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11 octobre - 19 novembre 2011
La tête d’obsidienne
Laurent Dessupoiu
Laurent Dessupoiu
À ma famille
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Dessupoiu en live
Naturel et sincère dans ses expressions comme dans sa relation à l'autre, Laurent Dessupoiu dont le patronyme gagne musicalement à être prononcé à la sarde (Désouppôyou) est un artiste qui met rapidement en confiance son interlocuteur. Dans son atelier situé dans les environs d'Istres, la lumière d'hiver est invitée par la grande baie coulissante à animer les œuvres colorées en attente d'un départ pour une exposition ou vers la demeure d'un collectionneur. Cette simplicité dans les rapports humains ne doit pas se confondre avec la légendaire faconde méridionale qui fait surtout parler les « gens du Nord » - c'est-à-dire au delà d'Avignon – et râler ceux du Sud de se voir assimilés à une carte postale figée...Peut-être que la sincérité de Dessupoiu provient de son milieu d'origine, entendons qu'il n'est point issu du sérail de la « culture », type école d'art ou concepts à géométrie variable. Certes, son accent à couper à l'Opinel (le Laguiole est définitivement entré en boboland) et son physique de docker surprennent au début et l'on cherche alors discrètement la barricade, le tas de pneus en flamme et les revendications qui rappellent que la vie est un long fleuve que l'on espérerait tranquille. Issu d'un milieu ouvrier – le père embarquera sa famille pour suivre les gros chantiers sur les plates-formes pétrolières en Afrique – l'artiste assume complètement ses origines sans pour autant en forcer le trait. De son enfance passée en partie sur le continent noir, il retient les couleurs, les odeurs, des souvenirs de gaieté, la plage tous les jours, un environnement à la fois plus compliqué mais plus simple dans les solutions inventées. Sans faire d'exotisme déplacé, il est vrai qu'un rapport au temps différent change et éradique certaines angoisses et / ou questionnements… même s'il ne remplit pas toujours le ventre… en soi la limite de la réflexion.
Retour dans les B.d.R. où Laurent explique les hasards qui l'ont conduit à la création, l'art comme une thérapie après un accident (1994) qui le contraint à troquer le rond ballon pour le long pinceau. « J'avais vingt deux ans lorsque j'ai eu un grave accident de voiture. Je peignais depuis l'âge de seize ans mais dans le milieu du foot [Dessupoiu avait débuté une carrière de joueur de football], ce n'est pas quelque chose que tu peux dire, du moins à l'époque. Après je m'y suis mis à fond, en autodidacte, je n'ai pas fait d'école d'art. Ensuite, j'ai rencontré [Antonio] Seguí par hasard à Istres. Il y avait un gros événement, je buvais un café, ma table était la seule de libre, avec la directrice du centre d'art ils sont venus s'asseoir, et on a commencé à discuter. Je me remettais à peine de mon accident, je lui ai dit que je peignais, il a voulu alors voir mon travail. C'est une belle rencontre, Seguí ne m'a jamais donné de conseils, je lui ai jamais rien demandé. Aujourd'hui, lorsque l'on se voit, on parle de la vie en général, avec lui j'ai compris l'esprit, tu comprends pourquoi tu fais ça, tu comprends qu'il faut d'abord trouver ton style, trouver mes personnages. Maintenant, il voit que je continue depuis notre première rencontre, que j'ai persévéré, donc il regarde ça différemment...Après, j'ai connu Buddy [Richard Di Rosa] en 1999, c'est José Touré qui nous a présentés, je ne savais pas qui était Di Rosa, je peignais mais je n'avais pas de culture... et avec lui, le courant est passé toute de suite et il m'a beaucoup apporté, d'ailleurs en rigolant je l'appelle tonton... il est généreux ». D'autres rencontres qui deviendront des soutiens, comme celui de la famille Cantona, le père puis les trois frères qui ont su, chacun à leur manière, gérer leur « après foot » avec talent. Éric l'aidera avec tact et discrétion pendant les années de galère, ce qui lui permettra de conserver son atelier du Vieux port, à Marseille. Citons également Salvatore Lombardo, Directeur de la Revue Art Sud et commissaire d'une récente exposition à la Chapelle des Pénitents Noirs à Aubagne, qui depuis des années joue la carte
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Dessupoiu. Du reste, c'est en 2006, en Avignon, lors de la célébration des 20 ans de la revue dans le théâtre de Gérard Gelas que j'ai pu faire la connaissance de Laurent qui proposait une performance sur scène.
