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“Territoire 2040” Territoires bretons en perspective et en prospective JUIN 2015 Un travail collaboratif du réseau des agences d’urbanisme de Bretagne

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“Territoire 2040”Territoires bretons en perspective et en prospective

JUIN 2015

Un travail collaboratif du réseau des agences d’urbanisme de Bretagne

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Sommaire

Introduction

1 / Les enseignements clés tirés des systèmesspatiaux de la démarche Territoire 2040 de la DATAR ....................................................... 4

1.1. Le modèle métropolitain français ............................................................................................................................... 4

1.2. Les villes intermédiaires, des métropoles incomplètes .............................................................................................. 6

1.3 Les portes d’entrées de la France et les systèmes territoriaux des flux ...................................................................... 7

1.4. Les espaces de développement résidentiel et touristique ......................................................................................... 8

1.5. Les espaces de la dynamique industrielle ................................................................................................................ 11

1.6. Les espaces de faible densité ................................................................................................................................... 12

Quatre interpellations stratégiques pour la Bretagne ............................................................................................. 13

2 / Les enjeux et problématiques posés pour la Bretagne .................................................. 14

2.1 Le processus d’inscription du territoire métropolitain breton dans les réseaux internationaux ………………............ 14

2.2. Le rôle des villes moyennes dans l’armature urbaine bretonne ............................................................................... 17

2.3. L’attractivité résidentielle et touristique du territoire .............................................................................................. 20

2.4. La mutation de l’économie productive ..................................................................................................................... 21

2.5. L’espace marin et littoral ......................................................................................................................................... 22

2.6. La qualité de l’eau ................................................................................................................................................... 23

2.7. La transition énergétique bretonne ......................................................................................................................... 23

2.8. Les inégalités territoriales ....................................................................................................................................... 24

3 / Application à la Bretagne : scénarios proposés ............................................................ 26

Scénario A ............................................................................................................................................................... 28

Scénario B ............................................................................................................................................................... 28

Scénario C ............................................................................................................................................................... 32

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introduction

L'objectif de cette étude est de tirer parti d'une relecturedes scénarios livrés par la DATAR dans le cadre de ladémarche “Territoire 2040”, afin d'alimenter la réflexionprospective bretonne.En 2010, la DATAR a mobilisé de nombreux experts pourdécrire les sept "systèmes spatiaux français" en perspec-tive (état des lieux et problématiques) et en prospective.Cet exercice restant théorique, la DATAR a souhaité lepartager sur les territoires.

C'est dans ce contexte que les cinq agences d'urbanisme etde développement se sont engagées, avec le soutien de laRégion Bretagne, à confronter ces constructions intellec-tuelles à la réalité bretonne.Quels sont les constats et les scénarios qui font écho avecce qui est pressenti localement et comment rentrent-ilsen résonance avec les enjeux et les défis identifiés sur lesterritoires bretons ?Forts de leurs récents travaux menés à l'échelle régionale(Bretagne à grande vitesse, l’armature urbaine bretonne…),les agences se sont mobilisées collectivement pour répon-dre aux attentes suivantes ;- Faciliter l'appropriation par les acteurs locaux desréflexions prospectives de la DATAR- Revisiter certains enjeux régionaux au regard des lecturesterritoriales proposées par la DATAR- Nourrir la réflexion prospective bretonne en proposantnotamment quelques images des futurs possibles dela Bretagne.

La démarche “Territoires 2040 de la DATAR” a rassemblédans un premier ouvrage publié en 2010 à la Documenta-tion Française sous le titre "Des systèmes spatiaux en pers-pective", la description et l'analyse des sept espacesfonctionnels suivants :- l’urbain métropolisé français dans la mondialisation,- les systèmes métropolitains intégrés,- les portes d’entrée de la France et les systèmesterritoriaux des flux,- les espaces de la dynamique industrielle,- les villes intermédiaires et leurs espaces de proximité,- les espaces de développement résidentiel et touristique,- les espaces de faible densité.

28 scénarios d'évolution à long terme ont ensuite étéregroupés dans un second ouvrage intitulé "Des systèmesspatiaux en prospective", afin de montrer en quoi les futurspossibles des territoires nationaux sont "porteurs d'inter-pellations stratégiques et d'injonctions à agir".

Méthodologie adoptée par l’étude

La démarche, adoptée par les agences d'urbanisme pourdécrypter ces analyses et ces scénarios et les confronteraux réalités vécues dans les territoires bretons, a distinguétrois séquences :

1) Dans un premier temps, les agences ont procédé àune relecture des articles consacrés à chacun des septsystèmes spatiaux pour en extraire les principaux élémentsde diagnostic (constat et problématique de chaque sys-tème) et de prospective (analyse des 28 scénarios élaboréspar la DATAR). Quatre interpellations stratégiques pourla Bretagne résument les enseignements tirés de cettepremière séquence et concluent la première partie del'étude.

2) La déclinaison de ces quatre questions-clés pour laBretagne en une série d’enjeux majeurs à moyen longterme constitue le deuxième temps de l'étude. Elle s'estappuyée sur l'analyse rétrospective des variables détermi-nantes de la trajectoire bretonne.

3) C'est donc dans un troisième et dernier temps que leshypothèses d'évolution de ces variables ont été formuléesafin d'élaborer des scénarios prospectifs, selon la méthodedite de "l'analyse morphologique" combinant ces hypo-thèses entre elles pour définir des scénarios cohérentsd'évolution du territoire.

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1.Les enseignements clés tirésdes systèmes spatiaux de la démarche

Territoires 2040 de la DATAR

1.1 Le modèle métropolitain français

a) Étymologiquement, le mot métro-pole désigne une "ville-mère" quirayonne politiquement, culturelle-ment et économiquement sur despériphéries soumises. Mais qu'en est-il aujourd'hui ? La métropole se carac-térise certes par une fonction decentralité qui, selon son intensité,polarise plus ou moins un hinterlandtrès loin d'être politiquement inféodécomme dans l'Antiquité ! La métro-pole contemporaine est dilatée, dis-continue, diffuse et polycentrique,"pleine de vide" selon l'expression deYves Chalas. Au rythme de la mon-dialisation et de l'ouverture dessociétés sur l'économie-monde, onassiste à la diffusion de l'urbain quihomogénéise les modes de vie etsigne la fin de l'opposition rural/urbain. Pour Jacques Levy, "la métro-pole c'est précisément ce phéno-mène de diffusion de l'urbain, dedisparition des deux ordres spatiauxqui s'affrontaient jadis, la ville et lacampagne".

La métropolisation serait "l’expres-sion la plus spectaculaire de l'urbani-sation contemporaine" selon MichelLussault qui conclut que "l'urbainmétropolisé est un type génériquedont on peut constater la progressionpartout au monde, dans toute taillede ville". Toutefois, précise-t-il, si lamétropolisation est une caractéris-tique générale de l'évolution urbaineactuelle, seules les organisations

capables d’intégrer et de mettre ensynergie l’ensemble des dynamiquesurbaines, constitueraient des métro-poles complètes.

Dès lors, à partir de quand devient-on métropole ? Quand on atteint unetaille critique ou bien plutôt lorsqu'onse dote de la "qualité critique" endéveloppant certaines fonctionsurbaines supérieures qui permettentde jouer un rôle de "connecteur"à l'économie-monde, d'être un "em-brayeur de mondialisation" selonl'expression de l'auteur qui avancel'idée selon laquelle tout ensembleurbain se métropolise en raisonmême de son inscription dans ladynamique mondiale.Car une métropole contemporaine sedéfinit par sa capacité à mettre enmouvement non seulement des amé-nités et des services de rang métro-politain, les fameuses fonctions métro-politaines, mais également une cer-taine configuration sociétale. Selonl’auteur, "se juxtaposent deux expé-riences antagonistes de la mondiali-sation", celle des acteurs mobiles,connectés, plutôt jeunes, actifs ouétudiants, entrepreneurs ou créatifs,insérés dans la division internationaledu travail et celle de salariés de l'in-dustrie ou du monde rural, de popu-lations déclassées ou précarisées,victimes de la globalisation, qui ques-tionne le rythme de la métropolisation,voire le développement tout court.

La DATAR a mené entre 2010et 2013 un important travail demise en perspective et d'analyseprospective du fonctionnementterritorial français. Elle a identi-fié sept systèmes spatiauxsur la base desquels vingt-huitscénarios ont été élaborés.Les différentes trajectoires quepourraient emprunter lesmétropoles, les villes intermé-diaires, l'appareil industrielou les espaces à faible densitéde l'hexagone sont ainsi présen-tées en plusieurs publicationsd’auteurs universitaires etchercheurs1.Ces constructions intellectuellesrestent théoriques, la DATARmodélisant les systèmes spa-tiaux sans réellement les relieravec la réalité du terrain. Cettepremière partie vise à décrypterles modèles spatiaux françaisélaborés par la DATAR. Quelssont les scénarios qui fontécho avec ce qui est pressentilocalement et comment ren-trent-ils en résonance avec lesenjeux et les défis identifiéssur les territoires bretons?Un tel exercice, permet dansun premier temps d’appliquerces systèmes aux spécificitésbretonnes pour, dans un secondtemps, réfléchir aux enjeux clésqu'ils auront à relever à l'avenir.Il s’agit d’offrir les élémentsde lecture pour chacun dessystèmes spatiaux proposésdans la démarche de la DATAR.Seuls les deux premiers sys-tèmes, relatifs aux métropoles,ont été regroupés en une seulesous-partie.

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La métropole est aussi le lieu dont lesfirmes ont besoin pour s’insérer dansun environnement où les tendancesse définissent, les innovations secréent et où les informations sur lesproduits, les marchés et les techno-logies circulent. Ces environnementsfurent les bassins industriels, ce sontaujourd’hui les métropoles. Malgréles télécommunications, le besoinde se “frotter” aux autres, la copré-sence, ce face-à-face dans les rela-tions économiques que Pierre Veltzqualifie de “sucre lent de la compéti-tivité” restent stratégiques pourinnover. Les métropoles sont deslieux de mélange d’altérité, de diver-sité et de “frottement créatif” qui faitleur principale valeur d’usage.

b) En termes de prospective dessystèmes spatiaux métropolitainsfrançais, la DATAR dessine plusieurstrajectoires possibles pour les métro-poles à l’horizon 2040. Nous enretiendrons trois. Une première où leprocessus de métropolisation s’accé-lère dans un contexte de dérégula-tion généralisée. Une deuxième quiremet sur pied des instances fortesde gouvernement et de régulation.Enfin, une troisième illustre la dilutionde l’économie-monde dans tous lesterritoires et son corollaire, la dispa-rition des petites métropoles.

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1 Datar, Revue d’études et de prospectivesN°3, Des systèmes spatiaux en perspective,et N°4, Des systèmes spatiaux en prospective.

Un système en réseau desgrandes métropoles françaisesinterconnectées entre elles.D’un côté les centresse rapprochent (conséquencede la grande vitesse et desliaisons aériennes), de l’autreles populations s’éloignentde ces centres.

