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Universités / Écoles d’ingénieurs / Écoles de management/ Vie des campus / Entretiens : Jean-Luc Koehl (ADEPPT), Philippe Jamet, Delphine Manceau (EBS) / Gros plan : L’Institut français de la mode change de dimension / Repères : Qui sont les étudiants à l’université ? ; Qui sont les étudiants en CPGE ? Les débats de la Présidentielle : comment notre enseignement supérieur peut-il s’organiser ? La montée en puissance des regroupements territoriaux (Comue essentiellement) est au cœur de toutes les stratégies de l’enseignement supérieur depuis 2008. Après une année 2016 qui a vu leur création effective - et beaucoup de des crises profondes ! -, quel avenir ont-ils et comment d’autres modèles émergent ? Ce sera sans nul doute l’une des grandes questions de cette année présidentielle. Des Comue qui se cherchent. Parce qu’il fallait une carotte pour faire avancer les projets, les initiatives d’excellence (Idex) ont été lancées en 2010 pour pousser les établissements à l’époque membres de PRES (pôles de recherche et d’enseignement supérieur), devenus aujourd’hui des Comue, à travailler ensemble sur des projets communs. Six ans après, ces Idex auront à la fois permis de récompenser de beaux projets et montré toute la difficulté qu’avaient une très grande partie des universités comme des grandes écoles à travailler ensemble. En retoquant en juin 2016 les Idex de l’université de Toulouse, d’HeSam ou de Sorbonne Paris-Cités, le jury international des Idex a prouvé qu’il ne s’en laissait pas compter par des regroupements qui promettaient beaucoup de rapprochements mais en faisaient le plus souvent bien peu. Ce n’est pas par hasard si ce sont des projets d’universités fusionnées (Aix-Marseille, Strasbourg et, dans une moindre mesure, Bordeaux) ou de petites tailles (Nice), jugés « gouvernables », qui ont été choisis au détriment de « mastodontes » à la gouvernance compliquée comme celles de Toulouse ou Lille. Quant à l’avenir de l’Idex de l’emblématique Paris-Saclay (où l’Université Paris Sud et l’Ecole Polytechnique n’en finissent pas de se chamailler) il est toujours en suspens. Autant de déboires qui posent toutes les difficultés d’une gestion tripartite (universités, grandes écoles et organismes de recherche) de l’enseignement supérieur français alors que plus de 1,6 million d’étudiants sont inscrits dans un établissement membre d’un regroupement, soit les deux tiers de l’ensemble des inscrits dans l’enseignement supérieur en 2015-2016. Quelle place pour les grandes écoles ? S’il est au moins un point sur lequel tout le monde s’accorde c’est que les regroupements ont conduit des établissements qui ne se connaissaient guère à enfin se parler. Mais pas forcément à se comprendre… « Grandes écoles et universités peuvent très bien travailler ensemble. Les grandes écoles ont réalisé un travail considérable en recherche notamment pour s’insérer dans les unités mixtes de recherche (UMR) et cela s’est fait grâce et en accord avec les universités. Nous avons peu à peu appris à nous connaître », confie le délégué général de la Conférence des grandes écoles, Francis Jouanjean, qui n’en remarque pas moins : « Nous avons fait du chemin vers elles quand, de leur côté, elles n’ont malheureusement pas toujours fait le même parcours vers la formation et sont restées peut-être trop polarisés sur une recherche essentiellement académique ». Comme le résume une note su MESR Les effectifs étudiants dans les regroupements d’établissements en 2015-2016 parue en novembre 2016, si 65 écoles d’ingénieurs (en sus des écoles internes aux universités) sont membres de regroupements (dont dix privées), les écoles de commerce et de gestion sont peu représentées avec seulement huit à en faire partie sur les 191 recensées à la rentrée 2015. Plus largement, les établissements privés ne sont que 26 au sein des regroupements. Nombreuses sont donc les grandes écoles – et notamment de management - qui se sont senties rejetées lors de la création des Comue. Comme le faisait remarquer Jean-Michel Blanquer, le directeur de l’Essec, lors de la présentation des propositions de la Conférence des grandes écoles pour la Présidentielle, « même si je suis très heureux dans ma Comue, je m’inquiète de la «strapontisation» dont sont victimes les grandes écoles mises à l’écart dans certaines Comue ». Les grandes écoles de management normandes ne font par exemple toujours pas partie de la Comue Université de Normandie. Mais heureusement la situation est meilleure à Toulouse. « Nous sommes associées à la Comue dont l’approche fédérale est très louable et crée une émulation positive », confie le directeur de Toulouse BS, François Bonvalet, qui insiste : « Nos établissements sont proches les uns des autres et c’est une chance de travailler dans une grande ville – la deuxième universitaire de France – dans laquelle les acteurs se connaissent très bien ». Comment faire évoluer les Comue ? L’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) prône un retour en grâce des « grands établissements » (comme Paris- A LA UNE Premier Groupe de Conseil Spécialisé pour les Acteurs de l’Enseignement Supérieur et de la Formation N°177 – Vendredi 6 janvier 2017 AU SOMMAIRE CA VIENT DE CHANGER Pendant les vacances de Noël et le 1 er janvier 2017 quelques événements marquants ont eu lieu : Sélection en master : la loi a été promulguée le 24 décembre 2016. En janvier, le site trouvermonmaster. gouv.fr doit être mise en ligne L’Institut Mines-Télécom (IMT) possède de nouveaux statuts (lire le Journal officiel) depuis le 1 er janvier 2017. Sciences Po a réalisé l’acquisition de l’Hôtel de l’Artillerie le 23 décembre 2016. L’université Clermont-Auvergne a été créée le 1 er janvier 2017 en fusionnant les universités d’Auvergne (Clermont 1) et Blaise-Pascal (Clermont 2). • Sept régions (Bretagne, Bourgogne- Franche-Comté, Centre-Val de Loire, Grand Est, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire) expérimentent, à compter du 1 er janvier 2017, la possibilité d’entrer en apprentissage jusqu’à 30 ans. • Les bourses des étudiants en formations paramédicales, jusque- là variables selon les régions, seront alignées sur celles des autres étudiants à partir de 2017 (les détails dans Le Monde).

CA VIENT DE CHANGER Les débats de la Présidentielle ...€¦ · en 2015-2016 parue en novembre 2016, si 65 écoles d’ingénieurs (en sus des écoles internes aux universités)

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Page 1: CA VIENT DE CHANGER Les débats de la Présidentielle ...€¦ · en 2015-2016 parue en novembre 2016, si 65 écoles d’ingénieurs (en sus des écoles internes aux universités)

Universités / Écoles d’ingénieurs / Écoles de management/ Vie des campus / Entretiens : Jean-Luc Koehl (ADEPPT), Philippe Jamet, Delphine Manceau (EBS) / Gros plan : L’Institut français de la mode change de dimension / Repères : Qui sont les étudiants à l’université ? ; Qui sont les étudiants en CPGE ?

Les débats de la Présidentielle : comment notre enseignement supérieur peut-il s’organiser ?La montée en puissance des regroupements territoriaux (Comue essentiellement) est au cœur de toutes les stratégies de l’enseignement supérieur depuis 2008. Après une année 2016 qui a vu leur création effective - et beaucoup de des crises profondes ! -, quel avenir ont-ils et comment d’autres modèles émergent ? Ce sera sans nul doute l’une des grandes questions de cette année présidentielle.

Des Comue qui se cherchent. Parce qu’il fallait une carotte pour faire avancer les projets, les initiatives d’excellence (Idex) ont été lancées en 2010 pour pousser les établissements à l’époque membres de PRES (pôles de recherche et d’enseignement supérieur), devenus aujourd’hui des Comue, à travailler ensemble sur des projets communs. Six ans après, ces Idex auront à la fois permis de récompenser de beaux projets et montré toute la difficulté qu’avaient une très grande partie des universités comme des grandes écoles à travailler ensemble.

En retoquant en juin 2016 les Idex de l’université de Toulouse, d’HeSam ou de Sorbonne Paris-Cités, le jury international des Idex a prouvé qu’il ne s’en laissait pas compter par des regroupements qui promettaient beaucoup de rapprochements mais en faisaient le plus souvent bien peu. Ce n’est pas par hasard si ce sont des projets d’universités fusionnées (Aix-Marseille, Strasbourg et, dans une moindre mesure, Bordeaux) ou de petites tailles (Nice), jugés « gouvernables », qui ont été choisis au détriment de « mastodontes » à la gouvernance compliquée comme celles de Toulouse ou Lille. Quant à l’avenir de l’Idex de l’emblématique Paris-Saclay (où l’Université Paris Sud et l’Ecole Polytechnique n’en finissent pas de se chamailler) il est toujours en suspens. Autant de déboires qui posent toutes les difficultés d’une gestion tripartite (universités, grandes écoles et organismes de recherche) de l’enseignement supérieur français alors que plus de 1,6 million d’étudiants sont inscrits dans un établissement membre d’un regroupement, soit les deux tiers de l’ensemble des inscrits dans l’enseignement supérieur en 2015-2016.

Quelle place pour les grandes écoles ? S’il est au moins un point sur lequel tout le monde s’accorde c’est que les regroupements ont conduit des établissements qui ne se connaissaient guère à enfin se parler. Mais pas forcément à se comprendre… « Grandes écoles et universités peuvent très bien travailler ensemble. Les grandes écoles ont réalisé un travail considérable en recherche notamment pour s’insérer dans les unités mixtes de recherche (UMR) et cela s’est fait grâce et en accord avec les universités. Nous avons peu à peu appris à nous connaître », confie le délégué général de la Conférence des grandes écoles, Francis Jouanjean, qui n’en remarque pas moins : « Nous avons fait du chemin vers elles quand, de leur côté, elles n’ont malheureusement pas toujours fait le même parcours vers la formation et sont restées peut-être trop polarisés sur une recherche essentiellement académique ».

Comme le résume une note su MESR Les effectifs étudiants dans les regroupements d’établissements en 2015-2016 parue en novembre 2016, si 65 écoles d’ingénieurs (en sus des écoles internes aux universités) sont membres de regroupements (dont dix privées), les écoles de commerce et de gestion sont peu représentées avec seulement huit à en faire partie sur les 191 recensées à la rentrée 2015. Plus largement, les établissements privés ne sont que 26 au sein des regroupements.

