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« Ce sont des thématiques d’actualités qui ont été débattues pour la deuxième année consécutive entre éleveurs autour d’un déjeuner et dans un espace réservé au SPACE. Trois jours, trois thèmes, trois déjeuners-débats du 17 au 19 septembre 2014 qui ont réunis plus de 200 personnes ! Loin des GRANDES conférences, les éleveurs parlent ici aux éleveurs en toute simplicité et transparence. C’est aussi l’esprit de l’accueil des groupes de France sur les exploitations brétiliennes qui proposent visites et hébergement. Les agriculteurs ont osé avec originalité parler de leur bien-être au travail, de la réorganisation de leurs filières, de la santé de leur troupeau : Quel chef d’entreprise ose aujourd’hui se dévoiler en toute transparence? Les agriculteurs et agricultrices bien sûr, comme ces rendez-vous le démontrent ! Ces déjeuners débats organisés par la FRGEDA Bretagne et TRAME prouvent aux citoyens, aux consommateurs, aux industries de l’agro-alimentaire et autres organisations professionnelles agricoles que la qualité de nos produits ne résulte pas d’une réglementation parfois obscure et subie mais bien d’expérimentations individuelles et partagées : essence d’un véritable savoir-faire. Alors faisons le savoir ! A travers la lecture de cette lettre retrouver toute l’histoire de cette action et la synthèse de ces 3 jours ainsi que les principaux évènements 2015 à venir du réseau régional. Bulletin du réseau des groupes de développement agricoles bretons pour une agriculture écologiquement performante DECEMBRE 2014 EDITO « Ici, le SPACE, les éleveurs parlent aux éleveurs ». Et pas de regret si vous avez loupé l’édition 2014 des éleveurs parlent aux éleveurs, celle de 2015 est déjà en préparation! Vous pouvez contacter Sandra (02 23 48 27 87) si vous souhaitez témoigner votre expérience dans ce cadre convivial. Christine LAIRY, éleveuse et responsable de l’action

Bulletin du réseau des groupes de développement agricoles … · 2015. 4. 16. · Nul doute u’auSPACE 2015, ces rencontres trouveront un nouvel écho. Le SPACE est heureux de

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« Ce sont des thématiques d’actualités qui ont été débattues pour la deuxième année consécutive entre

éleveurs autour d’un déjeuner et dans un espace réservé au SPACE. Trois jours, trois thèmes, trois

déjeuners-débats du 17 au 19 septembre 2014 qui ont réunis plus de 200 personnes !

Loin des GRANDES conférences, les éleveurs parlent ici aux éleveurs en toute simplicité et

transparence. C’est aussi l’esprit de l’accueil des groupes de France sur les exploitations brétiliennes qui

proposent visites et hébergement. Les agriculteurs ont osé avec originalité parler de leur bien-être au

travail, de la réorganisation de leurs filières, de la santé de leur troupeau :

Quel chef d’entreprise ose aujourd’hui se dévoiler en toute transparence? Les agriculteurs et agricultrices

bien sûr, comme ces rendez-vous le démontrent !

Ces déjeuners débats organisés par la FRGEDA Bretagne et TRAME prouvent aux citoyens, aux

consommateurs, aux industries de l’agro-alimentaire et autres organisations professionnelles agricoles

que la qualité de nos produits ne résulte pas d’une réglementation parfois obscure et subie mais bien

d’expérimentations individuelles et partagées : essence d’un véritable savoir-faire. Alors faisons le savoir

!

A travers la lecture de cette lettre retrouver toute l’histoire de cette action et la synthèse de ces 3 jours

ainsi que les principaux évènements 2015 à venir du réseau régional.

Bulletin du réseau des groupes de développement agricoles bretons

pour une agriculture écologiquement performante

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EDITO« Ici, le SPACE,

les éleveurs parlent aux éleveurs ».

Et pas de regret si vous avez loupé

l’édition 2014 des éleveurs parlent

aux éleveurs, celle de 2015 est déjà

en préparation!

Vous pouvez contacter Sandra (02

23 48 27 87) si vous souhaitez

témoigner votre expérience dans

ce cadre convivial.

Christine LAIRY,

éleveuse et responsable de l’action

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« Les éleveurs parlent aux éleveurs…Et qu’est-ce qu’ils se racontent ?... Des histoires d’éleveurs.

