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A Bélize tout est permit (enfin presque) Assis autour d’une table, tout en dégustant une “cer- veza” nous écoutons Charlie Leslie, le propriétaire du Tarpon Caye lodge, qui nous raconte comment, avec peu de moyen il a construit son lodge après avoir guidé de nombreuses années dans le coin. Charlie est une légende qui vit son art dans une des meilleures zones au monde pour la pêche du permit. Par Jean-Pierre et Kathleen Piccin

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written by Jean-Pierre & Kathleen Piccin

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A Bélize tout est

permit(enfin presque)

Assis autour d’une table, tout en dégustant une “cer-veza” nous écoutons Charlie Leslie, le propriétaire duTarpon Caye lodge, qui nous raconte comment, avec peude moyen il a construit son lodge après avoir guidé denombreuses années dans le coin. Charlie est une légendequi vit son art dans une des meilleures zones au mondepour la pêche du permit.Par Jean-Pierre et Kathleen Piccin

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Où pêcher

Simplicité, modestie, etenthousiasme caractérisent,Charlie Leslie, ce pionnierde le pêche au permit. Eneffet, nous sommes en faced’une « pointure » qui, dèsles années 1970 a fait assezd’observations sur le permitpour comprendre commentle leurrer. Muni d’unmasque et d’un tuba, il aobservé que ces poissons semettaient à la verticale avantd’aspirer leurs proies et de les

broyer, mais aussi comment,parfois, ils les rejetaient enune fraction de secondequand elles ne leurs conve-naient pas. C’est durantcette période que quelquesexperts en la matière, dontCharlie Leslie, Lefty Kreh,Chico Fernandez, se réuni-rent tels des scientifiquesdevant un problème à éluci-der pour partager chacunleurs compétences. C’estainsi que grâce à eux, on a

réussi à pêcher à la moucheles premiers permits. Nousaurions volontiers écoutéCharlie toute la nuit, mais ilne restait qu’une heure dejour pour tenter des tarponsqui viennent roder le longdes mangroves, à 100 m dulodge, au moment ou les“sardinas” en sortent juste-ment. Charlie nousaccompagne et nous pro-digue ses conseils. Leschasses sont nombreuses et

la pêche très excitante. Leprogramme de la journée dulendemain est simple : aprèsun bon café, nous allons direbonjour aux tarpons, puison s’offrira un bon petitdéjeuner pour tenir le coupavant d’aller traquer les per-mits. Il est déjà 10 heures etcela fait une dizaine deminutes, moteur au ralenti,que nous longeons, la bor-dure d’un petit flat lorsquenous voyons le premier “ner-

Des poissons nombreux, des guides compétents etun endroit superbe. La recette d’un séjour réussi.En bas et à gauche sur la photo, Charlie Leslie,le responsable du lodge, qui compte parmiles pionniers de la pêche du permit à la mouche.

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vous waters” causé par le tai-ling de quelques permits.Puis ça ne va plus arrêterdurant toute la journée ! Onne passera pas 15 minutessans attaquer des permits surles flats dans d’excellentesconditions. Durant desheures le taux d’adrénalinefrôle l’overdose : une fois,c’est le crabe qui tombe surla tête des poissons qui sontdans l’impossibilité de levoir, une autre, l’eau est si

basse que le “ploc” de notremouche trop lourde leseffraie, ou encore (la plusfolle des situations), un per-mit qui avait vu fuir notrecrabe le suit jusqu’à portéede mains puis s’apercevantde la supercherie s’échappebruyamment à toutevitesse). Cardiaque s’abste-nir ! Mais c’est à Kathleenqu’un permit a fait la plusbelle roublardise en prenantet recrachant plus vite que

son ombre son crabe. Et celasi discrètement que ce n’estqu’en récupérant la moucheque nous nous sommesaperçus qu’elle avait fait unerotation de 180° autour del’hameçon ! Nous savonsque la pêche n’a rien à voiravec la comptabilité, etqu’une bonne journée ne semesure pas en nombre deprises. Mais de là à êtresatisfait d’une bredouille…Pas un seul poisson de la

journée et pourtant quelplaisir avons nous partagé !Marlon le guide et Carlito,l’apprenti guide, nous “ma-nagèrent” si bien qu’ils réus-sirent à créer un véritable es-prit d’équipe. C’est doncsans appréhension que nousavons abordé la deuxièmejournée, qui semblait pour-tant s’annoncer plus difficilecar le vent et les nuagesétaient de la partie. Ici, avecdes flats étroits, les mau-

La pêche du poisson aux nageoires en forme defaux (Trachinotus falcatus) est très éprouvantepour le système nerveux du pêcheur et de toutl’équipage. Quand, enfin, tout s’est bien passé,c’est normal de se laisser un peu aller !

