et le temps et l’idée de mémoire collective dans les réalisations
de Boltanski.
57Marange-SilvangeCINNO2014-bilan PASI Nancy-Metz 3
Quatre enseignants sont engagés dans ce projet, deux professeurs d’histoire géographie, le
professeur d’arts plastiques et le professeur documentaliste du collège, ils travaillent ainsi en
complète interdisciplinarité et souhaitent approfondir leur collaboration en vue de l’épreuve
d’histoire des arts au collège.
Les élèves de 3ème engagés dans ce projet sont tous des volontaires, ils sont, cette année, 43
sur les 101 élèves de 3ème que compte le collège. Ils ont été réunis tous les jeudis de 12 heures
à 14 heures.
Objectif : faire le lien entre l’Histoire et les Arts plastiques
Dans le cadre des nouveaux programmes, dans un souci d’interdisciplinarité, l’atelier
mémoire permet de faire le lien entre l’histoire et les arts plastiques. Nous avions aussi
comme objectifs:
De travailler la photographie dans un lieu chargé d’histoire (les plages du
débarquement) pour s’approprier l’espace en mettant en scène une racine pour
exprimer l’idée de Résistance, de réseaux, de ramifications, pour une transmission de
la mémoire.
D’approfondir les questions retenues au collège dans le cadre de l’histoire des arts :
Comment les dictatures s’emparent elles des arts ? Comment l’art dénonce-t-il les
horreurs de la guerre ? Comment dire l’indicible ?
De faire entrer les parents à l’école en leur proposant de participer à une
« performance ». Il s’agissait cette année de rendre hommage à des hommes et des
femmes qui ont œuvré pour la Résistance.
De réfléchir à différents dispositifs de présentation et d’accrochage des œuvres en vue
de pérenniser notre mini-musée : comment, en privilégiant tel dispositif muséal, nous
guidions le spectateur dans une démarche et une façon particulière de « voir »
l’exposition. La disposition des photos est le fruit d’une réflexion, associant des
correspondances entre les images. L’exposition débute par une photo prise dans le
village disparu de Fleury pour se terminer par une photo prise en Normandie avec
« l’envol d’une racine ».
De permettre aux élèves d’aller à la rencontre directe avec l’œuvre d’art : une œuvre
d’art comme moyen d’expression, d’une pensée, d’une réflexion, d’une mémoire
(Centre Pompidou, FRAC, pièce de théâtre « Inconnu à cette adresse »).
De permettre aux élèves de valider certains items du socle commun :
- Compétence 1/La maitrise de la langue française (Ecrire un texte à partir des
images produites/Travail de l’oral pour présenter les réalisations lors de l’exposition).
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- Compétence 4/TICE (Utiliser un logiciel de retouche d’images).
- Compétence 5/La culture humaniste (Avoir des compétences et des repères
relevant de la culture artistique et des différentes périodes de l’humanité/ Pratiquer
diverses formes d’expression artistique/ Faire preuve de sensibilité, d’esprit critique).
- Compétence 7/L’autonomie et l’initiative (Etre autonome dans son travail/
S’engager dans un projet individuel et coopérer à un projet collectif).
Par ailleurs ce projet s’inscrit dans le cadre du Parcours d’Education Artistique et Culturelle
(PEAC) :
Premier pilier de la PEAC : « …des connaissances… »
Travail transdisciplinaire Histoire/Arts plastiques en lien avec le concours de la Résistance,
le centenaire de la Première guerre mondiale (bataille de Verdun) et la thématique de
l’histoire des arts « Art, état et pouvoir ».
Travail de l’écrit (narration à partir des photographies réalisées de racines les élèves
évoquent, imaginent l’histoire vécue par ces arbres témoins. Certains d’entre eux réalisent
également un carnet de bord pour expliquer leur démarche).
Travail de l’oral lors de l’exposition : les élèves présentent leur démarche artistique aux
visiteurs, ainsi que lors de la journée de liaison CM2-6ème (visite commentée).
Second pilier de la PEAC : « …des pratiques… »
Réflexion et appropriation de l’acte photographique (intervention de l’artiste).
Travail sur la notion de présentation, de mise en espace (exposition en fin d’année dans
notre espace spécifique, le mini-musée).
Troisième pilier de la PEAC : « … des rencontres avec des œuvres, des artistes,
des lieux… »
Ouverture culturelle sur l’art contemporain et en particulier le médium photographique
(visites au Frac, au centre Pompidou Metz).
Réflexion sur le devoir de mémoire/Appropriation de lieux chargés d’histoire par un travail
photographique à Verdun et sur les plages du débarquement.
Lien trans-générationnel : les visites dans les lieux culturels et historiques se font avec les
anciens combattants (FNAM de Marange-Silvange).
Ouverture de l’école vers l’extérieur (une soirée avec les parents pour réaliser avec les
élèves un travail plastique eau mois de mai).
Ce projet existe depuis 6 ans, on remarque une augmentation constante du nombre
d’inscrits pour arriver à presque 50% des élèves de 3ème.
57Marange-SilvangeCINNO2014-bilan PASI Nancy-Metz 5
Démarches choisies pour la représentation de la Mémoire
Appropriation des connaissances historiques :
A l’aide de supports différents et variés (textes, films, documentaires, visites), les élèves ont
pu acquérir des informations sur le thème du Concours de la Résistance et de la Déportation
2013-2014 : « Libération du territoire et retour à la République ».
