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Dominique Gentil Au cur de la coopération internationale Trajectoires dun praticien

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Dominique Gentil

Au c�urde la coopérationinternationaleTrajectoires d�un praticien

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AU CŒUR

DE LACOOPÉRATION INTERNATIONALE

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KARTHALA sur internet: http://www.karthala.com(paiement sécurisé)

Couverture : Bijou dogon, D.R.

© Éditions Karthala, 2013ISBN : 978-2-8111-0888-5

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Dominique Gentil

Au cœur

de la coopération internationale

Trajectoires d’un praticien

Éditions Karthala22-24, boulevard Arago75013 Paris

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Avant-propos

Ma première motivation pour rédiger ce texte a été purementfamiliale. Je voulais inciter ma sœur et mon frère, plus âgés quemoi, à écrire leurs souvenirs, particulièrement leur enfance et leurpropre vision de mes parents quand ils étaient plus jeunes. Je souhai- !"s q%’"'s ()!g"sse, , com1'è e, e v)("4e, mes so%ve,"(s. Cec" !été du reste particulièrement réussi. Je m’inscrivais dans la traditionde transmission d’une saga familiale, en grande partie orale maisaussi écrite, avec les souvenirs de ma mère sur son enfance àMada-gascar jusqu’à son mariage (1932) et ceux de ma tante paternelle,arrêtés au début de la guerre, quand la ligne de démarcation n’avaitpas encore été franchie (1942). Cette transmission était avant tout7es ",)e à mo, 4's, 1(ofesse%( 7!,s %,e %,"ve(s" ) à O !w! m!"saussi à mes cousins et à mes neveux anglais et à ma nièce, épar-pillés géographiquement et avec qui les contacts directs étaientintermittents. Et donc, tout devait se terminer avec le premier cha-pitre.Mais je me suis pris au jeu et j’ai eu envie de raconter les classespréparatoires à Lyon, la formation à HEC ou la vie parisienne d’unmatelot de 3e classe. J’avais très peu parlé autour de moi de cettepériode et disposais seulement de traces écrites limitées. Pourquoi,e 1!s )c("(e !, q%e '! m)mo"(e (es !" (e'! "veme, 47è'e? J’e,-trai ainsi, sans préméditation, dans un engrenage. Pourquoi avoirchoisi de faire HEC, pourquoi s’écarter d’un cursus professionnelclassique, pourquoi s’investir dans les problèmes de développemente 7e coo1)(! "o,? S!,s me 1(e,7(e b"e, sû( 1o%( Bo%(7"e%, j’!mo(-çais une « esquisse pour une auto-analyse ». Essayer de démêler ceq%" ve,!" 7e mes ",C%e,ces f!m"'"!'es, 7e mo, e,v"(o,,eme, , 7ela conjoncture historique ; comprendre les continuités mais aussi lesbifurcations, s’efforcer d’en trouver les causes, la part d’imprévu, lasimple adaptation à des décisions ou à des changements externes, lapart d’autonomie dans mes choix et mes pseudo-choix.

E j’!" co, ",%), 7)(o%'!, 'e 4' 7e m! v"e 1(ofess"o,,e''e e 7emes vies complémentaires. Je me suis aperçu alors que mon par-cours pouvait constituer une contribution à une histoire relativement

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6 au Cœur dE laCOOpératiOn intErnatiOnalE

peu écrite, au moins de l’intérieur1, celle de l’évolution de la coopé-ration et du développement. Comment, à partir de l’exemple duNiger, s’était effectué le passage de la colonisation à l’indépen-dance, comment avait évolué la coopération française, comment laBanque mondiale s’était imposée après un long processus, com-mencé dans les interrogations et la modestie, avant de devenir domi-./.0e? J’/5 606 7. 06mo5. /c05f <e =’6vo=705o. <es o@g/.5s/05o.sB/ys/..es, <7 <6b70 <e =/ m5c@o-G./.ce b5e. /v/.0 =/ v/g7e m6<5/-tique, des incompréhensions anciennes entre chercheurs et déve-loppeurs, ou encore de l’apparition des réseaux favorisant l’émer-gence d’une intelligence collective.Ma trajectoire personnelle et celle de mon association, l’IRAM(Institut de recherches et d’applications de méthodes de développe-ment), créée en 1957, est une petite pierre, une touche dans letableau de l’histoire du « développement » et des rapports avec le« Tiers Monde ».En faisant lire, chapitre après chapitre, ce récit à mes ancienscollègues de l’IRAM, maintenant cinquantenaires, ou même à lanouvelle génération trentenaire, j’ai rencontré un intérêt certainpour cette histoire, qui expliquait, au moins partiellement, les évolu-tions et la situation actuelle.C’est donc un ouvrage un peu hybride, qui ne devait pas s’écrireou devait rester dans un cercle familial ; il s’est élargi en une sorted’auto-analyse qui pourra aussi contribuer à la connaissance destransformations du « développement » et de la coopération sur plusde 50 ans.

1. À signaler cependant les témoignages de G. Winter. À la recherche du déve-loppement. Un fonctionnaire au service d’une passion, 2010, Khartala. Et deJ. Giri. Du Tiers-monde aux mondes émergents. Un demi-siècle d’aide au dévelop-pement, 2012, Karthala. Des éléments intéressants sont également disponibles dans« Itinéraires de chercheurs ». Revue Tiers-Monde 191, juillet-septembre 2007.

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Conclusion

En relisant ce parcours, j’ai tout à fait conscience d’avoir eubeaucoup de chance jusqu’à maintenant : j’ai aimé et j’ai été aimé,je n’ai pas eu de problèmes graves de santé, j’ai eu une vie profes-sionnelle intéressante et variée, avec sans doute quelque utilitésociale, je n’ai jamais connu le chômage, j’ai toujours pu mettrel’argent à sa juste place, nécessaire mais relativement secondaire.J’"# $% "%ss# 'o%e* +es *e,"-#o's +e co'/"'ce, e- $"*fo#s +e *2e,,esamitiés, avec des Africains, à une époque où il y avait plus d’espoirspartagés et des formes de coopération sur le terrain moins polluéespar les jeux de l’argent et des dominations internationales et natio-nales.J’ai aussi l’impression d’une grande continuité. Mes racinesfamiliales, provinciales et chrétiennes, mêlées d’exotisme m’ontconduit à un certain sens de la solidarité, de la justice et de l’égalitéet à un intérêt pour le vaste monde. Comme je me suis politisé avecla guerre d’Algérie et les indépendances africaines, il était assez« logique » que je travaille sur les problèmes du développement etde la coopération avec le Tiers-monde.Ayant un esprit et une formation de généraliste, je me suis surtoutconcentré sur des questions à cheval sur l’économie et la sociologiecomme ,es coo$2*"-#ves e- ," m#c*o-/'"'ce. J’"# -o%jo%*s 2-2sensible aux apports indispensables de toutes les sciences socialeset à l’approche multidisciplinaire.J’ai assez « naturellement » dépassé le strict cadre professionnelpour m’intéresser à la recherche, l’enseignement et la participationà des réseaux favorisant rencontres et intelligence collective. Quandje regarde certaines « bifurcations » de ma vie, par exemple l’aban-don de ma « vocation » maritime, l’athéisme serein après le catholi-c#sme mys-#q%e, ,e 'o'-$"ss"ge +% cô-2 +es /'"'c#e*s +% +2ve,o$-pement, elles m’apparaissent liées à des causes externes, comme mamyopie, à des évolutions sur plusieurs années (l’entrée dans la vieprofessionnelle et le sentiment de non-adéquation des réponses reli-gieuses aux problèmes réels) ou à une trop grande franchise dansl’expression de mes motivations (cf. chap.4).