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Dans le premier scénario, les enjeuxde la transition écologique mais éga-lement du rapport avec le reste duterritoire sont occultés au profitd’une poursuite de la croissance desactivités dans les métropoles consi-dérées comme les seuls “connec-teurs” de l’économie territoriale avecle reste du monde. Le problème estque ni la taille, ni la qualité critiquedes métropoles régionales françaisesne semblent être au niveau de lacompétition pour la création derichesse et d’emplois dans une éco-nomie mondialisée dominée en 2040par la toute-puissance asiatique.

Le deuxième scénario qui flatte lafibre colbertiste, planificatrice etdécisionnelle française, esquisse unprojet métropolitain au prix du ren-forcement des oligarchies politiqueset administratives métropolitaines. Ilse fonde sur un contrôle toujours plusgrand des conduites individuelles etcollectives, parfois aux dépens de laparticipation des populations. Il estexigeant mais contraignant pour despopulations qui voient limiter leuraccès à certaines ressources nonrenouvelables ou à des biens deconsommation au prix renchéri dufait de la relocalisation de leurproduction.

C'est un modèle qui sied à la métro-pole rennaise, toutefois, sa forteidentité bretonne pourrait légitimerBrest, aux côtés de la Région, dans laconduite de l'inéluctable transitionécologique de la Bretagne et de sesmétropoles.

Le troisième scénario enfin, certes unbrin utopique, donne à voir les con-séquences d'un rejet brutal de lamétropolisation. Le terreau rennais,par exemple, est propice au dévelop-pement d'un tel scénario de ruptureavec le processus de métropolisation :"force de l'économie sociale etsolidaire, dispersion de l'habitat envillages et bourgs, attachementparfois nostalgique aux communestraditionnelles, importance des res-sources agro-alimentaires, adaptabi-lité des milieux paysans, proximitégéographique ville-campagne, faibleancrage sociologique d'une urbanisa-tion tardive" (Guy Baudelle), autantd'éléments qui rendent possiblele scénario de "dépolisation" et quipourraient conduire la métropolerennaise à céder à la tentation néo-rurale.

Les villes intermédiaires se distin-guent des métropoles par leur taille,leur fonction et leur localisation. Ellesseraient ainsi le “trait d’union entrela grande ville et les espaces à domi-nante rurale” (DATAR, des systèmesspatiaux en perspective, page 114).De plus, elles sont particulièrementvariées dans leurs structures et leursfonctions, dépendant en particulierde leur taille et de leur position parrapport aux métropoles. Le systèmeest relativement simple puisqu’il selimite à un seul centre regroupant leséquipements et les services urbainsqui polarisent les échanges et lesflux.L’inventaire des fonctions urbaines etmétropolitaines démontre que la villeintermédiaire correspond selon laDATAR à une “métropole incomplète”dont le principal avantage compara-tif réside dans le cadre de vie. Cepoint de vue va à l’encontre dumodèle du polycentrisme breton quirepose sur une armature urbainecomposée de villes moyennes àpartir desquelles le processus demétropolisation peut se diffuser. Lamixité et la cohésion sociale sont lesprincipaux enjeux en relation avecles processus de “résidentialisation”et de production.Les espaces jouxtant les villes inter-médiaires sont souvent faiblementurbanisés et comprennent des sys-tèmes spécialisés sur des micro-es-paces : zones de production, espacesd’habitat, aires naturelles plus oumoins préservées. Chacun de ceséléments spécialisés n’a de sens quepar la proximité d’autres fonctions(zone résidentielle à proximité d’unpôle d’emploi, parc commercial dé-pendant de la zone de chalandise…)et par la performance des infrastruc-tures de transport.Pour autant, au niveau national, l’ap-partenance à la catégorie des villesintermédiaires ne produit pas d’uni-formité.

Parmi les scénarios élaborés, celuides Laboratoires verts s’inscritdans un contexte de montée en puis-sance d’un impératif écologique.L’hypothèse centrale tient dans l’in-tégration de solutions locales dansdes territoires centrés sur les villesintermédiaires. Ces dernières s’ap-puieront sur leur espace de proximité

pour résoudre les problèmes relatifsau foncier, à la production d’énergie,aux denrées alimentaires et à l’eau.Le recours à la proximité est une ten-dance que l’on observe déjà (filièrelocale alimentaire, bois…).

Les relations entre les villes intermé-diaires sont au cœur du scénario“Spécialités en concurrence”mettant en jeu des spécialisationsdifférentes selon les villes intermé-diaires. Or, pour certaines activitésproductives, il est indéniable que lesvilles moyennes développent descompétences et des activités spéci-fiques. Cette spécialisation irait doncs’amplifiant. Dans ce scénario deconcurrence accrue, l’enjeu de lacohérence du territoire est fonda-mental. Cela pourrait être le cas pourBrest et Lorient qui concentrent l’es-sentiel des composantes de l’écono-mie maritime : sécurité et défense,enseignement/ recherche, biotechno-logies, énergies marines renouvela-bles, nautisme.

Dans un contexte de croissanceurbaine généralisée, les villes inter-médiaires peuvent se contenter desuivre le mouvement sans forcémenten bénéficier. Ainsi, dans le scénario“Satellite interconnecté”, les villesintermédiaires bénéficieraient-ellesd’une diffusion du processus demétropolisation. Les modes de pro-duction contrôlés depuis les métro-poles seraient organisés à partir desvilles intermédiaires. Les villes seraientainsi connectées par des réseauxefficaces qui diminueraient d’autantles coûts de communication interur-bains. Une segmentation des villesintermédiaires s’opérerait : les plusgrandes parviendront à contrer ledéclin en jouant la complémentaritéavec des villes homologues ; les pluspetites lieraient leur destin pourne pas disparaître. Dans tous les cas,la ville intermédiaire deviendraitdépendante des donneurs d’ordred’échelon supérieur.

La situation périphérique de la Bre-tagne et sa connexion difficile auxgrandes métropoles nous invitent àconsidérer ce scénario comme plutôt“repoussoir”. Pour autant, l’organisa-tion en réseau peut se maintenir etconstituer une force pour l’avenir.

1. Les enseignements clés tirésdes systèmes spatiaux de la démarche

Territoires 2040 de la DATAR

1.2. Les villesintermédiaires

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L’accroissement exceptionnel de lamobilité et des échanges (traficaérien, transport maritime…), à toutesles échelles, est un grand facteur dechangement qui a infléchi durable-ment les organisations territorialesdes cinquante dernières années.

Cette dynamique devrait se poursui-vre, sous réserve des enjeux énergé-tiques et s’accompagner d’un essordes fonctionnalités offertes par lestechnologies de l’information.

Nous sommes entrés dans l’ère desterritorialités mobiles, des sociétésnomades et organisées en réseau : lamobilité est une composante essen-tielle de l’organisation des espacespar les sociétés modernes. Elle s’af-franchit des distances, rapproche leslieux et perturbe les continuités terri-toriales.

Une approche relationnelle des terri-toires s’impose donc, c'est-à-dire nonplus en termes de zonage et de conti-nuité mais d’articulations et d’inter-dépendances, ce qui bouleverse nosperceptions des territoires : on passede notions de centralité/périphérie,dominant/dépendant, où la distanceétait déterminante, à une approchedu fluide et du liquide sur lesquelsl’ordre et le pouvoir ont peu de prise.

La multiplication des flux fait émer-ger quatre types de fonctionnement :Une société mobile et de loisirs

(navettes, migrations et tourisme àtoutes échelles de distance),Une société de l’économie et de la

connaissance (partenariats scienti-fiques et projets de recherches),Une société économique et finan-

cière (multinationales, transport ma-ritime),Une société énergétique (gisementset réseaux de transport de l’énergie).

Quatre systèmes territoriaux peuventen découler : réseau des métropoles,réseau des diasporas, réseau logis-tique, ports et “hinterlands”, en s’af-franchissant des espaces traversés,des proximités et des distances quifont face aux défis majeurs suivants :Territorialisation : quelle capacité

des flux à faire territoire ? Peut-on“habiter les flux” (un territoire en ré-seau ) ?

Responsabilité : quelle capacité demaîtrise et régulation du systèmeterritorial ? Quelle acceptabilité dusystème par les habitants et acteurslocaux ?Attractivité : quel rayonnement dusystème, quelle hiérarchie d’impor-tance pour les acteurs ?Vulnérabilité : risques naturels,

contextes énergétiques ou géopoli-tiques, mutations rapides et imprévi-sibles des composantes, saturationdes grandes infrastructures.

Dans le scénario “Polarisé”, uneaccentuation des logiques de métro-polisation (système polycentrique)est le corollaire d’un nombre restreintde métropoles fortement intercon-nectées entre elles : Villes-pont con-centrant les plateformes logistiques,l’innovation, les flux financiers, lespassagers… L’accentuation des mo-bilités est rendue possible par le dé-veloppement d’une offre de transportcollectif abondante.

Le scénario “Archipellisé” fait réfé-rence à une mobilité plus réduite etmaîtrisée, une mobilité taxée, avecpour conséquence un développe-ment plus économe en énergie et denombreux espaces protégés et sanc-tuarisés.C’est un scénario envisageable enBretagne qui pourrait y perdre et ygagner en redistribuant les cartes.

À l’opposé, est décrit un scénario“Dilué” dans lequel l’activité et l’ha-bitat se diffusent fortement le longd’axes de transport individuel. Lesconcurrences entre territoires sontaccrues alors que le pouvoir politiqueperd de sa légitimité. La consomma-tion énergétique liée notamment àl’habitat est particulièrement forte.

Enfin (scénario “Fluidifié”) unmodèlecombinant hyper mobilité et forteorganisation en réseau donnerait unterritoire où on habite les flux, où lesespaces dédiés au transport devien-nent davantage des lieux de vie quede transit.

Malgré sa situation de promontoirede l’Europe, la Bretagne n’a pas degrands ports ou aéroports d’échelleinternationale. Elle n’a pas non plus demétropole de dimension significative

(cette affirmation est un peu moinsvraie en associant à la réflexionNantes et St-Nazaire). La Bretagnereste donc très liée à Paris pour lesgrands flux et fonctions métropoli-taines.

C’est pourtant un territoire ouvertau monde, attractif et performant :territoire productif dans l’économiemondialisée, territoire d’attrait tou-ristique, de fort attachement, de voya-geurs (marins, émigrants-diaspora),territoire de culture et d’éducationporté vers l’imaginaire, l’immatériel(la recherche, l’innovation), territoireenfin de solidarité et de réseauxentre individus, acteurs économiqueset institutions politiques qui saventcoopérer.La Bretagne peut se targuer debénéficier d’une économie produc-tive performante (5ème région indus-trielle de France juste derrière le NordPas de Calais) et de la bonne tenuede son tourisme. Elle sait aussi mobi-liser sur des questions d’infrastruc-tures (Bretagne grande vitesse, Bre-tagne très haut débit), s’engageravec ses pôles de compétitivité, sescoopérations universitaires.

1.3. Les portes d’entrées de la France etles systèmes territoriaux des flux

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L’économie résidentielle et présen-tielle2 est née de la déconnexionentre lieu de production et lieu deconsommation et décrit l’ensembledes flux de revenus que captent lesterritoires indépendamment de leurcapacité productive.