Les élèves ont bénéficié de plusieurs visites accompagnées par les anciens combattants de la
section André Maginot de Marange-Silvange pour s’imprégner de notre mémoire collective.
Au cours de notre visite à ASCOMEMO (Association pour la conservation de la mémoire de
la Moselle), nous avons particulièrement insisté sur la spécificité de l’histoire locale, celle de
l’Alsace-Moselle victime de deux annexions.
Le groupe d’élèves a bénéficié d’une visite commentée du lieu puis un groupe de huit élèves a
pu accéder aux archives pour l’élaboration de son dossier. Ils ont réalisé un véritable travail
d’historien à partir de documents photographiques et de témoignages ce qui a permis la
rédaction d’un mémoire sur les combats de la bataille de Maizières.
- Par ailleurs dans le cadre des commémorations du 70ème anniversaire du débarquement, la
visite des plages a eu une résonnance particulière chez les élèves, leur permettant de mieux
comprendre l’importance accordée à cet évènement par les hommes politiques et les médias.
- Réflexion sur la montée du nazisme et le développement de l’antisémitisme par le biais
d’une pièce de théâtre « Inconnu à cette adresse ».
Travail artistique
Une première phase de création ou plus précisément d’expérimentation s’est déroulée au sein
du collège : à partir d’une racine, les élèves sont invités à chercher, à expérimenter des mises
en scène pour traduire la notion de Résistance et de mémoire… Préau, grille d’entrée du
collège, couloirs sombres deviennent ainsi un premier support, un premier environnement, un
lieu pour la création photographique. Dans un premier temps, les élèves réfléchissent à la
disposition de leur racine dans l’espace.
Puis, ils sont invités à enrichir leurs recherches par un travail sur la lumière (à l’aide de
lampes de poche et de projecteurs) avec l’intervention de Jacques Schneider, l’artiste
photographe. Les questions de cadrage et de lumières sont ainsi abordées autour d’un travail
sur les ombres chinoises.
Une dernière étape consiste à investir un lieu de Mémoire pour réaliser une dernière série de
photographies.
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Lors de la première sortie, sur le site du village disparu de Fleury près de Verdun, des
photographies ont été faites avec une lumière très spécifique, blafarde et sans ombre, avec un
brouillard diffus ce qui a donné une atmosphère particulière à ces photographies.
Ainsi, une de nos élèves a écrit « le brouillard apportait un côté mystique à la forêt, ce qui
était parfait pour les photos ». Un autre écrit « Dans le cimetière, la brume ajoutait un côté
funeste, comme des fantômes ».
Sur les plages de Normandie, lorsque les élèves mettent en scène leur racine, ils investissent
l’espace, s’approprient le lieu afin de délivrer un message, de donner du sens à leur photo et
deviennent ainsi les « acteurs de notre mémoire collective. »
Notre objectif était plutôt de travailler dans un lieu comportant une histoire, avec des
vestiges. Le fait de travailler sur les plages de Normandie, dans un lieu chargé d’histoire
permet aux élèves de s’approprier le lieu, une parcelle du lieu, de faire interagir l’élève et le
lieu pour donner du sens à leur image afin de créer une image différente d’un simple « cliché
touristique ».
Une réflexion collective a permis de choisir les photos à exposer, de définir le format et le
mode d’exposition.
Réflexion autour du titre
Une fois les photographies réalisées et accrochées au cours d’un travail collectif, les élèves
ont défini les titres de chacune des photos présentées à l’exposition. A partir de ces titres, ils
ont inventé une histoire en lien avec le lieu et le choix de leur mise en scène.
Un travail sur l’oral en plusieurs étapes
Cette année nous souhaitions axer une partie du travail sur l’oral. Ainsi nous avons proposé
aux élèves différentes activités :
- Lors des cérémonies du 11 novembre 2013 dans la commune de Marange-Silvange, les élèves
de l’atelier ont été chargés de lire au micro des textes rappelant l’engagement des soldats de la
Première Guerre mondiale.
- En Normandie, les visites ont été confiées aux élèves. Ainsi, ils ont choisi un lieu et ont
formé un groupe dans lequel chacun a fait des recherches précises comme peut le faire un
guide historique.
Dans un deuxième temps, ils ont préparé leur présentation en se répartissant la parole.
Une fois sur les lieux, chaque élève a fait l’effort de parler devant le reste du groupe à voix
haute, de façon distincte, sans sonorisation, ce qui a pu présenter un véritable défi pour
beaucoup.
- Pour préparer la visite de l’exposition photographique du 13 juin, les élèves se sont exercés à
une présentation orale devant leurs camarades. A tour de rôle, les élèves ont donné des
conseils et des astuces pour rendre la présentation plus vivante et claire pour le public.
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Implication des parents au cœur du projet
Le mardi 27 Mai, nous avons invité les parents des élèves de l’Atelier, qui le
désiraient, à assister à une séance de travail avec leurs enfants. Après leur avoir présenté notre
démarche, nos différentes sorties et nos objectifs, nous les avons mis à contribution.
C’est ainsi que la quarantaine de parents qui ont répondu à notre invitation ont pu
participer à une « performance artistique ».
A partir d’une photographie noir et blanc d’un résistant et de quelques éléments
biographiques, il a été demandé aux parents de mettre en scène cette photographie pour leur
rendre hommage en réalisant une boite mémoire.