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174 au Cœur dE laCOOpératiOn intErnatiOnalE

Peut-être est-ce un manque de volonté et d’ambition personnelle,m/0s je me se4s /v/46 6o86 comme 84 ê6;e soc0/<, 6;ès 04?8e4c@ A/;mes « dispositions » initiales (habitus) et le « contexte » (la placedans les différents « champs » selon les analyses de Bourdieu), avecune autonomie relative. Je me sens totalement étranger à « l’indivi-dualisme méthodologique », qui irrigue malheureusement l’éco-nomie dominante et beaucoup de sciences sociales, et ne permetpas, à mon avis, de comprendre la complexité des réalités.Dans la continuité, je retrouve aussi quelques convictions fortes.

Même s0 je 4’e4 /0 A;0s co4sc0e4ce q8e ;@cemme46, 0< ex0s6e 84 F<rouge entre les pratiques de « participation » des populations préco-nisées depuis le Niger et tout au long de ma vie à l’IRAM, l’expé-rience de l’autogestion et mon intérêt pour toutes les formes dedémocratie active. J’ai toujours pensé que les paysans africainsavaient des savoirs et des cultures qui leur permettaient d’être lesmieux à même de prendre les décisions qui les concernaient. Desinterventions extérieures peuvent apporter des idées et des connais-sances complémentaires, elles peuvent servir de catalyseur dans leprocessus de débats, mais ne doivent pas se substituer aux inté-ressés. La « participation » ne peut se limiter à une simple informa-tion ou à une consultation biaisée (c’est aussi souvent le cas enEurope), mais doit aller jusqu’au stade de la décision.Malgré certaines lourdeurs, j’ai apprécié la forme d’autogestionou de direction collégiale que nous avons pratiquée à l’IRAM. Unbureau d’études associatif de taille moyenne peut très bien être gérépar ses salariés.Et je reste toujours sensible aux leçons du « germe » grec, selonl’expression de C. Castoriadis. Ce sont les citoyens qui décident deslois et donc peuvent les changer. Ils ne doivent pas laisser le pouvoiraux dieux, aux bien-nés, aux riches, aux philosophes ou aux experts.Les dominants ne sont plus les mêmes de nos jours mais le refusdes dominations reste d’actualité. Les modalités de pouvoir serenouvellent mais la nécessité de citoyens actifs et informés, deprocessus démocratiques à différentes échelles sont de plus en plusindispensables si on veut éviter le chaos.À cô6@ He ce F< ;o8ge Ao<060q8e, je ;es6e co4v/04c8 He </ 4@ces-sité, pour comprendre le monde, d’une approche multidisciplinaireH/4s <e Hom/04e Hes sc0e4ces soc0/<es, 04c<8/46 b0e4 sû; <es 0mA<0c/-tions des innovations techniques, particulièrement dans les commu-nications et les neurosciences.Une des originalités de mon parcours a peut-être été la possibi-lité de lier le souci, la nécessité et une certaine passion pour la

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COnCluSiOn 175

connaissance avec une position de « praticien ». Celui-ci est en effetconfronté à des problèmes concrets, qu’il faut analyser avec lesintéressés pour imaginer des solutions, les mettre en œuvre et'v)*+e- *e+- .m0)c2. d)5s *es 7'b)2s, 0)-fo.s 7.f<c.*es )vec ce-2).5sche-che+-s e2 +5.ve-s.2).-es, q+e*q+efo.s +5 0e+ s+f<s)52s, j’).toujours défendu l’idée que l’implication dans une interventionpermettait d’accéder à des informations, au niveau des décideursinternationaux et nationaux, rarement disponibles pour un chercheurextérieur, mais surtout que les actions entreprises pouvaient être unexcellent révélateur des dynamiques sociales. Malgré les biaismultiples et la nécessité d’une observation rigoureuse, travailleravec les populations, pour la résolution de leurs problèmes, outreles résultats positifs souvent observés, peut créer une relation deco5<)5ce e2 +5 0os.2.o55eme52 0*+s f)c.*eme52 com0-'he5s.b*e q+ecelui des chercheurs, dont la fonction essentielle reste la simpleconnaissance. Depuis 1965 et une première discussion avec JeanRouch au Niger, je reste persuadé de la complémentarité des appro-ches des praticiens et des chercheurs.E2 m).52e5)52 ? Je co52.5+e-)., 2-ès 0-ob)b*eme52, à ess)ye- 7ecomprendre les évolutions du monde, les tendances longues, commela démographie et l’environnement et celles aux rythmes pluscourts, comme la politique et l’économique, à comparer les expé--.e5ces e5 '2)52 se5s.b*e à *e+- s0'c.<c.2' e2 à *e+- h.s2o.-e, à ch)5ge-d’échelle, du local au mondial, en étudiant leurs imbrications réci-proques, à utiliser une grille de lecture à multiples variables. Avec,malheureusement, peu d’espoir de contribuer aux changements, deplus en plus en spectateur intéressé mais impuissant.J’essaierai aussi de mettre de l’ordre dans mes idées et mes notesmultiples, accumulées depuis une vingtaine d’années, sur les poten-tialités de la démocratie. Peut-elle devenir le levier principal pourdépasser le capitalisme qui, surtout dans sa forme actuelle, nousmène à la catastrophe, ou au moins le réguler, le mettre à sa juste0*)ce q+. 5e 7ev-).2 0)s ê2-e 0-'0o57'-)52e?Dans quelle mesure une démocratie active, qui ne se confond pas

)vec *) s.2+)2.o5 )c2+e**e 7e *) 7'moc-)2.e -e0-'se52)2.ve e5 « Occ.-dent » ou avec la démocratie de façade de la majorité des pays afri-cains, arabes ou asiatiques, peut-elle mobiliser les citoyens, dépasser*e c)7-e 0+-eme52 0o*.2.q+e e2 mo7.<e- *es )+2-es com0os)52es 7e *)soc.'2'? C)- *) 7'moc-)2.e 5e v.e52 j)m).s se+*e. E5 G-èce, e**e )été contemporaine de l’avènement de la philosophie, de l’histoire,du théâtre et d’autres relations avec les dieux. À notre époque, elleexige aussi d’autres rapports entre l’individu et la société, d’autres

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176 au Cœur dE laCOOpératiOn intErnatiOnalE

formes d’économie, un autre type d’État, des sociétés moins inéga-litaires, d’autres imaginaires.Un autre enjeu est celui des échelles. Comment la démocratiepeut-elle dépasser le cadre local et national pour participer à l’éla-bo0123o4 5e 4o7ve17x 01::o02s mo45317x? l1 :03se 5e co4sc3e4cede plus en plus forte des interdépendances et de la nécessité derésoudre ensemble des problèmes communs, de construire l’uni-versel, pourrait-elle permettre d’aller au-delà de l’inter-national et5e 5?bo7che0 :0og0ess3veme42 ve0s 5es fo0mes 5e cosmo:oC323sme?Continuons à nous battre pour des utopies à construire.

