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Cause Commune no. 10 - Mai-Juin 2006

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Journal de la NEFAC.

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Page 1: Cause Commune no. 10 - Mai-Juin 2006

CAUSE COMMUNE

Journal de la Fédération des Communistes Libertaires Du Nord-Est (NEFAC)

Numéro 10, mai-juin 2006

Le gouvernement Charest vient de déposer leprojet de loi 23 afin de privatiser une partie du parcnational du Mont-Orford en Estrie. Cette loi pré-voit céder au plus offrant le centre de ski et le ter-rain de golf du parc « en raison de leur vocationrécréative intensive »1. Ainsi, la privatisation de cesterrains est justifiée par le fait que leur intégrité etleur valeur écologique ont déjà souffert. L'influencedu privé n'est pas nouvelle dans le Parc du MontOrford. Au cours des dernières années, un déve-loppement de chalets (Orford-sur-le-Lac), desprojets de condos et des centres touristiques ont vule jour aux frontières du parc, sans parler qu'unorganisme privé, Les Sentiers de l'Estrie Inc, s'estfait donner la responsabilité de la gestion des sen-tiers dans une partie importante du Parc. Le nou-veau ministre du « développement durable »argumente que l'affluence humaine a détérioré lesecteur qu'il s'apprête à vendre et qu'il a perdu sa « valeur écologique ». Cependant, selon certainsbiologistes et environnementalistes qui s'opposentà ce projet, « du total de 6,5 km2 qui seront mis envente, 5 km2 sont composés de terres boisées dontla grande majorité sont contiguës à d’autres ter-rains forestiers du parc et possèdent une intégritéécologique semblable ou même supérieure à celledu reste du territoire protégé »2.

Étant donné que construire des condos peutdifficilement être considéré comme un bon moyende rééquilibrer écologiquement un milieu naturel,nous pouvons être sceptiques au sujet des préoccu-pations environnementales du gouvernement. Sagrande motivation à vendre ces terrains laisse devi-ner la grande motivation de certains à les acquérir.Le maire d'Orford a récemment déclaré dans lespages de La Tribune de Sherbrooke que le gouver-nement a déjà choisi le futur acquéreur (l'actuelpropriétaire de la station de ski), avant même quele projet de privatisation ne soit finalisé.

Nationaliser une ressource ou un secteur del'économie, ne veut pas dire les protéger du capita-

lisme. Laisser à un État le soin de gérer dans l'inté-rêt du bien commun est une idée séduisante enthéorie, mais dangereuse en pratique. Le capita-lisme implique que d'importantes sommes d'argentse concentrent en peu de mains et que plus cesmains sont habiles à faire du profit, plus elles accu-mulent d'argent et ont les moyens de faire plus deprofit... Cette dynamique propre au capital mena-cera toujours les entreprises (et les parcs) publi-ques : les campagnes électorales des députés sontfinancées par des « amis » qui attendent desfaveurs en retour... des contrats sont alloués demanière arbitraire... des gens dont le métier est defaire des affaires siègent sur plusieurs conseils d'ad-ministration... des montagnes finissent pas se ven-dre aux plus offrants et le « bien publique » prendle bord!

Une façon rationnelle de gérer nos vies et l'en-vironnement serait de le faire nous-même, plutôtque de laisser ce soin à l'État. En d'autres mots,tendre à collectiviser plutôt qu'à nationaliser, s'or-ganiser ensemble plutôt que se faire organiser.Concrètement, ce principe s'applique pourchacunE de nous dans nos milieux de vie : uneécole peut avantageusement être gérée par les élè-ves et les professeurEs, un restaurant par ceux etcelles qui cuisinent et servent... Une gestion équita-ble implique une organisation horizontale, à petitecomme à grande échelle.

Il n'est pas trop tard pour se réapproprier col-lectivement les ressources qui devraient appartenirà la collectivité. Dans le cas du Mont-Orford, lapression du nombre pourrait finir par faire céder legouvernement. Bien que la victoire politique quecela impliquerait aurait peu d'impact structurelle-ment, elle viendrait prouver encore un fois quel'union et l'organisation de ceux et celles qui n'ont,en apparence, rien peut déplacer des montagnes!

