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Tracés. Revue de Sciences humaines (2002) Systèmes concentrationnaires ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Christophe Premat L’analyse du phénomène bureaucratique chez Castoriadis ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sous réserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluant toute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue, l'auteur et la référence du document. Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le Cléo, Centre pour l'édition électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV). ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Référence électronique Christophe Premat, « L’analyse du phénomène bureaucratique chez Castoriadis », Tracés. Revue de Sciences humaines [En ligne], 1 | 2002, mis en ligne le 11 mai 2009, consulté le 11 octobre 2012. URL : http:// traces.revues.org/4131 ; DOI : 10.4000/traces.4131 Éditeur : ENS Éditions http://traces.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://traces.revues.org/4131 Ce document est le fac-similé de l'édition papier. © ENS Éditions

Castoriadis (Premat)Burocracia

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  • Tracs. Revue de Scienceshumaines1 (2002)Systmes concentrationnaires

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    Christophe Premat

    Lanalyse du phnomnebureaucratique chez Castoriadis................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    AvertissementLe contenu de ce site relve de la lgislation franaise sur la proprit intellectuelle et est la proprit exclusive del'diteur.Les uvres figurant sur ce site peuvent tre consultes et reproduites sur un support papier ou numrique sousrserve qu'elles soient strictement rserves un usage soit personnel, soit scientifique ou pdagogique excluanttoute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'diteur, le nom de la revue,l'auteur et la rfrence du document.Toute autre reproduction est interdite sauf accord pralable de l'diteur, en dehors des cas prvus par la lgislationen vigueur en France.

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    Rfrence lectroniqueChristophe Premat, Lanalyse du phnomne bureaucratique chez Castoriadis, Tracs. Revue de Scienceshumaines [En ligne], 1|2002, mis en ligne le 11 mai 2009, consult le 11 octobre 2012. URL: http://traces.revues.org/4131; DOI: 10.4000/traces.4131

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    Document accessible en ligne sur : http://traces.revues.org/4131Ce document est le fac-simil de l'dition papier. ENS ditions

  • Lanalyse du phnomne bureaucratique chez

    Castoriadis

    Un sicle aprs le Manifeste Communiste , trente annes aprs la Rvolution russe,

    aprs avoir connu des victoires clatantes et de profondes dfaites, le mouvement

    rvolutionnaire semble avoir disparu, tel un cours deau qui en sapprochant de la mer

    se rpand en marcages et finalement svanouit dans le sable. 1.

    Ce constat est celui que fait CASTORIADIS, dans le premier numro de la revue Socialisme

    ou Barbarie en 1949, un an aprs la fondation avec CLAUDE LEFORT du groupe

    rvolutionnaire du mme nom. Ce groupe sest constitu en dissidence de la IVme

    Internationale trotskyste qui analysait le rgime sovitique comme tant un Etat ouvrier

    dgnr. Or, Socialisme ou Barbarie, au-del de la dnonciation de ce totalitarisme, lancera

    une interprtation audacieuse lpoque en montrant la tendance profonde des socits

    contemporaines vers une institution bureaucratique, quelle soit totale comme dans le cas des

    rgimes de lEst (qui reprsentent les cas extrmes) ou fragmente comme dans les rgimes

    de lOuest. Cette bureaucratisation de la socit est un phnomne proprement

    concentrationnaire, dans le sens o le systme dexploitation institu produit une logique

    pseudo-rationnelle de dveloppement et contrle les diffrentes sphres de lexistence sociale

    des individus. Cette bureaucratisation assche toute possibilit de renouvellement des normes

    sociales.

    La bureaucratie ne se prsente pas pour autant comme un monstre hybride, dont les

    tentacules toufferaient lnergie cratrice des individus. Il sagira plutt, dans la description

    de ce phnomne, de montrer en quoi elle se constitue comme modle social rationnel rendant

    efficace la domination de la socit par un petit nombre, qui nest pas forcment une classe

    unifie.

    1

  • Nous nous proposons danalyser les caractristiques de la plupart des bureaucraties qui

    reprsentent des systmes concentrationnaires fonctionnant partir dune direction spare de

    lexcution, dont le sens revient cette couche de dirigeants. La bureaucratie est alors une

    institution htronome de la socit reposant sur lintriorisation dune hirarchie. Ce type de

    socialisation nie toute possibilit dingrence de la part des acteurs, puisque lorientation est

    lapanage des dirigeants. Concentration des moyens, dtention du sens, la domination

    sinstitue comme emprise de limaginaire social.

    Dans un premier temps de notre rflexion, nous dgagerons lorigine mme du projet

    dinstitution bureaucratique qui nat avec lapparition de la signification imaginaire sociale

    dune matrise infinie de lenvironnement par les hommes, cest--dire le capitalisme. Ensuite,

    nous mettrons en vidence le trait fondamental de la bureaucratie qui est la planification , dont

    lexemple type est le rgime social de lURSS. La bureaucratie minimise le potentiel crateur

    des individus et fonctionne comme un corps social clos sur lui-mme. En dernier lieu, nous

    montrerons comment la bureaucratie est une forme de socialisation qui instrumentalise une

    domination et nie toute libert publique. Lappropriation de la sphre publique et politique par

    un petit nombre va de pair avec un mouvement de privatisation de lexistence individuelle.

