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AUTOUR DE VANNESAVEC SES CINQUANTE-SEPT ÎLES ET ÎLOTS, SES
PAYSAGES SANS CESSE REDESSINÉS PAR LES
MARÉES, SES PORTS ET SES SINAGOTS AUX
VOILES OCRE ET ROUGE, LE GOLFE DU MORBIHAN
EST UNE DES PLUS BELLES BAIES DU MONDE.
ALENTOUR, SES FRANGES CÔTIÈRES VIERGES DE
CULTURES SONT BORDÉES DE CYPRÈS, DE PINS
ET DE CHÊNES VERTS QUI LUI DONNENT UN AIR
DE MÉDITERRANÉE AU PUISSANT PARFUM MARIN.
TREFFLÉAN
VANNES
LARMOR- BADEN
BADEN
ST-PHILIBERT
AURAY
MEUCON
PLUVIGNER
N165
D101
D101
D31
6
D316a
D7
67
N165
N166
58 59
GPS : X 47,605 / Y -2,867000
Que de majesté.Assurément, cet arbre fait partie des vieux sages de Bretagne. Implanté au ras des falaises, il s’est développé à la frontière de la terre et de la mer, avec l’énergie de ces deux éléments.
Est-ce cette situation singulière qui lui a conféré cette majesté ou est-il
né d’une bonne châtaigne ? Combien de temps vivra-il encore quand on sait qu’avec la remontée des océans, la côte recule inexorablement et que l’eau de mer n’a jamais été pour les racines du châtaignier particulièrement indiquée, au contraire des palétuviers qui ailleurs s’en sont accommodés ?
UN COLOSSE AU PIED MARIN
CHÂTAIGNIER DE MANÉ-MOUSTRAN . Baden
S’il est une rencontre que l’on ne s’attend pas à faire le long de cette petite
falaise du golfe du Morbihan, c’est bien celle avec cet énorme châtaignier au
tronc tor et conique qui déborde largement sur le sentier côtier et dont les
énormes charpentières laissent pantois. Tant de gens s’y sont frottés que, lisse
et brillante comme du bois poli, sa base ressemble à de la roche.
LES ARBRES REMARQUABLES DU MORBIHAN
e n v i r o n 4 0 0 A N SH A U T E U R / 1 8 mH O U P P I E R / 1 6 mC I R C O N F É R E N C E / 8 , 1 0 m
Symbole de générosité, d’aucuns le comparent à un vieux chevalier. Si l’on en juge par une de ses énormes branches cassée en mille éclis acérés telle une lance brisée de tournois, le choc de la tempête dut être rude ou le poids des années bien lourd. À ses côtés, un plus petit châtaignier à belle allure semble être son écuyer.
« À la frontière de la terre et de la mer »
Une très ancienne implantationBien qu’originaire du pourtour méditerranéen, cette espèce est présente en Bretagne depuis très longtemps. Des pollens retrouvés dans la vallée de la Loire, mélangés à ceux de céréales, attestent que la châtaigne fait partie de l’alimentation humaine à nos latitudes depuis le néolithique, période durant laquelle bien des îles actuelles du golfe du Morbihan étaient encore des collines, comme en témoigne le cromlec’h d’Er Lannic aujourd’hui en partie sous les eaux.
De Baden par la D101, la D316 puis la D316a, allez jusqu’à Mané-Moustran. Au parking, prenez le premier chemin en contrebas, entre deux propriétés, puis suivez sur votre gauche le sentier littoral.
BADEN
60
GPS : X 47,5814 / Y -2,8854
UNE SPIRALE VÉGÉTALE
CHÊNE VERT DE BERDER . Larmor-Baden
En limite septentrionale de l’aire de répartition de son essence*, le chêne vert de
l’île de Berder est un des plus spectaculaires que compte le golfe du Morbihan.
Avec son tronc et sa couronne vrillés en un même élan, il dégage une puissante
énergie.
LES ARBRES REMARQUABLES DU MORBIHAN
À l’ombre du Garric. C’est à la faveur d’un réchauffement climatique ayant débuté 2700 ans avant Jésus-Christ, à la période dite Atlantique, que la Yeuse, forêt de chênes verts, se développa du pourtour méditerranéen jusqu’en Bretagne Sud. De longs siècles durant, cet arbre constitua un des piliers du développement des sociétés de l’âge du fer, jusqu’à l’avènement de la civilisation celte qui
le nomma Garric, d’où la garrigue tire son nom. Mais comme sur l’île de Pâques pour d’autres peuples et raisons, la surexploitation de son bois contribua au déclin romain. Utilisé alors pour le chauffage et la production d’un excellent charbon de bois, son couvert se réduisit comme une peau de chagrin.
