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COMMUNE DE PONET ST AUBAN ASSOCIATION PONET NOTRE VILLAGE Bassin ancien à rouir le chanvre ou « routoir » appelé les Serves (réservoir d’eau en occitan). En 2012 avant la restauration, le pilier au fond à droite n’a pas pu être remonté. Ce bassin en pierre ne figure pas sur le Cadastre Napoléonien de Ponet de 1823 car les annexes de type agricole n’y figurent pas. Il a sans doute été construit au début du XIXème siècle, si l’on se base sur deux autres exemplaires inscrits à l’inventaire général du patrimoine culturel national (Curtil-Saint-Seine en Côte d’Or (1803) et Trédarzec en Côtes d’Armor XVII et XVIII ème siècle). Ce type de bassin est parfois appelé « routoir ». Un muret central le sépare en deux parties. Il y a deux becs qui y amenaient l’eau via le débordement du lavoir qui se trouve en amont. Celui-ci était alimenté par une fontaine en pierre à trois niveaux taillée dans un seul bloc. On ne sait pas qui a taillé cette fontaine. La source qui alimentait le lavoir puis le bassin en deux parties égales, via le débordement de celui-ci, a été perdue. Elle arrivait via des canalisations en terre cuite. Le bassin mesure 12 mètres sur 6. Une pierre de porche trouvée sur place est gravée 1844. La parcelle du cadastre 277 sur laquelle il se situe, appartenait à JEAN Antoine qui était conseiller municipal à Ponet en 1834. Yves Ribard (SCI Ribard), le propriétaire actuel, a réalisé un dessin imaginé à partir des premières fouilles. Les tuiles trouvées et le pilier qui n’a pas pu être remonté, font supposer que la partie lavoir en haut possédait un auvent en tuiles pour protéger des intempéries. LA SAUVEGARDE DU BASSIN : Face au délabrement du bassin envahi par les arbres, et à la rareté de ce type de construction agricole encore visible, l’association « Ponet notre village » a décidé de monter des dossiers de demande de subvention à l’association de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme et à la Fondation du Patrimoine Rhône Alpes en 2012, pour le sauver de l’oubli et rappeler au public qu’il fait partie du patrimoine agricole comme les cabanons des vignes de Châtillon en Diois par exemple. Les travaux ont consisté en un travail d’élagage et de déblayage assurés par les bénévoles de l’association « Ponet notre village ». Une convention est signée avec le propriétaire qui donne son accord pour en faire un espace de visite. Une convention de collaboration a été signée en mars 2013 avec le GRETA VIVA 5 : les chantiers d'application pratique de stagiaires en formation Ouvriers Professionnels de la Chaux dans le bâtiment sont intervenus pendant deux semaines en octobre 2013 et en novembre 2014. Les murs des deux parties du bassin ont été remontés et jointoyés. Au printemps 2015, les bénévoles de l’association continuent les travaux en dégageant la partie lavoir, en replaçant la fontaine en pierre et en remontant un mur en pierres sèches sur le talus en amont. Et en semant au fond des deux parties du bassin, de la prairie fleurie, puisqu’il ne pourra plus jamais être mis en eau. Dessin imaginé par Yves Ribard

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COMMUNE DE PONET ST AUBAN

ASSOCIATION PONET NOTRE VILLAGE

Bassin ancien à rouir le chanvre ou « routoir » appelé les Serves (réservoir d’eau en occitan).

En 2012 avant la restauration, le pilier au fond à droite n’a pas pu être remonté.

Ce bassin en pierre ne figure pas sur le Cadastre Napoléonien de Ponet de 1823 car les annexes de type agricole n’y figurent pas. Il a sans doute été construit au début du XIXème siècle, si l’on se base sur deux autres exemplaires inscrits à l’inventaire général du patrimoine culturel national (Curtil-Saint-Seine en Côte d’Or (1803) et Trédarzec en Côtes d’Armor XVII et XVIII ème siècle). Ce type de bassin est parfois appelé « routoir ». Un muret central le sépare en deux parties. Il y a deux becs qui y amenaient l’eau via le débordement du lavoir qui se trouve en amont. Celui-ci était alimenté par une fontaine en pierre à trois niveaux taillée dans un seul bloc. On ne sait pas qui a taillé cette fontaine.

La source qui alimentait le lavoir puis le bassin en deux parties égales, via le débordement de celui-ci, a été perdue. Elle arrivait via des canalisations en terre cuite. Le bassin mesure 12 mètres sur 6. Une pierre de porche trouvée sur place est gravée 1844. La parcelle du cadastre 277 sur laquelle il se situe, appartenait à JEAN Antoine qui était conseiller municipal à Ponet en 1834. Yves Ribard (SCI Ribard), le propriétaire actuel, a réalisé un dessin imaginé à partir des premières fouilles. Les tuiles trouvées et le pilier qui n’a pas pu être remonté, font supposer que la partie lavoir en haut possédait un auvent en tuiles pour protéger des intempéries.

