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Organisations de petits producteurs / 2008-2009 Bilan annuel de l’impact du commerce équitable Choisir sa voie de développement

Brochure d'impact 2009

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Voici la brochure d'impact de Max Havelaar, intitulée "Choisir sa voie de développement"

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Page 1: Brochure d'impact 2009

Organisations de petits producteurs / 2008-2009

Bilan annuel de l’impact du commerce équitable

Choisirsa voie de développement

Page 2: Brochure d'impact 2009

Banelino subventionne des repas chauds pour les enfants de cette crêche à Monte Cristi (République Dominicaine).

Nous remercions chaleureusement les producteurs et professionnels des six coopératives qui ont donné de leur temps pour la réalisation des études d’impact et des reportages qui les illustrent : Banelino (Rép. Dominicaine) ;

Conacado (Rép. Dominicaine) ; Fapecafés (Equateur) ; Apromalpi (Pérou) ; Cocla (Pérou) ; Fecafeb (Bolivie).

Crédits photos :Bruno Fert (Yungas, Bolivie)

Pierre-Yves Brunaud (Cenfrocafe, Pérou)Luc Boegly (Apromalpi, Pérou)

Didier Gentilhomme (Fapecafes, Equateur)Nicolas Gauthy (Banelino et Conacado, République Dominicaine).

Page 3: Brochure d'impact 2009

A qui profite le Fairtrade ?Mesurer et comprendre comment le commerce équitable change la donne

Dans quelle mesure le label international Fairtrade / Max Havelaar contribue-t-il aujourd’hui à la

lutte contre la pauvreté? Quel est son impact sur la situation des paysans, de leurs familles, des

coopératives dont ils sont membres et de leur environnement ? Autant de questions abordées

dans cette brochure.

Le développement de critères internationaux pour chaque produit pouvant être cultivé, fabriqué et

commercialisé aux conditions du commerce équitable constitue une pierre angulaire capitale du

système Fairtrade. Ces critères garantissent en effet le paiement d’un prix équitable et d’une prime

ainsi qu’un mode de production écologiquement et socialement responsable.

Il est bien sûr essentiel de contrôler le bon respect des critères du système Fairtrade en soi. Mais

il est tout aussi important d’évaluer dans quelle mesure le commerce équitable améliore la vie des

producteurs du Sud. Car cette amélioration est déterminante pour le bilan positif de notre travail.

C’est dans cette optique que nous avons fait réaliser de nombreuses études d’impact ces der-

nières années, auprès d’un grand nombre d’organisations de cultivateurs actives dans le système

Fairtrade. L’occasion aussi de poser des questions telles que ‘Sommes-nous sur la bonne voie ?’

ou ‘Comment améliorer encore le système ?’

Nous vous présentons ici, en guise d’exemple, une synthèse de six études d’impact parmi plus

de quarante analyses disponibles. Les conclusions en sont positives : les producteurs bénéficient

d’une sécurité économique grâce au commerce équitable labellisé. Celle-ci leur permet de renfor-

cer leur position économique sur le marché et au sein de leur communauté de façon à pouvoir eux-

mêmes s’extraire de la misère. Certains points sont également encore susceptibles d’amélioration

: plus que jamais, il faut remettre aux organisations la clef de leur propre développement, et à cet

effet, la collaboration avec le réseau d’organisation non-gouvernementales doit être approfondie.

Mais une chose est certaine: la perception d’un revenu décent est essentielle et reste une des

conditions indispensables pour un développement durable. Il est possible d’imposer des critères

écologiques et sociaux aux producteurs du Sud, mais ces exigences

doivent absolument s’assortir d’un ‘return’ financier. Le commerce

équitable labellisé le garantit et parvient ainsi à offrir une réponse à

la pauvreté. En Belgique, nous collaborons avec toujours plus d’en-

treprises, d’organisations, de Communes du commerce équitable,

d’ONG, de magasins et de consommateurs avec, pour conséquen-

ce, que de plus en plus de producteurs en profitent dans le Sud. Le

commerce équitable se met en ordre de bataille afin d’aller toujours

plus loin dans sa mission de lutter durablement contre la pauvreté.

Un merci tout particulier à l’équipe de Max Havelaar France, pour leur travail

de coordination et pour la réalisation de cette synthèse

Lily Deforce, Bruxelles, 1er septembre 2009

Page 4: Brochure d'impact 2009

Impact structurel Finalité politique

Effets sur le terrain à moyen terme3

‡‡

Standards Appui

Fonctionnement du commerce équitable labellisé2

Pourquoi faut-il un commerce équitable ?1‡

Le système international du commerce équitable labellisé

Page 5: Brochure d'impact 2009

Impact structurel Finalité politique

Effets sur le terrain à moyen terme3

‡‡

Standards Appui

Fonctionnement du commerce équitable labellisé2

Pourquoi faut-il un commerce équitable ?1

Page 6: Brochure d'impact 2009

L’impact, ou comment le commerce équitable change le quotidien des familles agricoles

les résultats

définition

mesure

exemple

les effets l’impact

Ce sont les conséquences directes de l’application des standards.

L’organisation de producteurs reçoit un prix donné, une prime de déve-loppement. Elle tient une assemblée générale et sa gestion est transpa-rente. Les producteurs n’utilisent pas les intrants interdits...

Les inspections annuelles de FLO-Cert vérifient des points de contrôle précis. Le comité de certification décide de l’entrée ou du renouvelle-ment de l’organisation de produc-teurs.

Ce sont les conséquences indirectes de l’application des standards.

Au Mali, une organisation de pro-ducteurs a financé la construction d’un puits. Les producteurs ont pu s’acheter des charrettes et des animaux grâce à un meilleur prix...

Un système de suivi-évaluation systématique est en train d’être défini en concertation avec les organisations de producteurs.

Ce sont les changements significatifs et durables générés par l’interaction entre le commerce équitable et l’en-vironnement socio-économique, ins-titutionnel, naturel des producteurs.

L’organisation de producteurs a acquis une capacité de négociation auprès des pouvoirs publics. Les producteurs développent des stratégies de diver-sification... Voir pages suivantes.

