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Rédaction : Alger, Casablanca, Dakar N o 18 : 28 février au 5 mars 2008 Le journal de la finance africaine Hebdomadaire www.lesafriques.com Performance hebdomadaire des blue chips africains. Page 9 Pour un marché des produits afin de compléter le dispositif boursier africain. Page 8 « Les actifs africains sont le plus souvent respectueux de la sharia ! » selon Zoubeir Ben Terdeyet. Page 5 Accouchement compliqué de l’activité bancaire d’Algérie Poste. Page 14 Accord imminent sur le contentieux franco-algérien des assurances. Page 6 L’Arab Bank plante son dra- peau en Libye. Page 7 La tonne de blé est passée de 120 à 340 euros. Conséquences. Page 11 Sénégal : difficile recapitali- sation de la Société africaine de raffinage. Page 3 ICS : accord avec IFFCO. Page 12 SNC Lavalin en conflit avec ses associés dans la méga- centrale de Hadjret Ennous. Page 12 L’immobilier mauricien plus accessible. Page 16 Maroc Télécom consolide ses positions de leader au Maroc. Page 18 Lutte contre la pauvreté au Cameroun : pari à moitié gagné. Page 13 L’UEMOA veut maintenir les infrastructures sociales. Page15 Union douanière en décem- bre pour le COMESA. Page 16 Les Français veulent regagner le terrain perdu en Mauritanie. Page 19 L’inflation au Zimbabwe : quelle solution ? Page 19 Pakistan, le grand bug de la pensée binaire. Page 23 Mamadou Sylla, celui par qui le drame est arrivé. Page 24 BOURSE BANQUES, ASSURANCES ENTREPRISES ET MARCHÉS ECONOMIE POLITIQUE Afrique CFA 1500 FCFA. - Belgique 1,9 a..... - Luxembourg 1,9 a. - Maroc 15 DH. - France 1,9 a. - Suisse CHF 3,80. - Tunisie 2,3 DT - Canada 3,3 $ CAD. MATIERES PREMIERES Cap-Vert, comment réussir sans matières premières En vingt ans, ce petit archipel au large du Sénégal, sans pétrole ni res- sources minérales, a réussi à vaincre la misère. Il continue d’aligner des croissances fortes : 10,9% en 2006, 7% en 2007 et entre 8 et 10% en 2008. Ses réserves de change cou- vrent quatre mois d’importations. Exit donc les périodes difficiles des années 80, quand l’île vivait du fado et de l’aide internationale. Place à un nouveau pays qui mise sur les nouvelles technologies et les res- sources humaines pour assurer son décollage. José Brito, ministre de l’Economie, de la croissance et de la compétitivité, explique aux Afriques comment son pays est parvenu à renverser la tendance. Lire en page 21 Banques marocaines : les bons et les mauvais points de Standard & Poor’s Standard & Poor’s attire l’atten- tion des banques marocaines sur la rapide montée des risques sur les engagements de crédit. Dans son dernier rapport, l’agence de notation rappelle la volatilité structurelle de l’économie maro- caine, les nouveaux risques qui pèsent sur l’immobilier et le marché boursier. Le secteur ban- caire s’est renforcé sur les cinq dernières années, mais reste aujourd’hui confronté à de nou- veaux risques liés à l’augmenta- tion des engagements sur le cré- dit et l’expansion régionale. Lire en page 7 Les pronostics du directeur Afrique de la Bourse de Londres « L’image qu’avaient les milieux d’affaires de l’Afrique est en train de changer ». Ces mots sont d’Ibukun Adebay, finan- cier africain, directeur Afrique et Moyen-Orient du London Stock Exchange. Grand voya- geur, il s’évertue partout à pro- mouvoir l’Afrique pour le compte de son institution : « Nous avons une réelle influence dans certaines régions d’Afrique. Nous avons des cultu- res juridiques, une approche des affaires et de la finance quasi identiques ». Entretien exclusif en page 10 Cameroun : les coûts qui grèvent la croissance A la suite d’une enquête inédite diligentée par ses soins, le Ministère came- rounais des finances vient d’identifier les principaux coûts qui grèvent la crois- sance des entreprises. En clair, les coûts de produc- tion sont trop élevés, repré- sentant jusqu’à 80% de la valeur d’un produit fabri- qué localement. Parmi les facteurs incriminés, le coût des intrants, mais aussi l’énergie, le loyer et, en der- nière lieu, la fiscalité. Au terme de ce diagnostic complet, un plan d’action devrait voir le jour. Lire en page 15 BRVM : vers des splits pour doper le marché L’action Sonatel, qui oscille actuellement autour de 200 000 FCFA, et le titre Solibra, au-delà de 360 000 FCFA, illustrent bien les problèmes de la Bourse régionale des valeurs mobi- lières d’Abidjan. Les valeurs sont devenues trop chères par rapport au pouvoir d’achat des classes moyen- nes. D’où le projet des res- ponsables de cette place de faire recours aux splits pour fractionner les valeurs et faciliter l’accès du grand nombre. Lire en page 8 L’Algérie rend ses Mig à Moscou. Rafale espère… Les médias russes accusent la France d’avoir pesé de tout son poids pour inciter l’Algérie à ren- voyer ses Mig à leur expéditeur, dans l’espoir de lui vendre ses Rafale. Mais après son échec com- mercial au Maroc, Dassault Aviation n’a pas encore gagné la partie à Alger. Le Rafale traîne une réputation de cherté : il coûte, selon les ver- sions, 53 millions d’euros l’unité, lorsque son rival russe, le Mig29 SMT, est cédé à environ 30 millions d’euros l’unité. Lire en page 3 Le Cap-Vert a su gérer ses revenus touristiques.

Cap-Vert, comment réussir sans matières premières · Rédaction : Alger, Casablanca, Dakar contentieux franco-algérien N o 18 : 28 février au 5 mars 2008 Le journal de la finance

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Page 1: Cap-Vert, comment réussir sans matières premières · Rédaction : Alger, Casablanca, Dakar contentieux franco-algérien N o 18 : 28 février au 5 mars 2008 Le journal de la finance

R é d a c t i o n : A l g e r , C a s a b l a n c a , D a k a r � N o 1 8 : 2 8 f é v r i e r a u 5 m a r s 2 0 0 8

Le journal de la finance africaine

Hebdomadairewww.lesafriques.com

Performance hebdomadairedes blue chips africains.

Page 9

Pour un marché des produitsafin de compléter le dispositifboursier africain.

Page 8

« Les actifs africains sont leplus souvent respectueux dela sharia ! » selon ZoubeirBen Terdeyet.

Page 5

Accouchement compliqué del’activité bancaire d’AlgériePoste.

Page 14

Accord imminent sur lecontentieux franco-algériendes assurances.

Page 6

L’Arab Bank plante son dra-peau en Libye.

Page 7

La tonne de blé est passéede 120 à 340 euros.Conséquences.

Page 11

Sénégal : difficile recapitali-sation de la Société africainede raffinage.

Page 3

ICS : accord avec IFFCO.Page 12

SNC Lavalin en conflit avecses associés dans la méga-centrale de Hadjret Ennous.

Page 12

L’immobilier mauricien plusaccessible.

Page 16

Maroc Télécom consolide sespositions de leader au Maroc.

Page 18

Lutte contre la pauvreté auCameroun : pari à moitiégagné.

Page 13

L’UEMOA veut maintenir lesinfrastructures sociales.

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Union douanière en décem-bre pour le COMESA.

Page 16

Les Français veulent regagner leterrain perdu en Mauritanie.

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L’inflation au Zimbabwe :quelle solution ?

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Pakistan, le grand bug de lapensée binaire.

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Mamadou Sylla, celui parqui le drame est arrivé.

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BOURSE

BANQUES, ASSURANCES

ENTREPRISES ET MARCHÉS

ECONOMIE

POLITIQUE

Afrique CFA 1500 FCFA. - Belgique 1,9 a..... - Luxembourg 1,9 a. - Maroc 15 DH. - France 1,9 a. - Suisse CHF 3,80. - Tunisie 2,3 DT - Canada 3,3 $ CAD.

MATIERES PREMIERES

Cap-Vert, comment réussirsans matières premièresEn vingt ans, ce petit archipel aularge du Sénégal, sans pétrole ni res-sources minérales, a réussi à vaincrela misère. Il continue d’aligner descroissances fortes : 10,9% en 2006,7% en 2007 et entre 8 et 10% en2008. Ses réserves de change cou-vrent quatre mois d’importations.Exit donc les périodes difficiles desannées 80, quand l’île vivait du fado

et de l’aide internationale. Place àun nouveau pays qui mise sur lesnouvelles technologies et les res-sources humaines pour assurer sondécollage. José Brito, ministre del’Economie, de la croissance et de lacompétitivité, explique aux Afriquescomment son pays est parvenu àrenverser la tendance.

Lire en page 21

Banques marocaines : lesbons et les mauvais pointsde Standard & Poor’sStandard & Poor’s attire l’atten-tion des banques marocaines surla rapide montée des risques surles engagements de crédit. Dansson dernier rapport, l’agence denotation rappelle la volatilité

structurelle de l’économie maro-caine, les nouveaux risques quipèsent sur l’immobilier et lemarché boursier. Le secteur ban-caire s’est renforcé sur les cinqdernières années, mais reste

aujourd’hui confronté à de nou-veaux risques liés à l’augmenta-tion des engagements sur le cré-dit et l’expansion régionale.

Lire en page 7

Les pronostics du directeur Afrique de la Bourse de Londres

« L’image qu’avaient les milieuxd’affaires de l’Afrique est entrain de changer ». Ces motssont d’Ibukun Adebay, finan-cier africain, directeur Afriqueet Moyen-Orient du LondonStock Exchange. Grand voya-geur, il s’évertue partout à pro-mouvoir l’Afrique pour lecompte de son institution :« Nous avons une réelleinfluence dans certaines régionsd’Afrique. Nous avons des cultu-res juridiques, une approche desaffaires et de la finance quasiidentiques ».

Entretien exclusif en page 10

Cameroun : les coûts qui grèvent la croissanceA la suite d’une enquêteinédite diligentée par sessoins, le Ministère came-rounais des finances vientd’identifier les principauxcoûts qui grèvent la crois-sance des entreprises. En

clair, les coûts de produc-tion sont trop élevés, repré-sentant jusqu’à 80% de lavaleur d’un produit fabri-qué localement. Parmi lesfacteurs incriminés, le coûtdes intrants, mais aussi

l’énergie, le loyer et, en der-nière lieu, la fiscalité. Auterme de ce diagnosticcomplet, un plan d’actiondevrait voir le jour.

Lire en page 15

BRVM : vers des splits pour doper le marché L’action Sonatel, qui oscilleactuellement autour de200 000 FCFA, et le titreSolibra, au-delà de 360 000FCFA, illustrent bien lesproblèmes de la Bourse

régionale des valeurs mobi-lières d’Abidjan. Les valeurssont devenues trop chèrespar rapport au pouvoird’achat des classes moyen-nes. D’où le projet des res-

ponsables de cette place defaire recours aux splits pourfractionner les valeurs etfaciliter l’accès du grandnombre.

Lire en page 8

L’Algérie rend sesMig à Moscou.Rafale espère… Les médias russes accusent la France d’avoir peséde tout son poids pour inciter l’Algérie à ren-voyer ses Mig à leur expéditeur, dans l’espoir delui vendre ses Rafale. Mais après son échec com-mercial au Maroc, Dassault Aviation n’a pasencore gagné la partie à Alger. Le Rafale traîneune réputation de cherté : il coûte, selon les ver-sions, 53 millions d’euros l’unité, lorsque sonrival russe, le Mig29 SMT, est cédé à environ 30millions d’euros l’unité. Lire en page 3

Le Cap-Vert a su gérer ses revenus touristiques.

Page 2: Cap-Vert, comment réussir sans matières premières · Rédaction : Alger, Casablanca, Dakar contentieux franco-algérien N o 18 : 28 février au 5 mars 2008 Le journal de la finance

2 Les Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008CONDENSÉ

�AFRIQUE DU SUD

La fonderie de platine dePolokwane en réparationLa compagnie Anglo Platinuma annoncé que les travaux deréparation de la fonderie deplatine de Polokwane durerontde 4 à 6 semaines. Le 13 févrierdernier, une coulée extérieurede scorie avait endommagé lematériel électrique situé à côtéde la chaudière. La firme assureque son objectif de productionde 2,4 millions d’onces pour2008 - déjà en baisse de 12%par rapport à 2007 - , ne serapas affecté par cette panne.

Rallongement de la durée devie des mines d’orHarmony Gold Mining, 3e

producteur d’or en Afrique,annonce être en mesure derallonger la durée de quel-ques-unes de ses mines, afinde profiter de la hausse desprix du métal précieux, ettenter d’éviter une 3e pertetrimestrielle consécutive.Durant les deux précédentstrimestres fiscaux, les pertesde la compagnie s’étaient éta-blies respectivement à 16 et22 millions de dollars.

Des entreprises veulentconstruire leurs propres cen-trales électriquesLes autorités sont en pour-parlers avec plusieurs entre-prises privées pour la mise enplace de projets de co-pro-duction d’électricité. Lesprincipales industries dupays (dont, Alec Erwin,Impala Platinum Holdings,Lonmin Plc et ArcelorMittalSasol Ltd) envisagent deconstruire leurs propres cen-trales électriques et de ven-dre leurs surplus à la compa-gnie Eskom. L’objectif étantde co-produire 3000 MW,selon le ministre desEntreprises publiques.

Les bénéfices d’ImpalaPlatinum grimpent de 7,3%Impala Platinum, 2e produc-teur de platine, annonce unehausse de 7,3% de ses bénéfi-ces au premier semestre 2007et prévoit une baisse de saproduction à cause d'unepénurie d’électricité. Lerevenu net a grimpé à 608millions $ de juin à décembre2007, contre 566 millions $pour la même période un anauparavant. Quant au niveaude production, il tomberaprobablement sous la barredes 2 millions d'onces pourl'année fiscale courante,contre 2,03 millions d'oncesun an plus tôt.

Une centrale de 110 MWpour Arcelor MittalLe sidérurgiste Arcelor Mittalest en pourparlers avec lacompagnie Eskom pour unprojet de construction d’unecentrale électrique d’une capa-cité de 110 MW destinée à sesaciéries Vanderbijlpark. Coûtde l’investissement : 154,9 mil-lions de dollars.

Les projets d’EskomEskom envisage de signer desconventions d'achat de 380 mil-lions de tonnes de charbonpour alimenter ses deux nou-velles centrales à charbon qu’ilprévoit de construire. La datelimite de dépôt des offres a étéfixée au 28 mars. Eskom, qui aconsommé quelque 112 mil-lions de tonnes de charbon en2006, est en train de dépenser300 milliards de rands pour lescinq prochaines années pourl'élargissement de la capacité.

�ALGÉRIE

Exportations de gazL'Algérie ambitionne d'assu-rer, par ses propres moyens, letransport de 50% de sesexportations gazières, aannoncé le ministre del’Energie Chakib Khelil.

Un emprunt obligataire de 6milliards DA sera émis parl’EnaforL’Entreprise nationale deforage (Enafor), filiale dugroupe Sonatrach, émettra unnouvel emprunt obligataired’un montant de 6 milliards deDA, destiné aux institutionsfinancières nationales, pour lefinancement d’une partie duprogramme de ses investisse-ments au cours de l’exercice2008. L’Enafor a déjà financé,en 2005, un plan d’investisse-ment comprenant notammentl’acquisition de quatre appa-reils de forage, en levant 7,98milliards DA par le biais d’unemprunt obligataire.

15 millions de tonnes deciment par anEn 4 ans, la production natio-nale de ciment est passée de 8à 15 millions de tonnes y compris l'usine ACCd’Orascom à M'sila.

Exxon Mobil, BP etPetrobas intéressés par unappel d’offresLes compagnies pétrolièresmondiales opérant en Algériesont intéressées par l’appeld’offres pour l’exploration de15 blocs. Selon le directeurgénéral de l’Agence nationalepour la valorisation des hydro-carbures (Alnaft), Sid-AliBetata, des compagnies commeExxon Mobile, BP, AddaxPetroleum, Petrobras et d’au-tres ont exprimé leur intérêtpour soumissionner à l’appel àmanifestation d’intérêt lancé le13 janvier 2008.

Pas d’augmentation des prixdu gaz sur le marché localL’Algérie refuse d’augmenterles prix du gaz sur son marchéintérieur comme le réclamel’Organisation mondiale ducommerce (OMC). Le minis-tre de l’Energie a déclaré queson pays ne comptait pas cédersur ce point.

Promotion des exportationsvers la France« Optimexport », c’est le nomd’un nouveau dispositif opéra-tionnel de promotion desexportations vers la France quiva être lancé en partenariat avecl’Agence française de dévelop-pement (AFD). Le budgetalloué à ce dispositif est de 2,1millions d’euros, cofinancés parl’Algérie et l’AFD.

L’AGENOR proposée à la pri-vatisationL’Agence nationale des métauxprécieux (AGENOR) figureparmi les 100 entreprises quiseront privatisées cette année.Le délai de dépôt des offres pourla cession totale ou partielle ducapital social de l’AGENOR, quiest de 200 millions de dinars, aété fixé au 10 mars 2008.L’agence a une capacité nomi-nale de production annuelle de5,4 tonnes d’or, 16,6 t d’apprêtsd'argent, 15 t de brasures nuesindustrielles, 3,5 t de nitrated'argent, 6 t d'aurocyanure, 2 td'affinage de l'or et une tonned'affinage d'argent.

6,6 milliards DA d’impôt for-faitaire en 2007L’Impôt forfaitaire unique(IFU) a généré 6,6 milliards DA

de recettes fiscales en 2007. Lamoitié de ces revenus servira aufinancement des collectivitéslocales. L’IFU, un nouveaurégime fiscal simplifié, envigueur depuis le 1er janvier2007, est destiné aux contribua-bles dont le chiffre d’affairesannuel n’excède pas les 3 mil-lions DA. Il se substitue auxprélèvements au titre del’Impôt sur le revenu global(IRG), la Taxe sur la valeurajoutée (TVA) et la Taxe surl’activité professionnelle (TAP).

L'Algérie intègre la zonearabe de libre-échangeSelon le ministre duCommerce, El HachemiDjaaboub, l’Algérie déposerabientôt les mécanismes exécu-tifs nécessaires à son accès à lazone arabe de libre-échange. Il aégalement précisé que des « ins-tructions seront données auxpoints douaniers pour exonérerles marchandises arabes de toutesles taxes douanières, en veillant àassurer un démantèlement gra-duel allant de deux à trois ans,pour donner aux marchandisesnationales le temps de s'adapterau marché arabe ».

Gazprom ouvrira une repré-sentation à AlgerDans un entretien accordé àl’Agence algérienne de presse,l’ambassadeur de la Fédérationde Russie a annoncé que legéant gazier russe Gazprom vabientôt ouvrir une représenta-tion à Alger. Il a émis le souhaitque Sonatrach ouvre la sienne àMoscou.

Gulf Finance House investit3 milliards $La banque islamique bahreïnieGulf Finance House (GFH) aannoncé avoir signé un accordde principe avec le gouverne-ment pour l’édification d'unezone de développement écono-mique à Alger, d’une superficiede 2,8 km2, dans le cadre de lanouvelle ville de Bouinan.L’investissement, estimé à 3milliards $, est destiné à accueil-lir des activités économiquesdiverses, dans l’énergie, lafinance, les télécommunica-tions et les technologies de l’in-formation, ainsi que des rési-dences et des activités de loisirs.

Air Algérie prévoit d’acqué-rir 11 avionsLa compagnie aérienne AirAlgérie compte acquérir 11nouveaux avions. Montant esti-matif, 100 millions de dollars.Le PDG de la compagnie a éga-lement annoncé le lancement,cet été, d’une 3e fréquence heb-domadaire sur la ligne Alger-Montréal. La compagnie atransporté 3,724 millions depassagers en 2007, dont 8860passagers sur la Alger-Montréal-Alger.

L’Egyptien El Sewedy investit50 millions de dollarsLe groupe égyptien El SewedyCâbles va investir en Algérieprès de 50 millions de dollarspour la réalisation d’une câble-rie. L’usine produira des filscâbles électriques et desconducteurs aériens. Elle seraopérationnelle au premiersemestre 2008. Elle sera situéedans la zone industrielle d'AïnDefla, à 140 kilomètres de lacapitale et aura une capacité deproduction initiale de 11 000 à12 000 tonnes par an. La pro-duction devrait atteindre 15 000tonnes par an d'ici à 2009.

Prochaine relance de la pri-vatisation du CPAL’ouverture de capital du Créditpopulaire d’Algérie (CPA, ban-

que publique) sera relancée à lafin du premier trimestre 2008,a annoncé le ministre desFinances. L’opération avait étésuspendue en novembre der-nier en raison de la crise dessubprimes aux Etats-Unis.

Plus de 40 milliards $ de fis-calité pétrolière en 2007La Direction des grandes entre-prises (DGE) a procédé à desrecouvrements fiscaux de 2976milliards de DA en 2007(contre 2980 milliards de DAen 2006). Ces recouvrementsconcernent les entreprises dusecteur des hydrocarbures, dessociétés étrangères ainsi que desentreprises dont le chiffre d’af-faires annuel est supérieur ouégal à 100 millions de DA. LaDGE est en charge d’une popu-lation fiscale composée de 1229contribuables).

�BÉNIN

3 milliards de FCFA pourl’artisanatL’Etat consacre 3 milliardsFCFA pour un projet de déve-loppement et de promotion dusecteur de l’artisanat, qui contri-bue à 5% du PIB. L’enveloppeest financée à hauteur de 79%par la Banque ouest-africainede développement (BOAD), àconcurrence de 18% de la partdu gouvernement, et à 3% parles quelque 4000 artisans béné-ficiaires. Le projet vise la créa-tion de près de 4000 entreprisesartisanales et de 8000 emploisdont 50% en faveur des femmeset des jeunes, ainsi que l’accèsau financement de 2500 micro-projets artisanaux.

�CAP-VERT

Une nouvelle ligne de créditsollicitéeLes mairies du Cap-Vert ontsollicité l'Agence française dedéveloppement (AFD) pourleur octroyer une nouvelle lignede crédit d'un montant de 10millions d'euros pour le déve-loppement local. Les 5 millionsd’euros octroyés dans une pre-mière phase par l’AFD ont étéconsommés à près de 90% dansdes projets de développementlocal.

�CONGO

Extension de la raffinerie dePointe-Noire La société saoudienne RawabiHolding Compagny financeral’extension de la raffinerie depétrole de Pointe-Noire pourun montant de 600 millionsd’euros. Ce projet permettrad’augmenter la production de25 000 à 100 000 barils de brutpar jour. En outre, une unité deproduction de 100 000 tonnesde bitume par an, d’un coût de30 millions d’euros, seraconstruite à côté de la raffinerie.

�CONGO RDC

Le PNUD finance un pro-gramme de gouvernanceLe Programme des NationsUnies pour le développement(PNUD) a accordé un finance-ment de 390 millions $ pour unprogramme quinquennal degouvernance visant la promo-tion d’un système stable et légi-time et favorisant le développe-ment humain durable, et dotéd’une dimension sécuritaire.

La réhabilitation du barraged'Inga coûtera 20 milliards $La Banque mondiale (BM)estime qu’il faudra 20 milliards$ pour réhabiliter le barragehydroélectrique d'Inga, en RDCongo. Un préfinancement de

200 millions $ a déjà été octroyérécemment par la BM pour laréhabilitation des turbines dubarrage et la construction d'uneseconde ligne de transportd'électricité d'Inga du Bas-Congo (ouest) à Kinshasa.

La Banque mondiale réclamede la transparenceLa directrice des opérations dela Banque mondiale pour lesdeux Congo, Marie-FrançoiseNelly, a déploré le fait que sur100 KW produits par la Sociéténationale d'électricité (SNEL),seules les recettes de 35 KWsont versées dans les caisses del'Etat. La représentante de laBM a exhorté les responsablesdu secteur énergétique de laRDC à la transparence et à labonne gouvernance.

�EGYPTE

Sidi Kerir, résultats enhausse de 17%Sidi Kerir, compagnie de pétro-chimie, annonce 212,2 millionsde dollars de profits nets en2007, soit 17% de hausse parrapport à l'année précédente.Ses ventes ont également aug-menté de 6%. La compagnie aété privatisée à 20% de soncapital en juin 2005.

HSBC Egypte payera 49,5 LEde dividende par actionLes actionnaires de la banqueHSBC d’Egypte ont approuvéun dividende de 49,5 LE (envi-ron 9,02 $) pour l'année 2007,ce qui représente environ 600millions LE qui seront payés augroupe HSBC qui détient94,5% des parts de sa filialeégyptienne. La réunion desactionnaires a aussi approuvéune prime de 90,55 millions LEpour les employés, soit 10% desbénéfices engrangés en 2007.

Des règles plus strictes pourles investisseurs dans le tou-rismeL'Autorité de développe-ment du touristime a confis-qué 26 parcelles de terresdestinées à des projets tou-ristiques en raison de l’inca-pacité des investisseurs àrépondre aux échéancescontractuelles. Les parcellessaisies seront cédées à denouveaux investisseurs avecdes règles plus strictes, obli-geant les investisseurs àadhérer à l'avance aux délaisd'achèvement de leurs pro-jets. L’Autorité a pour objec-tif d’ajouter 15 000 cham-bres d'hôtel par an. En 2007,45 projets de tourisme ontété approuvés, offrant13 520 chambres d'hôtel et4970 logements touristiques,représentant au total uninvestissement de 3,5 mil-liards LE.

Orascom confirmeOrascom Telecom Holding(OTH) a confirmé les infor-mations publiées par leFinancial Times suggérant lapossibilité d'une fusion avecun grand groupe internationalde télécommunications, sanspréciser qu’il s’agissait deWestern Telecom. OTH a réaf-firmé cependant qu'il n'étaitpas intéressé par la vente de lacompagnie.

Une joint-venture dans lagestion des fonds d’investis-sementsLa Housing and DevelopmentBank et la société DeltaRasmala sont sur le point decréer une coentreprise d'ex-ploitation dans le domaine dela délivrance et de la gestiondes fonds d'investissementsdotée d’un capital de 10 mil-lions de LE.

Upper Egypt Contractingdément la rumeurUpper Egypt Contracting anié qu’il avait l’intention d'acquérir El MahmodiaCompany, mais a indiquéqu’il étudie la participationdans une entreprise qui tra-vaille dans le même domaine.

Oriental Weavers lance unenouvelle usineOriental Weavers a annoncéqu’elle rendra public, finfévrier 2008, le plan détailléde la mise en place d'unenouvelle usine d'une superfi-cie de 190 000 m2.

Raya IT, un chiffre d’affairesde 335 millions de LE en 2007Raya IT a déclaré un chiffred'affaires record de 335 millionsde LE pour l'exercice 2007. Lasociété a également annoncéplusieurs projets dans lesdomaines des télécommunica-tions avec Telecom Egypt, del’e-paiement avec Al WatanyBank of Egypt pour laquelle elleréalisera 50 guichets automati-ques Diebold Opteva sur unepériode de deux ans, et le déve-loppement d’une solution desécurité réseau pour le comptedes douanes égyptiennes, encollaboration avec Clavistar,Websense, Cisco et Mcafee.

Hausse de 21,5% des expor-tationsLes exportations ont atteint14,51 milliards $ en 2007contre 11,56 milliards $ l’andernier, soit une hausse de21,5%. Le premier client del’Egypte est l’Italie avec 1,29milliard $ d’importations(contre 992 millions en2006), suivie des Etats-Unisavec 1,6 milliard $ (671 mil-lions $ en 2006), et del’Arabie saoudite, qui vienten 3e position avec 973 mil-

lions $ contre 671 millions $l’an dernier.

2,14 millions de chômeursen 2007Le nombre de chômeurs aaugmenté de 26% en 7 ans enpassant de 1,7 à 2,14 millionsentre 2000 et 2007. Par contre,pour les trois dernièresannées, ce nombre a légère-ment baissé puisqu’il était de2,2 millions en 2004.

Deux nouvelles entreprisespour le transport fluvialCitadel Capital a annoncé lacréation de deux entreprisespour le transport fluvial, Al-Wataniya du transport fluvial etAl-Wataniya de la gestion desports fluviaux. Le capital totalde ces deux entreprises s’élève à550 millions de LE. CitadelCapital contribue à hauteur de10% et le reste est financé pardes investisseurs arabes. Al-Wataniya du transport fluvialdevrait construire 100 chalou-pes de transport de marchandi-ses d’une capacité de 1000 ton-nes chacune. La deuxièmeentreprise se chargera de laconstruction de ports fluviaux,notamment à Damiette, enHaute-Egypte et au Caire.L’entreprise dispose déjà de65 000 mètres à Tebbine(Hélouan) pour la créationd’un port fluvial.

�ETHIOPIE

Un site touristique de 1,2milliard $ financé par desEmiratisLe groupe Enjaz Business(EB) des Emirats arabes unis(EAU) a lancé un projet d’in-vestissement de 1,2 milliardde dollars pour la construc-tion d’un complexe touristi-que à 175 km à l’est de lacapitale, Addis-Abeba. Unesuperficie de 38 000 hectaresa été mise à la disposition desinvestisseurs pour laconstruction du site. 4000hectares supplémentaires ontété accordés à EB pour laconstruction d’une usine deproduction d’unités préfabri-quées, qui devrait débuter enmai prochain.

�GAMBIE

Carnegie Minerals accuséede pratiques déloyalesAccusée d’avoir exporté, à l'insudu gouvernement, d'importan-tes quantités de minerais de fertitané, de rutile et de zircon versle Royaume-Uni, la compagnieminière Carnegie Minerals a étéfermée et son directeur généralarrêté. Les chiffres de la compa-gnie n’indiquaient que l’expor-tation de 30 000 tonnes de sablede mine vers l'Australie via laChine, pour lesquelles elle

Editeur : Editions Financières duSud Eurl, 11 rue de Bassano – F-75116 Paris. Gérant : Koly Keita.Filiale à 100% de Les AfriquesEdition et Communication SA.Genève. Administrateurs : PhilippeSéchaud (Président), AbderrazzakSitail, Michel Juvet, François-EricPerquel, Dominique Flaux (Adm.délégué, directeur de la publica-tion). Editeurs partenaires : AtlasPublications (Maroc). AvenirCommunication (Sénégal) etSyscomtech (Cameroun).

Directeur de la rédaction et rédac-teur en chef Finance : AdamaWade (Casablanca). Rédacteur enchef Economie et politique : IhsaneEl Kadi (Alger). Rédacteur en chefGestion publique et coopération :Chérif Elvalide Seye (Dakar).Rédaction : Louis S. Amédé

(Abidjan), Mohamed Baba Fall(Casablanca), Said Djaafer (Alger),Amadou Fall (Dakar), DaikhaDridi (Le Caire), Charles A.Bambara (Londres).

Ont également participé à cenuméro : Samy Injar (Alger),Mamadou Lamine Diatta(Dakar), Anne Guillaume Gentil(Paris), Hance Gueye (Dakar),Robert Adandé (Dakar), FrançoisBambou (Yaoundé), Ismail Aidara(Paris), Lyes Taibi (Alger), AliouDiongue (Dakar), Faycal Metaoui(Alger), Sana Harb (Alger). Avec le concours d’African Investor -AI40 (Londres), CommodAfrica(Paris) et Frankie Tang, NexiaConsulting.

