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CAHIER
N°1LES DOSSIERS
Cré
atio
n D
DG
NP
- A
UTO
MN
E 20
17
Directeur de la publicationAlbert Asséraf
Directrice de rédaction Isabelle Mari
Direction de projetClaire Gervais
Direction ArtistiqueMagali Monnier
Contribution éditorialeSophie Jésus
AUTOMNE 2017
ADEME (Quand la mobilité se conjugue au pluriel), The Guardian (Euclid Manor Coliving, Repenser l’habitat, redéfinir l’habiter), Commonspace (Repenser l’habitat, redéfinir l’habiter), Lulu dans ma Rue (Le collaboratif, la dose d’humain pour recréer du lien social en ville), ObSoCo (Mais en fait... le collaboratif, réponse sociale, ou poursuite de la logique consumériste ?), Jean Bouteille (Ces villes qui ont misé sur le collaboratif), Fab Lab Barcelona (Ces villes qui ont misé sur le collaboratif), Dejan Ristovski (Ces villes qui ont misé sur le collaboratif), Margaux Rousset (La Coop 5 pour cent, Ces villes qui ont misé sur le collaboratif), The Michigan Urban Farming Initiative (Ces villes qui ont misé sur le collaboratif), Share Hub (Sharing City Seoul Fair, Ces villes qui ont misé sur le collaboratif). Images d’agences : Shutterstock, Fotolia, iStock.
Toutes les images et logos cités dans ces pages sont la propriété de leur marque respective.
Tous nos remerciements vont à Philippe Gargov et Alexandra Kolifrath pour leurs conseils, ainsi qu’à Philippe Moati, Gabriel Plassat, Charles-Edouard Vincent pour leur contribution à la réalisation de cet ouvrage.
ÉDITO
Nous ne vivons pas une époque de changement, mais un changement d’époqueJan Rotmans, professeur de théorie et gestion de la transition à l’Erasmus University de Rotterdam
Les mots de Jan Rotmans résument avec justesse les mutations profondes que vivent nos sociétés, faisant face tout à la fois à de nouveaux défis économiques, sociaux et écologiques. Pour les relever, de nouvelles organisations émergent, portées par de simples citoyens comme par cette nouvelle génération d’entrepreneurs qui rebat les cartes de l’économie à coup de start-ups innovantes. De petites révolutions pour répondre aux aspirations de notre époque, manifestations d’un modèle économique défini par un adjectif rappelant sa nature fédératrice : l’économie collaborative.
Et quel meilleur terrain que celui de la ville pour les mener ? Espace de rencontre des individus, des activités et des besoins, l’urbain constitue un terreau fertile pour l’éclosion de services dits collaboratifs, un terrain de jeu propice à leur expérimentation et à leur développement.
Quels sont ces nouveaux services qui bousculent nos mobilités, modifient notre manière de consommer et recomposent durablement notre rapport aux autres et à la ville ? Dans ce premier numéro de notre série de dossiers Urbanistik, nous proposons un tableau exhaustif, enthousiaste, critique aussi, pour mieux saisir les potentialités de l’économie collaborative.
SOMMAI
RE
LE COLLABORATIF EN MOTS ET EN CHIFFRES
RETOUR AUX SOURCES : CONTEXTE D’ÉMERGENCE DE L’ÉCONOMIE COLLABORATIVE
UTILISATEURS DE L’ÉCONOMIE COLLABORATIVE : QUI SONT-ILS ?
L’économie collaborative :
Tour du concept
Le collaboratif au contact de la ville : Potentiels et limites
Et si les villes faisaient le pari
du collaboratif ?
1 2 3
QUAND LA MOBILITÉ SE CONJUGUE AU PLURIEL
LE COLLABORATIF REBAT LES CARTES DE LA LOGISTIQUE
DU COLLABORATIF DANS LES BUREAUX DE DEMAIN
REPENSER L’HABITAT, REDÉFINIR L’HABITER
LE COLLABORATIF, LA DOSE D’HUMAIN POUR RECRÉER DU LIEN SOCIAL EN VILLE
MAIS EN FAIT ... LE COLLABORATIF, RÉPONSE SOCIALE, OU POURSUITE DE LA LOGIQUE CONSUMÉRISTE ?
ENTRE RÉGLEMENTATION ET ALLIANCES : LES COLLECTIVITÉS AU CENTRE DU JEU
DES PISTES POUR LUTTER CONTRE CERTAINS EXCÈS DU COLLABORATIF
CES VILLES QUI ONT MISÉ SUR LE COLLABORATIF
16
20
22
24
26
28
08
12
13
SOMMAI
RE32
34
36
1
L’économie collaborative : Tour du concept
08
LE COLLABORATIF EN MOTS ET EN CHIFFRES-------
Comment reconnaitre le collaboratif ?
Le foisonnement de services se revendiquant de l’économie collaborative dessine des traits communs à ce nouveau modèle
La prédominance de l’usage d’un bien ou d’un service sur sa propriété
L’horizontalité des rapports entre usagers dans un service organisé en réseau, où ils peuvent être tour à tour consommateur et fournisseur
Ce deuxième point souligne la nécessaire mutualisation des ressources matérielles et immatérielles pour le fonctionnement de ces plateformes. Qu’il s’agisse de prêter un outil de bricolage ou d’apporter des ajouts à une page Wikipédia, le partage est au cœur du modèle
Tous ces échanges entre usagers ont été rendus possibles par le développement de plateformes numériques capables de rassembler des individus éloignés géographiquement ou socialement, mais aux motivations et intérêts communs.
^
L’idée est certes généreuse, même un brin utopique, mais comment faire collaborer entre eux des individus qui ne se connaissent pas ? Comment ces plateformes ont-elles fédéré des foules d’anonymes prêtes à partager leurs biens, leur temps ou leur trajet ? Une notion s’estrévélée indispensable pour parvenir à cet engouement : la confi ance.
Comment laisser votre appartement à deux inconnus le temps d’un week-end sans être certain de le retrouver en bon état ? La confi ance est une condition sine qua non pour qu’une plateforme numérique basée sur le partage de biens attire suffi samment d’utilisateurs pour être effi cace.
Rachel Botsman, auteure de « La montée de la consommation collaborative », la perçoit comme un fondement et une valeur centrale du mécanisme collaboratif. Cette « monnaie du 21ème siècle » sécurise les rapports à travers l’identifi cation claire des utilisateurs, ou encore la possibilité de noter les usagers après le service.
La confi ance « augmentée par ordinateur » devient alors plus forte que celle que nous pourrions octroyer à des membres de notre entourage. Lorsqu’ils sont interrogés sur le niveau de confi ance qu’ils accordent à leur entourage, les membres de Blablacar classent les autres utilisateurs du site avec un indice de confi ance plus élevé que celui qu’ils attribuent à leurs collègues de travail.
La CONFIANCE comme valeur cardinale
09
LE COLLABORATIF EN MOTS ET EN CHIFFRES-------
10
LE COLLABORATIF EN MOTS ET EN CHIFFRES-------
Le collaboratif, un modèle à deux visagesSi les mêmes principes demeurent dans toutes les manifestations de ce nouveau modèle, force est de constater que Wikipédia ne fonctionne pas vraiment comme Uber, et que les deux structures ne répondent pas aux mêmes intérêts.
Ces deux exemples correspondent à des conceptions divergentes du collaboratif telles que défi nies par Michel Bauwens, philosophe spécialiste du peer-to-peer.