La circulation des flux de revenuss’est fortement accrue entre les ter-ritoires. Le poids de l’économie rési-dentielle est, partout en France, trèsbien représenté en raison notam-ment de l’importance des revenus deredistribution (retraites, allocations),des salaires des navetteurs et des

dépenses de touristes. Les processusde développement résidentiel (ettouristique) se développent partoutmais avec plus ou moins d’intensitéet à des stades différenciés, les terri-toires les plus attractifs et les plustouristiques étant particulièrementconcernés.

“Ces processus de développementnon productif constituent de puis-sants moteurs de développementterritorial à condition que les revenussoient dépensés localement et qu’ilsalimentent le secteur domestique oula sphère présentielle”.

Les territoires à base résidentielle ettouristique sont ceux où l’économierepose en grande partie sur lesdépenses et donc sur les revenusdes populations qui habitent ou quiséjournent sur place. Le tourismeapparaît très localisé alors que lagéographie de l’économie résiden-tielle est beaucoup plus diffuse.

Sur des espaces de développementrésidentiel et touristique figurent lesaires urbaines et espaces périur-bains, les plaques résidentielles (tauxde croissance de la population dueau solde migratoire entre 1999 et2007) et les “archipels touristiques”(principaux sites culturels et récréa-tifs, grands sites naturels et stationsclassées tourisme). La densité de litstouristiques dans les communes lit-torales (surtout en sud Bretagne etdans les Côtes d’Armor) témoigne del’importance du secteur du tourismedans l’économie régionale.

Enfin, le poids de la base résiden-tielle3 dans les revenus basiques enBretagne est important pour leszones d’emploi de Lannion et Guin-gamp alors qu’il est plus faible à l’estdans la zone d’emploi de Rennes.

Ces processus se caractérisent par trois axes problématiques :

Le premier met en évidence qu‘ils sont hétérogènes du point de vue de leurattractivité (l’impact est différent en fonction des populations attirées, desrevenus captés et de leur intensité) et de la temporalité (saisonnalité touris-tique, migrations quotidiennes, occasionnelles, … qui induisent des mobilitéset des transports distincts).

Le second se pose en termes d’interdépendance(s) et d’inter-territoria-lité. Les processus de développement résidentiel sont fortement dépendantsdes processus productifs. Leur complémentarité et leur interdépendance peu-vent être le garant d'un développement équilibré des territoires.

Le troisième concerne l’efficacité et l’opportunité. En effet, ces mécanismessont de puissants leviers de développement économique et constituent unevéritable opportunité pour les territoires. L’impact au niveau social (précaritéde l’emploi, inégalités..) et environnemental apparaît plus ambigu.

1.4. Les espaces de développementrésidentiel et touristique

2 “L’économie présentielle est fonction de la population pré-sente sur le territoire à un moment ou une période donnée.La population présente n’est autre que la population rési-dente à laquelle on soustrait les absences des résidentsparties en déplacement, professionnel ou non, pour unenuitée au moins et à laquelle on rajoute la présence destouristes sur le territoire”, DATAR, Revue d’études et deprospective N°3, Extrait page 127.

3 Ensemble des revenus captés par les territoires indépen-damment de leur capacité productive. La base résidentiellereprésente la moitié de l’ensemble des revenus que cap-tent les zones d’emploi en France.

1. Les enseignements clés tirésdes systèmes spatiaux de la démarche

Territoires 2040 de la DATAR

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Deux des 4 scénarios présentés dans les contributionsde la DATAR interpellent directement le processusde développement résidentiel et touristique en Bretagne.

Dans le premier scénario (sphère de vie), le processus de développe-ment se renforce par spécialisation socio-spatiale. Il allie unicitéfonctionnelle des lieux et mobilité. L’espace est structuré en sphères(fonctions) différenciées (travail, résidence, loisirs, vieux, jeunes …) quisont reliées entre elles par des déplacements. Ce scénario de la mobilitéet de l’élargissement des espaces périurbains accentue la tendance à ladéconnexion du résidentiel et du productif. L’économie résidentielle serarenforcée avec un ancrage dans les lieux de résidence au détriment deslieux de travail et le tourisme sera organisé sous forme de sites touris-tiques de proximité.

Ce scénario pose donc la question de la spécialisation ou non des espaces,de la déconnexion résidentiel/productif ainsi que des solutions à trouverpour les déplacements de proximité en Bretagne.

Dans le second scénario, les Spots, le développement s’amoindrit et estréservé à une “élite” territoriale (hauts lieux). L’effet résidentiel seconcentrera surtout dans les spots touristiques. Ce scénario est celuid’une mobilité de réseaux, de la connexion des hauts lieux du business,du tourisme et de la culture. Il combine mobilité, fluidité et multiplicitéfonctionnelle des lieux.

Dans un contexte d’hyper-mobilité à l’échelle mondiale, on assiste à undesserrement encore plus important où les espaces sont hyperspécialisés(spots : hauts lieux du commerce, du tourisme, de la culture…) avec tou-tefois l’apparition de friches industrielles et résidentielles. La Bretagneresterait-elle à l’écart de cette évolution? serait-elle capable de construireune offre de haut de gamme en développant les infrastructures néces-saires (aéroports, LGV, offre hôtelière, animations patrimoniales…).

Dans les deux autres scénarios, les processus de développementrésidentiel et touristique, soit disparaissent (Oasis), soit sont sans objet(leWeb).

Celui des “Oasis”, met en scène une réduction des mobilités et l’unicitédes lieux, l’ancrage. Il correspond à une polarisation et un resserrementurbain dans des villes où sont concentrés production, habitat et loisirs.Le processus de développement résidentiel et touristique disparaît parreconnexion fonctionnelle. L’agriculture s’insérera dans la ville et sonpériurbain proche, l’industrie produira des objets hybrides à fort contenutechnologique et la notion de tourisme disparaît, remplacée par celle depratiques de loisirs au sein de l’oasis.

Celui du “Web” implique qu’il est possible de tout faire depuis chez soi.C’est le scénario de “l’aterritorialisation”. L’ubiquité est possible avecInternet. Il repose sur une réduction des mobilités et une multiplicité desrapports aux lieux.

1. Les enseignements clés tirésdes systèmes spatiaux de la démarche

Territoires 2040 de la DATAR

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Aujourd’hui, l’industrie dépasse large-ment sa seule acceptation statistique.

Le processus accéléré des liens d’ex-ternalisation a pour conséquenced’élargir le champ de l’industrie àcelui des “services” à faible valeurajoutée (restauration, nettoyage,sécurité,…) mais aussi à haute valeurajoutée (recherche, finances, sys-tèmes d’information, recrutement, …)

Ainsi, le poids de la logique indus-trielle (agro-alimentaire, secteursmanufacturiers et énergie) et de sesservices aux entreprises représentaitencore 30 % environ des emploiset de la valeur ajoutée en 2007.L’augmentation des services auxentreprises compenserait selon laDATAR la baisse de l’industrie sur les20/30 dernières années. On n’assis-terait pas, en France, à l’effondre-ment de l’industrie mais à saprofonde mutation.

Pour autant, l’industrialisation relati-vement récente de la Bretagne (se-conde moitié du 20ème siècle) offre-t-elle des garanties de viabilité? Ouà l’inverse la désindustrialisationqu’ont connue les régions ancienne-ment industrialisées notamment duNord - Est du pays est-elle l’avenir dela Bretagne? Le tissu de PME etd’entreprises familiales ne risque-t-ilpas d’être balayé ou marginalisé, àl’écart des flux de l’économie finan-cière mondiale ? La crise récentea touché des secteurs industriels(IAA, automobile) particulièrementprésents en Bretagne faisant naîtrede très vives inquiétudes sur la dura-bilité du “modèle breton” (manifesta-tion dite des “Bonnets rouges” contrel’écotaxe). Le scénario “Citadelle”envisage une telle évolution. Dansles prochaines décennies, le reculde l’industrie s’accélérerait encore.Seules subsisteraient des unités per-formantes et innovantes sur un nom-bre réduit de sites.

C’est selon Gilles Le Blanc, “la re-cherche permanente d’innovation,d’investissement, de ressources hu-maines, de compétences, de finan-cement, d’accès à des débouchésproches, d’infrastructures facilitantles activités” qui constituerait la dyna-mique principale de ces territoires

citadelles, l’intervention publique seconcentrant sur la formation et lesinfrastructures territoriales.

Dans ce dernier scénario, la Bretagne,en situation périphérique apparaîtlâchée, se concentrant sur l’offrede biens et de services aux popula-tions, évoluant en “désert productif”.

Il est tentant de penser que laBretagne trouverait davantage saplace dans le scénario “Reconstruc-tion industrielle verte” où certainsterritoires profitent d’une transitionécologique vers “un modèle écono-mique vert et durable” ou dans celuide “l’Effervescence” basé notam-ment sur l’innovation et l’entrepre-nariat local. Dans le premier, les ter-ritoires qui réussissent sont ceux quiont su encourager temporairementl’innovation. De nouveaux secteurssont en développement constant (dé-pollution, recyclage, énergies renou-velables…). Dans le second, le modèlede la grande entreprise et du contratexclusif de longue durée s’est effacédevant de nouvelles formes d’organi-sation plus flexibles mais aussi plusinstables. Les territoires se doiventde favoriser la mobilité profession-nelle, la création d’activités, l’innova-tion et encourager le goût d’entre-prendre.

Quant au scénario “After industria-lisation”, il apparaît comme la formeultime de la reconstruction indus-trielle verte. Une remise en causedes modes de consommation et deproduction aboutirait à revisiter lecircuit local, les formes coopérativesd’entreprises au prix d’un certainrepli sur soi des territoires.

1.5. Les espaces de la dynamiqueindustrielle

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Si l’on considère comme seuil celuide 30 habitants au km² (à l’échellecommunale), la “faible densité” con-cerne 42 % des communes, unelarge diagonale sud-ouest/nord-est etla plupart des massifs montagneux,soit 48 % du territoire français.

Ces espaces n’ont pas à être consi-dérés comme systématiquement envoie de désertification, isolés oudévitalisés.

Les espaces de faible densitéconnaissent pour une part impor-tante une démographie positive ouau moins un solde migratoire positif(phénomène de rurbanisation ?)

Socialement, les habitants de cesespaces de faible densité sont peuhomogènes. Se mélangent des modesde vie urbains et des populationsnatives et ancrées.

La présence agricole se manifestedavantage par l’occupation du solque par les agriculteurs. Malgré tout,la part des agriculteurs dans la popu-lation active reste élevée allantjusqu’à 30 % dans certaines régionsd’élevage. L’évolution de la politiqueagricole commune (PAC) joue un rôledans l’économie de ces espaces,les dimensions environnementales etsociales prenant progressivement lepas sur la pure dimension productivequi prévalait.

La base économique est en pleine re-composition avec le développementde la production énergétique (éoliennotamment et biocombustibles) quis’ajoute à la production agricole etsylvicole. Dans un contexte de fortescontraintes (notamment une faibleressource humaine), la capacité deshabitants à inventer, à expérimenterest déterminante dans la capacitédes territoires à se développer.

