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NEIL GAIMAN Le Bibliothécaire des rêves par Patrick Marcel Article non définitif. En cours de mise à jour.

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Par Patrick Marcel. Non définitif, en cours de mise à jour pour la nouvelle édition du Panorama illustré de la fantasy & du merveilleux.

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NEIL GAIMAN Le Bibliothécaire des rêves

par Patrick Marcel

Article non définitif. En cours de mise à jour.

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NEIL GAIMAN Le Bibliothécaire des rêves

Dans un domaine où les auteurs se partagent généralement entre les innovateurs et les suiveurs, Neil Gaiman apparaît d’abord comme un lecteur, une catégorie

où on le classera auprès de José Luis Borges et du trop méconnu Avram Davidson : un inventeur — au sens quasi-archéologique, « celui qui met à jour » —

à l’intérieur d’un genre qu’il connaît de façon encyclopédique et qu’il commente, en même temps qu’il le nourrit et l’enrichit d’un point de vue décalé et original.

« Nous racontons des histoires sur des histoires, dit-il de l’art du conteur. Nous prenons des personnages dans la littérature, les balades,

les contes populaires, les chansons, et nous les utilisons dans nos histoires, exactement comme l’ont fait Shakespeare, et Chaucer ;

seulement, nous sommes loin de faire aussi bien qu’eux. »(1)

Le sujet qui le fascine, et il y revient sans cesse, c’est l’imagination, le rêve, la fable et les liens complexes et tenaces qu’entretient l’être humain avec cette autre réalité prodi-

gieuse qu’est la fiction. Une démarche parfaitement post-moderne, mais qu’il sait conduire de façon à préserver le plaisir du premier degré.

Sans doute doit-on voir là-dedans la conséquence directe d’une enfance passée à dévorer les livres

(2). Il raconte que, tout jeune, ayant épuisé le maigre rayon de littérature enfantine de la bibliothèque locale, il se tourna vers le reste, et, attaquant par la lettre A, entreprit de mettre les autres rayonnages en coupe réglée. Il semble d’ailleurs avoir conservé cette voracité et cet éclectisme de lecture.

Écrivant très tôt nouvelles et poèmes, c’est avec le journalisme qu’il va faire ses classes. En 1983, il devient pigiste pour une série hétéroclite de magazines et de revues et en profite pour rencontrer et interviewer nombre de ses idoles et une certaine faune du Londres des nuits (3). En dehors d’un ouvrage de commande sur le groupe Duran Duran, ses premiers livres sont déjà des commentaires sur la fiction : Ghastly beyond Belief (1985), un recensement, avec Kim Newman, des perles les plus calamiteuses et les plus drôles du fantastique et de la science-fiction ; et un… guide du Guide galac-tique de Douglas Adams, Pas de panique (Don’t Panic, 1987). Il participe aussi entre 1991 et 1993 à diverses séries d’univers partagés (The Weerde, Villains !, Temps, qui n’auront guère de succès).

À la fin des années quatre-vingts, Neil se lance dans la bande dessinée, sous l’égide d’Alan Moore. Il crée en Angleterre avec Dave McKean deux albums marquants : Violent Cases (1989), fausse auto-biographie qui dérive sur les souvenirs de l’ostéopathe d’Al Capone, et Signal to Noise (passé en feuilleton dans le magazine The Face en 1989-1990), qui suit les affres d’un cinéaste écrivant dans sa tête un film sur la grande peur de l’an Mil, qu’il ne tournera jamais car il n’a plus que quelques mois à vivre. Déjà, le thème de la perception subjective, du fantasme. Les albums, remarqués, seront une des raisons qui le feront contacter par le comique Lenny Henry, pour superviser en 1991 un album pour l’œuvre de charité Comic Relief.

Image ci-contre : extrait de case de Sandman Overture n°1, dessin par J.-H. William III et

scénario de Neil Gaiman. © 2013 Vertigo / DC Comics .

(1) Introduction au recueil Starchild: Crossroads de James A.

Owen (1998).