À VENDREPARC NATIONAL

CAUSECOMMUNE

ABONNEMENTS DESOUTIENT:

20$ POUR UN ANFaire le chèque à l’ordre de « Groupe Émile-Henry »

Collectif anarchiste La Nuita/s E-H, CP 55051,

138 St-Vallier O.,Québec G1K 1J0

Cause commune est le journal de la Fédération des communistes libertaires du nord-est (NEFAC). 3000 exemplaires de ce journalsont distribués gratuitement par des militantEs libertaires, membres ou non de l’organisation. Cause commune se veut un tremplin pourles idées anarchistes, en appui aux mouvements de résistance contre les patrons, les proprios et leurs alliés au gouvernement. Si le jour-nal vous plaît et que vous voulez aider à le diffuser dans votre milieu, contactez le collectif de la NEFAC le plus près de vous.

La NEFAC est une organisation bilingue de révolutionnaires venant de différents mouvements de résistance et s'identifiant à la tradi-tion communiste dans l'anarchisme. Les activités de la fédération sont organisées autour du développement théorique, de la propagandeanarchiste et de l'intervention dans la lutte de classes, que ce soit de façon autonome ou par une implication directe dans les mouvementssociaux.

Comme communistes libertaires, nous luttons pour une société sans classe et non-hiérarchique. Nous envisageons une fédération inter-nationale de communautés et de lieux de travail radicalement démocratiques et autogérés. Pour atteindre cette société, notre classe aboli-ra le salariat et socialisera toutes les industries, les moyens de production et de distribution. Nous rejetons la division du travail qui con-damne un individu à une vie d'activités restreintes pour les seules fins de l'économie marchande. L'abolition des marchés et de la valeurd'échange permettra la satisfaction des besoins humains en adhérant au principe communiste: «de chacun selon ses moyens, à chacunselon ses besoins».

Québec - La Nuit:[email protected]

Sherbrooke - L’Accolade:[email protected]

St-Georges - Les V-Nu-Pieds:[email protected]

Union locale de Montré[email protected]

Quelques méfaits du PLQ depuis 2003 :

Coupures dans le système d'aide financière aux études,menant à la plus importante grève étudiante depuis mai1968.

Nouvelle définition du concept de « développementdurable », incluant la reconsidération du projet deconstruction de la centrale thermique au gaz Le Suroît.

Accroissement de la participation du secteur privé grâceaux lois relatives aux partenariats public-privés (PPP)dont plusieurs ont été passées sous couvert d'un « baîllon» à l'Assemblée nationale. C'est le cas de la loi 31 sur lecode du travail, qui autorise, entre autres, la sous-traitancedans les institutions publiques.

Réforme dans les Centres de la Petite Enfance, incluantl'inflation des garderies à 5$ en garderies à 7$...

Au lendemain de son élection au printemps 2003, le DocteurJekyll blond et frisé que les électeurs ont placé en guise de pre-mier ministre se transformait en Mister Hide décidé à réingéné-riser les maigres acquis sociaux dont nous disposions.Aujourd'hui, la popularité de Jean Charest a beau être à son plusbas, les coffres de Parti Libéral du Québec sont pleins et leschambres de commerces sont en fête.

(1) Projet de loi pour privatiser une partie du parc national du Mont-Orford(2) « Des scientifiques se prononcent contre la vente d’une partie du parc Orford », Montréal, le 7 avril 2006

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Pour les anarchistes, l’appareil judi-ciaire (tribunaux, prisons) fait partie, avecla police et l’armée, des institutions répres-sives de l’état qui ont pour missions fonda-mentales le contrôle social et la protectionde la propriété privée. Il s'assure que conti-nuent l’exploitation économique et les iné-galités sociales en réprimant ceux et cellesqui les combattent. En général, les prisonsentassent surtout des pauvres et des margi-naux. Les juges appliquent pour ceux-ci desrègles qu'ils ne sauraient appliquer à tous :le propriétaire d'un commerce peut voler letravail de ses employéEs sans limite, maislorsque ceux-ci décident de seréapproprier une partie de soncapital, ils sont accuséEs etcondamnéEs. L'inégalité estsource de tension et le systèmejudiciaire, en empêchant derésoudre cette tension, est lui-même responsable des compor-tements qu'il réprime.