Nombreuses sont donc les grandes écoles – et notamment de management - qui se sont senties rejetées lors de la création des Comue. Comme le faisait remarquer Jean-Michel Blanquer, le directeur de l’Essec, lors de la présentation des propositions de la Conférence des grandes écoles pour la Présidentielle, « même si je suis très heureux dans ma Comue, je m’inquiète de la «strapontisation» dont sont victimes les grandes écoles mises à l’écart dans certaines Comue ». Les grandes écoles de management normandes ne font par exemple toujours pas partie de la Comue Université de Normandie. Mais heureusement la situation est meilleure à Toulouse. « Nous sommes associées à la Comue dont l’approche fédérale est très louable et crée une émulation positive », confie le directeur de Toulouse BS, François Bonvalet, qui insiste : « Nos établissements sont proches les uns des autres et c’est une chance de travailler dans une grande ville – la deuxième universitaire de France – dans laquelle les acteurs se connaissent très bien ».

Comment faire évoluer les Comue ? L’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) prône un retour en grâce des « grands établissements » (comme Paris-

A LA UNE

Premier Groupe de Conseil Spécialisé pour les Acteurs de l’Enseignement

Supérieur et de la FormationN°177 – Vendredi 6 janvier 2017

AU SOMMAIRE

CA VIENT DE CHANGER

Pendant les vacances de Noël et le 1er janvier 2017 quelques événements marquants ont eu lieu :

• Sélection en master : la loi a été promulguée le 24 décembre 2016. En janvier, le site trouvermonmaster.gouv.fr doit être mise en ligne

• L’Institut Mines-Télécom (IMT) possède de nouveaux statuts (lire le Journal officiel) depuis le 1er janvier 2017.

• Sciences Po a réalisé l’acquisition de l’Hôtel de l’Artillerie le 23 décembre 2016.

• L’université Clermont-Auvergne a été créée le 1er janvier 2017 en fusionnant les universités d’Auvergne (Clermont 1) et Blaise-Pascal (Clermont 2).

• Sept régions (Bretagne, Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire, Grand Est, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire) expérimentent, à compter du 1er janvier 2017, la possibilité d’entrer en apprentissage jusqu’à 30 ans.

• Les bourses des étudiants en formations paramédicales, jusque-là variables selon les régions, seront alignées sur celles des autres étudiants à partir de 2017 (les détails dans Le Monde).

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L’essentiel du sup - Edition universités - N°177 - Vendredi 6 janvier 2017 - Copyright © HEADway Advisory

Dauphine ou l’Ecole polytechnique) dans son dernier rapport intitulé Simplification des instruments de coordination territoriale et articulation avec les initiatives d’excellence. Depuis un amendement (qui a donné lieu à une passe d’arme homérique entre le gouvernement d’un côté, la CPU et la CDEFI de l’autre) a plus ou moins entériné la proposition de l’IGAENR en permettant l’éclosion de Comue à « deux vitesses » où certaines entités se rapprocheraient en créant un grand établissement et pas les autres.

Un projet taillé sur mesure pour Paris-Saclay parce qu’aujourd’hui toute intégration au sein des Comue se heurte d’abord à la volonté de ses membres de conserver leur personnalité morale. Le combat des Mines de Paris pour ne pas être « dissout » dans l’Institut Mines Télécom est la meilleure illustration de la persistance de cette volonté. Or aujourd’hui, il n’existe pas au sein des établissements publics administratifs, de personnalité morale composante d’un établissement ayant la personnalité morale à l’exception de l’Institut de France.

Les Comue ont-elles changé d’objectif ? Si les Comue ne fonctionnent pas toujours bien c’est aussi parce qu’elles semblent parfois ne pas respecter le projet d’excellence qui était au cœur du projet des PRES. Parce que s’il y a eu les PRES, s’il y a eu l’autonomie des universités, on le doit sans doute finalement à quelques chercheurs chinois qui ont eu l’idée en 2003 de classer les universités du monde entier pour permettre à leurs étudiants de choisir la meilleure. L’université Paris-Saclay nait donc en 2008 avec un projet d’ « université d’excellence » qui a fini par convaincre universités et grandes écoles de faire cause commune.

Mais, devenu Comue, le projet semble changer de dimension. Au regroupement d’une université d’excellence, Paris-Sud, accolée à des grandes écoles de même rang dans un projet clairement fondé sur la volonté de performer dans les classements internationaux, semble peu à peu se substituer un projet d’aménagement du territoire marqué par l’arrivée, en 2013, de l’université Versailles Saint-Quentin en son sein puis de l’université d’Evry. Résultat : les grandes écoles se sentent alors peu à peu marginalisées et l’Ecole polytechnique voit se déliter le projet initial d’université d’excellence. C’est dans ce contexte qu’est révélé en juin 2015 le fameux rapport de Bernard Attali sur l’Ecole polytechnique qui entend faire émerger une sorte de grande Ecole polytechnique regroupant l’ensemble des grandes écoles du site et lui a permis d’obtenir 60 millions d’euros d’avance de sa tutelle pour se développer.

D’autres alliances sont possibles. Paris-Saclay a été une solution, est-ce toujours la solution ? Au modèle des Comue l’Ecole polytechnique semble aujourd’hui vouloir substituer la constitution d’un « pôle national d’écoles d’ingénieurs ». « Nous restons bien évidemment des acteurs centraux de Paris-Saclay mais nous voulons également constituer une alliance d’écoles volontaires », confiait Yves Demay, alors encore directeur général de l’Ecole polytechnique, venu signer une convention de partenariat avec l’Isae Supaéro en mai 2016. Sous la houlette de la Direction générale de l’armement, les écoles d’ingénieurs du ministère de la Défense se rapprochent ainsi à grande vitesse. « Les écoles françaises sont encore trop éclatées pour jouer un rôle majeur à l’international. Elles doivent s’unir comme l’ont déjà fait Supaéro et l’Ensica pour constituer l’Isae », assurait alors Lionel Collet-Billon, le délégué général pour l’armement.

Groupe INP, Institut Mines Télécom, Groupe Insa, Réseau des Ecoles centrales, les écoles d’ingénieurs se sont beaucoup rapprochées sur un plan national qui peut sembler antinomique avec les regroupements régionaux que sont les Comue. « Le Réseau des Ecoles Centrales est essentiellement orienté vers le diplôme d’ingénieur des écoles membres quand Paris-Saclay s’emploie à mutualiser des masters. La logique de Paris-Saclay n’est pas d’homogénéiser les établissements mais de renforcer les projets internationaux. Ce à quoi le Réseau des écoles Centrales peut l’aider », rétorque le directeur général de CentraleSupélec, Hervé Biausser. Comue, alliances, fusions, accords internationaux, jamais le paysage de l’enseignement supérieur que les réformes successives entendaient simplifier n’a paru aussi compliqué qu’en cette année présidentielle…

Olivier Rollot (@ORollot)

HEADway souhaite une excellente année 2017 à tous les abonnés de « l’Essentiel du sup ». Tout au long de cette année cruciale pour l’avenir de notre enseignement supérieur, nous nous attacherons à rendre toujours mieux compte de son actualité et de ses enjeux.

LES 10 PERSONNALITES QUI VONT MARQUER L’ANNÉE 2017

Une année présidentielle est forcément une année spéciale et ces dix personnalités auront sans nul doute à s’y illustrer par leur poids institutionnel comme médiatique.

Jean-Michel Blanquer, le directeur général du groupe Essec, fait partie des noms les plus cités pour occuper le poste de ministre de l’Education si François Fillion accédait à la présidence de la République en 2017.

Même s’il semblait plus proche d’Alain Juppé et surtout de Nicolas Sarkozy lors des primaires de la droite et du centre, son aura est aujourd’hui telle dans le monde de l’éducation qu’il reste incontournable.

Né en 1964, agrégé de droit public, docteur en droit de l’université Panthéon-Assas, titulaire d’une maîtrise de philosophie et d’un DEA de sciences politiques de Sciences Po, Jean-Michel Blanquer a été directeur général de l’enseignement scolaire (DGESCO) au ministère de l’Éducation nationale de décembre 2009 à novembre 2012 avant de prendre la direction de l’Essec en 2013.

Gilles Bloch, président de l’université Paris-Saclay, va devoir faire preuve d’un sens diplomatique à toute épreuve pour continuer à

faire cohabiter au sein de la même Comue des universités et des grandes écoles qui se déchirent de plus en plus. En jeu notamment l’obtention définitive des financements de l’Idex pour lesquels le jury international a prolongé la période probatoire jusqu’à la fin 2017 en avril 2016. Un amendement voté en décembre 2016 pourrait dans ce contexte permettre à certains établissements de se rapprocher sans forcer pour autant l’Ecole polytechnique à en faire autant.

Né en 1961, Gilles Bloch est diplômé de l’École polytechnique, docteur en biophysique moléculaire (UPMC) et en médecine (Paris Diderot). Nommé directeur adjoint de la Direction des sciences du vivant du CEA en 2001, il la quitte en 2002 pour rejoindre le cabinet de Claudie Haigneré, ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles technologies, en tant que conseiller. À son départ, en 2004, il devient directeur adjoint du cabinet de François d’Aubert, nouveau ministre chargé de la Recherche. En 2005, il devient le premier directeur de la nouvelle Agence nationale

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REPERES

Qui sont les étudiants à l’université ?Le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche vient de publier une note sur Les étudiants inscrits dans les universités françaises en 2015-2016, soit près d’1,6 million. Si la hausse est de 4% en 1 an, 1,2% sont dus aux inscriptions parallèles des étudiants de CPGE. Dans le détail, les effectifs sont en hausse en cursus licence (+ 2,9% hors doubles inscriptions et 967 000 étudiants) et master (+ 3,2% avec la montée en charge des inscriptions en masters MEEF - métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation -, pour 566 500 étudiants) mais diminuent en doctorat (-1,6% et 59 700 étudiants).

Les nouveaux entrants. Le nombre de nouveaux bacheliers s’inscrivant à l’université est en hausse de 7,9% à la rentrée 2015 dans un contexte de baisse du nombre de (- 1,1%) mais de forte hausse des bacheliers généraux (+ 3,7% par rapport à 2014). Le taux de poursuite des bacheliers à l’université (y compris IUT), qui avait diminué de 1,3 point en 2014-2015, augmente ainsi de 3,8 points pour atteindre les 45,1%. Mais c’est encore plus le cas pour les nouveaux bacheliers généraux dont le taux de poursuite à l’université atteint 70,1% (y compris IUT), soit une hausse de 4,3 points.

