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Bilan 5ème journée du B B. Sécurité civile et patrimoine. Strasbourg 2010.12. MD Parchas. SIAF. 1 Bilan de la 5 ème journée d’étude du Bouclier Bleu Sécurité civile et patrimoine Cultures à risques ? - Lieu : Strasbourg- Médiathèque André Malraux - Date : 14-15 décembre 2010 - Nombre d’inscrits : 42 - Objectif : « comprendre, découvrir, faire connaître les relations entre les professions du secours et celles de la conservation du patrimoine en vue de la préservation et de la sauvegarde de celui-ci- Allocution de bienvenue : o Souad El Mavsour, vice-présidente de la communauté urbaine de Strasbourg o Christophe Jacobs, président du comité français du Bouclier Bleu C’est aussi l’occasion de faire le point sur les relations entre les professions du secours et celles de la conservation du patrimoine. Qu'il s'agisse de collaborations en amont ou en post- sinistre, il est toujours intéressant d'aborder ces retours d'expériences qui permettent aux interlocuteurs de dialoguer plus facilement, de mieux connaître les impératifs et les logiques de travail de chacun, enfin d'améliorer la compréhension de nos activités respectives » Christophe Jacobs. Programme 1. Se connaître Lcl Philippe Blanc, chef de la section Planification au sein de la sous-direction de la Gestion des Risques du Ministère de l’Intérieur, de l’Outre-mer - Le maillage territorial, les acteurs, la protection des enjeux patrimoniaux. Ltn Ariane Pinauldt, officier traitant le patrimoine à l’état-major de l’armée de Terre - La culture- les réseaux professionnels, les acteurs, la protection des enjeux patrimoniaux. Lcl Morin, sapeur pompier, responsable de la sécurité et sûreté à la direction générale des patrimoines : Sensibiliser à la gestion des risques encourus par le patrimoine - Formations initiales, continues et lieux de sensibilisation des pompiers et des responsables d’établissements culturels et patrimoniaux. 2. Le RETEX (retour d’expérience) : partager l’information et améliorer les processus de prévision et d’intervention Major Richard Maisonnave, officier - Coopération entre une institution culturelle militaire et les pompiers lors des inondations de Draguignan, été 2010. Joël Guiraud- L’incendie du musée des Beaux-arts de Pontarlier (1995) : absent.

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Bilan 5ème journée du B B. Sécurité civile et patrimoine. Strasbourg 2010.12. MD Parchas. SIAF.

1

Bilan de la 5ème

journée d’étude du Bouclier Bleu

Sécurité civile et patrimoine

Cultures à risques ?

- Lieu : Strasbourg- Médiathèque André Malraux

- Date : 14-15 décembre 2010

- Nombre d’inscrits : 42

- Objectif : « comprendre, découvrir, faire

connaître les relations entre les professions du

secours et celles de la conservation du patrimoine

en vue de la préservation et de la sauvegarde de

celui-ci…

- Allocution de bienvenue :

o Souad El Mavsour, vice-présidente de la

communauté urbaine de Strasbourg

o Christophe Jacobs, président du comité

français du Bouclier Bleu

…C’est aussi l’occasion de faire le point sur les relations entre les professions du secours et

celles de la conservation du patrimoine. Qu'il s'agisse de collaborations en amont ou en post-

sinistre, il est toujours intéressant d'aborder ces retours d'expériences qui permettent aux

interlocuteurs de dialoguer plus facilement, de mieux connaître les impératifs et les logiques

de travail de chacun, enfin d'améliorer la compréhension de nos activités respectives »

Christophe Jacobs.

Programme 1. Se connaître

Lcl Philippe Blanc, chef de la section Planification au sein de la sous-direction de la Gestion

des Risques du Ministère de l’Intérieur, de l’Outre-mer - Le maillage territorial, les acteurs,

la protection des enjeux patrimoniaux.

Ltn Ariane Pinauldt, officier traitant le patrimoine à l’état-major de l’armée de Terre - La

culture- les réseaux professionnels, les acteurs, la protection des enjeux patrimoniaux.

Lcl Morin, sapeur pompier, responsable de la sécurité et sûreté à la direction générale des

patrimoines : Sensibiliser à la gestion des risques encourus par le patrimoine - Formations

initiales, continues et lieux de sensibilisation des pompiers et des responsables

d’établissements culturels et patrimoniaux.

2. Le RETEX (retour d’expérience) : partager l’information et améliorer les processus

de prévision et d’intervention

Major Richard Maisonnave, officier - Coopération entre une institution culturelle militaire et

les pompiers lors des inondations de Draguignan, été 2010.

Joël Guiraud- L’incendie du musée des Beaux-arts de Pontarlier (1995) : absent.

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Cdt Philippe Goupil, chef du groupement Prévision au sein de la Direction des risques du

domaine du château de Versailles - Partager l’information et améliorer les processus de

prévision et d’intervention.

3. Stratégies communes de prévention et de prévision

Jacques Faye, architecte-urbaniste en chef de l’Etat, chef du Bureau de l’information

préventive, de la coordination au ministère de l’Ecologie- Introduction, Prévenir ensemble

les risques majeurs : quelle coopération ?

Capitaine Marc Opperman, Major J P Cabut, pompiers (SDIS 67) – La mise en sécurité

incendie de l’ouvrage « château du Haut Koenigsbourg » Alsace.

Stéphane Ceccaldi, SDIS 78 – Plan de sécurité d’opérateurs du château de Monté Cristo à

Port Marly.

Pantxilka de Paepe, responsable du musée, Major Louviau, SDIS 68- Le plan de prévention

du musée d’Unterlinden (retable d’Iseinheim).

Capitaine Rémi Capart, chef du centre de secours de Chantilly (SDIS 60)- Organiser un

exercice d’évacuation des collections d’un château-musée.