Un dispositif d’évaluation de l’impact du commerce équitable labellisé sur la base de plusieurs études de cas particuliers.

« La manière la plus simple de vendre l’impact en 5

secondes serait de dire aux consommateurs : « re-

garde nous avons fait une école ». Mais on passerait à

côté des impacts structurels et forts qui font partie de

la vie de la communauté. Je citerais des impacts colla-

téraux comme l’accès au crédit, l’accès à l’information,

l’accès aux échanges d’expérience entre les organisa-

tions qui au final aident à consolider les organisations.

Enfin, le fait d’avoir une organisation de producteurs

plus forte doit être considéré comme l’un des impacts

les plus importants. »

Raùl del AguilaRaùl del Aguila, président de la CLAC, le réseau des pro-ducteurs certifiés d’Amérique du Sud.

« Ne passons pas à côté des impacts structurels qui sont

les plus forts. »

Page 7: Brochure d'impact 2009

Un outil harmonisé pour mesurer l’impact

Evaluer l’impact permettra d’améliorer l’action du commerce équitable.

Pour y parvenir, il a d’abord fallu se mettre d’accord sur la méthodologie.

La réflexion autour de l’impact du commerce équi-table sur les producteurs a été initiée en 2005 au

sein de la fédération internationale FLO. En effet, jusque là, le label avait beaucoup investi sur la garantie des moyens mis en œuvre : les standards, les prix, etc. La certification permet de vérifier le respect des standards : paiement des prix ou procédures démocratiques des organisations. Cependant, cette vision reste partielle. L’ambition du commerce équitable est de changer du-rablement la donne pour les producteurs en agissant sur les conditions de leur développement, et en provoquant des changements sur la durée. C’est ce que cherchent à mesurer les études d’impact. Elles permettront au label Fairtrade / Max Havelaar de mieux connaître les effets de l’action du commerce équitable et d’améliorer son fonctionnement au service des producteurs.

Faire le triPour comparer ce qui est comparable, il a d’abord fallu se doter d’un cadre méthodologique commun. Pour cela, la fédération FLO s’est adjoint les services de consultants spécialistes du commerce équitable ou de la mesure d’impact.

Un grand nombre d’études d’impact du commerce équitable existent déjà, mais le tri s’est avéré difficile : « Nombre d’entre elles se focalisent sur certains as-pects particuliers ou utilisent des approches tellement différentes que les comparaisons entre elles sont qua-siment impossibles », explique Karine Laroche, respon-sable filières chez Max Havelaar France.Tout en restant souple, une méthode unifiée définit donc clairement l’ensemble des aires possibles de change-

ment avec l’action du commerce équitable pour per-mettre les rapprochements. « Ceci permettra aussi de s’assurer que si tel changement attendu n’était pas mentionné, cela est bien dû au fait qu’il n’a pas été constaté, et non pas qu’il n’ait pas été traité », explique Karine Laroche.

Six études de casLa méthode retenue : une série d’études de cas repré-sentatifs de l’ensemble du commerce équitable label-lisé. Les organisations de producteurs concernées ont participé à l’étude. « Elles nous ont aidé à déterminer ce qui était dû au commerce équitable et ce qui venait des organisations elles-mêmes, explique Karine Laro-che. Cela a aussi permis d’éviter que l’étude devienne un audit d’organisation, ce qui est à l’inverse du but re-cherché. »

Des experts externes ont apporté un regard neuf, un savoir-faire de la mesure d’impact : l’ONG d’appui au développement Agronomes et vétérinaires sans frontiè-res (AVSF), l’Institute of development studies, le cabinet de consultants Oréade-Brèche. Des experts internes au label ont apporté leur connaissance du fonctionnement du commerce équitable, de l’historique des organi-sations, des dynamiques territoriales et des marchés concernés, etc.

L’évaluation

de l’impact

porte sur quatre

niveaux : la famille,

l’organisation de

producteurs,

le développement

local et

l’environnement.

Page 8: Brochure d'impact 2009

L’Amérique Latine, continent historique du commerce équitable

Mexique

Colombie

Equateur

Pérou

Bolivie

GhanaCôted'Ivoire

Ethiopie

Tanzanie

Timor Oriental

Indonésie

République Dominicaine

TROIS PRODUITS EMBLÉMATIQUESDU COMMERCE ÉQUITABLE DANS LE MONDE

* Organisation de Petits Producteurs

** Commerce Équitable

Café

Nb d'O.P.P.* Nb. plantations certifiéescertifiées

Année lancementde la filière en CE**

Cacao

Banane

290 1988

1993

1999

43

29

0

0

36

Café 240

27

Nb d'O.P.P.*certifiées

Nb. plantations certifiées

Cacao

Banane

Café 35

10 50 %

17,5 %

1 %1

Nb d'O.P.P.*certifiées

% des volumesmondiaux CE**

Cacao

Banane

Café 15

6 _

2,5 %

__

Nb d'O.P.P.*certifiées

% des volumesmondiaux CE**

Cacao

Banane

50 %

80 %

99 %

0

0

3529

% des volumesmondiaux CE**

Page 9: Brochure d'impact 2009

L’Amérique Latine, continent historique du commerce équitable

Mexique

Colombie

Equateur

Pérou

Bolivie

GhanaCôted'Ivoire

Ethiopie

Tanzanie

Timor Oriental

Indonésie

République Dominicaine

TROIS PRODUITS EMBLÉMATIQUESDU COMMERCE ÉQUITABLE DANS LE MONDE

* Organisation de Petits Producteurs

** Commerce Équitable

Café

Nb d'O.P.P.* Nb. plantations certifiéescertifiées

Année lancementde la filière en CE**

Cacao

Banane

290 1988

1993

1999

43

29

0

0

36

Café 240

27

Nb d'O.P.P.*certifiées

Nb. plantations certifiées

Cacao

Banane

Café 35

10 50 %

17,5 %

1 %1

Nb d'O.P.P.*certifiées

% des volumesmondiaux CE**

Cacao

Banane

Café 15

6 _

2,5 %

__

Nb d'O.P.P.*certifiées

% des volumesmondiaux CE**

Cacao

Banane

50 %

80 %

99 %

0

0

3529

% des volumesmondiaux CE**

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Pour réaliser cette première série d’études, il fallait retenir six organisations qui exportent plus de 30 % en commerce équitable et qui avaient une ancienneté suffisante pour analyser l’impact. C’est pourquoi le choix s’est porté sur des coopératives situées en Amérique du Sud. Dans ces conditions, elles ont été retenues en raison de leur représentativité. Les prochaines éditions de ce bilan se pencheront sur d’autres bénéficiaires comme les salariés agricoles ou sur d’autres régions du monde comme l’Afrique ou l’Asie.