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Où pêchervaises conditions ne sont passystématiquement catastro-phiques. Souvent l’approchedes permits à pieds est pos-sible. En fonction de la ma-rée, cette option est tou-jours valable. En choisis-sant les bons endroits aubonmoment, il est possiblede repérer des “taillings” oudes mouvements à la sur-face. Marlon venait de re-pérer trois permits qui s’ap-prêtaient à rejoindre lesflats. Toujours aux aguets, jelance en une poignée de se-condes mais les poissonschangent de direction. Sanscomprendre pourquoi j’aiferré tout en strippant lamouche, je me retrouveavec un permit au bout dema ligne. Après 10 mn d’uncombat incertain sur ces pe-tits flats et des rushs dignede Hussain Bolt, le poissonmontre des signes de fa-tigue. En l’amenant au ba-teau, il se reprend et passesous la coque ! Je plongeaussitôt la canne dans l’eauau niveau de la proue pourne pas qu’il la casse et lelaisse s’échapper sans com-prendre ce qui est en trainde se passer car Carlitovient de plonger dans l’eauet ne refait pas surface !“Pas de problème” (commetoujours…) me dit Mar-lon, “ta soie s’est coincéesur une pièce métalliquesous le bateau et Carlitovient de la dégager. Lèvebien la canne pour ne pasqu’elle se mette entre lescoraux. ” Poursuit-il.Je reprends vite le contactet pompe, pompe durantcinq minutes de plus pourenfin ramener le permitdans l’épuisette. A cet ins-tant la joie est telle sur le ba-teau qu’on dirait qu’on

vient de gagner le cham-pionnat d’Europe deHand-ball ! A présent noussommes devenus une équipequi gagne et d’ailleurs nousallons le prouver dès le len-demain en prenant un autrepermit qui a sauté sur lecrabe au premier lancer. Unautre permit sera perdu.Et question tarpon nousdirez-vous car l’endroit se

nomme bien Tarpon CayLodge ?Nous n’avons pas grand-chose à raconter à leur sujetcar nous étions très accapa-rés par les permits. Maisaprès un début de séjourtrès excitant, ils ont été trèsdiscrets en raison de lapleine lune qui leur permet-tait de se nourrir durant lanuit. Nous en avons perdu

trois autres et pris un. Dequoi nous donner l’envie derevenir, car rares sont leslieux dans le monde où cesdiables de poissons seretrouvent si souvent à por-tée de lancer !

Un peu de technique

PermitLancer loin et avec préci-sion même lorsqu’il y a duvent est indispensable. Ilfaut donc avoir une parfaitemaitrise de la double trac-tion, du lancer parallèle àl’eau à faible hauteur et sur-tout être capable de le faireavec le moins de faux lan-cers possibles car les permitsqui sont les proies favoritesdes requins sont sans arrêtsur le qui-vive et s’effraienttrès facilement.L’animation de la mouche,un crabe bien souvent,doit lui donner vie. Pourcela faire un à trois petitsstrips très courts entrecou-pés de courtes pauses. Aumoindre doute et sanshésitation il faut ferrer engardant la canne basse eten faisant juste un stripplus rapide et un peu pluslong (30 cm environ). Aupire si le permit n’a pasmordu il ne sera paseffrayé et pourra continuerà voir le crabe qui resteattractif. Ceci est essentielet peut être que c’est l’undes secrets de cette pêche sidifficile. Même si on passeà côté de beaucoup depoissons qui prennent etrejettent la mouche en unefraction de seconde sansqu’on s’en aperçoive, il nefaut pas s’attendre à sentirun “toc” très net lorsqu’ilsmordent, car on a pour le

Bélize, ex Hondurasbritannique, est un petitpays qui borde la merdes Caraïbes. Il partage safrontière avec le Mexiqueau nord et le Guatemalaau sud. Le pays a étédévasté en 2000 parl’ouragan “Keith”.