En conséquence, l’attractivité rési-dentielle et touristique des territoiresà faible densité est centrale pour leuravenir.

La gouvernance territoriale des espacesde faible densité repose en partie surleur capacité à s’organiser : intercom-munalité, pays, parc naturel régional,leader, pôle d’excellence rurale...

Le Centre Ouest Bretagne rassembleces caractéristiques : faible densité,présence agricole importante, pro-duction énergétique émergente…

À une échelle plus fine, la faible den-sité apparaît aussi autour des villesdans les communes attractives rela-tivement bien reliées aux espacesurbains. En réalité, c’est l’ensembledu territoire breton, y compris le Cen-tre Ouest, qui n’est jamais éloigné deplus de 45 minutes d’une ville impor-tante ou moyenne.

Comment, dès lors, ces espaces peu-vent-ils évoluer ?Ils pourraient servir de lieux refuge,sécurisés pour citadins en rupture ouretraités (scénario rupture “Archipelcommunautaire”).

En Bretagne, la déconnexion lieux devie/lieux de travail, l’arrivée de nou-velles populations en recherche de“l’entre soi” ou de foncier abordablehors des villes rendraient ce scénariopossible.

De même, le développement des ré-sidences secondaires ou l’installationdéfinitive de nouvelles populationsinactives venues souvent de Grande-Bretagne concernent aussi les es-paces éloignés du littoral breton, plusdisponibles et meilleur marché.

Cette attractivité des territoires àfaible densité n’est pas toujoursconciliable avec la préexistence d’au-tres fonctions comme l’agriculture,l’élevage intensif, l’exploitation fo-restière ou l’installation d’éoliennes.

Et si les moyens destinés au soutienà l’espace rural et à l’agriculturevenaient à se tarir ? Et si la faibledensité était plutôt propice aux ini-tiatives individuelles et locales ?Si le moteur du développement deces espaces était plutôt endogène ?C’est le scénario “Canevas terri-torial des systèmes entrepre-nants”. L’agriculture trouverait unenouvelle dynamique en s’attachantau marché local ou en s’appuyantsur des marchés mondiaux très spé-cifiques. L’intervention publique ré-compenserait les projets innovants etla capacité des acteurs locaux à semobiliser.

L’étalement urbain et l’extension desaires urbaines se poursuivront-ils ?C’est la logique que privilégie le scé-nario “Faible densité absorbée”.En Bretagne, compte tenu de l’arma-ture urbaine relativement dense etd’une mobilité qui irait encore ens’accentuant, ce scénario signifieraitl’échec des politiques territorialesfavorables au resserrement urbain età la sobriété énergétique actuel-lement mises en œuvre. Dès lors, lescampagnes seraient tout à la fois lelieu de conflits entre préservation desespaces de nature et localisation defonctions indésirables en ville (pro-duction, logistique, déchets, énergie,agriculture productiviste). Ces espacesseraient plus ou moins régulés dansle cadre de grandes collectivitésterritoriales organisées autour dusemis de villes moyennes et grandes.

1.6. Les espaces defaible densité

1. Les enseignements clés tirésdes systèmes spatiaux de la démarche

Territoires 2040 de la DATAR

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1) Si les métropoles concentrent population, fonctions supérieures, cen-tres de décision, création de richesses, connexions au flux, l’armatureurbaine bretonne basée sur une faible spécialisation et un fonctionne-ment en réseau, constitue-t-elle un modèle d’avenir ? Proche du modèlerhénan, la Bretagne a su exploiter ce maillage de villes moyennes qui fitles beaux jours du modèle de développement agro-industriel jusqu'auxannées 1990.Mais, la profonde mutation économique qui affecte les économies déve-loppées a progressivement renforcé les lieux de "l'économie relation-nelle", que Pierre Veltz désigne comme les métropoles et autres nœudsoù se développent les synergies entre recherche, innovation et entre-prises de l'économie de la connaissance.Aujourd'hui, la présence de deux métropoles reconnues par la Loi dansla région constitue un atout considérable. Celles-ci participent au vasteréseau planétaire des métropoles en archipels, hyper connectées entreelles sans pour autant brider l'ouverture au monde de l'ensemble du ter-ritoire. En effet, les entreprises de Quimper, Lannion, Lorient ou Vannesn'ont pas attendu pour participer à la mondialisation des marchés.Dans ces conditions, la qualité des relations entre métropoles et villesintermédiaires apparaît comme l'épine dorsale du développement terri-torial breton.

2) La question de la pertinence du modèle de développement breton surl'ensemble du territoire doit également être posée.Un système productif qui adresse principalement les marchés de massea-t-il encore un avenir à la pointe de l'Europe ? Vraisemblablement paspour longtemps encore. La sortie de l'économie bretonne du "piège dela compétitivité par les coûts" passe ainsi par un investissement massifdans l'innovation afin de se spécialiser sur des produits haut de gammepour des marchés de niche. La compétitivité hors coût qui permet d'éle-ver la gamme des produits et leur prix se construit dans la relationentreprise et pôle de recherche technopolitain.

3) Si le choix n'est pas à faire entre une économie productive ourésidentielle, l’équilibre souvent recherché entre une économie produc-tive tournée vers les marchés extérieurs et une économie présentiellereposant sur l’attractivité du territoire est-il encore opportun dans lecontexte actuel de la mondialisation ? La question mérite d’être posée auregard du nombre de communes du littoral breton qui doivent leurdéveloppement à l'activité touristique, l'accueil des retraités ou la rési-dence d'actifs travaillant dans les grandes concentrations urbaines.

4) L'attractivité exceptionnelle d'une telle région littorale (3000 kms decôtes) demeure vulnérable. Un soin particulier doit être porté à l'amé-nagement de ses territoires, afin de résoudre les déséquilibres entre unlittoral disputé et un centre déserté, entre l'urbain et le rural, l'est etl'ouest, mais également pour préserver des ressources naturelles nonrenouvelables comme l'eau ou l'énergie. En tout état de cause, si lesvilles ont un rôle à jouer en mettant leurs ressources au service du ter-ritoire, c'est à la Région qu'il incombe de s'assurer de ce développementéquilibré.

Ces questions renvoient à une séried’enjeux majeurs pour la Bretagnequ’il convient de traiter dans ladeuxième partie avant de dégagerune quelconque vision prospectivedans la troisième partie.

Nous avons identifié les huit enjeuxsuivants :

L’inscription du territoiredans les réseaux métropolitainsinternationaux

Le rôle des villes moyennesdans l’armature urbaine bretonne

L’attractivité résidentielleet touristique du territoire

La mutation de l’économieproductive

L’espace marin et littoral

La qualité de l’eau

La transition énergétique bretonne

Les inégalités territoriales

QUATRE GRANDES INTERPELLATIONSSTRATÉGIQUES POUR LA BRETAGNE

Conclusion

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2 . Les enjeux et probléma-tiques posés pour la Bretagne

2.1 Le processus d'inscriptiondu territoire métropolitain bretondans les réseaux internationaux

La question du seuil d’admissiondans le club fermé d’un réseau demétropoles n’est pas tranchée alorsqu’elle est déterminante pour Renneset Brest. Car si objectivement lesvilles bretonnes sont de taille modeste,

en revanche, elles développent cer-taines fonctions de rang international(télécommunication, recherche..) quel'on retrouve dans des villes de lacatégorie de Turin en Italie ou deFrancfort en Allemagne. Soulignonsqu'elles ont été retenues par le gou-vernement dans la liste de 14 métro-poles françaises. Par ailleurs, l’arrivéeprochaine de la ligne à grandevitesse, même si ces effets positifssont inégalement répartis sur le ter-ritoire (cf. paragraphe 2.8), connecteles villes bretonnes au réseau euro-péen des métropoles.

La "taille humaine" des aggloméra-tions bretonnes permet d'offrir desconditions d’exercice de l’activitéplus favorables qu'ailleurs, commeun climat de confiance mieux établipar la proximité des acteurs. C'estl'enjeu de la "qualité critique" plutôtque celui de la taille critique qui a étéretenu par l'espace métropolitainbreton pour s'inscrire dans lesréseaux internationaux. La diversité duportefeuille d'activités, tout commele spectre des métiers offerts dansles métropoles, tout particulièrementà Rennes où l'on recense plus de 500types d'activités différents (grapheNAF 700, source ACOSS URSSAF),dessinent un marché du travail dontla richesse est proche de celle desgrandes métropoles.

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Les agglomérations de Rennes et deBrest se sont ainsi dotées de fonc-tions et de services au bénéfice del'ensemble du territoire breton. Ellesdéveloppent les relations entre le ter-ritoire régional et le reste du monde,entre les acteurs de la recherche etde la production, entre les réseauxpublics et privés ... C’est particulière-ment le cas pour Brest qui occupeune place de rang mondial dans ledomaine des sciences et techniquesmarines. Elles peuvent jouer un rôlede sas pour le marché mondial descapitaux, des hommes et des idées.

En accueillant une population de plusen plus cosmopolite des activités in-novantes et créatives toujours plusvolatiles et en polarisant l'attractivitédes étudiants d'origine étrangère, lesmétropoles bretonnes (y comprisNantes) prennent pied progressive-ment dans les réseaux internatio-naux.

Toutefois, malgré ces efforts pour his-ser leur attractivité au rang interna-tional, les métropoles bretonnes neconnaissent pas encore la notoriétéde leurs concurrentes allemandes,italiennes ou anglaises. En réalité, laconcentration de fonctions intellec-tuelles de recherche, de décision oude gestion à Brest comme à Rennesdemeure sans commune mesure

avec celle que l’on trouve dans lesgrandes métropoles européennes etmondiales.

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Cependant, si Rennes et Brest n'ap-paraissent pas encore comme despôles majeurs en France visibles auregard des investisseurs étrangers sion les compare à Lyon, Toulouse,Marseille ou Nice4, elles continuentd'assumer la fonction incubatrice etsociale propre aux grandes agglomé-rations. Au rythme du renouvelle-ment de leur population (un tierstous les dix ans pour Rennes), ellesaccueillent et brassent des popula-tions d'origine économique et socialede plus en plus diverses qui contri-buent au dynamisme économique etdémographique du territoire breton.

Ce dynamisme du peuplement en-traîne certaines difficultés d'inté-gration des nouvelles populationsmalgré des politiques de l'habitatérigées en priorité. Pour préserverune cohésion sociale qui permet des'assurer que les "deux expériencesantagonistes de la mondialisation"5

coexistent sur le territoire, les deuxmétropoles élaborent des programmesde logement dont le maître mot estla mixité sociale.

La faible présence des groupes tra-vaillant à l'international comme celle,modeste, de sièges sociaux aux fonc-tions décisionnelles ou de grandscentres de recherche et d’innovation,ne génère pas l’apparition d’une “in-tensité urbaine” comparable à celledes métropoles de rang européen. Ladimension événementielle, culturelleet économique comme l'offre com-merciale des métropoles de l’Ouest,n’a pas atteint celle des métropolesqui comptent aujourd’hui en Europeet dans le monde. L'absence d'ensei-gnement bilingue anglais français dela maternelle à l'université pénalisel'attractivité. Le cosmopolitisme de lasociété reste embryonnaire. Bref,"l’oxygène métropolitain" se fait rareà l’altitude de Rennes ou de Brest,même si le rythme de croissancedes populations et des emplois ydemeure un des plus dynamiques deFrance.