APROMALPI 1 (Pérou) est une organisation de 170 membres constituée en 1996 à l’initiative d’un groupe de quarante producteurs de mangue. Ceux-ci cherchaient à améliorer leurs revenus et à échapper aux prix imposés par les intermédiaires. Après un an d’ex-portation, Apromalpi a pu obtenir la certification com-merce équitable dès 2003. Elle produit sur 340 hectares, soit environ 2 hectares en moyenne par exploitation.

Étude réalisée par l’ONG Agronomes et Vétérinaires sans frontières.

BANELINO 2 (République Dominicaine) a été fondée et certifiée en 2000 par trois groupes d’agriculteurs qui vendaient déjà en équitable. Elle ex-porte aujourd’hui 8 à 10 % des bananes de République Dominicaine. Elle regroupe 260 producteurs indépen-dants, soit le quart des producteurs de banane du pays. Possédant en moyenne 3 hectares, ils emploient tous chacun un à deux ouvriers permanents, à 80 % des mi-grants haïtiens.

Étude réalisée par le cabinet Oréade-Brèche.

COCLA 3 (Pérou) est une fédération de 22 coopé-ratives de café situées dans le département de Cuzco. Elle a été fondée en 1967 dans le but d’améliorer les conditions de mise sur le marché du café de ses mem-bres. Elle compte 6 800 producteurs membres, géné-ralement des petits producteurs familiaux qui possè-dent une douzaine d’hectares de surface agricole, dont 3,5 hectares de café en moyenne, des surfaces très modestes pour la région. Le café représente 80 % de leurs recettes monétaires.

Étude réalisée par le cabinet Oréade-Brèche.

CONACADO 4 (République Dominicaine) fut la première organisation de producteurs de son pays à être certifiée en commerce équitable, dès 1996. Elle fut créée en 1988 pour répondre à la demande des associations de petits cacaoculteurs des zones rura-les pauvres pour exporter directement leur cacao afin d’améliorer leurs revenus. Vingt ans plus tard, elle concerne 13 000 familles productrices qui cultivent des exploitations familiales de petites tailles. 77 % possè-dent moins de 5 hectares. Peu équipés, ces producteurs emploient peu de main d’œuvre extérieure, hormis en périodes de pointe de travail. Jusqu’en 2004, elle com-mercialisait moins de 10 % de son cacao en commerce équitable ; aujourd’hui, elle en est à 47 %.

Étude réalisée par le cabinet Oréade-Brèche.

FAPECAFES 5 (Équateur) est une fédération qui regroupe quatre organisations de producteurs du Sud du pays. Environ 1 300 familles exportent du café certi-fié Fairtrade / Max Havelaar depuis 2003. Ils possèdent entre 3 et 6 hectares de café et 1 hectare en fermage pour la production de riz et maïs. Ayant peu de terres, ils doivent en plus aller se faire employer trois mois par an dans les bananeraies et les élevages de crevettes de la côte équatorienne. Certains peuvent avoir jusqu’à 10 hectares de pâturage pour quelques bovins.

Étude réalisée par Agronomes et Vétérinaires sans fron-tières.

FECAFEB 6 (Bolivie) est une fédération qui re-groupe 24 organisations, dont 20 certifiées Fairtrade / Max Havelaar depuis plus de 10 ans. Ces organisations comptent environ 4 000 membres, des Aymaras de l’Al-tiplano qui se sont vu attribuer des terres par une réfor-me agraire. Ils possèdent entre 0,5 à 2 hectares de café pour les zones les plus anciennes et en moyenne 6 hec-tares de café dans la zone de colonisation récente.

Études réalisées par Agronomes et Vétérinaires sans frontières.

Les six organisations étudiées

Page 13: Brochure d'impact 2009

1 2

46

5

3

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Grâce à ses investissements, la Conacado peut exporter du cacao séché de qualité supérieure.

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Page 16: Brochure d'impact 2009

L’effet prix

Des familles économiquement plus stablesC’est avant tout la stabilité du revenu qui met les producteurs à l’abri des aléas et leur

permet d’investir. Leurs petites exploitations familiales sont viables. Le commerce équitable

permet aussi d’augmenter le revenu plus ou moins fortement.

Trois types de gains économiques figurent dans les standards internationaux du commerce équitable. D’abord, le prix minimum garanti est une garantie de stabilité et apporte un supplément en période de cours bas. A cela s’ajoute, le cas échéant, un différentiel de prix biologique. Enfin, la prime de développement re-vient à la coopérative pour des investissements com-munautaires.

A l’abri des aléas

Si l’on devait retenir un effet économique majeur du commerce équitable, ce serait la protection face au ris-que de variation de prix et la stabilisation des revenus des familles. En temps normal, ces fluctuations les obli-gent périodiquement à chercher du travail à l’extérieur, ou à vendre leur petit cheptel bovin pour faire face à des besoins imprévus.

De plus, quand la conjoncture économique est mau-vaise, le commerce équitable évite aux producteurs d’avoir à vendre les biens qui leur servent à produire, voire d’abandonner des exploitations. Au contraire, cette stabilité permet d’investir pour mieux produire.

Un supplément de revenu ?

Le prix minimum garanti induit donc une certaine sécu-rité économique. Selon les contextes et les périodes, il permet aussi des gains directs pour les petits produc-teurs, mais ce n’est pas toujours le cas. Il existe d’autres mécanismes, plus indirects, qui apportent des bénéfices aux familles.