    Lclatement de ces systmes concentrationnaires passe par la revalorisation dun sens

    politique collectif, permettant tous les hommes de devenir citoyens et dinstituer les critres

    de la vie sociale.

    I

    Le mot bureaucratie est compos du mot latin bruna (toffe grossire de laine brune) et

    du verbe grec kratein (tre fort, puissant, dominer, exercer le pouvoir). Au dbut du XIVme

    sicle, il est utilis pour indiquer le tapis sur lequel on fait des comptes et par extension a fini

    par dsigner la table o lon fait les comptes et le lieu o lon fait les comptes.

    Progressivement , le mot sest mis nommer un organisme fournissant des prestations

    dintrt gnral, soit un tablissement, une institution ou un service charg de concevoir, de

    prparer, dadministrer ou de contrler un plan et enfin lensemble des professionnels en

    charge de ces tches administratives dorganisation et de contrle. En 1764, le baron Frdric-

    Melchior de Grimm attribue la paternit du mot au physiocrate Vincent de Gournay (1712-

    1759), qui faisait des bureaux une forme de pouvoir. Cette forme de pouvoir, est sous-tendue

    par le seul dsir de gouverner pour gouverner, et de perptuer lexistence et les privilges et

    2

  • les stratgies de ce corps. Elle se constitue comme socialisation efficace, dans la mesure o

    elle est un corps qui fonctionne avec un cerveau, qui envoie les informations et des membres

    excutants. Ce corps tend non pas stendre comme corps, puisquil est clos sur lui-mme,

    mais tend tendre infiniment sa domination. CASTORIADIS fait un lien entre capitalisme et

    bureaucratie, puisque le capitalisme bureaucratique fait circuler un ensemble de significations

    qui rgissent limaginaire social dans lequel nous vivons. CASTORIADIS entend le terme social

    au sens fort.

    Social : le terme ne renvoie pas la Scurit sociale, ni la question sociale ,

    lexistence de riches et de pauvres 2.

    Social renvoie au processus de socialisation de ltre humain, ce par quoi il appartient

    telle socit. CASTORIADIS forge dailleurs le terme de social-historique 3, car la socit est

    histoire tout comme lhistoire est social. Nos socits ne se dfinissent pas par rapport un

    sens historique qui leur est extrieur, car elles dterminent elles-mmes un horizon.

    La premire signification imaginaire est celle dun dveloppement de nos socits qui

    sappuie sur une efficacit bureaucratique. Les critiques de la bureaucratie ne visent dailleurs

    pas un effacement de celle-ci, mais une simplification de ses procdures vue comme facteur

    defficacit.

    Ainsi, personne ou presque pour se demander : quest-ce que le dveloppement ,

    pourquoi le dveloppement , dveloppement de quoi et vers quoi ? Comme dj

    indiqu, le terme dveloppement a commenc tre utilis lorsquil devint vident

    que le progrs , l expansion , la croissance ntaient pas des virtualits

    intrinsques, inhrentes toute socit humaine, dont on aurait pu considrer la

    ralisation (actualisation) comme invitable, mais des proprits spcifiques- et

    possdant une valeur positive - des socits occidentales. 4.

    Les socits occidentales se prsentent comme des modles de dveloppement sans pour

    autant dfinir la fin de ce dveloppement. Elles croissent et produisent toujours plus pour

    exister, sans penser que cette croissance nest peut-tre pas infinie. Le corps bureaucratique

    orchestre cette croissance conomique, ses directives ont valeur de dcrets. Or, ce

    dveloppement nen est pas un vrai, il faut se rfrer la dfinition biologique du

    dveloppement, qui implique lacquisition par un organisme dun maturit, cette maturit

    reprsentant la fin de cet organisme. Dans le cas de nos socits, le dveloppement ne

    reprsente pas lvolution dun corps, puisque ce corps dgnre dans un impratif de

    3

  • production qui devient son seul sens. La socit capitaliste se bureaucratise, son mode

    dinstitution est rduit un mode de production. Le dveloppement nest plus la ralisation

    dune norme naturelle, mais la concentration dune domination qui devient de plus en plus

    monstrueuse, car de plus en plus pnible tendre. La socit bureaucratique dveloppe un

    systme concentrationnaire, avec la prsence en son sein dun corps qui drgul.

    Lhyperrgulation de la croissance conomique, la vise de tel ou tel taux de croissance

    deviennent les objectifs dun tel corps qui tente docculter le sens de cette domination en

    alimentant la fiction dun progrs pour tous. Essayons de dgager le sens de cette domination

    qui senracine dans une volont infinie de matrise. Le changement survient quand lide

    dinfini simmisce dans nos cadres de pense. Linfini nest plus la proprit dun Dieu vivant

    hors du monde, il est proprit essentielle du monde dici-bas. CASTORIADIS ne souhaite pas

    dfinir une squence causale en montrant quel phnomne a engendr tel mode de pense, il

    prfre parler de signification imaginaire sociale 5.

