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Bulletin des Arrêts Chambres civiles N° 2 Publication mensuelle Février 2015

Bulletin des Arrêts - Cour de cassation · 2016-02-09 · Mesures d’éloigne-ment..... Rétention dans des ... T. C. 9 févr. 4 15-03.985 ... tion des articles 37 et 75 de la loi

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Bulletindes ArrêtsChambres civiles

N° 2Publication

mensuelle

Février2015

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C O U R D E C A S S A T I O N

BULLETIN DES ARRÊTS

CHAMBRES CIVILES

NO 2

FÉVRIER 2015

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Décisionsdu Tribunaldes confl i ts

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INDEX ALPHABÉTIQUE

Les numéros correspondent à la numérotation des décisions au fichier central.

Pour faciliter le classement, cette numérotation est annuelle et distincte pour chaque formation.

Les titres de références sont indiqués par un astérisque.

Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

E

ETRANGER :

Mesures d’éloigne-ment......................... Rétention dans des lo-

caux ne relevant pasde l’administrationpénitentiaire............ Fin de la rétention :

Compétence judiciaire – Conditions – Détermi-nation.............................................................. * T. C. 9 févr. 1 15-03.986

Critères – Existence de circonstances nouvellesde droit ou de fait........................................... * T. C. 9 févr. 1 15-03.986

M

MARCHE PUBLIC :

Code des marchés pu-blics......................... Contrat soumis aux

dispositions de cecode......................... Nature – Détermination – Portée.................. * T. C. 9 févr. 4 15-03.985

NS0612ZA
Texte surligné
NS0612ZA
Texte surligné
NS0612ZA
Texte surligné
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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– II –

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S

SEPARATION DES POUVOIRS :

C o m p é t e n c e j u d i -ciaire........................ Domaine d’applica-

tion........................... Contentieux des étrangers – Rétention dansdes locaux ne relevant pas de l’administra-tion pénitentiaire – Décision y mettantfin.............................................................. T. C. 9 févr. 1 15-03.986

Litige relatif à un contrat de droit privé :

Caractérisation – Conditions – Contrat n’ayantpas pour objet la participation à l’exécutiond’un service public et ne comportant pas declause exorbitante du droit commun – Appli-cations diverses – Contrat de fournituresconclu par une personne publique seulementpour les besoins d’un servive public............. * T. C. 9 févr. 2 15-03.982

Contrat de droit privé – Caractérisation – Cas –Contrat de fournitures conclu par une per-sonne publique non soumis à la date de saconclusion au code des marchés publics....... T. C. 9 févr. 2 15-03.982

Litige relatif aux personnes morales de droitprivé ayant une mission de service publicconcernant une décision qui n’affecte pasl’organisation du service public – Appli-cations diverses – Litige relatif à la délibé-ration par laquelle le conseil d’administra-tion d’une caisse de prévoyance socialedécide la création d’emplois..................... T. C. 9 févr. 3 15-03.987

Exclusion..................... Cas :

Litige relatif à un contrat administratif – Contratadministratif – Définition – Marché public –Applications diverses..................................... T. C. 9 févr. 4 15-03.985

Litige relatif aux travaux publics – Définition –Etendue – Litige né de l’exécution d’une opé-ration de travaux publics et opposant des par-ticipants à l’exécution de ces travaux –Condition........................................................ T. C. 9 févr. 5 15-03.983

NS0612ZA
Texte surligné
NS0612ZA
Texte surligné
NS0612ZA
Texte surligné
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Texte surligné
NS0612ZA
Texte surligné
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Texte surligné
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TRIBUNAL DES CONFLITS

FÉVRIER 2015

No 1

SEPARATION DES POUVOIRS

Compétence judiciaire – Domaine d’application –Contentieux des étrangers – Rétention dans deslocaux ne relevant pas de l’administration péni-tentiaire – Décision y mettant fin

Aux termes de l’article L. 554-1 du code de l’entrée et duséjour des étrangers et du droit d’asile, un étranger nepeut être placé ou maintenu en rétention que pour letemps strictement nécessaire à son départ.

Selon les articles L. 552-1 et L. 552-7 du mêmecode, la prolongation de la rétention, dans la limite dedeux fois vingt jours, est subordonnée à des décisions dujuge judiciaire.

En outre, il résulte des réserves d’interprétation dontle Conseil constitutionnel a assorti la déclaration deconformité à la Constitution de ces dispositions législa-tives, dans ses décisions no 2003-484 DC du 20 novem-bre 2003 et no 2011-631 DC du 9 juin 2011, et quis’imposent à toutes les autorités administratives et juri-dictionnelles en vertu de l’article 62 de la Constitution,qu’il appartient au juge judiciaire de mettre fin, à toutmoment, à la rétention administrative, lorsque les cir-constances de droit ou de fait le justifient.

Dès lors, le juge judiciaire est seul compétent pourmettre fin à la rétention lorsqu’elle ne se justifie pluspour quelque motif que ce soit.

9 février 2015

Vu l’expédition de l’ordonnance rendue le 9 octo-bre 2014 par laquelle le juge des référés du tribunaladministratif de Melun, saisi d’une demande de M. X...tendant à obtenir sa mise en liberté alors qu’il étaitplacé en rétention administrative par décision du préfetde Seine-et-Marne, a renvoyé au Tribunal, par applica-tion de l’article 34 du décret du 26 octobre 1849modifié, le soin de décider sur la question de compé-tence ;

Vu l’ordonnance du 6 octobre 2014 par laquelle lejuge des libertés et de la détention du tribunal degrande instance de Meaux s’est déclaré incompétentpour connaître du litige ;

Vu les observations présentées pour M. X... par laSCP Roger, Sevaux, Mathonnet tendant à ce que lejuge judiciaire soit déclaré compétent en tant que gar-

dien de la liberté individuelle et que soit mise à lacharge de l’Etat la somme de 3 000 euros en applica-tion des articles 37 et 75 de la loi du 10 juillet 1991relative à l’aide juridique ;

Vu les pièces du dossier desquelles il résulte que lasaisine du Tribunal a été notifiée au ministre de l’inté-rieur qui n’a pas produit de mémoire ;

Vu les autres pièces du dossier ;

Vu la loi des 16-24 août 1790 et le décret du16 fructidor an III ;

Vu la loi du 24 mai 1872 ;

Vu le décret du 26 octobre 1849 modifié ;

Vu les articles 66 et 62 de la Constitution ;

Vu le code de l’entrée et du séjour des étrangers etdu droit d’asile ;

Considérant que la constitution en interventionvolontaire de la Cimade n’ayant pas été accompagnéeni suivie d’observations écrites, il n’y a pas lieu de seprononcer sur son admission ;

Considérant que par arrêté du 28 août 2014, le pré-fet de Seine-et-Marne a fait obligation à M. X... dequitter sans délai le territoire français et, dans l’attentede son départ, l’a placé en rétention dans des locaux nedépendant pas de l’administration pénitentiaire ; qu’a-près que la mesure a été prolongée deux fois pour vingtjours par le juge judiciaire, M. X... a saisi ce même juged’une demande de mise en liberté au motif que leconsulat d’Egypte, sollicité par l’administration en vuede la délivrance de documents de voyage, avait faitconnaître l’impossibilité de fournir lesdits documentsfaute d’avoir pu établir la nationalité égyptienne de l’in-téressé, que l’administration a alors sollicité le consulatde Tunisie sans qu’aucun indice ne laisse penser queM. X... soit ressortissant de ce pays, de sorte qu’iln’existait plus de perspective raisonnable d’exécution dela mesure d’éloignement dans le délai restant à courirde la rétention ; qu’après que le juge des libertés et dela détention du tribunal de grande instance de Meauxse fut déclaré incompétent pour apprécier la conditionde délai de mise en œuvre de la mesure d’éloignement,le juge des référés du tribunal administratif de Melun,estimant que le maintien en rétention résultait d’unedécision du juge judiciaire et que le code de l’entrée etdu séjour des étrangers et du droit d’asile attribuaitcompétence à ce dernier pour y mettre fin, a renvoyéau Tribunal le soin de décider sur la question decompétence ;

Considérant qu’aux termes de l’article L. 554-1 ducode de l’entrée et du séjour des étrangers et du droitd’asile, un étranger ne peut être placé ou maintenu en

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rétention que pour le temps strictement nécessaire à sondépart ; que selon les articles L. 552-1 et L. 552-7 dumême code, la prolongation de la rétention, dans lalimite de deux fois vingt jours, est subordonnée à desdécisions du juge judiciaire ; qu’il résulte des réservesd’interprétation dont le Conseil constitutionnel a assortila déclaration de conformité à la Constitution de cesdispositions législatives, dans ses décisions no 2003-484 DC du 20 novembre 2003 et no 2011-631 DC du9 juin 2011, et qui s’imposent à toutes les autoritésadministratives et juridictionnelles en vertu de l’arti-cle 62 de la Constitution, qu’il appartient au juge judi-ciaire de mettre fin, à tout moment, à la rétentionadministrative, lorsque les circonstances de droit ou defait le justifient ; qu’il résulte de ce qui précède que lejuge judiciaire est seul compétent pour mettre fin à larétention lorsqu’elle ne se justifie plus pour quelquemotif que ce soit ; que ce juge est dès lors compétentpour connaître du litige opposant M. X... au préfet deSeine-et-Marne ; que, toutefois, les délais légaux derétention étant expirés, il n’y a pas lieu de renvoyer lesparties devant cette juridiction ;

Considérant qu’il n’y a pas lieu, dans les cir-constances de l’espèce, de mettre à la charge de l’Etat lasomme que demande M. X... en application des arti-cles 37 et 75 de la loi du 10 juillet 1991 ;

DECIDE :

Article 1er : Le juge judiciaire est compétent pourconnaître du litige opposant M. X... au préfet de Seine-et-Marne.

Article 2 : L’ordonnance du juge des libertés et de ladétention du tribunal de grande instance de Meaux endate du 6 octobre 2014 est annulée.

Article 3 : La procédure suivie devant le tribunaladministratif de Melun est déclarée nulle et non avenueà l’exception de l’ordonnance du 9 octobre 2014.

Article 4 : Les conclusions de M. X... tendant àl’application des articles 37 et 75 de la loi du 10 juil-let 1991 sont rejetées.

No 15-03.986. M. X...contre préfet de Seine-et-Marne.

Président : M. Arrighi de Casanova – Rapporteur : M. Béraud– Commissaire du Gouvernement : M. Dacosta. – Avocats :SCP Roger, Sevaux et Mathonnet, SCP Spinosi et Sureau

Sur la compétence du juge judiciaire pour mettre fin àune rétention administrative, à rapprocher :

1re Civ., 24 septembre 2008, pourvoi no 07-19.243,Bull. 2008, I, no 210 (cassation sans renvoi), et l’arrêt cité.

No 2

SEPARATION DES POUVOIRS

Compétence judiciaire – Domaine d’application –Litige relatif à un contrat de droit privé –Contrat de droit privé – Caractérisation – Cas –

Contrat de fournitures conclu par une personnepublique non soumis à la date de sa conclusionau code des marchés publics

S’il résulte de l’article 2 de la loi no 2001-1168 du11 décembre 2001 que les marchés entrant dans lechamp d’application du code des marchés publics sontdes contrats administratifs, le contrat de fournituresconclu, dans le cadre de la lutte contre l’épidémie dechikungunya, par la direction des affaires sanitaires etsociales de Mayotte, n’a pas été passé en application ducode des marchés publics, celui-ci n’étant pas applicableà Mayotte au jour de sa conclusion.

Il ne revêt donc pas un caractère administratif pardétermination de la loi.

Un tel contrat n’a pas non plus pour objet de faireparticiper la société cocontractante à l’exécution du ser-vice public.

Conclu seulement pour les besoins du service public,il ne comporte aucune clause qui implique, dans l’inté-rêt général, qu’il relève du régime exorbitant descontrats administratifs.

Dès lors, ce contrat est une convention de droit privé,dont le contentieux relève de la compétence de la juri-diction judiciaire.

9 février 2015

Vu l’expédition du jugement du 14 avril 2014 parlequel le tribunal de grande instance de Mamoudzou,saisi d’une demande de la société Senseo tendant à ceque l’Etat soit condamné à lui payer la somme de350 000 euros au titre de deux factures restéesimpayées, a renvoyé au Tribunal, par application del’article 34 du décret du 26 octobre 1849 modifié, lesoin de décider sur la question de compétence ;

Vu l’arrêt du 26 janvier 2012 par lequel la couradministrative d’appel de Bordeaux s’est déclaréeincompétente pour connaître de ce litige ;

Vu le mémoire présenté pour la société Senseo ten-dant à ce que la juridiction judiciaire soit déclaréecompétente pour connaître de sa demande, par lesmotifs que le contrat litigieux est de droit privé, dèslors qu’il a seulement été conclu pour la satisfaction desbesoins d’un service public et que le code des marchéspublics n’était pas applicable à Mayotte à la date de saconclusion ;

Vu le mémoire présenté pour l’Agence régionale desanté de l’Océan indien par Me Le Prado tendant à ceque la juridiction administrative soit déclarée compé-tente pour connaître du litige, par les motifs que lecontrat conclu entre les parties revêt un caractère admi-nistratif tant en raison de son objet que par détermina-tion de la loi ;

Vu les pièces desquelles il résulte que la saisine duTribunal a été notifiée au ministre de l’économie et descomptes publics et au ministre des affaires sociales et dela santé, qui n’ont pas produit de mémoire ;

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TRIBUNAL DES CONFLITS

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Vu les autres pièces du dossier ;

Vu la loi des 16-24 août 1790 et le décret du16 fructidor an III ;

Vu la loi du 24 mai 1872 ;

Vu le décret du 26 octobre 1849 modifié ;

Considérant que la direction des affaires sanitaires etsociales (DASS) de Mayotte a, le 31 août 2006, passécommande auprès de la société Senseo de cinquantemille combinaisons jetables, destinées à être utilisées parle personnel médical dans le cadre de la lutte contrel’épidémie de chikungunya ; que le contrat ayant étédénoncé par la DASS après livraison des produits, lasociété Senseo en a sollicité le paiement ;

Considérant, d’une part, que s’il résulte de l’article 2de la loi no 2001-1168 du 11 décembre 2001 que lesmarchés entrant dans le champ d’application du codedes marchés publics sont des contrats administratifs etsi ce texte est applicable à Mayotte, depuis le 1er jan-vier 2008, en vertu des dispositions du dernier alinéade l’article LO 6113-1 inséré dans le code général descollectivités territoriales par la loi organique no 2007-223 du 21 février 2007, le contrat litigieux n’a pas étépassé en application du code des marchés publics,celui-ci n’étant pas applicable à Mayotte au jour de saconclusion ; que, par suite, il ne revêt pas un caractèreadministratif par détermination de la loi ;

Considérant, d’autre part, qu’un tel contrat n’a paspour objet de faire participer la société Senseo à l’exé-cution du service public ; que conclu seulement pourles besoins du service public, il ne comporte aucuneclause qui implique, dans l’intérêt général, qu’il relèvedu régime exorbitant des contrats administratifs ;

Considérant qu’il résulte de ce qui précède que cecontrat est une convention de droit privé, dont lecontentieux relève de la compétence de la juridictionjudiciaire ;

DECIDE :

Article 1er : La juridiction de l’ordre judiciaire estcompétente pour connaître du litige opposant la sociétéSenseo à l’Agence régionale de santé de l’Océan indienet à l’agent judiciaire de l’Etat.

Article 2 : Le jugement rendu le 14 avril 2014 par letribunal de grande instance de Mamoudzou est déclarénul et non avenu. La cause et les parties sont renvoyéesdevant cette juridiction.

No 15-03.982. Société Senseocontre Etat français

(Agence régionale de santé (ARS)de l’Océan indien),

et autre.

Président : M. Arrighi de Casanova – Rapporteur :Mme Canas – Commissaire du Gouvernement :M. Dacosta. – Avocat : SCP de Chaisemartin et Courjon

No 3

SEPARATION DES POUVOIRS

Compétence judiciaire – Domaine d’application –Litige relatif aux personnes morales de droitprivé ayant une mission de service public concer-nant une décision qui n’affecte pas l’organisationdu service public – Applications diverses – Litigerelatif à la délibération par laquelle le conseild’administration d’une caisse de prévoyancesociale décide la création d’emplois

Aux termes de l’article 3 de l’ordonnance no 77-1102 du26 septembre 1977, la Caisse de prévoyance sociale deSaint-Pierre-et-Miquelon est une personne privée char-gée d’une mission de service public.

La délibération par laquelle son conseil d’ad-ministration décide de créer deux postes de sous-directeur n’a pas pour objet de régir l’organisation duservice public de l’assurance sociale, mais se rapporte àl’organisation et au fonctionnement interne de cette ins-titution.

Elle relève, par suite, de la compétence de la juridic-tion de l’ordre judiciaire.

9 février 2015

Vu l’expédition du jugement du 20 juillet 2013 parlequel le tribunal administratif de Saint-Pierre-et-Miquelon, saisi d’une demande de l’Union inter-professionnelle CFDT de Saint-Pierre-et-Miquelon ten-dant notamment à l’annulation pour excès de pouvoirde la délibération en date du 13 janvier 2010 duconseil d’administration de la Caisse de prévoyancesociale de Saint-Pierre-et-Miquelon créant deux postesde sous-directeur, a renvoyé au Tribunal, par applica-tion de l’article 34 du décret du 26 octobre 1849modifié, le soin de décider sur la question de compé-tence ;

Vu l’arrêt du 16 novembre 2011 par lequel le tribu-nal supérieur d’appel de Saint-Pierre-et-Miquelon adéclaré la juridiction de l’ordre judiciaire incompétentepour connaître du litige ;

Vu le mémoire présenté pour l’Union interprofes-sionnelle CFDT de Saint-Pierre-et-Miquelon, quiconclut à ce que la juridiction judiciaire soit déclaréecompétente pour connaître du litige, au motif que ladélibération litigieuse est un acte pris par un organismeprivé chargé d’un service public qui ne se rapporte pasà l’organisation du service public et ne met pas en jeudes prérogatives de puissance publique ; que soncontentieux relève ainsi du juge judiciaire, même si elledoit faire l’objet d’une décision, détachable, d’agrémentministériel relevant du contrôle du juge administratif ;

Vu le mémoire pésenté pour la Caisse de prévoyancesociale de Saint-Pierre-et-Miquelon, qui conclut à ceque la juridiction administrative soit déclarée compé-

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tente pour connaître du litige, au motif que la délibéra-tion litigieuse, qui porte sur la restructuration desorganes de direction de la Caisse, a des incidences bud-gétaires et se trouve soumise au contrôle du ministre dela sécurité sociale, touche à l’organisation du servicepublic et constitue ainsi un acte administratif ;

Vu les pièces desquelles il résulte que la saisine duTribunal a été notifiée au ministre des affaires socialeset de la santé, qui n’a pas produit de mémoire ;

Vu les autres pièces du dossier ;

Vu la loi des 16-24 août 1790 et le décret du16 fructidor an III ;

Vu la loi du 24 mai 1872 ;

Vu le décret du 26 octobre 1849 modifié ;

Vu le code de la mutualité ;

Vu l’ordonnance no 77-1102 du 26 septembre 1977 ;

Considérant qu’aux termes de l’article 3 de l’ordon-nance du 26 septembre 1977 portant extension etadaptation au département de Saint-Pierre-et-Miquelonde diverses dispositions relatives aux affaires sociales :« Il est institué, dans le département de Saint-Pierre-et-Miquelon une caisse de prévoyance sociale, constituée etfonctionnant conformément aux prescriptions du code de lamutualité, sous réserve des dispositions de la présenteordonnance et des textes pris pour son application. Cettecaisse a pour rôle de gérer un régime de sécurité sociale quis’applique à l’ensemble des catégories relevant en Francemétropolitaine d’un régime de sécurité sociale, à l’exclusiondes marins qui relèvent de l’établissement national desinvalides de la marine pour les risques maladie, maternité,vieillesse et accidents du travail et à l’exclusion des bénéfi-ciaires du code des pensions civiles et militaires de l’Etatpour le risque vieillesse. Elle assure la gestion des risquesmaladie, maternité, invalidité, décès, accidents du travail,maladies professionnelles, vieillesse ainsi que le service desprestations familiales »;

Considérant que, par délibération en date du 13 jan-vier 2010, le conseil d’administration de la Caisse deprévoyance sociale de Saint-Pierre-et-Miquelon a décidéde créer deux postes de sous-directeur ; que l’Unioninterprofessionnelle CFDT de Saint-Pierre-et-Miquelondemande l’annulation de cette délibération ; que, pararrêt du 16 novembre 2011, devenu définitif, le tribu-nal supérieur d’appel de Saint-Pierre-et-Miquelon adécliné la compétence de la juridiction judiciaire pourconnaître du litige ; que, par jugement du 20 juil-let 2013, le tribunal administratif de Saint-Pierre-et-Miquelon a décliné la compétence de la juridiction del’ordre administratif pour en connaître et décidé de sai-sir le Tribunal en application de l’article 34 du décretdu 26 octobre 1849 modifié ;

Considérant que la Caisse de prévoyance sociale deSaint-Pierre-et-Miquelon est une personne privée char-gée d’une mission de service public ; que la délibérationcontestée n’a pas pour objet de régir l’organisation duservice public de l’assurance sociale mais se rapporte àl’organisation et au fonctionnement interne de cetteinstitution ; qu’elle relève, par suite, de la compétencede la juridiction de l’ordre judiciaire ;

DECIDE :

Article 1er : La juridiction de l’ordre judiciaire estcompétente pour connaître du litige opposant l’Unioninterprofessionnelle CFDT de Saint-Pierre-et-Miquelonà la Caisse de prévoyance sociale de Saint-Pierre-et-Miquelon.

Article 2 : L’arrêt du tribunal supérieur d’appel deSaint-Pierre-et-Miquelon du 16 novembre 2011 estdéclaré nul et non avenu. La cause et les parties sontrenvoyées devant ce tribunal.

Article 3 : La procédure suivie devant le tribunaladministratif de Saint-Pierre-et-Miquelon est déclaréenulle et non avenue en tant qu’elle concerne le litige, àl’exception du jugement rendu sur ce point par le tri-bunal le 20 juillet 2013.

No 15-03.987. Union interprofessionnelle CFDTde Saint-Pierre-et-Miquelon

contre caisse de prévoyance socialede Saint-Pierre-et-Miquelon.

Président : M. Arrighi de Casanova – Rapporteur : M. Hono-rat – Commissaire du Gouvernement : M. Desportes. –Avocats : SCP Masse-Dessen, Thouvenin et Coudray,SCP Lyon-Caen et Thiriez

No 4

SEPARATION DES POUVOIRS

Compétence judiciaire – Exclusion – Cas – Litigerelatif à un contrat administratif – Contratadministratif – Définition – Marché public –Applications diverses

Aux termes de l’article 2 de la loi no 2001-1168 du11 décembre 2001, les marchés entrant dans le champd’application du code des marchés publics, y comprisdans ses rédactions antérieures à l’entrée en vigueur deladite loi, sont des contrats administratifs, le juge judi-ciaire ne demeurant compétent que pour connaître deslitiges portés devant lui avant cette date.

Le contrat, conclu en 1997 par un établissementpublic administratif communal soumis au code des mar-chés publics pour se procurer les matériels de télé-assistance dont il avait besoin pour mener à bien desactions d’aide aux personnes dépendantes, constitue unmarché public de fournitures entrant, au jour de saconclusion, dans le champ d’application du code desmarchés publics, y compris dans sa rédaction alors envigueur.

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Ainsi, le litige relatif à la résiliation de ce contratintervenue en 2007, qui n’a pas été porté devant lajuridiction judiciaire antérieurement, relève de lacompétence de la juridiction administrative.

9 février 2015

Vu l’expédition de l’arrêt du 29 octobre 2014 parlequel la Cour de cassation, saisie par le centre commu-nal d’action sociale (CCAS) de Rueil-Malmaison d’unpourvoi contre l’arrêt du 11 septembre 2013 par lequella cour d’appel de Versailles a confirmé l’ordonnancedu 28 septembre 2012 par laquelle le juge de la miseen état du tribunal de grande instance de Nanterre adébouté le CCAS de l’exception d’incompétence qu’ilavait soulevée dans le cadre du litige qui l’oppose à lasociété Loc-Infor à la suite de la résiliation, à compterdu 1er janvier 2008, d’un contrat de location de maté-riels de téléassistance conclu le 18 juin 1997, a renvoyéau Tribunal, par application de l’article 34 du décretdu 26 octobre 1849, le soin de décider sur la questionde compétence ;

Vu le jugement du 8 octobre 2010 par lequel le tri-bunal administratif de Versailles s’est déclaréincompétent pour connaître du litige opposant leCCAS de Rueil-Malmaison à la société Loc-Infor, aumotif que le contrat de fournitures en cause est uncontrat de droit privé ;

Vu le mémoire et les observations complémentairesprésentés pour le CCAS de Rueil-Malmaison, tendant àce que la juridiction administrative soit déclarée compé-tente et à ce qu’une somme de 4 000 euros soit mise àla charge de la société Loc-Infor au titre de l’article 75de la loi du 10 juillet 1991, au motif que le contrat encause est un marché public et qu’il est donc un contratadministratif par détermination de la loi ;

Vu le mémoire du ministre des affaires sociales, de lasanté et des droits des femmes, tendant à ce que la juri-diction judiciaire soit déclarée compétente, au motifque le contrat en cause n’est pas un marché public ;

Vu le mémoire présenté pour la société Loc-Infor,Me Francisque X..., administrateur à la sauvegarde de lasociété, et Me Y..., mandataire judiciaire de la société,tendant à ce que la juridiction judiciaire soit déclaréecompétente et à ce qu’une somme de 4 000 euros soitmise à la charge du CCAS de Rueil-Malmaison au titrede l’article 75 de la loi du 10 juillet 1991, au motif quele contrat en cause n’a pas été conclu en application ducode des marchés publics, ne comporte aucune clauseexorbitante et n’est pas relatif à l’exécution du servicepublic ;

Vu le mémoire en réplique présenté pour le CCASde Rueil-Malmaison, tendant à ce que la juridictionadministrative soit déclarée compétente et à ce qu’unesomme de 3 500 euros soit mise à la charge des défen-deurs au titre de l’article 75 de la loi du 10 juil-let 1991 ;

Vu les pièces desquelles il résulte que la saisine duTribunal des conflits a été notifiée au CCAS deSuresnes, qui n’a pas produit de mémoire ;

Vu les autres pièces du dossier ;

Vu la loi des 16-24 août 1790 et le décret du16 fructidor an III ;

Vu la loi du 24 mai 1872 ;

Vu le décret du 26 octobre 1849 modifié ;

Vu la loi no 91-647 du 10 juillet 1991 ;

Vu la loi no 2001-1168 du 11 décembre 2001 ;

Vu le code des marchés publics ;

Considérant que, après que le département desHauts-de-Seine eut conclu, le 23 juillet 1986, un« accord-cadre » avec la société Loc-Infor, le centrecommunal d’action sociale (CCAS) de Rueil-Malmaisona conclu avec cette même société, le 18 juin 1997, uncontrat ayant pour objet la location de matériels detéléassistance destinés à être installés par le centrecommunal chez des personnes dépendantes ; que leCCAS ayant décidé en 2007 de résilier ce contrat àcompter du 1er janvier 2008, la société a engagé unlitige en vue d’obtenir une indemnisation ;

Considérant qu’aux termes de l’article 2 de la loi du11 décembre 2001 portant mesures urgentes deréformes à caractère économique et financier : « Lesmarchés passés en application du code des marchéspublics ont le caractère de contrats administratifs » ;qu’il résulte de ces dispositions que les marchés entrantdans le champ d’application du code des marchéspublics, y compris dans ses rédactions antérieures àl’entrée en vigueur de la loi du 11 décembre 2001, sontdes contrats administratifs, le juge judiciaire ne demeu-rant compétent que pour connaître des litiges portésdevant lui avant cette date ;

Considérant que le contrat en cause, conclu par unétablissement public administratif communal soumis aucode des marchés publics pour se procurer les matérielsde téléassistance dont il avait besoin pour mener à biendes actions d’aide aux personnes dépendantes, constitueun marché public de fournitures entrant dans le champd’application du code des marchés publics, y comprisdans sa rédaction en vigueur le 18 juin 1997 ; qu’ainsi,le litige relatif à la résiliation de ce contrat intervenueen 2007 relève de la compétence de la juridiction administrative ;

Considérant qu’il n’y a pas lieu, dans les cir-constances de l’espèce, de mettre à la charge de lasociété Loc-Infor la somme que demande le CCAS deRueil-Malmaison au titre de l’article 75 de la loi du10 juillet 1991 ; que les dispositions de cet article fontobstacle à ce que soit mise à la charge du CCAS deRueil-Malmaison la somme que demandent la sociétéLoc-Infor, Me Francisque X... et Me Y... au même titre ;

DECIDE :

Article 1er : La juridiction administrative est compé-tente pour connaître du litige opposant la société Loc-Infor au CCAS de Rueil-Malmaison.

Article 2 : Le jugement du tribunal administratif deVersailles du 8 octobre 2010 est déclaré nul et nonavenu. La cause et les parties sont renvoyées devant cetribunal.

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TRIBUNAL DES CONFLITS

6

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Article 3 : Les conclusions présentées par le CCAS deRueil-Malmaison et par la société Loc-Infor au titre del’article 75 de la loi du 10 juillet 1991 sont rejetées.

No 15-03.985. Centre communal d’actionsociale (CCAS)

de Rueil-Malmaisoncontre société Loc-Infor

et autres.

Président : M. Arrighi de casanova – Rapporteur : M. Méné-ménis – Commissaire du Gouvernement : M. Desportes. –Avocats : SCP Nicolay, de Lanouvelle et Hannotin,SCP Lyon-Caen et Thiriez

Sur l’application dans le temps de l’article 2 de la loino 2001-1168 du 11 décembre 2001, dans le même sensque :

Tribunal des conflits, 17 décembre 2007, Bull. 2007,T. conflits, no 39, et les décisions citées.

No 5

SEPARATION DES POUVOIRS

Compétence judiciaire – Exclusion – Cas – Litigerelatif aux travaux publics – Définition – Eten-due – Litige né de l’exécution d’une opérationde travaux publics et opposant des participants àl’exécution de ces travaux – Condition

Lorsque le juge administratif est saisi d’un litige né del’exécution d’un marché de travaux publics opposant lemaître d’ouvrage à des constructeurs qui ont constituéun groupement pour exécuter le marché, il est compétentpour connaître des actions en garantie engagées par lesconstructeurs les uns envers les autres si le marchéindique la répartition des prestations entre les membresdu groupement.

Si tel n’est pas le cas, le juge administratif est égale-ment compétent pour connaître des actions en garantieentre les constructeurs, quand bien même la répartitiondes prestations résulterait d’un contrat de droit privéconclu entre eux, hormis le cas où la validité ou l’inter-prétation de ce contrat soulèverait une difficulté sérieuse.

9 février 2015

Vu l’expédition du jugement du 13 juin 2013 parlequel le tribunal administratif de Lyon, saisi d’unedemande de la société ACE European Group Limited,assureur au titre de garantie « dommages-ouvrage » dela commune de Chaponost, tendant à la condamnationdes constructeurs au remboursement des sommes ver-sées à cette commune au titre des travaux de reprise desdésordres affectant la cloison mobile de la salle de res-tauration d’une école élémentaire, a décliné la compé-tence de la juridiction administrative pour connaître des

actions en garantie réciproques présentées par MM. X...et Y..., constructeurs, a sursis à statuer sur ce point et arenvoyé au Tribunal, par application de l’article 34 dudécret du 26 octobre 1849 modifié, le soin de décidersur la question de compétence ;

Vu l’arrêt du 21 février 2008 par lequel la cour d’ap-pel de Lyon s’est déclarée incompétente pour connaîtrede ce litige ;

Vu les pièces desquelles il résulte que la saisine duTribunal des conflits a été notifiée à la société ACEEuropean Group Limited, à M. X..., à M. Y..., à lacommune de Chaponost et au ministre de l’intérieurqui n’ont pas produit de mémoire ;

Vu les autres pièces du dossier ;

Vu la loi des 16-24 août 1790 et le décret du16 fructidor an III ;

Vu la loi du 24 mai 1872 ;

Vu le décret du 26 octobre 1849 modifié, notam-ment son article 34 ;

Vu le code des marchés publics ;

Considérant que par ordonnance du 2 juillet 2007,le juge de la mise en état du tribunal de grande ins-tance de Lyon a décliné la compétence du juge judi-ciaire pour connaître de l’action de la société ACEInsurance, assureur « dommages-ouvrage » de lacommune de Chaponost subrogé dans ses droits, contreles constructeurs d’une école communale affectée dedésordres ; que le juge a également décliné la compé-tence du juge judiciaire pour connaître des actions engarantie engagées par les constructeurs entre eux ; que,par arrêt du 21 février 2008, la cour d’appel de Lyon aconfirmé cette ordonnance ; que saisi par la sociétéACE Insurance, le tribunal administratif de Lyon, parjugement du 13 juin 2013, a réglé le litige entre cettesociété, subrogée dans les droits de la commune deChaponost, et les constructeurs mais s’estimantincompétent pour connaître des actions en garantie pré-sentées l’un envers l’autre par M. Michel X..., archi-tecte, et M. Mathieu Y..., ingénieur-conseil, membresdu groupement de maîtrise d’œuvre, a sursis à statuersur leurs conclusions et renvoyé au Tribunal, comptetenu de l’arrêt de la cour d’appel de Lyon du21 février 2008, le soin de décider de la question decompétence en application de l’article 34 du décret du26 octobre 1849 ;

Considérant que lorsque le juge administratif est saisid’un litige né de l’exécution d’un marché de travauxpublics opposant le maître d’ouvrage à des construc-teurs qui ont constitué un groupement pour exécuter lemarché, il est compétent pour connaître des actions engarantie engagées par les constructeurs les uns envers lesautres si le marché indique la répartition des prestationsentre les membres du groupement ; si tel n’est pas lecas, le juge administratif est également compétent pourconnaître des actions en garantie entre les constructeurs,quand bien même la répartition des prestations résulte-rait d’un contrat de droit privé conclu entre eux, hor-mis le cas où la validité ou l’interprétation de ce contratsoulèverait une difficulté sérieuse ;

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TRIBUNAL DES CONFLITS

7

. .

Considérant qu’ainsi, et dès lors qu’il ne ressort pasdes pièces du dossier que, dans le silence du marché surce point, la répartition des prestations incombant res-pectivement aux membres du groupement de maîtrised’œuvre, composé notamment de M. Michel X...,architecte, et de M. Mathieu Y..., ingénieur-conseil,cocontractant de la commune de Chaponost pour laconstruction d’une école élémentaire, reposerait sur desaccords dont la validité ou l’interprétation soulèveraitune difficulté sérieuse, les actions en garantie engagéespar MM. X... et Y... l’un envers l’autre devant le jugeadministratif dans le cadre du litige les opposant àl’assureur de la commune de Chaponost, subrogé dansses droits, relèvent de la compétence du juge adminis-tratif ;

DECIDE :

Article 1er : La juridiction de l’ordre administratif estcompétente pour connaître des litiges opposantMM. Michel X... et Mathieu Y...

Article 2 : Le jugement du tribunal administratif deLyon est déclaré nul et non avenu en tant qu’il s’estdéclaré incompétent pour connaître des actions engarantie engagées l’un envers l’autre par MM. Michel X...et Mathieu Y... La cause et les parties sont renvoyéesdans cette mesure devant ce tribunal.

No 15-03.983. Société ACE EuropeanGroup Limitedcontre M. X...,

et autres.

Président : M. Arrighi de Casanova – Rapporteur :M. Schwartz – Commissaire du Gouvernement :M. Desportes.

Sur les conditions déterminant la compétence de lajuridiction administrative pour les litiges nés de l’exé-cution de marchés de travaux publics, à rapprocher :

Tribunal des conflits, 9 juillet 2012, Bull. 2012, T. conflits,no 23, et la décision citée.

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Avis de laCour de Cassation

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INDEX ALPHABÉTIQUE

Les numéros correspondent à la numérotation des décisions au fichier central.

Pour faciliter le classement, cette numérotation est annuelle et distincte pour chaque formation.

Les titres de références sont indiqués par un astérisque.

Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

B

BAIL D’HABITATION :

Bail soumis à la loi du6 juillet 1989........... Résiliation................... Clause résolutoire – Suspension – Octroi de

délais de paiement – Durée – Loi du24 mars 2014 modifiant l’article 24, V –Application immédiate aux baux encours.......................................................... Av. 16 févr. 2 14-70.011

L

LOIS ET REGLEMENTS :

Applicat ion immé-diate......................... Situations en cours...... Bail d’habitation – Bail soumis à la loi du

6 juillet 1989 – Résiliation – Clause réso-lutoire – Suspension – Octroi de délais depaiement – Durée – Loi du 24 mars 2014modifiant l’article 24, V........................... * Av. 16 févr. 2 14-70.011

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Texte surligné
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3

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CHAMBRES CIVILES

AVIS DE LA COUR DE CASSATION

(Code de l’organisation judiciaire L. 151-1 et suivants, R. 151,

nouveau code de procédure civile 1031-1 et suivants)

FÉVRIER 2015

No 2

BAIL D’HABITATION

Bail soumis à la loi du 6 juillet 1989 – Résiliation– Clause résolutoire – Suspension – Octroi dedélais de paiement – Durée – Loi du24 mars 2014 modifiant l’article 24, V – Appli-cation immédiate aux baux en cours

La loi nouvelle régissant immédiatement les effets légauxdes situations juridiques ayant pris naissance avant sonentrée en vigueur et non définitivement réalisées, il enrésulte que l’article 24 de la loi no 89-462 du 6 juil-let 1989 modifié par la loi no 2014-366 du24 mars 2014 en ce qu’il donne au juge la faculté d’ac-corder un délai de trois ans au plus au locataire ensituation de régler sa dette locative s’applique aux bauxen cours à la date d’entrée en vigueur de la loi du24 mars 2014.

16 février 2015 Avis sur saisine

LA COUR DE CASSATION,

Vu les articles L. 441-1 et suivants du code de l’orga-nisation judiciaire et 1031-1 et suivants du code deprocédure civile ;

Vu la demande d’avis formulée le 14 novembre 2014par le juge des référés du tribunal d’instance de Paris(17e arrondissement), reçue le 18 novembre 2014, dansune instance opposant la société Paris Habitat OPH àMme X... et ainsi libellée : « – Les dispositions de l’arti-cle 24, V, de la loi du 6 juillet 1989 modifiée etnotamment le délai de paiement de trois années que lejuge peut accorder, même d’office, sont-elles d’applica-tion immédiate aux contrats en cours lors de son entréeen vigueur, pour toute procédure donnant lieu àdemande de suspension des effets de la clause résolu-toire alors que l’article 14 de la loi no 2014-366 du24 mars 2014 n’a pas visé ce texte pour les dispositionsimmédiatement applicables et précisé que les contrats

de location en cours à la date d’entrée en vigueur de laloi demeurent soumis aux dispositions qui leur étaientapplicables ? ou – La loi du 6 juillet 1989 étant d’ordrepublic, les pouvoirs conférés au juge par ce texte dansla loi no 2014-366 du 24 mars 2014 ayant pour objetd’éviter une résiliation du bail et une expulsion pour ledébiteur de bonne foi en situation de régler sa dettelocative, par l’allongement de la durée des délais accor-dés, sont-ils nécessairement d’application immédiate,par suite des principes généraux de l’article 2 du codecivil, quand bien même l’ensemble des stipulations dubail resteraient soumises aux dispositions qui leurétaient applicables, sous réserve de celles prévues expres-sément comme étant d’application immédiate ? – Pourles baux dont la date de reconduction est postérieure àl’entrée en vigueur de la loi no 2014-366 du24 mars 2014, le juge peut-il accorder, même d’office,des délais de paiement de trois années pour toute pro-cédure donnant lieu à demande de suspension des effetsde la clause résolutoire ? »

EST D’AVIS QUE :

La loi nouvelle régissant immédiatement les effetslégaux des situations juridiques ayant pris naissanceavant son entrée en vigueur et non définitivement réali-sées, il en résulte que l’article 24 de la loi du 6 juil-let 1989 modifié par la loi du 24 mars 2014 en ce qu’ildonne au juge la faculté d’accorder un délai de trois ansau plus au locataire en situation de régler sa dette loca-tive s’applique aux baux en cours à la date d’entrée envigueur de la loi du 24 mars 2014.

Le présent avis rend sans objet les questions subsi-diaires posées par les deuxième et troisième paragraphesde la demande d’avis.

No 14-70.011. Société Paris Habitat OPHcontre Mme X...

Premier président : M. Louvel – Rapporteur : M. Parneix,assisté de Mme Konopka, auditeur au service de docu-mentation, des études et du rapport – Premier avocat géné-ral : M. Charpenel

Sur l’application immédiate de la loi nouvelle auxsituations juridiques non définitivement réalisées lors deson entrée en vigueur en matière de baux, à rapprocher :

3e Civ., 3 juillet 2013, pourvoi no 12-21.541, Bull. 2013,III, no 89 (rejet), et les arrêts cités.

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Arrêts des chambreset Ordonnancesdu Premier Président

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INDEX ALPHABÉTIQUE

Les numéros correspondent à la numérotation des décisions au fichier central.

Pour faciliter le classement, cette numérotation est annuelle et distincte pour chaque formation.

Les titres de références sont indiqués par un astérisque.

Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

A

ACCIDENT DE LA CIRCULATION :

Victime........................ Conducteur.................. Préposé de l’employeur – Portée.................. * Civ. 2 5 févr. C 23 13-26.358

ACTION OBLIQUE :

Conditions................... Inaction du débiteur.... Action en répétition de l’indu – Applicationsdiverses..................................................... * Civ. 3 11 févr. R 16 14-10.266

AGRICULTURE :

Exploitation agricole... Exploitation familialeà responsabilité per-sonnelle................... Rapports entre les membres de l’exploitation

– Contrat de travail à salaire différé – Bé-néficiaire – Droits de créance – Exercice –Exercice du vivant de l’exploitant –Condition................................................... Civ. 1 11 févr. C 34 13-27.923

APPEL CIVIL :

Acte d’appel................ Forme.......................... Conditions – Recours contre la décision ren-due par le conseil de discipline àl’encontre d’un avocat.............................. * Civ. 1 18 févr. R 42 14-50.040

Effet dévolutif............. Portée.......................... Prétentions soumises au premier juge –Moyens nouveaux – Recevabilité............. Com. 10 févr. C 17 13-28.262

Recevabilité................. Conditions................... Acte d’appel – Recours contre la décisionrendue par le conseil de discipline àl’encontre d’un avocat.............................. * Civ. 1 18 févr. R 42 14-50.040

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– II –

. .

ARBITRAGE :

Sentence...................... Recours en annula-tion........................... Cour d’appel statuant comme amiable

compositeur – Pouvoirs – Fixation dupoint de départ du cours des intérêts autaux légal................................................... Civ. 1 11 févr. R 35 13-21.478

ASSOCIATION SYNDICALE :

Association libre......... Statuts.......................... Adoption – Statuts établis postérieurement àla constitution de l’association – Unanimi-té (non)...................................................... * Civ. 3 18 févr. R 24 13-25.122

ASSURANCE (règles générales) :

Personnel..................... Courtier....................... Commission – Clause de réduction :

Exercice illicite de la réassurance (non)............ * Civ. 1 18 févr. R 44 (2) 13-28.278

Nullité – Cause – Violence – Violence parcontrainte économique – Exclusion – Appli-cations diverses............................................... * Civ. 1 18 févr. R 44 (1) 13-28.278

AVOCAT :

Barreau........................ I n sc r ip t i on au t a -bleau........................ Conditions particulières – Obligation de su-

bir avec succès l’examen de contrôle desconnaissances en déontologie et régle-mentation professionnelle – Absence decentre régional de formation profession-nelle en Polynésie française – Indiffé-rence.......................................................... Civ. 1 18 févr. C 40 13-28.473

Règlement intérieur..... Rémunération d’apports d’affaires – Prohi-bition – Portée........................................... Civ. 1 18 févr. R 41 14-10.460

Discipline.................... Procédure.................... Conseil de l’ordre – Décision – Recours –Cour d’appel – Recevabilité – Condition... Civ. 1 18 févr. R 42 14-50.040

Honoraires................... Rémunération d’ap-ports d’affaires........ Prohibition – Portée...................................... * Civ. 1 18 févr. R 41 14-10.460

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– III –

. .

B

BAIL COMMERCIAL :

Résiliation................... Résiliation par la vo-lonté d’un seul loca-taire......................... Absence de stipulation conventionnelle

expresse – Portée à l’égard des copre-neurs.......................................................... Civ. 3 18 févr. C 19 14-10.510

Preneur en liquidation judiciaire – Absencede stipulation conventionnelle expresse –Portée à l’égard des copreneurs................ * Civ. 3 18 févr. C 19 14-10.510

BAIL RURAL :

Bail à ferme................. Reprise......................... Conditions – Capacité et expérience profes-sionnelle – Evaluation – Modalités :

Application dans le temps – Application immé-diate – Condition............................................ * Civ. 3 18 févr. C 23 13-27.184

Détermination..................................................... * Civ. 3 18 févr. C 23 13-27.184

Sortie de ferme............ Indemnité au preneur sortant – Sommes ver-sées au titre d’un pas-de-porte – Action enrépétition – Conjoint de l’exploitant –Exercice – Conditions – Détermination... Civ. 3 11 févr. R 16 14-10.266

BANQUE :

Garantie à première de-mande...................... Appel de la garantie... Appel par l’avocat du bénéficiaire – Défaut

de pouvoir spécial – Portée...................... Com. 10 févr. R 18 12-26.580

Secret professionnel.... Empêchement légi-time.......................... Cessation :

Cas – Client bénéficiaire du secret non partie auprocès – Absence de renonciation au secretpar le client – Constatations suffisantes(non)............................................................... * Com. 10 févr. C 20 (2) 13-14.779

Effets – Qualité de partie au procès de l’éta-blissement financier (non).............................. Com. 10 févr. C 20 (2) 13-14.779

C

CASSATION :

Intervention................. Recevabilité................. Intervenant non partie aux débats devant lesjuges du fond – Condition........................ Soc. 4 févr. R 19 (1) 13-25.627

Juridiction de renvoi... Procédure.................... Partie – Partie non comparante – Effets –Etendue – Détermination – Portée........... Civ. 2 19 févr. C 36 13-25.728

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– IV –

. .

CASSATION (suite) :

Pourvoi........................ Ouverture.................... Exclusion – Cas :

Décision ne mettant pas fin à l’instance............ * Civ. 2 19 févr. I 37 14-12.226

Saisie immobilière – Adjudication – Arrêtconfirmant un jugement reportant la date del’audience de vente forcée............................. Civ. 2 19 févr. I 37 14-12.226

CAUTIONNEMENT :

Caution........................ Pluralité de cautions... Recours de la caution ayant acquitté la dette– Exclusion – Cas – Décharge d’une cau-tion pour disproportion manifeste de sonengagement............................................... * Ch. mix. 27 févr. R 2 13-13.709

Conditions de validi-té.............................. Acte de cautionne-

ment......................... Proportionnalité de l’engagement (arti-cle L. 341-4 du code de la consommation)– Sanction – Etendue – Détermination.... Ch. mix. 27 févr. R 2 13-13.709

Extinction.................... Causes......................... Subrogation rendue impossible par le fait ducréancier – Domaine d’application –Exclusion – Cas – Cofidéjusseur d’unecaution déchargée de son engagement enraison de sa disproportion manifeste........ * Ch. mix. 27 févr. R 2 13-13.709

CHASSE :

Fédération départe-mentale de chas-seurs......................... Président..................... Régime d’affiliation – Détermination – Por-

tée.............................................................. * Civ. 2 12 févr. C 34 14-10.994

COMMERÇANT :

Registre du commerceet des sociétés.......... Immatriculation........... Fonds de commerce – Loueur – Portée....... Com. 17 févr. R 34 13-27.508

CONCURRENCE :

Transparence et pra-tiques restrictives.... Rupture brutale des re-

la t i ons commer -ciales....................... Dommage – Réparation – Préjudice indem-

nisable – Détermination............................ Com. 10 févr. C 19 (2) 13-26.414

Maintien de la relation commerciale auxconditions antérieures – Effets – Préavis –Octroi........................................................ Com. 10 févr. C 19 (1) 13-26.414

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– V –

. .

CONCURRENCE DELOYALE OU ILLICITE :

C o n c u r r e n c e d é -loyale....................... Domaine d’applica-

tion........................... Exclusion – Effets – Absence de confusionsur l’origine des produits – Usage néces-saire de la marque d’autrui....................... * Com. 10 févr. R 28 13-28.263

CONFLIT COLLECTIF DU TRAVAIL :

Grève........................... Grève des services pu-blics......................... Conditions – Préavis – Indications obliga-

toires :

Durée limitée ou illimitée – Cessation du travailsur toute la durée envisagée – Obligation dessalariés grévistes (non) – Portée.................... * Soc. 11 févr. R 25 13-14.607

Point de départ – Heure de début – Absence desalariés grévistes dans la période immédiate-ment postérieure – Portée............................... Soc. 11 févr. R 25 13-14.607

Exercice du droit de grève – Réglementationpropre aux services publics – Domained’application – Transports terrestres régu-liers de voyageurs à vocation non touris-tique – Déclaration individuelle d’inten-tion de grève – Exercice postérieur dudroit de grève (non) – Volonté de désorga-niser l’entreprise – Recherche – Nécessité– Portée..................................................... * Soc. 11 févr. R 25 13-14.607

CONFLIT DE JURIDICTIONS :

Effets internationauxdes jugements.......... Exequatur.................... Conventions internationales – Convention

franco-monégasque du 21 septembre 1949– Conditions – Compétence de la juridic-tion saisie – Compétence au regard desrègles françaises de compétence interna-tionale – Nécessité (non).......................... * Civ. 1 11 févr. R 36 13-25.572

Reconnaissance ouexequatur................. Conditions – Absence de contrariété à

l’ordre public international – Caractérisa-tion – Applications diverses..................... * Civ. 1 11 févr. R 36 13-25.572

CONFLIT DE LOIS :

Contrats....................... Loi applicable............. Convention de Rome du 19 juin 1980 – Ar-ticle 4 – Absence de choix des parties –Loi du pays présentant les liens les plusétroits – Détermination............................. * Com. 10 févr. C 21 12-13.052

Propriété littéraire etartistique.................. Droits voisins du droit

d’auteur................... Droits des artistes-interprètes – Titulaire ini-tial – Détermination – Loi applicable –Loi du pays où la protection est récla-mée............................................................ Civ. 1 18 févr. R 43 11-11.054

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– VI –

. .

CONTRAT D’ENTREPRISE :

Sous-traitant................ Rapports avec l’entre-preneur principal.... Paiement – Garanties obligatoires – Engage-

ment de caution personnelle et solidairepar l’entrepreneur principal – Défaut – Ef-fets – Faute délictuelle du maître de l’ou-vrage – Sous-traitant – Action contre lemaître de l’ouvrage – Action en paiement– Dommages-intérêts équivalents au justecoût des travaux exécutés......................... Civ. 3 18 févr. R 20 14-10.632

R a p p o r t s a v e c l em a î t r e d e l ’ o u -vrage........................ Garanties de paiement – Obligation d’exiger

de l’entrepreneur principal la fournitured’une caution – Défaut – Effets – Fautedélictuelle du maître de l’ouvrage – Sous-traitant – Action contre le maître de l’ou-vrage – Action en paiement – Dommages-intérêts équivalents au juste coût des tra-vaux exécutés............................................ * Civ. 3 18 févr. R 20 14-10.632

CONTRAT DE TRAVAIL, EXECUTION :

Employeur................... Obligations.................. Fourniture de travail – Portée....................... Soc. 4 févr. R 19 (2) 13-25.627

Pouvoir de direction... Etendue :

Contrôle et surveillance des salariés – Procédésde contrôle – Validité – Cas – Consultation deSMS reçus par un salarié sur un téléphoneprofessionnel................................................... Com. 10 févr. C 20 (1) 13-14.779

Tenue vestimentaire des salariés – Port obliga-toire d’une tenue de travail – Obligation de re-vêtir et d’enlever la tenue de travail au sein del’entreprise – Dispense – Conditions – Déter-mination – Portée........................................... * Soc. 11 févr. R 30 13-16.457

Règlement intérieur..... Contenu....................... Port obligatoire d’une tenue de travail –Clause imposant l’habillage et le déshabil-lage au sein de l’entreprise – Modification– Conditions – Détermination – Portée.... * Soc. 11 févr. R 30 13-16.457

CONTRAT DE TRAVAIL, RUPTURE :

Licenciement............... Cause........................... Cause réelle et sérieuse – Défaut – Applica-tions diverses – Licenciement d’un salariéporté pour n’avoir pas trouvé de mission àeffectuer.................................................... * Soc. 4 févr. R 19 (2) 13-25.627

Licenciement écono-mique....................... Reclassement............... Obligation de l’employeur – Périmètre de

l’obligation – Groupe de sociétés –Groupe de reclassement – Caractérisation– Permutation de tout ou partie du person-nel – Détermination – Portée.................... Soc. 11 févr. C 26 13-23.573

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– VII –

. .

CONTRATS ET OBLIGATIONS CONVENTIONNELLES :

Cause........................... Cause illicite............... Contrariété à l’ordre public – Caractérisation– Défaut – Cas – Stipulation d’une clausemodulant le droit à commission du cour-tier – Portée............................................... Civ. 1 18 févr. R 44 (2) 13-28.278

Clause de non-réinstal-lation conclue entreprofessionnels desanté......................... Violation...................... Défaut – Applications diverses – Ouverture

d’un cabinet dans la commune limitrophede celle visée par la clause....................... * Civ. 1 4 févr. C 28 13-26.452

Consentement.............. Nullité.......................... Cause – Violence – Violence par contrainteéconomique – Exclusion – Applicationsdiverses – Courtage en assurance – Ab-sence d’état de dépendance économiquedu courtier à l’assureur............................. Civ. 1 18 févr. R 44 (1) 13-28.278

CONVENTIONS INTERNATIONALES :

Accords et conventionsdivers....................... Convention de Rome

du 19 juin 1980....... Loi applicable aux obligations contractuelles– Article 4 – Absence de choix des par-ties :

Loi du pays présentant les liens les plus étroits –Détermination................................................. * Com. 10 févr. C 21 12-13.052

Présomption de l’article 4, § 4 – Domaine d’ap-plication – Contrat de commission de trans-port – Conditions – Portée............................. Com. 10 févr. C 21 12-13.052

Convention franco-mo-négasque du 21 sep-tembre 1949............ Jugements et arrêts..... Exequatur – Conditions – Compétence de la

juridiction saisie – Compétence au regarddes règles françaises de compétence inter-nationale – Nécessité (non)...................... Civ. 1 11 févr. R 36 13-25.572

COPROPRIETE :

Parties communes....... Charges....................... Répartition – Charges afférentes au contratde réception – Lots non exploités par lasociété gérant une résidence de tourisme –Utilité pour chaque lot.............................. Civ. 3 18 févr. R 21 13-27.104

Syndicat des copro-priétaires.................. Assemblée générale..... Procès-verbal – Notification – Notification à

deux reprises – Premier exemplaire in-complet – Preuve – Charge – Détermina-tion............................................................ * Civ. 3 18 févr. C 25 12-21.927

Décision....................... Décision sur l’organisation de l’accès à l’im-meuble – Majorité requise – Détermina-tion............................................................ Civ. 3 18 févr. R 22 13-25.974

Vote – Majorité requise – Article 26........... * Civ. 3 18 févr. R 22 13-25.974

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– VIII –

. .

D

DOUANES :

Droits........................... Recouvrement.............. Avis de mise en recouvrement – Droits de ladéfense avant sa délivrance – Inobserva-tion – Cas.................................................. Com. 10 févr. R 22 13-21.537

Importation en prove-nance d’un autre Etatmembre.................... Infraction à la TVA..... Conditions – Livraison intra-communautaire

exonérée – Preuve de l’absence de livrai-son............................................................. * Com. 10 févr. R 23 12-28.770

Taxe sur la valeurajoutée..................... Exonération – Effets – Présomption de li-

vraison intra-communautaire – Condi-tions – Numéro d’identification à la TVAde l’acquéreur – Justificatifs d’expéditiondes biens.................................................... Com. 10 févr. R 23 12-28.770

E

ENTREPRISE EN DIFFICULTE (loi du 25 janvier 1985) :

L i q u i d a t i o n j u d i -ciaire........................ Jugement..................... Déclaration des créances – Prescription – In-

terruption – Effets – Effets à l’égard de lacaution – Détermination........................... * Com. 10 févr. R 25 13-21.953

ENTREPRISE EN DIFFICULTE (loi du 26 juillet 2005) :

L i q u i d a t i o n j u d i -ciaire........................ Contrats en cours........ Cession – Poursuite de la relation contrac-

tuelle avec le cessionnaire du contrat –Conditions – Maintien du contrat avec lecédant jusqu’à la cession.......................... Com. 17 févr. R 35 (1) 13-17.076

Résiliation de plein droit :

Conditions – Manifestation expresse de volontédu liquidateur.................................................. Com. 17 févr. R 35 (2) 13-17.076

Date – Détermination......................................... * Com. 17 févr. R 35 (2) 13-17.076

Procédure (dispositionsgénérales)................ Voies de recours.......... Décisions susceptibles – Plan de cession du

débiteur – Jugement statuant sur le plan –Qualité pour interjeter appel – Décisionentachée d’excès de pouvoir – Portée...... * Com. 17 févr. C 36 14-10.279

Exercice – Appel :

Appel-nullité – Qualité pour l’exercer – Comitéd’entreprise – Conditions – Décision enta-chée d’excès de pouvoir................................. Com. 17 févr. C 36 14-10.279

Appel-réformation – Qualité pour l’exercer –Comité d’entreprise (non).............................. * Com. 17 févr. C 36 14-10.279

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– IX –

. .

ENTREPRISE EN DIFFICULTE (loi du 26 juillet 2005) (suite) :

Redressement et liqui-dation judiciaires..... Procédure.................... Voies de recours – Exclusion – Exception –

Décision entachée d’excès de pouvoir..... * Com. 17 févr. C 36 14-10.279

Redressement judi-ciaire........................ Période d’observa-

tion........................... Arrêt des poursuites individuelles :

Domaine d’application – Créance antérieure aujugement d’ouverture – Action tendant à lacondamnation du débiteur au paiement d’unesomme d’argent.............................................. Com. 17 févr. C 37 13-26.931

Validation d’une contrainte délivrée par un or-ganisme de sécurité sociale – Portée............. * Com. 17 févr. C 37 13-26.931

Créanciers – Déclaration des créances – Pro-cédure – Avertissement personnel –Contenu – Information du créancier de sesdroits et obligations – Recherche néces-saire........................................................... Com. 17 févr. C 38 13-24.403

Plan de redressement... Jugement arrêtant le plan – Contenu – Décla-ration d’inaliénabilité temporaire d’un im-meuble indivis – Inopposabilité à un indi-visaire – Irrecevabilité de la tierceopposition au jugement – Absence d’in-fluence....................................................... Com. 10 févr. C 24 13-24.659

H

HYPOTHEQUE :

Droit de suite............... Saisie sur tiers déten-teur.......................... Purge des privilèges et des hypothèques –

Défaut – Effets – Portée........................... * Civ. 2 19 févr. R 48 13-27.691

I

IMPOTS ET TAXES :

Taxe sur la valeur ajou-tée............................ Exonération................. Conditions – Livraison intra-communautaire

effective..................................................... * Com. 10 févr. R 23 12-28.770

INDEMNISATION DES VICTIMES D’INFRACTION :

Bénéficiaires................ Victime d’un accidentdu travail imputableà un tiers................. ....................................................................... Civ. 2 5 févr. C 20 13-11.945

Préjudice...................... Réparation................... Préjudice moral – Préjudice moral lié auxsouffrances psychiques et aux troubles quiy sont associés – Préjudice non distinct –Portée........................................................ * Civ. 2 5 févr. C 22 14-10.097

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– X –

. .

INDIVISION :

Partage......................... Action en partage........ Exercice – Absence d’influence – Déclara-tion d’inaliénabilité temporaire d’un im-meuble indivis – Plan de redressementjudiciaire – Tierce opposition – Irreceva-bilité.......................................................... * Com. 10 févr. C 24 13-24.659

INTERETS :

Intérêts moratoires...... Dette d’une sommed’argent................... Point de départ – Applications diverses –

Cour d’appel statuant comme amiablecompositeur............................................... * Civ. 1 11 févr. R 35 13-21.478

J

JUGEMENTS ET ARRETS :

Notification................. Signification à partie... Mentions – Voies de recours – Délai de re-cours – Personne demeurant à l’étranger –Augmentation du délai – Enonciation –Détermination – Portée............................. Civ. 2 19 févr. R 38 14-10.916

L

LOIS ET REGLEMENTS :

Applicat ion immé-diate......................... Application aux situa-

tions en cours.......... Congé en vue de la reprise d’un bail rural –Bénéficiaire – Capacité et expérience pro-fessionnelle – Evaluation – Modalités –Détermination........................................... Civ. 3 18 févr. C 23 13-27.184

Instances en cours....... Surendettement – Loi du 26 juillet 2013 –Article L. 330-1 du code de la consomma-tion............................................................ * Civ. 2 19 févr. 44 13-28.236

« ................................................................. * Civ. 2 19 févr. 45 14-10.268

LOTISSEMENT :

Association syndicaledes propriétaires...... Constitution................. Consentement unanime – Nécessité – Asso-

ciation imposée par le cahier descharges...................................................... Civ. 3 18 févr. R 24 13-25.122

Statuts.......................... Adoption – Statuts établis postérieurement àla constitution de l’association – Unanimi-té (non)...................................................... * Civ. 3 18 févr. R 24 13-25.122

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– XI –

. .

M

MARCHE PUBLIC :

Pouvoir adjudicateur... Délégation................... Litige – Compétence judiciaire – Cas –Convention tripartite par laquelle la socié-té adjudicataire délègue le pouvoir adjudi-cateur pour le paiement de la créance dueà son fournisseur....................................... * Civ. 1 18 févr. C 46 14-10.030

MESURES D’INSTRUCTION :

S a u v e g a r d e d e l apreuve avant toutprocès...................... Référé.......................... Conditions – Absence de saisine du juge du

fond – Expertise n’étant pas demandée enconsidération de l’action au fond – Por-tée.............................................................. Civ. 2 19 févr. R 39 14-12.280

MINEUR :

Adminis t ra t ion lé -gale.......................... Administrateur légal... Gestion des biens du mineur – Exclusion –

Cas – Clause d’exclusion de l’administra-tion légale sur les biens revenant à l’enfantdu testateur – Caractérisation – Legs....... Civ. 1 11 févr. C 37 13-27.586

Représentation du mineur – Domaine d’ap-plication – Exclusion – Cas – Biens don-nés ou légués sous la condition de leur ad-ministration par un tiers – Définition –Clause d’exclusion de l’administration lé-gale sur les biens revenant à l’enfant dutestateur..................................................... * Civ. 1 11 févr. C 37 13-27.586

O

OFFICIERS PUBLICS OU MINISTERIELS :

Avoué.......................... Tarif (décret du 30 juil-let 1980).................. Droit proportionnel – Assiette – Intérêt du li-

tige – Détermination – Portée.................. * Civ. 2 5 févr. C 21 13-26.663

Emolument – Avoué d’une partie appelée enintervention forcée – Assiette – Détermi-nation – Portée.......................................... Civ. 2 5 févr. C 21 13-26.663

OUTRE-MER :

Polynésie française...... Lois et règlements....... Application – Conditions – Détermination –Portée........................................................ * Civ. 1 18 févr. C 40 13-28.473

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– XII –

. .

P

POUVOIRS DES JUGES :

A p p l i c a t i o n s d i -verses....................... Saisie immobilière....... Excès de pouvoir – Cas – Première enchère

fixée au montant de la mise à prix initialedu créancier poursuivant – Mise à prixfixée par le jugement d’orientation à unmontant supérieur..................................... * Civ. 2 19 févr. C 46 14-13.786

PRESCRIPTION ACQUISITIVE :

Prescription de dix àvingt ans.................. Conditions................... Juste titre :

Acte de partage (non)......................................... * Civ. 3 11 févr. C 17 13-24.770

Titre émanant du véritable propriétaire nontranslatif de propriété (non)........................... Civ. 3 11 févr. C 17 13-24.770

PRESCRIPTION CIVILE :

Interruption.................. Acte interruptif............ Exclusion – Cas – Commandement valantsaisie immobilière – Caducité.................. * Civ. 2 19 févr. C 47 13-28.445

Reconnaissance du droit du créancier – Re-connaissance contenue dans des conclu-sions annulées en conséquence de l’annu-lation d’un commandement valant saisieimmobilière – Perte de l’effet interruptif –Portée........................................................ * Civ. 2 19 févr. C 40 14-10.622

Causes......................... Citation en justice – Déclaration descréances – Portée – Caution..................... Com. 10 févr. R 25 13-21.953

PRESSE :

Procédure..................... Action en justice.......... Assignation – Validité – Conditions – Préci-sion et qualification du fait incriminé –Défaut :

Cas :

Faits doublement qualifiés sur le fondementde la loi du 29 juillet 1881 et de l’article 9-1du code civil .............................................. Civ. 1 4 févr. C 26 13-19.455

Faits doublement qualifiés sur le fondementde la loi du 29 juillet 1881 et de l’article 9du code civil .............................................. Civ. 1 4 févr. C 27 13-16.263

Sanction – Nullité de l’assignation en son en-tier................................................................... * Civ. 1 4 févr. C 26 13-19.455

« ................................................................. * Civ. 1 4 févr. C 27 13-16.263

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– XIII –

. .

PREUVE :

Règles générales.......... Charge......................... Applications diverses – Notification du pro-cès-verbal d’assemblée générale à un co-propriétaire................................................ Civ. 3 18 févr. C 25 12-21.927

Demandeur – Applications diverses............. * Civ. 1 4 févr. C 32 13-27.505

Moyen de preuve......... Administration – Principe de loyauté – Ap-plications diverses – Production en justicede SMS reçus par un salarié sur un télé-phone professionnel – Recevabilité.......... * Com. 10 févr. C 20 (1) 13-14.779

PROCEDURE CIVILE :

Acte de procédure....... Nullité.......................... Effets – Détermination – Portée................... Civ. 2 19 févr. C 40 14-10.622

Défense au fond.......... Proposition en tout étatde cause................... Portée............................................................ * Com. 10 févr. C 17 13-28.262

Droits de la défense.... Principe de la contra-diction...................... Violation – Révocation de l’ordonnance de

clôture – Fixation à une date antérieureaux débats – Absence de réouverture deceux-ci....................................................... * Civ. 1 11 févr. C 38 13-28.054

Fin de non-recevoir..... Fin de non-recevoirsoulevée d’office...... Caractère d’ordre public – Voies de recours

– Défaut.................................................... * Civ. 2 19 févr. C 36 13-25.728

Intervention................. Cassation..................... Intervenant non partie aux débats devant lesjuges du fond – Condition........................ * Soc. 4 févr. R 19 (1) 13-25.627

Notification................. Signification................ Personne – Personne morale :

Signification au siège social – Recherche du do-micile du représentant (non).......................... * Civ. 2 19 févr. C 41 13-28.140

Société – Signification au siège social – Di-ligences suffisantes......................................... Civ. 2 19 févr. C 41 13-28.140

Ordonnance de clô-ture........................... Révocation................... Condition....................................................... Civ. 1 11 févr. C 38 13-28.054

Moment......................................................... * Civ. 1 11 févr. C 38 13-28.054

Révocation dans la décision statuant au fond– Possibilité (non)..................................... * Civ. 1 11 févr. C 38 13-28.054

Ordonnance sur re-quête........................ Rétractation................. Juge qui a rendu l’ordonnance – Pouvoirs :

Juge statuant en référé – Nécessité – Intitulé del’assignation – Absence d’influence.............. * Civ. 2 19 févr. C 42 13-28.223

Pouvoirs conférés exclusivement par l’article496, alinéa 2, du code de procédure civile –Portée.............................................................. Civ. 2 19 févr. C 42 13-28.223

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– XIV –

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PROCEDURES CIVILES D’EXECUTION :

Mesures d’exécutionforcée....................... Saisie-attribution......... Effets :

Attribution immédiate au saisissant – Premièresaisie-attribution contestée – Retrait du rôle –Nouvelle saisie-attribution sur la mêmecréance – Possibilité (non)............................. * Civ. 2 19 févr. C 43 14-10.439

Créance disponible entre les mains du tiers saisi– Attribution au profit du créancier saisissant– Etendue – Détermination – Portée.............. Civ. 2 19 févr. C 43 14-10.439

Règles générales.......... Mesures d’exécutionforcée....................... Caducité – Effets – Portée............................ * Civ. 2 19 févr. C 47 13-28.445

Titre............................. Titre exécutoire – Titre ultérieurement modi-fié – Rétablissement du débiteur dans sesdroits – Fondement – Exclusion – Article1382 du code civil – Portée...................... Com. 10 févr. R 26 13-20.150

PROFESSIONS MEDICALES ET PARAMEDICALES :

Auxiliaires médicaux... Infirmiers..................... Règles professionnelles :

Dispositions communes à tous les modesd’exercice – Devoirs généraux – Devoir derespecter le droit du patient de s’adresser auprofessionnel de santé de son choix – Portée... * Civ. 1 4 févr. C 28 13-26.452

Exercice libéral – Convention d’exercice encommun – Clause de non-réinstallation – Dé-tournement de patientèle – Caractérisation –Défaut – Cas................................................... Civ. 1 4 févr. C 28 13-26.452

PROPRIETE :

Droit de propriété........ Atteinte........................ Applications diverses – Construction empié-tant sur l’héritage voisin – Empiétementen sous-sol – Cas...................................... Civ. 3 11 févr. R 18 13-26.023

PROPRIETE INDUSTRIELLE :

Brevets d’invention..... Fournisseur d’un prin-cipe actif.................. Réparation du préjudice par ricochet – Or-

donnance interdisant la commercialisationd’un produit à un fabriquant – Ordon-nance assortie de l’exécution provisoire –Infirmation – Effets – Détermination....... * Com. 10 févr. R 26 13-20.150

Marques....................... Dépôt........................... Interdiction – Fraude aux droits d’un tiers –Critère d’appréciation – Intention du dé-posant – Détermination – Eléments àconsidérer – Facteurs postérieurs au dé-pôt............................................................. Com. 3 févr. C 13 (2) 13-18.025

Droits conférés parl’enregistrement...... Contrefaçon par imitation – Conditions –

Risque de confusion – Effets – Non-res-pect de l’accord de coexistence entremarques – Recherche nécessaire.............. Com. 10 févr. C 27 13-24.979

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– XV –

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PROPRIETE INDUSTRIELLE (suite) :

Marques (suite)........... Eléments constitutifs... Exclusion – Signe portant atteinte à desdroits antérieurs :

Atteinte à une dénomination sociale – Condi-tions – Dénomination ayant acquis un carac-tère distinctif et notoire.................................. Com. 3 févr. C 13 (1) 13-18.025

Atteinte à une marque antérieurement enregis-trée – Risque de confusion dans l’esprit dupublic – Exclusion – Absence de zone de re-couvrement entre l’activité exercée et les pro-duits désignés – Degré de similitude entre lessignes en présence – Absence d’influence.... * Com. 3 févr. C 13 (1) 13-18.025

Protection.................... Conditions – Caractère distinctif – Absencede contestation – Dénomination quasi gé-nérique – Portée........................................ Com. 3 févr. C 13 (3) 13-18.025

Contrefaçon – Contrefaçon par reproduc-tion :

Défaut – Effets – Absence de confusion sur l’o-rigine des produits – Usage nécessaire de lamarque d’autrui.............................................. Com. 10 févr. R 28 13-28.263

Risque de confusion – Défaut :

Applications diverses .................................... Com. 10 févr. R 29 12-26.023

Cas :

Usage des signes litigieux pour désigner lesservices proposés par le titulaire de lamarque.................................................... * Com. 10 févr. R 29 12-26.023

Usage des signes litigieux pour la commer-cialisation des services désignés par lamarque (non).......................................... * Com. 10 févr. R 29 12-26.023

PROPRIETE LITTERAIRE ET ARTISTIQUE :

Droits voisins du droitd’auteur................... Droits des artistes-in-

terprètes................... Titulaire initial – Détermination – Loi appli-cable – Loi du pays où la protection est ré-clamée....................................................... * Civ. 1 18 févr. R 43 11-11.054

PROTECTION DE LA NATURE ET DE L’ENVIRONNEMENT :

Installations classées... Action en responsabili-té du fait de l’exploi-tation....................... Juridiction compétente – Détermination –

Portée........................................................ * Civ. 1 18 févr. C 45 13-28.488

PROTECTION DES CONSOMMATEURS :

Cautionnement............ Principe de propor-tionnalité................. Sanction – Etendue – Détermination............ * Ch. mix. 27 févr. R 2 13-13.709

Prat iques commer-c ia les rég lemen-tées........................... Démarchage................ Caractérisation – Cas – Envoi au domicile

d’un consommateur d’une lettre circulairel’incitant, par le biais de cadeaux offerts, àse faire livrer un véhicule neuf................. Civ. 1 4 févr. C 29 14-11.002

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– XVI –

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PROTECTION DES CONSOMMATEURS (suite) :

Surendettement............ Application dans letemps....................... Loi du 26 juillet 2013 – Article L. 330-1 du

code de la consommation – Applicationaux procédures en cours........................... Civ. 2 19 févr. 44 13-28.236

« ................................................................. Civ. 2 19 févr. 45 14-10.268

PROTECTION DES DROITS DE LA PERSONNE :

Respect de la vie pri-vée........................... Atteinte à l’intimité de

la vie privée............. Applications diverses – Consultation parl’employeur de SMS reçus par un salariésur un téléphone professionnel – Condi-tion............................................................ * Com. 10 févr. C 20 (1) 13-14.779

Q

QUASI-CONTRAT :

Paiement de l’indu...... Action en répétition..... Exercice – Conditions – Détermination....... * Civ. 3 11 févr. R 16 14-10.266

QUESTION PRIORITAIRE DE CONSTITUTIONNALITE :

Code de la sécurité so-ciale......................... Article L. 532-2........... Principe d’égalité – Caractère sérieux – Dé-

faut – Non-lieu à renvoi au Conseil consti-tutionnel.................................................... Civ. 2 12 févr. 24 14-40.050

Article L. 722-1-1........ Liberté d’entreprendre – Liberté contrac-tuelle – Liberté personnelle – Applicabili-té au litige – Caractère sérieux – Défaut –Non-lieu à renvoi au Conseil constitution-nel.............................................................. Civ. 2 12 févr. 25 14-40.049

Loi des 16-24 août1790......................... Article 13..................... Code civil – Article 5 – Droit à la liberté –

Liberté contractuelle – Liberté d’entre-prendre – Droit à la justice – Droits de ladéfense – Liberté d’expression – Article34 de la Constitution du 4 octobre 1958 –Principe d’égalité – Droit de propriété –Caractère sérieux – Défaut – Non-lieu àrenvoi au Conseil constitutionnel............. Civ. 1 4 févr. 30 (2) 14-21.309

Loi du 24 mai 1872 – Article 26 – Code civil– Article 5 – Absence de question – Non-lieu à renvoi au Conseil constitutionnel... Civ. 1 4 févr. 30 (3) 14-21.309

Loi du 24 mai 1872.... Article 26..................... Droit à la liberté – Droit à la justice – Droitsde la défense – Droit de poser une ques-tion prioritaire de constitutionnalité – Li-berté d’expression – Article 34 de laConstitution du 4 octobre 1958 – Principed’égalité – Droit des citoyens de concourirpersonnellement à la formation de la loi –Droit de résistance à l’oppression – Droitde propriété – Articles 88-1 et 88-2 de laConstitution du 4 octobre 1958 – Défautd’applicabilité au litige – Irrecevabilité... Civ. 1 4 févr. 30 (1) 14-21.309

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– XVII –

. .

R

RESPONSABILITE DELICTUELLE OU QUASI DELICTUELLE :

Dommage.................... Réparation................... Préjudice moral – Préjudice moral lié auxsouffrances psychiques et aux troubles quiy sont associés – Préjudice non distinct –Portée........................................................ Civ. 2 5 févr. C 22 14-10.097

Fondement de l’ac-tion........................... Article 1382 du code

civil.......................... Exclusion – Cas – Action en contrefaçon nonfondée – Rétablissement de la partie pour-suivie ou du débiteur dans ses droits –Portée........................................................ * Com. 10 févr. R 26 13-20.150

RESPONSABILITE DU FAIT DES PRODUITS DEFECTUEUX :

Producteur................... Responsabilité............. Exonération – Faute de la victime – Exclu-sion – Cas................................................. * Civ. 1 4 févr. R 31 13-19.781

Produit......................... Défectuosité................. Définition – Produit n’offrant pas la sécuritéà laquelle on peut légitimement s’attendre– Caractérisation – Applications di-verses......................................................... Civ. 1 4 févr. R 31 13-19.781

Preuve – Charge – Détermination – Portée... Civ. 1 4 févr. C 32 13-27.505

S

SAISIE IMMOBILIERE :

Adjudication................ Arrêt confirmant un ju-gement reportant ladate de l’audiencede vente forcée........ Voies de recours – Pourvoi en cassation –

Exclusion................................................... * Civ. 2 19 févr. I 37 14-12.226

Mise à prix.................. Modification – Mise à prix fixée par le juge-ment d’orientation – Première enchèrefixée au montant de la mise à prix initialedu créancier poursuivant – Excès de pou-voir............................................................ Civ. 2 19 févr. C 46 14-13.786

Commandement.......... Caducité...................... Effets – Etendue – Détermination – Portée... Civ. 2 19 févr. C 47 13-28.445

Effets............................ Effet interruptif de prescription – Exclusion– Cas......................................................... * Civ. 2 19 févr. C 47 13-28.445

Saisie sur tiers déten-teur........................... Purge des privilèges et

des hypothèques...... Défaut – Effets – Portée............................... Civ. 2 19 févr. R 48 13-27.691

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– XVIII –

. .

SANTE PUBLIQUE :

Etablissement de san-té.............................. Service public hospita-

lier........................... Missions – Aide médicale d’urgence – Inter-vention d’un médecin libéral de garde –Responsabilité personnelle – Compétencejudiciaire................................................... Civ. 1 4 févr. C 33 14-10.337

SECRET PROFESSIONNEL :

Secret bancaire............ Empêchement légi-time.......................... Cessation :

Cas – Client bénéficiaire du secret non partie auprocès – Absence de renonciation au secretpar le client – Constatations suffisantes(non)............................................................... * Com. 10 févr. C 20 (2) 13-14.779

Effets – Qualité de partie au procès de l’éta-blissement financier (non).............................. * Com. 10 févr. C 20 (2) 13-14.779

SECURITE SOCIALE :

Cotisations................... Assiette........................ Abattement pour frais professionnels – Fraisprofessionnels – Indemnités forfaitairesde grand déplacement – Salarié en dépla-cement à l’étranger – Dépenses supplé-mentaires de repas et de logement – Pré-somption d’utilisation conforme – Miseen œuvre – Conditions – Portée............... Civ. 2 12 févr. R 26 14-10.635

Indemnité pour violation du statut protecteurversée au salarié protégé licencié sans au-torisation administrative – Conditions –Détermination – Portée............................. Civ. 2 12 févr. C 27 14-10.886

Paiement indu............. Indu résultant d’une décision administrativeou juridictionnelle – Action en répétition –Prescription – Délai – Point de départ –Détermination – Portée............................. Civ. 2 12 févr. C 28 13-25.985

SECURITE SOCIALE, ACCIDENT DU TRAVAIL :

Action de la victime oude ses ayants droitc o n t r e l ’ e m -ployeur..................... Article L. 455-1-1 du

code de la sécuritésociale..................... Condi t ions – Véhicule condui t par

l’employeur, un préposé ou une personneappartenant à la même entreprise – Défaut– Portée..................................................... Civ. 2 5 févr. C 23 13-26.358

Dispositions légalesd’ordre public.......... Dispositions propres à

l’indemnisation desvictimes d’infrac-tion........................... Domaine d’application – Victime d’un acci-

dent du travail imputable à la faute d’untiers............................................................ * Civ. 2 5 févr. C 20 13-11.945

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– XIX –

. .