La production plus rentable

Par exemple, le fait même d’accéder aux marchés spé-cifiques du commerce équitable a fortement contribué à rendre la production plus rentable pour les familles. La plupart du temps, elle a aussi imposé de nouvelles exigences : suivi des cultures, qualité, investissement.

La répartition des bénéfices n’est donc pas systéma-tiquement la même pour tout le monde. Le soutien aux producteurs varie selon les quantités produites, les vo-lumes vendus, ou selon la capacité à améliorer la qualité.

Valentin Chinchay, président de Fapecafes, ré-

colte le café dans sa parcelle de 4 hectares. En

1999, une crise économique a sévi en Equateur. Les

petits producteurs du pays ont été particulièrement

affectés. Dans le café, certains ont abandonné dé-

finitivement leurs terres. Le commerce équitable a

permis à de nombreuses familles de maintenir une

activité durable et même d’investir pour l’avenir.

Investir malgré la crise

Page 17: Brochure d'impact 2009

A Antofagasta, petite communauté des

Yungas en Bolivie, Policarpio Mamani

Yana supervise l’avancée des fondations de

sa maison. Trois maçons coulent du ciment.

Des palettes de briques creuses attendent

leur heure.

Maison de planches

Policarpio reçoit encore dans son ancienne

habitation, un espace commun clos par

une palissade de planches juxtaposées. Une

paillasse matérialise la chambre. À côté,

dans un réduit, son épouse fait mijoter une

marmite en aluminium au-dessus d’un petit

brasier. « Ce n’est pas très confortable, mi-

nimise-t-il. Quand il pleut, l’eau passe à tra-

vers les planches. »

Confort de base

Sa nouvelle maison, elle, disposera de tout

ce qu’on peut considérer comme le confort

de base : « Elle fera 48 mètres carrés, avec

l’eau courante, l’électricité, une cuisine, une

chambre séparée pour les enfants… »

Pour le financement, Policarpio n’a pas em-

prunté un seul peso boliviano. Il a simple-

ment mis de l’argent de côté durant trois

récoltes successives. Pour lui, plus question

de survivre au jour le jour : le temps est venu

d’investir. Le prix minimum garanti du com-

merce équitable contribue à lui assurer un

revenu stable.

Des revenus quintuplés

En 2005, les revenus des producteurs cer-

tifiés des Yungas étaient situés entre 1 600

et 2 700 €. Ceux qui vendaient leur café sur

le marché local oscillent plutôt entre 320 et

595 €. Une famille de cette région avec deux

enfants a besoin de 675 € par an pour sur-

vivre. Survivre, c’est pouvoir acheter des

aliments et des produits de base au marché.

Avoir une vie « digne et durable », c’est pou-

voir en plus financer les études des enfants et

en général investir pour l’avenir. 1 430 € sont

nécessaires pour cela.

Chez les producteurs de Cocla au Pérou, les résultats économiques du commerce équitable ont un effet direct sur les ni-veaux de revenu des membres. Le café est une marchandise cotée en bourse qui fluctue beaucoup. Sur cette filière, le prix minimum garanti prend tout son sens. Fixe en période de cours bas, il a contribué à l’amélioration des revenus des familles productrices de Cocla. Entre 2000 et 2006, il a été en moyenne 68 % supérieur aux prix fluctuants du marché convention-nel. Cette stabilité permet aux producteurs d’éviter de devoir aller chercher un travail complémentaire ailleurs.

Écart en valeur entre les prix du café vert export en commerce équitable chez Cocla et les prix export sur le marché conventionnel (US$/Quintal = 46 kg)

Prix moyen café CE Bio

Prix moyen café CEPrix moyen café BioPrix moyen café conventionnel (SHG)

175

150

125

100

75

50

25

02000 20022001 2003 2004 2005 2006

Quatre murs en dur pour Policarpio

Un meilleur revenu

permet d’améliorer les

conditions de vie.

Policarpio Mamani et

son épouse Trigida

peuvent enfin se faire

construire une vraie

maison.

Page 18: Brochure d'impact 2009

Les effets conjugués du prix et du marché

Investir collectivement dans la qualitéGrâce à des débouchés plus stables, les producteurs décident collectivement d’améliorer la

qualité et d’investir dans la production.

Dans les différentes études de cas, on constate que les outils du commerce équitable confèrent une vraie capacité d’investissement aux producteurs et à leurs organisations. En effet, les producteurs accèdent à des marchés avec des garanties de stabilité. Or, c’est cette stabilité qui permet d’investir. Dans un premier temps, ces investissements portent sur l’amélioration de la productivité des exploitations et sur le choix de vendre sur des marchés de qualité. La qualité étant mieux rémunérée, les producteurs entrent dans une spirale vertueuse.

Le cacao dominicain a eu longtemps une

mauvaise réputation sur le marché inter-

national. Les prix moyens de ce cacao « San-

chez » sont inférieurs aux cours mondiaux.

Non fermenté, mal séché et conditionné, le

Sanchez est un cacao de second choix.

Une fermentation sous contrôle

Pour tirer plus de leur récolte, les produc-

teurs de la Conacado ont donc décidé de

s’orienter vers le cacao fermenté, dit « His-

pañola » qui permet de faire des chocolats

aux arômes subtils. Dans chacune de leurs

coopératives régionales, ils ont donc installé

des bacs disposés en cascade où des spécia-

listes contrôlent la fermentation : 24 heures

dans le premier, 48 heures dans le second...

Après cinq jours de fermentation, le cacao

est séché dans de grandes serres.

