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71 70 baromètre photovoltaïque baromètre photovoltaïque BAROMÈTRE PHOTOVOLTAÏQUE – EUROBSERV’ER – AVRIL 2015 BAROMÈTRE PHOTOVOLTAÏQUE – EUROBSERV’ER – AVRIL 2015 ibc solar 86 674 mW c dans l’Union européenne fin 2014 BAROMèTRE PHOTOVOLTAïQUE A lors que le marché mondial du photovoltaïque a continué de croître entre 2013 et 2014, passant de 37,6 GWc à près de 40 GWc, celui de l’Union européenne a, lui, poursuivi son décrochage. Selon EurObserv’ER, le marché du photovoltaïque en Europe devrait se situer aux alentours de 6,9 GWc en 2014, en baisse de 32,3 % par rapport à 2013. Trois ans plus tôt, en 2011, il s’établissait à près de 22 GWc... 6 883,3 MWc La puissance photovoltaïque installée et connectée dans l’Union européenne en 2014 91,3 TWh La production d’électricité photovoltaïque dans l’Union européenne en 2014 Une étude réalisée par EurObserv’ER Centrale photovoltaïque de 2,3 MWc construite par l’Allemand IBC Solar à Sakura, au nord-ouest de Tokyo, au Japon.

Baromètre photovoltaïque - Energies · PDF fileloppement de l’électricité solaire en Asie, en Amérique du Nord, et dans les marchés émergents (Afrique du Sud, Amérique

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BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRIl 2015 BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRIl 2015

ibc

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86 674 mWcdans l’Union européenne fin 2014

Baromètre photovoltaïque

alors que le marché mondial du photovoltaïque a continué de croître entre 2013 et 2014, passant de 37,6 GWc à près de 40 GWc, celui de l’union

européenne a, lui, poursuivi son décrochage. Selon eurobserv’er, le marché du photovoltaïque en europe devrait se situer aux alentours de 6,9 GWc en 2014, en baisse de 32,3 % par rapport à 2013. trois ans plus tôt, en 2011, il s’établissait à près de 22 GWc...

6 883,3 mWc

La puissance photovoltaïque installée et connectée

dans l’Union européenne en 2014

91,3 tWh

La production d’électricité photovoltaïque

dans l’Union européenne en 2014

Une étude réalisée par EurObserv’ER

Centrale photovoltaïque de 2,3 mWc construite

par l’allemand IBC Solar à Sakura, au nord-ouest

de tokyo, au Japon.

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BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRil 2015 BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRil 2015

La bonne santé du marché mondial

du photovoltaïque contraste avec

la situation du marché de l’Union

européenne. Alors que les politiques

publiques restent très favorables au déve-

loppement de l’électricité solaire en Asie,

en Amérique du Nord, et dans les marchés

émergents (Afrique du Sud, Amérique

du Sud, Inde, Turquie, etc.), le marché

européen doit faire face à des politiques

nationales et européennes beaucoup

plus drastiques, qui entravent le dévelop-

pement de la filière. Ces politiques ont été

essentiellement menées dans les pays

ayant déjà fortement investi dans leur

filière solaire (Allemagne, Italie, Grèce,

Belgique, etc.). Au Royaume-Uni ou en

France, pays où le photovoltaïque a été

beaucoup moins développé, la tendance

du marché est plus positive. Une prise

de relais cependant insuffisante pour

relancer ce marché en perte de vitesse

depuis 2012.

Ce décrochage peut à première vue sem-

bler paradoxal, car l’électricité solaire

n’a jamais été si bon marché. De nou-

velles études européennes, comme

celles publiées en fin d’année 2014 par

Ecofys Subsidies and Costs of EU Energy,

montrent clairement que le coût complet

de production d’électricité (appelé coût

LCOE) était déjà en 2012 descendu sous la

barre des 100 €/MWh dans de nombreux

pays européens, et qu’il est aujourd’hui

comparable à ceux de l’électricité issue

du nucléaire ou du gaz naturel. Selon

l’étude Current and Future Costs of Pho-

tovoltaïcs du think tank allemand Agora

Energiewende, publiée en février 2015,

l’énergie solaire serait même en train

de devenir l’énergie la plus compétitive

dans de nombreuses parties du monde.

L’étude montre qu’à partir de 2025, le

coût de production d’électricité solaire

sera compris entre 4 et 6 c€/kWh dans

les pays du sud de l’Europe et d’Europe

centrale. En 2050, ces coûts pourraient

même tomber entre 2 et 4 c€/kWh. L’étude

précise que les coûts dépendront éga-

lement du cadre juridique et des condi-

tions de financement, ce qui pourrait, en

l’absence de volonté politique, limiter

leur diminution.

Au niveau mondial pourtant, tous les indi-

cateurs de croissance sont au vert. Le

cabinet de consultants IHS, spécialiste du

photovoltaïque, a publié en janvier 2015

ses prévisions concernant la tendance du

marché en 2015. Ils avancent notamment

une nouvelle croissance de la demande

mondiale de l’ordre de 30 % en 2015, soit

un marché approchant les 57,3 GWc. Leur

estimation pour 2014, établie autour de

44,7 GWc, est cependant plus élevée que

celle rapportée par l’EPIA (European Pho-

tovoltaic Industry Association) ou l’AIE

PVPS (le programme photovoltaïque de

l’Agence internationale de l’énergie), que

nous avons choisi de reprendre dans ce

baromètre. La différence tient à l’évalua-

tion du marché chinois, particulièrement

difficile à cerner avec précision.

Les prévisions de croissance sur le long

terme sont également très positives. En

2014, l’Agence internationale de l’énergie

(AIE) a une nouvelle fois revu fortement

à la hausse ses prévisions de croissance

pour 2050. Dans sa publication Techno-

logy Roadmap Solar Photovoltaic Energy,

dans un scénario haut de croissance (Hi-

Ren scenario), l’AIE estime possible que

la puissance photovoltaïque mondiale

atteigne 4 600 GWc d’ici à 2050, suffisam-

ment pour produire 6 300 TWh, soit 16 %

de la production d’électricité mondiale.

Fin 2014, la puissance cumulée du marché

mondial devrait être de l’ordre de 180 GWc

et représenter 1 % de la production mon-

diale d’électricité. Un nouveau rapport du

cabinet IHS publié en mars prédit, lui, une

puissance mondiale cumulée de 498 GWc

d’ici à 2019, pour un marché mondial cette

même année de 75 GWc.

marché mondial : près de 40 GW en 2014

L’AIE PVPS a publié fin mars ses premières

estimations sur le marché mondial. Selon

l’organisme, celui-ci devrait s’établir à

près de 40 GW (dont 38,7 GW dans les pays

directement suivis par les membres de

l’AIE PVPS), en comparaison avec la puis-

sance installée estimée à 37,6 GW en 2013.

Sans surprise, l’Asie est désormais au

cœur du marché global, avec environ

60 % des volumes. La Chine, qui a révisé

à la baisse ses données d’installation

en 2013 (de 12,92 à 10,95 GW), a stabilisé

son marché en 2014 autour de 10,6 GW

(tableaux 1 et 2). Ce dernier devrait main-

tenant repartir nettement à la hausse :

en mars 2015, le gouvernement a en effet

annoncé la mise en place d’un objectif de

17,8 GW, avec des quotas d’installation

assignés à chaque province.

La croissance du marché japonais a

également été très rapide, avec près de

10 GW installés en 2014 (9,7 GW selon l’AIE

PVPS), contre environ 7 GW en 2013, fai-

sant quasiment jeu égal avec son voisin

chinois pour 2014. Au Japon cependant,

la progression du solaire s’apparente

davantage à une marche forcée. La catas-

trophe nucléaire de Fukushima a conduit

le gouvernement à mettre en place dans

l’urgence, en juillet 2012, un nouveau

système d’incitation particulièrement

généreux, qui rémunère les excédents

non consommés de production d’élec-

tricité. En 2014, par exemple, les sys-

tèmes de moins de 10 kWc bénéficiaient

d’une rémunération de 37 yens par kWh

(0,29 € /kWh) sur 10 ans, pour chaque

kilowattheure non autoconsommé. Les

systèmes de plus de 10 kWc bénéficient,

eux, d’une rémunération de 32 yens/kWh

(0,25 €/kWh) sur 20 ans. Le tarif d’achat

nippon est cependant en forte baisse.

