Balade entre Pully et Lutry - Lavaux · Pour trouver un caveau ouvert pendant la balade, visitez à tout moment et cliquez sur « Pour visiter une cave et déguster

Balade entre Pully et Lutry

Lavaux Patrimoine mondial Rue du Bourg 9 | CH-1071 Chexbres | T. +41 21 946 15 74 www.lavaux-unesco.ch | www.patrimoinemondial.ch

Cette balade vous est proposée par Lavaux UNESCO dans le cadre du projet « Lavaux différemment, votre découverte de la semaine », qui

découle lui-même d’un projet plus global, appelé « Lavaux en Scènes ».

Durant tout l’été, un rendez-vous hebdomadaire vous suggérera des balades, des visites ou des manifestations qui vous permettront de

comprendre différentes facettes de la vie au coeur du vignoble, ainsi que

d'aborder son histoire et ses trésors matériels et immatériels.

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Cette semaine, nous vous proposons une balade à la découverte des

lieux emblématiques entre Pully et Lutry. Elle commence à la gare de

Pully et se termine à la gare de Lutry.

Durée approximative : comptez 1h30 pour la balade entre Pully et Lutry

et rajoutez 45 minutes pour la boucle dans les vignes jusqu’à Savuit.

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un verre à Lavaux », en haut à droite !

« Lavaux différemment, votre découverte de la semaine » Balade entre Pully et Lutry

Lavaux Patrimoine mondial Rue du Bourg 9 | CH-1071 Chexbres | T. +41 21 946 15 74

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Depuis la gare de Pully, traversez à côté du rond-point et prenez la deuxième à gauche, la rue de la Gare. Allez toujours tout droit jusqu’aux bâtiments qui composent le Prieuré. Vous pouvez traverser en passant par une petite cour intérieure, légèrement sur la droite. Sur la terrasse, de l’autre côté, vous remarquerez la différence de couleur dans les pavés. Le tracé rouge marque l’emplacement des vestiges de la Villa romaine découverte à cet endroit. Au sud de la terrasse, vous voyez l’église de Pully.

1 – Le Prieuré

Bâtiments du Prieuré Malgré son nom, le bâtiment du Prieuré n’a jamais abrité de monastère. Mais il était la propriété des moines du Prieuré de Payerne. A la fin du 10

e siècle, ceux-ci reçoivent

en donation un certain nombre de terrains sur le territoire de Pully. Ils exploitent donc une partie des champs et des vignes de la région. Ce n’est qu’au 16

e siècle qu’ils

entament la construction d’un bâtiment servant à l’exploitation agricole dans lequel le Prieur de Payerne pouvait loger ses vignerons. Il s’agit du bâtiment abritant aujourd’hui le restaurant Le Prieuré. A cette époque, il existait un bâtiment plus au sud, à l’emplacement du bâtiment actuel de l’administration communale, accolé à l’église, qui servait vraisemblablement de dépendances à l’église. Environ 50 ans plus tard, une nouvelle partie est ajoutée au premier bâtiment du Prieuré, qui en double la taille. C’est de cette époque que datent également les enceintes fortifiées. En 1536, l’ensemble est réquisitionné

par les Bernois. Ils installent dans la partie sud les Domenjoz, leurs vignerons, et utilisent le bâtiment situé plus au nord comme cave. Sur le plan du cadastre de 1689 on peut lire : Maison de Leurs Excellences où demeurent les Domenjoz leurs vignerons, appelée Prioré de Pully et La Cave de Leurs Excell. En 1798, lors de la Révolution vaudoise, les bâtiments sont confisqués aux Bernois et en 1802, ils deviendront la propriété de la commune de Pully qui les acquière pour la somme de 9'000.-, ce qui la force à un emprunt considérable, ne disposant que de 1'000.-… Le bâtiment nord devient une auberge, alors que le bâtiment sud abritera successivement les écoles de Pully, les logements des professeurs, un boucher, des écuries, avant d’être démoli pour laisser la place au bâtiment actuel et à l’administration communale. L’ensemble des bâtiments, ainsi que l’église, deviennent monuments historiques en 1922.

Passez à côté de l’église pour vous rendre, au sud, sur la terrasse. Depuis là, vous aurez un magnifique point de vue sur le lac, les montagnes et Lavaux, sur votre gauche. Profitez de cette vue pour lire quelques éléments de la vie à Pully au Moyen Age.

2 – Le Moyen Age à Pully

La sorcière de Pully Dans la première moitié du 17

e siècle,

Pully subit une série de coups du sort (glissement de terrain, tremblements de terre, tornades d’eau, canicules

nuisant aux récoltes, incendie et pestes tuant plus de trois cents personnes) et de faits naturels incompris par la population pulliérane (comète et lueurs nocturnes).




