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LE CAP AUDREY NERVI LE CAP Centre Léon Blum Rue de la Rochette BP 100 69195 Saint-Fons cedex tél. 04 72 09 20 27 fax. 04 26 22 49 07 [email protected] www.saint-fons.fr / www.adele-lyon.com EXPOSITION 11 FÉVRIER - 14 AVRIL VERNISSAGE 10 FÉVRIER À 18H30 M V...V I E

AUDREY NERVI

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Page 1: AUDREY NERVI

LE CAP

AUDREY NERVI

LE CAPCentre Léon Blum Rue de la RochetteBP 100 69195 Saint-Fons cedextél. 04 72 09 20 27 fax. 04 26 22 49 [email protected] / www.adele-lyon.com

EXPOSITION11 FÉVRIER - 14 AVRIL

VERNISSAGE10 FÉVRIER À 18H30

M V...V I E

Page 2: AUDREY NERVI

LA PEINTURED’AUDREY NERVI, ENTRE SFUMATO ET FANTASY.

Au premier regard, les représentations d’Audrey Nervi – la part la plus lisible de sa peinture – constituent le carnet de bord d’une culture, celle des free parties et des travellers puis, dans son évolution plus récente et plus politique, des altermondialistes. Ce travail en appelle d’autant plus au journal que l’artiste indique sur chaque titre l’exact pays où a lieu l’événement représenté. La démarche est bien programmatique : Audrey Nervi ne nous livre que tous les deux ans une série arrêtée d’une vingtaine de tableaux, à présent issus de ses voyages. Pourtant, leur enchaînement, tel que proposé dans le lieu d’exposition n’est pas chronologique mais précisément ajusté selon un réseau d’associations faisant émerger de nouvelles thématiques transversales.

C’est ainsi que « MOV…VIE », la nouvelle série proposée au CAP de Saint-Fons, déroule ses motifs en progressant du sujet le plus intime (petite annonce amoureuse, baiser, relations de couples ou familiales…) au plus politique (évocation de la guerre, manifestations, répression), les fêtes intercalant régulièrement leur fusion des sphères privées et publiques. Ces diverses représentations sont scandées de leitmotive ou enrichies d’ornementations – dans leur acception musicale – qui viennent en sous-texte complexifier l’évidence première des images. L’animalité, par exemple, est un thème récurrent de la série. Singes, tigres, bousier, etc. se font le relais d’une humanité tantôt victime – réprimée, blessée dans sa dignité -, tantôt bourreau – despotique ou destructrice. En prolongement de ce va-et-vient entre « high and low », la thématique de l’envol ou de l’élévation alterne également avec celle de la chute : figure perchée en haut d’un arbre ou bondissant au-dessus du Monument de la Shoa de Berlin, lumières de la fête, ou, à l’opposé, caractère abject de la boue, des excréments roulés par un bousier ou des têtes de cochon sur un étal de boucherie.

Si cette iconographie très décomplexée ne craint ni une franche crudité ni de côtoyer le kitsch, elle est souvent moins manichéenne qu’il n’y paraît et l’artiste cultive aussi une ambivalence distancée : pour ne citer que deux exemples, la borne qui accueille les petites annonces amoureuses de ACT1: a call in the desert – Morocco n’est pas sans évoquer aussi une pierre tombale, tandis que la femme policier de ACT 17 – Sexy cannibal – Berlin allie en un même personnage animalité et humanité, séduction et menace. L’humour sauve aussi souvent l’imagerie d’une métaphore sans lui trop appuyée : c’est encore le cas de cette femme policier de l’Act 17, faisant suite à ACT16: the vegetarian – Germany, où un personnage déguisé en cochon de bande dessinée brandit une pancarte réclamant de « manger plus de bœuf ».

ACT14: dung beetle on microcity - Morocco / Hungary, 2011, huile sur toile, 20 x 55 cm.

Courtesy Galerie Frank Elbaz

ACT22 : back to the trees - Berlin, 2011, huile sur toile, 50 x 30 cmCourtesy Galerie Frank Elbaz

Page 3: AUDREY NERVI

ACT17: sexy cannibal - Berlin, 2011, huile sur toile, 40 x 30 cm.