Parmi les nouveaux entrants à l’université, 84,6% ont obtenu leur baccalauréat en 2015. Ces nouveaux bacheliers sont très majoritairement titulaires d’un baccalauréat général (79,7% d’entre soit 1,9 point de plus par rapport à 2014-2015), 15% ayant un baccalauréat technologique (- 0,9) et 5,3% un baccalauréat professionnel (- 0,9). Ces derniers représentent un nouvel entrant sur dix en langues et en sciences humaines et sociales et près de un sur cinq en AES.

La licence. Hors IUT et disciplines de santé, 43% des effectifs du cursus licence sont inscrits dans la seule première année. Avec l’évaporation des effectifs que l’on connaît (en STAPS, plus de la moitié des inscriptions sont en première année !) mais aussi les nombreux redoublements, les deuxième et troisième années représentent respectivement 23% et 22% des inscrits (la licence professionnelle 7%).

Les étudiants sont davantage inscrits en lettres et sciences humaines et sociales (37% des étudiants) alors que si la part des sciences augmente de 2 points à 21%, l’augmentation est due aux doubles inscriptions en CPGE.

Les IUT. Les effectifs en IUT stagnent (- 0,1%) rompant avec la tendance à la hausse, même si elle restait modérée, des deux années précédentes (+ 0,6% en 2014-2015 et + 1,2% en 2013- 2014).

Le master. En cursus master, 41% des inscrits le sont en 1ère année et 37% en 2ème. Les autres formations relevant du cursus master (formation d’ingénieur, diplôme des IEP, etc.) représentent 22% des inscrits. En sciences fondamentales et applications, 39% des inscrits en cursus master le sont en formation d’ingénieurs. Mais c’est avant tout la hausse de 14,4% des inscriptions dans les formations menant à l’enseignement (masters MEEF et DU spécifiques) qui explique la hausse globale des effectifs de 3,2%.

Le doctorat. Pour la sixième année consécutive, le nombre d’étudiants inscrits en doctorat et en HDR est en baisse (-1,6%) poursuivant la tendance observée depuis 2006. Les diminutions sont plus marquées dans les disciplines économiques (- 4,1%) ou littéraires (- 2,1%) notamment en langues (- 2,7%). En sciences, la baisse est plus mesurée (- 0,6%).

Par disciplines. Sur les trois niveaux confondus, les effectifs augmentent en sciences pour la deuxième année consécutive (+ 9,4% et + 4,3% hors CPGE). L’augmentation est la plus forte dans les disciplines scientifiques spécialisées, que ce soit en sciences de la nature et de la vie ou en sciences fondamentales (respectivement + 5,7% et + 4,6% hors CPGE).

Pour la treizième année consécutive, le nombre d’étudiants en formations de santé progresse en 2015-2016 (+ 1,9%) malgré la légère baisse en pluri-santé PACES (- 0,4%) due principalement à la diminution des effectifs de redoublants.

de la recherche puis, en 2006, directeur général de la recherche et de l’innovation au sein du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Un poste qu’il quitte en 2009 pour diriger depuis la Direction des sciences du vivant, l’une des cinq directions du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives.

François Cansell, président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieur (CDEFI), fait à ce titre partie des deux personnalités les plus consultées lors des

réformes de l’enseignement supérieur en compagnie du président de la CPU (les deux conférences agréées par le MENESR). Si les questions de sélection ne le concernent guère, le dossier du développement des bachelors dans les écoles d’ingénieurs pourrait être explosif à gérer pour lui tant il provoque de crispations du côté d’une CPU inquiète de voir les meilleurs étudiants scientifiques s’y précipiter.

Né en 1957 ans, directeur général de Bordeaux INP depuis 2009, vice-président de la CDEFI depuis 2013 et jusqu’à son élection à sa présidence en 2015, François Cansell est ingénieur chimiste. Il fut auparavant directeur de l’École nationale supérieure de chimie et de physique de Bordeaux (ENSCPB)

Jean Chambaz doit piloter cette année la fusion des universités Pierre et Marie Curie, qu’il préside, et Paris IV

qui devrait être effective le 1er janvier 2018. Un projet approuvé par les instances des deux universités - mais largement combattu par les organisations syndicales et certains personnels -, qui devrait s’il aboutit transformer considérablement le paysage universitaire parisien en portant sur les fonts baptismaux la première fusion entre universités en Ile-de-France tout en créant un établissement pluridisciplinaire de taille mondiale.

Né en 1953, fils du député communiste Jacques Chambaz et frère de l’écrivain Bernard Chambaz, Jean Chambaz a été, avant son élection à la tête de l’UPMC en 2012, professeur de biologie cellulaire à la faculté de médecine Pierre et Marie Curie et chef de service de biochimie endocrinienne à l’hôpital Pitié-Salpêtrière. De 2008 à 2011, il est le premier président du Council for Doctoral Education de l’European University Association (EUA), l’EUA.

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Les inscriptions retrouvent en effet un certain dynamisme en médecine (+ 3,3% après +2% en 2014-2015) et en odontologie (+2,6% après + 1,8%) tandis que les effectifs de pharmacie se tassent (- 0,5%).

Les étudiants sont également plus nombreux qu’en 2014-2015 en sciences humaines et sociales, en sciences économiques-gestion ainsi qu’en arts-lettres-sciences du langage (respectivement 7,6%, + 3,5% et + 1,4% hors CPGE). Les effectifs augmentent très légèrement en langue (+ 0,3%). Par contre, les inscriptions sont en forte baisse en administration économique et sociale (-11,9% hors CPGE).

Les femmes. Les femmes représentent plus d’un étudiant inscrit à l’université sur deux. Elles sont majoritaires en cursus licence et en master mais restent minoritaires en doctorat (48%). Elles représentent environ 70% des effectifs en lettres et langues et 64,8 % en droit – sciences politiques mais sont seulement 38,7% des inscrits en sciences, 28,9% en STAPS et 39,5% en IUT. La médecine-odontologie et surtout la pharmacie sont des filières fortement féminisées : les femmes représentent respectivement 62,3% et 63,7 % des effectifs. Elles sont également une majorité en PACES (67,8%).

Les académies. En 2015-2016, y compris les doubles inscriptions en CPGE, les effectifs sont en hausse dans toutes les académies sauf Limoges (3%). Dans cinq académies de France métropolitaine (Amiens, Caen, Nice, Reims et Poitiers) cette hausse, hors doubles inscriptions en CPGE, est supérieure à 5%. Elle monte même à 14,4% à Amiens !

Les étudiants étrangers. À la rentrée 2015, 225 400 étudiants sont étrangers.

Si ces effectifs augmentent (+ 3,2% par rapport à 2014-2015), leur part continue à diminuer légèrement et se situe désormais à 14,1% du total des étudiants. Ils représentent respectivement 10,7% des étudiants en cursus licence, 17,2% en master et 41,1 % en doctorat.

Les étudiants africains représentent près d’un étudiant étranger sur deux (47,2%) loin devant les Européens (24,5%). Parmi ces derniers, les étudiants italiens sont les plus représentés (7 300 soit 15,1 % des Européens), suivi des Allemands (6 400 soit 11,6 %), des Espagnols (5 000 soit 9,0 %), Russes (3 800 soit 6,9 %) et Roumains (3 600 soit 6,5 %).

Philippe Jamet, le directeur général de l’Institut Mines-Télécom, (IMT) est à ce titre le fer de lance de réformes profondes de quelques-unes des principales écoles d’ingénieurs françaises réunies au sein de l’IMT.

Augmentation des droits de scolarité, fusions, internationalisation, il est sur tous les dossiers et a même été consulté par Thierry Mandon pour « amener la paix » au sein de Paris-Saxlay (son rapport n’a jamais été publié). A titre personnel il vient de publier un livre « décapant » sur le système éducatif français (lire son entretien ci-contre).

Né en 1961, Philippe Jamet est ingénieur civil des Mines (Paris, 1981-1984) et docteur en hydrologie/hydrogéologie quantitatives de la même école. Après un début de carrière à la Compagnie générale des Eaux (actuelle Veolia Environnement), il est successivement chargé de cours, expert pour le ministère, directeur d’institut, professeur à l’école des Ponts ParisTech, directeur délégué Mines ParisTech à Fontainebleau jusqu’à son départ en 2004 à Washington en tant qu’attaché pour la science et la technologie, chargé de l’environnement et du développement durable auprès de l’ambassade de France aux États-Unis. Il était avant sa nomination à la tête de l’IMT, directeur de l’une des écoles membre, les Mines Saint-Etienne, et président de la Conférence des Grandes écoles.

Patrick Hetzel paraît aujourd’hui parmi les mieux placés pour occuper le poste de ministre de l ’ E n s e i g n e m e n t supérieur et de la Recherche si François Fillion accédait à la présidence de la

République en 2017. Conseiller en charge des questions d’éducation, d’enseignement et de recherche de François Fillon en 2007 puis directeur général pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle (DGESIP) de 2008 à 2012, élu député du bas Rhin cette même année, c’est à la fois l’un des meilleurs connaisseurs du système et l’un des plus proches soutiens du gagnant des primaires de la droite et du centre.

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UNIvERSItéS

Fusion 3/5/7 (+13) en vue Le conseil d’administration de l’université Paris-Diderot (Paris 7) avait été perturbé fin décembre 2016 par des manifestants qui protestaient contre la fusion de leur université avec Paris-Descartes (Paris 5) et la Sorbonne Nouvelle (Paris 3), Paris 13 étant seulement associée au projet. Par précaution c’est au rectorat que s’est tenu le 3 janvier le conseil d’administration de Paris-Diderot qui s’est finalement prononcé pour un projet déjà largement approuvé par le CA de Paris-Descartes, son fer de lance, et celui de la Sorbonne Nouvelle (Paris 3), plus réticent. Aujourd’hui on va donc bien vers la création d’une grande université de 85 000 étudiants qui verrait le jour le 1er janvier 2019 et sera le cœur de la Comue Université Sorbonne Paris Cité.

Ceux qui vont diriger la CPUAux côtés d’un bureau composé de Gilles Roussel, Fabienne Blaise et Khaled Bouabdallah, les présidents des commissions de la Conférence des présidents d’université élus le 15 décembre 2016 sont :

– commission Formation et insertion professionnelle : François Germinet, président de l’Université de Cergy-Pontoise ;

– commission Recherche et innovation : Pierre Mutzenhardt, président de l’Université de Lorraine ;

– commission des Moyens et des Personnels : Jean-François Balaudé, président de l’Université Paris-Nanterre ;

– commission Vie étudiante et Vie de campus : Mathias Bernard, président de l’Université Blaise-Pascal (Clermont-Ferrand) ;

– commission des Relations internationales et européennes (CORIE) : Jacques Comby, président de l’Université Jean-Moulin-Lyon 3 ;

– commission juridique ; Emmanuel Roux, président de l’Université de Nîmes ;

– commission des questions de Santé : Yvon Berland, président d’Aix-Marseille Université.