(Annexe 1)
Les parents, se sont prêtés de bonne grâce à l’exercice, souvent avec la complicité de
leurs enfants, qui ont pu les accompagner dans leur démarche. Ils se sont rapidement mis au
travail, ils ont lu avec intérêt les éléments biographiques. Au final, les parents ont été très
productifs et inventifs, ce qui nous a conduits à exposer leurs œuvres au mini-musée.
Placée sous le signe de la convivialité, la séance s’est prolongée autour d’un apéritif
dinatoire, offert par les enseignants et les parents d’élèves. Cette autre occasion de rapprocher
parents, enseignants et élèves a, elle aussi, été très appréciée.
(Annexe 1)
Evaluation
Le Concours de la Résistance et de la Déportation
Tous les élèves ont participé à l’épreuve individuelle le 21 Mars 2014.
Une élève figure au palmarès départemental : elle est 2ème au devoir individuel. On peut
noter que de nombreuses copies ont fait références aux exemples donnés lors des séances de
préparation de l’atelier et de la visite à ASCOMEMO.
Par ailleurs un groupe de huit élèves a préparé un dossier collectif qui a été récompensé du
premier prix départemental.
Prix de la Mémoire et du civisme
Suite au voyage en Normandie, financé en partie par la fédération nationale André Maginot,
deux élèves ont rédigé un texte qui sera présenté au prix de la Mémoire et du Civisme
organisé par cette association d‘Anciens combattants.
(Annexe 2)
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Le réinvestissement en histoire et histoire des arts
L’investissement des élèves a permis de créer un véritable groupe, et de favoriser la cohésion
entre des élèves de niveaux très différents. Ils se sont à la fois aidés et stimulés mutuellement.
Pour certains élèves plus curieux et demandeurs, l’atelier a permis d’approfondir les
connaissances du cours d’histoire et d’aller bien au-delà du programme. Lors des visites
comme à Verdun, un élève écrit « les visites historiques nous ont permis de voir la réalité de
ce qu’était la vie et les combats durant cette guerre que nous avions étudiée en cours ».
Un autre élève dit « nous avons eu froid toute la journée, comme les soldats, cela donne une
idée des mauvaises conditions de vie dans les tranchées. Dans le fort de Douaumont, on a pu
ressentir le bruit des obus lorsque le guide a lâché une plaque métallique sur le sol. »
Les élèves ont pu prendre de la distance vis-à-vis de leur quotidien : « J’ai bien aimé cette
journée malgré le mauvais temps. Ce genre de sortie fait réfléchir sur les vrais besoins. En
plus notre côté artistique pouvait enfin s’exprimer. »
L’atelier a permis d’approfondir la notion d’art engagé abordé en histoire des arts et de
comprendre les interactions entre artistes et Histoire. Cette sensibilisation, et cette réflexion
sur les rapports entre l’histoire et l’art leur a été profitable au moment de l’épreuve d’Histoire
des Arts ce qui leur a permis de réinvestir leur réflexion et les connaissances acquises lors de
l’atelier. Par ailleurs, les élèves ont pu réutiliser ce bagage historique et artistique lors de
l’épreuve de français du brevet 2014.
Mettre par écrit son cheminement au cours de l’année : les carnets de bord
Afin de conserver une trace de cette expérience, nous avons proposé aux élèves de rédiger un
carnet de bord qui leur a été distribué en début d’année sous forme d’un grand cahier de
travaux pratiques. Chaque élève était libre de gérer son carnet en toute autonomie. Il a pu y
consigner ses réflexions, ses ressentis, dessiner, coller des souvenirs tels que des articles de
journaux, des cartes postales, des tickets d’entrée dans les lieux de visites.
Voici quelques passages d’un carnet de bord récupéré en fin d’année, puis rendu comme
trace du passage dans l’Atelier.
(Annexe 3)
La présentation du mini musée
Les élèves se sont impliqués dans la présentation des œuvres dans le mini musée lors de
l’exposition du 13 juin et lors de la visite des CM2 le 30 juin.
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Cette présentation est l’occasion de travailler l’oral devant un public varié d’adultes et
d’enfants. Ils ont réussi à mettre en perspective leur travail et à faire partager leur ressenti.
Cette année tous les élèves étaient particulièrement investis notamment grâce à l’espace
dédié à la projection des travaux réalisés au cours de l’année ; l’ordinateur et le vidéo
projecteur ont permis aux élèves passionnés d’informatique de montrer leurs compétences.
Le bilan des enseignants
Notre action est reconnue au sein de la communauté scolaire, cependant, malgré l’implication
des parents et les demandes croissantes des élèves de 4ème, il devient impossible de pérenniser
notre action face aux nombreuses difficultés administratives.
Enfin nous avons apprécié cette année, l’investissement d’un groupe d’élèves très dynamique
et particulièrement investi, et de travailler avec un artiste impliqué dans la création.
Cette année, un des points forts de cette action a été le voyage en Normandie durant lequel
nous avons particulièrement apprécié le comportement des élèves et leur capacités à établir
des relations avec le groupe des anciens combattants qui nous ont accompagnés. Le voyage a
eu une résonnance particulière auprès des élèves car il a eu lieu quelques jours avant les
commémorations du 70ème anniversaire du débarquement en Normandie. Nous avons pu nous
en apercevoir lorsque les élèves nous ont fait part de l’intérêt avec lequel ils ont suivi les
différentes retransmissions télévisées. Une excellente ambiance s’est installée entre tous les
participants, sans aucune fausse note.
