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Annick Le Douget 1773-1776 Querelles de privilèges honorifiques dans l’église Saint-Pierre de Gouesnac’h L’église Saint-Pierre de Gouesnac’h, agrandie au 19 e siècle par l’élargissement des bas- côtés, avait fait l’objet de divers travaux de restauration au 18 e siècle : le clocher en 1740, le sanctuaire en 1749. Ce sont les travaux de 1775 qui nous intéressent aujourd’hui, après la découverte dans le fonds Le Bihan de Pennelé, conservé au dépôt des Archives départementales de Brest, d’un magnifique plan colorisé dont la primeur est réservée aux lecteurs de Foën-Izella, en couverture. Les pièces annexes à ce document, en révélant des querelles et des complots insoupçonnables entre châtelains pour faire valoir de simples droits honorifiques au sein de l’église de Gouesnac’h, nous éclairent sur la dure réalité de l’exercice des droits seigneuriaux dans un petit village… et sur la tâche difficile d’un recteur censé concilier toutes les parties ! Église de Gouesnac’h dessinée au début du XIX e siècle par Louis Le Guennec. Le foculus Gallo-Romain (merci aux Amis de Louis Le Guennec). 1/8

Aux détours des paroisses - Pays de Fouesnant

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Annick Le Douget

1773-1776 Querelles de privilèges

honorifiques dans l’église Saint-Pierre de Gouesnac’h L’église Saint-Pierre de Gouesnac’h, agrandie au 19e siècle par l’élargissement des bas-

côtés, avait fait l’objet de divers travaux de restauration au 18e siècle : le clocher en 1740, le sanctuaire en 1749. Ce sont les travaux de 1775 qui nous intéressent aujourd’hui, après la découverte dans le fonds Le Bihan de Pennelé, conservé au dépôt des Archives départementales de Brest, d’un magnifique plan colorisé dont la primeur est réservée aux lecteurs de Foën-Izella, en couverture. Les pièces annexes à ce document, en révélant des querelles et des complots insoupçonnables entre châtelains pour faire valoir de simples droits honorifiques au sein de l’église de Gouesnac’h, nous éclairent sur la dure réalité de l’exercice des droits seigneuriaux dans un petit village… et sur la tâche difficile d’un recteur censé concilier toutes les parties !

Église de Gouesnac’h dessinée au début du XIXe siècle par Louis Le Guennec. Le foculus Gallo-Romain (merci aux Amis de Louis Le Guennec).

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1773 : Le procès-verbal de descente à l’église Saint-Pierre

Lorsque sont envisagés les travaux de restauration de l’église de Gouesnac’h, une descente officielle des juges a lieu le 14 novembre 1773 et les jours suivants dans l’église Saint-Pierre afin de dresser le relevé des prééminences* qui existent dans l’édifice et qui sont revendiquées par les seigneurs de Coigny, de Cheffontaines (Penfentenyo) et Kersaluden, et de Lanhuron. Les seigneurs prééminenciers sont présents ou représentés, et font valoir leurs titres et leurs droits honorifiques.

Le premier prééminencier, non contestable et non contesté, est le seigneur de Coigny, propriétaire du Mur, Henvez et Gueriven, qui déclare être haut justicier et dont les aïeux “étaient autrefois, à cause de leur fief de Gueriven, réputés fondateurs de l’église de Gouesnac’h”. Le seigneur de Coigny fait notamment valoir la présence des armes de Gueriven (d’azur au lion d’argent armé et lampassé de gueules), tant sous la clef de la maîtresse-vitre, emplacement dit de supériorité réservé au fondateur et premier prééminencier, qu’au-dessous, du côté de l’Evangile, ainsi que sur le pignon au-dessus de l’autel de la chapelle Saint-Alain. Le second prééminencier de l’église de Gouesnac’h est le seigneur de Penfentenyo, de Cheffontaines, propriétaire des terres de Kersaluden, qui exhibe aux magistrats un aveu* incontestable de 1633 rendu par la comtesse d’Acigné, “constatant qu’elle avait droit de fondation et patronage en l’église paroissiale”, avec une chapelle privée, côté de l’Evangile, dédiée à Notre-Dame. Le marquis de Cheffontaines rappellera quelques années plus tard que « si l’on considère que plus de la moitié de la paroisse relève de la seigneurie de Kersaluden et que mon fief joint immédiatement le cimetière, on ne peut s’empêcher de faire remonter à l’époque même de l’établissement de l’église l’origine des droits que je réclame ». Selon Louis Le Guennec, Kersaluden était un fief noble, dont la motte féodale est connue, mais sans manoir habité, qu’on trouve possédé depuis le XVe siècle par les familles de Lanros, de Keraldanet, d’Acigné, de Richelieu et de Penfentenyo.