2 . Les enjeux etproblématiques posés

pour la Bretagne

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4 La visibilité des aires urbaines françaises appréciée parles projets d'investissements étrangers. Source AFII 2003 à2009

5 Cette coexistence est une des caractéristiques fortes desmétropoles selon Michel Lussault in "l'urbain métropolisédans la mondialisation", Datar, op cité

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La définition des villes intermédiairespar la DATAR s’applique à un nombrerelativement élevé de villes de cettecatégorie en Bretagne : Brest, Lorient,Saint-Brieuc, Vannes, Quimper, Saint-Malo, Lannion, Fougères et Morlaix.Cet ensemble de 9 villes intermé-diaires démontre la pertinence et ladisparité de ce type de système spa-tial pour la Bretagne. L’armature ur-baine bretonne présente un modèlespécifique et efficace marqué par unsystème en réseau à différenteséchelles parmi lesquelles le “pays” etl’espace maritime jouent un rôle plusimportant qu’ailleurs en France.

Sont-elles pour autant des “métro-poles incomplètes” ?A l’échelle bretonne, il y a un conti-nuum entre d’une part les 8 villesmoyennes et d’autre part Rennes etNantes qui ne sont pas des métro-poles de niveau européen.L’analyse de l’armature urbainebretonne6 met en évidence un déve-loppement multipolaire et des trajec-toires diversifiées. On reconnaît undynamisme plus fort à l’Est maisRennes n’est pas la seule agglomé-ration concernée ; on y trouve aussiVannes, Carnac, Sarzeau et Dinard.Les trajectoires des villes moyennesdu littoral Ouest (Lorient, Quimper,Saint-Brieuc, Saint-Malo) et de Brestsont parallèles, marquées par undynamisme démographique moinsfort compensé par un développe-ment touristique et métropolitain7

important.

Les relations entre villes intermé-diaires font système et pèsent plusque leur propre relation à Rennesou à Brest. Les flux domicile travailpermettent d’identifier les villesintermédiaires d’un certain niveau. Ils’agit des aires reliées avec plusieursautres aires urbaines. Les flux domi-cile / étude permettent une repré-sentation plus simple qui correspondà la même réalité.De même la dynamique économiqueet résidentielle ne profite pas seule-ment à la strate urbaine la plusélevée comme en témoignent lesévolutions récentes du nombre d’em-plois entre 1982 et 2010.

2.2.le rôle des villes moyennesdans l’armature urbaine bretonne

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6 L’armature urbaine bretonne, travail collaboratif desagences d’urbanisme et de développement de Bretagne,2013

7 On fait référence aux emplois hautement qualifiés.

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2 . Les enjeux etproblématiques posés

pour la Bretagne

68-75 90-99

75-82 99-10

82-90

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Tout cela témoigne d’un continuumentre petites villes, villes moyennes etgrandes villes sans réel effet de seuil.

Exception à cette règle, la structure parâge qui distingue assez nettementRennes et Brest, attractives pour lesétudiants et jeunes actifs, et les villesmoyennes ou, encore plus, les petitesvilles du littoral qui le sont pour lescatégories d’âges les plus élevées. Ladifférence entre la population de plusde 60 ans et celle des moins de 20 ansrévèle 3 espaces plus jeunes : Brest,Nantes et Rennes. Cela s’explique vrai-semblablement par la présence d’éta-blissements de formation supérieureainsi que d’autres fonctions métropoli-taines souvent moins présentes dansles villes moyennes ou leur espace deproximité.

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La théorie de la base économiquedistingue la base résidentielle de labase productive.D’un côté, la sphère “présentielle”englobe les activités liées à la pré-sence des habitants ou touristes surun territoire (commerce, BTP, ser-vices à la personne,…).

De l’autre, la sphère productiverepose sur les activités économiquesqui exportent des biens et des ser-vices sur un marché concurrentiel deplus en plus mondialisé.Cependant l’attractivité touristiqueet résidentielle nourrit aussi l’écono-mie productive (Job follow people).8

Sur les 40 dernières années, la Bre-tagne, en plus d’être une destinationtouristique (4ème région française ennombre de nuitées), devient une ré-gion attractive avec un solde migra-toire largement positif.

Si le littoral et les villes voient leuréconomie intégrer une part crois-sante d’activités liées à la croissancede la population ou au tourisme (lit-toral, grandes et moyennes villes),c’est l’évolution, inverse en Bretagneintérieure et en périphérie des villes.Cette dichotomie est en partie due àune industrialisation à l’Ouest de laBretagne qui a touché plus particu-lièrement les petites villes, à lamigration d’activités industrielles oude logistique hors des murs desagglomérations et à une certaineconcentration du commerce dans lescentres et en première couronne.

L’évolution démographique doit-elleêtre corrélée avec celle des reve-nus ? Globalement, l’est de la région,les agglomérations et le littoral s’en-richissent plus vite ce qui contrasteavec des espaces relativement éten-dus (centre Bretagne, Nord-ouest desCôtes d’Armor, nord et sud de l’Illeet Vilaine) où la faiblesse du revenumédian est beaucoup plus marquée.

La Bretagne bénéficie d’une certainenotoriété touristique ainsi quel’image d’une destination familiale,estivale et bon marché. S’agit-il demaintenir cette spécificité ou de viserd’autres clientèles ? Dans uncontexte marqué par l’internationali-sation des destinations, la crise éco-nomique et l’augmentation desexigences des visiteurs, il apparaîtdifficile de ne pas élargir la gammedes services proposés. L’objectif estbien de renouveler la clientèle touten modifiant l’image parfois restric-tive de la destination Bretagne.Plusieurs leviers peuvent contribuerà cette ambition : l’e.tourisme, lanécessaire modernisation de l’héber-gement et de façon générale la valo-risation des atouts en matière denature, de patrimoine, d’événements…Enfin, pour rentabiliser l’ensemble deces investissements, mais aussi deconsolider les emplois et les chiffresd’affaires, l’élargissement de la sai-son est un impératif.

2.3. L’attractivité résidentielle et touristiquedu territoire

2 . Les enjeux etproblématiques posés

pour la Bretagne

208 Le peuplement attire les emplois

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Selon la DATAR, la Bretagne n’est pas“classée” comme territoire à base in-dustrielle (ou en désindustrialisation)et se caractérise par :Un poids de la base économique

productive relativement faible (maisayant connu une forte hausse aucours des 30 dernières années).Trois pôles de compétitivité dont

deux sont considérés comme de ni-veau mondial ou à vocation mondiale(Mer et images/réseaux).Peu de “grandes unités” indus-

trielles : DCNS à Brest et Lanester,PSA à Rennes… font figure d’excep-tion.Pourtant, la Bretagne se classe au5ème rang des régions industriellesfrançaises (Rennes est classé 13ème

pôle industriel)

L’industrie bretonne se caractérisepar un poids de l’industrie agro-ali-mentaire (30%) et quelques fleuronscomme l’industrie navale, l’automo-bile et la construction électrique etélectronique. Les technologies del’information et des télé-communica-tions constituent un des atouts del’industrie bretonne avec environ42000 emplois (essentiellement dansles trois pôles de Brest, Lannionet Rennes) et une part élevée derecherche/développement qui contri-bue activement à l’innovation.Or, la Bretagne est touchée par unecrise récente d’un modèle de pro-duction basé sur l’exportation, descoûts de main-d’œuvre et de produc-tion peu élevés.Les installations les plus touchéessont aussi les plus éloignées géogra-phiquement.

L’industrie régionale dans son en-semble résiste mieux qu’ailleurs enFrance. Le secteur de la constructionnavale a même vu ses effectifs s’ac-croître de 2008 à 2012. À l’inverse, lafilière agroalimentaire (et en particu-lier la partie abattage) a été touchéepar des fermetures ou des menacesde faillite. Le modèle de productionbasée sur l’exportation et des coûtsde main-d’œuvre et de productionpeu élevés a été pointé du doigt.Dans ce contexte, l’éloignement géo-graphique des unités de productionet de grands bassins de consomma-tion constitue un handicap. Pour au-tant, de nombreuses entreprises

innovantes continuent de se déve-lopper et ont encore de bonnes pers-pectives à l’international (SILL, Bigard,Laita, EVEN, Triskalia…).

De nouveaux potentiels s’offrent à larégion. Ils sont illustrés par les pôlesde compétitivité qui s’appuient surune base industrielle : images etréseaux, mer, aliment de demain(Valorial), automobile (ID4CAR) quimettent en réseau outils industriels,

capitaux et recherche. L’innovation resteun atout majeur pour les entreprises dansleur développement, en particulier pourleur compétitivité, et constitue ainsi unamortisseur face aux aléas conjoncturels.Ainsi, dans un contexte de crise écono-mique, des filières industrielles se sontconfortées et d’autres ont émergé : lesénergies marines renouvelables, les bio-technologies, la fabrication de batteriespour les transports, les échangeurs ther-miques…

2.4.La mutation de l’économieproductive

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L’essentiel des villes bretonnes esten position littorale. Elles doiventen partie leur développement auxactivités liées à la mer. Or, seule uneinfime partie des flux maritimes estcaptée par les ports bretons.Paradoxe ? Qu’en est-il réellement ?

Première région maritime française,la Bretagne entretient une relationprivilégiée avec la mer. Les activitésmaritimes sont particulièrementvariées : pêche et aquaculture,construction et réparation navale,défense et sécurité, plaisance,sciences marines… L’agglomérationde Lorient par exemple peut se tar-guer de la présence de 13 500 em-plois maritimes et celle de Brest de32 900.

Par ailleurs, la mer contribue àl’image et à l’attractivité de la régionfavorisant ainsi le développement dutourisme et la nécessité de préserverle littoral breton.

Le littoral,un espace attractifAvec près de 3 000 kilomètres decôtes et 95 % de la population àmoins de 60 kilomètres de la mer,l’espace littoral breton est particuliè-rement dense. C’est par ailleurs unespace écologiquement riche etfragile. Cette diversité, conjuguée àune forte attractivité, induit des diffi-cultés en termes d’usage pour l’en-semble des activités présentes. Lapression que subit la zone côtière enmatière économique, sociale, envi-ronnementale, culturelle… impliqueune gouvernance spécifique avecl’objectif de concilier le maintien dupotentiel écologique et le dévelop-pement des activités humaines enminimisant les conflits d’usage. Laprotection des écosystèmes et lamaîtrise des risques constituent éga-lement des objectifs importants.