Nous avons aussi apprécié les capacités des élèves à tisser des liens entre leur réflexion menée
dans l’atelier et leur travail en histoire des arts. Il est indéniable que pour beaucoup d’élèves,
la participation à l’atelier a enrichi leur présentation orale à l’épreuve d’histoire des arts.
Bilan des élèves
Cette année, les élèves ont rédigé un bilan de leur passage dans l’Atelier
(Annexe 4)
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ANNEXES
Annexe 1 : atelier mémoire 2014, soirée parents ; consignes et réalisations. DIAPORAMA
Page 10 - Annexe 2 : sur les traces du débarquement. Suite au voyage en Normandie, financé
en partie par la fédération nationale André Maginot, deux élèves ont rédigé un texte qui sera
présenté au prix de la Mémoire et du Civisme organisé par cette association d‘Anciens
combattants.
Page 17- Annexe 3 : carnet de bord
Page 26 - Annexe 4 : bilan des élèves de l’atelier
Annexe 5 : sélection de photographies des élèves DIAPORAMA
___________________
Annexe 2
Sur les traces du débarquement. Suite au voyage en Normandie, financé en
partie par la fédération nationale André Maginot, deux élèves ont rédigé un
texte qui sera présenté au prix de la Mémoire et du Civisme organisé par cette
association d‘Anciens combattants.
Sur les traces du Débarquement
Je m’appelle Louise. J’ai 14 ans. Je vais au collège « Les Gaudinettes » et je fais partie de « l’Atelier
Mémoire », un atelier qui traite le sujet de la Résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale. J’étais
jusqu’à, il n’y a pas si longtemps que cela, une élève ordinaire, identique aux milliers d’autres de
France Je dois même avouer que je ne connaissais pas le véritable sens du mot « Mémoire »… Tout
ça jusqu’au jour où un événement m’a transformée…Les professeurs nous avaient promis de tout
faire pour organiser un voyage en Normandie sur les plages du débarquement du 6 juin 1944.Et ils
l’ont fait, avec l’aide des Anciens Combattants de notre village de Marange-Silvange.
Tout a alors commencé, je me souviendrai toute ma vie de ce 21 mai 2014, c’est sur Utah Beach que
cette expérience étrange a débuté. A l’arrêt du bus mon amie Charlotte et moi avons suivi le groupe
et les professeurs sur la plage pour un petit cours d’Histoire. Mais désintéressées et plutôt
admiratives du paysage, nous décidâmes de partir discrètement un peu plus loin, explorer la plage.
En marchant, je trébuchais sur un rocher et en jetant un petit coup d’œil, je vis que ce n’en était pas
un. Qu’était ce donc ? Curieuse, je pris l’objet en main : c’était un casque, un casque identique à ceux
que les soldats portaient pendant la Seconde Guerre Mondiale. Que faisait-il là ? Je le pris et
continuais à avancer toujours aux cotés de Charlotte. Peu à peu on découvrit d’autres vêtements
57Marange-SilvangeCINNO2014-bilan PASI Nancy-Metz 11
étranges ; une veste, un pantalon, des chaussures, un sac… l’uniforme complet d’un soldat américain
de la Seconde Guerre.
La plus grande des découvertes vint ensuite. Nous nous étions assises sur le sable, les vêtements en
tas derrière nous quand au loin Charlotte aperçut une silhouette au bord de l’eau. On pouvait
vaguement distinguer son allure masculine, ses habits larges, ses chaussures qui montaient jusqu’aux
chevilles, et son casque… C’était un soldat !
Tout à coup, ma vue se brouilla, mes oreilles bourdonnèrent et mes poils se hérissèrent sur tout mon
corps. J’étais sur la même plage et au même endroit toujours à coté de Charlotte mais devant moi, la
marée était basse et le soleil était en train de se lever, quelle heure était-il donc ? Que se passait-il ?
Au loin, il y avait des milliers de bateaux et des péniches d’assaut pleines de soldats étaient en route
vers le rivage. Près de moi, des hommes criaient et couraient sur la plage nous passant au travers.
D’autres s’effondraient, touchés par un tir ennemi venant des fortifications derrière moi. D’énormes
bruits de tirs d’artillerie, de bombes et de mines résonnaient dans mes oreilles. J’assistais au
débarquement. Soudain, j’entendis une voix dans mon oreille droite. Je tournais la tête et vit le
soldat :
« - Nous sommes le 6 juin 1944, dit-il, il est 6h30, nous sommes sur Utah Beach, la plage du
débarquement la plus à l’Ouest, la marée est basse et les premières vagues d’assaut alliées
débarquent.
- Mais…mais comment pouvons nous voir cela ? Hoqueta Charlotte, est-ce grâce à vous ? Pourquoi
personne ne peut nous voir ?
- Attends un peu ! s’exclama le soldat, une seule question à la fois ! C’est moi qui vous montre tout
ceci et personne ne peut vous voir car tout se passe dans votre tête, ce n’est pas un voyage dans le
temps mais une vision. Tenez, regardez là-bas, les premières vagues ont débarqué alors les soldats
du génie commencent à ouvrir des brèches sur la plage entre les défenses installées par les
Allemands. Les prochaines vagues pourront arriver plus facilement en renfort. La plage sera bientôt
sous contrôle. »
En quelques secondes, tout redevint normal, je me trouvais à nouveau à coté du soldat et de
Charlotte, devant une mer calme, un paysage silencieux et un sable immaculé.