La motte de Kersaluden, fief noble source de droits honorifiques pour le marquis de Cheffontaines dans l’église de

Gouesnac’h. Dessin de Louis Le Guennec. (Merci aux Amis de Louis Le Guennec)

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La famille Bobet de Lanhuron Le troisième des prééminenciers est Michel-Joseph-Anne Bobet de Lanhuron, conseiller du roy, son lieutenant civil et criminel au présidial de Quimper. Il nous intéresse particulièrement car c’est l’auteur du plan figuratif rapporté dans cette revue, et c’est lui qui se verra contester son droit de tombe et de banc. Il revendique dans le procès-verbal de descente des juges les mêmes armes qui « se trouvent dans la chapelle Saint-Gildas ou Saint-Maudetz, dépendante de sa terre de Lanhuron et qui sont : parti d’or à une rose de gueules et au second d’argent à trois chevrons de sable surmontés d’une fleur de lys de gueules ; un autre écusson portant d’argent au chêne de sinople, chargé de trois glands d’or, enraciné de sable, accompagné au pied de deux étoiles de gueules. » M. Bobet indique que son droit de tombe ne provient pas d’un titre de fief de seigneurie, dont Lanhuron n’était pas détenteur - le manoir de Lanhuron n’était pas une terre noble, il s’agissait d’un « manoir roturier » pour reprendre l’expression de Louis Le Guennec -, mais il affirme que ce droit lui reviendrait en vertu d’une concession faite en 1503 par le général* de la paroisse à un certain François Favennec, alors propriétaire de Lanhuron, qui aurait payé dix livres pour aider aux réparations de l’église et fondé une rente de deux sols. Les parties présentes font observer que Messire Bobet “n’est pas successeur dudit Favennec et ne paie plus les deux sols”... M. Bobet de Lanhuron prend ombrage de cette remarque et s’offusque de la réclamation du seigneur de Coigny qui exige de consulter l’acte de concession de 1503 ainsi que ses autres titres. Il s’en exprime ainsi dans un courrier qu’il adresse plus de deux ans après (5 mai 1776) à M. Prouhet de Bodinio : “Je trouvais extraordinaire la demande que l’on me fit de la part des MM. de Coigny pour leur communiquer mes titres, j’en contestais formellement le droit, ne leur disputant rien, et je me bornais à les offrir au général à qui seul je les dois...”.

Le manoir de Lanhuron, propriété des Bobet. Louis Le Guennec (Merci aux Amis de Louis Le Guennec).