    A cette signification imaginaire sociale correspondent de nouvelles attitudes, valeurs

    et normes, une nouvelle dfinition sociale de la ralit et de ltre, de ce qui compte et

    de ce qui ne compte pas. 6.

    Lesprit de computabilit est le signe dune nouvelle comprhension ontologique, o ltre

    reprsente ce qui peut tre compt. Le propre de ces significations imaginaires est quelles se

    donnent ensemble, il est donc difficile de les dlimiter pour reprer un enchanement causal

    particulier.

    Ce qui importe ici est la concidence et la convergence, que lon constate partir,

    disons, du XIVme sicle, entre la naissance et lexpansion de la bourgeoisie, lintrt

    obsdant et croissant port aux inventions et aux dcouvertes, leffondrement progressif

    de la reprsentation mdivale du monde et de la socit, la Rforme, le passage du

    monde clos lUnivers infini , la mathmatisation des sciences, la perspective dun

    progrs indfini de la connaissance et lide que lusage propre de la Raison est la

    condition ncessaire et suffisante pour que nous devenions matres et possesseurs de

    la Nature (Descartes). 7.

    Ces significations imaginaires sociales transforment considrablement la reprsentation

    que nous avons de notre propre ralit, il serait cependant absurde dexpliquer lmergence

    dune nouvelle forme de rationalit partir de laffirmation de la bourgeoisie. Ces

    significations nont pas exist dans toutes les socits, elles ont t institues par certaines

    4

  • dentre elles. Lide dune mathmatisation des sciences fut associe lide dun pouvoir

    non limit de la raison et cette conjonction a produit les catgories du monde moderne. Le

    dveloppement se fait sans limites, lobjectif reste de produire plus, de vivre plus, plus

    tant une positivit sans sens.

    Mais sous cette positivit extrieure se rvle de plus en plus la mystification qui sy

    trouve en germe. 8.

    Sous cette pseudo-positivit, il y a occultation du mode dinstitution de la socit.

    Lalination ne se situe pas au niveau rel, mais au niveau imaginaire avec mobilisation de

    significations qui cachent lorigine de la socit en lui proposant une fiction rationnelle. La

    croissance des quantits nie ainsi la finitude humaine pour incarner cette volont infinie et la

    bureaucratie est alors, daprs CASTORIADIS, un mode dinstitution global de cette

    mystification qui repose sur laccroissement dune efficacit collective. La bureaucratie nest

    pas un simple pouvoir de bureaux, cest un systme de rduction globale du sens, labsorption

    de la qualit dune chose au profit de la quantit.

    Cette institution mystificatrice se traduit rellement par une alination et une concentration

    des forces productives, elle se prsente comme une mdiation ralisant un certain sens de

    lhistoire,

    dans la mesure o elle localise et concentre le pour soi, la conscience et la direction de

    la classe, o en dfinitive elle se pose comme un pour soi, comme une fin de soi mme

    dans lhistoire. 9.

    Un petit nombre dindividus contrle lorientation du projet social et lasservit ses dsirs

    tout en faisant passer ses intrts pour lintrt gnral. La concidence de ces significations

    imaginaires a permis lappropriation du destin collectif par ce petit nombre dindividus,

    linstitution du droit, de la religion, de lconomie sont alors centres autour de cette ide

    dune matrise infinie du monde. La direction bureaucratique a forg la fiction dune

    conomie rationnelle qui rgit le dveloppement des forces productives. Lorganisation

    bureaucratique de la socit vise une concentration toujours plus grande de ces forces

    productives qui devienne petit petit unification abstraite.

    En effet, le processus de concentration des forces productives ne pourrait sachever

    que par lunification du capital et de la classe dominante lchelle mondiale 10.

    Le fait fondamental de la socit capitaliste rside dans lide dun travail salari asservi au

    capital. Lconomie repose sur lexploitation de ce travail salari, qui se traduit par

    5

  • lappropriation par la classe dominante dune partie du produit social quelle utilise sa guise.

    Cette utilisation prend la forme de laccumulation qui transforme une partie de la plus-value

    en moyens de production supplmentaires, moyens qui mettent en vidence la ncessit dun

    progrs technique. Cette analyse marxiste du capitalisme est juge bonne par CASTORIADIS, le

    problme tant que MARX va tre prisonnier dune conception productiviste de lhistoire, dans

    la mesure o ltre humain est rduit un homo conomicus, cest--dire un tre capable de

    produire. MARX a pos le problme du capitalisme en dterminant le taux dexploitation qui

    repose sur le rapport entre de la plus-value totale ou masse des profits la masse des salaires.

    Ce qui ne va pas, cest de montrer que ce taux dexploitation repose exclusivement sur des

    critres conomiques objectifs, CASTORIADIS dnonant la drive scientiste de MARX. Le

    salaire rel ne dtermine pas objectivement une valeur de travail, cette valeur est fixe par la

    socit, elle est ce que la socit croit tre. Temps de travail, cots de production,

    productivit, taux de croissance sont des notions qui devraient pouvoir tre discutes, et cest

    l que la dimension politique dune socit doit tre prise en compte. La bureaucratie se

    concentre autour dun ple directeur, elle est la fois conomique et politique, elle est

    contrle, rglementation dune exploitation gnralise. Le capitalisme bureaucratique a une

    tendance monopolistique, les monopoles dsignant explicitement des systmes

    concentrationnaires, rationalisant la domination. Les Etats-Unis mettent en place un

    capitalisme de monopoles industriels qui dpasse le capitalisme concurrentiel,

    pour arriver au monopole universel sidentifiant lEtat. 11

    Le contrle croissant des marchs, des sources de matire premire et les rglementations

    administratives affirment cette tendance dunification.