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ACTUALITÉLes Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008 3

Africaniser le consensus de Washington

Qui ne rêve parmi nos gou-vernants d’une belle usine quicarbure avec les déficits et quiproduit de l’emploi en série,allant de la main d’œuvre élé-mentaire aux profils à fortevaleur ajoutée ? L’enjeu vaut lapeine de courir le risque,même s’il faudra certaine-ment inclure dans le proces-sus un service après-venteefficace pour rallier les insti-tutions de Bretton Woods.L’expérience du programmed’ajustement structurel amontré que la politique demaintien des équilibres et desfondamentaux macroécono-miques semble se faire audétriment du développementhumain. Pour preuve, lasituation actuelle des bonsélèves africains du FMI. Cespays qui s’illustrent par uneorthodoxie rare jouissentd’accès facilités aux capitauxgrâce à une bonne notation,mais peinent à convertir larigidité budgétaire en fac-teurs de développementhumain. Or, pour résorber lechômage grandissant d’unmarché qui comptera lespopulations de la Chine en2020, il faudra aller chercher

plus que ces modèles recyclésen Afrique, en fin de série ailleurs. La France etl’Allemagne ne s’embarras-sent plus de discours pourfabriquer de la croissance,quitte à polluer le ciel deMaastricht. C’est que, depuis20 ans et les recommanda-tions de l’économiste améri-cain John Williamson, unterme nouveau prospère dansl’entre-deux des vieux cliva-ges gauche/droite, conserva-teurs/progressistes. Il s’agit duconsensus de Washington, quipréconise dix conditions pourfaire la croissance : disciplinebudgétaire, orientations desdépenses publiques vers lacroissance, élargissement del’assiette fiscale, libéralisationdes marchés financiers, libéra-lisation du commerce, privati-sations et, entre autres, pro-tection de la propriété privée.La bronca soulevée à l’époquen’a pas permis au consensusde Washington, initialementdestiné à l’Amérique latine,d’entrer en Afrique par lagrande porte. A défaut, elle s’yest infiltrée quand même, àpetites doses, avec l’arrivéeaux commandes des défen-seurs de la politique desgrands chantiers. Reste àsavoir si l’usine à emplois serarespectueuse des équilibresbudgétaires.

Adama Wade,Casablanca

Un endettement excessif et d’importants besoins d’investissements rendent difficile la recapitalisa-

tion de la Société africaine de raffinage.

Société africaine de raffinage :difficile recapitalisation

Par Mamadou Lamine Diatta, Dakar

Alors que l’Etat du Sénégal espère réussirl’opération de recherche de fonds,notamment auprès de bailleurs hollan-dais, la Société africaine de raffinage(SAR) traîne encore des dettes cumuléesde 110 millions d’euros. La recapitalisa-

tion de l’entreprise est mal engagée.Malgré tout, le Sénégal serait très proched’un accord avec un hedge fund hollan-dais pour la recapitalisation de la SAR.Une source du Ministère de l’énergieavance même la somme de 109 millionsd’euros que le fonds hollandais compte

injecter pour le redressement d’uneentreprise fortement déficitaire.

Souveraineté énergétiqueL’endettement de la SAR reste importantmalgré les efforts déjà consentis parl’Etat sénégalais en le faisant passer de129 millions d’euros à 110 millions d’eu-ros. C’est cet endettement qui refroiditles appétits des repreneurs potentiels. Ils’y ajoute un programme d’investisse-ment ambitieux de l’ordre de 380 mil-lions d’euros pour moderniser un outilde production jugé obsolète par les spé-cialistes des hydrocarbures. Les capacitésde stockage sont limitées, la logistiqueinappropriée et le schéma de raffinagedépassé. Les capacités de raffinage doi-vent également être portées de 1,2 mil-lion de tonnes à 3 millions de tonnes. LeSénégal entend en effet sécuriser sonapprovisionnement en hydrocarburespour accéder à la souveraineté énergéti-que dont les autorités sénégalaises ontfait une priorité. C’est dans ce cadre quel’Etat a pris le contrôle de la SAR, en por-tant sa participation à 65% dans le capi-

tal d’une société qui a démarré ses activi-tés de raffinage en 1963. Cette ambitiond’hégémonie s’est d’abord manifestée àtravers le rachat, dans un premier temps,des parts de majors comme Shell etTotal. Toutefois les négociations seraientégalement très avancées avec les Iranienspour qu’ils reprennent une partie ducapital racheté par l’Etat.Le contexte de cette opération de recapi-talisation et de modernisation de l’outilde production n’est pas des plus favora-bles. Le baril d’or noir flirte avec lesrecords, la barre des cent dollars ayantencore été franchie la semaine dernière.Outre l’indispensable diminution de sonniveau d’endettement, la SAR doit aussiredonner confiance à ses employés,démobilisés à la suite de la longue inter-ruption des activités de raffinage.C’est à ces conditions que la SAR inspi-rera d’éventuels repreneurs, y comprisdu secteur privé national, intéressés parce secteur avec la libéralisation amorcéedepuis quelques années déjà.

Malgré tout, le Sénégal serait très proche d’unaccord avec un hedge fund hollandais pour

la recapitalisation de la SAR.

Rafale et Mig s’affrontent dansle ciel du Maghreb

Par Faycal Metaoui, Alger

La seconde visite officielle duprésident Abdelaziz Bouteflikaà Moscou le 18 février 2008 aété marquée d’un coupd’éclat : l’annonce de la resti-tution par l’Algérie de quinzeMig 29 SMT que la Russie luiavait livrés en 2007 dans lecadre de deux mégacontratsd’armement signés à Alger enjuillet 2006. Il est reproché aufabricant russe de fournir desappareils déjà utilisés. AAlger, on a bien gardé lesilence sur cette affaire. C’estle journal Kommersant,réputé proche des milieuxfinanciers, qui a fait éclater lescandale, à deux jours de lavisite du président algérien.Selon le journal, l’Algérie arestitué au fournisseur RAC-Mig quinze chasseurs Mig 29,après un accord signé avec lesautorités militaires algérien-

nes, le 6 février dernier. Lesdeux chefs d’Etat n’ont pasévoqué le sujet.

Le résultat des « pressionsfrançaises », selon la presserusseLes médias russes ont claire-ment accusé la France d’avoirpesé de tout son poids pour

« saboter » le marché. « Lesspécialistes qualifient unani-mement les actions de l’Algériede politiques et voient un lienévident entre ce renvoi et l’acti-vité intense du président fran-çais Nicolas Sarkozy. La pres-sion politique s’accompagne dela promotion des chasseursfrançais Rafale », a relevé lequotidien Gazeta. Citant unresponsable du Service fédé-ral de coopération militaire ettechnique, Kommersant a rap-porté qu’Alger a besoin demontrer à la France et auxEtats-Unis qu'elle n'est pasattachée à sa coopération avecla Russie dans tous les domai-nes: pétrole, gaz, militaire.« Le contrat Mig est simple-ment tombé au mauvaismoment : il a été choisi commeinstrument de démonstrationpolitique parce qu'il était lepremier contrat dans le cadreduquel la Russie effectuait une

importante livraison », est-ilprécisé. « Le problème des Mign’est apparu q’il y a six mois :jusque-là l’Algérie était l’undes consommateurs les plusfidèles d’armements russes », arelevé Rouslan Poukhov,directeur du Centre d’analysede stratégies et de technolo-gies, cité par l’agence russe

Ria Novosti, qui a fait le lienavec l’arrivée de NicolasSarkozy au pouvoir.

La vente du Rafale àl’Algérie jamais évoquéeA deux reprises, en juillet eten décembre 2007, le nouveauprésident français s’est renduen Algérie. Il a obtenu unpaquet de contrats, d’unevaleur totale de 5 milliardsd’euros, pour les entreprisestelles que Gaz de France ouAlstom. La France s’est enga-gée à aider l’Algérie à déve-lopper l’énergie nucléairecivile. Mais la coopérationmilitaire n’a pas été évoquéed’une manière ouverte.Publiquement, Paris n’a pasfait une offre à Alger pourl’achat des avions de combatRafale. Au Maroc, visité en

octobre 2007, Nicolas Sarkozya échoué à convaincre lePalais royal de commander les appareils de DassaultAviation, devancé par uneoffre américaine à Rabat defaire accompagner un contratd’achat des avions de combatmulti-rôles F16 Falcon parune aide au développementde 700 millions de dollars.« On ne peut pas penser quela France a droit à tous lescontrats parce qu’il y a eu leprotectorat. Il n’y a pas dechasse gardée, il faut l’accep-ter, et on l’accepte. On estdans un monde concurren-tiel », avait confié à la presseun proche conseiller del’Elysée. L’industrie militairefrançaise tente en vain devendre le Rafale. La Corée duSud, les Pays-Bas, l’Australie,

Singapour et l’ArabieSaoudite ont, depuis 2002,refusé de l’acheter, lui préfé-rant les F15, F16 et F35 amé-ricains ainsi que l’EuropéenEurofighter Typhoon (conçupar la Grande-Bretagne,l’Allemagne et l’Espagne).L’Inde et le Brésil hésitenttoujours.

La Libye, un débouchéalternatif ?Le Rafale traîne une réputa-tion de cherté : il coûte, selonles versions, 53 millions d’eu-ros l’unité lorsque son rivalrusse, le Mig 29 SMT, est cédéà environ 30 millions d’eurosl’unité. Le F16 américain estlégèrement moins cher que leRafale. L’échec marocain a faitque Paris se tourne vers deuxpays qui, au Maghreb, ont lescapacités financières de s’of-frir des Rafale : l’Algérie et laLibye. Avec Tripoli, des négo-ciations sont menées, dans ladiscrétion totale, pour unecommande de quinze Rafale.La Libye possède déjà desappareils français Mirage2000 (tout comme le Brésil).Même s’il a été critiqué, l’ac-cueil plein d’égards réservé àMouammar Khadafi à Parisen décembre 2007 expliquecette volonté de la France detrouver - enfin - un débouchéextérieur aux Rafale. Mais,

rien n’assure que la négocia-tion va aboutir. Les Russessont, eux aussi, intéressés parla vente des Mig et des Sukhoïà la Libye, et, traditionnelle-ment, Tripoli est plus prochede Moscou que de Paris.

Alger devra poursuivre sacoopération avec la RussieAvec Alger, les choses parais-sent compliquées pour uneéventuelle entente sur leRafale. L’Algérie est liée à laRussie par des dispositionscontractuelles qu’elle nepeut pas abandonner encours de route. Moscou ad’ailleurs contre-attaqué enproposant, à la place des Mig29 SMT restitués, des Mig 35plus performants et pluschers. En outre, Moscoupeut déclasser Alger de saliste « privilégiée ». « Il y a denombreux clients potentiels,par exemple l’Inde, le Yémen,l’Erythrée, le Soudan, l’Egypte,la Syrie ou la Libye. Bref, laRussie ne subira pas de pertesimportantes. En revanche, laréputation de l’Algérie seracompromise, estiment lesexperts (...) la Russie pourraitrayer l’Algérie de la liste desacheteurs potentiels de maté-riel militaire pour de nom-breuses années », a prévenuun expert russe. Le Rafaleattendra.

Les médias russes ont clairement accusé la France d’avoir pesé de tout son poids

pour « saboter » le marché.

Mig vient de connaître un revers sans précédent en devant reprendre quinze Mig 29 SMT livrés à

l’Algérie. Une porte entrouverte pour le Rafale ?

Mig 29 russe et F16 américain.

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4 Les Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008CONDENSÉ

n'avait payé que des droits déri-soires de 50 dollars par tonneau gouvernement.

�GHANA

Cacao, la récolte 2008 attein-dra vraisemblablement lesprévisionsLa principale saison de récoltede cacao va probablementsatisfaire l’objectif de 650 000tonnes en 2008, même si lapluie se fera rare. La majoritédu cacao du Ghana est mois-sonnée lors de la récolte prin-cipale qui va d'octobre à mai.La mi-récolte, qui produit deplus petites fèves, se déroule dejuin à septembre.

�GUINÉE

La SOTELGUI sera privatiséeLe gouvernement a décidéd’annuler le partenariat, quali-fié d’échec, engagé avec la com-pagnie Telecom Malaysia pourle développement de la Sociétéde télécommunication deGuinée (SOTELGUI). Par lasuite, une commission seradésignée pour la restructura-tion et la privatisation de laSOTELGUI.

Pénurie de carburants àConakryUne défaillance du fournis-seur en carburants, dont lebateau a eu plusieurs jours deretard au port de Conakry, acréé une véritable pénuried’essence. En janvier dernier,quelque 20 000 m3 d'essenceont été importés, contre16 000 m3 par mois entreoctobre et décembre. Le litred'essence, dont le prix officielest d’environ un dollar, senégocie entre 1,86 et 2,32 $ aumarché noir.

�GUINÉE-BISSAU

Légère hausse de l’exporta-tion de noix de cajou96 117,040 tonnes de noix decajou ont été exportées en 2007,soit une augmentation de 3%,loin des 10% prévus. Cettemodeste croissance est attri-buée à la fois à la baisse de laproduction, mais également àla faiblesse dans l'exportationtransfrontalière. La productionet l'exportation de la noix decajou rapportent annuellementenviron 60 millions $, soit 40%du budget de l'Etat. Le gros dela production, qui dépasse100 000 tonnes, est exporté versl'Inde.

�KENYA

Les fleurs font bonne recettePlus de 613 millions de dollarsde recettes floricoles ont étéenregistrés en 2007, contre 333millions $ en 2006. La produc-tion a atteint 91 000 tonnes en2007 contre 86 480 tonnes unan auparavant. La tendancehaussière se confirme pourcette année aussi, puisque laproduction en janvier était de8495 tonnes contre 7380 t pourla même période de l’annéeprécédente. Toutefois, la direc-trice du Conseil kenyan desfleurs, Jane Ngigi, estime que lesviolences qu’a connu son paysont occasionné des pertes d’en-viron 144 millions $ à ce sec-teur. La floriculture est ladeuxième source de devises duKenya après le tourisme.

�LIBYE

Ouverture de capital deLibyan Wahda BankL'Arab Bank de Jordanie a pro-posé la meilleure offre pourl'acquisition de 19% du capital

de la Libyan Wahda Bank(LWB), seconde grande banquecommerciale du pays, pour unmontant de 210 millions d'eu-ros. Etaient également en lice :Arab Banking Corporation(basée à Bahreïn), qui a pro-posé 121 millions d'euros,Attijariwafa Bank (Maroc) et legroupe bancaire italien IntesaSanpaolo. La banque jorda-nienne devra assurer la gestionde la LWB dont les titres s'élè-vent à 1,7 milliard d'euros etqui dispose de 71 succursales.

�MALAWI

167 millions $ pour financerun projet d’uraniumLa société Paladin Energy, spé-cialisée dans l’exploitation del’uranium, a obtenu un créditde 167 millions de dollars pourfinancer un projet d’exploita-tion de la mine d’uranium deKayelekera, qui sera lancé en2009. Parmi les banques quiparticipent à ce financementfigurent la Société Générale etNebank Capital. Le reste dumontant du projet est constituéd’une garantie de financementde 145 millions $, sur unepériode de 7 ans, correspon-dant à la durée de vie de lamine, d’un fonds de réserve de10 millions $ pour les impré-vus, et de 10 millions $ de cau-tion de remboursement. Lacapacité de production de lamine est de 1500 tonnesd’oxyde d’uranium par an.

�MAROC

Aéroports : plus de 12 mil-lions de passagers en 2007Selon l'Office national des aéro-ports (ONDA), 12,248 millionsde passagers ont transité par lesaéroports marocains en 2007,contre 10,506 millions l’annéeprécédente, ce qui correspond àune hausse de 16,58%. Le nom-bre de vols, internationaux etrégionaux, a atteint 177 410contre 163 733 en 2006. Lepoids des cargaisons a atteint67 088, tonnes soit une haussede plus de 7000 tonnes par rapport à 2006. L'aéroportMohammed V de Casablancaabsorbe près de la moitié dutrafic de passagers avec 5,859millions, suivi de celui deMarrakech, 3,072 millions depassagers, puis de l'aéroportd'Agadir avec 1,502 million.

Le FIDA aide au dévelop-pement des zones monta-gneusesLe Fonds international de déve-loppement agricole (FIDA) aaccordé un prêt de 18 millionsde dollars pour le développe-ment de zones montagneusesdans 17 communes rurales. Leprojet comprend la réhabilita-tion des terres, la relance del’élevage, la diversification de laproduction agricole et d’arbori-culture, ainsi que l’alimentationen eau potable.

Coopération avec laMauritanieLe Maroc et la Mauritanie ontannoncé le lancement de pro-jets communs en matière deprospection minière et deshydrocarbures. Les deux paysont déjà conclu des accordsdans les domaines de la pêche,la santé et les ressources humai-nes. Pas moins de 12 accords decoopération ont été entérinés.

… Et avec l’AllemagneLe Maroc et l'Allemagne ontsigné deux accords de coopéra-tion financière et techniqued'un montant global de 103millions d'euros, y compris undon de 13 millions d'euros

pour des projets entrant dansl’initiative nationale pour le développement humain(INDH). Le soutien allemandporte également sur l'approvi-sionnement en eau potable,l'assainissement, l'électrifica-tion du monde rural et lamicrofinance.

Un taux de croissance de6,1% en 2008Selon les prévisions du HautCommissariat au plan (HCP),la croissance économiquedevrait atteindre 6,1% en 2008contre 2,2% en 2007. Des amé-liorations sont particulière-ment attendues dans l’agricul-ture, grâce notamment à unemeilleure pluviométrie, et à laprogression des secteurs dutourisme et du bâtiment. Lesprojections font état d’une pro-duction moyenne de 60 mil-lions de quintaux de céréales en2008, contre 20 millions pour lacampagne précédente.

Exportations de primeurs enhausse de 29%Depuis le début de la campagneagricole, les exportations deprimeurs ont atteint 362 000tonnes, soit une hausse de 29%par rapport au niveau enregis-tré à la même période de l’an-née précédente. Les ventes detomates ont progressé de 32%(216 000 tonnes), alors que cel-les de la pomme de terre se sontélevées à 9000 tonnes, soit unbond de 50%. Les exportationsde légumes et fruits divers(haricot vert, piment-poivronet courgette) ont atteint137 000 tonnes, soit 24% deplus que la campagne 2007.

Baisse de 12% des exporta-tions d’agrumesLes exportations d’agrumes ontatteint 330 000 tonnes cetteannée contre 376 600 tonnesl’an précédent, soit une baissede 12%. L’essentiel des exporta-tions d’agrumes est constituéde la clémentine avec 55%, lanour, navel et salutiana avec32% et le citron et sanguineavec 8%.

4,9 millions ha de superficiede céréalesLa superficie semée en céréalesd’automne a augmenté de 7%par rapport à la campagne pré-cédente, totalisant ainsi 4,9 mil-lions d’hectares. Cette superfi-cie, qui est déjà en baisse de 4%en comparaison avec lamoyenne des cinq dernièrescampagnes, est répartie à raisonde 1,9 million ha en blé tendre,0,9 million ha de blé dure et 2,1millions ha d’orge.

57 600 ha de cultures sucriè-resLa superficie semée en betteraveà sucre totalise 57 600 ha (envi-ron 95% du programme tracé),contre 51 200 ha lors de la cam-pagne précédente. Concernantla canne à sucre, la superficies’élève à 13 693 ha.La campagned’usinage de la canne à sucre adémarré le 30 janvier 2008.

Reprise de l'activité de pêchecôtièreAprès plusieurs semaines degrève, la pêche côtière a reprisdans tous les ports marocainssuite à un accord conclu entre leministère et les professionnelsdu secteur. L’accord prévoit laréduction des prix des carbu-rants (prix plafond de la tonnede gasoil : 670 $), la modernisa-tion de la flotte et la simplifica-tion des procédures adminis-tratives ainsi que la réductiondes prélèvements sur les ventes.En 2007, le secteur de la pêche aproduit 823 000 tonnes (tous

produits confondus) pour unevaleur de plus de 500 millions $.

Un traitement de faveurpour les jets privésL’Office national des aéroports(ONDA) accordera un traite-ment différencié et personna-lisé à l'aviation d'affaires, par lamise en place d’un programmede développement d'infrastruc-tures d'accueil spécifiques pourles jets privés. L’initiativerépond à une sollicitation deshommes d'affaires nationaux etétrangers qui exigent un servicespécial. Le traitement spécifiqueprévoit la mise en place, dansles aéroports de Casablanca,Marrakech et Tanger, d’un ser-vice de qualité VIP compre-nant, entre autres, une voiturepour récupérer les passagers aupied de l'avion, le traitementrapide des bagages et des for-malités administratives…

Plus de 40 000 offres d'em-ploi en 2007Le Maroc a accordé en 2007 72projets pour un investissementglobal de 71,36 milliards dedirhams (environ 9,51 mil-liards $), soit une augmenta-tion de 15% par rapport à2006. En termes d’emplois, cesprojets ont créé plus de 40 000postes en 2007, soit une haussede 30% par rapport à l'annéeprécédente.

Harmonisation du transportroutier avec l'EuropeLe Maroc a signé avec laBelgique, l'Espagne et la Franceun protocole multilatéral por-tant sur l'harmonisation desprocédures administrativesrégissant les transports routiersinternationaux de voyageurs.Cet accord vise surtout à luttercontre les transports illégaux. Ils’agit d’une première étape versla conclusion d'un accord verti-cal entre le Maroc et l'Unioneuropéenne (UE) en matière detransport routier internationalde voyageurs. Le projet a été ini-tié à la suite des accidents meur-triers impliquant des autocarsassurant le transport de voya-geurs entre l'UE et le Maroc.

�MAURITANIE

Une aide européenne de 2millions d'euros dans letransportL’Union européenne a accordéun financement de 2,2 millionsd’euros pour la réforme du sec-teur des transports. Les 4 axesdu nouveau projet sont : l’ap-pui à une mise en oeuvre effec-tive des mesures inclusives dansle code de la route, le renforce-ment des capacités de la direc-tion générale des transports ter-restres, l’appui à la mise àniveau du parc automobile et lerenforcement des capacités desacteurs de la filière.

MicrofinanceLe Fonds africain de développe-ment (FAD) a accordé un prêtd'un montant équivalant à 5,98millions d’unités de comptes(UC, environ 8,37 millions $)pour le financement du Projetde renforcement des capacitésdes acteurs de la microfinance(PRECAMF). Ce projet vise àfaciliter l’accès aux pauvres à desservices financiers viables, à tra-vers le renforcement des capaci-tés des intervenants aux niveauxde l’offre et de la demande deservices de microfinance.

�NAMIBIE

Une mine d'uranium démar-rera en juilletLa troisième mine d'ura-nium de la Namibie,

Treokkpje, entrera en acti-vité en juillet. La firmeUraMin, propriétaire de cegisement, table sur une pro-duction de 8,5 millions delivres d'oxyde d'uranium etespère procéder à ses pre-mières exportations en2009. Environ 290 millionsde dollars seront injectésdans ce projet. La sociétéUraMin a été achetée par legéant français du nucléaireAreva en 2007.

Une centrale nucléaire dans10 ansAfin d’assurer l’approvision-nement du pays en électricité,le gouvernement envisaged’accorder à des investisseurssud-africains, américains etfrançais la réalisation d’unecentrale nucléaire dont laconstruction aboutira dansune décennie. La Namibieimporte 70% de ses besoinsen électricité d'Afrique duSud, qui fait face à un gravemanque de production.

7,8% d’inflation annuelle enjanvierLe taux d'inflation annuel estpassé à 7,8% en janvier contre7,1% en décembre 2007 enraison de la hausse des prix dela nourriture, des boissons etdu tabac.

�NIGERIA

Goldlink Insurance veutétendre ses activités enAfrique de l'OuestLa société d'assurancesGoldlink Insurance Plc,cotée à la Bourse du Nigeria(NSE), a annoncé sontintention d'étendre ses acti-vités à d'autres pays del'Afrique de l'Ouest par l’ou-verture très prochaine denouveaux bureaux au Ghanaet en Gambie.

Réduction d’un million debarils de pétrole par jourLa crise persistante dans larégion pétrolifère du Deltadu Niger a eu pour effet deporter la réduction de laproduction de pétrole brut à1 million de barils par jour(b/j) contre 600 000 b/j audébut de l'année. Cetteréduction équivaut à près dela moitié du quota de pro-duction du Nigeria au seinde l’OPEP, qui est de 2,1millions b/j. La capacité deproduction du pays avoisineles 3,2 millions b/j. LeNigeria cible une réserve debase de 40 milliards debarils et une productionjournalière de 4 millions debarils d'ici à 2010.

Annulation de la vente deNigerian TelecommunicationsLa privatisation de NigerianTelecommunications Ltd(Nitel), opérateur de télé-phone fixe, à TransnationalCorp a été annulée aprèsl’échec du repreneur à satis-faire les objectifs fixés par legouvernement, qui devrarechercher un autre investis-seur. En 2006, TransCorp, ungroupe de compagnies nigé-rianes, avait payé 500 millionsde dollars pour l’acquisitionde 51% des actions de Nitel etsa filiale mobile Mtel.

8 pneus sur 10 sont importés80% des 3,3 millions depneus utilisés annuellementsont importés. L’unique fabri-quant local, Dunlop NigeriaPlc, détient 20% du marché.Plus de 150 marques de pneussont importées en prove-nance d'Europe et d'Asie.

�OUGANDA

Pour une meilleure gestiondes ressources halieutiquesLes transformateurs et exporta-teurs de produits halieutiquesde l’Ouganda ont mis en placeune équipe d’inspection pour lecontrôle de la diminution depoisson dans le Lac Victoria etles autres cours d’eau. Descontrôles réguliers seront effec-tués dans les stations de traite-ment de poisson pour s’assurerque des poissons de trop petitetaille ne sont pas transformésou exportés. L’exportation depoisson, principalement versl’Union européenne, a généréenviron 130 millions $ de recet-tes en 2007.

�SÉNÉGAL

Comment faire profiter ledéveloppement de l’argentdes émigrés ?Selon El Hadj B. Faye, lesecrétaire général de laFédération mondiale descommerçants du Sénégal(FEMCOS), les 1500 milliardsFCFA (dont 500 milliards parles canaux officiels) transféréspar les émigrés n’ont pas servile développement du paysmais vont dans des « dépensesqui sont en fait un véritablegâchis » alors que les opéra-teurs économiques peinent àobtenir des crédits bancaires.

Le plan REVA lance 18 nou-velles fermes18 exploitations agricoles,s'étendant sur une superficie de1200 hectares, équipées augoutte-à-goutte, vont être réali-sées dans toutes les régionsdans le cadre du plan del’agence REVA pour la campa-gne 2008. Environ 6000emplois sont attendus de ceprojet.Une subvention espagnole de10 millions d'euros permettrala réalisation de 10 fermes. Unecontribution marocaine de 650millions FCFA permettra laréalisation d’une ferme de 100ha. Selon le patron de l'Agence,un hectare bien aménagé peutgénérer 1 à 1,5 million de FCFAnet par campagne.

�TUNISIE

Bientôt une filiale tuni-sienne de AedianLe groupe français spécialisédans les services de conseil etd'ingénierie Aedian va créerune filiale en Tunisie en parte-nariat avec le Tunisien Oxia.Cette filiale sera dédiée auxmétiers du tertiaire financier, audéveloppement de projets enfiabilité logicielle et en assis-tance technique.

Station de transport desmarchandises à SousseLa Société nationale des che-mins de fer de Tunisie(SNCFT) inaugurera, le 15mars prochain, une stationpour le transport des marchan-dises à Sousse. Cette stations’étale sur 9 ha, comporte 600m de voies ferrées, peut accueil-lir trois trains en même tempset stocker 1000 conteneurs. Cetinvestissement dont le coût estestimé à 9 millions de dinarspermettra d'alléger l'encombre-ment du trafic sur la station deRadès.

Emprunt obligataire de laUnion de FactoringLa compagnie Union Factoringémettra, du 25 février au 14mars, la 3e tranche d’unemprunt obligataire dénommé« UNIFACTOR 2008 », pourun montant de 10 millions DT

divisés en 100 000 obliga-tions nominatives de 100dinars chacune. Les obliga-tions seront offertes à deuxtaux d’intérêt différents auchoix du souscripteur. Lesintermédiaires en bourseengagés dans cette opéra-tions sont : BNA Capitaux,Arab Financial Consultants(AFC) et Amen Invest. En casde non atteinte du montantintégral de l’émission, lemontant de l’émission corres-pondra à celui effectivementcollecté par la société.

Doing business 2008 : laTunisie au 88e rang sur 178 paysLe rapport de la Banquemondiale, « Doing business2008 », accorde à la Tunisie la88e place sur 178 pays auregard de « la facilité de fairedes affaires » dans ce pays quigagne ainsi 5 places par rap-port à 2007. Le classementtient compte de plusieursindicateurs dont ceux relatifsà la création d’entreprises (10procédures et 11 jours), àl’octroi de prêts, au com-merce transfrontalier et à laprotection des investisse-ments. Ce dernier indice estjugé moins bon puisque ilatteint 3,3 en Tunisie, contre 6dans les pays riches, et enmoyenne 4,7 dans la région.

Un accord sur la suppres-sion de la double impositionavec l’Île MauriceUn accord sur la préventionde la double imposition enmatière d'impôt sur le revenu(IR) a été signé avec l’ÎleMaurice. L’accord vise la pro-motion d’un climat propice àl'investissement, et à faciliterles déplacements des person-nes et des capitaux entre lesdeux pays.

Un complexe touristiqueécologique à SejnaneLe groupe immobilier et touristique italien PreatoniInvestments serait sur le pointd’investir 22 milliards de dol-lars dans un plan touristiquedans le nord-ouest de laTunisie. Ce complexe de hautstanding, dont les travauxcommencent fin 2008 pourune durée de 12 ans, com-porte des hôtels, des parcsnaturels, des terrains de golfet des marinas. 30 000emplois devraient êtres créés.

Monoprix : un dividende de5,600 DT par actionLe Conseil d’administrationde la Société nouvelle maison de la ville de Tunis (SNMVT, du groupeMabrouk), propriétaire deMonoprix, a décidé de pro-poser à l’assemblée généraledes actionnaires la distribu-tion d’un dividende de5,600 DT par action.

�ZAMBIE

Débat autour des taxesminièresLe président de la Républiquea invité les compagniesminières, opposées aux nou-veaux barèmes fiscaux, à ren-contrer le ministre desFinances pour lui faire partdes raisons de leur refus del’augmentation des taxesdécidées récemment. A noterque les taxes minières enZambie sont parmi les plusfaibles de la région.

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BANQUES ET ASSURANCESLes Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008 5

La BOA veut consolider sa présence au KenyaLa section kenyane de la Bank of Africa va consacrer 200millions de shillings à son plan d’expansion dans le pays. Aumenu, l’ouverture de plusieurs agences dans les quatre pro-chaines années. La BOA compte actuellement cinq agencesdans le pays. Le programme de développement annoncéentre, d’une manière générale, dans le plan d’expansionrégionale de la BOA, qui a consolidé sa présence dans larégion par l’acquisition de banques en Ouganda et enTanzanie durant ces deux dernières années.

Une société d’assurancesnigériane veut se lancerdans le marché ouest-africainLa Goldlink Insurance PLC envisage de développer ses acti-vités dans les pays limitrophes d’Afrique de l’Ouest. Cotée àla Bourse de Lagos depuis le mardi 19 février 2008, la com-pagnie compte ouvrir de nouveaux bureaux au Ghana et enGambie. L’opération d’introduction a porté sur 9 milliardsd’actions ordinaires à 1,8 naira l’unité. L’arrivée de laGoldlink Insurance PLC porte à 26 le nombre de compa-gnies d’assurance cotées à la Bourse de Lagos.