Les années galère... Dessupoiu n'est pas homme à pleurer sur son sort même s'il n'oublie pas. Il a choisi de retenir ces noms qu'il cite spontanément comme des étapes dans son chemin de croix qui devient avec les années et le succès, le parcours artistique d'un peintre-sculpteur autodidacte, instinctif et surtout gros bosseur. Autre rencontre, celle avec l'entreprise Malongo qui cherche à communiquer sur ses valeurs de générosité et qui demande à Dessupoiu (après Ben le niçois en 2009) de proposer une œuvre pour le décor d'une boîte métallique d'emballage de café. L'artiste est retenu pour son engagement, ses œuvres, son amour de l'Afrique et sa personnalité. Créés à l'occasion de la quinzaine du commerce équitable, ces tirages, dont un pourcentage sur les ventes profite aux petits producteurs, sont limités. Au delà de l'élégance du geste, le travail de Dessupoiu se prête parfaitement à ce type de projet, tant par la démarche d'artiste que par les matériaux employés. « Depuis une dizaine d'années je travaille sur une suite, je change simplement de supports, je construis en deux ou trois dimensions. C'est toujours avec les personnages que j'ai imaginés et que je réutilise, c'est presque obsessionnel... et puis il y a aussi le travail de la matière. J'ai essayé aussi parfois d'être plus abstrait, même si les personnages sont présents, mais je suis revenu en arrière ensuite. J'aime bien citer Seguí à ce sujet. Il dit toujours qu'il vaut mieux faire deux pas en arrière que deux pas en avant. Quand tu es artiste, tu dois montrer et si tu te plantes, ce n'est pas grave, tu prends une gifle et tu continues. Les matériaux proviennent de l'industrie (palette, pièces détachées, papiers journaux, peintures, bois anciens détournés de leur utilisation première, etc.).
J'ai des copains qui travaillent en usine et ils me récupèrent un peu de tout. Comme ils connaissent mon travail, alors parfois ils m'appellent pour me dire « j'ai vu un œil pour toi » ou bien « je t'ai vu une tête pour toi », ils parlent comme ça, en fait, ils ont repéré une pièce, parfois usinée qu'ils imaginent très bien convenir pour une de mes sculptures. Ensuite, lorsque la pièce apparaît dans une œuvre, ils sont contents, ils ont participé et il y a un peu d'eux dedans et ils sont même parfois surpris ! Au tout début, c'était un choix dicté par l'économie. Pas d'argent, j'étais à Marseille, il y avait des travaux sur le port et un tas de palettes… et j'ai commencé mes tableaux comme ça, j'ai attaqué avec des clous, puis j'ai ensuite amélioré avec des vis, etc. J'avais un copain qui m'apportait de la peinture pour bateau. J'avais l'idée de faire un tableau par jour, comme une gymnastique, le soir il fallait qu'il soit fini, j'avais un support et il fallait que je m'adapte au support. C'est un travail physique ». Avec ce tempérament, l'œuvre finit par être reconnue. On fera l'économie des événements passés pour énumérer les projets d'expositions à Genève, Miami et New York. Certains voient chez lui des influences de Basquiat, Di Rosa, Combas... d'une certaine Figuration Libre... Salvatore Lombardo prolonge le raisonnement en estimant « qu'il [Dessupoiu] tente de faire abstraction de toutes les idéologies parcourant l'art pour un retour vers l'imaginaire ». Il apparaît surtout que la silhouette Dessupoiu se détache de l'horizon du sillon tracé, en clair que Dessupoiu fait du Dessupoiu. L'humanité a besoin d'espoir. C'est la foi qui déplace les montagnes puisqu'elle offre l'utopie de les voir se déplacer, l'illusion étant sans doute la seule réalité de la vie. C'est ce que nous enseigne l'artiste.