    Cette bureaucratie a besoin pour cela de la sparation dun Etat et de la socit, elle a

    besoin dune direction spare qui soit le plus efficace possible. La division du travail se

    polarise autour de la direction et de lexcution des tches. Lconomie est la forme

    universelle abstraite du fonctionnement bureaucratique, le rel tant ce qui peut tre calcul

    en termes de rendement et de productivit. LEtat est ainsi confi des professionnels de la

    politique qui dfinissent des codes communs (juridiques, conomiques) favorables

    lhyperconcentration des moyens de production.

    Luniversalit abstraite apparat en mme temps dans la politique, puisque lEtat ou le

    peuple apparat comme sujet du pouvoir, qui est en ralit le pouvoir de la

    bureaucratie . 12.

    6

  • Le pouvoir bureaucratique occulte ce quil est rellement, son renforcement passe par un

    contrle de plus en plus fort et gnre ainsi une souffrance sociale devenue plus accentue.

    Lacclration de la concentration verticale et horizontale impose par le besoin dun

    contrle et dune rglementation de plus en plus complets des sources de matires

    premires et des marchs, aussi bien intrieurs quextrieurs ; lextension de lappareil

    militaire, lchance de la guerre totale et la transformation graduelle de lconomie en

    conomie de guerre permanente 13.

    Ces rflexions sont replacer dans un contexte de guerre froide, immdiatement au sortir

    de la Seconde guerre mondiale, elles nen perdent pas moins leur pertinence, la bureaucratie

    active des mcanismes guerriers qui sont fondamentalement des mcanismes de rpression

    assurant un contrle rapide et efficace. La bureaucratie vise bien instaurer un systme

    concentrationnaire mondial, qui activerait un ensemble de dispositifs de contrle.

    Loriginalit de CASTORIADIS, en 1949, fut de montrer que le rgime sovitique diffrait des

    conomies occidentales uniquement du point de vue de lintensit du systme bureaucratique.

    Lopposition entre le rgime sovitique et lOuest nest pas une opposition de nature, mais

    une de forme, puisque lURSS est une tentative dinstitution bureaucratique totale alors que

    les rgimes occidentaux ne reprsentent que des bureaucraties fragmentes, des systmes

    concentrationnaires inachevs.

    II

    Etudier le rgime social russe permet de dgager ce qui menace les pays de lOuest, dans

    leur course effrne la concentration du pouvoir conomique et politique.

    Cest ainsi que la socit moderne, quelle vive sous un rgime dmocratique ou

    dictatorial , est en fait toujours totalitaire. Car la domination des exploiteurs doit,

    pour se maintenir envahir tous les domaines dactivit et tenter de se les soumettre. 14.

    La terreur est bien un moyen dassurer la domination et de ltendre, mais la manipulation

    pacifique des masses et lassimilation graduelle des oppositions organises est un moyen tout

    aussi efficace daccrotre cette domination.

    Convenons dappeler rgime social un type donn dinstitution de la socit en tant

    quil dpasse une socit singulire. La notion et le terme de mode de production

    7

  • ont une validit sil sagit de caractriser la production comme telle ; non pas une

    socit ou une classe de socits 15.

    Le mode de production est toujours rfrer un rgime social qui le dfinit, ici en

    loccurrence le systme bureaucratique. Le rgime social de lURSS, des pays de lEst

    lpoque, et celui de la Chine dcrit un capitalisme bureaucratique total alors que les pays

    industrialiss dOccident illustrent un capitalisme bureaucratique fragment. 16. La

    bureaucratie est interprtable comme le produit organique de la concentration du capital, qui

    prsuppose un arsenal de contrle des tches. A lEst, lEtat fixe les normes de la production,

    la socit bureaucratique fait un partage net entre une nouvelle couche dexploitants qui

    concentre le pouvoir conomique et politique et les excutants devant raliser la production

    dfinie. Les acteurs nont plus de marge de manuvre, leur action ne cre rien, puisque les

    dirigeants prvoient le rsultat de cette action et misent dessus. Le systme concentrationnaire

    est sparation complte entre direction et excution, il est dsarticulation assume du corps

    social, puisque la tte commande en dehors du corps quelle dirige. Les analyses de MARX

    sont viables en ce quelles montrent la personnification du Capital et la dshumanisation du

    travail humain, sa dcapitation.

    La sparation de la direction et de la production immdiate, le transfert de la direction

    de lactivit de travail une instance extrieure au travail et au travailleur ; la pseudo-

    rationalisation ; le calcul et la planification tendue des segments de plus

    en plus grands de la production et de lconomie, etc.-toutes ces fonctions, il est exclu

    quelles soient accomplies par des personnes 17.