L’assurance auto sur unepente descendanteAvec 50,7 MDT, le secteur de l’assurance auto en Tunisie aenregistré un nouveau déficit en 2006, rapporte la lettre del’African Manager. Ce résultat aggrave le déficit de 43,1MDT enregistré en 2005. La baisse est causée par le déficiten assurance automobile enregistré par la compagnie d’as-surances GAT (Groupe des assurances de Tunisie). Le sec-teur de l’assurance auto représente 43,3% du chiffre d’affai-res du secteur en 2006.

Ecobank s’installe à Brazaville La banque africaine Eocobank ouvrira un siège à Brazavilleet deux agences à Pointe Noire. La banque devra démarreravec un capital de 3 milliards de FCFA. Les autorités congo-laises ont déjà délivré l’agrément et les autorisations néces-saires aux activités d’un établissement de crédit. Cetteouverture à Brazaville ne change en rien aux options desresponsables de la banque qui veulent faire de Kinshasa leurplateforme centrale pour le déploiement dans la région.

La BAD tiendra ses assemblées annuelles à MaputoLe groupe de la Banque africaine de développement(BAD) tiendra ses assemblées annuelles les 14 et 15 maiprochains à Maputo, au Mozambique, a-t-il annoncé dansun communiqué publié à Tunis. Ces assises auront pourthème « favoriser une croissance partagée : urbanisation,inégalités et pauvreté », en présence des ministres desFinances et gouverneurs de Banques centrales des 77 paysmembres (dont 24 non-africains), et avec des représen-tants du secteur privé et de la société civile. Fondé en1964, le groupe comprend, outre la BAD, le Fonds africainde développement (FAD) et le Fonds spécial du Nigeria(FSN). Il compte parmi les cinq principales banques mul-tilatérales de développement au monde. Il a accordé desfinancements record à 4,3 milliards de dollars en 2007, enhausse de 25% par rapport à 2006.

Afrique du Sud : craintes destagnation dans le secteurde l’assurance vieLe ralentissement économique prévu en Afrique du Sud cetteannée aura de fortes répercussions sur la branche assurance vie,selon les experts. En plein essor, le secteur sera confronté auréflexe des ménages dont l’un des premiers, en temps de crise,est de revoir à la baisse leur budget de couverture assurance.Anticipant sans doute cette tendance, nombre de compagniesréfléchissent à la révision de leurs primes à la baisse.

Casablanca abritera en avril prochain le premier forum de la finance islamique. Organisateur de la

manifestation, Zoubeir Ben Terdeyet est d’avis que ce marché « halal » arrivera à maturité plus vite

que prévu. Entretien.

« Les actifs africains respectueux de la sharia ! »

Les Afriques : Vous allez organiser enavril prochain le premier forum de lafinance islamique à Casablanca.Pourquoi un tel thème ?Zoubeir Ben Terdeyet : Il s’agit d’unthème d’actualité et nous sommesencore surpris d’être les premiers à orga-niser un tel forum sur un continent àdominante musulmane, du moins enAfrique francophone ! La vieille Europeorganise des séminaires et des forumssur le sujet depuis des années, quant auxMoyen-Orient et à l’Asie, chaque paysmusulman compte plusieurs conférencespar an. Nous souhaitons à travers cetévénement vulgariser le concept definance islamique, évaluer le potentiel dumarché africain, présenter les différentsmétiers de cette nouvelle industrie et,pour finir, aborder les défis que celareprésente pour l’Afrique.

LA : Pensez-vous qu'il y ait un potentielde développement des produits islami-ques au Maghreb et en Afrique en géné-ral ?ZBT : Oui, clairement. Notre continentest souvent à la traîne et il est vrai quenous ne sommes pas toujours au fait desnouvelles techniques financières, maisnous avons réellement une carte à jouer.Les actifs africains sont le plus souventrespectueux de la sharia, car le conti-nent est très riche en matières premiè-res comme le pétrole, le gaz, les mine-rais, le cacao... Et il y a de forts besoinsen infrastructures, donc de bellesopportunités en termes de financementde projets et de private equity pour lesfonds privées du Moyen-Orient oud’Occident. Les banques islamiquessont constamment à la recherche d’op-portunités d’investissements, il s’agit làd’une source de financement non négli-geable pour un continent en pleineexpansion, avec des profits plus queconfortables sur certaines activités, maisun risque bien plus élevé. Aujourd’hui,les principaux bailleurs de fonds auMaghreb sont les pays du Golfe, or cesderniers sont le plus souvent enclins àutiliser des tranches islamiques lors du

financement de leurs projets. On le voitpar exemple en Tunisie à travers l’inves-tissement de GFH dans un centre d’affai-res pour plus de 3 milliards de dollars.

LA : La banque de détail est elle égale-ment concernée ? ZBT : Je pense qu’il y a une réelledemande latente de la part de la popula-tion, du moins au Maghreb. Al Baraka,en Algérie, est une des banques quiconnaît le plus fort taux de croissance surson marché. Sur les forums Internet, deplus en plus de Tunisiens et deMarocains sont à la recherche de pro-duits conformes à leurs principes. LeMaroc l’a bien compris avec l’autorisa-tion de produits alternatifs. De petit paystels que la Mauritanie, la Gambie etDjibouti ont déjà leur banque islamique.

Alors pourquoi pas le Maroc, la Tunisie,le Sénégal ou le Mali ? La mise en placed’une banque islamique ne doit pas êtreune faveur ou un passe droit, il faut agirdans le respect de la réglementation ban-caire locale.

LA : Le débat se pose aujourd'hui sur ladifficulté de fiscaliser les produits isla-miques dans des pays à tradition debanque classique comme le Maroc et laTunisie. Quelle est l'approche utiliséepar les pays occidentaux pour régler ceproblème ?ZBT : Comme très souvent, Paris est à latraîne, loin derrière la City. GordonBrown a clairement affirmé sa volonté defaire de la City la capitale mondiale de lafinance islamique. Pour cela, le gouver-nement britannique a procédé à plu-sieurs aménagements de la loi. En 2003,il y a eu réforme du Stamp Duty LandTax, qui mit fin à la double imposition àl’occasion du double transfert de pro-priété impliqué par la Murabaha etl’Ijara. En 2005, dans le financial act, onpermet aux banques de traiter la plusvalue dégagée par la banque dans uneMurabaha comme un intérêt, doncdéductible fiscalement pour l’acheteurdu bien. Autre mesure importante, dansle financial act 2007, le rendement payéaux porteurs de sukuk est traité fiscale-ment comme un intérêt. Il est doncdéductible fiscalement par l’émetteur.En France, aucun aménagement n’estprêt, mais il faut souligner des effortsavec, notamment, l’approbation parl’Autorité des marchés financiers desOPCVM islamiques à travers une notedu 17 juillet 2007 qui énonce le faitqu’un OPCVM peut utiliser dorénavantdes critères autres que financiers poursélectionner les titres, en incluant expres-sément les OPCVM se prévalant de laconformité à la sharia. Le Danemarkvient d’autoriser la première banque isla-mique sur son territoire pour le mois demars, j’imagine que des aménagementsont eu lieu.

LA : Finalement, quelle différence entreune banque islamique qui réalise desgains importants sur ses transactions etune banque classique de type occiden-tal qui réalise les mêmes gains sur letaux d'intérêt ?ZBT : Il y a tout d’abord la prise encompte d’un interdit. L’aspect religieuxest toujours à garder en tête. La banqueislamique répond à un besoin qu’ex-prime la communauté musulmane,pourquoi discriminer les croyants en lesempêchant d’accéder à la propriété ?

Quelle différence entre un hamburgerhalal et non halal en termes de nutrition? Dans l’islam, il existe des instrumentsfinanciers halal tels que la Mourabaha, laMoudaraba, la Mousharaka, l’Ijara (voirencadré). Le coût entre un financementsharia et non sharia est parfois le même,sauf que les techniques utilisées sont dif-férentes. Dans la finance islamique, onne rémunère pas le temps qui passe, maisun service. Les méthodes de refinance-ment pour la banque sont complètementdifférentes. On met en avant la notion departage des pertes et des profits, ce quipermet d’avoir recours à des comptes àterme de partage des bénéfices, à l’émis-sion de sukuk, à une plus grande capita-lisation. Les banques islamiques ont éga-lement un rôle à jouer en ce qui concernela collecte de la Zakat, afin de permettreune redistribution aux plus démunis. Lesrevenus impurs, provenant de certainesactivités ou les pénalités de retard, sontégalement redistribués. Il pourrait s’agirlà d’une ressource non négligeable definancement pour lutter contre la pau-vreté sur notre continent.

LA : Pour en revenir à l'organisation duforum islamique à Casablanca, quelssont vos objectifs en termes de visi-teurs, exposants, etc ?ZBT : Nous espérons atteindre au mini-mum 150 participants pour une pre-mière édition. Nous avons plusieurs par-tenaires et sponsors qui tiendront desstands. Des grands noms du monde desaffaires nous font déjà confiance, tels queTradition, Eversheld, KPMG ou Deloitte.Mais il est important que les acteurs afri-cains se positionnent aujourd’hui surune industrie qui arrivera à maturitéplus vite qu’on ne le croit. Il ne faut pasfaire la même erreur que la France, quiaujourd’hui se voit même devancée parle Japon, en passe d’émettre un Sukuksouverain !

Propos recueillis par A.W

« Gordon Brown a clairement affirmé sa volonté

de faire de la City la capitale mondiale

de la finance islamique. »

Zoubeir Ben Terdeyet.

Les trois produits les plus courants de la finance islamique

« Moucharaka » : opération de capitalinvestissement consistant en une prisede participation d’un établissement decrédit dans le capital d’une sociétéexistante ou en création en vue de réa-liser un profit. Différence fondamen-tale par rapport à la prise de partici-pation classique, les risques et les pro-fits sont partagés entre les deux par-ties selon un prorata prédéterminé.

« Mourabaha » : la banque acquiert unbien meuble ou immeuble pour un clienten vue de le lui revendre moyennant unemarge bénéficiaire fixée d’avance.

« Ijara » : la banque met un bien meubleou immeuble (à l’exclusion des brevetsd’invention, des droits d’auteurs, des ser-vices professionnels, des droits d’expor-tation de ressources naturelles) à la dis-position d’un client à titre locatif simpleou sous forme d’un engagement fermedu locataire d’acquérir le bien aprèsune période n’excédant pas 48 mois.

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BANQUES ET ASSURANCES6 Les Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008

Cameroun : Blue OrchardFinance SA finance le CCABlueOrchard Finance SA (BlueOrchard), premier gestion-naire commercial de placements en microfinance aumonde, a accordé au Crédit communautaire d’Afrique(CCA) un prêt de 700 000 euros pour l’octroi de microcré-dits à des petits entrepreneurs au Cameroun. C’est la pre-mière fois que le CCA obtient un financement internationalde source privée. C’est aussi la première fois queBlueOrchard investit dans une institution camerounaise.Les fonds proviennent du Dexia Micro Credit Fund(DMCF), géré à Genève par BlueOrchard avec succès depuisprès de dix ans.

Afrique du Sud : la StandardBank Group s’attend à de bons résultatsLe bénéfice de la Standard Bank devrait augmenter de 28%sur l’année 2007. Le leader bancaire sud-africain, premièrebanque par l’encours des crédits, prévoit un bénéfice paraction entre 22 et 28%. Cette tendance se vérifie pour nom-bre de banques de la place alors que le secteur est confrontédepuis le début de l’année à une chute drastique des coursà la Bourse de Johannesburg.

Madagascar : lancementd’une nouvelle assurance à l’exportColina Madagascar lance une assurance crédit à l’exporta-tion en partenariat avec la BOA-Madagascar et la Sociétéfinancière internationale. La couverture proposée porte surla garantie offerte aux entreprises exportatrices contre lenon-paiement de leurs clients. Ce produit marque uneétape importante dans le développement de ColinaMadagascar, créée en 2005 avec pour vocation la commer-cialisation de l’ensemble de la gamme des produits d’assu-rance du groupe français.

Une querelle vieille de plus de 40 années, opposant les autorités financières algériennes et françaises depuis

le milieu des années 60, qui pourrait trouver son dénouement dans le courant du mois de mars 2008.

Accord imminent sur le contentieuxfranco-algérien des assurances

Par Lyes Taibi, Alger.

Ce qu’il est convenu d’appeler le« contentieux franco-algérien desassurances » remonte à 1966. A cettedate, le pouvoir algérien décide de

nationaliser l’activité d’assurancesainsi, d’ailleurs, que l’ensemble du sec-teur financier. Le contentieux ayantpris naissance à cette époque provientdonc essentiellement de la volonté descompagnies françaises de bénéficierd’une indemnisation au titre de cepatrimoine immobilier.Rejeté sans discussion par les autoritésalgériennes pendant plusieurs décen-nies, ce débat va rebondir à la fin desannées 90 à la faveur, d’une part, de lalibéralisation du secteur des assuran-ces, intervenue dès 1995 et, d’autrepart, du réchauffement des relations

politiques entre l’Algérie et la France.Dans l’intervalle, les autorités algé-riennes ont eu le temps d’élaborer unedoctrine selon laquelle, en substance,la prise en charge, par les compagniespubliques algériennes, de l’indemnisa-tion des clients des compagnies natio-nalisées compense plus que partielle-ment la valeur des actifs immobiliersrécupérés par elles.

Pour une « option zéro »Un arbitrage politique a permis de sur-monter ce blocage et donnera nais-

sance, en 2003, à une base de compro-mis baptisée « option zéro », prévoyantla remise des compteurs à zéro par larenonciation des deux parties à toutedemande d’indemnisation. C’est dansle sillage du voyage officiel effectué parle président Chirac en Algérie en mars2003 que ce modus vivendi « optionzéro » a vu le jour pour la première fois.La mise en œuvre du compromis abuté sur de nombreuses difficultés.Relancé en décembre 2007 par lavolonté de Nicolas Sarkozy d’instaurerun « partenariat d’exception » avecl’Algérie, le dossier a été pris en chargepar les ministres des Finances des deuxpays et vient de connaitre donc uneissue définitive. Christine Lagarde etKarim Djoudi auraient, selon nossources, convenu, dans le cadre decontacts récents, de clore ce dossierpar un échange de correspondancesengageant les autorités financièresfrançaises et algériennes sur la base decette option zéro. Cet accord pourraitêtre finalisé dès le mois de mars 2008.Des contacts explorant la possibilité departenariat entre compagnies d’assuran-ces algériennes et françaises, en particu-lier dans le domaine, quasiment viergeen Algérie, des assurances de personnes,sont actuellement en cours. Ils concerne-raient notamment la SAA côté algérien,et la MACIF côté français.

Christine Lagarde et KarimDjoudi auraient convenu,dans le cadre de contacts

récents, de clore ce dossierpar un échange

de correspondances.

Karim Djoudi.

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BANQUES ET ASSURANCESLes Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008 7

Assises de la FANAF à BamakoLa Fédération africaine des sociétés d’assurances de droit national(FANAF) tient ses assises à Bamako (Mali) du 25 au 29 février2008. A cette occasion, la FANAF, qui regroupe 139 sociétés d’as-surances et de réassurances, ainsi qu’un fonds de garantie auto-mobile (Fga), présent dans 23 pays africains, va élire un nouveauprésident. Le Camerounais Protais Ayangma, DG de la CitoyenneAssurance, a officiellement présenté sa candidature.

Vers une banque de l’informel au SénégalReconduit dans ses fonctions pour quatre ans, AbdourahmaneMbengue, président de la Fédération mondiale des commer-çants du Sénégal (FEMCOS), a annoncé la création d’une ban-que du secteur informel dans les mois à venir. La réflexion seraapprofondie dans six mois, à l’occasion du prochain forum dela diaspora sénégalaise. La concrétisation du projet passera parl’appui d’un organisme financier.

Kenya : bilan positif pour la Barclays Bank La Barclays Bank du Kenya a vu son résultat net progresser de 15milliards de shillings en 2006 à 18,9 milliards en 2007. L’institutiona vu son total bilan progresser de 117 à 157 milliards, soit plus viteque les banques rivales que sont la Standard Chartered et laCommercial Bank (KCB). Pour 2008, la banque compte étoffer sonportefeuille avec la clientèle des petits épargnants et emprunteurs.

Une rapide montée de l’encours du crédit durant les 24 derniers mois qui n’est pas sans comporter des risques. Une forte concurrence qui n’entame,

pas outre mesure les marges sur intérêts bancaires.

Les « plus » et les « moins » des banques marocaines

Par Adama Wade, Casablanca

Standard & Poor’s attire l’attentiondes banques marocaines sur larapide montée des risques sur lesengagements de crédit. Dans sondernier rapport, l’agence de nota-tion rappelle la volatilité structurellede l’économie marocaine, les nou-veaux risques qui pèsent sur l’im-mobilier et le marché boursier.Autant de facteurs entrant encompte dans la notation souveraine

du royaume (BB+/positive/B endevise étrangère et BBB/Positive/A-3en monnaie locale), elle-même par-tie intégrante de la notation du sec-teur bancaire.Celle-ci s’est plutôt renforcée sur lescinq dernières années, mais resteaujourd’hui confrontée à de nou-veaux risques liés à l’augmentationdes engagements sur le crédit et l’ex-pansion régionale. Un constat quirejoint en fait celui fait par Moody’sdans son panorama du secteur ban-caire publié le 21 décembre 2007.

Diversification progressiveParmi les points positifs, l’agencenote un processus de diversificationprogressive de l’économie maro-caine vers les secteurs non cycliques.

En 2006, l’agriculture représentait14% du PIB du pays. Cette dépen-dance explique le swing du taux decroissance du PIB sur les cinq der-nières années. Sur cette période,l’économie non agricole s’est accruede 6,6% en moyenne.Pour les banques, il y a lieu denoter la diminution des prêts nonperformants. Comparées aux paysd’Afrique du Nord, les banquesmarocaines font mieux quel’Egypte et la Tunisie. Malgré cettesituation, le secteur bancaire maro-cain reste dépendant des risquesliés à la dépréciation des actifs dufait du retournement du cycle éco-nomique, de l’augmentation rapidedes crédits à la consommation et dela possible correction dans le sec-teur immobilier.

Croissance rapide des prêtsPar ailleurs, note l’agence, le rende-ment des capitaux s’est amélioré surles trois dernières années pour lesleaders du secteur. Cela est dû à unerapide croissance (allant jusqu’à40%) des prêts sur les 18 derniersmois. Les banques bénéficient ausside marges sur taux d’intérêt confor-tables (3,6% en 2006) malgré la fortecompétition. En baisse continue, lecoût du risque était de 6,9% desrevenus en 2006 contre 21,4% en2003, selon les chiffres des six pre-mières banques de la place. Les effetsnégatifs de la concurrence sur lamarge du taux d’intérêt sont atté-nués en fait par la grande propor-tion des dépôts non rémunérés, les-quels s’élevaient à 60% de l’encourstotal des dépôts à la date du 30 octo-bre 2007. La profitabilité des ban-ques marocaines traduit un niveaude rendement élevé des actifs et descapitaux pour les six premières ban-

ques, de respectivement 1,3% et18,1% en 2006 contre respective-ment 0,9% et 9,6% en 2003.L’agence cite aussi la qualité de larégulation et le rôle central deBank Al Maghrib dans la détectiondes risques. L’agence, qui s’attend àune correction limitée des actifs dufait des risques pesant sur le crédit,maintient toutefois ses perspecti-ves stables sur le long terme.Concernant la tendance à l’expan-sion régionale en Afrique du Nordet en Afrique de l’Ouest, elle s’ac-compagne de risques d’incidencesur le système de solvabilité et laprise en compte de la qualité desnouveaux actifs.

Risques majeurs sur l’inflationdes prix boursiers et immobiliersL’un des risques majeurs du systèmebancaire marocain reste toutefoisl’inflation des prix. L’indice généralde la Bourse de Casablanca a aug-menté de 125% sur les cinq derniè-res années, tiré tant par les 13 nou-velles introductions que par la spé-culation. Bien que la marge demanœuvre sur les prêts soit res-treinte, S&P note que quelquesinvestisseurs font recours aux créditsde consommation pour acheter destitres. Le risque lié à cette pratiquedemeure limité en raison de la prati-que générale de domiciliation desalaires. De plus, l’encours global descrédits à la consommation reste rela-tivement modéré comparé à l’en-cours des crédits bancaires. La pro-portion était de 5% au 31 octobre2007. Par ailleurs, environ 30% dumarché est détenu par des investis-seurs étrangers.L’autre volet de ce risque sur l’infla-tion des prix a trait au secteur del’immobilier. Durant les trois der-

nières années, les prix se sont envo-lés, dopés par la demande des inves-tisseurs étrangers et le doublementdes prêts hypothécaires. Le secteurbancaire reste très exposé sur l’im-mobilier, avec un quart des engage-ments constitués de ces prêts hypo-thécaires. Environ 10% des prêtsconcernent les logements sociaux,garantis par le Fonds de garantie enfaveur des populations à revenusmodestes ou irréguliers (Fogarim) etle Fogaloge, qui concerne le person-nel du secteur public. Durant les 12derniers mois, les banques ont glissévers les prêts à taux variable ; demême, les taux se sont appréciés sui-vant les cours de l’immobilier. Cettetendance comporte des risques pourles acteurs bancaires locaux en casd’augmentation des taux d’intérêtou de chute des prix de l’immobilier.Au terme de son analyse, S&Pestime le niveau potentiel d’actifsproblématiques (Gross problematicassets) dans le cas d’une récessionéconomique ou ralentissement. Unengagement est considéré commeproblématique quand son paiementva au-delà de 90 jours. Suivant lescénario le plus défavorable, et enpartant de cette définition, l’agenceestime que les actifs à problèmespeuvent représenter entre 25 et40% des engagements bancairesmarocains. Cette classificationreflète la rapide montée de l’en-cours du crédit dans le systèmebancaire marocain durant les 24derniers mois. A noter que le Marocest classé par S&P dans le groupe 8des pays (échelle allant de1-meil-leure maîtrise de risques - à 10 - faiblemaîtrise-) évalués selon la solidité deleurs systèmes bancaires, aux côtés dela Tunisie (BBB/Stable/A-3 en devise,A/Stable/A63 en monnaie locale),

de l’Egypte (BB+/Stable/B en deviseet BBB-/Stable/A-3 en monnaielocale) et de la Jordanie (BB/Stable/Ben devise et BBB/Stable/A-3 en mon-naie locale).

Un secteur bancaire fortementconcentréLe secteur bancaire marocain estl’un des plus concentrés en Afriquedu Nord, avec un total bilan de 612milliards de dirhams au 30 septem-bre 2007 (78,4 milliards de dollarsau niveau de change de 1 dollar pour7,8 dirhams). Les trois leaders ban-caires locaux, Attijariwafa Bank(BB+/ Stable/B), Groupe BanquesPopulaires, holding détenant la BCP (BB+/Stable/B), et la Banquemarocaine du commerce extérieur(BMCE, BBpi (notation non sollici-tée) contrôlent 3/4 des actifs des ban-ques marocaines. Le pôle des banquespubliques revêt un caractère de spé-cialisation, avec par exemple le Créditagricole du Maroc (CAM) dans l’agri-culture, le Crédit immobilier et hôte-lier CIH) dans l’immobilier et le tou-risme et le Fonds d’équipement com-munal (FEC). Le Crédit agricole et leCIH ont fait face par le passé à desévères difficultés résultant de leursexpositions sectorielles excessives etde la faible qualité de leurs crédits. Lesdeux institutions pèsent environ 15%du total des actifs. Le CIH a été priva-tisé alors que le CAM poursuit sonprocessus d’assainissement. Outre lestrois leaders et le pôle bancaire public,le reste des banques marocaines estconstitué de filiales locales de banquesfrançaises, lesquelles présentent desindicateurs de qualité relativementélevés et bénéficient de transferts desavoir de leurs maisons mères.

Suivant le scénario le plus défavorable, et en

partant de cette définition,l’agence estime que

les actifs à problèmespeuvent représenter

entre 25 et 40% des engagements

bancaires marocains.

En remportant l’appel d’offres pour l’acquisition de 19% du capital de la Libyenne Al Wahda, l’Arab

Bank étoffe sa présence au Maghreb.

L’Arab Bank plante son drapeauen Libye

Le processus de privatisation graduellede la banque libyenne Al Wahda vientde désigner l’acquéreur des 19% du

capital mis en vente par appel d’offresinternational. Il s’agit d’Arab Bank, àl’origine une banque palestinienne,

puis jordanienne et, aujourd’hui, l’unedes banques arabes les plus importan-tes par l’expansion régionale. L’ArabBank est bien représentée dans leMaghreb, avec des filiales en Tunisie,en Algérie et au Maroc. Pour acquérirles 19% du capital de la banquelibyenne, Arab Bank a mis dans labalance 210 millions d’euros et unplan de développement stratégiquequi passe par l’exercice à moyenterme (3 ans) de l’option devant lesporter à 51% du capital d’Al Wahda.La faible présence des banques occi-dentales dans la short list établie bienavant la révélation réelle de l’ampleurdes subprimes montre que l’urgenceest bien ailleurs.

Banques arabesLa Société Générale, qui faisait figurede candidat sérieux à défaut d’êtrefavorite, s’est retirée à une semaine dela désignation finale en déclarant de

facto que ce « retrait » n’avait rien àvoir avec la dépréciation d’actifsengendrée par l’affaire JerômeKerviel. Bref, en l’absence des tradi-tionnels majors, la bataille s’estréduite, essentiellement, aux banquesarabes. L’offre de la banque jorda-nienne, détenue par la famille d’ori-gine palestinienne Shoman, a eu rai-son de celles de ces rivales « short lis-tées », à savoir Attijariwafa Bank(Maroc), Arab Banking Corporation(ABC, Bahrein) et Banco IntesaSanpoalo (Italie). A noter que lamême opération réalisée en septem-bre 2007 sur la Sahara Bank avait vula désignation de BNP Paribas commepartenaire stratégique. Les importan-tes perspectives de développementdes ressources gazières et pétrolièresfont de la Libye un territoire attractifpour les banques.

A.W

L’offre de la banque jordanienne, détenue par

la famille d’origine palestinienne Shoman, a eu raison de celles de sesrivales « short listées », àsavoir Attijariwafa Bank(Maroc), Arab BankingCorporation (Bahrein)

et Banco Intesa Sanpoalo (Italie).

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BOURSES8 Les Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008

Maurice au fronton desmeilleures bourses du mondeL’agence Bloomberg vient de publier son classement desmeilleures bourses du monde pour la période du 31 décem-bre 2007 au 14 février 2008. C’est une place africaine, enl’occurrence la Mauritus Stock Exchange, qui arrive au pre-mier rang dans la catégorie des dix meilleurs indices aumonde. La MSE, dont l’indice a atteint le record de 2 101,37points, est en hausse de 9,24%, devant la Bourse du Koweit(8,98%) et celle du Nigeria (8,7%).

L’AFD émet des obligationsen francs CFAL’Agence française de développement (AFD) va lancer unemprunt obligataire de 20 milliards de FCFA (libellé en mon-naie locale) dans le marché de l’UEMOA. L’opération va per-mettre de lever des ressources sur une durée de huit ans. Lescompagnies d’assurances, les institutionnels et autres épar-gnants vont pouvoir diversifier leurs placements et souscrire àdes titres bénéficiant d’une notation financière élevée.

L’Afrique épargnée par la crise financièreLes pays africains ne seront pas affectés par les fluctuationsactuelles des marchés financiers, estime un économiste libyen,Dr Nasser Salem Zouei, dans une analyse publiée par le journalindépendant libyen Quryna, paraissant à Tripoli, dans son édi-tion de mercredi. Dr Nasser Zouei a expliqué cette exceptionafricaine par la hausse des prix des matières premières et desmarchandises exportées par les pays du continent, et par lespolitiques économiques adoptées par l'Afrique, un continentnon soumis aux risques des marchés financiers comme, parexemple, l'Asie.

Maroc : nouvelle opérationsur le capital d’AddohaRéuni le 20 février 2008, le Conseil d’administration d’Addohaa décidé de proposer à une assemblée générale extraordinaire,une augmentation de capital par incorporation de primesd’émission dans une parité d’une action nouvelle pour uneaction ancienne. Justifiée par le niveau important atteint par lesréserves de la société, l’opération devrait porter le capital socialde 1417,5 millions de dirhams à 2 835 millions de dirhams.

Nigeria : une institution de microcrédit se préparepour la bourseUne institution nigériane de microcrédit, TreasuresMicrofinance Bank, envisage de s’introduire à la Bourse duNigéria (NSE) dans le moyen terme. L’entité, qui a récemmentobtenu une licence bancaire, devra porter son capital à 1 mil-liard de nairas d’ici l’année prochaine. TMB ciblera en particu-lier les petites et moyennes entreprises, socle de la vision 2020du Nigeria qui espère, à terme, intégrer le groupe des 20 pre-mières économies mondiales.

Le Trésor algérien fait un geste vers la bourse Le Trésor public algérien a procédé la semaine dernière à lacotation d’obligations assimilables (OAT) pour un montant de145 milliards de dinars sur des maturités de 7, 10 et 15 ans. Cestitres, qui portent à 14 le nombre d’OAT introduites en bourse,seront négociés trois fois par semaine. De quoi redonner del’activité à la Bourse d’Alger en attendant la vague de privatisa-tion des entreprises publiques.

Sonatel : le personnel optepour les stocks optionsLe Rassemblement des entreprises du secteur des technologiesde l'information et de la communication (RESTIC) invite l'Etatdu Sénégal à rétrocéder ses blocs d'actions, représentant 28%du capital de la Sonatel, aux travailleurs de l'opérateur de télé-phonie. L’organisation professionnelle propose, dans un com-muniqué datant de la mi-février, une cession qui s'effectue« dans le cadre d'un large et ambitieux programme d'actionna-riat salarié (...) pour jeter les bases dans notre pays d'un pland'options sur actions (stock options) ».

Dans beaucoup de pays en développement, le secteur des produits de base a connu des réformes

structurelles radicales qui rendent nécessaire la création de marchés.

Un marché des produits pourcompléter le dispositif boursier

Par Louis S. Amédé, Abidjan

Dans le cadre des programmes d’ajuste-ment structurel, de nombreux Etats endéveloppement ont dû cesser d’exercertoute une série de fonctions d’aide à laproduction et de commercialisation dansle domaine agricole. Ils inauguraientainsi le passage à un système de gouver-nance sectorielle fondé sur le marché.Deux décennies plus tard, nombreuxsont les experts qui reconnaissent « lecaractère incomplet de cette mutation »engagée à pas forcés. Ce vent de libérali-sation a provoqué la disparition des chaî-nes d’approvisionnement traditionnel-

les, mais il n’a pas apporté de solutionalternative. Conséquence, l’accès auxmarchés est devenu tout aussi imprévisi-ble, qu’évanescent l’accès aux servicesauxiliaires que les offices de commercia-lisation semi-publics, par exemple,avaient auparavant coutume de faciliter(informations sur les marchés, entrepo-sage et logistique, services financiers, ser-vices de vulgarisation et fourniture d’in-trants). Cette situation s’est accompa-gnée d’une montée en flèche des coûts detransaction pour nombre d’acteurs dusecteur des produits de base, notamment

les petits producteurs éloignés des cen-tres de commerce.