4. Réunion de travail

- Quelle méthodologie de RETEX pour le patrimoine ? Quel partage d’informations

envisager ?

- Quelles coopérations envisager entre les pelotons de secours et d’incendie des grands

établissements culturels et les SDIS ?

Pourquoi Strasbourg ? Après Caen, Toulouse, Marseille et Paris, le choix de Strasbourg pour accueillir ces 5èmes

journées a été influencé par l’exposition à la Médiathèque André Malraux commémorant

l’incendie de la bibliothèque de la ville dans la nuit du 24 au 25 août 1870. . « Ce fut là,

certainement la plus monstrueuse et la plus inutile des destructions parmi tant d’autres »

Rodolphe Reuss. En cet été, les prussiens assiègent et pilonnent avec une rare intensité

Strasbourg, visant en particulier les bâtiments emblématiques. De nombreux strasbourgeois,

conscients de vivre des moments héroïques et historiques ont tenu quotidiennement leur

journal ou ont écrit, après coup, leurs témoignages sur le siège de la ville.

L’exposition le retrace et évoque aussi la reconstruction de la bibliothèque (1872-1895)

« Nous croyons que la municipalité n’a pas le droit de se désintéresser lorsqu’il s’agit de

travailler au développement intellectuel et à la culture morale de nos concitoyens. Ce serait

là un abandon que rien ne justifierait de nos traditions séculaires » février 1872, l’adjoint au

maire chargé de l’instruction publique, Edouard Gogel.

RESUME Les pompiers ont évoqué avec passion leurs expériences de collaboration étroite avec les

responsables d’établissements culturels prestigieux classés ETARE : châteaux de Chantilly,

Versailles, Haut-Koenigsbourg (Alsace) et Montecristo (Alexandre Dumas), couvent-musée

d’Unterlinden de Colmar (retable d’Issenheim de Grünewald). Ils se sont basés sur un retour

d’expérience (RETEX) pour améliorer leurs pratiques et ont ainsi mené une étude sur les

grandes catastrophes ayant altéré ou détruit le patrimoine. La cause principale, l’incendie, est

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principalement évoquée par les pompiers. Les problèmes majeurs viennent de combles non

cloisonnés des monuments historiques et souvent de grande hauteur, l’accès à un volume

d’eau insuffisant de même que l’impossibilité de respecter les règles de sécurité dans un

monument historique ce qui oblige à imaginer d’autres moyens pour réduire le risque.

Les dispositifs législatifs, organisationnels, humains sont évoqués à tous les niveaux :

l’institution patrimoniale (plan de sauvegarde des collections), les municipalités (rôle des

maires, DICRIM, Plan de prévention des risques, PPR et des risques inondation, PPRI,

repères de crues…), le niveau départemental (rôle des préfets, ORSEC…) et enfin au niveau

national (rôle des Ministères de l’intérieur, de l’écologie et du développement durable, de la

culture (département de la maîtrise d’œuvre, de la sûreté et de la sécurité). De même, ont été

évoquées les actions de sensibilisation et de formation tant des pompiers que du personnel

des institutions avec un souhait que les formations de l’INP et des écoles d’architectures

fassent enfin participer les pompiers lors des formations données sur la gestion des risques.

Malgré les lois de modernisation de l’état imposant que soit prise en compte la sauvegarde du

patrimoine lors de catastrophes, les actions tardent à se concrétiser. Le Bouclier Bleu pourrait

jouer un rôle plus important si, telle la Croix-Rouge, il recevait un agrément ou signait des

conventions avec les ministères concernés, notamment le Ministère de l’écologie et du

développement durable, pour aider au développement des plans de sauvegarde et des

formations aux risques. Il serait aussi souhaitable de créer un observatoire national des risques

sur le patrimoine et ses enjeux au Ministère de la culture avec éventuellement une délégation

de compétence au Bouclier Bleu. De même, une circulaire permettrait de sensibiliser

l’ensemble des SDIS, des conseils généraux et des préfectures sur cette question en

demandant que soit nommé un référent patrimoine culturel. Une cartographie des sites

culturels menacés compléterait ce dispositif (le département des Yvelines en créée une à partir

de la base Mérimée). Une action au niveau européen serait aussi à développer en complétant

la directive européenne sur les inondations de biens culturels.

Il reste à espérer que les retours d’expérience, méthodologie REX, soient plus transparents,

mieux diffusés de manière à en tirer bénéfice pour améliorer les protocoles d’intervention et

de prévention. Les anglais peuvent nous servir de modèle.

Il serait aussi souhaitable de parler chiffres : évaluer les pertes mais aussi les économies faites

lorsqu’il y a eu actions préventives.

1. SE CONNAITRE

1.1 Maillage territorial, acteurs et protection du patrimoine

La loi du 13 août 2004 et celle de 2005 de modernisation de la sécurité civile renforcent les

dispositifs du plan ORSEC : maillage national d’opération de secours, prévention des

risques de toute nature, protection des personnes, des biens, de l’environnement contre les

accidents, les sinistres, les catastrophes. Les biens culturels sont ainsi intégrés, article 8/

2005, en conséquence, tous les départements doivent désormais prendre en charge la

sauvegarde de leur patrimoine. Les dispositifs ont pour but de mettre en œuvre des mesures et

des moyens en privilégiant la collaboration entre l’Etat, les collectivités et le citoyen. La

sécurité est considérée comme l’affaire de tous.

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Pour assurer la cohérence et la continuité des actions, la Direction des Opérations de Secours

(DOS) est prise en charge, selon l’ampleur de la catastrophe, par l’une des autorités

suivantes :

le Maire → le Préfet de département→ le Préfet de zone → l’Etat à partir du Centre

Opérationnel de Gestion Interministérielle des Crises, COGIC → Union européenne en

collaboration notamment avec la Hollande et l’Allemagne particulièrement organisées pour

affronter les catastrophes.