La croyance en la magie étant répandue, les habitants de Pully jugent que l’un des leurs sert d’intermédiaire au Diable : une habitante de Pully, surnommée Pernon Cherbaz est désignée comme étant responsable des maux de la localité. Le Consistoire (juridiction civile locale de surveillance des moeurs) se charge de l’affaire et emprisonne la présumée sorcière au château

Saint!Maire à Lausanne en juillet 1638. Si lors du premier interrogatoire, l’accusée nie tout, durant les suivants, la femme passe aux aveux, « confessions » obtenues sous la torture. Lors du jugement, elle aurait affirmé avoir rencontré le diable, conclu un pacte avec lui, fréquenté ses sabbats et reçu du Malin une boîte contenant une graisse

mystérieuse : celle!ci aurait été utilisée par Pernon Cherbaz pour tuer des animaux et provoquer des maladies mortelles aux habitants. Condamnée pour avoir renié Dieu au profit du Diable et pratiqué l’empoisonnement, elle est exécutée à Vidy en présence de la population. Le supplice des flammes est choisi pour purifier la sorcière tandis que ses cendres sont jetées au vent. Les Seigneurs et propriétaires à Pully au Moyen Age Théoriquement, Pully dépend des rois de Bourgogne dès 888, puis des empereurs romains germaniques dès 1032. En revanche, le pouvoir réel est morcelé entre divers seigneurs de la région, parmi lesquels des religieux. Dès la seconde partie du 10

e siècle,

l’abbé clunisien de Payerne possède des terrains sur l’actuel territoire de Pully : il s’agit de champs et de vignes. Pour servir leurs activités agricoles, les moines construisent un bâtiment, l’actuel Prieuré. En 1079, c’est l’évêque de Lausanne qui obtient du futur empereur Henri IV un territoire comprenant notamment l’actuel territoire de Pully. Le religieux désigne alors le comte de Genevois pour le représenter et par

conséquent, exercer sa juridiction sur Pully. Au milieu du 14

e siècle, les droits sont

partagés entre le comte et l’évêque. Ce dernier est par ailleurs garant de la sécurité à Pully. En contrepartie, les habitants lui versent une certaine somme annuellement. De plus, l’évêque attribue une partie de ses droits au chapitre, lequel fait construire une vaste maison rurale avec remise, cave et pressoir. Les comtes de Gruyère possédaient également d’importants biens à Pully, et ceci jusqu’au 16

e siècle. Ils

n’étaient en revanche que peu appréciés dans la région et les relations entre Gruyèriens et habitants de Pully étaient parfois très tendues

(voir ci!dessous). Au début du 16e

siècle, la tension est telle que Bernois et Fribourgeois doivent jouer le rôle de médiateur pour rétablir la paix. Après la Réforme, le village et son territoire formaient une seigneurie que se partageaient Berne et Lausanne. Les tensions entre «gens de Lavaux» et comte de Gruyère Au début du 16

e siècle, les “Gruats“

étaient très mal vus dans la région. Les gens de Lavaux disaient que s’ils rencontraient des Gruats «ils les tueroient et les porteroient à belles panerées au lac». Et à propos du «Comte de Gruère, ceste pance pourrie, ilz luy arracheroient les boyaulx du ventre». Un jour, des habitants de Pully jetèrent les armoiries du Comte de Gruyère dans la boue. La bataille entre Pulliérans et Gruyèriens se poursuivit et un habitant de Château d’Oex fut battu et blessé par une douzaine d’hommes de Pully qui le pourchassa dans l’intention de le mettre à mort… En représailles, des gens de Gruyère vinrent saccager les vignes de Pully et blessèrent les Pulliérans qui voulaient les en empêcher, ils en tuèrent même un. Mais ils n’étaient pas assez nombreux et finirent par




s’enfuir. Par la suite, environ 2’000 montagnards de la Gruyère allaient se mettre en marche contre les gens de Lavaux. Berne et Fribourg durent

alors s’interposer comme médiateurs et, en 1509, les deux parties se mirent d’accord. Le Comte reçu des excuses pour les injures proférées contre lui.

Quittez la terrasse du côté ouest, vous revenez dans le vieux village de Pully. Longez les deux premières maisons qui apparaissent sur votre gauche et prenez la ruelle du Croset qui descend à gauche. En bas de cette ruelle, vous arrivez devant une maison rose qu’on appelle La Muette. C’est là que Ramuz, écrivain et poète, vécu ses dernières années.

3 – La Muette, Charles Ferdinand Ramuz

Charles Ferdinand Ramuz naît le 24 septembre 1878 à Lausanne, à la place de la Riponne. Il étudie le Droit, puis les Lettres. Entre 1904-1914, il s’installe à Paris. Il épouse Cécile Cellier, avec qui il a une fille, Marianne, en 1913. En 1914 la famille revient en Suisse et s’installe à Treytorrens, dans le Dézaley, pendant 2 ans, avant de partir vivre à Lausanne. C’est en 1930 que Ramuz achète la Muette. Il y restera jusqu’à sa mort, le 23 mai 1947, à la suite de divers ennuis de santé. Durant sa carrière d’écrivain, Ramuz a reçu de nombreux prix littéraires et a été nommé Docteur honoris causa à deux reprises (universités de Berne et de Lausanne). En 1944, il est proposé pour le Prix Nobel de Littérature. La Muette C’est une maison typique des villages vignerons, avec une grande porte cochère. Elle possède un grand parc côté lac. A l’époque bernoise, la maison était habitée par une branche de la famille Borgeaud. Plusieurs membres de cette famille ont occupé des charges officielles à Pully dès le 16

e siècle.

Gédéon Borgeaud était banneret (chevalier ayant le droit de porter une bannière) de Pully et son nom a été coulé dans le bronze de l’une des deux cloches de l’église à la fin de sa vie. Il lègue la maison à son fils aîné, Jean François, en 1790, et fait

construire une maison voisine (celle qui abrite le Musée de Pully) pour son fils cadet, Jean Samuel. Jean François occupa plusieurs fonctions publiques. Un de ses héritiers, le peintre Marius Borgeaud, habitait La Muette dans la seconde moitié du 19

e siècle.