Outre les trois membres du bureau et les sept présidents de commission, ont été élus parmi les membres de la Conférence au conseil d’administration (CP2U) de la CPU : Alain Bonnin, président de l’université de Bourgogne ; Christine Gangloff-Ziegler, présidente de l’université de Haute-Alsace ; Lise Dumasy, présidente de l’université Grenoble Alpes ; Eric Maurincomme, directeur de l’INSA de Lyon ; Matthieu Gallou, président de l’université de Bretagne occidentale ; Carle Bonafous-Murat, président de l’université Sorbonne nouvelle – Paris 3 et Olivier Laboux, président de l’université de Nantes.

L’université d’Orléans plombée par la gestion désastreuse de son ancien président Laisser son université en quasi faillite ne l’avait pas empêché d’être nommé recteur de l’académie de Guyane en mars 2016. Le 4 janvier Youssoufi Touré a été contraint de démissionner de son poste après à la fois des plaintes de ses collaborateurs du rectorat et la publication d’un article de Libération pointant sa « gestion hasardeuse » de 2009 à 2016. Sept années pendant lesquelles les dépenses dues à un clientélisme débridé ont conduit la petite université à cumuler 12 à 15 M€ de déficit, soit 10% de son budget. Elu en 2016, le nouveau président, Ary Bruand, avait tout de suite diligenté un audit. Aujourd’hui il indique que «si la situation de notre université est réellement catastrophique et qu’à ce titre je ne m’interdis pas de porter l’affaire devant les tribunaux, je ne pense pas qu’il y ait eu d’enrichissement personnel». De son côté Youssoufi Touré affirme : « On ne me limoge pas, on ne me vire pas (...) J’ai écrit à la ministre de l’Education nationale il y a plusieurs semaines pour lui demander de partir ».

Didier Kling a été élu président de la Chambre de commerce et d’industrie de région Paris Ile-de-France en

décembre 2016. Il aura à ce titre à piloter avec Yves Portelli, directeur général adjoint en charge de l’enseignement, de la recherche et de la formation, la refondation de l’ensemble des établissements sous tutelle de sa chambre dans un contexte de forte réduction des moyens des chambres de commerce et d’industrie.

Né en 1949, président du Cabinet Didier Kling & Associés, cabinet d’expertise comptable qu’il a créé en 1979, il succède à Jean-Paul Vermès. Diplômé de Sciences Po, commissaire aux comptes, expert auprès de la Cour d’appel de Paris, agréé par la Cour de cassation, il préside la Chambre nationale des conseils et experts financiers (CNCEF) depuis 2004.

Thierry Mandon, le secrétaire d’État à l ’ E n s e i g n e m e n t supérieur et de la Recherche, sait qu’il devra surtout gérer une certaine forme d’immobilisme prudent jusqu’à l’élection présidentielle. Pour

autant il ne pourra se désintéresser de la mise en place de la réforme de la sélection en master ni d’un débat qui risque de mettre la question de la sélection en licence au premier plan. D’autant que sa proximité avec aussi bien Arnaud Montebourg que Benoît Hamon ou Vincent Peillon pourrait lui offrir un rebond politique face à une Najat Vallaud-Belkacem qui roule de son côté clairement pour Manuel Valls.

Né en 1957, diplômé de Sciences Po, Thierry Mandon s’est lancé dans la politique en 1984, est élu député de l’Essonne de 1988 à 1993 puis maire de Ris-Orangis en 1995 et, de nouveau, député en en 2012. Entre les deux il devient consultant dans un groupe de conseil en stratégie et en ressources humaines. En 2002, il rejoint le « Nouveau Parti socialiste » (NPS) avec Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Vincent Peillon pour rénover le parti mais ils se déchirent en 2005 et il fonde alors avec Arnaud Montebourg, son condisciple de Sciences Po, le courant « Rénover maintenant ». Pour autant il ne le suivra pas quand ce dernier quittera le gouvernement en août 2014. L’enseignement supérieur et la recherche ne lui étaient pas étrangers puisqu’il fut rapporteur de son budget en 2012 mais surtout créateur, en 1998, et président jusqu’en 2014 du groupement d’intérêt public Genopole, « biocluster » dédié à la recherche en génomique, génétique et aux biotechnologies.

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En bref…• Dans les coulisses du classement de Shanghai (EducPros)

• Le HCERES a publié son rapport d’évaluation de Sciences Po Rennes

• Les cours de latin sauvés in extremis à l’université d’Avignon (Le Figaro Etudiant)

• Le site local EcomNews présente la nouvelle faculté de médecine de Montpellier.

• « Promising », le pari de la créativité dans les IAE (Le Monde).

• Le Monde trace le portrait de Jean-Charles Caillez, vice-président innovation et développement de l’Université catholique de Lille.

• Un datacenter chauffe les étudiants de l’université de Bourgogne (JournalDuGeek)

• Les médecins sans thèse, repêchés mais exilés (Le Monde)

vIE DE CAMPUS

Comment vivent les campus dans le monde ?C’était le thème de son colloque annuel en 2016. La Conférence des présidents d’université et la Caisse des Dépôts ont réalisé un benchmark international portant sur des Modèles économiques innovants et des exemples de financements pour améliorer la vie de campus. A travers douze études de cas, le benchmark entend « identifier des solutions alternatives aux modèles actuels de financement d’activités ou d’équipements, illustrer concrètement des modèles économiques innovants, et mettre en avant des modes de partenariat et de collaboration originaux avec les acteurs du territoire ». Cinq champs de la vie de campus sont examinés : la culture, la santé, le sport, les relations avec le monde économique, et le patrimoine.

Les exemples étudiés attestent d’abord d’une dynamique d’ouverture du campus sur le monde extérieur et notamment une tendance à ouvrir l’usage des équipements à des personnes extérieures à l’université. C’est le cas dans les domaines culturels, de la santé ou du sport, mais aussi pour des équipements « d’interface économique ». C’est à la fois un moyen d’améliorer l’attractivité et l’image de l’université, de faire connaître et parfois « tester » une offre académique (c’est par exemple le cas des «Summer sessions ») et d’optimiser et rentabiliser ces équipements.

Le développement de ces nouveaux services, qu’il s’agisse de l’offre sportive et récréative d’un campus, de son niveau d’équipement ou encore de son mode de tarification, s’accompagne d’un renforcement de l’autonomie dans la gestion des services concernés.

Selon l’étude, l’EPFL illustre « une démarche de développement particulièrement ambitieuse du campus, rendue possible par la mise en œuvre de modes de contractualisation innovants (PPP...) avec les acteurs privés, pour réaliser rapidement des investissements importants ».

Comment l’université de Cergy-Pontoise fait baisser sa facture énergétique

La Caisse des Dépôts a investi très exactement 963 640 € dans le cadre de son dispositif Intracting pour contribuer au financement de la rénovation thermique de l’université de Cergy-Pontoise. Le principe de l’intracting (« convention de performance interne ») consiste en la création d’un « fonds », constitué conjointement par l’établissement et la Caisse des Dépôts, permettant de financer des travaux d’efficacité énergétique rapidement amortissables. La convention comporte une avance remboursable d’un montant total de 963 640 €, soit 50 % du montant total des investissements, pour aider à l’amorçage des

travaux. Les économies réalisées sur la durée de la convention permettront de rembourser la Caisse des Dépôts. En l’espèce, il s’agit de la rénovation des équipements de gestion technique centralisée des bâtiments (112 000 m²) qui permettra d’opérer un pilotage et un contrôle plus performant de l’énergie consommée sur les différents postes. La Caisse des Dépôts signe ainsi sa cinquième convention avec un établissement d’enseignement supérieur.

Gilles Roussel a été élu à la tête de la Conférence des p r é s i d e n t s d’université en décembre 2016. Alors que du côté de

François Fillon et des Républicains l’idée de prérequis à l’entrée des universités est souvent prônée, il aurait fort à faire pour faire passer une telle mesure, à laquelle la CPU s’est souvent montrée favorable, auprès des syndicats. Il doit également gérer la mise en vigueur de la réforme de la sélection en master dans laquelle il a été très impliqué en tant que président de la commission Formation et insertion professionnelle de la CPU.

Né en 1968, président de l’université Paris-Est Marne-la-Vallée depuis 2012, Gilles Roussel bénéficie en tout cas du soutien des universités puisqu’il était le seul candidat à la succession de Jean-Loup Salzmann. A ses côtés les deux vice-présidents sont Fabienne Blaise, présidente de l’université Lille 3, et Khaled Bouabdallah, président de la Comue Université de Lyon et déjà vice-président de la CPU.

Anne-Lucie Wack, la présidente de la Conférence des Grandes écoles, espère bien faire entendre la voix de la CGE en cette année présidentielle. Elle s’est particulièrement

impliquée dans le dossier de la diversité et de l’égalité des chances.

Née en 1964, première femme à prendre la tête de la CGE, elle a été également la première à diriger Montpellier SupAgro en 2013. Après avoir été membre du comité de pilotage national des Assises de l’enseignement supérieur en 2012, elle a été également été membre du comité national pour l’élaboration de la Stratégie nationale de l’enseignement supérieur (StraNES) et préside depuis 2015 du conseil d’administration de l’École nationale supérieure d’architecture de Montpellier (Ensam). Diplômée de l’Institut national agronomique Paris-Grignon, Anne-Lucie Wack est également titulaire d’un doctorat et a suivi une formation en management général et finances à l’Insead. Avant de prendre la présidence de Montpellier SupAgro, elle a été chargée d’élaborer le projet de réorganisation d’Agropolis International, un pôle de recherche et d’enseignement supérieur agronomique qui comprend 2300 cadres scientifiques répartis dans 25 établissements et d’assurer la coordination des demandes des établissements de ce pôle pour le contrat du projet État-Région (2007-2013). Elle a également mis en place et développé la fondation de coopération scientifique Agropolis Fondation, qu’elle dirige depuis sa création en 2007.

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ELLES/ILS BOUGENT…

Mathias Bernard a été élu président de l’université Clermont-A u v e r g n e le 16 décembre 2016. Jusqu’ici président de l’université Blaise-Pascal il devient ainsi le premier président de cette nouvelle université unifiée.