Il arrive parfois qu'une police secourtune victime, qu'un juge tranche en faveurd'une personne en besoin : assurer la sécu-rité physique de la population ne menacepas les schèmes d'exploitation liés au sala-riat et à la propriété privée des moyens deproduction.

Il est bien évident que même dans unesociété plus égalitaire, les conflits d’intérêts,les déviances et les litiges entre individus ouorganismes subsisteraient. Mais les anar-chistes estiment que le nombre de conflitssera infiniment moins important lorsqueles tensions, frustrations et injustices liéesdirectement à l’exploitation de l’humain parl’humain disparaîtront avec celle-ci.

Il restera alors bien des raisons de sedisputer... comment envisager une gestiondes conflits sans retomber dans un systèmerépressif inacceptable? D’abord, les règles

communes, indispensables dans toutesociété, devront être élaborées collective-ment et rediscutées autant que nécessaire,dans le souci d’être le mieux adaptées possi-ble aux besoins et à l’éthique. Ces règlesferont partie du contrat social que chaqueindividu pourra refuser... en se privant éga-lement de tous les services collectifs qui l'ac-compagnent. Par exemple, la nécessité d’unecontribution aux tâches collectives (travail)ne peut être refusée qu’en renonçant à l’ac-cès aux biens, services et ressources collec-tifs qu’elles fournissent.

Comme pour la police ou l’armée, il estdangereux (et incompatible avec la rotationdes tâches) d’instaurer une caste judiciairechargée de régler les différends. Les person-nes chargées de régler les conflits pour-raient être élues pour une durée déterminéepar secteur géographique ou professionnel,avec des clauses de contrôle et de révocabi-lité, assurant qu'elles rendent compte deleurs décisions et les justifient. La procé-dure judiciaire, une fois établis les faits de lafaçon la plus objective possible (en tenantcompte des points de vue contradictoires),au lieu de chercher d’abord la sanction,devrait s’efforcer, lors de réunions de conci-liation, de trouver les voies d’une répara-tion, qui permette à la fois à la « victime »d’être indemnisée, d’obtenir réparationmatérielle ou morale du préjudice causé, etau « coupable » de sortir de cette situationde marginalisation, de rupture sociale pourreprendre une place digne, de se recons-truire un espace social. En ce sens, la prison,même si elle ne consistait qu’en la privation

de liberté (ce qui est loin d’être le cas) nepeut pas être une réponse constructivepuisqu’elle n’est qu’une punition (et la vic-time, sauf si elle est sadique, ne peut s’ensatisfaire) et qu’à de rares exceptions prèselle a tendance à aggraver pour la personnedétenue, sa famille et ses proches, les ruptu-res avec la société et accroît ses difficultéséconomiques et relationnelles. Dans lafaçon de rendre la justice aujourd’hui, cequi se rapproche le plus d’une possible déci-sion de justice en société anarchiste, ce sontles « travaux communautaires ». Lesdégâts matériels peuvent assez souvent

trouver une équivalence dedédommagement, la difficultévient des préjudices moraux,qu’on ne saurait compenser parune somme d’argent (que l’onespère aboli!) ou quelque formede torture que ce soit de la per-sonne condamnée. L’essentiel du

travail de la justice sera un questionnementpsychosocial des protagonistes et de leurenvironnement pour ouvrir les pistes, dansle dialogue (y compris vif, vengeur ou affec-tif ), sinon à une réconciliation au moins à lapossibilité de cohabiter à nouveau libre-ment et sans heurts. Même dans les cas detroubles mentaux, l’enfermement n’est pasune thérapie et doit rester une étape decourte durée.