Nous restâmes sans voix un moment puis je dis :
« - Vous étiez parmi ces hommes ?
- Oui, répondit-il, je suis né en France en 1922 et j’ai vécu aux Etats-Unis jusqu’à ce que je m’engage
dans l’armée américaine pour partir combattre l’ennemi et défendre mon pays natal, la France.
- Que s’est il passé ensuite ? demanda Charlotte
- Et bien, la cinquième vague d’assaut est arrivée vers 7h30 sans encombre grâce aux soldats du
génie et à partir de midi, les troupes débarquées ont effectué la jonction avec les troupes
parachutées dans les terres. A la fin de la journée, la majorité des objectifs initiaux étaient atteints et
pour être exact, prés de 23 250 hommes et 1700 véhicules ont débarqué ici.
- Y a-t-il eu beaucoup de pertes ? Interrogea Charlotte
57Marange-SilvangeCINNO2014-bilan PASI Nancy-Metz 12
- Le bilan était de 197 morts et de 60 disparus. Les Allemands ont été surpris et impressionnés, ce qui
a entamé leur moral et réduit leur valeur combattante, Utah Beach est donc la plage qui a compté le
moins de pertes humaines et matérielles par rapport aux quatre autres secteurs de débarquement.
- Mais pourquoi est ce que les américains ont choisi de débarquer sur cette plage ? Demandai-je, et
pourquoi ce jour et cette heure ? »
Je pense que l’on pouvait lire sur notre visage l’incompréhension, l’interrogation et l’envie
d’apprendre de nouvelles choses, de comprendre ce qui s’était passé. Une curiosité immense venait
de naître en nous, c’est pourquoi le soldat inconnu reprit :
« - Utah Beach a été choisie pour établir une tête de pont directement dans le Cotentin pour
s’emparer le plus rapidement possible de Cherbourg et de son port très précieux. Le débarquement
devait avoir lieu le 5 mais les conditions météorologiques ne l’ont pas permis, il eut donc lieu le 6 juin
à 6h30 car la marée basse permettait de bien voir les défenses ennemies sur la plage.
- Mais comment savez-vous tout cela ? Questionna Charlotte
- Je faisais partie de la troisième vague d’assaut, en arrivant sur la plage, je fus touché à la jambe. Je
ne suis pas exactement sûr de ce qui s’est passé ensuite, mais je crois que l’on m’a emmené et que
l’on a essayé de me soigner. Malheureusement je suis mort suite à mes blessures. Après, j’ignore
pourquoi, je suis resté, mon corps a été enterré dans le cimetière provisoire et mon esprit a erré ici.
J’ai assisté à des dizaines de discussions entre survivants, j’ai suivi la progression alliée jusqu’à la
Libération et j’ai vu mourir mes amis, mais jamais, je n’ai pu quitter la France. Je connais toutes les
opérations du débarquement comme si j’y avais assisté, comme vous venez de le faire à l’instant.
-Aujourd’hui nous allons visiter Ste-Mère-Eglise, Omaha Beach et la Pointe du Hoc, lui dit Charlotte »
Nous nous tournâmes ensemble brutalement vers le groupe qui, par chance, était là où nous l’avions
laissé. Lorsque l’on se retourna, le soldat avait disparu, à sa place il y avait une vieille photographie
en noir et blanc d’une église, Ste-Mère-Eglise ? Peut-être bien. Nous rejoignîmes aussitôt le groupe
qui n’avait bizarrement pas remarqué notre départ, nous regagnâmes avec eux le bus, direction Ste-
Mère-Eglise et, si l’on en croit la logique des choses, le soldat inconnu.
Lorsque nous arrivâmes dans le village, je repérai aussitôt l’homme face à l’église, regardant vers le
clocher. Charlotte et moi quittâmes le groupe pour le rejoindre. A peine nous fûmes arrivées à ses
cotés que je me sentis transportée une nouvelle fois. Lorsque je retrouvais mes sens, il faisait nuit, la
place du village était en feu et les habitants courraient dans toutes les directions cherchant
désespérément un moyen d’éteindre l’incendie tout en étant surveillés par des soldats,
probablement la division allemande présente dans le village.
« - Nous sommes à présent dans le petit village de 1000 habitants, Ste-Mère-Eglise où des
parachutistes américains furent largués dans la nuit qui précéda le débarquement, expliqua le soldat.