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ANNEXE I

Y-a-t-il une spéci-cité de l’IRAMdans le champ de la Coopération?

(cf. chap.6)

Cette annexe, qui comprend quelques éléments théoriques, n’estpas indispensable pour les lecteurs pressés. Elle correspond surtout ! "#s%& "e c) &%*c +%o- "e mes %"#es, -o+ mme-+ 0 & & 00o&+ à )’ 0-plication des concepts de Bourdieu et de Lahire sur la notion de« champ » ou de « monde » en ce qui concerne la coopération.Dans les années 1980, dans nos débats internes, nous insistions àl’IRAM sur la nécessité d’un lien entre trois fonctions, un trianglemagique : les interventions dans le milieu rural, notre activité prin-cipale, mais qui devait s’appuyer et alimenter une fonction de capi-talisation d’expériences et de recherche et servir de support à desactions de formation/enseignement. Pour nous, les interventionsadaptées devaient s’appuyer sur une bonne connaissance des struc-tures et des logiques paysannes, souvent disponibles dans lestravaux de chercheurs en sciences sociales, mais aussi sur l’obser-vation/évaluation des réactions des paysans aux diverses formes deprojets. Ces observations, en prenant du recul et en utilisant desméthodes comparatives, donnaient lieu à des synthèses provisoires,qui étaient présentées et discutées à des journées d’étude réunissantune centaine de personnes, dont une bonne partie extérieures àl’IRAM.

Ce+ effo&+ "e &#5ex%o- 0o!v %+ )%me-+e& "es 0!b)%c +%o-s1, àtitre personnel ou collectif, mais aussi de multiples formes d’ensei-gnement : formation de cadres en Afrique, recyclage de coopérants

1. Dont des thèses de 3e cyc)e o! "es +hèses "’é+ +, q!% -o!s q! )%* %e-+ 0o!&certains types d’enseignement. sept personnes de l’IRAM ont soutenu des thèsesd’État : Goussault, Colin, Belloncle, Langand, Gentil, Marty et Doligez, ce quiest plutôt rare pour un bureau d’études.

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180 au Cœur dE laCOOpératiOn intErnatiOnalE

techniques français (CPDCET), formation de cadres du Tiers Monde(Collège Coopératif, ou Centre d’Études et de Formation Écono-m/q1e e3 b56c5/8e) o1 ;56s ;es =co>es s?=c/5>/s=es comme >’iStOMou le CNEARC à Montpellier, ou dans différents DESS de Parisn563e88e, p58/s i – iEdES, l/>>e o1 re66es (cf. ch5?.8).Ainsi, même si nous restions centrés sur les actions de coopéra-tion, nous avions une petite place dans deux univers complémen-taires, la recherche et l’enseignement, sans oublier l’aspect politique;e 6os 8=Jex/o6s c8/3/q1es e3 6os ?8o?os/3/o6s s18 >5 8=fo8me ;espratiques et structures de la coopération.

de?1/s >5 L6 ;es 566=es 1970, j’=35/s ;e ?>1s e6 ?>1s /6J1e6c=?58 Bo18;/e1 e3 ses 8=Jex/o6s s18 >’h5b/31s, >es ch5m?s, >es ?853/-ques et les diverses formes de capitaux. Je trouvais que ses analysess’appliquaient très bien au champ de la coopération, qui pouvait sec585c3=8/se8 ?58 ;e1x 5xes, ce>1/ ;1 c5?/35> L656c/e8 (>es b5/>>e18s)et celui du capital intellectuel (les chercheurs et les universitaires).Sur les deux axes, l’IRAM était dans une position de « dominé »(6o1s ;=?e6;/o6s ;es L656c/e8s e3 6o1s 6’=3/o6s ?5s co6s/;=8=scomme de « vrais » chercheurs ou de « vrais » universitaires), mêmes/ 6os ?853/q1es ;’/63e8ve63/o6 e3 6os 8=Jex/o6s /63=8ess5/e63 16epartie des « dominants ». Et je n’allais guère plus loin.La lecture du dernier livre de B. Lahire, paru en mars 20122,

m’/6c/3e à 8e?8e6;8e ce 3y?e ;e 8=Jex/o6s. l5h/8e es3 ?8ofesse18 ;esociologie à l’École Normale Supérieure de Lyon. Sans doute, parcequ’il est provincial, ses livres ne sont guère repris dans le champmédiatique ou dans les « grandes » revues. Il a cependant publiéune quinzaine d’ouvrages depuis 1993. S’appuyant sur denombreuses enquêtes, il prend Bourdieu comme point de départ3

m5/s /> e6 mo638e >es >/m/3es e3 >es /6s1fLs56ces e3 s’effo8ce ;’ê38eplus rigoureux pour mieux rendre compte des réalités4. Dans sondernier ouvrage, un long chapitre (p.143 à 223) est consacré aux« limites du champ », en s’appuyant notamment sur le champ litté-85/8e. le ch5m? ;e >5 coo?=853/o6 es3, b/e6 sû8, 38ès ;/ff=8e63 m5/scertaines interrogations de Lahire me semblent pertinentes.

2. Lahire Bernard, Monde pluriel. Penser l’unité des sciences sociales,Éditions du Seuil, 2012, 398p.3. Il a dirigé un livre collectif, Le travail sociologique de Pierre Bourdieu,

Dettes et critiques, Éditions La Découverte, 1999.4. Peut-être aussi les réalités ont-elles changé. Bourdieu a surtout fait desenquêtes et forgé ses concepts dans les années 1960 et 1970, Lahire dans lesannées 1990 et 2000.

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ANNEXE I 181

1. Existe-t-il un champ spéci0que de la coopération?

Lahire retient neuf critères pour en juger, qui semblent globale-ment réunis dans notre cas particulier.

Caractéristiques d’un champ

– u" ch%m' es* +" m,c-ocosme /%"s 0e m%c-ocosme q+e co"s-titue l’espace social (national ou plus rarement international).