Après une diminution de 10 % en 2013,

et de 11 % en 2014, le gouvernement a

annoncé une nouvelle baisse de 16 %,

qui portera le tarif à 27 yens/kWh en juil-

let 2015. Le nouveau système de tarif

d’achat a déjà conduit le ministère de

l’Économie, du Commerce et de l’Indus-

trie (METI) à approuver en l’espace de

deux ans le financement de 70 GWc de

projets photovoltaïques, suffisants pour

alimenter 8 % des besoins en électricité

du pays. Certains analystes estiment

néanmoins qu’une partie de cette puis-

sance ne pourra pas être installée en

raison du manque d’espaces disponibles,

et surtout en raison de l’hostilité des

compagnies d’électricité du pays. Ces

dernières mettent en avant les consé-

quences de ce développement sur le prix

de l’électricité et les problèmes tech-

niques liés au raccordement d’une telle

puissance. Elles militent également pour

la remise en marche du parc nucléaire

du pays. Cinq opérateurs nationaux ont

même annoncé leur intention de ces-

ser tout raccordement. Sensible à ces

arguments, le gouvernement japonais

a prévu de modifier dès cette année les

règles, en permettant aux électriciens

d’annuler leurs promesses d’achat vis-

à-vis des développeurs et des projets les

moins sérieux.

Aux États-Unis, le marché du photo -

voltaïque a fait un bond de 30 %. Les

chiffres de marché publiés en mars der-

nier par le SEAI (Association américaine

des industries de l’énergie solaire) et

GTM Research indiquent l’installation

en 2014 de 6 201 MW, contre 4 776 MW

en 2013. La puissance photovoltaïque

cumulée des États-Unis atteint désor-

mais 18,3 GW. Cette croissance a essen-

tiellement été portée par le segment des

grandes centrales au sol (soit 3,9 GWc),

projets menés par de grandes compa-

gnies énergétiques, le segment rési-

dentiel (1,2 GWc) devançant celui des

applications commerciales (1 GWc). Le

SEIA et GTM Research précisent qu’en

2014, le solaire a représenté 32 % de la

nouvelle puissance électrique installée

aux États-Unis, devançant pour la deu-

xième année consécutive l’éolien (avec

une part de 23 %) et le charbon (pas de

puissance installée en 2014). Seul le gaz

de schiste fait mieux, avec une part de

42 % en 2014. Pour l’année 2015, les pré-

visions de croissance du marché solaire

américain sont, selon GTM Research, de

31 % ; soit un marché de 8,1 GWc. Sur le

plan de la production, les statistiques

fédérales de l’EIA (Energy Information

Administration) indiquent que la pro-

duction d’électricité photovoltaïque a

pratiquement doublé entre 2013 et 2014,

passant de 8,1 TWh à 15,9 TWh. Elle reste

cependant encore marginale, avec moins

de 0,5 % de la production d’électricité

américaine (4,4 % pour l’éolien). Cette

production est toutefois sous-évaluée,

car l’EIA ne recense pas la production

des centrales inférieures au mégawatt

et ne prend donc pas en compte la pro-

duction des systèmes installés en toi-

ture. D’autres marchés ont confirmé leur

maturité et sont proches du gigawatt,

parmi lesquels l’Australie (0,9 GWc), la

Corée du Sud (0,9 GWc), ou l’Afrique du

Sud (0,8 GWc), pays où l’émergence du

marché est plus récente.

Le marché européen réduit comme peau de chagrinLes premières estimations disponibles

du marché de l’Union européenne ne

suscitent pas l ’enthousiasme. Selon

EurObserv’ER, la puissance nouvelle-

ment installée devrait être de l’ordre de

6 883 MWc, soit une baisse de 32,3 % par

rapport à 2013 (tableau 3). La puissance

cumulée du parc de l’Union européenne

s’établit désormais à 86,7 GW (tableau 4).

Le marché européen ne cesse de décro-

cher depuis 2011, année qui avait vu

un niveau d’installation record de près

de 22 GWc. Il est, pour la première fois,

devancé par le marché chinois, mais éga-

lement par celui du Japon, ce qui ne lui

était plus arrivé depuis 2002 (le Japon

était alors le premier marché mondial du

photovoltaïque). Les États-Unis, quant

à eux, devraient supplanter le marché

européen dès cette année.

Ce nouveau ralentissement du marché

européen était attendu par les spécia-

listes et s’explique par plusieurs rai-

sons. La première est que de nombreux

pays leaders du photovoltaïque font

aujourd’hui le choix politique de limi-

ter la croissance de leur filière. Résultat,

beaucoup de marchés qui dépassaient il y

a peu le seuil du gigawatt sont en perte de

vitesse et certains sont pratiquement à

l’arrêt, comme c’est aujourd’hui le cas de

l’Italie et de la Grèce. La principale cause

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la centrale photovoltaïque du groupe Krinner, à Gänsdorf en allemagne, affiche une capacité de 54,5 mWc et occupe l’équivalent de 270 terrains de football.

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BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRil 2015 BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRil 2015

Tabl. n° 1Les dix premiers pays sur le plan de la puissance photovoltaïque totale installée fin 2014 (MWc)*

Capacité installée annuelle Capacité cumulée

Allemagne 1 899 38 301

Chine 10 560 28 199

Japon 9 700 23 300

Italie 385 18 450

États-Unis 6 201 18 280

Espagne 21 4 787

France 975 5 600

Royaume-Uni 2 448 5 230

Australie 910 4 136

Belgique 65 3 105

Données susceptibles d’être consolidées. * Estimation. Sources : EurObserv’ER 2015 pour les pays de l’UE, IEA PVPS 2015 pour les autres.

Tabl. n° 2Les dix premiers marchés mondiaux du solaire photovoltaïque en 2014* (en MWc)

Chine 10 600

Japon 9 700

États-Unis 6 201

Royaume-Uni 2 448

Allemagne 1 899

France 975

Australie 910

Corée du Sud 909

Afrique du Sud 800

Inde 616

Données susceptibles d’être consolidées. * Estimation. Source : EurObserv’ER 2015 pour les pays de l’Union européenne, IEA PVPS 2015 pour les autres pays.

avancée par les responsables politiques

de ces pays est la volonté de mieux maîtri-

ser l’augmentation du prix de l’électricité

et de faciliter l’intégration des énergies

renouvelables dans leur mix électrique.

Un autre élément, propre au marché

européen de l’énergie, explique égale-

ment ce ralentissement. La crise écono-

mique, consécutive à la crise financière

de 2008, s’est traduite par une baisse de

la demande européenne en électricité et

par un déséquilibre du marché de l’élec-

tricité. En effet, selon Eurostat, la produc-

tion d’électricité de l’Union européenne

(UE 28) est passée de 3 387 TWh en 2008

à 3 261 TWh en 2013, soit une baisse de

126 TWh en l’espace de six ans. Dans le

même temps, la production d’électricité

renouvelable (normalisée pour l’hydrau-

lique et l’éolien) a augmenté de 573 TWh à

823 TWh, soit un gain de 250 TWh. Dans le

total renouvelable, la production d’élec-

tricité photovoltaïque est celle qui a aug-

menté le plus rapidement : elle a été mul-

tipliée par plus de 10, passant de 7,4 TWh

en 2008 à 80,9 TWh en 2013. Selon EurOb-

serv’ER, elle a même atteint 91,3 TWh en

2014, soit une croissance de 12,9 % par

rapport à 2013 (tableau 5). Cette forte

poussée des énergies renouvelables,

associée à la baisse de production de

l’électricité conventionnelle, a posé d’im-

portants problèmes économiques aux

opérateurs énergétiques, qui ont vu la

rentabilité de leurs moyens de produc-

tion conventionnels (fossile et nucléaire)

diminuer. La pression de ces acteurs sur

les décideurs politiques est aujourd’hui

très forte afin de limiter la croissance de

nouvelles capacités de production éner-

gies renouvelables, a fortiori lorsqu’elles

sont aussi décentralisées que du pho-

tovoltaïque pour l’autoconsommation.

Pour eux, la question est bien de retar-

der ce développement afin d’amortir au

maximum les investissements passés et

de protéger le plus longtemps possible le

système actuel de distribution.

L’autoconsommation sans contrepar-

tie financière de type péage d’accès

au réseau ou taxe de raccordement au

réseau de distribution inquiète égale-

ment les réseaux de distribution, car

ceux-ci se rémunèrent sur l’électricité dis-

tribuée pour assurer la maintenance de

leurs infrastructures. Là aussi, un déve-

loppement important de l’autoconsom-

mation photovoltaïque est susceptible

de renchérir le coût de distribution de

l’électricité provenant du réseau, renfor-

çant l’avantage compétitif de l’électricité

autoconsommée.

Cette pression semble porter ses fruits.