- Mais pourquoi Ste-Mère-Eglise et pas un autre village ? Interrogeai-je
- A l’époque, ce village est un lieu important puisqu’il permet de relier les cinq plages à la ville de
Cherbourg. Cette opération avait également pour but de contrôler les quelques routes permettant
les sorties d’Utah Beach, elle permit aussi d’attaquer les terres ennemies et le « mur de l’Atlantique »
57Marange-SilvangeCINNO2014-bilan PASI Nancy-Metz 13
de l’intérieur et ainsi fragiliser les positions allemandes. C’est le moment, les parachutistes vont
sauter. »
On entendit un bruit provenant du ciel et je vis des centaines d’hommes descendre vers nous en
parachute. Mais si moi j’avais pu les voir, les habitants et la division allemande également. Les
soldats au sol tirèrent vers le ciel, touchant parfois leurs ennemis. Les parachutistes qui arrivaient à
terre sains et saufs fuirent en direction de la forêt en essayant de ne pas se faire tuer par les
allemands. Tout se fit dans la confusion la plus totale, je pus même distinguer un homme accroché au
clocher de l’église avec son parachute ; il devait sûrement avoir été touché et ainsi dans l’incapacité
de contrôler son parachute et son atterrissage. Les combats faisaient rage devant moi quand d’un
seul coup, tout revint à la normale. Nos camarades devaient être rentrés dans l’église car je ne les
voyais plus, mais cela n’avait pas l’air de déranger Charlotte :
« - Mais comment les Alliés ont-il fait pour libérer ce village ? demanda-t-elle, tout était confus, je ne
comprenais rien.
- A l’origine, 1500 hommes ont sauté, dit le soldat, mais en effet rien ne s’est passé comme prévu.
Les nuages dans le ciel masquaient la vue des pilotes qui larguèrent les hommes n’importe où dans
les terres, au dessus des marécages creusés et inondés par les allemands. Il y eut de nombreux morts
noyés ou empalés sur les piquets au fond des tranchées pleines d’eau. Comme vous avez pu le
constater, ceux qui ont été parachutés au dessus du village ont été repérés immédiatement et
nombreuses furent les pertes ici également. Les survivants ont tous fui dans les forêts à la recherche
de leurs unités respectives afin de poursuivre leur mission. Heureusement, un lieutenant-colonel
réunit 150 soldats environ et verrouilla l’accès à la ville pour ensuite s’en emparer. Ste-Mère-Eglise
est alors devenue la première ville libérée par les airs.
- Ils ont ensuite fait la jonction le lendemain avec les troupes débarquées sur les plages, conclut
Charlotte. »
Derrière nous, nous entendîmes le groupe sortir de l’église, ils ne s’étaient visiblement pas inquiétés
de notre disparition. Quelques secondes le dos tourné et l’inconnu s’en était allé, laissant à nouveau
une photographie en noir et blanc représentant cette fois ci, une falaise. La Pointe du Hoc. Après être
sortis du bus, il fallait marcher un petit peu avant d’enfin apercevoir la falaise et la mer. Mais déjà là,
la terre portait les stigmates de la guerre ; il y avait des dizaines d’immenses trous d’obus de chaque
côté du sentier. Je marchais derrière mes camarades avec Charlotte quand d’un seul coup, tout
comme elle, je sentis le besoin de m’asseoir. On s’assit dans l’herbe et aussitôt je fus emmenée une
fois encore en 1944 ; le soldat devait être là mais je ne l’avais pas encore vu.
Lorsque j’ouvris les yeux, j’étais debout au bord de la falaise qui descendait à pic, aux cotés de
Charlotte et du soldat. Je voyais et j’entendais à nouveau des explosions de bombes tirées par les
bombardiers alliés venus du ciel ou par les navires au loin. Le soleil se levait, je voyais à peine les
reflets rose-orangés dans le ciel au-dessus de moi mais au loin je ne distinguais pas l’armada alliée à
cause de la fumée des explosions, des incendies et l’écran de fumée le protégeant.
« - Mais comment les américains ont-ils pu s’emparer de cette pointe ? demanda Charlotte, la falaise
est si verticale et on ne voit rien !
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- Et bien un peu avant, vers 4h30 du matériel a été déposé pour qu’ensuite les 225 Rangers puissent
les utiliser, répondit le soldat, regarde là-bas, tu vas voir. »
Au loin on pu distinguer les péniches de débarquement arriver. Je m’imaginais à ce moment les
conditions dans lesquelles ils se trouvaient ; naviguant éclaboussés par l’écume glaciale, en proie au
mal de mer et chargés de leur 30 kilos d’équipement. Arrivés en bas de la falaise, les Rangers
montèrent des échelles et s’emparèrent du matériel dont ils avaient besoin. Ils escaladèrent la falaise
et mon sang se glaça lorsque je vis des soldats manquer une prise ou se faire tirer dessus puis tomber
et s’écraser sur le sol de la plage en contrebas. Après l’escalade, les Rangers prirent les bunkers
allemands en haut de la pointe et malgré toutes les difficultés e prise et sécurisée en quasiment 15
minutes. Quelques secondes après, je me trouvais à nouveau assise dans l’herbe, sous un ciel bleu, à
coté de Charlotte et face au soldat.
« - Prés de 90 hommes sont morts lors de cette opération, dit le soldat
- Quels dangers représentait cette batterie allemande ? Demandai-je
- L’artillerie ennemie à longue portée pouvait faire feu sur les plages d’Utah à l’ouest et d’Omaha à
l’est, puisque cette pointe fait la jonction entre les deux, répondit le soldat
- Est-ce que cette ascension a eu lieu en même temps que les débarquements sur les plages ? A
6h30 ? S’interrogea Charlotte
- A l’origine, l’assaut était prévu pour 6h30 c’est exact, mais à cause du courant, les barges furent
déportées vers l’est. Les Rangers prirent alors du retard et n’arrivèrent ici qu’à 7h10. Du coup, la
fusée éclairante qu’ils devaient tirer à 7h pour avoir du renfort ne le fut pas et les 225 Rangers
supplémentaires furent déployés sur Omaha Beach.