Les autorités, maires ou préfets, ont de fortes prérogatives : réquisition, droit de mobiliser tous

les moyens. Elles coordonnent l’ensemble des services (SDIS (financés par les conseils

régionaux), police, gendarmerie, armée…).

Chaque acteur décline son organisation afin de se préparer à affronter des sinistres :

- Etablissement patrimonial: Plan de Sauvegarde des Biens Culturels, PSBC, leur mise

en place est aussi une obligation (loi de modernisation Ministère de la culture 15

septembre 2006).

- Maire : Plan Communal de Sauvegarde PCS. En 5 ans, seules 50% des communes

pour lesquelles le PCS est obligatoire (risque avéré) ont respecté la loi. Une 2ème

campagne de sensibilisation sera lancée en rappelant que la protection du patrimoine

doit être aussi prise en compte.

- SDIS : ETAblissements REpertoriés, ETARE, plan d’urgence établi en collaboration

avec l’établissement patrimonial qui en fait la demande. Il a pour but de se donner les

moyens de prévenir les risques et d’agir en cas de sinistre. Les établissements

patrimoniaux commencent lentement à demander le classement ETARE. Mais leur

quantité posera problème : 4300 monuments historiques, 1232 musées, archives et

bibliothèques aux matériaux particulièrement vulnérables au feu.

Moyens disponibles

Le maillage français est très bon :

- 7 zones de défense et de sécurité coordonnées par le préfet de zone

- 18 centres de déminage

- 1500 militaires spécialisés dans le soutien des populations (interventions en Haïti, lors

de la tempête Xinthia et des inondations de Draguignan)

- 4 établissements de soutien logistique (lits de camp, eau potable, cantines roulantes,

systèmes anti-crues (boudins remplis d’eau long de 5km…)

- 250 000 sapeurs pompiers, professionnels ou militaires (Paris et Marseille) et des

volontaires

- 4900 centres de secours,

- 96 directions départementales d’incendie et de secours

- services opérations prévisions

- volontaires :

- bénévoles (personnes engagées sans contrôle de leurs aptitudes) :

o 500 réserves communales de sécurité civile

o associations agrées de sécurité civile aux niveaux départemental ou national

(Croix Rouge)

4 niveaux d’intervention lors d’un sinistre

- niveau 1 : niveau d’intervention faible permettant une action par le personnel de

l’établissement ;

- niveau 2 : action en interne mais qui nécessite l’intervention de spécialistes ;

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- niveau 3 : intervention externe nécessaire (SDIS, etc) ;

- niveau 4 : retour à la normale.

Etapes de planification des risques

- les connaître et se connaître

- se préparer et s’entraîner

- bâtir une organisation et mettre en place un réseau

- créer et entretenir une dynamique.

1.2 Acteurs et réseaux de protection du patrimoine Cette présentation a pour but de familiariser les services de pompiers à la gestion humaine des

établissements patrimoniaux.

Chaque catégorie d’agents a un rôle déterminé en fonction de son appartenance à une

catégorie (C,B,A), personnel d’accueil et de surveillance, technicien des services culturels et

des bâtiments, assistant territorial qualifié de conservation du patrimoine, chargé d’étude

documentaire, régisseur, ingénieur et conservateur…

Niveau d’étude et concours permettent d’accéder à ces postes.

- Formations initiales d’archivistes : universités Amiens, Angers, Caen, Le Mans, Lille,

Lyon, Montpellier, Mulhouse. Ecole des Chartes

- Formation finale des conservateurs territorial du patrimoine et conservateurs du

patrimoine : INP sur concours, durée 18 mois.

- Formation des bibliothécaires d’Etat : sur concours, Ecole Nationales Supérieure des

Sciences de l’Information et des Bibliothèques, ENSSIB (Lyon).

- Formations des régisseurs : pas de concours spécifique, attaché de conservation ou

chargé d’étude documentaire souvent formés à l’Ecole du Louvre, l’université de

Picardie ou master de conservation préventive de l’université de Paris I Sorbonne.

- Formation des conservateurs-restaurateurs :

pour les musées, seules ces 4 formations (INP, master de conservation-restauration

des biens culturels, université de Paris I Sorbonne, Ecole Supérieure des Beaux-

Arts de Tours, ESBAT, spécialité sculpture et Ecole d’art d’Avignon, spécialité

peinture.) étaient reconnues (loi 2002) ou il était exigé une validation d’acquis

jusqu’en 2005 date à laquelle ces agréments ne sont plus nécessaires pour répondre

aux appels d’offre afin que la France soit en conformité avec la réglementation

européenne (jugement sur les compétences et non sur les diplômes).

Pour les archives, il n’y avait pas de formations spécifiques exigées, la plupart des

intervenants ont un CAP de relieur ou sont diplômés des institutions suivantes :

lycée professionnels, Ecoles d’art, Ecoles de Condé (Lyon), INP, Master c-r, etc

Les formations continues sont données par le ministère de la culture, l’INP, l’OCIM, le

CNFPT, la BNF, les associations de conservateurs, restaurateurs, archivistes...

1.3 Sensibiliser et former à la gestion des risques

Au Ministère de la Culture, le département de la Maîtrise d’Ouvrage, de la Sécurité et de la

Sûreté, MOSS, a depuis longtemps (1980) pris en compte la sensibilisation et la formation à

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la sécurité et à la sûreté. Malgré cela, la réalité est différente. Les français ont tendance à

considérer que le risque est pour l’autre, ils développent très peu une culture du risque. Le

lieutenant colonel Morin résume la politique : un évènement→ une émotion→ un règlement !