Besoin d’une bourseDes voix s’élèvent pour en appeler à lacréation de bourses de produits. EnCôte d’Ivoire, diverses initiatives allantdans ce sens ne sont pas parvenues àfranchir le cap des intentions. Commedans bien d’autres pays de la régiond’ailleurs. Seule success story - maismaigre consolation pour un continentdont les produits de base pèsent lourddans les recettes budgétaires -, la bourseJSE/SAFEX en Afrique du Sud. Et pour-tant, depuis le Traité d’Abuja de 1991,l’Organisation de l’unité africaine(OUA), puis aujourd’hui l’Union afri-caine (dans la Déclaration d’Arusha surles produits de base africains de 2005)n’ont cessé d’appeler, de tous leursvœux, à la création d’une bourse deproduits à l’échelle du continent.Les exemples des bourses de la Colombie,du Brésil, du Venezuela, de Panama, deHonduras, de l’Inde… sont riches d’en-seignements sur le fait que la bourse peutassurer nombre des services naguèreassurés par les offices de commercialisa-tion semi-publics, tout en étant financiè-rement viable. Pour la CNUCED(www.unctad.org), qui apporte sonappui à l’établissement et au développe-ment de ce type d’institutions, « lesbourses de produits, en tant qu’institu-tions facilitant les échanges, peuventcatalyser la croissance dans le secteurdes produits de base des pays en déve-loppement en réduisant sensiblement lescoûts de transaction au long de la chaîned’approvisionnement ».En effet, « l’utilité de la bourse de pro-duits réside dans sa capacité institution-nelle à supprimer ou à réduire les coûtsde transaction élevés auxquels les diffé-

rents maillons de la chaîne d’approvi-sionnement en produits de base font facedans nos pays en développement », expli-que un ancien haut cadre de la Caisse destabilisation du prix du café et du cacaoen Côte d’Ivoire (Caistab). Et de préciserque « ces bourses peuvent proposer destransactions au comptant pour livraisonimmédiate des produits ou des contrats àlivraison différée ; elles peuvent proposeraussi des contrats à terme et des options,instruments financiers les plus couram-ment utilisés par les acteurs du secteurpour gérer certains risques… »

« Ces dernières années, selon la CNU-CED, en grande partie grâce aux progrèsdes technologies de l’information et de lacommunication, les perspectives sontdevenues encore plus prometteuses pourles bourses de produits… et leur contri-bution au développement s’est accrue... »Pour preuve, « depuis 2003, les boursesde produits des pays en développementenregistrent un taux de croissance deuxfois plus important que leurs homolo-gues, établies de plus longue date dansles pays de l’OCDE. Le nombre decontrats qui y sont négociés, sinon leurvaleur, représente aujourd’hui 30% dutotal… », note-t-elle.Si la bourse de produits ne doit pas êtreconsidérée comme une panacée auxmultiples difficultés que rencontre le sec-teur des produits de base, elle peut avoirtoute une série d’effets positifs, propres àaméliorer les pratiques et les comporte-ments des acteurs tout au long des chaî-nes d’approvisionnement. Toute chosequi, de l’avis de Maurice Koné, expertagricole ivoirien, « justifierait que notresous-région mette en place une bourse deproduits pour compléter le dispositif bour-sier régional ».

Le marché boursier commun aux huit Etats de l’UEMOA achève une année fructueuse, pariant une

progression de ses performances au cours de l’année 2008, à condition cependant que certains obsta-

cles règlementaires soient levés.

La BRVM veut recourir auxsplits pour animer le marché

Par Louis S. Amédé, Abidjan

La Bourse régionale des valeurs mobi-lières (BRVM) a fière allure en cedébut d’année. Elle a clos 2007 avec

tous les indicateurs en hausse : unecapitalisation en augmentation de72%, des capitaux transigés qui crois-sent de 35% à 88 milliards de FCFA, les

10 titres les plus dynamiques du mar-ché qui affichent à 224,85 des niveauxles plus élevés. Une bonne crue finan-cière, conviennent les différentes caté-gories d’acteurs du marché.Cette conjoncture favorable a vu, parexemple, le titre PHCI prendre plus de347% de valeur, ou l’action Sonatel tran-siger à plus de 43 milliards de FCFA,ou encore 7 828 559 titres EcobankTransnational Inc. échangés, ou 10emprunts obligataires admis à la cotepour lever plus de 202 milliards deFCFA. Mais la bourse régionale doit toutde même faire face à un certain nombrede défis.

Pour une large accessibilité En effet, s’ils parient sur une poursuitede cette belle tendance pour l’année2008, les autorités de la BRVM ne veu-lent pas s’accommoder de ces seulsbons résultats financiers. Ils restentfortement préoccupés quant au dyna-

misme et à l’animation du marché.Et pour cause, en matière de cours,la plupart des titres ont atteintaujourd’hui des niveaux tels qu’ils sonthors de portée financière du citoyenmoyen de l’Union. Entrent dans ce cas,par exemple, l’action Sonatel quioscille autour de 200 000 FCFA ou le titre Solibra au-delà de 360 000FCFA… sur lesquels ne peuvent tran-siger qu’une certaine catégorie de per-sonnalités physiques et/ou morales.Principale solution à ce frein à l’acces-sibilité du plus grand nombre au mar-ché : « La fractionnement de titres ousplit. La bourse espère bien y recourircette année. Cette opération, qui setraduirait par « une baisse des courscompensée par l’augmentation du nom-bre de titres, permettra de ramener l’in-vestissement minimal à des niveauxaccessibles à une plus grande frange depopulation de notre espace communau-taire. Sinon, l’accès aux titres boursiers,

« Depuis 2003, les boursesde produits des pays en

développement enregistrentun taux de croissance deuxfois plus important que leurs

homologues, établies de plus longue date dans

les pays de l’OCDE. »

En matière de cours, la plupart des titres ont atteint aujourd’hui des

niveaux tels qu’ils sont hors de portée financière du citoyen moyen

de l’Union.

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9BOURSESLes Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008

Des prévisions haussièressur les matières premièresSelon Investec Asset Management, la croissance asiatique etles dépenses en infrastructures devraient contribuer àmaintenir la demande sur les matières premières, en dépitdu ralentissement américain. Selon le gestionnaire, l’ordevrait profiter de la faiblesse du dollar, des craintes infla-tionnistes, de la baisse de l’extraction et d’instabilités poli-tiques et financières. Les prix du platine seront pour leurpart soutenus à court terme par les difficultés rencontréespar l’Afrique du Sud dans le secteur énergétique.

Le gouvernement zambiensommé de régler sa detteLe gouvernement zambien a été sommé de liquider immé-diatement environ 118 millions de dollars de detteavouées aux contracteurs locaux, a rapporté vendredi lejournal Daily Mail. Le Conseil national chargé de laconstruction (NCC) a dit que la dette du gouvernementenvers l'industrie du bâtiment connaissait une augmenta-tion quotidienne.

Maroc : la SNEP arrête sonprogramme de rachat Dans le but de régulariser le cours de ses actions sur le mar-ché boursier, la Société nationale d’électrolyse et de pétro-chimie (SNEP) compte lancer un programme de rachat deses propres actions. L’opération porte sur un total de120 000 actions (soit 5% du capital), ce programme fixeune fourchette de prix comprise entre 1850 dirhams et 1350dirhams, et ce sur une durée de 18 mois à compter du 31mars 2008. Ce programme de rachat devrait, selon les ana-lystes, régulariser le cours de la SNEP sur le marché et ren-forcer la confiance des investisseurs.

La Chine lance cinq nouveaux fonds pour soutenir le marché actionsLes autorités boursières chinoises ont autorisé la créationd'au moins cinq nouveaux fonds mutuels, dont deux quiseront dédiés au marché actions, qui devraient lever autotal quelque cinq milliards de dollars d'avoirs, ontannoncé vendredi des sources proches du dossier. C'est latroisième fois en un mois que Pékin donne son feu vert àla création de nouveaux fonds, le gouvernement étant sou-cieux de soutenir une place boursière qui a déjà perdu plusde 15% depuis le début de l'année, en raison de craintesd'un trop grand afflux de papier et d'inquiétudes sur laconjoncture économique.

Libreville : atelier sur le marché obligataireLibreville a abrité les 19 et 20 février 2008 un atelier deréflexion sur les marchés obligataires et les émissions destitres. Des responsables des établissements financiers de laCommunauté économique et monétaire d’Afrique centrale(CEMAC), des Ministères des finances des Etats membresainsi qu’une centaine de délégués venus des six pays de laCEMAC ont pris part aux travaux.

Tunisie : tendances baissières à la bourseL’indice a terminé la semaine du 14 février en baisse de0,97% (à 2649,6 points), effaçant ainsi ses gains cumuléssur un mois, rapporte l’analyse de Webmanager Center. Lemarché semble faire preuve d’attentisme des comptes audi-tés des sociétés et des annonces des montants de dividendesà distribuer. La moyenne des échanges a été légèrement enbaisse (2,4 MDt/jour) par rapport au niveau enregistrédepuis le début de l'année (2,9 MDt). A signaler qu'à ce jouraucune transaction de bloc n'a eu lieu sur le marché depuisle 1er janvier.

que ce soit dans un souci d’investisse-ment ou d’épargne, demeurera difficilepour les populations », explique M. Amadou Tidiane Bah, directeur del’Antenne nationale de bourse (ANB)de la Côte d’Ivoire.

Dynamiser le marchéOutre l’instauration d’un mécanisme dedéclenchement automatique des splits,pour l’animation du marché, Jean-PaulGillet, directeur général de la BRVM, etles différents acteurs, veulent parier sur

un réel dynamisme des organismes deplacements collectifs à valeurs mobilières(OPCVM), tels que les SICAV, les fondscommuns de placement, dont les popu-lations peuvent acquérir plus aisémentles titres. Le cadre normatif encadrant lesactivités de ces acteurs du marché existedans le dispositif règlementaire de la

BRVM. Quelques OPCVM sont mêmeen activité. « Cette catégorie d’acteurs dumarché n’est pas encore très développée. Ilsne sont pas en nombre suffisant, et leurdynamisme sur le marché boursier régio-nal n’est pas encore véritablement percep-tible », concède un haut responsable duConseil régional de l’épargne publique etdu marché financier (CREPMF).

Obstacle législatifMais si, pour ce qui est des OPCVM, lesautorités du marché boursier peuventespérer mieux en 2008, elles ne peuventjurer de rien quant au recours auxsplits. Pour ce qui est du mécanisme dedéclenchement automatique des splits,il y a une grosse contrainte règlemen-taire et législative. En effet, le traité del’Ohada fait obligation aux sociétéscommerciales admises à la cote de fixerla valeur nominale de leurs titres à10 000 FCFA. Le fractionnement de lavaleur du titre impliquant un fraction-nement de cette valeur plancher ne sau-rait être conforme aux textes commu-nautaires. Cette mesure visant à stimu-ler les transactions sera d’applicationbien difficile. « A moins d’une déroga-tion ou de l’adoption d’une législationboursière, comme c’est le cas dans la plu-part des pays occidentaux, notammenten Europe ». Des alternatives auxquellesAmadou Tidiane Bah veut bien croire,convaincu qu’il est que les Etats, via leCREPMF, sont conscients de la néces-

sité de consolider la BRVM comme ins-trument de canalisation de l’épargnerégionale.

Victime de son succésPour Jean-Paul Gillet, 2008 sera aussibon que 2007. « Les prévisions sont bienorientées, surtout qu’il est attendu desintroductions en actions d’entreprises(Onatel, Bank Of Africa Côte d’Ivoire),mais également d’importantes émissionsobligataires », a-t-il indiqué lors d’unerencontre avec les acteurs du marché.S’il est un de ses compartiments surlequel le marché régional est bien vic-time de son succès, c’est le marché obli-gataire. Avec une moyenne de taux quitourne autour de 6% - en comparaisonavec les 4 à 5% servis sur les grandsmarchés occidentaux - les obligationssont courues. Nombre d’institutionnelsqui acquièrent ces titres les conserventen portefeuille jusqu’à échéance. « Leurrendement et leur rentabilité sont telsqu’elles sont prises comme des fonds deportefeuille ». Et de ce point de vue éga-lement, 2008 ne sera pas différent nonplus de 2007. Au change, les acteurs dumarché espèrent que l’atonie prévisiblesur le marché obligataire sera biencompensée par une montée en puis-sance des transactions courantes sur lemarché des actions. Ils comptentœuvrer à cela.

Louis S. Amédé

Avec une moyenne de taux qui tourne autour de 6% - en comparaison

avec les 4 à 5% servis sur les grands marchés

occidentaux - les obligationssont courues.

Les investisseurs, à la Bourse du Kenya, ont largement anticipé le succès de la médiation internatio-

nale dans la crise politique que traverse le pays. Conséquence, l’AI40 boucle sa meilleure semaine

depuis le début de l’année.

Performance hebdomadaire des blue chips africains

Est-ce la fin du round d’observation desgrandes capitalisations boursières afri-caines ? Le bond de 2,52% enregistré parl’indice AI40 sur la semaine ayant pris finle 15 février pourrait le présager.Cumulant désormais 196,25 points, l’in-dice ramène ses gains annuels à 2,64%après une longue stagnation.

Kenya is backCette accélération des tendances est lesigne de la reprise du marché kenyan, quia connu une semaine positive avec 4 deses représentants dans l’AI40 au frontondes meilleures performances. Sachantque les succès engrangés par la média-tion africaine et internationale ne sontpas encore intégrés dans ces chiffres, l’onpeut pronostiquer une poursuite de latendance dans les jours qui viennent. Enattendant, le cours de la CommercialBank s’est apprécié de 14,4%, clôturant à0,37 dollar. Dans le sillage, Barclays Bankse bonifie de 13,8% à 1,01 dollar. Signed’un retour général de la confiance, letransporteur aérien national (KenyaAirways), l’une des valeurs les plus vul-nérables face à la crise politique, recou-vre 8,9% à 0,65 dollar. La compagnie,qui avait annoncé la suspension dequelques lignes dont les trois fréquen-ces hebdomadaires avec Paris en raisonde la chute du volume des passagers, nesemble plus souffrir des autres facteursexternes, comme le retour du baril à100 dollars. Dernièr Kenyan à s’illus-trer cette semaine, l’opérateur énergéti-que national (Ken Gen), qui s’est appré-cié de 7,9% à 0,36 dollar.Ailleurs, la First Bank Nigeria gagne10,3%, clôturant la semaine à 0,46 dollarsous la poussée d’une demande isoléed’un trader, comme l’a expliqué Wole

Famurewa, de PHB Asset ManagementLtd. A noter la contreperformance dela Zenith Bank, en chute de 0,8% à0,41 dollar.

En baisseDans ce chapitre des baisses, L’OceanicBank International (Nigeria) chute de4,2% à 0,25 dollar. « Les investisseursqui ont participé à la dernière offrepublique de la banque ont bénéficiéd’énormes primes, si l’on compare aucours du marché. D’où un mouvementde prise de bénéfices qui plombe lavaleur », expliquent les analystes. Autrebancaire en recul dans l’indice réalisépar African Investor, la Banque de l’ha-bitat (Tunisie), en chute de 0,6% à24,58 dollars. Le cours de la bancairesuit une tendance générale du marchétunisien en attendant la publication

des bons résultats que lui crédite lemarché.Sonatel Sn, tête de pont de la Bourserégionale des valeurs mobilièresd’Abidjan, abandonne 7,3% à 404,03dollars. sont-ce les contrecoups desspéculations sur l’avenir des participa-tions étatiques dans le groupe ? A noterque le personnel réclame, dans uncommuniqué, la conversion d’une par-tie des parts souveraines en stocksoptions. Autre valeur télécom dans lerouge, Mobinil (Egypte), en chute de2,6% à 38,42 dollars. Raison de cetteméforme, le scepticisme des investis-seurs suite à l’acquisition, par la com-pagnie, d’une licence 3G. L’étude defaisabilité réalisée à l’occasion prouveen effet que l’investissement ne génére-rait pas de profits majeurs.

Adama Wade

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BOURSES10 Les Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008

Ibukun Adebayo est directeur Afrique et Moyen-Orient du London Stock Exchange. Il a acquis une solide expérience à la City auprès de différentes ban-

ques de la place avant d’arriver au LES, il y a deux ans. Grand voyageur, il s’évertue à expliquer partout et à promouvoir l’Afrique, pour le compte de son

institution. Entretien exclusif.

« La Bourse de Londres pourrait soutenir l’émergence d’une monnaie unique ouest-africaine »

Propos recueillis par Charles Bambara, Londres

Les Afriques : Pouvez-vousnous donner quelques indi-cations sur l’importanceréelle de cette bourse desvaleurs de Londres ? Ibukun Adebayo : L’annéedernière, par exemple, en termes d’offres publiquesd’achats (IPO), il y a eu plusde capitalisations ici, au LSE,qu’à Wall Street à New York.Cela donne une indicationsur l’attrait exercé par la place financière de Londres.Pourquoi cela ? Nous pensonsque Londres se positionnecomme la meilleure plate-forme pour mobiliser des

capitaux et des liquidités pourles marchés émergents et lescompagnies internationales.

LA : Pensez-vous que leLondon Stock Exchange peutinfluencer, d’une certainefaçon, les marchés financiersen Afrique ? IA : Question très pertinente!Je pense que oui. Nous avonsune réelle influence dans cer-taines régions d’Afrique.Nous avons des cultures juri-diques, une approche desaffaires et de la finance quasiidentiques.

LA : Que pensez-vous du sys-tème bancaire africain.Voyez-vous une réelle amé-lioration ? IA : Effectivement. Il est com-plètement différent de ce quenous connaissions il y aencore quelques années. Jevoudrais prendre l’exempledu Nigeria. La concentrationdu système bancaire nigériana changé le panorama de cepays. 80 banques ont fusionnépour ne laisser la place qu’à25 nouvelles banques. Et celaa emmené beaucoup plusd’efficacité. Les pertes ont étéminimisées, le manque de

productivité a disparu, demeilleurs standards de travailont été expérimentés. Et cela explique pourquoi,

aujourd’hui, deux banquesnigérianes sont cotées au LSE.Il y a seulement deux ans celan’aurait pas été possible. Etnous sommes très satisfaitsdu niveau de professionna-lisme de ces deux banques. Enréalité ce sont maintenant desbanques internationales, avecde multiples présences dans lemonde.

LA : A quelles banques nigé-rianes faites-vous allusion?IA : Nous parlons de laDiamond Bank et de GTBank. GT Bank a été la pre-mière à s’installer ici àLondres. Et ces deux banquesont mobilisé ensemble plusde 1,5 milliard de dollars enseulement deux transactions.

LA : Vous êtes originaire du Nigeria. Vous connais-sez donc l’existence de laCEDEAO, qui travaille éner-giquement depuis longtempspour que la monnaie uniqueouest-africaine devienne uneréalité. Est-ce un objectif dési-rable et réalisable ? IA : Avec l’expérience euro-péenne que nous connais-sons, nous savons que cen’est pas toujours facile. Lamonnaie unique euro-péenne a été un très longprocessus, et il y a, je vou-drais le souligner, beaucoupde difficultés à atteindre cetobjectif, non pas seulementdans les pays développés icien Europe, mais aussi au Moyen-Orient. Je croisque ce sera une bonnechose que d’avoir cettemonnaie unique ouest-afri-caine. Mais ce serait difficilede dire quel format celadevra prendre. Nous seronscependant prêts à soutenirune telle initiative parceque nous croyons que celaaméliorera le standard dansla région.

LA : Un directeur de banquedu Nigeria affirmait récem-ment que le naira pourraitflotter sur les places finan-cières internationales avantfin 2008. Quelles pourraienten être les conséquencespour le Nigeria ?IA : Ce n’est certainement pas

ma mission de dire si cela vaintervenir ou pas. Je lis sansdoute les mêmes rapports quevous-même, monsieur le

journaliste. Mais je crois trèssincèrement que si la devisenigériane flottait à nouveausur les places financières, celaserait une très bonne chosepour plusieurs raisons. Celaassurerait un libre transfertdes fonds, et cela permettraitaux investisseurs d’opérerplus facilement dans le pays,de rapatrier plus facilementégalement leurs bénéfices.Cela constitue la base ducapitalisme, et cela aideraiténormément les compagniesà investir au Nigeria.

LA : Les gouverneurs desbanques centrales africainesseraient très compétents.Comment expliquez-vouscela si l’on sait toutes lespressions politiques qu’ilsdoivent subir, et nous savonsqu’ils n’ont pas les mêmesmarges de liberté pour tra-vailler professionnellementcomme ici, à Londres ? IA : Je crois, au contraire, queles banques centrales enAfrique ont plus de liberté etde flexibilité. On en parle peu.Par exemple, le gouverneur de la Banque centraled’Angleterre a la libertéd’augmenter le taux d’intérêt,mais il n’a pas la possibilitéd’arrêter le ralentissement del’économie, cela ne peut se

faire qu’au niveau de la politi-que monétaire que ces gou-verneurs de banques centralesappliquent. En Afrique, lesgouverneurs de banques cen-trales ont souvent plus deliberté pour appliquer desmesures économiques appro-priées à la politique moné-taire. Leur succès s’expliquesans doute par cela.

LA : Vous voyagez beaucoup.Quelle est la perception desmilieux d’affaires interna-tionaux sur l’entreprenariatou les investissements enAfrique ?IA : Je crois que cette percep-tion est en train d’évoluer.L’Afrique est perçue mainte-nant comme le nouveau mar-ché émergent. D’importantsacteurs des pays développéss’intéressent maintenant àl’Afrique. Si l’on prend le casdu Nigeria, de l’Afrique du Sud, du Kenya, vous pou-vez y rencontrer tous les

conseillers internationauxdans ces pays. Cela veut toutdire. Cela signifie que cesgens croient pouvoir fairedes affaires dans ces pays.Ces banquiers, ces conseil-lers et ces compagnies juri-diques se rendent dans despays ou l’intégrité existe, oùla nécessaire transparenceexiste, cela pourrait s’amé-liorer, mais on a enregistrédes progrès réels, au moinsau cours de ces dix-huit der-

niers mois.LA : Beaucoup de jeunes afri-cains croient que l’Afriquen’atteindra jamais le niveaude développement des paysoccidentaux ? Quelle estvotre réaction ? IA : Etant assez jeune moi-même, je crois que cela n’estabsolument pas vrai. Ce quenous avons vu récemment meréconforte. Nous avons vubeaucoup d’Africains rentrerchez eux. Si vous regardez lesdirecteurs généraux des gran-des compagnies internationa-les en Afrique, vous verrezqu’ils ont fait les grandes éco-les : Harvard, l’université de Yale, de Cambridge oud’Oxford, etc. Et tous ontdécidé de rentrer dans leurspays. Pourquoi ? Parce qu’il ya des opportunités réellesdans leurs pays. Je reste per-suadé que dans les années àvenir d’autres grands nomss’installeront en Afrique ; desgrands noms du secteur com-

mercial, du secteur des télé-communications, parce que laclasse moyenne en Afriquedevient de plus en plusimportante. Cela entraîneradavantage de création d’em-plois, et cela créera plus d’op-portunités pour que les genscomprennent qu’ils n’ontplus besoin de s’expatrier, etqu’ils pourraient bâtir leurspays pour en faire une placeattractive.

« Nous avons une réelle influence dans certaines régions d’Afrique. Nous avons

des cultures juridiques, une approche des affaires et de la finance

quasi identiques. »

« Si vous regardez les directeurs généraux des grandes compagnies

internationales en Afrique, vous verrez qu’ils ont fait les grandes écoles. Et tous ont décidé de rentrer dans leurs pays. »

L’Afrique et le London Stock Exchange

Les compagnies minières africaines ont ététrès longtemps présentes à la bourse desvaleurs de Londres. Mais certaines sont deve-nues aujourd’hui des multinationales perdantun peu leurs racines africaines. Certainessont même devenues des conglomérats. Leurprésence remonte dans les années 1900 etcertaines de ces compagnies sont toujourstrès actives dans la mobilisation des fondspour leurs activités. Aujourd’hui, la plus vieille compagnie afri-caine à la bourse des valeurs de Londres estle groupe AECI, une compagnie sud-afri-caine présente depuis 70 ans. Un autregroupe sud-africain retient l’attention avec69 ans de présence à la Bourse de Londres.Il s’agit d’un groupe de produits alimentairesle groupe Tongaat-Hulett. La Bourse de Londres est subdivisée en deuxprincipaux marchés. Ces deux marchés ontenregistré ces dernières années plusieursentrées de compagnies et entreprises africaines.Le principal marché est composé des compa-gnies multinationales appelées les « Blue

chips companies ». Dans cette catégorie, il ya vingt-deux compagnies travaillant enAfrique ou africaines, enregistrées sur cemarché de référence. Dans le second mar-ché, nous avons des compagnies de moin-dre importance. 42 compagnies venantd’Afrique y sont enregistrées. Et ces compa-gnies proviennent de pays aussi divers que leMali, le Lesotho, l’Afrique du Sud, le Kenya,le Nigeria, etc.Ibukun Adebayo souhaite enregister plusde compagnies africaines au LondonStock Exchange : « Nous croyons ferme-ment en notre capacité à développer despartenariats avec des compagnies africai-nes, afin de leur ouvrir les portes des mar-chés financiers internationaux ». Ces com-pagnies africaines sont souvent victimes depréjugés sur leur mode de gestion et surleur degré de transparence. Après l’enre-gistrement sur une place financière commeLondres, cette impression négative s’ame-nuise et la compagnie gagne en crédibilitéau niveau international.

Ile Maurice : UnitedInvestments acquiert 10%d’AfrAsia BankLe fonds d’investissements United Investments, coté surle Developpement & Entreprise Market à la bourse, vientde prendre 10% du capital de l’AfrAsia Bank. Cet inves-tissement stratégique positionne le fonds sur un secteuren pleine expansion. Créé initialement pour prendre desparticipations dans la Société du Port (STP), UnitedInvestments est engagé depuis deux dans une politiquede diversification de son portefeuille.

La Bourse d’Abidjan clôturela semaine en hausseLa BRVM a clôturé sa séance de cotation du vendredi 22 février2008 en hausse par rapport à la séance précédente. L’indiceBRVM Composite est passé de 215,51 à 215,93 points ; soit uneprogression de 0,19%. L’indice BRVM 10, pour sa part, a gagné0,19% à 244,83 points contre 244,37 précédemment. La valeurdes transactions s’établit à 4,20 milliards FCFA contre 8,71 mil-liards FCFA réalisés le jeudi précédent. La négociation a portésur 12 sociétés pour un total de 38 inscrites sur le marché desactions. Le nombre de titres échangés s’est élevé à 155 970.

BNP Paribas inaugure deux nouvelles structures à OranBNP Paribas a ouvert récemment deux agences à Oran. Cespoints de vente s’ajoutent à un réseau assez développé desser-vant 300 clients corporate et plus de 5000 particuliers dans larégion d’Oran. D’autres ouvertures sont prévues, notamment àMostaganem, Sidi Bel Abbès et Tlemcen. Le groupe, qui pro-pose toute une gamme de produits allant des comptes dedépôts aux différentes formules de crédits, renforce ainsi saprésence dans un marché algérien jugé stratégique.

Ibukun Adebayo.

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NEGOCE ET MATIÉRES PREMIERESLes Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008 11

La crise kenyane stresse le marché mondial du théUn rapport récent de la FAO s’inquiète des possibles répercus-sions de la crise du Kenya sur les cours mondiaux du thé. Cepays devrait enregistrer une chute de 10% de sa production. Unconstat qui a largement été commenté lors du forum mondialdu thé tenu à Dubaï les 19 et 20 février 2008. L’indice compo-site des prix du thé a augmenté de 11,6% pour atteindre 1,83dollar par kg en 2006.

Les cours de l’or et du platine poursuivent leur ascension Le cours de l'or a atteint jeudi un nouveau record historique,se hissant jusqu'à 953,91 dollars l'once vers 17h00 GMT surle London Bullion Market, tandis que le platine se hissaitjusqu'à 2192,50 dollars l'once, les métaux précieux bénéfi-ciant des craintes d'inflation. Les investisseurs se rabattentgénéralement sur les métaux précieux en période de tensionsinflationnistes. Or, les prix à la consommation ont progresséun peu plus qu'attendu en janvier aux Etats-Unis, avec uneaugmentation de 0,4% par rapport à décembre et de 0,3%hors énergie et alimentation.

Pétrole : WinefieldRessources Limited obtientune licence en MauritanieLa société canadienne Winfield Resources Limited aannoncé jeudi à l'AFP, à Nouakchott, avoir obtenu du gou-vernement mauritanien une licence pour la constructiond'une raffinerie de pétrole dans le cadre d'un programmeglobal d'investissement de 7 milliards de dollars. « Notresociété a obtenu cette licence et s'apprête à entamer les diffé-rentes phases de préparation de l'exécution des clauses défi-nies par la loi en termes d'investissements, de formation despersonnels techniques mauritaniens et autres dispositionsrequises », a déclaré le représentant à Nouakchott deWinfield Resources, Bouna Ould Hassen. La raffinerie,dont la construction doit débuter dans six mois, sera ins-tallée à Nouakchott avec une capacité de production de300 000 barils par jour.

Angola : Endiama Ep prévoitd’augmenter sa productionde diamantsL'Entreprise nationale de diamants d'Angola (EndiamaE.P.) prévoit d'augmenter, cette année, sa productionannuelle de neuf millions de carats à dix millions. En2007, la production diamantifère du pays avait atteint 9,7millions de carats, ce qui correspond à des recettes de prèsde 1,3 milliard de dollars américains. La Société de com-mercialisation de diamants d'Angola (Sodiam), créée en1999, est détentrice de la vente de tous les diamants brutsproduits dans le pays.

Le Sénégal annonce la découverte de pétroleLe Sénégal disposerait d’un gisement offshore de pétrolelourd avec des réserves estimées à 1 milliard de barils, aannoncé le ministre de l’Energie, Samuel Sarr, lors d’unerencontre avec la presse organisée le 20 février. Quelque650 millions de tonnes sont directement exploitablesselon le ministre qui confirme ainsi l’entrée prochaine deson pays dans le cercle très envié des pays producteurs del’or noir.

Angola : nouveau contratd’exploitation du diamantpour EndiamaL’Entreprise nationale de diamants d’Angola (EndiamaE.P) devait signer vendredi 22 février 2008, à Luanda, unnouveau contrat d’exploitation de diamants. Selon unenote de presse de la société Endiama, divulguée sur sonsite officiel, il s’agit de la signature du contrat d’exploita-tion de réserves secondaires de la région de Zovo, pro-vince de Lunda Norte.

L’augmentation du prix du blé se couple, en Afrique, avec l’explosion des coûts du fret et une hausse

des coûts des transports sur place. La tonne de blé est passée ainsi de 120 à 340 euros.

L’Afrique a mangé son pain blanc, mangera-t-elle un pain différent ?

Par Anne Guillaume Gentil, Paris

Les stocks sont historiquement bas, lademande élevée et l’offre tendue, unealchimie qui pousse les cours du blé auplus haut. Dans le sillage des blés à forteteneur en protéine, cotés à Minneapolis,qui ont gagné plus de 65% depuis ledébut de l’année, les autres qualités sui-vent le rythme, tant sur les marchés amé-ricains qu’européens. Le 20 février, le blécotait $ 10,29 le boisseau échéance mars(blé tendre) au CBOT de Chicago et $18,65 pour le blé de printemps sur le

MGE. Sur Euronext, on est passé en unan de 110 euros la tonne à 270-280 eurosaujourd’hui. Les prix, s’ils sont haussiers,sont aussi très volatils et connaissent desvariations extrêmes. Ce qui a obligé lesautorités des marchés américains deChicago, Kansa City et Minneapolis, àmodifier, le 11 février, la limite de hausse,la fixant à 60 cents le boisseau.