Ramuz achète la maison en 1930 et il y vivra jusqu’à sa mort en 1947. Sa fille, Marianne, y habite encore aujourd’hui. Il a écrit deux textes depuis La Muette en rapport avec la vue et la région. Ce que je vois par la fenêtre et Chant de Pâques.

Ramuz devant la porte de La Muette (C.F.

Ramuz, 1878-1947, 1978)




Extraits (Vieux pays, Œuvres complètes XIII, 2009, p.55-56) « Je n’habite Pully que depuis deux ou trois mois ; je parle donc en simple « spectateur ». […] Il est vrai que j’y ai trouvé une vieille maison tranquille et que la tranquillité est un grand bien. Mais cette maison et entourée de plusieurs maisons pareilles qui font même tout un quartier, et c’est par là qu’elles prennent leur sens. Elles ont le sens de maintenir ; elles ont le sens très vénérable de rappeler ce qui a été. Elles expriment parmi les générations nouvelles les vieilles générations. C’est le quartier du Prieuré, avec le Prieuré lui-même, qui porte lui aussi un vieux nom, qui est lui aussi lourd de siècles, ce qui ne l’empêche pas d’être solide encore, et d’être utile, et de servir, et même de plusieurs façons. Puis il y a encore l’église, et la terrasse de l’église, et ce qu’on découvre de cette terrasse, qui est une richesse quand même (car c’est une vue bien étroite de ne compter comme richesse que l’or et les billets de banque). Et puis il y a les vignes, les vignes sur leur pente, et qui seront bientôt les dernières du pays. […] Je vois en tout cas qu’elles sont parfaitement entretenues ; je vois que l’espèce vigneronne dure encore, et persévère dans des conditions

particulièrement difficiles. C’est une très bonne indication et c’est d’un très bon exemple. S’il pouvait seulement durer ! S’il était possible quelque part de maintenir le passé intact, mais vivant, et qui ainsi ne serait plus du passé ! Si un pays tout entier jeté dans la construction et l’instruction et le tourisme pouvait se souvenir parfois d’où il sort et se souvenir de ce qui l’a fait – je veux dire de ceux qui l’ont fait, parce qu’ils continueraient à être présents et ne seraient pas reniés !... On ne sait bien où on va que quand on sait d’où on est parti. » (Une main, Œuvres complètes, 1976) Ramuz sort de chez lui (à Pully) pour aller acheter des cigarettes. « Et maintenant il fait gris pâle sur les toits dont il y a toute une quantité en arrière de ma maison, et devant, du côté du midi, il n’y en a plus aucun, de sorte que rien ne vient se mettre entre vous et la grande plaine des eaux. […] Je mets mon chapeau, j’enfile un pardessus. Je n’aurai qu’à traverser la petite place où est la fontaine, à remonter ensuite celle des deux rues qui est le plus au couchant, à prendre enfin à droite dans la rue transversale ; ce n’est pas à plus de cent mètre de chez moi. »

Prenez sur votre gauche le chemin Davel, un passage étroit entre deux murs, qui longe les vignes. Au croisement entre le chemin et l’avenue des Désertes, avant de traverser la route, retournez-vous pour admirer la vue sur l’église, dominante.

4 – Les routes et l’histoire

En 58 avant J.-C., la victoire de César contre les Helvètes à Bibracte , capitale des Eduens, marque le point de départ d'une importante romanisation dans nos régions. Celle-ci va se manifester de plusieurs manières notamment par l'aménagement d'une voie de communication de grande importance aussi bien pour les échanges

commerciaux entre Rome et le monde extérieur que pour son expansion territoriale. Cette voie n'a sans doute pas été créée par les Romains. Il est fort probable qu'un tracé antique existait déjà depuis la préhistoire. A Pully, cette voie antique passait par les avenues des Désertes et du Général-Guisan. Si les Romains n'ont pas créé cette




voie, ils lui ont donné une meilleure stabilité au moyen d'assises, et l'on élargie à certains endroits, parfois en la délimitant au moyen de trottoirs. C'est sous le règne de l'empereur Tibère (14-37 après J.-C.) que cette dernière a subi le plus de transformations. Cette voie venait d'Italie, elle passait notamment par le Grand Saint-Bernard, Martigny, Saint-Maurice, Villeneuve et Vevey. Là, elle rejoignait une route qui arrivait d'Avenches, capitale des Helvètes. La route passait alors par Pully pour rejoindre Lausanne, Nyon, Genève, Lyon et Marseille. Une bifurcation permettait d'emprunter une autre voie menant alors les voyageurs et les marchands à Besançon, passant par Orbe et Lignerolle. On pouvait trouver sur cette route des bornes milliaires, qui servaient à indiquer les distances le long des routes. Sur les milliaires, on pouvait trouver le nom de l'empereur ou du magistrat qui avait réparé la voie. Un exemple de milliaire a été découvert à Glérolles, près de Rivaz, il indique une distance de 54km de Martigny (Forum Claudii). Daté de 47 après J.-C., il s’agit du plus ancien milliaire connu en Suisse. Il a été réutilisé comme colonne dans l’église actuelle de Saint-Saphorin et est encore visible aujourd’hui. Il ne devait pas être surprenant de croiser de nombreux marchands