Ce n’est que très récemment, avec la raréfaction du pâturage dans le Sud et la protection d’espaces naturels sur la côte Atlantique, que le chêne vert se redéploie. Dans
certaines zones, ce retour en force se fait à tel point que l’ombre dense de son feuillage ne laisse plus guère de place à une autre végétation. Mais de cela on est encore loin sur l’île de Berder dont le couvert boisé constitué essentiellement de pins laisse encore passer la lumière.
e n v i r o n 2 5 0 A N SH A U T E U R / 1 6 mH O U P P I E R / 2 0 mC I R C O N F É R E N C E / 4 , 4 5 m
L’énigme des troncs vrillésAvez-vous observé chez certains arbres que leur tronc, voire leur couronne entière, comme ce chêne vert, se vrille dans un sens ou dans un autre ? À ce jour, le mystère de cette particularité reste entier. Plusieurs pistes, d’ordre physique, biologique ou encore géobiologique pourraient être explorées pour tenter de comprendre ce phénomène : la force de Coriolis, l’organisation de l’ADN de chaque essence*, l’environnement dans lequel pousse l’arbre, la nature solaire ou lunaire des essences, leur emplacement à l’aplomb d’une faille ou d’un cours d’eau, d’un réseau tellurique…
LARMOR-BADEN
De Larmor-Baden, franchissez à marée basse le passage vers l’île de Berder, l’arbre se trouve à l’entrée sud de la pointe nord-ouest, en direction de la chapelle.
61
62 63
GPS : X 47,571611 / Y -3,000639
Une essence* qui a vu du pays.C’est d’un tout petit coin du monde, la baie de Monterey, qu’est partie pour l’Europe dans les années 1830 cette essence*. De quelques rivages et îles de la côte Ouest des États-Unis, le pin de Monterey a conquis les sols acides de maints endroits du monde où règne un climat océanique doux et humide.
Sur nos rivages, il a été introduit pour son esthétisme et comme brise-vent, tandis qu’ailleurs en France, il a été planté en vastes espaces forestiers destinés à la production.
À Saint-Philibert, il a troqué son port tourmenté par les embruns de la côte californienne pour s’épanouir à l’abri des vents d’ouest en un houppier équilibré. Quelques branches
ACCROCHÉ À LA FALAISE
PIN DE MONTEREY . Saint-Phil iber t
C’est un spectacle rare que de voir sur le littoral un grand arbre en équilibre sur
une arête de falaise. Faut-il que ce pin originaire de Californie aime cette côte du
golfe du Morbihan où pousse un romarin si parfumé pour s’accrocher ainsi au
granite avec ses puissantes racines ?
LES ARBRES REMARQUABLES DU MORBIHAN
ST-PHILIBERT
e n v i r o n 1 0 0 A N SH A U T E U R / 2 6 mH O U P P I E R / 2 0 mC I R C O N F É R E N C E / 5 , 5 0 m
élaguées d’où suinte une résine odorante laissent toutefois penser qu’il a dû essuyer quelques grosses tempêtes. Avec sa haute stature et son numéro d’équilibriste, il est le clou de la côte. Beaucoup s’interrogent sur la solidité de son ancrage. Jusqu’à quand tiendra-t-il ainsi ?
« Un numéro d’équilibriste »
De Saint-Philibert, prenez la direction de la plage de Men er Beleg, puis le chemin des Goémoniers. Tournez à gauche à la concession ostréicole et marchez jusqu’au lieu-dit de Kerbernic.
Deux, trois ou cinq aiguilles ?C’est souvent délicat de déterminer à quelle espèce appartient un arbre. Avec le pin de Monterey, rien de plus facile car parmi les pins à longues aiguilles qui bordent les franges littorales de notre région, il est le seul à posséder 3 aiguilles légèrement vrillées de plus de 15 centimètres de long. Le pin maritime n’en porte que deux.
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GPS : X 47,685472 / Y -2,622361
Un tronc pour méditer et bonifier.Contrairement à nous, les vieux arbres ont le temps pour eux. Tandis qu’ils restent en place, nos générations se succèdent sous leurs branches et apprennent d’eux bien des choses. Que ce soit par mimétisme, de savoir s’immobiliser pour méditer le dos bien calé contre leur tronc, ou par intérêt, de s’évertuer à
utiliser certaines de leurs particularités.