(2) Des échos de cette enfance, à peine travestis de fiction, alimentent nombre de ses

nouvelles : « Une vie, meublée en Moorcock première manière »

dans Miroirs et fumée, par exemple : « Il était le garçon au livre. Toujours et à jamais. »

(3) Un article de cette époque, « De six heures du soir à

six heures du matin », est paru en France dans

Yellow Submarine n°128, 1999.

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Aux États-Unis, cependant, DC Comics connaît ce qu’on a appelé « l’invasion britannique ». Alan Moore a ouvert la voie ; à sa suite, toute une horde de dessinateurs qui ont fait les beaux jours de la revue locale Warrior. Deux scénaristes accompagnent leur élan, Grant Morrison et Neil Gaiman.

Gaiman commence par une mini-série, dessinée par le fidèle Dave McKean : Black Orchid (L’Orchidée noire), qui donne un passé à une héroïne presque oubliée. Peu après (4), Alan Moore, qui a achevé sa résurrection de Marvelman, un héros britannique plagié sans vergogne dans les années cinquante sur le héros américain Captain Marvel, en confie les rênes à Gaiman : celui-ci contera « The Golden Age », l’Âge d’or d’une Terre métamorphosée par le retour des surhommes (5).

C’est alors que Neil lance sa première série longue chez DC : il reprend le nom d’un super-héros des années quarante et renouvelle totalement le concept du Sandman. Le sien est le véritable Marchand de Sable, Morphée, seigneur des rêves, qui retrouve son royaume après un long exil forcé. C’est le héros gaimanien absolu : il est le rêve, l’imagination ; l’un des Éternels, les sept principes éternels de l’humanité. Sa petite sœur va tout de suite gagner le cœur des lecteurs : Death, la Mort, une jeune gothique guillerette qui aura deux mini-séries en propre pour répondre à l’engouement.

Gaiman va conter une histoire complète, dont le résumé qu’il en fait est lapidaire, mais exact : « Le seigneur des rêves apprend que l’on doit changer ou mourir, et décide en conséquence. » Neil avait envisagé une soixantaine d’épisodes, ce seront soixante-quinze numéros qui sortiront, rencontreront le succès et seront compilés et constamment réédités en dix recueils. Dave McKean officie aux couvertures.

Si le dessin est de qualité variable, commençant avec des débutants diversement doués pour finir avec des gens aussi experts que Charles Vess, P. Craig Russell ou Mark Hempel, le scénario est un délice perpétuel. La série présente l’avantage d’une grande souplesse. Morphée est l’incarnation de la fiction, son domaine est celui des rêves, deux prétextes à présenter des personnages plus extérieurs à l’intrigue principale, voyager au fil des temps et des pays, la Chine de Marco Polo et la Bagdad d’Haroun al Rachid ; le culte des chats dans l’Égypte ancienne et les rituels funéraires aériens de certaines peuplades. Non que l’intrigue principale soit le moins du monde restrictive. Les lecteurs apprendront entre autres choses la nature du pacte qui lie Shakespeare et Morphée pour la plus grande gloire et le plus grand malheur du pauvre Will ; le pari conclu entre Morphée de sa sœur Des-pair (Désespoir) pour l’âme de l’empereur Norton 1e d’Amérique, au grand dam de Desire (Désir) ; les origines de l’épidémie de catalepsie qui sévit au cours des années trente… Une histoire courte dessinée par Charles Vess, « A Midsummer Night’s Dream », se paiera même le luxe de concourir au prix World Fantasy de la meilleure nouvelle de l’année 1991 — et de le remporter, un cas unique pour une histoire en bande dessinée. Gaiman crée une galerie de personnages suffisamment forts pour avoir soutenu une partie de la collection Vertigo de DC par diverses séries et mini-séries dérivées, depuis l’arrêt de Sandman. Lucifer, l’ambitieux ange déchu ; Thessalia, la sorcière ; le Corinthien ; et les habitants du Dreaming, le domaine des Rêves, de Lucien, le bibliothécaire des œuvres rêvées, à Matt le corbeau, en qui les lecteurs de Swamp Thing reconnaîtront l’avatar d’un

(4) Un projet de diverses histoires courtes dans les pages du comic

book Action Comics Weekly n’aboutira qu’en 2000, lorsque, repêché des archives par l’éditeur, il sera dessiné par des noms prestigieux Shanower, Totleben, Nowlan, Miller…) pour être édité sous le titre Legend of

the Green Flame.