voyageant en char tiré par un boeuf et dont la cargaison devait contenir tout une gamme de produits, des plus simples aux plus luxueux. On pouvait également y croiser la poste impériale, des légions romaines ou de simples promeneurs. Cette voie romaine a largement contribué à la romanisation de la région en devenant une route de première importance autant d'un point de vue stratégique que commercial. La culture gauloise indigène et la culture romaine importée dans nos régions vont donner lieu à une civilisation originale dite « gallo-romaine ». Ainsi, les techniques de construction évoluent, passant des constructions en terre et bois à des constructions maçonnées. D’un point de vue religieux également, c'est tout un panthéon alors inconnu des Gaulois, comme Bacchus, Junon, Venus ou Jupiter qui arrive et est vénéré sur le territoire des Helvètes. Pendant plus de quatre siècles, la région pulliérane a vécu au rythme de la paix romaine, résistant de son mieux aux tentatives d'invasion barbares sur son territoire. Avec la fin de l'empire romain au 5

e siècle, la

voie de communication qui avait apporté tant de prospérité économique et culturelle perd de son importance.

Continuez à descendre. Vous arrivez maintenant au port de Pully. Comme vous avez pu le constater pendant la descente, le village était composé de deux parties. La partie haute, s’articulant autour de l’église et des bâtiments du Prieuré, et le port, au bord du lac. Aujourd’hui, de nombreuses constructions sont venues se placer entre ces deux parties, mais jusqu’au 19

e siècle, il n’y avait là que des vignes. On voyait

donc bien la différence entre le port et le village.

5 – Le port de Pully durant le Moyen Age

Durant l’Antiquité, la route romaine terrestre traversant le territoire actuel de Pully était déjà doublée d’une route lacustre, laquelle permettait le

transport, à moindres frais et plus rapidement, des marchandises. Ce trafic, particulièrement dense durant l’Antiquité, faiblit durant le




Moyen Age, tout en demeurant soutenu. Au 19

e siècle encore, le port

de Pully garde son rôle important. Témoignant du rôle fondamental du lac, les alentours du port étaient occupés de différentes constructions de premier rang : halles, auberges et demeures, dont celles de personnages puissants tel que le comte de Gruyère. Durant le Moyen Age, le transport de marchandises semble avoir été généralement effectué à l’aide de barques, possédant chacune une

voile carrée et des rames à large pale (servant à diriger les embarcations). Avec leur douzaine de mètres de longueur, elles auraient pu transporter jusqu’à douze tonnes de marchandises. Le transport par le lac étant rentable (l’argent des péages était versé à l’évêque), il fait l’objet de surveillance : comme dissuasion au vol de marchandises, les délits commis aux environs des débarcadères étaient sanctionnés d’une amende vingt fois supérieure à ceux commis dans le village même.

Continuez en direction de Lutry, en suivant la rive du lac. En arrivant au port de Lutry, continuez tout droit jusqu’au débarcadère.

6 – Le port de Lutry, naufrage du Fram

Le lundi 31 décembre 1897 les futurs équipiers du Fram prennent possession du canot de sauvetage tout juste sorti du chantier Keller à Ouchy. Il faisait 8,50 m de long et 2, 20 m de large et pouvait contenir dix rameurs. Ils se dirigent vers Lutry où ils sont accueillis triomphalement au son des canons et par les acclamations des habitants des côtes. Ce canot, ils décident de le nommer le Fram en mémoire du bateau norvégien utilisé par l'explorateur Nansen lors de ses expéditions polaires au 19

e siècle. Le Fram est un

canot de sauvetage, il a été construit dans le but de porter secours non seulement aux nageurs en détresse mais également aux barques en difficulté. L'ironie du sort est telle que c'est le Fram lui-même qui aurait eu besoin d'être secouru un après-midi d'octobre, 20 ans après son entrée en fonction. Le dimanche 28 octobre 1917 était un jour comme les autres, sauf pour l'équipage du Fram et leur famille. En début d'après-midi, les cinq équipiers du Fram, accompagnés de six amis, profitent d'un temps calme et ensoleillé afin de naviguer en

direction des côtes de Cully pour une banale promenade qui va finalement s'avérer fatale pour cinq d'entre eux. Au milieu de l'après-midi, aux alentours de 17 heures, le temps s'assombrit et voilà que commencent les premières pluies. L'équipage s'arrête sur les rives de Cully et espère une accalmie, en vain. Les six accompagnants décident de rentrer à pied à Lutry mais les cinq équipiers, Henri Bovard , 46 ans, Paul Ganty, un alpiniste bien connu âge alors de 30 ans, Paul Galley, 24 ans, Albert Blondel , 22 ans, et Wiliam Bron, 22 ans, prennent la mauvaise décision: Ils remontent à bord du Fram. Ils voulaient ramener le canot de sauvetage à son lieu d'amarrage, le port de Lutry, au cas où l'orage persistant devait provoquer des naufrages au large du Léman. La dernière personne à avoir vu les cinq équipiers est un pêcheur se trouvant alors au bord du lac à Cully. Il leur conseille de laisser le canot sur place. Malgré cet avertissement, les équipiers du Fram reprennent leur canot alors que l'orage commence à gronder et que la tempête se lève, se muant peu à peu en une petite tornade et donnant naissance à de




