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Analyse rapide de l’impact du COVID-19 et des mesures de
restrictions sur les marchés et sécurité alimentaire des
ménages
BURKINA FASO
Pour plus d’information, vous pouvez contacter :
Outman Badaoui: Responsable du Suivi Évaluation – [email protected]
Enrico Piano : Responsable des Rapports– [email protected]
http://www.wfp.org/countries/burkina-faso
Version du 1 Avril 2020
Version du 1 Avril 2020 | pg. 2
Table des matières I. Contexte et justification ............................................................................................................................3
II. Approche méthodologique de l’évaluation ............................................................................................4
III. Analyse de l’impact COVID-19 et des mesures de restrictions sur l’économie nationale ............4
IV. Analyse de l’impact sur les marchés des zones touchées par l’insécurité (Nord, Centre-Nord,
Est et Sahel) .........................................................................................................................................................6
V. Impacts COVID-19 et restrictions sur la sécurité alimentaire des ménages ......................................9
VI. Les zones géographiques et les groupes de population les plus touchés .................................. 10
VII. Conclusions et recommandations opérationnelles ........................................................................ 11
Annexe I ............................................................................................................................................................ 13
Version du 1 Avril 2020 | pg. 3
I. Contexte et justification
A l’instar de plusieurs pays dans le monde, le Burkina Faso est confronté à la pandémie du COVID-19. En effet,
les premiers cas ont été signalés le 9 mars 2020 et à la date du 29 mars 2020, 187 cas de personnes infectés ont
été enregistrés dans 5 foyers au niveau national. Pour permettre de circonscrire la maladie et d’éviter des
contaminations des masse, un ensemble de mesures ont été prises par le gouvernement.
Si ces mesures ont pour but principal de réduire la propagation de la maladie, elles ont et auront probablement
des répercussions plus ou moins importantes pour les conditions des vies des ménages en général et des
ménages confrontés à l’insécurité alimentaire en particulier. Les gens sont non seulement menacés par la
maladie mais aussi par les conséquences économiques qui, pour certains, seront plus dévastatrices que la
maladie elle-même.
L'analyse des risques1 pour les opérations du PAM effectué par le siège et le bureau régional a identifié l'Afrique
de l’ouest et centrale comme extrêmement vulnérable à l'épidémie de COVID-19, en particulier compte tenu de
la forte dépendance / dépendance à l'égard des importations de produits alimentaires et du financement
relativement faible.
«En raison de ces changements, tant en termes de lutte contre la maladie que de retombées économiques plus
larges, la disponibilité des aliments sera affectée à court et à long terme; l'accès compromis, en particulier pour
ceux qui travaillent dans des secteurs susceptibles de subir des pertes d'emplois en raison de la récession, ainsi que
pour les pauvres qui risquent d'être aggravés; la nutrition sera probablement affectée à mesure que les gens
changeront de régime alimentaire vers des aliments plus stables à la conservation et préemballés (qui peuvent être
moins nutritifs) et que les fruits et légumes frais deviendront moins disponibles en raison des achats de panique et
des perturbations des systèmes alimentaires; la stabilité risque d’être compromise car les marchés eux-mêmes sont
instables, ce qui entraîne une grande incertitude ».2
Plusieurs questions se posent par rapport aux conséquences de la maladie elle-même mais aussi aux
conséquences des mesures gouvernementales :
1. Le Burkina dispose-t-il de réserves alimentaires suffisantes pour couvrir les besoins de populations
actuellement ?
2. Quel sont les niveaux de stocks et de réserve des denrées alimentaires et particulièrement de certains
produits (riz, sucre, huiles alimentaires) de grandes consommations dont le pays dépend grandement de
l’extérieur ?
3. Comment les mesures prises peuvent-elles affecter l’approvisionnement des marchés notamment dans les
zones de consommations de ces produits et des zones principalement affectées par (grandes villes, les
régions du Sahel, Nord, Centre-Nord et Est) ?
4. Comment le COVID-19 a-t-il affecté la capacité des personnes à satisfaire leurs besoins alimentaires et
autres besoins essentiels ?
5. Quels sont les groupes de population les plus vulnérables et les plus touchés ?
6. Faut-il procéder à des ajustements immédiats du ciblage en fonction des informations disponibles ?
7. La crise a-t-elle affecté les besoins des personnes déjà ciblées ou d'autres groupes vulnérables non
précédemment ciblés ?