Première nécessitéUne augmentation du prix du blé qui secouple en Afrique avec l’explosion descoûts du fret et une hausse des coûts destransports sur place. La tonne de blé ren-due en Afrique est passée de 120 euros(avec un dollar à 1,20 euro) à 340 euros(1$ = 1,46). En face, des consommateursqui n’ont généralement pas le pouvoird’achat suffisant pour que l’on répercute

ces hausses sur le prix du pain, alimentdevenu de première nécessité. D’autantplus que le blé n’est pas le seul produitalimentaire à augmenter (riz, huile,maïs…). Des manifestations contre la viechère se multiplient dans plusieurs pays.Et les productions africaines de céréalessont, cette année, aussi moindres avec lasécheresse, puis les fortes inondationsqui ont frappé certains pays.Les meuniers africains courbent le dos,attendant des jours meilleurs, ajustentleur coût et reçoivent des aides des Etatsafin de ne pas répercuter entièrement lahausse du prix de la farine sur leconsommateur. La situation est critique.Dans certains pays, comme le Nigeria,des minoteries ferment, car, fréquem-ment, les propriétaires possèdent plu-sieurs unités dans différents secteurs(ciment et sucre) et opèrent une péré-quation entre les différents prix. Maisplus généralement, et bien sûr suivantl’orientation libérale ou non du pays, lesEtats africains prennent des mesurespour amoindrir cette hausse des cours.Très souvent les droits de douanes sontabaissés, la TVA sur la farine suppri-mée… autant de mesures qui ponction-nent le budget de l’Etat. Et rend cetteposition difficilement tenable par lesEtats, sauf pour ceux qui peuvent se lepermettre, comme l’Algérie.Quant à la farine importée, « elle rentredifficilement car les importateurs saventqu’à un tel prix, ils ne vont pas la vendreet lui préféreront le négoce du sucre, duriz ou toute autre denrée », souligne GuyNaccache, directeur exportation desGrands moulins de Strasbourg (GMSMeunerie). « Si le choix de favoriser laproduction locale est respectable, il fautlâcher du lest dans un telle situation, sur-tout que pour une majorité de pays afri-cains la production locale n’est pas suffi-sante, et les importations de farine doncnécessaires », estime-t-il. Lâcher du lest,cela veut dire abaisser les droits de doua-nes sur les farines importées. Dans la

zone UEMOA, elles sont taxées à 40%contre 5% pour le blé.

La hausse du prix du blé, une chancepour l’Afrique ? Si à court terme, la hausse du blé, commedes autres matières premières destinées àl’alimentation, est critique, elle permetde replacer l’agriculture et les produc-teurs au centre de la problématique dedéveloppement. « On revient à de vraiesvaleurs pour les produits de la terre », sou-ligne Benoît Coquelet, directeur généralde Somdiaa. Et, à terme, d’avoir une plusjuste rémunération des agriculteurs duSud. Car, pour l’instant, la hausse profitesurtout aux agriculteurs du Nord et aunégoce, qui peut tirer son épingle du jeugrâce au marché à terme.La hausse des cours du blé permet aussid’expérimenter l’utilisation de céréaleslocales dans la fabrication du pain,même si, très souvent, c’est le poids dupain qui diminue. Ainsi au Mali est expé-rimenté le pain « Burunafama », fabriquéavec de la farine de blé mélangée avec descéréales locales comme le sorgho, le milet le maïs.« C’est en période de crise que la « chimieverte fait des miracles », souligne aussiJacques Schil, président de la Compagniefrançaise des ingrédients et adjuvants(CFIA), spécialisée dans les améliorantset correcteurs pour les minoteries etboulangeries. Les correcteurs permettentd’obtenir une farine standardisée quelque soit le besoin qualitatif local de lafarine et l’origine du blé. C’est ainsi quele Nigeria, qui importait du blé « hard »(blé de force) comme les autres paysanglophones, peut aujourd’hui importerdu blé tendre, à l’instar des pays africainsfrancophones. De leur côté, les adjuvantspermettent, entre autres, d’améliorer lesrendements, ce qui, dans la conjonctureactuelle des boulangeries, est un moyend’amoindrir la hausse des cours.

Les meuniers africains courbent le dos, attendantdes jours meilleurs, ajustentleur coût et reçoivent desaides des Etats afin de ne

pas répercuter entièrement lahausse du prix de la farine

sur le consommateur.

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Page 12: Cap-Vert, comment réussir sans matières premières · Rédaction : Alger, Casablanca, Dakar contentieux franco-algérien N o 18 : 28 février au 5 mars 2008 Le journal de la finance

ENTREPRISES ET MARCHES12 Les Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008

GFH investira 3 milliards de dollars en AlgérieDéjà présent au Maroc et en Tunisie, Golfe Finance Houses’intéresse à l’Algérie. L’Emirati y a conclu une conventionavec le gouvernement pour des investissements de 3 mil-liards de dollars, dont le projet sur l’implantation d’unbusiness center de 208 km2 dans le nouveau schéma direc-teur de la ville de Bouinane. Cette signature constitue uneretombée directe des Assises internationales du tourismequi viennent de se tenir en Algérie.

Abidjan : rencontre entrel’Afrique francophone et l’Afrique anglophone La première conférence internationale des affaires (IBC)organisée par le Groupe d’entreprises du nouveau partena-riat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) de Côted’Ivoire, en collaboration avec son homologue nigérian et laFondation pour l’entreprise privée du Ghana, se tiendra du3 au 5 mars 2008 à Abidjan. Les travaux porteront sur l’in-terconnectivité, l’accès aux marchés dans la région, lesindustries et spécialisations interrégionales, l’intégration,les perspectives bancaires et financières.

La Tunisie sera dotée d’unecentrale nucléaire en 2020La première journée sur la technologie nucléaire civilecanadienne en Tunisie a vu défiler 150 entreprises cana-diennes et pas moins de vingt ans d’expertise dans ledomaine, rapporte la lettre African Manager. Cette rencon-tre organisée par le Centre national des sciences et techno-logies nucléaires (CNSTN) et la Société tunisienne de l’élec-tricité et du gaz (STEG) fait partie d’une série de journéesd’études destinées à affiner les perspectives tunisiennes et leprojet d’une centrale nucléaire en 2020.

Pfizer sponsorise la luttecontre les faux médicamentsen AfriqueUne conférence internationale, sponsorisée par les labora-toires Pfizer et destinée à discuter des problèmes que lesfaux médicaments et les génériques non-enregistrés posentpour la sécurité des patients en Afrique, s’est tenue lasemaine dernière à Johannesburg. La rencontre a réuni descadres douaniers, des experts de la règlementation et de ladistribution des médicaments et des délégués gouverne-mentaux de 10 pays d’Afrique subsaharienne ainsi que desreprésentants de l’Organisation mondiale de la santé. Unplan d’action a été formulé à l’issue des travaux.

Nigeria : Gazprom espèresigner d’ici le mois de maiLe géant russe Gazprom a affirmé mercredi à Abuja qu'ilespérait signer, d'ici fin mai, un contrat d'exploration dugaz avec le Nigeria de « plusieurs milliards de dollars ».« Nous ciblons la fin du mois de mai pour que les arrange-ments spécifiques soient mis sur le papier avec la partie nigé-riane », a déclaré à la presse le directeur de GazpromNetherlands Boris Ivanov. L'investissement « dépasserasans aucun doute plusieurs milliards de dollars », a pour-suivi M. Ivanov en marge d'une conférence sur le gaz et lepétrole à Abuja.

L’Afrique du Sud garde le cap sur ses orientationséconomiquesL'Afrique du Sud a révisé à la baisse mercredi ses prévi-sions de croissance, de 5% à 4%, sans infléchir ses orien-tations politiques. La croissance, de 5% en 2007, « devraitralentir à 4% en 2008, avant d'augmenter à 4,2% en 2009et 4,6% en 2010 », a déclaré le ministre des Finances,Trevor Manuel, en présentant le budget 2008 devant leParlement au Cap.Depuis 1999, l'Afrique du Sud enregistre une croissanceannuelle moyenne de 4,5% et, il y a un an, Trevor Manuelavait tablé sur un confortable 5% jusqu'à la fin de ladécennie.

Entre l’Etat et IFFCO, l’accord a été signé. Si le juge accepte le règlement des créances proposé, les ICS

seront à 85% propriété de la firme indienne.

ICS : accord avec IFFCO

Par Hance Gueye, Dakar

Le feuilleton de la recapitalisation desIndustries chimiques du Sénégal devraitenfin connaître son épilogue le 31 marsprochain. Le ministre de l’Industrie et desMines, Madické Niang, a annoncé jeudidernier qu’un accord définitif a été trouvéavec les Indiens d’IFFCO (Indian FarmersFertiliser Cooperative limited).

Le 31 mars, IFFCO soumettra une proposi-tion de règlement des quelque 530 millionsde créances au juge sénégalais qui avaitaccordé un concordat aux ICS pour arrêterles poursuites de leurs nombreux créan-ciers. La proposition serait de rembourserles dettes commerciales sur 2 ans et les

créances des banques locales sur 15 ans.Auparavant, les Indiens avaient proposél’abandon de 50% des créances.Proposition alors rejetée, par les banquesnotamment.L’accord, déjà signé avec le gouvernement,prévoit la recapitalisation à hauteur de 100millions de dollars contre 85% des actions.IFFCO s’engage, par ailleurs, à investir 100autres millions de dollars dans l’outil deproduction sur une période de trois ans.Elle concède à l’Etat 15% des actions ets’engage à lui rétrocéder 15% de la produc-tion d’acide phosphorique pour permettrela poursuite de la production d’engraisdont elle ne veut pas.En gage de bonne volonté, l’entrepriseindienne a déjà versé dix millions de dollarspour permettre la reprise de la production.Selon le ministre, l’objectif de productionde IFFCO sera de 600 millions de tonnes.Le seul point en suspens, à croire le minis-tre, est l’utilisation des installations ferro-viaires. Les Indiens veulent avoir uneconcession sur une voie propre qui pourraittoutefois être utilisée par d’autres usagers.Le ministère compétent a répondu que lesvoies ne peuvent faire l’objet d’une conces-sion. Néanmoins, un « accès prioritaire »peut leur être accordé. Un compromisserait sur le point d’être conclu sur ce der-nier point.

Emplois sauvésLe ministre Niang a déclaré toute sa satis-faction pour un accord avantageux pourle gouvernement. Ce n’est pas l’avis dessyndicats. Par la voix de MamadouMbodj, coordonnateur de l’intersyndical,ils estiment que l’Etat a été grugé dansl’opération. IFFCO n’aura rien déboursé,assurent-ils, puisque les 100 millions dedollars pour la recapitalisation ont déjàété engrangés par IFFCO grâce à l’impor-tante différence entre le prix de la tonned’acide phosphorique qui lui est accordé,566 dollars, contre 1400 dollars pour lecours mondial. IFFCO se serait ainsi acca-paré un outil évalué à un milliard de dol-lars, sans bourse délier. Ce contrat com-mercial, a révélé le ministre, valablejusqu’en 2012 ou 2013, réserve toute laproduction des ICS à IFFCO à l’exceptiondes 15% promis à l’Etat pour la produc-tion d’engrais. De même, s’agissant des2500 emplois sauvés selon le ministre, lesyndicaliste nuance fortement. Il s’agit enréalité de 2300 emplois, desquels il fautenlever environ 600 employés qui travail-lent sur les engrais qu’IFFCO ne produirapas et 200 qui partent à la retraite dans lesprochains mois. IFFCO n’a donc fait,selon les syndicats, aucune concession.Elle devra même à terme recruter pourfaire tourner ses usines.

Ce contrat commercial, arévélé le ministre, valablejusqu’en 2012 ou 2013,

réserve toute la productiondes ICS à IFFCO à l’exception des 15% promis à l’Etat pour

la production d’engrais.

La firme canadienne exige 100 millions de dollars de plus pour achever le plus grand projet engagé

actuellement dans l’industrie électrique algérienne.

Conflit à propos de la centrale de Hadjret En Nouss

Par Samy Injar, Alger

Un différend financier oppose, depuisquelques mois, les Canadiens de SNCLavalin et ses partenaires de la sociétéShariket Kahraba Hadjret En Nouss S.p.A.(S.K.H. S.p.A.), propriétaire de la méga-centrale en construction, à 110 kilomètresà l’ouest d’Alger. En dépit du fait que lepackage contractuel impose un prix decession non révisable, et deux fois supé-rieur aux coûts de production actuels del’électricité chez Sonelgaz, les Canadiensdemandent à leurs associés dans SKH unerallonge de 100 millions pour finir l’équi-pement. Ils en auraient demandé 200 mil-lions de dollars dans une premièrerequête. Le renchérissement des dépensesde réalisation sur les marchés mondiauxest le principal argument de SNC Lavalin.Sans cette rallonge, ils pensent qu’ils n’at-teindront pas le taux de rendement ducapital espéré.

« Le chantier n’est pas arrêté »Contacté par nos soins, GillianMacCormack, vice-president public rela-tions de SNC Lavalin, n’a pas voulu s’étalersur l’affaire. « Ce que je peux vous dire à pro-pos du projet Hadjret En Nouss, c'est qu'iln'est pas arrêté, et qu'il sera mené à terme. » Ses partenaires algériens, Sonatrach etSonelgaz principalement, ne l’entendentpas de cette oreille. Ils veulent rester dans laphilosophie du projet ou chaque entreprise« place ses risques chez l’autre », selon lespropres termes du 1er responsable de lacompagnie électrique algérienne, lors de lasignature des contrats. Une rencontre a eulieu le 23 janvier dernier à Alger pour tenterde régler le litige. Vu l’ampleur du désac-cord, elle a avalisé l’option de l’arbitrage.

Les parties soumettront la question à unexpert indépendant.

Un montage complexe pour « échan-ger les risques »Le financing project implique que la sociétéSKH doit assurer des revenus capables defaire face à ses charges et au remboursementde sa dette, sans avoir recours à ses action-naires et sans ajuster le coût de l’équipementet le tarif de vente du Kwh à Sonelgaz (1750da), contractuellement non révisables. Uneéquation complexe qui a indui 12 contratsdans le package global. La position de SNCLavalin, à la fois comme actionnaire dansSKH et comme réalisateur de la centralethermique, n’ajoute pas à la clarté. Larequête des Canadiens de payer 100 millionsde dollars de plus interpelle en réalité l’ache-teur de l’électricité de SKH, Sonelgaz à tra-vers ses filiales de distribution, plus que lesactionnaires de SKH.Lors de la signature des contrats, le PDGde Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, a pré-

venu que l’ambition de son groupe, entant que client de SKH, était d’obtenir letarif le plus bas possible, en transférant lemaximum de risques à la société de pro-duction, « à charge pour elle d’accepter lapossibilité de ne pas atteindre le taux de ren-dement du capital espéré ». Pour M.Bouterfa, dans ce type de projets, où lamatrice des risques est basée sur un jeu àsomme nulle, « chacun des acteurs s’évertueà placer le risque chez l’autre ».Sonelgaz, qui n’a pas encore communiquésur ce litige, ne veut pas céder car une cen-trale plus chère conduira, en bout dechaîne, a une augmentation du coût duKwh pour le consommateur final. Or, l’aug-mentation des tarifs de l’énergie électriquene dépend pas de Sonelgaz mais de l’auto-rité de régulation et du gouvernement.Elle a été repoussée à plusieurs reprises. Ladernière date de 2007. La mise en service deHadjeret En Nouss est prévue pour septem-bre 2008 dans le contrat. Les travaux accu-sent déjà trois mois de retard.

Un projet de 826 millions de dollars pour 1227 mégawattsD’une capacité totale de 1227 MW, lanouvelle centrale va coûter 826 millionsde dollars, alors que le capital final de laSKH SPA est de 248 millions de dollars,soit 30% de l’investissement. SKH est détenue à 51% par la sociétéAlgerian Utilities International Limited(AIUL) et à 49% par trois entreprises algé-riennes : Sonatrach, Sonelgaz et AEC(Algerian Energy Company). AIUL estdétenue à 51% par SNC Lavalin et à 49%par Mubadala Development Company,société d’investissement et de développe-ment, propriété du gouvernement d’AbuDhabi. En plus des 248 millions de dollars

des actionnaires, le financement de cetinvestissement est assuré à hauteur de 578millions de dollars par trois banques publi-ques algériennes (la BEA, la BNA et laCNEP Banque) et ce, sur la base d’unfinancement sans recours. La phase rela-tive à la sélection pour le contrat EPC s’estachevée en décembre 2005, par le choixde SNC Lavalin. Le contrat liant, depuisfévrier 2006, les investisseurs et l’acheteurde la production d’énergie a été laborieu-sement négocié. Sonelgaz est distributeurunique d’électricité en Algérie, même si laréforme de 2002 a ouvert cette fonction àla concurrence.

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ENTREPRISES ET MARCHES 13Les Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008

Mondial 2010 : l’Afrique du Sud rallonge l’additionL'Afrique du Sud a décidé d'allouer en 2008 près de 275 mil-lions d'euros supplémentaires à l'organisation de la Coupe dumonde 2010 de football, a annoncé mercredi le ministre desFinances, Trevor Manuel. « La construction des stades progresserapidement, c'est pourquoi nous avons décidé d'avancer d'un anle versement de 1,9 milliard de rands (168 millions d'euros) », ini-tialement prévu pour 2009-2010, a-t-il déclaré.

Maroc : les pêcheurs reprennent la merEn grève depuis plusieurs semaines, la flotte côtière marocaine arepris la mer depuis le lundi 18 février 2008, suite à un accordtrouvé avec le ministère de tutelle. Ledit accord porte sur la réduc-tion du prix du gasoil et la réduction des prélèvements sur lesventes. La tonne de gasoil vaudra 5000 dirhams. Grand exporta-teur de poissons, le Maroc a enregistré 823 000 tonnes de pois-sons pêchés pour une valeur de 3,66 milliards de dirhams.

L’évaluation à mi-parcours du Document stratégie pays (DSP) du Cameroun par la BAD donne des

résultats encourageants dans la lutte contre la pauvreté, qui touche plus de 40% de la population.

Lutte contre la pauvreté auCameroun : pari à moitié gagné

Par Robert Adandé, Dakar

Depuis 2003, le Camerouns’est doté d’une stratégie deréduction de la pauvreté (SRP)soutenue par la communautéinternationale. Le programmedu gouvernement, pour l’es-sentiel, semble se déroulerconformément aux séquencesprévues, ce qui lui vaut d’avoirconclu les quatre premières

revues de la facilité pour laréduction de la pauvreté etpour la croissance, FRPC (juil-let 2005-juin 2008) du FMI, etlui permet d’envisager unenouvelle FRPC, pour soutenirles trois prochaines années(juillet 2008-juin 2011) duDSRP II en cours de finalisa-tion. Après un atermoiementen 2005, la croissance écono-mique s’est légèrement amé-

liorée grâce à l’accroissementde la valeur ajoutée des sec-teurs pétrolier, forestier et BTP.

Indices prometteursLa position budgétaire s’estaméliorée entre 2005 et 2006,du fait d’un accroissementdes recettes budgétaires.Cependant, des efforts restentà fournir pour une meilleureexécution des dépenses en

capital. Par rapport au PIB, lesolde global (dons exclus) estpassé de 2,2% en 2005 à 2,9%en 2006. Par ailleurs, le tauxd’inflation, qui avait atteintun niveau élevé de 5,1% en2006, connaît une forte décé-lération pour atteindre 1,5%à 2% en 2007. Pour une plusgrande maîtrise de la dépensepublique, le gouvernement aréalisé entre 2005 et 2007 l’as-

sainissement du fichier solde,grâce à l’identification dessalaires et indemnités fictifs.La plupart des objectifs fis-caux et financiers du pro-gramme du gouvernementont été atteints, entre 2005 et 2007. Depuis 2006, labalance commerciale glo-bale présente un excédent dufait de la bonne tenue descours du pétrole, ce qui per-met une couverture desengagements à vue par lesavoirs extérieurs avoisinant80%. La hausse des cours etde la production de pétroleainsi que l’augmentation du

volume des exportationsnon pétrolières ont amélioréla position du compte cou-rant qui est passée de -3,4%en 2005 à -0,5% en 2006.Cependant, cette accalmiemasque la dégradation de lacompétitivité de l’économiecamerounaise, du fait d’uneappréciation du taux dechange effectif réel. Cettesituation est due à la haussede l’inflation en 2006 et àl’appréciation de l’euro parrapport au dollar. L’essentieldes recettes extérieures sefait en dollars (pétrole, bois)et les importations en euros.

Dans le secteur de l’éducation, le Cameroun a enregistré une augmentation du taux net de scolarisation dans le primaire,approchant la moyenne des 15 pays

d’Afrique francophone (80,4%).

Résultats mitigésDans le secteur de l’éducation,le Cameroun a enregistré uneaugmentation du taux net descolarisation dans le primaire,approchant la moyenne des 15pays d’Afrique francophone(80,4%). Dans le secteur de lasanté, malgré une baisse ten-dancielle, le taux de mortalitéinfantile reste supérieur à lamoyenne africaine, l’espérancede vie continue de stagnerdepuis le début de la décennieet reste autour de 46 ans (prèsde 52 ans pour l’Afrique).Au cours de la période 2005-2007, l’intervention de laBAD s’est déroulée demanière globalement satisfai-

sante. La promotion de labonne gouvernance a été bienexécutée. En revanche, résul-tats mitigés pour la luttecontre la pauvreté. Les infra-structures approuvées pour lesecteur de l’eau et de l’assai-nissement ont été plus lentesque prévues à réaliser.En tirant les leçons de sa straté-gie antérieure, le gouverne-ment, tout en conservant ses priorités d’intervention,compte améliorer les modalitéspour le DSRP II en cours definalisation. La BAD continuerade mettre l’accent sur la pro-motion de la bonne gouver-nance et les infrastructures.

Cameroun : Taux de croissance du PIB réel (%)Afrique : Taux de croissance du PIB réel (%)Cameroun : PIB par habitant (US $)Afrique : PIB par habitant (US $)

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ENTREPRISES ET MARCHES14 Les Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008

Entretiens entre Poutine et BouteflikaLe président russe Vladimir Poutine s'est entretenu mardi auKremlin avec son homologue algérien en visite, AbdelazizBouteflika, et il s'est engagé à un resserrement des liens économi-ques et commerciaux ainsi que de la coopération énergétique avecle pays d'Afrique du Nord. « Il est extrêmement important pour nousd'être en contact sur les questions liées à l'énergie, surtout alors quel'Algérie préside cette année l'OPEP », a indiqué M. Poutine, cité parles agences de presse russes Interfax et Itar-Tass. L'Algérie est le qua-trième exportateur mondial de gaz naturel et elle occupe la 14e

place des producteurs de pétrole. Les pétrodollars représentent plusde 97% des revenus en devises étrangères de ce pays membre del'OPEP et ils sont le pillier de son économie nationale.

L’Afrique du Sud va consacrer 60 milliards de rands pour l’électricitéL'Afrique du Sud va consacrer, sur une période de cinq ans, unmontant de 60 milliards de rand (plus de 7,9 milliards USD) àla compagnie nationale de production et de distribution d'élec-tricité Eskom, pour l'assister à dépasser la crise énergétique quiaffecte la plus grande économie d'Afrique, a annoncé mercredile ministre des Finances, Trevor Manuel. Cette somme seramobilisée à partir des prêts et de la réserve d'urgence du Trésordestinée à financer les besoins imprévus, sans entraîner unendettement du gouvernement.

Le Nigeria veut accélérer sonprogramme énergétique Le Nigeria produira un supplément de 6000 mégawatts d’électri-cité dans un délai de 18 mois. La décision a été prise par la com-mission présidentielle, composée de 11 membres et chargée dudéveloppement des infrastructures énergétiques du pays. LeNigeria veut accroître de 11 000 mégawatts sa capacité de produc-tion d’ici l’horizon 2011. Le plan de développement sera soumisà un audit technique et financier destiné à faire le point sur l’in-frastructure existante et à identifier les besoins en financement.

L’Egypte lance un appel d’offres pour le développement du nord-ouest du golfe de SuezL'Egypte a annoncé mercredi qu'elle lancerait un appel d'offresinternational jeudi pour le développement de la première zoneéconomique égyptienne dans le nord-ouest du golfe de Suez, arapporté l'agence de presse égyptienne MENA. Le projet porte surla modernisation des infrastructures d'une surface de 20,4 km2,au sein de la zone économique, pour installer davantage de pro-jets de petite et moyenne tailles et créer des emplois, a expliquéAsem Ragab, chef de l'Autorité générale des zones franches et desinvestissements. Les entreprises internationales doivent présenterleur candidature avant le 30 juin 2008, a-t-il précisé.

Excédent commercial algérien en janvierL'Algérie a réalisé en janvier 2008 un excédent commercial de1,94 milliard de dollars, a annoncé mercredi le Centre nationalde l'informatique et des statistiques (CNIS). Pendant cettepériode, les exportations algériennes ont atteint 4,48 milliardsde dollars, en hausse de 5,48% sur la même période de 2007,tandis que les importations étaient de 2,54 milliards de dollars,soit une augmentation de 11,60%. Les hydrocarbures conti-nuaient à représenter l'essentiel des ventes de l'Algérie versl'étranger, avec 97,33% de la valeur globale.

Les travaux du Port d’Abidjandébutent au mois de maiLa Côte d'Ivoire va entamer en mai les travaux d'extension duPort autonome d'Abidjan (PAA), leader en Afrique de l'Ouestet point de passage de 90% de ses échanges avec l'extérieur, aannoncé lundi Marcel Gossio, directeur du PAA. D'un coût de100 milliards de FCFA (152,5 millions d'euros), l'extension quiva « démarrer le 5 mai devrait permettre d'accueillir de gros navi-res. Les travaux vont permettre d'accroître les tirants d'eau, pas-sant de 12 à 15,5 mètres, capables d'accueillir de grands porteursde 350 mètres de long », selon les responsables du PAA.

C’est le premier acte d’investissement d’Orascom Constructions Industries depuis la cession de sa

filière ciment au groupe français Lafarge.

Orascom Construction absorbe la division engraisd’Abraaj Capital

Par Sana Harb, Alger

Le conglomérat égyptien OrascomConstruction Industries (OCI) va ache-ter la division d'engrais d'Abraaj Capital,une société basée à Dubaï, pour 1,6 mil-liard de dollars, plus une reprise de dettede 1,1 milliard de dollars, soit un total de2,7 milliards de dollars (1,8 milliardd'euros). Cette nouvelle acquisitiondevrait permettre au groupe de devenir,selon Nassef Sawiri, le 5e producteurmondial d’engrais à l’horizon 2010. Legroupe prend ainsi le contrôle à 100% del’entreprise d’engrais égyptienne EFC,qui dispose d’une capacité de productionde 1,27 million de tonnes par an d’am-moniac et d’urée, et dont la capacité seraportée à 1,47 million de tonnes en 2010.EFC détient également une participationde 20% dans Notore Chemical IndustriesLimited (NCIL), au Nigeria, d’une capa-cité de 500 000 tonnes, qui est en cours

de réhabilitation et qui pourrait redé-marrer à la mi-2008. Orascom Industrieparticipe aussi à 51% dans un projet decomplexe d'ammoniac et d'urée à Arzew,dans l'ouest de l’Algérie. Il s’agit d’unpartenariat avec Sonatrach, la sociétépublique d’hydrocarbures qui détient49% de l’entreprise commune, la Sorfert,Orascom en détenant 51%. Le complexe,dont l’entrée en activité est prévue pour2010, comprend une unité de produc-tion d'ammoniac et d'urée d'une capa-cité de 1 million de tonnes par an etd'une seconde unité de productiond'ammoniac de 700 000 tonnes.

Trésor de guerreOrascom va ouvrir une nouvelle usined'engrais en août prochain, à Sokhna, surla mer Rouge. Le groupe envisage d’au-tres investissements dans un secteur quiva représenter près de 50% des bénéficesd’ici 2009. Sawiris se défend de sauter

d’un secteur à l’autre. Il pense qu’avec lesengrais, le groupe est dans « le jeu ». Legroupe table sur une forte hausse de lademande d’engrais, notamment dans les

économies émergentes comme la Chineet l’Inde. En décembre dernier, OCI indi-quait qu’il envisageait l’achat d’actifsdans le secteur des engrais, de l’assainis-sement et des transports, grâce aux 12,9milliards de dollars générés par la ventede ses cimenteries.

Cette nouvelle acquisitiondevrait permettre au groupe

de devenir, selon NassefSawiri, le 5e producteur

mondial d’engrais à l’horizon 2010.

L’enthousiasme n’est pas retombé, mais les difficultés pour lancer le métier banque à la poste s’accu-

mulent, alors qu’Algérie Poste manque de soutien.

Accouchement compliqué del’activité bancaire d’Algérie Poste

Par Ihsane El Kadi, Alger

Algérie Poste, qui vient de fêter son cin-quième anniversaire, voulait faire de2008 l’année du lancement de la banquepostale, mais les obstacles à lever ralen-tissent le chantier. La directrice d’AlgériePoste, Mlle Ghania Houadria, qui a lancéle projet une année plus tôt, ne se laissaitpas démonter dans une déclaration à lapresse à la fin de l’année dernière : « Jecrois qu’Algérie Poste a tout ce qu’il fautpour passer à une banque. Nous avons unréseau qui est assez dense et que les ban-ques nous envient. Les banques étrangèresqui sont installées ici sont nos partenaires,comme c’est le cas de Cetelem. Il y a mêmedes banques d’assurances qui demandentnotre partenariat. Pourquoi ne pas offriraussi nos propres services à nos clientsCCP. Nous avons aujourd’hui 9 millionsde clients ».

Beaucoup de préalables requisLa réalité se révèle plus complexe. Lesatouts avérés d’Algérie Poste sont aussides handicaps. Le réseau est certes le plusdense du pays, mais les locaux d’AlgériePoste, souvent exigus, abritent déjà deuxmétiers, le courrier et les services de chè-ques postaux. La venue d’un troisièmemétier, la banque, n’est pas possible par-tout. Les 9 millions de clients d’AlgériePoste sont en fait des clients captifs.Fonctionnaires et retraités du secteurpublic reçoivent obligatoirement salaireset pensions sur un compte de chèquepostal. Pour entrer dans l’activité ban-caire, il faudra supprimer ce monopolede fait et permettre à Algérie Poste deconserver ses dépôts, ce qui n’est pas lecas actuellement. Les CCP sont, de plus,un correspondant du Trésor public : nonseulement les avoirs créditeurs des parti-culiers et des entreprises économiques

doivent être souscrits en bons du Trésor,mais, « c'est au nom et pour le compte del'Etat que les services de la poste assurentla tenue et la gestion des CCP des compta-bles et régisseurs publics », rappelle l’ex-pert Mustapha Baba Ahmed.Algérie Poste n’a donc pas le droit d’uti-liser les dépôts qui transitent par les CCP.Le premier pas vers une activité bancaireimpliquerait, d’abord, que les clientsCCP autorisent Algérie Poste à utiliser,contre rémunération, leurs dépôtspour des opérations financières. Riende simple là aussi, car la loi exige uneséparation nette entre « d'une part lesflux financiers liés aux CCP en tant queprolongement du Trésor, et d'autre partles fonds de nature bancaire. Les pre-miers relèvent de la comptabilité publi-que alors que les seconds sont de typecommercial ».