Ces lourds investissements ont été financés

en grande partie par la prime de développe-

ment du commerce équitable. « La qualité,

et le prix qui va avec, nous ont permis, au

fil des ans, d’accéder à des marchés stables,

donc d’avoir un revenu stable, explique Os-

terman Ramirez, responsable qualité à la

Conacado. Pour nous, qualité et stabilité vont

de pair. Cela a permis d’améliorer la qualité

de vie de notre communauté. »

Liqueur et couverture

Progressivement, Conacado passe même à

l’étape suivante. Les fèves sèches peuvent

être directement exportées, mais elles peu-

vent aussi être transformées en poudre, en

beurre de cacao ou en « liqueur » utilisés par

les chocolatiers. Sous cette forme, la vente est

évidemment bien plus rémunératrice, par-

ticulièrement sur les marchés du commerce

équitable. 23 % de ces produits sont en com-

merce équitable.

La Conacado transforme le cacao

Evolution des prix de vente du cacao en grain de la Conacado comparés au marché conventionnel.

Les fèves sont mises à sécher dans de grandes serres.

2002/03 2003/04 2004/05 2005/06 2006/07

3 000

2 500

2 000

1 500

1 000

Prix

(en

USD/

T)

Prix moyen Hispañola commerce équitablePrix moyen SanchezPrix moyen Hispañola standard (national)

Page 19: Brochure d'impact 2009

Le choix de l’autonomie

Les producteurs s’engagent dans leur propre voie de développementLa stabilisation des revenus et la meilleure rentabilité des activités agricoles favorisent la mise en œuvre de stratégies d’autonomie. La sécurité alimentaire est maintenue. Elle dépend de stratégies choisies par les familles.

Jusqu’en 2005, Apromalpi ne commercialisait que des mangues

fraîches « Kent », les seules à avoir une valeur pour l’exportation.

Or, ses adhérents ne cultivaient que 20 à 30 % de manguiers de cette

variété. Les bénéfices étaient donc limités, et les producteurs risquaient

d’être contraints de reconvertir leurs plantations pour tout replanter

en « Kent ».

En 2006, ayant établi une relation de confiance avec ses importateurs,

Apromalpi a pu s’orienter vers l’exportation de pulpe de mangue, ce

qui lui a permis de valoriser les autres variétés de mangue cultivées par

les producteurs, « Edward » et « Créole ».

Par ailleurs, en se diversifiant, Apromalpi est devenu le fournisseur

principal de mangues, de citrons verts, de papayes et de fruits de la

passion pour une unité de production de confitures tropicales qui ap-

partient à une autre coopérative. Ainsi, les producteurs ont pu valoriser

la diversité de leurs arbres fruitiers.

Comment Apromalpivalorise ses fruits délaissés

Dans un premier temps, le commerce équitable ren-force la spécialisation des producteurs vers les produc-tions de rente, vendues à l’exportation sur les marchés du commerce équitable. Tout en se spécialisant, ils pri-vilégient de bonnes pratiques agricoles et passent plus facilement au bio, avec l’accompagnement technique de leurs organisations.

Capacité d’initiative

Dans un second temps, grâce à la stabilisation du prix, le commerce équitable redonne des capacités d’initia-tive qui font que les producteurs choisissent de se di-versifier. D’une part, ils peuvent entretenir des cultures de subsistance afin d’assurer leur sécurité alimentaire. D’autre part, certains se créent de nouvelles sources de

revenus : élevage, autres produits destinés à l’exporta-tion, production pour le marché local, etc. C’est donc individuellement que chaque producteur assure son autonomie alimentaire au travers de stratégies diverses.

Marché local ?

L’ensemble des organisations concentre donc la ma-jeure partie de ses efforts sur les marchés d’export. Les marchés nationaux ne sont pas encore la cible priori-taire des ventes des organisations de producteurs. Toute une démarche de valorisation et de diversification des produits sur ces marchés reste à construire.

Apromalpi vend certains de ses fruits à une autre coopérative qui les exporte sous forme de confitures.

Page 20: Brochure d'impact 2009

L’effet régulateur

Les prix sur le marché local sont tirés à la hausseLe commerce équitable labellisé bénéficie aussi par ricochet aux producteurs de la région.

Pour revendre aux importateurs du commerce équitable, les organisations de producteurs achètent les récoltes de leurs membres à des prix relativement élevés. Comme elles représentent souvent une part conséquente des produc-teurs de leur territoire, les acheteurs privés, par le jeu de la concurrence, doivent eux aussi payer un meilleur prix, voire fournir des services comme de l’appui technique.

Ainsi, le commerce équitable labellisé contribue indirectement à une restructuration du marché local, voire national, ce qui a des effets sur le développement socio-économique du territoire.

Dans les Yungas de Bolivie, les coopératives de

base de Fecafeb font concurrence aux acheteurs

privés du marché local du café. Les ventes réalisées

par les organisations de producteurs du commerce

équitable représentent 25 % du volume total. Comme

elles achètent à des tarifs privilégiés le café équitable

ou biologique, les intermédiaires doivent s’aligner

s’ils veulent préserver leur approvisionnement. Ainsi,

l’impact du prix du commerce équitable s’étend in-

directement à toutes les familles vivant du café dans

les Yungas.

Le prix du commerce équitable a un « effet régulateur » sur toute la filière café de la région de Caranavi (Bolivie).

Un négociantlocal à Caranavi.

120

02001 2002 2003 2004

600

80

100

40

20

US$ / Quintal

Prix moyen sur le marché local de Caranavi.Prix moyen de l'arabica à la boursede New York.Prix moyen d'export des organisations affiliées à la Fecafeb.

Bolivie :les intermédiaires du marché conventionnel s’alignent

Page 21: Brochure d'impact 2009

L’effet d’entraînement

Une économie locale plus dynamiqueLe commerce équitable labellisé contribue à créer

des emplois agricoles et de nouvelles activités.

Au fur et à mesure de leur croissance, toutes les organisations de producteurs étudiées ont besoin de plus en plus de main-d’œuvre. Il faut cueillir les fruits, contrôler le séchage du café, charger les camions, gérer les commandes... De plus, leurs activités contribuent à renforcer le tissu économique local, et dans certains cas, à améliorer les salaires locaux.

Les productrices de cacao de La Guardia, en Ré-

publique Dominicaine, confectionnent des pro-

duits qu’elles sur le mar-ché local : confitures, vin de cacao, chocolat artisa-

nal... De cette manière, la Conacado soutient des projets de diversification sous forme de micro-en-

treprises féminines.