– Ch%q+e ch%m' 'ossè/e /es -èg0es /+ je+ e* /es e"je+x s'8c,9-ques.

– u" ch%m' es* +" « sys*ème » o+ +" « es'%ce s*-+c*+-8 » /epositions occupées par les divers agents du champ, avec des straté-gies de conservation et de subversion de l’état du rapport de forcesexistant.

– Ce* es'%ce es* +" es'%ce /e 0+**es, +"e %-è"e où se jo+e"* /esconcurrences ou des compétitions.

– les 0+**es o"* 'o+- e"je+ +"e %''-o'-,%*,o" /+ c%',*%0 s'8-c,9q+e %+ ch%m'.

– le c%',*%0 es* ,"8g%0eme"* /,s*-,b+8 %+ se," /+ ch%m'. l%/,s*-,b+*,o" es* /89",e '%- 0’8*%* /’+" -%''o-* /e fo-ces h,s*o-,q+eentre les forces (agents et institutions) en présence dans le champ.

– Même e" 0+**e, 0es %ge"*s /’+" ch%m' o"* ce'e"/%"* *o+*intérêt à ce que le champ existe.

– À chaque champ correspond un habitus propre au champ (juri-dique, footbalistique, etc.).

– u" ch%m' 'ossè/e +"e %+*o"om,e -e0%*,ve, 0es 0+**es o"* +"elogique propre, même si les résultats des luttes (économiques,sociales, politiques, etc.) externes au champ pèsent fortement surl’issue du rapport de force interne

Résumé p.149 à 154, Lahire,Monde pluriel.

2. Comment le nommer?

Le terme utilisé, « coopération », n’est pas neutre ; il insiste surle travail en commun, avec les institutions du Nord, les États et lesadministrations nationales, les cadres locaux et les populationsrurales. Il fait donc apparaître de multiples acteurs.

« a,/e '+b0,q+e %+ /8ve0o''eme"* » *e"/ à /89",- +" ch%m'centré sur une relation descendante entre ceux qui donnent et ceuxqui reçoivent.

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182 au Cœur dE laCOOpératiOn intErnatiOnalE

Le champ du « développement » peut créer de nouvelles contro-ve"ses $%&sq%e s( )*+,&-&o, ,’( j(m(&s f(&- 3’%,(,&m&-*. J’(& so%ve,-cité une étude américaine des années 1980 qui avait recensé à3’*$oq%e $3%s )e 3000 )*+,&-&o,s )% « )*ve3o$$eme,- », ce q%& e,f(&s(&- %, « co,ce$- $"ojec-&f », ch(c%, )o,,(,- s( $"o$"e )*+,&-&o,.Dans le champ francophone, deux grandes tendances sont tou-jo%"s v&v(,-es e- e, co,c%""e,ce. po%" J.-p. O3&v&e" )e S(")(, e-J.-P. Chauveau, il n’y a de développement que parce qu’il y a desdéveloppeurs. « Le développement est l’ensemble des processussociaux induits par les opérations volontaristes de transformationd’un milieu social, entreprises par le biais d’institutions ou d’acteursextérieurs à ce milieu, mais cherchant à mobiliser ce milieu et repo-sant sur une tentative de greffe de ressources et/ou de techniques et/ou de savoirs ».Ph. Hugon en présente une conception beaucoup plus large. Pourlui, le développement « est à la fois un processus objectif et mesu-rable [...] normatif [...] et un projet [...]. Étymologiquement, ils&g,&+e )*$3oye" ce q%& es- e,ve3o$$* chez 3es ê-"es (c($(c&-*s) e-les sociétés »5.La désignation du champ est donc déjà en elle-même un enjeu deluttes, qui a des conséquences sur le nombre et le type d’acteursimpliqués et sur la logique du champ.

3. Quel est son degré d’autonomie?

Une manière de comprendre, en creux, la logique et les enjeux)e ce ch(m$ s$*c&+q%e es- )e co,s-(-e" q%’&3 ex&s-e )es &,s-&-%-&o,set des acteurs, relativement stables, qui consacrent l’essentiel ou aumoins une partie de leur vie professionnelle aux problèmes de lacoopération ou du développement. Ceux-ci revendiquent leur spéci-+c&-* e- 3e%" (%-o,om&e v&s-à-v&s )es $"ess&o,s ex-e",es. Même s’&3sn’y arrivent pas toujours, notamment au niveau des fonction-naires, ils ne souhaitent pas réaliser des projets sur simples considé-rations politiques, pour faire plaisir à un chef d’État, car ce sontsouvent des « éléphants blancs »6. Ils cherchent à se tenir à l’écart)es "*se(%x c3&e,-*3&s-es o% m(f+e%x e- )es $"ess&o,s )es m%3-&,(-tionales ou des grands groupes français. Leur autonomie est cepen-

5. Voir ces débats dans un numéro récent (202-203) des Cahiers d’études afri-caines. Les Sciences sociales au miroir du développement, 2011, EHSS.

6. des "*(3&s(-&o,s coû-e%ses, s(,s "e-omb*es $o%" 3es $o$%3(-&o,s.

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ANNEXE I 183

dant relative car elle dépend des ressources budgétaires votées et deleurs positions structurelles, par exemple bailleurs, opérateurs ouOnG, $%&s (e ch%m-.d%&s (e c%s f1%&ç%3s, 3( es4 s3g&36c%43f q8e (’age&ce F1%&ç%3se $eDéveloppement (AFD), « l’opérateur pivot », soit sous la doubletutelle des Affaires étrangères mais surtout du ministère desF3&%&ces. O841e so& 1ô(e b8$g?4%31e, ce(83-c3 1e-1?se&4e (% F1%&cedans les organisations internationales (Banque mondiale, FMI, etc.)et assure aussi la fonction de promotion des relations extérieures enmatière économique.

4. Logique du champ et enjeux spéci3ques

l% $?6&343o& $8 ch%m- f%3s%&4 (’obje4 $e co&41ove1ses e4 so&autonomie restant relative, il peut être utile de proposer une distinc-tion entre un champ restreint et un champ élargi7, avec des inter-$?-e&$%&ces e4 $es 3&4e1%c43o&s e&41e (es $e8x e4 8& ce14%3& Eo8 %8niveau des « frontières ».l% (og3q8e $8 ch%m- 1es41e3&4 -o811%34 ê41e $?6&3e comme (%meilleure façon de distribuer « l’aide au Tiers Monde ». D’où unc%-34%( $’ex-?13e&ces %cc8m8(?es, $es com-?4e&ces s-?c36q8es, $esc134è1es $’ef6c%c34?, $’ef6c3e&ce, $e $81%b3(34?, $es &o1mes $e 41%&s--%1e&ce $’%--e( $’off1es, $es -1oc?$81es s-?c36q8es comme (es$3ve1s « c%$1es (og3q8es ». E4, b3e& sû1, $es (844es e&41e 6&%&c3e1s e4entre opérateurs pour être reconnu comme le plus légitime ou leplus performant. Acteurs et normes varient historiquement en fonc-tion de ces luttes et des contextes, dans le champ et hors du champ.Le champ élargi, qui comprend les États, les cadres nationaux et

(es b?&?6c3%31es, es4 -(84ô4 ce&41? s81 (e 4y-e $e 1e(%43o&s q83 s’?4%-blissent entre les « développeurs » et les « développés ».