LA SAUVEGARDE DU BASSIN : Face au délabrement du bassin envahi par les arbres, et à la rareté de ce type de construction agricole encore visible, l’association « Ponet notre village » a décidé de monter des dossiers de demande de subvention à l’association de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme et à la Fondation du Patrimoine Rhône Alpes en 2012, pour le sauver de l’oubli et rappeler au public qu’il fait partie du patrimoine agricole comme les cabanons des vignes de Châtillon en Diois par exemple.

Les travaux ont consisté en un travail d’élagage et de déblayage assurés par les bénévoles de l’association « Ponet notre village ». Une convention est signée avec le propriétaire qui donne son accord pour en faire un espace de visite. Une convention de collaboration a été signée en mars 2013 avec le GRETA VIVA 5 : les chantiers d'application pratique de stagiaires en formation Ouvriers Professionnels de la Chaux dans le bâtiment sont intervenus pendant deux semaines en octobre 2013 et en novembre 2014. Les murs des deux parties du bassin ont été remontés et jointoyés. Au printemps 2015, les bénévoles de l’association continuent les travaux en dégageant la partie lavoir, en replaçant la fontaine en pierre et en remontant un mur en pierres sèches sur le talus en amont. Et en semant au fond des deux parties du bassin, de la prairie fleurie, puisqu’il ne pourra plus jamais être mis en eau.

Dessin imaginé par Yves Ribard

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LA CULTURE DU CHANVRE en DAUPHINÉ La culture du chanvre était courante entre 1750 et 1850 en Bretagne, dans le Limousin et dans le Dauphiné. Dans l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert, il est écrit à propos des chanvres du Dauphiné : « il n’est guère de fermes, de métairies, de domaines dans cette Province ou l’on ne cultive du chanvre : tout celui qu’on emploie dans ses fabriques de toiles est de son cru… » Le chanvre a été utilisé dès le XII ème Siècle pour la pâte à papier, puis pour les cordages et voiles de bateau, et de façon très répandue pour la fabrication de draps et de vêtements. Le chènevis (graine de chanvre) était semé au printemps. Au bout de 2 mois, la plante pouvait atteindre 3 mètres de hauteur. A la récolte, il était assemblé en « poignées », puis transporté pour « le rouissage » : Le chanvre était mis dans l’eau dans un étang ou un bassin, en couches croisées surmontées de pierres pour lui éviter de remonter à la surface. La plante se décomposait ainsi pendant une quinzaine de jours, puis était étendue pour le séchage. Ensuite les tiges étaient écrasées et broyées pour récupérer la matière qui serait filée. La chènevotte servait de litière pour les animaux car elle est dotée d'un grand pouvoir absorbant. Les fibres étaient soit filées au rouet, par les femmes pour confectionner des étoffes, soit envoyées sous forme de «filasse» dans des fabriques pour faire des câbles, des haubans, des cordes, des ficelles, et surtout des voiles. Le chanvre était aussi auparavant utilisé pour faire du papier. C'est sur ce dernier, que Gutenberg imprima sa Bible en 1450. Sans la toile de chanvre, les artistes auraient continué à peindre des fresques et bien des tableaux nous seraient inconnus. En 1770 la machine à séparer les graines de coton de leurs fibres fut inventée et le prix de la toile de coton fut divisé par 100. Le chanvre fut détrôné, sa culture diminua, la fibre synthétique lui asséna le coup de grâce…Jusqu’à ces dernières années. Car le chanvre est de nouveau produit et transformé en matériaux d’isolation et de construction.

Le rouissage Étape essentielle, le rouissage contribuait à la qualité de la fibre de chanvre. Le rouissage avait pour but de séparer les parties filamenteuses des plantes textiles ; on mettait à rouir le chanvre, mais aussi le lin par exemple. La «filasse », les fibres si utiles de cette plante, est en effet contenue dans sun écorce, mêlée à une sorte de gomme qui se dissout par fermentatíon lors du rouissage. Les plants étaient d’abord mis a sécher pour éliminer les feuilles et réunis en bottes (ou ja-velles selon les régions). Ensuite pendant quelques jours, les bottes de chan-vre étaient étalées sur un champ et retournés régu-

lièrement, afin que les deux côtés prennent l’humidité. La fermentation se faisait par fraction répétée de la rosée et du soleil. Cela permettait aussi de commencer à séparer les fibres de la « chènevotte », le cœur de la tige, et d'assouplir cette filasse. Pour compléter ce type de rouissage dit « sur pré », le chan-vre était immergé, soit directement dans le lit d'une rivière, soit dans des bacs appelés « rouissoirs, rou-toirs ou nazoirs ›› alimentés par I'eau de pluie ou par une source proche. Cela pouvait durer de 8 à 15 jours se-lon la température ambiante .Dans certaines régions, on menait le rouissage en enterrant simplement les bottes de chanvre dans des fosses qu'on recouvrait de terre. Le rouissage provoquait un début de décomposition aboutissant â I'extraction des fibres par l’élimination des gommes et des résines liant les éléments de la tige. C’était une opération très délicate. Une journée de trop dans l’eau pouvait par exemple compromettre définitivement la résistance de la fibre. Au bout de six ä huit jours de stagnation dans l’eau, le chanvrier passant un doigt sur la tige, pour en re-tirer la gomme afin de savoir si le chanvre était bien roui. La méthode du rouis-sage en eau vive avait pour inconvénient majeur de polluer les rivières et les cours d’eau. De nombreuses maladies déclarées obligèrent les communautés à interdire ce procédé préjudiciable pour la santé des habitants. Il fallut attendre la fin du 19e siècle pour qu’un arrêté préfectoral interdise définitivement le rouis-sage en rivière pour des raisons d’insalubrité. Une fois roui, il fallait séparer définitivement la fibre de chanvre de la chènevotte, le cœur de tige, par broyage ou par teillage.