Courtesy Galerie Frank Elbaz

Si un certain réalisme pictural porte à croire, trop vite peut-être, que nous pouvons aisément en déchiffrer les sujets, Audrey Nervi est avant tout peintre. Les commentateurs de son travail ne s’y sont pas trompés, qui lui font traverser tous les « ismes » de l’histoire de la peinture : réalisme, hyperréalisme, symbolisme, impressionnisme, post-impressionnisme, sont tour à tour évoqués à son propos. On pourrait même remonter un peu plus loin dans le temps, jusqu’à la peinture d’histoire, tant ses tableaux dépeignent toute notre actualité, si ce n’était d’une part le point de vue adopté – celui du micro-événement plutôt que du macro –, d’autre part la retenue des petits formats qu’elle utilise, formats que l’artiste considère ancrés dans son époque : abordables, manipulables et nomades, loin de toute grandiloquence. La modestie des formats met d’ailleurs en évidence l’épaisseur du châssis (de 4,5 cm environ), faisant de ces petites peintures des tableaux objets analogues à des icônes qui, elles aussi, étaient souvent conçues pour, justement, être transportées. La forme est bien celle d’un hommage appuyé à la culture et aux personnages qui construisent la vie de l’artiste.

Mais la diversité des qualificatifs dénote avant tout une indétermination, et donc une singularité, stylistiques. Ils supposent aussi de la part de l’artiste une connaissance et un regard aigus posés sur les pratiques picturales l’ayant précédée, que sa démarche émancipée a su assimiler : des filiations sans affiliation. La technique a priori illusionniste d’Audrey Nervi en appelle aussi aux relations étroites et ambivalentes que la peinture a constamment entretenues avec la photographie depuis le XIXe siècle. Son travail s’inscrit bien dans un continuum de production d’images d’images. Pour rappel, l’artiste a étudié avec Yves Bélorgey et vit dans le même pays que Gerhardt Richter et Sigmar Polke dont on peut supposer qu’elle a attentivement regardé les œuvres. Signe des temps, c’est à présent l’image qui est à l’origine du tableau, non plus une expérience directe du réel (ou de la Nature). Au commencement, il y a donc les multiples photographies qu’elle prend au cours de ses voyages. Ces dernières ne sont jamais conservées telles quelles et subissent de multiples transformations avant d’être transposées sur la toile. Avant même sa saisie du pinceau, une première étape d’esquisse et de distanciation vis-à-vis de l’image consiste en un long travail de sélection, de recadrage, parfois de photomontage, puis de décalque sur la toile. De même que l’ordre de réalisation et de présentation des tableaux ne suit jamais celui, chronologique, des prises de vue, mais relève également d’un réagencement temporel et thématique. Dans la série présente, au titre très explicite, ce procédé du montage est appuyé par la disposition des tableaux le long d’une grande bande de peinture noire. Cette évocation de la pellicule, photographique et surtout filmique, suggère une séquence, un déroulé tout cinématographique, mais aussi fictionnel des images.

ACT16: the vegetarian - Germany , 2011, huile sur toile, 30 x 20 cmCourtesy Galerie Frank Elbaz

ACT15: pourquoi j’ai mangé mon père - Berlin, 2011, huile sur toile, 20 x 28 cmCourtesy Galerie Frank Elbaz

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Si toutes ces étapes sont bien constitutives de la démarche artistique, elles n’en restent pas moins un avant et un après de l’acte pictural. A regarder de plus près les tableaux, et quel que soit le degré de précision de la photographie d’origine, un léger flou, ou, plus précisément, un léger sfumato, les recouvrent, estompent le contour des motifs d’une touche moelleuse contrastant avec l’âpreté des sujets. Mettant ainsi l’image plus encore à distance, le temps et le travail de la peinture à l’huile voilent la surface d’une légère matière poudreuse (souvent comparée à celle du pastel sec), élaborent une légère épaisseur de surface qui, bien que plus visuelle ou mentale que matiériste, occulte le lisse ou le glacé de la photographie, en relègue la présence au second plan, par-delà la peinture.