Un besoin de sécuritéen mer qui augmenteLa Bretagne et Brest en particulieraccueille historiquement la marinenationale et la préfecture qui ontla charge de la sécurité en mer. Laprotection des personnes, du milieuet des infrastructures implique le

déploiement d’une gamme de sys-tèmes complexes au niveau aérien(avion, satellite) et maritime (bâti-ments de surface et sous-marins). Lalutte contre la piraterie et les traficsillicites constitue également une partimportante de la sûreté en mer. L’en-jeu majeur est de valoriser une situa-tion géographique exceptionnelleet de proposer dans le futur des dis-positifs innovants de surveillance etd’intervention et de sauvegarde dela vie humaine (tout en anticipant laréglementation européenne et mon-diale).

La mer, une sourced’énergie à valoriserLa France affiche les tarifs d’électri-cité pour l’instant les moins chersd’Europe en raison de la part du nu-cléaire dont le coût direct de pro-duction est le plus faible après celuide l’hydraulique. Le mix énergétiqueest à rééquilibrer par une montée enpuissance des énergies renouvela-bles. Les énergies marines renouve-lables constituent une piste inté-ressante avec des innovations quipermettent de diminuer ses coûts.Le littoral breton dispose d’un fortpotentiel en la matière qu’il s’agissede l’hydrolien, de l’éolien flottant, dela force houlomotrice… De plus, lescompétences maritimes de la régionsont favorables à une montée enpuissance de ces nouvelles filièresénergétiques marines.

Pêche et développementdurableL’avenir de la pêche implique uneévolution vers une activité raisonnéeliée à une meilleure connaissancedes ressources biologiques. Cela sup-pose un rapprochement des acteursde la pêche vers les centres de re-cherche et les fabricants de matériel.Il convient notamment de trouverdes solutions innovantes en matièred’engins de capture, des systèmesde repérage et de transmission dedonnées en temps réel pour dévelop-per de nouvelles techniques depêche respectueuses de l’écosys-tème. La sécurité des équipages, lebilan énergétique des bateaux et lanavigation assistée sont d’autrespoints à améliorer.

Les biotechnologiesmarines disposent d’unénorme potentielCe secteur d’activité est en pleinessor et ses perspectives de crois-sance sont grandes. Les applicationsdans les domaines de la santé, dela cosmétique, de l’alimentation,de l’énergie ou des matériaux sontparticulièrement nombreuses. Lescentres de recherche de premier planet les entreprises doivent collaborerpour identifier de nouvelles molé-cules. Les applications dans ledomaine médical, la cosmétique, desagros matériaux ou de la bioénergiesont autant de pistes prometteuses.L’enjeu est à la fois de développer lespartenariats avec d’autres secteursd’activité mais aussi de maintenir(voir d’accroître) le niveau d’excel-lence dans ce domaine.

Transport de marchandisesRecouvrant 70% de la surface totaledu globe, la mer est un lien entre lescontinents et constitue un espaced’échanges et d’activités humaines.L’évolution des réglementationsdevrait impliquer de nouvelles géné-rations d’aménagements côtiers,de nouvelles infrastructures, de nou-veaux types de navires et un meilleurlien terre-mer. L’enjeu est avant toutl’innovation dans ces domaines enoptimisant la position géographiquede la Bretagne en bordure d’une desroutes maritimes les plus utilisées.

2.5. L’espace marin et littoral

2 . Les enjeux etproblématiques posés

pour la Bretagne

22

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La question de l’eau prend un sensparticulier en Bretagne et confèreune image négative à la région, enpénalisant ainsi son attractivité. Pla-cée au rang des priorités des pou-voirs publics, la politique de l’eauporte ses fruits même si beaucoupreste à faire.

Les pollutions industrielles, urbaines,domestiques et agricoles participentconjointement à la dégradation de laqualité des cours d’eau et desnappes phréatiques, des eauxconchylicoles et des milieux marins.Elles peuvent être un frein à la pré-sence d’habitat ou à l’installation desactivités économiques qui dépendentd’une qualité irréprochable de l’eau.

La croissance de la population géné-rera une demande supplémentaire eneau potable et en énergie. Il convien-dra par conséquent d’assurer l’appro-visionnement de ces ressources enles mettant en adéquation avec cetteévolution. Cela suppose de protégeret restaurer les ressources en eau,d’assurer la qualité et la sécurité del’approvisionnement en eau. La dé-gradation des milieux par la pollution

de l’eau est responsable d’une réduc-tion de la biodiversité terrestre et ma-rine. Elle dépend des performancesde l’assainissement collectif et indivi-duel, de l’usage des produits phyto-sanitaires par les communes etles particuliers, du traitement deseffluents industriels, des rejets agri-coles, des pollutions portuaires et enmer.

La préservation de la ressource eneau, des milieux aquatiques et desactivités liées, passe par la mise enplace de périmètres de protection surtous les points de prélèvement, parla maîtrise des pollutions indus-trielles, agricoles et domestiques,ainsi que par le recensement et lapréservation des zones humides.Les dispositions déjà prises par lemonde agricole et les collectivitésterritoriales sont à poursuivre pourconfirmer les bons résultats obtenusen matière de réduction des nitratesentre 2000 et 20129.

La restauration de la qualité de l’eauest également un élément fonda-mental du maintien des activités dela mise en valeur de la mer (pêche,

conchyliculture) et du tourisme litto-ral (marées vertes, qualité des eauxde baignade). Il s’avère primordial depouvoir mesurer en temps réel lesvariations de qualité. De nouvellesméthodes et de nouvelles pratiquesde gestion du milieu sont à prévoir ;c’est par exemple le cas pour lesalgues, secteur en pleine évolutionavec de nombreuses applicationsdéjà connues comme l’alimentaire(animale et humaine), la cosmétique,la pharmacie, la médecine...., maisaussi au maintien d’un potentiel dedéveloppement pour de nouvellesvalorisations.

Face aux difficultés sanitaires querencontrent les activités conchyli-coles, des évolutions sont attendues,tant sur le plan de l’adaptation auxcontraintes environnementales ouzoo-sanitaires que sur celui des re-cherches de diversifications (filièresexistantes telles que la mytiliculture,nouvelles filières telles que les cul-tures d’algues, de vers marins…).Ces perspectives d’évolution passe-ront par de nouvelles modalités d’ex-ploitation, y compris une redéfinitiondes espaces dédiés à la production.

2.6. La qualité de l’eau

2.7. La transition énergétique bretonne

L’énergie doit occuper une place es-sentielle dans un travail prospectif àl’aube d’une transition énergétiqueencouragée par les pouvoirs publics.En Bretagne cette question revêt uneacuité particulière tant en terme decontraintes (position périphérique,faible capacité de production, desperspectives de croissances démo-graphiques importantes) qu’en termed’opportunités (disponibilité d’espaces,ressources éolienne et marine).Le bilan énergétique régional établiten 2013 que la production finaled’énergie ne couvre que 10% de laconsommation. Cette situation de dé-pendance énergétique s’explique parle poids des produits pétroliers dansla consommation (50%) et par l’ab-sence de grosse unité de productiond’électricité qui représente plus duquart de la consommation locale.À cela s’ajoutent l’éloignement dessources de production électrique etla situation dite “en bout de réseau”

de la Bretagne qui s’approvisionnedepuis Flamanville (Manche) et Cor-demais (Loire Atlantique); cette si-tuation occasionne des tensions voiredes risques de rupture certains joursen hiver.La sécurité d’approvisionnementélectrique passe par une plus grandeautonomie énergétique et donc parune production locale assortie d’unemaîtrise de la demande.Ce constat a poussé la région et lesacteurs locaux à se doter de moyensde productions électriques. En té-moigne le fort développement del’éolien terrestre avec plus de 140parcs installés représentant près de800 MW installés avec un potentielde 320 MW autorisés restant àconstruire. Si l’on ajoute l’usine ma-rémotrice de la Rance, l’hydrauliqueet plus récemment le photovoltaïque,les usines d’incinération et le biogaz,le taux de couverture des besoins deconsommation électrique est passé

de 5,6% en 2000 à plus de 11% au-jourd’hui alors que cette consomma-tion a continué d’augmenter jusqu’en2010.

Les perspectives de production élec-trique sont prometteuses avec le dé-veloppement attendu de l’éolienoffshore et flottant, des énergies ma-rines et la poursuite de l’éolien ter-restre. La production électriquelocale pourrait ainsi facilement dou-bler en 2020. Ce développement desénergies marines constitue aussi pa-rallèlement une valorisation écono-mique de l’espace maritime bretonqui pourrait profiter à l’activité desports bretons. Brest, Lorient, Saint-Brieuc pourraient ainsi en tirer profit.Le pôle Mer Bretagne a d’ailleursplacé les énergies marines parmi sesdomaines prioritaires.

23

9 Agence de l’eau : État des lieux du bassin LoireBretagne - décembre 2013

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La voie vers l’équilibre entre produc-tion et consommation électrique nesaurait être atteinte qu’à conditiond’une diminution sensible de laconsommation électrique. Or, si laconsommation s’est ralentie ces der-nières années, elle reste soutenue enraison notamment de l’équipementdes bâtiments (résidentiel et ter-tiaire) en chauffage électrique. 37 %des résidences principales étaientchauffées à l’électricité en 2010contre 32% au niveau national. Sila croissance démographique sepoursuit, le renouvellement du parcrésidentiel et le durcissement desnormes en faveur de l’efficacité éner-gétique des bâtiments représententune opportunité d’inverser durable-ment la courbe de la consommation.

Cette production d’électricité renou-velable n’a que faiblement contribuéà faire diminuer les émissions deCO², bien moins que les biocarbu-rants et le recours au bois pour laproduction de chaleur (près de 5%des émissions de CO² évitées)Pourtant, pour la première fois depuisla révolution industrielle la courbedes émissions de CO² diminue sensi-blement (depuis 2002) et ce plus viteque celle de la consommation. Pour

Tant en termes d’emploi que de dé-mographie, l’écart entre les terri-toires situés de part et d’autre d’uneligne Lorient / Saint Malo s’accentueet plus encore depuis 2000. Les crois-sances démographiques sont plusfortes autour des villes de Vannes,Rennes, Dinan Saint Malo et à l’Estde Lorient. Elles sont plus faibles surle reste des espaces littoraux alorsqu’une poche située à l’ouest de Lou-déac et jusque Carhaix (Mont d’Arréeet Sud-ouest des Côtes-d’Armor)enregistre une légère diminution desa population. Il s’agirait en partie del’effet de l’attraction exercée par desterritoires bénéficiant à la fois d’unmarché du travail dynamisé par laprésence de deux grandes villes,Nantes et Rennes et de l’arrivée deretraités sur les littoraux les mieuxconnectés au bassin parisien (cf. 1.4les portes d’entrées et les territoiresdes flux).Si le terme clivage paraît excessif, il

existe en revanche un enjeu de co-hésion territoriale tant la différencede rythme de développement paraîtsensible.