Il est un domaine cependant où le risque est traité en amont, il s’agit de la construction d’un

bâtiment recevant du patrimoine et son public. La sécurité du public est cependant beaucoup

plus prise en compte que celle œuvres (construction dans des zones inondables par

exemple !).

Quelques définitions adaptées au patrimoine

Risque : « danger éventuel, plus ou moins prévisible, pouvant causer la perte totale ou

partielle d’un bien culturel. Combinaison de la conséquence (degré de gravité) d’un

évènement redouté et de sa probabilité d’occurrence ».

Risque majeur : « possibilité d'un événement d'origine naturelle ou anthropique, dont les

effets peuvent mettre en jeu un grand nombre de personnes, occasionner des dommages

importants et dépasser les capacités de réaction de la société. L'existence d'un risque majeur

est liée :

- d'une part à la présence d'un événement, qui est la manifestation d'un phénomène naturel ou

anthropique ;

- d'autre part à l'existence d'enjeux, qui représentent l'ensemble des personnes et des biens

(ayant une valeur monétaire ou non monétaire) pouvant être affectés par un phénomène. Les

conséquences d'un risque majeur sur les enjeux se mesurent en termes de vulnérabilité.

Un risque majeur est caractérisé par sa faible fréquence et par son énorme gravité » Prim.net

Risque résiduel : niveau de risque demeurant après la mise en place de mesures préventives.

Danger : source potentielle de dommage.

Catastrophe : évènement brutal, prévisible ou non, d’origine naturelle ou humaine,

responsable de dégâts importants.

Les causes d’incendies

La majorité des sinistres dans les musées est due à des incendies d’origine électrique :

- 30% sont dus à la vétusté des installations, à la surcharge des réseaux électriques

(prises multiples, risque d’échauffement), au défaut d’isolation, à des courts-circuits…

- 30% résultent de travaux sur points chauds : conduction thermique, accumulation de

chaleur, transfert de gaz, étincelles ou gouttelettes de métal en fusion, négligence

d’ouvriers non professionnels, absence de ronde après travaux, absence de permis feu ;

- 30% sont dus au non respect des consignes : non enlèvement des déchets, stockage

sauvage y compris dans des placards électriques, rangement de produits inflammables,

fumeurs négligents, portes laissées ouvertes (propagation du feu), ordinateurs ou

appareils électriques allumés en permanence (surchauffe).

Propagation du feu

Un incendie se développe en trois phases : déclenchement → développement → propagation.

Il a pour conséquence l’atteinte aux biens et/ou aux personnes (rares en France dans les

établissements recevant du public grâce à la politique de prévention des commissions de

sécurité très sensibles à la protection des personnes, moins à celle des biens culturels).

Dans les monuments historiques (Parlement de Rennes, château de Lunéville), les combles

n’étant pas coupés et pouvaient en plus servir de débarras, ils sont très rapidement la proie des

flammes, les poutres en s’effondrant propagent le feu aux planchers puis aux étages inférieurs.

Il est alors impossible de pénétrer pour sauver quoi que ce soit.

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Un nouveau danger : les portes à fermeture automatique car en cas d’incendie, elles resteront

ouvertes et favoriseront ainsi la propagation du feu.

Mesures de prévention

Les règles de base de construction de bâtiments d’archives ont pris ce risque en compte en

obligeant le cloisonnement des surfaces à partir de 200 m².

Protection contre l’eau : bâches, boudins remplis d’eau ou de sciure de bois (BNF).

Protection contre le feu : bâches anti feu (Chantilly, Louvres).

Les détecteurs de fumée seront imposés par l’Union européenne y compris dans les

appartements privés à partir de 2015.

Actuellement, ils ne sont pas imposés dans les Etablissements Recevant du Public, ERP.

Connaître le n° alerte pompiers : 18 ou 112 (niveau européen). (le 17= police).

De nombreux incendies se déclenchent le soir et en week-end. La disparition des logements

de fonction présente un risque majeur dans l’avenir. Les détecteurs automatiques ne peuvent

remplacer la présence humaine.

Sensibiliser et former

Une base de mémoire des sinistres est constituée depuis plus de 10 ans au MCC.

- Le règlement des ERP + le code du travail imposent qu’une formation soit donnée une

fois par an sur l’utilisation des extincteurs et le dispositif d’évacuation des personnes.

Les formations au maniement des extincteurs sont dispensées par des entreprises

privées.

- Département de la Maîtrise d’Ouvrage, de la Sécurité et de la Sûreté, MOSS du MCC

- CNFPT, CNPP

- Ecole Nationale des Sapeurs Pompiers, ENSOSP, le SPIS (entreprises spécialisées

dans le domaine de la sécurité).

2. LE RETEX, retour d’expérience

2. 1 Inondation de Draguignan

Le major Maisonnave évoque la coopération entre une institution culturelle militaire et les

pompiers lors des inondations ayant touché Draguignan le 15 juin 2010 (23 morts et 2

disparus, probablement des gens du voyage).

800 militaires provenant de plusieurs casernes ont aidé la population, déblayé, assaini au

chlorure de chaux, technique toujours en usage notamment pour les puits …

Institutions culturelles sinistrées : médiathèque départementale, archives hospitalières, musées

des arts et traditions populaires d’Armentières, de la Libération et d’artillerie, théâtre. Peu de

dégâts sur le patrimoine culturel car la ville ancienne est éloignée de la rivière.

Les précédentes inondations datent de 1827 et de 1870, moins dramatiques que celle de 2010,

car la ville était moins étendue et moins dense.

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2.2 RETEX au château de Versailles

Le commandant Goupil évoque le retour d’expérience qui a conduit à l’amélioration des

conditions de sécurité du château en analysant les incendies qui ont affecté plusieurs sites.