1 WFP VAM, 25 March 2020. Economic and food security implications of the COVID-19 outbreak (update) 2 WFP VAM, March 2020. Economic and food security implications of the COVID-19 outbreak: The cost of the attempt to contain a highly contagious disease
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II. Approche méthodologique de l’évaluation
Afin de produire des informations, conseiller la direction et orienter le programme sur l’impact du COVID-19 et
ses implications pour les actions du PAM au Burkina, l’unité VAM/ S&E a :
a) Collecté des informations au niveau macro-économique sur les marchés et l’approvisionnement du pays
auprès des institutions nationales, ministère du commerce, ministère de l’agriculture et des unions des
producteurs ;
b) Effectué une revue secondaire des documents disponibles et des documents stratégiques qui ont été
majoritairement partagés par le bureau régional et le siège du PAM;
c) Réalisé une enquête de marché à distance (par téléphone) auprès des commerçants dans les régions du
Centre-Nord, Nord, Est et Sahel du 25 au 28 mars (voir Annexe 1)
d) Intégré des questions spécifiques sur le COVID-19 et ses impacts dans l’exercice d’évaluation des
indicateurs de sécurité alimentaire qui s’est déroulé du 19 au 28 mars dans les régions du Centre-Nord,
Nord, Est et Sahel auprès de 2000 ménages.
III. Analyse de l’impact COVID-19 et des mesures de restrictions sur l’économie nationale
Les résultats de production définitive de la campagne 2019-2020 montrent que le Burkina Faso dispose de
stocks importants en matière de céréales traditionnelles (mil, maïs, sorgho) en légumineuses (niébé, sésames)
et en tubercules (ignames, patates et manioc).
Ce niveau de stocks est perceptible chez les commerçants, auprès des unions et groupements de producteurs
et aussi au niveau institutionnel. Le ministère en charge du commerce a fourni des données sur les stocks et les
besoins de consommation au niveau national pour certains produits comme le riz, le sucre et les huiles
alimentaires. Ce sont des produits de grande consommation dont le Burkina est fortement tributaire des
importations.
Si actuellement les stocks disponibles dans le pays et en transit peuvent permettre de couvrir trois mois pour le
riz, quatre mois pour les huiles alimentaires et 10 mois pour le sucre, il n’en demeure pas moins qu’au regard
des habitudes alimentaires, les ménages urbains serait plus affectés cas de fermetures prolongées rendant
difficiles l’approvisionnement en riz, sucre et huiles alimentaires.
Source : Ministère du commerce
Les commerçants disposent de grandes quantités de céréales dans leurs magasins, et sont à la recherche de
potentiels acheteurs. Quant aux unions membres du CIC-B, elles disposent également d’importants stocks de
céréales. Pour ce mois de mars, l’offre dépasse largement la demande.
Les stocks de céréales disponibles au niveau des commerçants et les unions membres du CIC-B qui font la
commercialisation groupée sont les suivants :
-
50,000
100,000
150,000
200,000
250,000
Riz Huile alimentaire Sucre
186,167
39,096
97,097
210,000
27,000 28,500
Stocks actuels (y cmpris en transit) Besoins national par trimestre
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Les quantités (en tonne) disponibles sont les suivantes :
DESIGNATION MIL SORGHO MAÏS NIEBE
UNIONS 1 000 1 020 10 000 500
COMMERCANTS 2 000 15 800 40 500 1 000
Total 3 000 16 820 50 500 1 500
Source : CIC/B
Les commerçants et les unions suivis par l’interprofessionnel des céréaliers disposent actuellement de près de
70 500 tonnes de céréales traditionnelles (maïs, sorgho et mil) et de 1 500 tonnes de niébé.
Le marché des céréales au niveau national est marqué en ce mois de mars par une bonne disponibilité de l’offre.
En dépit de cette bonne disponibilité de l’offre, on a enregistré de légères hausses sur de nombreux marchés
notamment les marchés de consommation.