- Je trouve que cette bataille a été relativement rapide, renchérit Charlotte
- Oui mais les allemands n’avaient pas dit leur dernier mot, répliqua le soldat, la nuit qui suivit il y eut
une contre-attaque allemande. Les Rangers présents n’avaient toujours pas eu de renforts et étaient
peu nombreux. Heureusement, l’un d’entre eux fit exploser le dépôt de munitions allemand ce qui
entraîna leur victoire. »
J’entendis des voix dans mon dos, nos camarades revenaient. Je me levais alors en pensant :
« Maintenant, direction Omaha Beach » et au même moment j’aperçus la photo à la place du soldat,
une plage de sable en noir et blanc. Je sortis du bus la dernière, après avoir vu les morts violentes des
combattants d’Utah Beach, de Ste-Mère-Eglise et de la Pointe du Hoc, j’étais assez secouée, je pense
que c’était également le cas de Charlotte puisque elle était juste devant moi à ce moment. Nous
ignorions malheureusement que nous nous apprêtions à assister au pire, le débarquement des
Américains sur « Omaha la sanglante »… Un guide, que Charlotte et moi évitâmes soigneusement,
emmena notre groupe à l’est de la plage, tandis que nous nous dirigeâmes à l’ouest car c’est vers là-
bas que nous avions aperçu la silhouette du soldat. Arrivée prés de lui, je fus, pour la quatrième fois,
transportée. Cette fois, ce ne fut pas le voyage qui me fit perdre mes sens, il m’était devenu familier,
c’est l’endroit où j’atterris qui me tourmenta. J’eus du mal à reconnaître la plage que je venais de
quitter l’instant d’avant ; une épaisse fumée masquait la mer déchainée et le paysage .Devant moi,
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autour de moi, tout s’embrasait et s’illuminait mais je ne parvenais pas à savoir qui tirait et d’où.
Heureusement, Charlotte et le soldat se tenaient toujours à mes cotés :
« - Ce n’est pas encore l’heure, dit le soldat, la première vague d’assaut débarquera à 6h35.
- Mais alors qu’est-ce qui se passe ? Interrogea Charlotte
- L’artillerie navale des Alliés est en train de tirer vers le mur de l’Atlantique mais les tirs sont
imprécis car l’épaisse fumée due aux bombardements de la nuit masque la côte aux navires.
- Que s’est-il passé cette nuit ? Demandai-je
- De nombreux bombardiers alliés ont largué des tonnes de bombes sur les défenses de plages
allemandes mais un très fort brouillard et des nuages les ont empêchés d’être précis c’est pourquoi
ces bombes ont été larguées trop loin à l’intérieur des terres. Ainsi lors des deux bombardements, les
cibles n’ont pas été bien atteintes.
- Mais est-ce que ces bombardements ont affecté les allemands ? dit Charlotte
- Ils ont été éprouvés mais leurs pertes sont très faibles, autant en vies qu’en matériel. Et par chance
pour eux, du côté allié on pense qu’ils sont écrasés. »
On assista à ce pilonnage de la côte pendant un moment jusqu'à ce qu’on aperçoive les barges alliées
arriver. Dès que les soldats touchèrent la plage, une pluie d’obus et de balles de mitrailleuses
s’abattit sur eux. Autour de moi, des centaines d’hommes s’effondraient au sol, parfois sans même
descendre de la barge, parfois à quelques mètres d’un abri. Je n’eus pas à assister à ce spectacle plus
longtemps puisque rapidement, je revins sur la plage calme et tranquille de 2014.
« - Une fois débarqués, les soldats devaient parcourir 500 mètres à découvert pour pouvoir se mettre
à l’abri. Mais les Allemands, se tenant prêts, attendirent le dernier moment pour ouvrir le feu afin de
ne pas dévoiler immédiatement leurs positions. La première vague d’assaut fut décimée ainsi, en un
instant, expliqua le soldat, en 5 minutes près de 90% des effectifs furent mis hors de combat. La suite
ne fut guère mieux hélas ; la majorité des chars amphibies devant débarquer ne vit jamais la plage, il
y eut près de 2000 blessés et environ 1000 hommes moururent lors de cette bataille.
- Mais comment ont-ils réussi à prendre la plage alors ? Demandai-je
- Et bien, répondit le soldat, par la suite, de petits groupes de survivants se sont formés. Aidés par
l’appui feu de quelques navires de guerre, ils commencèrent à prendre les défenses allemandes à
revers. D’autres unités suivirent et d’autres percées furent réalisées. Les Américains durent faire face
à quelques contre-attaques mais finalement, en milieu d’après-midi, le dernier bunker allemand fut
pris.