Exemples de sinistres (les pompiers citent principalement les incendies)

Il est possible de trouver sur internet des vidéos sur des sinistres cités.

- 1966, inondations de Florence : mise en place d’un service de restauration qui traite

encore aujourd’hui des collections sinistrées ;

- 20 février 1992, château des Windsor, un halogène met le feu à des textiles dans la

chapelle de la reine. Les combles du Saint Georges Hall s’écroulent. 5 ans de

reconstruction ;

- 4 février 1994, Parlement de Bretagne, une fusée de détresse des manifestants marins

pêcheurs enflamment la toiture. Le feu est découvert tardivement, effondrement des

combles sur la salle des pas perdus ;

- 2 janvier 2003, château de Lunéville, dysfonctionnement électrique dans les combles,

le feu traverse la voûte, extension rapide car les combles ne sont pas cloisonnés. Perte

d’un tableau de Le Nain. Les militaires sont appelés pour sortir les œuvres ;

- 9 avril 2004, temple de Naksan, Corée du sud, feu de forêt, combles non cloisonnés ;

- 2 septembre 2004, bibliothèque Anna Amalia de Weimar, patrie de Goethe. Cette

bibliothèque toute neuve allait être inaugurée. 28 000 livres brûlent, 2800 ouvrages

sont à restaurer ;

- 25 août 2006, la cathédrale de la Trinité à Saint Pétersbourg, brûle lors du chantier de

restauration (travaux sur points chauds comme à la gare de Limoges). Des bénévoles

évacuent les collections alors que la voûte continue de brûler ;

- 10 février 2008, porte de Namdaemun,« Grande porte du sud », Séoul, Corée du Sud,

une heure pour obtenir l’ouverture des portes, symbole de la ville, les panneaux de

bois seront sauvés ;

- 4 avril 2008, manège militaire à Québec, travaux dans les combles qui brûleront, un

halogène tombe, les portes coupe-feu protègent la moitié du musée ;

- 5 avril 2008, château Moncaliéri, près de Turin, patrimoine de l’Unesco, travaux ;

- 10 janvier 2009, tour du château d’Angers ;

- 3 mars 2009, effondrement du bâtiment des archives municipales de Cologne suite à

des travaux du métro (2 morts dans des immeubles mitoyens) : la poussière corrosive

du béton des années 50 + eau + écrasement vont nécessiter 180 ans de restauration !

- 25 juillet 2009, incendie de l’église Sainte Marguerite du Vésinet (78), MH 1860-1870

en béton armé (innovation), fresques de Maurice Denis et autres peintres, feu de

palettes du marché à 4h du matin, les vitraux éclatent, la fumée rentre et provoque

l’incendie. Pas de nettoyage rapide : altération par l’acidité des fumées ;

- 22 Juillet 2010, château du Val de Loire, bibliothèque détruite, le ministre se déplace

quand même.

On constate une augmentation des feux d’origine criminelle notamment dans les Yvelines,

l’essence est pratiquement toujours utilisée pour déclencher l’incendie. Un exemple concret

aux archives municipales de Saint Egrève qui ont subi une dégradation des archives à cause

de la pénétration de suie polluée suite à l’incendie de voitures dans le garage de la mairie,

mitoyen des magasins. Il a fallu tout évacué, dépoussiéré, reconditionné.

Les constantes de ces incendies

- combles de grande dimension non recoupés

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- combles de grande hauteur, difficiles d’accès

- absence de moyens de détection et d’extinction

- transfert du feu du haut vers le bas, tous les niveaux atteints.

Les différences dans l’information

- les anglais communiquent et documentent très bien, très transparents contrairement

aux français

- peu de communication sur l’incendie du château de Moncaliéri (ICOM)

- problèmes de contentieux comme au château d’Angers

- cloisonnement important des différents acteurs et administrations en France, peu

d’esprit d’équipes pluridisciplinaires.

Etat des lieux à Versailles par Stéphane Chicaldi

- 880 hectares soit 1/3 de la ville

- 400 hectares pour l’arboretum de Chanteloup

- Château : plus de 500 mètres de long, 1300 pièces (700 au XIXème), 2,6 hectares de

toiture, 6000m² ont été rénovés pour 11 millions d’euros en 2 ans ½

- Grand Trianon : 4000 m²

- Petit Trianon : 1000 m²

- 15 000 personnes y vivaient sous Louis XIV. Les fontainiers et gardes-pompes étaient

responsables de la sécurité incendie.

- Origine des feux anciens : cheminées, paille (domaine agricole), un feu d’artifice

enflamme la toiture des grandes écuries

- Pour assurer aujourd’hui la sécurité incendie, 40 agents, 7 agents secours à personnes :

1600 interventions en 2009 dont 2 incendies.

Prévention à Versailles par Philippe Goupil

Problématiques à résoudre :

- détecter le feu : détection automatique généralisée

- accéder au sinistre

- recouper les grands volumes tous les 100m² en accord avec architectes des MH

- faciliter l’alimentation en eau, si le feu prenait en hauteur, il faudrait 25 minutes pour

y accéder avec les tuyaux. Création d’un dispositif de fragilisation de la toiture pour

évacuer et contenir le feu. Autrefois, les cheminées placées tous les 200 m² faisaient

office de cloisonnement.

- Création sur tous les niveaux de colonnes sèches qui ressortent en toiture.