➢ Une baisse à prévoir de l’offre globale des denrées alimentaires et une pression inflationniste sur
les prix. Le contexte agro climatique (faiblesse de la production alimentaire et dépendance des
importations) et l’enclavement rend le pays plus vulnérable face au risque de perturbations des
échanges internationaux. Le Burkina Faso reste tributaire des importations pour certains produits de
grande consommation comme le riz, le sucre et les huiles alimentaires. Si actuellement les stocks
disponibles dans le pays et en transit peuvent permettre de couvrir trois mois pour le riz, quatre mois
pour les huiles alimentaires et 10 mois pour le sucre, il n’en demeure pas moins qu’au regard des
habitudes alimentaires, les ménages urbains serait plus affectés cas de fermeture prolongées rendant
difficiles l’approvisionnement en riz, sucre et huiles alimentaires. Pour les commerçants, les mesures ont
un impact négatif sur le bon fonctionnement de leurs activités car cela ralenti énormément leur mobilité
ainsi que le ralentissement des flux internes et externes. Cette situation entraine du coup la réduction
de la demande. Selon les commerçants qui avaient l’habitude de s’approvisionner sur les marchés des
provinces voisines n’arrivent plus à s’y rendre, car le transport interurbain étant interdit cela joue
négativement sur leurs activités car, ces derniers utilisaient comme principal moyen de placement les
transports en commun. Toutes ses interdictions ont un impact négatif sur le bon fonctionnement des
marchés d’approvisionnements.
➢ Augmentation du chômage et baisse du revenu monétaire des ménages. Avec la fermeture de
plusieurs micros entreprises du secteur informel, cela entrainera une baisse du revenu des ménages
dépendant du secteur informel et une augmentation significative du chômage dans le pays. En effet,
cette situation touchera de manière significative les ménages ruraux les plus pauvres, et les ménages
urbains qui ont tendance à consacrer la plus grande partie de leurs revenus à la nourriture, et qui n’ont
généralement pas d’épargne ni d’accès au crédit. Les conséquences d’une flambée des prix des denrées
alimentaires dans le pays même si elles sont de courte durée, peuvent être dévastatrices et avoir des
répercussions à long terme. Les preuves de la crise des prix alimentaires de 2008 montrent que les
ménages les plus pauvres, (souvent dirigés par une femme et avec un taux de dépendance élevé ainsi
que les travailleurs occasionnels et les petits commerçants), et les ménages urbains ont souffert de
manière disproportionnée. Ils ont tendance à consacrer la plus grande partie de leurs revenus à la
nourriture, mais n’ont généralement pas d’épargne ni d’accès au crédit. La hausse des prix des denrées
alimentaires a donc souvent entraîné une augmentation du niveau de pauvreté plutôt que de pousser
davantage de personnes dans la pauvreté. Les implications pour la sécurité alimentaire étaient
désastreuses.
Les ménages urbains sont généralement plus durement touchés que ceux des zones rurales en raison
d'une plus forte dépendance à l'égard des marchés pour acheter de la nourriture ; et un lien plus direct
entre les commerçants des zones urbaines et les importateurs entraînant une augmentation des prix
plus élevée.
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➢ Augmentation des dépenses des sociales de base (sante, hygiène et assainissement). Bien que
l’assurance maladie universelle est en pratique au Burkina Faso, la maladie de coronavirus a entrainé
une augmentation de la part des dépenses des ménages affectées à la santé mais également aux
services d’hygiène et d’assainissement. Cette dépense additionnelle se fera au détriment des dépenses
de l’alimentation et la sécurité alimentaire.
IV. Analyse de l’impact sur les marchés des zones touchées par l’insécurité (Nord, Centre-Nord, Est et
Sahel)
➢ Bon niveau d’information des commerçants sur coronavirus mais une faiblesse des connaissances
des manifestations cliniques de la maladie. Alors presque la totalité des commerçants interrogés
(98%) ont affirmés être au courant de la présence de la maladie du Coronavirus au Burkina Faso,
seulement 53% d’entre eux sont à mesure de donner au moins un symptôme exact de la maladie.
L’analyse spatiale indique une meilleure connaissance des manifestations cliniques de la maladie par les
commerçants des régions du Centre-Nord et du Nord en comparaison à leurs homologues du Sahel et
de l’Est.