    La domination devient non nommable, proprement inhumaine, elle saccomplit sous la

    forme dun cynisme et dune barbarie circulant dans toutes les sphres de ce systme

    concentrationnaire. Cette domination est limposition dun point de vue unique rig en but de

    la socit.

    Le point de vue universel de la direction est en fait un point de vue particulier ;

    cest le point de vue la fois partial et partiel dune couche particulire, qui naccde

    qu une partie de la ralit, qui vit une vie part de la production effective, qui a des

    intrts propres faire valoir. 18.

    Cette coupure entre direction et excution est totalement consomme dans le rgime social

    de la Russie, o la nouvelle couche sociale cre concentre tous les pouvoirs. Cette couche

    sociale dcapite proprement le mouvement ouvrier en sparant sa tte de son corps, cest--

    8

  • dire en sparant le proltariat du parti rvolutionnaire qui assume la direction. Le principe de

    la division du travail, propre au capitalisme bureaucratique est reconduit de manire totale. Le

    mouvement ouvrier na ainsi aucune prise sur le pouvoir politique et conomique. Cette

    division est

    entre la conscience du proltariat , localise dsormais dans le parti

    rvolutionnaire , et le corps du proltariat, priv de conscience et [] cette

    conscience qui est le parti se hte de priver de plus en plus de conscience pour

    saffirmer elle-mme en tant que conscience irremplaable. La distinction devient

    division, la division devient opposition, et lopposition devient en dfinitive

    contradiction entre le proltariat et son propre parti rvolutionnaire . 19.

    Le systme concentrationnaire fonctionne selon un principe de cloisonnement du corps des

    excutants, la vie est assume uniquement par la tte qui prtend la diriger. Cest dans ce

    cloisonnement quil y a barbarie, cest--dire ngation de la vie qui est mouvement

    dinstitution global, o tte et corps sont lies. Le monopole bureaucratique est en fait un

    monopole de conscience, une appropriation ngative de cette conscience qui, du mme coup,

    dilapide ses possibilits cratives du fait de cette division.

    Dans tous les pays de lEst, la proprit prive a t nationalise et la bourgeoisie, en tant

    que couche sociale, a t extermine et remplace par cette nouvelle couche bureaucratique,

    savoir le parti rvolutionnaire. Dun point de vue plus profond, les rapports de production sont

    rests des rapports dexploitation.

    Exprime comme subordination totale des ouvriers au cours de la production aux

    intrts dune couche sociale dominante et comme accaparement de la plus-value par la

    bureaucratie, cette exploitation nest quune forme plus dveloppe de la domination du

    capital sur le travail. 20.

    La bureaucratie concentre cette domination de manire plus forte et plus efficace que la

    bourgeoisie nationale traditionnelle. La guerre froide est ainsi interprte en termes de

    concurrence la concentration du capital et du pouvoir rel. La vision de CASTORIADIS et des

    membres du groupe Socialisme ou Barbarie fut trs claire en ce qui concerne lvolution des

    rapports entre les bureaucraties fragmentes et les bureaucraties totales.

    La lutte qui dans certains de ces pays [de lEst] (Tchcoslovaquie, Hongrie) opposa la

    bureaucratie montante, soutenue par le proltariat ou tout au moins par ses fractions les

    plus actives, la bourgeoisie traditionnelle ne fut que lexpression locale du conflit qui

    9

  • commenait se manifester sur le plan mondial entre les deux ples de la concentration

    du capital, les Etats-Unis et la Russie, ples qui ne sont eux-mmes que la

    concrtisation gographique des deux couches dexploiteurs actuellement en lutte pour

    la domination mondiale. 21.

    La guerre froide dsigne une guerre permanente qui traduit un mouvement de

    concentration de cette direction en vue dune gouvernance mondiale. La bureaucratie est une

    forme de socialisation qui tend vers ce type de gouvernance, elle est rationalisation de la

    domination, le groupe Socialisme ou Barbarie se situant dans la mouvance des analyses

    wbriennes. CASTORIADIS prend galement lexemple du recrutement de la nouvelle classe

    bureaucratique parmi les membres du parti communiste. Le recrutement permet une

    rpartition des ttes dirigeantes parmi toutes les structures sociales existantes, les Assembles

    souveraines, les organisations des masses, les postes politiques et conomiques. En 1950,

    CASTORIADIS remarque que

    dans les seules annes 1947 et 1949, on a rparti aux postes dirigeants de lappareil

    administratif fdral 1023 membres du Parti et dans larme yougoslave. Pour lappareil

    des administrations rpublicaines (cest--dire des rpubliques fdres), on a rparti

    aux postes dirigeants 925 membres du Parti Le Parti a galement accord une

    attention particulire aux cadres de la direction de la Sret dEtatNanmoins, malgr

    la formation de lappareil administratif et conomique de lEtat, le Parti naurait pas pu

    assurer la mobilisation des masses populaires sans le vaste rseau des organisations

    du Front Populaire (qui compte 6608423 membres), des syndicats (qui comptent

    1300000 ouvriers et employs organiss et qui sont inclus dans le nombre prcit des

    membres du Front Populaire), des organisations de la jeunesse (o sont organiss

    1414763 jeunes gens et jeunes filles), du Front antifasciste des femmes, des

    coopratives, etc. 22.