Dans un entretien qu’il nous avait donné en mai 2015, il expliquait : « Nous sommes deux universités aux effectifs semblables, toutes deux pluridisciplinaires, sans véritable doublon et la fusion est consensuelle. Cela dit, il ne faut pas pour autant minimiser le travail à effectuer pour rapprocher deux cultures et des services qui fonctionnent parfois selon des pratiques différentes ».

Gilles Halbout a été élu président de la Comue Languedoc-Roussillon Universités. Il en est le premier président puisque, depuis sa création, c’était le président de l’université de Nîmes, Emmanuel Roux, qui en

était l’administrateur provisoire. Gilles Halbout a été élu avec 29 voix (sur 53 votes). L’autre candidat, Christian Périgaud, a recueilli 22 voix. Professeur de mathématiques à l’université de Montpellier, Gilles Halbout en avait été vice-président délégué de 2012-2015.

Michel Reverchon-Billot, a été nommé directeur général par intérim du Conservatoire national d’enseignement à distance (Cned)… un an après la démission

de Jean-Charles Watiez de la direction d’une institution dont le siège est à Poitiers. A charge pour cet inspecteur général de l’éducation nationale de redonner de l’allant à une institution à bout de souffle bien incapable de prendre le virage numérique. Mais aussi dans un premier temps de renouer le dialogue social avec les personnels qui étaient en grève en décembre. La ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a ainsi demandé à Michel Reverchon-Billot d’« apporter une attention toute particulière aux relations sociales internes au Cned et d’établir un cadre de confiance avec l’encadrement, les personnels et leurs représentants ». Michel Reverchon-Billot connaît en tout cas la région pour avoir occupé la fonction de directeur du Centre régional de documentation pédagogique (CRDP) de Poitiers de septembre 2006 à août 2012.

« L’intracting » a été mis en place pour la première fois, en 1995, par la ville de Stuttgart. Le principe en est simple : le service de l’énergie préfinance des mesures rentables pour l’économie d’énergie et d’eau et les économies réalisées le financent. Des expériences d’intracting ont depuis été menées dans différentes universités comme par exemple à Saint-Andrews où le fonds doté de 2,9 millions d’euros a permis la réalisation d’économies à hauteur de 9,2 millions d’euros, soit un effet de levier de 317 %.

Quel est l’impact socio-économique et environnemental des campus français ?Le réseau Campus Responsables vient de publier une étude « CAMPUS FOOTPRINT » sur l’impact socio-économique et environnemental de sept campus (l’Université de Cergy-Pontoise, l’Université Blaise Pascal, l’Essec, SUPMECA, ECAM-EPMI, l’ENSCCF et l’IFMA) en partenariat avec la Caisse des Dépôts, la CPU, la CGE et l’Association des Villes Universitaires de France. Objectif : « montrer l’apport socio-économique des campus à leur territoire, tout en dévoilant leur empreinte environnementale ».

Au total, ces campus soutiennent plus de 9 400 emplois : 4 500 emplois directs et plus de 4 900 emplois indirects et induits par effet de ricochet (grâce aux achats, aux salaires et à la fiscalité versés). Fait marquant : ces emplois soutenus par les campus-pilotes en France sont composés à 62% de CDI, alors que la moyenne nationale dans l’enseignement se situe à 51%.

Les campus-pilotes contribuent à plus de 960 millions d’euros de la production en France, avec 335 millions d’euros de production directe : 1€ dépensé génère 2,9€ de production totale en France.

Pour réaliser cette étude, Campus Responsables s’est appuyé sur l’outil LOCAL FOOTPRINT®, conçu par le cabinet Utopies. En reproduisant de manière très réaliste le fonctionnement de l’économie, LOCAL FOOTPRINT® permet d’estimer les retombées socio-économiques liées aux flux économiques générés par l’activité des campus-pilotes. Cette étude a été réalisée à partir des données d’activité 2014 et 2015.

ENtREtIEN

« La rhétorique selon laquelle l’ascenseur social passe par l’envoi de tous les jeunes dans l’enseignement supérieur ne fonctionne pas » : Philippe Jamet

A quelques mois de l’élection présidentielle, Philippe Jamet (directeur général de l’Institut Mines-Télécom (IMT) et ancien président de la Conférence des grandes écoles) a tenu à s’exprimer à titre personnel sur l’avenir de notre système éducatif. Dans un essai intitulé Éducation française, l’heure de vérité, il fait le constat d’une France qui recule régulièrement dans les enquêtes PISA tout en amenant de plus en plus d’étudiants dans l’enseignement supérieur long (licence-master) au détriment de l’enseignement supérieur court et plus généralement de la problématique générale de la réussite scolaire et étudiante.

Éducation française, l’heure de vérité est téléchargeable au prix de 0,99€ sur Amazon

Olivier Rollot : Dans votre livre vous vous montrez très critique sur notre système éducatif dont vous constatez notamment « l’immobilisme étayé par de puissants lobbies ».

Philippe Jamet : Nous sommes tous responsables de l’état des lieux actuel car prisonniers d’un certain nombre de représentations. On demande à notre enseignement supérieur à la fois de recevoir le plus grand nombre et de performer dans les classements internationaux comme celui de Shanghai.

Nous sommes tous embarqués dans une systémique qui nous freine et nous empêche d’exceller. De plus nous engouffrons des sommes colossales dans un système peu opérationnel. Avec à peu près autant d’élèves que nous, l’Allemagne compte 15% d’enseignants de moins. Des enseignants qui sont deux fois mieux payés qu’en France alors qu’ils sont recrutés au niveau bachelor quand il faut un master en France.

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YoussoufiTouré a été contraint de démissionner de son poste de recteur de la

Guyane après à la fois des plaintes de ses collaborateurs du rectorat et des révélations sur sa gestion « désastreuse » de l’université d’Orléans (lire ci-contre). Son successeur est Alain Ayong Le Kama, professeur en sciences économiques à Paris Nanterre, nommé mercredi 5 janvier en conseil des ministres

ENSEIGNEMENT SUPERIEUR : LE NIVEAU BAISSE-T-IL ?

« A âge et diplôme fixés, ce sont les générations les plus anciennes qui ont les meilleures performances », constatent les chercheurs Fabrice Murat et Thierry Rocher dans une étude publiée par l’Insee intitulée L’évolution des compétences des adultes : effet « génération » et effet « cycle de vie ». Est-ce à dire que le niveau baisse ? Pas si simple répond Thierry Rocher dans un entretien au Monde où il note que si « ceux qui font des études supérieures en France sont globalement un peu moins bons qu’il y a une trentaine d’années, ils sont aussi beaucoup plus nombreux. Si l’on se restreint aux meilleurs, ceux qui auraient de toute façon fait des études supérieures, le niveau est à peu près équivalent ».

Cette même étude démontre que « le déterminisme social a commencé à augmenter pour les personnes nées dans les années 1980, alors qu’il était stable au cours des deux décennies précédentes ». L’aggravation de l’impact des inégalités sociales sur la réussite scolaire a donc commencé à se manifester plus tôt qu’on ne le pensait en France.

LES TWEETS DE LA SEMAINE

ESIEE PARIS ‏@ESIEEPARIS commence bien l’année : « Champs-sur-Marne : Thomas Pesquet teste les capteurs de l’Esiee dans l’espace http://l.leparisien.fr/s/AbZl via @LeParisien_77 »

O. R : Vous ne croyez pas à la pertinence des objectifs avancés de diplômer toujours plus de jeunes dans le supérieur ?

P. J : On entend nos responsables se féliciter que l’université accueille 40 000 étudiants de plus cette année alors que 70% y échouent. Pour la cohorte entrée à l’université en 2009, le taux de réussite en licence trois ans après est de 26,5% (et à quatre ans de 12,1%, soit 38,6% au total). Ce taux était de 40,2% pour la cohorte 2005 alors qu’il atteint 73,6% pour les BTS et 76,2% pour les DUT.

O. R : Vous stigmatisez une sorte de fuite en avant vers le « toujours plus de diplômes, toujours plus élevés ».

P. J : Au lieu d’aller sur un marché de l’emploi qui leur est favorable, ces diplômés de niveau bac+2/3 préfèrent de plus en plus poursuivre leurs études. Si près de 55% des titulaires de BTS choisissent d’entrer sur le marché du travail, seuls 30% des titulaires d’un DUT font de même, un chiffre en recul de 15% en 15 ans. Le tout alors que le titulaire d’un master gagne seulement 15% de plus que celui d’un BTS.

Résultat, en février 2016, « Le Monde Campus » relevait, à l’appui de données de l’Insee, que seulement 5,6% des professions intermédiaires (de technicien à assimilé cadre) étaient au chômage. Il ajoutait que « les spécialistes notent même une importante demande, voire des pénuries, dans les métiers techniques, ainsi que dans la banque et dans les assurances, à ce niveau de formation ».

O. R : Mais pourquoi continue-t-on obstinément dans cette voie ?

P. J : La France réduit l’exposition de ses jeunes au chômage en favorisant un taux d’accès au supérieur par classe d’âge parmi les plus élevés en Europe : 60%. Aucun autre pays que la France ne cumule ces trois caractéristiques : fort taux d’accès au supérieur, fort chômage ces jeunes et fort taux d’échec.

La rhétorique selon laquelle l’ascenseur social passe forcément par l’envoi de tous les jeunes dans l’enseignement supérieur ne fonctionne pas. De plus elle n’est pas respectueuse de tous les talents en se calant uniquement sur ceux de ceux qui sont bâtis pour des études longues. Enfin comment demander aux universités de fournir de l’excellence si on leur demande avant tout de « stocker » les jeunes ?

O. R : Le problème n’est-il pas aussi la déception de ces étudiants qui sont allés loin dans leurs étudessansenretirerlesbénéficesescomptés,notammentpécuniaires,quandilsentrentsurle marché du travail ?

P. J : Les enquêtes d’insertion professionnelle des diplômés de l’université se félicitent régulièrement d’un taux d’emploi qui n’a rien à envier aux grandes écoles, ce qui peut sembler vrai au vu des chiffres affichés, à condition de passer sous silence le fait que l’enquête porte sur les taux d’emploi à trente mois, tandis que les chiffres publiés par les grandes écoles représentent généralement la situation 6 mois ou 12 mois après l’obtention du diplôme. De plus l’enquête insertion 2015 précise que le salaire mensuel net médian des emplois à temps plein atteint 1910 € pour les diplômés de master. Les titulaires d’un diplôme bac+5, fussent-ils débutants, ne peuvent-ils pas légitimement aspirer à une meilleure situation ?