Le SPACE est une formidable vitrine technologique mais ce sont surtout les commerciaux qui parlent aux éleveurs.L’innovation technologique, qu’elle soit génétique, informatique, mécanique, … ne vaut que si elle est comprise et utiliséeà bon escient.Acheter « LA » dernière nouveauté n’a d’intérêt que si elle s’intègre parfaitement dans la stratégie globale del’exploitation. Le SPACE est un moment privilégié pour rencontrer la recherche, la filière, les organisationsprofessionnelles… et surtout les collègues. C’est l’occasion d’échanger sur les évolutions de pratiques, les améliorationsapportées, les réussites et les échecs.L’imagination est source d’innovation et d’invention futures. Il faut distinguer l’innovation technologique « matérielle » del’innovation intellectuelle « organisationnelle ».Qu’est ce qui est le plus innovant ? Le fait que trois éleveurs d’une même commune acquièrent chacun un robot de traiteou le fait qu’ils achètent la même marque pour avoir un stock de pièces en commun et établir un roulement d’astreinte leweek-end ?Comment un méthaniseur ou une dessileuse en commun va susciter des formes d’entraides collectives innovantes enmodifiant l’assolement, la répartition des déjections, l’organisation du travail… Chaque exploitation individuelle devientalors une partie plus ou moins importante d’un collectif qui permettra d’être plus compétitif demain.« Les éleveurs parlent aux éleveurs », c’est aussi l’occasion d’accueillir des agriculteurs d’autres régions et de leursprésenter les spécificités de la Bretagne. C’est l’occasion de nouer des contacts et d’aller à la rencontre d’autres systèmespour y puiser des idées.

Les éleveurs parlent aux éleveurs : des hommes plutôt que des machines !»

Pascal Pommereul, éleveur et membre du comité organisateur

Ces déjeuners-débats sont aussi l’occasion pour des éleveurs

de toute la France d’être accueillis par leurs collègues

bretons sur 2 jours pour découvrir l’agriculture bretonne, et

ainsi profiter du SPACE.

Pas de grands discours, pas de longs exposés, mais des témoignages, des exemples concrets d’éleveurs qui réussissent, des échanges entre éleveurs

de toute la France.

l'éleveur et son TRAVAIL :

Face à la surcharge de travail,

l’éparpillement des parcelles, la

pression psychologique… des

éleveurs s’en sortent bien !

l'éleveur et son AVENIR :

Faut-il continuer à s’agrandir ?

Changer de laiterie ?

Rechercher l’autonomie en

protéines ? Changer de métier ?

Face à ces questions, des

éleveurs sont sereins !

l'éleveur et la SANTE de son

troupeau :

Prévenir les maladies, observer

les animaux, réduire les

antibiotiques, pratiquer les

médecines alternatives, … Des

éleveurs innovent !

Edition 2014,

3 jours, 3 thèmes,

3 déjeuners-débats

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AU SPACE,TOUS LES ELEVEURS SONT CHEZ EUX

Depuis 30 ans, le SPACE est un lieu de rencontre entre éleveurs, entre professionnels del’élevage. Rien d’étonnant, puisque le SPACE est un Salon organisé par des éleveurs pour leséleveurs. Au SPACE, tous les éleveurs sont chez eux.Il n’est donc pas surprenant non plus que l’initiative prise par la FRGEDA, d’organiser lesrencontres « les éleveurs parlent aux éleveurs » ait connu d’emblée un réel succès dès sapremière édition en 2013, succès encore amplifié l’an dernier.Nul doute qu’au SPACE 2015, ces rencontres trouveront un nouvel écho.Le SPACE est heureux de permettre aux éleveurs des groupes de développement d’avoir un lieuet des moments d’échanges conviviaux, qui sont tout à fait complémentaires avec la visite duSalon.

Nous vous disons donc d’avance, Bienvenue au SPACE 2015.

Paul KERDRAON Marcel DENIEULCommissaire Général Président

Plus de 200 personnes ont participé sur les 3 jours.

L’objectif de parler d’élevage avec optimisme estatteint. Tous les éleveurs ont su montré l’amour dumétier et qu’il est possible de réussir en élevage laitier,qu’il n’y a pas une seule voie ou un seul système, maisune diversité. Ils ont démontré également que lesgroupes de développement du réseau sont des lieux dediscussions, d’échanges, de questionnement, mais aussid’assurance, d’expérimentation et d’innovation.