SECURITE SOCIALE, ACCIDENT DU TRAVAIL (suite) :

Faute inexcusable del’employeur............. Procédure.................... Tiers – Intervention – Recevabilité – Condi-

tions – Détermination – Portée................. * Civ. 2 12 févr. C 31 13-26.133

SECURITE SOCIALE, ASSURANCES SOCIALES :

Maladie........................ Frais de transport....... Remboursement – Transport en un lieu dis-tant de plus de 150 kilomètres – Condi-tions – Accord préalable de la caisse –Portée........................................................ Civ. 2 12 févr. C 29 13-23.876

Prestations................... Prestations en espèces – Conditions d’ouver-ture – Assurés bénéficiant du maintien deleur qualité d’assuré – Appréciation –Date – Détermination – Portée................. Civ. 2 12 févr. R 30 13-25.591

Vieillesse..................... Pension........................ Liquidation – Modalités :

Principe de l’intangibilité des pensions de re-traite – Application – Compatibilité avec leprincipe de libre circulation des travailleursde l’article 45 du Traité sur le fonctionnementde l’Union européenne................................... * Civ. 2 12 févr. R 35 14-10.609

Principe de non-rétroactivité des lois – Applica-tion – Compatibilité avec le principe de librecirculation des travailleurs de l’article 45 duTraité sur le fonctionnement de l’Union euro-péenne............................................................. * Civ. 2 12 févr. R 35 14-10.609

SECURITE SOCIALE, CONTENTIEUX :

Contentieux général.... Compé tence maté -rielle........................ Accident du travail – Faute inexcusable de

l’employeur – Tiers – Intervention – Re-cevabilité – Conditions – Détermination –Portée........................................................ Civ. 2 12 févr. C 31 13-26.133

Exclusion – Cas – Accident du travail –Faute inexcusable – Employeur auteur –Demande de garantie contre un autre em-ployeur...................................................... Civ. 2 12 févr. R 32 13-25.524

Procédure.................... Procédure gracieuse préalable – Commis-sion de recours amiable – Décision – Dé-cision implicite de rejet – Effet................ Civ. 2 12 févr. R 33 14-11.398

SECURITE SOCIALE, PRESTATIONS FAMILIALES :

Cotisations................... Employeurs et travail-leurs indépendants... Président d’une fédération de chasseurs –

Exercice d’une activité non salariée – Re-cherche nécessaire – Portée...................... Civ. 2 12 févr. C 34 14-10.994

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– XX –

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SECURITE SOCIALE, REGIMES COMPLEMENTAIRES :

Ins t i tu t ion de pré-voyance................... Adhés ion de l ’ em-

ployeur..................... Opérations collectives à adhésion obligatoire– Désignation de l’organisme de pré-voyance – Modalités – Détermination –Portée........................................................ * Soc. 11 févr. C 27 14-11.409

« ................................................................. * Soc. 11 févr. C 28 14-13.538

SEPARATION DES POUVOIRS :

C o m p é t e n c e j u d i -ciaire........................ Domaine d’applica-

tion........................... Installations classées pour la protection del’environnement – Action en responsabili-té du fait de l’exploitation – Demande deremise en état du site – Portée................. Civ. 1 18 févr. C 45 13-28.488

Litige relatif à un contrat de droit privé –Contrat de droit privé – Caractérisation –Cas – Convention tripartite par laquelleune société adjudicataire d’un marché pu-blic délègue le pouvoir adjudicateur pourle paiement de la créance due à son four-nisseur....................................................... Civ. 1 18 févr. C 46 14-10.030

Service public hospitalier – Missions – Aidemédicale d’urgence – Intervention d’unmédecin libéral de garde – Responsabilitépersonnelle................................................ * Civ. 1 4 févr. C 33 14-10.337

Exclusion..................... Cas – Contentieux du recouvrement de l’im-pôt – Contentieux relatif à une contribu-tion ne présentant ni un caractère direct niun caractère indirect – Applications di-verses – Redevance superficiaire due parles titulaires de concessions minières enNouvelle-Calédonie.................................. Civ. 1 18 févr. R 47 13-26.910

SOCIETE (règles générales) :

Groupe de sociétés...... Filiales......................... Contrats avec des tiers – Obligation à la dettede la filiale – Effets – Immixtion dans lesrelations contractuelles – Immixtion d’unesociété mère.............................................. Com. 3 févr. R 14 13-24.895

Parts sociales............... Cession........................ Action en nullité pour vices du consentement– Clause de garantie de l’actif ou du passifsocial – Absence d’influence.................... Com. 3 févr. C 15 13-12.483

SOCIETE ANONYME :

C o m m i s s a i r e a u xcomptes................... Révocation................... Action en relèvement – Qualité pour l’exer-

cer – Détermination.................................. Com. 10 févr. C 30 13-24.312

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– XXI –

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SOCIETE COMMERCIALE (règles générales) :

Filiale et participa-tion........................... Information.................. Franchissement de seuil – Déclaration :

Actions et droits de vote – Domaine d’applica-tion – Inscription en compte chez un inter-médiaire habilité – Admission aux opérationsd’un dépositaire central agréé – Titres nomi-natifs............................................................... Com. 10 févr. C 31 (1) 13-14.778

Défaut – Assemblée générale – Pouvoirs du bu-reau – Détermination...................................... Com. 10 févr. C 31 (2) 13-14.778

STATUT COLLECTIF DU TRAVAIL :

Conventions et accordscollectifs.................. Accords collectifs........ Accord d’entreprise – Accord d’entreprise

Lidl du 26 janvier 2000 – Durée du travail– Convention de forfait – Garantie d’uneamplitude et d’une charge de travail rai-sonnables – Défaut – Portée..................... * Soc. 4 févr. C 23 13-20.891

Dispositions générales :

Avenant – Caractère interprétatif – Exclusion –Cas – Disposition nouvelle – Accord initialinstaurant une indemnité bonifiée de fin decarrière – Avenant postérieur déterminantl’objet de l’indemnisation.............................. * Soc. 4 févr. C 22 14-13.646

Garanties collectives complémentaires – Dési-gnation de l’organisme de prévoyance – Mo-dalités – Détermination – Portée.................... * Soc. 11 févr. C 27 14-11.409

« ................................................................. * Soc. 11 févr. C 28 14-13.538

Conventions diverses... Bâtiment – Convention collective nationaledes ouvriers employés par les entreprisesdu bâtiment non visées par le décret du1er mars 1962 (c’est-à-dire occupant plusde 10 salariés) du 8 octobre 1990 :

Article 4.11. – Salaire – Salaire minimumconventionnel – Eléments – Prime – Nature –Détermination – Portée.................................. Soc. 4 févr. R 20 (2) 13-20.879

Article 12.2 – Grille de classification – Classifi-cation III/1 – Conditions – Détermination –Portée.............................................................. Soc. 4 févr. R 20 (1) 13-20.879

Convention collective des transports routierset activités auxiliaires du transport – An-nexe I ouvriers – Article 3 – Déplacementcomportant un ou plusieurs repas hors dulieu de travail – Indemnité de repas :

Nature – Détermination – Portée....................... * Soc. 4 févr. C 21 13-28.034

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– XXII –

. .

STATUT COLLECTIF DU TRAVAIL (suite) :

Conventions et accordscollectifs (suite)....... Conventions diverses

(suite)....................... Convention collective des transports routierset activités auxiliaires du transport – An-nexe I ouvriers – Article 3 – Déplacementcomportant un ou plusieurs repas hors dulieu de travail – Indemnité de repas(suite) :

Substitution d’avantages différents – Engage-ment unilatéral de l’employeur – Possibilité(non)............................................................... Soc. 4 févr. C 21 13-28.034

Convention collective nationale de la bou-langerie-pâtisserie du 19 mars 1976 –Avenant no 83 du 24 avril 2006 relatif à lamise en place d’un régime de rembourse-ment complémentaire de frais de soins desanté – Article 13 – Clause de désignationde l’organisme assureur – Validité –Conditions – Mise en concurrence préa-lable de l’organisme de prévoyance assu-reur – Nécessité (non)............................... Soc. 11 févr. C 27 14-11.409

« ................................................................. Soc. 11 févr. C 28 14-13.538

Convention collective nationale des sociétésfinancières du 22 novembre 1968 – Ar-ticle 50 – Avantages acquis – Prime d’an-cienneté issue d’une convention collectivedénoncée – Exclusion – Portée................ * Soc. 11 févr. C 29 13-13.689

Convent ion col lec t ive nat ionale ducommerce de détail et de gros à prédomi-nance alimentaire du 12 juillet 2001 – Ar-ticle 5.7.2. – Forfait en jours sur l’année –Protection de la sécurité et de la santé dusalarié – Défaut – Portée.......................... * Soc. 4 févr. C 23 13-20.891

Disposi t ions géné-rales......................... Avantages conventionnels – Substitution

d’avantages différents – Engagement uni-latéral de l’employeur – Possibilité(non).......................................................... * Soc. 4 févr. C 21 13-28.034

Avenant – Caractère interprétatif – Critères –Détermination – Portée............................. Soc. 4 févr. C 22 14-13.646

Dénonciation – Effets – Conclusion d’un ac-cord de substitution :

Engagement unilatéral de l’employeur – Enga-gement portant sur le montant d’une prime –Portée.............................................................. * Soc. 11 févr. C 29 13-13.689

Prolongation temporaire d’un avantage – Défaut– Portée........................................................... Soc. 11 févr. C 29 13-13.689

SUCCESSION :

Acceptation et répudia-t ion des succes -sions......................... Acceptation.................. Caractère irrévocable.................................... * Civ. 1 11 févr. C 39 14-14.419

Effets – Impossibilité de renoncer................ * Civ. 1 11 févr. C 39 14-14.419

Acceptation sous béné-fice d’inventaire...... C a r a c t è r e i r r é v o -

cable........................ ....................................................................... * Civ. 1 11 févr. C 39 14-14.419

Effets............................ Impossibilité de renoncer............................. Civ. 1 11 févr. C 39 14-14.419

Renonciation posté-rieure....................... Validité (non)................................................ * Civ. 1 11 févr. C 39 14-14.419

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– XXIII –

. .

SUCCESSION (suite) :

Salaire différé.............. Bénéfice....................... Exercice du droit de créance – Exercice duvivant de l’exploitant – Conditions –Commune intention des parties de procé-der au paiement......................................... * Civ. 1 11 févr. C 34 13-27.923

Règlement.................... Modalités – Donation-partage – Conditions– Commune intention des parties de pro-céder au paiement..................................... * Civ. 1 11 févr. C 34 13-27.923

SURETES REELLES MOBILIERES :

Gage de meubles cor-porels....................... Gage des stocks........... Gage commercial – Validité – Conditions –

Acte écrit – Nécessité (non)..................... Com. 17 févr. R 39 13-27.080

SYNDICAT PROFESSIONNEL :

Action en justice......... Cassation..................... Intervention – Condition............................... * Soc. 4 févr. R 19 (1) 13-25.627

T

TRANSPORTS MARITIMES :

Marchandises............... Transport internatio-nal............................ Convention de Bruxelles du 25 août 1924 –

Responsabilité du transporteur – Exonéra-tion – Faute nautique – Capitaine d’un na-vire – Qualité de représentant du transpor-teur – Responsabilité délictuelle –Exclusion – Cas........................................ Com. 17 févr. I 40 13-25.662

TRAVAIL REGLEMENTATION, CONTROLE DE L’APPLICATION DE LA LEGISLATION :

Règlement intérieur..... Modification................ Matières relevant de la compétence du comi-té d’hygiène, de sécurité et des conditionsde travail – Opposabilité au salarié –Conditions – Détermination – Portée....... Soc. 11 févr. R 30 13-16.457

TRAVAIL REGLEMENTATION, DUREE DU TRAVAIL :

Convention de forfait... Convention de forfaitsur l’année.............. Convention de forfait en jours sur l’année –

Validité – Conditions – Durée maximaleraisonnable de travail – Respect – Déter-mination – Portée...................................... Soc. 4 févr. C 23 13-20.891

Travail effectif............ Temps assimilé à dutravail effectif.......... Exclusion – Temps nécessaire aux opéra-

tions d’habillage et de déshabillage –Contreparties – Bénéfice – Applicationsdiverses..................................................... * Soc. 11 févr. R 30 13-16.457

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– XXIV –

. .

TRAVAIL REGLEMENTATION, REMUNERATION :

Salaire.......................... Salaire minimum......... Eléments – Somme perçue en contrepartiedu travail – Caractérisation – Portée........ Soc. 4 févr. C 24 13-18.523

TRAVAIL REGLEMENTATION, SANTE ET SECURITE :

Comité d’hygiène, desécurité et des condi-tions de travail......... Consultation................ Consultation pour avis – Nécessité – Cas –

Modification du règlement intérieur –Conditions – Détermination – Portée....... * Soc. 11 févr. R 30 13-16.457

Hygiène et sécurité...... Principes généraux deprévention................ Obligations de l’employeur – Protection de

la sécurité et de la santé du salarié – Ga-rantie d’une amplitude et d’une charge detravail raisonnables – Conformité auxnormes européennes – Nécessité – Por-tée.............................................................. * Soc. 4 févr. C 23 13-20.891

TRAVAIL TEMPORAIRE :

Portage salarial............ Missions....................... Recherches – Charge – Détermination – Por-tée.............................................................. * Soc. 4 févr. R 19 (2) 13-25.627

U

UNION EUROPEENNE :

Douanes....................... D é c l a r a t i o n s e ndouane..................... Représentation indirecte – Qualité de décla-

rant – Personne au nom de laquelle la dé-claration est faite....................................... * Com. 3 févr. C 16 12-15.827

Dette douanière........... Débiteur – Qualité de déclarant.................... Com. 3 févr. C 16 12-15.827

Recouvrement – Prise en compte et commu-nication :

Concomitance – Effet......................................... Com. 10 févr. C 32 13-10.774

Procès-verbal de constat d’infraction – Inscrip-tion du montant des droits – Validité............ * Com. 10 févr. C 32 13-10.774

Importation en prove-nance d’un autre Etatmembre.................... Infraction à la TVA..... Conditions – Livraison intra-communautaire

exonérée – Preuve de l’absence de livrai-son............................................................. * Com. 10 févr. R 23 12-28.770

Libre circulation destravailleurs............... Intangibilité des pen-

sions de retraite del’article R. 351-10du code de la sécuri-té sociale................. Compatibilité................................................. Civ. 2 12 févr. R 35 14-10.609

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Jourmois

Déci-sion Numéro No de pourvoi

– XXV –

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UNION EUROPEENNE (suite) :

Libre circulation destravailleurs (suite)... Non-rétroactivité des

lois résul tant del’article 2 du codecivil.......................... Compatibilité................................................. * Civ. 2 12 févr. R 35 14-10.609

Propriété industrielle... Marque communau-taire......................... Règlement (CE) no 207/2009 – Article 9, § 1

– Risque de confusion – Effets – Non-respect de l’accord de coexistence entremarques – Recherche nécessaire.............. * Com. 10 févr. C 27 13-24.979

V

VENTE :

Immeuble..................... Loi du 22 mars 2012... Loi interprétative (non)................................. * Civ. 3 18 févr. R 26 14-14.416

Promesse de vente....... Immeuble..................... Cession d’un immeuble ou d’un droit réelimmobilier – Promesse synallagmatique –Promesse d’une durée supérieure à dix-huit mois – Constatation par acte authen-tique – Défaut – Effets – Acte sous seingprivé – Nullité........................................... Civ. 3 18 févr. R 26 14-14.416

Vendeur....................... Obligations.................. Délivrance – Exécution – Conditions – Ma-chines complexes – Mise au point effec-tive de la chose vendue............................ Com. 10 févr. C 33 13-24.501

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3

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CHAMBRE MIXTE

FÉVRIER 2015

No 2

CAUTIONNEMENT

Conditions de validité – Acte de cautionnement –Proportionnalité de l’engagement (article L. 341-4du code de la consommation) – Sanction –Etendue – Détermination

La sanction prévue par l’article L. 341-4 du code de laconsommation prive le contrat de cautionnement d’effetà l’égard tant du créancier que des cofidéjusseurs.

Il s’ensuit que le cofidéjusseur d’une caution déchar-gée de son engagement en raison de sa disproportionmanifeste, ne peut, lorsqu’il est recherché par le créan-cier, ni revendiquer le bénéfice des dispositions de l’arti-cle 2314 du code civil, faute de transmission d’un droitdont il aurait été privé, ni agir à l’encontre de cettemême caution sur le fondement de l’article 2310 ducode civil.

27 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Orléans, 13 décem-bre 2012), et les productions, que la caisse régionale deCrédit agricole mutuel de la Touraine et du Poitou (lacaisse) a consenti les 6 juin 2001, 8 août 2006,3 novembre 2006 et 3 mai 2007 à la société X... diversprêts dont M. Fabrice X..., son gérant, s’est porté cau-tion solidaire aux mêmes dates ; que M. Cédric X...,qui s’était également porté caution des trois derniersprêts, a été déchargé de ses engagements à raison deleur disproportion manifeste ; qu’assigné en paiementpar la caisse à la suite de la défaillance de la société X...,M. Fabrice X..., lui reprochant de l’avoir privé derecours contre son cofidéjusseur, a revendiqué le béné-fice des dispositions de l’article 2314 du code civil ;

Sur le moyen unique, en ce qu’il fait grief à l’arrêt decondamner M. Fabrice X... à payer à la caisse dessommes au titre des prêts cautionnés consentis les8 août 2006 et 3 mai 2007 :

Attendu qu’il est fait grief à l’arrêt de statuer ainsialors, selon le moyen :

1o que la caution est déchargée de ses obligations lorsqueson engagement est disproportionné ; qu’en jugeant queM. Fabrice X... disposait d’un recours personnel contre ses

cofidéjusseurs, M. Cédric X... et Mme Christelle X...,cependant que ces derniers avaient été déchargés de leursengagements disproportionnés à leurs revenus et biens, lacour d’appel a violé les articles L. 341-4 du code de laconsommation, par refus d’application, et 2310 du codecivil, par fausse application ;

2o que la caution bénéficie d’une décharge partielle, àla mesure des droits perdus, lorsque la subrogation dans lesdroits, hypothèques et privilèges du créancier ne peut s’opé-rer par le fait de ce dernier ; qu’en jugeant, pour écarter lademande par laquelle M. Fabrice X... sollicitait d’êtredéchargé de son engagement de caution en raison de laperte de la possibilité d’un recours contre ses cofidéjusseurs,que la sanction du caractère disproportionné de l’engage-ment de son cofidéjusseur consistait en l’impossibilité pourle créancier de se prévaloir de cet engagement et n’avaitpas pour objet de réparer le préjudice subi par les autrescautions, quand la seule perte de ce recours suffisait à ledécharger, la cour d’appel a violé l’article 2314 du codecivil ;

3o que la caution bénéficie d’une décharge partielle, àla mesure des droits perdus, lorsque la subrogation dans lesdroits, hypothèques et privilèges du créancier ne peut s’opé-rer par le fait de ce dernier ; qu’en affirmant qu’il n’yavait pas lieu de décharger la caution au motif que laperte d’un droit de recours contre des cofidéjusseurs ne pro-cédait pas de la responsabilité et d’une faute de la banque,quand il suffisait que cette perte résulte, en vertu de quel-que mécanisme que ce soit, d’un fait imputable au créan-cier, la cour d’appel a violé l’article 2314 du code civil :

Mais attendu que la sanction prévue par l’arti-cle L. 341-4 du code de la consommation prive lecontrat de cautionnement d’effet à l’égard tant ducréancier que des cofidéjusseurs ; qu’il s’en déduit quele cofidéjusseur, qui est recherché par le créancier et quin’est pas fondé, à défaut de transmission d’un droitdont il aurait été privé, à revendiquer le bénéfice del’article 2314 du code civil, ne peut ultérieurement agir,sur le fondement de l’article 2310 du même code,contre la caution qui a été déchargée en raison de ladisproportion manifeste de son engagement ;

Que par ce motif de pur droit, substitué, dans lesconditions de l’article 1015 du code de procédurecivile, à ceux justement critiqués, l’arrêt se trouve léga-lement justifié ;

Et sur le moyen unique, en ce qu’il fait grief à l’arrêtde condamner M. Fabrice X... à payer à la caisse lessommes de 16 760,95 euros au titre du prêt consenti le6 juin 2001 et de 45 000 euros au titre du prêtconsenti le 3 novembre 2006 :

Attendu qu’il n’y a pas lieu de statuer par une déci-sion spécialement motivée sur ce moyen, qui n’estmanifestement pas de nature à entraîner la cassation ;

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CHAMBRE MIXTE

4

. .

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi

MOYEN ANNEXÉ

Moyen produit par la SCP Boré et Salve de Brune-ton, avocat aux Conseils, pour M. Fabrice X...

IL EST FAIT GRIEF à l’arrêt attaqué d’AVOIRrejeté les exceptions liminaires soulevées parM. Fabrice X... et d’AVOIR confirmé le jugemententrepris en ce qu’il avait condamné M. X... à payer àla CRCAM Touraine Poitou les sommes de16 760,95 euros, 105 694,38 euros, 45 000 euros,26 529,08 euros, avec intérêts au taux de chaque prêt àcompter du 24 octobre 2009 ;

AUX MOTIFS QUE la sanction, selon l’arti-cle L. 341-4 du code de la consommation, du caractèredisproportionné de l’engagement de la caution est l’im-possibilité pour le créancier de se prévaloir de cet enga-gement et n’a pas pour objet la réparation d’un préju-dice, ce dont il se déduit qu’il ne peut être soutenu quela CRCAM a commis une faute à cet égard ; que, parailleurs, s’agissant de l’erreur invoquée, M. Fabrice X...ne rapporte pas la preuve que la signature des autrescautions a été la cause déterminante de ses engagementsni qu’il ait expressément subordonné la validité de sescautionnements à celle de ses cofidéjusseurs ; que lanullité pour erreur n’est donc pas encourue ; quel’absence éventuelle de la subrogation de l’article 2314du code civil est indifférente dès lors que la caution quia payé dispose du recours légal prévu à l’article 2310du même code contre les autres cautions et peut, à toutle moins, les appeler en garantie ;

1o ALORS QUE la caution est déchargée de sesobligations lorsque son engagement est dispropor-tionné ; qu’en jugeant que M. Fabrice X... disposaitd’un recours personnel contre ses cofidéjusseurs,M. Cédric X... et Mme Christelle X..., cependant queces derniers avaient été déchargés de leurs engagementsdisproportionnés à leurs revenus et biens, la cour d’ap-

pel a violé les articles L. 341-4 du code de la consom-mation, par refus d’application, et 2310 du code civil,par fausse application ;

2o ALORS QUE la caution bénéficie d’une déchargepartielle, à la mesure des droits perdus, lorsque lasubrogation dans les droits, hypothèques et privilègesdu créancier ne peut s’opérer par le fait de ce dernier ;qu’en jugeant, pour écarter la demande par laquelleM. Fabrice X... sollicitait d’être déchargé de son enga-gement de caution en raison de la perte de la possibilitéd’un recours contre ses cofidéjusseurs, que la sanctiondu caractère disproportionné de l’engagement de soncofidéjusseur consistait en l’impossibilité pour le créan-cier de se prévaloir de cet engagement et n’avait paspour objet de réparer le préjudice subi par les autrescautions, quand la seule perte de ce recours suffisait à ledécharger, la cour d’appel a violé l’article 2314 du codecivil ;

3o ALORS QUE la caution bénéficie d’une déchargepartielle, à la mesure des droits perdus, lorsque lasubrogation dans les droits, hypothèques et privilègesdu créancier ne peut s’opérer par le fait de ce dernier ;qu’en affirmant qu’il n’y avait pas lieu de décharger lacaution au motif que la perte d’un droit de recourscontre des cofidéjusseurs ne procédait pas de la respon-sabilité et d’une faute de la banque, quand il suffisaitque cette perte résulte, en vertu de quelque mécanismeque ce soit, d’un fait imputable au créancier, la courd’appel a violé l’article 2314 du code civil.

No 13-13.709. M. X...contre caisse régionale de Crédit

agricole mutuel (CRCAM)de la Touraine et du Poitou.

Premier président : M. Louvel – Rapporteur : M. Besson,assisté de Mme Nogues, greffière en chef au service dedocumentation, des études et du rapport – Premier avocatgénéral : M. Le Mesle – Avocats : SCP Boré et Salvede Bruneton, SCP Capron

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27

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CHAMBRES CIVILES

PREMIÈRE PARTIE - PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

FÉVRIER 2015

No 26

PRESSE

Procédure – Action en justice – Assignation – Vali-dité – Conditions – Précision et qualification dufait incriminé – Défaut – Cas – Faits double-ment qualifiés sur le fondement de la loi du29 juillet 1881 et de l’article 9-1 du code civil

Selon l’article 53 de la loi du 29 juillet 1881, l’assigna-tion doit, à peine de nullité, préciser et qualifier le faitincriminé et énoncer le texte de loi applicable.

Est donc nulle une assignation qui retient pour lesmêmes faits une double qualification fondée sur la loidu 29 juillet 1881 et sur l’article 9-1 du code civil.

4 février 2015 Cassation sans renvoi

Sur le moyen relevé d’office après avis donné auxparties en application des dispositions de l’article 1015du code de procédure civile :

Vu l’article 53 de la loi du 29 juillet 1881 ;

Attendu que, selon ce texte, l’assignation doit, àpeine de nullité, préciser et qualifier le fait incriminé eténoncer le texte de loi applicable ; qu’est nulle une assi-gnation qui retient pour les mêmes faits une doublequalification fondée sur la loi du 29 juillet 1881 et surl’article 9-1 du code civil ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que le journal « LaMarseillaise » édité par la société d’édition et d’impres-sion du Languedoc Provence sous la direction deM. X..., ayant publié les 15 décembre 2011, 4 janvieret 15 février 2012 trois articles mentionnant notam-ment le « réseau Y... » du nom de l’expert-comptable« qui tenait une comptabilité bidon et validait desfaux », M. Y..., mis en examen ainsi que la société Ges-tion, ingénierie, comptabilité audit (GICA) dont il estl’associé gérant, estimant que ces titres étaient diffama-toires ou constituaient une atteinte à la présomptiond’innocence, ont saisi le juge des référés sur le fonde-ment de la loi du 29 juillet 1881 et de l’article 9-1 ducode civil ;

Qu’en statuant sur les mérites de l’assignation alorsque celle-ci, fondée sur une double qualification, étaitnulle, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;

Vu l’article L. 411-3 du code de l’organisation judi-ciaire ;

Attendu que la cassation n’impliquant pas qu’il soit ànouveau statué sur le fond, il n’y a pas lieu à renvoi ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 11 avril 2013, entre les parties, par lacour d’appel d’Aix-en-Provence ;

DIT n’y avoir lieu à renvoi ;

Annule l’assignation du 13 mars 2012.No 13-19.455. M. Y...,

et autrecontre M. X...,

et autre.

Président : Mme Batut – Rapporteur : Mme Crédeville – Avo-cat général : M. Sudre – Avocat : SCP Boullez

Sur la nullité de l’assignation retenant pour les mêmesfaits une double qualification fondée sur la loi du 29 juil-let 1881 et sur l’article 9-1 du code civil, à rapprocher :Ass. plén., 15 février 2013, pourvoi no 11-14.637, Bull. 2013,

Ass. plén., no 1 (rejet) ;1re Civ., 4 février 2015, no 13-16.263, Bull. 2015, I, no 27

(cassation sans renvoi).

No 27

PRESSE

Procédure – Action en justice – Assignation – Vali-dité – Conditions – Précision et qualification dufait incriminé – Défaut – Cas – Faits double-ment qualifiés sur le fondement de la loi du29 juillet 1881 et de l’article 9 du code civil

Selon l’article 53 de la loi du 29 juillet 1881, l’assigna-tion doit, à peine de nullité, préciser et qualifier le faitincriminé et énoncer le texte de loi applicable.

Est donc nulle une assignation qui retient pour lesmêmes faits une double qualification fondée sur la loidu 29 juillet 1881 et sur l’article 9 du code civil.

4 février 2015 Cassation sans renvoi

Sur le moyen relevé d’office après avis donné auxparties en application des dispositions de l’article 1015du code de procédure civile :

Vu l’article 53 de la loi du 29 juillet 1881 ;

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

28

. .

Attendu que, selon ce texte, l’assignation doit, àpeine de nullité, préciser et qualifier le fait incriminé eténoncer le texte de loi applicable ; qu’est nulle une assi-gnation qui retient pour les mêmes faits une doublequalification fondée sur la loi du 29 juillet 1881 et surl’article 9 du code civil ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que M. X..., qui avaitcréé sans le consentement de M. Y... un site internetouvert au nom de celui-ci et faisant apparaître sa pho-tographie assortie de commentaires désobligeants, a étéassigné en référé sur le fondement des articles 35 à 55de la loi du 29 juillet 1881 ainsi que de l’article 9 ducode civil, en indemnisation de son préjudice ;

Qu’en statuant sur les mérites de l’assignation, alorsque celle-ci, fondée sur une double qualification, étaitnulle, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;

Vu l’article L. 411-3 du code de l’organisation judi-ciaire ;

Attendu que la cassation n’impliquant pas qu’il soit ànouveau statué sur le fond, il n’y a pas lieu à renvoi ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 28 janvier 2013, entre les parties, par lacour d’appel de Bordeaux ;

DIT n’y avoir lieu à renvoi ;

Annule l’assignation du 17 mars 2009.

No 13-16.263. M. X...contre M. Y...

Président : Mme Batut – Rapporteur : Mme Crédeville – Avo-cat général : M. Sudre – Avocats : SCP Boré et Salvede Bruneton, SCP Tiffreau, Marlange et de La Burgade

Sur la nullité de l’assignation retenant pour les mêmesfaits une double qualification fondée sur la loi du 29 juil-let 1881 et sur l’article 9 du code civil, dans le mêmesens que :

Ass. plén., 15 février 2013, pourvoi no 11-14.637, Bull. 2013,Ass. plén., no 1 (rejet) ;

1re Civ., 4 février 2015, pourvoi no 13-19.455, Bull. 2015, I,no 26 (cassation sans renvoi).

No 28

PROFESSIONS MEDICALES ET PARAMEDI-CALES

Auxiliaires médicaux – Infirmiers – Règles profes-sionnelles – Exercice libéral – Conventiond’exercice en commun – Clause de non-réinstal-lation – Détournement de patientèle – Caractéri-sation – Défaut – Cas

Les clauses de non-réinstallation conclues entre profession-nels de santé, susceptibles de porter atteinte tant à laliberté d’exercice de la profession qu’à la liberté de choixdes patients, sont d’interprétation stricte et ne peuventêtre étendues au-delà de leurs prévisions.

Dès lors, ne donne pas de base légale à sa décision,au regard des articles 1134 du code civil et R. 4312-8du code de la santé publique, une cour d’appel quiretient qu’une infirmière, qui, après s’être retirée d’uncabinet commun, s’était installée dans la communelimitrophe de celle où continuaient d’exercer sesanciennes associées, non concernée par la clause liti-gieuse, en avait cependant méconnu l’esprit en conti-nuant de visiter des patients résidant sur le territoire decette commune, sans caractériser d’élément de nature àdémontrer l’existence d’un détournement de patientèle.

4 février 2015 Cassation

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que Mmes X..., Y...et Z..., infirmières libérales, membres d’une sociétécivile de moyens établie à Villenave-d’Ornon et liéespar une convention d’exercice en commun en date du1er mars 2001, comportant une clause interdisant àtoute associée qui y mettrait fin de s’installer à soncompte pendant deux ans dans cette commune, onttransféré leur activité, à partir du 1er novembre 2005,dans un autre local professionnel de la même ville, puisont cédé leurs parts dans la société, que Mme X...,ayant décidé d’exercer seule, a ouvert un cabinet, à ladate du 1er janvier 2008, sur le territoire de lacommune limitrophe de Léognan, que, reprochant àleur associée de ne pas respecter la clause de non-réinstallation, Mmes Y... et Z... l’ont assignée en res-ponsabilité ;

Sur le premier moyen :

Attendu que Mme X... fait grief à l’arrêt de dire quela clause de non-réinstallation figurant dans la conven-tion d’exercice en commun de la profession du1er mars 2001 était restée applicable, malgré la cessiondes parts que les associées détenaient dans la société,alors, selon le moyen :

1o que lorsque l’exercice en groupe d’une profession libé-rale dans le domaine de la santé a donné lieu à l’établisse-ment de deux conventions, l’une d’exercice en commun dela profession (réglant les modalités d’exercice de la presta-tion de soins à dispenser aux malades, dans le respect del’indépendance du praticien, ainsi que du libre choix, parle patient, du professionnel de santé), l’autre de mise encommun des moyens matériels nécessaires à l’exercice decette profession, ces deux conventions sont nécessairementindivisibles ; qu’en énonçant que la convention d’exerciceen commun du 1er mars 2001 n’était pas devenue caduquedu fait de la vente, par les trois infirmières associées, desparts sociales qu’elles détenaient dans la SCM, car les deuxcontrats n’étaient pas indivisibles, quand le premier réglaitles modalités des soins à dispenser en commun aux maladeset le second mettait en commun les moyens matériels néces-saires pour parvenir à cet objectif, la cour d’appel a violél’article 1134 du code civil ;

2o que la convention d’exercice en commun d’une pro-fession et la mise en commun des moyens nécessaires pour yparvenir sont indivisibles ; qu’en énonçant que la conven-

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

29

. .

tion d’exercice en commun de la profession d’infirmière du1er mars 2001 n’était pas indivisible de l’adhésion à laSCM, aux motifs que ces deux conventions n’auraient pasle même objet et qu’aucune clause de la convention d’exer-cice en commun ne subordonnait l’exercice de la professionà la détention de parts de la SCM, quand ces deuxconventions poursuivaient le même objectif (dispenser dessoins paramédicaux en exerçant en groupe la professiond’infirmière, grâce à la mise en commun de moyens maté-riels), que la convention d’exercice en commun obligeaitl’infirmière entrante à acheter des parts de la société civilede moyens et que les statuts de celle-ci stipulaient expressé-ment que le retrait du contrat d’exercice en communentraînait celui de la société civile de moyens, la courd’appel a privé sa décision de base légale au regard del’article 1134 du code civil ;

3o que le retrait d’une société de mise en commun desmoyens nécessaires à l’exercice d’une profession libéraleentraîne nécessairement la caducité de la conventiond’exercice en commun de la profession qui lui est indivi-sible ; qu’en refusant de reconnaître l’indivisibilité de laconvention d’exercice en commun du 1er mars 2001 et del’adhésion à la SCM, au prétexte que les trois infirmièresavaient continué leurs activités après avoir transféré leurcabinet, sans rechercher si Mmes X..., Y... et Z... n’avaientpas alors exercé leur profession totalement individuellementet sans aucune mise en commun de moyens, la cour d’ap-pel a privé sa décision de base légale au regard de l’arti-cle 1134 du code civil ;

Mais attendu qu’ayant constaté, par motifs propres etadoptés, que les deux conventions avaient un objet dif-férent, que celle du 1er mars 2001, visant à organiserl’exercice de l’activité professionnelle de chacune desinfirmières au sein du cabinet, n’était pas subordonnéeà la détention de parts sociales dans la société, quel’achat de parts auquel s’était obligée Mme Z... étaitjustifié par le fait que le cabinet où Mmes Y... et X...exerçaient leur profession était loué par cette société,puis que les trois associées n’avaient pas cessé d’exercerleur activité en commun dans un autre local après avoircédé leurs parts, la cour d’appel, appréciant souveraine-ment l’absence d’indivisibilité entre l’appartenance à lasociété et la convention d’exercice en commun, en aexactement déduit que la cession de parts n’avait pasentraîné la caducité de la convention litigieuse, demeu-rée nécessaire à l’exercice de cette activité ; que lemoyen n’est fondé en aucune de ses branches ;

Sur le deuxième moyen :

Attendu que le moyen n’est manifestement pas denature à entraîner la cassation ;

Mais sur le troisième moyen :

Vu l’article 1134 du code civil, ensemble l’arti-cle R. 4312-8 du code de la santé publique ;

Attendu que les clauses de non-réinstallation concluesentre professionnels de santé, susceptibles de porteratteinte tant à la liberté d’exercice de la profession qu’àla liberté de choix des patients, sont d’interprétationstricte et ne peuvent être étendues au-delà de leurs pré-visions ;

Attendu que, pour dire que Mme X... a méconnu laclause de non-réinstallation insérée dans la conventiond’exercice en commun, l’arrêt relève, au vu d’un rap-

port d’enquête privé, que, le 25 novembre 2008, soitavant l’expiration du délai de deux ans contractuelle-ment prévu, celle-ci a effectué douze visites de patientsà Villenave-d’Ornon puis, le lendemain matin, septvisites ; qu’il retient que, si l’infirmière ne s’est pas« installée » effectivement sur le territoire de lacommune, elle a méconnu l’esprit de la clause en conti-nuant d’y exercer son activité principale, et que cettesituation n’est pas contraire à la liberté des patients dechoisir leurs infirmières, l’interdiction faite à Mme X...concernant l’ensemble de la commune de Villenaved’Ornon et non exclusivement les patients de cettecommune suivis par le cabinet de ses anciennes asso-ciées ;

Qu’en se déterminant ainsi, sans caractériser, de lapart de Mme X... qui n’avait pas ouvert son cabinetdans l’une des communes entrant dans les prévisions dela clause litigieuse, d’élément de nature à démontrerl’existence d’un détournement de patientèle, la courd’appel n’a pas donné de base légale à sa décision auregard des textes susvisés ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 9 septembre 2013, entre les parties, parla cour d’appel de Bordeaux ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Toulouse.No 13-26.452. Mme A..., épouse X...

contre Mme Y...,et autre.

Président : Mme Batut – Rapporteur : Mme Dreifuss-Netter –Avocat général : M. Sudre – Avocats : SCP Le Bret-Desaché,SCP Coutard et Munier-Apaire

No 29

PROTECTION DES CONSOMMATEURS

Pratiques commerciales réglementées – Démarchage– Caractérisation – Cas – Envoi au domiciled’un consommateur d’une lettre circulaire l’inci-tant, par le biais de cadeaux offerts, à se fairelivrer un véhicule neuf

L’envoi au domicile d’un consommateur d’une lettre cir-culaire l’incitant, par le biais de cadeaux offerts, à sefaire livrer un véhicule neuf, caractérise un démarchageau sens de l’article L. 121-21 du code de la consomma-tion, dans sa rédaction antérieure à la loi no 2014-344du 17 mars 2014.

4 février 2015 Cassation

Sur le premier moyen :Vu l’article L. 121-21 du code de la consommation

dans sa rédaction antérieure à la loi no 2014-344 du17 mars 2014 ;

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

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. .

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que M. X..., qui avaitreçu à son domicile une lettre datée du 18 novem-bre 2005, adressée aux personnes inscrites sur le fichierclients de la société Gauduel automobiles et offrantl’entretien durant trente-six mois sur un véhiculeJaguar X Type ou S Type ou deux mensualités de cré-dit pour toute réservation d’une voiture neuve avant le31 décembre 2005, outre une reprise majorée de3 000 euros au regard des conditions générales del’Argus pour la reprise d’une ancienne Jaguar, s’estrendu dans les locaux de la société Gauduel auto-mobiles, où, le 28 novembre 2005, la société FCEBank PLC, exerçant sous l’enseigne Jaguar finance, lui aconsenti un contrat de location avec option d’achatportant sur un modèle Jaguar type X 2.0, d’un prix de32 405 euros payable en vingt-cinq mensualités, dont lapremière incluait la valeur de reprise de son ancienvéhicule alors remis à la société Gauduel automobiles ;qu’invoquant avoir fait l’objet d’un démarchage irrégu-lier, M. X... a assigné la société Gauduel automobiles etla société FCE Bank PLC en annulation du contrat, enrestitution de la mensualité par lui réglée et en indem-nisation ;

Attendu que, pour rejeter ses demandes, l’arrêténonce que le contrat de location avec option d’achatayant été conclu dans un lieu destiné à la commerciali-sation, c’est à tort que le premier juge a retenu queM. X... pouvait bénéficier de la protection accordée à laconclusion d’un contrat résultant de démarchage àdomicile, soit le respect du délai de réflexion de septjours, la remise d’un contrat et l’interdiction de perce-voir une contrepartie financière durant le délai deréflexion ;

Qu’en statuant ainsi, alors qu’elle avait constaté queM. X... avait reçu à son domicile la lettre circulaire l’in-citant, par le biais de cadeaux offerts, à se faire livrer unvéhicule neuf et qu’à la suite de cette correspondance, ils’était déplacé dans les locaux de la société Gauduelautomobiles pour conclure un contrat de location por-tant sur un véhicule Jaguar neuf avec option d’achat,d’où il résultait que M. X... avait fait l’objet d’undémarchage, la cour d’appel n’a pas tiré les consé-quences légales de ses propres constatations et a violé letexte susvisé ;

Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer surle second moyen :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 4 novembre 2013, entre les parties, parla cour d’appel de Grenoble ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Lyon.

No 14-11.002. M. X...contre société Gauduel automobiles,

et autre.

Président : Mme Batut – Rapporteur : Mme Kamara – Avocatgénéral : M. Sudre – Avocats : SCP Fabiani, Luc-Thaler etPinatel, Me Foussard

No 30

1o QUESTION PRIORITAIRE DE CONSTITU-TIONNALITE

Loi du 24 mai 1872 – Article 26 – Droit à laliberté – Droit à la justice – Droits de ladéfense – Droit de poser une question prioritairede constitutionnalité – Liberté d’expression –Article 34 de la Constitution du 4 octobre 1958 –Principe d’égalité – Droit des citoyens deconcourir personnellement à la formation de laloi – Droit de résistance à l’oppression – Droitde propriété – Articles 88-1 et 88-2 de laConstitution du 4 octobre 1958 – Défaut d’ap-plicabilité au litige – Irrecevabilité

2o QUESTION PRIORITAIRE DE CONSTITU-TIONNALITE

Loi des 16-24 août 1790 – Article 13 – Codecivil – Article 5 – Droit à la liberté – Libertécontractuelle – Liberté d’entreprendre – Droit àla justice – Droits de la défense – Libertéd’expression – Article 34 de la Constitution du4 octobre 1958 – Principe d’égalité – Droit depropriété – Caractère sérieux – Défaut – Non-lieu à renvoi au Conseil constitutionnel

3o QUESTION PRIORITAIRE DE CONSTITU-TIONNALITE

Loi des 16-24 août 1790 – Article 13 – Loi du24 mai 1872 – Article 26 – Code civil –Article 5 – Absence de question – Non-lieu àrenvoi au Conseil constitutionnel

4 février 2015Non-lieu à renvoi

au Conseil constitutionnel

Attendu que M. Grégoire X..., Mme Suzanne X...,M. Jean Y..., Mme Marie Y..., M. Jean-Marie Y...,M. Gilbert Z..., Mme Dzovinar A..., M. Jean B... etM. Jacques C..., qui se sont pourvus en cassationcontre l’arrêt de la cour d’appel d’Aix-en-Provence du30 janvier 2014 ayant déclaré les juridictions de l’ordrejudiciaire incompétentes pour connaître du litige lesopposant au Premier ministre et au préfet des Bouches-du-Rhône, demandent, par un mémoire distinct, detransmettre au Conseil constitutionnel les questionsprioritaires de constitutionnalité ainsi rédigées :

« I. – L’article 26 de la loi du 24 mai 1872 sur l’or-ganisation du Conseil d’Etat porte-t-il atteinte aux droitset libertés garantis par la Constitution et notamment : – audroit à la liberté en général comme droit naturel de

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

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l’homme consacré par les articles 4 et 5 de la Déclarationdes droits de l’homme et du citoyen (ci-après DDH) ; – audroit à la justice et aux droits de la défense garantis parl’article 16 DDH ; – au droit de poser une question prio-ritaire de constitutionnalité garanti par l’article 16 DDHet l’article 61-1 de la Constitution du 4 octobre 1958 ;– au droit à la liberté d’expression garanti par l’arti-cle 11 DDH ; – à l’article 34 de la Constitution du4 octobre 1958 fixant, en partie, le domaine de la loi ;– au principe d’égalité garanti par l’article 6 DDH etl’article 1er de la Constitution du 4 octobre 1958 ; – audroit des citoyens de concourir personnellement à la forma-tion de la loi consacré par l’article 6 DDH ; – au droit derésistance à l’oppression garanti par l’article 2 DDH ; – audroit de propriété dont la protection est assurée par l’arti-cle 17 DDH ; – aux articles 88-1 et 88-2 de la Constitu-tion du 4 octobre 1958 ; en ce qu’il : 1o abolit de façonarbitraire tout contrôle juridictionnel concernant certainesmesures dits actes de gouvernement à la seule discrétion dupouvoir exécutif, alors même que ces actes peuvent grave-ment attenter aux droits fondamentaux ; 2o fait obstacle aucontrôle de légalité du refus opposé par le Premier ministred’un décret de présentation au Parlement d’un projet deloi ayant pour objet la transposition en droit interne d’unedécision-cadre ou d’une directive de l’Union européenne,alors même que cette transposition est notamment uneobligation constitutionnelle ; 3o crée une discriminationdans la protection juridictionnelle que la décision-cadre du28 novembre 2008 a pour objet de procurer aux victimesde négationnisme, celui-ci s’entendant comme la négationou la banalisation grossière publiques de génocides, crimescontre l’humanité ou crimes de guerre, par essence impres-criptibles, selon que les auteurs de ces crimes auront été ounon jugés par une juridiction nationale ou internationale,dès lors que les victimes de crimes contre l’humanité dontles auteurs seront disparus et donc insusceptibles de pour-suites, comme c’est le cas notamment du génocide arménienet de l’esclavage, seront privées de la protection de la loipénale ? ;

II. – La loi des 16-24 août 1790 (article 13) et l’arti-cle 5 du code civil, eu égard à la portée effective que leurconfère l’interprétation constante qu’en donnent la Cour decassation, le Conseil d’Etat et le Tribunal des conflits,portent-ils atteinte aux droits et libertés garantis par laConstitution et notamment : – au droit à la liberté engénéral comme droit naturel de l’homme, à la libertécontractuelle et au droit à la liberté d’entreprendre consa-crés par les articles 4 et 5 de la DDH ; – au droit à lajustice et aux droits de la défense garantis par l’arti-cle 16 DDH ; – au droit à la liberté d’expression garantipar l’article 11 DDH ; – à l’article 34 de la Constitutiondu 4 octobre 1958 fixant, en partie, le domaine de la loi ;– au principe d’égalité garanti par l’article 6 DDH etl’article 1er de la Constitution du 4 octobre 1958 ; – audroit de propriété garanti par l’article 17 DDH ; en cequ’ils : 1o ne font pas obstacle faute de sanction adéquate àce que le juge judiciaire prononce par voie de dispositiongénérale et réglementaire sur les causes qui lui sont sou-mises, en se référant expressément à la jurisprudence duConseil d’Etat et celle du Tribunal des conflits, au mêmetitre que la loi (incompétence négative) ; 2o conduisent àune situation génératrice de déni de justice en abolissanttout contrôle juridictionnel des actes du pouvoir exécutif, àl’entière discrétion de celui-ci ? ;

III. – Subsidiairement, l’article 13 de la loi des 16-24 août 1790, l’article 26 de la loi du 24 mai 1872et l’article 5 du code civil sont-ils susceptibles d’une réserve

d’interprétation en ce sens, qu’aux fins d’assurer en touttemps et tout lieu la garantie des droits consacrée parl’article 16 DDH, ils commandent au juge – judiciaire,comme administratif, y compris le juge de cassation – destatuer sur tous les moyens présentés par les parties, sauf àrenvoyer au Tribunal des conflits la question de compé-tence qu’il n’estimerait ressortir à aucun ordre de juridic-tion français ? » ;

Mais attendu, d’abord, que l’article 26 de la loi du24 mai 1872 portant réorganisation du Conseil d’Etatne constitue pas le fondement textuel de l’immunitéjuridictionnelle des actes de gouvernement, reconnuepar le juge administratif sans le soutien d’une disposi-tion législative ; que ce texte n’est pas, dès lors, appli-cable au litige ou à la procédure ; que la première ques-tion prioritaire de constitutionnalité posée est, par suite,irrecevable ;

Attendu, ensuite, que la deuxième question priori-taire de constitutionnalité, qui ne porte pas sur l’inter-prétation d’une disposition constitutionnelle dont leConseil constitutionnel n’aurait pas encore eu l’occasionde faire application, n’est pas nouvelle ;

Que cette question ne présente pas un caractèresérieux ; que, d’abord, conformément à la conceptionfrançaise de la séparation des pouvoirs, figure aunombre des principes fondamentaux reconnus par leslois de la République celui selon lequel, à l’exceptiondes matières réservées par nature à l’autorité judiciaire,relève en dernier ressort de la compétence de la juridic-tion administrative l’annulation ou la réformation desdécisions prises, dans l’exercice des prérogatives de puis-sance publique, par les autorités exerçant le pouvoirexécutif ; qu’ensuite, le grief tiré de la méconnaissancepar le législateur de sa propre compétence ne sauraitêtre invoqué à l’encontre de dispositions législatives qui,comme en l’espèce, sont antérieures à la Constitutiondu 4 octobre 1958 et n’ont pas été modifiées depuiscette date ; qu’enfin, les demandeurs n’explicitent pasen quoi les dispositions critiquées porteraient atteinteaux autres droits et libertés qu’ils invoquent ;

Et attendu que la troisième question posée à titresubsidiaire ne constitue pas une question prioritaire deconstitutionnalité au sens des articles 23-1 et suivantsde l’ordonnance no 58-1067 du 7 novembre 1958 por-tant loi organique sur le Conseil constitutionnel ;

D’où il suit qu’il n’y a pas lieu de renvoyer ces ques-tions au Conseil constitutionnel ;

Par ces motifs :

DIT N’Y AVOIR LIEU DE RENVOYER auConseil constitutionnel les questions prioritaires deconstitutionnalité.

No 14-21.309. M. X...,et autres

contre Premier ministre,et autre.

Président : Mme Batut – Rapporteur : Mme Canas – Avocatgénéral : M. Cailliau – Avocats : SCP Richard, Me Fous-sard

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

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No 31

RESPONSABILITE DU FAIT DES PRODUITSDEFECTUEUX

Produit – Défectuosité – Définition – Produit n’of-frant pas la sécurité à laquelle on peut légitime-ment s’attendre – Caractérisation – Applicationsdiverses

Une cour d’appel, qui constate que le gaz propane est ungaz inflammable et dangereux, à capacité hautementexplosive, dont la moindre dispersion peut provoquerune déflagration ou une explosion, contrairement au gazbutane, et que les détendeurs des gaz butane et propanesont similaires et peuvent être fixés indifféremment surtoute bouteille de gaz, de sorte qu’en l’absence deconnectique spécifique qui rendrait impossible l’ali-mentation par une bouteille de gaz propane d’une ins-tallation fonctionnant au gaz butane, un utilisateurpeut ne pas se rendre compte de l’erreur commise, quantau gaz fourni, lors de l’échange d’une bouteille videcontre une pleine, ce dont il résulte que la sécurité d’unutilisateur autre que l’acheteur de l’installation, qui n’apas nécessairement eu accès à la notice d’information ducontrat de consignation, n’est pas informé du risque pré-senté par l’utilisation de gaz propane pour l’ali-mentation d’un appareil fonctionnant au gaz butane,en déduit exactement le caractère défectueux, au sens del’article 1386-4 du code civil, de la bouteille de gazpropane qui a explosé pour avoir été utilisée, à la placed’une bouteille de gaz butane, par l’occupant provisoirede la maison dans laquelle se trouvait la gazinière ali-mentée par la bouteille en cause, dont le producteurdoit dès lors être déclaré responsable des dommages cau-sés, sans pouvoir se prévaloir, en l’espèce, de la faute dela victime prévue à l’article 1386-13 du même code.

4 février 2015 Rejet

Sur les premier et second moyens, réunis :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Limoges, 11 avril 2013),que M. X..., qui occupait provisoirement la maison deson père, a été victime de l’explosion d’une bouteille degaz propane ayant servi à l’alimentation d’une gazinièreprévue pour fonctionner avec du gaz butane ; queM. X... a assigné la société Butagaz en réparation despréjudices par lui subis ;

Attendu que la société Butagaz fait grief à l’arrêtd’accueillir les demandes, alors, selon le moyen :

1o que pour décider que la bouteille de gaz propaneétait un produit défectueux, la cour d’appel a retenu quel’aspect extérieur de la bouteille ne permettait pas d’identi-fier la nature du gaz vendu, la couleur n’étant que lesigne distinctif d’une marque ; qu’en statuant ainsi, touten constatant que le distributeur possède ses propres cou-leurs et que le gaz butane et le gaz propane sont effective-

ment différenciés, ce dont il s’inférait que les produits pou-vaient être distingués selon leurs couleurs, la cour d’appeln’a pas tiré les conséquences qui s’inféraient de ses consta-tations, et a violé l’article 1386-4 du code civil ;

2o que tout au long de leurs conclusions, les parties sesont référées à une bouteille « propane 13 kg » et non unebouteille « propane 13 kg carburation » ; que l’expertdécrivait également, dans son rapport, les vestiges d’unebouteille « propane 13 kg » ; qu’en considérant que la bou-teille de gaz propane était défectueuse parce qu’elle ne pré-sentait pas une information suffisante sur la sécurité àlaquelle pouvait s’attendre son utilisateur, motif pris qu’enl’espèce, il s’agit d’une bouteille « propane 13 kg carbura-tion », soit un produit différent que celui qui faisait l’objetdu litige entre les parties, la cour d’appel a méconnul’objet du litige en violation de l’article 4 du code de pro-cédure civile ;

3o que le juge ne peut dénaturer les termes clairs et pré-cis d’un document déterminant pour la solution du litige ;qu’en considérant que les indications portées sur la noticene concernaient pas la bouteille de « propane 13 kg »remise à M. X..., et que celui-ci avait été privé de touteinformation utile, cependant que le paragraphe consacréaux « recommandations pour l’utilisation », comme celuirelatif à la mise en service d’une bouteille Butagaz « autreque la 13 kg carburation » visait expressément les bou-teilles de 13 kg, indiquant par exemple, dans la rubriqueretrait de la bouteille « avant de débrancher la bouteille,fermer le robinet du clip pour Viseo et le Cube, pour lesbouteilles 13 kg et 35 kg fermer le robinet et remettre lechapeau protection », ce qui démontrait que la bouteille« propane 13 kg » était au contraire présentée de façondétaillée et que le contrat comportait toutes les informa-tions utiles à sa mise en service et à son fonctionnement, lacour d’appel a dénaturé les termes clairs et précis de lanotice d’information figurant en page 4 du contrat deconsignation, en violation de l’article 1134 du code civil ;

4o que la cour d’appel ne pouvait davantage affirmer,pour décider que M. X... n’avait reçu aucune informationutile, qu’il fallait feuilleter jusqu’à la neuvième page de lanotice pour trouver une référence aux bouteilles de 13 kg,cependant que la notice visait au contraire, de façonexpresse, les bouteilles de propane 13 kg dans les para-graphes « mise en service » et « recommandations pourl’utilisation », et comportait ainsi des informations relativesaux conditions générales de consignation, à la mise en ser-vice des bouteilles et aux recommandations d’utilisation ;qu’en statuant ainsi, la cour d’appel a dénaturé les termesclairs et précis de la notice d’information figurant enpage 4 du contrat de consignation, en violation de l’arti-cle 1134 du code civil ;

5o que le produit est défectueux lorsqu’il ne présente pasune sécurité « normale » et à laquelle l’utilisateur peut s’at-tendre, indépendamment de sa dangerosité intrinsèque ;qu’en se fondant, en outre, pour décider que la bouteillede gaz était un produit défectueux, sur le caractère poten-tiellement dangereux et inflammable du gaz propane, lacour d’appel a statué par des motifs inopérants et a privésa décision de base légale au regard de l’article 1386-4 ducode civil ;

6o qu’en retenant, pour écarter toute faute commise parla victime, que M. X... n’avait pas été régulièrementinformé parce que la notice figurant dans le contrat de

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consignation ne livrait aucune information relative auxopérations de contrôle que doit effectuer l’utilisateur,cependant que la notice détaillait les conditions de mise enservice du produit, précisant notamment qu’il faut « s’assu-rer que le robinet est bien fermé en tournant le volantdans le sens des aiguilles d’une montre » et « vérifier laprésence et le bon état du joint du robinet et celui dudétendeur ou de la lyre de raccordement. En cas de besoin,demander à votre revendeur Butagaz », ainsi que les« recommandations pour l’utilisation des bouteilles butaneet propane autre que la 13 kg carburation », spécifiantque la bouteille propane doit être placée à l’extérieur desbâtiments et stockée dans un espace clos renfermant desbouteilles et le type de raccordement préconisés, la courd’appel a dénaturé les termes clairs et précis de la noticed’information figurant en page 4 du contrat de consigna-tion, en violation de l’article 1134 du code civil ;

7o que la société Butagaz soutenait en particulier qu’enprocédant seul à l’assemblage du détendeur sur la chargede 13 kg de propane, et en plaçant un détendeur ina-dapté, M. X... avait fait une mauvaise utilisation du pro-duit, contraire aux prescriptions indiquées dans la noticed’utilisation ; qu’en reprochant à la société Butagaz den’avoir pas pris suffisamment de précautions d’ordre tech-nique, pour prévenir toute erreur dans l’utilisation du gazadéquat, en relevant que les bouteilles de gaz ne présen-taient pas une connectique spécifique rendant impossible lamise en place d’une bouteille propane sur une installationadaptée au butane, sans tenir compte de l’attitude deM. X..., qui, notamment, n’avait pas vérifié la présence etle bon état du joint du robinet et du détendeur ou de lalyre de raccordement, ni sollicité les conseils d’un revendeurButagaz comme le lui suggérait la notice d’information, lacour d’appel a privé sa décision de base légale au regard del’article 1386-13 du code civil ;

Mais attendu qu’ayant constaté que le gaz propaneest un gaz inflammable et dangereux, à capacité haute-ment explosive, dont la moindre dispersion peut provo-quer une déflagration ou une explosion, contrairementau gaz butane, et que les détendeurs des gaz butane etpropane sont similaires et peuvent être fixés indifférem-ment sur toute bouteille de gaz, de sorte qu’enl’absence de connectique spécifique qui rendrait impos-sible l’alimentation par une bouteille de gaz propaned’une installation fonctionnant au gaz butane, un utili-sateur tel que M. X... pouvait ne pas se rendre comptede l’erreur commise, quant au gaz fourni, lors del’échange d’une bouteille vide contre une pleine, cedont il résulte que la sécurité d’un utilisateur autre quel’acheteur de l’installation, qui n’a pas nécessairementeu accès à la notice d’information du contrat de consi-gnation, n’était pas informé du risque présenté parl’utilisation de gaz propane pour l’alimentation d’unappareil fonctionnant au gaz butane, la cour d’appel ena exactement déduit que la bouteille de gaz propaneutilisée par M. X... était un produit défectueux, au sensde l’article 1386-4 du code civil, et que la société Buta-gaz, en sa qualité de producteur, devait être déclaréeresponsable des dommages causés, sans pouvoir se pré-valoir de la faute de la victime prévue à l’article 1386-13du même code ; que le moyen, inopérant en ses quatrepremières branches et en ses sixième et septièmebranches, qui critiquent des motifs surabondants, n’estpas fondé pour le surplus ;

Par ces motifs :REJETTE le pourvoi.

No 13-19.781. Société Butagazcontre M. X...

Président : Mme Batut – Rapporteur : M. Truchot – Avocatgénéral : M. Sudre – Avocats : SCP Ortscheidt,SCP Vincent et Ohl

Sur la prise en compte de la présentation du produitdans la notion de produits défectueux, à rapprocher :

1re Civ., 9 juillet 2009, pourvoi no 08-11.073, Bull. 2009, I,no 176 (1) (rejet), et l’arrêt cité.

No 32

RESPONSABILITE DU FAIT DES PRODUITSDEFECTUEUX

Produit – Défectuosité – Preuve – Charge – Déter-mination – Portée

Il résulte des dispositions de l’article 1386-9 du code civilqu’il appartient au demandeur en réparation du dom-mage causé par un produit qu’il estime défectueux deprouver le défaut invoqué.

En conséquence, inverse la charge de la preuve etviole ce texte la cour d’appel qui, pour condamner leproducteur d’une motomarine à réparer les préjudicescausés par ce véhicule, retient que le producteur n’a pasétabli que l’étiquette rappelant la nécessité de porter unvêtement de protection ait été apposée sous le guidon dela motomarine à destination du conducteur et des passa-gers.

4 février 2015 Cassation

Sur le premier moyen, pris en sa première branche :

Vu l’article 1386-9 du code civil ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que Mme Caroline X...,passagère de son frère, M. Vincent X..., sur la motoma-rine qu’il pilotait, a été projetée en arrière lors d’uneaccélération ; qu’à la suite de sa chute, elle a été grave-ment blessée par la pression de la turbine du véhicule ;que Mme X... a assigné en réparation des préjudicessubis M. X... et la société Matmut, son assureur,lesquels ont appelé en garantie la société Bombardierproduits récréatifs, fabricant du produit ;

Attendu que pour condamner la société Bombardierproduits récréatifs à garantir M. X... et la Matmut descondamnations prononcées à leur encontre, l’arrêtretient qu’il n’est pas établi par cette société que l’éti-quette rappelant la nécessité de porter un vêtement deprotection ait été apposée sous le guidon de la moto-marine en cause à destination du conducteur et despassagers, de sorte que le véhicule n’a pas offert, par saprésentation, la sécurité à laquelle la passagère pouvaitlégitimement s’attendre ;

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Qu’en statuant ainsi, alors qu’il appartient audemandeur en réparation du dommage causé par unproduit qu’il estime défectueux de prouver le défautinvoqué, la cour d’appel a inversé la charge de la preuveet violé le texte susvisé ;

Par ces motifs et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres griefs du pourvoi :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 4 juillet 2013, entre les parties, par lacour d’appel de Douai ; remet, en conséquence, la causeet les parties dans l’état où elles se trouvaient avantledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant lacour d’appel d’Amiens.

No 13-27.505. Société Bombardierproduits récréatifs

contre M. X...,et autre.

Président : Mme Batut – Rapporteur : M. Truchot – Avocatgénéral : M. Sudre – Avocats : SCP Baraduc, Duhamel etRameix, SCP Boré et Salve de Bruneton

No 33

SANTE PUBLIQUE

Etablissement de santé – Service public hospitalier– Missions – Aide médicale d’urgence – Inter-vention d’un médecin libéral de garde – Respon-sabilité personnelle – Compétence judiciaire

Si la permanence des soins constitue une mission de servicepublic, les actes de diagnostic et de soins réalisés par unmédecin d’exercice libéral lors de son service de gardeengagent sa responsabilité personnelle, même lorsque sonintervention a été sollicitée par le centre de réception etde régulation des appels du service d’aide médicaleurgente (SAMU).

Encourt, dès lors, la cassation l’arrêt qui, pour décla-rer les juridictions de l’ordre judiciaire incompétentespour connaître de l’action en responsabilité dirigée parune patiente contre le médecin libéral de permanenceayant effectué une consultation à son domicile à lademande du médecin régulateur du SAMU, retient quela faute commise par un collaborateur occasionnel duservice public est une faute de service et que la responsa-bilité civile de l’agent ne peut être engagée.

4 février 2015 Cassation

Sur le moyen unique, pris en sa première branche :

Vu la loi des 16-24 août 1790, ensemble les arti-cles 11 et 15 du décret no 87-1005 du 16 décem-bre 1987 et les articles 69 et 77 du code de déontologie

médicale, alors applicables et devenus respectivement lesarticles R. 6311-8, R. 6311-12, R. 4127-69et R. 4127-77 du code de la santé publique ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que dans la nuit dusamedi 10 au dimanche 11 juin 2000, M. X..., méde-cin libéral de permanence, a été sollicité par le médecinrégulateur du centre de réception et de régulation desappels du Service d’aide médicale urgente (SAMU) afind’effectuer une consultation au domicile de Mme Y...,celle-ci souffrant d’une douleur du membre supérieurgauche avec sueurs, nausées et vomissements, qu’il adiagnostiqué une symptomatologie douloureuse se rap-portant à une névralgie cervico-brachiale et lui a admi-nistré un traitement anti-inflammatoire et antalgique,avant de la laisser au repos à son domicile, que des exa-mens pratiqués ultérieurement ont révélé que Mme Y...avait été victime d’un infarctus du myocarde ; qu’as-signé en responsabilité, M. X... a soulevé l’incompé-tence des juridictions de l’ordre judiciaire au profit desjuridictions administratives ;

Attendu que pour accueillir cette exception d’in-compétence, l’arrêt, après avoir énoncé que M. X... par-ticipait à une mission de service public d’aide médicaled’urgence, retient que la faute commise par un collabo-rateur occasionnel du service public est une faute deservice et que la responsabilité civile de l’agent ne peutêtre engagée, seule la personne publique pouvant êtremise en cause, sauf faute détachable du service nulle-ment alléguée en l’espèce ;

Qu’en statuant ainsi, alors que si la permanence dessoins constitue une mission de service public, les actesde diagnostic et de soins réalisés par un médecin d’exer-cice libéral lors de son service de garde engagent sa res-ponsabilité personnelle, même lorsque son interventiona été sollicitée par le centre de réception et de régula-tion des appels du SAMU, la cour d’appel a violé lestextes susvisés ;

Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres branches du moyen :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 4 avril 2012, entre les parties, par lacour d’appel de Rennes ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel d’Angers.No 14-10.337. Mme Y...

contre M. Z...,et autres.

Président : Mme Batut – Rapporteur : Mme Canas – Avocatgénéral : M. Sudre – Avocats : SCP Gatineau et Fattaccini,Me Le Prado

No 34

AGRICULTURE

Exploitation agricole – Exploitation familiale à res-ponsabilité personnelle – Rapports entre lesmembres de l’exploitation – Contrat de travail à

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salaire différé – Bénéficiaire – Droits de créance –Exercice – Exercice du vivant de l’exploitant –Condition

Il résulte de l’article L. 321-17 du code rural et de lapêche maritime que si l’exploitant peut, de son vivant,remplir le bénéficiaire d’un contrat de travail à salairedifféré de ses droits de créance, notamment par unedonation-partage, c’est à la condition que soit caractéri-sée la commune intention des parties de procéder à untel paiement.

11 février 2015 Cassation

Sur la première branche du moyen unique :

Vu l’article L. 321-17 du code rural et de la pêchemaritime ;

Attendu qu’il résulte de ce texte que si l’exploitantpeut, de son vivant, remplir le bénéficiaire d’un contratde travail à salaire différé de ses droits de créance,notamment par une donation-partage, c’est à la condi-tion que soit caractérisée la commune intention desparties de procéder à un tel paiement ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que, par acte du 6 juil-let 2000, René X... et son épouse ont donné la nue-propriété d’une maison d’habitation à leur filsM. Guy X... ; que, dans la succession de son père,décédé le 28 février 2010, celui-ci a réclamé unecréance de salaire différé pour la période de 1977à 1998, à laquelle se sont opposés ses frères, MM. Sergeet Alain X... ;

Attendu que, pour rejeter cette demande, l’arrêt atta-qué retient que la preuve d’une rémunération rendantsans objet la demande de salaire différé se trouve dansl’acte de donation du 6 juillet 2000 que les parentsdonateurs n’étaient pas tenus de motiver, de sorte quel’absence de mention de rémunération dans l’acte estindifférente ;

Attendu qu’en statuant par de tels motifs, desquels ilne résulte pas que la donation ait, dans la communeintention de l’exploitant donateur et de son fils, euvocation à remplir M. Guy X... de ses droits de créanceau titre du contrat de travail à salaire différé, la courd’appel n’a pas donné de base légale à sa décision ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 15 octobre 2013, entre les parties, parla cour d’appel de Bordeaux ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Toulouse.

No 13-27.923. M. Guy X...contre M. Serge X...,

et autre.

Président : Mme Batut – Rapporteur : M. Savatier – Avocatgénéral : Mme Valdès-Boulouque – Avocats : SCP Boré etSalve de Bruneton, SCP Rocheteau et Uzan-Sarano

Dans le même sens que :1re Civ., 29 juin 2011, pourvoi no 10-11.275, Bull. 2011, I,

no 124 (cassation partielle).

No 35

ARBITRAGE

Sentence – Recours en annulation – Cour d’appelstatuant comme amiable compositeur – Pou-voirs – Fixation du point de départ du cours desintérêts au taux légal

Une cour d’appel statuant sur le fond, en amiable compo-sition, après avoir annulé une sentence arbitrale, neméconnaît pas son office en fixant le point de départ ducours des intérêts au taux légal, portant sur des condam-nations au paiement de sommes d’argent, à la date designification de son arrêt, et non à la date prévue parl’article 1153 du code civil.

11 février 2015 Rejet

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 21 mai 2013),que, par actes du 9 janvier 1997, les parts des sociétésBoulogne distribution, Dispasud et Morandis, détenuesnotamment par les consorts X..., ont été cédées à lasociété Amidis et Cie (la société Amidis) ; que, par actesdu même jour, comprenant une clause compromissoireconfiant aux arbitres la mission de statuer en amiablecomposition, les cédants ont consenti à la société ces-sionnaire une « garantie de bilan » ; qu’un différendétant survenu entre les parties à la suite de l’appel engarantie formé par la société Amidis, celle-ci a mis enœuvre la procédure d’arbitrage qui a donné lieu au pro-noncé d’une sentence arbitrale le 25 octobre 2005,annulée par un arrêt de cour d’appel du 22 mars 2007,qui a statué au fond en amiable composition par unpremier arrêt, du 26 février 2009, puis par un secondarrêt, à la suite du dépôt du rapport d’expertiseordonné par le précédent, devenu irrévocable ;

Sur le premier moyen :

Attendu que la société Amidis fait grief à l’arrêt derejeter sa demande en garantie d’accroissement de passifau titre d’un redressement fiscal ;

Attendu que le moyen n’est manifestement pas denature à entraîner la cassation ;

Et sur le second moyen :

Attendu que la société Amidis fait grief à l’arrêt dedire que les condamnations prononcées contre lescédants, au titre de la « garantie de bilan », porterontintérêts au taux légal à compter de la signification decelui-ci, alors, selon le moyen, que le juge, même sta-tuant en amiable composition, doit respecter les règlestenant à l’ordre public de protection ; qu’en estimant pou-voir n’accorder d’intérêts au taux légal qu’à compter de lasignification de l’arrêt, en se fondant sur l’équité, la courd’appel a violé les articles 1485 (ancien) du code de procé-dure civile et 1153 du code civil ;

Mais attendu qu’en fixant à la date de significationde l’arrêt le point de départ du cours des intérêts autaux légal portant sur les condamnations prononcées, lacour d’appel n’a pas méconnu son office ; que le moyenn’est pas fondé ;

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

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. .

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-21.478. Société Amidis et Ciecontre Mme X..., agissant tant

en son nom personnelqu’en qualité de mandataire ad hoc

de la société Marly participations,et autres.

Président : Mme Batut – Rapporteur : Mme Maitrepierre –Avocat : SCP Odent et Poulet

No 36

CONVENTIONS INTERNATIONALES

Convention franco-monégasque du 21 sep-tembre 1949 – Jugements et arrêts – Exequatur –Conditions – Compétence de la juridiction sai-sie – Compétence au regard des règles françaisesde compétence internationale – Nécessité (non)

Dès lors que, selon l’article 18 de la convention franco-monégasque d’aide mutuelle judiciaire du 21 septem-bre 1949, le juge saisi doit seulement vérifier, entreautres conditions, si, d’après la loi du pays où a été ren-due la décision dont l’exécution est poursuivie, cettedécision a été rendue par une juridiction compétente, lacour d’appel n’était pas tenue de rechercher si le jugemonégasque était compétent selon les règles françaises decompétence internationale.

En conséquence doit être approuvé l’arrêt qui, enapplication de l’article 4 du code de procédure civilemonégasque, a retenu que la juridiction monégasqueétait compétente dès lors que l’époux était domicilié àMonaco et que la preuve d’une domiciliation de l’épouseen France n’était pas rapportée.

La cour d’appel, qui a estimé que la loi monégasque,alors applicable, excluait toute pension en cas de divorceaux torts partagés, a décidé, à bon droit, que l’arrêtn’était pas contraire à l’ordre public international.

11 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 12 juin 2013),

que Mme X... ayant saisi un juge français d’unedemande de divorce, l’instance a été suspendue dansl’attente de la décision du juge monégasque préalable-ment saisi par M. Y... ; que la rupture du mariage a étéprononcée aux torts partagés par le juge monégasque ;

Attendu que Mme X... fait grief à l’arrêt de déclarerirrecevable sa demande en divorce, alors, selon lemoyen :

1o qu’en matière de reconnaissance en France d’unjugement étranger, la compétence internationale du tribu-nal qui a rendu la décision suppose qu’il existe un lien

caractérisé entre la situation litigieuse et le pays où setrouve cette juridiction ; qu’en énonçant que la compétencedes juridictions monégasques devait s’apprécier par rapportà la loi monégasque , quand il lui appartenait d’examinersi la situation litigieuse présentait un lien caractérisé avecla principauté de Monaco, la cour d’appel a violé l’arti-cle 18 de la convention franco-monégasque du 21 septem-bre 1949, ensemble les principes du droit internationalprivé ;

2o qu’à supposer même que la compétence des juridic-tions monégasques doive être appréciée, au stade de lareconnaissance en France d’une décision rendue par elles,au regard de la loi de la principauté, la cour d’appel nepouvait, sauf à priver sa décision de base légale au regardde l’article 18 de la convention du 21 septembre 1949,s’abstenir d’analyser les dispositions de la loi monégasquelui permettant de retenir la compétence des juges de laprincipauté de Monaco pour statuer sur le divorce desépoux X...-Y..., sans pouvoir se retrancher derrière lareconnaissance par ces derniers de leur propre compétence ;

3o qu’en toute hypothèse, l’article 4 du code de procé-dure civile monégasque prévoyant que (les tribunaux de laPrincipauté) ne peuvent connaître des actions relatives àl’état d’un étranger, lorsque cet étranger décline leurcompétence conformément à l’article 262 et justifie avoirconservé dans son pays un domicile de droit et de faitdevant les juges duquel la demande pourrait être utilementportée , ce dont il résulte que si ce texte écarte la compé-tence des juridictions de la Principauté, lorsque, s’agissantde son état, l’étranger la conteste, il ne précise nullementque ces juridictions sont normalement compétentes pour enconnaître, la cour d’appel ne pouvait retenir, sur ce fonde-ment, la compétence internationale des tribunaux moné-gasques, sans dénaturer la loi étrangère, en violation del’article 3 du code civil, ensemble l’article 18 de la conven-tion franco-monégasque du 21 septembre 1949 ;

4o qu’est contraire à l’ordre public international le juge-ment étranger qui retient la faute de l’épouse ayant quittéle domicile conjugal en raison des violences de son mari ;qu’en constatant la conformité à l’ordre public inter-national de l’arrêt de la cour d’appel de Monaco, aprèsavoir pourtant constaté que ce jugement avait relevé lesviolences de M. Y... à l’égard de Mme X... et que la fauteretenue à l’encontre de cette dernière résidait surtout dansle fait qu’elle avait refusé la réconciliation que son maritentait, la cour d’appel a violé l’article 18 de la conven-tion franco-monégasque du 21 septembre 1949, ensemblele principe d’égalité entre les époux ;

5o que l’arrêt de la cour d’appel de Monaco retient qu’àplusieurs reprises et sur une période relativement longue, lespremiers événements remontant à 1981, Coenraad Y...s’est publiquement montré violent à l’encontre de sonépouse, par voie d’insultes proférées, d’humiliations infligéesen public (voies de fait et tentative d’éjection du véhiculeen marche) et dernièrement un abandon sur une autorouteavec ses valises alors que Caroline X... devait prendre unavion (arrêt Monaco, p. 10, § 3), avant de relever que cecomportement constitue une faute rendant intolérable lemaintien de la vie commune ; qu’en retenant, aucontraire, que cette décision aurait constaté que le compor-

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

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tement du mari dont se plaignait la femme (violence, ava-rice) est très ancien et qu’il est exclu que les mauvais trai-tements qu’elle reproche aujourd’hui à son mari aient pujustifier son départ, la cour d’appel l’a dénaturée, en viola-tion de l’article 509 du code de procédure civile et l’arti-cle 18 de la convention franco-monégasque du 21 septem-bre 1949, ensemble l’interdiction qui lui est faire dedénaturer les documents de la cause ;

6o qu’est contraire à l’ordre public international le juge-ment étranger qui n’accorde à l’épouse aucune prestationcompensatoire, ni aucun aliment, peu important que ledivorce ait été prononcé aux torts partagés ; qu’en consta-tant la conformité à l’ordre public international de l’arrêtde la cour d’appel de Monaco, après avoir pourtant relevéque ce jugement n’accordait à Mme X... ni pension ali-mentaire, ni prestation compensatoire, la cour d’appel aviolé l’article 18 de la convention franco-monégasque du21 septembre 1949, ensemble les principes régissant l’ordrepublic alimentaire ;

7o que si l’ordre public international produit un effetatténué lorsqu’il s’agit d’apprécier la validité d’une situa-tion constituée à l’étranger, il en va autrement lorsquecette situation présente des liens de proximité avec laFrance ; qu’en appréciant la conformité de l’arrêt de lacour d’appel de Monaco à l’ordre public international, auregard de son effet atténué, quand la nationalité françaisede Mme X... et son domicile en France exigeaient quel’ordre public international joue dans toute sa rigueur, lacour d’appel a violé l’article 18 de la convention franco-monégasque du 21 septembre 1949, ensemble les principesdu droit international privé ;

Mais attendu, d’abord, qu’aux termes de l’article 18de la convention franco-monégasque d’aide mutuellejudiciaire du 21 septembre 1949, le juge saisi doit seu-lement vérifier, entre autres conditions, si, d’après la loidu pays où a été rendue la décision dont l’exécution estpoursuivie, cette décision a été rendue par une juridic-tion compétente, de sorte que la cour d’appel n’étaitpas tenue de rechercher si le juge monégasque étaitcompétent selon les règles françaises de compétenceinternationale ; que par motifs propres et adoptés, enapplication de l’article 4 du code de procédure civilemonégasque, elle a, à bon droit, retenu que la juridic-tion monégasque était compétente dès lors que M. Y...était domicilié à Monaco et que la preuve d’une domi-ciliation de Mme X... en France n’était pas rapportée ;

Attendu, ensuite, qu’ayant estimé que la décisionétrangère n’avait pas retenu que le seul fait pourMme X... d’avoir demandé le divorce était constitutifd’une faute, la cour d’appel en a exactement déduit quecette décision n’était pas contraire à l’ordre public fran-çais ;

Attendu, enfin, qu’ayant estimé que la loi moné-gasque, alors applicable, excluait toute pension en casde divorce aux torts partagés, la cour d’appel a décidé, àbon droit, que l’arrêt n’était pas contraire à l’ordrepublic international ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-25.572. Mme X..., épouse Y...contre M. Y...

Président : Mme Batut – Rapporteur : M. Hascher – Avocatgénéral : Mme Valdès-Boulouque – Avocats : SCP Fabiani,Luc-Thaler et Pinatel, SCP Delaporte, Briard et Trichet

Sur l’application de l’article 18 de la conventionfranco-monégasque du 21 septembre 1949, dans le mêmesens que :

1re Civ., 10 décembre 1980, pourvoi no 79-15.176,Bull. 1980, I, no 324 (2) (rejet).

Sur la conformité du jugement étranger à l’ordrepublic international français, à rapprocher :

1re Civ., 8 juillet 2010, pourvoi no 08-21.740, Bull. 2010, I,no 162 (cassation sans renvoi).

No 37

MINEUR

Administration légale – Administrateur légal – Ges-tion des biens du mineur – Exclusion – Cas –Clause d’exclusion de l’administration légale surles biens revenant à l’enfant du testateur –Caractérisation – Legs

La clause d’exclusion de l’administration légale sur lesbiens revenant à l’enfant mineur du testateur dans sasuccession caractérise un legs.