A+
Comme tout le monde peut enrichir la base de Wikipédia, Jacques apporte
sa pierre à l’édifi ce en rédigeant de nouveaux contenus sur le sujet.
Les articles de Jacques sont par la suite consultables et exploitables par
tous. Et aideront peut-être d’autres personnes à s’informer, ou briller lors
de leur prochain exposé.
Jacques s’y connaît en poissons. En se documentant sur le sujet, il se rend compte que Wikipédia, l’encyclopédie contributive, est particulièrement pauvre à propos des poissons tropicaux.
MODÈLE OPEN
1
A+
2
Les contenus rédigés sont soumis à la validation des autres membres de la communauté, qui vérifi ent les sources et pointent les imprécisions afi n d’obtenir une base solide, sans zone d’ombre.
3
4
A+A+
Le modèle de Wikipédia se base sur le collaboratif comme moyen de création de ressources partagées : les plateformes composent un espace où les utilisateurs, pourtant éloignés, peuvent se connecter et contribuer ensemble sur des projets variés. Chacun contribue à son rythme, dans son domaine de prédilection. Ces communs (données, connaissances agrégées par un collectif et ouvertes à tous) ainsi créés peuvent être par la suite exploités par des entrepreneurs, comme Arduino ou Linux, avec lesquels ils co-créeront de la valeur et des services innovants.
11
LE COLLABORATIF EN MOTS ET EN CHIFFRES-------
ÉCONOMIE DU PARTAGE
A+
Elle se rend sur le site Airbnb, où elle découvre l’appartement d’Emilio, idéalement situé et dans son budget.
Après le séjour, Jeanne peut noter l’appartement de son hôte et indiquer
s’il correspondait à l’annonce. Emilio peut aussi laisser un avis sur
Jeanne, qui rassurera (ou pas !) ses futurs hôtes.
Jeanne veut passer un week-end à Milan, mais elle n’a pas les moyens de séjourner à l’hôtel.1
A+
2
Le contact et la transaction s’effectuent sur le site, Jeanne n’a plus qu’à se rendre chez Emilio et profi ter de son séjour.3
4
A+
A+
Au contraire du premier modèle, l’économie du partage ne se veut pas le produit d’une mobilisation des forces créatives pour la création de plateformes accessibles à tous. Des ressources jusqu’alors sous-utilisées sont mutualisées via une plateforme générée par des initiatives privées, permettant la mise en place de transactions entre particuliers. Airbnb, entre autres plateformes du genre, est une illustration parfaite de ce modèle.
Combien pèse le collaboratif ?
La force des plateformes collaboratives : Airbnb surpasse les plus grandes chaines hôtelières en capacité d’hébergement, avec 3 millions de logements disponibles en 2017, contre 1,2 millions de chambres pour Mariott International, leader mondial. (Source : Airbnb/Hospitality 2017)
En 20155 secteurs dominent l’économie du partage en Europe :(Montant total des transactions en % - Source : PWC 2016)
18%
54%
FINANCETRANSPORTSHÉBERGEMENT SERVICES À LA PERSONNE
SERVICES AUXENTREPRISES
18%7% 3%
302 milliards d’euros à l’échelle mondiale d’ici 2025Soit un taux de croissance potentiel de 36,4% par an(Source : cabinet PwC, Ministère de l’économie et des finances)
20 milliards d’euros en 2013
12
RETOUR AUX SOURCES : CONTEXTE D’ÉMERGENCE DE L’ÉCONOMIE COLLABORATIVE-------
Léa Thomassin, fondatrice de HelloAsso
De consommateur à consommacteur
L’économie en mutation : le serviciel, facilitateur de collaboratif
Le consommateur n’est plus l’individu qui accepte passivement les biens et services proposés par les marques. A l’heure d’un accès facilité à l’information et à la comparaison grâce à internet, le consommateur prend conscience de ses choix et affirme ses exigences.
L’économie tertiaire s’impose inexorablement dans notre société. Les services, ce sont 65% du budget des ménages, 75% des emplois et 80% du PIB. Mais ce modèle de services connait aussi des mutations internes : l’économie de la demande a remplacé celle de l’offre, réévaluant la parole du consommateur pour composer de nouveaux services en partant de ses besoins. On ne possède plus, on loue. Cette nouvelle économie de la fonctionnalité accompagne les individus vers l’obtention d’une solution. Un terreau favorable à l’émergence de services plus collaboratifs.
ÉMERGENCE DU COLLABORATIF
La mutualisation des biens ne s’est pas faite dans un mouvement aussi spontané qu’altruiste.
Le contexte de crise économique a favorisé l’émergence de nouveaux moyens de satisfaire
ces besoins pour compenser la baisse du pouvoir d’achat. Le moteur financier est d’ailleurs celui le plus souvent mentionné par les utilisateurs
des services collaboratifs.
Le collaboratif est un enfant de
la crise "
"TOUJOURS PLUS
DE SERVICIEL
CONSOMMATEUR ACTIF
CRISE ÉCONOMIQUE
13
UTILISATEURS DE L’ÉCONOMIE COLLABORATIVE : QUI SONT-ILS ? -------
Une pratique partagée par tous… et même une petite
communauté d’affi cionados du « co »
Qu’est-ce qui fait courir les consommateurs du collaboratif ?
Typologie des amateurs du collaboratif
Qui fait quoi ?
9 Français sur 10 ont déjà eu recours au moins une fois à un service de l’économie collaborative
5% des Français tirent plus de 50% de leurs revenus de l’économie collaborative
Des pratiques variées touchant à toutes les facettes de la vie.
(Source : DGE, PICOM (Nomadéis, TNS Sofres) « Consommation collaborative : perceptions, motivations et pratiques des Français », novembre 2014)
(Source : enquête CREDOC « Société collaborative: l’argent d’abord, le partage aussi », avril 2015) *DIY : Do It Yourself (faire soi-même) (Source : Hors-série Socialter 2015)
(Source : Études économiques du PIPAME, « Enjeux et perspectives de la consommation collaborative », juillet 2015)
(Source : L’observatoire des consommations émergentes, vague 3, septembre 2015)
60% l’achat
d’occasion
21% des Français
ont déjà fait du covoiturage (en tant que passager)
17% l’hébergement
entre particuliers
85% ont déjà expérimenté le "faire soi-même"
Les « Bio-éthiques » ont une prédilection pour l’achat en circuit court, le DIY* ou le bio. Ils sontsouvent plus âgés et moins connectés.
Les Recycleurs sont adeptes de l’emprunt ou du marché de l’occasion.
18% 18%Faire des économies
67%
Préserverl’environnement
30%Se connecteraux autres
47%Les « Néo-mobiles » recourent avant tout au collaboratif par le biais du covoiturage et de l’autopartage
14%
2
Le collaboratif au contact de la ville : Potentiels et limites
Du covoiturage au cocamionnage,
du vélo en libre-service au partage de places de parking,
ce sont tous les modes et toutes les étapes
de la mobilité qui ont muté vers une définition plus
collective et partagée en l’espace d’une décennie.
16
QUAND LA MOBILITÉ SE CONJUGUE AU PLURIEL-------
Depuis l’essor du covoiturage en 2006, et notamment celui de covoiturage.fr (devenu Blablacar en avril 2013), les initiatives n’ont cessé de se multiplier pour penser la mobilité partagée. Ces nouveaux services comblent les manques de l’offre existante de transport avec de nouveaux modèles économiques.