De plus en plus de pays mettent ou envi-

sagent de mettre en place des taxes sur

l’autoconsommation. Plusieurs ont déjà

été votées en Allemagne et en Italie. Aux

Pays-Bas, un récent changement de la

structure tarifaire des coûts de distribu-

tion de l’électricité va également amoin-

drir l’intérêt de l’autoconsommation.

Alors que dans le précédent système de

“net metering”, le coût d’accès au réseau

était fonction de la quantité d’électri-

cité consommée sur celui-ci (moins le

consommateur se fournissait sur le

réseau en autoconsommant sa propre

électricité, moins il était taxé), le système

a basculé vers un système de forfait fixe.

Le consommateur paie le même mon-

tant pour accéder au réseau, quelle que

soit la quantité d’électricité qu’il auto-

consomme, limitant de fait l’intérêt de

consommer sa propre électricité.

En Espagne, face à la contestation popu-

laire, le gouvernement a pour l’instant

renoncé à signer les décrets d’application

prévoyant la mise en place d’une taxe

“punitive” de type péage sur la produc-

tion d’électricité solaire autoconsom-

mée. Mais cette menace d’instauration

de taxes, véritable épée de Damoclès,

constitue en elle-même un frein à l’auto-

consommation. Un investisseur poten-

tiel, particulier ou chef d’entreprise, peut

craindre en effet qu’un système financé

sans ta xes puisse être ta xé dans un

second temps, remettant alors en cause

les économies escomptées. Sans ligne

politique claire sur ce marché, l’autocon-

sommation ne pourra pas devenir un vec-

teur de croissance important du marché

solaire.

actuaLité des principaux pays

Le Royaume-Uni, premier marché européen en 2014Le Royaume-Uni est devenu en 2014, et

pour la première fois de son histoire,

le premier marché européen du solaire

photovoltaïque. Selon les statistiques

fournies fin février 2015 par le Dépar-

tement de l’énergie et du changement

climatique (DECC), le pays a connecté au

réseau pas moins de 2 248 MW en 2014,

portant la puissance photovoltaïque à

5 230 MW.

Le DECC précise que 55 % de la puissance

solaire déployée dans le pays fin 2014

a été financée par le système de tarif

d’achat et que 36 % l’a été par le sys-

tème des Renewable Obligation (RO), soit

1 843 MW fin 2014.

Le DECC a également confirmé qu’il met-

trait définitivement fin au système des

RO le 1er avril 2015, deux ans avant la

date d’échéance initialement prévue.

Une décision jugée dommageable par

les acteurs de la filière, car, contraire-

ment au système des RO, le système

des contrats de différence (CfD) ne s’ap-

plique qu’aux centrales de plus de 5 MW.

Ce système des CfD se met progressi-

vement en marche. Un premier round

d’allocation des contrats de différence

a été lancé le 16 octobre 2014. Le prix

d’exercice pour le photovoltaïque a été

fixé à 120 £/MWh (165 €/MWh) pour les

années fiscales 2014/2015 et 2015/2016,

et sera réduit à 115 £/MWh en 2016/2017,

puis à 110 £/MWh en 2017/2018 et à 100 £/

MWh en 2018/2019.

Pour les centrales jusqu’à 5 MW, le tarif

d’achat, applicable sur 20 ans, conti-

nuera d’être en vigueur. Le système est

un peu compliqué, car il dépend à la fois

de la puissance de la centrale (sept seg-

ments de puissance pour les systèmes

en toiture jusqu’à 250 kWc, un autre pour

les centrales supérieures à 250 kWc),

auquel s’ajoute une modulation sup-

plémentaire de niveau. On distingue en

effet trois niveaux – “higher”, “middle”

et “lower rate” – selon l’efficacité éner-

gétique du bâtiment ou selon que le

système est installé sur un immeuble

d’habitation. Le plus haut tarif (“higher

rate”) est réservé aux bâtiments dis-

posants d’une efficacité énergétique

au moins égale au niveau D. Le tarif le

plus bas (“lower rate”) est réservé aux

bâtiment s qui ne respectent pa s le

niveau D de l’efficacité énergétique et

aux centrales de plus de 250 kW. Un tarif

intermédiaire (“middle rate”), qui est

10 % moins élevé que le plus haut tarif,

est spécialement dédié aux immeubles

multihabitation. Le taux de dégressivité

est trimestriel et basé selon le niveau

d’installation du trimestre précédant.

Pour ce faire, le législateur a défini 5

“corridors d’installation” (low corridor,

default corridor, high 1 corridor, high

2 corridor et high 3 corridor) correspon-

dant à 5 taux différents de dégressivité

(0 %, 3,5 %, 7 %, 14 % et 28 %), chacun de

ces corridors étant défini pour trois seg-

ments de puissance distincts (<= 10 kW,

>10 kW <= 50 kW et > 50 kW). Suivant ces

règles, le tarif d’achat applicable pour la

date du 1er avril 2015 jusqu’au 30 juin 2015

est de 13,39 pence/kWh (de l’ordre de

18,2 c€) pour les centrales jusqu’à 4 kWc

installées dans un bâtiment neuf et

descendait jusqu’à 6,16 pence/kWh (de

l’ordre de 8,4 c€/kWh) pour les centrales

installées sur un bâtiment énergivore ou

de puissance supérieure à 250 kWc (plus

de précisions sur www.fitariffs.co.uk).

L’objectif du gouvernement britannique

reste ambitieux et vise à installer 22 GW

d’ici à 2020, soit quatre fois la puissance

cumulée fin 2014.

Un marché allemand sous les 2 GWL’Allemagne n’assure plus le leadership

européen du marché photovoltaïque.

Selon l’AGEE-Stat, le groupe de travail des

statistiques énergies renouvelables du

ministère allemand de l’Environnement,

le pays n’aurait connecté que 1 899 MWc

en 2014 contre 3 305 MW en 2013. Le mar-

ché allemand qui s’était maintenu au-

delà des 7 GW en 2010 (7 318 MW), 2011

(7 485 MW), 2012 (7 604 MW) continue donc

de décélérer en accord avec la nouvelle

politique du gouvernement allemand.

L’objectif prioritaire de ce dernier est

aujourd’hui de mieux contrôler les aug-

mentations du prix de l’électricité. Une

nouvelle politique, qui s’est traduite pour

la première fois depuis son instauration

en 2000 par la diminution de la redevance

ab

b

le groupe helvético-suédois aBB fabrique des robots pouvant être utilisés en “salle blanche”, pour la production de films extrafins, ou d’autres pour la manutention de wafers ou de cellules solaires.

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BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRil 2015 BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRil 2015

(la EEG Umlage), qui finance le dévelop-

pement des énergies renouvelables en

Allemagne. Cette dernière est passée à

6,17 c€/kWh en 2015 à 6,24 c€/kWh en

2014. L’an dernier, un ménage allemand

ayant une consommation annuelle de

3 500 kWh aura donc payé un peu moins

de 220 euros pour financer l’expansion de

l’électricité renouvelable de son pays (voir

graphique 1). En contrepartie, selon les

données de l’AGEE-Stat, cet effort finan-

cier aura permis d’augmenter la part des

énergies renouvelables dans la demande

électricité de 6,2 % en 2000 à 27,8 % en

2014. Dans le même temps, la production

d’électricité photovoltaïque est passée

de 60 GWh en 2000 à 34 930 GWh en 2014, et

représente désormais 21,7 % de la produc-

tion d’électricité renouvelable du pays

(estimée à 160,6 TWh).

La nouvelle loi EEG, applicable depuis

le 1er août 2014, a apporté beaucoup de

changements dans le système d’incita-

tion allemand. Depuis cette date, seules

les petites installations d’une puissance

installée inférieure ou égale à 500 kW

sont encore éligibles au système de tarif

d’achat garanti. À partir du 1er janvier

2016, ils ne concerneront plus que les ins-

tallations d’une puissance installée infé-

rieure ou égale à 100 kW. La dégressivité

des tarifs d’achats devient mensuelle et

s’adapte tous les trois mois en fonction

des niveaux d’installation. Lorsque la

puissance installée est comprise dans

le corridor cible, fixé pour le photovol-

taïque entre 2 400 et 2 600 MW par an, la

dégressivité mensuelle est de 0,5 %. Si le

rythme d’installation dépasse celui de

l’objectif cible, la dégressivité peut être

portée de 1 à 2,8 %. Si l’objectif cible n’est

pas atteint, la dégressivité peut varier

de 0,25 % à 0 %. Il n’y a que dans le cas où

la puissance installée est inférieure de

1 400 MWc à l’objectif cible, que le tarif

d’achat est réévalué, et ce à hauteur de

1,5 %. Suivant cette règle, sur les trois

premiers mois de l’année 2015, le taux de

dégressivité mensuelle du tarif d’achat a

été de 0,25 %, ce qui indique des résultats

en deçà de l’objectif cible au premier

trimestre de l’année. Ainsi, au 1er mars

2015, le tarif d’achat était compris entre

8,65 c€/kWh pour les petites centrales au

sol (inférieur ou égal à 500 kW) à 12,5 c€/

kWh pour les systèmes en toiture infé-

rieurs à 10 kWc.