Les adhérents des groupes de notre réseau de l’ouest sesont déplacés(Bretagne, Manche, Sarthe), il y avaitmême des agriculteurs des côtes d’Armor, départementoù les groupes de développement ne sont pasreprésentés.

Des éleveurs présents au Space ont également participéspontanément à ces déjeuners débat en se présentantle jour même.

A noter qu’il y a eu quelques conseillers d’entreprise deChambres d’agriculture, des ingénieurs du BTPL, desvétérinaires et même des personnalités politiquesdurant les 3 jours. Cela montre l’intérêt destémoignages et retours d’expériences : c’est du concretet du vécu !

La presse a apprécié et a participé: France Agricole,Eleveur laitier, Réussir Lait, Terre-Net, Pâtre, Terra,Argos, TV Rennes. L'AFP est venue deux jours. L’articlede l’AFP sur les antibiotiques et les débats de vendrediest passé sur Agrisalon, Terre-Net, Web-Agri.

Un bilan très positif pour cette deuxième édition

Tous nos remerciements à nos partenaires !…au comité organisateur du SPACE pour la mise à disposition du chapiteau

…aux éleveurs du réseau qui ont témoignés …aux grands témoins qui ont apporté leur contribution à ces échanges!

… aux agriculteurs bénévoles qui nous aidé dans l’organisation de ces déjeuners… à nos partenaires financiers qui nous fait confiance

… a tous les participants qui ont permis d’enrichir les débats

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«Face à la surcharge de travail, l’éparpillement des parcelles, la pression psychologique… des éleveurs qui s’en sortent bien ! »

Travailler fort, durant de longues heures voilà l’image longtemps attribuée aux métiers de l’élevage.Aujourd’hui, les préoccupations des agriculteurs portent de plus en plus sur la charge de travail et sesconséquences sur la vie familiale et sociale à laquelle ils aspirent.Lier efficacité du travail, rentabilité économique et qualité de vie, c’est possible ! Les agriculteurs du réseauFRGEDA explorent cette question sous différents angles et trouvent grâce à l’appui du collectif des solutions àmettre en œuvre sur leurs exploitations comme le montre la diversité des témoignages d’éleveurs apportés lorsdu déjeuner-débat du 17 septembre.

Pour le couple Lorret, éleveurs laitiers, membres desGEDA35, c’est l’installation de Gwenaëlle sur la fermequi a provoqué la réflexion. La salle de traite, vieille de30 ans, entrainait des temps de traite importants. Aprèsquelques mois de réflexion avec l’appui de leur groupelait, les deux associés ont démarré leur projet de robotde traite.

Sur l’exploitation de Charles Antoine Pannetier, éleveurlaitier en Ille et Vilaine et membre des CETA 35, il a fallus’adapter à des agrandissements successifs liés à desdéparts et des arrivées d’associés. Après 3rassemblements d’exploitations, en 5 ans l’exploitationest passée de 2 à 4 associés, de 90 VL à 170 VL, de 100ha à 180 ha. La stabulation a été agrandie, le matérielmodernisé. La ferme a été informatisée et équipéed'une nouvelle salle de traite. Il fallut à chaque foisadapter l’organisation entre les associés. « Ce n’est pasfini, avec le départ de mon oncle, un troisième cousinviendra nous rejoindre».

Pour Hervé Lesergent, éleveur de porc, en ateliernaisseur engraisseur et membre de Res’Agri56 c’est laquestion de la mise aux normes qui a été l’élémentdéclencheur. Après réflexion sur son système, son choixs’est porté sur une maternité collective, tout en gardantun atelier d’engraissement. Hervé a dû apprendre àtravailler en collectif et c’est une organisation de

cogestion qui s’est mise en place entre les 5 associés.Hervé est particulièrement chargé de la gestion desrelations humaines au sein de l’entité collective.