5. Acteurs et structures du champ restreint

les %c4e81s $om3&%&4s 1es4e&4 (es 6&%&c3e1s, %8 &3ve%8 3&4e1&%-tional et national. Ceci est bien marqué pour la France, par le déclindu ministère de la Coopération, devenu ministère délégué ou secré-

7. Un peu comme dans le champ littéraire, avec le champ de la productionproprement dite (auteurs, maisons d’édition, etc.) et celui du « public », plus oumoins large ou spécialisé, auquel il s’adresse.

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184 au Cœur dE laCOOpératiOn intErnatiOnalE

tariat d’État et par la montée du ministère des Finances et de « l’opé-rateur pivot », l’Agence Française de Développement, qui reven-dique avant tout son statut bancaire. À l’international, la puissance.om12324e, .e781s :3 ;2 .es 322<es 1980 es4 :e co87:e, 73s 4o8jo8Csuni8, FMI-Banque mondiale, devant l’Union européenne, grosbailleurs sans imagination, les aides bilatérales et, selon les secteurs,:es oCg321smes .e :3 « f3m1::e » .es n341o2s u21es (OMS, FaO,uniCEF, unESCO, e4c.).Ces .eC21èCes 322<es, :e 7o1.s .es gC32.es OnG, s8C4o84 8Cge2-tistes, faisant appel à la générosité du public ou celui des grandesfondations, comme celle de Bill et Melinda Gates, s’est considéra-blement accru. L’arrivée de la Chine et de ses nouvelles pratiques(matières premières contre infrastructures), sans conditionnalitéspolitiques, perturbe, depuis plusieurs années, les rapports de forceet les règles plus ou moins acceptées ou imposées.les ;232c1eCs o24 beso12 7o8C 7C<73CeC, me44Ce e2 Q8vCe e4évaluer leurs interventions, d’opérateurs. Au début, en France, ils’agissait avant tout de sociétés para-publiques (SEDES, SATEC,BDPA, CFDT, etc.) qui ont été progressivement supprimées. Main-tenant, il s’agit avant tout de grands consortiums, réunissantplusieurs sociétés et utilisant des consultants plus ou moins indé-7e2.324s, 38 gC< .es 377e:s .’offCes e4 .o2c s32s C<Tex1o2 e4 7Co7o-sitions de pratiques alternatives.Ce::es-c1 se Ce4Co8ve24 73Cfo1s .32s ceC4312es OnG .’124eCve2-tion (GRET, IRAM, Agriculteurs et Vétérinaires sans frontières,e4c.) m31s :e mo2.e .es OnG s’es4 co2s1.<C3b:eme24 .1veCs1;<,3vec :3 .om12341o2 m3124e2324 .es OnG .’8Cge2ce e4, .32s 82eceC4312e mes8Ce, .’OnG .e « 7:31.oyeC ». u2 384Ce cC14èCe .e .1ff<-Ce2c1341o2 es4 :e mo.e .e ;232ceme24 : 377e: à :3 « g<2<Cos14< » .escitoyens par de grandes campagnes de marketing ou par l’appel àdes réseaux militants ou dépendance maintenue par rapport au;232ceme24 78b:1c o8 m<:32ge .e 7:8s1e8Cs so8Cces .e ;232ce-ment.le 7ô:e « 124e::ec48e: » s’es4 38ss1 co2s1.<C3b:eme24 mo.1;<.Contrairement à la Grande Bretagne où le DFID (l’équivalent duministère de la Coopération) a toujours travaillé avec les univer-sités, la tradition française a toujours été celle du cloisonnement9,

8. Cf. notamment les critiques déjà anciennes de Stiglitz, ex-chef économisteà la Banque, sur les idéologies et les pratiques du FMI.9. Et parfois quelques participations limitées. Par exemple, le grand géo-

gC37he .e :’OrStOM, p38: p<:1ss1eC, o8 :es <co2om1s4es .e :’u21veCs14< .e

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ANNEXE I 185

avec des ministères de tutelle différents. Il faudrait encore distin-guer entre la recherche agronomique, qui reste proche de l’opéra-tionnel et d’une fonction de propositions et de conseils, et larecherche en sciences humaines. La majorité de ces chercheurs resteen position d’observateur critique et regarde avec une certainecondescendance les interventions des développeurs. Ils replacent, àjuste titre, les « projets », dans des dynamiques sociales et politi-ques plus générales mais se refusent le plus souvent à s’y impli-quer.En ce qui concerne les universités, les problèmes du Tiers mondesont devenus secondaires et ne favorisent pas une « bonne carrière ».Elles continuent cependant à former dans de nombreux DESS def!"!#s c&'#es q!* &!#o," 'es '*f-c!."/s à "#o!ve# '! "#&v&*. '&,s ce'om&*,e, s&!f '&,s ce#"&*,es OnG. i.s &!#o," à se #eco,ve#"*# o! àse retrouver au chômage..À ,o"e# e,-, q!e .’age,ce F#&,ç&*se 'e d/ve.o??eme,", so!sl’impulsion de son ancien directeur J.-M. Sévérino, s’est voulue, àl’instar de la Banque mondiale, comme un pôle fédérateur de la#/@ex*o,, &vec so, '/?&#"eme," 'e .& reche#che e" .& #e?#*se '’!,eancienne revue de qualité, Afrique contemporaine10. À voir si ceteffort sera continué avec la nouvelle direction.

6. Acteurs et structures du champ élargi

À la limite ou à la frontière de ce champ restreint, à la fois fran-co-français et de plus en plus international, se retrouvent les États etleurs administrations, au niveau national et local, et tous les « béné--c*&*#es » 'e .’&*'e, ?&#"*c!.*è#eme," .es ?o?!.&"*o,s #!#&.es '&,snotre domaine. Leur réelle insertion dans le champ devrait êtrel’enjeu principal, de la conception à l’évaluation, des interventions,avec une réelle responsabilité dans les prises de décision. Si cela estvrai pour le Brésil, le Mexique ou le Vietnam, ce n’est pas la situa-tion la plus courante pour le moment dans les pays africains. Les-,&,c*e#s '! no#' che#che," "o!jo!#s à « ?#o?ose# » .e!#s so.!"*o,savec des conditionnalités et les cadres nationaux rusent ou prati-quent un double discours pour obtenir l’argent. Comme, de surcroît,

Clermont-Ferrand (les Guillaumont) ont siégé au conseil de surveillance de laCaisse Centrale.10. Publiée depuis 1962, Afrique contemporaine est une revue pluridiscipli-naire trimestrielle à comité de lecture.