    Cet exemple est rvlateur du maillage systmatique qui est effectu par la direction qui

    encercle toutes les structures publiques. Lespace public est totalement contrl de faon ce

    que lappareil bureaucratique soit partout et que rien ne lui chappe. Les rgimes de lEst

    constituent des systmes de concentration nationale vocation impriale, puisque lobjectif

    du socialisme dans un seul pays vise lextension totale de linstitution bureaucratique de la

    socit. Cette direction suppose la passivit des excutants qui nont plus quun ensemble de

    tches raliser. Laction humaine est nie dans son essence, puisque laction suppose une

    spontanit cratrice de la part des acteurs qui produit des rsultats nouveaux et imprvisibles.

    10

  • Or, la bureaucratie veut contrler et prvoir les rsultats de production des excutants, elle

    suppose une certaine homognit de la valeur de travail et de la productivit individuelle.

    Elle tente de calculer ce qui nest pas entirement calculable et sombre dans des incohrences

    et des absurdits conomiques. Les gaspillages, les erreurs de contrle rvlent quelle nest

    pas capable dassumer entirement ce contrle, parce quelle ne peut pas liminer la

    composante humaine.

    Tout dabord, la bureaucratie dirigeante ne sait pas ce quelle doit diriger : la ralit de

    la production lui chappe, car cette ralit nest rien dautre que lactivit des

    producteurs et les producteurs ninforment pas les dirigeants, capitalistes privs ou

    bureaucrates, sur ce qui a lieu rellement 23.

    La socit bureaucratique nest pas viable, elle est mme absurde, puisque le manque

    dinformation conduit des dcisions irrationnelles. Si on spare les dirigeants des

    excutants, on se coupe de linformation et on sloigne de la ralit productive tout en la

    planifiant de lextrieur. CASTORIADIS situe ce niveau la contradiction du capitalisme

    bureaucratique.

    Pour MARX, la contradiction inhrente au capitalisme tait que le dveloppement

    des forces productives devenait, au-del dun point, incompatible avec les formes

    capitalistes de proprit et dappropriation prive du produit social et devait les faire

    clater. Pour nous, la contradiction inhrente au capitalisme se trouve dans le type de

    scission entre direction et excution que celui-ci ralise, et dans la ncessit qui en

    dcoule pour lui de chercher simultanment lexclusion et la participation des individus

    par rapport leurs activits. 24.

    Lexcution est une tche qui suppose un minimum de participation des acteurs et dans le

    mme temps, la direction souhaite annihiler cette participation, si minimale soit-elle, elle

    devient incapable de grer cette contradiction. La bureaucratie est une forme de socialisation

    incohrente et voue lchec car la sparation de la tte et du corps devient une monstruosit

    aberrante et impossible maintenir, et cest pourquoi des brches au sein de cet appareil se

    font de plus en plus visibles.

    III

    11

  • Les excutants ne participent pas lorganisation globale de la socit, le mouvement

    ouvrier se saisit dabord au sein dune exprience de la lutte sociale qui doit en un premier

    temps dtruire cette tendance un systme disolement des ttes dirigeantes. Le mouvement

    ouvrier ne peut pas dtruire la bureaucratie partir des organes pseudo-rvolutionnaires qui

    renforcent ce pouvoir bureaucratique de manire radicale.

    Les organisations que la classe ouvrire avait cres pour se librer sont devenues des

    rouages du systme dexploitation. 25.

    Ces organisations sont encore plus alinantes, elles noyautent compltement toute tendance

    lautonomie du mouvement ouvrier. Le pouvoir bureaucratique, quand il se ralise, ne peut

    mystifier son essence, qui est lextermination des excutants, devenus trop gnants.

    Cependant, la direction a besoin dune excution, elle a besoin dexploiter et elle ne peut

    dtruire totalement cette couche sociale dexcutants quelle a institue. Plus son pouvoir

    saccrot, plus le systme se concentre, et plus son sens se rvle dans un cynisme pur.

    Lexprience du mouvement ouvrier devient possibilit dun mouvement abolissant dans un

    premier temps cette sparation entre tte et corps, pour enfin assurer une collaboration

    permanente entre la direction et lexcution. Les acteurs doivent tre la fois directeurs et

    excuter ce quils ont choisi, il faut voluer vers une dconcentration du systme et viter

    lautonomisation de la direction. Le mouvement ouvrier doit prparer sa possibilit cratrice

    en instituant globalement un autre type de socit. Cette rupture est radicale, puisquelle

    prsuppose leffacement dun certain nombre de significations imaginaires institues depuis

    des sicles, elle prend un sens politique fort.

    Il sagit de lauto-institution permanente de la socit, dun arrachement radical des

    formes plusieurs fois millnaires de la vie sociale, mettant en cause la relation de

    lhomme ses outils autant qu ses enfants, son rapport la collectivit autant quaux

    ides, et finalement toutes les dimensions de son avoir, de son savoir, de son

    pouvoir. 26.