Le smartphone, devenu l’allié indispensable de nos déplacements, a permis l’émergence de ces places de marché de la mobilité, facilitant la mise en relation entre particuliers ou professionnels autoproclamés. Bousculant l’équilibre économique des acteurs traditionnels, le dynamisme de ce nouveau marché a provoqué la production de nombreux rapports et lois pour le régulariser ou le contraindre, et parfois interdire.
17
QUAND LA MOBILITÉ SE CONJUGUE AU PLURIEL -------
2012
Autopartageen entreprise
2009
Autopartage
Public
Entre particuliers
2007
Vélos libreservice
2005
Vélos libreservice
2014
Uber Pop
Covoituragecourte distance
Rapport Thévenoud
OCTOBRE 2014 : Loi ThévenoudRégularisation de l’activité des VTC
Loi MacronLibéralisation des transports en autocar
Rapport TerrasseRégularisation des plateformes collaboratives
JUIN : Citigoo rachète SharetteAOUT : Mort de WeTruckSEPTEMBRE : Interdiction Uber Pop
2006
Covoiturage
2008
Navigation communautaire
2011
Voiture de transport
avec chauffeur
2013
Parking collaboratif
2015Cocamionnage
Coavionnage
Partage voiture PMR
2016Scooter partagé
Comotorage
Loi TravailEncadrement des droits des travailleurs du collaboratif
MARS : Interdiction de Heetch
2017
Cojetage
18
QUAND LA MOBILITÉ SE CONJUGUE AU PLURIEL-------
Qui sont ces nouveaux entrants qui ont bouleversé le domaine de la mobilité ?
Ce ne sont pas forcément les acteurs issus du domaine de la mobilité qui ont transformé la mobilité des personnes ces 10 dernières années, comme JCDecaux, ou des acteurs ayant utilisé le numérique comme levier, comme Uber ou Blablacar. Les acteurs historiques ne croyaient pas du tout à la capacité de ces derniers à attaquer le marché de la mobilité. Il y a eu plusieurs phases assez classiques de déni, puis de réaction, pour enfin passer à l’acceptation. Si on regarde aujourd’hui les constructeurs automobiles ou les opérateurs de transport public, tous ont enclenché un certain nombre d’actions pour diversifier leur activité.
Quels sont les modes et les marchés les plus porteurs à l’heure actuelle dans le milieu de la mobilité ? On observe actuellement une course mondiale au sujet du covoiturage quotidien. La Fabrique s’emploie d’ailleurs à produire les communs de cet écosystème pour aider les acteurs positionnés sur le sujet.
Les services de vélos partagés low-cost comme Mobike (entreprise chinoise de vélo partagé sans borne, ndlr) sont des solutions intéres-santes qui ne seraient pas incompatibles avec la permanence d’un système VLS, qui reste un atout pour les grandes métropoles, mais dont le modèle n’est pas transposable sur tous les territoires.
Enfin bien sûr, la voiture connectée, qui couvre l’espace médiatique. A la Fabrique, nous travaillons sur le sujet avec un projet de boîtier connecté open source, pour permettre à un maximum de parties prenantes d’équiper leur véhicule.
Ingénieur de l’ADEME et co-fondateur de la Fabrique des Mobilités
19
QUAND LA MOBILITÉ SE CONJUGUE AU PLURIEL -------
Comment les géants du numérique investissent-ils le terrain de la mobilité ?On observe que des géants comme Sidewalks ou Waze sont de plus en plus dans un travail de démarchage des collecti-vités pour des contrats et du troc de données. Début 2018, le contrôle des stationnements pourra être géré par des structures privées, et Google est en train de progresser sur le sujet. Il risque de proposer des offres aux collectivités pour mieux le gérer, le tout à des sommes dérisoires. On va voir émerger des offres quasi-gratuites, et donc très difficiles à concurrencer, avec des géants du numérique travaillant au plus près des collectivités. Je m’interroge sur ces mouve-ments, qui sont assez préoccupants ; il y aurait une réflexion à avoir avec les collectivités et les acteurs français sur l’alter-native qui pourrait être proposée à ce type d’offre, ou a minima comment nous pourrions négocier avec ces plateformes.
Quel serait le scénario distopique à long terme ? Que Google dispose de toutes les données de la ville, et qu’elles en soient dépossédées ?Oui, mais je pense que ce n’est pas de la distopie ; c’est un scénario à très court terme. D’ici deux ans, les géants numé-riques pourront faire du conseil aux villes sur la gestion du stationnement ou la réorganisation de leur réseau de bus. Si Uber reste très politiquement incorrect en France, une en-treprise comme Sidewalk sera beaucoup plus en capacité de faire du conseil aux villes, à titre quasi gratuit, et ainsi d’ac-céder à leurs données. Ils en possèdent d’ailleurs déjà une partie. Ce futur, ce serait un peu la Smart City d’IBM, mais sans les capteurs.
Des géants comme Sidewalks ou Waze sont de plus en plus dans
un travail de démarchage des collectivités pour des contrats et
du troc de données
20
LE COLLABORATIF REBAT LES CARTES DE LA LOGISTIQUE-------
Nombreuses sont les nuisances produites par l’activité logistique pour alimenter les villes en denrées alimentaires, biens de consommation et matériaux de construction. Et la dominance du choix routier n’arrange rien : en 2013, 85% des biens ont été acheminés par la route.
Les nouveaux acteurs du collaboratif comptent bien s’attaquer à ces problématiques avec des solutions plus durables… Et plus agiles pour s’adapter à l’environnement contraint des villes.
Les armées à vélos de Foodora, une des multiples start-ups sur le créneau de la livraison à vélo (voir encadré), se faufilent sans peine dans le trafic parisien pour livrer rapidement et à toute heure des clients toujours plus pressés.
Plus que le traitement du dernier kilomètre ou des considérations environnementales, l’émergence de ces nouvelles formes de livraison répond aux exigences croissantes des consommateurs en matière de disponibilité et de rapidité d’acheminement des produits et services.
Pollution, embouteillages…
Un eldorado périlleux
D’autres start-ups du secteur ont connu des sorts similaires, avortées dans l’œuf (Drivoo) ou rachetées (Toktoktok).
Dans la niche économique de la livraison à vélo, la promesse de croissance et de profits ne mène pas toujours à un avenir radieux.
Malgré des levées de fonds conséquentes et plus d’un million de livraisons effectuées, la start-up de livraison de plats à domicile Take Eat Easy a connu une fin brutale, faute de rentabilité. Placée en redressement judiciaire en juillet 2016, elle laisse 20 millions d’euros d’impayés auprès des restaurateurs, et 4500 livreurs sans rémunération.
21
LE COLLABORATIF REBAT LES CARTES DE LA LOGISTIQUE-------
Plateformes, intermédiaires ou livreur local : ces start-ups (et grands groupes) qui utilisent le collaboratif pour bousculer le petit monde de la livraison.
*
* CtoC : Consumer to Consumer, terme désignant l'ensemble des échanges de biens et de services entre plusieurs consommateurs sans passer par un intermédiaire
Les chiffres
Collaboratif du BtoB au CtoC
85% des biens sont transportés par la route soit 340 milliards de tonnes-kilomètres. (Source : SoéS, CCTN, 2014)
(Source : inventaire des émissions Airparif 2012)
... Et en Île de France :
Le transport de marchandise est responsable de : 20% du trafic routier
20%
30% de l’occupation de la voirie
!