- Alimentation en eau : 10 poteaux d’incendie débitant 60m3/h + bassins et étangs qui

fournissent 380m3/h

- Classement ETARE : 70 véhicules dont 2 véhicules de 46 mètres pour accéder à la

chapelle royale et à l’opéra et 180 pompiers. Visite des pompiers de Versailles tous les

lundis matin. Le plan d’évacuation des œuvres est en cours, il est établi sur le modèle

de Rambouillet. La liste des œuvres prioritaires est toujours conservée dans les

institutions pour éviter les vols dans les casernes. Les lieux d’évacuation sont

envisagés sur plusieurs sites : château de Monte Cristo, des domaines privés (plus

complexe). Il y a plus de 200 châteaux privés dans les Yvelines soit les 9/10ème

.

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3 STRATEGIES COMMUNES DE PREVENTION ET PREVISION

3.1 Prévenir ensemble les risques majeurs : quelle coopération ?

En 1982, le ministère de l’Intérieur et le secrétaire d’Etat à la prévention des catastrophes,

Haroum Tazieff mettent en place des dispositifs d’informations, de connaissance tout autant

que des dispositifs législatifs et d’aide aux personnes sinistrées.

- Connaissance des aléas : Atlas des zones inondables, cartes des avalanches.

- Vigilance : météo (code couleur) et vigie crues (repères de la plus haute crue).

- Loi 1982, aménagement du territoire, plans d’exposition aux risques et gestion des risques

favorisant la reconstruction après sinistres. Régime de catastrophes naturelles : tout le monde

paye par le biais de 12% prélevés sur les contrats d’assurance ce qui permet d’indemniser les

sinistrés à hauteur de 80 à 90% par la caisse centrale de réassurance, l’Etat se portant garant

(dispositif utilisé lors des inondations de l’Aube).

- Loi 1987 de sécurité civile, prévention des risques majeurs et droit à l’information

- dossier départemental sur les risques majeurs consultables en préfecture :

cartes et consignes

- portail DICRIM : 2000 mairies l’ont rempli sur 20 000 mairies menacées. Elles

ont obligation d’informer les populations en rédigeant un DICRIM, document

d’information communal sur les risques majeurs.

Il comprend :

une description des risques recensés sur le territoire communal ;

les moyens mis en œuvre pour la prévention et la protection des

populations et des infrastructures ;

les consignes de sécurité en cas de danger

Les municipalités ont l’obligation d’informer acquéreurs et locataires des risques majeurs

dans le Plan de Prévention des Risques, PPR

Plan de Prévention des Risques Inondation, PPRI, en 1999, 600 communes en sont dotées,

aujourd’hui il y en a 8000.

Interdiction de construire dans les zones à risque

Prise en charge des habitants de ces zones

Mitigation : mise en place de bâtards d’eau (pas cher et efficace si l’eau ne

dépasse pas 20cm)

Résilience du territoire : le risque zéro n’existe pas, développement du

système d’entraide comme au Québec (centres de secours très éloignés)

Priorité au sauvetage des personnes : bilan positif, 200 personnes décédées

pour 20 000 morts par accidents domestiques. Pa contre, si un séisme se

déclenchait aux Antilles, 50 000 morts prévisibles pour 200 en cas de

séisme en métropole.

Enjeux économiques et culturels :

o la crue de 1910 n’a fait qu’une victime mais économiquement

l’addition était très lourde, augmentation de la pauvreté.

o Pour les biens culturels, ils sont irremplaçables, non assurés pour la

plupart du temps.

Bilan 5ème journée du B B. Sécurité civile et patrimoine. Strasbourg 2010.12. MD Parchas. SIAF.

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o Trouver un compromis entre la gestion des risques et la sauvegarde

des secteurs sauvegardés (à Laon, risque d’effondrement dû à la

présence de carrières souterraines)

o Actions internationales : peu d’actions mises en place.

- 2003, loi Bachelot de prévention et réparation des risques

- Création de sites d’information :

o Prim.net, différents chapitres : résilience, ma commune face aux risques, liste

des naturelles ayant donné lieu à un arrêté, catalogue numérique,

jurisprudence, photothèque…

o Site aléas.tv : 200 à 300 vidéos

o Base de données Cartorisques : atlas numérique, information préventive, PPR

(300 000 visiteurs/mois)

Actions à mettre en place :

- management du risque : formation des directions d’établissements culturels : plans

particuliers de mise en sûreté à l’exemple de celui développé dans les écoles ;

- loi sur la protection du domaine culturel à rédiger ;

- aider les maires à respecter le plan Orsec concernant la protection des biens culturels ;

- mise en place de monographies, à titre d’exemple comme la Bibliothèque Schoelcher

en Martinique, la protection de la fouille et du musée de Saint Romain en Galle situés

en zone inondable, les musées parisiens ;

- recenser le patrimoine situé sur les risques de rupture de barrage.

Le Bouclier Bleu pourrait être un interlocuteur privilégié pour mettre en place des actions de

prévention et de sauvegarde du patrimoine à l’exemple de la Croix Rouge pour le sauvetage

des sinistrés (conventions, agrément…).

3.2 Mise en sécurité incendie du château du Haut-Koenigsbourg

Marc Oppermann et JP Cabut ont décrit la difficulté de mise en sécurité du château alsacien

étendu, élevé, imprenable, situé sur un promontoire rocheux étroit et difficile d’accès (757

mètres) : problème d’accès des points d’eau.

Un plan quinquennal a été mis en place, budget de 9 millions d’euros :

- éviter le feu

- éviter sa propagation

- faciliter l’évacuation

La mise en conformité de ce monument historique n’est pas possible, il s’agit donc de

connaître les risques : zone sismique, risque de gel des réseaux d’eau et de les limiter :

renforcer le service de surveillance (40 agents), augmenter le nombre de Réseau d’Incendie

Armé (RIA), asservir les colonnes sèches à une détection généralisée, augmenter les réserves

d’eau afin de passer de 60m3/h à 360m3/h, remettre aux normes les installations électriques,

mettre en place un système de désenfumage, le compartimentage étant impossible.