C’est ainsi que de père en fils, à l’époque des battages, les fermiers de Treffléan ont coutume de mettre leur cidre au frais dans le tronc creux de ce châtaignier. À l’intérieur de ce vaste habitacle naturel, de vieilles planches de bonne section sont encore dressées. C’est que pour sécher sans se
UN COMPÈRE DE LABEUR
CHÂTAIGNIER DE MONTAIGU . Treffléan
Certains arbres vivent leur vie loin des hommes, d’autres rayonnent au fil des
saisons au cœur de leurs activités, tel ce haut châtaignier à deux charpentières
de la ferme de Montaigu. En précieux compagnon de labeur, celui-ci a vu perler
sur le front de nombreux paysans la sueur des moissons.
LES ARBRES REMARQUABLES DU MORBIHAN
TREFFLÉAN
De Treffléan, prenez la direction de Bizole, puis tournez à droite à 1,6 km en direction de Montaigu. Le châtaignier est derrière le premier bâtiment à gauche.
e n v i r o n 3 0 0 A N SH A U T E U R / 2 0 mH O U P P I E R / 2 0 mC I R C O N F É R E N C E / 9 m
fendre, le bois d’ouvrage a besoin d’un lieu possédant une température et une humidité stables, à l’abri du soleil et du gel. C’est ce qu’ont compris les gens de Montaigu qui y déposent depuis longtemps leurs sciages.
Un élagage draconienC’est une misère que de voir ce vénérable châtaignier littéralement scalpé du côté des fils électriques d’une ligne basse tension. La rationalité a ici ignoré le grand âge et les belles ramures. À quand une pratique plus respectueuse de notre patrimoine naturel et culturel ?
« Bois d’ouvrage »
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GPS : X 47,664444 / Y -2,745083
LE CHÊNE VERT UN PIONNIER Sur la roche, sans le moindre
humus, là où le soleil darde ses plus
forts rayons et où il ne pleut guère,
peut pousser le chêne vert. Cette
capacité de colonisation lui permit de
recouvrir aux périodes préhistoriques
une grande partie du pourtour
méditerranéen, ainsi que la façade
centre atlantique de l’Hexagone.
Entre dureté et douceur En Bretagne Sud, apparaissent
çà et là quelques silhouettes
inhabituelles. Troncs courts et
houppiers ronds signent dans nos
paysages la présence de chênes
verts qui se sont installés ici grâce à
des glands colportés par les oiseaux
ou les hommes. Que de chemin parcouru et d’épreuves surmontées depuis leur Méditerranée d’origine ! Pour
croître dans les conditions extrêmes
du Grand Sud, ils ont dû développer
des trésors d’adaptation.
Leur puissant système racinaire
leur permet de s’insinuer dans les
interstices de la roche et de pénétrer
profondément dans le sol pour
capter la nourriture.
L e u r s f e u i l l e s p o s s èd e n t l a
particularité d’optimiser la quantité
d’eau absorbée. Tandis que le
dessus recouvert d’une épaisse
cuticule vernissée limite l’évaporation,
le dessous tapissé de petits poils
absorbe l’humidité.
Ainsi vit un des bois les plus lourds
de France, utilisé en charronnerie* et pour les rouages des bateaux
et des moulins. Mais derrière ces
conditions austères et la dureté de
son bois se cache une savoureuse
douceur, celle de ses glands qui se
mangent comme des châtaignes, ou
dont on fait une infusion après les
avoir torréfiés, écorcés et réduits en
poudre.
COMPAGNON DE SÉJOUR
CHÊNE VERT DE L’HÔPITAL . Vannes
Implanté en un lieu où face aux aléas de la vie, il est parfois difficile de garder la
sérénité, cet arbre au port harmonieux est source d’apaisement.
LES ARBRES REMARQUABLES DU MORBIHAN
VANNES
e n v i r o n 1 2 0 A N SH A U T E U R / 1 8 mH O U P P I E R / 1 8 mC I R C O N F É R E N C E / 4 , 8 5 m
Tronc râblé prolongé par cinq charpentières et de multiples ramifications, ce chêne de garrigue présente un bel houppier. De ses quelques blessures, il a bien cicatrisé, en les enveloppant délicatement dans son écorce à l’aspect de mosaïque. Malgré la forte richesse en tanin de celle-ci, protégé par l’enceinte de l’hôpital, il a été épargné par les "peleuses" et les "rusquiers" qui en
faisaient jadis commerce pour le tannage des peaux. Sous les fenêtres du pavillon 65, où hommes, femmes et enfants soignent rhumatismes et autres maux, il offre le réconfort d’une nature préservée.