➢ Le COVID-19 et les restrictions ont entrainé une baisse du niveau d’approvisionnement ; de la
demande et de la disponibilité des transporteurs. A l’exception commerçants des provinces du Seno,
du Soum du Yagha et du Yatenga, tous les commerçants ont estimé que l’information sur maladie du
coronavirus, ont entrainé des perturbations importantes sur les marchés en termes ¨(i) d’accroissements
des difficultés d’approvisionnement en denrées alimentaires notamment au niveau des gros centres
urbains ; (ii) la baisse de la fréquentation des marchés par les clients de peur d’être contaminé par la
maladie et (iii) une raréfaction des transporteurs qui acceptent les contrats de transport des
marchandises suite aux restrictions décidées par le gouvernement. Toutefois il y a une bonne
connaissance des commerçants que les restrictions ne concernent pas les transports de marchandises.
➢ Une augmentation sensible du prix de transport des marchandises par les transporteurs (camions
et tricycles). En relation aux perturbations liées aux transport des marchandises, 42% des commerçants
ont indiqué avoir observé une augmentation des couts de transports des marchandises. Cette
augmentation est observée avec acuité au niveau des marchés des provinces de l’Est et du Centre Nord.
Ces augmentations sont imputables à la fois aux restrictions au niveau des frontières Béninoises et
Togolaises qu’au niveau des transports entres les différents marchés des régionaux.
Chemin d'impact de la maladie du coronavirus et des restrictions sur les indicateurs marcroeconomiques
Coronavirus et
mesures de restriction
Une baisse de l’offre globale des denrées
alimentaires et pression inflationniste sur les
Augmentation du chômage et baisse du revenu
monétaire des ménages
Augmentation des dépenses des sociaux des
bases (sante, hygiène et assainissement).
Une baisse de la production nationale et
capacite d'assistance etatique reduite
Accentuation de la
vulnerabilite et de l'insecurite
alimentaire et nutritionnelle
dans le pays
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➢ Stabilité des prix pour la plupart des denrées alimentaires suivies. Malgré les restrictions, les prix
des denrées alimentaires n’ont pas connu des hausses significatives. Les variations enregistrées
s’inscrivent dans une logique que l’on peut qualifier de « normale » car celle-ci est en phase avec les
fluctuations habituelles constatées sur les marchés agricoles au cours de cette période de l’année. La
crainte des commerçants est plutôt d’assister à une baisse de la demande et donc à une diminution des
prix. Les hausses les plus importantes concernent le niébé (+12%) sur les marchés du Sahel en
comparaison à leurs niveaux avant les restrictions.
➢ Baisse des transactions financières virtuelles internes et externes dans le cadre du remboursement
des dettes par les clients et des parents en exode. Il ressort de l’analyse d’impact de la crise sanitaire
et des restrictions, que 52% des commerçants enquêtés ont constaté une diminution des transferts des
revenus en provenance de l’extérieur et cela tant en ternes de paiements des dettes de la part des clients
vivant en dehors du pays ou vivant dans les autres régions Burkina Faso ; qu’en termes d’envoi des
parents. En effet, beaucoup de personnes en exode achètent des denrées pour leurs familles et font les
paiements après et à cause de la crise les paiements se font de plus en plus rares.
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➢ Climat de méfiance entre les personnes et faiblesse des relations interpersonnelles. 84% des
commerçants interrogés ont affirmé que les mesures prises par les autorités dans le sens de réduire la
prolifération de la maladie ont également eu des effets perceptibles au niveau sociales notamment au
niveau des baptêmes et mariages ; fréquentation des voisins et l’arrêt des regroupements au niveau des
lieux de culte. En outre la présence de cette maladie a créé un climat de méfiance entre les individus
rendant les conditions de vie difficiles tant les changements des habitudes étaient perceptibles.
➢ Analyse de la capacité d’adaptation des marchés face à la situation. L’analyse de l’indice de
résilience des marchés basée sur (i) la durée du stock des commerçants et (ii) le délai
d’approvisionnement est très proche de 1 (0,71) et témoigne d’une flexibilité et résistance du marché
face aux aléas du contexte. En effet, plus de la moitié des commerçants ont un stock pouvant dépasser
une semaine et les délais d’approvisionnement n’excède pas 5 jours.