grandes vagues déferlantes. A partir de ce moment, nous ne savons plus rien sur la destinée du canot et de ses occupants. Certains habitants de Villette disent avoir vu un bateau luttant sur le lac et faire demi-tour en direction de Vevey. Le lendemain matin, les familles des cinq malheureux, angoissées par l'absence de nouvelles de la part de leurs proches alertent les autorités. Commence alors tout un marathon téléphonique dans les villages de la côte, mais aucun témoignage ne semble donner de l'espoir aux familles. Plus le temps passe, plus la terrible pensée d'un drame fatal pour les cinq équipiers s'insinue dans les esprits. Dès l’aube, tous les canots de sauvetage de la région quadrillent les côtes à la recherche de l’équipage. La Sentinelle (la section de sauvetage de Corsier) repêche, au large de Vevey, deux rames, la barre et une partie du gouvernail. Mais c’est le Sauvetage de Rivaz qui retrouve l’épave du Fram au large du Dézaley, un lieu peu

propice à la navigation et ayant déjà connu quelques catastrophes. Malgré les recherches, les corps des victimes resteront introuvables… Les sociétaires ainsi que la majorité des habitants des ports longeant le Léman feront preuve d'un grand mouvement de solidarité envers les familles des disparus et de la société de sauvetage de Lutry, en témoignage de l'énorme chagrin que ce drame a provoqué auprès des personne touchées de près ou de loin par ce malheur. Genève, centre de la société de sauvetage du Léman, offrira aux familles endeuillées des indemnités auxquelles elles n'auraient pas eu droit en temps normal car ces dernières étaient uniquement octroyées en cas de drame lors d'un sauvetage et non lors d'une banale promenade. La tragédie, ainsi que l’élan de sympathie qui l’a suivi, relanceront, sans le savoir, la section de sauvetage de Lutry en y amenant petit à petit de nouveaux membres.

Le Fram dans le port de Lutry, entre 1910 et 1919 (http://www.notrehistoire.ch/group/lutry/photo/18981/)




Longez le Quai Gustave Doret jusqu’à la rue du Lac, que vous remontez pour rejoindre la Grand’Rue. Tournez à gauche et prenez la première ruelle à droite qui vous mène à la place du Temple. Une fois sur la place du Temple, contournez l’église pour arriver à l’entrée.

7 – L’église de Lutry

L’église primitive datait probablement de la seconde moitié du 11

e siècle,

mais les nombreuses phases de constructions et de rénovations, ont masqué et même détruit une grande partie de l’édifice roman. Sur la façade occidentale et principale de l’église, on observe un remarquable portail sculpté datant de la fin du 16

e siècle. Une moulure

creusée de roses souligne l’arc et borde le tympan composé de trois registres superposés aux décorations de style renaissant. Le tout est

soutenu par six colonnes. Au!dessus du portail, une grande fenêtre est flanquée de deux petits singes de style renaissant (1571). Le singe est l’animal emblème de la ville dès le 16

e

siècle. Le clocher s’élève au nord-ouest de l’église, il a été réalisé de 1542 à 1546 (la flèche actuelle date de 1621). Cas rare pour la région, l’église comptait deux cloches jusqu’en 1545 dans sa partie orientale, de part et d’autre du chevet : au sud s’élevait le clocher des moines (réalisé au 12

e

siècle et détruit en 1820 jusqu’à la hauteur de la voûte pour être recouvert d’une toiture) et au nord, le clocher de la ville (réalisé avant 1326). A l’intérieur, la première travée est occupée par une tribune, soutenue par quatre colonnes toscanes et réalisée pour accueillir l’orgue actuel

(1790!1791). Comprenant l’ancienne nef paroissiale et l’ancien choeur monastique, la nef architecturale s’étend sur les quatre travées suivantes et aboutit sur l’ancien sanctuaire. Ce dernier, long d’une seule travée, possède une abside à cinq faces, et même sept si l’on tient compte des murs nord et sud, légèrement évasés. L’ancien

sanctuaire est percé par deux séries de baies : celle du bas, présente cinq fenêtres en lancette, toutes séparées les unes des autres par des groupes de trois colonnettes. Si le plafond de l’édifice primitif devait consister en une simple charpente apparente, actuellement, les travées sont couvertes chacune d’une voûte composée de quatre voutains, hormis celle, plus complexe, de l’ancien sanctuaire, qui en compte huit. Cet ensemble de voûtes est recouvert d’un décor peint, soutenu par des colonnes et des piliers avec chapiteaux à frise. En outre, deux chapelles rectangulaires sont placées au nord du vaisseau central: à la hauteur des deuxième et troisième travées,

l’ancienne chapelle Saint!Claude, au niveau de la quatrième travée, l’ancienne chapelle

Sainte!Marie!Madeleine, également appelée « chapelle des Mayor ». Elles sont séparées, l’une de l’autre par une clôture en pierre, percée de plusieurs baies et d’une porte flanquée d’une série d’arcatures à colonnettes. Sur les murs nord et est de la cinquième travée, des arcades sont actuellement visibles : murée

probablement en 1577!1578, ces entrées menaient auparavant aux deux annexes romanes du 11

e siècle :

l’une au nord!est contenant les

anciennes chapelles Saint!Nicolas,

Saint!Jean!Baptiste et

Saints!Pierre!et!Benoît, toutes trois totalement détruites ; l’autre au

sud!est accueillant les anciennes

chapelles Notre!Dame et

Saint!Antoine!le!Confesseur, en partie conservées et visibles de l’extérieur à travers une grille. De plan identique, ces deux annexes étaient composées d’une pièce carrée




et d’une absidiole à l’est. Le décor peint Les voûtes de l’église de Lutry ayant été reconstruites en 1576 et 1577, on décide de les décorer sur leurs quatre voûtains (surfaces plus ou moins rectangulaires séparées entre elles par la croisée d’ogive) de peintures des grotesques (Renaissance italienne, 15