(5) Inachevée à ce jour, pour cause de faillite de l’éditeur et de bataille juridique pour les droits du titre.

Image ci-contre : extrait de case de The Sandman - Dollhouse

part six, dessin par Mike Dringenberg & Malcom Jones III, scénario par Neil Gaiman, © 1995 Vertigo / DC Comics

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(6) P. Craig Russell, Miguelanxo Prado, Glenn Fabry,

Bill Sienkiewicz, Barron Storey, Frank Quitely et Milo Manara.

Moebius, initialement pressenti, a déclaré forfait.

(7) Quatre parties, chacune illustrée par un dessinateur

spécifique : John Bolton, Scott Hampton, Charles Vess et Paul

Johnson.

Image de bas de page : Extrait de case de The Sandman - The

Endless Nights: ‘‘The Heart of

a Star’’, dessin par Miguelanxo Prado, scénario par Neil Gaiman,

© 2003 DC Comics / Vertigo

personnage de la série, en passant par Marvin Pumpkinhead, le jardinier bougon ou par Fiddler’s Green, un lieu incarné sous les traits de G.K. Chesterton, auteur fétiche de Gaiman …

La série s’est arrêtée lorsque Gaiman a achevé son histoire et qu’il a quitté le titre : reconnaissance rare par l’éditeur de l’intégrité artistique du projet, dans une industrie qui a plutôt coutume d’exploiter un titre tant que les ventes sont bonnes — et Sandman s’est arrêté en plein succès. Depuis, Gaiman est revenu deux fois au personnage pour des collaborations exceptionnelles : dans Sandman : Les chasseurs de rêve, il invente une légende du Sandman japonais qu’illustre Yoshitaka Amano ; et dans Nuits éternelles (Endless Night), il conte, avec sept grands dessinateurs internationaux(6), une aventure de chacun des Éternels.

Citons pour l’anecdote une autre mini-série créée chez DC : Books of Magic (7), où un petit garçon brun avec des lunettes rondes, accompagné de son hibou familier, parcourt les mondes magiques de DC et apprend qu’il a le potentiel de devenir le plus grand magicien de l’univers. Le jeune garçon s’appelle Tim Hunter, pas Harry Potter. Il précède Harry de quelques années… Mais Gaiman disculpe J.K. Rowling de tout plagiat : ce personnage de petit écolier est une silhouette classique de la littérature juvénile anglaise. Et les développements qu’en fait Rowling ont peu de rapports avec la carrière de Tim.

Neil Gaiman abandonne un peu la bande dessinée pour d’autres domaines : rien de définitif, pourtant, puisqu’en sus des deux Sandman déjà cités, il signera avec Dave McKean en 1994 un retour au domaine de la fausse autobiographie, qui a déjà inspiré Violent Cases et des nouvelles comme « La reine d’épées »(7), avec Mister Punch, souvenirs biaisés d’un oncle forain . Récemment, afin de régler la question des droits de Marvelman, disputés par Todd McFarlane, Neil s’est associé avec la firme Marvel, lui promettant deux mini-séries. La première, 1602, décrit l’apparition des personnages de la Marvel en ce millésime . Cette œuvre mineure offre le plaisir de l’uchronie : reconnaître des gens connus dans des rôles décalés. Et le

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Image ci-contre : extrait de case de The Sandman -

Fables & Reflections: ‘‘Three

Septembers and a January’’, dessin par Shawn McManus, scénario de Neil Gaiman, © 1993 DC Comics / Vertigo

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fin mot de l’histoire est habilement amené. Encore une fois, il s’agit de jeter un coup d’œil neuf sur une mythologie connue.