Par ailleurs, le système de vente directe

sur le marché plus prime de marché, qui

était jusqu’alors optionnel (et ce depuis

le 1er janvier 2012), devient obligatoire.

Dans le système de vente directe, au

prix de l’électricité sur le marché EPEX

Spot s’ajoute une prime qui compense

le “manque à gagner” du producteur.

Le montant de la prime correspond à la

différence entre le prix moyen mensuel

de l’électricité sur le marché et un tarif

d’achat référence défini par la loi EEG. La

prime de marché inclut également une

prime de gestion (fixé à 0,4 c€/kWh pour

le photovoltaïque), qui correspond à une

compensation des risques et coûts liés à

la vente directe.

Au 1er janvier 2017, au plus tard, le niveau

de soutien aux énergies renouvelables

sera défini dans le cadre d’appel d’offres.

Un premier appel d’offres pilote pour une

capacité installée de 150 MW pour les

centrales terrestres a été lancé en mars

2015. Un appel d’offres pilote pour une

puissance installée de 150 MWc destiné

aux centrales terrestres a été lancé en

mars 2015, et s’est achevé en avril 2015.

170 offres ont été présentées ce qui de

toute évidence dépasse largement les

150 MWc prévus. L’Agence fédérale pour

le réseau va maintenant vérifier l’admis-

sibilité et annoncer le prochain appel

d’offres pour le mois d’août 2015. Pour

2016, les appels d’offres seront réduits à

400 MW et diminueront encore à 300 MW

d’ici 2017.

Autre point spécifique au marché, la très

grande majorité des producteurs de sys-

tèmes photovoltaïques de puissance

inférieure au mégawatt autoconsomme

une partie de leur production. Le coût

de l’électricité autoconsommée étant

en Allemagne bien inférieur au prix de

l’électricité achetée sur le réseau. En

2013, selon des données publiées par

R2B energy consulting, la part des ins-

tallations autoconsommant une partie

de leur production était en constante

augmentation. Elle aurait atteint près

de 95 % pour les centrales de moins de

10 kWc, 85 % pour les systèmes de 10 à

40 kWc, 70 % pour les installations de

40 kWc jusqu’à 1 MWc, puis ce chiffre

tombe à 2 % pour les centrales de plus

de 1 MWc. Le pourcentage moyen d’au-

toconsommation par installation est

relativement stable depuis 2011. Il est,

en 2013, de l’ordre de 27 % pour les ins-

tallations jusqu’à 40 kWc. Il monte à 38 %

pour les installations de 40 kWc jusqu’à

Graph. n° 1Puissance photovoltaïque par habitant des différents pays de l’Union européenne en 2014 (Wc/hab.)

Allemagne

Italie

Belgique

Grèce

Luxembourg

Rép. tchèque

Bulgarie

Malte

Slovénie

Slovaquie

Danemark

Espagne

Autriche

France*

Royaume-Uni

Chypre

Pays-Bas

Roumanie

Portugal

Lituanie

Suède

Croatie

Hongrie

Finlande

Lettonie

Pologne

Irlande

Estonie

Union européenne

474,1

303,5

277,2

236,8

200,1

196,1

140,8

127,5

124,2

109,0

106,9

102,9

90,6

87,6

81,3

75,5

65,4

64,8

40,2

23,1

8,2

8,1

3,9

1,9

0,6

0,8

0,2

0,1

171,5

* DOM non inclus. Source : EurObserv’ER 2015.

Tabl. n° 3Puissance photovoltaïque installée et connectée dans l’Union européenne durant les années 2013 et 2014* (en MWc)

2013 2014

Réseau Hors réseau Total Réseau Hors réseau Total

Royaume-Uni 1 033,0 0,0 1 033,0 2 448,0 0,0 2 448,0

Allemagne 3 304,0 5,0 3 309,0 1 899,0 0,0 1 899,0

France** 672,0 0,0 672,0 974,9 0,1 975,0

Italie 1 363,5 1,0 1 364,5 384,0 1,0 385,0

Pays-Bas 374,0 0,0 374,0 361,0 0,0 361,0

Roumanie 972,7 0,0 972,7 270,5 0,0 270,5

Autriche 208,8 0,0 208,8 140,0 0,0 140,0

Portugal 57,0 0,5 57,5 115,0 1,2 116,2

Belgique 458,9 0,0 459,0 65,2 0,0 65,2

Suède 18,0 1,1 19,1 35,1 1,1 36,2

Chypre 17,5 0,1 17,6 29,7 0,2 30,0

Danemark 169,0 0,2 169,2 29,0 0,1 29,1

Malte 9,5 0,0 9,5 26,0 0,0 26,0

Espagne 119,7 0,5 120,3 21,0 0,3 21,3

Pologne 0,4 0,2 0,6 19,7 0,5 20,2

Grèce 1 042,5 0,0 1 042,5 16,9 0,0 16,9

Luxembourg 21,0 0,0 21,0 15,0 0,0 15,0

Croatie 15,5 0,5 16,0 14,0 0,2 14,2

Slovénie 26,7 0,0 26,7 7,7 0,0 7,7

Hongrie 22,5 0,1 22,6 3,2 0,1 3,3

Slovaquie 45,0 0,0 45,0 2,0 0,0 2,0

Bulgarie 104,4 0,0 104,4 1,3 0,0 1,3

Irlande 0,0 0,1 0,1 0,0 0,0 0,1

Rép. tchèque 41,5 0,0 41,5 0,0 0,0 0,0

Estonie 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0

Finlande 0,0 1,0 1,0 0,0 0,0 0,0

Lettonie 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0

Lituanie 61,9 0,0 61,9 0,0 0,0 0,0

Union européenne 10 159,1 10,3 10 169,5 6 878,4 4,9 6 883,3

*Estimation. **DOM non inclus. Source : EurObserv’ER 2015.

Page 5: Baromètre photovoltaïque - Energies  · PDF fileloppement de l’électricité solaire en Asie, en Amérique du Nord, et dans les marchés émergents (Afrique du Sud, Amérique

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BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRil 2015 BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRil 2015

1 MWc et atteint 20 % pour les centrales

de plus de 1 MWc.

1,2 % d’électricité solaire en FranceEn France, si l’on tient compte de l’indi-

cateur incluant les contrats d’obligation

d’achat (et pas l’indicateur incluant les

raccordements), la puissance installée

en métropole (DOM non inclus) devrait

se situer selon EurObserv’ER aux alen-

tours de 5 600 MW à la fin de 2014, contre

4 625 MW en 2013, soit une puissance

connectée légèrement inférieure au

gigawatt. Cette reprise de la croissance

du marché fait suite à deux années de

baisse de la puissance raccordée en 2012

et 2013, années consécutives à la mise en

place du moratoire en décembre 2010.

Le niveau d’installation de l’année 2014

reste toutefois inférieur à celui de 2011

(+ 1 773 MW) et de 2012 (+1 150 MW). Sur le

plan de la production, le solaire photovol-

taïque représente désormais 1,2 % de la

production nationale (0,9 % en 2013), soit

5,5 TWh produits en 2014.