11 février 2015 Cassation

Sur la seconde branche du moyen unique :

Vu l’article 1134 du code civil, ensemble les arti-cles 383 et 389-3, alinéa 3, du même code ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que Olivier X... estdécédé le 10 décembre 2010 en laissant à sa successionses deux enfants mineurs, Eden, née le 3 mai 2006, etDavid-Alexandre, né le 16 septembre 2007, de sonmariage avec Mme Y..., dissous par leur divorce pro-noncé le 29 octobre 2009 ; qu’il laissait un testamentolographe aux termes duquel il léguait 33,33 % desbiens de sa succession à sa sœur, Mme Z..., et déclarait« je suis opposé à ce que mon ex-épouse administre etgère mon patrimoine qui reviendra à mes enfants etconfie cette mission exclusivement à ma sœur Patri-cia Z..., qui se fera le cas échéant assister de monpère » ; que le juge aux affaires familiales a été saisi duconflit opposant Mme Y... et Mme Z... quant à l’admi-nistration des biens des mineurs ;

Attendu que, pour décider que la mère des enfantsmineurs était administratrice légale sous contrôle judi-ciaire des biens leur revenant dans la succession de leur

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père et bénéficiait du droit de jouissance légale dans lesconditions des articles 383 et suivants du code civil,qu’elle pouvait accepter en cette qualité les biens prove-nant de ladite succession purement et simplement etsigner tous les actes afférents au règlement de celle-ci,de décharger M. Nessim X..., grand-père des mineurs,de sa fonction d’administrateur ad hoc aux fins de déli-vrance du legs au nom des mineurs au profit deMme Patricia Z..., et de décharger celle-ci de sa mis-sion d’administratrice des biens des mineurs, chacundevant rendre compte de sa mission au juge aux affairesfamiliales dans un délai d’un mois, l’arrêt retient qu’iln’y a pas eu de donation ou de legs aux mineurs, quepar conséquent les dispositions de l’article 389-3 ducode civil ne peuvent s’appliquer ;

Qu’en statuant ainsi, alors que la clause d’exclusionde l’administration légale qui emportait privation de lajouissance légale de la mère avait nécessairement poureffet d’augmenter les droits des mineurs sur leur émolu-ment dans la succession de leur père, de sorte qu’unetelle clause stipulée par le testateur pour « mon patri-moine qui reviendra à mes enfants », caractérisait unlegs, la cour d’appel a dénaturé cet acte en violation destextes susvisés ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 24 septembre 2013, entre les parties,par la cour d’appel de Paris ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Versailles.

No 13-27.586. Mme Z...,et autre

contre Mme Y..., divorcée X...

Président : Mme Batut – Rapporteur : M. Savatier – Avocatgénéral : Mme Valdès-Boulouque – Avocats : SCP Masse-Dessen, Thouvenin et Coudray, SCP Potier de la Vardeet Buk-Lament

No 38

PROCEDURE CIVILE

Ordonnance de clôture – Révocation – Condition

Lorsque le juge révoque l’ordonnance de clôture, cette déci-sion, qui doit être motivée par une cause grave, doitintervenir avant la clôture des débats, ou sinon, s’ac-compagner d’une réouverture de ceux-ci.

11 février 2015 Cassation

Vu leur connexité, joint les pourvois no 14-13.979 et13-28.054 ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que le 31 décembre1993, le Comptoir des entrepreneurs a consenti un prêtà M. X... ; qu’une hypothèque a été inscrite sur unimmeuble appartenant en indivision à celui-ci et àMme Y... pour garantir la créance ; que, se prévalant decelle-ci, le Crédit foncier de France les a assignés enliquidation de l’indivision et pour voir ordonner la lici-tation de l’immeuble ;

Sur le premier moyen des pourvois qui sont rédigésen termes identiques :

Vu les articles 16 et 784 du code de procédurecivile ;

Attendu que, lorsque le juge révoque l’ordonnancede clôture, cette décision, qui doit être motivée par unecause grave, doit intervenir avant la clôture des débats,ou sinon, s’accompagner d’une réouverture de ceux-ci ;

Attendu que, pour statuer au vu de conclusions quiavaient été signifiées par le Crédit foncier de Franceaprès l’ordonnance de clôture du 22 mai 2013 enréponse aux conclusions signifiées la veille de celle-cipar M. X..., l’arrêt relève que la société appelante avaitfait état d’une cause grave justifiant que la clôture fûtrévoquée et reportée au jour des débats ;

Qu’en procédant ainsi, sans ordonner la réouverturedes débats, la cour d’appel a violé les textes susvisés ;

Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres griefs :

CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 10 septembre 2013, entre les parties,par la cour d’appel de Rennes ; remet, en conséquence,la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel d’Angers.

No 13-28.054 et 14-13.979. M. X...contre société Crédit

foncier de France,et autres.

Président : Mme Batut – Rapporteur : M. Savatier – Avocatgénéral : Mme Valdès-Boulouque – Avocats : SCP Roche-teau et Uzan-Sarano, SCP Célice, Blancpain, Soltner etTexidor

Sur les conditions dans lesquelles la révocation de l’or-donnance de clôture peut intervenir, à rapprocher :

3e Civ., 3 avril 1997, pourvoi no 93-10.301, Bull. 1997, III,no 82 (cassation), et l’arrêt cité ;

2e Civ., 11 janvier 2001, pourvoi no 98-20.811, Bull. 2001,II, no 8 (cassation).

No 39

SUCCESSION

Acceptation sous bénéfice d’inventaire – Effets –Impossibilité de renoncer

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

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Il résulte de l’article 783 du code civil, dans sa rédactionantérieure à celle issue de la loi no 2006-728 du23 juin 2006, que celui qui a accepté une succession,fût-ce sous bénéfice d’inventaire, ne peut plus, par lasuite, renoncer à l’hérédité.

11 février 2015 Cassation

Sur le moyen unique, pris en ses deux branches :

Vu l’article 783 du code civil, dans sa rédaction anté-rieure à celle issue de la loi no 2006-728 du23 juin 2006 ;

Attendu qu’il résulte de ce texte que celui qui aaccepté une succession, fût-ce sous bénéfice d’inven-taire, ne peut plus, par la suite, renoncer à l’hérédité ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que, le 9 juin 2004,Mme X... a, en sa qualité d’administratrice légale souscontrôle judiciaire de ses enfants mineurs, Lucien etAgathe, accepté sous bénéficie d’inventaire la successiondu père de ceux-ci, Bertrand Y..., décédé le19 avril 2004 ; que, le 16 mars 2006, elle a, ès qualités,déclaré renoncer à la succession ; qu’un jugement du15 octobre 2009 a déclaré la succession vacante et dési-gné le trésorier-payeur général en qualité de curateur ;qu’un jugement du 12 mai 2011 a déchargé ce dernierde la curatelle au motif que la renonciation deMme X..., ès qualités, à la succession était nulle enapplication de l’article 801 du code civil ;

Attendu que, pour accueillir la tierce opposition for-mée par Mme X..., ès qualités, et rétracter cette déci-sion, après avoir exactement retenu qu’en applicationdes articles 783 à 800 anciens du code civil, l’héritierqui a accepté une succession sous bénéfice d’inventairene peut renoncer à cette succession, l’arrêt énonce quesi le notaire a établi un aperçu de la succession de Ber-trand Y..., aucun inventaire tel qu’exigé par l’article 794du code précité n’a été dressé, que tant que l’inventairen’a pas été dressé, l’acceptation sous bénéfice d’inven-taire reste sans effet, de sorte que l’héritier peut renon-cer à la succession s’il n’a pas fait acte d’héritier ou s’iln’existe pas contre lui un jugement passé en force dechose jugée qui le condamne en qualité d’héritier pur etsimple et que tel est le cas en l’espèce ;

Qu’en remettant en cause l’option successorale exer-cée par Mme X..., ès qualités, la cour d’appel a violé letexte susvisé ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 13 janvier 2014, entre les parties, par lacour d’appel de Douai ; remet, en conséquence, la causeet les parties dans l’état où elles se trouvaient avantledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant lacour d’appel d’Amiens.

No 14-14.419. Direction régionale des finances publiquesde la région du Nord Pas-de-Calais

et du département du Nord,agissant en qualité de curateur

à la succession vacante de M. Y...,représenté par le service des domaines

- Direction générale des finances publiquescontre Mme X..., prise en qualité

d’administratrice légalede ses enfants Lucien et Agathe Y...

Président : Mme Batut – Rapporteur : M. Reynis – Avocats :SCP Thouin-Palat et Boucard, SCP Roger, Sevaux etMathonnet

Dans le même sens que :

1re Civ., 18 octobre 1994, pourvoi no 92-21.692, Bull. 1994,I, no 301 (rejet).

No 40

AVOCAT

Barreau – Inscription au tableau – Conditions par-ticulières – Obligation de subir avec succès l’exa-men de contrôle des connaissances en déontolo-gie et réglementation professionnelle – Absencede centre régional de formation professionnelleen Polynésie française – Indifférence

Viole l’article 98-1 du décret no 91-1197 du 27 novem-bre 1991 organisant la profession d’avocat et l’article 2de l’arrêté du 30 avril 2012 fixant le programme et lesmodalités de l’examen de contrôle des connaissances endéontologie et réglementation professionnelle prévu àl’article susvisé, ensemble l’arrêté du 6 décembre 2004fixant le siège et le ressort des centres régionaux de for-mation professionnelle d’avocats, la cour d’appel quiretient que, sauf à imposer une obligation de déplace-ment en métropole rompant l’égalité entre avocats, cettecondition ne peut être remplie, dès lors que cet examenne peut être organisé en Polynésie française.

18 février 2015 Cassation

Sur le moyen unique, pris en sa première branche :

Vu l’article 98-1 du décret no 91-1197 du 27 novem-bre 1991 organisant la profession d’avocat et l’article 2de l’arrêté du 30 avril 2012 fixant le programme et lesmodalités de l’examen de contrôle des connaissances endéontologie et réglementation professionnelle prévu àl’article susvisé, ensemble l’arrêté du 6 décembre 2004fixant le siège et le ressort des centres régionaux de for-mation professionnelle d’avocats ;

Attendu qu’il résulte du premier de ces textes, appli-cable en Polynésie française, que les personnes bénéfi-ciant d’une dispense prévue à l’article 98 doivent avoirsubi avec succès devant le jury prévu à l’article 69 unexamen de contrôle des connaissances en déontologie et

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

40

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réglementation professionnelle, du deuxième, que lecandidat peut passer l’examen du centre de formationprofessionnelle de son choix indépendamment du res-sort du barreau qui a statué sur sa demande d’inscrip-tion au tableau et, du troisième, qu’aucun centre régio-nal de formation professionnelle n’a son siège enPolynésie française ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que par décision du7 juin 2013, le conseil de l’ordre des avocats au barreaude Papeete a inscrit M. X... au tableau de ce barreau enapplication de l’article 98, 2o, du décret susvisé, souscondition de réussite à l’examen de contrôle desconnaissances en déontologie et réglementation profes-sionnelle prévu à l’article 98-1 précité ; que, se préva-lant de l’absence d’un arrêté applicable en Polynésiefrançaise fixant le programme et les modalités d’organi-sation de ce contrôle des connaissances, celui-ci a forméun recours ;

Attendu que, pour ordonner l’inscription de M. X...au tableau du barreau de Papeete, l’arrêt retient quel’examen, prévu par l’article 98-1 applicable en Polyné-sie française, ne peut y être organisé dès lors quel’arrêté du 30 avril 2012 ne porte pas mention de sonapplication dans cette collectivité ultra-marine, ce quirend cette condition impossible à réaliser sauf à imposerau candidat un déplacement en métropole, lequelconstituerait une rupture d’égalité entre avocats ;

Qu’en statuant ainsi, la cour d’appel a violé, parrefus d’application, les textes susvisés ;

Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres branches du moyen :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 26 septembre 2013, entre les parties,par la cour d’appel de Papeete ; remet, en conséquence,la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Paris.

No 13-28.473. Conseil de l’ordredes avocats au barreau de Papeete

contre M. X...

Président : Mme Batut – Rapporteur : Mme Wallon – Avo-cats : SCP Monod, Colin et Stoclet, SCP de Chaisemartinet Courjon

Sur l’application en Polynésie française de décretsconcernant la profession d’avocat, à rapprocher :

2e Civ., 8 février 2006, pourvoi no 04-18.379, Bull. 2006, II,no 46 (1) (cassation).

No 41

AVOCAT

Barreau – Règlement intérieur – Rémunérationd’apports d’affaires – Prohibition – Portée

L’article 11.3. du règlement intérieur national (RIN) dela profession d’avocat qui prohibe toute rémunérationd’apports d’affaires, ne concerne que les relations entrel’avocat et son client.

18 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Papeete, 24 octo-bre 2013), que la Selarl Froment-Meurice, avocat aubarreau de Paris, a sollicité du conseil de l’ordre desavocats au barreau de Papeete l’autorisation d’ouvrir uncabinet secondaire à Tahiti ; que cette autorisation lui aété refusée par décision du 24 mai 2013 ; que la SelarlFroment-Meurice a déféré cette décision à la courd’appel ;

Attendu que le conseil de l’ordre des avocats au bar-reau de Papeete fait grief à l’arrêt d’annuler sa décisionet d’ordonner l’inscription d’un cabinet secondaire de laSelarl Froment-Meurice à ce barreau, alors, selon lemoyen, que l’article 11.3. du règlement intérieur national(RIN) de la profession d’avocat interdit non seulement lepacte de quota litis mais également la rémunération d’ap-ports d’affaires ; qu’en l’espèce, le conseil de l’ordre faisaitvaloir que le contrat de collaboration prévoyait, à son arti-cle 12, que Mme X... serait rémunérée pour la clientèlequ’elle apporterait à la Selarl Froment-Meurice, à hauteurde 20 % des honoraires encaissés sur ladite clientèle ; qu’enestimant que ce dispositif n’était pas contraire au RIN,sans rechercher, comme elle y était invitée, s’il ne prévoyaitpas une rémunération d’apports d’affaires, la cour d’appela privé sa décision de base légale au regard de l’arti-cle 11.3. du RIN, ensemble l’article 11 du décret du12 juillet 2005 ;

Mais attendu que l’arrêt énonce que l’article 11.3. duRIN, qui prohibe toute rémunération d’apports d’af-faires, ne concerne que les relations entre l’avocat et sonclient ; qu’il relève qu’aucun élément du dossier neconfirme l’allégation du conseil de l’ordre selon laquellel’article 12 du contrat de collaboration stipule unerémunération d’apports d’affaires et en déduit que larémunération complémentaire allouée à Mme X... sousforme d’un pourcentage des honoraires perçus par lecabinet pour les dossiers apportés et traités par celle-cine contrevient pas aux dispositions du RIN du bar-reau ; que par ces seuls motifs, la cour d’appel, qui aprocédé à la recherche prétendument omise, a légale-ment justifié sa décision ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 14-10.460. Conseil de l’ordredes avocats au barreau de Papeete

contre société Froment-Meuriceet associés,

et autre.

Président : Mme Batut – Rapporteur : Mme Wallon – Avo-cats : SCP Monod, Colin et Stoclet, SCP Garreau, Bauer-Violas et Feschotte-Desbois

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

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No 42

AVOCAT

Discipline – Procédure – Conseil de l’ordre –Décision – Recours – Cour d’appel – Recevabi-lité – Condition

Le recours devant la cour d’appel, prévu à l’article 16 dudécret no 91-1197 du 27 novembre 1991, est formé parlettre recommandée avec demande d’avis de réceptionadressée au secrétariat-greffe ou remis contre récépissé augreffier en chef.

Dès lors, n’est pas recevable le recours effectué pardéclaration orale reçue par un greffier.

18 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l ’arrêt attaqué (Toulouse,26 février 2014), que le procureur général près la courd’appel de Toulouse a formé un recours contre la déci-sion rendue par le conseil de discipline à l’encontre deM. X..., avocat, par déclaration orale reçue par un gref-fier de cette cour d’appel ;

Attendu que le procureur général fait grief à l’arrêtde déclarer son recours irrecevable, alors, selon lemoyen :

1o que les modalités d’exercice de la voie de recoursédictées par les dispositions de l’article 16 du décretno 91-1197 du 27 novembre 1991 organisant la professiond’avocat, qui ne sont prescrites ni à titre impératif ni àpeine d’irrecevabilité, n’étant destinées qu’à donner datecertaine au recours et à régler toute contestation sur cepoint, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;

2o que dès lors que l’appel a été formé dans le délaiimparti, dans un document intitulé déclaration d’appel ,signé du magistrat et authentifié par le greffier qui aattesté l’avoir reçu et qui l’a enregistré, accompagné de lacopie de la décision critiquée, ce qui ne laisse aucune équi-voque sur la date du recours, sur sa nature, ou le droitd’agir et la qualité de l’autorité qui l’exerce, ou encore lafonction de l’agent assermenté auprès de qui il a étédéposé, la seule circonstance que l’appel ait été reçu et dac-tylographié par une simple greffière apparaît sans consé-quence sur sa validité ; que la cour d’appel a ainsi violé,par fausse application, l’article 16 du décret no 91-1197du 27 novembre 1991 ;

Mais attendu que, selon l’article 16 du décret no 91-1197 du 27 novembre 1991, le recours devant la courd’appel est formé par lettre recommandée avecdemande d’avis de réception adressée au secrétariat-greffe ou remis contre récépissé au greffier en chef ;

Et attendu qu’ayant relevé que le recours avait étéeffectué par déclaration orale reçue par un greffier, lacour d’appel en a exactement déduit qu’il n’était pasrecevable ;

D’où il suit que le moyen ne peut être accueilli ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 14-50.040. Procureur généralprès la cour d’appel de Toulouse

contre M. X...,et autre.

Président : Mme Batut – Rapporteur : Mme Wallon – Avocatgénéral : M. Drouet – Avocat : SCP Waquet, Farge etHazan

No 43

CONFLIT DE LOIS

Propriété littéraire et artistique – Droits voisins dudroit d’auteur – Droits des artistes-interprètes –Titulaire initial – Détermination – Loi appli-cable – Loi du pays où la protection est réclamée

La règle de conflit de lois applicable à la détermination dutitulaire initial des droits d’artiste-interprète et de pro-ducteur de phonogrammes désigne la loi du pays où laprotection est réclamée.

18 février 2015 Rejet

Donne acte à la société Emi Music France de cequ’elle se désiste de son pourvoi et à la société CulturePress de ce qu’elle se désiste de son pourvoi en ce qu’ilest dirigé contre la société Daniels and Partners ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 15 octo-bre 2010), que soutenant être titulaires des droitsd’artistes-interprètes et/ou de producteurs sur diversenregistrements, fixés en Jamaïque entre 1964 et 1985,M. X... né Y..., dit Z..., M. A..., dit B..., M. C...,dit D..., et M. E... ont assigné en contrefaçon les socié-tés Culture Press et Emi Music France, leur reprochantd’avoir commercialisé en France, sans leur autorisation,plusieurs phonogrammes reproduisant ces enregistre-ments ;

Sur le premier moyen :

Attendu que la société Culture Press fait grief àl’arrêt de faire application de la loi française, de direque la fabrication et la commercialisation en France desphonogrammes litigieux caractérisent une atteinte auxdroits d’artistes-interprètes et, le cas échéant, de produc-teurs de MM. X..., A..., C... et E..., de la condamner àréparation à leur profit et à garantie au profit de lasociété Emi Music France et de prononcer diversesmesures d’injonction et d’interdiction, alors, selon lemoyen :

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

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1o que l’article 19 du Copyright Act de 1911 disposeque la personne qui est propriétaire des bandes mères à ladate où elles ont été réalisées sera considérée comme étantle titulaire des droits ; qu’en affirmant qu’il ne pouvaitêtre déduit de la généralité des termes de ce texte que lepropriétaire des bandes mères était initialement investi del’ensemble des droits voisins du droit d’auteur sur les enre-gistrements dont elles constituaient le support, la cour d’ap-pel a dénaturé le droit étranger applicable, violant l’arti-cle 3 du code civil, ensemble le texte précité ;

2o qu’en retenant en outre, pour contester que les pro-priétaires des bandes mères aient pu être investis à titreoriginaire de l’ensemble des droits voisins sur les prestationsqui s’y trouvaient fixées, que les artistes-interprètes revendi-quaient la qualité de coproducteurs de certains des enre-gistrements en litige et que cette qualité leur avait étéreconnue par les premiers juges, la cour d’appel, qui a sta-tué par un motif inopérant, a de nouveau violé l’article 3du code civil, ensemble l’article 19 du Copyright Act de1911 ;

3o qu’il incombe au juge français qui reconnaît appli-cable un droit étranger d’en rechercher, soit d’office, soit àla demande d’une partie qui l’invoque, la teneur, avec leconcours des parties et personnellement s’il y a lieu, et dedonner à la question litigieuse une solution conforme audroit positif étranger ; que la cour d’appel, qui a admisque le Copyright Act de 1911 était applicable au litige, anéanmoins retenu, pour l’évincer au profit de l’arti-cle L. 212-3 du code de la propriété intellectuelle, que sesdispositions étaient équivoques ; qu’en statuant ainsi, lacour d’appel a méconnu son office et violé l’article 3 ducode civil ;

4o que la Convention de Rome du 26 octobre 1961prévoit, en son article 20, qu’elle ne porte pas atteinte auxdroits acquis dans un Etat contractant avant qu’elle n’yentre en vigueur ; qu’il s’en déduit qu’elle n’a pu remettreen cause ni les droits des producteurs d’origine sur les pres-tations fixées en Jamaïque avant le 27 janvier 1994, ni lavalidité des chaînes de contrats subséquentes ; qu’en affir-mant que les sociétés Culture Press et Emi Music France,qui tenaient leurs droits d’utilisation des producteurs d’ori-gine des prestations litigieuses, enregistrées en Jamaïqueentre 1964 et 1985, auraient néanmoins dû solliciterl’autorisation de Z..., B..., D... et Boris E..., en applica-tion du principe conventionnel du traitement national, lacour d’appel a violé le texte précité par refus d’application ;

5o que les effets des contrats conclus antérieurement àune loi nouvelle dépourvue d’effet rétroactif demeurentrégis par les dispositions antérieures, même s’ils continuentà se réaliser postérieurement ; que l’autorisation d’utiliserla prestation d’un artiste-interprète régulièrement obtenueavant l’entrée en vigueur de l’article L. 212-3 du code dela propriété intellectuelle continue à produire ses effetsaprès le 1er janvier 1986, sans que la poursuite de l’exploi-tation soit subordonnée à la délivrance d’une nouvelleautorisation écrite de l’artiste-interprète ; que les sociétésCulture Press et Emi Music France, qui tiennent leursdroits d’utilisation des producteurs d’origine, régulièrementinvestis, avant le 1er janvier 1986, de l’ensemble des droitsde propriété intellectuelle sur les enregistrements litigieux,n’avaient pas à solliciter l’autorisation écrite des artistes-interprètes ; qu’en décidant du contraire, la cour d’appel aviolé l’article 2 du code civil, ensemble le texte précité par

fausse application et le principe de sécurité juridique quidécoule de l’article 6, § 1, de la Convention de sauvegardedes droits de l’homme et des libertés fondamentales ;

Mais attendu que la règle de conflit de lois applicableà la détermination du titulaire initial des droitsd’artiste-interprète et de producteur de phonogrammesdésigne la loi du pays où la protection est réclamée ;que la cour d’appel a relevé qu’elle était saisie desatteintes qui auraient été portées, à compter denovembre 1996, aux droits de MM. X..., A..., C...et E... du fait de la fabrication et de la commercialisa-tion, en France, des enregistrements litigieux ; qu’il enrésulte que, suivant la règle de conflit applicable, lelitige est soumis à la loi française ; que par ce motif depur droit, substitué à ceux critiqués dans les conditionsde l’article 1015 du code de procédure civile, la déci-sion déférée se trouve légalement justifiée ;

Sur le second moyen :

Attendu que la société Culture Press fait grief àl’arrêt de la condamner aux dépens de première ins-tance et d’appel et au paiement de frais irrépétibles auprofit de M. E..., alors, selon le moyen, que la partieperdante est condamnée aux dépens, à moins que le juge,par décision motivée, n’en mette la totalité ou une fractionà la charge d’une autre partie ; que le juge condamne lapartie tenue aux dépens ou, à défaut, la partie perdante, àpayer à l’autre partie la somme qu’il détermine, au titredes frais exposés et non compris dans les dépens ; qu’il s’endéduit que la condamnation de la partie qui n’a pas suc-combé aux dépens et au paiement des frais irrépétibles doitêtre assortie d’une motivation spéciale ; qu’en condamnantla société Culture Press, au profit de M. E..., aux dépenset frais irrépétibles de première instance et d’appel, sansassortir sa décision d’une motivation spéciale, bien queM. E... ait été débouté de toutes ses demandes à l’encontrede la société Culture Press, la cour d’appel a violé les arti-cles 696 et 700 du code de procédure civile ;

Mais attendu que la société Culture Press n’a pasobtenu la condamnation qu’elle réclamait, à l’encontrede M. E..., sur le fondement de l’article 700 du codede procédure civile ; que, dès lors qu’elle succombaitpartiellement en ses prétentions, la cour d’appel n’a faitqu’user de son pouvoir discrétionnaire en mettant à sacharge les dépens ainsi qu’une indemnité au titre desfrais irrépétibles ; que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 11-11.054. Société Culture Press,et autre

contre M. X... dit Z... né Y..., et autres.

Président : Mme Batut – Rapporteur : Mme Canas – Premieravocat général : M. Ingall-Montagnier – Avocat : SCP Piw-nica et Molinié

Dans le même sens que :

1re Civ., 19 juin 2013, pourvoi no 12-18.032, Bull. 2013, I,no 128 (rejet).

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

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No 44

1o CONTRATS ET OBLIGATIONS CONVEN-TIONNELLES

Consentement – Nullité – Cause – Violence –Violence par contrainte économique – Exclu-sion – Applications diverses – Courtage en assu-rance – Absence d’état de dépendance écono-mique du courtier à l’assureur

2o CONTRATS ET OBLIGATIONS CONVEN-TIONNELLES

Cause – Cause illicite – Contrariété à l’ordrepublic – Caractérisation – Défaut – Cas – Stipu-lation d’une clause modulant le droit à commis-sion du courtier – Portée

1o Justifie légalement sa décision de rejeter la demande ennullité pour violence, par contrainte économique, d’uneclause de réduction des commissions d’apport et de ges-tion insérée à l’occasion de la renégociation d’uneconvention de délégation de gestion de risques aggravés,la cour d’appel qui ayant relevé que le courtier grossistedélégataire, dont le rang de classement et le chiffre d’af-faires, supérieur à celui de l’assureur délégant, témoi-gnaient d’une position éminente sur le marché du cour-tage en assurance, n’avait entrepris aucune démarcheavant la prise d’effet de la résiliation de la premièreconvention, alors pourtant qu’il n’était pas lié à sonpartenaire par une clause d’exclusivité, pour trouver unnouvel assureur auprès duquel placer ces risques, faitainsi ressortir l’absence d’état de dépendance économiquedu courtier grossiste.

2o La stipulation, dans une convention de délégation degestion de risques aggravés, d’une clause modulant ledroit à commission du courtier grossiste délégataire, enconsidération des performances de sa gestion, pour l’inci-ter à remédier aux résultats déficitaires des secteurs quilui sont confiés, participe des mécanismes de maîtrise durisque opérationnel dont l’assureur, porteur des risques,doit conserver le contrôle.

Dès lors, justifie sa décision la cour d’appel qui,ayant justement énoncé que le commissionnement ducourtier grossiste en assurance ressortit à la libertécontractuelle, puis relevé que la clause de réduction liti-gieuse, introduite à la suite des résultats opérationnelsdéficitaires enregistrés durant l’exécution d’une premièreconvention de délégation, ne visait qu’à inciter le cour-tier, par une pénalité financière, à mettre en œuvre lesmesures de redressement auxquelles il s’était engagé lorsde la négociation de la seconde convention, afin de« relancer l’activité sur des zones techniques rentables »et de « maîtriser le coût de la sinistralité sur certainssecteurs déficitaires », pour permettre à l’assureur, seul

porteur des risques, de « dégager une marge technique »,retient qu’une telle clause n’a pas pour cause l’exerciceillicite de la réassurance.

18 février 2015 Rejet

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 1er octo-bre 2013), que la société Altima assurances (la sociétéAltima), habilitée par agrément administratif à assurerles risques automobiles aggravés ou temporaires, aconfié la souscription et la gestion des contrats d’assu-rance entrant dans le périmètre de cette habilitation à lasociété François Bernard assurances (la société FBA),courtier grossiste, par une convention du 12 septem-bre 2005, laquelle, prévoyant que le courtier percevraitdes commissions d’apport et de gestion ainsi qu’uneparticipation aux bénéfices, a été résiliée par l’assureur,avec effet au 31 décembre 2007, en raison de ses résul-tats déficitaires ; que les parties ont conclu une secondeconvention, signée le 31 juillet 2008 et prenant effet au1er janvier précédent, qui comportait, en son article 5 § 3,une clause de réduction des commissions de courtage etde gestion en cas de déficit du résultat opérationnelannuel de l’assureur ; qu’invoquant les résultats défici-taires des deux exercices suivants, la société Altima aréclamé le remboursement de trop-perçus sur commis-sions que le courtier a refusé de payer, en opposant lanullité de cette clause ; qu’après avoir mis un terme àleur partenariat, les parties ont soumis leur différendfinancier à l’arbitrage du Centre français d’arbitrage deréassurance et d’assurance, en vertu de la clausecompromissoire stipulée dans la convention de déléga-tion ;

Sur le premier moyen :

Attendu que la société FBA fait grief à l’arrêt deconfirmer la sentence arbitrale rendue à Paris le 6 jan-vier 2012 en ce qu’elle rejette l’exception de nullitépour violence, par contrainte économique, de la clausede réduction de ses commissions de courtage et de ges-tion, alors, selon le moyen :

1o que pour établir que les discussions de 2007 étaientintervenues sous le poids d’une contrainte économique exer-cée par l’assureur, la société Altima, de sorte qu’elle-même,courtier, avait été contrainte d’accepter la clause litigieuse,la société FBA avait en particulier souligné que ces dis-cussions avaient été menées non pas par le président de lasociété Altima, mais par le président de son conseil de sur-veillance, M. X..., lequel avait ainsi agi comme s’il s’agis-sait de la propre gestion de la société Altima, imposée à lasociété FBA ; qu’en retenant dès lors la validité et l’appli-cabilité de la clause litigieuse, sans avoir recherché, commeelle y était invitée, si cette circonstance n’était pas denature à révéler la contrainte économique sous laquelleétait intervenue la conclusion de la clause litigieuse, lacour d’appel a privé sa décision de base légale au regard del’article 1134 du code civil, ensemble de l’article 1108 ducode civil ;

2o que pour justifier que la clause litigieuse lui ait étéimposée dans des conditions qui ne respectaient pas lesengagements contractuels des parties, la société FBA avaitrappelé qu’aux termes de l’article 6-2 de la convention de

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

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délégation, le ratio S/P [sinistres/primes] avait été stricte-ment défini, les sinistres (S) désignant les montants desindemnités réglées et provisionnées, écrêtés à 150 kiloseuros nets des frais de gestion de l’assureur, et les primesdésignant les primes principales, nettes de taxes et decommissionnements ; que la société FBA avait soulignéqu’au regard de cette définition contractuelle du mode decalcul, les chiffres, au 31 août 2007, faisaient apparaîtreun ratio S/P écrêté à 150 kilos euros de 73 %, très suffi-sant ; que pour justifier l’existence de résultats prétendu-ment mauvais, nécessitant la clause litigieuse, la sociétéAltima a fait état d’un ratio S/P de 82 % à la même pé-riode ; que cependant, la société FBA a établi que ce cal-cul, en violation des engagements contractuels initiauxalors applicables, intégrait les frais de réassurance et unmontant de primes comprenant les commissions ; qu’ils’ensuivait que la clause litigieuse avait été imposée à lasociété FBA dans des conditions contraires aux engagementsdes parties ; qu’en se déterminant dès lors comme elle l’afait, sans rechercher, comme elle y était invitée, si les mau-vais résultats prétendus, unilatéralement invoqués par lasociété Altima, ne reposaient pas sur une violation desengagements contractuels définissant le ratio S/P, la courd’appel a privé sa décision de base légale au regard del’article 1134 du code civil, ensemble de l’article 1108 ducode civil ;

3o que pour retenir enfin que la clause litigieuse n’au-rait pas été imposée économiquement à la société FBA parl’assureur, la cour d’appel a retenu que les relations entreles parties se sont poursuivies d’un commun accord, que lasociété FBA figurait au trente-sixième rang des courtiers enFrance, réalisait un chiffre d’affaires en 2006 supérieur àcelui de la société Altima, qu’elle avait une position émi-nente sur le marché du courtage et qu’elle n’avait pas faitde démarche pour trouver un autre assureur avant 2008 ;qu’en se déterminant ainsi, par des motifs impropres àexclure que les dispositions de la clause litigieuse aient étéacceptées sous la contrainte économique de la sociétéAltima, la cour d’appel a derechef privé sa décision de baselégale au regard de l’article 1134 du code civil, ensemblede l’article 1108 du code civil ;

Mais attendu qu’ayant relevé que la société FBA,dont le rang dans le classement des courtiers en Franceet le chiffre d’affaires, supérieur en 2006 à celui réalisépar son partenaire, témoignaient d’une position émi-nente sur le marché du courtage en assurance, n’avaitentrepris aucune démarche avant la prise d’effet de larésiliation de la première convention, alors pourtantqu’elle n’était pas liée à la société Altima par une claused’exclusivité, pour trouver un nouvel assureur auprèsduquel placer les risques, comme elle allait le faire avecsuccès lors de la résiliation de la seconde convention, lacour d’appel a, par ces seuls motifs, faisant ressortirl’absence d’état de dépendance économique du courtiergrossiste, justifié légalement sa décision de rejeter l’ex-ception de nullité pour violence, par contrainte écono-mique ;

Sur le quatrième moyen :

Attendu que la société FBA fait grief à l’arrêt de reje-ter le moyen de nullité de la clause de réduction liti-gieuse pour cause illicite, alors, selon le moyen :

1o que l’opération de réassurance est l’activité quiconsiste à accepter des risques d’assurance cédés, l’assureurse déchargeant ainsi d’une partie des risques qu’il a sous-

crits ; que la réassurance peut prendre les modalités d’uneréassurance en excédent de pertes, l’assureur, appelé alorssociété cédante, se protégeant contre un risque jugé excessifde sinistralité ; que cette activité est interdite au courtier,sous peine de sanctions pénales ; que pour justifier que lacause de la clause litigieuse, illicite, était nulle, la sociétéFBA, courtier, avait soutenu sur le fondement du rapportde M. Y... qu’elle mettait en œuvre une opération de réas-surance dès lors qu’elle lui imposait, moyennant le rem-boursement d’une partie de ses commissions, de concourir àla couverture des sinistres aux côtés de la société Altima, desorte qu’elle se trouvait dans une situation similaire à celled’un réassureur de la société Altima ; que pour écarter cemoyen, la cour d’appel a retenu qu’il n’y avait pas réassu-rance puisque le courtier [n’était] pas tenu d’indemniser lestiers et assurés victimes des sinistres garantis ; qu’en sedéterminant ainsi, sur le fondement d’une définition erro-née de la réassurance, la cour d’appel a privé sa décisionde base légale au regard de l’article L. 310-1-1 du codedes assurances, ensemble des articles 1108 et 1131 du codecivil ;

2o que pour écarter la demande de la société FBA, quifaisait valoir que la clause litigieuse emportait illégalementtransfert du risque assurantiel sur le courtier, la cour d’ap-pel a retenu en outre que la clause visait uniquement àinciter le courtier, par une pénalité financière, à mettre enœuvre des mesures de redressement, le courtier ayant libre-ment accepté la réduction de sa commission ; qu’en sedéterminant par de tels motifs, inopérants, sans rechercher,comme elle y était invitée, si la clause litigieuse n’aboutis-sait pas à faire peser sur la société FBA une activité deréassurance en excédent de pertes, dès lors qu’elle prévoyaitune participation mécanique et annuelle du courtier à lagestion du risque à hauteur de 10 % de ses commissions àla gestion du risque global de l’assureur, non limité à lacouverture d’assurance, et ainsi le financement illicite, parce courtier, des pertes de l’assureur, la cour d’appel a privésa décision de base légale au regard de l’article L. 310-1-1du code des assurances et des articles 1108 et 1131 ducode civil ;

3o que tout jugement, à peine de censure, doit êtremotivé ; qu’à cette fin, le juge doit, même sommairement,analyser l’ensemble des documents versés aux débats ; qu’enl’espèce, sur la question essentielle au litige de savoir si laclause contestée faisait ou non peser sur le courtier uneobligation prohibée de réassurance, la société FBA avaitproduit aux débats l’expertise très détaillée de M. Y...,qu’elle citait abondamment en ses écritures, et qui consta-tait que, par la clause litigieuse, la convention de 2008avait introduit un mécanisme de réassurance où l’assureur,en violation de la loi, était protégé par le courtier ; qu’ense dispensant de tout examen, même sommaire, de ce docu-ment d’analyse circonstancié sur la question débattue, lacour d’appel a violé l’article 455 du code de procédurecivile ;

Mais attendu que la stipulation, dans une conventionde délégation de gestion de risques aggravés, d’uneclause modulant le droit à commission du courtiergrossiste délégataire, en considération des performancesde sa gestion, pour l’inciter à remédier aux résultatsdéficitaires des secteurs qui lui sont confiés, participedes mécanismes de maîtrise du risque opérationnel dontl’assureur doit conserver le contrôle ;

Et attendu qu’ayant justement énoncé que lecommissionnement du courtier grossiste en assuranceressortit à la liberté contractuelle, et relevé que la clause

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

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litigieuse, introduite à la suite des résultats opération-nels déficitaires enregistrés durant l’exécution de la pre-mière convention, ne visait qu’à inciter le courtier, parune pénalité financière, à mettre en œuvre les mesuresde redressement auxquelles il s’était engagé lors de lanégociation de la seconde convention, afin de « relancerl’activité sur des zones techniques rentables » et de« maîtriser le coût de la sinistralité sur certains secteursdéficitaires », pour permettre à l’assureur, seul porteurdes risques, de « dégager une marge technique », la courd’appel, abstraction faite du motif erroné mais surabon-dant que critique la première branche, a légalement jus-tifié sa décision en retenant qu’une telle clause n’avaitpas pour cause l’exercice illicite de la réassurance ;

Et attendu que les deuxième et troisième moyens nesont manifestement pas de nature à entraîner la cassa-tion ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-28.278. Société François Bernard assurancescontre société Altima assurances.

Président : Mme Batut – Rapporteur : Mme Verdun – Avocatgénéral : M. Drouet – Avocats : SCP Odent et Poulet,SCP Baraduc, Duhamel et Rameix

No 45

SEPARATION DES POUVOIRS

Compétence judiciaire – Domaine d’application –Installations classées pour la protection de l’envi-ronnement – Action en responsabilité du fait del’exploitation – Demande de remise en état dusite – Portée

Les juridictions de l’ordre judiciaire ont compétence pourse prononcer sur l’action en responsabilité exercée par lepropriétaire privé d’un terrain, sur lequel une installa-tion classée pour la protection de l’environnement estimplantée, contre l’exploitant de droit privé de cette ins-tallation et qui tend à obtenir l’exécution, en nature oupar équivalent, de l’obligation légale de remise en étatdu site pesant sur ce dernier.

18 février 2015 Cassation

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que la sociétéAncienne briqueterie de Limonest (la société ABL), pro-priétaire d’un terrain sur lequel une installation classéepour la protection de l’environnement a été exploitéejusqu’en 1980, a assigné les sociétés exploitantes et leursayants droit prétendus aux fins d’obtenir leur condam-nation à procéder à la dépollution du site et au retire-

ment des déchets industriels stockés, ainsi qu’au paie-ment d’une provision à valoir sur l’indemnisation deson préjudice ;

Sur le premier moyen :

Attendu que ce moyen n’est manifestement pas denature à entraîner la cassation ;

Mais sur le second moyen :

Vu la loi des 16-24 août 1790, ensemble l’article 34du décret no 77-1133 du 21 septembre 1977 pris pourl’application de la loi no 76-663 du 19 juillet 1976 rela-tive aux installations classées pour la protection del’environnement, alors en vigueur, et l’article 1147 ducode civil ;

Attendu que les juridictions de l’ordre judiciaire ontcompétence pour se prononcer sur l’action en responsa-bilité exercée par le propriétaire privé d’un terrain, surlequel une installation classée pour la protection del’environnement est implantée, contre l’exploitant dedroit privé de cette installation et qui tend à obtenirl’exécution, en nature ou par équivalent, de l’obligationlégale de remise en état du site pesant sur ce dernier ;

Attendu que, pour déclarer les juridictions de l’ordrejudiciaire incompétentes pour connaître du litige et ren-voyer les parties à mieux se pourvoir, l’arrêt, après avoirrelevé que la demande de la société ABL, même si ellepouvait être en lien avec des relations contractuellesentre sociétés commerciales, tendait à une condamna-tion à la dépollution du site litigieux et au retirementdes déchets industriels, énonce que l’administration, quiest en charge de la police des installations classées,contrôle de telles opérations, dont le contentieux est dela compétence exclusive de la juridiction administra-tive ;

Qu’en statuant ainsi, la cour d’appel a méconnul’étendue de ses pouvoirs et violé les textes susvisés ;

Par ces motifs :CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,

l’arrêt rendu le 31 octobre 2013, entre les parties, parla cour d’appel de Lyon ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Grenoble.No 13-28.488. Société Ancienne briqueterie

de Limonest (ABL)contre société Motul,

et autres.

Président : Mme Batut – Rapporteur : Mme Darret-Cour-geon – Avocat général : M. Drouet – Avocats :SCP Bénabent et Jéhannin, SCP Fabiani, Luc-Thaler etPinatel, SCP Piwnica et Molinié, Me Bertrand

No 46

SEPARATION DES POUVOIRS

Compétence judiciaire – Domaine d’application –Litige relatif à un contrat de droit privé –Contrat de droit privé – Caractérisation – Cas –

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

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Convention tripartite par laquelle une sociétéadjudicataire d’un marché public délègue le pou-voir adjudicateur pour le paiement de la créancedue à son fournisseur

La convention tripartite par laquelle une société adjudica-taire d’un marché public délègue le pouvoir adjudica-teur pour le paiement de la créance due à son fournis-seur est, eu égard à son objet purement financier,l’accessoire du contrat de fourniture et revêt, par suite,un caractère de droit privé.

18 février 2015 Cassation

Sur le moyen unique, pris en sa deuxième branche :

Vu la loi des 16-24 août 1790 et le décret du16 fructidor an III ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, rendu en référé, qu’àl’occasion de la construction et de la réhabilitation delogements locatifs, l’Office public de l’habitat ReimsHabitat Champagne-Ardenne (l’OPH) a confié la réali-sation de travaux d’électricité à la société Lannez, qui apassé commande de matériels auprès de la société SNE ;que par trois conventions tripartites, l’OPH s’est engagéà payer à la société SNE les créances correspondant auxcommandes effectuées par la société Lannez ; que lasociété SNE, agissant en vertu de ces délégations, a assi-gné l’OPH en paiement d’une provision ; que celui-ci asoulevé l’incompétence des juridictions de l’ordre judi-ciaire au profit des juridictions administratives ;

Attendu que pour déclarer les juridictions judiciairesincompétentes pour connaître du litige et renvoyer lesparties à mieux se pourvoir, l’arrêt, après avoir relevéque le délégué s’était obligé à payer au délégataire lescréances du délégant « sur la base des décomptes men-suels correspondant aux chantiers », retient qu’en accep-tant de signer les délégations de créances litigieuses,l’OPH a poursuivi l’objectif d’assurer l’exécution d’unemission de service public, en aménageant les rapports leliant à son cocontractant originaire au stade du règle-ment des marchés publics de travaux, de sorte que cesdélégations ne constituent qu’une modalité d’exécutiondes stipulations contractuelles relatives au paiement des-dits marchés, dont elles sont indissociables ;

Qu’en statuant ainsi, alors que la convention tripar-tite par laquelle la société adjudicataire d’un marchépublic délègue le pouvoir adjudicateur pour le paiementde la créance due à son fournisseur est, eu égard à sonobjet purement financier, l’accessoire du contrat defourniture et revêt, par suite, un caractère de droitprivé, la cour d’appel a méconnu l’étendue de ses pou-voirs et violé les textes susvisés ;

Par ces motifs et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres branches du moyen :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 12 novembre 2013, entre les parties, parla cour d’appel de Reims ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Nancy.

No 14-10.030. Société SNEcontre Office public de l’habitat

Reims Habitat Champagne-Ardenne,et autre.

Président : Mme Batut – Rapporteur : Mme Darret-Cour-geon – Avocats : SCP Waquet, Farge et Hazan, Me Car-bonnier

Sur la nature d’une convention tripartite conclue entreune personne publique, un délégataire de service publicet un crédit-bailleur, à rapprocher :

1re Civ., 28 mai 2008, pourvoi no 07-17.648, Bull. 2008, I,no 159 (rejet), et la décision citée.

No 47

SEPARATION DES POUVOIRS

Compétence judiciaire – Exclusion – Cas –Contentieux du recouvrement de l’impôt –Contentieux relatif à une contribution ne présen-tant ni un caractère direct ni un caractère indi-rect – Applications diverses – Redevance super-ficiaire due par les titulaires de concessionsminières en Nouvelle-Calédonie

Lorsqu’un prélèvement obligatoire n’a ni le caractère d’unecontribution directe ni celui d’une contribution indi-recte, son contentieux est compris parmi le contentieuxgénéral des actes et opérations de puissance publique etrelève, à ce titre, de la juridiction administrative.

Tel est le cas de la redevance superficiaire due par lestitulaires de concessions minières en application del’article Lp. 131-3 du code minier de la Nouvelle-Calédonie.

18 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Nouméa, 17 juin 2013),que soutenant être exonérée du paiement de la rede-vance superficiaire due par les titulaires de concessionsminières en application de l’article Lp. 131-3 du codeminier de la Nouvelle-Calédonie, la société Le Nickel acontesté devant les juridictions judiciaires les titres deperception émis à son encontre pour l’exercice 2010 ;que le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a sou-levé une exception d’incompétence au profit des juridic-tions administratives ;

Attendu que la société Le Nickel fait grief à l’arrêt dedéclarer les juridictions judiciaires incompétentes pourconnaître du litige alors, selon le moyen :

1o que la redevance superficiaire due par le titulaired’un titre de concession minière en Nouvelle-Calédonie ala nature d’une redevance fiscale et non d’une redevance

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PREMIÈRE PARTIE PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE

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domaniale ; qu’en retenant que la redevance superficiairedont le paiement était réclamé à la société Le Nickel avaitla nature d’une redevance domaniale, car elle serait verséeen contrepartie de l’exploitation de la concession de mines,quand le montant de la taxe était fixé en fonction de lasuperficie concédée – exploitée ou non – et non du volumeextrait, quand le bénéficiaire de la redevance était, non lesProvinces qui avaient concédé le titre d’exploitation, maisla Nouvelle-Calédonie qui en affectait le produit en recetteà un établissement public administratif dénommé Fondsnickel et n’était pas propriétaire de la surface dans le tré-fonds de laquelle étaient exploitées les mines faisant l’objetdu titre de concession, la cour d’appel a violé la loi des16-24 août 1790, le décret de fructidor an III, ensemblele principe de la séparation des pouvoirs et l’article L. 1112du code des impôts de la Nouvelle-Calédonie ;

2o que la redevance superficiaire due par le titulaired’un titre de concession minière ne constitue pas la contre-partie d’une occupation du domaine public ; qu’en énon-çant le contraire, par adoption des motifs des premiersjuges, pour en déduire que la redevance superficiaire quela société Le Nickel contestait devoir avait la nature d’uneredevance domaniale dont la connaissance ressortissait à lacompétence des juridictions administratives, la cour d’appela violé la loi des 16-24 août 1790, le décret de fructidoran III, ensemble le principe de la séparation des pouvoirset l’article L. 1112 du code des impôts de la Nouvelle-Calédonie ;

3o que toute contestation relative à un titre de percep-tion de la redevance superficiaire minière de Nouvelle-Calédonie est de la compétence des juridictions de l’ordrejudiciaire, peu important que la contestation relative autitre de concession soit de la compétence des juridictionsadministratives ; qu’en décidant que les tribunaux del’ordre administratif étaient compétents, au motif que letitre de concession et la redevance qui s’y rattachaitdevaient être soumis au même régime juridique, la courd’appel a violé la loi des 16-24 août 1790, le décret defructidor an III, ensemble le principe de la séparation despouvoirs et l’article L. 1112 du code des impôts de laNouvelle-Calédonie ;

4o que le défaut de réponse à conclusions équivaut à undéfaut de motifs ; qu’en décidant que les tribunaux del’ordre administratif étaient compétents, sans répondre auxconclusions de la société Le Nickel ayant fait valoir que laredevance superficiaire avait une nature fiscale, par cela

seulement qu’elle était affectée en recette à un établissementpublic administratif (le Fonds nickel), la cour d’appel aviolé l’article 455 du code de procédure civile de Nouvelle-Calédonie ;

5o que les juges du fond doivent répondre à tous lesmoyens opérants des parties ; qu’en énonçant que la rede-vance superficiaire minière de Nouvelle-Calédonie n’avaitpas une nature fiscale, sans répondre aux conclusions de lasociété Le Nickel ayant souligné que le bénéficiaire de lataxe était, non les Provinces qui délivraient le titre deconcession minière, mais la Nouvelle-Calédonie, la courd’appel a violé l’article 455 du code de procédure civile deNouvelle-Calédonie ;

Mais attendu que lorsqu’un prélèvement obligatoiren’a ni le caractère d’une contribution directe ni celuid’une contribution indirecte, son contentieux estcompris parmi le contentieux général des actes et opéra-tions de puissance publique et relève, à ce titre, de lajuridiction administrative ; qu’ayant énoncé que la déli-vrance d’une concession minière était une décisionadministrative unilatérale et que le contentieux relatif àla délivrance, au renouvellement, à la durée ou à laconsistance de telles concessions relevait du juge admi-nistratif, la cour d’appel a retenu à bon droit que laredevance superficiaire se rattachait au titre minier,dont elle constituait la contrepartie, et en a exactementdéduit, sans avoir à répondre à des conclusions que sesconstatations rendaient inopérantes, que son conten-tieux ressortissait à la juridiction administrative ;

D’où il suit que le moyen, inopérant en ses deuxpremières branches qui critiquent des motifs surabon-dants, n’est pas fondé pour le surplus ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-26.910. Société Le Nickelcontre gouvernement

de Nouvelle-Calédonie,et autre.

Président : Mme Batut – Rapporteur : Mme Darret-Cour-geon – Avocats : SCP Odent et Poulet, SCP Meier-Bourdeau et Lécuyer

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CHAMBRES CIVILES

DEUXIÈME PARTIE - DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

FÉVRIER 2015

No 20

INDEMNISATION DES VICTIMES D’IN-FRACTION

Bénéficiaires – Victime d’un accident du travailimputable à un tiers

Les dispositions propres à l’indemnisation des victimes d’in-fraction sont applicables, selon l’article L. 454-1 ducode de la sécurité sociale, aux victimes d’un accidentdu travail imputable à la faute d’un tiers.

5 février 2015 Cassation

Sur le moyen unique :

Vu les articles L. 451-1 et L. 454-1 du code de lasécurité sociale et 706-3 du code de procédure pénale ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué et les productions, quele 4 juin 2008, M. X..., employé par la société Man-power et mis à la disposition de la société EuromilNord, a effectué une chute dans les escaliers en procé-dant à une livraison chez un client de la société utilisa-trice ; qu’invoquant une infraction résultant d’un man-quement de ce client aux règles de sécurité, il a saisiune commission d’indemnisation des victimes d’infrac-tion pour obtenir le versement d’une indemnité provi-sionnelle et la désignation d’un expert ;

Attendu que pour rejeter ces demandes, l’arrêt retientqu’à supposer établi que les faits reprochés par M. X...à la boulangerie cliente de l’entreprise utilisatrice pré-sentent le caractère matériel d’une infraction, la courd’appel ne peut que constater que l’accident en litigerépond à la définition de l’accident du travail, en cesens qu’il s’est produit dans l’un des lieux où s’est exer-cée la mission d’intérim ; qu’il s’ensuit que M. X... nepeut se prévaloir des dispositions de l’article 706-3 ducode de procédure pénale pour prétendre à une indem-nisation ;

Qu’en statuant ainsi, alors que les dispositionspropres à l’indemnisation des victimes d’infraction sontapplicables aux victimes d’un accident du travail impu-table à la faute d’un tiers, la cour d’appel a violé lestextes susvisés ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 11 décembre 2012, entre les parties, parla cour d’appel de Reims ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Nancy.

No 13-11.945. M. X...contre fonds de garantie des victimes

des actes de terrorismeet d’autres infractions.

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Touati – Avocatgénéral : M. Lautru – Avocats : SCP Odent et Poulet,SCP Delaporte, Briard et Trichet

Dans le même sens que :

2e Civ., 29 avril 2004, pourvoi no 02-13.050, Bull. 2004, II,no 197 (rejet).

No 21

OFFICIERS PUBLICS OU MINISTERIELS

Avoué – Tarif (décret du 30 juillet 1980) – Emo-lument – Avoué d’une partie appelée en inter-vention forcée – Assiette – Détermination – Por-tée

L’avoué d’une partie appelée en intervention forcée a droità un émolument calculé sur le montant de la demandeformée à l’encontre de l’intervenant et non sur le mon-tant de la demande principale, dès lors que la demandeen intervention forcée n’a ni le même objet ni le mêmefondement que la demande principale, peu importantqu’ait été formée une demande aux fins de déclarationde jugement commun.

5 février 2015 Cassation

Sur le moyen unique, pris en sa première branche :

Vu les articles 9, 24 et 25 du décret no 80-608 du30 juillet 1980 ;

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

20

. .

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que la SCI Châteaudes Ducs de Bretagne (la société) était propriétaire indi-vise d’un immeuble à Nantes, exploité à titre commer-cial par la société Hôtel de la Duchesse Anne ; que le17 juin 2004 un incendie a ravagé l’hôtel assuré contrece risque auprès de la société Albingia ; que celle-ci adésigné un expert, le cabinet Ris Saretec, l’exploitant, leCabinet Roux, et les bailleresses, le Cabinet Collomé ;que la société a assigné ce dernier en intervention forcéeen recherchant sa responsabilité pour avoir établi unétat des pertes sous-évaluant son préjudice à hauteur de1 000 000 d’euros ; que la cour d’appel ayant dit irrece-vable l’appel en intervention forcée formé par la sociétécontre le Cabinet Collomé, et l’ayant condamnée auxdépens, l’avoué de celui-ci a déposé un état de frais encalculant ses émoluments sur la somme de5 537 993,05 euros, correspondant au montant de lademande faite à l’encontre de la société Albingia ; qu’ila obtenu d’un greffier un certificat de vérification arrê-tant son état de frais à la somme de 13 275,81 euros ;

Attendu que pour débouter la société de sa contesta-tion de l’état de frais de l’avoué du Cabinet Collomé,l’arrêt énonce que l’examen de l’assignation en inter-vention forcée démontre que la responsabilité de cecabinet est recherchée en raison du devis d’une entre-prise qui a servi de base à l’évaluation de l’expert judi-ciaire et dont le chiffrage a été réalisé suivant un cahierdes charges et un quantitatif remis par les parties et éla-boré à partir de l’état des pertes établi par ce cabinet ;qu’elle fait donc le lien entre la faute imputée à l’expertd’assuré et le montant de l’indemnité d’assurance duepar la société Albingia ; qu’au demeurant la société sol-licite que l’arrêt soit déclaré commun au Cabinet Col-lomé ; qu’il en résulte que c’est bien sur la base de lacondamnation prononcée au principal contre la sociétéAlbingia que doivent être calculés les émoluments del’avoué ;

Qu’en statuant ainsi, alors que la demande en inter-vention forcée formée par la société à l’encontre duCabinet Collomé n’avait ni le même objet ni le mêmefondement que la demande principale et ne portait quesur la somme de 1 000 000 d’euros, la cour d’appel aviolé les textes susvisés ;

Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres branches :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 9 octobre 2013, entre les parties, par lacour d’appel de Rennes ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Rennes, autrement composée.

No 13-26.663. Société civile immobilière(SCI) Château des Ducs de Bretagne

contre société civile professionnelle(SCP) Jean-Jacques Bazille.

Président : Mme Flise – Rapporteur : M. Taillefer – Avocatgénéral : M. Lautru – Avocats : Me Balat, SCP Rousseau etTapie

A rapprocher :

2e Civ., 12 mars 1986, pourvoi no 84-15.616, Bull. 1986, II,no 33 (cassation), et l’arrêt cité.

No 22

RESPONSABILITE DELICTUELLE OUQUASI DELICTUELLE

Dommage – Réparation – Préjudice moral – Préju-dice moral lié aux souffrances psychiques et auxtroubles qui y sont associés – Préjudice non dis-tinct – Portée

Le préjudice moral lié aux souffrances psychiques et auxtroubles qui y sont associés étant inclus dans le poste depréjudice temporaire des souffrances endurées ou dans leposte de préjudice du déficit fonctionnel permanent, ilne peut être indemnisé séparément au titre d’un préju-dice distinct.

5 février 2015 Cassation partielle sans renvoi

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que M. X..., fonction-naire de police, victime dans l’exercice de ses fonctionsd’une tentative de meurtre, dont une cour d’assises adéclaré deux accusés coupables, a saisi une commissiond’indemnisation des victimes d’infraction d’unedemande d’indemnisation de ses préjudices sur le fon-dement de l’article 706-3 du code de procédure pénale ;

Attendu qu’il n’y a pas lieu de statuer par une déci-sion spécialement motivée sur le premier moyen qui estirrecevable et sur le second moyen, pris en ses premièreet troisième branches, qui n’est manifestement pas denature à entraîner la cassation ;

Mais sur le second moyen, pris en sa deuxièmebranche :

Vu l’article 706-3 du code de procédure pénale,ensemble le principe de la réparation intégrale du préju-dice sans perte ni profit pour la victime ;

Attendu que, pour allouer à la victime diversesindemnités réparant notamment, d’une part, les souf-frances endurées et le déficit fonctionnel permanent,d’autre part, un préjudice moral exceptionnel, l’arrêténonce que la cour d’assises, dans son arrêt du28 mars 2011, a retenu que les débats avaient révéléque les fonctionnaires de police se sont trouvés encer-clés et agressés le 25 comme le 26 novembre 2007 pardes jets de plombs ou de divers projectiles, dans l’im-possibilité de se protéger efficacement, en difficultépour évacuer ceux qui, parmi eux, étaient blessés, lesvéhicules et notamment ceux de secours étant eux-mêmes la cible des agresseurs et qu’ainsi ces cir-

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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. .

constances avaient engendré chez chacune des victimesun sentiment d’angoisse générateur d’un préjudicemoral exceptionnel qui devait être indemnisé ; que nonseulement M. X... a reçu des plombs au niveau desjambes et des organes vitaux mais son évacuation versl’hôpital et son séjour se sont déroulés dans des condi-tions particulièrement difficiles et en outre ces faits ontravivé le souvenir du décès de son père, égalementfonctionnaire de police, alors qu’il était en service ; quece préjudice moral exceptionnel tel que vécu lors dudéroulement des faits ne constitue pas une doubleindemnisation, le déficit fonctionnel permanent dupoint de vue psychologique ne recouvrant pour sa partque les conséquences postérieures du traumatisme ;

Qu’en statuant ainsi, alors que le préjudice moral liéaux souffrances psychiques et aux troubles qui y sontassociés étant inclus dans le poste de préjudice tempo-raire des souffrances endurées ou dans le poste de pré-judice du déficit fonctionnel permanent, il ne peut êtreindemnisé séparément, la cour d’appel a réparé deuxfois le même préjudice et violé le principe susvisé ;

Et vu l’article 627 du code de procédure civile, aprèsavis donné aux parties en application de l’article 1015du code de procédure civile ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’ilalloue à M. X..., en réparation d’un préjudice moralexceptionnel, la somme de 8 000 euros, l’arrêt rendu le26 septembre 2013, entre les parties, par la cour d’ap-pel de Versailles ;

DIT n’y avoir lieu à renvoi ;

Rejette la demande de M. X... tendant à se voirallouer une certaine somme au titre d’un préjudicemoral exceptionnel.

No 14-10.097. Fonds de garantiedes victimes des actes de terrorisme

et d’autres infractionscontre M. X...

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Lazerges – Avocatgénéral : M. Lautru – Avocats : SCP Delaporte, Briard etTrichet, SCP Garreau, Bauer-Violas et Feschotte-Desbois

Dans le même sens que :2e Civ., 16 septembre 2010, pourvoi no 09-69.433,

Bull. 2010, II, no 155 (rejet).

No 23

SECURITE SOCIALE, ACCIDENT DU TRA-VAIL

Action de la victime ou de ses ayants droit contrel’employeur – Article L. 455-1-1 du code de lasécurité sociale – Conditions – Véhicule conduitpar l’employeur, un préposé ou une personneappartenant à la même entreprise – Défaut –Portée

Il résulte de l’article L. 455-1-1 du code de la sécuritésociale que la victime d’un accident du travail peut pré-tendre à une indemnisation complémentaire del’employeur sur le fondement de la loi no 85-677 du5 juillet 1985 lorsque l’accident survient sur une voieouverte à la circulation publique et qu’il implique unvéhicule terrestre à moteur conduit par l’employeur, unpréposé ou une personne appartenant à la même entre-prise qu’elle.

Dès lors, viole ce texte une cour d’appel qui, aprèsavoir constaté que la victime d’un accident du travail,qui assurait une livraison de pain, est descendue duvéhicule qu’elle conduisait pour procéder à son décharge-ment lorsque l’engin dont les freins étaient insuffisam-ment serrés l’a percutée, retient que la loi du 5 juil-let 1985 est applicable et condamne l’assureur del’employeur à l’indemniser sur ce fondement, alors qu’ilressortait de ses propres constatations que l’accidentn’impliquait pas un véhicule conduit par l’employeur,un copréposé ou une personne appartenant à la mêmeentreprise que la victime.

5 février 2015 Cassation

Sur le premier moyen :

Vu l’article L. 455-1-1 du code de la sécurité sociale ;

Attendu qu’il résulte de ce texte que la victime d’unaccident du travail peut prétendre à une indemnisationcomplémentaire de l’employeur sur le fondement de laloi no 85-677 du 5 juillet 1985 lorsque l’accident sur-vient sur une voie ouverte à la circulation publique etqu’il implique un véhicule terrestre à moteur conduitpar l’employeur, un préposé ou une personne apparte-nant à la même entreprise qu’elle ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que Mme X...,employée par un boulanger, a été victime d’un accidentdu travail en effectuant une livraison, le véhicule de sonemployeur qu’elle avait stationné sur une voie en penteet dont les freins étaient insuffisamment serrés s’étantdéplacé en la renversant alors qu’elle ouvrait les por-tières arrière pour procéder au déchargement du pain ;que Mme X... a fait assigner l’assureur de sonemployeur, la Mutuelle d’assurance des professions ali-mentaires (l’assureur) en indemnisation de son préju-dice, en présence de la caisse primaire d’assurance mala-die de l’Allier ;

Attendu que pour condamner l’assureur à indemniserintégralement Mme X... des conséquences de l’accidentdont elle a été victime, l’arrêt énonce qu’il est acquisque Mme X... était descendue du véhicule de sonemployeur puisque se trouvant à l’arrière et ouvrant lesportières de celui-ci ; qu’elle est restée préposée de sonemployeur dans le cadre de la livraison de pain qu’elleeffectuait pour son compte, ce dernier demeurant gar-dien du véhicule qu’il lui avait confié ; qu’il estconstant que le domaine de l’action prévue par l’arti-cle L. 455-1-1 du code de la sécurité sociale n’est paslimité au seul cas où la victime n’est pas le conducteurdu véhicule impliqué et que la loi du 5 juillet 1985 estapplicable dans le cas de l’accident causé par le véhiculeau préposé conducteur descendu de celui-ci, comme enl’espèce ;

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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. .

Qu’en statuant ainsi, alors qu’il ressortait de sespropres constatations que l’accident n’impliquait pas unvéhicule conduit par l’employeur, un copréposé ou unepersonne appartenant à la même entreprise que la vic-time, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;

Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer surle second moyen :

CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 21 août 2013, entre les parties, par lacour d’appel de Riom ; remet, en conséquence, la causeet les parties dans l’état où elles se trouvaient avantledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant lacour d’appel de Lyon.

No 13-26.358. Mutuelle d’assurancedes professions alimentaires (MAPA)

contre Mme X...,et autre.

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Touati – Avocatgénéral : M. Lautru – Avocat : Me Ricard

Sur l’application de la loi no 85-677 du 5 juillet 1985 àun accident du travail causé par la chute d’un élémenttransporté lors du déchargement de la remorque en sta-tionnement, à rapprocher :

2e Civ., 29 mars 2006, pourvoi no 03-19.843, Bull. 2006, II,no 90 (rejet).

No 24

QUESTION PRIORITAIRE DE CONSTITU-TIONNALITE

Code de la sécurité sociale – Article L. 532-2 –Principe d’égalité – Caractère sérieux – Défaut –Non-lieu à renvoi au Conseil constitutionnel

12 février 2015Non-lieu à renvoi

au Conseil constitutionnel

Attendu que la caisse d’allocations familiales de Tou-raine lui ayant refusé le bénéfice du complément delibre choix d’activité, Mme X... a saisi d’un recours unejuridiction de sécurité sociale ; qu’elle a présenté, parun écrit distinct et motivé, une question prioritaire deconstitutionnalité que le tribunal des affaires de sécuritésociale de Tours a transmise le 28 novembre 2014 à laCour de cassation ;

Attendu que la question transmise est ainsi rédigée :

« L’article L. 532-2 du code de la sécurité sociale, en cequ’il interdit le cumul entre le complément de libre choixd’activité et la pension d’invalidité est-il contraire au prin-cipe d’égalité garanti par les articles 1 et 6 de la Déclara-tion des droits de l’homme et du citoyen ? » ;

Attendu que la disposition contestée est applicable aulitige ;

Qu’elle n’a pas déjà été déclarée conforme à laConstitution dans les motifs et le dispositif d’une déci-sion du Conseil constitutionnel ;

Mais attendu que, ne portant pas sur l’interprétationd’une disposition constitutionnelle dont le Conseilconstitutionnel n’aurait pas eu l’occasion de faire appli-cation, la question n’est pas nouvelle ;

Et attendu que le complément de libre choix d’acti-vité étant versé, selon l’article L. 531-4 du code de lasécurité sociale, à taux plein à la personne qui choisitde ne plus exercer d’activité professionnelle pour s’oc-cuper d’un enfant et à taux partiel à la personne quiexerce une activité ou poursuit une formation rémuné-rée à temps partiel, il ne saurait être soutenu sérieuse-ment que la disposition critiquée, qui exclut le cumuldu complément à taux plein, notamment, avec unavantage d’invalidité, mais en ouvre le bénéfice à tauxpartiel, aux conditions qu’il fixe, aux titulaires d’un telavantage, méconnaît les exigences du principe constitu-tionnel d’égalité, dès lors que l’attribution d’un avan-tage d’invalidité est subordonnée à la réduction ou à lasuppression de la capacité de gain ;

D’où il suit qu’il n’y a pas lieu de renvoyer la ques-tion au Conseil constitutionnel ;

Par ces motifs :

DIT N’Y AVOIR LIEU DE RENVOYER auConseil constitutionnel la question prioritaire deconstitutionnalité.

No 14-40.050. Mme X...contre caisse d’allocations familiales

(CAF) de Touraine.

Président : Mme Flise – Rapporteur : M. Cadiot – Avocatgénéral : M. de Monteynard

No 25

QUESTION PRIORITAIRE DE CONSTITU-TIONNALITE

Code de la sécurité sociale – Article L. 722-1-1 –Liberté d’entreprendre – Liberté contractuelle –Liberté personnelle – Applicabilité au litige –Caractère sérieux – Défaut – Non-lieu à renvoiau Conseil constitutionnel

12 février 2015Non-lieu à renvoi

au Conseil constitutionnel

Attendu que M. X..., médecin spécialiste exerçantsous le régime conventionnel à honoraires différents(secteur II), a demandé, en mai 2011, à la caisse pri-maire centrale d’assurance maladie des Bouches-du-

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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. .

Rhône (la caisse), son rattachement au régime d’assu-rance maladie et maternité des travailleurs non salariésdes professions non agricoles ; que la caisse ayant refusé,l’intéressé a saisi d’un recours une juridiction desécurité sociale et présenté, par un écrit distinct etmotivé, une question prioritaire de constitutionnalitéque la cour d’appel d’Aix-en-Provence a transmise, le26 novembre 2014, à la Cour de cassation ;

Attendu que la question transmise est ainsi rédigée :

« Les dispositions de l’alinéa 2 de l’article L. 722-1-1du code de la sécurité sociale portent-elles atteinte auxdroits et libertés garantis par l’article 4 de la Déclarationdes droits de l’homme et du citoyen, notamment, la libertéd’entreprendre, la liberté contractuelle, la liberté per-sonnelle et précisément, la liberté personnelle de choix durégime d’affiliation au titre de sa protection sociale ? » ;

Attendu que dans leur rédaction issue de la loino 2004-810 du 13 août 2004, les dispositions législa-tives contestées sont applicables au litige ;

Qu’elles n’ont pas déjà été déclarées conformes à laConstitution dans les motifs et le dispositif d’une déci-sion du Conseil constitutionnel ;

Mais attendu que la question, ne portant pas surl’interprétation d’une disposition constitutionnelle dontle Conseil constitutionnel n’aurait pas encore eu l’occa-sion de faire application, n’est pas nouvelle ;

Et attendu qu’ayant pour objet la définition desmodalités d’affiliation à un régime obligatoire d’assu-rance maladie et maternité des médecins qui ont choisi,en application de la convention nationale mentionnée àl’article L. 162-5 du code de la sécurité sociale, de pra-tiquer des honoraires différents des honoraires conven-tionnels, les dispositions critiquées, qui ouvrent d’ail-leurs aux intéressés la faculté d’opter pour leuraffiliation au régime d’assurance maladie et maternitédes travailleurs non salariés des professions non agri-coles par dérogation à l’article L. 722-1 du même coderelatif à l’affiliation au régime des praticiens et auxi-liaires médicaux, n’affectent pas, en limitant l’exerciced’une telle option lors du commencement de l’activitéprofessionnelle dans le cadre de la convention nationaleainsi qu’aux échéances prévues par celle-ci à cette fin, laliberté d’entreprendre, la liberté contractuelle et laliberté personnelle telles qu’elles découlent de l’article 4de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ;

D’où il suit que la question n’est pas sérieuse et qu’iln’y a pas lieu de la renvoyer au Conseil constitu-tionnel ;

Par ces motifs :

DIT N’Y AVOIR LIEU DE RENVOYER auConseil constitutionnel la question prioritaire deconstitutionnalité.

No 14-40.049. M. X...contre caisse primaire centrale

d’assurance maladie(CPCAM) des Bouches-du-Rhône.

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Le Fischer – Avo-cat général : Mme de Beaupuis

No 26

SECURITE SOCIALE

Cotisations – Assiette – Abattement pour frais pro-fessionnels – Frais professionnels – Indemnitésforfaitaires de grand déplacement – Salarié endéplacement à l’étranger – Dépenses supplé-mentaires de repas et de logement – Présomp-tion d’utilisation conforme – Mise en œuvre –Conditions – Portée

En application de l’article 5, 4o, de l’arrêté du 20 décem-bre 2002 relatif aux frais professionnels déductibles pourle calcul des cotisations de sécurité sociale, pour bénéfi-cier d’une telle déduction sur les indemnités forfaitairesversées à ses salariés en mission temporaire à l’étranger,l’employeur doit justifier que ces indemnités sont desti-nées à compenser des dépenses supplémentaires de repaset de logement, la présomption d’utilisation conformedans les limites fixées réglementairement ne pouvantjouer qu’une fois cette preuve apportée.

Décide exactement que les indemnités versées auxsalariés en poste à l’étranger ne constituent pas desindemnités de grand déplacement à l’étranger au sensdu texte précité, la cour d’appel qui constate quel’employeur n’apporte pas la preuve que ceux-ci sup-portent des frais d’hébergement et de repas supplé-mentaires en raison de l’éloignement de leur résidence,la circonstance que leur présence à l’étranger soit prévuepour une durée déterminée ne suffisant pas à les placerdans la situation précitée.

12 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique, pris en ses trois premièresbranches :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 21 novem-bre 2013), qu’à la suite d’un contrôle portant sur lesannées 2003 à 2005, l’URSSAF de Paris-Région Pari-sienne aux droits de laquelle vient l’URSSAF d’Ile-de-France (l’URSSAF), a réintégré dans l’assiette des coti-sations de sécurité sociale dues par le Commissariat àl’énergie atomique et aux énergies alternatives (le CEA)le montant des indemnités de résidence versées à sessalariés, conseillers nucléaires en poste à l’étranger ; quele CEA a saisi d’un recours une juridiction de sécuritésociale ;

Attendu que le CEA fait grief à l’arrêt de rejetercelui-ci, alors, selon le moyen :

1o que l’arrêté du 20 décembre 2002 relatif aux fraisprofessionnels déductibles pour le calcul des cotisations desécurité sociale, prévoit en son article 5, 4o, relatif aux« indemnités forfaitaires de grand déplacement » verséesaux salariés envoyés en mission temporaire à l’étranger,que « les indemnités destinées à compenser les dépenses sup-

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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plémentaires de repas et de logement sont réputées utiliséesconformément à leur objet pour la fraction qui n’excèdepas le montant des indemnités de mission du groupe Iallouées aux personnels civils et militaires de l’État envoyésen mission temporaire à l’étranger » ; que selon ce mêmetexte doit être considéré en situation de « grand déplace-ment » le salarié envoyé à l’étranger pour une mission tem-poraire ne dépassant pas six ans ; qu’il est ainsi instauréune présomption irréfragable d’utilisation conforme desindemnités forfaitaires de grand déplacement allouées autitre des frais de résidence dès lors que la mission du sala-rié à l’étranger ne dépasse pas six ans et que l’indemnitéversée n’excède pas le montant des indemnités de missionfixées par le décret no 67-290 du 28 mars 1967 ; que cetteprésomption irréfragable d’utilisation conforme n’est pasconditionnée au fait que le salarié expose des « frais dedouble résidence » et/ou qu’il ait conservé sa résidence« habituelle » en France ; qu’en l’espèce le CEA soutenaitdans ses écritures d’appel, d’une part, que les agentsenvoyés en mission à l’étranger relevaient du régime des« grands déplacements à l’étranger », d’autre part, qu’ilsremplissaient les conditions requises par ce dispositif dansla mesure où ils étaient envoyés à l’étranger pour des mis-sions dont la durée « varie de trois à quatre ans, ou plusrarement de cinq à huit ans » c’est-à-dire au moins pourpartie pour une durée inférieure à six ans, et percevaientdes indemnités de résidence calculées selon les mêmesmodalités que celles prévues par le décret no 67-290 du28 mars 1967 ; qu’en décidant néanmoins que les indem-nités forfaitaires de résidence versées aux agents détachéstemporairement à l’étranger ne relevaient pas du régimedes grands déplacements à l’étranger au seul motif que leCEA ne démontrait pas que les salariés concernés avaientexposé des « frais de double résidence » et/ou qu’ils avaientconservé leur résidence « habituelle » en France, cependantque la présomption d’utilisation conforme attachée à l’in-demnité de résidence versée aux salariés en grand déplace-ment temporaire à l’étranger n’est pas conditionnée au res-pect de ces deux conditions, la cour d’appel a violé, parfausse application, les dispositions de l’article 5, 4o, del’arrêté du 20 décembre 2002 et du décret no 67-290 du28 mars 1967, ensemble l’article L. 242-1 du code de lasécurité sociale ;

2o que pour la même raison, en écartant l’applicationdu régime des grands déplacements à l’étranger et la pré-somption d’utilisation conforme des indemnités forfaitairesde logement qui y est attachée, aux motifs que « les conseil-lers nucléaires ont leur résidence habituelle à l’étranger etn’ont donc pas à supporter des frais d’hébergement et derepas supplémentaires en raison de l’éloignement de leurrésidence », cependant que le régime des grands déplace-ments à l’étranger, pour les salariés détachés à l’étrangerjusqu’à six ans, a précisément vocation à s’appliquer auxsalariés qui du fait de leur éloignement de France sont parnature amenés à avoir une résidence habituelle à l’étrangerle temps du déplacement, la cour d’appel a encore violé lesdispositions de l’article 5, 4o, de l’arrêté du 20 décem-bre 2002 et du décret no 67-290 du 28 mars 1967,ensemble l’article L. 242-1 du code de la sécurité sociale ;

3o que la cour d’appel a constaté que la présence àl’étranger des agents du CEA était prévue « pour unedurée déterminée » ; qu’en écartant néanmoins l’applica-tion du régime des grands déplacements à l’étranger sansrechercher si, tel que le soutenait l’exposante, les agents duCEA ne remplissaient pas les exigences requises par l’arti-

cle 5, 4o, de l’arrêté du 20 décembre 2002 pour relever dece régime, c’est-à-dire être envoyés en déplacement àl’étranger pour une durée ne dépassant pas six ans et béné-ficier de frais de logement à l’étranger ne dépassant pas lemontant des indemnités de mission fixées par le décretno 67-290 du 28 mars 1967, la cour d’appel a privé sadécision de base légale au regard des dispositions de l’arti-cle 5, 4o, de l’arrêté du 20 décembre 2002 et du décretno 67-290 du 28 mars 1967, ensemble l’article L. 242-1du code de la sécurité sociale ;

Mais attendu qu’en application de l’article 5, 4o, del’arrêté du 20 décembre 2002 relatif aux frais profes-sionnels déductibles pour le calcul des cotisations desécurité sociale, pour bénéficier d’une telle déductionsur les indemnités forfaitaires versées à ses salariés enmission temporaire à l’étranger, l’employeur doit justi-fier que ces indemnités sont destinées à compenser desdépenses supplémentaires de repas et de logement, laprésomption d’utilisation conforme dans les limitesfixées réglementairement ne pouvant jouer qu’une foiscette preuve apportée ;

Et attendu que l’arrêt relève que le CEA se borne àinvoquer l’existence de charges liées à l’exercice desfonctions de conseiller nucléaire en poste à l’étranger etaux conditions de vie locales, mais ne verse aucun élé-ment concret pour en justifier ; que les conseillersnucléaires ayant leur résidence habituelle à l’étrangern’ont pas à supporter des frais d’hébergement et derepas supplémentaires en raison de l’éloignement deleur résidence ; que la circonstance que leur présence àl’étranger soit prévue pour une durée déterminée nesuffit pas à les placer dans la situation des salariés engrand déplacement ;

Que de ces constatations et énonciations, la courd’appel a exactement décidé que les indemnités verséesaux conseillers nucléaires en poste à l’étranger du CEAne constituaient pas des indemnités de grand déplace-ment à l’étranger du sens de l’article 5 de l’arrêté du20 décembre 2002, de sorte que leur montant devaitêtre réintégré dans l’assiette de cotisation de celui-ci ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Et attendu qu’il n’y a pas lieu de statuer par unedécision spécialement motivée sur la quatrième branchedu moyen qui n’est manifestement pas de nature àentraîner la cassation ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 14-10.635. Commissariat à l’énergie atomiqueet aux énergies alternatives (CEA)

contre union de recouvrementdes cotisations de sécurité sociale

et d’allocations familiales(URSSAF) d’Ile-de-France,

venant aux droits de l’URSSAF 75Paris-région parisienne,

et autre.

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Belfort – Avocat :SCP Célice, Blancpain, Soltner et Texidor

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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. .