e siècle, style inspiré des

fresques antiques). L’œuvre est réalisée par Humbert Mareschet en 1577 avec l’aide sans doute d’assistants. Ce peintre, probablement d’origine française et installé alors à Lausanne représente l’un des artistes les plus intéressants de la région. Ces peintures se caractérisent par leurs savantes compositions. A quelques détails près, un double axe de symétrie est respecté dans chacune des voûtes (entre les voûtains qui « se font face ») tandis

que les voûtains eux!mêmes sont également régis par un axe de symétrie. Au sujet des éléments décoratifs, ils sont à la fois divers et fort nombreux : en raison du nombre important de figures et des décorations, peu d’espaces restent vides. Chacun des voûtains est bordé par une bande colorée ornée. A l’intérieur, ils ont généralement un ornement en forme d’éventail en leur centre et de multiples arabesques. En revanche, les voûtains diffèrent les uns des autres par la combinaison des motifs : urne remplie de fruits, griffons, trompettes, mascarons ou dragons par exemple. D’autres éléments décoratifs appartiennent spécifiquement au vocabulaire des grotesques : atlantes, putti ou satyres. Enfin, de nombreuses espèces animales sont représentées, en particulier des oiseaux. Fidèle aux oeuvres des grotesques italiens, l’espace sur lequel est présent l’ensemble des éléments est fictif, tandis que les figures entre elles

ne sont pas mises en relation. La seule exception, l’unique scène, montre un putto présentant un masque à un dindon. Inscrit dans sa période de réalisation, le décor peint de l’église de Lutry est particulièrement intéressant. Dans le Pays de Vaud, la Réforme avait débouché sur l’abandon des scènes historiées dans les lieux de cultes protestants : les peintures devaient alors être exclusivement décoratives. Si le décor de Lutry respecte cette directive, il constitue néanmoins la première tentative depuis la Réforme de réintroduire des peintures de grande envergure dans un temple. En outre, des voûtains de la chapelle des Mayors (au nord de la nef) sont également décorés. Actuellement sous la forme de fragments, cette peinture médiévale du 14

e siècle présente sur les quatre

voûtains d’une voûte des anges debout, sonnant de la trompette, sur un fond bleu. Il s’agit d’une scène figurant le Jugement dernier.

Nef de l’église, vue depuis l’entrée (ouest).




Revenez sur la place du Temple et montez, en passant à travers les maisons, jusqu’à la rue du Château.

8 – Le château de Lutry

Sur l’emplacement actuel du

château de Lutry, au nord!est du quartier du Bourg, deux groupes de bâtiments sont déjà signalés au début du 14

e siècle : il s’agit de la

Maison des Mestral, à l’ouest, appartenant au métral du prieuré (famille Mestral) et de la Maison des Mayor, à l’Est, aux mains du mayor du prieuré (famille Mayor ou de Lutry). De l’ancienne Maison Mestral, il ne reste actuellement que le mur au sud donnant sur la Rue du Château, datant probablement du 15

e siècle.

L’aspect extérieur du château actuel provient majoritairement des interventions de la seconde moitié du 16

e siècle. Alors propriétaire de la

Maison des Mayor, le riche et puissant François de Lutry acquiert la seconde Maison, obtient l’autorisation d’étendre sa propriété au nord, sur les fossés de la ville, et entame une campagne de travaux qui s’achève dans les dernières années du 16

e siècle. Les divers

corps de château sont organisés autour de deux cours (orientale et occidentale), le tout formant un rectangle allongé, disposé sur le tracé de l’ancienne enceinte du Bourg.

Réalisé vers 1573!1576, le portail donnant sur la partie occidentale de la rue du Bourg constitue l’un des plus monumentaux que compte le Pays de Vaud. oiseau et âne, probablement). Cette réalisation serait l’oeuvre du maçon valsésien Jacob Bodmer, actif sur le chantier de l’église du Lutry durant cette période, auquel on attribue les travaux du château des années

1573!1576.

Plus symbolique que réellement défensif, le caractère militaire du château est néanmoins présent par les deux tours septentrionales : la première, au centre de la façade

nord date des années 1573!1576, la

deuxième à l’angle sud!est serait postérieure d’une vingtaine d’années. Donnant sur la cour occidentale, une troisième tour accueille l’escalier permettant ainsi la circulation entre les niveaux, du sol aux combles. Elle date de la fin des années 1610. A l’abri des visiteurs, un magnifique ensemble peint orne chaque niveau de la tour. Il est composé principalement d’éléments végétaux et d’animaux. Entre autres, une scène représentant un singe (emblème de Lutry dès le 16

e siècle)

se regardant dans un miroir, pourrait symboliser la vanité. La réalisation de cet ensemble de peintures doit être située vers 1640.

Intérieur de la tour d’escalier, peinture murale, les singes, vers 1640




Descendez la rue Verdaine jusqu’à la Grand’Rue. Sur le flanc occidental du Bourg ancien de Lutry, les maisons situées sur votre droite, composant l’îlot placé entre les rues de l’Horloge et des Terreaux, et la rue Verdaine, étaient dès l’origine appuyées contre les murs de la cité. Cette manière de procéder n’est pas propre à Lutry : elle semble même assez répandue au 13

e siècle.

A partir du 15e siècle, les habitations s’avancent en direction de la rue Verdaine.