30% des émissions de CO2 dans les zones urbaines
CO2CO2
CO2
CO2
CO2
CO2 30%
Les poids lourds représentent 5% du kilométrage parcouru
Mais 31% des émissions d’oxyde d’azote des transports routiers.
(Source : Fevad)
Composition de la
logistique urbaine
40%
40%
5 à 10%de denrées alimentaires
de matériaux de construction
de e-commerce
*BtoB CtoC
Hybride
22
DU COLLABORATIF DANS LES BUREAUX DE DEMAIN-------
Profil du travailleur
de demain
Jamais il n’y a eu autant de freelances et d’entrepreneurs dans une société où le CDI constituait, il y a encore quelques années, un Graal à faire figurer impérativement dans le CV. Les salariés eux-mêmes aspirent à s’émanciper du cadre rigide de l’entreprise en adoptant la flexibilité du télétravail ou en se mêlant à la foule des travailleurs indépendants.
Les nouveaux rythmes de travail, facilités par le numérique, n’ont pas pour autant supprimé le besoin de contact humain chez ces travailleurs « libérés ». Pour lutter contre la solitude de leur état, de nouveaux lieux ont émergé pour recréer ce sentiment de communauté entretenu au sein de l’entreprise. Ces espaces de travail hybrides sont l’expression de cette nouvelle flexibilité recherchée par les indi-vidus désireux de recomposer leur temps de travail, et ainsi d’atteindre un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Grandes tendances en chiffres
Des individus de plus en plus volatiles
Le nombre d’espaces de coworking a explosé à travers le monde
4,1 ans
2,8 ans
Les cadres restent en moyenne 4,1 ans dans la même entreprise.
La France compte
26 millions de salariés…
24%des salariés
ont déjà expérimenté le télétravail
Pour les moins de 35 ans, la moyenne ne dépasse pas les 2,8 années.
...et
13 millions de travailleurs indépendants
(Source : Etude Mobicadres 2015)(Source : The Global Coworking Survey)(Source : La Fonderie / Bureau à Partager octobre 2016)
(Source : Revolution@Work 2016)(Source : Mc Kinsey 2016)
2007
77800
2017
360Dont
en France
15%se rendent
dans des espaces de coworking
23
DU COLLABORATIF DANS LES BUREAUX DE DEMAIN-------
Type d’organisation de travail désignant à la fois le réseau de travailleurs comme l’espace physique partagé par ces derniers. Souvent appelés « tiers-lieux » pour leur forme hybride, croisement entre le cadre formel du bureau classique et le confort du travail à domicile, ces espaces accueillent aussi bien les indépendants que les salariés. On en dénombre 360 en France, dont 179 rien qu’en Île de France.
Tech On Map, qui cartographie l’ensemble des acteurs du numérique dans la région parisienne, inclue également dans cette acception les fablabs et autres makerspaces, espaces de création et de prototypage ouverts à tous.
Juste réponse des entreprises à ce besoin de flexibilité, le desk sharing dissout la règle du bureau attitré. Les espaces de travail sont recomposés, intégrant plus d’espaces communs (réunions, détente) et des bureaux librement utilisables par tous les salariés.
Ce nouvel aménagement est déjà le quotidien de 13% des salariés français, et facilite la transparence et des méthodes de travail plus collaboratives, tout en optimisant l’espace de travail pour lutter contre le taux de vacance (entre 50% et 60% en Île de France).
Et si votre domicile devenait un espace de coworking temporaire ?
La start-up Cohome a eu l’idée de cette alternative au coworking, solution moins coûteuse pour les indépendants en recherche d’un espace, tout en permettant de briser la solitude sans bouger de chez soi.
Pour seulement 5€ par jour, on profite de l’atmosphère cosy d’un foyer tout en élargissant son cercle de connaissances professionnelles. Ouvert depuis octobre 2016, Cohome compte déjà une centaine d’espaces et près de 3000 membres à Paris, son territoire de lancement.
24
REPENSER L’HABITAT, REDÉFINIR L’HABITER -------
Se sentir chez soi dépasse désormais l’espace défini de l’habitat pour s’étendre aux lieux de vie et de sociabilités que l’on fréquente et affectionne :
le lieu de travail, d’études, un café… Chez soi ne correspond plus à un espace défini, mais à tous les endroits regroupant nos liens sociaux les plus importants.
des personnes considèrent leur quartier comme
une extension de leur chez soi.
Comment aborder le collaboratif sans penser à Airbnb, la plateforme à plusieurs milliards de dollars et aux plus de 3 millions de logements disponibles à travers le monde ?
L’influence du collaboratif s’étend pourtant bien au-delà du géant de la location entre particuliers. L’évolution de la notion de chez soi et de ce que doit recouvrir l’espace de vie transforme les manières d’habiter, et dessine de nouvelles formes de co-habitat.
(Source : Rapport « Life at Home 2016 Ikea»)
25
REPENSER L’HABITAT, REDÉFINIR L’HABITER -------
L’évolution de la notion de chez soi se couple à de nouveaux besoins d’urbanité, de centralité et de proximité des services qui favorisent la création de formes de logement hybrides, valorisant les espaces de rencontres et de sociabilités.
Pour lutter contre l’ultra moderne solitude des villes, la meilleure solution ne reste-t-elle pas la colocation ? Popularisée dans la série Friends, la colocation n’a rien de ringard : 7,4% d’Américains entre 25 et 34 ans adoptent ce mode de vie en 2015, soit une augmentation de 39% par rapport à 2005. Un Français sur 6 vit ou a déjà vécu en colocation.
Outre-Atlantique, cette forme d’habitat collectif prend des contours nouveaux au contact du collaboratif, avec l'émergence du coliving. Des start-ups proposent de s’occuper des tâches quotidiennes et fournissent des services dans les parties communes des logements partagés dont ils possèdent la gérance. Plus de conflits à propos des poubelles qui traînent !
Ces nouveaux acteurs ne se contentent pas d’adapter le bâti existant aux nouvelles aspirations des citadins. Certains vont plus loin en concevant des logements intégrant d’emblée la dimension collective dans la manière d’habiter.
La société Commonspace mise même sur cette formule pour attirer de nouveau les jeunes actifs en centre-ville, dans la ville endormie de Syracuse (New York). Le projet articule intelligemment sphère privée et espaces communautaires, fournissant 21 micro-appartements comprenant salle de bains, chambre et salon, eux-mêmes intégrés dans un ensemble d’espaces communs allant de la salle de jeux au comptoir. Un habitat hybride entre le cocon traditionnel et l’auberge espagnole, tout en restant moins cher qu’un studio en centre-ville. La formule cumule les bons points auprès de la Génération Y, et compte bien multiplier les projets si elle rencontre le succès, à New-York comme à Cleveland.
26
LE COLLABORATIF, LA DOSE D’HUMAIN POUR RECRÉER DU LIEN SOCIAL EN VILLE-------
Les plateformes recréent du lien social dans des espaces où celui-ci manque souvent cruellement
11,5% des Français déclarent se sentir isolés
Un Français sur 10 entretient moins de 3 conversations personnelles par an
Alors, plus que de simples plateformes de service, si le collaboratif était une solution effi cace pour lutter
contre cette solitude urbaine ?