Jean-Christophe Vila Cagliari, septembre 2011
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"Les George Orwell" - Diptyque - Acrylique sur toile marouflée - 145 x 300 cm - 2010
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Laurent Dessupoiuné le 21 octobre 1969, vit et travaille à Istres (13)www.dessupoiu.org
prnCipaLes eXpositions
2011 : Galerie Tête d’Obsidienne, fort Napoléon - La Seyne-sur-Mer Park’art Galerie - Genève Centre d’art Les Pénitents noirs - Aubagne
2010 : Must Gallery - Gordes Galerie Éric Galea - L’Isle-sur-La-Sorgue
2009 : Galerie Éric Galéa - L’Isle-sur-La-Sorgue Artenim avec la galerie Éric Galéa - Nîmes Comité Économique et Social Européen - Bruxelles
2008 : Galerie Norma & John, festival de la correspondance - Grignan
2006 : Centre Culturel Français - Pékin Art International Zurich avec la Galerie Koussam - Zurich Galerie Koussam - Cannes Palm Beach casino - Cannes (Groupe Partouche)
2005 : Moulin de La Récense avec Buddy Di rosa - Ventabren Galerie Flotte - Sanary-sur-Mer (Amnesty International)
2004 : Festival International d’Art Singulier - Espace du Bras d’Or - Aubagne Maison du Cygne avec Buddy Di Rosa - Six-Fours-les-Plages
2003 : Espace Sextius - Aix-en-Provence Salon International de Valbonne - Sophia-Antipolis
2002 : Musée Arteum - Châteauneuf-le-Rouge Pasino - Aix-en-Provence (groupe Partouche)
2001 : Galerie Carole Jones - New York Galerie Say - Paris
2000 : Galerie Grande Masse des Beaux-Arts - Paris Salon d’honneur du stade Vélodrome - Marseille Musée de la collection Cérès Franco - Lagrasse
prinCipauX événements spéCiauX
2011 Décoration de quatre abrisbus pour la commune d’Istres
2010 Performance lors du spectacle "Chœurs de Cordoue" avec Souad Massi Décoration de la nouvelle boite à café Malongo
pour le commerce équitable "Sur les traces de la liberté"
2006 Programme coopération sino-français "100 Jeunes artistes français en Chine" Pochette du nouvel album du groupe Gazouz "Jungle urbaine"
"Sur les traces de la Liberté" (série de 16 - détail) - Acrylique sur toile - 50 x 90 cm - 2011
Cette exposition et ce catalogue ont été réalisés par la Ville de La Seyne-sur-Mer
Service Culture et Patrimoine
Marc Vuillemot
étant Maire de La Seyne-sur-Mer
Vice-Président de Toulon Provence Méditerranée
Conseiller régional PACA
Florence Cyrulnik
Adjointe au Maire
Déléguée au Patrimoine et à la Culture
Avec l’aide du Conseil général du Var
Commissariat et suivi éditorial
Jean-Christophe Vila
Direction Culture et Patrimoine
Photographie
Michel Serra
Jean-Christophe Vila (p. 14, 15)
Remerciements :
La famille Cantona, Hélène et Louis Billotti, Pat Le Guen, Michèle Aragon,
Salvatore Lombardo, Buddy Di Rosa, Antonio Seguí, Souad Massi,
Angèle Guttieres, Robert Labescat, Park’art Galerie, Must Gallery,
Société Malongo, Jean-Pierre Blanc, Christian Ters, José Toure,
Jean-Paul Pedreschi, Claude Lentelme, Nina et Jean-Louis Gilles
et Jean-Pierre Bellocq.
Mario Mamone (châssis), Laurent Folcher et Yann Prévôt (assistants).
Achevé d’imprimer sur les presses
de l’Imprimerie Hémisud en Septembre 2011
Tél. 04 94 14 70 14
n° ISBN 978-2-917169-20-9
La tête d’obsidienne
Fort Napoléon
Chemin Marc Sangnier
83500 La Seyne-sur-Mer
Tél. 04 94 87 83 43 - Fax 04 94 30 63 65
© Copyright les auteurs Co
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