Plutôt qu’un passeport pour l’emploi, le diplôme est principalement considéré comme un passeport pour poursuivre des études. On va aujourd’hui jusqu’à donner une sorte de droit au diplôme avec une réforme du master qui promet le droit pour tous les titulaires d’une licence à entrer un master.

O. R : Vous avez fait le diagnostic mais comment sauver le malade ?

P. J : Il faut d’abord investir dans l’enseignement primaire et primaire où tout se joue. Ensuite il faut que les diplômes du secondaire soient des marqueurs d’orientation et de compétences. Par ailleurs, le bac doit devenir un simple diplôme de fin d’études secondaires et pas le premier diplôme de l’enseignement supérieur.

Dans l’enseignement supérieur on doit ajuster l’offre de formation en augmentant le nombre de places dans les filières courtes (BTS, DUT, etc.) et en les regroupant dans un « collège des bacs+2/3 » à l’image des community colleges américains. De plus il serait préférable de confier la formation des étudiants de premier cycle à des professeurs dont la formation est la vocation, les PRAG {professeurs du secondaire enseignant dans l’enseignement supérieur}.

Quant au premier cycle universitaire, il devrait s’orienter vers un mode d’apprentissage intensif et propédeutique plus large. Un peu sur le modèle des colleges américains où on travaille intensément dans un univers de large choix d’enseignement qui permet à chaque étudiant de déterminer sereinement et en pleine connaissance de cause son orientation.

O. R : Tout cela nous permettra-t-il de performer dans les grands classements internationaux où nous semblons au mieux stagner ?

P. J : Nous comptions 22 établissements classés dans les 500 premiers en 2010 et ils sont toujours 22 en 2016. On ne peut pas créer de l’excellence en investissant un peu d’argent un peu partout comme on le fait par exemple avec les Idex : il fallait investir dans trois projets phares plutôt que dix ! De plus, le CNRS ne peut plus mettre les universités dans la position de voir une bonne partie de leur recherche

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lui échapper. Il faut qu’il reprenne sa mission de base qui était de créer des unités émergentes et des laboratoires clé au niveau national. La dichotomie actuelle a une influence négative sur notre attractivité.

O. R : Vous pensez que le sujet de l’enseignement supérieur peut faire débat dans la campagne présidentielle ?

P. J : A part un candidat qui allait jusqu’à préconiser la suppression du CNRS, les propos entendus au cours de la primaire de la droite ont soigneusement évité les questions qui fâchent. Nous allons voir ce qu’il en sera pour les primaires de la gauche.

Mais la vraie question à se poser est de comment parvenir à offrir à chacun une formation de contenu, de niveau et de rythme adapté, et qui débouche de surcroît sur l’emploi. La formation tout au long de la vie (FTLV) compte encore peu en France où on attend tout de sa formation initiale alors que c’est la clé pour ouvrir l’espace et le temps de la formation.

O. R : Parlons un peu de l’Institut Mines-Télécom (IMT) que vous dirigez et qui est aujourd’hui le principal regroupement d’écoles d’ingénieurs en France avec Télécom ParisTech, Mines ParisTech, des écoles qui fusionnent (Nantes-Brest, Lille-Douai) et compte aussi d’une école de management.

P. J : Nous avançons et faisons bouger les lignes avec un regroupement national qui s’affiche comme très complémentaire de la logique des sites des communautés d’universités et d’établissements (Comue). D’ailleurs nous sommes « actionnaires » de huit de ses sites et présents dans cinq Idex et Isite. Un point essentiel pour nous est de conserver une pleine synergie stratégique entre l’enseignement et la recherche qui ne doivent jamais être séparés, d’autant plus si, comme nos écoles, nous nous positionnons résolument au service de la compétitivité des entreprises.

O. R : Pensez-vous développer un bachelor à l’image de celui de l’Ecole polytechnique ?

P. J : Nous réfléchissons à un modèle différent avec la création d’un bachelor qui débouche principalement sur l’emploi. Une expérimentation en ce sens aura lieu à la rentrée 2017 en Auvergne- Rhône-Alpes, en coopération avec un organisme de formation professionnelle, pour former des cadres numériques dédiés PME. Mais nous pourrions ultérieurement penser à la création d’un bachelor international à l’échelle de l’IMT.

éCOLES DE MANAGEMENt

Les étudiants du bachelor de l’ISC à la Philharmonie de ParisDans le cadre de ses « enseignements d’ouverture », le Bachelor de l’ISC Paris a invité ses étudiants de 3ème année à participer à des ateliers musicaux dirigés par des professionnels de la Philharmonie de Paris. Les enjeux : leur apprendre à trouver une synergie d’équipe, sortir progressivement de la cacophonie, et savoir trouver une harmonie collégiale. D’autres initiatives du même ordre devraient voir le jour dans les années à venir pour les étudiants du programme Grande Ecole ou certains masters spécialisés du groupe ISC.

En bref…• Le programme communication et médias d’Audencia Business School s’est associé au

Centre universitaire de Santander en Espagne (CESINE) pour proposer un double diplôme «cycle master international en Communication, médias et marketing».

Universities UK ‏@UniversitiesUK travaille contre les effets prévisibles du Brexit : « Not only financial - international students make a vital academic & cultural contribution to universities and the UK »

Le Figaro Étudiant ‏@Figaro_Etudiant signale : « Une Française en lice pour devenir la «meilleure prof au monde» http://etudiant.lefigaro.fr/article/une-francaise-en-lice-pour-devenir-la-meilleure-prof-au-monde-_0107a7a2-cc35-11e6-ad51-8a0dd95baea1/ … @Mariehel2 »

ParisSaclay ‏@ParisSaclay fait un « focus sur l’#architecture du nouvel Institut Mines Télécom par Grafton Architects @TelecomPTech @TelecomSudParis http://bit.ly/2iKgFWV »

École polytechnique ‏@Polytechnique n’est décidément pas une école comme les autres : « Cette cérémonie marque la prise de commandement de François Bouchet, X86, en tant que nouveau DG de @Polytechnique »

HEADway est sur Twitter. A suivre sur @HEADwayAdvisory.

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ENtREtIEN

Delphine Manceau, directrice générale de l’EBSPionnière des écoles de commerce internationales, l’European Business School (EBS) Paris fêtera ses 50 ans en 2017. Sa directrice générale, Delphine Manceau, nous détaille son nouveau plan stratégique.

O. R : C’est sans doute la grande nouveauté du programme Grande Ecole de l’EBS. Vos étudiants vont pouvoir passer leur deuxième année sur l’un des campus du groupe Inseec, à laquelle l’EBS est adossée depuis cet été.

D. M : L’ADN de l’EBS est profondément international et j’ai voulu encore renforcer cette dimension. Notre nouvelle gouvernance le permet avec ses campus internationaux. Nos étudiants pourront donc suivre leur cursus à Londres, Genève (dont l’orientation digitale est très forte) et San Francisco pour se positionner sur l’entrepreneuriat, le digital et l’innovation. Mais ils continueront également à profiter de tous les accords d’échanges que nous avons avec des universités partout dans le monde : les séjours d’études sur les campus s’ajoutent aux accords d’échanges, ils ne les remplacent pas.

O. R : En tout, combien de temps peuvent passer vos étudiants à l’étranger ?

D. M : La moitié de leur scolarité : 2 ans et demi sur 5 ! Dont un stage international de six mois, des séjours d’études d’une année sur nos campus, des accords d’échanges, et des séminaires thématiques (finance à Londres, innovation à San Francisco, luxe à Genève et Londres…). C’est tout l’avantage d’un cursus en 5 ans qui permet de vivre une multitude d’expériences complémentaires à l’international. Chaque année intègrera une partie internationale. Depuis sa création il y a 50 ans, l’European Business School a cette identité résolument internationale. Il fallait aujourd’hui la renforcer alors que toutes les écoles de management se disent internationales même si cela se résume parfois à un semestre à l’étranger. Nous allons plus loin avec une diversité d’expériences et jusqu’à 5 pays de séjour.

O. R : Faut-il verser des suppléments à la scolarité pour partir dans certains pays ?

D. M : 450€ pour l’année d’étude sur nos campus internationaux. Nous aiderons les étudiants à se loger à moindres coûts et à trouver des jobs sur place pour financer leurs études.

O. R : Votre deuxième axe, c’est l’innovation.

D. M : Nous avons appelé cet axe « EDIC » pour « Entrepreneuriat, Digital, Innovation, Créativité ». 17% des étudiants EBS créent leur entreprise à la sortie de l’Ecole, c’est à dire deux fois plus que la moyenne des écoles de management membres de la Conférence des grandes écoles. Parmi nos anciens, nous avons des créateurs d’entreprise qui ont connu un vif succès comme Jacques-Antoine Granjon, le fondateur de vente-privée. En tout, un tiers de nos étudiants choisissent une spécialisation dans le digital ou l’entrepreneuriat. Nous voulons renforcer cette double composante de notre identité en dispensant plus de cours sur l’entrepreneuriat et le digital dès la 1ère année.

O. R : Est-il possible de suivre une partie du cursus en alternance ?

D. M : Oui, la 4ème et la 5ème années. Nous proposons trois spécialisations en alternance : Affaires Internationales, Digital et Finance. Nous souhaitons passer de 13% à 35% des étudiants dans les deux ans. Le rythme intègre une semaine de cours puis 3 semaines en entreprise. Comme le veut la réglementation, les étudiants sont rémunérés entre 51 et 100% du SMIC selon le type de contrat (apprentissage ou professionnalisation) et exonérés de frais de scolarité.

O. R : Vos pédagogies vont-elles également évoluer ?

D. M : Nous travaillons sur deux axes : les spécificités de la génération des « Millenials » et l’émergence de nouveaux métiers. La génération d’étudiants que nous accueillons aujourd’hui est née au tournant du millénaire, elle a grandi avec Facebook (créé en 2004) mais aussi avec l’environnement géopolitique issu du 11 septembre 2001. Ils sont digitaux, multitâches, zappeurs, rapides, ont le sens de l’action et de leur individualité. L’accès à l’information n’est pas un sujet pour eux, mais il faut leur apprendre à la trier et à la hiérarchiser. Ils aiment agir, monter des projets, créer. C’est pourquoi nous avons une pédagogie orientée vers l’action : les faire imaginer et développer de nombreux projets, puis conceptualiser avec eux l’expérience vécue.