En France, pour les petites installa-

tions, le tarif d’achat reste le principal

outil d’incitation. Il est indexé tous les

trimestres en fonction du volume des

demandes de raccordement au cours du

Tabl. n° 4Puissance photovoltaïque connectée et cumulée dans les pays de l’Union européenne en 2013 et 2014 (en MWc)

2013 2014

Réseau Hors réseau Total Réseau Hors réseau Total

Allemagne 36 337,0 65,0 36 402,0 38 236,0 65,0 38 301,0

Italie 18 053,0 12,0 18 065,0 18 437,0 13,0 18 450,0

France* 4 614,3 10,7 4 625,0 5 589,2 10,8 5 600,0

Royaume-Uni 2 780,0 2,3 2 782,3 5 228,0 2,3 5 230,3

Espagne 4 740,8 25,2 4 766,0 4 761,8 25,5 4 787,3

Belgique 3 039,9 0,1 3 040,0 3 105,2 0,1 3 105,3

Grèce 2 578,8 7,0 2 585,8 2 595,8 7,0 2 602,8

Rép. tchèque 2 063,5 0,4 2 063,9 2 060,6 0,4 2 061,0

Roumanie 1 022,0 0,0 1 022,0 1 292,6 0,0 1 292,6

Pays-Bas 734,0 5,0 739,0 1 095,0 5,0 1 100,0

Bulgarie 1 018,5 0,7 1 019,2 1 019,7 0,7 1 020,4

Autriche 626,0 4,5 630,5 766,0 4,5 770,5

Danemark 571,0 1,4 572,4 600,0 1,5 601,5

Slovaquie 588,0 0,1 588,1 590,0 0,1 590,1

Portugal 299,0 3,8 302,8 414,0 5,0 419,0

Slovénie 248,1 0,1 248,2 255,9 0,1 256,0

Luxembourg 95,0 0,0 95,0 110,0 0,0 110,0

Suède 34,8 8,4 43,2 69,9 9,5 79,4

Lituanie 68,0 0,1 68,1 68,0 0,1 68,1

Chypre 33,9 0,9 34,8 63,6 1,1 64,8

Malte 28,2 0,0 28,2 54,2 0,0 54,2

Hongrie 34,3 0,6 34,9 37,5 0,7 38,2

Croatie 19,5 0,5 20,0 33,5 0,7 34,2

Pologne 1,8 2,4 4,2 21,5 2,9 24,4

Finlande 0,2 10,0 10,2 0,2 10,0 10,2

Lettonie 1,5 0,0 1,5 1,5 0,0 1,5

Irlande 0,2 0,9 1,0 0,2 0,9 1,1

Estonie 0,0 0,1 0,2 0,0 0,1 0,2

Union européenne 79 631,3 162,2 79 793,5 86 506,8 167,1 86 673,9

*DOM non inclus. Source : EurObserv’ER 2015.

Note : Selon le ministère tchèque de l’Industrie et du Commerce, la République tchèque a mis hors service 2,9 MW de puissance solaire en 2014.

trimestre précédent. Le tarif est égale-

ment fonction du degré d’intégration des

panneaux photovoltaïques dans le bâti

et de la puissance de l’installation. Entre

le 1er janvier 2015 et le 31 mars 2015, il était

de 26,55 c€/kWh pour les installations de

puissance comprises entre 0 et 9 kWc

pour l’intégration au bâti. Pour les sys-

tèmes en intégration simplifiée au bâti, il

était de 13,47 c€/kWh, entre 0 et 36 kWc,

et de 12,79 c€/kWh pour les systèmes

compris entre 36 et 100 kWc. Au-delà des

100 kWc, le système de soutien passe par

des appels d’offres, le tarif d’achat étant

trop bas (0,0662 €/kWh). Le dispositif de

soutien pour les installations photovol-

taïques sur très grandes toitures au-delà

de 250 kWc (plus de 2 500 m2 de panneaux)

et pour les centrales au sol repose sur

des appels d’offres ordinaires. Ce méca-

nisme consiste à répondre à un cahier

des charges standard, élaboré avec les

acteurs de la filière et prévoyant notam-

ment des exigences environnementales

et industrielles renforcées. Le dernier et

troisième appel d’offres de ce type a été

lancé en novembre 2014 et portait sur

l’installation de 400 MW (150 MW d’instal-

lations sur bâtiments, 200 MW pour des

installations au sol et 50 MW portant sur

des ombrières de parking). La date limite

de dépôt a été fixée au 1er juin 2015. Pour

les installations dont la puissance est

comprise entre 100 et 250 kWc, la pro-

cédure d’appel d’offres est simplifiée,

ce qui permet de garantir une réponse

plus rapide aux porteurs de projet, et de

prévenir tout phénomène spéculatif sur

le segment concerné. Un troisième appel

d’offres de ce type a été lancé en mars

2015. Il porte sur une capacité de 120 MW,

répartie sur trois périodes successives de

candidature d’une puissance de 40 MW

chacune et d’une durée de 4 mois. La

date de dépôt des offres de la première

période a été fixée au 21 septembre 2015.

Pour les acteurs de la filière, ces appels

d’offres sont importants, mais insuf-

fisants pour redonner une dynamique

de développement pérenne à la filière.

Arnaud Mine, le président de SER-Soler (la

branche solaire du Syndicat des énergies

renouvelables) reste très critique vis-à-

vis de l’utilisation qui est actuellement

faite des procédures d’appel d’offres.

Interviewé par le magazine Plein Soleil

en février dernier, il donnait son senti-

ment sur le sujet : « Nous vivons avec les

appels d’offres un moratoire qui ne dit

pas son nom. Les appels d’offres grandes

puissances sortent de-ci, de-là, sans

programmation et sans vision de moyen

terme, avec des volumes insuffisants et

des retards multiples ».

Baisse rétroactive des tarifs en ItalieSelon les données provisoires du GSE

(Service de gestion de l’énergie), l’Italie

aurait en 2014 installé 385 MW, portant

la puissance cumulée du parc photovol-

taïque italien à 18 450 MW. Le marché,

qui avait atteint un pic d’installation en

2011 avec 9 303 MW, n’a depuis cessé de

décélérer. Il avait atteint 3 017 MW en

2012, et 1 365 MW en 2013. La diminution

drastique du marché italien s’explique

par le fait que la limite de financement

du dernier programme Conto Energia a

été atteinte et que depuis lors, les inves-

tisseurs ne peuvent plus prétendre à

aucune incitation à la production. Cette

Tabl. n° 5Production d’électricité d’origine photovoltaïque dans les pays de l’Union européenne en 2013 et 2014* (en GWh)

2013 2014

Allemagne 31 010,0 34 930,0

Italie 21 588,6 23 299,0

Espagne 8 297,0 8 211,0

France 4 660,6 5 500,0

Royaume-Uni 2 035,6 3 931,0

Grèce 3 648,0 3 856,0

Belgique 2 640,0 2 768,0

Rép. tchèque 2 032,6 2 121,7

Roumanie 420,0 1 355,2

Bulgarie 1 361,0 1 244,5

Pays-Bas 516,0 800,0

Autriche 582,2 766,0

Portugal 479,0 631,0

Slovaquie 588,0 590,0

Danemark 517,5 557,0

Slovénie 219,5 244,6

Luxembourg 74,0 120,0

Chypre 56,0 104,0

Lituanie 45,0 73,0

Suède 35,0 71,5

Malte 31,0 57,8

Croatie 11,3 35,3

Hongrie 25,0 26,8

Pologne 4,0 19,2

Finlande 5,9 5,9

Irlande 0,7 0,7

Estonie 0,6 0,6

Lettonie 0,0 0,0

Union européenne 80 884,0 91 319,7

*Estimation. **DOM non inclus. Source : EurObserv’ER 2015.

Page 6: Baromètre photovoltaïque - Energies  · PDF fileloppement de l’électricité solaire en Asie, en Amérique du Nord, et dans les marchés émergents (Afrique du Sud, Amérique

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BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRil 2015 BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRil 2015

limite, qui correspond au montant maxi-

mum pouvant être distribué chaque

année depuis le début du programme

en 2005, avait été fixée, lors du Ve Conto

Energia, à 6,7 milliards d’euros. Au final,

d’après les données finales du tableau

de bord du GSE (le Contatore Fotovol-

taico), les cinq programmes successifs du

Conto Energia auront permis d’assurer

le financement de 531 542 installations

représentant une puissance cumulée

de 18 216,6 MW. Il est cependant difficile

de parler de succès en ce qui concerne

le programme it alien, car le pays a

financé au prix fort le développement

de sa filière. En effet, si on rapporte la

production d’électricité de l’année 2014

(23,3 TWh selon les données provisoires

de Terna) au coût annuel du programme,

chaque kilowattheure successif d’élec-

tricité solaire aura été financé à hauteur

de 28,8 c€. Ce chiffre peut sembler élevé

quand le coût de production du kilowat-

theure terrestre d’une centrale dans le

sud du pays est aujourd’hui inférieur à

10 c€/kWh, sachant que le programme

Conto Energia a principalement bénéfi-

cié aux centrales de forte puissance.