No 27

SECURITE SOCIALE

Cotisations – Assiette – Indemnité pour violationdu statut protecteur versée au salarié protégélicencié sans autorisation administrative – Condi-tions – Détermination – Portée

L’indemnité pour violation du statut protecteur versée ausalarié protégé licencié sans autorisation administrative,qui n’est pas au nombre des indemnités non imposablesau titre de l’impôt sur le revenu des personnes physiqueslimitativement énumérées par l’article 80 duodecies ducode général des impôts, est soumise aux cotisationssociales et aux contributions d’assurance chômage.

12 février 2015 Cassation partielle

Sur le moyen unique :

Vu les articles L. 242-1 du code de la sécurité socialedans sa rédaction applicable à la date d’exigibilité descotisations litigieuses, L. 5422-20 du code du travailet 59 du règlement général annexé à la convention du18 janvier 2006 relative à l’aide au retour à l’emploi età l’indemnisation du chômage, approuvée par arrêté duministre de l’emploi, de la cohésion sociale et du loge-ment du 23 février 2006, ensemble l’article 80 duode-cies du code général des impôts dans sa rédaction appli-cable ;

Attendu que l’indemnité pour violation du statutprotecteur, qui n’est pas au nombre des indemnités nonimposables au titre de l’impôt sur le revenu des per-sonnes physiques limitativement énumérées par le der-nier de ces textes, est soumise aux cotisations sociales etd’assurance chômage en application des deux premiers ;

Attendu qu’à la suite d’un contrôle portant sur lesannées 2007 à 2009, l’URSSAF de la Sarthe, aux droitsde laquelle vient l’URSSAF des Pays de la Loire, a noti-fié à la société Claas réseau agricole (la société) unredressement résultant, notamment, de la réintégrationdans l’assiette des cotisations et contributions desécurité sociale et des cotisations d’assurance chômage,de l’indemnité versée à M. X..., salarié protégé licenciésans autorisation administrative, en exécution d’un arrêtrendu le 25 juillet 2008 par la cour d’appel de Nancy ;que, contestant ces seuls chefs de redressement, lasociété a saisi d’un recours une juridiction de sécuritésociale ;

Attendu que pour accueillir ce recours, l’arrêt retientque sont assujetties aux cotisations de sécurité socialeles sommes versées lors de la rupture du contrat de tra-vail et ayant la nature de rémunérations, que l’indem-nité pour violation du statut protecteur versée au salariélicencié sanctionne la méconnaissance par l’employeurdu statut protecteur du salarié, mais ne répare pas le

préjudice subi par celui-ci du fait de la rupture de soncontrat de travail et n’a pas, dès lors, la nature d’uncomplément de salaire ; que le fait qu’elle n’est pasvisée par l’article 80 duodecies du code général desimpôts comme ne constituant pas une rémunérationimposable résulte de ce qu’elle ne vient pas réparer lesconséquences préjudiciables de la rupture du contrat detravail ; que sa nature indemnitaire l’exclut de l’assujet-tissement aux cotisations sociales ;

Qu’en statuant ainsi, la cour d’appel a violé les textessusvisés ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu’il a accordé laremise des majorations de retard initiales sur les cotisa-tions hors frais professionnels, l’arrêt rendu le19 novembre 2013, entre les parties, par la cour d’appeld’Angers ; remet, en conséquence, sur les autres points,la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Rennes.

No 14-10.886. Union de recouvrementdes cotisations de sécurité sociale

et d’allocations familiales(URSSAF) des Pays de la Loire,

venant aux droitsde l’URSSAF de la Sarthe

contre société Claas réseau agricole.

Président : Mme Flise – Rapporteur : M. Poirotte – Avocats :SCP Gatineau et Fattaccini, SCP Vincent et Ohl

S’agissant des sommes versées à titre transactionnel encas de rupture anticipée d’un contrat de travail à duréedéterminée, à rapprocher :

2e Civ., 7 octobre 2010, pourvoi no 09-12.404, Bull. 2010,II, no 165 (cassation partielle).

No 28

SECURITE SOCIALE

Cotisations – Paiement indu – Indu résultantd’une décision administrative ou juridiction-nelle – Action en répétition – Prescription –Délai – Point de départ – Détermination –Portée

Lorsque l’indu de cotisations sociales résulte d’une décisionadministrative ou juridictionnelle, le délai de prescrip-tion de l’action en restitution des cotisations en cause nepeut commencer à courir avant la naissance de l’obliga-tion de remboursement découlant de cette décision.

12 février 2015 Cassation sans renvoi

Sur le moyen relevé d’office, après avis donné auxparties en application de l’article 1015 du code de pro-cédure civile :

Vu l’article L. 243-6 du code de la sécurité sociale,dans sa rédaction applicable en l’espèce ;

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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Attendu qu’il résulte de ce texte que, lorsque l’indude cotisations sociales résulte d’une décision administra-tive ou juridictionnelle, le délai de prescription del’action en restitution des cotisations en cause ne peutcommencer à courir avant la naissance de l’obligationde remboursement découlant de cette décision ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que la société BiscuitsPoult (la société) a saisi la caisse primaire d’assurancemaladie de Midi-Pyrénées (la caisse) d’une contestationde la prise en charge, au titre de la législation profes-sionnelle, de la rechute, le 14 mars 2001, d’un accidentdont un de ses salariés avait été victime ; que la déci-sion de prise en charge ayant été déclarée inopposable àl’employeur, la caisse régionale d’assurance maladieMidi-Pyrénées, devenue la caisse d’assurance retraite etde la santé au travail Midi-Pyrénées, a rectifié les tauxde cotisations notifiés à la société au titre des années2003 à 2008 ; que l’union de recouvrement des cotisa-tions de sécurité sociale et d’allocations familiales deMidi-Pyrénées (URSSAF) ayant limité le rembourse-ment des cotisations indûment perçues aux années2006, 2007 et 2008, correspondant à la période trien-nale non prescrite, la société a saisi une juridiction desécurité sociale d’un recours tendant au remboursementde l’indu du 1er janvier 2003 au 26 février 2006 repré-sentant une somme de 87 277 euros ;

Attendu que, pour juger que la prescription de lademande de remboursement de cotisations indûmentversées a été interrompue tant par la demande du20 mars 2003 que par l’action intentée le 14 juin 2005,l’arrêt retient que, si la seule contestation parl’employeur de décisions de la caisse primaire d’assu-rance maladie ne fait pas échec au cours de la prescrip-tion prévue à l’article L. 243-6 du code de la sécuritésociale, la saisine par celui-ci de la caisse régionale d’as-surance maladie en vue de contester la tarification etl’application du taux majoré résultant d’un accident dutravail interdit la mise en œuvre de la prescription ;qu’en tout état de cause, et dans les circonstances del’espèce, le fait d’opposer à l’employeur la prescriptiontriennale le priverait de la possibilité effective derécupérer les sommes indûment versées en violation desarticles 6, § 1, de la Convention de sauvegarde desdroits de l’homme et des libertés fondamentales et pre-mier du Protocole additionnel no 1 à ladite Conven-tion ;

Qu’en statuant ainsi, alors que la prescription de lademande de remboursement des cotisations indûmentversées n’avait pu commencer à courir avant le juge-ment devenu irrévocable du 18 juillet 2008 ayantdéclaré la décision de prise en charge inopposable àl’employeur, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;

Et vu l’article 627 du code de procédure civile, aprèsavis donné aux parties en application de l’article 1015du code de procédure civile ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 6 septembre 2013, entre les parties, parla cour d’appel de Toulouse ;

DIT n’y avoir lieu à renvoi ;

Infirme le jugement en ce qu’il a dit et jugé que laprescription de la demande de remboursement de coti-sations indûment versées a été interrompue tant par lademande du 20 mars 2003 que par l’action intentée le14 juin 2005 ;

Dit que la demande de remboursement de cotisationsindûment versées n’est pas prescrite ;

Confirme le jugement du 14 juin 2011 en ce qu’il acondamné l’URSSAF de Midi-Pyrénées à rembourser àla société Biscuiterie Poult la somme de 87 277 euros.

No 13-25.985. Union de recouvrementdes cotisations de sécurité sociale

et d’allocations familiales(URSSAF) de Midi-Pyrénées,

venant aux droits de l’URSSAFde Tarn-et-Garonne

contre société Biscuits Poult.

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Chauchis – Avo-cats : SCP Boutet-Hourdeaux, SCP Célice, Blancpain etSoltner

No 29

S E C U R I T E S O C I A L E , A S S U R A N C E SSOCIALES

Maladie – Frais de transport – Remboursement –Transport en un lieu distant de plus de 150 kilo-mètres – Conditions – Accord préalable de lacaisse – Portée

Il résulte des articles L. 321-1, R. 322-10, dans sa rédac-tion issue du décret no 2011-258 du 10 mars 2011,et R. 322-10-4 du code de la sécurité sociale, qu’hormisle cas d’urgence, la prise en charge des frais de transportest toujours subordonnée à l’accord préalable de lacaisse, dès lors qu’il s’agit d’un transport sur une dis-tance excédant 150 kilomètres.

Viole les textes susvisés le tribunal des affaires desécurité sociale qui, pour condamner une caisse primaired’assurance maladie à prendre en charge des frais detransport aller-retour exposés, sans demande d’ententepréalable, par un assuré de son domicile de Marne-la-Vallée au centre hospitalier de Montpellier, confère lecaractère d’une sanction à une condition d’attributiondes prestations.

12 février 2015 Cassation sans renvoi

Sur le moyen unique, pris en sa première branche :

Vu les articles L. 321-1, R. 322-10, dans sa rédactionissue du décret no 2011-258 du 10 mars 2011,et R. 322-10-4 du code de la sécurité sociale ;

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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Attendu qu’il résulte de ces textes qu’hormis le casd’urgence, la prise en charge des frais de transport esttoujours subordonnée à l’accord préalable de la caisse,dès lors qu’il s’agit d’un transport sur une distanceexcédant 150 kilomètres ;

Attendu, selon le jugement attaqué, rendu en dernierressort, que la caisse primaire d’assurance maladie de laSeine-Saint-Denis (la caisse) a refusé de prendre encharge les frais exposés par M. X... à l’occasion d’untransport aller-retour, effectué en mai 2011, pourconduire sa fille de Marne-la-Vallée au centre hospita-lier de Montpellier ; que l’intéressé a saisi d’un recoursune juridiction de sécurité sociale ;

Attendu que pour condamner la caisse à prendre encharge les frais de transport litigieux, le jugementretient que le refus notifié par celle-ci, au motif qu’ellen’a pas été rendue destinataire, préalablement à la réali-sation du transport, d’une demande d’entente préalable,constitue une sanction disproportionnée eu égard aumanquement de M. X... ; que l’absence de saisine del’organisme social dans les jours qui ont précédé letransport s’explique par les conditions matérielles danslesquelles ce dernier s’est déroulé et par le court délaientre la convocation et le rendez-vous donné par le pra-ticien, qui est une circonstance totalement indépen-dante de la volonté de l’assuré ;

Qu’en statuant ainsi, en conférant le caractère d’unesanction à une condition d’attribution des prestations,le tribunal a violé les textes susvisés ;

Et vu l’article 627 du code de procédure civile, aprèsavis donné aux parties en application de l’article 1015du code de procédure civile ;

Par ces motifs et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres branches du moyen :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,le jugement rendu le 26 juin 2013, entre les parties,par le tribunal des affaires de sécurité sociale de Bobi-gny ;

DIT n’y avoir lieu à renvoi ;

Rejette la demande de M. X...

No 13-23.876. Caisse primaired’assurance maladie (CPAM)

de la Seine-Saint-Deniscontre M. X...

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Le Fischer – Avo-cats : SCP Gatineau et Fattaccini, SCP Spinosi et Sureau

A rapprocher :

2e Civ., 9 octobre 2014, pourvoi no 13-23.920, Bull. 2014,II, no 207 (cassation sans renvoi).

No 30

S E C U R I T E S O C I A L E , A S S U R A N C E SSOCIALES

Maladie – Prestations – Prestations en espèces –Conditions d’ouverture – Assurés bénéficiant dumaintien de leur qualité d’assuré – Appréciation –Date – Détermination – Portée

Les conditions d’ouverture des droits aux prestations enespèces de l’assurance maladie et maternité doivent s’ap-précier, pour les assurés qui bénéficient du maintien deleur qualité d’assuré en application de l’article L. 311-5du code de la sécurité sociale, à la date de la dernièrecessation d’activité.

12 février 2015 Rejet

Donne acte à la caisse primaire d’assurance maladiedu Tarn-et-Garonne de ce qu’elle se désiste de sonpourvoi dirigé contre le ministre chargé de la sécuritésociale ;

Sur le moyen unique :

Attendu, selon le jugement attaqué, rendu en dernierressort, (tribunal des affaires de sécurité sociale duTarn-et-Garonne, 30 juillet 2013) et les productions,que Mme X..., alors en congé parental, a été licenciée le10 octobre 2009 et a perçu des allocations de chômageà compter du 1er janvier 2011 ; que la caisse primaired’assurance maladie du Tarn-et-Garonne (la caisse)ayant refusé de lui verser des indemnités journalièresd’assurance maladie au titre d’un arrêt de travail du12 décembre 2011 au 13 février 2012 et d’assurancematernité à compter du 23 février 2012, Mme X... asaisi d’un recours une juridiction de sécurité sociale ;

Attendu que la caisse fait grief à l’arrêt d’accueillir cerecours, alors, selon le moyen :

1o que pour déterminer si l’assurée pouvait prétendre àdes indemnités journalières, il convenait de se placerconformément aux articles R. 313-1 et R. 313-3 du codede la sécurité sociale, à la date de l’arrêt de travail, soit au12 décembre 2011 ; qu’en décidant néanmoins qu’ilconvenait de se placer à la date à laquelle l’assurée avaitété placée en situation de chômage, soit au 10 octo-bre 2009, les juges du fond ont violé les articles R. 313-1et R. 313-3 du code de la sécurité sociale ;

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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2o que pour déterminer si, au cours du congé maternité,l’assurée pouvait prétendre à des indemnités journalières, ilconvenait de se placer à la date de ce congé, soit au13 février 2012 ; qu’en estimant qu’il fallait se placer au10 octobre 2009, date à compter de laquelle l’assurée étaiten chômage, les juges du fond ont de nouveau violé lesarticles R. 313-1 et R. 313-3 du code de la sécuritésociale ;

3o que si aux termes de l’article L. 311-5 du code de lasécurité sociale, l’assurée, étant au chômage, bénéficie dudroit au maintien de ses droits, cette situation ne peut êtreconsidérée comme équivalente à la situation alternativeque vise l’article R. 313-3 du code de la sécurité sociale ;qu’en décidant le contraire, les juges du fond ont violé lesarticles L. 311-5 et R. 313-3 du code de la sécuritésociale ;

Mais attendu que les conditions d’ouverture desdroits aux prestations en espèces de l’assurance maladieet maternité doivent s’apprécier, pour les assurés quibénéficient du maintien de leur qualité d’assuré enapplication de l’article L. 311-5 du code de la sécuritésociale, à la date de la dernière cessation d’activité ;

Et attendu que le jugement retient que Mme X... atravaillé jusqu’au 10 octobre 2009 ; qu’il relève quedurant les trois mois précédant sa perte d’emploi, elle atravaillé plus de 200 heures ;

Qu’ayant ainsi constaté que l’intéressée était toujoursen période d’indemnisation du chômage lors de la sur-venance de son arrêt de travail, le tribunal a exactementdécidé qu’elle pouvait prétendre à des prestations enespèces pour les périodes litigieuses ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-25.591. Caisse primaired’assurance maladie

(CPAM) du Tarn-et-Garonnecontre Mme X...,

et autre.

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Olivier – Avocatgénéral : Mme Lapasset – Avocats : Me Foussard,SCP Meier-Bourdeau et Lécuyer

A rapprocher :Soc., 30 mai 1996, pourvoi no 94-10.893, Bull. 1996, V,

no 221 (cassation) ;Soc., 2 mars 2000, pourvoi no 98-16.086, Bull. 2000, V,

no 86 (cassation).

No 31

SECURITE SOCIALE, CONTENTIEUX

Contentieux général – Compétence matérielle –Accident du travail – Faute inexcusable del’employeur – Tiers – Intervention – Recevabi-lité – Conditions – Détermination – Portée

L’article L. 452-4 du code de la sécurité sociale ne donnecompétence à la juridiction du contentieux général de lasécurité sociale, saisie par la victime ou ses ayants droitou par la caisse primaire d’assurance maladie, que pourconnaître de l’existence de la faute inexcusable reprochéeà l’employeur et du montant de la majoration et desindemnités mentionnées à l’article L. 452-3.

Toutefois, ces dispositions ne font pas obstacle à ceque d’autres personnes y ayant intérêt interviennent àl’instance ou y soient attraites dans les conditions pré-vues par les articles 330 et 331 du code de procédurecivile.

12 février 2015 Cassation partielle

Sur le moyen unique, pris en sa troisième branche :

Vu l’article L. 452-4 du code de la sécurité sociale,ensemble les articles 330 et 331 du code de procédurecivile ;

Attendu que le premier de ces textes ne donnecompétence à la juridiction du contentieux général dela sécurité sociale, saisie par la victime ou ses ayantsdroit ou par la caisse primaire d’assurance maladie, quepour connaître de l’existence de la faute inexcusablereprochée à l’employeur et du montant de la majora-tion et des indemnités mentionnées à l’article L. 452-3 ;que ces dispositions ne font pas obstacle à ce qued’autres personnes y ayant intérêt interviennent à l’ins-tance ou y soient attraites dans les conditions prévuespar les deux derniers ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que M. X..., salarié deM. Y... (l’employeur), a été victime, le 23 avril 2008,d’un accident pris en charge, au titre de la législationprofessionnelle, par la caisse primaire d’assurance mala-die de la Loire ; qu’il a saisi une juridiction de sécuritésociale d’une action en reconnaissance de la faute inex-cusable de son employeur ;

Attendu que pour déclarer irrecevable l’interventionde la société Axa France IARD, assureur del’employeur, l’arrêt relève que celle-ci ne se borne pas àformuler une demande de déclaration de jugementcommun, mais qu’elle entend intervenir aux débats, àtitre principal, en tant que partie à part entière, encontestant toute reconnaissance d’une faute inexcusableet en opposant des moyens de fond aux demandes pré-sentées par M. X... ;

Qu’en statuant ainsi, la cour d’appel a violé les textessusvisés ;

Par ces motifs et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres branches du moyen :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’ildéclare irrecevable l’intervention de la compagnie d’as-surances Axa France IARD, assureur de M. Y..., l’arrêtrendu le 10 septembre 2013, entre les parties, par lacour d’appel de Lyon ; remet, en conséquence, sur cepoint, la cause et les parties dans l’état où elles se trou-vaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les ren-voie devant la cour d’appel de Lyon, autrement compo-sée.

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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No 13-26.133. Société Axa France IARDcontre M. X...,

et autres.

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Le Fischer – Avo-cat général : Mme Lapasset – Avocats : SCP Célice, Blanc-pain, Soltner et Texidor, SCP Delvolvé

Sur les conditions de recevabilité de l’interventionvolontaire d’une association de défense des accidentés dutravail et des handicapés, à rapprocher :

2e Civ., 13 janvier 2011, pourvoi no 09-17.496, Bull. 2011,II, no 12 (cassation partielle sans renvoi).

No 32

SECURITE SOCIALE, CONTENTIEUX

Contentieux général – Compétence matérielle –Exclusion – Cas – Accident du travail – Fauteinexcusable – Employeur auteur – Demande degarantie contre un autre employeur

La compétence donnée par l’article L. 452-4 du code de lasécurité sociale à la juridiction du contentieux généralde la sécurité sociale pour connaître de l’existence de lafaute inexcusable reprochée à l’employeur ainsi que dumontant de la majoration et des indemnités mention-nées à l’article L. 452-3 ne s’étend pas à la demande degarantie fondée sur un contrat de cession formée parl’auteur d’une faute inexcusable contre un autre.

12 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Caen, 30 août 2013),qu’ayant travaillé du 20 janvier 1969 au 31 octo-bre 1999 pour le compte de la société Ferodo, devenueValeo sur un site de production cédé par celle-ci à lasociété Allied Signal aux droits de laquelle vient lasociété Honeywell matériaux de friction, BernardQuentin a été atteint d’une maladie prise en charge autitre de la législation professionnelle par la caisse pri-maire d’assurance maladie de l’Orne ; qu’il a saisi unejuridiction de sécurité sociale pour faire reconnaître unefaute inexcusable de ses employeurs successifs ; qu’à sondécès ses ayants droit ont repris l’instance ;

Attendu que la société Valeo fait grief à l’arrêt dedire que la cour d’appel est incompétente pour statuersur le recours en garantie qu’elle a formé à l’encontrede la société Honeywell matériaux de friction, alors,selon le moyen :

1o qu’en cas d’exposition au risque au sein de plusieursentreprises, l’employeur, qui fait l’objet d’une action enreconnaissance de sa faute inexcusable, est recevable à

rechercher, devant la juridiction de sécurité sociale, pourobtenir leur garantie, la faute inexcusable des autresemployeurs au service desquels la victime a été exposée aumême risque ; qu’en se déclarant incompétente pourconnaître de l’appel en garantie dirigé par la société Valeocontre la société Honeywell matériaux de friction, au motifque « la demande de la société Valeo conduirait la courd’appel à examiner et à interpréter les dispositions de cetraité et du contrat principal régissant les rapports entre lesdeux sociétés, ce qui n’entre pas dans la compétence de lajuridiction de sécurité sociale », la cour d’appel a violé lesarticles L. 452-1, L. 452-4, alinéa 1er, du code de lasécurité sociale et 31 du code de procédure civile ;

2o que la cour d’appel, saisie de l’entier litige par l’effetdévolutif de l’appel et qui est juridiction d’appel tant dutribunal des affaires de sécurité sociale que du tribunal decommerce, avait compétence pour apprécier elle-mêmel’appel en garantie formulé par la société Valeo àl’encontre de la société Honeywell matériaux de friction ;qu’en se déclarant incompétente au motif que « lademande de la société Valeo conduirait la cour d’appel àexaminer et à interpréter les dispositions de ce traité et ducontrat principal régissant les rapports entre les deux socié-tés, ce qui n’entre pas dans la compétence de la juridictionde sécurité sociale », la cour d’appel a violé les articles 79et 562, alinéa 2, du code de procédure civile ;

Mais attendu que la compétence donnée par l’arti-cle L. 452-4 du code de la sécurité sociale à la juridic-tion du contentieux général de la sécurité sociale pourconnaître de l’existence de la faute inexcusable repro-chée à l’employeur ainsi que du montant de la majora-tion et des indemnités mentionnées à l’article L. 452-3ne s’étend pas à la demande de garantie fondée sur uncontrat de cession formée par l’auteur d’une faute inex-cusable contre un autre ;

Et attendu que la cour d’appel n’était saisie parl’effet dévolutif que des demandes soumises aux pre-miers juges ;

D’où il suit qu’inopérant en sa seconde branche, lemoyen n’est pas fondé pour le surplus ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-25.524. Société Valeocontre caisse primaire

d’assurance maladie(CPAM) de l’Orne,

et autres.

Président : Mme Flise – Rapporteur : M. Cadiot – Avocatgénéral : Mme Lapasset – Avocats : SCP Boré et Salvede Bruneton, SCP Célice, Blancpain, Soltner et Texidor,SCP Garreau, Bauer-Violas et Feschotte-Desbois

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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No 33

SECURITE SOCIALE, CONTENTIEUX

Contentieux général – Procédure – Procédure gra-cieuse préalable – Commission de recoursamiable – Décision – Décision implicite derejet – Effet

L’expiration du délai d’un mois au terme duquel, enapplication de l’article R. 142-6 du code de la sécuritésociale, un requérant peut considérer comme rejetée lademande qu’il a formée devant la commission derecours amiable, n’a pas pour effet de dessaisir cette der-nière de la réclamation de l’intéressé.

12 février 2015 Rejet

Attendu, selon l’arrêt confirmatif attaqué (Paris,17 janvier 2013), qu’à l’issue d’un contrôle, la caissed’allocations familiales de Paris (la caisse) a suspendu, àcompter du 2 mars 2007, les droits de M. X... au titrede l’allocation de logement sociale ; que M. X... a saisid’un recours une juridiction de sécurité sociale ;

Sur le premier moyen, pris en ses deux premièresbranches : (Publication sans intérêt) ;

Et sur le même moyen, pris en sa troisième branche :

Attendu que M. X... fait le même grief à l’arrêt,alors, selon le moyen, que la commission de recoursamiable doit rendre sa décision dans le mois de sa saisine ;qu’en l’espèce, en retenant la régularité de la procéduresuivie devant cette commission, quand celle-ci n’avait pasrespecté le délai s’imposant à elle, puisqu’elle avait statué le9 juin 2008 sur un recours amiable adressé le13 mai 2007, la cour d’appel a violé l’article R. 142-6 ducode de la sécurité sociale ;

Mais attendu, selon l’article R. 142-6 du code de lasécurité sociale, que lorsque la décision de la commis-sion de recours amiable n’a pas été portée à la connais-sance du requérant dans le délai d’un mois, celui-cipeut considérer sa demande comme rejetée et se pour-voir devant le tribunal des affaires de sécurité sociale ;que l’expiration de ce délai n’a pas pour effet de dessai-sir la commission de recours amiable de la réclamationde l’intéressé ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Sur le second moyen : (Publication sans intérêt) ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 14-11.398. M. X...contre caisse d’allocations familiales

(CAF) de Paris,et autre.

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Chauchis – Avo-cat : SCP Rocheteau et Uzan-Sarano

No 34

SECURITE SOCIALE, PRESTATIONS FAMI-LIALES

Cotisations – Employeurs et travailleurs indépen-dants – Président d’une fédération de chasseurs –Exercice d’une activité non salariée – Recherchenécessaire – Portée

Prive sa décision de base légale le jugement qui valide unecontrainte signifiée par l’Union de recouvrement descotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales(URSSAF), en vue du recouvrement de cotisations d’al-locations familiales des travailleurs indépendants, auprésident d’une fédération de chasseurs, en considérationde la rémunération perçue par ce dernier, sans recher-cher si l’intéressé exerçait une activité non salariée telleque définie par l’article R. 241-2 du code de la sécuritésociale.

12 février 2015 Cassation

Joint les pourvois no 14-10.994, 14-10.995,14-10.996 et 14-10.997 ;

Sur le moyen unique, pris en sa première branche :

Vu les articles L. 613-1 et R. 241-2 du code de lasécurité sociale, ensemble l’article L. 722-1 du coderural et de la pêche maritime ;

Attendu, selon le deuxième de ces textes, que sontconsidérés comme travailleurs indépendants pour lepaiement de la cotisation d’allocations familiales destravailleurs indépendants due par toute personne phy-sique exerçant, même à titre accessoire, une activité nonsalariée, les personnes mentionnées aux 1o, 4o, 5o, 6o, 7o

et 8o du premier et celles mentionnées au troisième ;

Attendu, selon les jugements attaqués, que l’unionpour le recouvrement des cotisations de sécurité socialeet d’allocations familiales de Corse-du-Sud et Haute-Corse (l’URSSAF) a fait signifier plusieurs contraintes àM. X..., président de la Fédération départementale deschasseurs de Corse-du-Sud, en vue du recouvrement decotisations d’allocations familiales et majorations deretard impayées au titre des troisième et quatrième tri-mestres 2012, premier et deuxième trimestres 2013 ;que M. X... a formé opposition à celles-ci devant unejuridiction de sécurité sociale ;

Attendu que, pour valider les contraintes, le tribunalretient que le conseil d’administration de la fédérationdépartementale des chasseurs de Corse-du-Sud a décidé

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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. .

de l’octroi d’une rémunération dans les limites fixéespar la loi qui s’ajoute aux frais de déplacement pris encharge par cette même fédération ; que, faute pourM. X... d’être lui-même affilié aux assurances socialesobligatoires, c’est à juste titre qu’au regard de la rému-nération ainsi perçue, il se trouve affilié au régime destravailleurs indépendants non salariés ;

Qu’en se déterminant ainsi, sans rechercher, commeil le lui était demandé, si l’intéressé exerçait une activiténon salariée au sens des textes susvisés, le tribunal desaffaires de sécurité sociale a privé sa décision de baselégale ;

Par ces motifs, sans qu’il y ait lieu de statuer sur laseconde branche du moyen :

CASSE ET ANNULE, en toutes leurs dispositions,les jugements no RG 21/200261, 21/300223,21/300139 et 21/300060 rendus le 20 novembre 2013,entre les parties, par le tribunal des affaires de sécuritésociale de Corse-du-Sud ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant lesdits jugements et, pour être fait droit, les ren-voie devant le tribunal des affaires de sécurité sociale dela Haute-Corse.

No 14-10.994, 14-10.995,14-10.996 et 14-10.997. M. X...

contre union de recouvrementdes cotisations de sécurité sociale

et d’allocations familiales(URSSAF) de la Corse-du-Sud

et Haute-Corse.

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Chauchis – Avocatgénéral : Mme Lapasset – Avocats : SCP Gatineau et Fat-taccini, SCP Boutet-Hourdeaux

No 35

UNION EUROPEENNE

Libre circulation des travailleurs – Intangibilité despensions de retraite de l’article R. 351-10 ducode de la sécurité sociale – Compatibilité

N’affectent pas le principe de la libre circulation des tra-vailleurs énoncé à l’article 45 du Traité sur le fonc-tionnement de l’Union européenne, les principes, d’unepart, de l’intangibilité des pensions, déduit de l’arti-cle R. 351-10 du code de la sécurité sociale, qui se rap-porte aux modalités de liquidation et d’attribution despensions de retraite et d’autre part, de la non-rétroactivité des lois résultant de l’article 2 du codecivil.

Justifie légalement sa décision, la cour d’appel quirelève qu’après avoir demandé la liquidation de sesdroits à pension et accepté l’application d’un tauxréduit, l’assuré n’a pas saisi les juridictions d’une contes-

tation de cette liquidation, mais a formé un recourscontre la décision de la commission de recours amiablerefusant de modifier le montant de sa pension déjàliquidée de sorte que sa demande, présentée aprèsl’adoption de la loi no 2008-1330 du 17 décembre 2008créant l’article L. 161-19-1 du code de la sécuritésociale, aux fins de voir recalculer sa pension à compterdu mois de juin 2000 ne pouvait pas prospérer.

12 février 2015 Rejet

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 21 novem-bre 2013), qu’ayant fait liquider, à effet du 1er juil-let 2000, ses droits à pension de retraite au titre durégime général, M. X... a demandé à la Caisse nationaled’assurance vieillesse des travailleurs salariés (laCNAVTS), à la suite de l’adoption de la loi no 2008-1330 du 17 décembre 2008, la prise en compte, pourle calcul de sa pension, d’une période d’activité accom-plie au sein de l’Agence spatiale européenne (l’ASE) ;que sa demande ayant été rejetée, il a saisi d’un recoursune juridiction de sécurité sociale ;

Sur le moyen unique, pris en sa première branche :(Publication sans intérêt) ;

Et sur le même moyen, pris en ses autres branches :

Attendu que M. X... fait le même grief à l’arrêt,alors, selon le moyen :

1o que le juge national est tenu de retenir de sa proprelégislation une interprétation conforme à l’article 45 duTraité sur le fonctionnement de l’Union européennegarantissant la libre circulation des salariés et doit écarterl’application de toute disposition nationale faisant obstacleà la pleine application de ce principe ; qu’un ressortissantd’un Etat membre qui occupe, dans un autre Etatmembre, un emploi régi par un statut spécial de droitinternational, doit être considéré comme travailleur d’unEtat membre au sens de l’article 45 du Traité ; qu’il enrésulte que ce salarié ne peut être privé, en application derègles de droit interne, de la possibilité de faire valoir sesdroits à retraite résultant de son activité salariée dans unEtat membre, y compris dans le cadre d’une demande derévision d’une pension d’ores et déjà liquidée ; que, pourrejeter la demande de M. X... tendant à obtenir l’intégra-tion, pour le calcul de sa pension de retraite, de la périodependant laquelle il avait été salarié de l’ASE, la cour d’ap-pel a considéré que cette possibilité n’était ouverte qu’auxpensions liquidées à partir du 1er janvier 2010, à la suitede l’entrée en vigueur de la loi du 17 décembre 2008 ;qu’en statuant ainsi, tandis que la pension de retraite deM. X..., calculée en juin 2000, avait été établie sur desbases contraires aux dispositions de l’article 45 du TFUE,de sorte que M. X... avait le droit d’obtenir sa révisionsans que puissent lui être opposées des dispositions législa-tives ou réglementaires nationales, la cour d’appel a violéce texte ;

2o que le principe d’intangibilité des pensions liquidées,déduit de l’article R. 351-10 du code de la sécurité sociale,ne peut faire échec au droit de tout salarié ressortissantd’un Etat membre de l’Union européenne, résultant del’article 45 du Traité sur le fonctionnement de l’Union

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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. .

européenne, de faire valoir ses droits à retraite résultant deson activité dans un Etat membre, pour une période pen-dant laquelle le droit interne de son Etat d’origine nereconnaissait pas cette possibilité ; qu’en jugeant néanmoinsque le principe de l’intangibilité des pensions liquidéess’opposait à ce que M. X... puisse se prévaloir de ses droitsà retraite résultant de son activité salariée auprès de l’ASE,tandis que l’application du principe d’intangibilité despensions liquidées conduisait en l’espèce à un résultat nonconforme à l’article 45 du Traité sur le fonctionnement del’Union européenne, de sorte que ce principe devrait êtreécarté, la cour d’appel a violé ce dernier texte ;

3o que le principe de non-rétroactivité de la loi civile,résultant de l’article 2 du code civil, ne peut faire échec audroit de tout salarié ressortissant d’un Etat membre del’Union européenne, résultant de l’article 45 du Traité surle fonctionnement de l’Union européenne, de faire valoirses droits à retraite résultant de son activité dans un Etatmembre, pour une période pendant laquelle le droitinterne de son Etat d’origine ne reconnaissait pas cette pos-sibilité ; qu’en jugeant néanmoins que le principe de non-rétroactivité de la loi s’opposait à ce que M. X... puisse seprévaloir de ses droits à retraite résultant de son activitésalariée auprès de l’ASE, la cour d’appel a violé l’article 45du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne ;

4o qu’en se fondant, pour rejeter la demande de M. X...,sur le fait qu’il aurait accepté l’application d’un tauxréduit, cependant qu’en l’absence de renonciation nonéquivoque au droit de demander une modification de sapension, cette circonstance ne pouvait justifier le refus derévision, la cour d’appel s’est déterminée par des motifsinopérants et a privé sa décision de base légale au regarddes articles L. 161-19-1 du code de la sécurité sociale et 45du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne ;

Mais attendu que, d’une part, le principe de l’intan-gibilité des pensions, qui se rapporte aux modalités deliquidation et d’attribution des pensions de retraite,d’autre part, le principe de non-rétroactivité des loisn’affectent pas le principe de la libre circulation des tra-vailleurs énoncé à l’article 45 du Traité sur le fonc-tionnement de l’Union européenne ;

Et attendu que l’arrêt relève qu’après avoir demandéla liquidation de ses droits à pension et accepté l’appli-cation d’un taux réduit, M. X... n’a pas saisi les juridic-tions d’une contestation de cette liquidation, mais aformé un recours contre la décision de la commissionde recours amiable refusant de modifier le montant desa pension déjà liquidée ; que sa demande tendant àvoir recalculer sa pension à compter du mois dejuin 2000 ne peut donc pas prospérer ;

Que par ces seuls motifs, l’arrêt de la cour d’appel setrouve légalement justifié ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 14-10.609. M. X...contre caisse nationale

d’assurance vieillesse (CNAV).

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Depommier –Avocat général : Mme Lapasset – Avocats : SCP Monod,Colin et Stoclet, SCP Gatineau et Fattaccini

No 36

CASSATION

Juridiction de renvoi – Procédure – Partie – Partienon comparante – Effets – Etendue – Détermi-nation – Portée

En application des articles 631, 634, ensemble l’article 469du code de procédure civile, en cas de renvoi après cas-sation, l’instance se poursuit devant la juridiction derenvoi et lorsqu’après avoir comparu devant les juridic-tions dont la décision a été cassée, l’une des parties necomparaît pas, elle est réputée s’en tenir aux moyens etprétentions qu’elle avait soumis à la juridiction dont ladécision a été cassée et le juge statue par jugementcontradictoire.

Se heurte en conséquence à une fin de non-recevoir,devant être relevée d’office, l’opposition formée contre unarrêt, qualifié à tort d’arrêt par défaut, puisque rendusur renvoi après cassation d’un précédent arrêt contra-dictoire.

19 février 2015 Cassation sans renvoi

Sur le moyen relevé d’office, après avis donné auxparties en application de l’article 1015 du code de pro-cédure civile :

Vu les articles 631, 634, ensemble l’article 469 ducode de procédure civile, et l’article 125 du mêmecode ;

Attendu qu’en cas de renvoi après cassation, l’ins-tance se poursuit devant la juridiction de renvoi et lors-qu’après avoir comparu devant les juridictions dont ladécision a été cassée, l’une des parties ne comparaît pas,elle est réputée s’en tenir aux moyens et prétentionsqu’elle avait soumis à la juridiction dont la décision aété cassée et le juge statue par jugement contradictoire ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que Mmes X... et Y...ont formé opposition contre un arrêt rendu sur renvoiaprès cassation partielle (1re Civ, 25 novembre 1997,no 94-20.194) d’un arrêt contradictoire qui avait statuésur les responsabilités et les conséquences domma-geables pour elles de l’accident mortel de voltigeaérienne dont leurs ayants droit avaient été victimes ;

Attendu qu’en statuant sur cette opposition, alorsque Mmes X... et Y... ayant comparu devant la courd’appel dont l’arrêt a été cassé, l’arrêt rendu après cassa-tion qualifié à tort par défaut, était contradictoire etnon susceptible d’opposition, la cour d’appel, qui étaittenue de relever d’office la fin de non-recevoir d’ordrepublic résultant de l’absence d’ouverture de cette voiede recours, a violé les textes susvisés ;

Et vu l’article 627 du code de procédure civile ;

Attendu que la cassation encourue n’implique pasqu’il soit à nouveau statué sur le fond ;

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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. .

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 17 juin 2013, entre les parties, par lacour d’appel de Nancy ;

DIT n’y avoir lieu à renvoi ;

Déclare l’opposition formée par Mmes X... et Y...irrecevable.

No 13-25.728. Mme Z..., veuve X...,et autre

contre sociétéDeutsche Rentenversicherung Bund,

venant aux droits de la sociétéBundesversicherungsanstalt

Für Angestellte,et autres.

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Nicolle – Avocatgénéral : M. Mucchielli – Avocats : SCP Ortscheidt,SCP Le Griel, SCP Didier et Pinet, SCP Rocheteau etUzan-Sarano

A rapprocher :

1re Civ., 19 juin 2007, pourvoi no 06-20.240, Bull. 2007, I,no 238 (cassation sans renvoi) ;

Soc., 15 janvier 2014, pourvoi no 12-25.404, Bull. 2014, V,no 13 (cassation sans renvoi).

No 37

CASSATION

Pourvoi – Ouverture – Exclusion – Cas – Saisieimmobilière – Adjudication – Arrêt confirmantun jugement reportant la date de l’audience devente forcée

Il résulte des articles 606 à 608 du code de procédurecivile et R. 322-28 du code des procédures civiles d’exé-cution que l’arrêt de la cour d’appel qui confirme unjugement du juge de l’exécution se bornant à renvoyerl’audience d’adjudication à une date qu’il fixe n’est passusceptible d’un pourvoi en cassation immédiat dès lorsqu’il ne tranche pas pour partie le principal et ne metpas fin à l’instance.

19 février 2015 Irrecevabilité

Sur la recevabilité du pourvoi, relevée d’office, aprèsavis donné aux parties en application de l’article 1015du code de procédure civile :

Vu les articles 606, 607 et 608 du code de procédurecivile, ensemble l’article R. 322-28 du code des procé-dures civiles d’exécution ;

Attendu que les jugements en dernier ressort qui netranchent pas pour partie le principal et ne mettent pasfin à l’instance ne peuvent être frappés d’un pourvoi encassation indépendamment des jugements sur le fondque dans les cas spécifiés par la loi ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Nîmes, 11 avril 2013),que sur des poursuites à fin de saisie immobilière exer-cées par la caisse régionale de Crédit agricole mutuel duGard (la banque) à l’encontre de M. et Mme X...,l’adjudication du bien immobilier de ces derniers a étéfixée à l’audience du 4 octobre 2012 par un jugementd’orientation, rendu le 7 juin 2012, contre lequel M. etMme X... ont formé un pourvoi en cassation ; que parjugement du 4 octobre 2012, le juge de l’exécution arenvoyé l’audience d’adjudication au 31 janvier 2013 ;

Mais attendu que l’arrêt attaqué se borne, en confir-mant le jugement, à renvoyer l’audience d’adjudicationà une date qu’il fixe ;

D’où il suit que le pourvoi n’est pas recevable ;

Par ces motifs :

DECLARE le pourvoi IRRECEVABLE.No 14-12.226. Epoux X...

contre caisse régionalede Crédit agricole mutuel

(CRCAM) du Gard.

Président : Mme Flise – Rapporteur : M. Adida-Canac – Avo-cat général : M. Mucchielli – Avocats : SCP Jean-PhilippeCaston, SCP Gatineau et Fattaccini

A rapprocher :2e Civ., 8 janvier 2015, pourvoi no 14-10.205, Bull. 2015,

II, no 1 (irrecevabilité).

No 38

JUGEMENTS ET ARRETS

Notification – Signification à partie – Mentions –Voies de recours – Délai de recours – Personnedemeurant à l’étranger – Augmentation dudélai – Enonciation – Détermination – Portée

L’acte de signification d’un jugement susceptible d’appel, àdestination d’une partie demeurant à l’étranger, ne doitpas nécessairement mentionner que ce recours doit êtreformé dans un délai de trois mois dès lors qu’il indiqueque le délai est d’un mois et qu’il reproduit l’article 643du code de procédure civile faisant état de l’aug-mentation du délai de deux mois supplémentaires enpareille hypothèse.

19 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Aix-en-Provence,5 septembre 2013), que dans un litige l’opposant à ladirection des services fiscaux des Alpes-Maritimes, la

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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. .

société de droit suisse Riv-Eze a interjeté appel le17 septembre 2012 d’un jugement rendu le 24 novem-bre 2011 qui lui avait été signifié par un acte du7 février 2012 ;

Attendu que la société Riv-Eze fait grief à l’arrêt dedéclarer irrecevable son appel, alors, selon le moyen,que l’acte de notification d’un jugement à une partie doitindiquer de manière très apparente le délai d’appel appli-cable ainsi que les modalités selon lesquelles le recours peutêtre exercé ; que dès lors, en retenant, pour déclarer irrece-vable car tardif l’appel interjeté par la société Riv-Eze,ayant son siège en Suisse, à l’encontre du jugement rendule 24 novembre 2011 par le tribunal de grande instancede Nice, que l’acte de signification du jugement, qui men-tionnait explicitement et de manière erronée : « Vous pou-vez faire appel de cette décision devant la cour d’appeld’Aix-en-Provence dans le délai d’un mois à compter de ladate de cet acte », était néanmoins valable dans la mesureoù il comportait également la reproduction intégrale del’article 643 du code de procédure civile, qui précise l’aug-mentation des délais en cas de signification dans un dépar-tement ou un territoire d’Outre-mer ou encore dans unpays étranger, mentions qui contredisaient pourtant ledélai d’un mois mis en évidence par la typographie del’acte, lequel n’indiquait donc pas de manière très claire ledélai d’appel applicable en l’espèce, la cour d’appel a violél’article 680 du code de procédure civile ;

Mais attendu qu’ayant relevé que l’acte de significa-tion du jugement reproduisait les dispositions de l’arti-cle 643 du code de procédure civile qu’il visait expres-sément, de sorte que le délai de recours y étaitclairement indiqué, c’est sans encourir le grief que lacour d’appel a statué comme elle l’a fait ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 14-10.916. Société Riv-Ezecontre directeur généraldes finances publiques.

Président : Mme Flise – Rapporteur : M. Vasseur – Avocatgénéral : M. Mucchielli – Avocats : SCP Potier de la Vardeet Buk-Lament, SCP Thouin-Palat et Boucard

No 39

MESURES D’INSTRUCTION

Sauvegarde de la preuve avant tout procès – Référé– Conditions – Absence de saisine du juge dufond – Expertise n’étant pas demandée en consi-dération de l’action au fond – Portée

La cour d’appel, devant laquelle est contestée la recevabi-lité d’une demande d’expertise sollicitée devant le jugedes référés sur le fondement de l’article 145 du code de

procédure civile en vue de l’indemnisation d’aménage-ments effectués sur une parcelle, répond aux conclusionsprétendument délaissées selon lesquelles le juge du fondserait saisi du litige, dès lors qu’elle constate que l’actionen cours à la date de la saisine du juge des référés por-tait sur le droit à occuper la parcelle, de sorte que l’ex-pertise n’était pas demandée en considération de cetteaction.

19 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Grenoble, 19 novem-bre 2013) et les productions, que M. X... a interjetéappel d’une décision ayant constaté qu’il était occupantsans droit ni titre d’une parcelle acquise par lacommune d’Eurre (la commune) et lui ordonnant de lalibérer sous astreinte, puis a assigné la commune devantle juge des référés afin de voir constater, décrire etchiffrer par un expert les travaux et embellissementsqu’il a effectués sur la parcelle en cause et voir constateret chiffrer ses préjudices ; que le président du tribunalde grande instance statuant en référé a rejeté lademande de M. X... ;

Attendu que la commune fait grief à l’arrêt d’infir-mer l’ordonnance et d’ordonner une expertise à lademande de M. X..., alors, selon le moyen, que lacommune faisait valoir que la demande de mesure d’ins-truction présentée par M. X... devant le juge des référésétait irrecevable dès lors que le juge du fond était saisi dulitige ; qu’en s’abstenant de répondre à ces conclusions, lacour d’appel a violé l’article 455 du code de procédurecivile ;

Mais attendu qu’ayant constaté que l’action en coursà la date de la saisine du juge des référés portait sur ledroit de M. X... à occuper la parcelle en cause, la courd’appel a ainsi fait ressortir, répondant par là-même auxconclusions de la commune, que l’expertise sollicitée envue d’une éventuelle indemnisation des aménagementseffectués sur ladite parcelle n’était pas demandée enconsidération de cette action ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.No 14-12.280. Commune d’Eurre,

agissant par son maire en exercicecontre M. X...

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Kermina – Avocatgénéral : M. Mucchielli – Avocat : SCP Gaschignard

No 40

PROCEDURE CIVILE

Acte de procédure – Nullité – Effets – Détermina-tion – Portée

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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Lorsqu’un acte de procédure est déclaré nul, il est nonavenu et ses effets sont rétroactivement anéantis.

Viole en conséquence les articles 2240 et 2241 ducode civil, l’arrêt d’une cour d’appel qui, après avoirrelevé par des motifs non critiqués qu’un délai de pres-cription n’avait pas été interrompu par une assignationà comparaître à l’audience d’orientation, annulée enconséquence de l’annulation du commandement valantsaisie immobilière, retient que ce délai a néanmoins étéinterrompu par une reconnaissance de dette contenuedans les conclusions ultérieures du débiteur saisi, alorsque ces conclusions ayant été annulées en conséquence del’annulation du commandement, la reconnaissancequ’elles contenaient ne pouvait avoir eu pour effet d’in-terrompre le délai de prescription.

19 février 2015 Cassation sans renvoi

Sur le moyen unique, pris en ses trois premièresbranches :

Vu les articles 2240 et 2241 du code civil, ensemblel’article L. 137-2 du code de la consommation ;

Attendu que lorsqu’un acte de procédure est déclarénul, il est non avenu et ses effets sont rétroactivementanéantis ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué et les productions, quele 14 avril 2008 la société Crédit foncier de France (labanque) a fait délivrer à M. et Mme X... un comman-dement de payer valant saisie immobilière, puis uneassignation à l’audience d’orientation le 25 juillet 2008 ;que l’adjudication des biens immobiliers saisis étantintervenue, un juge de l’exécution a, par jugement du16 novembre 2011 rendu sur la demande d’un suren-chérisseur, prononcé la nullité du commandement et detous les actes de procédure subséquents ; que la banqueayant fait délivrer à M. et Mme X... un nouveaucommandement valant saisie immobilière le26 avril 2012, ceux-ci l’ont contesté devant un juge del’exécution en soutenant que l’action de la banque étaitprescrite ;

Attendu que pour rejeter la fin de non-recevoir tiréede la prescription, soulevée par M. et Mme X..., del’action de la banque à leur encontre et tendant à lapoursuite de la vente aux enchères publiques de biens etdroits immobiliers leur appartenant, la cour d’appel,après avoir rappelé que la déchéance du terme avait étéprononcée le 28 mars 2008, et relevé, par des motifsnon critiqués, que l’assignation du 25 juillet 2008n’avait pas interrompu le délai de prescription commeayant été annulée en conséquence de l’annulation ducommandement du 14 avril 2008, retient par motifspropres que le délai a été interrompu par la reconnais-sance par M. et Mme X... du droit de la banque à leurencontre dans leurs conclusions des 3 novembre 2009et 6 avril 2011 et, par motifs adoptés, qu’il l’a été parleurs conclusions du 10 septembre 2012 ;

Qu’en statuant ainsi, alors que les conclusions des3 novembre 2009 et 6 avril 2011 avaient été annulées,de sorte que la reconnaissance qu’elles contenaient ne

pouvait avoir eu pour effet d’interrompre le délai deprescription biennal de l’article L. 137-2 du code de laconsommation et que celles du 10 septembre 2012étaient postérieures à l’expiration de ce délai, la courd’appel a violé les textes susvisés ;

Et vu l’article 627 du code de procédure civile, aprèsavis donné aux parties conformément aux dispositionsde l’article 1015 du même code ;

Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer surla dernière branche du moyen :

CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 25 octobre 2013, entre les parties, parla cour d’appel d’Aix-en-Provence ;

DIT n’y avoir lieu à renvoi ;

Dit que l’action de la société Crédit foncier deFrance est prescrite.

No 14-10.622. Epoux X...contre crédit foncier de France.

Président : Mme Flise – Rapporteur : M. Liénard – Avocatgénéral : M. Mucchielli – Avocats : SCP Gatineau et Fat-taccini, SCP Célice, Blancpain, Soltner et Texidor

Sur l’effet de la caducité d’un commandement valantsaisie immobilière, à rapprocher :

2e Civ., 19 février 2015, pourvoi no 13-28.445, Bull. 2015,II, no 47 (cassation sans renvoi).

No 41

PROCEDURE CIVILE

Notification – Signification – Personne – Personnemorale – Société – Signification au siège social –Diligences suffisantes

L’huissier de justice qui signifie suivant procès-verbal derecherches infructueuses un acte à une personne moraleà l’adresse de son siège social n’est pas tenu de tenterune signification à l’adresse personnelle du gérant decelle-ci.

19 février 2015 Cassation

Sur le moyen unique :

Vu l’article 690 du code de procédure civile ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que la société Chrislie,qui avait donné à bail un local à usage commercial à lasociété Mirsud, lui a fait délivrer un commandement depayer visant la clause résolutoire ; que la société Mirsuda fait assigner la société Chrislie, suivant les modalités

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

36

. .

de l’article 659 du code de procédure civile, devant unjuge des référés qui, par ordonnance du 13 juillet 2012,a ordonné la suspension des effets de la clause résolu-toire et le séquestre de la somme visée au commande-ment de payer ; que la société Chrislie a interjeté appelde l’ordonnance en soulevant la nullité de l’acte intro-ductif d’instance ;

Attendu que pour prononcer la nullité de l’assigna-tion, de tous les actes lui faisant suite et de l’ordon-nance de référé, l’arrêt retient que le bail indiquaitl’adresse du gérant de la société Chrislie, que l’acte d’as-signation dont était chargé l’huissier de justice devaitêtre remis à personne, qu’une personne morale estreprésentée par son gérant, que c’est donc à ce dernierou à une personne se déclarant habilitée que l’actedevait être remis et que la société Mirsud a omis deporter l’adresse du gérant à la connaissance de l’huissierde justice qui, s’il l’avait connue, n’aurait pas manquéde signifier l’acte à son domicile ;

Qu’en statuant ainsi, alors qu’il résultait de sespropres constatations que l’adresse à laquelle l’huissierde justice avait effectué la signification était celle dusiège social, la cour d’appel, en retenant pour l’annulerque l’acte aurait dû être signifié à l’adresse personnelledu gérant, a violé le texte susvisé ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 23 septembre 2013, entre les parties,par la cour d’appel de Bordeaux ; remet, en consé-quence, la cause et les parties dans l’état où elles setrouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, lesrenvoie devant la cour d’appel d’Agen.

No 13-28.140. Société Mirsudcontre société civile professionnelle

(SCP) Chrislie.

Président : Mme Flise – Rapporteur : M. Vasseur – Avocatgénéral : M. Mucchielli – Avocats : SCP Piwnica et Moli-nié, SCP Vincent et Ohl

Dans le même sens que :

2e Civ., 11 mars 2010, pourvoi no 09-65.498, Bull. 2010, II,no 52 (rejet), et les arrêts cités.

No 42

PROCEDURE CIVILE

Ordonnance sur requête – Rétractation – Juge quia rendu l’ordonnance – Pouvoirs – Pouvoirsconférés exclusivement par l’article 496, alinéa 2,du code de procédure civile – Portée

Le juge des requêtes, saisi d’une demande de rétractationde l’une de ses ordonnances ne peut statuer qu’en référé,en exerçant les pouvoirs que lui confère exclusivement

l’article 496, alinéa 2, du code de procédure civile, peuimportant que l’assignation soit intitulée « assignationen la forme des référés ».

19 février 2015 Cassation

Sur le moyen unique, pris en sa première branche :

Vu l’article 496, alinéa 2, du code de procédurecivile ;

Attendu qu’il résulte de ce texte que s’il est fait droità la requête, tout intéressé peut en référer au juge qui arendu l’ordonnance ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que la société CablingDan services systèmes (la société CDS) ayant obtenu,par ordonnance du président d’un tribunal de grandeinstance, statuant sur requête, la désignation d’un huis-sier de justice pour procéder à des constatations audomicile de M. X...-Y... (M. X...), ancien salarié, afinde rechercher la preuve d’actes de concurrence déloyale,ce dernier, par une « assignation en la forme des réfé-rés », a fait citer la société CDS, prise en la personne deson liquidateur judiciaire, devant le même juge afind’obtenir la rétractation de cette ordonnance ; que cejuge a rejeté la demande de rétractation ;

Attendu que, pour déclarer le président statuant en laforme des référés incompétent pour connaître de lademande en rétractation de l’ordonnance sur requête,l’arrêt retient que l’article 492-1 du code de procédurecivile précise qu’à moins qu’il en soit disposé autre-ment, lorsqu’il est prévu que le juge statue comme enmatière de référé ou en la forme des référés, il exerce lespouvoirs dont dispose la juridiction au fond et statuepar une ordonnance ayant l’autorité de la chose jugéerelativement aux contestations qu’elle tranche et qu’ilrésulte de ces dispositions que l’instance en rétractationne peut être introduite devant le juge qu’en référé etqu’il ne peut statuer en la forme des référés, cette for-mule impliquant qu’il rende une décision au fond etnon une décision provisoire ;

Qu’en statuant ainsi, alors que M. X... avait saisi auxfins de rétractation le juge qui avait rendu l’ordonnancesur requête de sorte que, peu important l’intitulé del’assignation, ce juge n’avait pu statuer qu’en exerçantles pouvoirs du juge des référés que lui confère exclu-sivement l’article 496, alinéa 2, du code de procédurecivile, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;

Par ces motifs et sans qu’il y ait lieu de statuer surla seconde branche du moyen :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 9 juillet 2013, entre les parties, par lacour d’appel de Paris ; remet, en conséquence, la causeet les parties dans l’état où elles se trouvaient avantledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant lacour d’appel de Paris, autrement composée.

No 13-28.223. M. X...-Y...contre société civile professionnelle

(SCP) Z...-A..., prise en la personnede M. Z..., en qualité

de liquidateur judiciairede la société Cabling Dan

services systèmes - CDS systèmes.

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

37

. .

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Robineau – Avo-cat général : M. Mucchielli – Avocats : SCP Waquet, Fargeet Hazan, SCP Rocheteau et Uzan-Sarano

Evolution par rapport à :

2e Civ., 20 février 1980, pourvoi no 78-16.544, Bull. 1980,II, no 39 (cassation) ;

Com., 1er décembre 1987, pourvoi no 86-10.229, Bull. 1987,IV, no 258 (cassation).

No 43

PROCEDURES CIVILES D’EXECUTION

Mesures d’exécution forcée – Saisie-attribution –Effets – Créance disponible entre les mains dutiers saisi – Attribution au profit du créanciersaisissant – Etendue – Détermination – Portée

En application des dispositions de l’article L. 211-2 ducode des procédures civiles d’exécution, l’acte de saisieemporte à concurrence des sommes pour lesquelles elle estpratiquée, attribution immédiate au profit du saisissantde la créance saisie disponible entre les mains du tiers.

Viole ces dispositions la cour d’appel qui retientqu’une première saisie-attribution contestée devant lejuge de l’exécution et ayant fait l’objet d’une décision deretrait du rôle, ne constitue pas un obstacle à la mise enœuvre d’une nouvelle saisie-attribution portant sur lamême créance, dès lors qu’elle ne peut permettre aucréancier d’obtenir le moindre paiement du tiers saisi,alors que tant qu’il n’a pas été statué sur le sort de lapremière saisie, l’effet attributif qui lui est attaché per-dure à concurrence des sommes pour lesquelles elle a étépratiquée.

19 février 2015 Cassation partielle

Attendu, selon l’arrêt attaqué, qu’à la suite d’une pré-cédente saisie-attribution pratiquée au préjudice de lasociété SFS, ayant fait l’objet d’une contestation devantle juge de l’exécution qui en a ordonné le retrait durôle le 24 septembre 2003, Le Crédit lyonnais a faitpratiquer une nouvelle saisie-attribution le 13 mai 2011pour les mêmes causes, entre les mains du même tierssaisi, la société ALDI ; que la société SFS a contestécette mesure ;

Sur le second moyen :

Attendu que la société SFS fait grief à l’arrêt de ladébouter de sa demande tendant à ce que la banquesoit déchue de son droit de poursuivre le recouvrementde sa créance à son encontre et à ce que soit ordonnée,en conséquence, la mainlevée de l’hypothèque prise parla banque sur son immeuble pour garantir le crédit du

30 août 1995, ainsi que celle de la saisie-attributionpratiquée à l’encontre de la société ALDI et de confir-mer le jugement entrepris en ce qu’il a validé la saisie àl’exception des intérêts moratoires échus antérieurementau 13 mai 2006, alors, selon le moyen :

1o que le créancier qui n’a pris aucune initiative envue de recouvrer sa créance dans les mains du tiers-saisiperd ses droits à concurrence des sommes dues par celui-ci ;qu’en affirmant qu’aucun manque de diligence ne pouvaitêtre imputé à faute au Crédit lyonnais dans le recouvre-ment de la créance qui lui avait été attribuée à la suite dela saisie pratiquée le 3 octobre 2002 à l’encontre de lasociété ALDI au motif que la société SFS avait admis dansses conclusions de première instance que sa locataire, lasociété ALDI, lui avait en définitive réglé le montant desloyers, la cour d’appel, qui a ainsi ajouté à l’arti-cle R. 211-8 du code des procédures civiles d’exécution unecondition qu’il ne comporte pas, en a violé les dispositions ;

2o que le créancier qui n’a pris aucune initiative envue de recouvrer sa créance dans les mains du tiers-saisiperd ses droits à concurrence des sommes dues par celui-ci ;qu’en affirmant que la société SFS ne pouvait faire griefau Crédit lyonnais de ne pas avoir fait juger la contesta-tion qu’elle avait formée le 7 novembre 2002 devant lejuge de l’exécution du tribunal de grande instance de Gapdès lors qu’elle avait sollicité son retrait du rôle sansrechercher, ainsi qu’elle y était invitée, si en s’abstenant defaire constater la péremption de cette instance et de sollici-ter, en conséquence, un certificat de non-contestation quilui aurait permis d’obtenir paiement de sa créance dans lesmains du tiers saisi, Le Crédit lyonnais n’avait pas éténégligent dans le recouvrement de sa créance, la cour d’ap-pel a privé sa décision de base légale au regard de l’arti-cle R. 211-8 du code des procédures civiles d’exécution ;

3o que, dans ses dernières conclusions, la société SFSfaisait valoir que l’inefficacité de la saisie-attribution pra-tiquée le 3 octobre 2002 à l’encontre de la société ALDIétait imputable à la négligence de la société SFS quin’avait « jamais tenté d’obtenir de la société ALDI tiers-saisi, le paiement des sommes qu’elle avait pourtantreconnues devoir dans l’acte de saisie de 2002 » ; qu’ellerelevait ainsi clairement et précisément que « Le Créditlyonnais reconnaît ne rien avoir fait depuis 2002 auprèsdu tiers-saisi pour rendre effective la saisie faite » ; qu’enaffirmant que la société SFS avait énoncé que Le Créditlyonnais avait donné mainlevée de la première saisie-attribution pratiquée en 2002, la cour d’appel a dénaturéses conclusions signifiées le 20 août 2013 en violation del’article 1134 du code civil ;

4o que, dans ses dernières conclusions, Le Crédit lyon-nais reconnaissait lui-même « qu’aucune décision n’étaitjamais intervenue pour déclarer la saisie-attribution alorspratiquée nulle ou encore en ordonner la mainlevée » ;qu’en affirmant que la saisie-attribution pratiquée àl’encontre de la société ALDI le 3 octobre 2002 avait faitl’objet d’une mainlevée, la cour d’appel a méconnu lestermes du litige en violation de l’article 4 du code de pro-cédure civile ;

Mais attendu qu’ayant exactement retenu que lacontestation de la saisie-attribution par le saisi faisaitobstacle à toute action en paiement à l’encontre dutiers-saisi de sorte qu’aucun manquement ne pouvaitêtre reproché au créancier, la cour d’appel a par cesseuls motifs, légalement justifié sa décision ;

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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. .

Mais, sur le premier moyen pris en sa premièrebranche :

Vu l’article L. 211-2, ensemble l’article L. 211-5, ducode des procédures civiles d’exécution ;

Attendu que l’acte de saisie emporte à concurrencedes sommes pour lesquelles elle est pratiquée, attribu-tion immédiate au profit du saisissant de la créance sai-sie disponible entre les mains du tiers ;

Attendu que pour débouter la société SFS de sademande tendant à voir déclarer « irrecevable » la nou-velle saisie-attribution pratiquée en 2011 compte tenude celle précédemment ordonnée en 2002 et de confir-mer le jugement en ce qu’il a validé la saisie-attributionà l’exception des intérêts moratoires, l’arrêt retient quequand bien même il n’a pas été donné mainlevée de lapremière mesure, celle-ci ne saurait constituer un obs-tacle à la mise en œuvre de la saisie contestée, dès lorsqu’elle ne pouvait permettre au créancier d’obtenir lemoindre paiement du tiers saisi ;

Qu’en statuant ainsi, alors que, peu important ladécision de retrait du rôle en date du 24 septem-bre 2003, tant qu’il n’avait pas été statué sur la contes-tation de la première saisie, l’effet attributif qui lui étaitattaché perdurait à concurrence des sommes pourlesquelles elle avait été pratiquée, la cour d’appel a violéles textes susvisés ;

Par ces motifs et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres branches du premier moyen :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il adébouté la société SFS de sa contestation de la saisie-attribution pratiquée à son préjudice le 13 mai 2011,l’arrêt rendu le 15 octobre 2013, entre les parties, parla cour d’appel de Grenoble ; remet, en conséquence,sur ce point, la cause et les parties dans l’état où elles setrouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, lesrenvoie devant la cour d’appel de Lyon.

No 14-10.439. Société SFScontre société Le Crédit lyonnais.

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Lemoine – Avocatgénéral : M. Mucchielli – Avocats : SCP Boré et Salvede Bruneton, SCP Barthélemy, Matuchansky, Vexliard etPoupot

No 44

PROTECTION DES CONSOMMATEURS

Surendettement – Application dans le temps – Loidu 26 juillet 2013 – Article L. 330-1 du code dela consommation – Application aux procéduresen cours

La disposition de la loi no 2013-672 du 26 juillet 2013de séparation et de régulation des activités bancaires,qui modifie l’article L. 330-1 du code de la consomma-

tion, en indiquant que le fait que la valeur estimée dela résidence principale du débiteur à la date du dépôtdu dossier de surendettement soit égale ou supérieure aumontant de l’ensemble des dettes non professionnellesexigibles et à échoir ne peut être tenu comme empêchantque la situation de surendettement soit caractérisée, estentrée en vigueur le 1er janvier 2014, l’article 69, II, dela loi précisant que cette modification s’applique auxprocédures de traitement des situations de surendette-ment en cours à cette date.

Encourt dès lors l’annulation, sur le moyen tiré de lanon-conformité à cette disposition modifiée du code dela consommation, le jugement rendu avant l’entrée envigueur de cette loi mais qui faisait l’objet d’un pourvoipendant à cette date.

19 février 2015 Annulation

Sur le moyen unique :

Vu l’article L. 330-1 dans sa rédaction issue de l’arti-cle 69 de la loi no 2013-672 du 26 juillet 2013 ;

Attendu que le seul fait d’être propriétaire de sa rési-dence principale et que la valeur estimée de celle-ci à ladate du dépôt du dossier de surendettement soit égaleou supérieure au montant de l’ensemble des dettes nonprofessionnelles exigibles et à échoir ne peut être tenucomme empêchant que la situation de surendettementsoit caractérisée ;

Attendu, selon le jugement attaqué, rendu en dernierressort, que le Crédit foncier et communal d’Alsace-Lorraine Banque (CFCAL) a formé un recours contrela décision d’une commission de surendettement desparticuliers qui avait déclaré recevable la demande deM. et Mme X... de traitement de leur situation desurendettement ;

Attendu que pour déclarer M. et Mme X... irrece-vables en leur demande, le jugement retient que si envertu du premier alinéa, in fine, de l’article L. 330-1 ducode de la consommation, le seul fait d’être propriétairede sa résidence principale ne peut être tenu commeempêchant que la situation de surendettement soitcaractérisée, il est néanmoins constant que la situationdes débiteurs doit s’apprécier en tenant compte del’ensemble des éléments d’actif composant leur patri-moine, et notamment de la valeur du bien immobilierdont ils sont propriétaires ; que la résidence principalede M. et Mme X... ayant été évaluée à la somme de140 000 euros, alors que le total de leurs dettes exi-gibles et à échoir s’élève à 81 850,47 euros, leur actifest largement supérieur au passif de sorte qu’ils neseraient plus endettés après avoir aliéné leur bien, ycompris en tenant compte du coût du relogement ;

Que cette décision, non conforme aux dispositionsde la loi susvisée, applicables aux procédures de suren-dettement en cours devant la Cour de cassation, doit enconséquence être annulée ;

Par ces motifs :

ANNULE, dans toutes ses dispositions, le jugementrendu le 23 octobre 2013, entre les parties, par le tribu-nal d’instance de Brive-la-Gaillarde ; remet, en consé-

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

39

. .

quence, la cause et les parties dans l’état où elles setrouvaient avant ledit jugement et, pour être fait droit,les renvoie devant le tribunal d’instance de Limoges.

No 13-28.236. Epoux X...contre société Crédit foncier

et communal d’Alsace-Lorraine(CFCAL) Banque,

et autres.

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Nicolle – Avocatgénéral : M. Mucchielli – Avocats : Me Balat, SCP Roche-teau et Uzan-Sarano

Sur l’application de l’article L. 330-1 du code de laconsommation, dans sa rédaction issue de l’article 69 dela loi no 2013-672 du 26 juillet 2013, dans le même sensque :

2e Civ., 19 février 2015, pourvoi no 14-10.268, Bull. 2015,II, no 45 (annulation).

No 45

PROTECTION DES CONSOMMATEURS

Surendettement – Application dans le temps – Loidu 26 juillet 2013 – Article L. 330-1 du code dela consommation – Application aux procéduresen cours

La disposition de la loi no 2013-672 du 26 juillet 2013de séparation et de régulation des activités bancaires,qui modifie l’article L. 330-1 du code de la consomma-tion, en indiquant que le fait que la valeur estimée dela résidence principale du débiteur à la date du dépôtdu dossier de surendettement soit égale ou supérieure aumontant de l’ensemble des dettes non professionnellesexigibles et à échoir ne peut être tenu comme empêchantque la situation de surendettement soit caractérisée, estentrée en vigueur le 1er janvier 2014, l’article 69, II, dela loi précisant que cette modification s’applique auxprocédures de traitement des situations de surendette-ment en cours à cette date.

Encourt dès lors l’annulation sur le moyen relevéd’office tiré de la non-conformité à cette disposition, lejugement rendu avant l’entrée en vigueur de cette loimais qui faisait l’objet d’un pourvoi pendant à cettedate.

19 février 2015 Annulation

Sur le moyen relevé d’office, après avis donné auxparties en application de l’article 1015 du code de pro-cédure civile :

Vu l’article L. 330-1 du code de la consommation,dans sa rédaction issue de l’article 69 de la loi no 2013-672 du 26 juillet 2013, applicable à la procédure desurendettement pendante ;

Attendu que le seul fait d’être propriétaire de sa rési-dence principale et que la valeur estimée de celle-ci à ladate du dépôt du dossier de surendettement soit égaleou supérieure au montant de l’ensemble des dettes nonprofessionnelles exigibles et à échoir ne peut être tenucomme empêchant que la situation de surendettementsoit caractérisée ;

Attendu, selon le jugement attaqué, rendu en dernierressort, que M. et Mme X... ont formé un recourscontre la décision d’une commission de surendettementqui avait déclaré irrecevable leur demande de traitementde leur situation financière ;

Attendu que pour déclarer non fondé le recours deM. et Mme X..., le jugement retient, après avoir ana-lysé leur endettement, leurs charges et leurs revenus,que l’aliénation de leur résidence principale leur per-mettrait d’apurer l’ensemble de leurs dettes et de faireface aux frais de relogement et aux charges courantes,ce dont il résultait qu’ils n’étaient pas en situation desurendettement ;

Que cette décision, non conforme aux dispositionsde la loi susvisée, doit en conséquence être annulée ;

Par ces motifs :

ANNULE, en toutes ses dispositions, le jugementrendu le 8 novembre 2013, entre les parties, par le tri-bunal d’instance d’Orange ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit jugement et, pour être fait droit, les renvoiedevant le tribunal d’instance d’Avignon.

No 14-10.268. Epoux X...contre société AGF Allianz Athena,

et autres.

Président : Mme Flise – Rapporteur : M. Vasseur – Avocatgénéral : M. Mucchielli – Avocats : Me Le Prado, SCP Piw-nica et Molinié

Sur l’application de l’article L. 330-1 du code de laconsommation, dans sa rédaction issue de l’article 69 dela loi no 2013-672 du 26 juillet 2013, dans le même sensque :

2e Civ., 19 février 2015, pourvoi no 13-28.236, Bull. 2015,II, no 44 (annulation).

No 46

SAISIE IMMOBILIERE

Adjudication – Mise à prix – Modification – Miseà prix fixée par le jugement d’orientation – Pre-mière enchère fixée au montant de la mise à prixinitiale du créancier poursuivant – Excès de pou-voir

Excède ses pouvoirs, et viole les articles L. 322-6,R. 322-15, R. 322-43 et R. 322-47 du code des procé-dures civiles d’exécution, le juge de l’exécution qui

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

40

. .

adjuge un immeuble après avoir fixé la premièreenchère au montant de la mise à prix initiale du créan-cier poursuivant, alors que le jugement d’orientationavait irrévocablement fixé la mise à prix à un montantsupérieur.

19 février 2015 Cassation

Sur le moyen unique du pourvoi, qui est recevable :

Vu les articles L. 322-6, R. 322-15, R. 322-43et R. 322-47 du code des procédures civiles d’exé-cution ;

Attendu, selon le jugement attaqué rendu en dernierressort, que sur des poursuites à fin de saisie immobi-lière exercées par le crédit immobilier de France-Ouestà l’encontre de M. et Mme X..., un jugement d’orienta-tion du 5 décembre 2012 a ordonné la vente forcée del’immeuble et fixé la mise à prix à 95 000 euros ;

Attendu que pour adjuger au créancier poursuivant,faute d’enchères, l’immeuble saisi au prix de40 000 euros, le juge de l’exécution a fixé les enchères àpartir d’une mise à prix de 40 000 euros ;

Qu’en statuant ainsi, alors que le jugement d’orienta-tion du 5 décembre 2012 avait fixé irrévocablement lemontant de la mise à prix lors de la vente forcée à lasomme de 95 000 euros, le juge de l’exécution, qui aexcédé ses pouvoirs, a violé les textes susvisés ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,le jugement rendu le 10 avril 2013, entre les parties,par le juge de l’exécution du tribunal de grande ins-tance de Dieppe ; remet, en conséquence, la cause et lesparties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit juge-ment et, pour être fait droit, les renvoie devant le jugede l’exécution du tribunal de grande instance deRouen.

No 14-13.786. M. X...contre société Crédit immobilier

de France-Ouest,anciennement dénommée

Crédit immobilierde France Normandie,

et autre.

Président : Mme Flise – Rapporteur : M. Adida-Canac – Avo-cat général : M. Mucchielli – Avocats : SCP Nicolay,de Lanouvelle et Hannotin, SCP Spinosi et Sureau

No 47

SAISIE IMMOBILIERE

Commandement – Caducité – Effets – Etendue –Détermination – Portée

Il résulte des articles L. 311-1, L. 321-1, R. 321-1et R. 322-27 du code des procédures civiles d’exécution,ensemble l’article 2244 du code civil, dans sa rédactionissue de la loi no 2008-561 du 17 juin 2008, que lacaducité frappant un commandement de payer valantsaisie immobilière, qui le prive rétroactivement de tousses effets, atteint tous les actes de la procédure de saisiequ’il engage.

Encourt en conséquence la censure l’arrêt d’une courd’appel retenant que la caducité d’un commandementvalant saisie immobilière n’entraînait que la caducité dela procédure de saisie immobilière, distincte de celle del’assignation à comparaître à l’audience d’orientationqui, n’ayant pas été déclarée caduque, avait valable-ment interrompu la prescription, de même que la déci-sion statuant sur cette orientation.

19 février 2015 Cassation sans renvoi

Sur le moyen unique, pris en ses deux premièresbranches réunies :

Vu les articles L. 311-1, L. 321-1, R. 321-1et R. 322-27 du code des procédures civiles d’exé-cution, ensemble l’article 2244 du code civil, dans sarédaction issue de la loi du 17 juin 2008, applicable enla cause ;

Attendu que la caducité qui frappe un commande-ment de payer valant saisie immobilière et qui le priverétroactivement de tous ses effets atteint tous les actesde la procédure de saisie qu’il engage ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que le Crédit foncierde France (la banque) ayant fait délivrer à M. etMme X... un commandement de payer valant saisieimmobilière le 28 février 2009 puis une assignation àl’audience d’orientation le 29 mai 2009, un jugementd’un juge de l’exécution du 28 janvier 2010 a constatéla caducité du commandement ; que la banque a faitdélivrer à M. et Mme X... un nouveau commandementde payer aux fins de saisie immobilière le 15 décem-bre 2011 ; que sur leur contestation un juge de l’exé-cution les a déboutés de leur demande tendant à décla-rer prescrite la créance de la banque, par application del’article L. 137-2 du code de la consommation ;

Attendu que pour dire que le commandement du15 décembre 2011 avait été introduit dans les délais dela prescription, la cour d’appel, après avoir rappelé lestermes de l’article 2241 du code civil, issu de la loi du17 juin 2008, retient que la première assignation n’apas été déclarée caduque, la caducité frappant le seulcommandement délivré, que la caducité de la procédurede saisie immobilière est distincte de celle de l’assigna-tion et que la prescription a valablement été inter-rompue par l’assignation du 29 mai 2009 puis à la datede l’arrêt au fond du 22 janvier 2010 ;

Qu’en statuant ainsi, alors qu’elle retenait quel’action de la banque contre M. et Mme X... était sou-mise à un délai de prescription de deux ans et relevaitque le premier commandement valant saisie immobi-lière avait été déclaré caduc et que le second comman-

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dement valant saisie immobilière leur avait été signifiéau-delà de ce délai de prescription, la cour d’appel aviolé les textes susvisés ;

Et vu l’article 627 du code de procédure civile, aprèsavis donné aux parties conformément à l’article 1015du code de procédure civile ;

Par ces motifs et sans qu’il y ait lieu de statuer surla troisième branche du moyen :

CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 5 juillet 2013, entre les parties, par lacour d’appel d’Aix-en-Provence ;

DIT n’y avoir lieu à renvoi ;

Déclare prescrite la créance de la société Crédit fon-cier de France.

No 13-28.445. Epoux X...contre société Crédit foncier de France.

Président : Mme Flise – Rapporteur : M. Liénard – Avocatgénéral : M. Mucchielli – Avocats : SCP Boré et Salvede Bruneton, SCP Célice, Blancpain, Soltner et Texidor

Sur l’unicité de la procédure de saisie immobilière, àrapprocher :

2e Civ., 5 mai 2011, pourvoi no 10-14.066, Bull. 2011, II,no 105 (1) (cassation partielle).

Sur l’effet de la caducité d’un commandement de payervalant saisie immobilière, à rapprocher :

2e Civ., 4 septembre 2014, pourvoi no 13-11.887, Bull. 2014,II, no 179 (1) (cassation partielle).

Sur l’effet de l’annulation d’un commandement depayer valant saisie immobilière, à rapprocher :

2e Civ., 19 février 2015, pourvoi no 14-10.622, Bull. 2015,II, no 40 (cassation sans renvoi).

No 48

SAISIE IMMOBILIERE

Saisie sur tiers détenteur – Purge des privilèges etdes hypothèques – Défaut – Effets – Portée

En application de l’article 2463 du code civil, le tiersdétenteur qui ne remplit pas les formalités pour purgersa propriété est tenu, ou de payer, ou de délaisser l’im-meuble.

Par suite, c’est à bon droit, qu’une cour d’appelretient que le tiers détenteur d’un bien immobilier,débiteur du droit de suite, n’est pas fondé à se prévaloir

de la prescription de la créance principale à l’appui desa demande de mainlevée du commandement de payervalant saisie.