➢ Les termes d’échanges favorables aux éleveurs et caractéristiques d’un état d’approvisionnement
satisfaisant. L’évolution des termes d’échanges Mouton/sorgho ou Bouc/sorgho indique une situation
des échanges satisfaisante pour les populations pastorales ou agropastorales au niveau de la plupart
des marchés suivis. Cette situation est caractéristique de la bonne santé des échanges commerciaux
sur les différents marchés ainsi qu’une situation pastorale globalement bonne. Alors que le bouc
s’échange contre 150 kg en moyenne, le mouton quant à lui permet de s’acheter trois sacs de 300 kg
chacun.
0
50
100
150
200
250
300
350
400
450
500
0
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
70 000
80 000
No
mb
re d
e kg
po
ur
un
an
imal
ven
du
Pri
x d
es p
etit
s ru
min
ants
Prix des petits ruminants et évolution Termes d'Echanges (TE)
Prix du bouc en (en F CFA) Prix du mouton (en F CFA)
TE bouc /sorgho TE mouton /sorgho
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V. Impacts COVID-19 et restrictions sur la sécurité alimentaire des ménages
➢ Bon niveau d’information des ménages sur coronavirus et une connaissance moyenne des
manifestations cliniques de la maladie. Alors que presque la totalité des ménages interrogés ont
affirmés être au courant de la présence de la maladie du Coronavirus au Burkina Faso (92% des ménages
interrogés), seulement 70% ont cités le rhume comme une manifestation de la maladie ; 57% ont cité
les maux de tête violents et 64% la fièvre. Cela démontre qu’il est important de poursuivre les actions
de prévention notamment les sensibilisations pour une meilleure connaissance des manifestations de
la maladie au niveau des communautés.
➢ Une perte de revenu importante pour les ménages. Les restrictions ont impacté deux sources de
revenu importantes pour les ménages à savoir (1) la diminution des gains monétaires issus du travail
occasionnel et (2) la vente des produits agricoles surtout de rente. En effet, les restrictions ont entrainé
une baisse de la demande des produits de rente comme le niébé et l’arachide qui habituellement sont
exportés vers le Mali, le Togo et le Bénin. Cette baisse de la demande a, à court termes entrainé une
légère diminution du prix et donc une diminution du revenu des ménages. En effet, en raison de la
situation sécuritaire les autorités ont donné des recommandations aux communautés de ne pas cultiver
des cultures hautes (mil et sorgho) ce qui les avaient orientés vers les cultures de rente basées sur les
légumineuses (arachide et niébé). Au niveau des revenus de transfert l’impact semble plus mitigé car
seulement 16% des ménages ont affirmé que les restrictions et la maladie du coronavirus ont entrainé
une diminution des transferts reçus des parents.
➢ Une augmentation sensible des dépenses sociaux des ménages (Savon, bouilloire, Eau,
médicaments etc.). L’analyse comparative des montants des dépenses essentiels (savon, eau) rentrant
dans le cadre de la promotion de l’hygiène a connu une augmentation des ménages de 40% en
comparaison à la moyenne de ces mêmes dépenses durant l’évaluation de décembre 2019. En effet, au
mois de décembre 2019 la même évaluation conduite auprès des ménages indique une moyenne de
5200 FCFA par mois alors qu’elle est de 8500 FCFA actuellement. Aussi, les dépenses dans le cadre de
la santé et de communication ont également subi une hausse de 26% cela pourrait être lié notamment
à la ruée des ménages vers les produits pharmaceutiques en prévision de la crise sanitaire.
➢ Une augmentation du spectre de l’insécurité alimentaire des ménages dans sa dimension
accessibilité économique. Le rétrécissement des sources de revenu et augmentation des dépenses
non alimentaires aura à termes pour conséquence une détérioration de la sécurité alimentaire. Les
enfants et les femmes enceintes seront également touchés de manière plus forte en termes de
prévalence de la malnutrition. Aussi, la méfiance entre les ménages en relation à la prévalence de la
maladie participera à l’érosion de l’accessibilité sociale à la nourriture.