La mise en relation des individus se double d’une favorisation de l’hyperlocal et des interactions de proximité dans les services proposés : il est plus simple de se rendre au bout de la rue qu’à l’autre bout de la ville pour emprunter une perceuse !
Les plateformes jouant la carte de la proximité se multiplient. Pionnière dans le domaine (avant que Facebook ne devienne un phénomène mondial !), Peuplades rapproche les citadins depuis 2004 avec une plateforme favorisant l’entraide et la solidarité de proximité. Le site, fondé par le sociologue Nathan Stern et repris par Grégoire Even, fédère près de 41 754 « peuplades » géographiques sur toute la France, dont 120 rien qu’à Paris.
(Source : Enquête Fondation de France 2016)
(Source : Les Petits Frères des Pauvres)
27
LE COLLABORATIF, LA DOSE D’HUMAIN POUR RECRÉER DU LIEN SOCIAL EN VILLE-------
Certains misent sur le service rendu entre particuliers, tandis que d’autres
rapprochent les individus de leur collectivité, à l’échelle du quartier jusqu’à celles
de la simple résidence. Avisez plutôt : Fondateur de Lulu dans Ma Rue
Qu’est-ce que Lulu dans Ma Rue ?
Lulu dans Ma Rue est une conciergerie de quartier qui met en relation les habitants ayant besoin d’un coup de main dans leur quotidien avec les Lulus, des personnes de confi ance dans leur quartier, disponibles pour les aider en bricolage, ménage, informatique, promenade d’animaux, baby-sitting et bien d’autres petits services.
La différence entre Lulu dans Ma Rue et tout un tas de plateformes que l’on voit apparaitre, c’est que nous ne voyons pas le petit service de proximité comme une fi na-lité. Il est un moyen pour recréer du lien entre les gens à l’échelle d’un quartier. Ce ne sont pas des prestataires anonymes qui peuvent être remplaçables. Ils sont uniques d’une certaine manière, et c’est ce que nous valorisons.
Comment le service fonctionne-t-il ?
Une partie du succès de Lulu dans Ma Rue trouve son ori-gine dans sa simplicité : pas d’engagement ni d’abonne-ment. Un client fait sa demande au concierge - que ce soit au kiosque, par internet ou par téléphone - le concierge cible la demande et l’envoie à un certain nombre de Lulus et dès qu’un Lulu confi rme qu’il est disponible, il rappelle le client. Le client est normalement rappelé sous un dé-lai de 24h pour fi xer le rendez-vous. Le paiement se fait directement à la fi n du service rendu, en mains propres.
Un kiosque était donc pour vous la bonne échelle pour faire se rencontrer les personnes du quartier et ceux qui avaient besoin de contribuer ?
Les villes sont de plus en plus connectées tout en restant aussi anonymes. Il y a un vrai besoin de casser cet anony-mat et de recréer du lien. Le kiosque a donc été pour moi le bon mobilier à choisir pour s’implanter dans le quartier et être au plus proche de ses habitants. Et je crois que l’on a tapé dans le mille. Depuis nos débuts, plus d’un millier de personnes sont passées nous voir au kiosque.
Rapprocher les individus
Plus proche de mes élus
Recréer du lien dans son quartier
Charles-Edouard Vincent
Lulu dans Ma Rue, c’est la société qui se réconcilie
Cré
dits
: Lu
lu d
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MAIS EN FAIT ... LE COLLABORATIF, RÉPONSE SOCIALE, OU POURSUITE DE LA LOGIQUE CONSUMÉRISTE ?-------
Directeur de l’Observatoire Société et Consommation
Aujourd’hui, plus personne ne pense que Blablacar,
le Bon Coin ou Airbnb cherchent autre chose que de faire
du business.
Les start-ups donnent l’impression qu’elles vont résoudre tous les problèmes de société avec leurs solutions : bons samaritains ou entreprises comme les autres ?
Certains acteurs pouvaient se présenter initialement comme des partisans d’une alternative, avec parfois un discours assez politisé. Aujourd’hui, les leaders de ce front de consommation sont des acteurs marchands assez ordinaires. D’ailleurs même leurs discours sont banalisés : quand ils essaient de convaincre les consommateurs de les rejoindre, ils mettent en avant des arguments consuméristes Aujourd’hui, plus personne ne pense que Blablacar, le Bon Coin ou Airbnb cherchent autre chose que de faire du business.
Est-ce que des plateformes comme Airbnb ou Uber peuvent être qualifi ées de collaboratives ?
La défi nition du collaboratif qui tend à s’imposer, c’est la mise en relation de particulier à particulier. Autolib, ce n’est pas du collaboratif, Uber non plus, alors que c’est le cas pour Airb-nb et Blablacar. Un service comme Heetch (désormais inter-dit, ndlr) est un faux ami : le particulier qui est dans sa voiture
circule toute la nuit pour gagner de l’argent ! On rentre ici dans l’ubérisation, qui se défi nit comme la mise au travail hors du cadre du contrat de travail salarial. Ce mouvement ne doit pas être confondu avec le collaboratif. D’ailleurs le terme « ubé-risation » est plutôt connoté négativement. Quand on l’utilise, c’est pour dénoncer les excès en tout genre et le dévoiement du code du travail.
Le collaboratif serait donc une mutation à peine voilée du capitalisme ?
Loin de sonner le glas du capitalisme, les plateformes colla-boratives ont repoussé les limites du modèle vers de nouvelles contrées : un capitalisme sans capital ni salariés, qui réalise son profi t par la marchandisation des relations inter-person-nelles. L’exemple du Bon Coin est assez parlant : alors qu’un commerçant qui achète des marchandises investit son capital et prend des risques économiques, la plateforme est assurée de gagner de l’argent sur les échanges réalisés entre particu-liers. Blablacar n’a pas besoin d’acheter de voitures, ni Airbnb de logements, et a pour autant acquis une capacité d’accueil phénoménale en quelques années.
Tours de table à plusieurs millions d’euros pour les start-ups prometteuses, plateformes évaluées à plusieurs milliards (à titre d’exemple, Airbnb vaut désormais 31 milliards de dollars*) et discours marketing bien fi celé pour tous… Il est loin le temps des petites start-ups qui bricolaient leurs solutions en rêvant à des sociétés plus humaines !Aurions-nous perdu la vision utopique d’une consommation alternative ? Eclairages avec Philippe Moati, directeur de l’Observatoire Société et Consommation.
* Valeur de la société en mars 2017
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MAIS EN FAIT ... LE COLLABORATIF, RÉPONSE SOCIALE, OU POURSUITE DE LA LOGIQUE CONSUMÉRISTE ?-------
Quand on parle de disruption, on vante quand même l’émancipation des travailleurs, leur indépendance… Sont-ils si libérés ?
Il y a un rapport de subordination très clair, et c’est d’ailleurs ce qui va finir par poser un problème juridique. Quand on ne choisit pas à quel prix on vend, le GPS qu’on utilise, le système de facturation… Ça ressemble singulièrement à de la subordi-nation ! Une fraction de la société est persuadée des avantages du statut d’indépendant. Quand on fait partie de la classe créa-tive, ce statut peut conférer une réelle liberté. Mais si l’on a juste du temps de travail standard à offrir, et qu’on est complè-tement substituable, la perte de la protection du statut de sa-larié est rude. Il suffit de poser la question à un chauffeur Uber pour voir que ces travailleurs commencent à sérieusement déchanter. Par rapport à la dynamique de progrès que l’on a connu au siècle dernier, où la condition des salariés s’était améliorée, ces nouvelles formes d’emploi contribuent au sen-timent général d’une dégradation des droits des travailleurs.