19 février 2015 Rejet

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Basse-Terre, 7 octo-bre 2013), que sur des poursuites de saisie immobilièrediligentées contre M. X..., tiers détenteur, par la Sociétéfinancière Antilles Guyane (la SOFIAG), celle-ci lui adélivré un commandement valant saisie avant de déli-vrer un commandement de payer au débiteur principal ;

Sur le premier moyen :

Attendu que M. X... fait grief à l’arrêt de rejeter sesdemandes, dire qu’en application de l’article R. 321-5du code des procédures civiles d’exécution, en sa qualitéde tiers saisi débiteur du droit de suite, il n’était pasfondé à soulever les moyens de nullité tirés de l’absencede TEG du prêt et de la prescription de la créance, direque la créance de la société SOFIAG s’élevait à lasomme de 67 643,66 euros sans préjudice des intérêtspostérieurs jusqu’à la distribution du prix de vente àintervenir et au plus tard à la date prévue par l’arti-cle R. 334-3 du code des procédures civiles d’exécution,confirmer le jugement pour le surplus et dire qu’il seraprocédé au retour du dossier au greffe du juge de l’exé-cution du tribunal de grande instance de Pointe-à-Pitreen vue de la vente forcée des biens, alors selon lemoyen :

1o que le commandement de payer valant saisie immo-bilière lui a été délivré par la SOFIAG le 4 novem-bre 2010, comme l’indiquaient tant lui-même que laSOFIAG et comme l’a par ailleurs également relevé le pre-mier juge et la cour d’appel ; que la signification de cecommandement était en outre produite aux débats par lesparties, et portait la date du 4 novembre 2010 ; qu’enénonçant en conséquence, pour rejeter le moyen de nullitépris de l’absence de délivrance préalable au commande-ment valant saisie d’un commandement de payer au débi-teur, que le commandement de payer valant saisie luiavait été délivré le 15 juin 2011, la cour d’appel a déna-turé ce document et violé en conséquence l’article 1134 ducode civil ;

2o que la délivrance du commandement de payer audébiteur doit précéder la signification du commandementvalant saisie au tiers détenteur, à peine de nullité de cedernier ; que la nullité est encourue sans qu’il soit néces-saire de démontrer l’existence d’un grief causé par cetteomission ; qu’en l’espèce, la cour d’appel a expressémentconstaté que la SOFIAG avait délivré le commandementde saisie à M. X..., tiers détenteur, le 4 novembre 2010, etle commandement de payer à la société La Gourmanderie,débiteur, le 24 février 2011, soit quatre mois plus tard etdeux mois après la publication du commandement valantsaisie ; qu’en refusant néanmoins de prononcer la nullitédu commandement valant saisie immobilière diligentécontre l’exposant, aux motifs qu’il n’était exigé par aucuntexte que le commandement délivré au débiteur soit anté-rieur au commandement valant saisie signifiée au tiersdétenteur, et que M. X... ne démontrait en tout état decause pas avoir subi un grief, la cour d’appel a violé les

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DEUXIÈME PARTIE DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

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articles R. 321-4 du code des procédures civiles d’exécutionet l’article 17 du décret du 27 juillet 2006 applicable auprésent litige ;

3o que le créancier qui exerce l’action hypothécaire nesaurait avoir plus de droits contre le tiers détenteur quecontre le débiteur principal ; qu’il en résulte que le tiersdétenteur est recevable à opposer au créancier poursuivantles exceptions qui auraient appartenu au débiteur s’il étaitresté propriétaire de l’immeuble ; qu’il peut notamment àce titre invoquer la prescription de la créance garantie ;qu’en jugeant que M. X... n’était pas fondé, en sa qualitéde tiers détenteur, à soulever le moyen de nullité de la pro-cédure de saisie immobilière tiré de la prescription de lacréance de la banque poursuivante, la cour d’appel a violéles articles 2461 et suivants du code civil, ensemble lesarticles R. 321-4 et R. 322-15 du code des procéduresciviles d’exécution ;

Mais attendu qu’abstraction faite de l’erreur pure-ment matérielle affectant la date de délivrance ducommandement de payer valant saisie immobilière, quin’a pas eu d’incidence sur la solution du litige, la courd’appel a exactement retenu qu’aucun texte n’imposait,pour sa validité, que le commandement délivré au tiersdétenteur soit postérieur à celui adressé au débiteurprincipal ;

Et attendu qu’en application de l’article 2463 ducode civil, le tiers détenteur qui ne remplit pas les for-malités pour purger sa propriété est tenu, ou de payer,ou de délaisser l’immeuble ; qu’ayant relevé que M. X...était recherché en sa qualité de tiers détenteur du bienimmobilier, débiteur du droit de suite, la cour d’appel aretenu à bon droit qu’il n’était pas fondé à se prévaloirde la prescription de la créance principale à l’appui desa demande de mainlevée du commandement de payervalant saisie ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Sur le second moyen : (Publication sans intérêt) ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-27.691. M. X...contre société financière

Antilles Guyane (SOFIAG).

Président : Mme Flise – Rapporteur : Mme Lemoine – Avocatgénéral : M. Mucchielli – Avocats : SCP Célice, Blancpain,Soltner et Texidor, SCP Boré et Salve de Bruneton

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CHAMBRES CIVILES

TROISIÈME PARTIE - TROISIÈME CHAMBRE CIVILE

FÉVRIER 2015

No 16

BAIL RURAL

Bail à ferme – Sortie de ferme – Indemnité au pre-neur sortant – Sommes versées au titre d’un pas-de-porte – Action en répétition – Conjoint del’exploitant – Exercice – Conditions – Détermi-nation

Le conjoint de l’exploitant, qui agit en remboursement dessommes versées au titre d’un pas-de-porte contre le pre-neur sortant, et non contre le bailleur, n’exerce ni uneaction dérivée du bail rural, ni une action exclusive-ment attachée à la personne de son époux et peut se pré-valoir des dispositions de l’article 1166 du code civilpour exercer l’action en répétition de l’indu que ce der-nier s’abstient de mettre en œuvre.

11 février 2015 Rejet et annulation partielle

Attendu, selon les arrêts attaqués (Rouen,19 juin 2013 et 6 novembre 2013), que M. etMme X...-Y... ont cédé, à effet du 30 juin 1990, à leurfille, Mme Martine X... alors épouse Z..., une partie deleur exploitation pour laquelle ils bénéficiaient d’un bailconsenti par les consorts A... ; que le reste de l’exploita-tion a fait l’objet d’une seconde cession par acte du1er janvier 1993 ; qu’en 1996, Mme A... épouse B... adonné à bail à M. et Mme Z... les terres qu’ils exploi-taient pour une durée de 18 ans avec effet rétroactif au29 septembre 1995 et leur a vendu le corps de ferme ;que M. Z..., en instance de divorce, a, en 2010, solli-cité le remboursement par M. et Mme X... de sommesversées par les époux entre 1990 et 1996 ;

Sur le premier moyen :

Attendu que M. et Mme X... font grief à l’arrêt derejeter le moyen d’irrecevabilité tiré du défaut de qua-lité de M. Z... à exercer l’action en répétition de l’induprévue à l’article L. 411-74 du code rural et de la pêchemaritime et de juger en conséquence l’action recevable,alors, selon le moyen :

1o que n’a pas qualité à agir sur le fondement de l’arti-cle L. 411-74 du code rural et de la pêche maritime enrépétition de l’indu à l’encontre du preneur sortant, le

conjoint du preneur entrant, quand bien même ces der-niers seraient-ils mariés sous le régime de la communautéde biens réduite aux acquêts, dès lors que l’action prévuepar cet article n’appartient qu’au preneur entrant ou à seshéritiers ; qu’en affirmant le contraire, la cour d’appel aviolé l’article L. 411-74 du code rural et de la pêchemaritime ;

2o que le conjoint du preneur entrant n’est pas plusrecevable à agir sur le fondement de l’article L. 411-74 ducode rural et de la pêche maritime à l’encontre du preneursortant, en se prévalant des dispositions de l’article 1166du code civil, dès lors que le bail rural et les droits etactions qui y sont attachés sont des droits personnels exclu-sivement attachés au titulaire du bail ; qu’en affirmantque M. Z... pouvait, en tout état de cause, se prévaloir del’article 1166 du code civil et de l’action oblique qu’il ins-titue pour exercer l’action en répétition de l’indu sur lefondement de l’article L. 411-74 du code rural et de lapêche maritime, dès lors qu’il ne s’agissait pas d’une actionexclusivement attachée à la personne de son épouse , lacour d’appel a violé les articles L. 411-74 du code rural etde la pêche maritime et 1166 du code civil, ensemblel’article 1404 du code civil ;

Mais attendu que dès lors qu’il agissait contre le pre-neur sortant et non contre le bailleur, de sorte qu’il nes’agissait pas d’une action dérivée du bail rural, la courd’appel a exactement retenu que M. Z... n’exerçait pasune action exclusivement attachée à la personne de sonépouse et pouvait se prévaloir des dispositions de l’arti-cle 1166 du code civil pour exercer l’action en répéti-tion de l’indu que cette dernière s’abstenait de mettreen œuvre ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Sur le deuxième moyen, pris en ses deux premièresbranches :

Attendu que M. et Mme X... font grief à l’arrêt dedéclarer recevable et bien-fondée l’action en répétitionde l’indu prévue à l’article L. 411-74 du code rural etde la pêche maritime intentée par M. Z... à leurencontre, de les condamner à restituer une certainesomme avec intérêts à compter du 18 décembre 1990au taux pratiqué pour les prêts à moyen terme par lacaisse régionale de Crédit agricole de Normandie-Seinepour l’année 1990 et de donner injonction à cette der-nière de communiquer à M. Z... le taux pratiqué enl’espèce par cet établissement pour l’année 1990, alors,selon le moyen :

1o qu’en cas de cession du bail en application de l’arti-cle L. 411-35 du code rural et de la pêche maritime,l’article L. 411-75 du même code prévoit que les améliora-

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TROISIÈME PARTIE TROISIÈME CHAMBRE CIVILE

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tions faites sur le fonds par le preneur sortant et qui luiouvrent droit, au terme du bail, à l’indemnité prévue parl’article L. 411-69 de ce code peuvent être cédées au pre-neur entrant, lequel est subrogé dans les droits à l’indem-nité que le preneur sortant aurait pu exercer en fin de bailvis-à-vis du bailleur ; que constituent des améliorationscessibles à ce titre les fumures et arrières-fumures ; qu’enconsidérant dès lors qu’il n’était pas possible de considérerque les fumures et arrière-fumures facturées par les épouxAdrien X... à leur fille, à qui ils cédaient leur bail confor-mément à l’article L. 411-35 du code rural, pouvaientconstituer des améliorations faites sur le fonds et être cédéesà cette dernière conformément à l’article L. 411-75 ducode rural et de la pêche maritime, la cour d’appel a violéce texte, ensemble les articles L. 411-69 et L. 411-74 ducode rural et de la pêche maritime ;

2o que si le juge tranche le litige conformément auxrègles de droit qui lui sont applicables, il doit égalementdonner ou restituer leur exacte qualification aux faits etactes litigieux sans s’arrêter à la dénomination que les par-ties en auraient proposée ; qu’ayant retenu qu’il n’était paspossible de considérer que les factures litigieuses portant surla cession de fumures et arrières-fumures consistaient en desaméliorations faites sur le fonds par le preneur sortant, lacour d’appel aurait dû analyser ces factures comme portantsur des avances en terre, ainsi que le soutenaient les épouxAdrien X..., preuves à l’appui ; qu’en ne procédant pas àcette requalification, la cour d’appel a violé l’article 12 ducode de procédure civile ;

Mais attendu qu’ayant souverainement retenu que siles intitulés des factures du 17 juin 1990 et30 juin 1993, dont elle n’a pas dénaturé les termesclairs et précis, faisaient état l’une et l’autre de fumureset d’arrières-fumures, M. Z... produisait de nombreusesfactures qui démontraient que les semis, traitements etengrais avaient déjà été facturés par M. et Mme X... etréglés, la cour d’appel a pu en déduire que ces facturesne constituaient pas des améliorations faites sur le fondspar le preneur sortant et ne pouvaient ouvrir droit,même si le bail était cédé à un descendant, à uneindemnité en application des articles L. 411-35et L. 411-75 du code rural et de la pêche maritime ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Sur le troisième moyen :

Attendu que M. et Mme X... font grief à l’arrêt dedéclarer recevable et bien fondé Dominique Z... en sademande en annulation de la reconnaissance de dettedu 24 janvier 1996 signée entre les parties sur le fonde-ment de l’article 1131 du code civil et de l’annuler,alors selon le moyen :

1o que la contradiction entre les motifs et le dispositiféquivaut à un défaut de motif ; qu’en déclarant recevableet bien fondée la demande de M. Z... en annulation de lareconnaissance de dettes du 24 janvier 1996 sur le fonde-ment de l’article 1131 du code civil après avoir pourtantécarté la fin de non-recevoir opposée par les épouxAdrien X... et tirée de la prescription de cette action enapplication de l’article 1304 du code civil, au motif queM. Z... n’exerçait pas une action en nullité, mais uneaction en répétition de l’indu sur le fondement des disposi-tions de l’article L. 411-74 du code rural et de la pêchemaritime, la cour d’appel a violé les article 455 et 458 ducode de procédure civile ;

2o que l’action en répétition de l’indu fondée sur lesdispositions de l’article L. 411-74 du code rural et de lapêche maritime est une action qui consiste pour le preneurentrant à se faire rembourser avec intérêts une sommed’argent ou de valeurs non justifiées remises au bailleur,au preneur sortant ou à tout intermédiaire ; que tel n’estpas le cas d’une reconnaissance de dettes ; qu’en pronon-çant néanmoins la nullité de la reconnaissance de dettescontractée par M. Z... et Mme Martine X... à l’égard desparents de cette dernière sur le fondement de l’arti-cle L. 411-74 du code rural et de la pêche maritime, lacour d’appel a violé ce texte ;

Mais attendu qu’ayant relevé que le tribunal degrande instance avait exactement analysé la reconnais-sance de dette comme correspondant au prix d’une ces-sion entre le fermier sortant et le repreneur du bail,prohibé par l’article L. 411-74 du code rural et de lapêche maritime, la cour d’appel a pu, sans contradic-tion, prononcer la nullité de cet acte ;

Mais sur le deuxième moyen, pris en sa troisièmebranche :

Vu l’article 62, alinéa 2, de la Constitution ;

Attendu que l’arrêt attaqué a condamné M. etMme X... à restituer une certaine somme avec intérêts,à compter du 18 décembre 2010, au taux pratiqué parla caisse régionale de Crédit agricole pour les prêts àmoyen terme ;

Attendu que par décision no 2013-343 QPC du27 septembre 2013, applicable à toutes les instancesnon jugées définitivement à la date du 1er janvier 2014,date d’effet de la déclaration d’inconstitutionnalité, leConseil constitutionnel a déclaré contraire à la Consti-tution les mots « et égal au taux pratiqué par la caisserégionale de Crédit agricole pour les prêts à moyenterme » figurant à la deuxième phrase du deuxième ali-néa de l’article L. 411-74 du code rural et de la pêchemaritime ;

Que cette décision prive de fondement juridique ladisposition relative aux intérêts de l’arrêt rendu le6 novembre 2013 ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi en ce qu’il est dirigé contrel’arrêt rendu le 19 juin 2013 par la cour d’appel deRouen ;

ANNULE, mais seulement en ce qu’il condamneM. et Mme X... à payer des intérêts, à compter du18 décembre 1990, au taux pratiqué par la caisse régio-nale de Crédit agricole pour les prêts à moyen terme,l’arrêt rendu le 6 novembre 2013, entre les parties, parla cour d’appel de Rouen ; remet, en conséquence, surce point, la cause et les parties dans l’état où elles setrouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, lesrenvoie devant la cour d’appel de Rouen, autrementcomposée.

No 14-10.266. Mme Y..., épouse X...,et autre

contre M. Z...,et autre.

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Président : M. Terrier – Rapporteur : Mme Dagneaux – Pre-mier avocat général : M. Charpenel – Avocats : SCP Gar-reau, Bauer-Violas et Feschotte-Desbois, SCP Delaporte,Briard et Trichet

No 17

PRESCRIPTION ACQUISITIVE

Prescription de dix à vingt ans – Conditions –Juste titre – Titre émanant du véritable proprié-taire non translatif de propriété (non)

L’acte de partage, émanant du véritable propriétaire dubien et n’emportant pas transfert de propriété, ne consti-tue pas un juste titre permettant une prescription abré-gée.

11 février 2015 Cassation

Sur le moyen unique du pourvoi principal et dupourvoi incident, réunis :

Vu l’article 2265 du code civil dans sa rédactionantérieure à la loi no 2008-561 du 17 juin 2008 ;

Attendu qu’il résulte de ce texte que le juste titre estcelui qui, s’il était émané du véritable propriétaire,serait de nature à transférer la propriété à la partie quiinvoque la prescription ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Saint-Denis,21 juin 2013), que Mmes Marie-Hélène et Josiane X...et M. Jean-Paul X..., aux droits duquel se trouventMme Y... et Mme Sophie X... (les consorts X...), pro-priétaires d’un terrain contigu à une parcelle apparte-nant à Mme Z..., ont assigné celle-ci en démolitiond’une construction empiétant sur leur propriété ;

Attendu que pour rejeter cette demande, l’arrêtretient que Mme Z... est devenue propriétaire en vertud’un acte de partage du 23 septembre 1992 et selon unplan d’arpentage consacrant l’empiétement, que cet actedoit être considéré comme un juste titre permettantune prescription abrégée et que Mme Z..., qui justified’une possession paisible, continue et non équivoquedepuis plus de dix ans, peut se prévaloir de l’acquisitionpar prescription de la surface empiétée ;

Qu’en statuant ainsi, alors que l’acte de partage,émanant du véritable propriétaire du bien et n’empor-tant pas transfert de propriété, ne constituait pas unjuste titre permettant une prescription abrégée, la courd’appel a violé le texte susvisé ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 21 juin 2013, entre les parties, par lacour d’appel de Saint-Denis ; remet, en conséquence, la

cause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Saint-Denis, autrementcomposée.

No 13-24.770. Mme X...,et autre

contre Mme Z..., épouse A...,et autres.

Président : M. Terrier – Rapporteur : M. Parneix – Premieravocat général : M. Charpenel – Avocats : SCP Rocheteauet Uzan-Sarano, SCP Piwnica et Molinié

Sur le juste titre résultant d’un partage, à rapprocher :

3e Civ., 30 octobre 1972, pourvoi no 71-11.541, Bull. 1972,III, no 575 (1) (rejet).

No 18

PROPRIETE

Droit de propriété – Atteinte – Applicationsdiverses – Construction empiétant sur l’héritagevoisin – Empiétement en sous-sol – Cas

Une activité d’extraction industrielle au-delà de la limiteséparative d’une propriété constitue un empiétement parappropriation du sous-sol.

11 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon les arrêts attaqués (Pau, 22 avril 2013et 1er octobre 2013), que M. et Mme X..., propriétairesd’un fonds jouxtant une carrière de calcaire exploitéepar la société Cemex Granulat Sud-Ouest (la sociétéCemex), ont assigné celle-ci en suppression de l’empié-tement qu’elle a réalisé en sous-sol de leur parcelle,dans le cadre de l’exploitation de sa carrière ;

Attendu que la société Cemex fait grief à l’arrêt du1er octobre 2013 d’accueillir la demande alors, selon lemoyen :

1o que l’empiétement constitue, comme la cour d’appell’énonce, l’aliénation de la propriété d’autrui et emporte,par l’auteur de l’empiétement, incorporation de la partieempiétée pour permettre à ce dernier d’en jouir à son seulprofit ; qu’en conséquence, la cour d’appel ne pouvait rete-nir qu’était constitutif d’un empiétement l’extraction réali-sée par la société Cemex sur une partie de la parcelle no A476 appartenant aux époux X..., dès lors qu’il n’y avaitaucune volonté d’appropriation par cette société de l’espacelaissé vacant par cette extraction, laquelle était éventuelle-ment constitutive d’un trouble du voisinage ; qu’en rete-nant l’existence d’un empiétement et, en conséquence et

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notamment, non prescrite l’action immobilière entrepriseaux fins de le faire cesser, la cour d’appel a violé les arti-cles 544 et 545 du code civil, outre l’article 2270-1 ducode civil dans la rédaction antérieure à la loi du17 juin 2008 applicable en la cause ;

2o que l’action en suppression d’un empiétement consti-tue une action personnelle ; qu’en conséquence, en décla-rant non prescrite l’action entreprise par les époux X...motif pris de son caractère immobilier, alors que per-sonnelle, cette action se prescrivait tout au plus par dixans, la cour d’appel a violé les articles 2262 et 2270-1 ducode civil dans leurs rédactions antérieures à la loi du17 juin 2008 applicable en la cause ;

Mais attendu qu’ayant constaté, par motifs propres etadoptés, que le front de la carrière exploitée par lasociété Cemex débordait sur la propriété de M. etMme X..., la cour d’appel, qui a justement énoncéqu’une activité d’extraction industrielle au-delà de lalimite séparative d’une propriété constituait un empiéte-ment par appropriation du sous-sol, en a déduit à bondroit que l’action tendant à la remise en état des lieuxpar la suppression de l’empiétement était une actionimmobilière non soumise à la prescription de dix ans ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Et attendu qu’aucun grief n’est dirigé contre l’arrêtrendu le 22 avril 2013 par la cour d’appel de Pau ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-26.023. Société Cemex Granulats Sud-Ouestcontre M. X...,

et autre.

Président : M. Terrier – Rapporteur : Mme Feydeau – Pre-mier avocat général : M. Charpenel – Avocats : SCP Célice,Blancpain, Soltner et Texidor, SCP Coutard et Munier-Apaire

No 19

BAIL COMMERCIAL

Résiliation – Résiliation par la volonté d’un seullocataire – Absence de stipulation conven-tionnelle expresse – Portée à l’égard des copre-neurs

Sauf stipulation conventionnelle, la remise des clés au bail-leur par le commissaire-priseur, agissant sur instructiondu mandataire liquidateur du preneur à bail commer-

cial, manifeste la seule volonté de ce dernier de résilierle bail et ne peut suffire à mettre fin au contrat àl’égard des autres copreneurs.

18 février 2015 Cassation

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 18 sep-tembre 2013), que la société Saint-Germain 65 a donnéen location à M. X... et à la société EBF, aux droits delaquelle se trouve la société EBR, des locaux commer-ciaux ; que M. X..., M. Y... et M. Z... se sont portéscautions solidaires des causes du bail ; que par jugementdu 19 février 2009, la société EBR a fait l’objet d’uneliquidation judiciaire ; que le liquidateur a notifié à labailleresse la résiliation du bail ; que la société Saint-Germain 65 a assigné MM. X..., Y... et Z... en paie-ment de loyers, résiliation judiciaire et en expulsion ;

Sur le premier moyen :

Vu l’article 1134 du code civil ;

Attendu que pour dire que le bail était résilié àl’égard de M. X..., copreneur, l’arrêt retient que parcourrier du 26 mars 2009, le commissaire-priseur, agis-sant sur instructions du mandataire liquidateur de lasociété EBR, a remis les clés des locaux à la sociétéSaint-Germain 65 qui les acceptées sans réserve et quela restitution des clés a mis fin au bail à l’égard de tousles preneurs ;

Qu’en statuant ainsi, alors que sauf stipulationconventionnelle, la remise des clés à la bailleresse par lecommissaire-priseur, agissant sur instruction du liquida-teur de la société EBR, manifestant la seule volonté dece dernier de résilier le bail ne peut suffire à mettre finau contrat à l’égard des autres copreneurs, la cour d’ap-pel a violé le texte susvisé ;

Par ces motifs, sans qu’il y ait lieu de statuer sur lesautres moyens :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 18 septembre 2013, entre les parties,par la cour d’appel de Paris ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Paris, autrement composée.

No 14-10.510. Société civile immobilière(SCI) Saint-Germain 65

contre M. X...,et autres.

Président : M. Terrier – Rapporteur : Mme Salvat – Avocatgénéral : M. Petit – Avocat : SCP Waquet, Farge et Hazan

Sur la portée de la résiliation unilatérale d’un bailcommercial par le preneur à l’égard des copreneurs, àrapprocher :

3e Civ., 27 septembre 2005, pourvoi no 04-16.040,Bull. 2005, III, no 173 (cassation).

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TROISIÈME PARTIE TROISIÈME CHAMBRE CIVILE

19

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No 20

CONTRAT D’ENTREPRISE

Sous-traitant – Rapports avec l’entrepreneur princi-pal – Paiement – Garanties obligatoires – Enga-gement de caution personnelle et solidaire parl’entrepreneur principal – Défaut – Effets –Faute délictuelle du maître de l’ouvrage – Sous-traitant – Action contre le maître de l’ouvrage –Action en paiement – Dommages-intérêts équi-valents au juste coût des travaux exécutés

Une cour d’appel, qui relève exactement que le maître del’ouvrage, qui avait accepté et agréé la sous-traitance,avait commis une faute délictuelle en s’abstenant d’exi-ger de l’entrepreneur principal, en l’absence de déléga-tion de paiement, la caution garantissant le paiementdes sommes dues en application du sous-traité, en déduità bon droit que le sous-traitant est fondé à lui deman-der le paiement de dommages-intérêts équivalents aujuste coût des travaux exécutés, même s’il est d’un mon-tant supérieur à celui qui aurait été dû en exécution del’action directe.

18 février 2015 Rejet

Joint les pourvois no 14-10.604 et 14-10.632 ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Montpellier,14 novembre 2013), que, devenue propriétaire d’an-ciennes cliniques, la société Foncière Saint-Charles aentrepris de transformer les locaux en appartements etlocaux commerciaux ; que les acquéreurs de lots se sontconstitués en l’Association foncière urbaine libre EspaceSaint-Charles (l’AFUL), laquelle se substituant à lasociété Foncière Saint-Charles comme maître d’ouvragepour les contrats et marchés, a confié les travaux deréhabilitation à la société Montpelliéraine de rénovation(la société MDR), qui a sous-traité l’intégralité des tra-vaux à la société SPIE Tondella, aux droits de laquellese trouve la société SPIE Batignolles Sud-Est (la sociétéSPIE) ; que la société MDR a souscrit deux contrats decautionnement auprès de la Caisse d’épargne ; qu’uneexpertise a été confiée à M. X..., qui s’est adjoint lesservices d’un sapiteur pour chiffrer les travaux exécutéspar la société SPIE ; que la société SPIE a assigné lasociété MDR en annulation du contrat de sous-traitance et paiement de sommes, puis a assigné l’AFULet la Caisse d’épargne en paiement de sommes ; que laCaisse d’épargne a appelé en garantie les assureurs desintervenants à l’acte de construire ; que les affaires ontété jointes ;

Sur le moyen unique du pourvoi no 14-10.632 del’AFUL :

Attendu que l’AFUL fait grief à l’arrêt de dire fondéela demande de la société SPIE en paiement des travauxréalisés calculés selon la méthode issue des prix prati-

qués, de fixer le montant du juste coût des travaux à lasomme de 1 741 793,77 euros et de dire que l’AFULsera tenue in solidum avec la société MDR au paiementde cette somme, alors, selon le moyen :

1o que l’entrepreneur principal, tenu, à peine de nullitédu contrat de sous-traitance, de garantir le paiement detoutes les sommes dues au sous-traitant par l’obtention àson profit d’une caution personnelle et solidaire d’un éta-blissement qualifié, peut valablement fournir cette garan-tie, spontanément ou après mise en demeure du maître del’ouvrage, tant que le sous-traitant n’a pas manifesté savolonté de se prévaloir de la sanction prévue à l’article 14de la loi du 31 décembre 1975 ; qu’en l’espèce, la courd’appel a relevé que la société SPIE Tondella a attendu le9 septembre 2004 pour exciper de la nullité du sous-traitépour violation de l’article 14 de la loi de 1975 en ren-voyant à la caution les deux garanties qu’elle avait pré-cédemment reçues les 4 avril et 12 juillet 2004 ; qu’enimputant à faute à l’AFUL Saint-Charles de ne pas avoirmis l’entrepreneur principal en demeure de fournir la cau-tion requise par la loi, tout en constatant que le sous-traitant n’avait excipé de la nullité du contrat de sous-traitance que plusieurs mois après que la garantie lui aitété fournie, ce dont il résultait que, la régularisation dusous-traité étant intervenue en temps utile, l’obligation dumaître de l’ouvrage était devenue sans objet, la cour d’ap-pel, qui n’a pas tiré les conséquences légales qui s’évin-çaient de ses propres constatations, a violé les articles 14et 14-1 de la loi du 31 décembre 1975 ;

2o que le maître de l’ouvrage qui n’a pas consenti dedélégation de paiement au profit du sous-traitant, n’esttenu d’exiger de l’entrepreneur principal qu’il justifie luiavoir fourni une caution personnelle et solidaire de la partd’un établissement qualifié qu’après avoir, d’une part,accepté le sous-traitant et, d’autre part, agréé les conditionsde paiement stipulées au contrat de sous-traitance ; qu’enimputant à faute à l’AFUL Saint-Charles de ne pas avoirmis l’entrepreneur principal en demeure de fournir la cau-tion requise par la loi alors qu’aucune délégation de paie-ment n’avait été mise en place et qu’elle avait su que lesous-traitant intervenait sur le chantier pour l’avoir per-sonnellement accepté et agréé, sans autrement caractériserque le maître de l’ouvrage avait par ailleurs agréé lesconditions de paiement stipulées au contrat de sous-traitance, la cour d’appel a privé sa décision de base légaleau regard de l’article 14-1 de la loi du 31 décem-bre 1975 ;

3o que lorsque les conditions de l’opposabilité du contratde sous-traitance ne sont pas encore remplies et que lemaître de l’ouvrage qui a connaissance de l’existence dusous-traitant, s’abstient de mettre en demeure l’entrepre-neur principal de régulariser cette situation, le sous-traitant ne peut réclamer au maître de l’ouvrage plus quece qui lui aurait été dû par l’entrepreneur principal ; quedans sa mise en demeure du 27 mai 2004, la société SPIETondella réclamait à l’AFUL Saint-Charles, au titre del’action directe en paiement du sous-traitant, un solde demarché de 938 887,79 euros ; qu’en décidant que l’AFULSaint-Charles sera tenue du juste coût des travaux soit lasomme de 1 741 793,77 euros et non pas des seulessommes qui auraient été dues à la société SPIE si elleavait pu bénéficier de l’action directe, la cour d’appel aviolé les articles 1382 du code civil et 14-1 de la loi du31 décembre 1975 ;

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TROISIÈME PARTIE TROISIÈME CHAMBRE CIVILE

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Mais attendu qu’ayant constaté que l’AFUL avait étéinformée par la société MDR de ce qu’elle sous-traiterait les travaux à la société SPIE et qu’elle avaitautorisé cette sous-traitance et l’avait agréée et exacte-ment relevé qu’aucune délégation de paiement n’ayantété mise en place, l’AFUL devait exiger de la sociétéMDR qu’elle justifie avoir fourni à ce sous-traitant lacaution garantissant le paiement de toutes les sommesdues en application du sous-traité et qu’en s’abstenantde mettre en demeure la société MDR de fournir cettecaution, l’AFUL n’avait pas satisfait à ses obligations etavait ainsi commis une faute engageant sa responsabilitédélictuelle, la cour d’appel, qui en a déduit, à bondroit, que la société SPIE était fondée à lui demanderle paiement de dommages-intérêts équivalents au justecoût des travaux exécutés, a légalement justifié sa déci-sion ;

Sur le moyen unique du pourvoi provoqué de lasociété MDR :

Attendu qu’ayant relevé que l’expert X..., ingénieurspécialisé en structures, avait recouru aux services deM. Y..., économiste de la construction, pour chiffrer lejuste coût des travaux exécutés par la société SPIE,après avoir recueilli l’accord de toutes les parties, qu’ilavait gardé la maîtrise des opérations d’expertise enreprenant les conclusions de son sapiteur et enannexant à son rapport celui de M. Y..., après que cedernier ait diffusé un pré-rapport et répondu aux dires,notamment celui de la société MDR du 30 novem-bre 2007, qui relevait de sa compétence, que M. Y...avait examiné les critiques faites à son pré-rapport et yavait répondu point par point en pages 8 à 16 de sonrapport, que la société MDR se limitait à reprendre lesassertions de son dire du 17 décembre 2007 en affir-mant que l’expertise n’y avait pas répondu, alors queréponse y avait été apportée sur huit pages du rapportde M. Y..., auquel M. X... faisait expressément réfé-rence dans son rapport définitif pour le reprendre à soncompte et que la société MDR, n’établissant aucuneviolation du principe de la contradiction par M. X... ouM. Y... quant à l’estimation de ses travaux, seraitdéboutée de sa demande en nullité du rapport en cequ’il détermine l’estimation du coût de ses travaux auchapitre 4, la cour d’appel a légalement justifié sa déci-sion de ce chef ;

Sur le moyen unique du pourvoi no 14-10.604 de lasociété SPIE :

Attendu que la société SPIE fait grief à l’arrêt deprononcer la mise hors de cause de la Caisse d’épargne,alors, selon le moyen, que les juges sont tenus de répondreaux conclusions des parties ; que, dans ses écritures d’appel,la société SPIE Batignolles Sud-Est faisait valoir que,contrairement aux allégations de la Caisse d’épargne duLanguedoc-Roussillon, elle n’avait pas rejeté l’acte de cau-tionnement qui était toujours en sa possession ; qu’en nerépondant pas à ce moyen opérant, la cour d’appel a violél’article 455 du code de procédure civile ;

Mais attendu qu’ayant relevé que la société SPIEavait refusé les actes de cautionnement, la cour d’appela pu en déduire, sans être tenue de répondre à desconclusions que ses constatations rendaient inopérantes,que la société SPIE avait perdu tout droit d’exiger lepaiement des sommes dues auprès de la Caissed’épargne ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE les pourvois.

No 14-10.604. Société SPIE BatignollesSud-Est

contre Caisse d’épargnedu Languedoc-Roussillon,

et autres.

No 14-10.632. Associationfoncière urbaine libre

(AFUL) Saint-Charlescontre société

SPIE Batignolles Sud-Est,et autres.

Président : M. Terrier – Rapporteur : M. Pronier – Avocatgénéral : Mme Guilguet-Pauthe – Avocats : SCP Jean-Philippe Caston, SCP Rocheteau et Uzan-Sarano,Me Foussard, SCP Nicolay, de Lanouvelle et Hannotin

Sur l’absence de cautionnement garantissant lessommes dues en application du sous-traité, à rapprocher :

3e Civ., 7 février 2001, pourvoi no 98-19.937, Bull. 2001,III, no 15 (rejet), et l’arrêt cité.

No 21

COPROPRIETE

Parties communes – Charges – Répartition –Charges afférentes au contrat de réception – Lotsnon exploités par la société gérant une résidencede tourisme – Utilité pour chaque lot

Dans une résidence de tourisme à destination para-hôtelière soumise au statut de la copropriété, les copro-priétaires qui n’ont pas confié l’exploitation de leurs lotsà la société qui la gère ne sont pas tenus de supporter lescharges afférentes au contrat de réception, service denature commerciale, qui ne présente aucune utilitéobjective pour leurs lots.

18 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Pau, 20 septem-bre 2013), que la résidence de tourisme Les Terrassesdu Golf est une résidence à vocation para-hôtelière sou-mise au statut de la copropriété et gérée par la sociétéMer et golf loisirs (la société) avec laquelle les copro-priétaires ont signé un contrat de mise à disposition deleur lot ; que treize copropriétaires ayant retiré la ges-tion de leur lot à la société ont assigné le syndicat des

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TROISIÈME PARTIE TROISIÈME CHAMBRE CIVILE

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copropriétaires de la résidence Les Terrasses du Golf (lesyndicat) en annulation des onzième et douzième déci-sions de l’assemblée générale du 2 avril 2010 ayantapprouvé le contrat de réception conclu avec la sociétéet voté le budget prévisionnel de l’année 2011 ;

Attendu que le syndicat fait grief à l’arrêt d’accueillirla demande, alors, selon le moyen, que la résidence detourisme placée sous le statut de la copropriété desimmeubles bâtis est soumise à une destination et des condi-tions de jouissance des parties tant privatives quecommunes conformes au mode d’utilisation de ce type derésidences ; que la gestion est assurée pour l’ensemble de larésidence de tourisme par une seule personne physique oumorale, liée par un contrat de louage ou mandat auxcopropriétaires ou associés des sociétés d’attribution ; que lescharges relatives aux services spécifiques communs sontréparties selon le critère de l’utilité objective ; que, pourretenir que certains copropriétaires de la résidence para-hôtelière Les Terrasses du Golf ne devraient pas assumer lescharges communes relatives aux frais de réception dans lehall d’accueil exposés par la société Mer et golf loisirs char-gée de la gestion de la résidence, la cour d’appel s’est bor-née à retenir que les copropriétaires non gérés par cettesociété n’utiliseraient pas ces services, sans rechercher,comme il le lui était demandé, si la nature para-hôtelièrede la résidence ne rendait pas les charges relatives à ce ser-vice de réception de la clientèle objectivement utile pourtous les copropriétaires, privant ainsi de base légale sa déci-sion au regard des dispositions des articles D. 321-2 ducode du tourisme et des articles 10 et 41-3 de la loi du10 juillet 1965 ;

Mais attendu qu’ayant exactement relevé que la rési-dence à vocation para-hôtelière était soumise à l’appli-cation de l’article 10 de la loi no 65-557 du 10 juil-let 1965 prévoyant que les copropriétaires étaient tenusde participer aux charges entraînées par les services col-lectifs et les éléments d’équipement commun en fonc-tion de l’utilité que ces services et éléments présentaientà l’égard de chaque lot et constaté que l’existence ducontrat de réservation relevait de l’application de l’arti-cle 12 du règlement de copropriété dont il résultait quela fonction de réception était par nature commerciale,la cour d’appel, qui n’était pas tenue de procéder à unerecherche que ses constatations rendaient inopérante, apu retenir que le contrat de réception ne présentaitaucune utilité objective pour les lots dont les coproprié-taires n’avaient pas confié l’exploitation à la société ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-27.104. Syndicat des copropriétairesde la résidence

Les Terrasses du Golfcontre M. X...,

et autres.

Président : M. Terrier – Rapporteur : Mme Masson-Daum –Avocat général : M. Petit – Avocats : SCP Meier-Bourdeauet Lécuyer, SCP Lyon-Caen et Thiriez

No 22

COPROPRIETE

Syndicat des copropriétaires – Décision – Décisionsur l’organisation de l’accès à l’immeuble –Majorité requise – Détermination

En application de l’article 26, e, de la loi no 65-557 du10 juillet 1965 dans sa rédaction applicable au litige,devenu 26, c, de la même loi en application de l’arti-cle 59 de la loi no 2014-366 du 24 mars 2014, lesdécisions relatives aux modalités d’ouverture et de fer-meture des immeubles sont adoptées à la majorité desmembres du syndicat représentant au moins les deuxtiers des voix.

18 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Aix-en-Provence,7 septembre 2012), que M. X..., copropriétaire exerçantune activité de dentiste, a assigné le syndicat des copro-priétaires Les Jardins du Rossignol (le syndicat) enannulation de la décision de l’assemblée générale du25 mars 2009 relative à la fermeture de la copropriétépar une barrière automatique avec une commanded’ouverture par émetteur pour les résidents et par digi-code pour les visiteurs, l’accès piéton par le trottoirétant laissé libre et de la décision de laisser la barrièrefermée en permanence ;

Attendu que le syndicat fait grief à l’arrêt d’annulerla délibération du 25 mars 2009 en ce qu’elle a décidéque la barrière restera fermée en permanence, alors,selon le moyen, que les décisions d’une assemblée généralede copropriétaires relatives aux modalités d’ouverture d’unebarrière automatique destinée à limiter l’accès des véhiculesà l’intérieur d’une copropriété et qui n’affecte en rienl’accès des piétons, un passage leur étant laissé libre, n’ontpas à être prises à la majorité des membres du syndicatreprésentant au moins les deux tiers des voix ; qu’en déci-dant le contraire, en soulignant au demeurant, que la bar-rière automatique en cause était destinée aux seules voi-tures, que l’accès pour piétons restait ouvert en permanenceet qu’il n’y avait pas fermeture totale de l’immeuble, lacour d’appel a violé l’article 26 e de la loi du 10 juil-let 1965 ;

Mais attendu qu’en application de l’article 26, e, dela loi du 10 juillet 1965, devenu 26, c, de la même loien application de l’article 59 de la loi du 24 mars 2014,les décisions relatives aux modalités d’ouverture et defermeture des immeubles sont adoptées à la majoritédes membres du syndicat représentant au moins lesdeux tiers des voix ;

Et attendu qu’ayant constaté que les copropriétairesavaient décidé de la fermeture de la copropriété par unebarrière automatique avec commande d’ouverture par

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TROISIÈME PARTIE TROISIÈME CHAMBRE CIVILE

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émetteur pour les résidents et par digicode pour les visi-teurs et relevé qu’en vertu de l’ordre du jour de l’assem-blée générale, les copropriétaires avaient délibéré sur lesmodalités de fonctionnement de la barrière et notam-ment sur les horaires de fermeture et décidé qu’elle res-terait fermée en permanence, la cour d’appel a retenu, àbon droit, que cette décision devait être votée à lamajorité qualifiée de l’article 26 de la loi du 10 juil-let 1965 ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-25.974. Syndicat des copropriétairesLes Jardins du Rossignol

contre M. X...

Président : M. Terrier – Rapporteur : Mme Masson-Daum –Avocat général : M. Petit – Avocat : SCP Jean-PhilippeCaston

No 23

LOIS ET REGLEMENTS

Application immédiate – Application aux situationsen cours – Congé en vue de la reprise d’un bailrural – Bénéficiaire – Capacité et expérience pro-fessionnelle – Evaluation – Modalités – Détermi-nation

La loi nouvelle s’appliquant immédiatement aux effets àvenir des situations juridiques non contractuelles encours au moment où elle entre en vigueur, il convient,pour évaluer l’expérience professionnelle dont le bénéfi-ciaire d’une reprise d’un bien rural doit justifier envertu de l’article L. 331-2, II, 1o, du code rural et de lapêche maritime dans le cas où il est soumis à simpledéclaration préalable, de prendre en compte, à la dated’effet du congé, toutes les années pendant lesquelles cebénéficiaire a eu la qualité d’exploitant, d’aide familial,d’associé d’exploitation, de salarié agricole ou de collabo-rateur au sens de l’article L. 321-5 et non pas seulementcelles postérieures à la date d’entrée en vigueur de la loinouvelle.

18 février 2015 Cassation

Sur le moyen unique :

Vu l’article 2 du code civil ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Rennes, 5 septem-bre 2013), que Mme Anne-Marie X... épouse Y... adonné à bail à M. Z... diverses parcelles de terre et

bâtiments ; qu’elle a délivré à celui-ci deux congés àeffet du 29 septembre 2011, motivés par la reprise desterres par sa fille, Mme Marie Y... ;

Attendu que pour annuler ces congés, l’arrêt retientque Mme Marie Y..., qui peut bénéficier du régime dela déclaration préalable, doit, à défaut de posséder undiplôme agricole, justifier d’une expérience de cinq ansau minimum acquise sur une surface au moins égale àla moitié de l’unité de référence au cours des quinzeannées précédant la date effective de l’opération encause, que cette expérience ne peut être antérieure à laloi du 23 février 2005 dès lors qu’avant cette datel’activité de Mme Marie Y... relative aux équidésdomestiques n’était pas agricole et que ce n’est qu’àcompter de la publication le 14 mars 2007 de l’arrêtédu 21 février 2007, fixant les coefficients d’équivalencepour les productions hors sol, que Mme Marie Y... acommencé à acquérir l’expérience professionnelle néces-saire ;

Qu’en statuant ainsi, alors qu’une loi nouvelle s’ap-plique immédiatement aux effets à venir des situationsjuridiques non contractuelles en cours au moment oùelle entre en vigueur, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 5 septembre 2013, entre les parties, parla cour d’appel de Rennes ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Rennes autrement composée.

No 13-27.184. Mme X..., épouse Y..., et autrecontre M. Z...

Président : M. Terrier – Rapporteur : Mme Dagneaux – Avo-cat général : M. Petit – Avocats : Me Foussard, SCP Didieret Pinet

Sur l’application immédiate de la loi nouvelle auxeffets à venir des situations juridiques non contractuellesen cours au moment où elle entre en vigueur, à rappro-cher :

3e Civ., 4 mars 2009, pourvoi no 07-20.578, Bull. 2009, III,no 58 (1) (rejet), et les arrêts cités.

No 24

LOTISSEMENT

Association syndicale des propriétaires – Constitu-tion – Consentement unanime – Nécessité –Association imposée par le cahier des charges

Dès lors que le consentement unanime et par écrit des pro-priétaires d’un lotissement à la constitution d’une asso-ciation syndicale s’est trouvé réalisé du fait que chacun

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TROISIÈME PARTIE TROISIÈME CHAMBRE CIVILE

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des intéressés s’est engagé, en signant son acte d’acquisi-tion, à respecter les clauses du cahier des charges, lequelimposait cette constitution, l’unanimité n’est pas exigéepour l’adoption des statuts, qui n’ont pas été établispréalablement.

18 février 2015 Rejet

Donne acte à M. X... du désistement de son pourvoien ce qu’il est dirigé contre la commune de Punaauia etla société Sagep ;

Sur les trois moyens, réunis :

Attendu, selon le jugement attaqué (tribunal de pre-mière instance de Papeete, 31 juillet 2013), statuant endernier ressort, que l’association syndicale des proprié-taires du lotissement résidence Miri a assigné M. X...,acquéreur par acte du 4 décembre 2007 du lot no 213faisant partie du lotissement Miri extension, en paie-ment d’une certaine somme au titre d’un solde decharges impayées au 6 janvier 2010 ; que M. X... a sou-levé la nullité de l’assemblée générale du 10 juin 2002ainsi que de l’additif au cahier des charges du23 février 2007 régissant l’extension du lotissement ;

Attendu que M. X... fait grief au jugement de rejeterses demandes, alors, selon le moyen :

1o que la constitution d’une association syndicale librenécessite le consentement unanime des associés constaté parécrit ; qu’en déboutant M. X... de sa demande en nullitéde l’assemblée générale constitutive de l’association syndi-cale libre des propriétaires du lotissement Miri et de sademande subséquente de voir juger l’ASL du lotissementMiri dépourvue de personnalité morale dès lors que seulescent douze personnes présentes ou représentées sur les centtrente propriétaires avaient voté en faveur de la constitu-tion de l’association syndicale au motif que le consentementde tous les propriétaires d’immeubles dépendant d’un lotis-sement se trouve réalisé du fait qu’ils se sont engagés ensignant leur acte d’acquisition à respecter les clauses ducahier des charges prévoyant la constitution d’une associa-tion syndicale sans rechercher, comme il le lui étaitdemandé, si l’accord unanime des associés avait été obtenupour la constitution de l’association, le tribunal a privé sadécision de base légale au regard de l’article 5 de la loi du21 juin 1865 ;

2o que la censure qui s’attache à un arrêt de cassationentraîne la cassation des chefs de dispositif qui sont liés parle chef cassé dans un lien de dépendances nécessaire ; quela cassation du chef de dispositif ayant débouté M. X... desa demande de voir juger l’ASL du lotissement Miridépourvue de personnalité morale entraînera la cassationdu chef du dispositif ayant débouté M. X... de sa demanded’annulation de l’additif au cahier des charges du23 février 2007 dès lors que le tribunal a statué sur cesdemandes par les mêmes motifs, que cette décision inter-viendra en application de l’article 624 du code de procé-dure civile ;

3o que l’adhésion de tout associé d’une association syn-dicale libre doit être constatée par écrit ; qu’en rejetant lademande (de) M. X... de dire que le lot 213 ne ferait pas

partie de l’association syndicale des propriétaires du lotisse-ment résidence Miri dès lors qu’il n’existait pas lors del’assemblée constitutive du 10 juin 2002 aux motifs que lecahier des charges du lotissement Miri a prévu l’intégra-tion automatique des futurs propriétaires de parcelles issuesdes lots confiés à l’association syndicale des propriétaires dulotissement résidence Miri, sans constater que M. X... avaitadhéré à l’association syndicale libre lors de sa constitutionou en signant son acte de vente, le tribunal a privé sadécision de base légale au regard de l’article 5 de la loi du21 juin 1865 ;

4o que la censure qui s’attache à un arrêt de cassationentraîne la cassation des chefs de dispositif qui sont liés parle chef cassé dans un lien de dépendances nécessaire ; quela cassation du chef de dispositif ayant débouté M. X... desa demande de voir juger l’ASL du lotissement Miridépourvue de personnalité morale entraînera la cassationdu chef du dispositif ayant débouté M. X... de sesdemandes de voir annuler les décisions prises par les assem-blées générales des 2 juin 2009 et 14 avril 2010 car ellessont liées par un lien de dépendance nécessaire et ce enapplication de l’article 624 du code de procédure civile ;

Mais attendu, d’une part, qu’ayant exactement relevéque le consentement de tous les propriétaires d’im-meubles dépendant d’un lotissement dont le cahier descharges prévoit la constitution d’une association syndi-cale résulte de leur engagement dans l’acte d’acquisitionde respecter les clauses de ce document et que leuraccord unanime n’était pas requis pour l’établissementdes statuts réalisé postérieurement et constaté que lelot 213 faisait partie du lotissement Miri extensiondont le cahier des charges du 23 février 2007 stipulaitque les prescriptions du cahier des charges initial s’ap-pliqueront à l’extension du lotissement et que les pro-priétaires des lots compris dans l’extension aurontl’obligation d’adhérer à l’association syndicale, le tribu-nal, qui n’était pas tenu de procéder à une rechercheque ses constatations rendaient inopérante, a légalementjustifié sa décision ;

Attendu, d’autre part, que la première branche dupremier moyen et le deuxième moyen étant rejetés, lemoyen pris de la cassation du jugement par voie deconséquence de la cassation à intervenir sur ces moyensest sans portée ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-25.122. M. X...contre association syndicale

des propriétairesdu lotissement résidence Miri,

et autres.

Président : M. Terrier – Rapporteur : Mme Masson-Daum –Avocat général : M. Petit – Avocats : SCP Waquet, Farge etHazan, SCP Delaporte, Briard et Trichet

Sur la réalisation du consentement unanime des pro-priétaires d’un lotissement à la constitution d’une asso-ciation syndicale, à rapprocher :

3e Civ., 28 novembre 1972, pourvoi no 71-11.903,Bull. 1972, III, no 635 (rejet).

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TROISIÈME PARTIE TROISIÈME CHAMBRE CIVILE

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No 25

PREUVE

Règles générales – Charge – Applications diverses –Notification du procès-verbal d’assemblée géné-rale à un copropriétaire

Inverse la charge de la preuve la cour d’appel qui retientqu’il appartient au copropriétaire qui s’est vu notifier àdeux reprises le procès-verbal d’assemblée générale deprouver que l’exemplaire notifié la première fois étaitincomplet.

18 février 2015 Cassation

Constate la déchéance du pourvoi à l’égard deM. X... ;

Sur les deux moyens, réunis :

Vu l’article 1315 du code civil ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Versailles, 12 décem-bre 2011), que Mme X..., copropriétaire, a assigné lesyndicat des copropriétaires du 1 à 7 rue Robert deLuzarches (le syndicat) en annulation de l’assembléegénérale du 31 mars 2008 ; que le syndicat a soulevél’irrecevabilité de la demande ;

Attendu que pour déclarer la demande irrecevable,l’arrêt relève que le syndic ayant été alerté par certainscopropriétaires que leur exemplaire du procès-verbal del’assemblée générale du 31 mars 2008 était incomplet,avait procédé à une nouvelle notification à tous lescopropriétaires et que Mme X... reconnaissait avoir reçula première notification le 31 mai 2008, retient quecette dernière n’apporte pas la preuve que l’exemplairedont elle avait été destinataire à cette date étaitincomplet et en déduit que l’assignation délivrée le4 août 2008 l’a été tardivement ;

Qu’en statuant ainsi, la cour d’appel, qui a inversé lacharge de la preuve, a violé le texte susvisé ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 12 décembre 2011, entre les parties, parla cour d’appel de Versailles ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Paris.

No 12-21.927. Mme X...,et autre

contre syndicat des copropriétairesdu 1 à 7 rue Robert de Luzarches,

et autre.

Président : M. Terrier – Rapporteur : Mme Masson-Daum –Avocat général : M. Petit – Avocats : SCP Baraduc, Duha-mel et Rameix, SCP Waquet, Farge et Hazan

No 26

VENTE

Promesse de vente – Immeuble – Cession d’unimmeuble ou d’un droit réel immobilier – Pro-messe synallagmatique – Promesse d’une duréesupérieure à dix-huit mois – Constatation paracte authentique – Défaut – Effets – Acte sousseing privé – Nullité

Une cour d’appel, qui relève qu’une promesse synallag-matique de vente a été conclue pour une durée supé-rieure à dix-huit mois, et retient exactement qu’elleétait soumise de plein droit à l’article L. 290-1 du codede la construction et de l’habitation, lequel est appli-cable à toute promesse de vente ayant pour objet la ces-sion d’un immeuble ou d’un droit réel immobilier parun particulier, et qu’elle devait être constatée par acteauthentique, en déduit à bon droit que la demande denullité de l’acte sous seing privé doit être accueillie.

18 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Bordeaux, 16 jan-vier 2014), que par acte sous seing privé des 9 et16 mai 2011, M. X... a vendu à la société HPBC desparcelles de terrain, sous diverses conditions suspensives,l’acte authentique devant être signé au plus tard le31 décembre 2012 ; que la société HPBC ayantinformé M. X... le 3 janvier 2012 qu’elle renonçait aubénéfice des conditions suspensives stipulées à son pro-fit, celui-ci lui a répondu que cette renonciation étaittardive et qu’il y avait lieu de constater la nullité del’acte sous seing privé, sur le fondement des arti-cles L. 290-1 et L. 290-2 du code de la construction etde l’habitation ; que la société HPBC a assigné M. X...afin de voir juger la vente parfaite ;

Attendu que la société HPBC fait grief à l’arrêt deprononcer la nullité de la promesse de vente et d’or-donner la restitution du dépôt de garantie consignéentre les mains du notaire, alors, selon le moyen :

1o qu’une loi peut être considérée comme interprétativelorsqu’elle se borne à reconnaître, sans rien innover, undroit préexistant qu’une définition imparfaite a rendu sus-ceptible de controverses ; que tel est le cas de la loino 2012-387 du 22 mars 2012, laquelle, en son arti-cle 110, a modifié l’article L. 290-2 du code de laconstruction et de l’habitation ; qu’en effet cette loi, quin’a pas modifié les termes des droits et obligations préexis-tants, établis par la loi antérieure no 2009-323 du25 mars 2009 dans les articles L. 290-1 et 290-2 de cecode, a en revanche ajouté dans ce second texte qu’il serapportait seulement à la promesse unilatérale mentionnéeau premier, en précisant ainsi le sens de l’un et de l’autrerelativement à des dispositions jusque-là imparfaitement

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TROISIÈME PARTIE TROISIÈME CHAMBRE CIVILE

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définies et pour autant susceptibles de controverses, l’arti-cle L. 290-1 ne comportant lui-même aucune mention depromesse unilatérale ; qu’en décidant dès lors que la loi de2012 n’était pas interprétative, au motif erroné qu’elleaurait innové en limitant l’obligation de prévoir uneindemnité d’immobilisation aux seules promesses unilaté-rales, de sorte que seules étaient applicables au litige lesdispositions issues de la loi no 2009-323 du 25 mars 2009,la cour d’appel a violé les articles 110 de la loi du22 mars 2012, ensemble les articles L. 290-1 et L. 290-2du code de la construction et de l’habitation ;

2o que l’incise apportée par l’article 110 de la loino 2012-387 du 22 mars 2012 n’a pas eu seulement poureffet de modifier les dispositions de l’article 290-2 du codede la construction et de l’habitation ; qu’en renvoyant à lapromesse unilatérale de vente mentionnée à l’arti-cle L. 290-1, quand ce texte ne porte aucune mentiond’une promesse unilatérale, cette incise en a modifié le sensafin qu’il soit désormais entendu qu’il vise la promesseunilatérale ; que cette modification de sens, qui ne procèded’aucune modification matérielle, puisque l’article L. 290-1conserve toujours sa rédaction issue de la loi no 2009-323du 25 mars 2009, ne peut procéder que d’une modifica-tion interprétative ; qu’en décidant dès lors que la loi de2012 n’avait pas de caractère interprétatif, au motif ino-pérant qu’elle ne s’était pas elle-même déclarée inter-prétative, sans rechercher, comme elle y était invitée, sil’effet produit par la modification de l’article L. 290-2 surl’article L. 290-1, pourtant demeuré matériellement

inchangé mais dont la signification était modifiée, ne révé-lait pas ce caractère interprétatif, la cour d’appel a privé sadécision de base légale au regard des articles 110 de la loidu 22 mars 2012, ensemble des articles L. 290-1et L. 290-2 du code de la construction et de l’habitation ;

Mais attendu qu’ayant relevé que la promesse synal-lagmatique de vente avait été conclue par M. X... pourune durée supérieure à dix-huit mois et exactementretenu qu’elle était soumise de plein droit à l’arti-cle L. 290-1 du code de la construction et de l’habita-tion, lequel est applicable à toute promesse de venteayant pour objet la cession d’un immeuble ou d’undroit réel immobilier par un particulier, et devait êtreconstatée par acte authentique, la cour d’appel a déduità bon droit de ce seul motif que la demande de nullitéde l’acte sous seing privé devait être accueillie ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 14-14.416. Société HPBCcontre M. X...

Président : M. Terrier – Rapporteur : Mme Le Boursicot –Avocat général : Mme Guilguet-Pauthe – Avocats :SCP Odent et Poulet, SCP Lyon-Caen et Thiriez

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CHAMBRES CIVILES

QUATRIÈME PARTIE - CHAMBRE COMMERCIALE,FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

FÉVRIER 2015

No 13

1o PROPRIETE INDUSTRIELLE

Marques – Eléments constitutifs – Exclusion –Signe portant atteinte à des droits antérieurs –Atteinte à une dénomination sociale – Condi-tions – Dénomination ayant acquis un caractèredistinctif et notoire

2o PROPRIETE INDUSTRIELLE

Marques – Dépôt – Interdiction – Fraude auxdroits d’un tiers – Critère d’appréciation –Intention du déposant – Détermination – Elé-ments à considérer – Facteurs postérieurs audépôt

3o PROPRIETE INDUSTRIELLE

Marques – Protection – Conditions – Caractèredistinctif – Absence de contestation – Dénomi-nation quasi générique – Portée

1o Ayant fait ressortir que la dénomination d’une sociétén’avait pas acquis par l’usage un caractère distinctif niune certaine notoriété, une cour d’appel a pu rejeter sademande en nullité de marques pour atteinte à sesdroits antérieurs.

Statuant sur une demande de nullité de marquespour atteinte à ses droits antérieurs, c’est souverainementqu’après avoir relevé qu’il n’existait aucune zone derecouvrement entre, d’une part, l’activité exercée parune société sous sa dénomination sociale, son nomcommercial et son enseigne et, d’autre part, les produitsdésignés à l’enregistrement des marques en cause, unecour d’appel a exclu tout risque de confusion dansl’esprit du public, quel que soit le degré de similitudeentre les signes en présence.

2o Pour apprécier le caractère frauduleux d’un dépôt demarques, de nature à justifier l’action en revendicationde ces dernières, l’intention du déposant au moment dudépôt des demandes d’enregistrement est un élément sub-

jectif qui doit être déterminé par référence à l’ensembledes facteurs pertinents propres au cas d’espèce, lesquelspeuvent être postérieurs au dépôt.

3o La circonstance qu’une expression soit quasi génériquepour désigner une activité de transport fluvial de tou-risme n’est pas, en l’absence de contestation du caractèredistinctif du signe pour désigner des articles de souvenirset de bimbeloterie, de nature à exclure qu’il ait été pro-cédé au dépôt des marques litigieuses avec l’intention defaire obstacle au développement par la société d’uneactivité de vente de tels articles sous ce signe.

3 février 2015 Cassation partielle

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que M. X... et sacompagne, belle-fille du dirigeant de la société Compa-gnie des bateaux mouches (la société), laquelle a uneactivité de tourisme fluvial sur la Seine, ont exploité, de1985 jusqu’au 31 octobre 1993, dans l’enceinte de lasociété et en accord avec celle-ci, une activité de ventede films, photographies, cartes postales, guides touris-tiques, bibelots, souvenirs, tee-shirts et produits debouche ; que M. X..., qui était propriétaire de lamarque semi-figurative « bateaux mouches Paris Pontde l’Alma » no 93 464 872 déposée le 20 avril 1993 etnon renouvelée à son échéance le 20 avril 2003, esttitulaire de la marque semi-figurative « bateaux mouchesParis Pont de l’Alma », identique à la marque anté-rieure, déposée le 28 avril 2003 et enregistrée sous leno 03 3 222 806 pour désigner notamment les appareilsde vision de diapositives, porte-clés, broche, montre,photographies, cartes postales, dépliants, parapluie,porte-monnaie, sac à main en classes 9, 14, 18, 21, 25,26, 28, 30 et 34 et de la marque verbale « bateauxmouches », déposée le 24 septembre 2003 et enregistréesous le no 03 3 247 340 pour désigner les mêmes pro-duits ; que la société a, par acte du 14 avril 2005, assi-gné M. X... en nullité de ces marques pour atteinte àses droits antérieurs sur sa dénomination sociale, sonnom commercial et son enseigne et, par acte du 17 juil-let 2007, en revendication pour dépôt frauduleux ; queles deux procédures ont été jointes ;

Sur le premier moyen, pris en sa septième branche,qui est préalable :

Attendu que la société fait grief à l’arrêt de rejeter sademande en revendication des marques « bateauxmouches Paris Pont de l’Alma » no 03 3 222 806 et

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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« bateaux mouches » no 03 3 247 340 de M. X... alors,selon le moyen, qu’une cour d’appel qui décide que lademande dont elle est saisie est irrecevable excède ses pou-voirs en la rejetant au fond ; qu’en confirmant le jugementde première instance qui avait débouté la société Compa-gnie des bateaux mouches de son action en revendicationde marques, après avoir retenu que cette action était irre-cevable comme prescrite, la cour d’appel a excédé ses pou-voirs, en violation de l’article 122 du code de procédurecivile ;

Mais attendu que les premiers juges, comme ceuxd’appel, ayant, dans les motifs de leur décision, jugéirrecevable comme prescrite la demande en revendica-tion des marques litigieuses sans l’examiner au fond, lemoyen, qui relève une simple impropriété des termesdu dispositif sans caractériser un excès de pouvoir, estinopérant ;

Sur le second moyen :

Attendu que la société fait grief à l’arrêt de rejeter sademande en nullité des marques « bateaux mouchesParis Pont de l’Alma » no 03 3 222 806 et « bateauxmouches » no 03 3 247 340 de M. X... alors, selon lemoyen :

1o que le caractère distinctif peut s’acquérir par l’usage ;qu’en relevant, par motif adopté, que la société Compagniedes bateaux mouches ne pourrait se prévaloir de la noto-riété de la dénomination « bateaux mouches », dans lamesure où celle-ci serait le nom générique d’une activité debateaux d’agréments sur la Seine, et en refusant ainsi, parprincipe, de rechercher si la société Compagnie des bateauxmouches et ses activités sous cette dénomination n’avaientpas acquis une certaine notoriété, et partant, un caractèredistinctif par l’usage, la cour d’appel a violé l’arti-cle L. 711-4 du code de la propriété intellectuelle ;

2o qu’en se bornant à relever que l’expression « bateauxmouches » serait générique pour désigner une activité detransport fluvial d’agrément et qu’il n’existerait aucunesimilitude entre les activités exercées par cette société et lesproduits couverts par les marques litigieuses, sans recher-cher, comme elle y était invitée, si, compte tenu de l’exploi-tation que la société Compagnie des bateaux mouches afait de ce signe et des investissements qu’elle a effectuéspour le promouvoir, cette dénomination ne pouvait êtreperçue par le public comme désignant les activités de lasociété Compagnie des bateaux mouches, et si, en consé-quence, le public n’était pas amené à croire que les pro-duits vendus sous la marque précitée ont la même originecommerciale que les services proposés par la société Compa-gnie des bateaux mouches ou, à tout le moins, à faire unlien avec cette société, la cour d’appel a privé sa décisionde base légale au regard de l’article L. 711-4 du code dela propriété intellectuelle ;

3o qu’en retenant que la marque « bateaux mouchesParis Pont de l’Alma » no 03 3 222 806 ne porterait pasatteinte à la dénomination sociale, au nom commercial età l’enseigne de la société Compagnie des bateaux mouches,sans s’expliquer, comme elle y était pourtant invitée, sur lefait que cette marque faisait référence au Pont de l’Alma,lieu d’installation de la société Compagnie des bateauxmouches, et sans rechercher si, en conséquence, le publicn’était pas amené à croire que les produits vendus sous lamarque précitée ont la même origine commerciale que les

services proposés par la société Compagnie des bateauxmouches ou, à tout le moins, à faire un lien avec cettesociété, la cour d’appel a privé sa décision de base légale auregard de l’article L. 711-4 du code de la propriété intel-lectuelle ;

4o que dans ses conclusions d’appel, la société Compa-gnie des bateaux mouches faisait valoir que la marqueno 03 3 222 806 avait été déposée dans le seul but de faireéchapper la marque identique no 93 464 872, déposée le20 avril 1993, à une déchéance certaine et qu’elle devait,en conséquence, être annulée sur le fondement du principefraus omnia corrumpit ; qu’en s’abstenant de répondre à cemoyen, la cour d’appel n’a pas satisfait aux exigences del’article 455 du code de procédure civile ;

Mais attendu, en premier lieu, que l’arrêt relève, parmotifs propres et adoptés, que l’expression « bateauxmouches » pour désigner une activité de transport devoyageurs sur la Seine a été couramment utilisée depuisle milieu du XIXe siècle et a connu un succès tel qu’ellea pris un caractère quasi générique pour désigner uneactivité de même nature sur d’autres cours d’eau, enFrance et à l’étranger ; qu’il retient que le publicconcerné, à savoir celui des touristes visitant Paris etdésireux de contempler ses monuments au fil d’unecroisière sur la Seine, guidé dans ce désir par desouvrages spécialisés, ne sera pas conduit à réserverexclusivement cette expression à l’entreprise qui l’aintroduite dans sa dénomination sociale et se l’estappropriée comme enseigne ; qu’en l’état de ces appré-ciations, faisant ressortir que la dénomination de lasociété n’avait pas acquis par l’usage un caractère dis-tinctif ni une certaine notoriété, la cour d’appel, quin’avait pas à faire d’autre recherche, a pu statuercomme elle a fait ;

Attendu, en second lieu, qu’ayant relevé qu’il n’exis-tait aucune zone de recouvrement entre l’activité exer-cée par la société sous la dénomination sociale, le nomcommercial et l’enseigne Compagnie des bateauxmouches et les produits désignés à l’enregistrement desmarques en cause, la cour d’appel, qui n’était pas tenuede suivre les parties dans le détail de leur argu-mentation ni de répondre à un moyen inopérant, dèslors qu’il n’était pas allégué qu’à la date de dépôt de lamarque seconde, il existait des éléments donnant à pen-ser que la société envisageait de demander la déchéancedes droits de M. X... sur la marque antérieure, a souve-rainement retenu l’absence de tout risque de confusiondans l’esprit du public, quel que soit le degré de simili-tude entre les signes en présence ;

D’où il suit que le moyen n’est fondé en aucune deses branches ;

Mais sur le premier moyen, pris en sa premièrebranche :

Vu l’article L. 712-6 du code de la propriété intellec-tuelle ;

Attendu que pour rejeter la demande de revendica-tion des marques « bateaux mouches Paris Pont del’Alma » et « bateaux mouches » formée par la société,l’arrêt retient que la non-exploitation des marques,étant une circonstance nécessairement postérieure audépôt des demandes d’enregistrement, n’est pas denature à établir la mauvaise foi de M. X... au jour dudépôt des marques litigieuses ;

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Attendu qu’en statuant ainsi, alors que l’intention dudéposant au moment du dépôt des demandes d’enre-gistrement est un élément subjectif qui doit être déter-miné par référence à l’ensemble des facteurs pertinentspropres au cas d’espèce, lesquels peuvent être posté-rieurs au dépôt, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;

Sur le moyen, pris en sa deuxième branche :

Vu l’article L. 712-6 du code de la propriété intellec-tuelle ;

Attendu que pour statuer comme il fait, l’arrêt relèvequ’aux dates de dépôt des marques litigieuses en avrilet septembre 2003, la société n’exploitait pas une acti-vité de vente de souvenirs ou de bimbeloterie concur-rente de celle de M. X... et qu’elle n’avait pu envisagerde développer une telle activité qu’en 2006, de sorteque la mauvaise foi du déposant n’était pas caractériséeet que, par suite, l’action était prescrite ;

Attendu qu’en se déterminant ainsi, sans recherchersi, en déposant les marques composées de l’expression« bateaux mouches », dont il n’a jamais fait usage,M. X..., qui avait antérieurement été autorisé à exploi-ter une activité de vente d’articles de souvenirs et debimbeloterie dans les locaux de la société, n’avait pasentendu faire obstacle au développement d’une telleactivité par celle-ci, dont la dénomination sociale et lenom commercial comportaient la même expression, lacour d’appel a privé sa décision de base légale ;

Et sur le moyen, pris en ses troisième et quatrièmebranches :

Vu l’article L. 712-6 du code de la propriété intellec-tuelle ;

Attendu que pour statuer comme il fait, l’arrêt relèveencore, par motifs adoptés, que, l’expression « bateauxmouches » étant quasi-générique pour désigner une acti-vité de transport fluvial de tourisme, la société ne peutarguer de droits sur les termes « bateaux mouches » ;

Attendu qu’en statuant ainsi, alors qu’une telle cir-constance n’était pas de nature, en l’absence de contes-tation du caractère distinctif du signe « bateauxmouches » pour désigner des articles de souvenirs et debimbeloterie, à exclure qu’il ait été procédé au dépôtdes marques litigieuses avec l’intention de faire obstacleau développement par la société d’une activité de ventede tels articles sous ce signe, la cour d’appel a violé letexte susvisé ;

Par ces motifs et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres griefs :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il« rejette » la demande de revendication des marques« bateaux mouches Paris Pont de l ’Alma »no 0 3 3 2 2 2 8 0 6 e t « b a t e a u x m o u c h e s »no 03 3 247 340 de M. X... formée par la sociétéCompagnie des bateaux mouches, l’arrêt rendu le 4 jan-vier 2012, entre les parties, par la cour d’appel deParis ; remet, en conséquence, sur ce point, la cause etles parties dans l’état où elles se trouvaient avant leditarrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la courd’appel de Paris, autrement composée.

No 13-18.025. Société Compagniedes bateaux mouches

contre M. X...

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : Mme Darbois –Avocat général : M. Mollard – Avocat : SCP Hémery etThomas-Raquin

No 14

SOCIETE (règles générales)

Groupe de sociétés – Filiales – Contrats avec destiers – Obligation à la dette de la filiale – Effets –Immixtion dans les relations contractuelles –Immixtion d’une société mère

L’immixtion d’une société mère, de nature à créer uneapparence propre à faire croire à un créancier de l’unede ses filiales qu’elle s’y substituait dans l’exécution d’uncontrat, oblige ladite société mère à répondre de la dettede sa filiale.

3 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Pau, 28 juin 2013),que n’ayant pu obtenir de la société Copernet, aveclaquelle elle était en relations commerciales depuis plu-sieurs années, le règlement de factures, la société Devi-celock Inc (la société Devicelock) a assigné en paiementla société Tessier Ashpool finances (la société TAF),société holding du même groupe ;

Attendu que la société TAF fait grief à l’arrêt de lacondamner à payer la somme de 38 637,47 euros à lasociété Devicelock alors, selon le moyen :

1o qu’en vertu du principe de l’autonomie de la per-sonne morale, une société ne saurait être tenue des dettesd’une autre société du même groupe ; qu’après avoir relevéque par lettre du 27 février 2008, la société TAF avaitdûment informé le conseil de la société Devicelock de lacession du fonds de commerce de la société Copernet inter-venue en juillet 2007 à une société tierce, la cour d’appela considéré que cette dernière « (...) conserve son existencelégale nonobstant la cession de son fonds de commerce » ;qu’en en déduisant dès lors que la société TAF auraitentretenu une confusion entre elle-même et la sociétéCopernet relativement aux obligations souscrites par cettedernière à l’égard de Devicelock, en « sign(ant) l’absencecomplète d’autonomie de la filiale », cependant que lacréance de la société Devicelock était clairement restée dansle patrimoine de la société Copernet, la cour d’appel n’apas tiré les conséquences légales de ses propres constatationsau regard des dispositions des articles 1382, 1383 et 1842et suivants du code civil ;

2o qu’en vertu du principe de l’autonomie de la per-sonne morale, une société ne saurait être tenue des dettesd’une autre société du même groupe ; que la cour d’appel a

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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considéré que dès sa lettre du 27 février 2008 par laquelleelle répondait à la mise en demeure de la société Device-lock, la société TAF aurait elle-même entretenu une confu-sion avec les intérêts de la société Copernet cependant qu’ilressortait des échanges intervenus entre les sociétés Device-lock et TAF que cette dernière avait toujours fait mention,dans ses lettres des 27 février, 11 avril, 6 mai, et 4 juil-let 2008 telles que rappelées par la cour d’appel elle-même,de la seule « dette de Copernet » et que la société TAFn’avait jamais signé le projet de protocole d’accord proposépar la société Devicelock par lequel elle aurait reconnu êtrepersonnellement redevable de la dette de la société Coper-net ; qu’en statuant comme elle l’a fait au motif inopérantque « ces deux sociétés ont le même dirigeant, sont domici-liés à la même adresse, leurs courriels ayant la mêmeracine “t-af”... », la cour d’appel a privé sa décision debase légale au regard des dispositions des articles 1382,1383 et 1842 et suivants du code civil ;

Mais attendu que l’arrêt retient que, si la sociétéTAF, qui détenait la majorité du capital de la sociétéCopernet, avait une adresse électronique similaire, lemême domicile et le même dirigeant que cette dernière,ne s’est pas immiscée dans la conclusion et l’exécutiondu contrat jusqu’à la mise en demeure délivrée par lasociété Devicelock, elle est intervenue en revanche austade précontentieux, lorsque le créancier s’apprêtait àsaisir la juridiction en paiement de la créance, à plu-sieurs reprises, pour discuter le montant de l’obligation,en proposant notamment un montant moindre tiré deremises consenties à l’occasion de commandes pré-cédentes, et tenter d’obtenir un arrangement amiable,laissant ainsi croire à la société Devicelock, à unmoment où la société Copernet avait encore des actifs,qu’elle se substituait à cette dernière dans l’exécutiondu contrat ; que de ces constatations et appréciationssouveraines, faisant ressortir que l’immixtion de lasociété mère avait été de nature à créer une apparencepropre à faire croire à la société Devicelock qu’elle sesubstituait à sa filiale, la cour d’appel a pu déduire quela société TAF devait répondre de la dette de sa filiale ;que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-24.895. Société Tessier Ashpool financescontre société

KFA technologies,et autre.

Président : Mme Riffault-Silk, conseiller doyen faisant fonc-tion – Rapporteur : M. Delbano – Avocat général :Mme Pénichon – Avocat : Me Copper-Royer

No 15

SOCIETE (règles générales)

Parts sociales – Cession – Action en nullité pourvices du consentement – Clause de garantie del’actif ou du passif social – Absence d’influence

Les garanties contractuelles relatives à la consistance del’actif ou du passif social, s’ajoutant aux dispositionslégales, ne privent pas l’acquéreur de droits sociaux quisoutient que son consentement a été vicié du droit dedemander l’annulation de l’acte sur le fondement de cesdispositions.

3 février 2015 Cassation partielle

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que par un acte du18 août 2009, qui avait été précédé d’un « compromisde cession de parts sociales » du 17 avril 2009, M. X...et M. Y... (les cédants), titulaires chacun de la moitiédes parts représentant le capital de la société Covedi,ont cédé, le premier, l’intégralité de sa participation et,le second, une partie de celle-ci à la société Fanjat hol-ding ; qu’un crédit-vendeur, garanti par le cautionne-ment de M. et Mme Z..., a été consenti à la sociétécessionnaire ; que celle-ci ayant laissé des échéancesimpayées, les cédants l’ont assignée, ainsi que M. etMme Z..., en paiement du solde du prix de cession ;que ces derniers et la société Z... holding (lesconsorts Z...) ont, de leur côté, demandé l’annulationpour dol des actes des 17 avril et 18 août 2009 ;

Sur le moyen unique, pris en sa première branche :

Attendu que les consorts Z... font valoir que le jugene peut refuser de se prononcer sur ce qui est demandépar les parties ; qu’en refusant de se prononcer sur unedemande de nullité pour dol d’actes de cession de partssociales fondée sur les dispositions de l’article 1116 ducode civil, par la considération que la convention liti-gieuse prévoyait un mécanisme de garantie de capitauxpropres de sorte que la chute du montant des capitauxpropres ne pouvait justifier une annulation des actes decession pour dol, la cour d’appel, qui a refusé de statuersur la demande portée devant elle, a violé les disposi-tions de l’article 4 du code civil ;

Mais attendu que, loin de refuser de statuer sur lademande d’annulation fondée sur le dol dont elle étaitsaisie, la cour d’appel a déclaré cette demande mal fon-dée ; que le moyen manque en fait ;

Mais sur le moyen, pris en sa deuxième branche :

Vu l’article 1116 du code civil ;

Attendu que les garanties contractuelles relatives à laconsistance de l’actif ou du passif social, s’ajoutant auxdispositions légales, ne privent pas l’acquéreur de droitssociaux, qui soutient que son consentement a été vicié,du droit de demander l’annulation de l’acte sur le fon-dement de ces dispositions ;

Attendu que pour écarter le dol invoqué par lesconsorts Z..., l’arrêt, après avoir relevé que ceux-ci fontvaloir qu’il résulte des comptes établis au 18 août 2009que le montant des capitaux propres avait chuté entrele 31 décembre 2008 et le 18 août 2009, retient que« si cela s’avérait exact, le compromis de cession departs prévoit une garantie de capitaux propres dans sonarticle 6 » ; qu’il en déduit que cet élément ne peut pasjustifier une annulation des actes de cession pour dol ;

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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Attendu qu’en statuant ainsi, alors que le rejet d’unetelle demande ne pouvait être justifié par le seul constatde l’existence d’une garantie d’actif, la cour d’appel aviolé le texte susvisé ;

Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres griefs :

CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu’il déclare lasociété Covedi recevable mais mal fondée en sesdemandes, l’arrêt rendu le 19 décembre 2012, entre lesparties, par la cour d’appel de Pau ; remet, en consé-quence, sur les autres points, la cause et les parties dansl’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pourêtre fait droit, les renvoie devant la cour d’appel deMontpellier.

No 13-12.483. Epoux Z...,et autres

contre M. X...,et autre.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : M. Le Dauphin –Avocat général : M. Debacq – Avocats : SCP Barthélemy,Matuchansky, Vexliard et Poupot, SCP Célice, Blancpain,Soltner et Texidor

No 16

UNION EUROPEENNE

Douanes – Dette douanière – Débiteur – Qualitéde déclarant

Le débiteur de la dette douanière est le déclarant, lequels’entend, également, comme la personne au nom delaquelle la déclaration en douane est faite.

3 février 2015 Cassation partielle

Statuant tant sur le pourvoi principal formé parl’administration des douanes et droits indirects que surle pourvoi incident relevé par la société Jardins duMidi ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que la société Duran,devenue la société Jardins du Midi, et M. X... ont réa-lisé à La Réunion, entre le 31 août 2001 et le 24 jan-vier 2003, des opérations d’importation d’ail en prove-nance de Chine ou du Myanmar soumises à des droitsde douane, à l’octroi de mer et à la TVA, ainsi qu’ àun droit spécifique de 1 200 euros par tonne pourlequel est prévue une exonération en faveur des impor-tateurs titulaires du certificat d’importation AGRIMdélivré par l’Office national interprofessionnel des fleurset de l’horticulture ; qu’un contrôle de l’administrationdes douanes a révélé que la société Duran, qui détenaitle certificat d’importation AGRIM, avait permis àM. X... de réaliser des opérations d’importation d’ail

sous le couvert de ce certificat incessible et qu’en outre,la valeur des marchandises importées avait été minorée ;que l’administration des douanes, ayant notifié à lasociété Jardins du Midi un procès-verbal d’infractionsde fausses déclarations de valeur, d’importations sansdéclaration de marchandises fortement taxées et dedétournement de certificats d’importation nominatifs, aliquidé les droits et taxes éludés du fait de ces infrac-tions puis a émis à son encontre, le 14 février 2007, unavis de mise en recouvrement (AMR) ; que l’adminis-tration des douanes ayant rejeté sa contestation, lasociété Jardins du Midi l’a assignée en annulation del’AMR ;

Sur le moyen unique du pourvoi incident :

Attendu que la société Jardins du Midi fait grief àl’arrêt de n’annuler que partiellement l’AMR et de direque la créance de l’administration des douanes à sonégard s’élève à une certaine somme au titre du droit dedouane spécifique alors, selon le moyen, que ne constituepas une opération fictive le fait d’acheter des marchandisesà un importateur, de les dédouaner en utilisant le certifi-cat adéquat, de les revendre ensuite audit importateurpour qu’il procède à leur revente à des tiers et de se parta-ger ensuite avec lui les bénéfices tirés de cette seconderevente ; qu’en décidant le contraire, la cour d’appel aviolé l’article 399 du code des douanes ;

Mais attendu que l’article 201, § 3, alinéa 1er, ducode des douanes communautaire énonce que le débi-teur de la dette douanière est le déclarant, lequels’entend, aux termes de l’article 4, point 18, du mêmecode, également comme la personne au nom de laquellela déclaration en douane est faite ; qu’ayant constatéque l’ail avait été déclaré au nom de la société Duran,ce dont il résultait que celle-ci était débitrice, à l’égardde l’administration des douanes, du droit de douanespécifique sur les marchandises déclarées en son nom, lacour d’appel a fait l’exacte application des textes préci-tés ; que le moyen n’est pas fondé ;

Mais sur le moyen unique du pourvoi principal, prisen sa première branche :

Vu les articles 4, point 18, et 201, § 3, alinéa 1er, ducode des douanes communautaire ;

Attendu que le second de ces textes énonce que ledébiteur de la dette douanière est le déclarant, lequels’entend, aux termes du premier texte, égalementcomme la personne au nom de laquelle la déclarationen douane est faite ;

Attendu que pour annuler partiellement l’AMR autitre des autres droits et taxes, l’arrêt retient que lasociété Duran n’est pas le véritable importateur de l’aildéclaré par M. X... et que c’est à l’importateur des mar-chandises et donc à M. X... qui, en sa qualité de décla-rant, répond par ailleurs du paiement des droits dedouane vis-à-vis de l’administration des douanes, qu’in-combe en définitive le paiement de ces droits ;

Attendu qu’en statuant ainsi, alors qu’elle avait relevéque l’ail avait été déclaré au nom de la société Duran,la cour d’appel a violé les textes susvisés ;

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres griefs du pourvoi principal :

REJETTE le pourvoi incident ;

Et sur le pourvoi principal :

CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu’il valide lacréance de l’administration des douanes et droits indi-rects au titre des droits spécifiques, l’arrêt rendu le13 mai 2011, entre les parties, par la cour d’appel deSaint-Denis de la Réunion ; remet, en conséquence, surles autres points, la cause et les parties dans l’état oùelles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être faitdroit, les renvoie devant la cour d’appel de Saint-Denisde la Réunion, autrement composée.No 12-15.827. Le directeur général

des douanes et droits indirects,et autres

contre société Jardins du Midi,et autres.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : M. Grass – Avocatgénéral : M. Mollard – Avocats : SCP Boré et Salve de Bru-neton, SCP Hémery et Thomas-Raquin

No 17

APPEL CIVIL

Effet dévolutif – Portée – Prétentions soumises aupremier juge – Moyens nouveaux – Recevabilité

Les défenses au fond peuvent être invoquées en tout état decause et, pour justifier les prétentions qu’elles ont sou-mises au premier juge, les parties peuvent, en caused’appel, invoquer des moyens nouveaux.