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Pour ce qui est de fournir ses preuves, le lieutenant Bobet peine visiblement à les communiquer au général : l’acte de cette concession de 1503 paraît litigieux, et peut-il même le produire ? Messire Bobet exhorte le général à reconnaître “non contre la vérité que la terre de Lanhuron avait constamment joui de ses droits et que la tombe n’était connue que sous la dénomination de l’enfeu* de Lanhuron et ce de temps immémorial”. Le recteur de Gouesnac’h, Messire Lamarre, lui répond sans ambages “qu’il n’était pas de temps immémorial où il paraissait un titre.” Dans une petite note en marge de l’un des documents, M. Bobet inscrit alors seulement : “La concession n’est pas de 1503 mais le général reconnut que dès longtemps auparavant il avait concédé ; il faut dire vrai ou se taire”... Il ne tient pas, réaffirme-t-il, à réclamer rien de ce que pourraient prétendre les seigneurs prééminenciers de Coigny et de Cheffontaines. Toutefois il prétend “de simples droits honorifiques que je ne puis à la vérité faire dépendre d’aucun fief, je n’en ay ni rien prétend, mais ce n’est pas chose extraordinaire de voir des terres jouir de tels droits, Kerguilly, Kergos et Craqueta nous en fournissent dans le quartier même des exemples et en jouissent dans les églises où M. de Cheffontaines est premier prééminencier comme M. de Coigny dans celle de Gouenach”. Il exige donc le maintien de son droit de tombe et de banc avec ses armoiries dans la future reconstruction comme droits attachés à la terre de Lanhuron. On rappellera ici que la marraine de la grande cloche de Gouesnac'h, baptisée le 11 juin 1741 du nom de Yves René et Marie Gabrielle, était « Marie Gabrielle de Juliot, dame de Monsieur Bobet seigneur de Lanhuron ». Travaux de reconstruction de l’église Les travaux ont lieu et le grand bienfaiteur de l’église est un nouveau venu dans Gouesnac’h, il s’agit de Messire Tanguy-Julien Yvonnet du Run, maître du manoir de Botiguéry : ce conseiller au siège présidial de Quimper avait acquis le convenant noble de Botiguéry de la maison de Coigny et y avait construit sa demeure de campagne (il mourra en 1789 et les tombes de famille Yvonnet du Run sont dans la chapelle Notre-Dame de Vray Secours). “Messire du Run, ayant château en la commune, payera à la fabrique une rentre franche de trois livres par an, et laissera tirer d’une de ses pierrières de Botiguéry, en cette paroisse, toutes les pierres de moëllon nécessaires pour la réparation et construction, avec 70 pierres taillées qui sont sur l’anse de Groesguen, et les rendra par bateau à Kerraing”. En contrepartie de ses dons, ainsi définis en 1773, le général de la paroisse ne peut refuser à Messire du Run la possibilité d’avoir également des droits honorifiques au sein de l’édifice, et la concession précaire d’un banc lui est ainsi accordée (emplacement O du plan) dans la nouvelle construction. C’est une façon pour M. du Run d’affirmer son nom et son rang à côté des autres châtelains. Peut-on voir un peu de mépris dans les mots employés par M. Bobet de Lanhuron lorsqu’il évoque « l’emplacement a-t-on dit que l’on destine aujourd’hui au banc de Monsieur du Run lorsqu’il en demanda et qu’on lui en accorda la concession précaire » ? Les relations entre les deux hommes de loi, exerçant dans le même présidial de Quimper, paraissent pour le moins froides. Mais revenons à la bénédiction de l’église dont les travaux sont terminés. A la fin du registre de 1775, on lit ce qui suit : « La première pierre de l'église paroissiale de Goueznac’h a été posée le 19 mars 1775, par Monsieur l'abbé de Ravenel de Bois-Tieull, recteur de Fouesnant. La bénédiction de la ditte église a été faite, le 29 novembre de la même année, par M. L'abbé Dulaurans de la Barre, prêtre, docteur en théologie de la Maison et Société royalle de Navarre, chanoine archidiacre de l'église cathédralle de Quimper, vicaire général et official de Cornouaille. Le procès-verbal des deux cérémonies est rapporté sur le cahier des délibérations à Goueznac'h, le 1er janvier 1776. Signé : G.J.M. LAMARRE, recteur de Goueznac’h. »

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Dessin réalisé sur parchemin par le sieur Bobet de Lanhuron. (Sources : Archives Départementales du Finistère, 1E361).

Plan figuratif de « la croisade de l’église de Gouenach, fief du roy, sous son domaine de Concarneau, Evêché de Cornouaille en Bretagne dressé par Messire Bobet de Lanhuron ». Voici la localisation de quelques endroits stratégiques : G – Chapelle à l’invocation de saint Alain, au vitrail de laquelle les Messires de Coigny avaient leur écusson. H – Chapelle du Rosaire prétendue par Messire de Cheffontaines. O – Emplacement du banc du M. du Run.