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Autres poissons :Bonefishs, carangues ettrigger fish sont égalementprésents sur la zone.Il faut donc prévoir unecanne de puissance 7-8.Pour les carangues, lematériel utilisé pour lapêche du permit convienttrès bien.

Les mouchesPour les permits toutes lesimitations de crabes et decrevettes (merkins…) sont« prenantes » à conditionde ne pas être trop lourdes,comme le sont souvent lesmodèles en époxy. Unmontage anti herbe estindispensable.

Pour les tarpons desimitations de petites sar-dines sont incontour-nables (gummy minnow),sans oublier bien sûr lesclassiques clouser min-nows, toutes montées surd’irréprochables hame-çons type Gamakatsu parexemple.

Bon à savoir

Où allerSans hésitation parmi tous les voyages depêche en mer qu’on a pu faire, Tarpon CayeLodge est le meilleur endroit que nousconnaissons. Pêcher autant de permits endehors du “prime time” est absolument in-croyable. Et lorsqu’on sait qu’au printempsla pêche est bien meilleure avec de grostarpons migrateurs de retour dans le sec-teur se nourrissant tout près du lodge, onn’a hâte d’y retourner le plus tôt possible !De plus, les relations avec les guides et lepersonnel sont spontanées, vraies, chaleu-reuses et souvent joyeuses. Rien à voir avecla courtoisie, pas désagréable d’ailleurs,mais impersonnelle façon nord-américaineque l’on retrouve dans la plupart des lodgesdes caraïbes.

Adresses :Tarpon caye lodge est vraiment le lodgeincontournable pour qui aime la pêche dupermit et du tarpon. C’est surement l’en-droit où on a le plus de chance de réaliserses rêves dans d’excellentes conditions etavec souvent la possibilité d’approcher lespermits à pieds, ce qui n’est pas si fré[email protected]

El Pescador : ce lodge situé au nord de Be-lize sur Ambergris Caye propose aussi lapêche des permits et des tarpons maisdans des conditions plus classiques, peudifférentes de ce qu’on peut voir au

Mexique ou dans d’autres lieux au Belize. Ilest peut être judicieux de choisir cet endroitsi on recherche à tout prix le confort ou sion désire se rendre dans le coin en famille.www.elpescador.com

Quand y aller ?Je dirais toute l’année en dehors de la pé-

riode des pluies et des ouragans car mêmelorsque nous y sommes allés en novembre,mois soit disant pas très bon, ce fut excel-lent malgré la pleine lune… !Le meilleur moment se situe au mois d’avrilet mai car les gros tarpons migrateurs sontprésents, ce qui permet de diversifier lapêche.

Comment y aller ?Plusieurs compagnies desservent Belize viales Etats Unis.Pour se rendre aux lodges à Placencia ouAmbergris Caye se mettre en contact avecTropic Air : www.tropicair.com

mieux la sensation que lamouche vient d’accrocherun élastique.Deux cannes de 9 piedspour soie de # 9 - 10 doi-vent être gardées à portéede main avec chacune uneimitation différente decrabe.Cela permet d’être trèsréactif si une moucheaccroche un corail oulorsque des poissons ontrefusé la première mouche.

TarponIl faut sortir la grosse artil-lerie, canne de 9’ soie #12,car ils sont parfoisénormes, surtout au prin-temps.Les tarpons opèrent endeux temps lorsqu’ils senourrissent dans des bancsde petits poissons. Ils fon-cent d’abord dans le tas endonnant de grands coupsde queue qui assommentou tuent ce fretin, puisreviennent immédiatementles manger. Le but est doncd’imiter un poisson entrain de mourir et pourcela il est conseillé de faireune ou deux courtes tiréesentrecoupées de pauses de2 à 3 secondes.J’ai souvenir qu’un soir,en attendant d’éventuelsmarsouinages, j’avaislaissé ma mouche dansl’eau qui coulait naturelle-ment vers le fondlorsqu’un gros tarponinvisible s’en saisit !Si techniquement cettepêche n’est pas très diffi-cile, bien ferrer un tarponet le combattre demandedu sang froid, de l’endu-rance et une habitude àcontrôler la tension de laligne lors des rushs oudes sauts.