De plus en plus d’agriculteurs sont persuadés del’importance de travailler dans de bonnes conditions,comme Bertrand Paviot, éleveur laitier et membreGEDA35. « J’ai travaillé avec la MSA sur tout ce quitouche à la sécurité au travail, à la prévention desaccidents, à l’ergonomie du poste de travail ». En 2012,il engage une réflexion pour alléger sa charge de travaildevenue pesante avec l’augmentation de la quantité delait produite. Il décide en 2013 d’entrer dans ungroupement d’employeurs et de confier ses travaux decultures aux salariés de la CUMA.

Dans la Manche, Isabelle Boulanger, éleveuse laitièreprésente son groupe Agrinana, « Nous abordons laquestion de l’organisation du travail sous l’angle deshabitudes et de la répétition machinale des gestesquotidiens. » La prise de recul sur les habitudes recèledes marges de progrès. Marie Laure Collet, du cabinetde recrutement ABAKA confirme « le pire ennemi, c’estl’habitude. Certes les habitudes donnent le sentiment destructurer la journée mais c’est surtout une réponse à lapeur de l’inconnu. Or, on est toujours capable des’adapter.

Du déclenchement de la réflexion au choix de la solution…

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Ce que tous recherchent ? Dégager du temps libre,améliorer les conditions de travail, avoir une viefamiliale, augmenter l’efficacité du travail, mieuxcontrôler les situations à risque, réduire la pénibilité…tout en combinant la rentabilité de l’exploitation.

«Dans mon groupe AGRINANA, nous souhaitonsconcilier vie professionnelle et vie privée. Nous avonscertes un métier, mais nous sommes aussi des femmeset des mères de famille » nous dit Isabelle Boulanger,éleveuse laitière et membre du CRDA Manche. Pourcela, son groupe met en place des formations et destemps d’échanges conviviaux comme une sortie aux îlesChausey. Quelques semaines après la formation, lesagricultrices produisent des saynètes qui mettent enscène leur quotidien et les changements quiaméliorent le quotidien « Des améliorations concrètessont ainsi apportées sur les exploitations. » .Brtrand Paviot : « Je préfère passer mon temps dans

l’élevage avec les animaux plutôt que sur le tracteur.Aujourd’hui je produis 275.000 L de lait et j’ai unecapacité de production à 300 000L. Par contre je n’iraispas au-delà dans le souci de maintenir ma qualité devie» . Chez Gwenaëlle Lorret, le robot de traite permetmaintenant « plus de souplesse, notamment pours’occuper de nos enfants en bas âge. Avant, je devaisme lever à 5h pour finir la traite à 7h ». De plusl’éleveuse est satisfaite de ses résultats techniques:

«que ce soit les butyriques, la lipolyse, les cellules, onn’a pas de souci particulier lié au robot et pour lesmammites, on n’en a pas plus, pas moins qu’avant ». Cequi est évident pour elle : « je ne reviendrais pas enarrière, on a gagné en qualité de travail et c’est moinspénible ».Aujourd’hui la réunion des quatre associés surl’exploitation de Charles Antoine Pannetier, permet deséconomies d'échelle, une diminution des charges etune meilleure rentabilité, mais pas seulement… Grâceune bonne organisation des week-ends de garde avecses associés, il se libère 3 week-ends sur 4 et peutprendre 4 semaines de congés chaque année.Pour Hervé Lesergent « ce passage à une maternitécollective tout en gardant un atelier d’engraissement apermis une progression du revenu et l’’optimisation dutemps de travail. ».« Ces témoignages montrent bien… », a commentéAnnette Hurault de la Chambre d’agriculture d’Ille etVilaine «… que la personne est l’élément le plusimportant à prendre en compte pour trouver la ou lesbonnes solutions à la question du travail. Chacunréfléchit à ses solutions par rapport à ses valeursportées et ses objectifs personnels, d’où la diversité dessolutions mises en œuvre dans les exploitations ».Marie Laure Collet, du cabinet Abaka Conseil souligneaussi l’intérêt « de mettre en place une organisation dutravail avec laquelle le décideur est en phase. »