Nous serions donc dans une société où tout le monde serait désormais travailleur et client ?
C’est une évolution de fond pour les consommateurs, qui n’ont plus envie d’être passifs et d’acheter ce qu’on leur donne. Le processus d’individualisation et l’idée que l’on se construit par soi-même renforce cette volonté de ne plus être passif : on veut construire sa vie et sa consommation. C’est une évolu-tion intéressante qui brouille les cartes : les entreprises de-mandent aux consommateurs de tester les produits, de donner leur avis… Parallèlement on voit se diffuser des formes multi-ples d’autoproduction : bricolage, jardinage, cuisine, couture, fabrication d’objets… qui témoignent tant de la volonté de faire des économies que du désir d’exprimer ses talents et sa per-sonnalité et d’avoir prise sur ce qui est consommé.
Est-ce que vous avez identifié un profil type de consommateurs du collaboratif ?
Le collaboratif recouvre un ensemble de pratiques allant des AMAP jusqu’aux marchés de l’occasion. Nous avons mis
en place un Observatoire des pratiques de consommation émergentes pour étudier en finesse une vingtaine de nouvelles pratiques. Environ 6% du panel, essentiellement des jeunes, sont engagés dans quasiment l’ensemble de ces pratiques qui sont pour eux une manière naturelle de consommer. Ils sont entrés dans la consommation avec ces formes de consomma-tion, qui correspond simplement à une logique de système D. Mais si on regarde les circuits courts alimentaires, on retrouve plutôt des populations de type « soixante-huitard », et le por-trait type du français moyen sur le marché de l’occasion, qui reste la pratique la plus diffusée.
Quels sont leurs motifs d’adhésion à l’économie collaborative ?
Les motivations de ces pratiques sont souvent égocentrées (en particulier, faire des économies), mais pas que. On trouve juste après des arguments et des motivations qui renvoient au collectif. L’argument environnemental est présent dans les achats et la vente des produits d’occasion et sur le covoiturage, mais pas sur l’échange de logement. L’argument du lien social rentre aussi en ligne de compte pour le covoiturage, car on y rencontre des gens. C’est la combinaison entre avantage indi-viduel et avantage collectif qui a fait le succès de ces formes de consommation. On observe un noyau dur de consomma-teurs-militants politisés. S’ils sont tout à fait minoritaires, ils ne sont pas négligeables pour autant car ce sont souvent eux qui défrichent le marché. Mais quand on analyse le panel, les arguments consuméristes prennent le dessus, et on s’est aperçu que ce sont les plus hyperconsommateurs qui vont le plus vers ces formes de consommation. On est tenté de dire que le collaboratif c’est pouvoir continuer d’hyperconsommer en période de crise et en bonne conscience.
Y a-t-il seulement des populations en condition financière précaire ?
Non. Les jeunes le sont par définition, parce qu’ils ont une contrainte budgétaire plus tendue. On est d’autant plus in-vestis dans cette consommation qu’on a des bas revenus et/ou une contrainte budgétaire forte, mais on ne peut pas dire
que c’est une pratique de pauvres car elle touche peu ou prou l’ensemble des couches de la société. D’ailleurs, on peut avoir un revenu important et ressentir une forte contrainte budgé-taire ! Clairement, la consommation collaborative n’est pas une alternative à l’hyperconsommation. Le fond du problème est cette capacité du système à nous pousser à consommer en entretenant cette petite flamme de désir pour que les gens achètent toujours plus, y compris lorsque nos besoins sont sa-tisfaits. Il faudrait réfléchir à des formes de consommation qui créent des opportunités pour les entreprises tout en réduisant leur impact sur l’environnement, et en élevant les individus.
De tels modèles existent-ils ?
Je pense en particulier à l’économie de la fonctionnalité. Plutôt qu’acheter, on partage des actifs dont le prestataire reste propriétaire. Sur un sujet plus urbain, des systèmes de vélo ou voiture en libre-service sont des modèles économiques intéressants. L’enjeu est de dématérialiser la croissance. On va produire des outils et services utiles, mais avec le moins de ressources matérielles possibles, tout en apportant des réponses efficaces aux besoins des individus. Il y a aussi l’idée de déplacer la relation marchande de l’avoir vers l’être, et d’inciter les gens à continuer d’accumuler des objets, les aider à vivre des moments forts, à s’épanouir, à se réaliser. Encou-rager les gens à « faire » s’inscrit dans cette philosophie. On perçoit une dimension humaniste dans cette consommation expérientielle : quand on fait et qu’on s’investit dans ce qu’on fait, on se révèle, on révèle ses gouts, ses talents, on produit quelque chose dont on est fier, que l’on peut montrer, on construit et consolide son identité. Dans l’étude réalisée par l’Obsoco*, nous avons démontré que l’engagement dans le faire est corrélé au bien-être psychologique et au bon-heur. Il faudrait ainsi structurer les villes, qui ne sont pas assez équipées pour aider les gens à faire. Il faut organiser des communautés, faire des lieux pour que ces personnes puissent se rassembler. La ville a vraiment un rôle majeur à jouer sur ce sujet.
*Observatoire du Faire, étude de 24 pratiques réalisée au premier trimestre 2017 sur un échantillon représentatif de 5000 personnes de 18 à 70 ans
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Et si les villes faisaient le pari du collaboratif ?
En France, une réglementation juridique encore balbutiante
Avril 2014 : Rapport ThévenoudEnsemble de propositions pour moderniser le secteur des taxis et mieux encadrer l’activité des VTC
Février 2016 : Rapport TerrasseRapport pour la régularisation des plateformes collaboratives
Octobre 2014 : Loi ThévenoudRégularisation de l’activité des VTC
Avril 2016 : Loi TravailEncadrement des droits des travailleurs du collaboratif
Août 2015 : Loi MacronLibéralisation de l’activité des autocars avec l’autorisation de création de lignes nationales de cars
Juillet 2016 : Loi FinancesDémarcation et définition par l’Etat d’une activité de partage dite lucrative
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ENTRE RÉGLEMENTATION ET ALLIANCES : LES COLLECTIVITÉS AU CENTRE DU JEU -------
Le collaboratif est une chance pour les villes, à condition que celui-ci n’entame pas
l’équilibre économique local.
A l’échelle de la ville ou de l’agglomération, les collectivités entreprennent de changer leur rapport avec ces nouveaux acteurs. Tandis que l’Etat légifère et tente d’encadrer ces activités, les collectivités expérimentent de nouvelles formes de coopération pour enrichir leur offre de services publics, et ainsi mieux répondre aux besoins sur leur territoire, sans entamer la dynamique de l’économie collaborative.
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ENTRE RÉGLEMENTATION ET ALLIANCES : LES COLLECTIVITÉS AU CENTRE DU JEU -------
A Kansas City, une start-up pour enrichir l’offre de transport public
Quand le Stif s’allie avec
des start-ups
Un accord gagnant-gagnant entre Airbnb et
la Nouvelle-Orléans
En février 2016, la ville de Kansas City (Missouri) lance un projet pilote d’une année avec Ford et Bridj : un nouveau service de mini-bus à la demande. Ce complément idéal au service public de transport a pour ambition de couvrir les territoires mal desservis, et de soulager les transports les plus bondés.