C’est le nombre estimé des emplois directs et indi-

rects générés par le réseau de Cocla (Pérou) et ses

6 800 producteurs. La fédération génère une activité

pour 18 % de la population en âge de travailler de la ré-

gion de la Convencion et de Yanatile. Elle génère aussi

un dynamisme économique local essentiel pour cette

région rurale enclavée.

19 700

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Page 24: Brochure d'impact 2009

L’effet organisation

Plus fortes, les coopératives gagnent en légitimitéLes débouchés du commerce équitable labellisé ont contribué à structurer les organisations

et à les rendre plus fortes. Les effectifs grandissent. Elles se retrouvent plus souvent en po-

sition de force pour négocier. En réponse aux besoins des producteurs, elles proposent des

services de formation, d’assistance technique et de crédit.

L’organisation de producteurs est l’épine dorsale du commerce équitable. Comme elle peut offrir de meilleu-res conditions commerciales, elle devient plus légitime face aux producteurs eux-mêmes. Plus confiants, ils sont plus nombreux à vouloir adhérer. Avec plus de membres, la coopérative peut proposer plus de volumes à ses clients, et améliorer son capital.

Être représentatifs

L’organisation est porteuse de la voix de ses adhérents. Elle promeut leurs intérêts à l’extérieur, par exemple auprès des autorités locales ou des acteurs écono-miques influents. Son avis est plus volontiers pris en compte. Elle devient plus représentative au sein du monde rural paysan et prend une véritable dimension politique. Elle obtient des appuis qui contribuent à ren-forcer ses capacités de production, son assise com-merciale et sa stratégie de durabilité.

Commerce équitable et coopération

Certaines organisations reçoivent une assistance tech-nique de la part de projets de coopération d’ONG ou de partenaires économiques. Ces programmes sont complémentaires du commerce équitable. Par des for-mations, ils encouragent une gestion saine et profes-sionnelle. Les standards et les contrôles du commerce équitable labellisé vont aussi dans ce sens. Chez les plus grandes et les plus anciennes coopérati-ves, le développement est avant tout le résultat de leurs efforts et de leur capacité à s’organiser. Le commer-ce équitable apparaît alors comme un des leviers qui contribue à la diversification de l’offre, à l’amélioration de la qualité, à la diversification de la clientèle. Tout cela fait une organisation plus forte.

Capital et trésorerie

Les organisations de producteurs deviennent des ins-titutions de référence sur leur territoire. Avec l’appui du commerce équitable, elles acquièrent un capital avec lequel elles dispensent des formations, du crédit, de l’encadrement pour le passage au bio...Le préfinancement des récoltes est déterminant. Il donne la trésorerie nécessaire à l’activité commerciale des organisations de producteurs. Il contribue aussi à améliorer la rentabilité pour les producteurs. Cependant les mécanismes actuels sont insuffisants. La fédération FLO développe de nouveaux outils financiers et écono-miques d’appui aux organisations de producteurs.

Pesée en commun des sacs de café apportés par les producteurs avant l’expédition dans les Yungas en Bolivie.

Page 25: Brochure d'impact 2009

font évoluer les coopératives vers des struc-

tures plus commerciales et plus efficaces,

mais toujours dans un esprit mutualiste.

Ainsi, les trois quarts des organisations de

producteurs certifiées Fairtrade / Max Have-

laar ont réformé leurs statuts. « Autrefois, à

la coopérative Mejillones, la direction était

empirique, se souvient Nelly. Il était courant

qu’il y ait trois comptabilités : une pour soi,

une pour les membres et une pour le fisc. »

Organigramme

Aujourd’hui, quand on arrive à Mejillones,

au mur de la salle commune de la coopérative

s’étale un grand organigramme : conseil d’ad-

ministration, comité de surveillance, dépar-

tement qualité… Au moment de repartir, au

terme d’une après-midi passée en compagnie

des producteurs, on signe un compte-rendu

d’une page, soigneusement manuscrit.

Autre facteur motivant pour tenir les regis-

tres à jour : les visites de FLO-Cert, la société

qui contrôle les standards de Max Havelaar.

« Sans FLO-Cert, les formations n’auraient

pas eu le même impact, estime Nelly. Les

contrôles leur ont permis de réaliser qu’ils

n’avaient pas de procédures. Ils se sont ainsi

professionnalisés. »

Grâce à un programme de formations et

aux inspections de FLO-Cert, les coopé-

ratives caféïères des Yungas, en Bolivie, sont

de mieux en mieux gérées.

La coopérative, c’est l’outil qui permet aux

producteurs de ne pas rester isolés face au

marché. Pourtant, les plus anciens s’en mé-

fient encore. Ils ont trop d’exemples de pré-

sidents à vie, d’intendance douteuse et d’es-

croqueries.

Mais peu à peu émerge une nouvelle généra-

tion. Ce sont les becarios, les lauréats d’une

formation de 19 mois à l’administration, la

gestion des organisations, la commercialisa-

tion et à la comptabilité avec l’appui de l’ONG

AVSF. « Je me vois comme un chef d’entre-

prise, mais toujours au sein d’un collectif,

explique un jeune becario. Nous devons ac-

quérir des compétences en tant que groupe.

Si nous ne sommes pas unis, nous risquons

d’échouer. »

Bonne gestion

« Au début de la mise en place du commerce

équitable, les premiers becarios à être for-

més à la bonne gestion ont pris la place de

ceux qui monopolisaient le pouvoir », expli-

que Nelly Usnayo, formatrice. Les becarios

Comment a évolué votre

organisation à travers le

commerce équitable ?

Au Pérou, dans les années 1990, il y avait

seulement quatre organisations de produc-

teurs dans le café, et ces quatre organisa-

tions ont commencé par pure coïncidence à

travailler dans le commerce équitable. Elles

ont commencé à retisser le tissu social perdu.