    Les hommes doivent se rapproprier le sens collectif et mettre en uvre leur libert

    publique. Les dirigeants des bureaucraties fragmentes accentuent la privatisation de

    lexistence, la libert tant ramene un exercice priv de consommation. Ce repli permet

    leur emprise sur lespace public et la concentration de leurs pouvoirs. Les systmes

    concentrationnaires de lEst ne pouvaient pas maintenir cet touffement de laction humaine,

    les bureaucraties occidentales contrlent de manire plus radicale lexistence individuelle en

    12

  • dterminant un espace pseudo-priv de consommation. Faire clater ces bureaucraties

    prsuppose ltablissement dune forme de dmocratie directe o les hommes dcident de

    tout, du rle de lconomie qui ne doit plus tre le centre des proccupations, dun march

    dchanges non capt par des monopoles, et dune gouvernance qui permette lassociation de

    tous les citoyens lexercice du pouvoir, de faon ce que tte et corps soient constamment

    solidaires. Cest une manire dviter lalination de la socit instituante la socit institue

    et de permettre une possibilit permanente de remettre en cause la valeur des normes sociales.

    Laction des citoyens ne peut pas faire disparatre ce pouvoir instituant, qui tente

    constamment dviter la formation de systmes de cloisonnement. Ce pouvoir instituant ouvre

    un espace qui est celui dune possibilit sociale nouvelle. Plus on se rapproche de ce pouvoir

    instituant, plus on prserve la vie elle-mme qui est cration incessante de nouvelles formes

    dorganisation. Lauto-institution permanente de la socit doit tre explicite, car les citoyens

    sont eux-mmes responsables des dcisions quils prennent. Il ny a pas de fondement extra-

    social de la socit, que ce soit un Dieu, la Raison rige en accoucheuse de lHistoire, ou la

    loi des anctres. Ceux qui tentent de mettre en vidence un fondement extra-social de la

    socit, veulent instituer un pouvoir bureaucratique, car la domination, aussi masque soit-

    elle, nest jamais anonyme. Cette domination est emprise de limaginaire social, elle simpose

    comme unique moyen de faire coexister les citoyens, et elle occulte la vritable source de

    crativit sociale.

    Si nous examinons lhritage du monde occidental, nous ne trouvons pas seulement les

    significations profondes du capitalisme bureaucratique, mais les lments dun projet

    dautonomie sociale et individuelle, qui passe par la remise en cause des lois et des normes

    sociales, notamment en Grce ancienne.

    La vise, volont, dsir de vrit, telle que nous lavons connue depuis vingt-cinq

    sicles, est une plante historique la fois vivace et fragile. [] Je ne parle pas de la

    vrit du philosophe, mais de cette trange dchirure qui sinstitue dans une socit,

    depuis la Grce, et la rend capable de mettre en question son propre imaginaire. 27.

    Dans la Grce archaque, nous dcelons les germes dun projet qui rapparat plusieurs

    fois dans notre histoire et qui consiste en la remise en question de la socit institue et des

    catgories existantes. Le projet dauto-institution globale de la socit nest pas utopique, il a

    exist, mais il est en train dtre recouvert par le projet dinstitution bureaucratique de la

    socit qui se dveloppe en systmes concentrationnaires dsquilibrs o le pouvoir

    instituant nest jamais partag. La justice sociale doit alors permettre un quilibre dans la

    13

  • rpartition de ce pouvoir. Chaque citoyen prend part au dbat public o linterrogation est

    pralable la dcision. Les questions peuvent aussi bien porter sur lge de voter, le mode

    dlection des reprsentants que sur lorganisation dune conomie avec la dfinition dun

    taux de croissance et une rglementation des changes Ces dcisions ne sont pas parfaites

    (et dailleurs, que signifie parfait ?), elles sont susceptibles dtre remises en question.

    Lespace public nest pas un espace quadrill, il est possibilit dinstitutions nouvelles et doit

    toujours tendre une dconcentration du pouvoir.

    IV

    Les systmes concentrationnaires sont laboutissement dune logique de rationalisation

    excessive, avec la cration de deux couches sociales, celle des dirigeants et celle des

    excutants. Ils simplifient les divisions sociales en accentuant la sparation complte entre

    dirigeants et excutants. Cette organisation nest pas viable en ce que laction propre des

    excutants est toujours nie. Les systmes concentrationnaires deviennent alors des

    guillotines institutionnalises o la tte dirigeante est spare du corps social : labsence

    dinformation entre excutants et dirigeants due cette sparation explique le fait que les

    dcisions des dirigeants sont irrationnelles et dcales par rapport aux actions des excutants.

    Ces systmes deviennent de plus en plus rpressifs, le maintien de la domination est

    problmatique, car les couches dirigeantes ne peuvent contrler la marge daction des

    excutants. Elles ont besoin dune main duvre, et en mme temps veulent viter une

    autonomie minimale de ces acteurs, et cest pourquoi elles tentent dinstituer des normes de

    productivit irrelles.