Si l’expérience ne fut pas concluante (seulement 600 trajets en 6 mois) du fait d’un défaut de communication, cette association inédite entre acteur public et nouvel entrant de la mobilité reste une alliance pleine de potentiel, et mérite d’être approfondie. Il y a fort à parier que d’autres services similaires réitéreront cette forme de partenariat avec les transporteurs urbains, et trouveront le bon équilibre pour exister dans la durée.
Pour proposer une alternative aux lignes de métro, RER ou Transilien en travaux durant l’été, le STIF et la RATP ont travaillé avec de nouveaux acteurs de la mobilité. Plusieurs start-ups dans le domaine de la voiture partagée comme Karos, Communauto et WayzUp ont été retenues par les deux acteurs publics pour opérer des parcours domicile-travail alternatifs durant les travaux.
Cette solution estivale s’inscrit dans une stratégie plus pérenne de diversification et d’intégration de ces nouveaux modes au sein du pass Navigo®, qui permet déjà l’utilisation de Vélib’, d’Autolib’ et des Batobus. La Société du Grand Paris, le STIF et la RATP se sont également associés à l’application mobile d’auto- stop urbain OuiHop’. A l’essai les mois de juillet et août 2017, la plateforme propose aux détenteurs du pass Navigo® de « court-voiturer » dans toute la région.
Pour mettre fin au flou juridique qui entourait son activité, la Nouvelle-Orléans a légalisé les locations de courte durée effectuées sur Airbnb. En contrepartie, la plateforme s’engage à :
> livrer les noms et adresses des propriétaires enregistrés à la municipalité ;
> fermer son accès au très touristique « French Quarter », dont les habitants souffrent de l’activité de la plateforme ;
> prélever une taxe de séjour d’un dollar par nuit et par client, qui sera reversée à la ville.
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DES PISTES POUR LUTTER CONTRE CERTAINS EXCÈS DU COLLABORATIF -------
Ces nouveaux services (collaboratifs - ndlr) sont utiles et si une société les interdit, elle ne va pas être crédible. (…) Une bonne régulation doit protéger les utilisateurs et les travailleurs contre une puissance potentiellement monopolistique sans pour autant protéger l’ancien modèle contre l’innovation. De nouvelles solutions sont à imaginer.
Pour Michel Bauwens, les plateformes peuvent être des atouts pour remplir leurs missions de service public. Les villes seraient aussi les plus à même de porter ces mouvements pour lutter contre les potentielles dérives de ces plateformes privées, et mieux redistribuer la création de valeur.
Il faut encadrer juridiquement les activités des plateformes pour maîtriser leurs impacts sur le territoire. Cela permet de veiller à ce qu’il n’y ait pas plus d’externalités négatives que positives (que cela avantage le tourisme sans accroître le prix de l’immobilier par exemple).
‘‘
‘‘
Michel Bauwens, entretien au Monde, juillet 2015
Michel Bauwens Michel Bauwens est un théoricien belge du peer-to-peer, créateur de la P2P Foundation et auteur de nombreux ouvrages.
En quoi cela concerne-t-il les pouvoirs publics ?
Réguler Coopérer Encourager
Les collectivités doivent profiter de la présence de ces plateformes sur leur territoire pour utiliser leurs savoirs et données. Echanger de précieuses informations facilite le développement des villes.
Parallèlement aux grandes plateformes, il faut créer des opportunités pour les acteurs locaux ayant vocation à lancer une activité à impact positif sur le territoire (lien social, durabilité, mobilité…)
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DES PISTES POUR LUTTER CONTRE CERTAINS EXCÈS DU COLLABORATIF -------
Une coopérative, c’est quoi ?
Une coopérative est une association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs au moyen d’une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement.
‘‘‘‘Alliance Coopérative
De nouvelles initiatives s’inspirent du vieux principe des coopératives
pour renouer avec les valeurs centrales du collaboratif.
Le 1er supermarché coopératif et participatif de Paris, par le fondateur de
la Park Slope Food Coop à Brooklyn. Un projet soutenu par la Mairie du 18e et la Ville de Paris, ouvert
en novembre 2016.
Tout le monde peut y faire ses courses, il suffi t d’être coopérateur.
L’autogestion permet de pratiquer des prix raisonnables et de rémunérer convenablement les producteurs.
Pour cela il faut investir 100€, c’est-à-dire 10 parts de la coopérative (10€ pour les bénéfi ciaires des minimas sociaux). Un service détenu par ses utilisateurs : 1 travailleur, 1 voix.
La Louve soutient le développement d’une
agriculture durable, favorable aux producteurs
et respectueuse de l’environnement
Les membres de la coopérative donnent 3h de leur temps chaque
mois (caisse, stock, nettoyage…)
La Louve… et ses 13 petits ! Parmi eux La SuperCoop à Bordeaux, La Cagette à Montpellier, Otsokop à Bayonne, Breizhi’potes à Rennes…
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CES VILLES QUI ONT MISÉ SUR LE COLLABORATIF -------
Pionnière dans le domaine, Séoul est l’une des premières villes à avoir mis le collabo-ratif au cœur de sa politique. Le programme « Sharing City Seoul », lancé en 2013, compte bien convertir les habitants de la mégapole au collaboratif avec la mise à disposition de nombreux services partagés. Avec 1 700 places de parking partagées, 180 000 vête-ments pour enfants échangés ou encore l’ou-verture de 800 bâtiments au public, l’usage élargi du collaboratif a permis une écono-mie annuelle de 12 milliards de won (près de 9 millions d’euros) pour les habitants, et la création de 1 280 emplois à travers la ville. Une tendance prometteuse sur laquelle Séoul compte bien poursuivre ses efforts.
Avec 84% d’habitants enclins à recourir aux services collaboratifs*, la ville d’Amsterdam forme un terreau idéal pour lancer une politique ambitieuse. Le plan d’action « Sharing City », lancé en 2015, a favorisé la création d’un vaste réseau d’acteurs du collaboratif sous l’égide de l’agence ShareNL pour stimuler le partage tout en maîtrisant au plus près ses potentiels impacts négatifs.
Séoul, la pionnière
Amsterdam, tête de proue du collaboratif en Europe
Alors que de nouveaux services s’appuient sur les valeurs centrales du collaboratif, de plus en plus de villes décident de miser sur cette nouvelle économie en l’inscrivant au cœur de leur agenda politique.
Habilement intégré à l’ensemble des services urbains, le collaboratif pourrait-il aider les villes à traiter les multiples problématiques (sociétales, environnementales et économiques) qu’elles rencontrent ?
Plus que collaborative, la ville de Barcelone compte bien devenir la première Fab City du monde, avec le projet ambitieux de deve-nir une ville auto-suffi sante et globalement connectée d’ici 2054. Pour y parvenir, la ville compte équiper chaque quartier d’un fablab, atelier ouvert au public permettant à n’im-porte quel utilisateur de fabriquer ses propres objets grâce à des outils de pointe, notamment des imprimantes 3D. Après un premier fablab public ouvert en 2014, la mairie projette l’ou-verture d’un « Maker district », concentré sur 1km² des initiatives composant ce nouveau modèle de la Fab City.