- Et ensuite que s’est il passé ? Questionna Charlotte
- Les têtes de ponts des 5 plages se rejoignirent, dit le soldat, les Alliés prirent Cherbourg, ils
construisirent le fameux port artificiel d’Arromanches qui leur permis de débarquer l’artillerie lourde
et les chars d’assaut pour ensuite avancer dans les terres. Ils libérèrent ainsi des villages, des villes
puis Paris, la France et un an après, l’armistice fut signé et la guerre en Europe terminée. C’est après
cela qu’on créa le cimetière de Colleville, venez, je vais vous montrer l’endroit où je su Nous
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quittâmes la plage et fûmes aussitôt dans le cimetière qui se trouvait juste au-dessus. Nous
empruntâmes d’abord le chemin principal, nous passâmes devant les zones A, B, C et D pour arriver
au carré E. Là, Charlotte et moi suivîmes le soldat à travers les allées en regardant les croix sculptées
dans un marbre magnifique avec les noms au centre de chacune d’elles. Soudain, un sentiment de
culpabilité m’envahit, tous ces hommes, tous ces jeunes hommes, à qui il restait tant d’années à
vivre, sont morts pour nous, enfants, adolescents, adultes, personnes âgées de France. Ils sont morts
pour nous libérer alors qu’ils ne nous connaissaient même pas. Ils se sont sacrifiés pour des inconnus.
Le soldat nous montra sa croix ; elle était simple et identique aux autres mais elle m’était familière, je
pouvais enfin associer quelque chose de réel et de solide à l’homme qui me parlait depuis ce matin,
Daniel Walker dit alors :
« - Voilà, c’est ici que je repose depuis 70 ans. Je reposerai à présent en paix car je saurai que la
guerre ne sera pas oubliée. Je saurai que des personnes de ce monde feront tout pour perpétuer ma
mémoire ainsi que celle de tous les autres soldats américains, français, anglais, canadiens,
allemands… Il ne faut plus qu’une telle erreur soit à nouveau commise, promettez- moi, je vous en
prie, que mon intervention n’a pas servi à rien.
Charlotte et moi dîmes ensemble : Je vous le promets ! »
- Très bien alors, je peux m’en aller »
A ces mots, il partit, il s’estompa et disparut malgré les appels inutiles de Charlotte.
Pourquoi nous avait-il choisi nous ? Pourquoi étions-nous les seules à le voir ? A-t-il une famille aux
Etats-Unis ou ici, en France ? Tant de questions restèrent sans réponses. Une heure après le départ
du soldat toutes ces questions me tournaient dans la tête. Nous étions à ce moment à Arromanches-
les-Bains dans le cinéma 360°. Le film avait déjà commencé mais je ne regardais pas et n’écoutais
pas, je pensais. Je pensais à tous ces hommes qui avaient donné leur vie, je pensais à toutes ces
familles qui avaient perdu, un fils, un frère, un père ou un oncle, je pensais à nous, habitants de
France qui pour moi ne faisons pas assez de choses pour honorer la mémoire de tous ces héros morts
pour nous libérer. Soudain, sur un écran, un homme m’interpella et je reconnus immédiatement
Daniel Walker, il avait été filmé sur un des films d’archives retrouvé. Je ne sais pas si Charlotte l’a vu
elle aussi, mais je sais que comme moi, jamais elle ne l’oubliera.
Aujourd’hui, grâce à cette douloureuse et marquante expérience, ma vision de l’Histoire, de la Guerre
et ma façon de voir les choses ont changé mais surtout maintenant je n’ignore plus le passé, je
perpétue la Mémoire.
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Annexe 3
Quelques passages d’un carnet de bord
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Annexe 4
Bilan des élèves de l'atelier
2013-2014
Avant mon année à l'atelier ma perception de la « mémoire » était vague et
confuse. Je savais qu'il ne fallait pas oublier mais ne pas oublier quoi ? Grâce à
cette merveilleuse année, j'ai pu mettre des images et des mots sur ces idées de
mémoire. J'ai visité des lieux chargés d'histoire, compris des points importants
de cette guerre et enfin pu percevoir le véritable sens du mot MEMOIRE. A
l'atelier nous avons travaillé et appris beaucoup de choses mais toujours dans
une bonne ambiance et dans la bonne humeur.
C'est pourquoi je voudrais remercier les profs géniaux qui nous ont encadrés et
toutes les personnes qui ont permis à cette année de bien se réaliser ; les
Anciens Combattants, les membres d'ASCOMEMO et notre photographe
professionnel Jacques Schneider.
En début d'année, l'atelier Mémoire était pour beaucoup des élèves une activité
assez inconnue, on en avait vaguement entendu parler. C'était pour nous, un
échange entre élèves et professeurs où nous allions faire des recherches
historiques illustrées par des travaux artistiques.
Après cette année passée à l'atelier, notre perception a changé. On a appris à
s'entraider afin de regrouper le plus d'informations possibles. On a compris ce
qu'était réellement « LA MEMOIRE ». Le voyage en Normandie a enrichi les
connaissances de chacun de nous, cela nous a permis de ressentir certaines
émotions lorsque nous étions dans des lieux clés de notre histoire. Grâce à cet
atelier, chaque élève de 3ème a appris ce qu'est la Mémoire et peut ainsi la faire
perdurer.
En début d'année, nous savions que nous allions travailler sur la Seconde Guerre
Mondiale puis, au fur et à mesure, tout a pris forme. Nous avons appris beaucoup
de choses en détail pour vraiment connaître tous les détails de notre histoire
(cela nous a beaucoup aidé pour notre apprentissage en cours).
Ce fait d'avoir fait plein de visites nous a permis de mettre des images sur des
mots pour mieux comprendre. L'ambiance durant les deux heures de l'atelier
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était super car nous apprenions dans une ambiance détendue, dans le but de
passer un bon moment en nous donnant envie d'apprendre. Tout ça nous le devons
à nos supers profs.