Afin de diminuer le coût de ce programme,

le gouvernement italien a décidé l’été

dernier de réduire les tarifs d’achat de

manière rétroactive, et ce à partir du

1er janvier 2015. La nouvelle loi prévoit

que les propriétaires de systèmes de plus

de 200 kW, disposant d’un tarif d’achat

garanti de 20 ans via le mécanisme du

Conto Energia, choisissent entre trois

solutions. La première est une réduction

immédiate des tarifs comprise entre 5

et 9 % (plus grand est le système, plus

la baisse est importante). La deuxième

solution est un prolongement de la

période de garantie du tarif d’achat de

20 à 24 ans, en échange d’une réduction

du tarif de 17 à 25 %. Le dernier choix

consiste en un rééchelonnage avec une

période initiale où le tarif est réduit et

une seconde où il est augmenté. Selon le

gouvernement, cette baisse rétroactive

des tarifs ne touchera que 6 % des pro-

priétaires de centrales, qui reçoivent au

total près de 60 % des subventions à la

production. Il estime que la loi permettra

une économie pour les consommateurs

d’électricité italiens de l’ordre de 1,5 mil-

liard d’euros en 2015. Parallèlement, la

loi a également instauré une taxe de 5 %

sur la production d’électricité autocon-

sommée. L’Italie est le pays qui accorde

la plus grande place à l’électricité solaire

dans son mix électrique, avec une part

estimée à 7,5 % en 2014.

l’industrie photovoltaïque de plus en plus puissante

La montée en puissance du marché mon-

dial du photovoltaïque en 2014 s’est logi-

quement traduite par une augmentation

sensible de la production de cellules et

de modules par les leaders mondiaux.

Dans le nouveau classement mondial,

les acteurs chinois continuent d’occuper

les places d’honneur en trustant, selon

EurObserv’ER, les six premières places

(tableau 6). Parmi les dix premiers fabri-

cants de modules, on compte également

un acteur japonais (Sharp Corporation),

un Taiwanais (Motech) et deux acteurs

américains (First Solar et SunPower).

La situation financière des principaux

industriels s’est améliorée en 2014, en

lien avec une demande importante liée à

l’expansion du marché mondial et à une

réduction du rythme de la baisse du prix

des modules. La réduction des coûts de

production des modules devenant supé-

rieure à la baisse des prix des modules

sur le marché, certains acteurs indus-

triels ont pu gagner en profitabilité.

Tabl. n° 6Principaux fabricants de modules photovoltaïques en 2014

Entreprises Technologies PaysLocalisation des

lignes de production

Livraison de modules

en 2014 (MWc)

Trina Solar Wafers, cellules mono et polycristallines, modules Chine Chine 3 660

Yingli Green

EnergyWafers, cellules mono et polycristallines, modules Chine Chine 3 361

Canadian SolarLingots, wafers, cellules, modules,

systèmes photovoltaïquesCanada, Chine Canada, Chine 3 105

Jinko SolarLingots, wafers, cellules, panneaux

photovoltaïques mono et polycristallinsChine Chine 2 944

JA Solar Modules de silicium mono et polycristallin Chine Chine 2 407

RenesolaWafers, modules de silicium polycristallin,

micro-onduleursChine

Pologne, Afrique du Sud, Inde,

Malaisie, Corée du Sud, Turquie, Japon

1 970

Sharp CorporationMono et polycristallin, couches minces

(silicium amorphe et polycristallin)Japon Japon, États-Unis 1 900

MotechCellules mono et polycristallines, modules

et onduleursTaïwan

Taïwan, Chine, Japon, États-Unis 1 632

First Solar Modules en couches minces (CdTe) États-Unis Malaisie, États-Unis 1 500

SunPower Cellules mono et polycristallines, modules États-Unis États-Unis, Philippines 1 254

Source : EurObserv’ER 2015 (d’après rapports financiers).

N400 km

N 400 km

Estonie n° 280,2

Roumanie n° 91 292,6270,5

Hongrie n° 2238,23,3

Croatie n° 2334,214,2

Finlande n° 2510,2

Suède n° 1879,436,2

Bulgarie n° 111 020,41,3

Grèce n° 72 602,8

16,9

Italie n° 218 450,0

385,0

France* n° 35 600,0

975,0

Royaume-Uni n° 45 230,32 448,0

Espagne n° 54 787,3

21,3

Autriche n° 12770,5140,0

Luxembourg n° 17110,0

15,0

3 105,365,2

Belgique n° 6 TOTAL UE86 673,9

6 883,3

Irlande n° 271,1 Lettonie n° 26

1,5

Allemagne n° 138 301,0

1 899,0

64,830,0

Chypre n° 20

256,07,7

Slovénie n° 16

Portugal n° 15419,0116,2

Pays-Bas n° 101 100,0

361,0

Danemark n° 13601,5

29,1

Malte n° 2154,226,0

Lituanie n° 1968,1

Pologne n° 2424,420,2

Rep. tchèque n° 82 061,0

0,1

Slovaquie n° 14590,12,0

Légende

Puissance photovoltaïque connectée et cumulée dans l’Union européenne en 2014 (en MWc)

Puissance photovoltaïque cumulée dans les pays de l’Union européenne fin 2014* (en MWc).

Puissance photovoltaïque connectée dans les pays de l’Union européenne durant l’année 2014* (en MWc).

86 673,9 6 883,3

* DOM inclus pour la France. Source : EurObserv’ER 2015.

Page 7: Baromètre photovoltaïque - Energies  · PDF fileloppement de l’électricité solaire en Asie, en Amérique du Nord, et dans les marchés émergents (Afrique du Sud, Amérique

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BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRil 2015 BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRil 2015

Autre tendance qui se confirme, afin de

diversifier leurs sources de rémunéra-

tion, de plus en plus de fabricants ne se

contentent plus de livrer des modules,

mais se tournent vers le développement

de projets, que ce soit pour des tiers via

des contrats EPC (engineering, procu-

rement and construction – ingénierie,

approvisionnement et construction)

ou pour leur propre compte. Enfin, cer-

tains acteurs phares s’intéressent aux

innovations dans l’ingénierie financière,

notamment via la création de “véhi-

cules” financiers, de type “ Yieldco”

comme nouveau vecteur de croissance

de leur activité et de monétisation de

leurs actifs. Une Yieldco est une société

cotée en bourse, dont les parts sont

échangées sur les marchés. Les divi-

dendes sont issus du revenu généré par

le portefeuille d’actifs, constitué de cen-

trales photovoltaïques en opération.

L’intérêt de ce type d’investissement

est qu’il supprime le risque inhérent au

développement des projets de centrales.

Autre innovation financière, le leasing,

dans lequel SunPower s’était déjà lancé

en 2014 en créant un fonds d’investis-

sement de 250 millions de dollars. Le

principe de ce système est de louer une

installation photovoltaïque (leasing) à

des propriétaires individuels pour un

prix inférieur à leur facture d’électricité

classique. Les particuliers peuvent alors

bénéficier immédiatement de l’énergie

solaire sans avoir à supporter le coût de

l’investissement initial. Le leasing, ainsi

que d’autres formes de financement par

des tiers, est devenu la principale forme

de développement du photovoltaïque

dans le secteur résidentiel aux États-

Unis.

trina soLar, nouveau numéro un mondiaL

En 2014, c’est le fabricant chinois Trina

Solar qui s’est arrogé le titre de premier

fabricant mondial de modules. Selon son

rapport financier annuel 2014, Trina Solar

aurait livré l’an dernier approximative-

ment 3,66 GW de modules (3,34 GW com-

mercialisés sur le marché et 324 MW de

projets internes à la société). Le fabricant

a ainsi augmenté ses livraisons en 2014

de 41,9 %, comparé aux 2,58 GW livrés en

2013. Le chiffre d’affaires net a logique-

ment augmenté de 28,8 % par rapport

à 2013 pour atteindre 2,29 milliards de

dollars. Selon l’industriel, cette augmen-

tation marquée est à mettre en relation

avec la forte demande sur les marchés

chinois, du Japon et des États-Unis, sur

lesquels Trina Solar est particulièrement

bien positionné.

Point important, ces bons résultats ont

permis à Trina Solar de renouer avec la

profitabilité. Selon son rapport financier

de 2014, le profit net est redevenu positif

avec 61,3 millions de dollars, en comparai-

son avec une perte nette de 72,2 millions

de dollars en 2013. Trina Solar reste très

optimiste pour l’avenir et estime être en

mesure de continuer à accroître ses gains

trimestre après trimestre. Ce retour à la

profitabilité s’explique, selon Trina Solar,

par sa capacité à atténuer la tendance à

la baisse des prix de vente moyens des

modules sans compromettre la qualité de

sa production. L’industriel prévoit égale-

ment de développer son portefeuille de

projets hors de Chine, au Royaume-Uni et

au Japon notamment.

yingLy sur La voie du redressement

La situation de Yingly Solar, qui assurait

le leadership mondial en 2012 et 2013,

est un peu moins favorable. La compa-

gnie chinoise, qui se voit de peu voler la

première place, estime cependant avoir

consolidé son volume d’activité. Dans

son rapport financier 2014, l’industriel

a annoncé avoir livré 3 361,3 MW en 2014

(incluant 260,3 MW de projets propres),

soit à peine plus qu’en 2013 (3 234,3 MW).

