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Actes de la Journée Professionnelle des Missions Locales Franciliennes 2014 1. Comment rendre formatrice l’expérience des jeunes... 2. Quel usage « raisonné » ou « bon usage » des outils technologiques... 3. Quelle posture du conseiller d’insertion et quelles pratiques collectives... 4. Comment comprendre les situations d’insertion du jeune ... 5. Quelle organisation interne et quels modes de management des équipes... 6. Comment prendre en compte les caractéristiques du territoire... Atelier s

Atelier s - defi-metiers.fr · La posture professionnelle relève également de la capacité du ... sances et de développement professionnel des conseillers ?

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Actes de la Journée Professionnelle des Missions Locales Franciliennes 2014

1. Comment rendre formatrice l’expérience des jeunes...

2. Quel usage « raisonné » ou « bon usage » des outils technologiques...

3. Quelle posture du conseiller d’insertion et quelles pratiques collectives...

4. Comment comprendre les situations d’insertion du jeune ...

5. Quelle organisation interne et quels modes de management des équipes...

6. Comment prendre en compte les caractéristiques du territoire...

A t e l i e r s

3ATELIER

Actes de la Journée Professionnelle des Missions Locales Franciliennes 2014 1

L a posture professionnelle, principale thématique abordée dans le cadre de l’Atelier 3, renvoie pour le conseiller à

des questions fondamentales qui définissent le cœur de son métier. Elle se construit pro-gressivement à partir d’un ensemble de com-pétences. Celles-ci portent à la fois sur des domaines de connaissances (en particulier, caractéristiques des publics, dispositifs et ac-teurs de l’insertion), sur des méthodes et sur des savoir-faire de l’ordre de la relation aux jeunes. Elles mettent en jeu des dimensions psychosociologiques qui permettent de définir

Quel le posture du consei l ler d ’ inser t ion

et quelles pratiques collectives pour impliquer le jeune

dans la construction de son projet et dans l’accompagnement ?

Modérateur Roselyne

Orofiamma, Cnam

Discutant Corinne Blondet,

Cnam

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Quelle posture du conseiller d’insertion et quelles pratiques collectives...

une certaine approche du métier autour de la capacité à accueillir une demande et à explorer la situation du jeune du point de vue de ses identités, de son rapport au travail et de son rapport au savoir.

Or, en situation d’accompagnement, on peut assister à plu-sieurs dérives. Soit un traitement purement administratif de la demande, soit une posture d’expert, quand le conseiller enre-gistre la demande sans l’interroger et propose ce qui lui apparaît comme la meilleure réponse à la situation du jeune avant même que les questions n’aient pu être formulées, avant même que le jeune ait eu la possibilité d’exprimer ses propres certitudes ou ses doutes. On peut aussi observer la figure du conseiller que l’on pourrait qualifier de trop empathique, celui qui se démène pour trouver les moyens de résoudre la situation qui lui est présentée et, pris dans l’urgence, en appelle à des solutions immédiates ; tout en ayant les meilleures intentions, il en arrive bien souvent à faire à la place du jeune.

Dans quel contexte et dans quelle histoire s’inscrit le projet du jeune ? Comment l’analyser dans les registres à la fois objectif et subjectif qui le constituent ? Comment construire avec le jeune une démarche d’accompagnement qui favorise pour lui un proces-sus d’élaboration, qui le conduise à questionner son projet et à lui donner sens ?

Quelles sont les situations pour lesquelles les conseillers ont recours à des pratiques collectives d’accompagnement ? En quoi ces expériences ont-elles été favorables et quelles en sont les li-mites ?

Pour aborder ces questions dans le cadre de l’atelier qui a regroupé une trentaine de participants, une démarche d’échange de pratiques a été proposée. Un grand nombre de conseillers pré-sents ont ainsi pu décrire des situations concrètes auxquelles ils

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ont été confrontés et mettre en commun les réflexions qu’elles peuvent susciter quant à leur rôle et à l’identité professionnelle qu’ils tiennent à faire reconnaître. Enfin, quelques préconisations ont été formulées.

1. Les pratiques collectives dans l ’accompagnement

L e besoin et l’intérêt du recours a des formes d’accompagne-ment collectif, en complément de la seule relation de face à face, souvent privilégiée dans les Missions locales, a été

fortement souligné. La notion de pratiques collectives, loin d’être univoque, recouvre des réalités très différentes. Des sessions d’information collective pour présenter la structure, le rôle des conseillers et les aides disponibles, aux ateliers qui proposent à un groupe de jeunes une activité de nature formative autour de leur parcours ou de l’image de soi en situation de recherche d’em-ploi, la diversité des cas évoqués est importante.