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Le casse-tête du général : rétablir les prééminences. « La forme de l’église dans sa nouvelle reconstruction étant changée, on ne peut, sans gêner le service divin, placer le banc et les tombes dans le même endroit qu’ils occupaient avant la démolition », explique Louis Biger, fabrique en charge de l’église paroissiale, dans une délibération du 17 mars 1776. Toute la difficulté à laquelle est aujourd’hui confronté le général de la paroisse est en effet, “en application des lois que l’on doit suivre après les reconstruction… de remplir par équivalent dans la nouvelle construction les obligations de l’ancienne”, c’est-à-dire de “de rendre à chacun par équivalent les droits dont on pouvait jouir ou prétendre avant les démolitions”. Mais il n’est pas simple de rétablir les prééminences des nobles à l’issue des travaux de reconstruction, surtout quand il s’agit de déterminer l’emplacement précis des bancs et des tombes dans l’ordre du rang des seigneuries ! Et le général de la paroisse, qui a pourtant longuement mûri un texte pour concilier les droits et les intérêts, tout en ménageant les susceptibilités, déclenche inévitablement une levée de boucliers !

Des tombes gênantes dans les églises Le chanoine Peyron, traitant de l’inhumation des paroissiens dans les églises, évoque, outre le problème sanitaire majeur, les autres tracas causés par la présence des tombes dans les édifices religieux. « Ce qu'on désire surtout, c'est d'être inhumé dans l'église même et le plus près possible de l'autel. L'inhumation proche le maître autel était réservée aux seigneurs prééminenciers mais les fidèles pouvaient prétendre à une tombe particulière dans la nef moyennant une légère rétribution annuelle à la fabrique. Mais cet état de chose n'était pas sans inconvénients. Les recteurs se plaignaient de voir le chœur de l'église obstrué par les tombes "élevées" des seigneurs, ce qui gênait singulièrement les cérémonies liturgiques. D'un autre côté, la nef, parsemée de pierres tombales d'inégales dimensions, était peu favorable à l'établissement des chaises ou bancs, et rendait peu praticables les processions, aussi au 18e siècle, les évêques, lors de leur visite pastorale demandent la suppression des tombes élevées au milieu du chœur. »

Cette délibération du 17 mars 1776 est communiquée à toutes les parties intéressées. C’est seulement en mai que M. Bobet réagit le premier. Pourtant le général a fini par céder à ses réclamations, et, “pour témoigner à M. Bobet sa bonne volonté et le désir sincère qu’il a de mériter la bienveillance, et aussi pour éviter toute contestation, déclare consentir que M. Bobet rétablisse les droits qu’il a réclamés lors du procès-verbal, qu’il mette [sur son banc et ses tombes] tels écussons et tels armes qu’il jugera à propos pour en jouir à l’avenir comme par le passé”. Le problème vient de l’emplacement choisi pour mettre son banc et ses tombes puisque le général l’a prévu là où le Marquis de Cheffontaines peut seul exercer ses prééminences, c’est-à-dire dans la chapelle du Rosaire. Il est évident que Messire Bobet, s’il obtempère à la décision du général, va immanquablement se heurter à M. de Cheffontaines, qu’il porte dans la plus haute estime, qu’il paraît même craindre un peu et qu’il ne tient surtout pas à contredire.