Mais revenons en arrière : Neil voulait écrire. Et écrire, c’est aussi écrire des romans. Il a mis le pied à l’étrier en 1991 en collaborant avec Terry Pratchett sur De bons présages (Good Omens), varia-tion cocasse sur le scénario du film La Malédiction : l’Antéchrist est livré sur Terre dans la famille d’un diplomate américain, pour lancer l’Apocalypse onze ans plus tard. Mais un ange et un démon qui ont leurs habitudes ici-bas décident de saboter ce plan, en surveillant et influençant le gamin pour qu’il ne cède pas à sa lourde hérédité. Hélas pour eux, un échange de bébés a bouleversé la donne, et le véritable Antéchrist, ignoré de tous, grandit dans une famille anglaise on ne peut plus normale, en petit garçon presque ordinaire… Difficile de démêler qui a écrit quoi, tant le résultat est homogène : Neil a reconnu s’être réservé les Cavaliers de l’Apocalypse, et l’on reconnaîtra çà et là des incidents repris dans certaines nouvelles ou poèmes. Reste une charge réjouissante de tout un fatras millénariste, acculé à l’absurde par la logique.

Sa notoriété croissante en bande dessinée conduit Neil en 1993 à la publication d’un volume de miscellanées, Angels & Visitations : des textes divers dont plusieurs nouvelles, reprises pour la plupart dans le recueil Miroirs et fumée (Smoke and mirrors, 1999). « Chevalerie » parle de la découverte du Saint Graal chez un brocanteur par une petite vieille ; « Neige, verre et pommes » revisite de façon étonnante un conte de fées classique ; et « Les Mystères du meurtre » (superbement adapté par la suite en bande dessinée par P. Craig Russell), ou comment l’histoire du premier crime de l’univers fut contée à Los Angeles par une chaude nuit d’hiver.

Le roman suivant passera par la télévision. Lenny Henry demande à Neil d’imaginer une série qui parlerait des SDF. D’abord hésitant, Gaiman invente Neverwhere, vision magique de Londres et peinture métaphorique des sans-logis. Parallèle au Londres connu, existe le Londres d’en bas, où les noms de la ville ont une réalité concrète — il existe réellement un comte qui a sa cour à Earl’s Court, par exemple — et un monde magique où vivent des gens que la vie ordinaire a cessé de prendre en considération. Un geste généreux y fait basculer un jeune homme, Richard Mayhew, qui se lance dans une quête afin de retrouver sa place au sein de notre monde.

Si la série n’est pas exempte de défauts, fruits d’un budget limité, elle reste pourtant très agréable, grâce à son scénario et à une brochette d’excellents comédiens. Le générique de début, tourné par son complice Dave McKean sur une musique de Brian Eno, reste un petit bijou de bizarre. Bien qu’ayant pris un plaisir énorme à suivre le tournage, Neil est déçu par le résultat final. Il décide donc de préserver sa vision originale de l’histoire par un roman, plus ample, moins lié aux contingences matérielles (1996). Cette « fantasy urbaine » sera la première du genre publiée en France. Neverwhere est pour l’instant la seule incursion de Neil à la télévision, avec le scénario d’un épisode de l’excel-lente série de science-fiction Babylon 5, en dernière saison, où Neil jouera encore une fois avec les fantasmes et les réminiscences des personnages.

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Viendra ensuite un projet hybride  : Stardust (1997) est paru à l’origine dans une version copieusement illustrée par Charles Vess, même si le roman est ensuite sorti en texte seul. Au milieu du xixe siècle, le jeune Tristan entre au pays des fées pour ramener en gage d’amour une étoile filante qui y est tombée. Traitée comme un conte de fées traditionnel, l’histoire est un exercice trompeur à la cruauté feutrée sous des abords charmants, où l’auteur s’ingénie à tromper les attentes du lecteur. C’est aussi un hommage à toute une littérature fantastique britannique antérieure au séisme Tolkien, et notamment à l’insolite roman de Hope Mirrlees, Lud-in-the-Mist (1926), devenu roman culte pour toute une mouvance d’auteurs de fantasy moderne cherchant à rompre le carcan tolkiennien.

De la même façon que Gaiman compte parler un jour dans un roman des Sept Sœurs de Londres dont seules Olympia et Serpentine ont été entraperçues dans Neverwhere, il souhaite revenir au petit village de Wall pour suivre, dans un cadre plus contemporain, l’existence des descendants des personnages de Stardust, voire de certains individus toujours en vie.