La référence à l’éducation populaire et aux pratiques d’action collective auprès des publics jeunes apparaît comme une démarche qu’il s’agirait de remettre à jour et de promouvoir pour favoriser l’im-plication du jeune et son engagement dans le parcours d’accompa-gnement que lui propose la Mission locale. Du point de vue du jeune, les pratiques collectives ont un intérêt de socialisation, en les fai-sant sortir d’une situation d’isolement à laquelle il sont bien souvent confinés. En se confrontant à d’autres qui partagent des expériences

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et difficultés semblables, le jeune apprend à mieux se positionner, à mieux fonder ses choix et à s’approprier son projet.

La mise en place de pratiques collectives pose pour les conseillers un certain nombre de questions. Comment « fédérer » un groupe ? Comment faire travailler ensemble des jeunes dont les parcours et les projets présentent des caractéristiques communes, mais qui, de prime abord, ne voient pas l’intérêt d’échanger avec d’autres, leur demande étant spontanément formulée en termes de solution immé-diate et opératoire ? Comment se construit une relation de confiance avec le jeune ? Et comment celle-ci peut-elle favoriser le travail en groupe ?

L’intérêt de réintroduire du collectif dans les activités en Mission locale a également été fortement exprimé du point de vue des profes-sionnels qui y interviennent. Les pratiques collectives renvoient aussi au travail en équipe, à une certaine manière de se situer au sein d’un collectif en cherchant à préserver la notion de plaisir au travail. Là encore, il est question de rompre l’isolement, parfois même la routine et les seules relations individualisées avec les jeunes pour se per-mettre de réfléchir ensemble. L’enchaînement intensif des entretiens, la fatigue du conseiller dans la gestion de son portefeuille ont été évoqués. Quelles méthodes peut-on se donner pour mieux travailler ensemble, pour élaborer des outils plus collectifs ?

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2 . La posture professionnelle en questions

L a première posture questionnée a été celle du référent unique. A quelles conditions cette fonction est-elle pertinente ? Plu-sieurs contradictions ont été pointées.

Situation jugée schizophrénique du conseiller engagé avec le jeune dans une relation individuelle forte, vécue sur un mode affec-tif qui va dans le sens de favoriser un lien de dépendance, alors que l’objectif énoncé est de rendre le jeune autonome. Cette situation paradoxale ne peut trouver d’issue que si elle s’inscrit dans le cadre d’un travail et d’une réflexion d’équipe où différents acteurs inter-viennent pour mettre en place des modes d’accompagnement diversi-fiés. La prise en charge devient collective sans remettre en cause une relation privilégiée qui peut s’instaurer avec le référent.

La posture professionnelle relève également de la capacité du conseiller à créer les conditions pour que le jeune puisse se recon-naître et évoluer favorablement dans une relation de qualité avec un adulte. Il faut du temps pour cela. Cette exigence qui suppose d’ins-crire l’accompagnement dans la durée entre en contradiction avec les pressions exercées sur les professionnels des Missions locales en termes de placement des jeunes dans les dispositifs et de résultats quantitatifs à démontrer. La contradiction est parfois renforcée par la demande du jeune lui-même qui attend du conseiller des garanties quant à son insertion et des résultats opérationnels sans tarder.

Pour élargir la réflexion, différentes notions ont été proposées par les participants de l’atelier pour contribuer à une définition de ce que pourrait être la posture professionnelle du conseiller en Mission locale. On retiendra là encore l’importance de prendre le temps, de

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l’écoute, du lien et de la confiance ; rendre autonome, être capable de non jugement et se situer dans la bonne distance avec le jeune ; favoriser la dimension éducative de la relation d’accompagnement ; il a été question aussi de droit à l’erreur et de droit à l’errance pour le jeune, mais aussi pour le conseiller dont le rôle est de cheminer avec...

2.1. Des préconisations en termes d’analyse de pratiquesLes principales préoccupations exprimées portent sur le

besoin d’échange de pratiques au sein des équipes de travail. Un message fort est adressé aux directions des Missions locales qui peut se décliner en réponse aux différentes questions soulevées dans les débats de l’atelier.

Les règles, les procédures et les contraintes qui s’intensifient exercent de fortes pressions sur le travail du conseiller, le besoin se fait sentir d’échanger et d’élaborer ensemble des méthodes et des outils, mutualiser et harmoniser les pratiques pour mieux se recon-naître comme partie prenante d’un collectif mobilisé autour d’objectifs communs.