Par ce dédoublement des maisons, la rue rétrécit pour devenir particulièrement étroite. Quand vous arrivez à la Grand’Rue, prenez à droite jusqu’au croisement. Sur votre gauche, vous voyez un bâtiment avec une horloge. C’était une des portes de la ville. Continuez tout droit, vous êtes alors dans un des faubourgs de Lutry. Avancez jusqu’à une petite place, sur votre gauche, vous passez à côté d’une fontaine.

9 – Fontaine de la place de la couronne

Cette fontaine constitue le dernier exemple conservé, à Lutry, de fontaine réalisée sous l’Ancien Régime. Le bassin, sur lequel est inscrite la date de réalisation (1676), montre sur ses huit pans des panneaux soigneusement décorés des losanges en relief, des fleurs stylisées et des armes de la ville. Réalisée par le marbrier veveysan David Doret en 1775 (date inscrite), l’actuelle pile (« chèvre ») est d’esprit classique avec son haut socle, sa colonne et son chapiteau couronné par une sphère : le choix de ce type de pile, fréquente au 16

e siècle, tient

compte du style du bassin préexistant et indique une volonté particulière de créer un ensemble stylistiquement harmonieux. Actuellement, la fonction première des fontaines dans les villes est décorative, mais auparavant, elles remplissaient avant tout le rôle d’approvisionnement en eau, et constituait parfois l’unique lieu de ce type à l’intérieur des villes, accessible à tout un chacun (rare en effet, sous l’Ancien Régime, sont les particuliers qui possédaient un puits). Dans les villages, mais aussi dans des bourgades comme Lutry, les bassins répondaient à divers besoins : abreuvoir, lavoir, ou tout simplement source d’eau claire. Idéalement les bassins devaient alors être larges (pour désaltérer les animaux), couverts (pour protéger les lavandières des intempéries) alors

que l’eau devait être de bonne qualité, pour servir à la consommation. Les fontaines et les puits sont donc indispensables aux besoins du ménage, pour les activités agricoles et par conséquent viticoles, ainsi que pour lutter contre le feu et la maladie. Les lieux d’approvisionnement en eau jouaient certainement aussi un rôle social, comme lieu de rencontre. A Lutry, plusieurs fontaines sont attestées dès le 16

e siècle, dans les

quartiers du Bourg, du Voisinand et du Bourg extérieur, ainsi que dans les hameaux alentours. Seul le petit faubourg de Porta Faviez (Friporte) à l’est, quatrième quartier du Lutry intra muros, semble avoir dû attendre le 18

e siècle pour posséder sa propre

fontaine. D’abord réalisés en bois, les bassins et les chèvres des fontaines de Lutry sont remplacés par des ouvrages exécutés en pierre dès le milieu du 17

e siècle, pour des raisons évidentes

de solidité. A Lutry, comme ailleurs, l’eau avait également d’autres utilités. Un canal, dévié de la Lutrive, a notamment été aménagé pour alimenter un moulin. Il sera couvert au 19

e siècle. L’eau a

également son importance dans la lutte contre les incendies. A Lutry, elle est transportée dans des seaux, d’abord en cuir goudronné («brochet»), puis, dès le milieu du 19

e

siècle en fer blanc. Une première pompe à feu, la « seringue » est




mentionnée en 1678 déjà. Dès 1883, la ville se dote d’un système de canalisations en ciment

alors que l’eau alimente les foyers dès 1906.

Montez au nord de la place et passez entre les maisons pour rejoindre la rue du Bourg-Neuf, que vous longez à gauche. Prenez ensuite à droite sur la rue des Terreaux. Au niveau du passage piéton, traversez la rue et prenez le petit chemin qui monte sur le parking. Arrivés en haut, tournez à droite, vous apercevez l’alignement de menhirs.

10 – La possession, alignement de menhirs

Vous voyez devant vous un des rares exemples de monument mégalithique de Suisse romande (les deux seuls autres connus sont à Sion et Yverdon). Il comporte, au total, 24 pierres dressées sur une longueur totale de 20 m. Les blocs du centre sont plus grands, certains mesurant plus de 2.5 m de haut, le plus gros pèse environ 13 tonnes. Les blocs étaient enfoncés dans le sol, implantés dans des fosses et calés avec de gros cailloux. Les dalles ont été découpées dans d’anciens blocs erratiques (fragment de roche, de taille relativement importante, déplacé par un glacier) provenant de la région. Elles sont presque toutes taillées afin de représenter des formes anthropomorphes (rappelant la forme humaine). Au sommet, on remarque une protubérance, représentant la tête, entourée de deux bords plats, figurant les épaules. Elles étaient peut-être également décorées de dessins gravés. L’alignement est composé de deux parties. La première, construite à la seconde moitié du 5

e millénaire avant

J.-C., est parfaitement rectiligne. La seconde, datant du début du 3

e

millénaire avant J.-C., prolonge la première, de façon légèrement incurvée, elle est composée de plus petits blocs. La découverte de cet ensemble a eu lieu lors de la construction d’un parking souterrain. Après les fouilles,

les dalles de pierres ont été déplacées, puis replacées une fois le parking terminé, environ 20 m plus au sud-ouest que l’endroit de leur découverte. L’orientation et la disposition sont les mêmes qu’à l’origine. Seule la dalle numéro 3 (celle qui possède des gravures) a été remplacée par un moulage. L’original se trouve dans une vitrine, non loin. Aux environs du 5