Le chiffre d’affaires net est en légère

diminution et passe de 13 418,1 millions

de yuans en 2013 (2 162 millions de dol-

lars) à 12 927,4 millions de yuans en 2014

(2 083,5 millions de dollars). La baisse du

chiffre d’affaires s’explique, selon Yingly,

par une diminution du prix de vente des

modules. Contrairement à Trina Solar,

Yingly n’est pas encore parvenu à renouer

avec la profitabilité en 2014. L’industriel

a annoncé une perte nette de 1 299,8 mil-

lions de yuans en 2014 (209,5 millions

de dollar s) contre une per te net te

de 1  944, 4  millions de yuans en 2013

(313,4 millions de dollars). Pour 2015, le

président chinois reste confiant sur les

perspectives de croissance du marché

mondial, spécialement après l’annonce

de son gouvernement en mars de fixer

imec

traitement des cellules solaires organiques à l’Institut de microélectronique et composants (Imec) à louvain, en Belgique.

un objectif d’installation de 17,8 GW pour

l’année en cours. L’industriel s’attend à

une augmentation de ses livraisons cette

année avec un volume compris entre 3,6

et 3,9 GW (incluant la livraison de 400 à

600 MW pour ses propres projets).

La profitabiLité de canadian soLar en hausse

Selon notre classement, le sinocanadien

Canadian Solar devrait se maintenir en

2014 sur la troisième marche du podium.

L’industriel a annoncé la livraison de

3 105 MW l’an dernier, mais précise que

seuls 2 813 MW ont été reconnus dans

son chiffre d’affaires de 2014 (contre

1,9 GW dans le revenu en 2013). Le chiffre

d’affaires net de l’entreprise est en forte

augmentation et passe de 1,65 milliard

de dollars à 2,96 milliards de dollars. La

profitabilité de l’industriel est également

en forte hausse, et passe de 31,7 millions

de dollars à 239,5 millions de dollars en

2014. Pour 2015, le fabricant s’attend éga-

lement à une augmentation de ses ventes

avec une livraison attendue comprise

entre 4 et 4,3 GW. Sur ce total, la vente

de modules à des tiers est estimée entre

3 300 et 3 500 MW, la vente de projets

(dont projets EPC) est comprise entre 235

et 275 MW, et enfin entre 460 et 490 MW de

projets seront financés en propre ou dans

le cadre d’un possible lancement d’une

Yieldco, dont les modalités sont encore

à déterminer.

En février 2015, Canadian Solar a éga-

lement annoncé qu’il avait conclu un

accord définitif avec Sharp Corporation

pour acquérir Recurrent Energy, un déve-

loppeur de projets solaires nord-améri-

cain, pour un montant de 265 millions de

dollars. Une fois terminée, cette acquisi-

tion permettra à l’industriel d’augmenter

sa réserve de projets d’investissement de

l’ordre de 4 GW, soit un chiffre d’affaires

potentiel de près de 3,2 milliards de dol-

lars. Ils s’ajouteront aux 4,5 GW de pro-

jets d’investissements déjà détenus par

Canadian Solar.

first soLar et sunpower Lancent une yieLdco en commun

First Solar est le premier industriel amé-

ricain de ce classement, avec la livraison

d’environ 1,5 GW en 2014 (la production

est, elle, évaluée à 1 846 MW en 2014). Son

rapport financier de 2014 indique que

l’entreprise a réalisé un volume de vente

un peu plus élevé qu’en 2013 (+ 2,5 %), soit

un chiffre d’affaires net de 3 392 millions

de dollars en 2014, comparé à 3 309 mil-

lions de dollars en 2013. Le profit net est

également en augmentation, et passe de

353 millions de dollars en 2013 à 396 mil-

lions en 2014. Le volume de vente a été

cependant moins important que prévu,

l’industriel prévoyait un chiffre d’affaires

compris entre 3,6 et 3,9 milliards de dol-

lars en 2014. First Solar précise égale-

ment avoir reçu en 2014 pour 2,5  GW

de nouvelles commandes, portant sa

réserve de projets cumulés à 13,5 GW. Ce

spécialiste mondial des modules au tel-

lurure de cadmium a également annoncé

en début d’année que TetraSun, sa nou-

velle unité de production de cellules et

de modules au silicium cristallin, avait

débuté sa production. L’unité, qui dispose

d’une capacité de production de 100 MW,

est déjà capable de produire des modules

avec un taux d’efficacité de 20,5 %.

SunPower, deuxième plus grand fabri-

cant de modules américain (détenu à 60 %

par le groupe français Total), spécialisé

dans les modules haut de gamme, a, lui,

annoncé avoir livré 1 254 MW officielle-

ment reconnus dans le chiffre d’affaires.

Ce dernier a dépassé les 3 milliards de

dollars en 2014 (3 027 millions de dollars)

contre 2,5 milliards de dollars en 2013

(2 507 millions de dollars). Le profit net

de l’entreprise est également en forte

augmentation, et passe de 95,6 millions

de dollars en 2013 à 245,8 millions de dol-

lars en 2014.

Ces deux fabricants américains, bien

que rivaux sur le marché mondial, ont

annoncé le 10 mars 2015 qu’ils avaient

fait les démarches légales pour créer une

société financière commune (50 % cha-

cun), de type Yieldco. Dans cette société,

nommée 8point3 Energy Partners, les

deux fabricants mettront en commun

des actifs choisis dans leurs portefeuilles

respectifs de centrales solaires. Cette

société permettra de lever des fonds

pour développer de nouveaux projets.

Le nombre d’actions et le prix public ini-

tial des actions de cette société (encore

soumise à autorisation), qui sera cotée

au Nasdaq, n’ont pas encore été détermi-

nés. La mise en place de Yieldco consti-

tuée d’actifs solaires de ce type n’est pas

Tabl. n° 7Les principaux développeurs européens de projets à grande échelle en 2014

Entreprises Pays

Capacité photovoltaïque

installée (en MWc)

Employés 2014*

Juwi AG/MVV Energie AG Allemagne 2 500 1 540

Belectric Allemagne 1 500 1 600

Abengoa * Espagne 1 223 24 750*

Enerparc Allemagne 1 200 n.c.

Saferay Allemagne 747 n.c.

EDF Énergies Nouvelles France 705 3 050

Martifer Portugal 560 3 000

Activ Solar Autriche 524 n.c.

GP Joule Allemagne 434 n.c.

Elecnor/Enerfin Espagne 250 13 000*

Les grandes entreprises de l’énergie et les principaux fabricants (tels que First Solar, Yingli ...) peuvent

aussi, grâce à leur taille et à leur capacité à mobiliser du capital, planifier, construire, détenir ou opérer des

portefeuilles conséquents de projets énergies renouvelables. Ce tableau ne représente pas un classement,

mais un aperçu des principaux développeurs de projets photovoltaïques en Europe.

* Tous les employés de la compagnie, y compris les autres activités du groupe. Source : EurObserv’ER 2015

(basé sur les données du projet Wiki-Solar et sur les informations mises à jour sur les compagnies).

Page 8: Baromètre photovoltaïque - Energies  · PDF fileloppement de l’électricité solaire en Asie, en Amérique du Nord, et dans les marchés émergents (Afrique du Sud, Amérique

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BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRil 2015 BAROMÈTRE phOTOvOlTAïquE – EUROBSERV’ER – AvRil 2015

une nouveauté aux États-Unis. En juillet

2014, le développeur américain Sun Edi-

son était parvenu à lever 600 millions de

dollars de fonds, et NextEra 450 millions

de dollars en juin 2014, de la même façon.

un marché plus stable jusqu’en 2020

Le marché photovoltaïque de l’Union

européenne est depuis trois ans à la

peine, bridé par des politiques publiques

soucieuses de reprendre le contrôle de

leur filière, et de panser les plaies “finan-

cières” liées à l’emballement du marché

au début de la décennie. La question est

de savoir quand les décideurs politiques

nationaux seront véritablement prêts

à relancer leurs filières sur des bases

plus solides, avec en toile de fond une

véritable vision de l’avenir des systèmes

énergétiques nationaux et européens.

Cette vision, c’est ce que cherche à mettre

en œuvre la Commission européenne

à travers son grand projet dévoilé le

25 février 2015 : l’Union européenne de

l’énergie. Cette “Union de l’énergie” n’est

pas sans rappeler la mise en place de la

CECA (Communauté européenne du char-

bon et de l’acier) en 1951, à une époque

où l’Europe s’est construite sur la gestion

commune du charbon. Ce nouveau projet

d’Union se veut plus durable et en phase

avec la réalité géopolitique actuelle de

l’Union européenne. Il vise en premier

lieu à réduire la dépendance énergétique

des 28 États membres, en particulier vis-

à-vis du gaz russe, les tensions géopoli-

tiques avec la Russie menaçant de plus en

plus clairement une partie des approvi-

sionnements énergétiques de l’Union. Il a

également pour objet de mettre en place

une véritable transition énergétique vers

une économie européenne à faible émis-

sion de carbone, respectueuse du climat,

en offrant une énergie la plus abordable

et compétitive possible.