Dix-huit ans après, nous avons un réseau

de quarante organisations de producteurs,

toutes dans le commerce équitable. Alors

que durant la période critique, les organi-

sations de café exportaient de manière com-

mune l’équivalent de 2 % de la production

nationale, aujourd’hui, l’exportation de café

équitable touche près de 30 % de la produc-

tion nationale. Cela montre bien une chose

importante pour le commerce équitable qui

est le renforcement de l’organisation.

Quel est l’intérêt d’avoir une

organisation forte ?

Notre objectif n’est pas seulement de vendre.

Nous cherchons aussi à avoir des répercus-

sions publiques dans la région afin d’amé-

liorer les services de base. Si l’on pense que

les prix ou la prime du commerce équitable

résoudront seuls les problèmes de base, je

pense que nous nous trompons. Bien sûr, ils

y contribuent... Mais l’effet le plus important

est l’effet levier que crée le commerce équita-

ble afin que les organisations puissent s’in-

sérer dans le système financier, et ainsi être

reconnu comme un acteur économique. Dans

les années 1990, les banques nous refusaient

les financements. Depuis, ayant accès aux

marchés du commerce équitable, nous avons

réussi à obtenir des crédits en nous connec-

tant au système financier local. Ça a été

fondamental pour toutes ces organisations

qui sont du coup devenues des acteurs éco-

nomiques. Nous avons pu faire respecter nos

droits et influencer les politiques publiques.

Une nouvelle génération : l’entreprise paysanne

« Un effet de levier pour être reconnu

comme acteur économique »

Raul del Aguila

dirigeant de Cocla (Pérou) et membre du conseil d’administration de FLO

Page 26: Brochure d'impact 2009

« Noustravaillonstous unis

dans une même organisation. »

Abel Fernandez Responsable export à la Conacado

(République Dominicaine)

L’effet marché

De nouveaux débouchés pour les petits producteursLe commerce équitable labellisé ouvre de nouveaux champs commerciaux et contribue à

renforcer la légitimité des organisations de producteurs.

Dans les différents cas étudiés, le commerce équitable labellisé a permis aux organisations de producteurs d’acquérir une plus forte crédibilité commerciale. Elles ont accédé à de nouveaux marchés spéciaux comme le bio ou les cafés d’origine. Exportant ainsi pour la première fois, elles acquièrent un pouvoir de négociation jusque là inenvisageable. Elles établissent des partenariats commerciaux, dont certains sont assortis d’avantages financiers comme des avances à crédit ou des contrats servant de garantie pour des prêts. L’accès à ces marchés contribue à ce que les organisations de producteurs soient reconnues comme acteur économique fort du secteur. Cela leur confère alors une dimension plus politique.

Conacado : Les producteurs unis créent des alliances

Dans son bureau de Saint-Domingue,

Abel Fernandez est un homme occupé.

Plusieurs téléphones greffés à l’oreille, il gère

les exportations de plus de 10 000 petits pro-

ducteurs. Depuis plus de quinze ans, la Co-

nacado vend du cacao bio à Barry Callebaut.

« Quand Barry a acheté dans les conditions

du commerce équitable, notre relation s’est

encore renforcée. » Au-delà des critères du

commerce équitable, les deux partenaires ont

conclu un accord suivant un « partenariat

public-privé » : la Conacado fournit un cacao

haut de gamme et Barry Callebaut apporte un

appui technique.

Abel Fernandez fouille dans ses archives et en

tire une revue de presse. On y explique que

Conacado a fait face au gouvernement qui

avait créé un impôt prélevé de manière par-

ticulièrement inégalitaire sur les ventes des

petits producteurs. « Grâce à la force de no-

tre organisation et au lien très fort que nous

entretenons avec des organisations telles que

Equal Exchange, on a pu mettre la pression

sur les autorités locales afin que cet impôt

cesse d’être appliqué. »

Sur ce principe, la Conacado ne compte plus

ses alliances avec des entreprises et des insti-

tutions internationales. « C’est aussi un outil

de pression pour le cas où les acheteurs refu-

seraient de payer ou prendraient du retard.

Ce sont les avantages d’être affiliés à un systè-

me de commerce équitable : nous travaillons

tous unis dans une même organisation. »

Evolution des volumes totaux et commerce équitable exportés par Conacado (Rép. Dom.).

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

0

8 000

12 000

4 000

Tonnes

Exports totauxExports en commerce équitable

Page 27: Brochure d'impact 2009

Les producteurs gagnent en influence politiqueFortes de leur accès aux marchés d’exportations, les organisations se retrouvent plus

crédibles au moment de négocier avec les institutions.

Eugenio Villca Maldonado prend la

parole lors d’une réu-nion de la Fecafeb.

La fédération des producteurs de café

boliviens a pu négocier une loi

sectorielle sur le café avec le gouvernement. Une grande première pour les producteurs

de la région.

Plus reconnues, les organisations de producteurs se font une place dans les espaces nationaux et internationaux pour défendre les intérêts des pro-ducteurs. Elles contribuent ainsi à définir ou à ren-forcer les politiques sectorielles.Trop souvent, la catégorie des petits producteurs est écartée des décisions politiques la concernant et non considérée parmi les acteurs économiques d’importance. Au sein des organisations étudiées, ils se retrouvent en position renforcée, parfois de leader, sur les marchés d’exportation. Ils font usage d’un nouveau pouvoir d’influence à des niveaux de décisions politiques. C’est un changement signi-ficatif dans les rapports de force au niveau local, régional et national que les producteurs valorisent tout particulièrement. On peut parler d’une forme de démocratie dans le marché.

Page 28: Brochure d'impact 2009

Solidarité

La fierté de travailler ensembleLes producteurs s’identifient à un collectif et se reconnaissent

dans des représentants légitimes.

L’accompagnement au renforcement des capacités de gestion des organisations de producteurs est un ingré-dient nécessaire à la constitution des valeurs de démo-cratie, transparence des organisations de producteurs et à leur professionnalisation. Dans toutes les organisations étudiées, les producteurs ont exprimé une satisfaction liée à l’évolution de leur situation. Le commerce équita-ble labellisé est perçu comme un « levier » essentiel de développement de l’organisation par ses membres qui va jusqu’à apporter une revalorisation de l’estime de soi.