LiquiditésLe lancement des services bancairesd’Algérie Poste, qui a un statut semi-commercial, dépend finalement de samise en conformité avec la loi sur lamonnaie et le crédit (LMC), de lavolonté politique du gouvernement,en définitive, et de la célérité de la ban-que d’Algérie à donner « les accordsnécessaires ». Rien d’acquis dans lecontexte actuel. Le ministre de tutelled’Algérie Poste, Boudjemâa Haichour,en charge des Télécommunications etdes Technologies de l’information, esten polémique ouverte avec la banqued’Algérie, accusée de ne pas assurer auréseau des chèques postaux un approvi-sionnement suffisant en liquidités, cequi provoque des nuisances quotidien-nes dans les bureaux de poste. En outre,la promotrice du projet banque postale,Mlle Houadria elle-même, ne bénéficieplus du meilleur soutien de son minis-

tre. Son départ a même été annoncé,puis démenti en janvier dernier.

La Poste françaiseLa filialisation de l’activité banque de laposte paraît, aujourd’hui, le chemin leplus sûr pour lancer les activités finan-cières d’Algérie Poste. L’assistance seraégalement nécessaire. Une joint-ventureest dans les tuyaux avec la poste fran-çaise, « avec laquelle nous avons uneconvention dans laquelle la poste fran-çaise nous assiste dans le cadre de diffé-rentes actions et en l’occurrence cetteaction de banque postale. L’assistance vase faire par cette convention. Le contratdétermine toutes les conditions et lesobligations de l’un et de l’autre qui ontété arrêtées pour que cette joint-venturede droit algérien puisse opérer dans ledomaine du conseil et du marketing »,explique Mlle Houadria.

Algerie Poste.

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GESTION PUBLIQUELes Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008 15

Burkina-Faso : des expertsde l’Union africaine font le point sur la gouvernanceUne équipe d'experts de l'Union africaine (UA) a entamélundi à Ouagadougou une évaluation de la gouvernanceéconomique et politique du Burkina-Faso dans le cadredu Nouveau partenariat pour le développement del'Afrique (Nepad). Les experts doivent évaluer les « forcesmais aussi les faiblesses » du pays dans les domaines de lagouvernance politique et démocratique, la gouvernanceéconomique, la gestion financière, la gouvernance desentreprises et du développement socio-économique, adéclaré à la presse le chef de la mission, l'AlgérienMohammed Feghir Babès.

Réunion des institutionsfinancières arabes à SanaaLa capitale yéménite Sanaa abritera, début avril pro-chain, les travaux de la 37e réunion annuelle des insti-tuions financières arabes, destinés à mieux coordonnerles actions de ces institutions. Elle connaîtra la partici-pation du Fonds arabe pour le développement économi-que et social (FADES), du Fonds monétaire arabe(FMA), de l'Organisation arabe de garantie des investis-sements (OAGI), de l'Autorité arabe pour l'investisse-ment et le développement agricole (AAAID) et de laBanque arabe pour le développement économique enAfrique (BADEA).

L’ONU consacre 100 milliards de FCFA à la Côte d’IvoireLe représentant spécial du secrétaire général de l'ONU enCôte d'Ivoire, Choi Young-Jin, a indiqué mercredi àAbidjan que la communauté internationale met à la dispo-sition du gouvernement ivoirien plus de 100 milliards deFCFA pour sortir le pays de la crise. Ce fonds provient dela Banque mondiale, de la Banque africaine de développe-ment (BAD), du Fonds monétaire international (FMI), del'UE, de l'ONU et des bailleurs de fonds bilatéraux, arelevé M. Choi lors de sa première conférence de pressedepuis sa prise de fonctions à Abidjan. Selon le patron del'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI),cette manne servira à financer des parties substantives duprogramme d'urgence post-crise, notamment le servicecivique, la réinsertion sociale, la réhabilitation commu-nautaire ainsi que le processus électoral, à l'exception desprestations de l'opérateur technique.

L’UE appuie le programmeroutier mauritanienL’Union européenne a accordé à la Mauritanie un finance-ment de 2,2 millions d’euros destiné à appuyer la réformedu secteur des transports terrestres dans ce pays. Le projet,objet de ce financement, interviendra à travers quatre axesque sont l’appui à une mise en œuvre effective de mesuresincluses dans le code de la route, le renforcement des capa-cités de la direction générale des transports terrestres, l’ap-pui à la mise à niveau du parc de véhicules et le renforce-ment des capacités des acteurs de la filière. La coopérationentre Nouakchott et Bruxelles s’était traduite jusque-là parune forte prédominance du secteur des transports quiconcentre à lui seul plus de 80% des montants alloués autitre du partenariat euro-mauritanien.

Une délégation économiquechinoise au TogoUne délégation économique et commerciale du gouverne-ment chinois, conduite par son vice-ministre du CommerceWei Jianguo, est arrivée jeudi à Lomé pour effectuer unevisite de trois jours au Togo. A sa descente d'avion, à l'aéro-port international Gnassingbé Eyadèma de Lomé, WeiJianguo a été accueilli par le ministre d'Etat, ministre desAffaires étrangères et de l'Intégration régionale du Togo,Léopold Messan Gnininvi, et l'ambassadeur de Chine auTogo, Yang Min. La visite de la délégation chinoise au Togos'inscrit dans le cadre de la consolidation et du développe-ment continus des relations d'amitié et de coopérationentre les deux pays, notamment dans les domaines écono-mique et commercial.

L’Union économique et monétaire ouest-africaine a obtenu de la Banque africaine de développement

23 millions d’euros pour la maintenance des infrastructures sociales.

L’UEMOA veut maintenir les infrastructures sociales

Par Aliou Diongue, Dakar

Les infrastructures sociales concernentles infrastructures marchandes (marchéscentraux, abattoirs, auto-gares, espacescommerciaux, jardins communaux), lesinfrastructures sociales (écoles primai-res, collèges et lycées, etc.) et publiques(le lotissement).L’Union économique et monétaire del’Afrique de l’Ouest (UEMOA) s’emploieà promouvoir, dans les huit pays mem-bres, des politiques et des stratégiesvisant à garantir une maintenance de cesinfrastructures. Avec l’appui financier dela BAD, elle a fait entreprendre une étudevisant à élaborer une batterie de straté-gies, ainsi qu’un plan d’action, destinés àaccompagner les efforts des collectivitésdécentralisées des pays membres pourallonger l’espérance de vie des infra-structures sociales.Étalée sur une période de quinze mois,l’étude a permis, dans une première phase,de faire le diagnostic de l’état des infra-structures sociales dans les pays del’UEMOA. Le plan d’action issu de ce diag-nostic a été examiné et validé au cours d’unatelier qui s’est tenu les 6 et 7 février 2008 àOuagadougou. L’Union a prévu un budgetde 15 milliards de FCFA (23 millions d’eu-ros) pour la mise en œuvre du plan d’ac-tion dans les huit pays membres.

Une approche nouvelleLa Banque mondiale professe que les infra-structures sociales sont un facteur clé dansla réduction de la pauvreté, la stimulationde la croissance et la réalisation desObjectifs de développement pour le millé-naire (ODM). Problème : sitôt construites,elles se dégradent très rapidement, en rai-son d’une gestion déficiente et d’un déficitde maintenance. Elles ne sont pas rentabili-sées parce qu’elles ne sont pas durables.Leur détérioration oblige les décideurs àchercher de nouveaux financements et àremettre l’ouvrage sur le métier, en réhabi-litant, voire en reconstruisant, tout simple-ment. Le développement local et l’amélio-ration des conditions de vie des popula-tions les plus défavorisées se trouvent ainsihypothéqués par une gouvernance dou-teuse, dans le cadre de collectivités décen-tralisées et d’Etats disposant de moyens trèslimités. En effet, ces infrastructures neséduisent pas les investisseurs.

Baisse des investissementsSelon la Banque mondiale, les investisse-ments privés dans ce secteur ont fortementchuté, passant de 128 milliards de dollars en1997, année où ils ont atteint leur apogée, à58 milliards en 2002. Si les investissementsdu secteur privé dans les projets d’infra-structure, ont ensuite recommencé à croî-tre, passant de 62,5 milliards de dollars en

2003 à 100,9 milliards de dollars en 2006, ilssont majoritairement concentrés dans lesecteur des télécommunications. Par ail-leurs, souligne la Banque mondiale, envi-ron 70% des dépenses d’infrastructuresactuelles sont couvertes par le financementpublic contre seulement 20% par des inves-

tissements privés. L’aide publique au déve-loppement, elle, finance seulement 10%environ du total des investissements dansl’infrastructure.En ce qui concerne la Banque mondialeelle-même, ces prêts d'investissementdans ce secteur sont tombés de 9,5 mil-liards de dollars en 1993 à 5,5 milliards en2002. Au cours de l’exercice 2007, les prêtsoctroyés par la banque dans ce secteuratteignaient 10,3 milliards de dollars. Lespays en voie de développement dépensentaujourd’hui en moyenne 3% à 4% de leurPIB par an dans le domaine de l’infra-structure, alors qu’ils devraient allouerenviron 7% de ce PIB annuel aux nou-veaux investissements ainsi qu’à la main-tenance de l’infrastructure existante pourrelever les défis en termes d’accès.

Leur détérioration oblige les décideurs à chercher

de nouveaux financements.

Selon un rapport officiel, les coûts des entreprises camerounaises sont élevés et freinent les élans

d’investissement des opérateurs économiques.

Quand les coûts freinent la croissance camerounaise

Par François Bambou, Yaoundé

Les coûts constituent-ils un obstacle à l’in-vestissement et à la croissance auCameroun ? Oui, répondent les auteursd’une étude commandée par le Ministèrecamerounais des finances. Cette étudeconsistait à exploiter les déclarations statis-tiques et fiscales des entreprises pour analy-ser la structure des coûts des entreprises,puis, à mener une sorte de sondage auprès

de chefs d’entreprise représentatifs de diffé-rents secteurs, pour recueillir leurs analysessur l’environnement des affaires.

Faible rentabilitéL’exploitation de ces données révèle queglobalement les coûts sont élevés et bridentl’élan des investisseurs. Selon cette étude, lesentreprises produisent à des coûts unitairesautour de 0,8. En clair, pour produire unbien d’une valeur de 1 FCFA, les entreprisesdoivent dépenser environ 0,8 francs. Enconséquence de quoi les entreprises came-rounaises connaissent une faible rentabilitéet sont peu compétitives. Plusieurs groupesde facteurs alourdissent les coûts des entre-prises camerounaises. La première catégorie

est constituée des intrants tels que les matiè-res premières. Elles constituent les chargesles plus importantes pour les entreprises,dans la mesure où elles représentent enmoyenne 50 à 80% des coûts de l’entreprise.La seconde catégorie, constituée des chargestelles que l’énergie, le loyer, l’entretien,pèsent de 23 à 40% sur les cours de l’entre-prise, selon les secteurs. Les charges du per-sonnel grèvent en général 9% du chiffred’affaires et représentent en moyenne 14%des coûts globaux.Les charges fiscales repré-sentent environ 3% des coûts, sauf dans lesecteur de l’exploitation forestière où la fis-calité représente 15% des coûts.

Frein à la dynamique Selon les experts qui ont réalisé l’étude,« il apparaît que le ratio coûts deproduction/chiffre d’affaires est élevé » ; ce quiaurait pour effet de réduire leur capacité àinvestir. En effet, le niveau élevé des coûts deproduction et des transactions a un impactnégatif sur la compétitivité des entreprises.La comparaison des coûts au chiffre d’affai-res est assez explicite car, en 2006, certainesbranches consacrent plus de 60% de leurchiffre d’affaires à l’achat de matières pre-mières. Il y a néanmoins un contrasteimportant d’un secteur à l’autre. Par exem-ple, l’examen des coûts unitaires montreque ceux-ci varient de 1,6 F pour la branchela moins rentable (fabrication de papier etarticles en papier) à 0,58 F pour les branchesles plus rentables (télécommunications etfabrication de produits métallurgiques).Sur les facteurs qui conduisent à un telalourdissement des coûts, les chefs d’entre-

prise sondés dénoncent pèle-mêle les lour-deurs, lenteurs et tracasseries administrati-ves, les contrôles multiples et intempestifs(impôts, police, gendarmerie), la contre-bande, la fiscalité inadaptée, les restrictionsà l’accès aux crédits bancaires, le rationne-ment de l’énergie électrique, l’état dégradédes infrastructures (énergie, routes, télé-communications) ainsi que l’insécuritéjuridique et judiciaire. Les experts consta-tent que du fait des ces freins à la dynami-que de l’économie, « pour 2/3 des entrepri-ses les capacités de production s’en trouventréduites de plus de 25, voire 50% ». Ainsi, lerationnement de l’énergie électriqueentraîne une réduction de 40 à 50% dutaux d’utilisation des capacités de produc-tion dans les industries. Il est donc impé-rieux de parvenir à une réduction des courscar l’impact d’une telle opération ne seraitque bénéfique pour la croissance économi-que. D’autant qu’au Cameroun, les salairessont bas et offrent de ce fait un avantagequi, couplé à la faiblesse d’autres coûts,devrait permettre aux entreprises camerou-naises d’être plus compétitives, et d’aller à laconquête des marchés extérieurs. « Unecontraction des coûts, estiment les rédac-teurs de ce rapport, aurait des effets positifssur la santé des entreprises en particulier et del’économie nationale en général. D’après lessimulations, une réduction des cours, notam-ment ceux des matières premières importéesde l’ordre de 10 à 30%, entraînerait une aug-mentation de la valeur ajoutée des entrepri-ses à hauteur de 6 à 18%, avec un impact surla croissance réelle dont le taux pourrait excé-der 6% en 2011 ».

Ainsi, le rationnement del’énergie électrique entraîneune réduction de 40 à 50%

du taux d’utilisation descapacités de production

dans les industries.

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DROIT, FISC, DOUANES16 Les Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008

16 pays africains se concertent sur les APELes ministres du Commerce de 16 pays de l'Afrique de l'Ouest sesont concertés, à Nouakchott, dans le cadre des négociationsconcernant les Accords de partenariat économique (APE) avecl'Europe. « L'accord (sur les APE) doit être un accord global, juste,équitable, mutuellement avantageux avec l'Europe », a indiqué lePremier ministre mauritanien Zeine Ould Zeidane à l'ouverture dela réunion. « Nous devons analyser les choix qui s'imposent en lamatière pour que le nouvel accord soit porteur de développement », a-t-il affirmé. Les travaux réunissent les ministres des 15 pays de laCommunauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest(CEDEAO) et la Mauritanie.

La Zambie adopte un texte sur la taxe du secteur minierLe Parlement zambien a adopté mardi trois projets d'amendementsoumis par le ministre des Finances et du Plan national, Ng'anduMagende, pour régler trois taxes, dont celle sur le secteur minier,rapporte mercredi le quotidien Times of Zambia. Les deux autresprojets d'amendement concernent la taxe sur la valeur ajoutée(TVA) et les droits de douane. Ces projets d'amendement font par-tie de nouvelles mesures introduites dans le budget national decette année, présenté en janvier dernier par M. Magande, qui a sou-ligné la nécessité d'adopter au plus vite ces mesures.

Cotonou, capitale des administrations fiscales120 délégués, représentant 23 pays et huit organisations interna-tionales, ont entamé à Cotonou le lundi 18 février 2007 les tra-vaux de l’Assemblée générale et le 23e colloque du Centre de ren-contres et d'études des dirigeants des administrations fiscales(Credaf), sous le thème : « Administrations de service : la relationà l'usager et le civisme fiscal ». Au terme des travaux, qui ont durécinq jours, le Bénin a pris la relève du Togo qui vient de diriger leCentre de rencontres et d'études des dirigeants des administra-tions fiscales pendant un an.

Mesures fiscales en faveur des commerçants gabonaisLes commerçants du Marché central Mont Bouet de Libreville, réu-nis au sein du syndicat national des commerçants du Gabon(SYNACOGA), et l'Association des commerçants du Gabon, ontexprimé, au cours d'un point de presse lundi à Libreville, leur sou-lagement après l'annonce de la suspension des contrôles des taxes ausein des marchés de la capitale gabonaise. Cette mesure a été prisepar les responsables de la Délégation spéciale de la ville de Libreville,arrivés à la tête de la mairie après la fin du mandat des élus locaux.

Rencontre à Laâyoune sur la lutte contre le blanchimentd’argentLa prévention du blanchiment de capitaux, garant d'une éco-nomie saine, est le thème d'une rencontre régionale organiséejeudi à Laâyoune dans le cadre d'une campagne nationale lan-cée en octobre dernier à l'initiative de Bank Al-Mahgrib. Cettemanifestation, initiée en collaboration avec les Ministères de lajustice et de l'économie et des finances, vise à expliciter lecontenu et la portée des dispositions de la loi N-43-05 relativeà la lutte contre le blanchiment de capitaux.

Réunion des banques centrales maghrébinesRéunies jeudi à Tripoli, les banques centrales maghrébines cherchentà unifier leurs positions. En ouverture de la 7e session ordinaire duConseil des présidents des banques centrales dans les pays del'Union du Maghreb arabe (UMA), les responsables de ces institu-tions ont rappelé la nécessité de la coopération et de la coordination.

Après l'assouplissement des étapes administratives pour faciliter la création et la gestion des entre-

prises, Maurice libère désormais l'accès à l'immobilier pour les étrangers.

L’immobilier mauricien plusaccessible

Le gouvernement mauricien avance danssa stratégie d'attraction de capitauxétrangers. Fort du succès de l'IRS, le gou-vernement introduit le Real EstateScheme (RES), comme annoncé lors deson dernier exercice budgétaire.IRS, premier plan de libéralisation del'immobilier aux étrangers, a le mérited'être sélectif et restrictif. Tout achatd'unité résidentielle sous ce plan étaitsujet à une valeur minimum de USD500 000. A la clé : un permis de rési-dence permanente aussi longtempsque le bien est tenu sous propriété.Bien qu'attrayant et accessible auxdétenteurs de gros capitaux, ce plan nepouvait aspirer à s'adresser à uneclientèle plus large. Même handicap auniveau des promoteurs locaux ; la miseen place d'un projet IRS requiert unemobilisation des ressources – pasnécessairement à la portée de tous.

Marché étrangerLe RES s'adresse à ces handicaps dans l’op-tique d’ouvrir davantage l’accès à l’immo-bilier, et ce en créant des possibilités d’af-faires pour les Mauriciens. Les restrictionsde l’IRS sont, du coup, enlevées. Les pro-moteurs peuvent se lancer dans des projetsRES sur un lot de terrain d’une superficieminimum de un arpent (maximum 10hectares) en construisant des villas haut degammes pour le marché étranger. L’attraitde ce plan repose sur l’inexistence d’unprix d’achat minimum (contrairementaux USD 500 000 sous le IRS) et la totaleliberté pour la vente à une clientèle étran-gère. Cependant, aucun permis de rési-

dence permanente n’est octroyé commesous IRS où l’acheteur peut séjournerlibrement à Maurice aussi longtemps qu’ilest propriétaire de sa villa. Il est sous-entendu qu’avec le RES, un étranger peutacheter sa villa à Maurice et peut y séjour-ner pour une durée de six mois dans l’an-née sur un visa touristique, s’il n’est pas unexpatrié vivant déjà à Maurice ou déten-teur d’un permis Retraite.Mais il n’est pas question, ici, de créer despossibilités de spéculation au détrimentdes petits propriétaires ou de laisserlibrement les terres mauriciennes entreles mains des étrangers à gros capital. Ceplan a été justement défini de façon àfaire rentabiliser les petits terrains agri-coles jadis sous culture de la canne, entreautres. L’enlèvement des quotas sur lesucre et la reforme sucrière imposéeobligent le gouvernement à trouver dessolutions durables pour la rentabilisa-tion de ces terres.

Pas de spéculationAfin qu’un projet soit éligible pour leRES, il doit observer certaines condi-tions fondamentales. Il est évident queceux possédant les terres ne détiennentpas obligatoirement les compétencesde promoteurs fonciers. Ainsi, le pro-priétaire désireux de transformer sonterrain en projet RES doit s’associeravec des promoteurs – développeurscompétents. Les risques de voir sa pro-priété glisser entre ses mains est mini-misé, car il est obligatoire qu’il soit unélément actif et important dans l’inté-gralité du projet. En bref, les promo-

teurs doivent observer les conditionssuivantes. Primo, le propriétaire doitavoir tenu en propriété son terrainpour au moins cinq ans avant le projet.Secundo, il devra être un actionnaireimportant dans le projet et le resteraau moins un an après la concrétisationdu projet. La première condition vise àassurer qu’aucune acquisition n’estfaite dans l’intention d’enlever à unpropriétaire son terrain pour le trans-former en projet RES. La deuxièmegarantit que le propriétaire profite desventes de villas sous le RES.Les acheteurs étrangers devront avoir, aupréalable, l’aval du Board of Investment etleurs acquisitions doivent être financéspar les fonds provenant de l’étranger.

Libre choixIl n’existe aucune restriction quant auxprix de vente des villas sous RES. Lespromoteurs ont libre choix pour lesconcepts architecturaux et la promotionde leurs produits. Quant au marché, ilest bien évidemment intéressant car il secompose de la communauté étrangère,détentrice de dollars et d’euros. Le pay-sage mauricien est appelé à connaîtreun lifting certain avec le démarrage dece plan – déjà, une semaine après sonlancement, plus d’une douzaine de dos-siers étaient présents entre les mains duBoard of Investment, autorité qui gèreces demandes.

Frankie TANGNexia Consulting

[email protected]

Le COMESA veut accélérer la cadence pour instaurer l’union douanière le 8 décembre prochain.

Union douanière en décembrepour le COMESA Par Hance Gueye, Dakar

Le Marché commun de l’Afrique del’Est et de l’Afrique australe (CommonMarket for Eastern and SouthernAfrica), qui regroupe dix-neuf pays surune superficie de 12 millions de km2

pour 389 millions d’habitants et unPNB de 203 milliards de dollars, a réaf-firmé sa décision de devenir une uniondouanière le 8 décembre prochain. AMadagascar, en Ethiopie, en Zambie,diverses réunions se sont tenues débutfévrier à ce sujet.La décision n’est pas nouvelle. Elle avait

été souhaitée par le 7e sommet de l’orga-nisation, tenu à Addis Abeba, enEthiopie, en mai 2002, qui avait réaf-firmé sa « volonté de créer les conditions

d’une intégration économique et commer-ciale avec la mise en place d’une uniondouanière et d’une union monétaire. »Le Sommet de Kampala, en juin 2004,tout en réaffirmant l’objectif « d’uneunion douanière forte incluant tous lesmembres du COMESA », a décidé dereporter la mise en place de cette union,initialement prévue pour la fin 2004. Ildécide de fixer la date du lancement del’union douanière après la réalisation deplusieurs études, notamment sur la miseen place du tarif extérieur commun(TEC). Ces études ayant été achevées, ledernier sommet qui s’est tenu l’annéedernière a décidé de l’institution del’union pour décembre prochain.

Progression des échangesLe sommet a adopté le tarif extérieurcommun avec trois tarifs douaniers,0% de droits de douanes pour lesmatières premières, 10% pour les pro-duits semi-finis et 25% pour les pro-duits finis. Une zone de libre-échange(ZLE) réunit depuis le 31 octobre 2000neuf des 19 pays membres de l’organi-sation (Djibouti, Egypte, Kenya,Madagascar, Malawi, Maurice, Soudan,Zambie et Zimbabwe). L’abolition desdroits de douanes entre ces pays a per-mis de faire progresser les échangesentre ces pays de plus de 30% sur les

deux premières années. Ce succès aincité le Burundi et le Rwanda à rejoin-dre la ZLE en 2003. Le secrétariat géné-ral de l’organisation presse les huitpays restants (Comores, RD Congo,Erythrée, Ethiopie, Libye, Ouganda,Seychelles et Swaziland) de rejoindre laZLE avant la mise en place de l’uniondouanière.

Intégration en marcheLe COMESA, créée en novembre 1993,a remplacé la Zone d’échanges préfé-rentielle (ZEP), encore appelée PTA,Preferential Trade Area, qui regroupaitpresque les mêmes pays membres. Ildevrait encore évoluer dans le cadre dela rationalisation des Communautéséconomiques régionales (CER) propo-sée par l’Union africaine. De huit, lesCER doivent être ramenées à cinq.L’Union du Maghreb arabe (UMA), laCommunauté économiques des Etatsde l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), laCommunauté économique des Etatsde l’Afrique centrale (CEEAC), laCommunauté de développementd’Afrique australe (SADC) et leCOMESA. Celle-ci doit être réduite àdix pays membres avec la suppressionde la double appartenance d’un pays àplus d’une CER.

Le sommet a adopté le tarif extérieur commun

avec trois tarifs douaniers,0% de droits de douanes

pour les matières premières,10% pour les produits semi-finis et 25% pour

les produits finis.

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TECHNOLOGIES18 Les Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008

Maroc : FinanceCom selance dans l’offshoringLe groupe FinanceCom et le leader européen des services infor-matiques Steria ont annoncé, mardi à Casablanca, la créationde Steria MedShore, une nouvelle entité marocaine dédiée àl'offshoring. Cette entité, qui est le fruit d'une joint-venturedétenue à parts égales par FinanceCom et Steria, vise à fournir,à des marchés européens et africains en forte croissance, desservices offshore et onshore de business process et IT outsourcingà haute valeur ajoutée. Steria MedShore, qui compte parmi sescibles les marchés bancaire, de l'assurance, des télécommunica-tions et de l'administration, a également pour objectif de sehisser, à terme, au premier rang des prestataires de servicesinformatiques en Afrique, grâce aux apports complémentairesde ses actionnaires de référence.

Deuxième forum des directeurs des systèmes d’informationLes travaux du 2e Forum des directeurs des systèmes d'informa-tion (DSI) d'Afrique se sont ouverts jeudi à Marrakech, avec laparticipation d'un parterre de chercheurs, de spécialistes et deresponsables en matière des technologies de l'information et dela communication (TIC).Initiée par l'Association des utilisateurs des systèmes d'infor-mation du Maroc (AUSIM), cette rencontre se veut une plate-forme d'échanges fructueux de connaissances et de partage desbonnes pratiques, outre le fait qu'elle servira d'occasion pourconsolider l'assise du réseau des Directeurs des systèmes d'in-formation d'Afrique (AfroCIO).

L’Inde, premier marchémondial des télécomsL'Inde est devenue le marché de télécoms ayant la plus fortecroissance au monde avec plus de 83 millions de nouveauxabonnés au téléphone GSM en 2007. Le nombre d'utilisateursde GSM sur le sous-continent indien a, en effet, atteint les 237millions au mois de janvier 2008, plaçant le pays juste après lesEtats-Unis avec 257 millions. L'Inde devrait, en mai prochain,franchir le cap des 264 millions d'abonnés.

Le Burkina lance une campagne contre la piraterieLe Bureau burkinabé des droits d'auteurs (BBDA) a procédé,jeudi dans la soirée à Laongo (35 km au nord deOuagadougou), au lancement du nouveau plan triennal delutte contre la piraterie des œuvres artistiques et littéraires.Placé sous l'égide du Ministère de la culture, du tourisme et dela communication, ce nouveau plan, qui va s'étaler sur troisans, se fixe pour objectif de permettre aux artistes de vivre deleur art et de préserver le patrimoine culturel du Burkina-Faso.Soulignant que la piraterie persiste malgré les différentes luttesengagées pour enrayer le phénomène, le directeur général duBBDA, Balamine Ouattara, a indiqué que le nouveau plandevrait, à terme, assurer la consolidation des mécanismes etinstruments de lutte contre ce fléau dans le pays.

Cameroun : l’ANTIC crée un point d’échanges d’accès à l’internetL'Agence camerounaise des technologies de l'informationet de la communication (ANTIC) entend créer dans les pro-chains jours au Cameroun un point d'échanges d'accès àl'internet, a-t-on appris d'un séminaire ouvert lundi àYaoundé, regroupant les acteurs pour mettre ce projet enplace. La création d'un point d'échanges d'accès auCameroun fera une plate-forme informatique qui permet-tra de mieux distribuer les services Internet auxCamerounais, qui jusqu'ici utilisaient des points d'échangessitués à l'étranger, ce qui rendait le service cher et lent, selonles responsables de l'ANTIC.

Un nouveau centre d'appelsFleche Call, un nouveau centre de télémarketing inter-national, a ouvert ses portes en Tunisie, à la Charguia II,zone de prédilection des centres d'appels. Fleche Call estune filiale d'un groupe implanté dans plusieurs paysdont la France, l’Allemagne, la Lituanie, la Russie et laRoumanie.

Avec une croissance annuelle de 25%, le e-commerce dans sa version B to C (entreprise à client)

devient incontournable dans la stratégie des entreprises modernes. Débat entre experts et entrepre-

neurs venus d’Algérie, du Liban, du Maroc et de la Tunisie.

La PME à l’heure du paiementélectronique

Par Mohamed B. Fall, Casablanca

Obtention rapide d’informations, réduc-tion du temps pour conclure ou régler,réduction des frais logistiques. Maiscomment bénéficier de ces atouts dansun environnement méditerranéen, voireafricain, dirigé plutôt vers la consultationet non l’opération ? Telle est la questionqui a été débattue à Casablanca, le tempsd’une journée, le 21 février 2008, enmarge d’un séminaire régional organisépar le Centre marocain de la promotiondes exportations (CMPE).

Réduction des coûtsD’emblée, Federico Cattani, expert endéveloppement et trade finance, plante ledécor en rappelant l’importante réduc-tion de coûts qu’entraîne la nouvelle tech-

nologie par rapport au commerce tradi-tionnel. « On ne peut pas jouer au golf avecson banquier à chaque fois qu’il faut faireune transaction », déclare-t-il au termed’un tour d’horizon sur les avantages de lafinance électronique définie comme la « mise à disposition digitale des produits et

services financiers ». Si, comme l’a rappeléMohamed Chaibanou, directeur généraldu Groupement bancaire marocain, lepaiement électronique garantit plus derapidité, moins de frais et plus de transpa-rence, il n’en demeure pas moins que l’accès au financement électronique restemarginal dans les pays émergents.Pourtant, remarque Ali Alaoui, secrétairegénéral du CMPE, en 2004, « il y a eu unappel solennel lancé à Sao Paulo en faveurde l’accès des PME au financement électro-nique ».Dans les pays émergents, l’absence d’in-formations financières sur les PMEconstitue l’un des principaux obstacles,précise le responsable marocain, ajou-tant que c’est pour cette raison que lesPME sont obligées de recourir, soit àl’autofinancement, soit à des systèmes definancement coûteux. Pour adapter l’en-treprise à toutes ces mutations, la repré-sentation casablancaise du Centre du commerce international (CCI) deGenève est en train de réadapter ces pro-grammes de coopération en fonction desbesoins des pays membres.

Evolutions contrastéesEn attendant, le commerce électroniqueconnaît des évolutions contrastées d’unpays à l’autre, sur la rive sud de laMéditerranée. En Tunisie, pays présentécomme la vitrine du continent africainen matière de e-commerce, aux côtés du

Kenya et, dans une moindre mesure, duBurkina-Faso, 3600 sites transactionnelsétaient opérationnels en 2007. « Le chiffred’affaires de l’e-export a été multiplié parhuit en trois ans. Idem pour les transac-tions nationales. En moyenne, le secteurdu e-commerce augmente de 25% par anen Tunisie », déclare Walid Kooli, duMinistère tunisien du commerce et del’artisanat. Il faut dire que l’Etat a mis enplace les conditions techniques et juridi-ques indispensables pour le développe-ment de ce mode de transactions. Et,contrairement à ce que l’on pourraitpenser, ce ne sont pas les banquiers quisont réticents au changement, mais plu-tôt les entreprises.Pour emmener ces dernières à basculerdans le sens du progrès, le Maroc, à tra-vers les différents acteurs du e-com-merce, a trouvé un terrain d’ententepour mettre en place l’auto-compensa-tion. « La disposition plaît beaucoup auxPME et non aux banques », commente ElMountassir Billah, directeur général deMaroc Télécommerce, organe chargéavec le Centre monétique interbancairede la gestion de la plateforme logistiqueaccompagnant le paiement en ligne.Prochaine étape, janvier 2009 avec laconcrétisation du premier « CréditBureau » de la région. Cette infrastruc-ture fonctionnera comme une sorte decentrale de risques avec des fichiers posi-tifs et négatifs.