Viole, dès lors, les articles 72 et 563 du code de pro-cédure civile, la cour d’appel qui déclare irrecevablecomme procédant d’un estoppel le moyen par lequelune partie conteste pour la première fois, en cause d’ap-pel, la qualification du contrat d’agence commercialesur l’inexécution duquel elle avait fondé la rupture avecle cocontractant tant lors de la notification de celle-ciqu’au cours de l’instance menée devant les premiersjuges sur les conséquences financières.

10 février 2015 Cassation

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que la société EditionsAtlas (la société) a conclu avec Mme X... un contratdénommé « contrat d’agent commercial », pour lui don-ner mandat de promouvoir, diffuser et prendre descommandes d’éditions et d’ouvrages dans le départe-ment des Deux-Sèvres ; que la société ayant résilié lecontrat, le tribunal l’a condamnée à verser à Mme X...diverses sommes à titre d’indemnités de rupture et depréavis ; qu’en cause d’appel, la société a soutenu, pourla première fois, que le contrat conclu avec Mme X...n’était pas un contrat d’agent commercial ;

Sur le moyen unique, pris en ses troisième et qua-trième branches :

Attendu qu’il n’y a pas lieu de statuer par une déci-sion spécialement motivée sur ce moyen, qui n’estmanifestement pas de nature à entraîner la cassation ;

Mais sur le moyen, pris en sa sixième branche :

Vu les articles 72 et 563 du code de procédurecivile ;

Attendu que, pour déclarer irrecevable le moyen sou-levé par la société en cause d’appel, selon lequel lecontrat régissant les relations des parties n’était pas uncontrat d’agent commercial, l’arrêt, après avoir énoncéque la règle de l’estoppel, selon laquelle nul ne peut secontredire au détriment d’autrui, est le corollaire duprincipe de loyauté qui doit présider aux débats judi-ciaires et que le droit pour une partie d’invoquer unmoyen nouveau ne l’autorise cependant pas à se contre-dire, puis relevé que la société a fondé sur une fautegrave commise dans l’exercice du contrat d’agentcommercial la rupture de celui-ci et revendiqué l’appli-cation de ce statut devant les premiers juges pourensuite, en cause d’appel, contester la qualificationd’agence commerciale de ce contrat, retient qu’il existeune véritable contradiction entre les deux positionsadoptées successivement par la société, que ce change-ment a causé un préjudice à Mme X... en ce qu’elle aagi en fonction de la position initialement adoptée parson adversaire et, qu’en conséquence, le comportementprocédural de la société constitue un estoppel rendantirrecevable son moyen de défense relatif à la qualifica-tion du contrat ;

Attendu qu’en statuant ainsi, alors que les défensesau fond peuvent être invoquées en tout état de cause etque, pour justifier les prétentions qu’elles ont soumisesau premier juge, les parties peuvent, en cause d’appel,invoquer des moyens nouveaux, la cour d’appel a violéles textes susvisés ;

Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres griefs :

CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 26 novembre 2013 entre les parties parla cour d’appel de Poitiers ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel d’Orléans.No 13-28.262. Société Editions Atlas

contre Mme X...

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : M. Guérin – Pre-mier avocat général : M. Le Mesle – Avocats : SCP Capron,SCP Le Griel

No 18

BANQUE

Garantie à première demande – Appel de la garan-tie – Appel par l’avocat du bénéficiaire – Défautde pouvoir spécial – Portée

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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Est irrégulière une demande de paiement d’une garantie àpremière demande formée par l’avocat du bénéficiaire, àlaquelle n’est pas joint un pouvoir spécial à cet effet.

10 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 24 mai 2012),qu’ayant commandé un objet à la société AFL, lasociété J & F Kruth GmbH (la société Kruth) lui aversé un acompte de 108 000 euros ; que la sociétéBNP Paribas (le garant) a, le 10 juin 2008, émis enfaveur de la société Kruth une garantie à premièredemande de restitution de cet acompte, expirant le30 septembre 2008 ; que la société AFL ayant été miseen liquidation judiciaire, le contrat de vente n’a pas étéexécuté ; que par télécopie du 25 septembre 2008,confirmée par lettre, la société Kruth, représentée parson conseil, a proposé l’exécution de la garantie ou saprorogation au 30 novembre 2008 ; que le garant aaccepté cette seconde option ; que par télécopie du25 novembre 2008, confirmée par courrier, la sociétéKruth, représentée par le même avocat, a appelé lagarantie ; que le garant s’y étant refusé, la société Kruthl’a assigné en paiement ;

Attendu que la société Kruth fait grief à l’arrêt derejeter ses demandes en paiement alors, selon le moyen,que le défaut de pouvoir du représentant est une nullitérelative qui ne peut être invoquée que par le représenté ;que la réalité du pouvoir du rédacteur de l’appel engarantie ne peut être discutée par le garant que sousl’angle du formalisme, le garant ne pouvant exiger la pro-duction d’un pouvoir écrit que dans la mesure où ce pou-voir lui est nécessaire pour s’assurer que l’appel provientbien du bénéficiaire ; que l’appel en garantie est régulier,même en l’absence de pouvoir écrit, dès lors que la qualitéde mandataire du signataire de l’appel ne fait aucun doutepour le garant et n’est pas contestée par le bénéficiaire ;qu’en déclarant irrégulier l’appel de la garantie et en dis-pensant ainsi la banque d’exécuter cette garantie sansrechercher, comme il lui était demandé, si la qualité demandataire de M. X..., avocat du bénéficiaire, n’était pasunanimement reconnue tant par le bénéficiaire, la sociétéKruth, que par la banque elle-même, comme en témoi-gnait l’échange de correspondance qui avait eu lieu lors duprécédent appel de garantie, la cour d’appel a privé sadécision de base légale au regard des articles 2321 et 1134du code civil ;

Mais attendu qu’après avoir énoncé que le strict res-pect des conditions de forme et de rédaction de l’appelde la garantie, telles que prévues par la lettre de garan-tie et les Règles Uniformes de garanties sur demande,publication CCI no 458, est la contrepartie de l’autono-mie de la garantie, que le bénéficiaire doit les respecterpour mettre en jeu celle-ci et que le garant doit vérifierl’apparente régularité de la demande qui lui est adresséeavant de payer, l’arrêt retient que la demande de paie-ment de la garantie à première demande a été faite parl’avocat de la société Kruth, lequel devait justifier d’unpouvoir spécial à cette fin, dont il n’est pas démontréqu’il ait été joint aux télécopies des 25 septembre et25 novembre 2008 ou aux lettres les confirmant ; que

par ces constatations et appréciations, rendant inopé-rante la recherche invoquée, la cour d’appel a légale-ment justifié sa décision ; que le moyen n’est pasfondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 12-26.580. Société J & F Kruth GmbHcontre société BNP Paribas.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : Mme Robert-Nicoud – Premier avocat général : M. Le Mesle – Avocats :SCP Nicolay, de Lanouvelle et Hannotin, SCP MarcLévis

No 19

1o CONCURRENCE

Transparence et pratiques restrictives – Rupturebrutale des relations commerciales – Maintien dela relation commerciale aux conditions anté-rieures – Effets – Préavis – Octroi

2o CONCURRENCE

Transparence et pratiques restrictives – Rupturebrutale des relations commerciales – Dommage –Réparation – Préjudice indemnisable – Détermi-nation

1o Sauf circonstances particulières, l’octroi d’un préavissuppose le maintien de la relation commerciale auxconditions antérieures.

2o Il résulte de l’article L. 442-6, I, 5o, du code decommerce que seuls sont indemnisables les préjudicesdécoulant de la brutalité de la rupture et non de larupture elle-même.

10 février 2015 Cassation partielle

Attendu, selon les arrêts attaqués (Bourges, 28 févrieret 12 septembre 2013), que, la société Seco ToolsFrance ayant mis fin au contrat de distribution exclu-sive qui la liait à la société Dorise, celle-ci l’a assignéeen réparation de son préjudice sur le fondement del’article L. 442-6, I, 5o, du code de commerce ;

Sur le premier moyen :

Attendu que la société Seco Tools France fait grief àl’arrêt du 28 février 2013 de la déclarer responsable dela rupture brutale de la relation commerciale la liant àla société Dorise alors, selon le moyen, que le préavisdevant assortir la rupture d’une relation commerciale

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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établie n’impose pas le maintien de relations commercialesaux mêmes conditions que celles existant antérieurement,lesquelles peuvent être modifiées pour tenir compte d’éven-tuels manquements de l’autre partie à ses obligations ; quedans ses conclusions, la société Seco Tools France faisaitvaloir que le déclin de l’implication commerciale de lasociété Dorise et son désengagement de la charte de distri-bution Seco justifiait le retrait, pendant la durée du préa-vis, de l’exclusivité qui lui avait été jusque-là accordée ;qu’en jugeant qu’« en mettant fin prématurément à l’ex-clusivité territoriale dont bénéficiait la société Dorise, lasociété Seco Tools France a rompu de manière brutale etabusive sa relation commerciale avec cette société », sansrechercher, comme elle y était invitée, si le comportementde la société Dorise ne justifiait pas le retrait de son exclu-sivité par la société Seco Tools France, la cour d’appel n’apas donné de base légale à sa décision au regard de l’arti-cle L. 442-6, I, 5o, du code de commerce ;

Mais attendu que, sauf circonstances particulières,l’octroi d’un préavis suppose le maintien de la relationcommerciale aux conditions antérieures ; qu’après avoirconstaté que la société Seco Tools France avait elle-même estimé que la société Dorise avait droit à unpréavis, ce qui excluait l’existence de manquementsgraves de la part de celle-ci, l’arrêt retient que les fautesqui lui sont reprochées dans la commercialisation desproduits fabriqués par son fournisseur, à les supposerétablies, ne sauraient justifier la fin prématurée de l’ex-clusivité territoriale dont elle bénéficiait et que le délaide préavis de douze mois accordé par la lettre de rup-ture du 22 janvier 2009 a été privé de son intérêt parla décision concomitante de retrait de l’exclusivité terri-toriale avec effet immédiat pour l’un des départementset à effet différé au 22 juillet 2009 pour les autres, pla-çant la société Dorise dans l’impossibilité de mettre àprofit le préavis pour se réorganiser ; qu’en l’état de cesconstatations, la cour d’appel, qui a effectué larecherche prétendument omise, a pu estimer que larupture avait été brutale ; que le moyen n’est pasfondé ;

Et attendu qu’il n’y a pas lieu de statuer par unedécision spécialement motivée sur le deuxième moyenqui n’est manifestement pas de nature à entraîner lacassation ;

Mais sur les troisième et quatrième moyens, réunis :Vu l’article L. 442-6, I, 5o, du code de commerce ;Attendu qu’il résulte de ce texte que seuls sont

indemnisables les préjudices découlant de la brutalité dela rupture et non de la rupture elle-même ;

Attendu qu’après avoir retenu que la rupture avaitété brutale, l’arrêt du 12 septembre 2013 alloue à lasociété Dorise une somme de 1 350 euros pour des fraisde modification de la « base éditoriale » et une autre de12 000 euros pour des frais de déplacement et de for-mation de salariés occasionnés par la recherche de nou-veaux fournisseurs ;

Attendu qu’en se déterminant ainsi, sans préciser enquoi l’insuffisance de préavis avait été de nature àengendrer ces préjudices, la cour d’appel a privé sa déci-sion de base légale ;

Par ces motifs :REJETTE le pourvoi en ce qu’il est dirigé contre

l’arrêt du 28 février 2013 ;

Et sur le pourvoi en ce qu’il est dirigé contre l’arrêtdu 12 septembre 2013 :

CASSE et ANNULE, mais seulement en ce qu’ilcondamne la société Seco Tools France à payer à lasociété Dorise les sommes de 1 350 euros et12 000 euros en réparation de ses préjudices au titre dela modification de la « base éditoriale » et des frais dedéplacement et de formation, l’arrêt rendu le 12 septem-bre 2013, entre les parties, par la cour d’appel deBourges ; remet, en conséquence, sur ce point, la causeet les parties dans l’état où elles se trouvaient avantledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant lacour d’appel de Riom.

No 13-26.414. Société Seco Tools Francecontre société Dorise.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : M. Zanoto – Pre-mier avocat général : M. Le Mesle – Avocats : SCP Roche-teau et Uzan-Sarano, SCP Boré et Salve de Bruneton

No 20

1o CONTRAT DE TRAVAIL, EXECUTION

Employeur – Pouvoir de direction – Etendue –Contrôle et surveillance des salariés – Procédésde contrôle – Validité – Cas – Consultation deSMS reçus par un salarié sur un téléphone pro-fessionnel

2o BANQUE

Secret professionnel – Empêchement légitime –Cessation – Effets – Qualité de partie au procèsde l’établissement financier (non)

1o Les messages écrits, « short message service » (SMS)envoyés ou reçus par le salarié au moyen du téléphonemis à sa disposition par l’employeur pour les besoins deson travail, sont présumés avoir un caractère profession-nel, en sorte que l’employeur est en droit de les consulteren dehors de la présence de l’intéressé, sauf s’ils sontidentifiés comme étant personnels.

Il en résulte que la production en justice des messagesn’ayant pas été identifiés comme étant personnels par lesalarié ne constitue pas un procédé déloyal au sens desarticles 9 du code civil et 6, § 1, de la Convention desauvegarde des droits de l’homme et des libertés fonda-mentales rendant irrecevable ce mode de preuve.

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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2o L’empêchement légitime résultant du secret bancaire necesse pas du seul fait que l’établissement financier estpartie à un procès, dès lors que son contradicteur n’estpas le bénéficiaire du secret auquel le client n’a pas lui-même renoncé.

10 février 2015 Cassation partielle

Attendu, selon l’arrêt attaqué, rendu en matière deréféré, que la société Newedge Group (la sociétéNewedge) et la société GFI Securities Ltd (la sociétéGFI) ont l’une et l’autre pour objet le courtage d’ins-truments financiers ; que la société Newedge, repro-chant à la société GFI d’avoir provoqué la désorganisa-tion de son activité en débauchant un grand nombre deses salariés, a été autorisée, par ordonnance sur requête,à faire procéder à un constat au siège de cette sociétéainsi que sur les outils de communication mis à la dis-position de ses anciens salariés ; que l’ordonnance dujuge des référés rejetant la demande de la société GFItendant à la rétractation de cette autorisation a été par-tiellement confirmée par la cour d’appel ;

Sur le premier moyen, après avis de la chambresociale :

Attendu que la société GFI fait grief à l’arrêt de reje-ter la demande de rétractation de l’ordonnance auto-risant la mesure alors, selon le moyen :

1o que l’article 11 du règlement intérieur de la sociétéNewedge précisait seulement que les conversations télé-phoniques des négociateurs d’instrument financiers étaientenregistrées en application des articles 313-48 à 313-56du règlement général de l’Autorité des marchés financierset pouvaient être écoutées dans le cadre de contrôles effec-tués dans les conditions fixées par la directive relative à cesenregistrements ; que la charte d’utilisation des moyens decommunication électronique précisait, en son article 4.1relatif aux courriers électroniques, que ceux-ci pouvaientêtre archivés et consultés par le « département Confor-mité », tandis que l’article 4.3 intitulé « collecte d’infor-mation » informait les utilisateurs sur le fait que les mes-sages émis et reçus étaient conservés ainsi que les « traces »des activités des systèmes ; que le glossaire annexé à lacharte précisait que les « moyens de communication électro-niques » étaient « la messagerie électronique, les servicesd’accès internet, et les outils de travail en commun surintranet », et que la messagerie électronique était le « ser-vice de transmission de messages géré par ordinateur » ;qu’en considérant cependant que ces dispositions s’appli-quaient aux SMS envoyés ou reçus par les salariés sur leurtéléphone mobile, dès lors qu’ils n’étaient pas marquéscomme « personnels », la cour d’appel leur a conféré unchamp d’application qu’elles n’avaient pas et a méconnu leprincipe de l’interdiction faite au juge de dénaturer lesdocuments de la cause ;

2o que la société GFI faisait valoir dans ses conclusionsqu’il était impossible d’identifier comme « personnel » unSMS envoyé par un téléphone mobile, de tels messages necomportant pas de champ « objet » ; qu’en énonçant cepen-dant que tant les courriels que les SMS à caractère nonmarqué « personnel » étaient susceptibles de faire l’objet derecherches pour des motifs légitimes, sans répondre à ce

moyen de nature à établir que ce critère n’était pas suffi-sant pour protéger le droit à la vie privée des salariés, lacour d’appel a méconnu les exigences de l’article 455 ducode de procédure civile ;

3o que l’enregistrement de SMS à l’insu tant de leurémetteur que de leur destinataire constitue un procédédéloyal rendant irrecevable leur production à titre depreuve ; que l’employeur ne peut dès lors prendre connais-sance, à leur insu, de messages écrits émis par ses salariésou reçus par eux grâce à un téléphone mobile mis à leurdisposition pour leur travail ; qu’il n’était pas prétendu enl’espèce que la société Newedge aurait interdit à ses salariésd’utiliser leurs téléphones mobiles, en dehors des heures detravail et à des fins personnelles ; qu’en disant cependantlicite la production par la société Newedge, à l’appui de sesdemandes, de SMS échangés par ses salariés, avec d’autressalariés ou avec des tiers, et enregistrés à leur insu, ycompris en dehors des lieux et horaires de travail, la courd’appel a violé les articles 6, § 1, de la convention de sau-vegarde des droits de l’homme et des libertés fonda-mentales, les articles 9 du code civil et 9 et 145 du codede procédure civile, ensemble le principe de la loyauté dansl’administration de la preuve ;

Mais attendu que les messages écrits (« short messageservice » ou SMS) envoyés ou reçus par le salarié aumoyen du téléphone mis à sa disposition parl’employeur pour les besoins de son travail sont présu-més avoir un caractère professionnel, en sorte quel’employeur est en droit de les consulter en dehors de laprésence de l’intéressé, sauf s’ils sont identifiés commeétant personnels ; qu’il en résulte que la production enjustice des messages n’ayant pas été identifiés commeétant personnels par le salarié ne constitue pas un pro-cédé déloyal au sens des articles 9 du code civil et 6, § 1,de la Convention de sauvegarde des droits de l’hommeet des libertés fondamentales rendant irrecevable cemode de preuve ; qu’ayant retenu que les SMS à carac-tère non marqué « personnel » émis et reçus sur dumatériel appartenant à la société Newedge étaient sus-ceptibles de faire l’objet de recherches pour des motifslégitimes et que l’utilisation de tels messages parl’employeur ne pouvait être assimilée à l’enregistrementd’une communication téléphonique privée effectué àl’insu de l’auteur des propos invoqués, la cour d’appel,qui n’était pas tenue de procéder à la recherche inopé-rante invoquée à la deuxième branche, et abstractionfaite des motifs surabondants critiqués par la premièrebranche, a légalement justifié sa décision ; que le moyenn’est pas fondé ;

Mais sur le second moyen :

Vu l’article L. 511-33 du code monétaire et finan-cier, ensemble l’article 11 du code de procédure civile ;

Attendu que le secret professionnel institué par l’arti-cle L. 511-33 du code monétaire et financier constitueun empêchement légitime opposable au juge civil ;

Attendu que pour rejeter la demande de rétractationde l’ordonnance sur requête formée par la société GFI,l’arrêt retient que le secret des affaires ne constitue pasen lui-même un obstacle à l’application des dispositionsde l’article 145 du code de procédure civile, dès lorsque le juge constate que les mesures qu’il ordonne pro-cèdent d’un motif légitime et sont nécessaires à la pro-

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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. .

tection des droits de la partie qui les a sollicitées, etqu’en ordonnant la mise sous séquestre par l’huissier dejustice de toutes les copies de documents ou de fichiersréalisés dans le cadre de la mission et en précisant qu’ilne pourrait être procédé à la mainlevée du séquestreque par voie de référé, c’est-à-dire contradictoirement,le juge de la requête a assuré la préservation du respectdu secret bancaire ou du secret des affaires et de laconfidentialité ;

Attendu qu’en statuant ainsi, alors que l’empêche-ment légitime résultant du secret bancaire ne cesse pasdu seul fait que l’établissement financier est partie à unprocès, dès lors que son contradicteur n’est pas le béné-ficiaire du secret auquel le client n’a pas lui-mêmerenoncé, la cour d’appel a violé les textes susvisés ;

Par ces motifs :

CASSE et ANNULE, mais seulement en ce qu’ilconfirme l’ordonnance rejetant la demande de rétracta-tion de l’ordonnance en ses chefs de mission autorisantl’huissier de justice à rechercher et prendre copie d’élé-ments portant atteinte au secret bancaire, l’arrêt rendule 10 janvier 2013, entre les parties, par la cour d’appelde Paris ; remet, en conséquence, sur ce point, la causeet les parties dans l’état où elles se trouvaient avantledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant lacour d’appel de Paris, autrement composée.

No 13-14.779. Société GFI Securities Limited,prise en sa succursale

dont l’établissement est situé en Francecontre société Newedge Group.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : Mme Riffault-Silk –Avocat général : M. Mollard – Avocats : SCP Piwnica etMolinié, SCP Baraduc, Duhamel et Rameix

Sur le no 1 :

Sur la production en justice de SMS, à rapprocher :

Soc., 23 mai 2007, pourvoi no 06-43.209, Bull. 2007, V,no 85 (rejet) ;

1re Civ., 17 juin 2009, pourvoi no 07-21.796, Bull. 2009, I,no 132 (cassation).

No 21

CONVENTIONS INTERNATIONALES

Accords et conventions divers – Convention deRome du 19 juin 1980 – Loi applicable auxobligations contractuelles – Article 4 – Absencede choix des parties – Présomption del’article 4, § 4 – Domaine d’application –Contrat de commission de transport – Condi-tions – Portée

La Cour de justice de l’Union européenne a dit pour droit(CJUE, arrêt du 23 octobre 2014, Haeger & Schmidt,C-305/13), que : « 1) L’article 4, paragraphe 4, der-

nière phrase, de la convention sur la loi applicable auxobligations contractuelles, ouverte à la signature à Romele 19 juin 1980, doit être interprété en ce sens que cettedisposition s’applique à un contrat de commission detransport uniquement lorsque l’objet principal ducontrat consiste dans le transport proprement dit de lamarchandise concernée, ce qu’il appartient à la juridic-tion de renvoi de vérifier. 2) L’article 4, paragraphe 4,de ladite convention doit être interprété en ce sens quela loi applicable à un contrat de transport de marchan-dises doit, à défaut de pouvoir être fixée en applicationde la deuxième phrase de cette disposition, être détermi-née en fonction de la règle générale prévue au para-graphe 1 de cet article, c’est-à-dire que la loi régissantce contrat est celle du pays avec lequel le contrat pré-sente les liens les plus étroits. 3) L’article 4, para-graphe 2, de la même convention doit être interprété ence sens que, dans l’hypothèse où il est fait valoir qu’uncontrat présente des liens plus étroits avec un pays autreque celui dont la loi est désignée par la présomptionfigurant audit paragraphe, le juge national doit compa-rer les liens existant entre ce contrat et, d’une part, lepays dont la loi est désignée par la présomption et,d’autre part, l’autre pays concerné. A ce titre, le jugedoit tenir compte de l’ensemble des circonstances, ycompris l’existence d’autres contrats liés au contrat encause ».

Ne donne pas de base légale à sa décision au regardde l’article 4, § 4, de la Convention de Rome du19 juin 1980 sur la loi applicable aux obligationscontractuelles, une cour d’appel qui soumet à la loifrançaise la responsabilité contractuelle d’une société,après avoir qualifié le contrat liant cette société decontrat de commission de transport, sans préciser, enquoi ce contrat aurait eu pour objet principal le trans-port proprement dit, seul cas où un contrat de commis-sion de transport est assimilable à un contrat de trans-port au sens de ce texte.

Dans l’hypothèse où elle ne pouvait retenir la qualifi-cation de contrat de transport, la cour d’appel aurait dûprocéder à une comparaison effective, en fonction del’ensemble des circonstances, des liens existant entre lecontrat et, respectivement, les pays concernés pour déter-miner celui de ces pays avec lequel ils étaient les plusétroits.

10 février 2015 Cassation partielle

Sur la demande de mise hors de cause :

Attendu que le pourvoi ne formule aucune critiquecontre le chef de l’arrêt ayant écarté la responsabilité deM. X... et la garantie de son assureur, la société MMAIARD assurances mutuelles ; qu’il y a donc lieu d’ac-cueillir leur demande ;

Sur le moyen unique :

Vu l’arrêt du 22 mai 2013 rendu par la chambrecommerciale, financière et économique de la Cour decassation ;

Vu l’article 4, §§§ 2, 4 et 5, de la Convention deRome du 19 juin 1980 sur la loi applicable aux obliga-tions contractuelles ;

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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. .

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que la société Va TechJST (la société Va Tech) a chargé, par contrat du24 septembre 2002, la société SAFRAM intercontinen-tal (la société SAFRAM), établie en France, d’organiserle déplacement d’un transformateur électrique depuis leport d’Anvers (Belgique), où il avait été débarqué enprovenance des Etats-Unis, jusqu’à son principal éta-blissement à Lyon ; que la société SAFRAM, agissantsous son nom, mais pour le compte de la sociétéVa Tech, a confié à la société Haeger & SchmidtGmbH (la société Haeger), établie en Allemagne, lesoin de faire exécuter la partie fluviale du déplacement ;que la société Haeger a choisi à cette fin M. X..., domi-cilié en France, propriétaire de la péniche « El-Diablo »immatriculée en Belgique ; que, lors du chargement àson bord du transformateur, celui-ci a glissé dans lacale, provoquant le chavirement du bateau qui a som-bré avec sa cargaison ; que la société Va Tech, puis sesassureurs subrogés, les sociétés Axa Corporate solutionset Ace Insurance NV (les assureurs), ont demandé répa-ration du préjudice à la société SAFRAM, mise ensuiteen liquidation judiciaire, et à la société Haeger ; quel’arrêt condamne celle-ci à payer aux assureurs uneindemnité, après avoir retenu que sa responsabilitédevait s’apprécier sur le fondement de la loi française ;que, par arrêt du 22 mai 2013, la Cour de cassation asursis à statuer sur le pourvoi de la société Haeger etinterrogé, à titre préjudiciel, la Cour de justice del’Union européenne ;

Attendu que, par arrêt du 23 octobre 2014(C-305/13), la Cour de justice de l’Union européenne adit pour droit : « 1) L’article 4, paragraphe 4, dernièrephrase, de la convention sur la loi applicable aux obli-gations contractuelles, ouverte à la signature à Rome le19 juin 1980, doit être interprété en ce sens que cettedisposition s’applique à un contrat de commission detransport uniquement lorsque l’objet principal ducontrat consiste dans le transport proprement dit de lamarchandise concernée, ce qu’il appartient à la juridic-tion de renvoi de vérifier. 2) L’article 4, paragraphe 4,de ladite convention doit être interprété en ce sens quela loi applicable à un contrat de transport de marchan-dises doit, à défaut de pouvoir être fixée en applicationde la deuxième phrase de cette disposition, être déter-minée en fonction de la règle générale prévue au para-graphe 1 de cet article, c’est-à-dire que la loi régissantce contrat est celle du pays avec lequel le contrat pré-sente les liens les plus étroits. 3) L’article 4, para-graphe 2, de la même convention doit être interprétéen ce sens que, dans l’hypothèse où il est fait valoirqu’un contrat présente des liens plus étroits avec unpays autre que celui dont la loi est désignée par la pré-somption figurant audit paragraphe, le juge nationaldoit comparer les liens existant entre ce contrat et,d’une part, le pays dont la loi est désignée par la pré-somption et, d’autre part, l’autre pays concerné. A cetitre, le juge doit tenir compte de l’ensemble des cir-constances, y compris l’existence d’autres contrats liésau contrat en cause. » ;

Attendu que, pour soumettre à la loi française la res-ponsabilité contractuelle de la société Haeger, l’arrêtretient que le droit allemand, dont elle revendiquel’application, n’a aucune vocation à régir un contrat detransport au sens de la convention susvisée, auquel cettesociété est partie, dès lors qu’il a été conclu pour le

compte de la société Va Tech et par l’intermédiaire dela société SAFRAM, toutes deux établies en France, etque le lieu prévu pour le déchargement est égalementsitué dans ce pays ;

Attendu qu’en se déterminant ainsi, après avoir qua-lifié le contrat liant la société Haeger de contrat decommission de transport aux motifs qu’il avait pourobjet l’organisation d’un transport par voie fluviale, quela mission de la société Haeger excédait celle d’unsimple affréteur et que le choix du moyen de transportainsi que celui du batelier lui appartenait, sans préciser,dès lors, en quoi ce contrat aurait eu pour objet princi-pal le transport proprement dit, seul cas où un contratde commission de transport est assimilable à un contratde transport au sens de l’article 4, § 4, de la conventionsusvisée, la cour d’appel qui, dans l’hypothèse où ellene pouvait retenir cette dernière qualification, aurait dûprocéder à une comparaison effective, en fonction del’ensemble des circonstances, des liens existant entre lecontrat et, respectivement, l’Allemagne, la Belgique et laFrance pour déterminer celui de ces pays avec lequel ilsétaient les plus étroits, n’a pas donné de base légale à sadécision ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, sauf en ce que, infirmant lejugement entrepris, il déclare irrecevables l’ensemble desdemandes présentées contre M. X... et la sociétéMMA IARD assurances mutuelles et leur alloue lasomme de 10 000 euros par application de l’article 700du code de procédure civile, l’arrêt rendu le 2 novem-bre 2011, entre les parties, par la cour d’appel deDouai ; remet en conséquence, sur les autres points, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Rouen ;

Met hors de cause M. X... et la société MMA IARDassurances mutuelles.

No 12-13.052. Société Haeger& Schmidt GmbH

contre société Mutuelles du Mansassurances IARD(MMA IARD),

et autres.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : M. Rémery – Avo-cat général : Mme Pénichon – Avocats : Me Le Prado,SCP Richard, SCP Waquet, Farge et Hazan

A rapprocher :

Com., 19 décembre 2006, pourvoi no 05-19.723, Bull. 2006,IV, no 255 (cassation partielle).

No 22

DOUANES

Droits – Recouvrement – Avis de mise en recou-vrement – Droits de la défense avant sa déli-vrance – Inobservation – Cas

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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. .

En vertu du principe du respect des droits de la défense,qui trouve à s’appliquer dès lors que l’administration sepropose de prendre à l’encontre d’une personne un actequi lui fait grief, les destinataires de décisions quiaffectent de manière sensible leurs intérêts doivent êtremis en mesure de faire connaître utilement leur pointde vue quant aux éléments sur lesquels l’administrationentend fonder sa décision.

Une cour d’appel retient à bon droit l’irrégularité dela notification du procès-verbal de constat d’infractionet de l’avis de mise en recouvrement consécutif, aprèsavoir relevé que le redevable n’avait découvert que lejour de la notification du procès-verbal d’infractionsl’ensemble des éléments retenus à son encontre, synthéti-sant onze infractions résultant d’une enquête complexe,et que les auditions intervenues antérieurement, essen-tiellement relatives à des demandes de précisions concer-nant certaines pièces, n’avaient pas permis d’assurer lerespect effectif des droits de la défense.

10 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Aix-en-Provence,8 mars 2013), que la société Socaprim, qui a pour acti-vité le commerce en gros de fruits et légumes, aimporté, par l’intermédiaire de la société LV Fruits,commissionnaire en douane, de l’ail en provenance deChine, en produisant des certificats d’importation émisdans le cadre du « contingent Gatt » qui lui ont permisde ne pas supporter le droit spécifique auquel sont sou-mises normalement ces importations ; qu’à la suited’une enquête initiée en 2006, qui a également visé lesimportations d’ail effectuées par la société Primasudexerçant la même activité que la société Socaprim etayant le même gérant, il est apparu que certaines desimportations réalisées par la société Socaprim l’avaientété sous le couvert de certificats d’importation apparte-nant à la société Primasud, cependant que ces certificatsne sont pas cessibles ; que le 23 juin 2009, l’administra-tion des douanes a notifié à la société Socaprim desinfractions d’importation sans déclaration de marchan-dises prohibées, réalisées par de fausses déclarations oumanœuvres ayant pour effet d’obtenir une exonérationindue, puis a émis à son encontre, le 23 juillet 2009,un avis de mise en recouvrement (AMR) du montantdes droits éludés, que la société Socaprim a contesté ensoutenant l’irrégularité de la procédure douanière auregard des droits de la défense ; que sa contestationayant été rejetée, la société Socaprim a assigné l’admi-nistration des douanes, ainsi que la société LV Fruits,représentée par M. X..., son mandataire liquidateur, auxfins de voir annuler l’AMR du 23 juillet 2009 ;

Attendu que l’administration des douanes fait grief àl’arrêt d’annuler l’AMR alors, selon le moyen :

1o que le procès-verbal de notification d’infractionsdressé le 23 juin 2009 mentionne que l’administration desdouanes a demandé à M. Y..., gérant de la société Soca-prim, d’assister à sa rédaction et d’« y faire insérer sesobservations », ce qu’il a fait en déclarant à l’acte : « Il n’ya pas d’intention de frauder de ma part. De plus, une très

grande partie des infractions relève d’erreurs réalisées parmes différents déclarants en douane et qui auraient dû êtrerelevées par le service des douanes. De plus, l’enquête a étéinterrompue deux ans par les services d’enquête sans quej’en sois informé : pour moi cela relève d’un vice de formeflagrant. De plus, nous allons effectuer des recherches carnous ne sommes pas d’accord avec vos conclusions » ; qu’enaffirmant, dès lors, que le procès-verbal de notificationd’infraction du 23 juin 2009 n’invitait pas M. Y... à pré-senter ses observations, la cour d’appel a dénaturé ce pro-cès-verbal et a, ainsi, violé l’article 1134 du code civil etl’obligation pour le juge de ne pas dénaturer les documentsde la cause ;

2o qu’en toute hypothèse, la procédure de contrôle doua-nier est régulière dès lors que le redevable a pu faire valoireffectivement ses observations avant l’émission de l’avis demise en recouvrement, sans que l’administration desdouanes soit tenue de l’inviter expressément à présenter sesobservations postérieurement à la notification de l’infrac-tion ; qu’en estimant que les droits de la défense de lasociété Socaprim n’auraient pas été respectés du fait quel’administration des douanes ne l’aurait pas invitée à fairevaloir ses observations postérieurement au procès-verbal denotification d’infraction du 23 juin 2009, la cour d’appela violé le principe du respect des droits de la défense ;

3o que l’administration des douanes qui a notifié uneinfraction n’est pas tenue d’engager ensuite une procédurede recouvrement forcé ; qu’elle peut, notamment, accorderune remise gracieuse ; qu’en jugeant, néanmoins, que ledélai entre la notification de l’infraction et l’avis de miseen recouvrement ne permettait pas au redevable de présen-ter utilement ses observations au motif que la notificationde l’infraction entraînerait automatiquement la procédurede recouvrement forcé, la cour d’appel a violé l’article 345du code des douanes et le principe du respect des droits dela défense ;

Mais attendu que la Cour de justice des Communau-tés européennes a énoncé, dans son arrêt du 18 décem-bre 2008 (Sopropé, C-349/07, points 36 et 37) qu’envertu du principe du respect des droits de la défense,qui trouve à s’appliquer dès lors que l’administration sepropose de prendre à l’encontre d’une personne un actequi lui fait grief, les destinataires de décisions quiaffectent de manière sensible leurs intérêts doivent êtremis en mesure de faire connaître utilement leur pointde vue quant aux éléments sur lesquels l’administrationentend fonder sa décision ; que l’arrêt constate que leprocès-verbal de notification d’infractions du23 juin 2009 comporte en annexe vingt-sept procès-verbaux concernant pour la plupart des saisies de nom-breux documents douaniers auprès des sociétés Soca-prim et Primasud, et de sociétés tierces ou de commis-sionnaires avec lesquels elles étaient en lien d’affaires,que le gérant des deux sociétés a été entendu les 22 jan-vier 2007, 10 décembre 2008 et 19 mai 2009, cesauditions ayant essentiellement porté sur des demandesde précisions au regard des documents et factures four-nis, et que même si la question du contournement dela réglementation communautaire lui a été posée le22 janvier 2007, il n’a découvert que le jour de la noti-fication du procès-verbal d’infractions, seul documentétablissant la synthèse des onze infractions, l’ensembledes éléments retenus à l’encontre de la société Socaprimau cours d’une enquête qui, en raison de sa complexité,

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a duré trois ans ; que l’arrêt déduit de ces circonstancesque les auditions du gérant des sociétés n’ont pas per-mis d’assurer le respect effectif des droits de la défense ;qu’en l’état de ces constatations et appréciations, et abs-traction faite des motifs surabondants critiqués par lemoyen, la cour d’appel a retenu à bon droit l’irrégula-rité de la notification du procès-verbal de constat d’in-fraction et de l’AMR consécutif ; que le moyen ne peutêtre accueilli ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-21.537. Directeur général des douaneset droits indirects,

et autrecontre société Socaprim,

représentée parson mandataire liquidateur,

M. Jean-François Z...,et autre.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : M. Grass – Avocatgénéral : M. Debacq – Avocat : SCP Boré et Salve de Bru-neton

A rapprocher :

CJCE, arrêt du 18 décembre 2008, Sopropé, C-349/07.

No 23

DOUANES

Importation en provenance d’un autre Etatmembre – Taxe sur la valeur ajoutée – Exonéra-tion – Effets – Présomption de livraison intra-communautaire – Conditions – Numéro d’iden-tification à la TVA de l’acquéreur – Justificatifsd’expédition des biens

Un assujetti à la TVA disposant de justificatifs de l’ex-pédition de biens à destination d’un autre Etat membreet du numéro d’identification à la TVA de l’acquéreurest présumé avoir effectué une livraison intra-commu-nautaire exonérée, à moins que l’administration n’éta-blisse que la livraison en cause n’a pas eu lieu.

10 février 2015 Rejet

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 25 septem-bre 2012), que la société SFT Gondrand frères (lasociété Gondrand), commissionnaire en douanes, a pro-cédé, pour le compte de la société suisse Come & Comdont elle était le représentant fiscal en France, à desimportations effectuées sous le régime douanier dit« régime 42 », qui permet de dédouaner des marchan-

dises en exonération de TVA dès lors qu’elles fontl’objet d’une mise en libre pratique immédiatement sui-vie d’une livraison dans un autre Etat membre del’Union européenne ; qu’à la suite d’un contrôle, esti-mant que la société Gondrand ne démontrait pas queles conditions d’application de ce régime étaient rem-plies, à savoir que les marchandises avaient bien étéreçues par la société Point of Logistic en Grande-Bretagne ou par une autre société dans un autre Etatmembre de l’Union européenne, l’administration desdouanes lui a notifié, par procès-verbal du 3 mars 2009,sur le fondement des articles 291, III, 4o, du code géné-ral des impôts et 411 du code des douanes, une infrac-tion ayant eu pour effet d’éluder le recouvrement d’unetaxe relative à l’importation de marchandises sur le ter-ritoire national, puis a émis à son encontre, le17 mars 2009, un avis de mise en recouvrement(AMR) du montant de la taxe éludée ; que l’administra-tion des douanes ayant rejeté sa contestation, la sociétéGondrand l’a assignée aux fins de voir annuler l’AMRet le rejet de sa contestation ;

Sur le premier moyen :

Attendu que l’administration des douanes fait grief àl’arrêt d’annuler l’AMR du 17 mars 2009 et la décisionde rejet du 29 juin 2009 et de la condamner à rem-bourser à la société Gondrand le montant de la TVAperçue alors, selon le moyen :

1o que des biens expédiés dans un autre Etat membrene sauraient être regardés comme ayant fait l’objet d’unelivraison intracommunautaire, dès lors qu’ils ont eu pourdestinataire des personnes dépourvues d’activité réelle ; quel’administration des douanes avait fait valoir dans sesconclusions qu’en sollicitant les services douaniers britan-niques dans le cadre de l’assistance mutuelle administrativeinternationale, elle n’avait « trouvé aucun élément denature à justifier de la prise en charge des marchandisespar la société Point of Logistic après consultation desregistres » ; qu’en affirmant, dès lors, par motifs adoptés deceux du premier juge, que l’administration des douanesn’aurait pas allégué que la société Point of Logistic n’au-rait pas eu d’activité réelle, pour en déduire que les mar-chandises litigieuses auraient bien fait l’objet d’une livrai-son intracommunautaire, la cour d’appel a dénaturé lesconclusions d’appel de l’administration des douanes en vio-lation des articles 4 et 5 du code de procédure civile ;

2o qu’en toute hypothèse, des biens expédiés dans unautre Etat membre ne sauraient être regardés comme ayantfait l’objet d’une livraison intracommunautaire, dès lorsque leur destinataire n’exerçait pas une activité correspon-dant à l’acquisition de ces biens ; qu’en affirmant que lesmarchandises litigieuses auraient fait l’objet d’une livraisonintracommunautaire à destination de la société Point ofLogistic en Grande-Bretagne, tout en relevant que cettesociété ne constituait qu’une « plate-forme logistique » dontl’activité se résumait ainsi à assurer le transport et la réex-pédition des marchandises, la cour d’appel n’a pas tiré lesconséquences légales de ses propres constatations en viola-tion des articles 262 ter et 291, III, 4o, du code généraldes impôts ;

3o que la demande présentée par un opérateur en vuede bénéficier d’un régime douanier de faveur sans qu’il soiten mesure de produire les justificatifs indispensables à l’oc-troi de ce régime constitue une « manœuvre » répréhensible

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par le droit douanier ; qu’en affirmant que le fait que lasociété Gondrand n’aurait pas pu justifier de la réalité dela livraison intracommunautaire des marchandises liti-gieuses, à laquelle était subordonnée l’exonération de TVAattachée au « régime douanier 42 » dont elle s’était préva-lue, n’aurait pas constitué une « manœuvre » pouvant êtresanctionnée sur le fondement de l’article 411 du code desdouanes, la cour d’appel a violé, outre cet article, les arti-cles 262 ter et 291, III, 4o, du code général des impôts ;

Mais attendu qu’un assujetti à la TVA disposant dejustificatifs de l’expédition de biens à destination d’unautre Etat membre et du numéro d’identification àla TVA de l’acquéreur est présumé avoir effectué unelivraison intra-communautaire exonérée, à moins quel’administration n’établisse que la livraison en cause n’apas eu lieu ; qu’après avoir constaté, par motifs propreset adoptés, que les marchandises ont été importées pourle compte de la société Come & Com qui les a venduesà la société espagnole ICC, laquelle est immatriculée àla TVA et a réglé la taxe correspondant aux expéditionsen cause, l’arrêt retient que la société Gondrand justifiede l’expédition des marchandises à destination d’unautre Etat membre et de l’identification à la TVA del’acquéreur des marchandises ; que de ces constatationset appréciations, la cour d’appel a déduit à bon droitque les marchandises avaient fait l’objet d’une livraisonintra-communautaire et que la société Gondrand n’avaitpas commis de manœuvre répréhensible au regard del’article 411 du code des douanes en mentionnant« régime douanier 42 » sur les déclarations d’importa-tion des marchandises en cause, peu important qu’elleait également constaté que les lettres de voiture men-tionnaient comme destinataire des marchandises lasociété Point of Logistic, établie en Grande-Bretagne,qui en avait pour partie assuré le transport ; qu’inopé-rant en sa première branche en ce qu’il attaque desmotifs surabondants, le moyen n’est pas fondé pour lesurplus ;

Et sur le second moyen :

Attendu que l’administration des douanes fait lemême grief à l’arrêt alors, selon le moyen :

1o que les éléments de la liquidation d’une créancedouanière, dont le redevable doit être informé, peuventrésulter du procès-verbal de constatation d’infraction visépar l’AMR et qui lui a été antérieurement notifié ; qu’enaffirmant que l’AMR du 17 mars 2009 ne préciserait passur quelle valeur la TVA réclamée était due, sans recher-cher s’il ne résultait pas du procès-verbal de constatationd’infraction du 3 mars 2009 visé par cet AMR et préa-lablement notifié à la société Gondrand que cette valeurétait de 3 042 493 euros, la cour d’appel a privé sa déci-sion de base légale au regard de l’article 345 du code desdouanes ;

2o qu’une créance douanière peut être mise en recouvre-ment dès lors que les éléments de sa liquidation sont déter-minables à partir des mentions du procès-verbal de consta-tation d’infraction visé par l’AMR et préalablement notifiéau redevable ; qu’en affirmant que l’AMR du17 mars 2009 aurait été irrégulier en ce qu’il n’aurait pasprécisé selon quel pourcentage la TVA réclamée était due,sans rechercher si ce taux de TVA ne pouvait pas aisémentêtre déterminé à partir de la mention, par le procès-verbalde constatation d’infraction du 3 mars 2009, visé par

l’AMR et préalablement notifié à la société Gondrand, dela valeur des marchandises taxées et du montant de la TVAdue, la cour d’appel a privé sa décision de base légale auregard de l’article 345 du code des douanes ;

Mais attendu que le premier moyen ayant été rejeté,le second moyen, qui a trait à l’assiette de la TVAréclamée à la société Gondrand, est sans objet ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 12-28.770. Directeur généraldes douanes

et droits indirects,et autre

contre société françaisede transports

Gondrand frères.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : M. Grass – Avocatgénéral : M. Mollard – Avocats : SCP Boré et Salve de Bru-neton, SCP Waquet, Farge et Hazan

A rapprocher :

CJCE, arrêt du 12 janvier 2006, Optigen Ltd, FulcrumElectronics Ltd et Bond House Systems Ltd, C-354/03,C-355/03 et C-484/03.

No 24

ENTREPRISE EN DIFFICULTE (loi du 26 juil-let 2005)

Redressement judiciaire – Plan de redressement –Jugement arrêtant le plan – Contenu – Déclara-tion d’inaliénabilité temporaire d’un immeubleindivis – Inopposabilité à un indivisaire – Irrece-vabilité de la tierce opposition au jugement –Absence d’influence

Serait-il irrecevable en sa tierce opposition au jugementqui, en arrêtant le plan de redressement du débiteur,déclare un immeuble indivis temporairement inalié-nable, un autre indivisaire ne peut se voir opposer cettedéclaration, laquelle fait obstacle au droit qu’il tient del’article 815 du code civil de ne pouvoir être contraintà demeurer dans l’indivision et de demander le partage.

10 février 2015 Cassation partielle

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que M. X... et Fran-çoise Y... étaient mariés sous le régime de la séparationdes biens avec société d’acquêts, laquelle comprenait unimmeuble acquis au moyen d’un prêt consenti aux deuxépoux par la société Banque nationale de Paris (labanque) ; que, leur divorce ayant été prononcé et ladate de ses effets patrimoniaux fixée au 28 avril 1989,

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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. .

l’immeuble, devenu indivis, a été occupé par M. X...qui a remboursé les échéances du prêt puis en a renégo-cié les conditions, la banque lui consentant, le31 mars 1999, un nouveau prêt le désignant commeseul emprunteur ; qu’invoquant sa défaillance, labanque a assigné en paiement M. X..., qui a appelé engarantie Françoise Y... ; qu’après le décès de cette der-nière et de sa mère, l’instance a été reprise par son père,Guy Y..., et son frère, M. Jean-Paul Y... (lesconsorts Y...), en qualité d’héritiers ; que la liquidationdu régime matrimonial a donné lieu à des difficultésrelatives au paiement de la prestation compensatoire etdes dommages-intérêts alloués à Françoise Y... par ladécision de divorce, au remboursement des deux prêts,à l’indemnité d’occupation et aux charges de copro-priété afférentes à l’immeuble, ainsi qu’au sort de celui-ci ; qu’un jugement du 8 février 2011 a statué sur cesdifficultés et ordonné la licitation de l’immeuble ; queM. X... en a relevé appel, après avoir été mis en redres-sement judiciaire le 20 janvier 2011, un jugement du26 janvier 2012 arrêtant son plan de redressement etdéclarant l’immeuble inaliénable ; que, dans l’instanced’appel introduite par M. X..., les consorts Y... ontformé tierce opposition incidente à ce dernier juge-ment ; qu’après le décès de Guy Y..., le 19 août 2013,M. Jean-Paul Y... a poursuivi seul l’instance ;

Sur le premier moyen :

Attendu que M. Jean-Paul Y... fait grief à l’arrêt dedire que les créances relatives aux dommages-intérêts, àl’indemnité d’occupation et aux charges de copropriétésont inopposables à M. X... pendant l’exécution duplan et après cette exécution si les engagements énoncésdans le plan ou décidés par le tribunal ont été tenusalors, selon le moyen, qu’à partir de la publication dujugement, tous les créanciers dont la créance est née anté-rieurement au jugement d’ouverture, à l’exception des sala-riés, adressent la déclaration de leurs créances au manda-taire judiciaire ; que toutefois, dans le cadre du partaged’une indivision postcommunautaire, la créance éventuelled’un des copartageants trouve son origine dans le partageconsécutif au divorce des époux de sorte que, tant que lepartage n’est pas achevé, aucune créance n’est « née » et unépoux n’a pas à en effectuer la déclaration dans le cadre dela procédure collective suivie à l’égard de son conjoint ;qu’en estimant que les créances relatives aux dommages-intérêts alloués par le juge du divorce, à l’indemnité d’oc-cupation fixée par le juge de la liquidation du régimematrimonial et aux charges de copropriété afférentes àl’immeuble de Benerville auraient dû être déclarées par lesconsorts Y..., venant aux droits de Mme Françoise Y...,cependant que ces créances faisaient partie des opérationsde partage de l’indivision postcommunautaire non encoreachevée au jour du jugement d’ouverture de la procédurecollective de M. X..., la cour d’appel a violé l’arti-cle L. 622-24 du code de commerce ;

Mais attendu que les créances au titre des dom-mages-intérêts alloués au conjoint divorcé du débiteuret celles résultant de l’occupation par ce dernier d’unimmeuble indivis après dissolution du mariage, tant autitre de l’indemnité d’occupation due à l’indivision quedes charges de copropriété acquittées par elle, nenaissent pas du partage mais, respectivement, du juge-ment de divorce et du fait de l’occupation ; que lemoyen n’est pas fondé ;

Sur le deuxième moyen :

Attendu que M. Jean-Paul Y... fait encore grief àl’arrêt de dire que, dans les comptes de l’indivision, ildevra être tenu compte à M. X... du paiement deséchéances relatives aux deux emprunts contractés auprèsde la BNP et qu’il règle depuis le 28 avril 1989 alors,selon le moyen :

1o que ce n’est que lorsqu’une dette est née pendant lacommunauté qu’elle doit être acquittée par la commu-nauté ; qu’il résulte des énonciations de l’arrêt attaqué queles effets de la décision de divorce dans les rapports patri-moniaux des époux ont été fixés au 28 avril 1989 et queM. X... a contracté personnellement un nouvel emprunt le31 mars 1999 ; qu’en énonçant que la créance de M. X...au titre de ce nouvel emprunt, contracté dix ans après lafin de la communauté, devait être comprise dans les opéra-tions de liquidation et de partage, la cour d’appel n’a pasjustifié sa décision au regard de l’article 1409 et des arti-cles 815-12 et 815-13 du code civil ;

2o que dans ses conclusions signifiées le 30 octobre 2012M. Jean-Paul Y... faisait valoir qu’en l’absence des forma-lités de subrogation légale prévues par l’article 1250, 2o,du code civil, M. X... ne pouvait se prévaloir des rem-boursements opérés auprès de la banque au titre du prêtdestiné à financer l’acquisition du bien de Benerville ;qu’en laissant sans réponse ces conclusions pertinentes, lacour d’appel a violé l’article 455 du code de procédurecivile ;

Mais attendu que l’arrêt retient exactement que leremboursement, après dissolution du régime matrimo-nial et de la société d’acquêts, des emprunts, même decelui que M. X... avait contracté seul, était à l’origined’une dépense nécessaire pour la conservation du bienindivis, de sorte qu’il devait lui être compté, par appli-cation des dispositions de l’article 815-13, alinéa 1er, ducode civil ; que la cour d’appel, qui a ainsi répondu auxconclusions prétendument délaissées, a légalement justi-fié sa décision ; que le moyen n’est pas fondé ;

Mais sur le moyen, relevé d’office après avertissementdélivré dans les conditions de l’article 1015 du code deprocédure civile :

Vu l’article 815 du code civil ;

Attendu qu’aux termes de ce texte, nul ne peut êtrecontraint à demeurer dans l’indivision et le partage peuttoujours être provoqué ;

Attendu que, pour rejeter la demande desconsorts Y... tendant à la licitation de l’immeuble indi-vis, l’arrêt retient que la tierce opposition incidente for-mée par ces derniers contre le jugement ayant déclarécet immeuble inaliénable est irrecevable comme tardiveet que seul le débiteur peut, en application de l’arti-cle R. 626-31 du code de commerce, présenter requêteaux fins de lever cette inaliénabilité ;

Attendu qu’en statuant ainsi, alors que, serait-il irre-cevable en sa tierce opposition au jugement qui, enarrêtant le plan de redressement du débiteur, déclare unimmeuble indivis temporairement inaliénable, un autreindivisaire ne peut se voir opposer cette déclaration,laquelle fait obstacle au droit qu’il tient du texte sus-visé, la cour d’appel a violé celui-ci ;

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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. .

Par ces motifs et sans qu’il y ait lieu de statuer surle troisième moyen :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’ildit n’y avoir lieu à licitation du bien sis à Benerville-sur-Mer, l’arrêt rendu le 15 mai 2013, entre les parties,par la cour d’appel de Paris ; remet, en conséquence,sur ce point, la cause et les parties dans l’état où elles setrouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, lesrenvoie devant la cour d’appel de Paris, autrementcomposée.

No 13-24.659. M. Y...contre M. X...,

et autre.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : Mme Texier –Premier avocat général : M. Le Mesle – Avocat : Me Balat

No 25

PRESCRIPTION CIVILE

Interruption – Causes – Citation en justice –Déclaration des créances – Portée – Caution

La déclaration de la créance au passif de la liquidationjudiciaire du débiteur principal interrompt la prescrip-tion à l’égard de la caution solidaire, cet effet inter-ruptif se prolongeant jusqu’à la clôture de la liquida-tion.

10 février 2015 Rejet

Sur le premier moyen :

Attendu, selon l ’arrêt attaqué (Toulouse,28 mai 2013), que par acte du 3 avril 1989, Mme X...s’est rendue caution solidaire des engagements de lasociété d’exploitation des établissements X... (la société)envers le Crédit lyonnais (la banque) ; que la sociétéayant été mise en liquidation judiciaire, la banque adéclaré sa créance, qui a été admise par ordonnance du3 février 1997, puis l’a cédée à la société MCS et asso-ciés (le créancier), qui, le 15 février 2010, a assignéMme X... en exécution de son engagement ;

Attendu que Mme X... fait grief à l’arrêt de lacondamner à payer au créancier la somme de63 600,13 euros arrêtée au 18 janvier 2010, avec intérêtau taux légal, alors, selon le moyen :

1o que la loi no 2008-561 du 17 juin 2008 a sup-primé les interversions de prescription par l’abrogation del’ancien article 2274 du code civil ; que si l’interpellationfaite au débiteur principal ou sa reconnaissance interromptle délai de prescription contre la caution, cela ne prive pasla caution de faire valoir la survenance d’un nouveaudélai de prescription de cinq ans à compter de la décision

ayant statué sur la vérification des créances ; qu’en l’espècela créance à l’encontre du débiteur principal a bien étéadmise par un acte du 3 février 1997 ; qu’un nouveaudélai de prescription de cinq ans recommençait à courir decette date ; qu’en l’espèce, la cour d’appel a reconnu que laloi du 17 juin 2008 était applicable à la cause ; qu’enconsidérant néanmoins qu’un nouveau délai de prescrip-tion de trente ans courait à l’encontre de la caution dujour de l’admission de la créance à la procédure collectiveet que l’action en paiement introduite par le créancier, parun acte du 15 février 2010, ne se trouvait pas prescrite, lacour d’appel n’a pas tiré les conséquences légales de sespropres constatations et violé les articles 2224, 2240et 2246 du code civil ensemble L. 110-4 du code decommerce ;

2o que si l’interpellation faite au débiteur principal ousa reconnaissance interrompt le délai de prescription contrela caution, elle ouvre à l’encontre de la caution un nou-veau délai pour agir en paiement et non un délai d’actionen exécution d’une condamnation ; qu’avant la réformenée de la loi no 2008-561 du 17 juin 2008, une telleaction était soumise à l’article L. 110-4 du code decommerce et se prescrivait par dix ans ; qu’en l’espèce lecréancier a agi en paiement contre Mme X... sur le fonde-ment d’un acte de caution souscrit en garantie des dettesde la société ; que si la créance à l’encontre du débiteurprincipal a bien été admise le 3 février 1997, inter-rompant le délai de prescription à l’encontre de la caution,il appartenait au créancier de faire valoir sa créance àl’encontre de cette dernière dans les dix ans à compter decette date ; qu’en considérant que cette action relevait de laprescription trentenaire dès lors que la créance avait étéadmise à la liquidation judiciaire du débiteur principal etque l’action en paiement introduite par le créancier parun acte du 15 février 2010, ne se trouvait pas prescrite, lacour d’appel a violé les articles 2224, 2240 et 2246 ducode civil ensemble L. 110-4 du code de commerce ;

Mais attendu que la déclaration de la créance au pas-sif de la liquidation judiciaire du débiteur principalinterrompt la prescription à l’égard de la caution soli-daire, cet effet interruptif se prolongeant jusqu’à la clô-ture de la liquidation ; que l’arrêt relève que la créancea été déclarée les 11 mai et 20 novembre 1995 et quele créancier a soutenu, sans être contredit, que la pres-cription était interrompue à l’égard de la caution jus-qu’à la clôture de la procédure collective, laquellen’était pas intervenue, ce dont il résulte que la prescrip-tion n’était pas acquise au jour de l’assignation en paie-ment ; que, par ce motif de pur droit substitué, aprèsavis donné aux parties, à celui critiqué, l’arrêt se trouvelégalement justifié ; que le moyen ne peut êtreaccueilli ;

Et attendu qu’il n’y a pas lieu de statuer par unedécision spécialement motivée sur le second moyen, quin’est manifestement pas de nature à entraîner la cassa-tion ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-21.953. Mme Y..., veuve X...contre société MCS et associés,

venant aux droitsde la société Crédit lyonnais.

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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Président : Mme Mouillard – Rapporteur : Mme Robert-Nicoud – Avocat général : Mme Bonhomme – Avocats :SCP Tiffreau, Marlange et de La Burgade, SCP Capron

Sur l’effet interruptif de prescription à l’égard de lacaution, à rapprocher :

Com., 26 septembre 2006, pourvoi no 04-19.751,Bull. 2006, IV, no 190 (cassation).

Sur la durée de l’effet interruptif de prescription, àrapprocher :

Com., 26 septembre 2006, pourvoi no 04-19.751,Bull. 2006, IV, no 190 (cassation), et les arrêts cités.

No 26

PROCEDURES CIVILES D’EXECUTION

Règles générales – Titre – Titre exécutoire – Titreultérieurement modifié – Rétablissement dudébiteur dans ses droits – Fondement – Exclu-sion – Article 1382 du code civil – Portée

Les articles L. 615-3 du code de la propriété intellectuelleet L. 111-10 du code des procédures civiles d’exécution,qui ont pour objet de rétablir la partie poursuivie, ou ledébiteur de l’exécution, dans ses droits, sont exclusifs dela responsabilité fondée sur l’article 1382 du code civil.

Statue à bon droit une cour d’appel qui retient quele fournisseur d’un principe actif n’est pas fondé à obte-nir réparation du préjudice par ricochet résultant del’exécution provisoire d’une ordonnance de référé, ulté-rieurement infirmée, interdisant à l’un de ses clients,fabricant, de commercialiser un produit pharmaceutiqueargué de contrefaçon.

10 février 2015 Rejet

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 23 janvier 2013),que la société Laboratoire Medidom (la société Medi-dom), propriétaire depuis le 28 août 2006 des droits enFrance sur le brevet européen no EP 0 520 414 intitulé« Procédé d’obtention de diacéthylrhéine », déposé parla société Madaus le 24 juin 1992 sous priorité alle-mande du 25 juin 1991, a concédé une licence exclu-sive d’exploitation de ce brevet à la société LaboratoiresNegma (la société Negma) qui commercialisait un pro-duit pharmaceutique dénommé ART 50 pour lequelelle avait obtenu une autorisation de mise sur le marché(AMM) le 12 août 1992 ; que le 11 juin 2007, lasociété Synteco SpA (la société Synteco), qui fabriquedes principes actifs, dont la diacéthylrhéine, qu’ellevend aux sociétés Biogaran et Mylan, a engagé une pro-cédure en nullité des revendications 1 à 14 dudit brevetà l’encontre de la société Medidom ; que la sociétéMylan, ayant obtenu en septembre 2008 une AMM

pour une spécialité générique correspondant à ce brevet,est intervenue volontairement à la procédure, de mêmeque la société Negma ; que, parallèlement, par acte du12 décembre 2008, la société Biogaran, titulaired’une AMM pour des produits génériques de l’ART 50,a assigné la société Negma et la société Medidom ennullité de la revendication 14 du même brevet devantle tribunal de grande instance de Paris, qui a accueillicette demande, selon jugement du 31 mars 2010,confirmé par arrêt du 30 juin 2010 ; qu’entre-temps, lasociété Negma avait obtenu à l’encontre de la sociétéBiogaran des mesures provisoires d’interdiction et deretrait de son produit générique argué de contrefaçon,en vertu d’une ordonnance de référé du 10 mars 2009,mise à exécution avant son infirmation par arrêt du22 juin 2010 de la cour d’appel de Colmar, devantlaquelle la société Synteco était intervenue volontaire-ment au soutien des intérêts de la société Biogaran, sacliente ; qu’à l’occasion de la procédure en nullité dubrevet par elle initiée, la société Synteco a demandél’indemnisation, par la société Negma, du préjudice parricochet qu’elle prétendait avoir subi du fait de la miseà exécution de cette ordonnance de référé à l’encontrede la société Biogaran ;

Sur le moyen unique, pris en ses deux branches, quiest recevable :

Attendu que la société Synteco fait grief à l’arrêt derejeter ses demandes indemnitaires alors, selon lemoyen :

1o que la victime d’un préjudice réfléchi causé par l’exé-cution d’une décision de justice est fondée à en demanderl’indemnisation à celui qui l’a poursuivie et dont le titreest ultérieurement modifié ; que la société Synteco, quivend de la diacétylrhéine à la société Biogaran, a été vic-time par ricochet de l’exécution de l’ordonnance du10 mars 2009, ultérieurement modifiée, ayant interdit, àla demande de la société Negma, à la société Biogaran decommercialiser et de faire distribuer des génériques du pro-duit dénommé ART 50, contenant de la diacétylrhéine ;qu’en refusant d’indemniser le préjudice de la société Syn-teco au motif qu’elle était tiers à la procédure de référé, lacour d’appel a violé l’article L. 111-10 du code des procé-dures civiles d’exécution, ensemble l’article 1382 du codecivil ;

2o que le tiers à une action en contrefaçon, qui souffrede l’interdiction faite à tort de commercialiser un produit,peut demander l’indemnisation de son préjudice, fût-ilréfléchi, au demandeur à l’action ; que la société Synteco,qui vend de la diacétylrhéine à la société Biogaran, a étévictime par ricochet de l’exécution de l’ordonnance du10 mars 2009, ultérieurement modifiée, ayant interdit, àla demande de la société Negma, à la société Biogaran decommercialiser et de faire distribuer des génériques du pro-duit dénommé ART 50, contenant de la diacétylrhéine ;qu’en refusant d’indemniser le préjudice de la société Syn-teco au motif qu’elle était tiers à la procédure de référé, lacour d’appel a violé l’article L. 615-3 du code de la pro-priété intellectuelle ;

Mais attendu que les articles L. 615-3 du code de lapropriété intellectuelle et L. 111-10 du code des procé-dures civiles d’exécution, qui ont pour objet de rétablirla partie poursuivie, ou le débiteur de l’exécution, dansses droits, sont exclusifs de la responsabilité fondée sur

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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. .

l’article 1382 du code civil ; qu’après avoir constaté, parmotifs propres et adoptés, que les mesures provisoiresordonnées par une décision rendue en matière de bre-vets ne visaient pas la société Synteco, fournisseur duprincipe actif, mais uniquement la société Biogaran,l’un des fabricants de produits génériques, de sortequ’en mettant à exécution la décision ultérieurementmodifiée, la société Negma, créancière poursuivante,n’avait pris un risque qu’à l’égard de la société Bioga-ran, l’arrêt relève, d’abord, que l’intervention volontairede la société Synteco n’a pas eu pour effet de lui confé-rer la qualité de débiteur de l’exécution ou de partiepoursuivie, ensuite, que, par jugement du 27 jan-vier 2012, le tribunal de grande instance a condamné lasociété Negma à indemniser, sur le fondement de laresponsabilité pour risque prévue par l’article 31 de laloi du 9 juillet 1991 devenu l’article L. 111-10 du codedes procédures civiles d’exécution, la société Biogarande son préjudice, mais rejeté les demandes de celle-cifondées sur l’abus du droit d’agir, enfin, que la défensedu brevet, en définitive annulé en toutes ses revendica-tions, ne relevait pas d’une intention de nuire ; qu’enl’état de ces énonciations, constatations et appréciations,la cour d’appel a exactement décidé que la société Syn-teco, tiers à la décision provisoire d’interdiction et deretrait mise à exécution, n’était pas fondée à obtenirréparation au titre de cette exécution ; que le moyenn’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-20.150. Société Synteco SpAcontre société

Laboratoires Negma,et autres.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : Mme Darbois –Avocat général : Mme Pénichon – Avocats : Me Ricard,SCP Célice, Blancpain, Soltner et Texidor, SCP Nicolay,de Lanouvelle et Hannotin

No 27

PROPRIETE INDUSTRIELLE

Marques – Droits conférés par l’enregistrement –Contrefaçon par imitation – Conditions –Risque de confusion – Effets – Non-respect del’accord de coexistence entre marques –Recherche nécessaire

Prive sa décision de base légale, au regard des arti-cles L. 713-3 du code de la propriété intellectuelleet 9, § 1, du règlement (CE) no 207/2009 du Conseildu 26 février 2009 sur la marque communautaire, lacour d’appel qui rejette les demandes formées au titred’actes de contrefaçon de marque, sans rechercher si, enraison de la similitude des marques en présence et des

produits désignés à l’enregistrement, le non-respect del’accord de coexistence entre les marques exploitées parles deux sociétés en cause n’était pas de nature à engen-drer un risque de confusion dans l’esprit du public.

10 février 2015 Cassation partielle

Attendu, selon l’arrêt attaqué et les productions, quela société Laboratoires Lehning (la société Lehning), quia pour activité la fabrication de préparations pharma-ceutiques, est titulaire de la marque française « Leh-ning », déposée le 6 janvier 1995 à l’Institut national dela propriété industrielle (l’INPI), enregistrée sous lenuméro 95 552 903 et renouvelée en 2005, et de lamarque communautaire « Lehning », déposée le28 avril 2004 sous le numéro 003801834, pour dési-gner, notamment en classe 5, les produits pharmaceu-tiques, vétérinaires et désinfectants ; qu’elle exploite enoutre le nom de domaine « lehning.com » ; qu’ayantconstaté que la société Consulting Partners, aux droitsde laquelle vient la société Ecophar, qui commercialisedes produits destinés aux animaux, avait déposé àl’INPI, le 10 mars 2008, la marque française « LehringNaturellement efficace » sous le numéro 08 3 561 836pour désigner, notamment en classe 5, des produitsrecoupant certains de ceux visés dans l’enregistrementde ses marques, la société Lehning a contesté cettedemande d’enregistrement ; qu’en juin 2008, est inter-venu un accord de coexistence entre les marques exploi-tées par ces deux sociétés ; qu’invoquant le non-respectpar la société Ecophar de ses engagements, la sociétéLehning l’a assignée en contrefaçon de marque etconcurrence déloyale ;

Attendu qu’il n’y a pas lieu de statuer par une déci-sion spécialement motivée sur les troisième et quatrièmebranches du moyen unique, qui ne sont manifestementpas de nature à entraîner la cassation ;

Mais sur le moyen, pris en sa première branche :

Vu les articles L. 713-3 du code de la propriété intel-lectuelle et 9, § 1, du règlement (CE) no 207/2009du Conseil du 26 février 2009 sur la marquecommunautaire ;

Attendu que pour rejeter les demandes de la sociétéLehning, l’arrêt, après avoir relevé que la société Eco-phar avait globalement fait le nécessaire dès le moisd’août 2008 pour modifier ses documents afin de seconformer à l’accord de coexistence intervenu, retientque les manquements constatés, telle la persistance duterme « Lehring » en gros caractères sur son site Inter-net jusqu’en 2012, ne constituent pas des fautes d’unegravité suffisante pour constituer des actes de contrefa-çon de marque ;

Attendu qu’en se déterminant ainsi, sans rechercher,comme elle y était invitée, si, en raison de la similitudedes marques en présence et des produits désignés àl’enregistrement, le non-respect des engagementscontractuels constaté n’était pas de nature à engendrerun risque de confusion dans l’esprit du public, la courd’appel a privé sa décision de base légale ;

Et sur le moyen, pris en sa deuxième branche :

Vu l’article 1382 du code civil ;

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Attendu que pour statuer comme il fait, l’arrêtretient que les manquements constatés ne constituentpas des fautes d’une gravité suffisante pour constituerdes actes de concurrence déloyale ;

Attendu qu’en se déterminant ainsi, sans rechercher,comme elle y était invitée, si, en raison de la similitudedes signes en présence et des activités exercées par lessociétés, l’emploi du terme « Lehring », en plus groscaractères, par la société Ecophar sur son site Internetn’était pas de nature à engendrer dans l’esprit du publicun risque de confusion avec la dénomination sociale, lenom commercial et le nom de domaine de la sociétéLehning, la cour d’appel a privé sa décision de baselégale ;

Par ces motifs :

CASSE et ANNULE, mais seulement en ce qu’ilrejette l’ensemble des demandes de la société Labora-toires Lehning, l’arrêt rendu le 26 juin 2013, entre lesparties, par la cour d’appel de Paris ; remet, en consé-quence, sur ce point, la cause et les parties dans l’étatoù elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être faitdroit, les renvoie devant la cour d’appel de Paris, autre-ment composée.

No 13-24.979. Société Laboratoires Lehningcontre société Ecophar.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : Mme Darbois –Avocat général : M. Debacq – Avocats : SCP Hémery etThomas-Raquin, SCP Coutard et Munier-Apaire

No 28

PROPRIETE INDUSTRIELLE

Marques – Protection – Contrefaçon – Contrefa-çon par reproduction – Défaut – Effets –Absence de confusion sur l’origine des produits –Usage nécessaire de la marque d’autrui

Justifie légalement sa décision au regard des arti-cles L. 713-2 et L. 713-6 du code de la propriété intel-lectuelle, la cour d’appel qui rejette les demandes for-mées au titre d’une contrefaçon de marque parreproduction et de la concurrence déloyale, après avoircaractérisé, d’une part, l’usage nécessaire de la marqued’autrui pour communiquer l’information sur la compa-tibilité des produits entre eux et, d’autre part, l’absencede confusion concernant l’origine des produits en cause.

10 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Caen, 12 septem-bre 2013), qu’à l’occasion d’un salon professionnel, lasociété Extrusion de Basse-Normandie (la société Exba-

nor) a effectué la démonstration de la mise en œuvredes attaches pour vignes, qu’elle avait conçues et qu’ellecommercialisait sous la marque « Protech », en faisantusage du lieur électrique Pellenc AP 25 ; que M. X...,titulaire de la marque verbale française « Pellenc »no 1 233 552, déposée à l’Institut national de la pro-priété industrielle le 15 avril 1983 et régulièrementrenouvelée, pour désigner, notamment, des outils etinstruments agricoles en classes 7 et 8, et la société Pel-lenc, titulaire d’une licence exclusive d’exploitation puistitulaire de ladite marque à compter du 28 novem-bre 2011, ont assigné la société Exbanor en contrefaçonde marque par reproduction et concurrence déloyale ;que la société RD Investissement, titulaire de la marqueentre le 30 juin 2010 et le 28 novembre 2011, estintervenue volontairement à la procédure ; que lasociété Exbanor a opposé l’exception prévue par l’arti-cle L. 713-6, b, du code de la propriété intellectuelle ;

Attendu que M. X... et les sociétés Pellenc etRD investissement font grief à l’arrêt de rejeter leursdemandes alors, selon le moyen :

1o que, si le titulaire d’une marque ne peut faire obs-tacle à l’utilisation du même signe ou d’un signe similairecomme référence pour indiquer la destination d’un produitou d’un service, notamment en tant qu’accessoire ou piècedétachée, c’est à la double condition que la référence soitnécessaire et qu’il n’y ait pas de confusion dans l’originedu produit ou du service ; qu’en retenant, pour affirmerque la société Exbanor n’avait pas contrefait la marque« Pellenc », que, ne fabriquant pas de lieur électrique, ellen’avait d’autre choix que d’utiliser le lieur électrique d’uneentreprise concurrente pour démontrer que ses attachesdégradables pouvaient être utilisées avec un tel appareil, lacour d’appel, qui a caractérisé la nécessité pour la sociétéExbanor d’utiliser un lieur électrique pour indiquer demanière compréhensible et complète la destination de sesproduits, mais en aucun cas celle d’utiliser la marque« Pellenc », n’a pas donné de base légale à sa décision auregard des articles L. 713-2 et L. 713-6 du code de la pro-priété intellectuelle ;

2o qu’en retenant, pour affirmer que la société Exbanorn’avait pas contrefait la marque « Pellenc », que, ne fabri-quant pas de lieur électrique, elle n’avait d’autre choix,pour démontrer que ses attaches dégradables pouvaient êtreutilisées avec un lieur électrique, que d’utiliser l’appareild’une entreprise concurrente et qu’il ne pouvait lui êtrefait grief d’avoir choisi le lieur électrique de la société Pel-lenc plutôt qu’un autre, dès lors qu’il était courammentutilisé dans la profession, ce dont il résultait que lesattaches dégradables de la société Exbanor étaient compa-tibles avec n’importe quel lieur électrique et pas unique-ment avec le lieur électrique de la société Pellenc, la courd’appel n’a pas tiré les conséquences légales de ses constata-tions, dont il s’évinçait que l’usage de la marque « Pel-lenc » n’était nullement nécessaire pour informer la clien-tèle de la destination des produits de la société Exbanor, eta violé les articles L. 713-2 et L. 713-6 du code de la pro-priété intellectuelle ;

3o que l’usage nécessaire de la marque ne doit pas créerde confusion sur l’origine des produits ; que M. X... et lessociétés Pellenc et RD investissements faisaient valoir, encause d’appel, que la société Exbanor avait sciemmententretenu une confusion sur l’origine des produits, en

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adoptant soudainement, pour sa publicité lors du salonSitevi, le vocable « attache », évoquant l’« attacheur » de lasociété Pellenc, quand elle utilisait jusqu’alors, de manièreexclusive, les termes « lien » ou « ficelle » ; qu’en affirmantque l’usage fait par la société Exbanor du lieur électriquerevêtu de la marque « Pellenc » n’avait créé aucune confu-sion sur l’origine des produits, sans répondre à ce chef deconclusions pertinent, la cour d’appel a méconnu les exi-gences de l’article 455 du code de procédure civile ;

Mais attendu, en premier lieu, que l’arrêt relève quela présentation réalisée de façon visuelle et concrète parla société Exbanor avait pour seul but de convaincre lesprofessionnels de la viticulture que ses attaches dégra-dables pouvaient être conformées et coupées par unlieur électrique ; qu’il retient que, ne fabriquant pas untel outil, cette société n’avait, pour les besoins de sadémonstration, pas d’autre moyen que de faire usaged’un lieur électrique commercialisé par une entrepriseconcurrente et que, la société Pellenc se présentant elle-même comme le leader mondial de la mécanisation enviticulture, il ne peut être fait grief à la société Exbanord’avoir choisi d’employer l’appareil de cette société,couramment utilisé dans la profession ; qu’en l’état deces constatations et appréciations, faisant ressortir quel’information compréhensible et complète sur la compa-tibilité entre les attaches dégradables et l’utilisation deslieurs électriques ne pouvait, en pratique, être commu-niquée au public par la société Exbanor sans qu’il soitfait usage de la marque « Pellenc » dont elle n’était pastitulaire, la cour d’appel a légalement justifié sa déci-sion ;

Et attendu, en second lieu, que l’arrêt relève que lasociété Exbanor n’a pas présenté son produit commeéquivalent ou simplement substituable à ceux que lasociété Pellenc commercialisait elle-même ; qu’ilconstate qu’elle n’a reproduit la marque « Pellenc » nisur ses produits, ni sur leurs emballages, ni dans sadocumentation commerciale saisie à l’occasion du salonSitevi, laquelle vantait les mérites des attaches pourlieurs électriques « Protech », conditionnées de façonparfaitement visible sous cette marque ; que de cesconstatations, la cour d’appel, qui n’était pas tenue desuivre les parties dans le détail de leur argumentation, apu déduire que l’usage du lieur électrique Pellenc AP 25n’avait pas été de nature à créer une confusion entrel’origine de cet outil et celle de l’attache ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-28.263. Société Pellenc,et autres

contre société Extrusionde Basse-Normandie

(Exbanor).

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : Mme Darbois –Avocat général : Mme Pénichon – Avocats : SCP Piwnicaet Molinié, SCP Hémery et Thomas-Raquin

No 29

PROPRIETE INDUSTRIELLE

Marques – Protection – Contrefaçon – Contrefa-çon par reproduction – Risque de confusion –Défaut – Applications diverses

Justifie légalement sa décision au regard de l’arti-cle L. 713-6, b, du code de la propriété intellectuelle lacour d’appel qui rejette une demande en contrefaçon demarque par reproduction après avoir constaté qu’iln’avait pas été fait usage des signes litigieux pour vendredes services désignés par les marques mais uniquementpour désigner, de manière nécessaire, les services detransport aérien proposés au consommateur par le titu-laire des marques, sans créer de confusion sur l’originedes services, et à des fins informatives sur le nom de lacompagnie.