Barcelone, la Fab City
Dans une ville en faillite, le collaboratif n’est plus seulement un moyen d’innover, mais une question de survie. Les services collabo-ratifs compensent la disparition des services publics comme l’espace béant des maisons désertées. Depuis la faillite de 2013, les habi-tants et associations ont spontanément créé près de 1 500 fermes et jardins urbains, ou-vert des ateliers vélo, ou encore co-construit des réseaux WiFi.
Detroit, le collaboratif contre la faillite
*ShareNL
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CES VILLES QUI ONT MISÉ SUR LE COLLABORATIF -------
L’organisation du premier Sharing Lille en avril 2016 a révélé un écosystème d’innovation sociale favorable au développement de nombreuses initiatives collaboratives sur le territoire. Boutique de liquides en vrac avec Jean Bou-teille, covoiturage des enfants avec C ma Bulle ou encore co-création citoyenne à l’échelle de la ville avec le collectif Régénération, les pépites collaboratives se multiplient à Lille, qui compte bien devenir la première Sharing City française en jouant les facilitateurs.
La ville soutient de multiples services de nature collaborative avec une forte valeur sociale : la Maison du Vélo et ses ateliers d’apprentissage et d’aide à la réparation de bicycle, ou la Coop 5 pour cent, lieu alternatif favorisant le réemploi et l’inclusion sociale avec une ressourcerie, un magasin général de produits locaux et un espace de travailpartagé. Le Dôme, premier fabLab de la ville, s’emploie également à sensibiliser les caennais à des méthodes de production plus communautaires.
Co-organisé par l’agglomération du Grand Narbonne et Simplon, le Hackathon "Le Grand Sud" en Partage permet l’émergence de projets locaux estampillés collaboratifs. A Narbonne, il est maintenant possible de cultiver ses légumes dans un jardin collectif avec L’Oasis Citadine, de cartographier les déjections canines (oui !) grâce à l’appli Bye-ByeCrottoir, et de faire tourner l’économie circulaire via la plateforme Courts-Circuits.
Lille Caen Narbonne
Avec près de 300 plateformes collaboratives opérant sur le territoire, la France fait fi gure de leader du secteur en Europe.* Si sa législation reste favorable au développement des services collaboratifs, certaines villes se sont également impliquées pour devenir de véritables laboratoires de cette économie.
Le collaboratif n’est pas qu’un truc de parisien! Preuve en est avec l’étude du cabinet Asterès, menée en 2017 sur l’économie du partage. Les citadins les plus assidus sont les Bordelais, suivis des Lillois pour la deuxième année consécutive de l’étude. Paris, 18ème lors de la première édition, est désormais à la troisième place du podium.
BORDEAUX
PARISLILLE
*Chiffres Macondo Média 2017
CON CLU
SIONLe collaboratif ne doit pas être vu comme un pis-aller, ni comme un danger à éradiquer. Les services créés dans son giron répondent à des attentes nouvelles, souvent non traitées par l’acteur public.
Il faut donc les considérer comme des potentiels, des moyens de gestion urbaine nouveaux qu’il s’agira d’intégrer dans l’offre urbaine, tant en les harmonisant avec l’offre existante, qu’en associant la collectivité aux bénéfices.
La position du médiateur, adoptée par les villes qui légifèrent, marque la volonté d’encadrer les services offerts par les plateformes. Celle du chef d’orchestre sera l’étape de la prise de hauteur, indispensable pour réaffirmer son autorité tout en répondant aux besoins des citadins.
Laisser faire sans contrôle accumule les nuisances – Interdire ne résout rien.
Les villes comme chefs d’orchestre
du collaboratif
A+
A+
CONCLU
SION
AIRPARIF. Inventaire régional des émissions en Ile-de-France : Année de référence 2012 [rapport électronique]. 2016
BAUWENS Michel Sauver le monde : vers une économie post-capitaliste avec le peer-to-peer Les liens qui libèrent, 2015. 267 p.
Commissariat Général au Développement Durable Les comptes des transports en 2013 : 51e rapport à la Commission des comptes des transports de la Nation [rapport électronique]. 2014
COHEN Gérard (dir.) Idée Collaborative 2015 : Une année d’économie collaborative décryptée par 8 médias Socialter, 2015. 100 p.
COHEN DE TIMARY Olivier (dir.) Idée Collaborative 2016 : Une année d’économie collaborative décryptée par 11 médias Socialter, 2016. 116 p.
CREDOC Société collaborative : L’argent d’abord, le partage aussi [rapport électronique] SES ENS Lyon, 2015
FOERTSCH Carsten More than one million people will work in coworking spaces in 2017 [en ligne] Deskmag, 2017
FERON Marie-Hélène Les espaces de coworking en France en 2015 : un phénomène qui se confirme [en ligne] La fonderie, 2016
IKEA A la découverte de la vie à la maison [rapport électronique] 2016
LUDIN Hervé L’évolution professionnelle des cadres dirigeants [en ligne] Eos Dirigeant, 2015
MANYKA James et al. Independent work: Choice, necessity, and the gig economy [en ligne] McKinsey & Company, 2016
MAZENOD (de) Xavier
Télétravail : 65% des salariés seraient intéressés [en ligne]. Zevillage, 2016
MOATI Philippe La société malade de l’hyperconsommation Odile Jacob, 2016. 258 p.
OBSCOCO L’observatoire des consommations émergentes – vague 3 [rapport électronique] Obsoco, 2015
OUISHARE FILIPPOVA Diana (dir.) Société collaborative : la fin des hiérarchies Rue de l’échiquier, 2015. 128 p.
PIPAME Prospective : Enjeux et perspectives de la consommation collaborative [rapport électronique] Ministère de l’économie de l’industrie et du numérique, 2015
PWC Shared benefits: How the sharing economy is reshaping business across Europe. [en ligne] Assessing the size and presence of the collaborative economy in Europe. [en ligne] PwC, 2016
SCHWERER Charles-Antoine Indice Asterès 2017 de l’économie du partage dans les 30 premières villes de France métropolitaine [rapport électronique] Asterès, 2017
VAUPLANE (de) Jean-Régis Quel est le vrai visage de l’économie collaborative ? [en ligne] Les Echos, 2015
BOTSMAN Rachel. The rise of collaborative consumption [vidéo en ligne] https://www.ted.com/talks/rachel_botsman_ the_case_for_collaborative_consumption? language=fr#t-3310. TED Talk, Sydney, 2010
International Co-operative Alliance http://ica.coop/fr/
La Fédération du e-commerce et de la vente à distance http://www.fevad.com/etudes-et-chiffres/
Grand Sud en Partage : Hackathon https://iness.simplon.co/hackathon.html
Les Petits Frères des Pauvres https://www.petitsfreresdespauvres.fr/
Ma ville demain, Métropole de Nantes http://www.mavilledemain.fr/Lexiques/65- isolement-solitude.html
Mairie de Paris http://www.paris.fr/
Ouishare http://ouishare.net/en
Park Slope Food Coop https://www.foodcoop.com/
Revolution @ Work http://www.revolutionatwork.com/
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Tous nos remerciements vont à Philippe Gargov et Alexandra Kolifrath pour leurs conseils, ainsi qu’à Philippe Moati, Gabriel Plassat, Charles-Edouard Vincent pour leur contribution à la réalisation de cet ouvrage.
ÉDITO
Nous ne vivons pas une époque de changement, mais un changement d’époqueJan Rotmans, professeur de théorie et gestion de la transition à l’Erasmus University de Rotterdam
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N°1LES DOSSIERS
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