Mise en place d’un plan ETARE.

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3.3 Plan de prévention du musée d’Unterlinden

Le musée d’Unterlinden de Colmar est situé dans un ancien couvent dominicain du XIIIème

siècle. Il possède notamment le retable d'Issenheim de Mathias Grünewald. La mise en place

d’un plan ETARE s’imposait donc. Exemple d’une collaboration réussie entre les pompiers,

« dynamiques et éléphants » et la direction du musée, « un peu moins dynamique » avec l’aide

du Lcl Morin (Direction des Musées de France) et d’une étudiante (PSBC).

La toiture s’enflammera en 30 minutes, il faut donc ne choisir que ce qui peut être sauvé dans

cet espace temps. Deux ailes sont évacuables en 30 minutes à raison de 15 binômes.

De même, en cas de tremblement de terre, la voute risque de s’écrouler, aucune action n’est

envisageable. Cependant lors des secousses ayant touché Bâle, le couvent n’a pas bougé.

Les collections présentées dans les combles ne pourront être sauvées.

Le choix des œuvres à sauver en priorité à été établi salle par salle en fonction de leur intérêt

historique ou local. Des œuvres ne pouvant être évacuées (risque plus grand ou dimensions

excessives) seront bâchées en cas de sinistres (mosaïques, retable). Les bâches ignifugées sont

du modèle de celles que l’on trouve sur les camions, elles sont montées sur velcros et fixées à

l’aide de perches, type piscine.

Le musée est surveillé 24h sur 24. Les lieux d’évacuation possibles sont proches.

Le SDIS a sélectionné un matériel d’évacuation simple, adapté et peu coûteux : un sac par

salle à répartir dans deux endroits différents.

Le système d’accrochage a été revu afin de l’uniformiser.

Formation de 120 pompiers de Colmar ainsi que du personnel du musée. Aubert Gérard,

restaurateur a assuré la formation à la manipulation des œuvres.

Les exercices d’évacuation sont réalisés en présence du restaurateur sans sortir les œuvres afin

qu’elles ne subissent pas de chocs en température et hygrométrie.

Cette expérience-modèle école servira de base pour agir dans les autres musées de la région.

3.4 Plan de sécurité du château de Monté Cristo

Alexandre Dumas a habité dans ce petit château des Yvelines. Ses collections appartiennent à

une association loi 1901 « amis d’Alexandre Dumas », le bâtiment est propriété de la mairie.

Stéphane Ceccaldi utilise le terme « Plan de Protection des Œuvres » PPO. Il passe aussi en

revue les différents sinistres ayant altéré des biens culturels. Aide du Lcl Morin en 2007 pour

monter le plan de sauvegarde. Il comprend plan, choix des œuvres à sauver en priorité

photographies, itinéraires, traçabilité grâce à l’utilisation de codes barres détachables en 2

parties, l’une sur l’œuvre si possible et l’autres sur l’inventaire (exemple de traçabilité pris sur

le système Sinus qui permet de suivre l’évacuation de personnes sinistrées).

Formation des personnels du musée et des pompiers.

Il aura fallu 1 an pour mettre au point le PPO (document de l’exploitant) et le plan ETARE

(document des pompiers), jugé comme expérimental. Le document pour être lu rapidement

lors d’un sinistre et compris par tous doit-être simple : dessin et photos pour montrer comment

évacuer les œuvres (pastels à plat, brancards pour les pièces lourdes…).

Le matériel d’évacuation des œuvres est financé et stocké par l’établissement, c’est une

constante dans tous les plans de sauvegarde.

Bilan 5ème journée du B B. Sécurité civile et patrimoine. Strasbourg 2010.12. MD Parchas. SIAF.

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Une suggestion est faite : placer sur un site avec un code d’accès limité à quelques

responsables (établissement et pompier) les plans de sauvegarde de manière à les mettre en

sécurité et à les rendre accessibles le plus rapidement possible sans avoir à pénétrer dans un

lieu sinistré.

Autre suggestion : centraliser les données des plans de sauvegarde au Bouclier Bleu.

Expérimentation du logo réfléchissant du Bouclier Bleu dans les bibliothèques et archives de

Toulouse et de la Drôme dans les magasins, ce système n’est pas adapté aux expositions.

Autre système : bandes réfléchissantes au sol.

Constat : pas de politique générale des SDIS même dans les Yvelines. Les plans de

sauvegarde sont dus à des individus et établissements motivés.

3.5 Exercice d’évacuation des collections d’un château-musée

Le capitaine Rémi Capart présente le plan ETARE et le plan de sauvegarde des œuvres du

château de Chantilly (60), autre collaboration réussie conservateur/pompiers. Il aura fallu 4 à

5 ans pour mettre en place les plans de sauvegarde et d’urgence avec là aussi la collaboration

d’une étudiante de l’Ecole du Louvre. 50 œuvres ont été sélectionnées pour être évacuées en

priorité. Une copie à la taille réelle est effectuée pour faciliter les exercices des pompiers qui

ne savent pas lorsqu’ils arrivent quelle œuvre il faudra sauver. Ils doivent donc avoir

mémorisé les plans pour se repérer dans la fumée des fumigènes.

Les exercices filmés sont téléchargeables.

La complexité du château est résolue en utilisant un plan en 3D avec un plan par niveaux et

demi niveaux et altimétrie.

Les agents du musée prennent en charge les œuvres évacuées par les pompiers. Ils portent un

gilet-brassard avec leur fonction écrite au dos de manière très visible et lisible, de mémoire et

sans certitude : ramassage/ conditionnement/ stockage provisoire avec comme tâches le

constat d’état, l’inventaire, l’étiquetage, l’emballage, la destination : stockage, restauration.

Le papier d’aluminium peut-être utilisé pour le conditionnement.