Quant aux métiers de demain, ils seront digitaux bien-sûr mais aussi transversaux, collectifs, créatifs, en changement permanent. Il est essentiel que nos étudiants prennent l’habitude d’éviter les silos et de coopérer avec des personnes ayant des profils différents. Nous allons développer les enseignements transversaux et multidisplinaires.

UN NOUVEAU PARTENAIRE AU

CAPITAL D’EDUSERVICES

L’investisseur français Capzanine entre dans le capital d’Eduservices et ses 17 500 étudiants scolarisés dans 31 établissements tels que ISCOM, Ipac Bachelor Factory, PIGIER ou encore Tunon. Sous la direction de Philippe Grassaud (photo), son président et actionnaire majoritaire, Eduservices-Les entrepreneurs de l’Education a doublé son budget ces six dernières années (de 50 à 99 M€). Capzanine gère de son côté déjà 1,1 milliard d’euros d’actifs et a déjà investi en 2016 dans le capital d’Orsys formation, une société de formation continue aux nouvelles technologies.

En janvier 2017, Eduservices intégre un nouveau siège social de 1 800 m² à Levallois- Perret. Il réunira les services centraux du groupe jusqu’ici répartis en plusieurs points de Paris. Les écoles ISIFA et MBway Paris y prendront également place.

« LE MONDE » CELEBRE LES 30 ANS

D’ERASMUS

Le programme Erasmus vient de fêter ses 30 ans et Le Monde lui consacre cette semaine tout un supplément en partenariat avec Erasmus+. Au total, plus de 5 millions d’Européens ont participé à l’un des

programmes, dont près de 4 millions d’étudiants – parmi lesquels 616 600 Français – et plus de 120 000 enseignants ou formateurs hexagonaux, du supérieur mais aussi du secondaire et de l’éducation des adultes.

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O.R:Pouraffirmerleurcréativité,vosétudiantstravaillent-ilsavecdesélèvesingénieursoudesigners sur des projets concrets ?

D. M : Nous avons établi un partenariat étroit avec une école d’ingénieurs, l’ECE {également membre du groupe Inseec} pour organiser des séminaires communs réguliers dès la première année du cursus et un projet « fil rouge » d’innovation tout au long de la 4ème année. Nous avons également un incubateur commun. Et nous sommes adhérents du réseau Pépite pour permettre à nos étudiants d’avoir accès au statut « étudiant entrepreneur ».

O. R : Avec l’ECE vous avez également un projet beaucoup plus en amont sur les choix d’orientation des élèves.

D. M : Oui, nous lançons ensemble au printemps des workshops d’une semaine appelés « Just make it » et destinés aux lycéens de seconde et de première. Il s’agit de les aider à réfléchir aux types d’études supérieures qui pourraient leur plaire en rendant ces sujets concrets. Pendant les vacances d’été, ils créeront dans notre FabLab un objet connecté et son plan de lancement, combinant la dimension ingénierie, digitale et business. Des spécialistes de l’orientation seront à leurs côtés pour les aider à analyser ce qui leur a plu dans le projet et à se projeter dans les études supérieures. A la fin de la semaine, les lycéens repartiront avec l’objet connecté qu’ils auront construit et une réflexion sur leur orientation.

O. R : Comment favorisez-vous le passage des études à l’emploi des étudiants EBS ?

D. M : Nous mettons beaucoup l’accent sur l’accompagnement pour les aider à construire et réaliser leur projet professionnel. Cette démarche s’appuie sur un coaching individualisé sur les 5 ans et sur des outils digitaux qui permettent aux étudiants d’analyser leur portefeuille de compétences au fur et à mesure du cursus et des nombreux stages qui émaillent le parcours EBS. Les résultats sont là avec d’excellents niveaux d’insertion professionnelle.

O. R : Dans les écoles de management le « nerf de la guerre », ce sont des professeurs qui doivent à la fois être de bons enseignants et des chercheurs capables de publier leurs travaux dansdebonnes revuesde recherche.Cen’estpas tropdifficilepourvousd’en recruterquidoiventenplusavoirunprofilinternational?

D. M : Nous en avons recruté 3 nouveaux cette année sans difficulté puisque nous avons reçu 124 candidatures de docteurs avec d’excellents profils. Nous avons finalement recruté une professeure française expérimentée ainsi qu’une Nigériane et un Sud-Coréen. L’EBS compte aujourd’hui 52% de professeurs internationaux.

O. R : Obtenir des accréditations internationales est de plus en plus indispensable. Où en êtes-vous ?

D. M : L’EBS est éligible à l’accréditation AACSB : nous sommes dans la phase 2 du processus. Nous nous lançons en 2017 dans l’accréditation EPAS pour avoir une accréditation européenne.

REPERES

Qui sont les étudiants en CPGE ?

Selon une note flash du MENESR la rentrée 2016, les effectifs en classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) progressent légèrement (0,6%) pour atteindre 86 500 étudiants. Ils augmentent de 0,9% dans la filière scientifique, qui concentre près des deux tiers des effectifs, et dans la filière économique (+0,8% pour 23% des effectifs) mais se replient dans la filière littéraire (-0,8% pour 14,6% du total). En dix ans, les effectifs en CPGE ont progressé de plus de 10 000 étudiants.

1ère et 2ème année. Toutes filières confondues, les effectifs de deuxième année sont inférieurs de 1,3% à ceux des effectifs de première année. Les effectifs de deuxième année sont néanmoins supérieurs aux effectifs de première année des nouveaux entrants de la rentrée précédente (42 500), ce qui s’explique par un nombre relativement important de redoublements (7 150).

L’occasion également de faire un petit palmarès des universités les plus actives en termes d’échanges étudiants qui célèbre, dans les deux sens, l’université de Grenade (en 2013-2014 elle recevait 2020 étudiants et en envoyait 1918) bien loin devant les 745 étudiants partis de l’université de Lorraine et les 835 (21ème rang européen) que reçoit celle de Strasbourg.

L’INTERNATIONAL EN BREF

• Le gouverneur de l’Etat de New York promet la gratuité des universités publiques (Le Monde)

• Après le rejet de la loi anti-immigration, la Suisse peut rester dans les programmes de recherche européens raconte le Times Higher Education

• Enseignement supérieur : la France veut rayonner en Iran (EducPros)

• L’acteur Jeremy Irons est devenu chancellor de la Bath Spa University. Le Times Higher Education l’a interviewé.

AGENDA

28 janvier : Salon des masters et mastères spécialisés (SAMS) organisé par Le Monde aux Docks – Cité de la mode et du design à Paris.

7 février 2017 : Le colloque annuel de la Commission des titres d’ingénieurs (CTI) se tient à Paris au MEDEF puis à l’Ensam. Les ateliers tourneront autour de la thématique « La démarche compétences : mise en œuvre, évaluation, retour d’expérience ».

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Les femmes. La parité n’est pas acquise dans les CPGE, où les femmes ne constituent que 43% des inscrits. Alors que les femmes représentent près des trois quarts des effectifs en filière littéraire et 55% en filière économique, elles sont moins d’un tiers dans la filière scientifique.

Les lycées. Les CPGE se situent en grande majorité situées dans des établissements publics, les établissements privés représentant environ 17% des effectifs.

Les nouveaux entrants. Alors que les effectifs des nouveaux entrants sont globalement en hausse de 0,4% à la rentrée 2016, la progression atteint 0,8% dans la filière économique.

Les bacheliers généraux sont très largement majoritaires parmi ces nouveaux entrants (92,8%), la filière économique étant celle qui a le recrutement le plus diversifié puisqu’elle accueille 10,4 % de bacheliers technologiques.

Les académies. Un étudiant sur trois étudie en Ile-de-France et à elle seule Paris concentre près d’un étudiant en CPGE sur cinq. Cette répartition est stable dans le temps.

ENtREtIEN

« Les élèves de STMG ont beaucoup de scrupules à aller en prépa » : Jean-Luc Koehl, président de l’ADEPPT

L’EM Normandie a accueilli en décembre 2016 le congrès annuel de l’ADEPPT (Association de promotion des classes préparatoires option technologique) qui réunit les professeurs des classes préparatoires économiques commerciales réservées aux bacheliers STMG (plus certaines aux bacheliers professionnels). Entretien avec celui qui la préside depuis 8 ans et vient d’être réélu à sa tête, Jean-Luc Koehl.

Olivier Rollot : C’est la période des vœux. Qu’est-ce que vous espérez pour 2017 ?

Jean-Luc Koehl : L’ouverture d’une ou deux classes préparatoires option technologique nouvelles peut être ? Nos 43 classes (39 en métropole et 4 dans les DOM-TOM) présentent plus de 1 000 étudiants chaque année aux concours (contre 800 il y a cinq ans). La progression est de 5% par an depuis cinq ans ce qui représente aujourd’hui un peu plus de 12% des candidats. La voie technologique est la seule en progression aujourd’hui grâce à l’ouverture régulière de classes. Comme par exemple cette année à

7 février : NewsTank Higher Ed & Research organise son 2ème Think Education à Paris Dauphine. Trois grands thèmes cette année : « La place des formations et de la recherche technologiques (séminaire Think Technology), « L’impact du numérique sur les modèles pédagogique et économique de l’ESR » et « l’enseignement supérieur africain ».

16 au 26 février 2017 : 20ème édition du 4L Trophy. Les équipages s’élanceront depuis le village départ à Biarritz. Ils passeront ensuite par l’Espagne, avant de rallier le désert marocain, pour un total de 10 jours d’expédition et près de 6000 kilomètres.

8 et 9 mars : Forum Rhône-Alpes des Grandes Ecoles d’Ingénieurs au Double Mixte, Campus LyonTech de la Doua. Avec chaque année près de 180 entreprises et 4 500 visiteurs (étudiants et jeunes diplômés), c’est depuis 1986 le principal salon de recrutement d’élèves ingénieurs de France.

8 au 11 mars 2017 : Grenoble EM organise son 9ème Festival de géopolitique autour du « pouvoir des villes »

16 et 17 mars : L’AEF consacre ses RUE 2017 à la « transformation numérique ». Elles auront comme d’habitude lieu au Palais des Congrès de Paris.

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Niort dans la voie professionnelle. Le potentiel est considérable quand on sait que 15% des bacheliers généraux suivent une classe prépa quand ils ne sont que 3% en STMG.