« On ne peut pas jouer augolf avec son banquier àchaque fois qu’il faut faire

une transaction. »

Maroc Télécom consolide sespositions de leader au MarocL’arrivée d’un troisième opérateur detéléphonie mobile sur le marché maro-cain n’a pas freiné la progression du chif-fre d’affaires de Maroc Télécom. Celui-cia augmenté de 21,7% en 2008 et de10,5% sur un périmètre constant, arévélé le directoire ce vendredi 22 février2008 lors de la présentation des résultatsde l’exercice 2007.

Forte rentabilitéLa compagnie apparaît en avance sur sesobjectifs, comme l’a déclaré le PDGAbdeslam Ahizoune. D’autre part,Maroc Télécom conforte sa position defiliale la plus rentable du groupe Vivendi,détenteur de 51% du capital. Dans l’en-semble, le résultat net du groupe a pro-gressé de 19,2% à 8,03 milliards de dir-hams. A titre de comparaison, rappelonsque la banque la plus rentable au Marocprésentait un résultat de 2 milliards en2007, soit quatre fois moins que le leaderdes télécoms. Le bénéfice opérationnel

de Maroc Télécom ressort, quant à lui,avec une croissance de 21,8% à 12,2 mil-liards de dirhams (1,07 milliard d’euros).Le succès de Maroc Télécom vient enpartie d’un bon quatrième trimestre de

la téléphonie mobile au Maroc. Pour2008, les prévisions tablent sur une crois-sance de 7% du chiffre d’affaires (29,45milliards de dirhams) et une progres-sion supérieure à 9% du résultat opéra-tionnel. Finalement, au vu des résultats,le débat dans les télécoms, à propos destenants de la fibre optique et des tech-nologies complexes et du fil, sembletourner au profit de ces derniers. MarocTélécom proposera la distribution d’undividende ordinaire de 9,20 par actionslors de l’assemblée générale des action-naires le 17 avril 2008. En tout, unmontant de 8,1 milliards sera distribuéaux actionnaires.

La course vers la 3G est-elle rentablesans les fondamentaux ?La technologie 3G et les lourds inves-tissements qu’elle implique ne peuventdégager de rentabilité qu’adossés àl’ADSL, au GSM et à la téléphonie fixe,trois mamelles qui contribuent pourbeaucoup dans le succès de l’opérateurmarocain. En Egypte, Mobinil arécemment eu un avis favorable de lapart des analystes après avoir révéléson plan 3G. La valeur de l’opérateurégyptien a fortement chuté, d’ailleurs,ce qui n’est pas sans rappeler le bluesdes télécoms en Europe, lors du lance-ment des technologies UMTS. EnAfrique, les derniers arrivants (Sudatelen Mauritanie et Wana au Maroc) uti-lisent de nouveaux raccourcis techno-logiques pour créer de la valeur. Plusde mobilité en général, mais, pour les

actionnaires, plus d’investissements.Cette intensité capitalistique contrasteavec la technologie « fossile » du GSMqui a enrichi beaucoup d’épargnants.Ce sont deux modèles économiquesqui s’affrontent désormais. Et toutporte à croire que le premier, porté parles anciens, a encore du succès à reven-dre à ses actionnaires. Concernant le« Wimax », ou technologie de réseauxsans fils à longue portée, l’exempleeuropéen montre que le saut technolo-gique n’est pas toujours facile ; c’est lecas particulièrement en France, oùcette technologie a bénéficié d’un coupde pouce magique avec le rapportAttali préconisant son utilisation dansles zones non couvertes. Un avis nonpartagé par nombre de neurones dusecteur, il est vrai, acquises aux ancien-nes formules gagnantes, et qui accor-dent au Wimax tout au plus un statutde complément. Un peu comme lerapport de l’énergie solaire à l’énergieélectrique. Paradoxalement, la chancepour les nouvelles technologies pour-rait venir du positionnement tarifairemême du GSM, de la téléphonie fixe etde l’ADSL, qui n’ont pas beaucoupbaissé au Maghreb et en Afrique,contrairement à l’Europe. En Afrique,le combat focal se situera autour de la téléphonie mobile, en croissance de 50% annuellement contre unemoyenne mondiale de 20%, d’après lesderniers chiffres de l’OMC.

MBF

Maroc Télécom conforte sa position de filiale la plusrentable du groupe Vivendi,détenteur de 51% du capital.

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19Les Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008 MEDIAS - REFLEXION

Manœuvres conjointes américano-nigérianesLa marine nigériane entamera vendredi un programmed'une semaine sur des manœuvres conjointes de surveil-lance maritime lancées ensemble avec la force de l'air nigé-riane et la marine américaine, a rapporté vendredi le journalnigérian Punch. Selon les informations, bien que la marinenigériane ait nié que les manœuvres pourraient être uneréponse à l'actuelle situation dans le delta du Niger, elle arévélé que ces opérations militaires pourraient renforcer lapuissance des forces nigérianes et promouvoir les relationsbilatérales entre le Nigeria et les Etats-Unis.

Souplesse des procédures de visa pour les artistes africainsParis a donné lundi instruction à l'ensemble des postes consu-laires français en Afrique « d'accorder la plus grande attention àla délivrance des visas » pour les artistes, préconisant une plusgrande souplesse d'attribution, a annoncé le secrétariat d'Etat àla Coopération. Ces instructions prévoient notamment uneplus grande facilité de l'octroi de visas de circulation dont lavalidité peut aller jusqu'à cinq ans, indique un communiqué.La mesure concerne notamment les artistes reconnus ayantdéjà effectué un séjour en France.

Benjamin Stora prône une Union méditerranéennede circulationUne véritable Union méditerranéenne (UM) doit être « la représen-tation politique d'un espace mixte de circulation d'une rive à l'autrede la Méditerranée », a affirmé Benjamin Stora, professeur d'histoiredu Maghreb à l'Institut national des langues et civilisations orien-tales (INALCO). S'exprimant mercredi soir lors d'une conférence àl'Institut français des relations internationales (IFRI) à Paris,Benjamin Stora, qui a qualifié le projet du président françaisNicolas Sarkozy d' « intéressant et important », a estimé toutefoisque la fermeture des frontières et la restriction des visas ont engen-dré un sentiment d'injustice et d'enfermement d'une rive à l'autre.

Semaine culturelle saoudienne au SénégalDu 16 au 24 février 2008 s’est tenue la première semaine cultu-relle de l’Arabie saoudite au Sénégal. La manifestation, qui s’estlimitée à Dakar et à Fès, a mis en exergue les symboles et les tra-ditions du royaume et des grands lieux de l’Islam qu’il abrite.La semaine culturelle a débuté par une exposition de photos àla salle Alioune Diop de la Maison de la culture Douta Seck,transformée pour l’occasion en galerie.

Appel mondial pour le Prix de l’intégrité 2008 deTransparency InternationalTransparency International (TI), l’organisation internationale delutte contre la corruption, qui possède des sections nationales dansune centaine de pays, lance un appel à nominations pour le Prix del’Intégrité 2008. Le prix récompense des individus ou des organisa-tions exceptionnels qui ont fait preuve d’un courage exemplaire etd’initiative dans la lutte contre la corruption dans le monde. Luttercontre la corruption signifie souvent affronter des personnes et desinstitutions qui exercent un pouvoir considérable. Les lauréats sont,pour tous ceux qui luttent contre la corruption, une source d’ins-piration car leurs actions adressent toutes le même message : oui, ilest possible de vaincre la corruption.

Depuis mars 2007, le Zimbabwe subit une tempête d’hyper-inflation. Ce phénomène est plutôt rare,

puisque avant le Zimbabwe, on dénote seulement 29 cas d’hyper-inflation.

L’inflation au Zimbabwe :quelle solution ?

L'hyper-inflation du Zimbabweest en train de détruire l'écono-mie, précipitant ainsi la majo-rité de ses habitants dans lapauvreté et forçant des millionsde Zimbabwéens à émigrer.Depuis 1997, l'inflation a crûde 1 030 217%, tandis que leniveau de vie (mesuré par lePIB réel par habitant) a baisséde 35%. Par ailleurs, l'hyper-inflation a provoqué la dépré-ciation de l’épargne des indivi-dus et du capital des institu-tions financières en rendant lestaux d'intérêt réels négatifs.L’émergence de cette forme despoliation est due, en grandepartie, aux lois et aux régle-mentations forçant les institu-tions financières (fonds depension, compagnies d'assu-rances, sociétés de constructionet banques) à acheter des bonsdu Trésor - dont le rendementreprésente seulement unepetite fraction du taux d'infla-tion actuel, ou à faire desdépôts non rémunérés à laBanque centrale du Zimbabwe.

Dans un tel contexte, il n’estpas étonnant que la valeur dudollar du Zimbabwe dégrin-gole. Le dollar zimbabwéen(ZWD) emprunte sinistrementla même trajectoire qu’a suivi lemark pendant la grande hyper-inflation allemande des années

1920. Malheureusement, leconstat ne se limite pas à ceseffets destructeurs, car le pirereste à venir. En effet, le Fondmonétaire international pré-voyait déjà, en 2007, que l'infla-tion annuelle excèderait100 000%.

Le système de banque librepour arrêter l’inflationComment sortir de cettesituation ? La façon la plusrapide et fiable d'arrêter l'hy-per-inflation au Zimbabwepasse par le remplacement dusystème bancaire centralisépar un nouveau régimemonétaire. Une telle décisionconstituerait à la fois unsignal de rupture nette avecles pratiques à l’origine del'hyper-inflation, et une assu-rance fiable pour lesZimbabwéens d’un maintiendu taux d’inflation à desniveaux relativement bas.Le régime monétaire qui arrê-terait l'hyper-inflation auZimbabwe n’est autre que lesystème de banque libre.Celui-ci implique que lesbanques privées émettent desbillets (la monnaie-papier) etd'autres titres dans un cadreminimal de régulation. Unsystème bancaire complète-ment libre signifie l’absenced’une banque centrale, de

prêteurs en dernier ressort,d’exigences de réserves, etl’absence de restrictions léga-les sur la structure des porte-feuilles des banques, sur lestaux d'intérêt, ou sur le suc-cursalisme bancaire.Le système de banque libre n’estpas une nouveauté dans lamesure où il a déjà existé danspresque 60 pays durant tout leXIXe siècle et au début du XXe

siècle. D’ailleurs, le Zimbabwepossédait déjà un système debanque libre du temps de lapremière banque établie en1892, jusqu'à ce que l’Etat luisubstitue un directoire moné-taire (Currency board) en 1940.Dans le système de banquelibre, les banques auraient laliberté d’émettre les titres dedépôts et de faire circuler lesbillets dans n’importe quelle

devise (dollar américain, randsud-africain, or, etc). Dans lesanciens systèmes bancaireslibres, elles ont convergé versune unité de compte unique,typiquement l'or ou une deviseétrangère. Au Zimbabwe, il esttout à fait possible qu'ellesconvergent vers le rand sud-africain. Cependant, le systèmede banque libre laisse aux ban-ques et aux clients la liberté etdonc la possibilité de découvrirce qui répond le mieux à leursbesoins ; il ne présume pas quel’Etat connaît déjà les réponses.

Steve H. HankeProfesseur-chercheur

en économie appliquée à l'Université

John Hopkins (USA)Avec la collaboration dewww.UnMondeLibre.org

Passée deuxième partenaire commercial de la Mauritanie derrière la Chine, et largement distancée

dans les contrats pétroliers, la France prépare le retour de ses investisseurs.

Les Français veulent regagner le terrain perdu en Mauritanie

Par Ismail Aidara, Paris

L’agence française pour le déve-loppement international desentreprises, Ubifrance, vient demener sa première et grandeopération de marketing et delobbying en ce début d’année.Objectif : rassurer et inciter lesgrands groupes et hommesd’affaires français à aller investir

davantage en Mauritanie. C’estce qui ressort en substance du« select brain-storming écono-mique », organisé au siège deUbifrance dans le 14e parisien le21 février dernier et qui aregroupé plus d’une centained’entreprises. Côté maurita-nien, on a préféré jouer sur lesdeux leviers stratégiques del’économie du pays, en dépê-chant à Paris la cellule de lapromotion et de l’investisse-

ment, rattachée à la prési-dence et à la Snim (Sociéténationale industrielle etminière), première source dedevises de l’Etat.

Coût du créditLe récent rapport de la Banquemondiale sur la Mauritanie,daté de décembre 2007, recon-naît que l’accès aux finance-

ments constitue un frein majeurpour les opérateurs économi-ques, du fait de la confidentialitédes opérations et du coût élevédu crédit. L’étude, qui estimeque les garanties sont inadap-tées ou trop élevées,précise,plusloin que 76,4% des firmes for-melles n’ont pas déposé dedemandes de financements,alors que 81,2% de ces firmesdéclarent en avoir besoin. Lesecteur bancaire, qui est en

pleine restructuration, connaîtdepuis l’été 2006 une légère évo-lution. Le paysage bancairecompte une dizaine de banques(7 banques à capitaux privés, 2groupes français, SociétéGénérale et la BNP-Paribas,ainsi que la Chinguity Bank,propriété de l’Etat. Selon RogerDoublet, PDG de BNP-ParibasMauritanie depuis le 11 février2008, la création de nouvellesbanques étrangères exige ledépôt d’un capital de 6 milliardsd’ouguiyas (soit un dépôt decapital de 2 milliards Um en2008 et de 4 milliards Um pourl’exercice 2009). Contre seule-ment 1 milliard d’ouguiyaspour les banques locales.Ce pla-fond découle de la nouvelle ins-truction bancaire prise par laBanque centrale de Mauritanieen 2008, définissant les condi-tions et critères d’agrément, deprises d’extension et de partici-pation dans le capital d’unebanque.

Faible bancarisationLa maîtrise moyenne de l’infla-tion est aujourd’hui de 7,3%

contre 12,2% en 2005, signalenotre interlocuteur. Le taux debancarisation reste néanmoinspeu élevé, avec moins de200 000 comptes et un taux de thésaurisation insuffisant,constate ce banquier français.Un bilan exhaustif présenté parBNP-Paribas, démontrant lafaible diversification des pro-duits financiers, indique queprès de 134 milliards Um decrédits ont été consentis l’andernier pour 88,10% à courtterme. D’autres contraintes ontété soulevées, comme le nonrecours à la contre garantiepour les banques filiales étran-gères et la limitation desencours d’engagements sur unecontrepartie à 10% des fondspropres de l’établissement.

Demandes d’agrémentToutefois, l’inquiétude desintervenants du secteur ban-caire en Mauritanie réside dansla non possibilité, pour les ban-ques, d’opérer des finance-ments en devises. La Banquecentrale de Mauritanie aramené la marge bancaire

76,4% des firmes formelles n’ont pas déposé de demandes de financements

alors que 81,2% de ces firmes déclarenten avoir besoin.

maximale à 8% pour l’exercice2008. Malgré ces contraintes, lepaysage bancaire mauritanienpoursuit son extension. Unedizaine de banques auraientdéposé des demandes d’agré-ment. Des sources bien infor-mées précisent que le projetd’implantation de deux ban-ques (une joint-venture et unefiliale de banque étrangère)devrait aboutir sous peu. Dansle secteur des assurances, lestatu quo demeure avec un

marché confronté à un déficitd’expertise et qui reste large-ment dominé par le groupeGras Savoye. Au niveau de lafacilitation des investissements,le premier guichet unique verrale jour début mars 2008. Laprochaine mission « DoingBusiness » de la Banque mon-diale, attendue à Nouakchottdans les jours qui viennent,devra sans doute répercutertoutes ces réformes en coursdans le classement 2009.

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POLITIQUE - ÉCONOMIE20 Les Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008

La revue de presse africaine de Londres

Les sempiternels problèmes économi-ques que nous connaissons depuis ledébut l’année, en Afrique du Sud avec lacrise énergétique et au Kenya avec lacrise socio-politique, continuent de fairecette semaine les unes des journaux bri-tanniques. Quelques sujets inhabituelscomplètent ce tableau de l’actualité éco-nomique et financière africaine dans lestabloïdes et autres magazines cettesemaine : L’accord dans les pays desGrands Lacs pour la sauvegarde desgorilles et le succès d’une firme énergéti-que nigériane qui a battu un géant chi-nois dans l’acquisition d’actifs offshoredu groupe Shell.

Afrique du Sud : une économie lan-guissante, mais stable.Le Financial Times annonce que leministre sud-africain des Finances,Trevor Manuel, dans la présentation deson budget, a dit que l’Afrique du Sudconnaîtra un ralentissement économi-que ainsi qu’un déficit commercial plusimportant dans les trois prochainesannées. Mais l’économie sera stable. LeFT rappelle les différentes mesures prisespar le gouvernement pour faire face auxproblèmes de l’heure, parmi lesquellesun prêt de 7,6 milliards de dollars a étéoctroyé à Eskom, la compagnie natio-nale d’électricité. Malgré ce train demesures annoncées, le déficit du paysatteindra d’ici 2010 8% du PNB. Lerand, la monnaie nationale, a déjà perdu10% de sa valeur par rapport au dollar,pour être cette semaine à son cours leplus bas ces seize derniers mois, face à lamonnaie américaine. L’économie la pluspuissante du continent est donc en crise.Elle n’est pas à genoux certes, commecertains le craignaient, mais les effets dela crise et ses conséquences sont là. Les4,8% de croissance annuelle, annoncésl’année dernière, seront revus à la baisse.On table maintenant sur un taux decroissance de 3,7% pour 2008.

Le Kenya, une paix qui se fait désirer.Le Guardian a fait appel à la plume deWangari Mathaï, Prix Nobel de la Paix

en 2004 et ancien membre du Parlementkenyan de 2002 à 2007. Elle présente letableau sombre des perspectives actuel-les du Kenya, aux plans politique et éco-nomique. Wangari Mathaï fait appel aupatriotisme des dirigeants kenyans pourtrouver rapidement une solution à l’im-broglio politique de son pays. Elleaffirme que « le tourisme, l’horticultureet les autres industries qui dépendent ducommerce à l’étranger sont au ralenti ».La lauréate du Nobel rappelle aux négo-ciateurs kenyans combien « le Kenyadépend de la communauté internationale,et aussi combien les autres pays de larégion dépendent du Kenya », puissanceéconomique sous-régionale.L’hebdomadaire The Economist souligneles difficultés réelles du panel de négo-ciateurs dirigé par Kofi Annan. Le jour-nal insiste sur le fait que les bases d’unaccord sont jetées. Le fossé qui séparaitles deux camps semble se rétrécir, mais ily a beaucoup trop d’enjeux pour quel’accord puisse être rapidement finaliséet paraphé. Ainsi, le président Kibakipourrait rester au pouvoir avec unPremier ministre jouissant du pouvoirexécutif. Ce Premier ministre serait chefdu gouvernement, responsable devant leParlement. Mais pour signer un telaccord, il faudrait un amendementconstitutionnel, que l’équipe au pouvoirrechigne à adopter pour l’instant.

Virgin NigeriaSelon le quotidien Times, le groupe VirginNigeria a convoqué devant les tribunauxl’Etat nigérian pour manquement aucontrat signé, qui permettait à VirginNigeria d’utiliser le terminal internationalde l’aéroport de Lagos. Le gouvernementa décidé d’octroyer maintenant au groupedes places plutôt destinées au terminal deslignes intérieures nigérianes. VirginNigeria est une compagnie subsidiaire dugroupe Virgin Airlines, du milliardaire bri-tannique Richard Branson.

Victoire nigériane Toujours au Nigeria, le FT soulignequ’un groupe Oando a remporté les ven-

tes de deux licences d’exploitation pétro-lière offshore de la multinationale pétro-lière Shell. Le groupe africain Oando abattu le géant pétrolier chinois CNOOC,après avoir eu l’appui financier de labanque Merill Lynch.

Bush et le DarfourLe Guardian revient sur les conclusionsdu périple du président américainGeorge Bush dans cinq pays africains.Chris McGreal, le correspondantAfrique du journal, affirme que le prési-dent Bush a choisi le Rwanda pourannoncer l’octroi de cent millions dedollars d’aide pour l’entraînement etl’équipement des forces de maintien dela paix africaines au Darfour. Le prési-dent américain a annoncé, à cette occa-sion, que le génocide rwandais était làpour nous rappeler qu’il faillait résister àla violence et au génocide au Darfour.

Gorilles C’est ce même journal, le Guardian, quiévoque l’accord signé entre trois pays dela région des Grands Lacs : l’Ouganda, leRwanda et la RD Congo, pour luttercontre le braconnage des gorilles demontagne. Les 720 gorilles qui restentdans cette région sont menacés d’extinc-tion. Ce programme de préservation desgorilles, qui couvre une période de dixans, est financé par le gouvernementnéerlandais à hauteur de plus de 300millions de francs CFA.

Uranium Enfin, le Times s’est intéressé à l’expul-sion de Gambie d’un ingénieur desmines britannique, Charlie Northfieldde la Carnegie Minerals. Il était accusépar les autorités gambiennes d’exporterillégalement de l’uranium hors du pays.Le groupe a rejeté ces accusations. Lejournal rappelle que la Gambie voudraitaussi prendre avantage de la montée desprix des matières premières minières surles marchés internationaux pour exploi-ter les minerais dont elle dispose.

Par Charles Bambara, Londres

L’Africom pourrait ne pasêtre implanté en AfriqueDurant l’étape ghanéeenne de sa tournée africaine, GeorgeW. Bush a assuré que les Etats-Unis n'avaient pas l'intentiond'implanter de nouvelles bases militaires en Afrique. « Nous n'en-visageons pas d'ajouter de bases », a-t-il lancé lors d'une conférencede presse avec le président ghanéen John Kufuor, alors que denombreux pays africains sont inquiets de la volonté des Etats-Unis de transférer en Afrique le commandement militaire africain(Africom), actuellement installé en Allemagne.

L’Union africaine va soutenirl’intervention de l’Union des Comores à AnjouanL'Union africaine (UA) a décidé d'apporter son soutien militaireet logistique au gouvernement de l'Union des Comores, qui tentede mettre sur pieds une opération armée pour rétablir l'ordredans l'île d'Anjouan, a constaté un journaliste de l'AFP.L'organisation continentale « a résolu d'aider et de soutenir leprésident (de l'Union des Comores, Ahmed Abdallah) Sambi àrestaurer la paix et la sécurité à Anjouan, dès que possible », adéclaré Bernard Kamillius Membe, ministre tanzanien desAffaires étrangères, qui présidait la réunion avec le commissaireà la Paix et la Sécurité de l'UA, Saïd Djinnit.

Cameroun : vers une commission électorale indépendanteLe Premier ministre camerounais Ephraim Inomi consulte l'op-position et la société civile depuis mercredi à Yaoundé en vue dela mise place d'une nouvelle commission électorale indépen-dante (Elecam). Après la réception, mercredi, du leader duMouvement progressiste camerounais Jean Jacques Ekindi,Ephraim Inomi a reçu jeudi Adamou Ndam Njoya, président del'Union démocratique camerounaise (UDC), 4e force politiquereprésentée au parlement camerounais. Lancée en décembre2006 par le chef de l'Etat Paul Biya, Elections Cameroon(Elecam) avait 18 mois pour être mise en place. Elle sera chargéede l'organisation, la gestion et la supervision des opérations élec-torales et référendaires au Cameroun.

Le gouvernement toujours en quête d’une efficacité introuvable dans son action en tant qu’actionnaire public, sans doute le plus doté en patrimoine sur

le continent africain.

Enlisées, les privatisations algériennes changentde pilotes

Par Ihsane El Kadi

Une réunion du conseil des participations de l’Etat(CPE), organe présidé par lechef du gouvernement, encharge de piloter les actifspublics et l’investissement, adécidé, samedi 16 février, deréorganiser une fois de plus la« gestion des capitaux mar-chands de l’Etat ». Celle-ciétait, depuis deux ans, entiè-rement concentrée entre lesmains d’un super ministère,celui de l’industrie, des parti-cipations et de la promotiondes investissements (MPPI)de Abdelhamid Temmar. LeMPPI assurait une tutelletechnique et politique dessociétés de gestion des parti-cipations, les 27 SGP, hol-dings publics détenant lecapital des entreprises publi-ques économiques. La for-mule a fait long feu. « Trop demissions à mener de fronts,embouteillage dans le pipe »résume un cadre de SGP.Signe le plus révélateur del’enlisement du « super

MIPPI », la lenteur des ouver-tures de capitaux et des nais-sances de partenariats public-privé. En proposant, en 2006,avec fracas 1200 entreprises àla cession totale ou partielle,Abdelhamid Temmar avaitfait de la privatisation son cri-térium d’action. Il est dés-avoué sur son propre terrain.Pas assez de résultats.

Temmar garde la main surl’industrieCe sont les ministres de tutelledes autres secteurs hors indus-trie qui ont mis en minorité« l’architecte cafouilleux » desprivatisations en obtenant deramener sous leur tutelle lesSGP dépendant traditionnel-lement de leur secteur. Ainsil’ouverture du capital deAlgérie-Télécom, qui a faitl’objet d’un échange public vifentre le ministre des Télécom,Boudjemâa Haichour, et soncollègue, M. Temmar, au sujetde l’agenda et de la procé-dure, sera piloté seul par ledépartement du premiernommé. De même, les opéra-

tions engagées, comme laconcession du terminal àcontainer des ports d’Alger etde Djendjen au profit de deuxjoints venture avec les émira-tis de Dubai Port World, neconcerneront plus que leministère des transports.Même chose pour les privati-sations des hôtels publics, desunités de l’agroalimentaire oude matériaux de construc-

tion, qui ne seront plus« supervisées » par le MIPPI.Abdelhamid Temmar pourrase consoler en gardant lamain sur quelque uns desdossiers les plus emblémati-ques, comme le partenariatétranger recherché pour laSNVI, l’entreprise phare de lamécanique algérienne, ouencore le parachèvementd’une joint venture avec les

Coréens de LG pour relancerle pôle de l’électroniquegrand public de l’ENIE, à SidiBel Abbes, dans l’ouest dupays. Il s’agit d’entreprisesindustrielles.

Emaar a hâté l’estocadeLes investisseurs étrangers enstand by à Alger se sont toujoursgardés de critiquer trop vive-ment les lenteurs du départe-ment de M. Temmar, connupour être un ami personnel duprésident Bouteflika. Toutefois,une plainte diplomatique desEmirati a, sans doute, hâtél’estocade contre l’omnipo-tence du MIPPI . Abu Dhabiaurait, selon le quotidien ara-bophone El Khabar, expriméau président de la républiqueson incompréhension devantles retards pris dans le traite-

ment des dossiers d’investis-sement de Emaar, le numéroun arabe de la promotionimmobilière. Emaar a pré-senté, il y a 18 mois, cinqmégaprojets urbains de pro-motion, mais peine depuis àles traduire dans les faits. LeMIPPI visé du doigt à changéle directeur de l’investisse-ment étranger. Trop peu troptard. La nouvelle retouchedans le partage des prérogati-ves, au détriment du superministre Temmar, annoncepour beaucoup d’observa-teurs, un reflux de soninfluence qui devrait se pour-suivre dans les mois qui vien-nent. Sans que personne nesoit certain de l’incidence surl’efficacité du managementdes actifs de l’Etat.

Abdelhamid Temmar et le président Bouteflika.

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POLITIQUE - ÉCONOMIELes Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008 21

La France disponible pourtransporter des troupes à AnjouanLa France a confirmé jeudi sa disponibilité pour transporterdes troupes de l'Union africaine (UA) afin de soutenir militai-rement le gouvernement de l'Union des Comores contrel'homme fort de l'île d'Anjouan, Mohamed Bacar. Lors d'unpoint de presse, la porte-parole du Ministère français des affai-res étrangères Pascale Andréani a déclaré que « nous confirmonsla disponibilité de la France à fournir un appui aux troupes tan-zaniennes et sénégalaises pour leur transport jusqu'aux Comores,c'est-à-dire jusqu'à l'île de Grande Comore ou celle de Mohéli,mais pas à Anjouan ». M. Bacar, réélu président d'Anjouan le 10juin 2007 à la suite d'une élection rejetée à la fois par l'UA etl'Etat fédéral, refuse depuis d'organiser un nouveau scrutin.Anjouan avait fait sécession en 1997 avant de rentrer dans legiron des Comores fin 2001.

Mamadou Tandja reçoit le directeur des opérationsde la Banque mondialeLe président nigérien, Mamadou Tandja, a reçu mardi le direc-teur des opérations de la Banque mondiale, Madani Tall, venuexposer l'état de la coopération entre la Banque mondiale et leNiger. « Nous avons parlé des efforts que nous menons pourréduire la pauvreté et créer la croissance au Niger », a révéléM. Tall à l'issue de l'audience. « Nous avons également parlé dessecteurs très importants pour le chef de l'Etat nigérien, à savoirl'agriculture et l'élevage parce que c'est manifestement deux dessecteurs qui ont aidé à créer la croissance économique au Niger »,a-t-il ajouté. « Le président de la République nous a demandé devoir comment on pourrait davantage aider le gouvernement duNiger à consolider les acquis en matière de santé, d'éducation,d'eau et d'assainissement », a poursuivi M. Tall.

Tchad : enquête sur les disparitions d’opposantsL'enquête menée par les autorités tchadiennes sur les tracesdes deux opposants qui auraient été arrêtés au début de cemois après la tentative de coup d'Etat contre le présidentIdriss Deby, n'a rien donné, selon un communiqué du gou-vernement de N'Djamena cité ce matin sur la radio afri-caine. Les autorités de N'Djamena promettent la créationd'une commission d'enquête, ouverte au besoin à la com-munauté internationale, selon ce communiqué. Deux hautsresponsables de l'opposition, Ibni Oumar Mahamat Saleh etNgarlejy Yorongar, se trouvent selon Amnesty Internationalaux mains des autorités de N'Djamena. Leurs proches assu-rent que le gouvernement tchadien sait où ils se trouvent.

Le Cap-Vert vivait essentiellement de l’aide publique au développement et des envois des émigrés.

Temps révolu. Désormais, c’est l’investissement direct étranger qui met tous les voyants au vert. José

Brito, ministre de l’Economie, de la Croissance et de la Compétitivité, explique aux Afriques.

José Brito : « Une populationéduquée exerce un contrôle sur le pouvoir politique »

Par Chérif Elvalide Seye, Dakar

Les Afriques : Comment seporte l’économie cap-ver-dienne ?Jose Brito : Je considère quel’économie du Cap-Vert seporte bien. Les indicateursmacro-économiques sont auvert. Le taux de croissance en2006 a été de 10,9%. En 2007,7% et en 2008, entre 8 et10%. L’inflation est biencontrôlée, autour de 2% paran. Le déficit budgétaire entre3 et 4%, les réserves de changecouvrent 4 mois d’importa-tions. L’investissement privédirect étranger est en pleineexplosion. L’année dernière,1 milliard de dollars d’investis-sements. D’Italie, d’Espagne,

du Portugal et dernièrementd’Angleterre et d’Irlande.L’investissement privé directdépasse l’aide publique audéveloppement et les envoisdes émigrés qui constituaientles piliers de notre croissance.