Le choc sur l’emploi qu’a subi laBretagne de 2008 à 201210 se traduitpar un impact très différent suivantles territoires en fonction de leurtissu et structures économiques et deleurs dynamismes propres. À l’ex-ception de Brest (baisse limitée),tous les pays situés à l’ouest d’uneligne Dinan/Lorient, connaissent unediminution sensible de leurs effectifssalariés marchands. La baisse estparticulièrement marquée dans lenord de la Bretagne. Les Pays deRennes et de Vannes enregistrentégalement des baisses significatives.Il faut cependant relativiser cettesituation en rappelant la situation re-lativement privilégiée de l’ouest etde la Bretagne en particulier enFrance.

la première fois aussi (ce n’était pasle cas en 1974/1975) évolution de laconsommation énergétique, émissionsde gaz à effet de serre et croissanceéconomique sont dissociés.En Bretagne, l’augmentation de lapart du bois dans le secteur résiden-tiel et le développement de chauffe-ries bois pour alimenter des réseauxde chaleur urbains pourront encoreaccélérer ce changement.Le recours au bois entraîne aussi pareffet collatéral la mobilisation d’uneressource locale (forêt, arbres d’ali-gnement, parcs et jardins, bocage)contribuant ainsi au développementéconomique et à l’emploi. De nom-breux territoires l’ont compris et mo-bilisent leurs acteurs pour animerune filière bois locale (Pays de Dinan,Centre Ouest Bretagne, Auray, Cor-nouailles, Lorient…)Les politiques urbaines visant à opti-miser l’usage de l’espace tout enréduisant le besoin de déplacementsparticipent également à cette réduc-tion des émissions de gaz à effetde serre. Or, en Bretagne, commeailleurs sur le territoire français, l’éta-lement urbain a sévi au cours des 40dernières années. Il semble toutefoisse calmer ces dernières années.Le réchauffement climatique est une

réalité depuis la fin du 20ème sièclequi devrait se manifester encore pourau moins un siècle compte tenu de ladurée de vie des gaz à effet de serrerejetés dans l’atmosphère et del’inertie des actions déjà engagéesou à engager. L’augmentation de latempérature moyenne annuelle paraîtinéluctable même si son ampleurpeut être réduite.Connaît-on aujourd’hui les consé-quences climatiques concrètes pourla Bretagne ? La région connaîtra-t-elle un climat subtropical de type mé-diterranéen (étés plus chauds et plussecs) ou conservera–t-elle sa fraî-cheur alors que le reste du continentse réchauffera avec pour corollairesdes canicules à répétition commecelle de 2003. Dans ce cas, peut-onoser avancer que la Bretagne et letourisme notamment tireraient profitde cette nouvelle donne ?Rien n’est moins sûr car dans lemême temps, une augmentation dela pluviométrie et de l’occurrence destempêtes placeraient la région dansune bien mauvaise posture. Le reculdu trait de côte aggravé par une aug-mentation du niveau marin ne feraitqu’aggraver la vulnérabilité d’un lit-toral breton déjà densément habité.

Cette différence est/ouest se doubled’un écart entre les littoraux et lereste de la Bretagne. S’il apparaîtclairement que le littoral dans son en-semble attire plus de population etd’activités que l’intérieur de la Bre-tagne, l’intérieur ou le centre ne peu-vent être appréhendés comme unensemble homogène. Il existe en faitau moins trois parties à distinguerquant à leur dynamisme démogra-phique et économique. La partieouest déjà mentionnée entre Lou-déac et Carhaix, la plus faiblementpeuplée est marquée par un faibledynamisme démographique et uneactivité dominée par l’industrie agro-alimentaire. Il ne s’agit pourtant pasd’un territoire en voie de désertifica-tion, les soldes migratoires ramenésà la commune paraissent plus sou-vent positifs que négatifs sur les 15dernières années. La partie Est entreAuray et Rennes autour de Guer,Malestroit et Pontivy connaît en

2.8. Les inégalités territoriales

2 . Les enjeux etproblématiques posés

pour la Bretagne

24

10 Les pays Bretons dans la crise, évolution de l’emploi et duchômage entre 2008 et 2012, un travail collaboratif du ré-seau des agences d’urbanisme et de développement deBretagne, Mars 2013.

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revanche une croissance démogra-phique et économique en partie dueà l’effet de déconcentration desgrandes villes proches et à la bonneconnexion aux espaces urbainsdenses par la RN24. Enfin, autourde Pontivy et Loudéac, la situationapparaît intermédiaire. Plus globale-ment l’axe Auray/Saint Brieuc enre-gistre une croissance modérée de sapopulation.L’analyse des trajectoires des airesurbaines bretonne met également enévidence des différences entre lesaires urbaines situées à l’intérieur,entre celles (Ploërmel, Locminé)bénéficiant d’un fort report résiden-tiel des grandes aires urbaines, cellesqui au contraire sont faiblement at-tractives (Pontivy, Loudéac, Redon).D’autres (Carhaix, Baud, Vitré) sontproches de la moyenne régionale.

En revanche, il n’est pas démontréque le littoral accaparerait la crois-sance due à l’économie présentielletandis que l’intérieur serait le récep-tacle d’activités productives. Si ceconstat est en partie vrai, il est dé-menti par la présence encore impor-tante d’activités industrielles ou

productives sur le littoral (Lorient,Brest, Lannion, Saint Brieuc, SaintMalo, pôles de Douarnenez, Concar-neau, la pêche bigoudène) et d’uneréelle attractivité résidentielle à l’estde Rennes et au nord de Vannes si-tués assez loin du littoral. Le pointcommun à tous ces “centres” de laBretagne est la dépendance aux in-frastructures routières par absencede liaison ferrée et la relative dispo-nibilité foncière à condition qu’ellesoit mobilisée et maîtrisée par lescollectivités.

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Nous avons inclus dans les trois scé-narios, un enjeu transversal, celui dela gouvernance territoriale. Plusieurstendances sont possibles :

Les régions s’imposent commel’échelon principal de la décentralisa-tion. Les politiques régionales etlocales s’accentuent dans les do-maines industriels, de l’énergie et del’aménagement du territoire.

La raréfaction des ressources pu-bliques débouche sur une hypercen-tralisation des moyens et de ladécision dans les grandes métro-poles.

La région ne s’impose pas et l’ab-sence de leadership favorise le replisur soi au niveau local.

Pour chacun de ces huit grands enjeux qui impactentou sont susceptibles d’impacter l’avenir de la Bretagne,trois hypothèses d’évolution distinctes ont été formulées.

La construction des scénarios découle alors d’unecombinaison cohérente entre ces hypothèses. On parle de“chemin critique” ou de scénarios d’évolution possibles.

3. Application à la Bretagne :scénarios proposés

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Rennes et Brest se sontassociées à Nantes pour

se hisser au rangdes métropoles européennes

les plus attractives(mercapole, hyperpolisation)*.

* entre parenthèses, les noms des scénarios de la DATAR, in “Systèmes spatiaux en prospective” auxquels l’hypothèse formulée se réfère.

Rennes et Brest sontmarginalisées dans

la compétition internationaledes territoires pour attirer talents,activités et emplois (antipole,

dépolisation).

Le processus de métropolisations'étend sur tout le littoral

(de Quimper à Questembert,de Brest à Saint Malo, etc.).Ponctuellement, diffusion de

certaines fonctions métropolitaines(ex. Lannion ou Roscoff).

L’inscriptiondu territoire

dansles réseaux

métropolitainsinternationaux

HYPOTHÈSE 1LES ENJEUX HYPOTHÈSE 2 HYPOTHÈSE 3

Les villes intermédiairess’organisent en réseauautour des métropolesde Brest et Rennes(les satellites)

Les villes intermédiairesse dévitalisent et sont

progressivement abandonnéespar les populations actives

(les communautés)

L'attractivité littorale apporteun second souffle aux villes

intermédiaires qui se spécialisentdans l'économie présentielle(les spécialités) ou la gestionde la transition écologique(les laboratoires verts).

Le rôle des villesmoyennes

dans l’armatureurbaine bretonne

Le littoral breton n'estqu'un espace de loisirsà l'échelle européenne(les spots). Il attire les

retraités de toute l'Europe.

Le littoral breton organiseson urbanisation avec unarrière-pays préservé

et centré sur la productionalimentaire (oasis).

La périphéricité et uncertain isolationnisme

breton brisentl’attractivitéde la région.

L’attractivitérésidentielleet touristiquedu territoire

La Bretagne devientla plateforme de

services délocalisésde l'Ile-de-France.

C'est l'économieprésentielle quidevient le moteur

du développement breton

Le développementde secteurs d'excellence

(mer, nutrition-santé, bioénergie)rend la Bretagne incontournable

à l'échelle mondiale(industrie verte et effervescence).

La mutationde l’économieproductive

La Bretagne exploiteà fond l’or bleu marinet l’or gris du littoral.

Des investisseursinternationaux parientsur l’innovation dans

le secteur maritime breton.

La Bretagne n’a pas supréserver ni sauversa richesse maritime.

L’espace marinet littoral

La ressource en eauest mise en péril par

la poursuite l’urbanisation etla poursuite

d’une agriculture intensive.

La ressource en eaudevient

un enjeu de pouvoirdans les espacesà faible densité.

La ressourceen eau bretonneest privatisée.

La qualitéde l’eau

L’énergie est relativementbon marché. Quelques filièresrenouvelables parviennent auseuil de rentabilité (éolienterrestre) ou nécessitent uneintervention publiques (éolienoffshore, énergie marine).

L’énergie subit de fortesfluctuations et la disponibilitéà long terme des énergies

fossiles est jugée incertaine. Lescollectivités locales et la Régionmisent fortement sur la productionlocale d’énergie renouvelable.

L’énergie est redevenue trèschère. La Bretagne choisit deréduire fortement ses besoinsénergétiques et revoit sonmodèle de développement.

La transitionénergétique

Les inégalités s’accentuent.L’urbanisation galopante dilueles espaces de faible densité quideviennent des parcs résidentielsmettant en péril les ressources

(absorption).

Les inégalités sontcompensées parune spécialisationdes territoires.

Les inégalités sontatténuées par

la politique régionale.

Les inégalitésterritoriales

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Rennes et Brest associées à Nantes.

Un réseau actif de villes moyennes.

Politique régionale et locale volontariste dans les domainesindustriels, de l’énergie et de l’aménagement du territoire.

Des espaces de faible densité de plus en plus stratégiquespour répondre aux enjeux environnementaux dont l’eau,l'alimentation et l’énergie.

L'hyperspécialisation sur quelques domainesd'excellence (mer, numérique, nutrition-santé, bioénergie)et industrie verte.

Espaces urbains régulés.

Scénario A

3. Application à la Bretagne :scénarios proposés

28

en veillant à ce que cela se fasse auprofit du reste de la région. En amé-liorant notamment son accessibilitéinternationale, la région parvient às’accrocher au réseau européen.

À côté de ce système urbain Nantes -Rennes, la Bretagne présente aussiune offre territoriale organisée autourdes villes intermédiaires fortementidentifiées et porteuses de politiqueslocales volontaristes. Les villes s’ap-puient sur leur espace de proximitépour résoudre les problèmes fonciers,de production d’énergie, de denréesalimentaires et d’eau… Les initiativespubliques et privées sont nom-breuses. Ces politiques locales s’il-lustrent particulièrement dans troisdomaines.