10 février 2015 Rejet

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 23 mars 2012),que la société Ryanair Limited (la société Ryanair),compagnie de transport aérien, est titulaire de lamarque communauta i re verba le « Ryanai r »no 4 168 721 déposée le 13 décembre 2004 enclasses 16, 28, 35 à 39 et 42 et de la marque commu-nautaire semi-figurative « Ryanair » no 338 301 déposéele 21 août 1996, régulièrement renouvelée, en classes 16,35 à 39 et 42 ; qu’estimant avoir réalisé des investisse-ments substantiels pour la constitution d’une base dedonnées, accessible via ses sites internet, à partirdesquels les internautes ont accès à l’ensemble des ser-vices de gestion de réservation et de vente de billets detransport aérien ainsi qu’à des prestations annexes, lasociété Ryanair a assigné la société Opodo en réparationde l’atteinte portée à ses droits de producteur de basede données, en contrefaçon de ses marques, en concur-rence déloyale et parasitisme ;

Sur le premier moyen, après délibéré de la premièrechambre civile :

Attendu que la société Ryanair fait grief à l’arrêt derejeter ses demandes tendant à voir constater, d’unepart, qu’elle bénéficiait de la protection spécifique orga-nisée pour les producteurs de bases de données par lesarticles L. 341-1 et suivants du code de la propriétéintellectuelle, et d’autre part, que les actes d’extractionet de réutilisation par la société Opodo étaient illiciteset constituaient une violation de ses droits sur sa basede données alors, selon le moyen :

1o que le producteur d’une base de données, entenducomme la personne qui prend l’initiative et le risque desinvestissements correspondants, bénéficie d’une protectiondu contenu de la base lorsque la constitution, la vérifica-tion ou la présentation de celui-ci atteste d’un investisse-ment financier, matériel ou humain substantiel ; que la

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cour d’appel a constaté que la société Ryanair avait consti-tué une base de données, relatives à ses vols, ses horaires,ses disponibilités et ses tarifs, organisant et structurant leséléments provenant de différentes sources de manière àpouvoir être facilement manipulés en vue de leur consulta-tion individuelle par les internautes souhaitant acheter unbillet de transport aérien pour une destination et une pé-riode particulières et que cette base de données pouvait êtreprotégée par le droit sui generis prévu aux arti-cles L. 341-1 à L. 343-4 du code de la propriété intellec-tuelle ; que, pour refuser de prendre en compte commeinvestissements, les coûts du logiciel assurant l’intégrationdes données dans la base, leur organisation méthodique etsystématique ainsi que l’accès des internautes à ces données,partant pour exclure tout droit de la société Ryanair à laprotection de sa base de données, la cour d’appel a énoncéque l’outil fourni par la société Navitaire est un système degestion de base de données et qu’il s’agit donc d’un logicielpermettant d’organiser, de contrôler et de consulter la basede données et non d’une base de données au sens de l’arti-cle L. 112-3 du code de la propriété intellectuelle ; que lacour d’appel a en statuant ainsi opéré une confusion entrebase de données et investissement nécessaire à la constitu-tion, la vérification et la présentation du contenu d’unebase de données, et qu’en énonçant un tel motif inopérant,elle a privé sa décision de base légale au regard de l’arti-cle L. 341-1 du code de la propriété intellectuelle ;

2o que le producteur d’une base de données, entenducomme la personne qui prend l’initiative et le risque desinvestissements correspondants, bénéficie d’une protectiondu contenu de la base lorsque la constitution, la vérifica-tion ou la présentation de celui-ci atteste d’un investisse-ment financier, matériel ou humain substantiel ; que lacirconstance que la constitution et le fonctionnement de labase de données soit liée à l’exercice de l’activité principaledu producteur de la base de données n’exclut pas, en tantque telle, que cette personne puisse revendiquer le bénéficede la protection par le droit sui generis dès lors qu’elleétablit que le rassemblement des données, leur agencementsystématique ou méthodique au sein de la base, l’organisa-tion de leur accessibilité individuelle ou la vérification deleur exactitude tout au long de la période de fonctionne-ment de la base a nécessité un investissement substantiel ;que la cour d’appel a constaté que la société Ryanair aconstitué une base de données de billetterie qui est acces-sible aux internautes, pouvant facilement consulter etmanipuler les données individuelles contenues dans cettebase, grâce à l’application informatique bookryanair et ausite éponyme ; qu’en énonçant cependant, pour refuser deprendre en considération, aux fins de déterminer le droitde la société Ryanair à la protection sui generis ducontenu de sa base, que les investissements consentis pourréaliser, fiabiliser et maintenir l’accès des internautes à labase de données via le site www.bookryanair, étaient rela-tifs à la billetterie, la cour d’appel a exclu le bénéfice de laprotection sui generis du seul fait que la base de donnéesétait liée à l’activité principale de vente de billets de trans-port, en violation des dispositions de l’article L. 341-1 ducode de la propriété intellectuelle ;

3o que dans ses conclusions, la société Ryanair faisaitvaloir qu’elle avait investi de manière substantielle pourprésenter sa base de données de billets d’avion au traversde l’application informatique performante et ergonomique bookryanair.com, présentée sous la forme d’un site inter-net ; qu’elle indiquait que cette application constituait

l’interface de présentation et d’utilisation de sa base dedonnées de billetterie et qu’elle investissait, chaque année,dans la programmation et la maintenance du site, l’héber-gement des serveurs et le paiement des salariés dont la mis-sion était exclusivement de rendre le site plus accessible,plus de 1 700 000 euros ; qu’à l’appui de ses dires, elleproduisait, outre les factures des infrastructures et services,le rapport de l’expert mandaté, faisant état, notamment,des investissements matériels et logiciels et lié à l’héberge-ment des plate-formes pour un montant annuel de plus de700 000 euros ; que la cour d’appel a elle-même constatéque l’application bookryanair.com et le site internet épo-nyme permettaient la présentation au consommateur dedonnées organisées, structurées dans une base de données etindividuellement accessibles à l’internaute ; qu’en se bor-nant cependant, pour exclure tout droit de la société Rya-nair à la protection de sa base de données, à relever queles investissements retenus par l’expert au titre de laconception, de la réalisation et de la gestion du dispositif bookryanair.com ne sont pas relatifs à « la fabrication oula production d’une base de données » et qu’ils sont « sansrapport avec des investissements relatifs à la collecte d’élé-ments existants et à leur rassemblement dans une base dedonnées ou avec des investissements destinés à assurer lafiabilité de la base de données et à en permettre le contrôlede son contenu », sans rechercher si ces investissementssubstantiels, nécessaires pour que les internautes puissentavoir accès aux informations contenues dans la base dedonnées, n’étaient pas liés à la présentation du contenu decette base de données, la cour d’appel a encore privé sadécision de base légale au regard de l’article L. 341-1 ducode de la propriété intellectuelle ;

4o que la cour d’appel a constaté que la société Ryanairavait constitué une base de données, relatives à ses vols, seshoraires, ses disponibilités et ses tarifs, organisant et struc-turant les éléments provenant de différentes sources demanière à pouvoir être facilement manipulées en vue deleur consultation individuelle par les internautes souhai-tant acheter un billet de transport aérien pour une desti-nation et une période particulières, pouvant être protégéepar le droit sui generis prévu aux articles L. 341-1à L. 343-4 du code de la propriété intellectuelle ; quel’arrêt a encore relevé que l’outil informatique fourni parla société Navitaire, moyennant paiement par la sociétéRyanair de plusieurs centaines de milliers d’euros par an,était un système de gestion de base de données, en d’autrestermes « un logiciel permettant d’organiser, de contrôler etde consulter la base de données » ; qu’en excluant néan-moins, pour écarter le droit à la protection sui generis ducontenu de la base de données, l’existence d’un investisse-ment substantiel lié à la constitution, la vérification ou laprésentation du contenu de la base de données, la courd’appel n’a pas déduit les conséquences légales de sesconstatations, en violation des articles L. 341-1 à L. 343-4du code de la propriété intellectuelle ;

5o que la circonstance que la constitution et le fonc-tionnement de la base de données soit liés à l’exercice del’activité principale du producteur de la base de donnéesn’exclut pas, en tant que telle, que cette personne puisserevendiquer le bénéfice de la protection par le droit suigeneris dès lors qu’elle établit que le rassemblement desdonnées, leur agencement systématique ou méthodique ausein de la base, l’organisation de leur accessibilité indivi-duelle ou la vérification de leur exactitude tout au long dela période de fonctionnement de la base a nécessité un

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investissement substantiel ; qu’en l’espèce, il ressortait tantdes factures de la société Navitaire que des termes du rap-port d’expertise, que cette dernière avait fait concevoir parla société Navitaire une application informatique hébergéeet spécifique ne correspondant pas à de simples listes devols, de tarifs ou d’horaires, (billetterie simple) mais à unearticulation complexe de très nombreuses informations dansune base de données sophistiquée, utilisant des dispositifstechniques élaborés, permettant l’accès et la manipulationindividuelle des données par de très nombreux internautes,justifiant l’installation de machines en mode « cluster »,l’ensemble avec un très haut de niveau de contrôle del’exactitude des données communiquées ; que l’expert indi-quait encore que le montant des factures payées par lasociété Ryanair à la société Navitaire, s’élevant en moyenneà 5 millions d’euros par an, pour la mise à disposition desmatériels et infrastructures informatiques, l’hébergementdes bases de données et de leurs applications, l’exploitationet l’administration du dispositif et les frais de support etmaintenance était justifié par l’importance de l’organisa-tion de la base de données, le niveau de sécurisation desdonnées et l’optimisation des ressources ; qu’en se bornant,pour exclure toute justification d’investissements financiers,matériels et humains substantiels dans la constitution, lavérification ou la présentation de sa base de données, par-tant toute protection sui generis du producteur de la basede données, à relever que les factures de la société Navi-taire n’opéraient pas de répartition des sommes entre cequi constitue le cœur du métier de la société Ryanair et cequi relève de l’éventuelle production ou fabrication d’unebase de données, sans rechercher s’il ne ressortait pas dumontant de ces factures, de l’objet même du logiciel de ges-tion de base de données et des explications, non contestées,de l’expert quant à la complexité de la base de donnéesconstituée, son hébergement et sa présentation à l’utilisa-teur, la preuve de l’existence, en tout état de cause, d’inves-tissements financiers substantiels consentis par la sociétéRayanair pour la constitution, la vérification ou la présen-tation des éléments contenus dans la base de donnée, lacour d’appel a derechef privé sa décision de base légale auregard de l’article L. 341-1 du code de la propriété intel-lectuelle ;

Mais attendu qu’après avoir qualifié de base de don-nées les informations relatives aux vols, horaires, dispo-nibilités et tarifs réunies par la société Ryanair en unensemble de données organisées et structurées demanière à pouvoir être facilement consultées et utiliséespar les internautes, et avoir justement retenu qu’ilimportait peu que cette base fût dédiée à son activitéprincipale, la cour d’appel a exclu du champ de l’inves-tissement entrant dans la constitution, la vérification oula présentation du contenu de ladite base, tant le coûtdes logiciels destinés à assurer le fonctionnement dusystème de gestion commerciale que les dépenses rela-tives à l’application informatique de la billetterie, et,appréciant les autres éléments invoqués par la sociétéRyanair au titre de l’investissement consenti pour laconstitution, la vérification ou la présentation ducontenu de la base de données litigieuse, a, souveraine-ment, estimé que celui-ci ne revêtait pas un caractèresubstantiel, justifiant ainsi légalement sa décision de cechef ; que le moyen n’est pas fondé ;

Sur le deuxième moyen :Attendu que la société Ryanair fait grief à l’arrêt de

rejeter ses demandes tendant à voir constater que lasociété Opodo reproduisait sans autorisation les

marques verbale et semi-figurative no 4 168 721 etno 338 301 dont elle est titulaire et condamner, enconséquence, la société Opodo à l’indemniser du préju-dice subi du fait de l’atteinte portée à son droit sur lesmarques alors, selon le moyen :

1o que l’usage de la marque d’autrui, comme référencenécessaire pour indiquer la destination d’un produit oud’un service, n’est licite que lorsqu’il constitue en pratiquele seul moyen pour fournir une information complète etcompréhensible sur cette destination ; que l’article R. 322-4du code de l’aviation civile se borne à exiger la communi-cation au voyageur de l’identité du transporteur aérien dèsque cette dernière est connue et au plus tard lors de laconclusion du contrat de transport aérien ; qu’en énonçantcependant, pour rejeter les demandes de la société Ryanair,qu’il résulte des dispositions combinées de l’arti-cle L. 713-6, b, du code de la propriété intellectuelle et desarticles R. 322-4 et R. 330-20 du code de l’aviation civileque la société Opodo était en droit de reproduire lamarque semi-figurative no 338 301 dont était titulaire lasociété Ryanair à titre d’information sur le nom de lacompagnie aérienne, la cour d’appel a violé les dispositionsde l’article L. 713-6, b, du code de la propriété intellec-tuelle, ensemble et par fausse application les dispositionsdes articles R. 322-4 et R. 330-20 du code de l’aviationcivile ;

2o que l’usage de la marque d’autrui, comme référencenécessaire pour indiquer la destination d’un produit oud’un service, n’est licite que lorsqu’il constitue en pratiquele seul moyen pour fournir une information complète etcompréhensible sur cette destination et pour autant que cetusage soit conforme aux usages honnêtes en matière indus-trielle et commerciale ; que l’article R. 322-4 du code del’aviation civile se borne à exiger la communication auvoyageur de l’identité du transporteur aérien dès que cettedernière est connue et au plus tard lors de la conclusion ducontrat de transport aérien ; que dans ses conclusionsdevant la cour d’appel, la société Ryanair faisait valoir quela société Opodo utilisait les marques communautaires ver-bale et semi-figurative « Ryanair » sur la page d’accueil deson site Internet pour commercialiser et promouvoir sespropres services d’agence de voyage ce qui n’était ni néces-saire, ni conforme aux usages honnêtes en matière indus-trielle et commerciale ; qu’en se bornant, pour débouter lasociété Ryanair de ses demandes, à affirmer qu’il résultedes dispositions combinées de l’article L. 713-6, b, du codede la propriété intellectuelle et des articles R. 322-4et R. 330-20 du code de l’aviation civile que la sociétéOpodo était en droit, sans qu’il y ait de confusion, dereproduire les marques verbale no 4 168 721 et semi-figurative no 338 301, dont était titulaire la société Rya-nair, à titre d’information sur le nom de la compagnieaérienne, sans rechercher s’il ne ressortait pas de l’usage quiétait fait par la société Opodo de ces marques, notammentdans la page d’accueil de son site Internet, un usage nonnécessaire et non conforme aux usages honnêtes en matièrecommerciale, la cour d’appel a privé sa décision de baselégale au regard de l’article L. 713-6, b, du code de lapropriété intellectuelle, ensemble les articles 9 et 12 durèglement no 40/94 du Conseil du 20 décembre 1993 surla marque communautaire codifié par le règle-ment 207/2009 du Conseil du 26 février 2009 ;

3o que l’usage de la marque d’autrui, comme référencenécessaire pour indiquer la destination d’un produit oud’un service, n’est licite que lorsqu’il constitue en pratique

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le seul moyen pour fournir une information complète etcompréhensible sur cette destination et pour autant que cetusage soit conforme aux usages honnêtes en matière indus-trielle et commerciale ; que n’est pas conforme aux usageshonnêtes en matière industrielle et commerciale l’usaged’une marque fait d’une manière telle qu’il laisse à penserqu’il existe un lien commercial entre le tiers et le titulairede la marque ; que, par ailleurs, l’article R. 322-4 du codede l’aviation civile se borne à exiger la communication auvoyageur de l’identité du transporteur aérien dès que cettedernière est connue et au plus tard lors de la conclusion ducontrat de transport aérien ; que dans ses conclusions, lasociété Ryanair faisait encore valoir que l’usage, tel qu’ilétait fait par la société Opodo, des marques « Ryanair »était de nature à laisser penser aux internautes qu’il exis-tait un lien commercial entre la société Opodo et la sociétéRyanair, présentée au demeurant comme une « société par-tenaire » ; qu’en se bornant, pour débouter la société Rya-nair de ses demandes, à affirmer qu’il résulte des disposi-tions combinées de l’article L. 713-6, b, du code de lapropriété intellectuelle et des articles R. 322-4 et R. 330-20du code de l’aviation civile que la société Opodo était endroit, sans qu’il y ait de confusion, de reproduire lesmarques verbale no 4 168 721 et semi-figurativeno 338 301, dont était titulaire la société Ryanair, à titred’information sur le nom de la compagnie aérienne, sansrechercher si l’usage qui était ainsi fait par la sociétéOpodo des marques de la société Ryanair n’était pas denature à laisser croire au consommateur à l’existence d’unlien commercial entre les deux sociétés, partant n’était pasun usage non conforme aux usages honnêtes en matièreindustrielle et commerciale, la cour d’appel a encore privésa décision de toute base légale au regard de l’arti-cle L. 713-6, b, du code de la propriété intellectuelle,ensemble les articles 9 et 12 du règlement no 40/94 duConseil du 20 décembre 1993 sur la marque communau-taire codifié par le règlement 207/2009 du Conseil du26 février 2009 ;

Mais attendu que l’arrêt constate, par motifs propreset adoptés, que la société Opodo n’a pas fait usage dessignes litigieux pour vendre elle-même des services dési-gnés par les marques, mais seulement pour désigner, demanière nécessaire, les services de transport aérien de lasociété Ryanair qu’elle proposait au consommateur, etretient que les signes sont reproduits, sans qu’il y aitconfusion sur l’origine des services ni atteinte aux droitsde marque de cette société, à titre d’information sur lenom de la compagnie ; qu’en l’état de ces constatationset appréciations, faisant ressortir que la société Opodoavait fait un usage licite des marques, la cour d’appel,qui a effectué la recherche prétendument omise visée àla troisième branche, a, abstraction faite du motif sura-bondant critiqué à la première branche et sans encourirle grief de la deuxième branche, légalement justifié sadécision ; que le moyen n’est pas fondé ;

Et attendu qu’il n’y a pas lieu de statuer par unedécision spécialement motivée sur le troisième moyen,qui n’est manifestement pas de nature à entraîner lacassation ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 12-26.023. Société Ryanair Limitedcontre société Opodo.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : Mme Darbois –Avocat général : Mme Pénichon – Avocats : SCP Piwnicaet Molinié, SCP Hémery et Thomas-Raquin

No 30

SOCIETE ANONYME

Commissaire aux comptes – Révocation – Actionen relèvement – Qualité pour l’exercer – Déter-mination

La société dont les comptes sont contrôlés ne figure pas aunombre des personnes ou entités, énumérées à l’arti-cle L. 823-7 du code de commerce, ayant qualité pourdemander le relèvement des fonctions de son commissaireaux comptes.

Viole ce texte la cour d’appel qui rejette la fin denon-recevoir tirée d’un défaut de qualité à agir de lasociété, au motif que l’assignation a été délivrée par lasociété prise en la personne de son directeur général etprésident.

10 février 2015 Cassation sans renvoi

Donne acte à Mmes Nicole X..., veuve Y...,Isabelle Y..., Elise Y..., Cécile Y..., Aurélie Y... etM. Nicolas Y... (les consorts Y...) de ce qu’ilsreprennent l’instance en leur qualité d’ayants droit dePaul Y..., décédé ;

Sur le premier moyen :

Vu l’article L. 823-7 du code de commerce ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que la société Numaticinternational, « prise en la personne de son directeurgénéral et président, M. Christopher Z... », a assignéPaul Y... en relèvement de ses fonctions de commissaireaux comptes ; que celui-ci a soulevé l’irrecevabilité del’action pour défaut de qualité de la société Numaticinternational ;

Attendu que pour rejeter la fin de non-recevoir,l’arrêt constate que l’assignation a été délivrée par lasociété Numatic international, prise en la personne deson directeur général et président, M. Z... ;

Attendu qu’en statuant ainsi, alors que la sociétédont les comptes sont contrôlés ne figure pas aunombre des personnes ou entités ayant qualité pourdemander le relèvement des fonctions de son commis-saire aux comptes, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;

Et vu l’article 627 du code de procédure civile ;

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer surle second moyen :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 13 juin 2013, entre les parties, par lacour d’appel de Paris ;

DIT n’y avoir lieu à renvoi ;Déclare la société Numatic international irrecevable

en sa demande.

No 13-24.312. Consorts Y..., agissanten qualité d’ayants droitde M. Paul Y..., décédé

contre société Numatic international.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : M. Fédou – Avo-cat général : M. Debacq – Avocats : SCP Nicolay,de Lanouvelle et Hannotin, SCP Piwnica et Molinié

No 31

1o SOCIETE COMMERCIALE (règles générales)

Filiale et participation – Information – Fran-chissement de seuil – Déclaration – Actions etdroits de vote – Domaine d’application – Ins-cription en compte chez un intermédiaire habi-lité – Admission aux opérations d’un dépositairecentral agréé – Titres nominatifs

2o SOCIETE COMMERCIALE (règles générales)

Filiale et participation – Information – Fran-chissement de seuil – Déclaration – Défaut –Assemblée générale – Pouvoirs du bureau –Détermination

1o Ayant constaté que les titres de capital émis par unesociété étaient admis aux opérations d’Euroclear France,dépositaire central, et que les statuts prévoyaient leurinscription en compte chez un intermédiaire habilité,une cour d’appel en déduit exactement que l’obligationde déclaration en cas de franchissement de certains seuilsrésultant des dispositions de l’article L. 233-7 du codede commerce était applicable à cette société.

2o Aucun texte n’attribue au bureau de l’assemblée desactionnaires le pouvoir de priver certains d’entre eux deleurs droits de vote au motif qu’ils n’auraient pas satis-fait à l’obligation de notifier le franchissement d’unseuil de participation dès lors que l’existence de l’actionde concert d’où résulterait cette obligation est contestée.

10 février 2015 Cassation partielle

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que les actions de lasociété anonyme Acadomia groupe, devenue DomiaGroup (la société), sont admises aux négociations sur lemarché libre de Nyse-Euronext ; que la société, ayant

pour dirigeants M. X..., président du conseil d’ad-ministration, ainsi que MM. Y... et Z..., compte parmises actionnaires la société Madag et la société Capris ;que le 28 février 2007, l’assemblée générale des action-naires a autorisé l’augmentation différée du capital parvoie d’émission d’obligations à bons de souscriptionet/ou d’acquis it ion d’act ions remboursables(OBSAAR) ; que le 3 avril 2007, le conseil d’ad-ministration a décidé de procéder à l’émission d’unemprunt obligataire de 10 millions d’euros auquelétaient attachés 1 999 950 bons de souscription (lesBSAAR) ; que les obligations ont été intégralementsouscrites par deux établissements de crédit qui ontensuite vendu les BSAAR à MM. X..., Y... et Z... ; quele 25 février 2008, ces derniers, agissant de concert avecla société Bastogne Invest, ont exercé 910 000 BSAAR,ce qui leur a permis de contrôler la société ; que lors del’assemblée des actionnaires du 29 février 2008, lebureau, après avoir retenu que « la société Capris déte-nant à ce jour 192 339 actions de la société, agissant deconcert avec les sociétés Madag, Satisfonds et M. A... »avait « franchi à la hausse, sans le déclarer à la société,le seuil de 5 % en mars 2007 », a limité les droits devote de ces actionnaires à 123 027, correspondant à5 % du capital de la société au mois de mars 2007 ;que le bureau a ajouté que le même groupe d’action-naires, agissant de concert, avait franchi à la hausse lesseuils de 10 %, 15 %, 20 % et 25 % sans les déclarer àla société ; que lors de l’assemblée générale du20 février 2009, la même limitation des droits de votea été appliquée à ces actionnaires ; que la société Madaget d’autres actionnaires ont assigné la société aux finsd’annulation de l’émission d’OBSAAR et des décisionsde privation de droits de vote prises par le bureau del’assemblée générale ; que le premier juge ayant rejetéces demandes, la société Madag a relevé appel ; qu’encause d’appel, elle a abandonné sa demande tendant àl’annulation de l’émission des OBSAAR et a, pour lapremière fois, demandé que soit constaté le caractèreirrégulier de l’augmentation de capital réalisée en 2008par l’exercice des BSAAR et prononcée la suspensioncorrélative des droits de vote et des droits à dividendeattachés aux actions ainsi émises ;

Sur le premier moyen :

Attendu que la société Madag fait grief à l’arrêt dedéclarer cette demande irrecevable comme nouvellealors, selon le moyen :

1o que les prétentions ne sont pas nouvelles dès lorsqu’elles tendent aux mêmes fins que celles soumises au pre-mier juge ; qu’en l’espèce, la société Madag avait sollicitéen première instance l’annulation de l’émission, décidée le3 avril 2007 par le conseil d’administration de la sociétéAcadomia groupe, des obligations à bon de souscriptionet/ou d’acquisition d’actions remboursables (OBSAAR),ultérieurement souscrites par les banques Crédit du Nordet LCL qui ont cédé les bons de souscription et d’achatd’actions (BSAAR) qui y étaient attachés à MM. X..., Y...et Z..., dirigeants de la société Acadomia groupe, à raisonde l’irrégularité de la procédure tenant à l’absence d’éta-blissement par les commissaires aux comptes de la sociétéAcadomia groupe du rapport au conseil d’administrationimposé par l’article L. 225-135 du code de commercepréalablement à toute augmentation de capital sans droitpréférentiel de souscription ; qu’en appel, ainsi que l’a

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constaté l’arrêt attaqué, la société Madag a persisté à invo-quer le caractère irrégulier de la procédure d’émission desOBSAAR, faute d’établissement du rapport par lescommissaires aux comptes, mais a substitué à sa demanded’annulation de l’émission des OBSAAR une demandetenant à la suspension des droits de vote et des droits àdividende attachés aux actions émises à la suite de l’exer-cice en 2008 par leurs bénéficiaires (MM. X..., Y... et Z...)des bons (BSAAR) attachés aux OBSAAR émises en 2007,en application de l’article L. 225-150 du code decommerce, issu de la loi no 2012-387 du 22 mars 2012dont elle soulignait qu’elle était applicable à compter deson entrée en vigueur le 24 mars 2012 ; que pour déclarercette demande irrecevable, la cour d’appel a retenu qu’ellelaissait subsister l’émission obligataire et ne tendait dès lorspas aux mêmes fins que l’action en nullité des OBSAARprésentée en première instance qui avait pour effet de lamettre à néant ; qu’en statuant de la sorte, quand lademande de suspension des droits de vote et des droits audividende attachés aux actions émises par l’exercice desBSAAR en 2008 avait pour objet d’obtenir la sanction del’irrégularité de l’émission des OBSAAR décidée en 2007,à raison de l’absence d’établissement du rapport préalableau conseil d’administration par les commissaires auxcomptes, de sorte qu’elle tendait aux mêmes fins que lademande présentée en première instance, la cour d’appel aviolé l’article 565 du code de procédure civile ;

2o qu’à la nullité de plein droit de la décision d’émis-sion de titres prise en violation de l’obligation d’établisse-ment d’un rapport préalable du commissaire aux comptes(articles L. 225-135 et L. 225-145 du code de commercedans sa version applicable à l’époque des faits litigieux), laloi no 2012-387 du 22 mars 2012 a substitué une autresanction, applicable elle aussi de droit, consistant en la pri-vation des droits de vote attachés aux titres émis en viola-tion de cette même formalité substantielle (arti-cle L. 225-150 du code de commerce), la nullité del’émission des titres ou de l’opération de capital intervenueen violation de cette exigence devenant facultative (arti-cle L. 225-149-3) ; que ces derniers textes étant entrés envigueur avant que le présent litige n’ait été porté en appel,la société Madag pouvait, sans que sa demande s’expose augrief de nouveauté, solliciter du juge qu’il prononce, enraison de l’irrégularité de l’augmentation de capital inter-venue sans que la formalité du rapport du commissaireaux comptes ait été respectée, la suspension des droits devote attachée aux actions émises, cette sanction n’étant quela conséquence désormais prévue par la loi de l’irrégularitéqu’elle avait demandé au juge de constater tant en pre-mière instance qu’en appel ; en sorte qu’en statuant commeelle l’a fait, la cour d’appel a violé les articles 564 et 565du code de procédure civile, ensemble les textes susvisés ;

3o qu’est recevable même si elle présentée pour la pre-mière fois en appel la demande qui était virtuellementcomprise dans les demandes soumises au premier juge, ouqui en constitue l’accessoire, la conséquence ou lecomplément ; que la demande formulée en appel par lasociété Madag tendant à voir constater le caractère irrégu-lier de l’augmentation de capital par l’exercice en 2008des BSAAR, et à la suspension corrélative des droits de voteet des droits au dividende attachés aux actions ainsiémises, ne tendait qu’à voir tirer les conséquences de l’irré-gularité affectant l’émission d’OBSAAR décidée le3 avril 2007 par le conseil d’administration de la sociétéAcadomia groupe, à raison de l’absence d’établissement du

rapport préalable par les commissaires aux comptes ; quecette irrégularité était déjà invoquée par la société Madagà l’appui de sa demande, présentée en première instance,tendant à la nullité de l’émission des OBSAAR, laquelle, sielle avait abouti, aurait entraîné l’annulation de l’émis-sion obligataire mais également celle des bons de souscrip-tion et/ou d’acquisition d’actions remboursables (BSAAR),et par conséquent la suppression des droits de vote et àdividende attachés à ces actions ; qu’en déclarant néan-moins la demande de la société Madag tendant à voirconstater le caractère irrégulier de l’augmentation de capi-tal par l’exercice en 2008 des BSAAR, et à la suspensioncorrélative des droits de vote et des droits au dividendeattachés aux actions ainsi émises irrecevable comme nou-velle, quand cette prétention était virtuellement comprisedans celle présentée en première instance dont elle neconstituait que le complément, la cour d’appel a violé lesarticles 564 et 566 du code de procédure civile ;

4o que n’est pas nouvelle en cause d’appel la demandetendant au prononcé d’une sanction consistant en la priva-tion d’un droit, lorsque cette sanction était nécessairementcomprise dans la demande formulée en première instance ;que la demande en nullité de l’émission des OBSAAR, pri-vant nécessairement les bénéficiaires des actions souscritespar exercice des BSAAR de tout droit de vote et de droit àdividendes, viole les articles 564 et 566 du code de procé-dure civile la cour d’appel qui retient que la sociétéMadag ne pouvait se borner à solliciter en appel la suspen-sion des droits de vote et à dividendes attachés aux titreslitigieux, alors qu’elle avait sollicité en première instance lanullité de l’émission de ces titres ;

Mais attendu, en premier lieu, qu’ayant retenu que lademande de la société Madag tendant à la suspensiondes droits de vote et des droits à dividende attachés auxactions émises à la suite de l’exercice, en 2008, desBSAAR, qui laissait subsister l’émission des OBSAAR,ne tendait pas aux mêmes fins que celle tendant àl’annulation de celle-ci, la cour d’appel a fait l’exacteapplication des dispositions des articles 564 et 565 ducode de procédure civile en déclarant cette prétentionirrecevable comme nouvelle ;

Et attendu, en second lieu, qu’il ne résulte ni desconclusions ni de l’arrêt que la société Madag ait faitvaloir que cette demande entrait dans les prévisions del’article 566 du code de procédure civile, dont elle nes’est pas prévalue ; que les troisième et quatrièmebranches, nouvelles et mélangées de fait et de droit,sont irrecevables ;

D’où il suit que le moyen, pour partie non fondé, nepeut être accueilli pour le surplus ;

Sur le deuxième moyen :

Attendu que la société Madag fait encore grief àl’arrêt de rejeter sa demande tendant à l’annulation desdécisions de privation de droits de vote prises à sonégard alors, selon le moyen :

1o que l’article L. 233-7, I, du code de commerce, quioblige le titulaire des actions d’une société cotée sur unmarché non réglementé à déclarer le nombre d’actions qu’ildétient lorsqu’il vient à franchir, seul ou de concert, cer-tains seuils de participation, ne s’applique que si les titresde cette société sont susceptibles d’être mis au porteur, et

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non pas si les statuts leur imposent la forme nominative,peu important que ces derniers titres, qui doivent être ins-crits au compte tenu par leur émetteur, soient gérés par unintermédiaire habilité ; qu’en l’espèce, les statuts de lasociété Acadomia, comme la société Madag le faisait valoirdans ses conclusions, stipulaient que les valeurs mobilièresémises par cette société revêtaient exclusivement la formenominative ; que la cour d’appel, qui constate que lesactions de la société Acadomia étaient constituées de titresobligatoirement nominatifs, et qui décide que l’obligationde déclaration en cas de franchissement des seuils prévuspar l’article L. 233-7, I, du code de commerce, leur étaitnéanmoins applicable, au motif que ces titres étaient admisaux opérations d’Euroclear France, dépositaire centralagréé, et que l’article 9 des statuts autorisait l’inscriptionen compte chez un intermédiaire habilité, a violé le textesusvisé, ensemble les articles L. 211-4 26 du code moné-taire et financier, et les articles R. 211-1 et R. 211-4 dumême code ;

2o que les statuts d’une société dont les titres sont nomi-natifs ne peuvent prévoir une obligation d’information dela société à la charge des actionnaires franchissant un cer-tain seuil de participation dans le capital que la loi neprévoit pas ; que ces mêmes statuts ne sauraient encoremoins assortir cette obligation d’une sanction consistant enla privation du droit de vote attaché aux actions excédantla fraction qui aurait dû être déclarée, jusqu’à l’expirationd’un délai de deux ans suivant la date de régularisation dela notification, cette sanction n’étant prévue par la loi quepour les sociétés émettant des titres susceptibles d’être misau porteur et pour les seuils inférieurs à 5 % ; en sortequ’en validant la clause des statuts de la société Acadomiaprévoyant qu’en cas de méconnaissance de l’obligation dedéclarer le franchissement de certains seuils supérieurs à5 %, les actions excédant la fraction qui aurait dû êtredéclarée seraient privées du droit de vote pour toute assem-blée d’actionnaires, et ce jusqu’à l’expiration d’un délai dedeux ans suivant la date de régularisation de la notifica-tion, la cour d’appel a violé l’article 544 du code civil,l’article 1844, alinéas 1 et 4, du code civil, ensemblel’article L. 233-7, I, du code de commerce ;

Mais attendu, d’une part, qu’ayant constaté que lestitres de capital émis par la société étaient admis auxopérations d’Euroclear France, dépositaire central, etque les statuts prévoyaient leur inscription en comptechez un intermédiaire habilité, la cour d’appel en aexactement déduit que l’obligation de déclaration en casde franchissement de certains seuils résultant des dispo-sitions de l’article L. 233-7 du code de commerce étaitapplicable à la société Madag ;

Attendu, d’autre part, que la seconde branche, quicritique des motifs surabondants, est inopérante ;

D’où il suit que le moyen, pour partie non fondé, nepeut être accueilli pour le surplus ;

Et attendu qu’il n’y a pas lieu de statuer par unedécision spécialement motivée sur le troisième moyen,qui n’est manifestement pas de nature à entraîner lacassation ;

Mais sur le quatrième moyen, pris en sa premièrebranche :

Vu les articles L. 233-7, L. 233-10 et L. 233-14 ducode de commerce ;

Attendu qu’aucun texte n’attribue au bureau del’assemblée des actionnaires le pouvoir de priver certainsd’entre eux de leurs droits de vote au motif qu’ils n’au-raient pas satisfait à l’obligation de notifier le fran-chissement d’un seuil de participation dès lors quel’existence de l’action de concert d’où résulterait cetteobligation est contestée ;

Attendu que pour rejeter la demande de la sociétéMadag tendant à l’annulation des décisions de privationde droits de vote prises à son égard par le bureau del’assemblée des actionnaires de la société, l’arrêt, aprèsavoir retenu que la présomption d’action de concert del’article L. 233-10 du code de commerce joue notam-ment entre des sociétés contrôlées par la même ou lesmêmes personnes, relève que les sociétés Madag etCapris sont contrôlées par le même groupe de dix-huitpersonnes physiques, qui détiennent le capital de cettedernière à l’exception d’une action, le capital de lasociété Madag étant détenu à 100 % par le groupeSuperba lequel est contrôlé par le même groupe familial(B.../A...), notamment via la société HFG ; que l’arrêtajoute que M. A... est le gérant des sociétés Capris etHFG et le président du conseil d’administration de lasociété Madag ; qu’il relève encore que dans son cour-riel du 2 janvier 2008 à M. Z..., M. A... évoquait spon-tanément le « cumul » des actions des sociétés Madag etCapris ; que l’arrêt en déduit que c’est un cumul deprésomptions autour de M. A et HFG que le bureau del’assemblée générale a pu constater sans excéder sespouvoirs ;

Attendu qu’en se déterminant ainsi, sans rechercher,comme elle y était invitée, si l’existence de l’action deconcert d’où serait résultée l’obligation de déclarer lefranchissement d’un ou plusieurs seuils de participationn’avait pas été contestée lors de l’assemblée générale du29 février 2008, la cour d’appel n’a pas donné de baselégale à sa décision ;

Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres griefs du quatrième moyen, non plus que surle cinquième moyen :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’ilrejette la demande de la société Madag tendant àl’annulation des décisions de privation des droits devote prises à son égard par le bureau de l’assembléegénérale des actionnaires de la société Domia group,l’arrêt rendu le 29 janvier 2013, entre les parties, par lacour d’appel de Paris ; remet, en conséquence, sur cepoint, la cause et les parties dans l’état où elles se trou-vaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les ren-voie devant la cour d’appel de Paris, autrement compo-sée.

No 13-14.778. Société Madagcontre société Domia Group,

anciennement dénomméeAcadomia groupe.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : M. Le Dauphin –Avocat général : Mme Batut – Avocats : SCP Célice, Blanc-pain, Soltner et Texidor, SCP Thouin-Palat et Boucard

Sur le no 2 :

Dans le même sens que :

Com., 15 mai 2012, pourvoi no 10-23.389, Bull. 2012, IV,no 104 (rejet).

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No 32

UNION EUROPEENNE

Douanes – Dette douanière – Recouvrement –Prise en compte et communication – Concomi-tance – Effet

Il résulte de l’article 221 du code des douanes communau-taire que le montant des droits doit être communiquéau débiteur dès qu’il a été pris en compte par l’adminis-tration des douanes et que, pour être recouvrés par lavoie de l’avis de mise en recouvrement, les droits qui enfont l’objet doivent avoir été régulièrement communi-qués au débiteur.

Viole ce texte la cour d’appel qui rejette la contesta-tion d’un avis de mise en recouvrement aux motifs quele montant des droits a été pris en compte par un pro-cès-verbal de notification d’infraction du 14 octo-bre 2008, antérieur à la communication du montantopérée par un avis de mise en recouvrement du17 mars 2009, alors que la Cour de justice desCommunautés européennes a dit pour droit, par arrêtdu 23 février 2006 (Molenbergnatie NV, C-201/04),que pour être régulière, la communication du montantdes droits doit avoir été précédée de leur prise encompte, et qu’il résultait de ses constatations que la priseen compte des droits et leur communication à la sociétéétaient intervenues concomitamment, par le procès-verbal du 14 octobre 2008.

10 février 2015 Cassation

Donne acte à la Société méditerranéenne de filets età Mme X..., ès qualités, de leur désistement de pourvoien ce qu’il est dirigé contre M. Y... ;

Sur le moyen unique, pris en sa première branche :

Vu l’article 221 du code des douanes communau-taire ;

Attendu qu’il résulte de ce texte que le montant desdroits doit être communiqué au débiteur dès qu’il a étépris en compte par l’administration des douanes ; quepour être recouvrés par la voie de l’avis de mise enrecouvrement, les droits qui en font l’objet doiventavoir été régulièrement communiqués au débiteur ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que la Société méditer-ranéenne de filets (la société Somefil), spécialisée dansl’armement des navires de pêche, bénéficie, à ce titre,de l’exonération des droits de douane et de la taxe surla valeur ajoutée (TVA) sur ses importations ; que lorsd’un contrôle, l’administration des douanes a constatéque cette société avait procédé, en 2006 et 2007, à desimportations de câbles en acier originaires de Chinesans s’acquitter du droit antidumping de 60,4 % insti-tué par le règlement (CE) no 1858/2005 du Conseil du8 novembre 2005 ; qu’estimant que l’exonération dont

bénéficiait la société Somefil ne la dispensait pas dupaiement des droits antidumping, elle a dressé à sonencontre, le 14 octobre 2008, un procès-verbal d’infrac-tion puis a émis, le 17 mars 2009, un avis de mise enrecouvrement (AMR) des droits éludés ; que sa contes-tation ayant été rejetée, la société Somefil a assignél’administration des douanes aux fins de voir juger quecelle-ci n’avait aucune créance à son égard ;

Attendu que pour rejeter cette demande, l’arrêtretient que la Cour de justice des Communautés euro-péennes a dit pour droit que la prise en compte dumontant des droits résultant d’une dette douanière peutêtre faite par procès-verbal (16 juillet 2009, DistilleriesSmeets, C-126/08), et qu’au regard de cette juris-prudence, le montant des droits doit être considérécomme ayant été pris en compte par le procès-verbal denotification d’infraction du 14 octobre 2008, soit avantla nouvelle communication du montant opérée parl’AMR du 17 mars 2009 ;

Attendu qu’en statuant ainsi, alors que la Cour dejustice des Communautés européennes a dit pour droit,par arrêt du 23 février 2006 (Molenbergnatie NV,C-201/04), que pour être régulière, la communicationdu montant des droits doit avoir été précédée de leurprise en compte, et qu’il résultait de ses constatationsque la prise en compte des droits et leur communica-tion à la société Somefil étaient intervenues concomi-tamment par procès-verbal du 14 octobre 2008, la courd’appel a violé le texte susvisé ;

Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres griefs :

CASSE et ANNULE, en toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 22 novembre 2012, entre les parties, parla cour d’appel de Montpellier ; remet, en conséquence,la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Montpellier, autrementcomposée.

No 13-10.774. Société méditerranéennede filets (SOMEFIL),

et autrecontre directeur régional des douanes

et droits indirects de Perpignan,et autres.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : M. Grass – Avocatgénéral : M. Debacq – Avocats : SCP Célice, Blancpain,Soltner et Texidor, SCP Boré et Salve de Bruneton

A rapprocher :CJCE, arrêt du 23 février 2006, Molenbergnatie NV,

C-201/04.

No 33

VENTE

Vendeur – Obligations – Délivrance – Exécution –Conditions – Machines complexes – Mise aupoint effective de la chose vendue

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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. .

L’obligation de délivrance de machines complexes n’estpleinement exécutée qu’une fois réalisée la mise au pointeffective de la chose vendue.

10 février 2015 Cassation partielle

Statuant tant sur le pourvoi principal formé par lasociété Index France que sur le pourvoi incident relevépar la société Lixxbail ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que la société Sociétéde mécanique (la société SDM), ayant pour activité lamécanique de précision, a commandé à la société IndexFrance (la société Index) un tour CNC financé aumoyen d’un contrat de crédit-bail souscrit auprès de lasociété Lixxbail ; qu’après avoir signé le procès-verbal deréception, elle a cessé de payer les loyers au motifqu’aucune pièce-type n’avait pu être fabriquée avec uneprécision conforme à celle à laquelle la société Indexs’était engagée ; que la société SDM a assigné la sociétéIndex et la société Lixxbail en résolution du contrat devente, remboursement du prix de vente par la sociétéIndex à la société Lixxbail, résiliation du contrat de cré-dit-bail, remboursement des loyers versés et paiementpar la société Index de dommages-intérêts ; que lasociété Lixxbail a demandé la condamnation de lasociété SDM à lui payer diverses sommes et à restituerle matériel ;

Sur le premier moyen du pourvoi principal :

Attendu que la société Index fait grief à l’arrêt deprononcer la résolution de la vente du 31 octobre 2006portant sur le Tour Index G250 alors, selon le moyen :

1o que l’article 1er du contrat de crédit-bail du 17 octo-bre 2006 stipule que « dès la livraison par le fournisseur,le locataire doit en reconnaître la conformité à lacommande, et en contrôler les normes de fonctionnement etl’état. Il marque son acceptation du matériel sans réserve,et adresse au bailleur un procès-verbal de réception, dontla date détermine le transfert de propriété du matériel aubailleur » et qu’« en cas de non-conformité à la commandeou d’état défectueux, le locataire doit refuser la réceptiondu matériel et en aviser par lettre recommandée le fournis-seur et le bailleur », ce dont il résultait que, par l’envoid’un procès-verbal de réception sans réserve, le locatairereconnaissait la conformité du matériel livré à lacommande, c’est-à-dire aux spécifications contractuelles ;qu’en affirmant cependant que « s’agissant de matériels trèssophistiqués, quelle que soit la valeur donnée par Lixxbailau procès-verbal de réception, celui-ci n’avait pour objetque de permettre la mise en route du contrat de crédit-bail : point 2 du contrat, entraînant le transfert de pro-priété, lequel concerne la maîtrise de droit exercée parl’acquéreur sur la chose, mais se distingue tant de lalivraison qui porte sur la simple remise matérielle, que dela délivrance fonctionnelle, obligation pesant sur le ven-deur de livrer une chose correspondant à la commande, etde la délivrance opérationnelle, obligation pesant sur levendeur de mettre l’appareil en main de son client », lacour d’appel, qui a ainsi cantonné la portée juridique duprocès-verbal de réception à la seule mise en route ducontrat de crédit-bail, en refusant d’y voir une reconnais-sance par le locataire de la conformité du matériel reçuaux spécifications contractuelles, a dénaturé le contrat decrédit-bail violant ainsi l’article 1134 du code civil ;

2o qu’en cas de réception sans réserves d’un matérielfinancé par crédit-bail, le locataire n’est pas fondé à invo-quer contre le fournisseur un manquement à son obliga-tion de délivrance ; qu’en accueillant toutefois l’action enrésolution de la société SDM à raison d’un prétendu man-quement à l’obligation de délivrance commis par la sociétéIndex, tandis qu’elle avait constaté que la société SDMavait adressé au crédit-bailleur, la société Lixxbail, unprocès-verbal de réception dans lequel elle déclarait avoirréceptionné le matériel et le reconnaissait « en parfait étatet conforme au contrat de crédit-bail et à la commande »,si bien qu’elle l’acceptait en conséquence « sans restrictionni réserve », la cour d’appel a violé l’article 1604 du codecivil ;

3o que le défaut de la chose vendue la rendantimpropre à l’usage auquel elle est destinée constitue le viceprévu par les articles 1641 et suivants du code civil et nonun manquement à l’obligation de délivrance visée parl’article 1604 du code civil ; qu’en considérant que lasociété SDM ne s’était pas trompée d’action et qu’ellen’avait pas à agir sur le fondement de la garantie des vicescachés, au motif inopérant que la société Index soutenaitque son matériel était performant et dépourvu de vice deconception, sans rechercher comme elle y était pourtantinvitée, si les dysfonctionnements, qui étaient apparus àl’usage, ne résultaient pas d’un vice caché et non d’unmanquement à l’obligation de délivrance, la cour d’appela privé sa décision de base légale au regard des arti-cles 1641 et 1604 du code civil ;

Mais attendu que l’obligation de délivrance demachines complexes n’est pleinement exécutée qu’unefois réalisée la mise au point effective de la chose ven-due ; qu’après avoir énoncé qu’il ne peut suffire que lefournisseur livre les éléments matériels commandés,visés par le procès-verbal de réception, mais qu’ilimporte que soit établie l’effectivité de la mise en route,ce qui en l’espèce était prévu et n’a jamais pu avoirlieu, l’arrêt retient, par une interprétation souveraine,exclusive de dénaturation, que l’ambiguïté de la portéedu procès-verbal de réception rendait nécessaire, que,s’agissant de matériels très sophistiqués, ce documentn’avait pour objet que de permettre la mise en place ducontrat de crédit-bail et d’entraîner le transfert de pro-priété, mais ne suffisait pas à rapporter la preuve del’exécution de l’obligation de délivrance ; que par cesconstatations et appréciations, la cour d’appel a légale-ment justifié sa décision de prononcer la résolution ducontrat de vente sur la demande de la société SDM, quiétait contractuellement en droit d’exercer cette actionau lieu et place de la société Lixxbail ; que le moyenn’est pas fondé ;

Et attendu qu’il n’y a pas lieu de statuer par unedécision spécialement motivée sur les autres moyens dupourvoi principal, qui ne sont manifestement pas denature à entraîner la cassation ;

Mais sur le moyen unique du pourvoi incident, prisen sa première branche :

Vu les articles 1134 et 1183 du code civil ;

Attendu que pour condamner la société Index à rem-bourser à la société Lixxbail la somme de439 630,16 euros, avec intérêts, l’arrêt, après avoir pro-noncé la résolution du contrat de vente, retient que la

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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machine ayant été restituée à la société Index, celle-cidevra rembourser à la société Lixxbail le prix de ventedu matériel, majoré des intérêts, sous déduction desloyers reçus de la société SDM ;

Attendu qu’en statuant ainsi, alors qu’en raison del’effet rétroactif de la résolution de la vente, le vendeurn’est pas fondé à obtenir une indemnité correspondantà la seule utilisation de la chose, la cour d’appel a violéles textes susvisés ;

Sur le même moyen, pris en sa quatrième branche :

Vu l’article 4 du code de procédure civile ;

Attendu que pour rejeter la demande de la sociétéLixxbail en paiement par la société SDM de la sommede 567 378, 06 euros correspondant aux loyersimpayés, intérêts contractuels, frais de recouvrement,indemnité de résiliation et peine pour inexécution,l’arrêt retient que les clauses contenues dans les articles 5et 9 du contrat de crédit-bail, en ce qu’elles tendent àentraver une éventuelle annulation consécutive à larésolution de la vente, sont entachées de nullité, desorte que les sommes précitées ne sont pas dues par lasociété SDM à la société Lixxbail ;

Attendu qu’en statuant ainsi, en se fondant sur lanullité de ces clauses qu’aucune des parties n’avait invo-quée, la cour d’appel, qui a méconnu l’objet du litige, aviolé le texte susvisé ;

Par ces motifs et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres griefs :

REJETTE le pourvoi principal ;

Et sur le pourvoi incident :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’ilcondamne la société Index France à rembourser à lasociété Lixxbail la somme de 439 630,16 euros, avecintérêts au taux de 1 % par mois de retard à compterde la date des règlements effectués par la société Lixx-bail et jusqu’à parfait paiement avec capitalisation desintérêts de retard dans les conditions de l’article 1154du code civil, et rejette la demande en paiement de lasomme de 567 378,06 euros formée par la société Lixx-bail et dirigée contre la société SDM, l’arrêt rendu le4 juillet 2013, entre les parties, par la cour d’appel deParis ; remet, en conséquence, sur ces points, la cause etles parties dans l’état où elles se trouvaient avant leditarrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la courd’appel de Paris, autrement composée.

No 13-24.501. Société Index Francecontre société

Société de mécanique (SDM),et autre.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : Mme Robert-Nicoud – Premier avocat général : M. Le Mesle – Avocats :SCP Baraduc, Duhamel et Rameix, SCP Potier de la Vardeet Buk-Lament, SCP Spinosi et Sureau

No 34

COMMERÇANT

Registre du commerce et des sociétés – Immatri-culation – Fonds de commerce – Loueur – Por-tée

Le décret no 86-465 du 25 mars 1986 ayant supprimél’obligation faite à celui qui donne son fonds decommerce en location-gérance de s’immatriculer auregistre du commerce et des sociétés, le commerçant quidonne son fonds de commerce en location-gérance, touten demeurant immatriculé au registre du commerce etdes sociétés, est présumé avoir la qualité de commerçant.

17 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon le jugement attaqué (juge de l’exé-cution, tribunal d’instance de Muret, 14 août 2012),rendu en dernier ressort, que Mme X... a formé unrecours contre la décision ayant déclaré irrecevable sademande de traitement de sa situation de surendette-ment ;

Attendu que Mme X... fait grief au jugement deconfirmer cette décision alors, selon le moyen, que lecommerçant qui donne son fonds en location-gérance cessed’être commerçant ; qu’en déduisant la qualité de commer-çante de Mme X... de ce qu’elle a donné son fonds en loca-tion-gérance et de ce qu’elle est en conséquence demeuréeinscrite au registre du commerce et des sociétés, le tribunala statué par des motifs impropres à établir qu’elle effectuaitdes actes de commerce, et a dès lors privé sa décision debase légale au regard de l’article L. 121-1 du code decommerce ;

Mais attendu que le décret no 86-465 du25 mars 1986 a supprimé l’obligation faite à celui quidonne son fonds en location-gérance de s’immatriculerau registre du commerce et des sociétés ; qu’ayant relevéque Mme X... était inscrite au registre du commerce etdes sociétés depuis le 11 juin 2001 pour une activité deterrassements et location d’engins de travaux publics etqu’elle était demeurée inscrite après avoir donné sonfonds en location-gérance le 1er juillet 2002, de sortequ’elle était présumée avoir la qualité de commerçant,le juge de l’exécution a légalement justifié sa décision ;que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-27.508. Mme Y..., épouse X...contre banque Courtois,

et autres.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : Mme Schmidt –Avocat général : Mme Beaudonnet – Avocat : SCP Thouin-Palat et Boucard

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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. .

A rapprocher :

Com. 20 février 1996, pourvoi no 93-20.866, Bull. 1996,IV, no 54 (2) (cassation).

No 35

1o ENTREPRISE EN DIFFICULTE (loi du26 juillet 2005)

Liquidation judiciaire – Contrats en cours – Ces-sion – Poursuite de la relation contractuelle avecle cessionnaire du contrat – Conditions – Main-tien du contrat avec le cédant jusqu’à la cession

2o ENTREPRISE EN DIFFICULTE (loi du26 juillet 2005)

Liquidation judiciaire – Contrats en cours – Rési-liation de plein droit – Conditions – Manifesta-tion expresse de volonté du liquidateur

1o Seul un contrat en cours pouvant être cédé, l’intentiondu cocontractant de poursuivre la relation contractuelleavec le cessionnaire de ce contrat implique celle demaintenir cette relation avec le cédant jusqu’à la ces-sion.

2o La résiliation de plein droit du contrat en cours prévuepar l’article L. 641-11-1, III, 3o, du code de commerce,qui intervient au jour où le cocontractant est informéde la décision du liquidateur de ne pas poursuivre lecontrat, suppose une manifestation expresse de volontéde la part de ce dernier.

17 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Rouen, 14 mars 2013)et les productions, que la société Fructicomi, devenue lasociété Natixis Lease immo (le crédit-bailleur), a concluavec la société Bernelec un contrat de crédit-bail immo-bilier ; que la société Etablissements Jaunet, venant auxdroits de la société Jaunet développement, s’est s’enga-gée à devenir cessionnaire de ce contrat si la sociétéBernelec devait manquer à son obligation de paiementde l’une des échéances et ne pas satisfaire à uncommandement de payer dans un délai de trente jours,la réalisation de ces conditions suspensives devant êtreconstatée par acte notarié ; que la société Bernelec a étémise en liquidation judiciaire le 28 janvier 2010 ; quele 2 avril 2010, le crédit-bailleur a fait délivrer au liqui-dateur un commandement de payer au titre des loyerset charges dus après le jugement d’ouverture et l’adénoncé à la société Etablissements Jaunet ; que paracte notarié du 21 juin 2010 a été constaté le caractère

parfait de la cession du contrat à celle-ci ; qu’à lademande de cette dernière, le juge-commissaire, parordonnance du 24 janvier 2011, a constaté la résiliationde plein droit du contrat à effet du 3 mai 2010 ; que lecrédit-bailleur a formé un recours contre cette décision ;

Attendu que la société Etablissements Jaunet faitgrief à l’arrêt d’annuler l’ordonnance du juge-commis-saire en ce qu’elle constatait la résiliation de plein droitdu contrat de crédit-bail immobilier alors, selon lemoyen :

1o qu’aux termes de l’article L. 641-11-1, III, 1o, ducode de commerce, le contrat en cours est résilié de pleindroit, après une mise en demeure de prendre parti sur lapoursuite du contrat adressée par le cocontractant au liqui-dateur et restée plus d’un mois sans réponse ; que la loi nesoumet pas cette mise en demeure à une forme parti-culière ; que la sommation équivaut à une mise endemeure ; que, dans ses écritures d’appel, la société Eta-blissements Jaunet a exposé que par, sommation en datedu 2 avril 2010, le crédit-bailleur a mis en demeure leliquidateur d’avoir à lui payer les redevances postérieuresau jugement d’ouverture et lui a rappelé qu’à défaut dedéférer, le contrat de crédit-bail cesserait de bénéficier à lasociété Bernelec et serait cessible à la société EtablissementsJaunet ; qu’elle faisait valoir que cette sommation, valantmise en demeure, faisait référence au paiement de sommespostérieures au jugement d’ouverture et donc payables àleur échéance normale et indiquait bien qu’à défaut depaiement, le contrat serait transféré au « profit » de lasociété Etablissements Jaunet et cesserait donc de s’appli-quer entre le crédit-bailleur et la société Bernelec ; qu’elleen concluait qu’on ne saurait concevoir interpellation plusexplicite quant à la continuation ou non du contrat, enfonction de la réponse ou de l’attitude du liquidateurs’agissant du paiement sollicité ; qu’en retenant que l’exa-men du commandement de payer susvisé montre que lecrédit-bailleur n’a nullement mis en demeure le liquida-teur de prendre parti sur la poursuite du contrat, mais luia seulement fait commandement de payer l’arriéré locatifde 6 662,03 euros en l’avertissant ainsi que la société Eta-blissements Jaunet qu’elle entendait se prévaloir de laclause de cession du contrat de crédit-bail sous conditionssuspensives prévues au contrat, sans se prononcer sur la cir-constance que la cession du contrat de crédit-bail à lasociété Etablissements Jaunet y mettait fin en ce quiconcerne la société Bernelec, placée en liquidation judi-ciaire, de sorte que les termes de la sommation litigieuseemportaient nécessairement mise en demeure du liquida-teur de prendre parti sur sa poursuite, la cour d’appel aprivé sa décision de base légale au regard de la disposition susvisée ;

2o qu’aux termes de l’article L. 641-11-1, III, 2o, ducode de commerce, le contrat en cours est résilié de pleindroit, à défaut, lorsque la prestation porte sur une sommed’argent, de paiement au comptant et d’accord ducocontractant pour poursuivre les relations contractuelles ;que, dans ses écritures d’appel, la société EtablissementsJaunet a fait valoir que la sommation de payer portait surdeux mensualités échues, postérieures au jugement d’ouver-ture, et que le liquidateur n’a pas procédé à quelque paie-ment que ce soit, de sorte que le contrat s’est trouvé résiliéde plein droit ; qu’en retenant que la condition prévue parla disposition susvisée ne peut être davantage rempliepuisque le crédit-bailleur a clairement manifesté son inten-

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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tion de poursuivre la relation contractuelle avec la sociétécessionnaire du contrat de crédit-bail par l’acte de dénon-ciation sous condition suspensive et par la sommation àcomparaître chez le notaire, déduisant ainsi un motif ino-pérant tiré de la poursuite du contrat avec un tiers et nonpas avec le débiteur, et sans se prononcer sur l’absence depaiement au compte des sommes dues au crédit-bailleur, lacour d’appel a privé sa décision de base légale au regard dela disposition susvisée ;

3o qu’aux termes de l’article L. 641-11-1, III, 3o, ducode de commerce, le contrat en cours est résilié de pleindroit, lorsque la prestation du débiteur porte sur le paie-ment d’une somme d’argent, au jour où le cocontractantest informé de la décision du liquidateur de ne pas pour-suivre le contrat ; que, dans ses écritures d’appel, la sociétéEtablissements Jaunet a invoqué la renonciation tacite duliquidateur à poursuivre le contrat, déduite de son refus depaiement des loyers échus après la sommation du2 avril 2010 ; qu’en retenant que la condition posée à ladisposition susvisée n’est pas remplie dès lors que le liqui-dateur n’a pas informé le crédit-bailleur de sa décision dene pas poursuivre le contrat, sans rechercher, comme elle yétait invitée si le liquidateur n’avait pas tacitementrenoncé à la poursuite du contrat, la cour d’appel a privésa décision de base légale au regard de la disposition susvisée ;

Mais attendu, d’une part, qu’ayant relevé que le cré-dit-bailleur avait, le 2 avril 2010, seulement faitcommandement au liquidateur de payer l’arriéré locatifen l’avertissant, ainsi que la société Etablissements Jau-net, qu’il entendait se prévaloir de la clause de cessiondu contrat de crédit-bail, dont il leur a rappelé lesconditions de mise en œuvre, c’est dans l’exercice deson pouvoir souverain d’appréciation que la cour d’ap-pel a retenu que, par ce commandement, le crédit-bailleur n’avait pas mis le liquidateur en demeure deprendre parti sur la poursuite du contrat ;

Attendu, d’autre part, que seul un contrat en courspouvant être cédé, l’intention du cocontractant depoursuivre la relation contractuelle avec le cessionnaireimplique celle de maintenir cette relation avec le cédantjusqu’à la cession ; qu’ayant retenu que le crédit-bailleuravait clairement manifesté son intention de poursuivrele contrat avec la société cessionnaire du contrat parl’acte de dénonciation sous condition suspensive et lasommation à comparaître devant le notaire, la courd’appel, qui n’avait pas à effectuer une recherche surl’absence de règlement des causes du commandementde payer, que ses constatations rendaient inopérante, apu en déduire que la condition de la résiliation de pleindroit prévue par l’article L. 641-11-1, III, 2o, du codede commerce n’était pas remplie ;

Attendu, enfin, que la résiliation de plein droit ducontrat en cours prévue par l’article L. 641-11-1, III, 3o,du code de commerce, qui intervient au jour où lecocontractant est informé de la décision du liquidateurde ne pas poursuivre le contrat, suppose une manifesta-tion expresse de volonté de la part de ce dernier, desorte que la cour d’appel n’avait pas à effectuer larecherche, inopérante, invoquée par la troisièmebranche ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :REJETTE le pourvoi.

No 13-17.076. Société Etablissements Jaunetcontre société

Natixis Lease immo,anciennement dénommée

société Fructicomi,et autre.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : Mme Texier –Avocat général : Mme Beaudonnet – Avocats : Me Le Prado,SCP Rousseau et Tapie

No 36

ENTREPRISE EN DIFFICULTE (loi du 26 juil-let 2005)

Procédure (dispositions générales) – Voies derecours – Exercice – Appel – Appel-nullité –Qualité pour l’exercer – Comité d’entreprise –Conditions – Décision entachée d’excès de pou-voir

Il résulte des articles L. 631-22, L. 642-5, L. 661-6, III,du code du commerce et des principes régissant l’excès depouvoir que, même s’il ne peut relever appel-réforma-tion du jugement statuant sur le plan de cession dudébiteur en redressement judiciaire en application desdispositions de l’article L. 661-6, III, le comité d’entre-prise peut former un appel-nullité, dès lors que la courd’appel a commis ou consacré un excès de pouvoir.

17 février 2015 Cassation

Sur le moyen unique :

Vu les articles L. 631-22, L. 642-5, L. 661-6, III, ducode du commerce et les principes régissant l’excès depouvoir ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que, le 3 avril 2013, lasociété Goss international France (la société GIF) a étémise en redressement judiciaire ; que, par un jugementdu 26 juillet 2013, le tribunal a arrêté un plan de ces-sion de ses actifs, conformément à l’offre de reprise for-mulée par la société de droit hollandais Goss Inter-national Europe BV, filiale de la société de droitaméricain Goss International Corporation ; qu’àl’audience préalable à l’arrêté de ce plan, les représen-tants du comité central d’entreprise de la société GIF(le comité d’entreprise) ont été consultés pour avis ;

Attendu que, pour déclarer irrecevable l’appel-nullitérelevé par le comité d’entreprise, l’arrêt, après avoirénoncé que l’exercice d’un tel appel est réservé aux par-ties à la décision, retient que le comité d’entreprise, quidoit préalablement être consulté par le tribunal lorsquele plan prévoit des licenciements économiques, n’a pascette qualité dès lors que son avis, purement consultatif,

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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ne tend pas à l’octroi par le juge d’un avantage déter-miné à son profit ou à celui de la collectivité des sala-riés dont il assure l’expression, de sorte qu’il ne consti-tue pas une prétention au sens des articles 4 et 31 ducode de procédure civile ;

Attendu qu’en statuant ainsi, alors que, même s’il nepeut relever appel-réformation du jugement statuant surle plan de cession en application des dispositions del’article L. 661-6, III, du code de commerce, le comitéd’entreprise peut former un appel-nullité pour excès depouvoir, la cour d’appel a violé les textes et principes susvisés ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 7 novembre 2013, entre les parties, parla cour d’appel d’Amiens ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Douai.

No 14-10.279. Comité central d’entreprisede la société

Goss international France,et autres

contre société Gossinternational France,

et autres.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : M. Arbellot – Avo-cat général : Mme Bonhomme – Avocats : SCP Lyon-Caenet Thiriez, Me Le Prado, SCP Nicolay, de Lanouvelle etHannotin

No 37

ENTREPRISE EN DIFFICULTE (loi du 26 juil-let 2005)

Redressement judiciaire – Période d’observation –Arrêt des poursuites individuelles – Domained’application – Créance antérieure au jugementd’ouverture – Action tendant à la condamnationdu débiteur au paiement d’une somme d’argent

Il résulte de l’article L. 622-21 du code de commerce, danssa rédaction issue de l’ordonnance no 2008-1345 du18 décembre 2008, que le jugement d’ouverture interdittoute action en justice de la part de tous les créanciersdont la créance a son origine antérieurement audit juge-ment et tendant à la condamnation du débiteur aupaiement d’une somme d’argent.

Si la contrainte peut être délivrée et validée posté-rieurement à l’ouverture de la procédure collective, en cequ’elle constitue le titre exécutoire nécessaire à l’établisse-

ment définitif de la créance antérieure de l’organisme desécurité sociale, sa validation ne peut conduire à lacondamnation du débiteur à paiement.

17 février 2015 Cassation partielle

Sur le moyen unique :

Vu l’article L. 622-21 du code de commerce dans sarédaction issue de l’ordonnance du 18 décembre 2008 ;

Attendu qu’il résulte de ce texte que le jugementd’ouverture interdit toute action en justice de la part detous les créanciers dont la créance a son origine anté-rieurement audit jugement et tendant à la condamna-tion du débiteur au paiement d’une somme d’argent ;

Attendu, selon le jugement attaqué, rendu en dernierressort, que M. X..., qui exploitait à titre individuel uneboulangerie, ayant été mis en redressement judiciaire le3 décembre 2009, la Caisse nationale du régime socialdes indépendants (la caisse), après avoir déclaré unecréance de 4 411,68 euros, représentant les cotisationset contributions sociales dues au titre de l’année 2009,a signifié, le 5 avril 2011, à M. X... une contrainted’un montant ramené à 3 397 euros, représentant larégularisation des cotisations et contributions sociales de2008 exigibles en 2009 ;

Attendu que pour rejeter l’opposition de M. X...,valider la contrainte et le condamner à payer à la caissela somme de 3 397 euros, le tribunal des affaires desécurité sociale a retenu que la régularisation des cotisa-tions et contributions sociales de 2008, exigibles en2009, était due ;

Attendu qu’en statuant ainsi, alors que, si lacontrainte pouvait être délivrée et validée postérieure-ment à l’ouverture de la procédure collective, en cequ’elle constituait le titre exécutoire nécessaire à l’éta-blissement définitif de la créance antérieure de la caisse,sa validation ne pouvait conduire à la condamnation dudébiteur à paiement, le tribunal a violé le texte susvisé ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’ilcondamne, en conséquence de la validation de lacontrainte, M. X... au paiement de la somme de3 397 euros à la Caisse nationale du régime social desindépendants, le jugement rendu le 30 septembre 2013,entre les parties, par le tribunal des affaires de sécuritésociale de Saintes ; remet, en conséquence, sur ce point,la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit jugement et, pour être fait droit, les renvoiedevant le tribunal des affaires de sécurité sociale deLa Rochelle.

No 13-26.931. M. X...contre caisse nationale

régime social des indépendants(RSI) service Inter caisses Ctx RSI Ouest.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : M. Zanoto – Avo-cat général : Mme Beaudonnet – Avocat : SCP Rousseau etTapie

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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No 38

ENTREPRISE EN DIFFICULTE (loi du 26 juil-let 2005)

Redressement judiciaire – Période d’observation –Créanciers – Déclaration des créances – Procé-dure – Avertissement personnel – Contenu –Information du créancier de ses droits et obliga-tions – Recherche nécessaire

Prive sa décision de base légale la cour d’appel qui, pourdécider que le délai de déclaration de la créance n’a pascouru, retient que le contenu de l’avertissement person-nel adressé en application de l’article L. 622-24 du codede commerce est irrégulier au regard des exigences del’article R. 622-21 du même code, sans rechercher s’il nesuffisait pas à informer le créancier de ses droits et obli-gations.

17 février 2015 Cassation partielle

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que, la société MP sta-tion coiffure ayant été mise en redressement judiciairele 19 novembre 2009, le mandataire judiciaire a avertila Caisse d’épargne et de prévoyance Côte d’Azur (lacaisse), le 27 novembre suivant, d’avoir à déclarer sacréance ;

Sur le moyen unique, pris en sa troisième branche :

Attendu que le mandataire judiciaire fait grief àl’arrêt de dire qu’en conséquence de l’irrégularité del’avertissement, le délai de déclaration n’a pas courupour ce qui concerne la part privilégiée de la créance dela caisse alors, selon le moyen, qu’en déclarant quel’avertissement du 27 novembre 2009 est irrégulier et n’apas fait courir le délai de déclaration même si la caisse nejustifie pas d’un grief, la cour d’appel a violé l’article 114du code de procédure civile ;

Mais attendu que, l’avertissement prévu par l’arti-cle L. 622-24 du code de commerce ne constituant pasun acte de procédure au sens de l’article 114 du codede procédure civile, le moyen est inopérant ;

Mais sur le moyen, pris en sa deuxième branche :

Vu l’article L. 622-24 du code de commerce, dans sarédaction issue de l’ordonnance no 2008-1345 du18 décembre 2008, et l’article R. 622-21 du mêmecode, dans sa rédaction issue du décret no 2009-160 du12 février 2009 ;

Attendu que pour dire que le délai de déclaration n’apas couru pour ce qui concerne la part privilégiée de lacréance de la caisse, l’arrêt, après avoir relevé que lesdispositions applicables étaient celles de l’ordonnancedu 18 décembre 2008 et de son décret d’application du12 février 2009 puis constaté que le mandataire judi-

ciaire avait, le 29 novembre 2009, averti la caissed’avoir à déclarer sa créance et annexé à son courrier lestextes des articles L. 622-24 à L. 622-26, L. 621-10,L. 621-11 et L. 624-9 à L. 624-18 du code decommerce dans leur rédaction issue de la loi du 26 juil-let 2005 ainsi que des articles 98, 100, 74, 75 et 114à 117 du décret du 28 décembre 2005, retient que, peuimportant que dans leur teneur ces textes soient fortproches de ceux issus de l’ordonnance du 18 décem-bre 2008 et du décret du 12 février 2009, l’avertisse-ment est irrégulier au regard des exigences de l’arti-cle R. 622-21 du code de commerce de sorte qu’il estinefficace ;

Attendu qu’en se déterminant ainsi, sans recherchersi l’avertissement en cause ne suffisait pas à informer lacaisse de ses droits et obligations, la cour d’appel aprivé sa décision de base légale ;

Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer surle dernier grief :

CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu’il confirme lejugement en ses dispositions constatant la tardiveté dela déclaration de la part chirographaire de la créancelitigieuse et refusant dans cette limite de relever la caisseappelante de la forclusion, l’arrêt rendu le 10 jan-vier 2013, entre les parties, par la cour d’appel d’Aix-en-Provence ; remet, en conséquence, sur les autrespoints, la cause et les parties dans l’état où elles se trou-vaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les ren-voie devant la cour d’appel de Montpellier.

No 13-24.403. Société civile professionnelle(SCP) X..., Y... et Z...,anciennement dénommée

Cabinet X...-Z...,prise en qualité de mandataire judiciaire

au redressement judiciairede la société MP station coiffure

contre sociétéCaisse d’épargne

et de prévoyance Côte d’Azur,et autres.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : Mme Texier –Avocat général : Mme Beaudonnet – Avocats : SCP Gadiouet Chevallier, SCP Marc Lévis

No 39

SURETES REELLES MOBILIERES

Gage de meubles corporels – Gage des stocks –Gage commercial – Validité – Conditions – Acteécrit – Nécessité (non)

L’article L. 521-1, alinéa 1er, du code de commerce, quin’a pas été modifié par l’ordonnance no 2006-346 du23 mars 2006, permettant de constater par tous moyens

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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le gage commercial, rend inapplicable à ce dernier lesdispositions de l’article 2336 du code civil qui subor-donne la validité du gage à la rédaction d’un écrit.

17 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Orléans, 19 septem-bre 2013), qu’en garantie d’une avance consentie par lasociété Groupe Lactalis (la société Lactalis) à la sociétéSeec, la société Cibem, par acte du 6 août 2009, s’estrendue caution et a affecté à titre de gage sans dépos-session l’intégralité de ses stocks ; que la société Cibemayant été mise en liquidation judiciaire le 1er juin 2010,la société Lactalis a déclaré sa créance en qualité decréancier gagiste ; qu’à l’occasion du plan de cessionarrêté au profit d’un tiers, elle a renoncé à son droit derétention à la condition de se faire attribuer le prix decession des stocks, lequel lui a été versé sur autorisationdu juge-commissaire du 24 janvier 2011, sous la condi-tion de l’admission définitive des créances ; que, parordonnance du 5 décembre 2011, la créance a étéadmise à titre privilégié ; que l’association pour la ges-tion du régime de garantie des créances des salariés en acontesté le caractère privilégié ;

Attendu que le liquidateur fait grief à l’arrêt d’ad-mettre la créance de 697 500 euros au titre du cau-tionnement à titre privilégié en vertu du gage sur stocksalors, selon le moyen :

1o que le gage sans dépossession, qu’il soit civil oucommercial, constitue un acte solennel, dont la validité estsoumise à la rédaction d’un écrit, mentionnant précisémentla quantité de biens gagés ; qu’en retenant la validité dugage sans dépossession constitué le 6 août 2009, au prétextequ’il était commercial et qu’il s’agirait d’un acte consensuelparfait dès la rencontre de volonté des parties, quand l’acteconstitutif ne désignait pas précisément la quantité debiens gagés, puisqu’il se bornait à viser l’intégralité de laproduction de boîtes fromagères, présente et future, de lasociété Cibem, ainsi que les matériaux nécessaires à leurfabrication, la cour d’appel a violé l’article 2336 du codecivil ;

2o que le gage sans dépossession n’est opposable aux tiersque si, dans la publicité spéciale qui en a été faite, laquantité de biens gagés a été précisément désignée ; qu’enénonçant que le gage constitué le 6 août 2009 était oppo-sable aux tiers, car la publicité qui en avait été faite étaitsuffisante, quand la désignation de la quantité de biensgagés doit être précise, ce qui n’était pas le cas en l’espècepuisque l’acte de publication du gage précisait seulementque celui-ci portait sur l’intégralité des stocks de la sociétéCibem, la cour d’appel a violé les articles 2337 du codecivil et 2, 4o, du décret du 23 décembre 2006 ;

Mais attendu, d’une part, que l’article L. 521-1, ali-néa 1er, du code de commerce, qui n’a pas été modifiépar l’ordonnance no 2006-346 du 23 mars 2006, per-mettant de constater par tous moyens le gage commer-cial, rend inapplicable à ce dernier les dispositions del’article 2336 du code civil qui subordonne la validitédu gage à la rédaction d’un écrit ;

Attendu, d’autre part, que la cour d’appel, qui arelevé que le bordereau d’inscription publié le21 août 2009 au greffe du tribunal de commerce visaitl’intégralité de la production des boîtes fromagères etdes matériaux nécessaires à leur production, a pu endéduire que, ces éléments renseignant utilement et vala-blement les tiers sur la nature, la qualité et la quantitéconsidérées, le gage était opposable aux tiers ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-27.080. Société Francis Villa,agissant en qualité

de liquidateur judiciairede la liquidation judiciaire

de la société Cibemcontre société Groupe Lactalis,

et autres.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : Mme Vallansan –Avocat général : Mme Beaudonnet – Avocats : SCP Le Bret-Desaché, Me Blondel

No 40

TRANSPORTS MARITIMES

Marchandises – Transport international – Conven-tion de Bruxelles du 25 août 1924 – Responsa-bilité du transporteur – Exonération – Fautenautique – Capitaine d’un navire – Qualité dereprésentant du transporteur – Responsabilitédélictuelle – Exclusion – Cas

Il résulte de l’article 4, § 2, a, de la Convention deBruxelles du 25 août 1924 pour l’unification de cer-taines règles en matière de connaissement que le trans-porteur maritime n’est pas responsable pour perte oudommage résultant ou provenant des actes, négligence oudéfaut du capitaine, des marins ou de ses préposés dansla navigation ou dans l’administration du navire.

Aussi, une cour d’appel, dès lors qu’elle a retenu unefaute nautique comme cause exclusive des pertes et dom-mages et exonéré, en conséquence, le transporteur mari-time de toute responsabilité en application de ce texte,ne peut condamner, sur un fondement délictuel, le capi-taine du navire, en sa seule qualité de représentant dutransporteur, dont la responsabilité est nécessairementexclue par le constat de cette faute.

17 février 2015Irrecevabilité partielle

et cassation partielle

Sur la recevabilité du pourvoi, en ce qu’il est formépar la société Andolina Shipping, contestée par ladéfense :

Vu l’article 609 du code de procédure civile ;

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QUATRIÈME PARTIE CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE

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Attendu que la société Andolina Shipping est sansintérêt à obtenir la cassation de la décision qui l’a exo-nérée de toute responsabilité ;

D’où il suit que son pourvoi est irrecevable ;

Et sur le pourvoi en ce qu’il est formé par le capi-taine commandant le navire Windsong :

Sur le moyen unique, pris en ses deux premièresbranches :

Vu l’article 4, § 2, a, de la Convention de Bruxellesdu 25 août 1924 pour l’unification de certaines règlesen matière de connaissement ;

Attendu qu’il résulte de ce texte que le transporteurmaritime n’est pas responsable pour perte ou dommagerésultant ou provenant des actes, négligence ou défautdu capitaine, des marins ou de ses préposés dans lanavigation ou dans l’administration du navire ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, rendu sur renvoi aprèscassation (chambre commerciale, financière et écono-mique, 30 mars 2010, pourvoi no 09-11.397), que dessacs de farine ont été chargés à Anvers (Belgique) sur lenavire « Windsong » à destination de la société AfriBelg Ind. Corp., suivant deux connaissements ; que, desmanquants et avaries ayant été constatés à l’arrivée auport de Luanda (Angola), la destinataire, puis les socié-tés Axa Corporate solutions assurances, MMA IARD,Allianz marine & aviation, Generali France assurances,SIAT et The British and Foreign Marine InsuranceCompany Ltd (les assureurs), subrogés dans ses droitspour l’avoir indemnisée, ont assigné en réparation despertes et dommages le capitaine du navire, en sa qualitéde représentant des armateurs, propriétaires et exploi-tants de celui-ci ;

Attendu que, pour condamner le capitaine, ès quali-tés, à payer aux assureurs les sommes de 158 168 USdollars et 8 850 euros, l’arrêt retient que, compte tenudes fautes et négligences qui ont été relevées et qui sontconstitutives d’une faute nautique, sa responsabilité estengagée, ès qualités, sur le fondement délictuel ;

Attendu qu’en statuant ainsi, alors qu’elle avaitretenu une faute nautique comme cause exclusive despertes et dommages, de sorte que le transporteur mari-

time, à qui n’était imputée aucune faute personnelle,était exonéré de toute responsabilité, la cour d’appel,qui ne pouvait condamner, sur un fondement délictuel,le capitaine du navire, en sa seule qualité de représen-tant du transporteur, dès lors qu’il en résultait lacondamnation de ce dernier, nécessairement exclue parses constatations, a violé le texte susvisé ;

Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer surles autres griefs :

Déclare irrecevable le pourvoi, en ce qu’il est formépar la société Andolina Shipping ;

Et sur le pourvoi, en ce qu’il est formé par le capi-taine commandant le navire « Windsong » :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’ilcondamne le capitaine, commandant le navire Wind-song, en qualité de représentant des armateurs/proprié-taires et exploitant du navire, à payer aux sociétés AxaCorporate solutions assurances, Allianz marine & avia-tion, la Mutuelle du Mans assurances IARD, GeneraliFrance assurances, SIAT et The British and ForeignMarine Insurance Company Ltd, les sommes de158 168 US dollars et 8 850 euros, l’arrêt rendu le25 avril 2013, entre les parties, par la cour d’appel deParis ; remet, en conséquence, sur ces points, la cause etles parties dans l’état où elles se trouvaient avant leditarrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la courd’appel de Rouen.