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VI. Les zones géographiques et les groupes de population les plus touchés
Les zones géographiques directement touchées par la maladie. De manière directe, la prévalence du COVID-
19 a touché fondamentalement des zones géographiques comme la ville de Ouagadougou, celle de Boromo,
de Dédougou de Bobo-Dioulasso du Manga, Zorgho, Ziniaré et de Kongoussi. Ces zones ne sont pas des régions
structurellement en insécurité alimentaire, mais compte tenu de la prévalence de la maladie beaucoup des
ménages seront en difficulté alimentaire en raison du confinement. Dans ces zones particulières une assistance
d’urgence est nécessaire pour accompagner les familles à faire face au spectre d’insécurité alimentaire lié à leur
situation.
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Les groupes de populations les plus touchés par la combinaison de la maladie et des restrictions
imposées. L’étude a permis de mettre en évidence les populations les plus touchés sur la base (i) des principales
variables économiques impactées et (ii) sur la base facteurs de vulnérabilité direct à la maladie.
Sur le plan plus économique, ce sont les populations à faible revenu, les migrants saisonniers et les personnes
vivant des activités informelles dans les villes et ceux vivant des activités occasionnelles dans les campagnes
seront les plus vulnérables aux effets de pandémie de COVID-19 et des mesures de restrictions. Sur le plan
strictement sanitaire ce sont les personnes âgées, les femmes enceintes et les enfants atteints de malnutrition
qui disposent d’immunité fragile qui seront particulières éprouvées.
VII. Conclusions et recommandations opérationnelles
Les principales conclusions :
• Les régions les plus fortement touchées par la maladie ne sont pour l’instant pas des zones
régulièrement touchés par l’insécurité alimentaire ainsi que par la situation sécuritaire précaire
marquée par d’important déplacement des populations à l’exception de Kongoussi. Toutefois ces
régions avec des fortes prévalence d’insécurité alimentaire sont fortement touchées par les restrictions
exacerbant ainsi une situation alimentaire déjà précaire. Le scenarios catastrophe serait une
propagation de la maladie dans ces zones fragiles et avec de nombreux camps de déplacement des
populations.
• Sur la base des informations ressortant de l’évaluation des marchés (perturbations des
approvisionnements ; baisse de la fréquentation des marchés) et de la situation au niveau des
ménages (baisse du revenu des ménages en lien avec la baisse des transferts reçus ; une
augmentation des dépenses des ménages) de nombreux ménages vulnérables ne pourront pas
répondre à leurs besoins alimentaires et autres besoins essentiels. Les ménages urbains sont
généralement plus durement touchés que ceux des zones rurales en raison d'une plus forte dépendance
à l'égard des marchés pour acheter de la nourriture ; et un lien plus direct entre les commerçants des
zones urbaines et les importateurs entraînant une augmentation des prix plus élevée.
• La plupart des ruraux qui ont migrés dans les zones urbaines sont impliqués dans le secteur informel.
Ils envoient de l'argent à leurs familles vivant dans les zones rurales. La perturbation de la chaîne
d'approvisionnement affectera dans une certaine mesure tous ces groupes dans leurs moyens de
subsistance. En outre, des mesures d'atténuation de plus en plus strictes visant à réduire les
mouvements et les interactions auront une incidence négative directe et substantielle sur les moyens
de subsistance basés dans le secteur informel.
• Plus de 85% de la population rurale dépendent de l'agriculture de subsistance au Burkina. Les récoltes
hors saison 2020 devraient atteindre les marchés et fournir des revenus substantiels aux agriculteurs.
Cependant, la fermeture, la restriction des mouvements internes et transfrontaliers limitent l'accès aux
marchés. La période de plantation commence en mai / juin pour la principale campagne agricole tandis
que l'épidémie de COVID-19 oblige les gouvernements à réduire les dépenses agricoles et à prioriser
les dépenses liées à la santé. Si les restrictions susmentionnées continuent, les agriculteurs n'auront pas
accès au marché pour acheter des semences et des engrais de bonne qualité.
• Au niveau des ménages et de la communauté, certaines mesures peuvent parfois être difficiles à mettre
en œuvre. Dans les zones touchées par les conflits, les centres de santé ne fonctionnent pas. Lorsqu'ils
fonctionnent, les centres de santé n'ont pas toujours l'équipement approprié. Le lavage fréquent des
mains avec du savon et de l'eau propre est l'un des meilleurs moyens de se protéger du coronavirus.