Chaque lundi, les pompiers font un exercice, 80 seront formés à cette intervention pendant 6

mois, 3 casernes peuvent être réquisitionnées en cas de sinistre :

- 1ère

étape : 1h d’instruction par semaine pour mémoriser le plan du château

- 2ème

étape : manœuvres incendie classiques dans le château

- 3ème

étape : manœuvres avec simulation d’évacuation des copies des œuvres en

collaboration avec des unités voisines

- 4ème

étape : manœuvre d’envergure sur une aile ou la totalité du château à réaliser en

2011.

4 Questions, perspectives et conclusions

Silvia Brunetti, conservateur-restaurateur, d’arts graphiques, fait remarquer le risque

d’altération des collections lors des exercices qui nécessitent l’ouverture des portes, les

changements brutaux de la température et de l’hygrométrie peuvent altérer les œuvres

notamment les peintures sur bois particulièrement vulnérables.

Bilan 5ème journée du B B. Sécurité civile et patrimoine. Strasbourg 2010.12. MD Parchas. SIAF.

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Il est aussi demandé si les fumigènes utilisés n’ont pas d’impact sur la conservation des

collections. Les fournisseurs assurent qu’ils n’en ont pas car il s’agit de fumées froides.

Un restaurateur devrait aussi être présent lors des exercices de manière à s’assurer que les

œuvres soient correctement prises en charge (manipulation, constat d’état, emballage…).

Les pompiers ont trouvé un joli terme pour leur nouvelle fonction : « défenseurs du

patrimoine culturel ».

Les pompiers de Chantilly, Versailles, Fontainebleau et les Yvelines souhaitent échanger leurs

pratiques et développer une politique départementale en associant les SDIS, la préfecture, les

établissements culturels, les services de gendarmerie ou de police pour assurer la sûreté des

œuvres pendant les sinistres.

Une tâche difficile en cas de catastrophe régionale, concilier les actions entre établissements

culturels et autres établissements nécessitant le sauvetage des personnes (maisons de retraites,

hôpitaux, écoles…) ou celui des enjeux économiques (industries…).

Un autre défi : renforcer la sécurité mais aussi l’attractivité des sites culturels.

Conclusion : « la glace se brise voire fond entre les SDIS et les activités culturelles ».

Mais il reste un très gros travail à effectuer pour généraliser ces actions. Les exemples

démontrent que les sites présentés contiennent tous un patrimoine des plus riches ce qui a

motivé tous les acteurs. Qu’en est–il des établissements moins prestigieux ? Le respect de la

loi sur la prise en charge et la protection du patrimoine peut-il suffire à motiver les différents

intervenants? Des choix seront nécessaires. Les responsables des établissements culturels

doivent faire les premiers pas afin de faciliter le travail des pompiers : connaissance des

risques, actualisation des plans des bâtiments, repérage des accès, des points d’eau, de gaz,

coupures d’électricité, points dangereux..., liste des œuvres à sauver (par importance

historique, patrimoniale, administrative, juridique (archives) ou par niveaux car peut-on

toujours savoir d’où le risque viendra ?, formation sur la manipulation, le conditionnement et

les traitements possibles des œuvres post sinistres….évidemment des actions préventives sont

à mettre en place le plus rapidement possible en les adaptant à l’analyse des risques.

Il est suggéré que pour établir un choix dans les collections, il soit demandé au personnel de

citer les collections qu’il souhaiterait sauver en justifiant ce choix.

Le Bouclier Bleu, le bureau de l’information préventive, de la coordination au ministère de

l’Ecologie, la direction générale des patrimoines et ses différents services peuvent aider les

institutions à monter des projets régionaux pour sauvegarder le patrimoine culturel contre les

catastrophes.

On a vu l’importance du travail des stagiaires (Ecole du Louvre, INP, master de conservation

préventive…) dans l’aide à la réalisation des plans de sauvegarde. Anne-Marie Bruneaux,

archiviste, chargée de cours à l’université de Mulhouse, rappelle l’aide que peuvent aussi

apporter ses étudiants en archivistique et muséologie (4 mois), dans l’analyse des risques et le

montage du PSO.

Il est apparu aussi urgent de changer la mentalité française peu transparente sur la gestion des

crises. Les retours d’expérience doivent être partagés, les erreurs servent en effet la plupart du

temps à améliorer les protocoles, en parler, c‘est évité qu’elles ne se reproduisent. De même,

les actions menées à terme peuvent aussi aider d’autres à accélérer leurs réflexions et à

trouver des solutions déjà éprouvées. Le retour d’expérience ne doit pas être considéré comme

Bilan 5ème journée du B B. Sécurité civile et patrimoine. Strasbourg 2010.12. MD Parchas. SIAF.

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un tribunal. Des services de pompiers ont mis au point une méthodologie REX (réunion de

tous les acteurs, obligation à chacun de s’exprimer, rapport final avec préconisations), ils ont

l’habitude de faire le point sur leurs actions, de les filmer aussi notamment pour se protéger en

cas d’actions en justice. Il reste à diffuser toutes ces expériences (pompiers, culture) pour en

tirer le positif et le négatif afin d’améliorer la prévention et la gestion des sinistres.

La méthodologie Rex est en ligne sur le site du ministère de l’intérieur.

La Défense a aussi mis au point une méthodologie de retour d’expérience avec des

spécialistes de bilans : préconisations, changements de procédures, découpage

chronologiques, qui fait quoi, conséquences des prises de décisions.

Un vaste chantier nous attend : informer, former, collaborer, agir, partager pour protéger le

patrimoine de tous les risques car n’oublions pas que les risques internes (rupture de

canalisation, infiltrations) sont plus fréquents que ceux liés aux catastrophes naturelles.