Remettre en cause le bien-fondé del’incarcération est réellement subversif : unpas de plus, et c’est la prison dans nos têtesqui saute. Et ça, aucun gouvernement nesouhaite que nous y parvenions.

Des extraits de ce texte sont tirés de « De la justice en société anarchiste »paru dans le Monde Libertaire no 1339(déc. 2003).

L’anarchie de A à Z « J » COMME JUSTICE

CAUSE COMMUNE - NUMÉRO 10 - MAI-JUIN 2006

Comme plusieurs d’entre vous l’ont sûrement vu, res-senti ou tout simplement subit, la violence policière estencore particulièrement présente au Québec. Trop sou-vent, la répression dirigée par les outils du pouvoir étati-que s’abat sur ses victimes en toute impunité. C’est exacte-ment ce qui est arrivé le 25 juin dernier dans les résiden-ces de l’Université Laval à Québec.Stéphane Datey, jeune étudiant en génieélectrique, s’est retrouvé en état de crisesur les lieux de son travail et par le faitmême, de résidence. Il est complète-m e n t

perdu, nu et isolé dans une pièce sans issue. Même si plu-sieurs personnes ont rencontré Stéphane dans les couloirset mentionnent qu’il ne manifestait aucune agressivité, lespoliciers ont procédé à une intervention musclée et injus-tifiée. Sur les huit policiers, sept ont activement participéà l’agression.

Comme l’expliquent ses proches,«au moment de l'intervention des poli-

ciers, Stéphane était reclus dansla salle de bain d'une suite du

7e étage du PavillonLemieux. Stéphane est nuet n'a pas d'arme. Les poli-ciers chargent Stéphane etle basculent dans le bain.Ils le maintiennent dansle bain avec un bouclier etlui mettent une couver-

ture de laine rouge sur latête et le haut du corps. Ils

l'aspergent de poivre deCayenne sous la couverture. Ils

lui menottent les poignets avecles pieds. On le sort du bain.

Stéphane arrête subitement derésister. L'ambulancier enlève lacouverture et constate que

Stéphane est inconscient et ne réagit à aucun stimulus. Àson arrivé au CHUL, on constate que Stéphane est dansun coma de stade 6. Il mourra deux jours après dans laplus grande solitude : les policiers n'ont jamais averti sesproches, ni à son entrée au CHUL, ni lors de son trans-fert à l'Hôtel-Dieu alors qu'ils avaient été informés del'état critique de Stéphane. Bien que la perte de consciencecorresponde exactement au moment de l'interventionpolicière où Stéphane, aspergé de poivre de Cayenne, avaitla couverture sur la tête. »

Ce triste évènement n’a toutefois pas trouvé de cou-pable. Comme les cochons provenaient du service de lapolice municipale, l’enquête a été transférée à la Sûreté duQuébec, pour finalement retomber entre les mains ducoroner. Selon le coroner, les soi-disant « agents de lapaix » n’ont rien à se reprocher. Au contraire, ce dernierprétend que la couverture « n'a probablement pas été unfacteur déterminant dans la perte de conscience ».Encore une fois, l'état assassine et se blanchit les mains.Tout cela, il le fait impunément parce que la population nese tient pas debout. Le jour où votre enfant sera assassinéde la sorte, agirez-vous?

Solidarité avec Christiane Dupuis et les proches desautres victimes d’assassinats policiers.

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LA BRUTALITÉPOLICIÈRE FRAPPE ENCORE

Les anarchistes estiment que le nombre de conflits serainfiniment moins important lorsque les tensions, frustra-tions et injustices liées directement à l’exploitation del’humain par l’humain disparaîtront avec celle-ci.