Dans un contexte de précarité, de chômage et de crise, les conseil-lers sont quotidiennement aux prises avec les graves difficultés que subissent les jeunes, avec des urgences et des drames personnels qui les confrontent de plus en plus à des situations de contradictions et d’impuissance. Des sentiments de mal-être et de souffrance au tra-vail sont évoqués. Pour répondre à ces situations caractéristiques des métiers de l’humain qui mettent en jeu l’implication affective dans la relation à l’autre, les équipes de professionnels souhaitent que soit mise en place une supervision.

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Des préconisations sont également exprimées en termes de for-mation dont les contenus seraient à déterminer en fonction des en-vironnements spécifiques. Comment s’appuyer sur l’élaboration de véritables plans de formation dont pourraient se doter les Missions locales pour mieux répondre aux besoins d’actualisation des connais-sances et de développement professionnel des conseillers ?

Il s’agit de penser des dispositifs de formation-action en termes de situations d’apprentissage et d’accompagnement des pratiques pour des professionnels qui disposent d’acquis antérieurs, en termes de formation initiale, de compétences professionnelles et d’expé-riences personnelles liées à leur parcours et à leur histoire indivi-duelle. Il s’agit de proposer des modes d’acquisition, de construction des savoirs qui se fondent sur la pratique et la complexité qu’elle met en jeu. Les groupes d’analyse de pratiques semblent correspondre à ces exigences.

2.2. L’analyse des pratiques et la construction de savoirs d’expérienceDes besoins ont émergé dans le cadre de l’atelier en termes

d’échange de pratiques, de partage d’expériences, d’élaboration en commun d’outils et de démarches ou encore de supervision. Pour les conseillers d’insertion en Missions locales, le recours à l’analyse des pratiques marque un intérêt majeur dès lors qu’elle est conçue comme une activité réflexive que les professionnels conduisent sur leur propre expérience individuelle et collective pour en comprendre les dimensions multiples et les enjeux qui la traversent. Dans les groupes d’analyse de pratiques auxquels nous nous référons, les situations professionnelles, notamment celles qui posent problème, sont utilisées comme supports de for-mation. Elles deviennent objets de questionnements et d’analyse

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qui amènent à reconsidérer le sens de la pratique et de l’engage-ment personnel qu’elle requiert.

L’analyse des pratiques fonctionne comme une instance de confrontation de représentations et de savoirs entre les membres d’une équipe, entre les plus anciens et les plus jeunes, elle consti-tue un moyen privilégié pour réhabiliter les savoirs d’action liés à l’expérience. Elle permet un travail d’élaboration à partir de sa propre pratique qui développe cette capacité essentielle à rendre compte des choix et des principes qui guident l’action, à forma-liser les démarches mises en œuvre pour qu’elles puissent être communiquées à d’autres et débattues au sein des équipes.

L’analyse des pratiques est donc principalement envisagée comme un dispositif de production de savoirs, de savoirs pratiques inhérents à l’action, les savoirs professionnels qui relèvent dans le cas des conseillers en Missions locales de la relation au jeune, de la capacité du conseiller à être attentif, à voir et à sentir ce qui ap-paraît comme significatif dans la demande que le jeune exprime. Développer une écoute et une posture professionnelle clinique qui s’attache à rechercher le sens de la demande et à trouver l’atti-tude qui pourra le mieux l’accueillir, éventuellement rassurer le jeune, contenir l’angoisse ou la violence que parfois il peut mani-fester. La posture clinique relève justement de cette forme de sa-voir qui n’est pas scientifique mais qui se définit comme l’exercice d’un art, l’art du métier.

Ainsi, on peut considérer que l’analyse des pratiques contri-bue à construire des savoirs inédits, issus de situations nouvelles ou de difficultés pour lesquelles n’existent pas de modèles de réfé-rence et de savoirs disponibles. Elle développe la capacité de mettre en évidence les caractéristiques singulières et complexes de la pra-tique qui la transforment en expérience susceptible de devenir une expérience partagée.

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Avancer l’idée de groupes d’analyse de pratiques comme dispo-sitifs de formation des professionnels en Mission locales suppose de s’interroger sur les conditions institutionnelles requises pour favoriser cette démarche d’analyse, toujours impliquante, toujours singulière et empreinte de forte subjectivité sans laquelle le passage incertain du vécu à la connaissance ne peut être assuré. On sait combien dire sa pratique professionnelle, ses manières de faire dans la relation à l’autre, mettre à jour ses valeurs et ses conceptions du métier, aborder des attitudes affectives, les sentiments qui nous animent ou les représentations de soi en situation d’incertitude est toujours une mise à l’épreuve qui peut être parfois douloureuse.

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