Pour améliorer sa qualité de vie mais pas seulement…

L’appui du groupe dans la prise de décision

Les témoins confient tous que le groupe a permis de nourrir leurréflexion sur la question du travail et de la rentabilité de leurexploitation.« L’essentiel de mes choix a été réalisé suite à des discussions et deséchanges qui ont eu lieu en groupe lait » confie Bertrand Paviot«nous n’avons qu’une vie. Certains jeunes ne sortent pas de leursexploitations, c’est dommage car on apprend toujours quelquechose en échangeant avec ses pairs ». Charles Antoine, jeuneagriculteur confirme "L’appui du groupe m’a permis de puiser desidées pour faire évoluer la gestion de notre exploitation. Quand onest jeune, on ne sait pas tout. » Pour Isabelle, le groupe est aussiune aide précieuse pour trouver des solutions évidentes quel’éleveur ne voit pas par habitude « C’est, par exemple, faireremarquer à une éleveuse, de changer une ampoule grillée depuisquelques temps pour pallier à l’absence de lumière. ». Hervé et sesassociés se retrouvent également au sein d’un même grouped’agriculteurs pour comparer leurs résultats techniques etéconomiques.

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«Faut-il continuer à s’agrandir ? Changer de laiterie ? Rechercher l’autonomie enprotéines ? Changer de métier ? Face à ces questions, des éleveurs sont sereins ! »

Dans un contexte d’après-quotas laitier mais aussi de réorganisation de filière (porcs, volailles,….), les éleveursdoivent faire des choix et s’adapter sans cesse à un contexte de production, fluctuant au rythme des marchés etdes stratégies des laiteries et de l’industrie agroalimentaire. Mais quelles stratégie adopter sur monexploitation? C’est en groupe, que les éleveurs du réseau FRGEDA, explorent cette question pour mettre enplace une stratégie cohérente sur leur exploitation.

Pour faire face à cette question, chaque éleveur adopte une stratégie qui correspond le mieux à sesvaleurs et à ses contraintes. D’où la diversité des points vue, des systèmes et des leviers mis en œuvre.«Ce qui compte, ce sont les choix, pas les modèles. Ces choix sont opérés par les agriculteurs, pas par leurentourage. », nous confie Karen Serres, éleveuse et présidente de TRAME

Une diversité de stratégies pour anticiper l’avenir:

un éleveur, une exploitation, une stratégie !

Gaelle Cossec et son mari, producteurs de lait à Pouldreuzic(29) et membres des comités de développement duFinistère, ont fait le choix de changer de système : «Nousétions dans un modèle classique, maïs–ensilage avec desdifficultés que la crise laitière de 2009 a accentué. Il fallaitplus de concentrés pour produire plus de lait pour tenir lecoup. Plus nous mettions de concentrés, plus les vachesétaient malades. Depuis 2 ans, nous nous sommes orientésvers un système herbager, 84 ha d'herbe et du méteil sur 115ha. Nous avons réduit notre dépendance vis-à-vis del’extérieur. Les vaches produisent moins de lait, et nous avonsgagné en autonomie financière. L’effet bénéfique se faitsentir sur la trésorerie ».

Jean Dumoncel, est le monsieur« Protéines » du Cotentin. Eleveur laitier àAcqueville (50) et membre du CRDAManche, sa stratégie passe par l’autonomiealimentaire. Son objectif est de produireses protéines à la ferme en cultivant desprotéagineux et en valorisant au mieux lesprairies. Il met en place des essais deculture de méteil et des mélanges prairiauxinnovants. Il échange ses résultats avec lesagriculteurs de son groupe (CotentinRéseau Rural). La mission de son groupec’est de faire réfléchir les gens et nond’imposer des systèmes. « Pour nous,chaque exploitation est un cas particulier».Son leitmotiv « ne pas être à la merci desgrandes firmes, et en plus comme c’est bonpour le porte-monnaie, alors c’est bon pourle moral ! »

Changer rapidement de système pour sortir de crise

Rechercher l’autonomie protéique

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Pour Marie Pierre Racouet, éleveuse laitière à Pleucadeuc (56)et Jean François Le Bourhis, éleveur laitier à Guiscriff (56), deuxmembres de Res’agri56, l’avenir de l’élevage passe par laréflexion prospective. « en groupe prospective, on part à lapêche aux informations, on interviewe des experts…Je suis dansun système extensif herbager mais j’ai découvert qu’il y a desagriculteurs experts de la pousse de l’herbe qui ont dessolutions pour que je fasse mieux » explique Marie Pierre.