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186 au Cœur dE laCOOpératiOn intErnatiOnalE

un certain nombre de hauts cadres obtiennent une bonne partie deleurs ressources en participant à diverses missions et en négligeantainsi leur administration, leur université ou leur institut de recherche,il y a peu de chances qu’ils défendent de vraies politiques alterna-tives. Ceux qui n’intègrent pas ce nouveau marché camperont surdes positions « nationalistes », en recherchant, parfois à juste titre,des boucs émissaires extérieurs accusés du mauvais fonctionnementde leurs ministères.Q/012 0/x 4o4/6027o1s b:1:;c707=es, m06g=: 6e B7sco/=s « 40=-ticipationniste » dominant, elles sont rarement associées réellementaux décisions les concernant. Heureusement, depuis maintenant unetrentaine d’années, elles se regroupent dans des formes diversesB’o=g017s027o1, 0/ 17ve0/ 6oc06, 1027o106, =:g7o106 (60 CEdEaO4o/= 6’af=7q/e Be 6’O/es2) e2 712e=1027o106. E66es ess07e12 Be f07=eentendre leur voix et de peser sur les décisions politiques concer-nant l’agriculture familiale, le foncier ou les échanges commer-ciaux.

7. La place de l’IRAM

Dans ce monde de la coopération en constante évolution, l’IRAM0 2o/jo/=s ess0y: B’0f;=me= ses co1v7c27o1s e2 Be s’0B042e=.Avec les Indépendances, à partir de 1957 au Maroc et grâce àune entrée politique auprès des dirigeants nationaux, il a participé àla construction des États et à la tentative d’établir de nouveauxrapports entre administration et population, grâce à des méthodes« d’animation » et de « participation populaire ». En Amériquelatine, il a été très présent sur la problématique des réformes agraireset d’appui aux petits paysans. Dans les années 1980, il a été associéà /1e =:Oex7o1 s/= 6es 1o/ve66es 4=027q/es Be 60 coo4:=027o1, B01sles projets de recherche-développement, ou de gestion de terroir.dès 60 ;1 Bes 011:es 1980, 6’iraM 0 :2: 2=ès 0c27f B01s 6e Bom071eBe 60 m7c=o-;101ce, Be 6’044/7 0/x o=g017s027o1s 40ys011es, Be 60décentralisation ou des politiques agricoles. À chaque fois, il arappelé la nécessité de comprendre les dynamiques sociales et d’as-socier les populations rurales et les cadres nationaux. Il est donctout à fait partisan d’une conception élargie du champ de la coopé-ration.Depuis les années 1970, l’IRAM s’est également inséré dans larecherche et dans l’Université. Dans les trois champs, du fait de saposition, de sa taille, de ses pratiques, il reste dans une position

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ANNEXE I 187

dominée. La plupart des chercheurs considèrent l’IRAM aveccondescendance (« ce ne sont que des praticiens un peu naïfs etmanquant de recul, qui ne font pas de la vrai recherche »11) et lesuniversitaires nous utilisent comme des pourvoyeurs de « connais-sances pratiques », pour des étudiants spécialisés, mais en se lais-sant le « beau rôle » de l’enseignement des « théories ».Cette présentation est certes caricaturale et il y eut de nombreusesexpériences de collaboration et d’estime réciproque, par exempledans le groupe AMIRA ou dans divers Réseaux (cf. chap.9), maise!!e "#$%&'" b'e) ce c!o'so))eme)" s' ).f$s"e e" ce""e %.0$)ce s' %'f0-cile à surmonter.

Ce2e)%$)", m$!g#. !es %'f0c&!".s %e so) 2os'"'o))eme)", !’iraMa toujours essayé de jouer un rôle de passerelle et d’intermédiaire ;faire remonter les préoccupations des paysans et des cadres natio-naux auprès des décideurs et expliquer aussi les attentes et lesco)"#$')"es %es 0)$)c'e#s $&x « b.).0c'$'#es » %e !’$'%e ; f$'#e serencontrer chercheurs et praticiens, montrer la nécessité d’uneapproche multidisciplinaire, défendre l’idée que les interventionsdoivent être menées avec les populations, de la conception à l’éva-!&$"'o) ; #eco))$î"#e e)0) q&e !’obse#v$"'o) %e ce!!es-c', s' e!!e es"menée avec rigueur, est une manière légitime de compréhension desdynamiques sociales tout à fait complémentaire de celle des cher-cheurs.Mais il s’agit d’un travail de Sisyphe, ou peut-être de DonQuichotte, qui nécessite beaucoup de collaboration et d’alliances.L’ambiance actuelle semble malheureusement davantage portéeve#s !$ s2.c'$!'s$"'o) e" !e #e2!' ve#s &) m."'e# s2.c'0q&e e" ve#s s$propre discipline.

11. Des « populistes », des « empiristes méthodologiques » (cf. J.-P. Jacob).

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ANNEXE II

Bibliographie(cf. chap. 9)

1. Livres écrits ou codirigés

Gentil D., avril 1979, Les pratiques coopératives en milieu ruralafricain, Université de Sherbrooke (Canada), 148p., rééditionL’Harmattan, septembre 1984.

– 1986, Les mouvements coopératifs en Afrique de l’Ouest. Inter-ventions de l’État ou organisations paysannes, UCI/ L’Har-mattan. 270p.Gentil D., Fournier Y., avril 1993, Les paysans peuvent-ils devenir

banquiers? Épargne et crédit en Afrique. Syros, 270p. Puedenlos campesinos ser banquieros? Experiencias de ahorro ycredito. (version espagnole adaptée, avec Doligez F. et PommierD.) Managua (Nicaragua), 252p.Bakari Koulibaly, Gentil D. (sous la direction), 4e trim. 2002, Lecrédit rural de Guinée. Du projet à l’institution, une constructionsociale progressive. Éditions Charles Léopold Mayer et Gunndal,356p.Gentil D. et Boumard Ph. (sous la direction), décembre 2005, LeLaos doux et amer. Vingt-cinq ans de pratiques d’une ONG.,C.C.L.-Khartala, 342p.

O'e)*+ogo a., Ge1234 d. (so's 4+ )3*ec23o1), 2008, La micro-<nanceen Afrique de l’Ouest. Histoire et innovations, CIF-Khartala.308p., réédition 2010).

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190 au Cœur dE laCOOpératiOn intErnatiOnalE

2. Participation à des livres collectifs

«Anthologie coopérative. Économie et sociologie coopérative »,1977, numéro double 41-42. Archives Internationales de socio-logie de la coopération et du développement (textes choisis etintroduits sur Mao-Tsé-Toung, Nehru, Mamadou Dia, J. Nyerere,H. Boumediene), 420p.Dufumier M., Gentil D., Le suivi évaluation dans les projets dedéveloppement rural. Note AMIRA 44, 1984 (2e édition), 174p.Gentil D., 1986, L’exercice du développement (chapitre « Du déve-loppement à la recherche. À propos d’un itinéraire personnel),OrStOM.