LA : Quel est le moteur de lacroissance ?JB : Fondamentalement, letourisme, puisque les investis-sements se sont faits dans letourisme, mais il a tiré laconstruction qui a contribué àbooster la croissance. L’atoutstructurel du Cap-Vert, c’est salocalisation, son climat. Lesinvestisseurs ont vu, pas trèsloin de l’Europe, une destina-tion identique aux Caraïbes.Les investisseurs, c’est commeune boule de neige. Il suffit quequelques-uns arrivent pourque les autres suivent. Notretourisme n’est pas hôtelier. Il

est résidentiel. Il est lié à lasaturation dans les Canaries.Les premiers investisseurs sontd’ailleurs venus des Canaries.

LA : D’autres pays ont desatouts similaires mais n’enont pas tiré parti comme leCap-Vert.JS : L’exemple du Cap-Vert estla preuve que les ressourcesnaturelles, si elles sont impor-tantes, ne sont pas les plusdéterminantes pour le dévelop-pement. Je pense que les bon-nes politiques sont les élémentsessentiels : la stabilité politique,la stabilité macroéconomique.Un gouvernement qui gère enfonction de ses capacités, entenant compte des indicateursmacro-économiques, qui per-siste dans de bonnes politiques

économiques, fait des résultats.Je pense particulièrement audéveloppement de l’éducation.Dès l’indépendance, un effortparticulier a été fait sur l’éduca-tion de base. Aujourd’hui, onest à 100%. Même pour le pré-primaire, c’est-à-dire les 5 et 6ans, on est presque à 100%, lesecondaire, 70%. L’accent missur l’éducation a élevé leniveau culturel des popula-tions, leur jugement. Unepopulation assez éduquée estcapable d’exercer un contrôlesur le pouvoir politique, pourl’obliger à des comportementsqui respectent l’Etat de droit, àlutter contre la corruption, etc.Elle sait pouvoir changer derégime, faire l’alternancequand cela s’impose, et sansproblèmes. On peut changerde gouvernement, de régimepolitique, mais les politiquescontinuent à être les mêmes,

fondamentalement. Il y a uncertain consensus sur le rôledu marché.L’Etat de droit est aujourd’huiconsolidé. Le pouvoir judi-ciaire indépendant. Il n’y apas d’intervention politiquesur le pouvoir judiciaire. Il estassez fréquent que l’Etatperde des procès sans que lesjuges ne soient inquiétés.Souvent, en Afrique, il y a unegrande faiblesse institution-nelle. On a un peu tendance àconsidérer que la démocratiec’est le vote, ou l’alternancesimplement. Je pense que celan’est pas suffisant. Il faut que les institutions fonctionnent,qu’elles puissent prendre des

décisions qui soient indépen-dantes des pouvoirs politiques.En créant cette confiance, oncrée aussi les conditions pourque les investisseurs viennent.Le jour où il y aura cette stabi-lité institutionnelle, cetteconfiance aux institutions, lesinvestisseurs étrangers afflue-

ront en Afrique parce que larentabilité des investissementsest souvent supérieure à ce quel’on peut trouver ailleurs.

LA : Est-ce que la répartitiondes richesses au Cap-Vert neprovoque pas de tensionssociales entre les plus nantiset les plus défavorisés ?JB : On note un gap entre ceuxqui possèdent et ceux qui nepossèdent pas. C’est une réalité.Mais l’enrichissement des plusnantis ne se fait pas au détri-ment des plus faibles. Il y a descouches qui s’approprient plusrapidement des richesses natio-nales que d’autres. Mais cela nese fait pas par une augmenta-

tion de la pauvreté. La pauvretéest relative. Notre définition dela pauvreté, c’est tous ceux quivivent en dessous de 40% de lamoyenne nationale. Et commela moyenne nationale aug-mente, ceux-là augmentent.D’ailleurs, dans les enquêtes surles ménages, le pourcentage desgens qui ont des télévisions, unfrigo et le téléphone est relative-ment grand, mais ils se considè-rent pauvres. 70% des person-nes enquêtées se disent pau-vres alors que les statistiquesles établissent à 28%. On peutinterpréter ce comportementcomme un désir d’avoir tou-jours plus. Quand on construitune route avec du pavé, aumoment de l’inauguration lespopulations se disent insatisfai-tes et exigent de l’asphalte.

LA : Vous avez évoqué lavolatilité du tourisme. Aplus long terme, sur quoi vareposer l’économie cap-ver-dienne ?JB : Nous avons eu, à partir de2001, toute une réflexion stra-

Le taux de croissance en 2006 a été de 10,9%. En 2007, 7% et en 2008,

entre 8 et 10%.

« Les ressources naturelles ne sont pas les plus déterminantes pour le développement d’un pays. »

Cap-Vert : l’archipel vertueux« Le Cap-Vert (335 000 habitants) est un archi-pel très peuplé à 450 kilomètres de Dakar, maisqui ne parvient pas à nourrir sa population: il ya sensiblement autant de Cap-Verdiens dans lesIles du Cap-Vert qu'à l'étranger. Un tiers durevenu moyen par habitant (500 dollars environen 1983) est ainsi fourni par les transferts defonds des émigrés. En 1983, l'archipel du Cap-Vert a été de nouveau victime de la sécheresse,comme les autres pays de la zone sahélienne.Seule l'aide internationale permet à ce petit paysde survivre, en contribuant pour près de 50% àson produit intérieur brut et pour environ 80% àson approvisionnement alimentaire », peut-onlire dans L'Etat du monde en 1983. La réalité est,alors, pire que les statistiques. Praia, la capitale,est certes très propre, mais que de filles très jeu-nes, enceintes ou avec un bébé. Et puis qued’enfants, pieds nus, sur les brûlants pavés.

Vingt-cinq ans après, c’est un autre pays. Le PIBpar habitant était de 1938 dollars en 2006selon le FMI. Plus de nombreuses filles-mères,plus d’enfants pieds nus, plus de vieilles guim-bardes poussives. Le pays a fini par avoir raisonde l’adversité de la nature. Sa gestion vertueusea fini par payer. Quand les autres pays sahé-liens distribuaient l’aide alimentaire, le Cap-Vertpratiquait un système dit de capitalisation. L’aideétait vendue et le produit réinvesti dans des pro-jets de reboisement ou d'hydraulique rurale.L’archipel, dirigé par des marxistes, a égale-ment eu très tôt le souci du consensus national etde la perspective à long terme. Cela a débou-ché sur la première alternance pacifique enAfrique et une grande stabilité institutionnelle. Lapriorité absolue à l’éducation a fait le reste.L’archipel a montré le cap.

tégique sur la base économi-que pour le développementdu pays, qui a réuni toutes lescouches du pays. Le consen-sus n’a été que sur le courtterme, il fallait profiter dutourisme et de l’industrie detransformation, mais sur le

long terme, le tourisme n’estpas quelque chose de soute-nable. C’est une activité vola-tile. Aussi, avons-nous identi-fié d’autres secteurs pourdévelopper le pays à partir deses avantages comparatifs : salocalisation et la mer. Le tou-risme nous amène à un déve-loppement de la fonction detransport. La mer, ce n’est pasque la pêche, mais aussi desservices liés à la pêche.Nous travaillons aussi pourle développement des servi-ces que l’on appelle offshore.Un travail systématique est

fait pour développer ce sec-teur. Dans le domaine tech-nologique, nous avons déve-loppé un gouvernementélectronique. Nous avons puintégrer les bases de donnéesde toutes les administrationset les faire parler entre elles.

Aujourd’hui, il est possibleeffectivement d’avoir uneinformation assez fiable. Celase ressent dans les servicesrendus par l’Etat au citoyen.Aujourd’hui par exemple, jepeux avoir mon certificat denaissance via Internet. LePortugal vient de reconnaitreces certificats de naissancedélivrés via Internet. Et toutcela a été fait par une équipede nationaux.D’autres choses sont en traind’être faites dans d’autres sec-teurs avec l’idée de réduirenotre dépendance du tourisme.

Jose Brito.

« Souvent, en Afrique, il y a une grande faiblesse institutionnelle. On a un peu

tendance à considérer que la démocratie c’est le vote. »

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INTERNATIONALLes Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008 23

USA : la FED revoit la croissance à la baisseLa Réserve fédérale américaine (FED) a encore baissé mer-credi ses prévisions de croissance 2008, entre 1,3% et 2%,soit un demi-point de moins qu'anticipé jusqu'alors, enraison de la faiblesse du marché immobilier, de la crise ducrédit et de la flambée du pétrole. Cette nouvelle four-chette est « considérablement plus basse » que la dernière,publiée fin novembre, qui était déjà très inférieure à laprécédente (2,5%-2,75%), indique la FED dans un docu-ment accompagnant les minutes de sa réunion de janvier.Ces révisions s'expliquent par plusieurs facteurs « parmilesquels une intensification de la correction du marchéimmobilier résidentiel ».

Pakistan : vers une coalitionentre Nawaz Sharif et AsifAli ZardariLes leaders des deux partis de l'ex-opposition pakistanaise,vainqueurs des législatives de lundi, ont annoncé jeudi leurdécision de former un gouvernement commun.Dans une déclaration à la presse l'ex-Premier ministreNawaz Sharif et Asif Ali Zardari, le veuf de Benazir Bhutto,ont indiqué avoir « convenu d'un programme commun ».« Nous travaillerons ensemble pour former un gouvernementfédéral et aussi dans les provinces », ont-ils souligné.

Kosovo : la Russie menaced’utiliser la forceLe représentant de la Russie à l'Otan, Dmitri Rogozine, aestimé vendredi que la Russie pourrait utiliser la force sil'Otan ou l'Union européenne défient l'ONU à proposdu Kosovo. « Si, aujourd'hui, l'Union européenne adopteune position unie ou l'Otan dépasse son mandat auKosovo, ces organisations vont défier l'ONU et nous allonsalors nous aussi partir du fait que nous devons utiliser uneforce brutale, qu'on appelle une force armée, pour qu'onnous respecte », a affirmé M. Rogozine lors d'une vidéo-conférence depuis Bruxelles, cité par l'agence Interfax.

Irak : Sadr prolonge la trêveLe chef radical chiite Moqtada Sadr a reconduit vendredipour une nouvelle période de six mois la trêve des opéra-tions de sa puissante milice, qui a contribué à une relativeaccalmie dans les violences en Irak. L'armée américaine asalué cette annonce. « Le renouvellement de sa promessefaite sur l'honneur (...) de cesser les attaques est un engage-ment important qui peut de manière générale contribuer àaméliorer davantage la sécurité » en Irak, a-t-elle dit dansun communiqué.

Le Danemark veut porter à 20% sa part des énergiesrenouvelablesLe gouvernement libéral-conservateur danois et la plu-part des partis du Parlement ont adopté jeudi soir unaccord portant la part des énergies renouvelables à 20%de la consommation énergétique totale en 2011 contre15% aujourd'hui, a-t-on appris vendredi de source offi-cielle. Cet accord énergétique de quatre ans (2008-2011)est destiné à réduire la dépendance du royaume scandi-nave vis-à-vis des énergies fossiles (charbon, pétrole etgaz), selon un communiqué du Ministère du climat et del'énergie.

Dette gazière : accord entrel’Ukraine et la RussieL'Ukraine recommencera à rembourser sa dette gazièreau géant russe Gazprom d'ici la fin de la semaine,a déclaré vendredi le président ukrainien ViktorIouchtchenko dans un entretien accordé à l'agence Ria-Novosti et à la chaîne Russia Today. Gazprom menaçaitde couper la partie russe de l'approvisionnement àl'Ukraine, soit environ un quart des livraisons totales àKiev, en raison de ses dettes. Mais le 12 février, les prési-dents russe et ukrainien, Vladimir Poutine et ViktorIouchtchenko, avaient fait état d'un accord de principepour éviter une nouvelle crise gazière entre leurs pays.

C'est au nom de cette angoisse occidentale de voir la bombe tomber entre les mains des islamistes que

le général Musharraf a pu, pendant de longues années, exercer une dictature sur le pays, mettre au pas

les juges et bafouer la Constitution.

Pakistan, le grand bugde la pensée binaire

Par Saïd Djaafer, Alger

C'est un pense-bête qui s'applique auPakistan, comme a beaucoup d'autrespays musulmans : il n'y a pas beaucoupde choix à faire, c'est l'armée ou les isla-mistes. Pervez Musharraf sait que sesamis américains le considèrent comme leseul pôle de stabilité dans un Pakistanchaotique, se situant sur la ligne de frontde la « civilisation contre les barbares ».Les think tanks occidentaux savent trou-ver de solides circonstances atténuantesaux dictatures qui en profitent allègre-ment. Fort heureusement, lorsque desélections sont possibles au Pakistan, dansdes conditions relativement correctes, cene sont pas les think tanks occidentauxqui votent, mais les Pakistanais. Le 18février dernier, ils n'ont pas voté pour lesislamistes, alors que le pays est présentécomme un fruit mûr, prêt à tomber entreles mains des talibans. On les découvreaussi franchement insensibles aux gran-des amitiés américaines de PervezMusharraf et aux vertus « stabilisatrices »de l'autocratie. Le vote des Pakistanais aexprimé un rejet sans appel du régimeautocratique de Musharraf. En votantpour les deux grands partis de l'opposi-tion non islamiste, les électeurs ont casséune vision simpliste, devenue dominantedepuis septembre 2001. Il y a d'autreschoix possibles pour les sociétés musul-manes, qui ne sont pas condamnées à

accepter des dictatures faussementmodernisatrices pour contrer un isla-misme purement réactif et sans pro-gramme sérieux. Le pire dans ces idéesreçues, traduites en politiques de soutienaux dictatures, c’est qu'elles n'entraventpas les islamistes, mais bloquent, enrevanche, le développement démocrati-que de la société. Le face à face entremilitaires et islamistes est, en général,l'indice d'une démocratisation empê-chée, entravée ou interdite. En dés-avouant ouvertement Pervez Musharraf,les électeurs pakistanais ont ouvert unegrosse brèche dans l'engrenage sinistredans lequel leur pays avait tendance àêtre enfermé.

Un autocrate est « sûr », la démocratieest incertaine L'assassinat de Benazir Bhutto, quelquessemaines auparavant, a sans doute rendutrès risquée une manipulation des urnes.Avec un taux de participation de moinsde 50%, les électeurs ont donné mandataux deux partis d'opposition, le Partipopulaire pakistanais, de feu BenazirBhutto, et la Ligue musulmane duPakistan, de l'ancien Premier ministreNawaz Sharif, pour démanteler lesordonnances de la dictature et rétablirpleinement la Constitution. Il reste àdécider de l'avenir de l'autocrate. Ducôté de Nawaz Sharif, les choses sontclaires : les juges de la Cour suprême,

limogés par Pervez Musharraf alorsqu'ils s'apprêtaient à trancher sur la léga-lité de sa réélection, devraient être réta-blis dans leurs fonctions. Musharrafdevrait partir. Mais si l'autocrate estconsidérablement affaibli par le vote desPakistanais, il continue de bénéficier du

soutien américain. Ceux-ci exercentd'intenses pressions sur Asif Zardari,veuf de l'ex-Premier ministre BenazirBhutto, assassinée le 27 décembre 2007,pour éviter que les oukases de PervezMusharraf contre les juges soient remisen cause. Ce n'est donc pas seulementface aux islamistes qu'on chouchoute lesautocrates. La faute aux think tanks quiraisonnent sur un mode binaire ? Ou,plus prosaïquement, parce qu'une démo-cratie est moins facilement contrôlable etmanipulable qu'une autocratie ?

Fort heureusement, lorsquedes élections sont possibles

au Pakistan, dans des conditions relativement

correctes, ce ne sont pas les think tanks occidentaux

qui votent, mais les Pakistanais.

Raul Castro n’est plus l’intérimaire de son frère, il est le boss à Cuba.

Cuba, un tournant ni « gorbatchévien », ni américain Par Saïd Djaafer, Alger

L’assemblée nationale cubaine a entériné,dimanche 24 févier 2008, le pouvoir de fait,exercé par Raul Castro, depuis l’hospitalisa-tion de Fidel Castro, il y a 19 mois. CarloLage, l’actuel vice-président, aurait pu, avecses 56 ans, être l’incarnation d’un sautgénérationnel où les historiques cèdent lepouvoir aux jeunes. L’assemblée cubaine apréféré la prudence. Le vieux Raul Castro (76 ans), qui veut réformer l’économie estnuméro un, il est secondé par un autre his-torique, José Ramon Machado Ventura (77ans). Carlo Lage, le « jeune » attendra sontour, mais vu l’âge et la santé, des deux pre-miers, il a déjà le pied dans l’étrier. Undosage pour une « succession sans trauma-tisme avec Fidel en tête », selon la formule duprésident vénézuélien Hugo Chavez.

Lancer les réformesCarlo Lage pourrait en effet se retrouverdans la posture de premier ministre avecpour mission de lancer des réformes del’économie. Quid alors de Fidel Castro, quia mis fin au provisoire, le 18 février dernier,en annonçant qu’il n’accepterait plus lacharge de président du Conseil d’Etat et deCommandant en chef ? Son retrait n’est pasfaux, il n’est pas sérieux de croire qu’ilcontinuera à tirer les ficelles de sa suited’hôpital, même si Raul Castro a annoncéqu’il continuera à le consulter pour les« décisions majeures ». Le tournant est bienpris, mais il porte la marque du Lider

Maximo. Les anticastristes de toujours, lesdéçus de la révolution - il n’en a pas man-qué, y compris parmi les compagnons de lapremière heure - mettent en avant son« pouvoir dictatorial » et une politique quiaurait ruiné l’économie du pays. Les défen-seurs du Lider Maximo font remarquer queCuba, qui s’est forgée dans l’adversité ensubissant un des plus longs embargos éco-nomiques de l’histoire, et face à l’hostilitéactive de la plus grande puissance dumonde, ne s’en tire pas si mal. Et qu’ellen’est en tout cas pas le désastre absolu décritdans la presse occidentale. Sur cet aspect, lePNUD (programme des Nations uniespour le développement), pourrait êtreconsidéré comme une source objective, peususpecte de sympathies révolutionnaires.Selon son indicateur du développementhumain 2007-2008, mesurant le niveauatteint par un pays en terme d’espérancede vie, d’instruction et de revenu réel cor-rigé, Cuba est à la 51e place dans un classe-ment comprenant 177 pays. Juste derrièrel’Uruguay (46), le Costa Rica (48) et lesBahamas (49), avant le Mexique (52) etloin devant de nombreux autres paysd’Amérique latine comme le Brésil (70) oule Venezuela (74). Mais il est évident quel’âpre controverse entre les détracteurs et lespartisans de Fidel Castro se poursuivralongtemps, c’est la loi du genre.

Le compañero fidel ecritLe seul constat, relativement commun, estque Cuba a besoin de changement. Les

Cubains le pensent. Les Américains et lesEuropéens, aussi, ont leur propre avis sur lanature des changements qu’il faut pourCuba. Fidel Castro, qui semble croire qu’il ya une vie après le pouvoir, dans l’écriture, aaussi le sien. Dans ses « Réflexions du com-pañero Fidel » du 21 février, il commenteavec humeur les réactions suscitées, cotéaméricain, par sa décision, annoncée le 18 février 2008, de passer définitivement la main. « Un demi-siècle de blocus ne leur semble pas assez, à ces privilégiés." Changement, changement, changement! ",s’égosillent-ils à l’unisson. Je suis d’accordpour du changement, mais aux Etats-Unis !Il y a belle lurette que Cuba a changé etqu’elle tiendra son cap dialectique. " Nejamais retourner au passé ! ", s’exclame notrepeuple. " Annexion, annexion, annexion ! ",scande l’adversaire, parce que c’est à ça qu’ilpense, au fond, quand il parle de change-ment. » (1). En rendant le tablier, FidelCastro ouve le chemin d’une transition quine sera pas « gorbachévienne » et encoremoins américaine. Difficile de faire l’im-passe sur une histoire de 50 ans, entière-ment façonnée par la résistance aux gou-vernements américains. Cuba ne veut passe laisser pas absorber par Miami l’anticas-triste, qui dicte la politique cubaine desEtats-Unis. Fidel Castro, lui, fera ce qu’ilpourra pour que cela n’advienne pas : ilécrira. Les Cubains liront.

1-http://www.cuba.cu/gobierno/discursos/2008/fra/

f210208f.html

Page 24: Cap-Vert, comment réussir sans matières premières · Rédaction : Alger, Casablanca, Dakar contentieux franco-algérien N o 18 : 28 février au 5 mars 2008 Le journal de la finance

L’AFRICAIN DE LA SEMAINE24 Les Afriques - N° 18 - 28 février au 5 mars 2008

Le milliardaire emprisonné et contesté par les siens passait, il y a encore peu, pour le président-

bis de la Guinée.

Mamadou Sylla, parqui le drame est arrivéPar Chérif Elvalide Sèye, Dakar

C’est pour être allé le libérer de la prisoncentrale de Conakry que le présidentLansana Conté a provoqué la furie dupetit peuple de Guinée. Avec la suite quel’on connaît. Cailloux et cris de ragecontre balles réelles. Plus de 100 morts.La médiation de l’ancien président nigé-rian, militaire comme lui, a mis fin auxémeutes. Conté a accepté de choisir unPremier ministre de consensus sur uneliste de trois, proposés par les syndicats etla société civile. Ce fut Lansana Kouyaté,ancien secrétaire exécutif de la

Communauté économique de l’Afriquede l’Ouest, CEDEAO. Parmi ses mis-sions, l’audit de la gestion des ressourcespubliques, pour tirer au clair, entreautres, les accusations de malversationsqui ont valu la prison à l’ami du prési-dent Conté.

Résultats effarants ! Kouyaté vient de publier les résultats.Effarants ! 200 milliards de francs gui-néens détournés. 13 400 fonctionnairesdécédés toujours salariés et 300 véhiculesdisparus. Véhicules ? Le différend entreSylla et le gouvernement portait juste-ment sur des véhicules payés et nonlivrés selon le gouvernement, livrés et paspayés pour le milliardaire guinéen. Lajustice va se saisir des audits et peut-êtrela lumière sera-t-elle faite, entre autres,sur ce contentieux.

Solidarité ethniqueCe milliardaire qui a ébranlé l’Etatvivait, jusqu’à son emprisonnement,un conte de fées.Né en janvier 1960 à Boké, une villeminière du nord-ouest de la Guinée, ceDiakhanké, ethnie commerçante et reli-gieuse, est initié au commerce et à la reli-gion par son père, El Hadji BakoutoubouSylla, marabout. Il l’amène avec lui à lapoursuite du diamant dans les mines deBanankoro. Les recherches du père sontvaines. A 24 ans, Mamadou Sylla estimele moment venu d’aller chercher fortuneailleurs. A Conakry, en 1984, il s’essaie àtous les commerces. Il a le sens des affai-res et la solidarité ethnique aide aussi. Ilfinit par racheter une petite société,Futurelec, spécialisée dans l’électroniquegrand public, en 1993. Il s’associe avecArnaud de Rességuier, qui venait de créerune autre petite société dénomméeAMC en 1996. Futurelec, rapidement, sediversifie. Engrais, semences, produitsphytosanitaires. « El Hadj, qui a toujours100 idées à la minute, m'a dit :" Maintenant qu'on tient bien ce marchélà, nous allons passer à autre chose " »,raconte son associé devenu son conseil-ler. Après l’agriculture, ce sera l’automo-

bile. Pour acheter une voiture, il fallaitalors verser quelque 20 000 $ d'acompteet attendre six mois. Futurelec enimporte des dizaines pour livrer immé-diatement. Les acheteurs commencent àse presser et Futurelec à prospérer, mais ilest loin d’être le premier de la classe.

Vente d’armesA toute chose malheur est bon, dit l’adage.En 2001, la Guinée est attaquée par desrebelles sans dessein politique. Leur seulbut, piller, dépouiller, comme ils le font entoute impunité au Liberia et en SierraLeone. Mal préparée, sans équipements,démobilisée, l’armée du général Contébrille par son absence. Puis, se souvenantqu’il fut militaire, Conté réagit. Il prend ladirection des affaires. Il lui faut d’abord desarmes, des munitions et des véhicules. Etpour cela, des relations avec les négociantsd’armes. On lui parle d’un certainMamadou Sylla, qui vend de tout.Probablement, Sylla n’en connaissait-il pasplus que lui car, en faits d’armes, il ne ven-dait que des fusils de chasse. Mais en boncommerçant, pour toute demande, il a for-cément une offre. Et quand il s’agit d’unEtat, les vendeurs d’armes peuvent bienfaire crédit. Pari gagné. En un tour demain, Conté a ses armes et voitures. Etcomme les rebelles étaient seulementvenus piller, ils n’ont nulle intention detrop risquer leur vie. Plutôt retourner dansle no man’s land sierra-léonais-libérien.

Le graalPour Sylla, c’est le graal. Conté, qui saitêtre reconnaissant, ne jure désormais quepar lui. Il empoche quelques millions dedollars et, en prime, la confiance du chefde l’Etat.La diversification des activités se pour-suit. Futurelec est partout.Sylla est maintenant la première fortunede Guinée. Il trône dans un imposantimmeuble neuf dans le quartier de DixinnBora, à Conakry, avec ses trois femmes etses dix enfants. En guise de bilan, il rap-pelle qu’il est né commerçant et énonce saphilosophie. « Personnellement, je n'ai pasbesoin de dire que telle ou telle chose m'aempêché de faire ceci ou cela ; il faut que jeréussisse, je me dis " je dois faire ceci " ou" je ne le dois pas ", mais c'est toujoursmoi-même qui décide. Dieu m'a toujoursaidé. Chaque fois qu'on a monté uneaffaire, ça a bien marché. On a investibeaucoup d'argent dans les avions. Pour cequi est de l'agriculture, tout est mécanisé,c'est moderne. On est dans l'élevage, lapisciculture... On a regroupé tout ça ausein de Futurelec. Il y a aussi une grandesociété de construction. On va construire le

plus grand dépôt du pays. On a aussi unesociété de trading. Dans presque tous cesdomaines, nous sommes leader. En dehorsde la Guinée maintenant, d'autres chefsd’Etat viennent nous visiter. »Son chiffre d’affaires est passé de 1 à 200millions de dollars en quelque cinq ans.

Il est resté l’ami du chef de l’Etat. Le vice-président de la République, raillentmême quelques-uns qui le soupçonnentd’être le porte-nom du président. Luis’en défend : « Je n'ai jamais entretenu derapports d'argent avec le président. Ilrigole, d'ailleurs, chaque fois que je luirapporte les rumeurs qui veulent que descaisses d'argent circulent entre mon domi-cile et le palais. »

Il démissionne le Premier ministreIl est assez puissant pour pousser unPremier ministre, Lonsény Fall en l’oc-currence, à la démission. Le présidentConté ayant pris la défense de Sylla dans

un conflit avec le PM. Une autre fois, leprésident met son cortège à sa disposi-tion en mars 2005. Pour démentir lesrumeurs sur sa santé, c’est chez lui queConté décide de faire sa première appari-tion publique, le 3 avril 2005.Mais comme toujours, avec le pouvoir,rien n’est jamais définitivement acquis.Le gouvernement l’accuse de lui avoirpris indûment vingt millions de dollars.L’affaire finit en justice et Sylla est placésous mandat de dépôt. La suite estconnue. C’est sa libération et les émeu-tes. Un malheur n’arrive jamais seul, ditaussi l’adage. Après ses déboires avec sacompagnie aérienne, dont un avion acrashé, le voici à présent contesté par sespairs. Les patrons guinéens comptentdésormais deux patrons. Face à Sylla sedresse désormais El hadj Youssouf Dialloqui a, du reste, signé au nom du patronatles accords tripartites gouvernement-syndicats-patronat, qui ont permis decalmer le jeu politico-social.Son ascension avait commencé parl’épée. Si les événements de janvier 2007finissent par l’emporter, c’est par l’épéequ’il aura également tout perdu.

Kouyaté vient de publier les résultats. Effarants ! 200 milliards de francs

guinéens détournés. 13 400fonctionnaires décédés toujours salariés et 300

véhicules disparus.

Son chiffre d’affaires estpassé de 1 à 200 millions

de dollars en quelque cinq ans. Il est resté l’ami

du chef de l’Etat.

Mamadou Sylla.

Face à Sylla se dresse désormais El hadj YoussoufDiallo qui a, du reste, signé

au nom du patronat les accords tripartites

gouvernement – syndicats –patronat, qui ont permis decalmer le jeu politico-social.

L’agenda

BPO Africa Conference - Current trends and best practices

15 et 16 mai 2008 à Cape Town, International Convention Center Contact: Vantage Conference Productions - Tel : 021 554 1087

Premier séminaire des DSI

24 et 25 mars 2008 à Alger, Hilton Hotel. Contact : http://www.nabset.com

Premier salon international sur le gaz

20 au 23 mai 2008 à Abuja, à l’International Conference Center. Contact : nigeria-gas.com

Séminaire sur l’Algérie

Les marchés publics & comment répondre aux appels d’offres, 16 mai2008 – Marseille. Contact : Laurence Hautefeuille, [email protected]

2e Convention d’affaires franco-sino-africaine

21 et 22 mai 2008 à Paris. Contact : 00 33 1 46 94 69 09.http://www.cicp.biz

Chad International Oil and Mining (CIOME)

8 au 10 octobre 2008 à Ndjaména (Palais du 15 janvier). www.cubicglobe.com

Forum Med-Allia 2008

31 mars au 2 avril 2008 à Tunis. Contact : www.med-allia.com

Forum international sur le private equity au Moyen-Orient

4 et 5 mars 2008 à Dubaï - www.peimedia.com/peime08.

Une union pour la Méditerranée, pour quoi faire et

comment ?

28 au 30 mars à Paris (Unesco) - www.forumdeparis.org.

Deuxième forum euro-méditerranéen du Capital

Investissement

24 et 25 avril 2008 à Tunis. Contact : www.euromed-capital.com

1er Forum international des affaires du Nepad

Business Group

Créer un véritable courant d’affaires entre économies anglophones et fran-cophones en Afrique de l’Ouest. Du 3 au 5 mars 2008 à Abidjan, HôtelIvoire. Informations : [email protected]

African Investor & NYSE Forum

15 septembre 2008 à New YorkContact : www.africa-investor.com/awards/aiindexawards/home.htm

Africa Hedge Funds 2008

13 mars 2008, Genève, Hôtel President Wilson (Suisse). www.jetfin.com

4e Forum international de la finance13 et 14 mai 2008 à Alger - Contact : www.fif-alger.com

Tech for Food 2008Forum international dédié aux Nouvelles Technologies au service dudéveloppement agricole dans les pays du Sud. 26 février 2008 – AuSalon international de l’agriculture de Paris. www.techforfood.com –Contact [email protected]

7e conférence de l’AVCA

16 au 18 mars 2008 à Gaborone (Botswana). Centre international deconférence à Gaborone. Tél : (+09267) 363 7777

Forum de la finance islamique

2 et 3 avril 2008 à Casablanca. Informations : [email protected]

3e édition de Carte d’Afrique (monétique)

17 et 18 avril 2008 à Marrakech (Maroc). Organisateur : I-conférences(Groupe Success Publication)

Cycles des salons de Med It 2008

22 et 23 avril 2008 : Med-IT @ Alger, Algérie. 18 et 19 juin 2008 :Med-IT @ Casablanca, Maroc. 22 et 23 octobre 2008 : Med-IT @ Tunis,Tunisie. 25 et 26 novembre 2008 : Med-IT @ Dakar, Sénégal Organisateur : XCOM. Contact : Tel. +33 442 70 95 10 - Fax. +33 (0)4 42 70 91 89