Le roman suivant, American Gods (2001), représente une étape décisive à plus d’un titre : d’abord, parce que c’est enfin le vrai premier roman solo de Gaiman, tous les autres étant nés d’une collabo-ration plus ou moins poussée. Ensuite, parce qu’étant allé s’établir en Amérique, dans le Minnesota, il quitte l’Angleterre pour parler des États-Unis. American Gods vise au réenchantement d’un pays connu pour son matérialisme. Neil peuple ce Nouveau Monde des dieux transplantés de l’Ancien, opposés dans un combat final aux nouvelles déités de l’Amérique : Internet, la Télévision, l’Oubli… Il donne une âme aux plus prosaïques attractions touristiques et joue à placer les mythes et légendes dans un cadre qui leur est étranger.

Premier gros best-seller de Gaiman, American Gods marque son acclimatation réussie et prouve qu’il sait voler de ses propres ailes.

Ombre, le protagoniste d’American Gods, réapparaît dans une longue nouvelle de l’anthologie Legends (2003) de Robert Silverberg. Et un personnage d’American Gods devrait apparaître dans le prochain roman de Gaiman, Anansi Boys, prévu pour 2005. Images ci-dessus : extraits de case

de The Sandman - Preludes

& Nocturnes Part 7: ‘‘Sound

and Fury’’, dessin par Mike Dringenberg et Malcom Jones III, scénario par Neil Gaiman, © 1991 DC Comics / Vertigo

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Neil Gaiman écrit aussi avec succès pour les enfants : deux livres illustrés (par Dave McKean), Le Jour où j’ai échangé mon père contre deux poissons rouges (1997) et Des loups dans les murs (2003), et un roman, Coraline (2002) : Coraline s’ennuie dans le nouvel appartement de ses parents. La curiosité lui fait franchir une porte mystérieuse et tomber entre les griffes de l’Autre Mère, une horrible créature aux yeux en bouton. On a parlé d’un Alice au pays des merveilles révisé par Kafka ; la référence est pertinente.

Neil ne cesse pas pour autant d’écrire nouvelles et poèmes, ainsi que des projets plus insolites : une anthologie de poèmes d’horreur pour enfants (And Now We Are Sick, en 1991, avec Terry Pratchett et Clive Barker, entre autres), ou un guide pédestre d’un quartier imaginaire de Chicago, A Walking tour of the Shambles (2003), en collaboration avec Gene Wolfe.

Le cinéma aussi a fait appel à lui. Si les adaptations de Neverwhere et du Sandman ne semblent toujours pas aboutir, celle de Death : A Day in the Life paraît mieux engagée. Neil pourrait la tourner lui-même. Il a déjà réalisé un galop d’essai, un court-métrage intitulé A Short Film About John Bolton (2003), faux documentaire sur ce dessinateur, encore un jeu entre réalité et fiction. Gaiman a rédigé plusieurs versions d’un scénario de The Fermata, d’après le roman de Nicholson Baker, que Robert Zemeckis

Ci-dessous : extrait de case de The Sandman - Brief Lives,

chapter 6, dessin par Jill Thompson et Vince Locke, scénario de Neil Gaiman,

© 1994 DC Comics / Vertigo

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souhaite porter à l’écran. Et il a signé en 2001 les dialogues de la version anglaise de Princesse Mononoke, le grand dessin animé d’Hayao Miyazaki.

Pour compléter le tableau, signalons que Neil Gaiman a adapté certains de ses textes pour la radio, lu nombre de ses nouvelles dans plusieurs CD, et qu’il a collaboré avec plusieurs chan-teurs : participé à un album d’Alice Cooper, pour lequel il a aussi scénarisé une histoire dessinée par Michael Zulli, La Dernière tentation (1994) ; écrit des paroles pour les Flash Girls (un groupe composé de Lorraine Garland et Emma Bull, cette dernière connue pour ses romans de fantasy et de science-fiction). Il prépare un album de chansons originales sur ses personnages, qui seront interprétées par divers artistes.

Une belle avalanche de projets. Sous ce désordre apparent, moins de dispersion que de plaisir à créer, dans tous les médias possibles. Si cette versatilité le rend plus difficile à suivre, elle constitue aussi une partie de son charme. Cela , et son formidable talent , bien entendu .

Ci-Dessous : dessin de P. Craig Russell, Portrait de Neil Gaiman, 1993.