– 1987, Recherche, vulgarisation et développement en Afriquenoire (colloque de Yamoussoukro 1985). Ministère de la Coopé-ration et du Développement, 246p. (chap.9, p.127 à 135 : Quel-ques interrogations au sujet de la méthode « Formation etVisites »)

– 1989, Les interventions en milieu rural, Ministère de la Coopéra-tion et du Développement, 198p. Nord-Sud : de l’aide au contrat,1991 (pseudo Claude Marchant), Syros, 244p., chap.17 « L’in-ve9:;v;:< e9 m>:;è@e Ae B9>9ceme9: ».

– L’appui aux producteurs, 1993, CIRAD et Ministère de laCoopération et du Développement (particulièrement chap.12 :« le B9>9ceme9: AF A<veGoIIeme9: Goc>G »).Rapport de l’Observatoire Permanent de la Coopération Française(OPCF), 1996, Éditions Desclée de Brower, 164p. (particulière-ment avec B. Husson « La décentralisation contre le développe-me9: Goc>G ? »).Rapport OPCF, 1997, Karthala, 198p.Rapport OPCF, 1998, Karthala, 238p.Rapport OPCF, 1999, Karthala, 220p.Rapport OPCF, 2000, Karthala, 230p. (particulièrement « Refonderles politiques de coopération »).Rapport OPCF, 2001, Karthala, 242p.Rapport de l’Observatoire Français de la Coopération Internatio-nale (OFCI), 2002-2003, Karthala, 248p.La coopération française en question, 1998, Bibliothèque publiqued’information. Centre Georges Pompidou, 354p. (particulière-ment « Coopération et décentralisation : l’aventure ambiguë »).IRAM, Regards du Sud. Des sociétés qui bougent, une coopérationà refonder. 1998, L’Harmattan, 286p.

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ANNEXE II 191

Micro-&nance, orientations méthodologiques, 1999 (2e édition).Commission Européenne, 162p.L’avenir des paysans, les mutations des agricultures familiales dansles pays du Sud (sous-direction Maxime Haubert), 1999, TiersMonde, IEDES, PUF, 188p. (particulièrement avec M.R. Mer-coiret, chap.7 : « Les dispositifs d’appui à l’agriculture pay-sanne »).Lutte contre la pauvreté et les inégalités. Étude bilan sur les actionsde la coopération française (1995-1999), 2000, Ministère desAffaires Étrangères, Synthèse 32p., Rapport 196p.

Exclusion et liens &nanciers. Rapport du Centre Walras 2001 (sousla direction de J.-M. Servet et D. Vallat), 2001, Economica,438p. (particulièrement avec F. Doligez, « Les approches du !"!ceme!& 'oc"' : *!e +e,s+ec&.ve h.s&o,.q*e », +.185 à 198).– 2002 (sous la direction de J.-M. Servet et I. Guérin), 2003,Economica, 528p. (particulièrement «Au bord du gouffre »,p. 40 à 48).– 2003 (sous la direction de J.-M. Servet et I. Guérin), 2003,Economica, 694p. (particulièrement « La caution solidaire, unehistoire ancienne », p. 421 à 428).K. Condé, S. Bouju, D. Gentil, 2001, Le crédit rural de Guinée vupar ses acteurs. Étude socio-anthropologique comme outil dechangement institutionnel, GRET-CRG-IRAM, 95p.Mémento de l’agronome, 2002, Ministère des Affaires étrangères,CIRAD, 1691p., avec F. Doligez « Le crédit rural », p. 155 à177.Comment réduire pauvreté et inégalités. Pour une méthodologie despolitiques publiques (sous la direction de M. Levy), 2002, IRD,Karthala, 248p. (particulièrement «Acteurs, normes et formes;e ,<g*'"&.o! ;"!s '" m.c,o- !"!ce », +.97 à 125).La coopération internationale face au libéralisme (sous la directionde S. Mappa), 2003, Karthala, 410p. (particulièrement « Les'og.q*es ;e '" m.c,o- !"!ce », +.379 à 408).La santé mondiale, entre racket et bien public (coordinationF.-X. Verschave), 2004, Éditions Charles Léopold Mayer, 346p.(particulièrement « la Sécurité sociale, construction d’un com-promis fragile » et « Naissance, essor et limites d’une perspec-tive sanitaire mondiale », p. 17 à 56).

Pour une économie mondiale sans rivages. Hommage à J. Moreau,2005, Fondation Crédit Coopératif, L’Harmattan, 168p. (particu-lièrement avec F. Doligez « Un partenariat du Crédit Coopératifau long cours : Kafo Jiginew au Mali sud, p.83 à 97).

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Table des matières

Avant-propos ........................................................................... 5

PREMIÈRE PARTIE

GENÈSE

1. Né quelque part (1941-1958) .......................................... 9

Les origines vosgiennes..................................................... 9Un peu d’exotisme et de fantaisie ..................................... 13S!"#$e Omb)e ..................................................................... 15Enfance et adolescence provinciales ................................. 20Et déjà les voyages ............................................................ 22

2. HEC, par hasard?(1958-1965) ....................................... 27

Sortir du bagne .................................................................. 27u# e#se"g#eme#$ -"ve)s"/0 ............................................... 28Israël, Inde, Mexique......................................................... 30La vie à HEC et la découverte de Paris ............................. 32Matelot de 3e classe à Paris ............................................... 35

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194 au Cœur dE laCOOpératiOn intErnatiOnalE

DEUXIÈME PARTIE

LADÉCOUVERTE

DES DIVERSITÉS AFRICAINES

3. Prélude algérien et enracinement nigérien (1965-1970) 41

Algérie, la formation des cadres du FLN .......................... 41Niger, découvertes et apprentissages................................. 43Les « bienfaits » de la colonisation ................................... 44Des sociétés différentes et rationnelles.............................. 45Les exigences de la participation....................................... 48Participation et choix politique.......................................... 51La formation des cadres et l’utopie d’une autre fonctionpublique ........................................................................ 52Chercheurs et développeurs, déjà ...................................... 53Quelques convictions ........................................................ 54

4. Autres insertions africaines ............................................ 57

Madagascar, une autre Afrique.......................................... 59Centrafrique : 20000 habitants et 40000 éléphants dansle Haut MBomou .......................................................... 61Cameroun : à la recherche des leçons du succès................ 63Cameroun : la formation agricole et rurale ........................ 64Sénégal, l’impossible réforme de l’enseignement............. 66

trOiSi/ME partiE

ENTRE PARIS

ET LATRICONTINENTALE

5. Missions en tous genres (novembre 1974-octobre 2002) 71

Des missions toujours différentes...................................... 71Le type de mission......................................................... 71D’où vient la demande et qui la /nance?..................... 72La nature du pays ......................................................... 73La contrainte du temps ................................................. 74La composition de l’équipe........................................... 75