e millénaire avant

J.-C., les sociétés évoluent. Des personnalités plus puissantes émergent des groupes et la société se hiérarchise. Des réalisations monumentales, comme les menhirs, sont des marqueurs de cette évolution. En effet, pour entreprendre une telle construction, un groupe de personnes doit agir ensemble sous l’impulsion d’un chef. Les connaissances actuelles sont très pauvres. Nous ne savons pas quelle relation il pouvait exister entre les différents centres de Suisse romande, ni quelle place ils ont pu prendre dans le courant mégalithique qui s’est manifesté dans toute l’Europe, principalement sur la partie atlantique, entre la fin du Néolithique et le début de l’âge du Bronze. La fonction de ce type de monuments est encore inconnue. Il n’existe pas, à Lutry (ni à Yverdon), d’association entre le domaine funéraire et le monument mégalithique. Aucune nécropole n’est connue à proximité. Il ne s’agit donc probablement pas d’un monument lié à un culte funéraire. Comme c’est




peut-être le cas à Sion. La fonction de ces ensembles reste inconnue, mais l’on pourrait les interpréter comme des lieux de culte ou comme des lieux de rassemblement, où prenaient peut-être place des échanges ritualisés.

Restitution hypothétique d’une scène d’échanges (Des Alpes au Léman, 2006)

Traversez le parking sur la droite pour rejoindre la rue des Terreaux que vous prenez à droite. Longez-la sur quelques mètres, puis prenez à gauche, sous le passage qui rejoint la rue Verdaine. Au milieu du passage, vous pourrez admirer le menhir gravé original dans une vitrine. Remontez la rue Verdaine jusqu’à la route cantonale que vous traversez (passage sous-route sur votre gauche). Traversez le faubourg du Voisinand jusqu’à la rue du même nom que vous prenez à droite. Au virage, tournez à gauche et montez pour rejoindre la gare.




Si vous avez encore un peu de courage, nous vous proposons une petite boucle facultative. Elle vous permettra de monter sur les hauts de Lutry et de marcher dans les vignes. Pour cela, continuez le long de la gare de Lutry jusqu’à la route. Monter cette dernière sur une trentaine de mètres et prenez tout de suite à droite. Vous vous trouvez sur le chemin de Bertholod, du nom de la tour que vous apercevez.

11 – Tour Bertholod

Cette tour appartient à la ville de Payerne depuis 1545. Selon la légende, elle tirerait son nom de la reine Berthe, mais il semblerait plutôt que ce nom soit tiré de celui de l’évêque de Lausanne, Berthold de Neuchâtel, qui fortifia le bourg de Lutry en 1220. Elle a été construite au nord de la ville, dans les vignes, afin de loger le mayor (administrateur ou gouverneur des biens de l’évêché).

En regardant attentivement, vous pourrez remarquer la particularité de cette tour : à première vue, elle semble ronde, mais en y regardant de plus près, on se rend compte qu’elle a un côté plat. Ce dernier est situé du côté de la maison, tandis que la face de la tour dirigée vers l’ennemi est ronde, ce qui la rend plus difficile à enfoncer.

Au niveau de la tour, prenez le chemin de vignes qui part sur la gauche. Au croisement, prenez à droite sur 20 mètres, puis continuez à monter à gauche, jusqu’au village de Savuit. Entrez dans le village en suivant le chemin de Praz. Arrivés au niveau du carrefour, tournez-vous à droite pour admirer la balance romaine.

12 – Savuit, balance romaine

Les balances de ce type étaient très utiles lors des marchés et foires, où les quantités de marchandises devaient être mesurées. Pour les liquides, des pots d’étain étaient utilisés pour mesurer les capacités. Les balances étaient, quant à elles, nécessaires pour peser les solides. Le qualificatif de romain ne viendrait pas de son origine antique, mais d’un mot arabe, roûmanah ou rommäna, signifiant le fruit du grenadier dont la forme rappelle le contre-poids de la balance. Ce type de balance a été réintroduit en occident par les Arabes au Moyen Age. L’une d’entre elles est installée en 1824 contre la tour du Bourg extérieur

de Lutry (il s’agit peut!être de la balance réalisée en 1798 et installée à la Place des Halles six ans plus tard) avant d’être remplacée vers

1864. Dès l’année suivante, ce « grand poids public » est déplacé à Savuit (bâtiment de la bourse des Pauvres) où on le voit encore aujourd’hui. Il constitue l’un des derniers en place, si ce n’est le dernier et a été classé monument historique. Cette balance romaine géante d’une capacité de quatre puis six tonnes était destinée principalement à peser les chars de fourrage. A Lutry, un marché existait probablement dès le Moyen Age, à proximité du couvent. Plusieurs foires sont également mentionnées dès le 18

e siècle, dont une le jour de la

Saint!Clément, fête patronale de la ville, ainsi qu’une foire au bétail et un marché aux cochons. Enfin, les halles (à la place des Halles) construites au début du 15

e siècle et transformées




en collège en 1821!1823, servaient principalement à entreposer les marchandises, mais elles auraient

également pu être utilisées comme marché couvert.

La balance romaine monumentale de Savuit, installée en 1865 sur le bâtiment de la Bourse des Pauvres, vue du sud (GRANDJEAN, 1990).

Prenez à gauche la route de Crochet qui vous fait redescendre en direction de Lutry. Après le passage sous la voie de chemin de fer, prenez tout de suite à gauche pour rejoindre la gare de Lutry.

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