Pour Vincent Grégoire, éleveur de porcs à la Chapelle desFougeretz (35) et membre du CETA35« on ne prend pasassez de temps pour communiquer sur le choix de nossystèmes. Il faut veiller à ne pas perdre la valeur ajoutéegénérée par nos efforts. Le maintien des outils industrielscomme les abattoirs ne passe pas forcément par le volumetransformé, mais aussi par la valorisation de cette qualité.

Tous les témoins en ont parlé, l’appui du groupe conforte et aide à la prise de décision.“C’est ici que vous trouverez les solutions pour être des éleveurs bien dans votre boulot. C’estpar l’échange d’expérience qu’on trouve les inspirations. » a exprimé Katrine Lecornu,éleveuse et Présidente du réseau EDF (European Dairy Farmers) qui intervenait en tant quegrand témoin. « En France, ce qui manque, c’est la motivation. En Hollande, ils ont créé unpays sous le niveau de la mer. Ils ont l’esprit « yes, we can ! ». Cette motivation, on l’aretrouvé dans les groupes agriculteurs. »Pour Yannick Bouillis, « Dans le groupe, on se parle en toute transparence, on expose nos

chiffres et nos techniques, on se compare dans l’idée d’avancer. Finalement, le groupe nouspermet d’être des agriculteurs réveillés ».« Certains collègues dans mon groupe prospective veulent s’intensifier encore, d’autres

souhaitent faire un choix inverse. C’est la confrontation de ces visions parfois très différentesqui nous confortent par la suite dans notre prise de décision. », confie Jean François LeBourhis. Pour Gaëlle Cossec et son mari « le groupe lait nous a permis de valider en partieles choix d’orientations que nous étions en train de prendre. Il a aussi été une aidepsychologique quand nous avons rencontré des problèmes. »

Yannick Bouillis, éleveur laitier àEpinac (35) partage cette vision del’avenir. « Notre réflexion par contreest très évolutive. L’agrandissementdu troupeau prévu est calé surl’existant (fosse, fumière) pourlimiter les investissements. Nousdevrions passer de 420.000 litres à650.000 litres produits dans lesannées à venir.». Christian Pirot,éleveur de vaches laitières et deporcs charcutiers, membre des GEDA35 « en 20 ans on a multiplié notreproduction par 4. Mais là on arrive àsaturation du point de vue du travail

et de notre capacité à épandre leseffluents. Maintenant nouscherchons à optimiser notreproduction laitière dans lesbâtiments actuels.». Avec la fin desquotas, il envisage par exemple deproduire moins de blé au profit deprotéagineux tels que le colza ou laluzerne, l’utilisation d’une dessileusecollective,...Pour Jean François Le Bourhis,éleveur laitier à à Guiscriff (56), «mastratégie sera de réduire maproduction de céréales. Avec malaiterie, nous avons déjà envisagé

plusieurs scénarios sur 20 ans. Parexemple, sur cinq ans, nouspourrions fournir près de 100 000litres de lait supplémentaires. Chezmoi, le facteur limitant sera lasurface nécessaire pour la gestiondes effluents azotés. » Jean Françoistout comme Yannick et Christiann’oublient pas d’intégrer le travaildans leur réflexion. : changement desalle de traite, délégation de travauxde cultures, échanges parcellairesengagés, distributeur automatiqued’aliments…

Augmenter sa production laitière en optimisant l’existant et limitant les investissements

Anticiper l’avenir en adoptant une vision prospective

Communiquer sur la valeur ajoutée de nos choix

Se poser les bonnes questions grâce aux groupes

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«Prévenir les maladies, observer les animaux, réduire les antibiotiques, pratiquer lesmédecines alternatives, … Des éleveurs innovent ! »Moins d’antibiotique dans les élevages, c’est l’ambition du plan écoantibio 2017 mis en place par le ministère encharge de l'agriculture! Le éleveurs des groupes de développement n’ont pas attendu ce plan pour se mettre enmarche face au combat de l’antibioresistance. Pour répondre à une attente des consommateur mais aussi parconviction des éleveurs déjà ont entamé la mutation. « c’est aussi une volonté des agriculteurs de prendre enmain l’avenir de leur métier avant qu’on ne leur impose, comme cela a pu être le cas pour l’environnement »explique Christine Lairy, éleveuse et responsable de l’évènement les éleveurs parlent aux éleveurs.