• Il est nécessaire de poursuivre la surveillance des marchés car les conséquences d’une flambée des prix
des denrées alimentaires dans le pays même si elles sont de courte durée, peuvent être dévastatrices et
avoir des répercussions à long terme. Les preuves de la crise des prix alimentaires de 2008 montrent
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que les ménages les plus pauvres, (souvent dirigés par une femme et avec un taux de dépendance élevé
ainsi que les travailleurs occasionnels et les petits commerçants), et les ménages urbains ont souffert de
manière disproportionnée. Ils ont tendance à consacrer la plus grande partie de leurs revenus à la
nourriture, mais n’ont généralement pas d’épargne ni d’accès au crédit. La hausse des prix des denrées
alimentaires a donc souvent entraîné une augmentation du niveau de pauvreté plutôt que de pousser
davantage de personnes dans la pauvreté. Les implications pour la sécurité alimentaire étaient
désastreuses. Le Burkina Faso a été particulièrement touchée, confirmant que l'économie nationale est
sensible aux chocs externes.
Les principales recommandations :
➢ Intensification des systèmes de surveillance et des évaluations à distance et sans contact
(téléphoniques)
Les informations sur les populations les plus touchées et les personnes à risque seront essentielles pour
la prise de décision concernant le ciblage et la priorisation tout au long de l'urgence COVID-19. Deux
actions clés sont recommandées : (i) intensifier des évaluations à distance et des capacités de
surveillance : sans accès à la population touchée, les évaluations en face-à-face ne seront plus
réalisables, car elles peuvent exposer les enquêteurs et répondants aux risques inutiles pour la santé.
Néanmoins, il sera essentiel d'évaluer et de surveiller les impacts potentiels de COVID-19 - à la fois en
termes d'impacts socio-économiques directs et secondaires. (ii) éclairer le ciblage et la hiérarchisation,
en collectant également des données démographiques pertinentes, y compris la présence de personnes
âgées ainsi que de personnes vivant avec des problèmes de santé sous-jacents.
➢ Comme la plupart des crises, les femmes enceintes et allaitantes, les enfants malnutris, les personnes
âgées de plus de 60 ans et les personnes atteintes des pathologies comme la tuberculose, le HIV,
problèmes cardiaques doivent avoir une attention particulière dans le cadre de la mise en œuvre de
l’assistance.
➢ Étant donné que le virus se transmet le plus facilement dans les zones à forte densité de population, les
villes sont susceptibles de faire face au plus grand nombre d'épidémies dans le monde. Le Burkina
connait une urbanisation rapide, introduisant une autre vulnérabilité majeure au mélange. Il sera de plus
en plus important de surveiller la sécurité alimentaire et l'état nutritionnel des populations urbaines, en
particulier à mesure que cette crise se déroule.
➢ Les programmes de crise existants se concentrent sur les zones les plus exposées à l'insécurité
alimentaire. La recommandation est de maintenir une assistance d’urgence vitale car ils sont déjà axés
sur la satisfaction des besoins des groupes les plus vulnérables. Les méthodes et critères de ciblage au
niveau individuel et des ménages des programmes existants restent les mêmes.
➢ Si les écoles ferment en raison de mesures de confinement, il pourrait être envisagé de réorienter les
ressources des programmes de repas scolaires aux rations à emporter / transferts en espèces aidant les
mêmes familles pour atteindre deux objectifs en même temps : faciliter le confinement dans les zones
à haut risque et également soutenir les familles dont les sources de revenus peuvent avoir été affectées
par les mesures prises.
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Annexe I
Liste des Marchés Situation géographique
Ouahigouya Ouahigouya
Seguenega Secteur 4
Djibo Djibo
Yako Secteur 6 de Yako
Titao Secteur 4 de Titao
Dori Dori
Gourcy Secteur
Fada Secteur
Fada Secteur 10
Solhan Solhan
Pobe Mengao Pobe Mengao
Mansila Mansila
Gorgadji Gorgadji
Pissila Pissila centre
Boussouma Secteur 1
Haaba Haaba
Bogande Marché de Bogande
Bilanga Marché de Bilanga
Partiaga Marché de Partiaga
Bogande Marché
Yalgo Yalgo centre
Kaya ville Marché de Kaya
Kaya ville Secteur 4
Kongoussi Marché de Kongoussi
Gayeri Marché de Gayeri