De l’accueil où vous pourrez demander un plan de situation, dirigez-vous au fond du site vers l’unité 65 de l’hôpital.
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GPS : X 47,655916 / Y -2,7691
Plus large que haut.C’est un paradoxe de constater que dans ce petit jardin urbain, ce chêne présente un houppier plus large que haut. Si l’on ne tient compte que de son environnement, il aurait dû s’élancer vers le ciel pour chercher la lumière. C’est sans doute maints élagages, dont les blessures sont
aujourd’hui recouvertes d’écorce, qui sont à l’origine de sa silhouette aplatie.
Robuste îlot de verdure au cœur de la cité, il porte lovés aux fourches de ses branches d’intimes jardins suspendus. Dans ces havres tapissés de mousses et de fougères,
UN SUJET NOUEUX
CHÊNE DE LA RUE JÉRÔME D’ARRADON . Vannes
À suivre les contorsions des branches de cet arbre, on se croirait en présence
d’un chêne tortueux, bien que cette essence* botanique n’existe pas. C’est
dire si dans cet espace entouré de maisons, il a dû constamment chercher sa
direction pour pousser.
LES ARBRES REMARQUABLES DU MORBIHAN
VANNES
À partir du palais de justice, prenez la rue Pasteur puis la rue Jérôme d’Arradon. C’est au n° 12.
Anastomose, anastomose, vous avez dit anastomoseRecourbées et vrillées, les branches du chêne de la rue J. d’Arradon sont pour le moins débridées, à tel point qu’en certains endroits, grâce à leurs circonvolutions, elles se sont véritablement collées. Ce phénomène s’appelle l’anas-tomose, fusion physique et fonctionnelle, et qui sait, peut-être affective, des organes de deux végétaux.
se côtoient hannetons, fauvettes des jardins et mésanges bleues. Sous cet arbre majestueux qui ne compte plus les années et dont l’arborescence dessine d’harmonieuses calligraphies vivantes, il est bon de se poser et de rêver.
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GPS : X 47,656677 / Y -2,7553
MUSE DES POÈTES ET DES PEINTRES
SAULE PLEUREUR DES REMPARTS . Vannes
Pour les Celtes, le saule était l’arbre de la nuit et de la lune, symbole féminin
par excellence. Annonciateur du printemps par la précocité de ses chatons*, il portait chance lors des accouchements. Parmi les 300 variétés de cette
essence* qui existent à travers le monde, ce saule pleureur est un majestueux
ambassadeur de son espèce.
LES ARBRES REMARQUABLES DU MORBIHAN
Tout en ondulations et prestance. Variété arrivée d’Extrême-Orient en 1692, le saule pleureur pris sa dimension artistique à l’époque romantique, au 18e siècle. Avec sa silhouette ondoyante, ses fines feuilles lancéolées qui frémissent au moindre souffle de vent, il devint une véritable muse pour les poètes et les peintres en quête de sensations et de nature.
Face à la tour du Connétable, ce beau sujet surplombe le jardin à la française du château de l’Hermine, où familles, amoureux et autres promeneurs déambulent paisiblement.
Légèrement penchée sur les eaux de la Marle, qui s’écoulent de l’étang au Duc vers le golfe du Morbihan, sa longue chevelure se dédouble dans le miroir de la rivière. Avec sa couronne arrondie aux longues branches pendantes qui ont repoussé à même son tronc brisé à la cime, il ressemble à une gigantesque poupée végétale.
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Pour calmer les fièvresDans le saule, comme dans beau-coup d’autres plantes médicinales, il y a un paradoxe. Alors qu’il pousse dans les lieux humides où se développent les miasmes, grâce à l’acide salicylique contenu dans son écorce, il fait tomber la fièvre. Vieux remède s’il en est, les Grecs avaient su présager cinq siècles avant Jésus-Christ des vertus de cette essence* dont la médecine moderne tirera en 1898 l’aspirine.
VANNES
À partir de la cathédrale, prenez la rue Saint-Guenhael, puis le long des remparts à droite la rue Francis Decker. Franchissez à droite la première passerelle.