Champs de chanvre et de lin vers 1850 : récolte, mise en bottes, rouissage et transport.

Hanfeinlegen (immersion du chanvre), huile de Théodore von Hörmann, peintre autrichien du XIX e siècle.

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Il y a chanvre et chanvre ! Le chanvre, Cannabis sp., famille des Cannabinaceae, est une plante annuelle herbacée à feuilles palmées. Cannabis sativa est surtout cultivé pour sa tige (fibre textile), ses graines (chènevis pour les oiseaux et huile). Le chanvre indien, Cannabis indica, est plutôt utilisé pour sa fumée hallucinogène. En fait, il s'agit seulement de deux variétés qui diffèrent par la teneur en substances psychotropes. Le principe actif est le tétrahydrocannabinol qui va de 0 à 0,2 % pour les variétés autorisées à plus de 10% pour les variétés utilisées comme drogue. La culture du chanvre, sous contrat de production, autorisée avec des variétés certifiées "non drogue", est soumise à déclarations officielles dans le cadre de la réglementation de la culture du chanvre en France. La réglementation diffère dans d'autres pays où le tétrahydrocannabinol entre dans la composition de médicaments

analgésiques particulièrement efficaces contre les douleurs intenses dues à la sclérose en plaques et à certains cancers. Même si la fameuse toile « de Nîmes », origine du jean, était filée de chanvre, l’arrivée du coton, du charbon et du pétrole conduit à l’abandon progressif de la culture du chanvre en Europe. Aux USA, les progrès de la chimie introduisent les fibres synthétiques (Brevet du nylon en 1938) en alternative aux fi-bres naturelles. Il faut donc combattre le chanvre ! En 1937, Le “Marijuana Tax Act” bannit le chanvre des cultures. Et de la pharmacopée américaine où il figurait pourtant en bonne place. En 1942, l’armée américaine a besoin de ses qualités pour tisser toiles de tentes et cordages. Le gouver-nement US produit alors le film de propagande “Hemp for Victory” destiné à promouvoir la culture de la fibre honnie. Mais dès 1945, le nylon est là et la culture du chanvre définitivement bannie - via l’ONU - dans tous les pays du monde… Seules, la France et l’URSS résisteront.

Aujourd’hui, l’heure de la revanche a sonné ! La France est aujourd’hui le premier producteur européen. Plébiscité dans le monde entier pour ses qua-lités environnementales (puits de carbone, capteur de métaux lourds, digesteur d’effluents d’égouts, ex-pert de l’éco-construction), le chanvre s’inscrit dans la modernité. A la pointe de l’innovation, le chanvre entre dans la composition des nouveaux matériaux bio-sourcés. La fibre de chanvre est utilisée en plasturgie automobile, dans la construction comme, isolant mais aussi en papeterie pour la fabrication de billets de banque ou papiers à cigarette. Le bois intérieur (chènevotte) sert de paillage en horticulture, de litière pour animaux, et dans l'éco-construction (enduits chaux-chanvre, dalle de béton de chanvre). La poussière, elle, se recycle dans le compostage et la mé-thanisation.

ATTENTION ! La culture du chanvre sous contrat de production, autorisée avec des variétés certifiées "non drogue", est soumise à déclarations officielles. Bien que dépourvu de propriétés stu-péfiantes, il est soumis à une réglementation très stricte. Réglementation générale : la production, la vente et l'emploi du chanvre non homolo-gue sont interdits (Décret n° 88-1231 du 29/12/1988 relatif à certaines substances et pré-parations dangereuses . J.O. du 31/12/1988 Sont interdits la production, la mise sur le marché, l'emploi et l'usage : 1- du Cannabis, de sa plante et de sa résine, des préparations qui en contiennent ou de celles qui sont obtenues à partir du Cannabis, de sa plante ou de sa résine ; 2- des Tétrahydrocannabinols, de leurs esters, éthers, sels ainsi que des sels des dérivés précités et de leurs préparations.

Variétés textiles autorisées Cultures traditionnelles avant réglementation

Plants pour haschich

Teneur en substances psycho-tropes (cannabinol) des variétés de chanvre en % de matière sèche

0 à 0,2 % Environ 2 % 10 à 20 %