Changer son mode de réflexion, se former, 2 conditions indispensablesUne étude menée fin 2013 parmi400 éleveurs choisis au hasard enBretagne a fait apparaître que20% d'entre eux utilisaient desmédecines alternatives poursoigner leurs animaux, commel'homéopathie, l'aromathérapieou les huiles essentielles. "C'estbeaucoup plus que nous nel'estimions. Et chez les éleveursbio, c'est énorme", a expliquéGrégoire Kuntz, vétérinaire auGroupement de défense sanitaire(GDS) des Côtes d'Armor,l'organisme qui a conduit cetteétude.

« Les antibiotiques ça marche bien… mais c’est pas si net. En voyant d’autres enutiliser moins, on se dit “pourquoi pas moi ? Ce qui n’est pas facile, c’est dechanger de système. Dans ces approches, on ne soigne pas la maladie, maisl’animal, ça demande un regard différent, qu’il faut s’exercer à avoir » expliqueSonia Fretay, éleveuse laitière à Saint Georges de Reintemabult (35) et membrede CETA35. Utiliser de nouvelles méthodes n'est pas aussi simple qu'il y paraît,c’est pourquoi tous les témoins ont insisté sur l’importance de la formation.« C’est indispensable : pour mettre en œuvre ces pratiques, il faut descompétences bien spécifiques, et ces compétences, il faut les acquérir petit à petitpar de la formation. » a souligné Sonia.Pascal Pommereul, éleveur laitier à ST Brice en Cogles (35) et membre CETA 35,souligne aussi qu’il faut que l’éleveur trouve la technique qui lui convienne « pourmoi ce qui compte c’est l’aspect pratique : une piqûre, c’est simple et rapide. Lestraitements avec plusieurs huiles en mélange, c’est plus compliqué. » . En effet,comme le souligne Catherine Dishenhaus, Enseignante-chercheuse à AgrocampusRennes “l’organisation du travail est parfois un frein pour un soin suffisant auxanimaux : ça prend du temps et de l’attention, au détriment d’autres tâches…”

Des résultats encourageants…

« En termes de réussite, ce que nous observons, c'est que les résultats sont aussi bonsqu'avec les antibiotiques. Mais, pour confirmer ça, on est en train de faire desstatistiques avec notre vétérinaire", a résumé Yaap Zuurbier, éleveur laitier àPlounévézel (Finistère) et membre du comité de développement 29.Françoise Sourdin a fait le calcul « j’estime sur le dernier exercice avoir gagné4€/1000L par rapport à la moyenne des centres de gestion“. Sur l’exploitation d’AgnèsHardy, les frais vétérinaires ont été réduit également “98% des soins que j’apporte lesont par homéopathie ou aromathérapie. Je vois peu le véto.”. Sonia Fretay et sesassociés sont également très satisfaits : « Nous ne traitons que 10 % des diarrhéesnéonatales à l’antibiotique, le reste grâce à l’aromathérapie. Pour les non-délivrances,je préfère l’homéopathie, je ne pique plus que 2 ou 3 vaches sur 20. Sur lesmammites, avec l’aromathérapie, j’ai un taux de réussite d’environ 80 % ».Dominique Thomas, éleveur de vaches laitières à Lampaul-Ploudalmézeau (29) etmembre du comité de développement 29, est passé en bio en 2009. Il a"désintensifié" sa production, depuis, « j'ai de moins en moins recours àl'homéopathie ou aux huiles, car mes vaches sont moins malades. Ça commenceréellement à porter ses fruits: moins de soucis de santé pour le troupeau devenu plusrustique et davantage de fertilité. Mon choix a été payant ! ».

Les éleveurs l’ont dit « quand ces alternatives ne fonctionnent pas, on peut toujours recourir aux antibios».