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TABLE DES MATIÈRES 195

L’évolution du champ de la coopération ........................... 76La décennie 1960, la construction des États ................ 77Les années 1970, le temps des projets .......................... 77Avec la Banque mondiale, ou le monde rural commeune boite noire ......................................................... 78L’émergence des ONG. Gao (Mali).............................. 80La décennie 1980 : entre la Banque mondiale et l’aidefrançaise au développement..................................... 82Controverses sur la vulgarisation. « L’affaire Bénor » 82De nouvelles approches dans la coopération fran-çaise ......................................................................... 84

l! m#c%o-()!)ce (1988-2002) : 34!%g#% 4e ch!m7 8es 7os-sibles pour les exclus des banques................................ 88La relance des caisses au Bénin ................................... 89Guinée : tester le modèle Grameen Bank et créer uneinstitution ................................................................. 92Élargir les expériences ................................................. 94Décentralisation et problèmes environnementaux ............ 97La lutte contre la pauvreté, le nouveau mot d’ordre.......... 97Imposer des modèles, se défendre par la ruse ................... 100

6. L’autogestion, une utopie? ............................................. 101

La participation pour les autres (1957-1975) .................... 101Des cercles concentriques ............................................ 103L’autogestion à l’IRAM et ses variations (1975-2002). .... 104Changement de présidence et début d’autogestion ...... 106Les atouts d’une direction collégiale............................ 106Dif#cultés et crises........................................................ 108Continuité et adaptations annuelles ............................. 110Les salariés doivent garder le pouvoir............................... 112

7. L’impossible réforme de la coopération ........................ 113

Cadres nationaux et « développement » ....................... 114Les groupes de ré1exion ............................................... 115La gauche au pouvoir ................................................... 116Un effort de renouvellement ......................................... 116L’aide française s’aligne et perd son in1uence, àpartir des années 1990............................................. 118L’Observatoire permanent de la coopération française(1994-2003).............................................................. 119

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196 au Cœur dE laCOOpératiOn intErnatiOnalE

Les conséquences des appels d’offre et des procé-dures......................................................................... 121Accompagner dans la durée ......................................... 123

QUATRIÈME PARTIE

MES VIES COMPLÉMENTAIRES

8. Enseigner, le plaisir de la maïeutique ............................ 129

La formation des cadres en Afrique .................................. 129L’expérience du Collège Coopératif.................................. 131Enseigner avec.............................................................. 132Appui à l’écriture.......................................................... 133L’anthologie et l’Université coopérative internationale 133Le recyclage des cadres..................................................... 134La formation des étudiants ................................................ 135

9. Lire, écrire, participer à une intelligence collective ..... 137

Lire .................................................................................... 138Écrire ................................................................................. 141Écrire « seul », co-écrire, co-diriger ............................ 141Les livres collectifs........................................................ 146Participer à une intelligence collective.............................. 148Le groupe AMIRA ......................................................... 148Le Réseau Recherche-Développementet l’Inter-RéseauxDéveloppement Rural ................................................... 151Comprendre une société et susciter des solutions ............. 153

10. Retraite : continuité et nouvel horizon .......................... 155

Continuité dans le développement .................................... 155L’IRAM ......................................................................... 155Le Comité de Coopération avec le Laos (CCL) ........... 158L’Inter-Réseaux Développement rural ......................... 160Le Réseau Impact.......................................................... 161La revue Tiers Monde ................................................... 163Citoyen du 14e arrondissement.......................................... 165Les conseils de quartier ................................................ 166

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TABLE DES MATIÈRES 197

Le journal « La Page » ................................................. 168La vie militante ............................................................. 169La dernière utopie, l’Université Populaire du 14e........ 170

Conclusion ............................................................................... 173

ANNEXES

ANNEXE I

Y-a-t-il une spéci-cité de l’IRAM dans le champ dela Coopération? (cf. chap.6).................................. 179

ANNEXE II

Bibliographie (cf. chap. 9) ..................................... 189

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ISBN : 978-2-8111-0888-5

Enfant de la guerre, provincial, bercé par les

souvenirs africains et malgaches de sa famille,

Dominique Gentil fera HEC un peu par hasard. Il y

découvrira les opportunités d�une grande École sans

succomber à l�esprit de son enseignement. Mais en ce

début des années 1960, c�est l�époque des indépen-

dances et de la guerre d�Algérie. Partir travailler dans

le Tiers-Monde s�impose à lui comme un choix, par-

tagé par nombre de jeunes de sa génération.

Après un bref séjour dans l�Algérie indépendante, il part en 1965 au

Niger où il s�interroge sur les « bienfaits » de la colonisation : 4 % de taux

de scolarisation et 40 km de routes goudronnées. Pendant cinq années, il

y découvre la vie des paysans haoussas, leurs rationalités, leurs équilibres

sociaux, leur humour et l�échec de tout modèle imposé de l�extérieur. Il

participe avec eux à la construction de nouveaux systèmes de commercia-

lisation, de crédit ou de comptabilité. Cette initiation va lui servir de fil

conducteur pendant ses séjours à Madagascar, au Cameroun, au Sénégal

et lors d�une centaine de missions courtes dans une trentaine de pays afri-

cains, centroaméricains ou asiatiques.

Membre d�un bureau d�études associatif et autogéré, l�IRAM, D. Gentil

appuie l�évolution des organisations paysannes et contribue au lancement

de plusieurs institutions de micro-finance, bien avant que cette formule soit

devenue une mode. Il participe également à de nombreux réseaux où se

rencontrent chercheurs, praticiens et décideurs. Il enseigne, écrit et favorise

l�écriture par des cadres africains de leur propre histoire.

À travers le récit d�une trajectoire, riche d�évocations personnelles et du

rappel des grands débats intellectuels de la seconde moitié du XXe siècle,

ce livre décrit de l�intérieur les évolutions de la coopération sur une qua-

rantaine d�années. L�auteur en montre les limites, comme la tentation

permanente d�imposer des solutions, les effets pervers autour de l�argent,

les ruses des « bénéficiaires », la progressive diffusion des normes et des

procédures bureaucratiques internationales. Mais il souligne aussi que des

rapports moins déséquilibrés, des politiques et pratiques alternatives sont

possibles et ont été mis en �uvre dans différents pays.

Dominique Gentil, socio-économiste, a été un spécialiste des problèmes

de développement rural dans le « Tiers-monde ». Il a toujours travaillé

à l�IRAM. Il a écrit et codirigé de nombreux ouvrages sur les coopéra-

tives, la micro-finance, les politiques de coopération ou le Laos. Depuis

sa retraite, il s�est investi dans le 14e arrondissement de Paris (conseils de

quartier, associations, Université populaire).