L’effet produit par ce procédé participe d’un temps second de la peinture, le temps second d’un regard qui aurait épuisé une lisibilité trop immédiate. Tout comme le procédé du montage permettait à l’artiste de produire une fiction à même d’ébranler la véracité de l’image, cette « poussière » de peinture interpose, entre le regard et l’image, un nouveau doute – tout plastique celui-là - quant à l’évidence du motif. Là où l’hyperréalisme intercalait la photographie entre le réel et la peinture, Audrey Nervi procède à l’inverse, réintroduit la peinture entre le réel et sa transmission sur un support éminemment médiatique. Elle provoque ainsi un temps d’arrêt, un décalage dont l’effet d’étrangeté s’affirme particulièrement dans des œuvres comme ACT3: who are you? – Germany, ACT11: night sun – Hungary ou encore Ephémère, un tableau de grand format cette fois, issu de la série précédente Hedonist N.E.E.T (2009). Ces apparitions aux couleurs saturées frôlent le fantastique ou la fantasy. Elles suggèrent aussi que si la peinture d’Audrey Nervi se veut en prise avec un certain réel, il ne s’agit pas pour elle de le rendre plus lisible mais différemment visible.

Anne Giffon-Selle.

ACT1: a call in the desert - Morocco, 2011, huile sur toile, 25 x 25 cmCourtesy Galerie Frank Elbaz.

ACT3: who are you? - Germany, 2011, huile sur toile, 50 x 40 cm

Courtesy Galerie Frank Elbaz

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EXPOSITIONS INDIVIDUELLES (Sélection)

Mov…vie, Le CAP, Saint-Fons, FranceMov…vie, Galerie Frank Elbaz, Paris, FranceLOST, Ambassade de France, Berlin, AllemagneHedonist N.E.E.T., Galerie Frank Elbaz, Paris, FranceEnlève ton masque, Galerie Frank Elbaz, Paris, FranceAll the same, Stellan Holm Gallery, New York, USADo you remember me ?, Galerie Frank Elbaz, ParisLe Confort Moderne, Poitiers, FranceLa Tannerie, Bourg-en-Bresse, France9 Bis, Saint-Etienne, France

EXPOSITIONS COLLECTIVES (DEPUIS 2007)

La belle peinture est derrière nous, Lieu unique, Nantes, etLos Angeles, USAState of the Union, Freies Museum, Berlin, Germany (curator Damien Deroubaix et Conny Becker)La belle peinture est derrière nous, Institut Français, Ankara, TurquieBerlin-Paris, Galerie Frank Elbaz at Wentrup Gallery, Berlin.La belle peinture est derrière nous, Sanat Limani Antrepo n°5, Istanbul, TurquieOff Modern, La Station, Nice.Conversations, Kerava Art Museum, FinlandeAntidote, Galerie des Galeries, Galeries Lafayette, Paris.Et le canardé était..., Centre d’Art de Meymac.Biennale de Prague, République tchèque.Maison des Expositions, Genas.Limit. ed., Le Triage, Nanterre.Sur le front, Le Triage, Nanterre.Biennale de Lyon, Musée d’art contemporain de Lyon.Galerie Air de Paris, Paris.En liberté, Villa du Parc, Annemasse.Pourquoi Tétris?, Random Gallery, Paris.Morphing Geneva, Mire, Geneva, Suisse.Collection d’hiver, Passage des Terreaux, Lyon.Subsistances, Lyon.

2012201120102009200720052004

20032001

2012

2011

20102007

20062005

20042003

20022001200019991998

BIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

Catalogue La belle peinture est derrière nous, 2011Maldonado Guitemie, in Artforum, Mai 2007.Bailly Bérénice, in Le Monde, 17 février 2007.Lequeux Emmanuelle, in Rendez-Vous Magazine, février 2007.Farine Manou, « Audrey Nervi, Carnets de voyage », in L’OEil, février 2007, p. 39.de Maulmin Valérie, « Audrey Nervi enlève son masque », in Connaissance des Arts, février 2007, p. 124.Posnic Emmanuel, « Audrey Nervi – Enlève ton masque », in www.paris-art.comBarachon Charles, « Politique poétique », in Technikart, février 2007, p. 83« Un faible pour l’homme », in Cimaise, Janvier-février 2007Catalogue Antidote, Galerie des Galeries, Galeries Lafayette, Paris, 2006.Catalogue All the same, Galerie frank elbaz, Paris, 2005.Catalogue Biennale de Prague, 2005.Catalogue I just don’t know to do with myself, Marella arte contemporanea,Italie, 2004Lequeux Emmanuelle, « Audrey Nervi ou ‘le plaisir sensuel de peindre’ », in Le Monde –Aden, 18 février 2004Pilven Marguerite, « Do you remember me ? », in www.paris-art.comDelos Soline, in Elle, 27 décembre 2004Art Actuel.

Née en 1974 à LyonVit et travaille à Berlin

www.alligator428.orgwww.galeriefrankelbaz.com