    La rflexion du groupe Socialisme ou Barbarie nous parat toujours clairante aujourdhui,

    malgr les bouleversements sociologiques de nos socits. Le mouvement ouvrier nest plus

    aussi fort, mais lexploitation elle-mme a chang de cadre, les exploits tant de plus en plus

    nombreux et subissant loppression de ces oligarchies cooptes se reproduisant suivant des

    mcanismes. Le pouvoir bureaucratique est lui aussi capable dimaginer une nouvelle manire

    dasseoir cette domination, en mystifiant son fait mme. Ces systmes concentrationnaires ne

    sont pas figs, ils se muent et voluent selon des paramtres variables. La gnralisation dun

    capitalisme fragment est aujourdhui trs nette, la gouvernance mondiale est acquise aux

    mains dune oligarchie qui sapproprie totalement lespace public, tout en instituant, par la

    consommation, un faux espace de libert. Les systmes concentrationnaires ne signifient pas

    14

  • forcment linstitution de rgimes dictatoriaux brutaux, ils peuvent trs bien sinstituer de

    manire insidieuse et molle, en jouant sur un tat fallacieux de paix sociale. Les mouvements

    dautonomie, susceptibles de faire clater les significations imaginaires de tels systmes, sont

    aujourdhui de plus en plus touffs. Le projet dautonomie lui-mme est menac, il peut trs

    bien tre rsorb au sein de lorganisation bureaucratique de la socit simposant comme

    tant, tort, la seule qui soit valable.

    15

  • 16

    BIBLIOGRAPHIE

    -Cornelius CASTORIADIS, La socit bureaucratique 1, Union gnrale dditions, Paris,

    1973. -Cornelius CASTORIADIS, La socit bureaucratique 2, Union gnrale dditions, Paris,

    1973. -Cornelius CASTORIADIS, Lexprience du mouvement ouvrier 1, Union gnrale dditions,

    Paris, 1974. -Cornelius CASTORIADIS, Lexprience du mouvement ouvrier 2, Union gnrale dditions,

    Paris, 1974. -Cornelius CASTORIADIS, Linstitution imaginaire de la socit, ditions du Seuil, Paris,

    1975. -Cornelius CASTORIADIS, Capitalisme moderne et rvolution 1, Union gnrale dditions,

    Paris, 1979. -Cornelius CASTORIADIS, Capitalisme moderne et rvolution 2, Union gnrale dditions,

    Paris, 1979. -Cornelius CASTORIADIS, Domaines de lhomme, Les carrefours du labyrinthe II, ditions

    du Seuil, Paris, 1986. N.B : Tous les livres mentionns ( part la deuxime partie de Linstitution imaginaire de

    la socit et un certain nombre darticles des Carrefours du labyrinthe II) sont des articles de la revue Socialisme ou Barbarie crits entre 1949 et 1965.

    1 Cornelius CASTORIADIS, Socialisme ou Barbarie in La socit bureaucratique I, Union gnrale

    dditions, Paris, 1973, p.139.

    2 Cornelius CASTORIADIS, Porte ontologique de lhistoire de la science in Domaines de

    lHomme, ditions du Seuil, Paris, 1986, p.420.

    3 Cornelius CASTORIADIS, Linstitution imaginaire de la socit, ditions du Seuil, Paris, 1975,

    p.251.

    4 Cornelius CASTORIADIS, Dveloppement et rationalit in Domaines de lHomme, ditions

    du Seuil, Paris, 1986, p.136.

    5 Ibid., p.140.

    6 Ibid., p.140.

    7 Ibid., p.140.

    8 Cornelius CASTORIADIS, La socit bureaucratique I, Les rapports de production en Russie, Union

    gnrale dditions, Paris, 1973, p.120.

    9 Ibid., p.121.

    10 Ibid., p.154.

    11 Ibid., p.105.

    12 Ibid., p.125.

    13 Ibid., p.153.

  • 17

    14 Cornelius CASTORIADIS, Capitalisme moderne et rvolution, Union gnrale dditions, Paris,

    1979, p.119.

    15 Cornelius CASTORIADIS, Le rgime social de la Russie in Domaines de lHomme, ditions du

    Seuil, Paris, 1986, p.186.

    16 Ibid., p.186.

    17 Ibid., p.190.

    18 Cornelius CASTORIADIS, Sur le contenu du socialisme, III in Lexprience du mouvement

    ouvrier 2, Union gnrale dditions, Paris, 1974, p.71.

    19 Cornelius CASTORIADIS, La concentration des forces productives in La socit bureaucratique

    1, Union gnrale dditions, Paris, 1973, p.123.

    20 Cornelius CASTORIADIS, La socit bureaucratique 2, Union gnrale dditions, Paris, 1973, p.48.

    21 Ibid., p.51.

    22 Cornelius CASTORIADIS, La socit bureaucratique 2, Union gnrale dditions, Paris, 1973, p.74.

    23 Ibid., p.279.

    24 Cornelius CASTORIADIS, Recommencer la Rvolution in Lexprience du mouvement ouvrier 2,

    Union gnrale dditions, Paris, 1974, p.318.

    25 Cornelius CASTORIADIS, Proltariat et organisation, I in Lexprience du mouvement ouvrier 2,

    Union gnrale dditions, Paris, 1973, p.123.

    26 Cornelius CASTORIADIS, La socit bureaucratique 1, Union gnrale dditions, Paris, 1973, p.56.

    27 Cornelius CASTORIADIS, La socit bureaucratique 1, Union gnrale dditions, Paris, 1973, p.59.