1. Celui de l’économie. La spécialisa-tion dans quelques domaines d'ex-cellence (mer, numérique, nutrition-santé, bioénergie) s’affirme et rend laBretagne incontournable à l'échellemondiale).Le destin du 21ème siècle se jouantlargement en mer, le système métro-politain breton développe des com-pétences dans le secteur maritime ;Brest et Lorient jouent un rôle majeurdans cette organisation. D’autre part,une reconstruction industrielle alliantéconomie verte et innovation est encours et favorise les produits à hautevaleur ajoutée. Cette réorientationest accompagnée par les pouvoirspublics surtout si les “innovationsvertes” n’ont pas encore totalementfait leur preuve.

2. Celui de l’énergie. Les politiqueslocales soutenues et accompagnéespar un pouvoir régional fort jouentdésormais la carte de l’autonomie enutilisant les leviers de la productiond’énergies renouvelables (productionlocale de bois énergie, développe-ment des énergies marines renouve-lables et de l’éolien terrestre) et de lamaîtrise de la consommation énergé-tique dans le bâtiment et les trans-ports. Cette maîtrise est aidée encela par une régulation forte del’urbanisation.

3. L’urbanisation et l’aménagementde l’espace désormais bien régulés àl’échelle locale et régionale contri-buent à préserver les espaces périur-bains et de faible densité. Ce sontaussi de plus en plus des espaces deproduction tournés vers le marchélocal. Ils offrent un volet de produc-tion énergétique (bois, éolien terres-tre, hydraulique). Le littoral tire partide cette politique, il est à la fois ac-cueillant pour les populations nou-velles et préservé pour faire place àun tourisme “durable”.

En France et en Europe, loin de s’at-ténuer, les logiques de métropolisa-tion s’accentuent mais se focalisentsur un nombre restreint de métro-poles fortement interconnectéesentre elles : ce sont des villes-pontconcentrant les plateformes logis-tiques, ferroviaires, aéroportuaires,l’innovation, les flux financiers, lespassagers… L’offre de transport àgrande vitesse, avion et train, accen-tue cette logique de développementsur quelques points nodaux. Les es-poirs d’un nouveau développementfondés avec l’arrivée du TGV par lesvilles moyennes en France et enBretagne dans la première décennie2000 ont vite été déçus. La logiquedu marché l’a emporté. L’effet TGVn’a fait que renforcer les très grandesvilles qui tirent parti d’une offre d’ac-cès rapide et fréquente à Paris,Bruxelles, Londres, Francfort, Zurich…

En Région Bretagne, Rennes et Brestconstituent deux agglomérationsbretonnes reconnues pour le déve-loppement de fonctions comme l’uni-versité et la recherche mais leurrayonnement reste limité. Elles n’en-traînent pas l’adhésion des autresterritoires et villes bretonnes.Sur la scène nationale ou internatio-nale, leur poids paraît trop faible pourpeser réellement.

Dotées de compétences fortes etétendues, la région et les aggloméra-tions ont uni leurs efforts pour “sortirpar le haut”. Une association deRennes avec Nantes est tissée tout

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Croissance économique retrouvée.

Croissance des métropoles et des grandes aires urbaines.

Intervention publique territoriale réduite.

Politiques régionales favorisant Rennes, Brest et Nantes.

Villes moyennes en perte de vitesse.

Urbanisation galopante non maîtrisée.

Espaces de faible densité qui deviennent des parcs résidentiels.

Le littoral breton attire les retraités de toute l’Europe.

Un tourisme littoral en fort développement et l’apparitionde spots pour populations branchées et hyper-mobiles.

L’industrie recule, surtout à l’ouest.

métropolitaines et des jeunes qui sedirigent vers des universités plusattractives. Seules Brest et Lorientavec les activités maritimes et Lan-nion (télécommunication) résistent.Paradoxalement, alors que les villesmoyennes perdent des habitants,elles continuent de s’étaler faute deplanification urbaine, considéréecomme inefficace et nuisible audéveloppement.

Le littoral breton reste un atoutmajeur pour l’économie régionale. Ildevient la plateforme de services dé-localisés de l'Ile-de-France. Avec unréchauffement climatique avéré quipénalise les grandes aires urbaines ducontinent le littoral atlantique est par-ticulièrement prisé. Il attire les retrai-tés de toute l'Europe. La région offreaussi des “spots” pour des popula-tions haut de gamme hyper-mobileset hyper connectées. Ces spots sontdes lieux privilégiés qui bénéficientd’une notoriété à l’échelle nationaleet internationale. Ils accueillent deuxtypes de populations :Des cadres ou chefs d’entreprises

qui au lieu de se disperser dans lepériurbain lointain de leur métropole,choisissent d’habiter à plusieurs cen-taines de kilomètres de leur entre-prise ou de leurs clients et privi-légiant le temps partiel ou le télétra-vail. Ces populations optent pour unterritoire qui offre des aménités entermes de loisirs de plein air, de pay-sages. On assiste alors à un essor decertains territoires insulaires, côtiersou ruraux, peuplés de cadres, de

créateurs, nouveaux “artistes” de lamondialisation.Des touristes aisés. Certains terri-

toires ont revu leur politique touris-tique et favorisent désormais untourisme haut de gamme qui profiteà quelques hauts lieux situés sur cer-tains littoraux prestigieux et quelquessites au centre de la région. Les aéro-ports de Bretagne et le TGV serventde porte d’entrée pour ces popula-tions en recherche d’espace touris-tique “nature” ou d’un nouveau modede vie.

Une urbanisation galopante, particu-lièrement à l’est et sur le littoral dilueles espaces de faible densité qui de-viennent parfois des parcs résidentiels.Dans un contexte de réduction desfinances publiques, la région limiteson intervention pour accompagnerRennes, Nantes et Brest qui concen-trent les moyens pour tenir leur rangdans la compétition internationale.

Dans le monde on assiste à un para-doxe : les énergies renouvelables ontacquis une maturité qui leur permetde compter dans l’offre énergétique.Dans le même temps, l’exploitationà grande échelle du gaz de schistea éloigné le spectre de la fin desénergies fossiles. Dans le contexted’une énergie à bon marché, seulsles investissements bretons dansl’énergie marine et l’éolien off shoresont rentables. Ils profitent d’abordau littoral breton.

Si la croissance économique est re-trouvée, les budgets des collectivitéssont fortement contraints. L’interven-tion publique territoriale s’en trouveamoindrie en France et en Europe etles écarts se creusent entre régionsriches et régions pauvres, entregrandes métropoles et villes moyen-nes à l’écart des grands flux. EnBretagne, même avec une régionélargie et des agglomérations renfor-cées, les moyens manquent pouréviter que ne se creuse l’écart depart et d’autre d’une ligne Lorient /Saint-Malo.Autour de Nantes et Rennes jusqueSaint-Malo les territoires sont bienconnectés au réseau des métropolesinternationales et françaises. Il cons-titue une aire urbaine densémentpeuplée de plus d’un million cinqcent mille habitants proches de Parispar le TGV. Si aucune des deuxmétropoles ne semble capable de sehisser au rang des métropoles euro-péennes elles n’en demeurent pasmoins des agglomérations attrac-tives pour les actifs, les cadres, lesétudiants qui apprécient de bénéfi-cier de la proximité d’espaces natu-rels et de loisirs de qualité.L’ouest de la région est tenu à l’écarten situation de région périphérique.Sans pouvoir régional fort, la dicho-tomie est /ouest s’accentue. Lesvilles moyennes à l’ouest dont les po-litiques n’ont plus les moyens deleurs ambitions et qui constituaientpourtant une force pour la Bretagnese dévitalisent, perdent des actifs at-tirés par les grandes aires urbaines

Scénario B

3. Application à la Bretagne :scénarios proposés

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Rennes et Brest sont marginalisées dansla compétition internationale.

Les villes intermédiaires se spécialisent dans la gestionde la transition écologique (laboratoires verts).

Les territoires, pays et agglomérations prennenten main leur politique énergétique locale.La consommation d’énergie diminue grâceà une meilleure efficacité (y compris les transportsterrestres) et contribue à la baisse des gazà effet de serre.

Des politiques mer et littoral très actives sont à l’œuvre.

L’industrie réduit son aire de chalandiseet assure la satisfaction des besoins locaux(alter industrialisation).

La périphéricité et un certain isolationnisme bretonfreinent l’attractivité de la région.

Le pouvoir régional exerce une solidaritéterritoriale renforcée au profit des territoires rurauxet des agglomérations les moins dotées.

sans doute jamais le jour et l’effetTGV n’a pas eu les effets escomptés.

L’État dans un contexte de raréfac-tion de l’argent public a abandonnédes pans entiers de son intervention-nisme notamment en matière d’amé-nagement du territoire. Les pouvoirslocaux ont réagi de façon diverse. EnBretagne, on recherche davantage àsatisfaire les besoins au plus près desconsommateurs. L’industrie et l’agri-culture réduisent leur aire de chalan-dise. La tendance aux circuits courtsse renforce et occupe désormais uneplace non négligeable dans l’écono-mie globale.

Des politiques mer et littoral visent àmieux protéger le milieu marin afinde mieux le valoriser.

Des communautés de plus en plusélargies adoptent ici la consomma-tion collaborative, ou favorisent ail-leurs dans leurs actes d’achatl’économie sociale et solidaire locale.Autour des villes, des politiques agri-coles locales ont favorisé les exploi-tations “bio” et tournées vers lemarché local.

S’agissant des infrastructures, peud’investissements sont consentis parles pouvoirs locaux sous la pressionde leurs habitants. Le tourisme restefamilial. Les intercommunalités avecla région ont renforcé la régulationurbaine. Les espaces urbains se den-sifient, la consommation foncière afortement diminué. Le parc de loge-ments se renouvelle et s’amélioremais ne suffit pas à absorber la de-mande. En conséquence l’excédentmigratoire du littoral breton s’est tari.Le vieillissement de la population sepoursuit et désormais les plus de 60ans sont majoritaires sur le littoral.

Faute de foncier économique, lesactivités ayant besoin d’espaces nepeuvent se déployer autour desvilles. Certaines zones d’activitésissues du siècle dernier sont forte-ment décriées. Quelques-unes sontmême reconquises pour étendre lepatrimoine naturel.

Le contexte international et nationalest proche du scénario B mais secaractérise par une pression des popu-lations qui aspirent une alternative àla croissance sans limite et rechercheen même temps une certaine auto-nomie.

En France et en Europe la croissancedes années 2020 s’est tarie, l’éner-gie, fossile ou renouvelable, estdevenue trop cher. Plutôt que des’accrocher à un modèle basé surune énergie bon marché, une indus-trie et une agriculture exportatrice, laBretagne choisit un mode de déve-loppement alternatif basé sur :la maîtrise de la croissance démo-

graphique.la réduction des flux de matière et

d’énergie.l’équité territoriale.

La région, dont les moyens se sontaccrus par voie de décentralisation, apris le relais d’un État en retrait etjoue un rôle de redistribution au pro-fit des territoires les plus pauvres etles moins urbanisés.

Rennes et Brest ont “décroché”.L’aéroport du Grand Ouest ne verra

Scénario C

3. Application à la Bretagne :scénarios proposés

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