Au Pérou, les producteurs de Cenfrocafé construisent ensemble une nouvelle unité de séchage du café. Pour eux, « travailler dans l’unité » est plus qu’un slogan, c’est un mode de vie et une identité.

Très militant, Santiago Ma-mani Guaranca se considère

comme « un chef d’entreprise, mais toujours au sein d’un

collectif » constitué par son association Villa Oriente,

dans les Yungas en Bolivie.

Page 29: Brochure d'impact 2009

Des biens publics et des services collectifs pour tousLe commerce équitable labellisé bénéficie à la communauté grâce à des projets sociaux ou

environnementaux.

Le commerce équitable labellisé intervient dans des zones où les services publics et les infrastruc-tures sont faibles, voire inexistants. C’est pourquoi les organisations de producteurs décident souvent de mettre en place des projets communautaires. Ces projets bénéficient non seulement aux pro-ducteurs, mais aussi, le plus souvent, aux autres personnes des communautés environnantes, par-fois les plus défavorisées. La prime de dévelop-pement est souvent associée au développement de projets communautaires. Des fonds propres aux organisations de producteurs peuvent aussi y contribuer.

Parfois, au contraire, l’essentiel des investisse-ments sert à améliorer les outils de production. Des équipements plus modernes contribuent à di-minuer la pénibilité du travail, même si la majorité des producteurs continuent de cultiver à la main.

Enfin, certaines des études relèvent que le salaire des travailleurs saisonniers employés dans les parcelles est en augmentation. Ce n’est cependant pas encore le cas partout.

La région de Monte Cristi figure parmi

les plus pauvres de République Domi-

nicaine. Au bout de kilomètres de chemins

poussiéreux, on rejoint un petit village, ou

plutôt une communauté vivant sur ce qui res-

te des logements ouvriers d’une compagnie

bananière ayant déserté les lieux il y a près

de cinquante ans. On y vit sans eau courante

ni électricité. La notion de service public est

inexistante. En grande partie au chômage, les

adultes errent, désœuvrés.

C’est dans cette zone que Banelino a choisi

de concentrer la plus grande partie de ses in-

vestissements sociaux. Ceux-ci profitent aux

producteurs, aux travailleurs qui les aident,

mais aussi à tous les habitants. « Le commer-

ce équitable ne bénéficie pas seulement au

petit producteur mais à toute la communau-

té, car le producteur fait partie intégrante de

la communauté », estime Marike de Peña, di-

rectrice exécutive de Banelino.

Huit écoles

Le seul médecin qui passe dans la zone porte

sur sa chemise le sigle de Banelino. Il donne

des consultations publiques gratuites dans

une salle de classe. La crèche et l’école du voi-

sinage sont également financées en grande

partie par la coopérative : rénovation des lo-

caux, frais de scolarité, fournitures, salaires

du personnel... Au total, Banelino a choisi de

financer huit écoles, ce qui n’est pas le fruit du

hasard. « Les producteurs et les travailleurs

de Banelino sont conscients que le progrès

passe par l’éducation, souligne Susana Ro-

driguez, responsable des projets sociaux de

Banelino. Pour eux, c’est très important. »

Banelino donne la priorité à l’éducation

Page 30: Brochure d'impact 2009

Dans le cas de l’agriculture familiale, le commerce équitable labellisé encourage un mode d’agriculture qui est à l’origine manuelle et à faible niveau d’intrants, le plus souvent diversifiée. Ainsi, le café sous ombrage fa-vorise la biodiversité. Un désherbage minimum permet de conserver la vie du sol. L’impact de ce modèle sur l’environnement est relativement limité.

Franchir le pas du bio

Le commerce équitable labellisé a permis de généraliser certaines bonnes pratiques agro écologiques comme les engrais organiques. Il a incité les producteurs à aller plus loin dans la gestion des ressources naturelles. Les études n’ont cependant pas eu le recul nécessaire pour prendre en compte l’application de la nouvelle version des standards environnementaux, mise en place à partir de 2007.

Dans ces conditions, les effets environnementaux du commerce équitable sur la gestion des ressources na-turelles restent donc très liés à la certification bio. Le commerce équitable labellisé permet de franchir le pas en valorisant économiquement la production bio grâce à un supplément au prix minimum garanti. Cela s’explique par des contraintes supplémentaires pour le cultivateur. Elle permet de minimiser encore l’impact sur l’environ-nement, notamment l’érosion des sols.

Prise de conscience

Sur cette lancée, les organisations de producteurs et leurs membres ont pris conscience de la nécessité de préserver la biodiversité et de produire de manière du-rable. Ponctuellement, elles cherchent à sensibiliser plus largement la population à ces questions.

L’effet bio

Une empreinte environnementale faibleLe commerce équitable labellisé contribue à pérenniser une agriculture à petite échelle et

respectueuse de l’environnement en normalisant les bonnes pratiques. Aussi, il optimise ce

modèle d’agriculture en incitant au passage au bio. Cela s’accompagne d’une véritable prise

de conscience au sein des organisations.

À la coopéra-tive Cepicafé, les producteurs ont mis en place une pépinière afin de reboiser leur territoire.

Page 31: Brochure d'impact 2009

« La production bio, c’est

bon pour la santé, et ça

permet de récupérer les sols

qui ont été abîmés avec des

engrais chimiques. Ca per-

met aussi de produire une

alimentation saine pour la

famille et pour les consom-

mateurs. C’est un mode de

production de nos ancêtres

qui s’est perdu. »

Segundo Chero Moralesmembre d’Apromalpi (Pérou) depuis 2000,

administrateur depuis 2 ans.

Bananiers

La production biologique et ladiversification des plantations

permettent de préserver la vie du sol.

Manguiers Citronniers

Couverture végétale

Petit élevage

Page 32: Brochure d'impact 2009

Max Havelaar Belgique rue d’Edimbourg 26 1050 Bruxelles Tél. : 02 894.46.20 Fax : 02 894.46.21

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