Selon le communiqué de presse de la

Commission européenne, l ’Union de

l’énergie reposerait sur les principes sui-

vants. Elle implique une clause de solida-

rité, en réduisant la dépendance vis-à-vis

d’un fournisseur national unique, surtout

en cas de rupture d’approvisionnement

en énergie et une libre circulation de

l’énergie, qui suppose pour le marché de

l’électricité la mise en place d’un marché

plus interconnecté, davantage ouvert

aux énergies renouvelables. Cette libre

circulation vise notamment à remanier

les politiques de subventions de l’État

sur leur marché intérieur et éliminer les

subventions aux énergies préjudiciables

à l’environnement (notamment les sub-

ventions aux énergies fossiles). L’Union

de l’énergie donne également une prio-

rité à l’efficacité énergétique et la transi-

tion vers une société à faible intensité de

carbone dans une perspective durable.

Ce dernier point nécessite une aptitude

du réseau électrique à absorber facile-

ment et efficacement de l’énergie pro-

duite localement, notamment à partir de

sources d’énergie renouvelable.

Cette question, si elle est posée au niveau

de l’Union européenne, n’est pas encore

clairement tranchée au niveau de cer-

tains pays membres. Certains gouverne-

ments considèrent l’énergie comme un

domaine trop stratégique pour en confier

la gestion à l’exécutif communautaire.

Les gouvernements subissent également

la pression de leurs acteurs nationaux

(dont ils sont eux-mêmes le plus souvent

actionnaires), défendant leurs propres

intérêts économiques.

Une autre piste de travail qui pourrait

voir dans le jour cette Union de l’éner-

gie serait une meilleure répartition

à l’échelle européenne des investisse-

Graph. n° 2Tendance actuelle de la puissance photovoltaïque installée par rapport à la Feuille de route des Plans d’action nationaux énergies renouvelables NREAP (en GWc)

2012 2013 2014 2015 2020 2030

84,4

54,4 Feuille de route des NREAP

Tendanceactuelle

69,6 79,8 86,5 94,5

129,5

480,0

Source : EurObserv’ER 2015.

ments nationaux, visant à optimiser le

mix électrique directement à l’échelle de

l’Union européenne. Pour le solaire pho-

tovoltaïque, cela impliquerait de favori-

ser le développement dans les pays du

sud de l’Europe, là où l’électricité solaire

est la meilleure marché. Cette possibi-

lité de coopération entre États membres

existe déjà dans le cadre de la directive

actuelle sur les énergies renouvelables

(article 9), mais elle est aujourd’hui très

peu utilisée.

Au-delà des déclarations de bonnes inten-

tions de certains grands pays, la relance

du marché des énergies renouvelables

ne peut passer que par une remise en

cause concrète du système actuel, et par

la mise en œuvre de cadres juridiques

et législatifs facilitant l’intégration des

énergies renouvelables dans le mix élec-

trique. Cette intégration doit à la fois

s’effectuer au niveau local (production

locale et autoconsommation) à travers la

mise en place de réseaux intelligents, et

au niveau européen avec la mise en place

d’infrastructures permettant de faciliter

les échanges d’électricité verte avec nos

voisins. L’action ou l’inaction dans ces

domaines constituera le véritable baro-

mètre de la transition énergétique.

Force est de constater qu’en 2015, l’effet

de balancier est encore du côté des parti-

sans du ralentissement de la progression

des énergies renouvelables. En matière

de solaire photovoltaïque, l’ambition

législative principale de certains États

membres est la mise en place de mesures

rétroactives dans leur système de sou-

tien à la production visant à réduire le

prix de leur facture électrique. C’est déjà

le cas en Espagne, en Italie et dans cer-

tains pays d’Europe centrale, comme en

République tchèque, ou encore la mise

en place de taxes solaires sur l’électricité

autoconsommée. La généralisation et la

banalisation de ces mesures pourraient

entraver durablement la relance du mar-

ché européen du solaire. La fixation d’un

cadre juridique défini préalable indispen-

sable au développement de l’autocon-

sommation et la mise en place de réseau

prend étonnamment beaucoup plus de

temps.

Pour ces raisons, EurObserv’ER a une

fois de plus dû revoir à la baisse ses pro-

jections concernant la puissance pho-

tovoltaïque cumulée à 2020. Le fait que

l’Union européenne ait dépassé en 2014,

et avec six ans d’avance, les objectifs

cumulés des plans nationaux énergie

renouvelable peut sembler anecdotique

(graphique 2), tant les pays avaient sous-

estimé les potentialités de l’électricité

solaire lors de leur élaboration en 2009

et 2010.

Toutefois, selon les prévisions de crois-

sance des principaux marchés de l’Union

européenne, 2015 devrait marquer la fin

de la décroissance hémorragique du mar-

ché de l’Union européenne. Selon EurOb-

serv’ER, la croissance devrait même être

positive et se situer aux environs de 8 GW,

pour ensuite rester sur un volume d’ins-

tallation annuelle relativement stable.

Ce relai de croissance reste encore fra-

gile. Il s’appuie en grande partie sur la

dynamique du marché du Royaume-Uni,

une légère reprise du marché allemand

en lien avec les objectifs cibles du pays,

le maintien du marché français à 1 GW, et

une reprise modérée du marché italien

(également aux alentours du gigawatt),

portée par la mise en place de la nouvelle

législation encadrant l’autoconsomma-

tion et la mise en place sur le marché de

systèmes de stockage de l’électricité.

D’ici peu, un autre vecteur de croissance

pourrait faciliter la relance du marché

européen. Il s’agit de la mise en place

pour les consommateurs de nouveaux

modèles de financement(1), comme ceux

réalisés par des tiers (système de lea-

sing), qui est actuellement le principal

vecteur de développement du solaire

aux États-Unis. Ces modèles pourraient

être en partie portés par les compagnies

d’électricité, à condition qu’elles aient

fait leur deuil du passé, et fassent le choix

d’accompagner le développement de

cette transition énergétique. 

EurObserv’ER met à disposition sur

www.energies-renouvelables.org

(lan gue française) et www.

eurobserver.org (lan gue anglaise)

une base de données interactive des

indicateurs du baromètre. Disponible

en cliquant sur le bandeau

“Interactive EurObserv’ER Database”,

cet outil vous permet de télécharger

les données du baromètre sous

format Excel.

Télécharger

Le prochain baromètre traitera du solaire thermique et de l’héliothermodynamique

Sources tableaux 3 et 4 : Photovoltaic Austria,

Apere (Belgique), APEE Bulgaria, Université de

Zagreb, Croatian Energy Market Operator –HROTE

(Croatie), Institut de l’Énergie de Chypre, ministère

de l’Industrie et du Commerce (République tchèque),

PA Energy Ltd et ENS (Danemark), AGEE-Stat

(Allemagne), Helapco (Grèce), Université of Miskolc

(Hongrie), GSE (Italie), NSO (Malte),

Zonnestroomnl.nl, IEO (Pologne), DGGE et EDP

(Portugal), AHK Rumaenien, ECB (Slovaquie),

JSI (Slovénie), REE (Espagne), Université d’Uppsala

(Suède), DECC (Royaume-Uni).

Ce baromètre a été réalisé par Observ’ER dans le cadre du projet “EurObserv’ER” regroupant Observ’ER (FR), ECN (NL), Institute for Renewable Energy (EC BREC I.E.O, PL), Jozef Stefan Institute (SL), Renac (DE) et Frankfurt School of Finance & Management (DE). Le contenu de cette publication n’engage que la responsabilité de son auteur et ne représente ni l’opinion de la Communauté européenne, ni celle de l’Ademe ou de la Caisse des dépôts. Ni la Commission européenne, ni l’Ademe, ni la Caisse des dépôts, ne sont responsables de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y figurent. Cette action bénéficie du soutien financier de l’Ademe, du programme Énergie Intelligente – Europe et de la Caisse des dépôts.

(1) “PV Financing” est un projet européen qui vient

de démarrer et doit élaborer de nouveaux modèles

d’affaires dans le photovoltaïque pour aider la filière

à continuer de se développer hors tarif d’achat. Plus

d’info sur www.pv-financing.eu