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Piège et complot ? Messire Bobet laisse entendre qu’un complot se manigance contre lui. Est-il le fait du recteur de Gouesnac’h, de M. du Run ou du seigneur de Coigny ? Il ne désigne pas nommément ses auteurs qui, selon lui, manipuleraient le général pour le fâcher avec M. de Cheffontaines. “On a cru qu’il était égal de me fixer mes droits dans un endroit où M. de Cheffontaines prétendait exclusivement les siens, on a cru, qu’empressé d’en jouir, je me mettrais aussitôt en possession et qu’à raison on forcerait M. de Cheffontaines à m’attaquer en m’obligeant à défaut de garantie du général à me défendre seul”. Il ne tombe pas dans le piège tendu. “Il faut que le conseil du général de Gouenach m’aye cru imbécile ou bien éloigné d’aimer la paix puisque j’ai pris la peine d’écrire à ce sujet différentes lettres au recteur dans lesquelles je lui marquais qu’il m’était égal où mes tombes et mon banc seraient placés, pourvu toutefois qu’on ne les mît pas dans la Chapelle du Rosaire, ne voulant avoir de discussion avec personne”... Il est temps comme vous le voyez de mettre des bornes aux malins vouloirs des guides du général”, tonne-t-il. Il exige donc une nouvelle délibération du général en présence des parties et de trois avocats. Le mécontentement du Marquis de Cheffontaines M. Bobet cherche aussi des alliés et se concerte avec le Marquis de Cheffontaines lors d’un repas qu’ils prennent ensemble le lundi de la Pentecôte de cette année 1776. Le marquis est sensible aux arguments de Messire Bobet et regarde avec attention le procès-verbal qu’il n’avait pas pris le temps de consulter auparavant. Il intervient avec l’autorité conférée par son rang auprès du recteur de Gouesnac’h dans une lettre du 28 juin 1776, avec d’autant plus de véhémence qu’un élément nouveau l’offusque : il vient d’apprendre que la pierre armoiriée (sic) couvrant l’enfeu de sa famille, et “que mon père réclamait comme dépendant de la terre de Kersaluden et qui seule pouvait mettre en évidence sa juste prétention”, a été brisée et aurait été employée au pavage du chœur et du sanctuaire de l’église après que les armes aient été biffées ! Il en tient le général pour responsable et demande au recteur “la représentation de cette pierre dans le même état qu’elle avait été constatée par Messieurs les juges”... Il est évident qu’on ne pourra lui accorder satisfaction, aussi exige-t-il dans ce même courrier une contrepartie : qu’il puisse placer une pierre tombale dans le sanctuaire vis-à-vis de celle des Coigny, rajouter un banc dans la chapelle du Rosaire et placer un écusson dans le vitrau (sic) de cette chapelle. Il se réfère aux titres produits par son père lors de la descente des juges en 1773 et distille une menace de procès dans sa lettre au prêtre : « Voilà Monsieur les propos que je vous prie de faire part au général. Vous avez trop de discernement pour n’y pas voir l’envie que j’ai de prévenir les contestations et vous êtes sans doute trop ami de la paix et du bon ordre pour ne pas mettre les paroissiens qui sont en grande partie mes vassaux dans le cas de me forcer à avoir un procès avec eux seuls, puisque dans le plan que je vous propose les droits de M. de Coigny demeurent dans toute leur étendue et que je ne porte aucun obstacle à ceux de M. de Bobet ».

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Quant à M. Bobet, il tient de manière évidente à ne pas entraver les droits et les emplacements revendiqués par le marquis de Cheffontaines, se contentant au départ de demander « à ce qu’on change de place à son banc et à ses tombes, pourvu qu’on lui désigne une place honnête et commode pour les y placer ». Dans ses derniers courriers, il prend davantage d’assurance et réclame « de faire placer à ses frais en dehors du sanctuaire, contre et au-dessous de la dernière marche côté de l’Evangile, deux pierres tombales de quatre pieds de long chaque sur deux pieds de large qui araseraient au niveau du passage des bas-côtés de l’église, sur lesquelles il fera établir son banc dans l’alignement du bas-côté pour en moins gêner les services, le tout aux armes de Lanhuron ou les siennes au choix ». Comment se terminent ces querelles de prééminences ? Le dossier ne comporte pas d’autres pièces, ce qui laisse à penser qu’une entente a été possible entre le général de la paroisse et les châtelains du village. Toujours est-il que la Révolution éclatait treize ans après cette polémique, balayant sur son passage honneurs et privilèges : l’énergie employée à régler cette affaire nous paraît alors bien dérisoire ! Petit glossaire de Jean Le Foll, extrait des Seigneuries fouesnantaises (Hors-série de Foën-Izella) : Aveu : déclaration contenant l’énumération des et la description des terres composant un fief. Enfeu : niche funéraire, par extension, tombe à l’intérieur d’une église. Fief : domaine tenu en fief, c’est-à-dire terre concédée par un seigneur à une autre personne à condition que cette dernière le reconnaisse comme son suzerain, et moyennant une redevance annuelle. La possession d’un fief apportait une preuve suffisante de noblesse. Général de la paroisse : réunion de quelques membres influents de la paroisse autour du recteur, afin de régler les problèmes de la communauté. Prééminence : supériorité de rang, de dignité, de droits. Sources : Archives dép. du Finistère 1 E361 (un grand merci à Norbert Bernard qui nous a signalé l’existence de ce dossier) et B 484 ; Archives de l’Evêché, série Z, fonds du chanoine Peyron ; Louis Le Guennec, Choses et gens de la Bretagne d’autrefois, Foën-Izella spécial églises et chapelles, Foën-Izella spécial seigneuries fouesnantaises, et Aspects de la Révolution en pays de Fouesnant.

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