….. Mais réduire les antibiotiques ne veut pas dire les exclure

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Au-delà de la recherche de la performance économique, les motivations qui animent ces éleveurs:

Un troupeau en bonne santé, n’est-ce pas le but detous éleveurs ?Les témoignages ont tous montré que l’approche desmédecines alternatives y contribuait.« La santé des troupeaux, ce n’est pas que les maladieset les malades. Il faut prendre en compte tout ce quipermettra d’avoir le moins de malades possible.L'animal est un être vivant et pas une machine. S'il estdans une situation de stress permanent, il aurabeaucoup de problèmes » a souligné Hubert Hiron. Pourles éleveurs en effet, « les animaux sont moinsperturbés par ce genre de soins. Ils ont l’avantage de nepas abîmer l’animal ». Pour appliquer efficacement cestechniques, « nous devons nous réapproprierl’observation des animaux pour mieux comprendre leurfonctionnement ce qui améliore la prévention sanitaire»a également expliqué Françoise. Beaucoup ontégalement mis en avant que la santé du troupeaupassait aussi par une réflexion sur la ration alimentaire

Gagner en bien être de l’éleveur

Pour Sonia “c’est difficile de chiffrer ce que ça apporteen comparaison aux antibiotiques… Mais ça apporte pasuniquement économiquement, ça apporte aussi plein dechoses sur le plan humain : on s’ouvre à une approchede l’animal plus large, plus riche.” Françoise a rajouté« cela nous permet de mieux vivre notre métier qui estparfois malmené et critiqué par le grand public. J’oseaujourd’hui communiquer sur ce que nous faisons».

Améliorer la qualité de des produits"On a eu envie de lâcher autant que possible lesantibiotiques pour améliorer la qualité de nos produits",a témoigné Sonia Fretay

Répondre aux attentes sociétales“S’exercer à mettre en œuvre le soin des animaux par lesmédecines alternatives nous permet de se préparer àutiliser moins d’antibiotiques lorsque ça seraréglementaire, ou que les antibiotiques nefonctionneront plus » a souligné Sonia.

Utiliser de nouvelles méthodes n'est pas aussi simple :

Persévérer grâce à l’appui du collectif !

L’appui du groupe dans ce genre de méthode où la réflexion occupe une placeprimordiale est important, car même les vétérinaires continuent à tester pouraméliorer leurs connaissances. « Il faut que les vétérinaires se forment, car les éleveurssont souvent plus avancés que nous là-dessus », a expliqué Grégoire Kuntz, vétérinaireau Groupement de défense sanitaire (GDS) des Côtes d'Armor. « Beaucoup d'éleveursarrêtent, car ils manquent d'interlocuteurs et se sentent un peu seuls ». Pour Sonia ilest normal de connaitre des déconvenues quand on débute dans la pratique de cesmédecines alternatives « les résultats peuvent être mitigés au début mais en mêmetemps l’antibiothérapie ne fonctionne pas non plus toujours. Finalement c’est grâce ànotre groupe de réflexion qu’on a continué dans cette voie. Les échanges d’expériencesavec les collègues nous ont encouragés à poursuivre nos essais sur nos animaux ».Françoise a parlé de la réassurance que procurait l’appui du groupe « Je me sentmoins seule dans cette envie d'utiliser le moins possible d'antibiotiques. On se retrouvepour se former, échanger nos pratiques, on s'envoie des mails, on essaye de se guiderles unes - les autres. Pour aller plus loin dans notre partage d’expériences et le suivi denos expérimentation, nous sommes d’ailleurs en train de créer une applicationsmartphone »

« Il y a beaucoup de richesse dans ce qui se pratique », a constaté Loïc Huet,vétérinaire. « Mais on nous attend au tournant, car l'administration s'interroge surtout ça, sur l'efficacité mais aussi sur une éventuelle toxicité de certains produits. Onne pourra pas passer à côté d'une vérification des choses par des étudesscientifiques ». Catherine Disenhaus, chercheuse à l’Agrocampus rennes rajoute«pour être efficace collectivement, il faudrait que la mise en œuvre de ces pratiquessoit plus large. La formation est nécessaire, de même que transmettre tout ce qui estcapitalisé dans les groupes pour avancer dans la connaissance de ces médecines ».Hubert Hiron, vétérinaire du GIE Zone verte va dans le même sens: « Il y a de larecherche pratique qui se fait grâce à la dynamique des groupes d'éleveurs sur leterrain. Les choses ne se font que si les éleveurs poussent à la roue. Quand il y auraune masse critique de pratiquants, les institutions seront bien obligées de prendre letrain en marche! ».

Une médecine de pointe mais peu de recherche,

beaucoup reste à explorer !

Page 10: Bulletin du réseau des groupes de développement agricoles … · 2015. 4. 16. · Nul doute u’auSPACE 2015, ces rencontres trouveront un nouvel écho. Le SPACE est heureux de

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