No 13-25.662. Capitaine commandantle navire Windsong,

agissant en qualitéde représentant

des armateurs/propriétaireset exploitant du navire,

et autrecontre société Italiana

AssicurazioniE Riassicurazioni,

et autres.

Président : Mme Mouillard – Rapporteur : Mme Vallansan –Premier avocat général : M. Le Mesle – Avocats : SCP Ort-scheidt, SCP Waquet, Farge et Hazan

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CHAMBRES CIVILES

CINQUIÈME PARTIE - CHAMBRE SOCIALE

FÉVRIER 2015

No 19

1o CASSATION

Intervention – Recevabilité – Intervenant non par-tie aux débats devant les juges du fond – Condi-tion

2o CONTRAT DE TRAVAIL, EXECUTION

Employeur – Obligations – Fourniture de travail –Portée

1o Il résulte des articles 327 et 330 du code de procédurecivile que les interventions volontaires devant la Courde cassation sont formées à titre accessoire à l’appui desprétentions d’une partie et ne sont recevables que si leurauteur a intérêt pour la conservation de ses droits à sou-tenir une partie.

2o La conclusion d’un contrat de travail emporte pourl’employeur obligation de fourniture du travail.

Dès lors, ne constitue pas une cause réelle et sérieusede licenciement d’un salarié, employé dans le cadre d’unportage salarial, le fait qu’il soit resté sans travail à l’is-sue de sa dernière mission, sans en avoir trouvé de nou-velles.

4 février 2015 Rejet

Sur la recevabilité de l’intervention du syndicat desProfessionnels de l’emploi en portage salarial (PEPS)examinée d’office :

Vu les articles 327 et 330 du code de procédurecivile ;

Attendu, selon ces textes, que les interventions volon-taires sont admises devant la Cour de cassation, si ellessont formées à titre accessoire, à l’appui des prétentionsd’une partie, et ne sont recevables que si leur auteur aintérêt pour la conservation de ses droits à soutenir unepartie ;

Attendu que le pourvoi formé par la société Jamcommunication est dirigé contre un arrêt qui a dit quele licenciement de M. X... était sans cause réelle et

sérieuse et l’a condamné à payer au salarié diversessommes à titre d’indemnités ; que le syndicat des Pro-fessionnels de l’emploi en portage salarial (PEPS) nejustifiant pas d’un intérêt, pour la conservation de sesdroits, à soutenir l’auteur du pourvoi, est irrecevableson intervention volontaire accessoire devant la Cour decassation ;

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 10 septem-bre 2013), que M. X..., engagé le 2 octobre 2006 par lasociété Jam communication en qualité de rédacteurpour assurer des missions auprès de la société Entrecomexerçait, à compter d’un avenant en date du1er mars 2008, la fonction de directeur de contenu avecle statut cadre ; qu’il a été licencié le 19 mars 2010 aumotif qu’il n’avait pas respecté la clause d’objectifs deson contrat de travail qui lui faisait obligation deconclure avant la fin de sa mission en cours une ou desmissions nouvelles équivalentes à cinq jours ; qu’il asaisi la juridiction prud’homale ;

Attendu que l’employeur fait grief à l’arrêt de lecondamner à payer au salarié des sommes à titre derappel de salaires, de congés payés, d’indemnité delicenciement et d’indemnité de licenciement sans causeréelle et sérieuse, alors, selon le moyen, que l’économiedu portage salarial repose sur le fait que c’est au salariéporté qu’il appartient de trouver des missions auprèsd’entreprises clientes ; qu’en conséquence, si le salarié portéest soumis au régime du salariat pour ce qui concerne sarémunération et ses accessoires, l’entreprise de portage sala-rial ne saurait être tenue de lui fournir du travail ; qu’enénonçant, pour condamner la société Jam communicationà payer diverses sommes à M. X... à titre d’indemnités etde rappel de salaire, que le contrat de portage comportepour l’employeur l’obligation de fournir du travail au sala-rié, la cour d’appel a violé l’article L. 1251-64 du code dutravail ;

Mais attendu que la conclusion d’un contrat de tra-vail emporte pour l’employeur obligation de fournituredu travail ; que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

DECLARE IRRECEVABLE l’intervention volontairedu syndicat des Professionnels de l’emploi en portagesalarial ;

REJETTE le pourvoi.

No 13-25.627. Société Jam communicationcontre M. X...,

et autre.

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CINQUIÈME PARTIE CHAMBRE SOCIALE

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Président : M. Frouin – Rapporteur : Mme Brinet – Avocatgénéral : M. Beau – Avocats : SCP Bénabent et Jéhannin,Me Foussard

Sur le no 1 :

Sur les conditions de recevabilité de l’interventionvolontaire accessoire devant la Cour de cassation, à rap-procher :

3e Civ., 19 décembre 1972, pourvoi no 71-12.374,Bull. 1972, III, no 692 (1) (rejet) ;

1re Civ., 25 mai 1992, pourvoi no 89-10.096, Bull. 1992, I,no 153 (1) (cassation partielle) et l’arrêt cité ;

Com., 16 avril 2013, pourvoi no 12-14.445, Bull. 2013, IV,no 62 (rejet).

Sur le no 2 :

Sur l’obligation de l’employeur de fournir du travailau salarié porté, dans le même sens que :

Soc., 17 février 2010, pourvoi no 08-45.298, Bull. 2010, V,no 41 (1) (cassation) (arrêt no 1).

No 20

1o STATUT COLLECTIF DU TRAVAIL

Conventions et accords collectifs – Conventionsdiverses – Bâtiment – Convention collectivenationale des ouvriers employés par les entre-prises du bâtiment non visées par le décret du1er mars 1962 (c’est-à-dire occupant plus de10 salariés) du 8 octobre 1990 – Article 12.2 –Grille de classification – Classification III/1 –Conditions – Détermination – Portée

2o STATUT COLLECTIF DU TRAVAIL

Conventions et accords collectifs – Conventionsdiverses – Bâtiment – Convention collectivenationale des ouvriers employés par les entre-prises du bâtiment non visées par le décret du1er mars 1962 (c’est-à-dire occupant plus de10 salariés) du 8 octobre 1990 – Article 4.11. –Salaire – Salaire minimum conventionnel – Elé-ments – Prime – Nature – Détermination – Por-tée

1o L’article 12.2 de la convention collective nationale desouvriers employés par les entreprises du bâtimentoccupant plus de 10 salariés, ne visant la lecture deplans et la tenue de documents qu’à titre de simple pos-sibilité, l’existence de l’un ou l’autre de ces éléments neconstitue pas une condition d’obtention de la classifica-tion III/1.

2o Selon l’article 4.11. de la convention collective natio-nale des ouvriers employés par les entreprises du bâti-ment occupant plus de 10 salariés, les primes qui ne

rémunèrent pas le travail du salarié, mais qui sont liéesà sa présence ou à son ancienneté dans l’entreprise,n’entrent pas dans le calcul du minimum conventionnel.

Justifie sa décision la cour d’appel qui, après avoirconstaté que le salarié n’avait pas bénéficié de la primed’atelier pendant les mois de juillet, août et septem-bre 2009, alors qu’il avait été absent durant une partiede ces mois, en déduit que cette prime était liée à laprésence du salarié et ne pouvait être prise en comptepour vérifier si le minimum conventionnel avait été res-pecté.

4 février 2015 Rejet

Attendu, selon l’arrêt attaqué, (Besançon,14 mai 2013), que M. X..., engagé le 1er octobre 2002par la société Ravoyard en qualité de soudeur, a saisi lajuridiction prud’homale afin de se voir reconnaître laclassification niveau III, position 1 coefficient 210 etd’obtenir un rappel de salaire au titre du salaire mini-mum conventionnel ;

Sur le premier moyen :

Attendu que l’employeur fait grief à l’arrêt d’accueil-lir la demande au titre de la classification, alors, selon lemoyen, qu’il résulte de l’article 12.2 de la convention col-lective nationale des ouvriers employés par les entreprisesdu bâtiment que les ouvriers de niveau III/1 sont respon-sables des travaux de leur métier et que ces travauximpliquent la lecture de plans et la tenue de documentsd’exécution qui s’y rapportent ; qu’en l’espèce, pour direque M. Lionel X... est fondé à revendiquer la classificationd’ouvrier de niveau III/1, la cour d’appel énonce que ladéfinition conventionnelle n’exige pas que le salarié encause assure cumulativement la lecture de plans et la tenuede documents d’exécution ; qu’en statuant ainsi, la courd’appel viole le texte précité ;

Mais attendu, que selon l’article 12.2 de la conven-tion collective nationale des ouvriers employés par lesentreprises du bâtiment, les ouvriers de niveau III/1exécutent les travaux de leur métier, à partir de direc-tives et sous contrôle de bonne fin et qu’ils sont res-ponsables de la bonne réalisation de ces travaux quipeuvent impliquer la lecture de plans et la tenue dedocuments d’exécution qui s’y rapportent ;

Et attendu que ce texte ne visant la lecture de planset la tenue de documents qu’à titre de simple possibi-lité, l’existence de l’un ou l’autre de ces éléments neconstitue pas une condition d’obtention de la classifica-tion ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Sur le second moyen :

Attendu que l’employeur fait grief à l’arrêt de fairedroit à la demande au titre du salaire minimumconventionnel, alors, selon le moyen :

1o qu’il résulte de l’article IV de la Convention collec-tive nationale des employés et ouvriers des entreprises debâtiment que la rémunération des ouvriers inclut les

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CINQUIÈME PARTIE CHAMBRE SOCIALE

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primes et indemnités relatives aux prestations qu’ils effec-tuent ; qu’une prime calculée en fonction de la productionréalisée par un atelier, est, même si elle est perçue par tousles salariés, relative à la prestation effectuée par chacund’eux de sorte qu’elle doit être prise en considération pourvérifier l’application du salaire minimum conventionnel ;qu’en décidant au contraire que le fait que la prime d’ate-lier ne soit pas exclusivement calculée en fonction du tra-vail individuel de M. X... mais en fonction de la producti-vité de son atelier excluait sa prise en considération pourvérifier l’application du salaire minimum conventionnel,la cour d’appel viole le texte précité ensemble l’article 1134du code civil ;

2o pour considérer en substance que la prime d’atelierest une prime d’assiduité « déguisée » destinée à pénaliserl’absentéisme et ainsi exclure sa prise en considération pourvérifier l’application du salaire minimum conventionnel,la cour d’appel se borne à retenir, nonobstant le versementconstant de la prime de 2005 à 2009 lors des absences dusalarié, que l’employeur n’a pas versé de prime d’atelier àM. X... pour les mois de juillet et septembre 2009, moisdurant lesquels le salarié a été absent pour maladie ; qu’ense déterminant ainsi sur un défaut de paiement isolé, lacour d’appel ne justifie pas légalement sa décision auregard de l’article IV de la Convention collective nationaledes employés et ouvriers des entreprises de bâtiment,ensemble l’article 1134 du code civil ;

Mais attendu, selon l’article 4.11. de la conventioncollective nationale des ouvriers employés par les entre-prises du bâtiment occupant plus de dix salariés, que lesalaire mensuel constitue la rémunération des ouvriersdu bâtiment pour tous les aspects de l’exercice normalet habituel de leur métier et que par conséquent,aucune prime ou indemnité conventionnelle ne leur estdue, en sus du salaire mensuel pour les travaux qu’ilseffectuent à ce titre ; que selon l’article 4.13. de cetteconvention s’ajoutent, le cas échéant, au salaire mensueldiverses majorations, primes et indemnités prévues parles conventions collectives régionales applicables auxouvriers ; qu’il s’en déduit que les primes qui ne rému-nèrent pas le travail du salarié, mais qui sont liées à saprésence ou à son ancienneté dans l’entreprise,n’entrent pas dans le calcul du minimum convention-nel ;

Et attendu que la cour d’appel, qui a constaté que lesalarié n’avait pas bénéficié de la prime d’atelier pen-dant les mois de juillet, août et septembre 2009, alorsqu’il avait été absent durant une partie de ces mois, ena exactement déduit que cette prime était liée à la pré-sence du salarié et ne pouvait être prise en compte pourvérifier si le minimum conventionnel avait été respecté ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-20.879. Société Ravoyardcontre M. X...

Président : M. Frouin – Rapporteur : M. Mallard – Avocatgénéral : M. Beau – Avocat : Me Blondel

Sur le no 1 :Sur l’application de la procédure conventionnelle de

classification des ouvriers employés par les entreprises dubâtiment, à rapprocher :Soc., 10 mars 1998, pourvoi no 95-40.982, Bull. 1998, V,

no 127 (2) (cassation partielle).

Sur le no 2 :Sur la détermination de primes exclues du calcul du

salaire minimum conventionnel des ouvriers employéspar les entreprises du bâtiment, dans le même sens que :Soc., 27 octobre 1999, pourvoi no 98-44.627, Bull. 1999, V,

no 420 (1) (rejet), et l’arrêt cité.

No 21

STATUT COLLECTIF DU TRAVAIL

Conventions et accords collectifs – Conventionsdiverses – Convention collective des transportsroutiers et activités auxiliaires du transport –Annexe I ouvriers – Article 3 – Déplacementcomportant un ou plusieurs repas hors du lieude travail – Indemnité de repas – Substitutiond’avantages différents – Engagement unilatéralde l’employeur – Possibilité (non)

Si l’employeur peut, par un engagement unilatéral, accor-der des avantages supplémentaires à ceux résultant d’uneconvention ou d’un accord collectif de travail, il ne peutsubstituer à ces avantages conventionnels des avantagesdifférents.

Constituent de tels avantages différents, les titres-restaurants, qui permettent à un salarié d’acquitter entout ou partie le prix d’un repas consommé ou achetéauprès d’une personne ou d’un organisme mentionné audeuxième alinéa de l’article L. 3262-3 du code du tra-vail, qui ne sauraient être assimilés à l’indemnité derepas prévue par l’article 3 du protocole du30 avril 1974 relatif aux frais de déplacement desouvriers annexé à la convention collective nationale destransports routiers et des activités auxiliaires de trans-port du 21 décembre 1950, laquelle a pour objet, parl’octroi d’une somme forfaitaire, de compenser le surcoûtdu repas consécutif à un déplacement.

4 février 2015 Cassation partielle

Vu la connexité, joint les pourvois no 13-28.034 à13-28.039, 13-28.043, 13-28.044, 13-28.047 et13-28.048 ;

Attendu, selon les arrêts attaqués, que M. X... etneuf autres salariés ont été engagés par la société PacificCars en qualité de conducteur receveur, la conventioncollective nationale des transports routiers et des activi-tés auxiliaires du transport du 21 décembre 1950 étantapplicable aux relations contractuelles ; qu’ils ont saisi lajuridiction prud’homale de diverses demandes ;

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CINQUIÈME PARTIE CHAMBRE SOCIALE

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Sur la recevabilité du deuxième moyen en ce qu’ilconcerne le pourvoi no 13-28.034 : (Publication sansintérêt) ;

Sur le deuxième moyen, pris en sa première branche,commun aux pourvois no 13-28.035 à 13-28.039,13-28.043, 13-28.044, 13-28.047 et 13-28.048 :(Publication sans intérêt) ;

Sur le premier moyen commun à tous les pourvois :

Attendu que l’employeur fait grief aux arrêts de lecondamner au paiement d’une somme au titre de l’in-demnité conventionnelle de repas, alors, selon lemoyen, qu’en cas de conflit de normes, c’est la plus favo-rable aux salariés qui doit recevoir application ; qu’ilrésulte de ce principe fondamental de droit du travail queles avantages ayant le même objet ou la même cause issusde normes différentes ne peuvent se cumuler ; qu’au casprésent, la participation de l’employeur aux tickets restau-rants et le versement d’indemnités de panier mis en placeau sein de la société Pacific Cars avaient le même objetque les indemnités de repas prévues par l’article 8 del’« annexe I : Ouvriers Annexe Frais de déplacement Pro-tocole du 30 avril 1974 » de la convention collectivenationale des transports routiers ; qu’en se fondant sur ladifférence de nature entre les avantages instaurés parl’engagement unilatéral de l’employeur et la conventioncollective de branche pour refuser de rechercher si ces dis-positions avaient le même objet ou la même cause etallouer aux salariés les indemnités de repas conven-tionnelles en plus des avantages mis en œuvre parl’employeur pour financer les repas des salariés, la courd’appel a violé le principe fondamental de droit du travailselon lequel, en cas de conflit de normes, c’est la plus favo-rable aux salariés qui doit recevoir application ;

Mais attendu que si l’employeur peut, par un enga-gement unilatéral, accorder des avantages supplémen-taires à ceux résultant d’une convention ou d’un accordcollectif de travail, il ne peut substituer à ces avantagesconventionnels des avantages différents ; que les titres-restaurants, qui permettent à un salarié d’acquitter entout ou partie le prix d’un repas consommé ou achetéauprès d’une personne ou d’un organisme mentionnéau deuxième alinéa de l’article L. 3262-3 du code dutravail, ne sauraient être assimilés à l’indemnité de repasprévue par l’article 3 du protocole du 30 avril 1974relatif aux frais de déplacement des ouvriers annexé à laconvention collective nationale des transports routiers etdes activités auxiliaires de transport du 21 décem-bre 1950, laquelle a pour objet, par l’octroi d’unesomme forfaitaire, de compenser le surcoût du repasconsécutif à un déplacement ; qu’il en résulte qu’unemployeur ne saurait substituer au versement de l’in-demnité conventionnelle de repas à laquelle il est tenul’octroi de titres-restaurants et d’une prime de panier ;

Et attendu qu’ayant relevé que l’employeur avaitremplacé le paiement de l’indemnité conventionnelle derepas par celui d’indemnités de panier s’ajoutant auxtickets restaurant dont bénéficiaient tous les autres sala-riés de l’entreprise, la cour d’appel, qui en a exactementdéduit qu’il avait substitué à un avantage conventionneldes avantages différents, a légalement justifié sa déci-sion ;

Mais sur le deuxième moyen, pris en sa secondebranche, commun aux pourvois no 13-28.035 à13-28.039, 13-28.043, 13-28.044, 13-28.047 et13-28.048 : (Publication sans intérêt) ;

Et sur le troisième moyen commun à tous les pour-vois : (Publication sans intérêt) ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’ilscondamnent la société Pacific Cars à payer à MM. X...,Y..., Z..., A..., B..., C..., D..., E..., F... et G... dessommes à titre de rappel de salaire et de congés payésafférents en conséquence de la revalorisation du tauxhoraire, et à MM. Y..., Z..., A..., B..., C..., D..., E...,F... et G... des sommes à titre de rappel de salaire et decongés payés afférents en conséquence du classement aucoefficient 150 V, les arrêts rendus le 29 octobre 2013,entre les parties, par la cour d’appel de Paris ; remet, enconséquence, sur ces points, la cause et les parties dansl’état où elles se trouvaient avant lesdits arrêts et, pourêtre fait droit, les renvoie devant la cour d’appel deVersailles.

No 13-28.034 à 13-28.039,13-28.043, 13-28.044,13-28.047 et 13-28.048. Société Pacific Cars

contre M. X...,et autres.

Président : M. Frouin – Rapporteur : Mme Ducloz – Avocatgénéral : M. Beau – Avocats : SCP Célice, Blancpain, Solt-ner et Texidor, SCP Masse-Dessen, Thouvenin et Cou-dray

No 22

STATUT COLLECTIF DU TRAVAIL

Conventions et accords collectifs – Dispositionsgénérales – Avenant – Caractère interprétatif –Critères – Détermination – Portée

Un accord ne peut être considéré comme interprétatifqu’autant qu’il se borne à reconnaître, sans rien inno-ver, un état de droit préexistant qu’une définitionimparfaite a rendu susceptible de controverse.

Viole l’accord du 18 juin 2002, l’avenant du1er mars 2012, ensemble les articles L. 2261-7et L. 2261-8 du code du travail, la cour d’appel quiretient que l’avenant qui prévoit que l’indemnité boni-fiée de fin de carrière avait pour objet d’indemniser lessalariés pour l’ensemble des préjudices de toute natureéventuellement subis par les salariés du fait d’une expo-sition potentielle à l’amiante et de réparer forfaitaire-ment « ce préjudice » a un caractère interprétatif, alorsqu’il a ajouté au droit préexistant résultant de l’accordinitial.

4 février 2015 Cassation partielle

Vu leur connexité, joint les pourvois no 14-13.646,14-13.649, 14-13.653, 14-13.655, 14-13.657,14-13.675, 14-13.753, 14-13.754, 14-13.756 à14-13.758, 14-13.859, 14-13.860, 14-13.862,

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CINQUIÈME PARTIE CHAMBRE SOCIALE

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14-13.864, 14-13.866, 14-13.925, 14-13.928,14-13.929, 14-13.932, 14-13.945, 14-14.044,14-14.045, 14-14.058, 14-14.059, 14-14.063,14-14.153, 14-14.155, 14-14.160, 14-14.161,14-14.165, 14-14.199, 14-14.201, 14-14.203à 14-14.205, 14-14.282, 14-14.294, 14-14.298,14-14.301, 14-14.302, 14-14.362, 14-14.366,14-14.369 à 14-14.371, 14-14.378, 14-14.468,14-14.476, 14-14.485 à 14-14.488 ;

Attendu, selon les arrêts attaqués, que M. X... et cin-quante-deux autres salariés ont été engagés par le Grandport maritime de Dunkerque ; que cet établissement aété inscrit, par arrêté ministériel du 11 décembre 2001,sur la liste des établissements ouvrant droit au bénéficede l’allocation de cessation anticipée d’activité des tra-vailleurs de l’amiante (ACAATA) ; que par protocoled’accord du 18 juin 2002 relatif à la mise en œuvre dela cessation anticipée d’activité des travailleurs del’amiante au sein du Grand port maritime de Dun-kerque, une indemnité de fin de carrière bonifiée a étéinstaurée au profit des salariés remplissant les condi-tions pour bénéficier de l’ACAATA et mettant fin demanière anticipée à leur activité professionnelle ; qu’unavenant à l’accord précité a été signé par les partenairessociaux le 1er mars 2012 ; que bénéficiaires del’ACAATA, les salariés ont saisi la juridiction prud’ho-male pour obtenir réparation de leur préjudice spéci-fique d’anxiété lié à leur situation d’inquiétude per-manente face au risque de développer à tout momentune maladie liée à l’amiante ;

Sur le second moyen :

Attendu qu’il n’y a pas lieu de statuer par une déci-sion spécialement motivée sur ce moyen qui n’est mani-festement pas de nature à entraîner la cassation ;

Mais sur le premier moyen :

Vu l’accord du 18 juin 2002, l’avenant du1er mars 2012, ensemble les articles L. 2261-7et L. 2261-8 du code du travail ;

Attendu qu’un accord ne peut être considéré commeinterprétatif qu’autant qu’il se borne à reconnaître, sansrien innover, un état de droit préexistant qu’une défini-tion imparfaite a rendu susceptible de controverse ;

Attendu que pour dire que l’avenant du 1er mars 2012à l’accord du 18 juin 2002 relatif à l’indemnité bonifiéede cessation de fonction, a un caractère purement inter-prétatif, les arrêts retiennent, après avoir rappelé lestermes de l’article 2 de l’accord, que l’avenant préciseen son article 4 que cette indemnité a pour cause lavolonté des signataires d’indemniser les salariés pourl’ensemble des préjudices de toute nature éventuelle-ment subis, du fait d’une exposition potentielle àl’amiante au cours de leur carrière au sein de l’entre-prise, en l’absence de maladie professionnelle déclarée,que cette bonification a pour objet de réparer forfai-tairement ce préjudice, en se dispensant de l’examenindividuel de chaque salarié, que cet avenant précise enson article 2 intitulé « valeur interprétative », qu’ilconstitue une interprétation commune des parties sur lanature de la bonification de l’indemnité de fin decarrière prévue par le protocole du 18 juin 2002 etqu’il spécifie dans son préambule qu’il a pour objet depréciser l’interprétation des signataires sur l’objet et lacause de l’indemnité de cessation de fonction versée auxsalariés ;

Qu’en statuant ainsi, alors que l’avenant du1er mars 2012 qui prévoit que l’indemnité bonifiée defin de carrière avait pour objet d’indemniser les salariéspour l’ensemble des préjudices de toute nature éven-tuellement subis du fait d’une exposition potentielle àl’amiante et de réparer forfaitairement « ce préjudice »,a ajouté au droit préexistant résultant de l’accord du18 juin 2002 de sorte que cet avenant est dépourvu decaractère interprétatif, la cour d’appel a violé les textes susvisés ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’ilsdisent que l’indemnité conventionnelle de fin de car-rière bonifiée prévue par l’accord du 18 juin 2002,interprété par l’avenant du 1er mars 2012 s’impute, sielle a été effectivement versée, sur l’indemnité allouéeaux salariés au titre du préjudice d’anxiété, les arrêtsrendus entre les parties, le 31 janvier 2014, par la courd’appel de Douai ; remet, en conséquence, sur cespoints, la cause et les parties dans l’état où elles se trou-vaient avant lesdits arrêts et, pour être fait droit, lesrenvoie devant la cour d’appel d’Amiens.

No 14-13.646, 14-13.649, 14-13.653, 14-13.655,14-13.657, 14-13.675, 14-13.753, 14-13.754,14-13.756 à 14-13.758, 14-13.859, 14-13.860,14-13.862, 14-13.864, 14-13.866, 14-13.925,14-13.928, 14-13.929, 14-13.932, 14-13.945,14-14.044, 14-14.045, 14-14.058, 14-14.059,14-14.063, 14-14.153, 14-14.155, 14-14.160,14-14.161, 14-14.165, 14-14.199, 14-14.201,14-14.203 à 14-14.205, 14-14.282, 14-14.294,14-14.298, 14-14.301, 14-14.302, 14-14.362,14-14.366, 14-14.369 à 14-14.371,14-14.378, 14-14.468, 14-14.476,14-14.485 à 14-14.488. M. X...,

et autrescontre établissement

Grand port maritimede Dunkerque.

Président : M. Frouin – Rapporteur : Mme Wurtz – Avocatgénéral : M. Beau – Avocats : Me Blondel, SCP Fabiani etLuc-Thaler

Sur la définition d’une loi interprétative, à rapprocher :

Soc., 8 juin 2011, pourvoi no 09-67.051, Bull. 2011, V,no 142 (rejet), et l’arrêt cité.

Sur l’opposabilité de l’avenant interprétatif d’un accordcollectif, à rapprocher :

Soc., 1er décembre 1998, pourvoi no 98-40.104, Bull. 1998,V, no 527 (cassation).

Sur une illustration d’avenants dépourvus de caractèreinterprétatif, à rapprocher :

Soc., 29 janvier 2014, pourvoi no 12-22.575, Bull. 2014, V,no 42 (rejet) ;

Soc., 12 juin 2014, pourvoi no 13-15.416, Bull. 2014, V,no 143 (cassation).

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CINQUIÈME PARTIE CHAMBRE SOCIALE

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No 23

TRAVAIL REGLEMENTATION, DUREE DUTRAVAIL

Convention de forfait – Convention de forfait surl’année – Convention de forfait en jours surl’année – Validité – Conditions – Durée maxi-male raisonnable de travail – Respect – Détermi-nation – Portée

Le droit à la santé et au repos est au nombre des exigencesconstitutionnelles.

Les Etats membres de l’Union européenne ne peuventdéroger aux dispositions relatives à la durée du temps detravail que dans le respect des principes généraux de laprotection de la sécurité et de la santé du travailleur.

Toute convention de forfait en jours doit être prévuepar un accord collectif dont les stipulations assurent lagarantie du respect des durées maximales de travailainsi que des repos, journaliers et hebdomadaires.

Doit être approuvé l’arrêt qui conclut à la nullité dela convention de forfait en jours conclu par le salariédès lors que ni les dispositions de l’article 5.7.2. de laconvention collective nationale du commerce de détail etde gros à prédominance alimentaire du 12 juillet 2001,qui dans le cas de forfait en jours, se limitent à prévoir,s’agissant du suivi de la charge et de l’amplitude de tra-vail du salarié concerné, un entretien annuel avec lesupérieur hiérarchique, ni celles de l’accord d’entreprisedu 26 janvier 2000 qui, s’agissant de l’amplitude desjournées de travail et la charge de travail qui en résulte,prévoient seulement l’organisation sur cinq jours del’activité des salariés concernés, aux fins qu’ils puissentexercer utilement leur droit au repos hebdomadaire etl’établissement d’un document récapitulant leur présencesur l’année, ne sont de nature à garantir que l’ampli-tude et la charge de travail restent raisonnables etassurent une bonne répartition, dans le temps, du tra-vail de l’intéressé, et, donc, à assurer la protection de lasécurité et de la santé du salarié.

4 février 2015 Cassation partielle

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que M. X... a étéengagé, le 5 janvier 2009, par la société Lidl (la société)en qualité de responsable de réseau, statut cadreniveau 7, soumis à un forfait annuel de deux cent seizejours travaillés ; qu’il a saisi, le 17 janvier 2011, la juri-diction prud’homale pour obtenir la résiliation judi-ciaire de son contrat de travail en invoquant un har-cèlement moral, l’irrégularité de sa convention deforfait en jours et en sollicitant un rappel d’heures sup-plémentaires et des dommages-intérêts pour manque-ments répétés à la législation relative aux temps derepos ; qu’il a été licencié le 5 août 2011 ;

Sur le moyen unique du pourvoi incident de lasociété :

Attendu que l’employeur fait grief à l’arrêt de direque la convention de forfait en jours était « privéed’effet », alors selon le moyen :

1o que toute convention de forfait en jours doit êtreprévue par un accord collectif dont les stipulations assurentla garantie du respect des durées maximales de travailainsi que des repos, journaliers et hebdomadaire ; qu’àdéfaut la convention de forfait est privée d’effets ; qu’aucas présent, l’accord collectif d’entreprise en date du 26 jan-vier 2000 stipulait, d’une part, un droit au repos quoti-dien de 11 heures et une organisation du travail sur cinqjours aux fins de garantir le repos hebdomadaire des sala-riés en forfait jours et, d’autre part, le suivi du temps detravail des salariés par le biais d’un document décomptantleurs jours de repos ; que la cour d’appel, pour décider quela convention de forfait de M. X... devait être privéed’effets, s’est bornée à affirmer que les dispositions conven-tionnelles applicables dans l’entreprise ne prévoyaientaucun examen de la charge et de l’amplitude de travaildes salariés concernés (arrêt p. 9 § 2) ; qu’en statuantainsi, sans rechercher si les dispositions conventionnellesrelatives à la prise des repos et au suivi de l’exercice dudroit à repos ne permettaient pas de contrôle l’amplitude etla charge de travail du salarié en garantissant la protectionde sa santé et de sa sécurité, la cour d’appel a privé sadécision de base légale au regard des articles L. 3121-45du code du travail, dans sa rédaction antérieure à la loino 2008-789 du 20 août 2008, interprété à la lumière del’article 17, paragraphes 1 et 4 de la direc-tive 1993-104 CE du Conseil du 23 novembre 1993, desarticles 17, paragraphe de la directive 2003-88 CE duParlement européen et du Conseil du 4 novembre 2003 etde l’article 31 de la Charte des droits fondamentaux del’Union européenne ;

2o que le défaut de réponse à conclusions équivaut audéfaut de motifs ; que la société Lidl indiquait précisémentdans ses écritures d’appel que l’accord d’entreprise en datedu 26 janvier 2000 fixait, d’une part, un encadrementdes durées de travail et de repos et, d’autre part, desmodalités de contrôles de l’exercice des droits à repos ; qu’ilcontenait donc des dispositions de nature à garantir la pro-tection de la sécurité et de la santé des salariés ; qu’endécidant, sans répondre à ce chef des conclusions de l’expo-sante, qui était pourtant de nature à influer sur la solu-tion du litige, que l’accord d’entreprise ne prévoyait aucunexamen de la charge et de l’amplitude de travail des sala-riés concernés et que la convention de forfait était enconséquence privée d’effets, la cour d’appel a violé l’arti-cle 455 du code de procédure civile ;

3o que les juges ne peuvent écarter les prétentions d’unepartie sans analyser l’ensemble des documents fournis parelle à l’appui de ses prétentions ; qu’en l’espèce, il faisaitvaloir qu’il opérait un contrôle de l’exercice des droits àrepos de celui-ci et, partant, du respect de ses droits à lasécurité et à la santé par des décomptes des jours travaillésde M. X... au titre de sa convention de forfait et del’accord d’entreprise ; qu’en affirmant péremptoirement,pour décider de priver d’effets la convention de forfait enjours, que l’accord d’entreprise ne prévoyait aucun examende la charge et de l’amplitude de travail des salariésconcernés, sans à aucun moment analyser, ne serait-ce quesommairement, les décomptes de jours travaillés et de joursde repos pris, régulièrement produit aux débats par l’expo-sante, la cour d’appel a violé l’article 455 du code de pro-cédure civile ;

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CINQUIÈME PARTIE CHAMBRE SOCIALE

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Mais attendu, d’abord, que le droit à la santé et aurepos est au nombre des exigences constitutionnelles ;

Attendu, ensuite, qu’il résulte des articles 151 duTraité sur le fonctionnement de l’Union européenne seréférant à la Charte sociale européenne et à la Chartecommunautaire des droits sociaux fondamentaux destravailleurs, L. 3121-45 du code du travail, dans sarédaction applicable au litige, interprété à la lumière del’article 17, §§ 1 et 4 de la directive 1993/104/CE duConseil du 23 novembre 1993, des articles 17, § 1,et 19 de la directive 2003/88/CE du Parlement euro-péen et du Conseil du 4 novembre 2003 et de l’arti-cle 31 de la Charte des droits fondamentaux de l’Unioneuropéenne, des articles susvisés des directives del’Union européenne que les Etats membres ne peuventdéroger aux dispositions relatives à la durée du tempsde travail que dans le respect des principes généraux dela protection de la sécurité et de la santé du travailleur ;

Attendu, enfin, que toute convention de forfait enjours doit être prévue par un accord collectif dont lesstipulations assurent la garantie du respect des duréesmaximales de travail ainsi que des repos, journaliers ethebdomadaires ;

Et attendu que ni les dispositions de l’article 5.7.2.de la convention collective nationale du commerce dedétail et de gros à prédominance alimentaire, qui dansle cas de forfait en jours, se limitent à prévoir, s’agissantdu suivi de la charge et de l’amplitude de travail dusalarié concerné, un entretien annuel avec le supérieurhiérarchique, ni celles de l’accord d’entreprise du 26 jan-vier 2000 qui, s’agissant de l’amplitude des journées detravail et la charge de travail qui en résulte, prévoientseulement l’organisation sur cinq jours de l’activité dessalariés concernés, aux fins qu’ils puissent exercer utile-ment leur droit au repos hebdomadaire et l’établisse-ment d’un document récapitulant leur présence surl’année, ne sont de nature à garantir que l’amplitude etla charge de travail restent raisonnables et assurent unebonne répartition, dans le temps, du travail de l’in-téressé, et, donc, à assurer la protection de la sécurité etde la santé du salarié ; qu’il en résulte que la conven-tion de forfait en jours était nulle ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Mais sur le premier moyen du pourvoi principal dusalarié :

Vu les articles L. 3121-22 et L. 3171-4 du code dutravail ;

Attendu que pour débouter le salarié de sa demandede rappel de salaires au titre des heures supplémentairesl’arrêt retient d’abord que si les attestations produitesdémontrent qu’il effectuait à certains moments desheures au-delà de la durée légale, il résulte du tauxhoraire conventionnel d’un cadre niveau 7 en 2010,que le salaire qu’il a perçu inclut déjà 16,5 heures sup-plémentaires, ensuite qu’il ne rapporte pas la preuve dece qu’il effectuait des heures supplémentaires au-delà de51,5 heures hebdomadaires ;

Qu’en statuant ainsi, alors que le salarié qui a étésoumis à tort à un forfait annuel en jours peut pré-tendre au paiement d’heures supplémentaires dont le

juge doit vérifier l’existence et le nombre conformémentaux dispositions de l’article L. 3171-4 du code du tra-vail et alors que le versement d’un salaire supérieur auminimum conventionnel ne peut tenir lieu de règle-ment des heures supplémentaires, la cour d’appel aviolé les textes susvisés ;

Et sur le deuxième moyen du pourvoi principal dusalarié :

Vu les articles L. 3121-31, L. 3121-34 et L. 3121-35du code du travail et 1315 du code civil ;

Attendu que pour débouter le salarié de sa demandeen indemnisation au titre du repos quotidien et dudépassement des durées maximales quotidienne et heb-domadaire de travail, l’arrêt retient qu’il ne rapportepas la preuve d’avoir été empêché de prendre ses joursde congés ;

Attendu cependant que la preuve du respect desseuils et plafonds prévus par le droit de l’Union euro-péenne et des durées maximales de travail fixées par ledroit interne incombe à l’employeur ;

Qu’en statuant comme elle l’a fait, alors qu’il résul-tait de ses constatations que l’employeur ne justifiaitpas avoir satisfait à ses obligations, la cour d’appel, quia inversé la charge de la preuve, a violé les textes susvisés ;

Vu l’article 624 du code de procédure civile ;

Attendu que la cassation sur les deux premiersmoyens du pourvoi principal, emporte par voie deconséquence, la cassation de l’arrêt en ce qu’il déboutele salarié de sa demande de résiliation judiciaire ducontrat de travail et en ce qu’il dit le licenciementfondé sur une cause réelle et sérieuse ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu’il dit que laconvention de forfait en jours est « privée d’effet » etqu’il déboute le salarié de sa demande au titre du har-cèlement moral, l’arrêt rendu le 14 mai 2013, entre lesparties, par la cour d’appel de Limoges ; remet, enconséquence, sur les autres points, la cause et les partiesdans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et,pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appelde Poitiers.

No 13-20.891. M. X...contre société Lidl.

Président : M. Frouin – Rapporteur : Mme Mariette – Avocatgénéral : M. Liffran – Avocats : SCP Waquet, Farge etHazan, SCP Rocheteau et Uzan-Sarano

Sur les conditions de validité d’une convention de for-fait en jours sur l’année, à rapprocher :

Soc., 17 décembre 2014, pourvoi no 13-22.890, Bull. 2014,V, no 301 (2) (cassation partielle), et l’arrêt cité.

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CINQUIÈME PARTIE CHAMBRE SOCIALE

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No 24

TRAVAIL REGLEMENTATION, REMUNERA-TION

Salaire – Salaire minimum – Eléments – Sommeperçue en contrepartie du travail – Caractérisa-tion – Portée

La prime déterminée en fonction du tonnage produitauquel participe le salarié, qui constitue la contrepartied’un travail, doit être prise en compte au titre duSMIC.

4 février 2015 Cassation

Sur le premier moyen :

Vu les articles L. 3231-1, L. 3231-2, D. 3231-5et D. 3231-6 du code du travail ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que M. X... a étéengagé le 1er novembre 1999 par la société JSP ; quesoutenant que sa rémunération était inférieure au SMICdès lors qu’elle incluait une prime de bonus, l’intéresséa saisi la juridiction prud’homale pour obtenir le paie-ment d’un rappel de salaire et de dommages-intérêts ;que le salarié a démissionné en cours de procédure ;

Attendu que pour dire que la prime de bonus nedoit pas être prise en compte au titre du SMIC etcondamner en conséquence l’employeur au paiement derappels de salaire, l’arrêt retient que la prime de bonuslitigieuse n’avait aucun caractère prévisible, son mon-tant étant fort variable, que le barème selon lequel elleétait calculée n’était pas défini par un accord collectif,et que son montant ne dépendait pas uniquement de laproduction du salarié dès lors que le tonnage produitétait aussi fonction de contraintes imposées par d’autresservices ;

Qu’en statuant ainsi alors qu’il résultait de sesconstatations que la prime était déterminée en fonctiondu tonnage produit auquel participait le salarié, de sortequ’elle constituait la contrepartie d’un travail, la courd’appel a violé les textes susvisés ;

Et attendu que la cassation prononcée du chef desdispositions de l’arrêt relatives au paiement d’un rappelde salaire, entraîne par voie de conséquence, en applica-tion de l’article 624 du code de procédure civile, celledes dispositions relatives au paiement de dommages-intérêts pour préjudice subi et à la rupture du contratde travail ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 3 avril 2013, entre les parties, par lacour d’appel de Lyon ; remet, en conséquence, la cause

et les parties dans l’état où elles se trouvaient avantledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant lacour d’appel de Grenoble.

No 13-18.523. Société JSPcontre M. X...

Président : M. Frouin – Rapporteur : Mme Ducloz – Avocatgénéral : M. Liffran – Avocats : SCP Célice, Blancpain etSoltner, SCP Thouin-Palat et Boucard

Sur l’exclusion de certaines primes dans la détermina-tion du salaire minimum conventionnel selon la conven-tion collective applicable, à rapprocher :

Soc., 4 février 2015, pourvoi no 13-20.879, Bull. 2015, V,no 20 (2) (rejet).

No 25

CONFLIT COLLECTIF DU TRAVAIL

Grève – Grève des services publics – Conditions –Préavis – Indications obligatoires – Point dedépart – Heure de début – Absence de salariésgrévistes dans la période immédiatement posté-rieure – Portée

Si, dans les services publics, la grève doit être précédée d’unpréavis donné par un syndicat représentatif et si ce préa-vis, pour être régulier, doit mentionner l’heure du débutet de la fin de l’arrêt de travail, les salariés qui sontseuls titulaires du droit de grève ne sont pas tenus decesser le travail pendant toute la durée indiquée par lepréavis.

Il en résulte que c’est à bon droit qu’une cour d’appeldécide que l’employeur ne peut déduire de l’absence desalariés grévistes au cours des trois premiers jours que lepréavis est devenu sans effet et qu’aucun arrêt de travailne pourra avoir lieu dans ce cadre et, constatant que lesdéclarations d’intention individuelle de grève et lesfeuilles de service précisant les horaires et la durée desarrêts de travail des salariés grévistes n’établissaient pasla volonté de détourner les prescriptions de l’arti-cle L. 2512-3 du code du travail ni de désorganiser lefonctionnement de l’entreprise, ordonne le retrait de lanote de service de l’employeur relative à l’illégalité dumouvement des panneaux d’affichage de l’entreprise.

11 février 2015 Rejet

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Aix-en-Provence,22 janvier 2013), que le 27 juin 2011, le syndicatCGT de la Régie des transports de Marseille a déposéun préavis de grève à compter du 3 juillet 2011 à0 heure jusqu’au 31 décembre 2011 à minuit, concer-nant tous les agents de la Régie et la totalité de leur

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service ; que différentes déclarations individuelles d’in-tention de grève ont été adressées avant le débutannoncé de la grève à l’employeur ; que le 6 juil-let 2011, la Régie a affiché une note d’informationindiquant : « Le 27 juin dernier, la CGT a déposé unpréavis de grève du 3 juillet à 0 heure 00 au 31 décem-bre 24 heures 00. Or, depuis le 3 juillet aucun salariéne s’est mis en grève, le mouvement n’ayant pas débutéà la date initialement prévue, le préavis ne peut plusproduire d’effet. Aucun arrêt de travail ne peut doncavoir lieu dans le cadre de ce préavis. La Directiontenait à porter cette information à la connaissance dessalariés notamment de ceux ayant déposé une déclara-tion individuelle d’intention de grève » ; que le syndicata saisi le tribunal de grande instance d’une requête ten-dant à la condamnation de l’employeur à retirer cettenote et à lui payer des dommages-intérêts ;

Attendu que l’employeur fait grief à l’arrêt de direque la note du 6 juillet 2011 portait atteinte au droitde grève, d’ordonner son retrait sous astreinte et derejeter sa demande reconventionnelle en illicéité dumouvement de grève fondé sur le préavis du27 juin 2011, alors, selon le moyen :

1o que l’exercice du droit de grève résulte objectivementd’un arrêt collectif et concerté du travail en vue d’appuyerdes revendications professionnelles ; que lorsque les person-nels mentionnés à l’article L. 2512-1 du code du travailexercent le droit de grève, la cessation concertée du travailest précédée d’un préavis ; que le préavis précise les motifsdu recours à la grève et doit parvenir cinq jours francsavant le déclenchement de la grève à l’autorité hiérar-chique ou à la direction de l’établissement, de l’entrepriseou de l’organisme intéressé ; qu’il mentionne le champ géo-graphique et l’heure du début ainsi que la durée limitéeou non, de la grève envisagée ; qu’en considérant que lepréavis de grève déposé le 27 juin 2011 produisait seseffets cependant que la cessation concertée de travailn’avait pas débuté à la date initialement indiquée par lepréavis, soit le 3 juillet 2011, la cour d’appel, qui aestimé que le mouvement était néanmoins licite, a violé lesarticles L. 2511-1 et L. 2512-2 du code du travail ;

2o que le dépôt d’un préavis de grève couvrant une pé-riode de cent-quatre-vingts jours et qui n’est pas réellementsuivi par les salariés ayant déposé une déclaration d’inten-tion individuelle, a pour effet de permettre des cessationsde travail momentanées à tout moment au cours de cettepériode, sans avoir à respecter les procédures préalablesrésultant de la loi sur le dialogue social et la continuité duservice public ; qu’en jugeant le contraire, la cour d’appela violé les articles L. 2511-1 et L. 2512-2 du code du tra-vail, ensemble l’article 2 de la loi no 2007-1224 du21 août 2007 sur le dialogue social et la continuité duservice public dans les transports terrestres réguliers devoyageurs, codifié sous les articles L. 1324-2 à L. 1324-8du code des transports ;

3o que le fait pour une organisation syndicale de rendreincertaine pour l’autorité destinataire du préavis la date dedéclenchement de l’action syndicale s’analyse en une grèvetournante, partant illicite, et constitue une forme de désor-ganisation de l’entreprise caractérisant ainsi un usage abu-sif du droit de grève ; qu’en considérant, pour dire que lepréavis litigieux n’était pas illicite, que les salariés étaientseuls titulaires du droit de grève, qu’ils pouvaient décider

de ne pas cesser le travail durant toute la durée indiquéepar le préavis et les déclarations d’intention individuelled’arrêt de travail et que les feuilles de service précisant leshoraires et la durée des arrêts de travail de certains salariésgrévistes ne permettaient pas d’établir la volonté de détour-ner la loi de 2007 et de désorganiser le fonctionnement del’entreprise, quand les modalités de mise en œuvre de lagrève, et notamment l’absence de suivi d’effet des déclara-tions d’intention individuelle des salariés privaient laRTM de la possibilité de prendre connaissance de la réalitédes perturbations et de prévoir des moyens de substitution,constituant ainsi une désorganisation majeure de l’entre-prise, la cour d’appel a violé les articles L. 2511-2et L. 2512-3 du code du travail ;

4o que la grève est la cessation collective et concertée detravail en vue d’appuyer des revendications profes-sionnelles ; que lorsqu’aucune collectivité de salariés neparticipe au mouvement de grève, la grève prend fin,conformément à sa définition, et ce, bien que la durée del’arrêt de travail prévue par le préavis coure encore ; qu’enconsidérant que seul le syndicat pouvait décider de la findu mouvement, cependant qu’aucun salarié n’avait parti-cipé à la cessation de travail à partir du 3 juillet 2011, lacour d’appel a violé les articles L. 2511-1 et L. 2512-2 ducode du travail ;

5o que la circulaire du ministre des travaux publics etdes transports du 16 mars 1964, telle qu’interprétée parl’arrêt du Conseil d’Etat du 29 décembre 2006(no 286294), prise en application de la loi du 31 juil-let 1963, qui dispose qu’« est licite la participation d’unagent à un mouvement de grève postérieurement à l’heurede début de celui-ci, mais dès l’heure de la prise de servicefixée pour lui par l’horaire qui le concerne », si ellen’oblige pas les agents qui veulent faire grève à cesser letravail dès leur première prise de service au cours de la pé-riode indiquée par le préavis de grève, leur impose de lefaire dès le début d’une de leurs prises de service inclusesdans cette période ; que la RTM faisait valoir et établissaitpar la production des feuilles de service que certains sala-riés avaient fixé des arrêts de travail dans la journée endehors de leur heures de prise de service ce qui étaitcontraire à l’esprit de la circulaire de 1964 ; qu’en reje-tant la demande de la RTM tendant à faire inscrire cessalariés ayant cessé le travail en absence injustifiée, sansrechercher, ainsi qu’elle y était invitée, si certains salariésn’avaient pas fixé dans leur déclaration d’intention indivi-duelle des arrêts de travail dans la journée en dehors deleur heures de prise de service en méconnaissance de la cir-culaire réglementaire de 1964, la cour d’appel a privé sadécision de base légale au regard de l’article L. 2512-3 ducode du travail, ensemble la circulaire de nature régle-mentaire du ministre des travaux publics et des transportsdu 16 mars 1964 alors en vigueur ;

Mais attendu, d’abord, que si, dans les servicespublics, la grève doit être précédée d’un préavis donnépar un syndicat représentatif et si ce préavis, pour êtrerégulier, doit mentionner l’heure du début et de la finde l’arrêt de travail, les salariés qui sont seuls titulairesdu droit de grève ne sont pas tenus de cesser le travailpendant toute la durée indiquée par le préavis ; qu’il enrésulte que c’est à bon droit que la cour d’appel adécidé, d’une part, que l’employeur ne pouvait, dans lapériode ainsi définie, déduire de l’absence de salariésgrévistes au cours des trois premiers jours de la période

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visée par le préavis que celui-ci était devenu sans effetet, d’autre part, que la note litigieuse, en laissantcraindre aux salariés qu’ils pouvaient faire l’objet desanctions en cas d’arrêt de travail, portait atteinte à leurdroit de grève et devait ainsi être retirée des panneauxd’affichage de l’entreprise ;

Et attendu, ensuite, qu’ayant constaté que les décla-rations d’intention individuelle de grève et les feuillesde service précisant les horaires et la durée des arrêts detravail de certains salariés grévistes n’établissaient pas lavolonté de détourner les prescriptions de l’arti-cle L. 2512-3 du code du travail ni de désorganiser lefonctionnement de l’entreprise, la cour d’appel a, par ceseul motif, légalement justifié sa décision ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-14.607. Régie des transportsde Marseille

contre syndicat CGT de la Régiedes transports de Marseille.

Président : M. Frouin – Rapporteur : Mme Duvallet – Avo-cats : SCP Garreau, Bauer-Violas et Feschotte-Desbois,SCP Spinosi et Sureau

Sur les conséquences du principe selon lequel les sala-riés sont seuls titulaires du droit de grève, à rapprocher :

Soc., 12 janvier 1999, pourvoi no 96-45.717, Bull. 1999, V,no 6 (rejet) ;

Soc., 4 juillet 2012, pourvoi no 11-18.404, Bull. 2012, V,no 207 (1) (rejet).

Sur l’illégalité du document de l’employeur ayant poureffet d’imposer aux salariés, qui souhaitent participer aumouvement de grève, de s’y joindre dès son commence-ment, cf. :

CE, 19 mai 2008, no 312329, mentionné aux tables duRecueil Lebon.

No 26

CONTRAT DE TRAVAIL, RUPTURE

Licenciement économique – Reclassement – Obli-gation de l’employeur – Périmètre de l’obliga-tion – Groupe de sociétés – Groupe de reclasse-ment – Caractérisation – Permutation de toutou partie du personnel – Détermination – Portée

L’adhésion d’une mutuelle de santé à une fédération natio-nale n’entraîne pas en soi la constitution d’un groupeau sens des dispositions de l’article L. 1233-4 du codedu travail.

Dès lors, doit être censurée une cour d’appel quiretient l’existence d’un groupe de reclassement entre lesmutuelles adhérentes à la Fédération nationale de la

Mutualité française, sans préciser en quoi leurs activités,organisation ou lieu d’exploitation leur permettaientd’effectuer la permutation de tout ou partie du person-nel.

11 février 2015 Cassation partielle

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que Mme X..., engagéele 3 février 2004 en qualité d’assistante dentaire par laMutualité française de la Marne aux droits de laquellese trouve la Mutualité française Champagne ArdenneSSAM, et occupant en dernier lieu les fonctions destandardiste-employée de bureau, a été licenciée pourmotif économique le 23 novembre 2010 ;

Sur le moyen unique du pourvoi principal del’employeur :

Vu l’article L. 1233-4 du code du travail ;

Attendu que pour dire que l’employeur n’a pas ac-compli loyalement son obligation de reclassement etque le licenciement est dépourvu de cause réelle etsérieuse, l’arrêt retient que la Fédération nationale de laMutualité française, dont la Mutualité française de laMarne est adhérente, a vocation à collationner et diffu-ser les offres d’emplois disponibles au sein des mutuali-tés affiliées, toutes régions confondues et que les per-mutations d’une mutualité à une autre sont possibles etque parmi les quelques courriers adressés parl’employeur dans le cadre des recherches externes,aucun ne l’a été à destination de l’une des mutualitésde la région (pour le moins) sachant que la fédérationrassemble six cents mutuelles de santé et deux millecinq cents services de soins et d’accompagnementmutualiste ;

Qu’en se déterminant ainsi, alors que l’adhésiond’une mutuelle de santé à une fédération nationalen’entraîne pas en soi la constitution d’un groupe ausens des dispositions de l’article L. 1233-4 du code dutravail, la cour d’appel qui n’a pas précisé en quoi lesactivités, l’organisation ou le lieu d’exploitation des dif-férentes mutualités adhérentes de la Fédération natio-nale de la Mutualité française leur permettaient d’effec-tuer la permutation de tout ou partie du personnel, n’apas donné de base légale à sa décision ;

Et sur le moyen unique du pourvoi incident éventuelde la salariée :

Attendu que la cassation à intervenir sur le pourvoiprincipal entraîne, par application de l’article 624 ducode de procédure civile, la cassation par voie de consé-quence du chef de dispositif de l’arrêt qui déboute lasalariée de sa demande de dommages-intérêts pour vio-lation de l’ordre des licenciements ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il acondamné la Mutualité française de la Marne à payer àMme X... une indemnité pour licenciement sans causeréelle et sérieuse et à rembourser aux organismes inté-ressés tout ou partie des indemnités de chômage verséesà Mme X..., et débouté Mme X... de sa demande d’in-

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demnité pour violation de l’ordre des licenciements,l’arrêt rendu le 26 juin 2013, entre les parties, par lacour d’appel de Reims ; remet, en conséquence, sur cespoints, la cause et les parties dans l’état où elles se trou-vaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les ren-voie devant la cour d’appel d’Amiens.

No 13-23.573. Mutualité françaiseChampagne Ardenne SSAM,

venant aux droitsde la Mutualité française de la Marne

contre Mme X...

Président : M. Frouin – Rapporteur : Mme Depelley – Avocatgénéral : M. Weissmann – Avocats : Me Blondel, SCP Spi-nosi et Sureau

Sur la notion de permutabilité du personnel à l’inté-rieur du groupe pour satisfaire à l’obligation de reclasse-ment lors d’un licenciement économique, à rapprocher :

Soc., 2 juillet 2014, pourvoi no 13-12.048, Bull. 2014, V,no 164 (cassation).

Sur la notion de permutabilité du personnel à l’inté-rieur du groupe pour satisfaire à l’obligation de reclasse-ment lors d’un licenciement pour inaptitude, à rappro-cher :

Soc., 24 juin 2009, pourvoi no 07-45.656, Bull. 2009, V,no 163 (rejet), et les arrêts cités.

No 27

STATUT COLLECTIF DU TRAVAIL

Conventions et accords collectifs – Conventionsdiverses – Convention collective nationale de laboulangerie-pâtisserie du 19 mars 1976 – Ave-nant no 83 du 24 avril 2006 relatif à la mise enplace d’un régime de remboursement complé-mentaire de frais de soins de santé – Article 13 –Clause de désignation de l’organisme assureur –Validité – Conditions – Mise en concurrencepréalable de l’organisme de prévoyance assureur –Nécessité (non)

La Cour de justice de l’Union européenne a décidé, parun arrêt du 3 mars 2011 (CJUE, arrêt du 3 mars 2011,Ag2r Prévoyance, C-437/09) que l’affiliation obligatoireà un régime de remboursement complémentaire de fraisde soins pour l’ensemble des entreprises du secteur de laboulangerie et boulangerie-pâtisserie, à un seul opéra-teur, sans possibilité de dispense, était conforme à l’arti-cle 101 du Traité sur le fonctionnement de l’Unioneuropéenne (Traité FUE) ; elle a jugé, par le mêmearrêt, pour autant que l’activité consistant dans la ges-tion d’un régime de remboursement complémentaire defrais de soins de santé tel que celui en cause devait êtrequalifiée d’économique, que les articles 102 et 106 dutraité ne s’opposaient pas à ce que les pouvoirs publics

investissent un organisme de prévoyance du droit exclu-sif de gérer ce régime, sans aucune possibilité pour lesentreprises du secteur d’activité concerné d’être dispenséesde s’affilier audit régime ; enfin, il résulte des disposi-tions des articles 102 et 106 du traité qu’elles n’im-posent pas aux partenaires sociaux de modalités parti-culières de désignation du gestionnaire d’un régime deprévoyance obligatoire.

Est en conséquence cassé l’arrêt qui pour rejeter lesdemandes de l’organisme de prévoyance désigné par lespartenaires sociaux pour gérer le régime de rembourse-ment complémentaire de frais de soins de santé du sec-teur de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie, à l’égardd’un artisan boulanger en vue de régulariser son adhé-sion et de payer les cotisations de ses salariés dues depuisle 1er janvier 2007, retient que la clause de l’accord col-lectif par laquelle il avait été désigné comme unique ges-tionnaire, est illicite, aux motifs que cet organisme étantune entreprise exerçant une activité économique au sensde l’article 102 du Traité FUE, les partenaires sociauxne pouvaient le désigner qu’après l’avoir mis en concur-rence avec d’autres opérateurs économiques, alors qu’au-cun texte ne subordonne la validité d’une clause de dési-gnation prévue par un accord collectif de prévoyance àune mise en concurrence préalable.

11 février 2015 Cassation

Sur le moyen unique :

Vu les articles 101, 102 et 106 du Traité sur le fonc-tionnement de l’Union européenne, L. 912-1 du codede la sécurité sociale dans sa rédaction applicable aulitige et l’avenant no 83 du 24 avril 2006 à la conven-tion collective nationale de la boulangerie-pâtisserie du19 mars 1976 ;

Attendu selon l’arrêt attaqué que les représentantsdes employeurs et des organisations syndicales représen-tatives des salariés du secteur de la boulangerie et de laboulangerie-pâtisserie, soumis à la convention collectivenationale étendue des entreprises artisanales relevant dece secteur, ont conclu, le 24 avril 2006, un avenantno 83 à cette convention collective par lequel ils ontdécidé de mettre en oeuvre un régime de rembourse-ment complémentaire obligatoire des frais de santé pourles salariés entrant dans le champ d’application de cesecteur ; qu’Ag2r prévoyance a été désignée aux termesde l’article 13 de cet avenant pour gérer ce régime etl’article 14 a imposé à toutes les entreprises entrantdans le champ d’application de l’avenant no 83 de sous-crire les garanties qu’il prévoit à compter du 1er jan-vier 2007 ; que l’accord a été étendu au plan national,par arrêté ministériel du 16 octobre 2006, à toute labranche de la boulangerie et de la boulangerie-pâtisserie ; que M. X..., artisan boulanger ayantcontracté en 2006 auprès d’un autre organisme d’assu-rance complémentaire, a refusé de s’affilier au régimegéré par Ag2r prévoyance ; que cette dernière, soute-nant que l’adhésion était obligatoire, a obtenu uneordonnance enjoignant à M. X... de lui payer un rappelde cotisations ; que celui-ci a formé opposition et a saisiun tribunal de grande instance aux fins de voir pronon-cer la nullité de la clause de désignation contenue dans

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l’avenant no 83 comme contraire aux articles 9 et 102du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne(TFUE) ;

Attendu que pour accueillir cette demande et débou-ter Ag2r prévoyance de ses prétentions, l’arrêt retientque l’interprétation de l’article 102 du TFUE nécessitepréalablement que soit reconnue à Ag2r la qualificationd’entreprise qui comprend, dans le contexte du droit dela concurrence de l’Union, toute entité exerçant uneactivité économique, indépendamment du statut juri-dique de cette entité et de son mode de financement,laquelle se définit comme une activité consistant à offrirdes biens ou des services sur un marché donné ; que lafinalité sociale du régime de protection complémentaireobligatoire pour tous les salariés d’un secteur écono-mique n’est pas suffisante pour exclure la qualificationd’activité économique, exclusion possible seulement si lerégime concerné met en oeuvre le principe de solidaritéet s’il est soumis au contrôle de l’Etat qui l’a instauré ;qu’Ag2r bien que n’ayant pas de but lucratif et agissantsur le fondement du principe de solidarité, n’établit pasqu’elle est soumise au contrôle de l’Etat, de sorte que lecaractère économique de son activité doit être reconnu ;qu’Ag2r, en tant qu’entreprise exerçant une activitééconomique, se devait en conséquence d’être choisie parles partenaires sociaux sur la base de considérationsfinancières et économiques, parmi d’autres entreprisesavec lesquelles elle est en concurrence sur le marché desservices et de prévoyance qu’elle propose ; que faute dejustifier de cette mise en concurrence, sa désignation nerespecte pas les prescriptions de l’article 106 du TFUE ;

Attendu cependant que la Cour de justice de l’Unioneuropéenne a décidé, par un arrêt du 3 mars 2011(Ag2r prévoyance, C-437/09) que l’affiliation obliga-toire à un régime de remboursement complémentairede frais de soins pour l’ensemble des entreprises du sec-teur concerné à un seul opérateur, sans possibilité dedispense, était conforme à l’article 101 du Traité sur lefonctionnement de l’Union européenne ; qu’elle a jugé,par le même arrêt, pour autant que l’activité consistantdans la gestion d’un régime de remboursement complé-mentaire de frais de soins de santé tel que celui encause devait être qualifiée d’économique, que les arti-cles 102 et 106 du TFUE ne s’opposaient pas, dans descirconstances telles que celles de l’affaire, à ce que lespouvoirs publics investissent un organisme de pré-voyance du droit exclusif de gérer ce régime, sansaucune possibilité pour les entreprises du secteur d’acti-vité concerné d’être dispensées de s’affilier auditrégime ; qu’enfin, il résulte des dispositions des arti-cles 102 et 106 du traité qu’elles n’imposent pas auxpartenaires sociaux de modalités particulières de dési-gnation du gestionnaire d’un régime de prévoyanceobligatoire ;

Qu’en statuant comme elle a fait, en subordonnantla validité de la clause de désignation à une mise enconcurrence préalable par les partenaires sociaux de plu-sieurs opérateurs économiques, la cour d’appel a violéles textes susvisés ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 18 décembre 2013, entre les parties, parla cour d’appel de Douai ; remet, en conséquence, la

cause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel d’Amiens.

No 14-11.409. Ag2r prévoyancecontre M. X...

Président : M. Frouin – Rapporteur : Mme Mariette – Avocatgénéral : M. Weissmann – Avocats : Me Le Prado,SCP Fabiani, Luc-Thaler et Pinatel

Sur la conformité au Traité sur le fonctionnement del’Union européenne de l’affiliation obligatoire à unrégime de remboursement complémentaire de frais desoins pour l’ensemble des entreprises du secteur de laboulangerie et boulangerie-pâtisserie à un seul opérateursans possibilité de dispense, cf. :

CJUE, arrêt du 3 mars 2011, Ag2r Prévoyance, C-437/09.

No 28

STATUT COLLECTIF DU TRAVAIL

Conventions et accords collectifs – Conventionsdiverses – Convention collective nationale de laboulangerie-pâtisserie du 19 mars 1976 – Ave-nant no 83 du 24 avril 2006 relatif à la mise enplace d’un régime de remboursement complé-mentaire de frais de soins de santé – Article 13 –Clause de désignation de l’organisme assureur –Validité – Conditions – Mise en concurrencepréalable de l’organisme de prévoyance assureur –Nécessité (non)

Le Consei l const i tut ionnel dans sa déci s ionno 2013-672 DC du 13 juin 2013 a énoncé que ladéclaration d’inconstitutionnalité de l’article L. 912-1du code de la sécurité sociale n’était pas applicable auxcontrats pris sur ce fondement, en cours lors de la publi-cation de sa décision et liant les entreprises à celles quisont régies par le code des assurances, aux institutionsrelevant du titre III du code de la sécurité sociale et auxmutuelles relevant du code de la mutualité.

Il en résulte que les contrats en cours sont les actesayant le caractère de conventions ou d’accords collectifsayant procédé à la désignation d’organismes assureurspour les besoins du fonctionnement des dispositifs demutualisation que les partenaires sociaux ont entendumettre en place, voire les actes contractuels signés pareux avec les organismes assureurs en vue de lier ces der-niers et de préciser les stipulations du texte convention-nel de branche et ses modalités de mise en œuvre effec-tive.

Est en conséquence cassé l’arrêt qui pour rejeter lesdemandes de l’organisme de prévoyance désigné par lespartenaires sociaux pour gérer le régime de rembourse-ment complémentaire de frais de soins de santé du sec-teur de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie, à l’égard

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d’une société en vue de régulariser son adhésion et depayer les cotisations de ses salariés dues depuis le 1er jan-vier 2007, retient que la décision du Conseil constitu-tionnel du 13 juin 2013 prive l’article L. 912-1 ducode de la sécurité sociale de sa conformité à la Consti-tution et donc l’avenant litigieux à la convention collec-tive de sa légitimité en l’absence de contrat en cours àcette date entre cet organisme et l’entreprise.

11 février 2015 Cassation

Donne acte à la société Ag2r prévoyance de sa reprised’instance ;

Sur le moyen unique :

Vu l’article 62 de la Constitution, ensemble l’arti-cle L. 912-1 du code de la sécurité sociale dans sarédaction alors applicable et l’avenant no 83 à laconvention collective nationale de la boulangerie-pâtisserie du 19 mars 1976 ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que les représentantsdes employeurs et des organisations syndicales représen-tatives des salariés du secteur de la boulangerie et de laboulangerie-pâtisserie, soumis à la convention collectivenationale étendue des entreprises artisanales relevant dece secteur, ont conclu, le 24 avril 2006, un avenantno 83 à cette convention collective par lequel ils ontdécidé de mettre en œuvre un régime de rembourse-ment complémentaire obligatoire des frais de santé pourles salariés entrant dans le champ d’application de cesecteur ; qu’Ag2r prévoyance a été désignée aux termesde l’article 13 de l’avenant pour gérer ce régime etl’article 14 a imposé à toutes les entreprises entrantdans le champ d’application de l’avenant no 83 de sous-crire les garanties qu’il prévoit à compter du 1er jan-vier 2007 ; que l’accord a été étendu au plan national,par arrêté ministériel du 16 octobre 2006, à toute labranche de la boulangerie et de la boulangerie-pâtisserie ; que la société Pain d’or ayant contractéauprès d’un autre organisme d’assurance complémen-taire a refusé de s’affilier au régime géré par Ag2r pré-voyance ; que cette dernière soutenant que l’adhésionétait obligatoire a saisi un tribunal de grande instancepour obtenir la régularisation de l’adhésion et le paie-ment d’un rappel de cotisations ;

Attendu que pour rejeter ces demandes l’arrêt retientque la décision du Conseil constitutionnel du13 juin 2013 prive l’article L. 912-1 du code de lasécurité sociale de sa conformité à la Constitution etdonc l’avenant no 83 litigieux de sa légitimité et qu’enl’absence de contrat en cours à cette date entre Ag2rprévoyance et la société Pain d’or, la cour ne peut queréformer le jugement ;

Attendu, cependant, que le Conseil constitutionneldans sa décision du 13 juin 2013 a énoncé que ladéclaration d’inconstitutionnalité de l’article L. 912-1du code de la sécurité sociale n’était pas applicable auxcontrats pris sur ce fondement, en cours lors de lapublication de la décision et liant les entreprises à cellesqui sont régies par le code des assurances, aux institu-tions relevant du titre III du code de la sécurité sociale

et aux mutuelles relevant du code de la mutualité ; qu’ilen résulte que les contrats en cours sont les actes ayantle caractère de conventions ou d’accords collectifs ayantprocédé à la désignation d’organismes assureurs pour lesbesoins du fonctionnement des dispositifs de mutualisa-tion que les partenaires sociaux ont entendu mettre enplace, voire les actes contractuels signés par eux avec lesorganismes assureurs en vue de lier ces derniers et depréciser les stipulations du texte conventionnel debranche et ses modalités de mise en œuvre effective ;

Qu’en statuant comme elle a fait, la cour d’appel aviolé les textes susvisés ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,l’arrêt rendu le 7 janvier 2014, entre les parties, par lacour d’appel de Chambéry ; remet, en conséquence, lacause et les parties dans l’état où elles se trouvaientavant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoiedevant la cour d’appel de Grenoble.

No 14-13.538. Ag2r prévoyancecontre société Pain d’or,

et autres.

Président : M. Frouin – Rapporteur : Mme Mariette – Avocatgénéral : M. Weissmann – Avocats : Me Le Prado,SCP Fabiani et Luc-Thaler

Sur une illustration de la décision du Conseil constitu-tionnel précisant la date d’effet de la déclaration d’in-constitutionnalité, à rapprocher :

Com., 18 novembre 2014, pourvoi no 13-17.438, Bull. 2014,IV, no 171 (cassation partielle).

Sur la portée de la clause de migration contenue dansun accord professionnel ou interprofessionnel instituantdes garanties collectives complémentaires, à rapprocher :

Soc., 10 octobre 2007, pourvoi no 05-15.850, Bull. 2007, V,no 155 (rejet).

Sur la validité des clauses de l’avenant no 83 du24 avril 2006 relatif à la mise en place d’un régime deremboursement complémentaire de frais de soins de santédans le secteur de la boulangerie-pâtisserie, à rapprocher :

Soc., 11 février 2015, pourvoi no 14-11.409, Bull. 2015, V,no 27 (cassation).

No 29

STATUT COLLECTIF DU TRAVAIL

Conventions et accords collectifs – Dispositionsgénérales – Dénonciation – Effets – Conclusiond’un accord de substitution – Prolongation tem-poraire d’un avantage – Défaut – Portée

Dès lors que les dispositions de la convention collectivenationale du personnel des sociétés de Crédit immobilierde France du 18 mai 1988, dénoncée par la partie

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patronale le 27 juillet 2007, ont été remplacées parcelles de la convention collective nationale des sociétésfinancières du 22 novembre 1968 en application d’unaccord de substitution conclu le 18 décembre 2007 aveceffet au 1er janvier 2009, seules ces dernières s’ap-pliquent aux salariés à compter de cette date, sousréserve de la prolongation temporaire, prévue parl’accord de substitution, de certains avantages issus del’ancienne convention.

Doit dès lors être cassé le jugement qui, par applica-tion de l’article 50 de la convention conclue en 1968,prévoyant qu’elle ne peut être cause de réduction desavantages acquis, fait droit à la demande d’un salariéen paiement d’une prime d’ancienneté calculée selon lesdispositions de la convention de 1988 antérieurementapplicable, alors d’une part, que la prime d’ancienneténe figure pas au nombre des avantages dont la prolon-gation temporaire est prévue par l’accord de substitu-tion, et alors d’autre part, que si l’employeur s’est engagéà conserver cette prime acquise par le salarié avant le1er janvier 2009, cet engagement s’entend du montantde cette prime.

11 février 2015 Cassation

Sur le moyen unique :

Vu les articles L. 2261-9, L. 2261-11 et L. 2261-13du code du travail ;

Attendu, selon le jugement attaqué, que M. X...,engagé le 16 juillet 1976 par la société Crédit immobi-lier de France-Centre Ouest, a pris sa retraite le30 juin 2010 en qualité de cadre ; que la conventioncollective nationale des entreprises membres du réseauCrédit immobilier de France du 18 mai 1988, àlaquelle était soumis l’employeur, a été dénoncée le27 juillet 2007 et qu’un accord de substitution a étéconclu le 18 décembre 2007 par les partenaires sociauxprévoyant que la convention collective nationale dessociétés financières du 22 novembre 1968 se substituaità compter du 1er janvier 2009 à la convention pré-cédemment appliquée ; que le salarié a saisi la juridic-tion prud’homale de demandes de rappel de primed’ancienneté et de revalorisation de son indemnité defin de carrière en invoquant les dispositions plus favo-rables de la précédente convention en application del’article 50 de la nouvelle convention ;

Attendu que pour accueillir ces demandes, le juge-ment retient que les avantages acquis étaient l’ensembledes avantages consentis par l’application de la conven-tion collective, que la prime d’ancienneté devait êtrecalculée selon les dispositions de la convention collec-tive des sociétés financières, compte tenu de l’accord desubstitution, que cependant l’employeur n’avait pas faitapplication de l’article 50 de ladite convention qui pré-voyait que la convention ne s’appliquait pas si l’avan-tage concédé précédemment était plus favorable au sala-rié, que l’employeur avait confirmé, par lettre du8 janvier 2009, que la prime d’ancienneté acquise anté-rieurement était conservée, qu’en conséquence, l’arti-cle 50 de la convention s’appliquait sur le calcul de laprime d’ancienneté en ce que cet article prévoyait

l’application de la disposition antérieure réputée plusfavorable au salarié pour le mode de calcul et non surle quantum de la prime ;

Qu’en statuant comme il l’a fait, alors, d’une part,qu’il constatait que la prime d’ancienneté et son modede calcul résultaient des dispositions de la conventioncollective nationale du personnel des sociétés de Créditimmobilier de France, dénoncée par la partie patronalele 27 juillet 2007, et dont les dispositions avaient étéremplacées par celles de la convention collective natio-nale des sociétés financières en application d’un accordde substitution conclu le 18 décembre 2007 avec effetau 1er janvier 2009, de sorte que ces dernières s’appli-quaient, seules, aux salariés à compter de cette date,sous réserve de la prolongation temporaire, prévue parl’accord de substitution, de certains avantages aunombre desquels ne figuraient pas ceux relatifs à laprime d’ancienneté, et alors, d’autre part, que sil’employeur s’était engagé à conserver la prime d’an-cienneté acquise par le salarié avant le 1er janvier 2009,cet engagement s’entendait du montant de cette prime,le conseil de prud’hommes a violé les textes susvisés ;

Par ces motifs :

CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, lejugement rendu le 28 janvier 2013, entre les parties,par le conseil de prud’hommes de Poitiers ; remet, enconséquence, la cause et les parties dans l’état où ellesse trouvaient avant ledit jugement et, pour être faitdroit, les renvoie devant le conseil de prud’hommes deNiort.

No 13-13.689. Société Crédit immobilierde France-Centre Ouest

contre M. X...

Président : M. Frouin – Rapporteur : M. Déglise – Avocatgénéral : M. Weissmann – Avocat : SCP Célice, Blancpain,Soltner et Texidor

No 30

TRAVAIL REGLEMENTATION, CONTROLEDE L’APPLICATION DE LA LEGISLATION

Règlement intérieur – Modification – Matièresrelevant de la compétence du comité d’hygiène,de sécurité et des conditions de travail – Oppo-sabilité au salarié – Conditions – Détermina-tion – Portée

Il résulte des dispositions de l’article L. 1321-4 du code dutravail que les clauses du règlement intérieur ne peuventêtre modifiées qu’après que le projet a été soumis à l’avisdu comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de tra-vail (CHSCT) pour les matières relevant de sa compé-tence.

Doit en conséquence être approuvé l’arrêt qui, pourcondamner l’employeur à payer au salarié une contre-partie financière pour les temps d’habillage et de désha-

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CINQUIÈME PARTIE CHAMBRE SOCIALE

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billage, retient que la modification par l’employeur durèglement intérieur pour dispenser les salariés de revêtiret d’enlever leur tenue de travail au sein de l’entreprise,intervenue sans recueillir l’avis du CHSCT, n’était pasopposable au salarié.

11 février 2015 Rejet

Attendu, selon l ’arrêt attaqué (Toulouse,21 février 2013), que M. X... qui exerce les fonctionsd’adjoint chef de magasin avec un statut d’agent demaîtrise, au sein de la société Aldi marché (la société),spécialisée dans le commerce alimentaire, a saisi la juri-diction prud’homale ;

Sur le deuxième moyen :

Attendu que la société fait grief à l’arrêt de dire quele salarié est en droit de percevoir une rémunérationpour ses temps d’habillage et de déshabillage et de lacondamner à payer une somme à ce titre, alors, selon lemoyen, que le comité d’hygiène, de sécurité et des condi-tions de travail a pour mission de contribuer à la protec-tion de la santé physique et mentale et de la sécurité destravailleurs, et de contribuer à l’amélioration des condi-tions de travail, notamment en vue de faciliter l’accès desfemmes à tous les emplois et de répondre aux problèmes liésà la maternité ; qu’en conséquence, il n’a pas à êtreconsulté préalablement à la modification du règlementintérieur intervenue pour préciser que les salariés peuventrevêtir les vêtements de travail fourmis par l’employeur endehors de l’entreprise dès lors qu’il s’agit pour eux de venirtravailler ou de rentrer à leur domicile après le travail ;qu’en affirmant le contraire, la cour d’appel a violé lesarticles L. 4612-1 et L. 1321-4 du code du travail ;

Mais attendu qu’il résulte des dispositions de l’arti-cle L. 1321-4 du code du travail que les clauses durèglement intérieur ne peuvent être modifiées qu’aprèsque le projet a été soumis à l’avis du comité d’hygiène,de sécurité et des conditions de travail pour les matièresrelevant de sa compétence ;

Et attendu qu’ayant relevé, qu’alors que l’article 16du règlement intérieur prévoyait que les vêtements detravail ne devaient pas être portés en dehors du lieu etdes heures de travail, l’employeur avait introduit, à

compter du mois de mai 2009, une exception permet-tant au salarié de venir et de repartir de son travail enportant sa tenue de travail, sans soumettre cette modifi-cation au comité d’hygiène, de sécurité et des condi-tions de travail, la cour d’appel a décidé à bon droitque cette modification n’était pas opposable au salarié ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Sur le troisième moyen :

Attendu que le moyen, qui n’est dirigé que contre lapartie du dispositif de l’arrêt ayant ordonné une mesured’expertise et déterminé la mission de l’expert, est irre-cevable ;

Et attendu qu’il n’y a pas lieu de statuer par unedécision spécialement motivée sur le premier moyen quin’est manifestement pas de nature à entraîner la cassa-tion ;

Par ces motifs :

REJETTE le pourvoi.

No 13-16.457. Société Aldi marchécontre M. X...

Président : M. Frouin – Rapporteur : Mme Mariette – Avocatgénéral : M. Weissmann – Avocats : SCP Gatineau et Fat-taccini, Me Delamarre

Sur une illustration d’adjonction au règlement inté-rieur nécessitant l’avis du comité d’hygiène, de sécurité etdes conditions de travail, à rapprocher :

Crim., 26 juin 1990, pourvoi no 88-84.251, Bull. crim. 1990,no 261 (rejet).

Sur les conséquences du défaut d’accomplissement parl’employeur des diligences légales relatives au règlementintérieur, à rapprocher :

Soc., 9 mai 2012, pourvoi no 11-13.687, Bull. 2012, V,no 134 (rejet), et les arrêts cités.

Sur le caractère cumulatif des conditions tenant auport obligatoire d’une tenue de travail et à la réalisationdes opérations d’habillage et de déshabillage sur le lieude travail pour le bénéfice des contreparties, à rappro-cher :

Ass. plén., 18 novembre 2011, pourvoi no 10-16.491,Bull. 2011, Ass. plén., no 8 (rejet), et l’arrêt cité.

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