O. R : Pourquoi ne sont-ils pas plus nombreux ?

J-L. K : Les élèves de STMG ont beaucoup de scrupules à aller en prépa. Ils s’autocensurent énormément parce qu’ils ne se voient pas poursuivre des études pendant cinq ans après le bac. Ils sont en effet le plus souvent issus de milieux familiaux qui ne les poussent pas vers des études longues. 40% sont boursiers contre 15% dans les autres prépas EC. Nous devons leur montrer qu’ils peuvent réussir. Nous allons donc à leur rencontre dans les lycées pour les convaincre de la réussite qui les attend et ainsi surmonter l’absence de diplômes après la prépa qui gêne parfois leurs parents.

O. R : Vos élèves passent exactement les mêmes épreuves que les élèves des autres prépas ?

J-L. K : En liaison avec leur filière du bac, ils passent quatre épreuves spécifiques sur les sept (mathématiques-informatique, économie, droit et thème de veille juridique, management et sciences de gestion) et les mêmes épreuves en langues, culture générale et philosophie). Les langues sont d’ailleurs l’épreuve dans laquelle nos élèves sont les plus handicapés et qui les empêchent d’intégrer les « parisiennes ». Résultat, ils s’inscrivent rarement dans ces écoles pour ne pas avoir à payer les droits d’inscription (3 fois 170€ pour HEC, l’Essec et ESCP Europe c’est une grosse somme pour eux) s’ils ne sont pas boursiers.

O. R : En 2010 vous avez eu l’idée de créer la première classe prépa destinée aux bacheliers professionnels au sein du lycée René-Cassin de Strasbourg. Elles sont trois aujourd’hui. Quels résultats obtiennent-elles ?

J-L. K : Avant de donner des cours en prépa j’étais professeur en BTS et j’y rencontrais des titulaires de bacs pros qui y réussissaient très bien. J’ai proposé l’idée au lycée René-Cassin de Strasbourg et nous avons convaincu le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de nous suivre. Depuis des prépas similaires ont vu le jour à Marseille et, en 2016, à Niort. Ces prépas durent une année de plus, une sorte d’année de remise à niveau, notamment car les bacheliers professionnels ne suivaient pas de deuxième langue vivante à l’époque où nous l’avons créé.

Au bout de ces trois ans, ils passent exactement les mêmes concours que les autres élèves et entrent chaque année dans de très bonnes écoles comme Audencia BS, Grenoble EM ou encore Toulouse BS.

O. R : Il existe un autre dispositif pour intégrer les écoles de management : les prépas ATS.

J-L. K : Là aussi c’est une création récente (2015) et il en existe douze en France. Elles proposent de suivre une année de cours après un bac+2 (le plus souvent un BTS) à la fois à l’université et au lycée. Nous les préparons à la fois à obtenir une licence en économie-gestion et à passer les concours pour entrer en 2ème année du programme grande école. Nous voudrions en ouvrir une dans chaque académie à terme.

éCOLES D’INGéNIEURS

ei-Cesi et SKEMA lancent des doubles diplômes ingénieur manager SKEMA et l’école d’ingénieurs du CESI (ei-CESI) ont conclu un partenariat qui permettra aux étudiants de chaque établissement d’obtenir un double-diplôme ingénieur-manager, de l’école d’ingénieurs CESI et du programme Grande Ecole de SKEMA Business School. Les 2 établissements comptent particulièrement former les étudiants pour les nouveaux métiers liés au Big Data. Tous les étudiants ingénieurs sélectionnés du CESI sont concernés par ce parcours et pourront suivre leur programme sur les campus français de SKEMA à partir de septembre 2017. Un travail est également en cours pour permettre dans un second temps (après validation des instances d’accréditation) la mise en œuvre d’un cursus manager-ingénieur.

En bref…• L’ESSTIN (École supérieure des sciences et technologies de l’ingénieur de Nancy), école

d’ingénieurs interne à l’université de Lorraine, est devenue la quatorzième école du réseau Polytech le 1er janvier 2017 (EducPros)

• The Times consacre un article (caustique à l’anglaise) à l’Ecole polytechnique : English is de rigueur at French university

18 au 25 mars 2017 : L’association GEM Altigliss Challenge organise la 18ème édition d’Altigliss, The Student Ski World Cup, à Val d’Isère.

Mai : Consacré cette année à « l’autonomie des universités » le colloque annuel de la Conférence des présidents d’université se tient à Reims.

15 au 22 juin : Epreuves écrites du bac 2017 pour les élèves des terminales générales et technologiques de métropole (15 au 21 juin pour les bacheliers professionnels).

16 et 17 septembre 2017 : L’Audencia Triathlon La Baule fête ses 30 ans.

RESSOURCES (TOUJOURS) UTILES

Ce sont des données qu’on n’a jamais sous la main quand on les cherche mais qui sont terriblement utiles. En voici une sélection:

- la « Bible » de l’enseignement français : Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche ;

- L’état de l’enseignement supérieur et de la recherche en France ;

- la référence de l’éducation dans le monde : Regards sur l’éducation de l’OCDE ;

- Campus France regroupe l’ensemble de ses publications dans un espace documentaire ;

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GROS PLAN

L’Institut français de la mode change de dimensionClassé cette année à la troisième place mondiale des meilleurs établissements d’art dans le Monde par le site Business Fashion, l’Institut français de la mode (IFM) forme des managers de la mode, du luxe et du design. Son rapprochement programmé avec l’Ecole de la Chambre syndicale de la couture parisienne (ECSCP) va en faire un acteur global apte à s’imposer au niveau mondial.

Les programmes existants. Créé en 1986 à l’initiative de Pierre Bergé, fondateur de la maison Yves Saint-Laurent qui en est toujours le président, l’IFM forme ces professionnels de la mode venus du monde entier dans son immeuble aux allures de « paquebot vert » situé sur les rives de la Seine entre les gares de Lyon et d’Austerlitz. « Aujourd’hui l’IFM délivre cinq programmes qui lui permettent de former des managers au sens large c’est à dire au croisement de la culture, de la création et du management. Sans parler des 2000 cadres formés chaque année en formation continue », explique Sylvie Ebel, la directrice générale adjointe de l’IFM. Dans le cadre de son E-MBA, des groupes du monde entier envoient leurs cadres se former au management tout en acquérant une culture française qui continue à irriguer le secteur. Titulaires au moins d’une licence, des dizaines d’étudiants, autant français qu’étranger, viennent y suivre son programme « management » de 16 mois. Egalement en 16 mois, le programme « création » forme quant à lui des managers qui veulent s’ouvrir aux métiers de la création et à ses contraintes. Entièrement dispensé en anglais le MSC International Luxury Management est destiné à des étudiants internationaux. Enfin vient d’être créée une formation destinée aux futurs entrepreneurs du secteur : « IFM entrepreneurs ».

Former des entrepreneurs. Né en septembre 2015, le programme « IFM entrepreneurs » reçoit cette année dix étudiants de niveau bac+4 et plus qui suivent un an de cours pour acquérir le socle de compétences indispensable à la réussite de leur projet. A son issue ils pourront entrer dans un incubateur comme celui de Paris-Dauphine. « Nous les sélectionnons en fonction de leur envie d’entreprendre – il faut qu’ils soient prêts à se lancer avec ou sans nous ! - même si leur projet n’est pas encore ficelé », confie Sylvie Ebel. Agés de 25/26 ans, les étudiants « IFM entrepreneurs » apprennent aussi bien à monter le business plan de leur projet qu’à développer ses aspects digitaux. « Avec des étudiants en codes de l’école #42 ils travaillent dès le départ sur comment mettre le digital au service de leur projet plutôt qu’attendre la toute fin pour s’y mettre comme on le fait généralement », commente Sylvie Ebel, enthousiasmée par « la grande solidarité » qui règne entre ses étudiants.

Un E-MBA pour des cadres du monde entier. « L’executive MBA de l’IFM forme de plus en plus des entrepreneurs qui ont lancé leur marque, connaissent un certain succès et veulent se former », détaille Véronique Delignette-Schilling, la directrice du programme, tout en rappelant que la plupart de ses étudiants « vont devenir les interlocuteurs de leur direction générale » après leur MBA. Dispensé essentiellement à distance en partenariat avec le Fashion Institute of Technology de New York et la Hong Kong Polytechnic University, ce programme permet en effet à des professionnels de se former tout en poursuivant leur activité. Ils ne s’en retrouvent pas moins lors de trois séminaires de huit jours (à Paris, New York et Hong Kong) mais aussi deux semaines à Shanghai et Tokyo.

Le rapprochement avec l’ECSCP. En se rapprochant de l’Ecole de la Chambre syndicale de la couture parisienne – on ne parle pas encore de fusion -, l’IFM passerait de 200 à 700 étudiants tout en acquérant des compétences de tout premier ordre dans les créations et techniques. Créée en 1927 pour former des couturières, l’ECSCP s’est en effet depuis imposé comme un passage essentiel pour les créateurs (Yves Saint-Laurent ou Karl Lagerfeld y sont passés) au point d’acquérir une renommée mondiale. « Ensemble nous pourrons proposer les trois piliers de la mode, le savoir-faire, la création et le management, ce qui n’existe nulle part ailleurs », commente Sylvie Ebel. A la rentrée 2018 une première illustration de cette complémentarité sera matérialisée par la création d’un bachelor et d’un master en création de mode issu des deux écoles.

Les frais de scolarité des programme « management » et « création » s’élèvent à 13 200 €. L’executive MBA de l’IFM est facturé 26 500 €, le MSC Luxury 20 400 € et le programme « IFM entrepreneurs » 12 000€.

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- les grands palmarès internationaux: Times Higher Education, QS Top Universities, ARWU (classement de Shangaï), US News Best Global Universities, CWUR ;

- les palmarès des business schools : l’Etudiant, Le Figaro, Le Point (2015, 2016), Le Parisien, Challenges (2013, 2016), Financial Times (European business schools, masters in management, executive-MBA, global MBA), The Economist (Fulltime MBA, executive-MBA), QS (global MBA), Bloomberg, The Sum Of All The Business School Rankings (une compilation des classements faite par Matt Symonds, l’un des deux fondateurs de QS) ;

- les palmarès des bachelors : Le Parisien, l’Etudiant, E-Orientations, Le Figaro;

- les palmarès des écoles d’ingénieurs : L’Usine nouvelle, l’Etudiant ;

- l’enquête Conditions de vie de l’OVE ;

- les sites des concours des écoles de management : http://www.concours-bce.com, http://www.ecricome.org, https://www.passerelle-esc.com ; http://www.concours-acces.com, http://www.concours-link.fr, http://www.concours-sesame.net, https://www.concours-pass.com, http://www.concours-team.net, http://www.concours-atoutplus3.com