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CAUSE COMMUNE - NUMÉRO 10 - MAI-JUIN 2006

Inspiré de Mike Harris

Le gouvernement libéral c’est inspiré de Mike Harris,le premier ministre conservateur qui avait introduit uneprocédure similaire en Ontario en 1997. Selon le scénarioà l’étude, après qu’un propriétaire ait porté plainte, un huis-sier viendrait porter un formulaire de contestation et unedate d’audience au locataire. Si le locataire ne conteste paspar écrit la plainte formulée par le propriétaire dans les 10jours, il serait automatiquement condamné par un greffieret pourrait donc être expulsé. Si le locataire conteste, alorsil y aurait audience à la Régie et il devrait alors prouverqu’il a bel et bien payé son loyer, ou encore, s’il veut resterdans son logement, payer le loyer en retard. Le gouverne-ment défend son idée en disant que 70% des locataires nese présentent même pas à l’audience, selon lui cette nou-velle procédure pourrait accélérer les autres causes à laRégie en libérant des régisseurs.

« Coupable d’être pauvre dans une société deriche »

Si les représentantEs des proprios jubilent, les asso-ciations de locataires sont furieuses. Le Regroupement descomités logement et associations de locataires du Québec

(RCLALQ) dénonce les risques d’abus et d’injustice de lanouvelle procédure. Cité dans un article du Devoir, AndréTrépanier, le porte-parole du RCLALQ expliquait : « auQuébec, une personne sur six est analphabète, plusieurs nemaîtrisent pas le français. Ce n’est pas tout le monde qui està l’aise avec une procédure judiciaire ». Il disait craindreaussi que la procédure ne sème la confusion dans l’espritdes locataires, qui pourraient penser que leur dossier seraentendu en audience, même s’ils ne renvoient pas le formu-laire de contestation. Il disait aussi que les délais ne lais-saient pas le temps aux gens d’avoir recours au service del’aide juridique, ni de ramasser la somme du loyer en retard(les locataires peuvent en effet acquitter leur dû le jourmême de l’audience, rendant la plainte du propriétairecaduque). Le RCLALQ dénonçait finalement que l’oncontinue de refuser aux locataires de s’expliquer sur les rai-sons de leur retard (ex. : attente de prestations assurance-parentale, de CSST ou d’Assurance-Emploi), et que rienne soit envisagé pour favoriser la conclusion d’entente depaiement des sommes dues comme cela se fait actuelle-ment avec Hydro. Pour le RCLALQ, le gouvernement pré-fère condamner les locataires d’être pauvres dans unesociété riche.

De son côté, le FRAPRU considère surtout que le

gouvernement devrait s’attaquer aux causes du non-paie-ment de loyer au lieu d’accélérer l’éviction des locataires.François Saillant pointe du doigt différentes causes direc-tement dues à des décisions gouvernementales : « Lesmontants d’allocation-logement n’ont pas été indexésdepuis 1997 au Québec. Aucun nouveau HLM n’a étéfinancé depuis douze ans. Les prestations d’aide socialesont à un niveau scandaleusement bas de 543 $ par mois etles chèques de la majorité des prestataires n’ont été indexésqu’à moitié au cours des deux dernières années. Le salaireminimum n’a pas suivi le coût de la vie. Quant aux loyers,le gouvernement les a laissés grimper en cinq ans de 21 %à Montréal, de 22 % à Gatineau et de 20 % à Québec, sansse donner la peine d’intervenir. Si le gouvernement veuts’attaquer au problème du non-paiement et de l’engorge-ment qu’il entraîne à la Régie, c’est dans sa propre cour qu’ildevrait faire le ménage ».

Interdiction des expulsions

Lors de la dernière campagne électorale, le Parti libé-ral disait vouloir inclure le droit au logement dans la chartedes droits et libertés. N’est-ce pas légèrement contradic-toire avec le fait de vouloir accélérer les expulsions de loca-taires? Si le logement est un droit, alors, logiquement, onne devrait pas avoir le droit d’expulser un locataire sansprévoir un relogement. En France, l’expulsion est interditependant l’hiver et les groupes de locataires revendiquent« pas d’expulsion sans relogement ». À titre de mesuretransitoire, en attendant la socialisation, on devrait deman-der la même chose ici. N’est-il pas ridicule de penser qu’ilest interdit de couper l’Hydro pendant l’hiver mais qu’onpeut foutre quelqu’un à la rue ?

LA RÉGIE DU LOGEMENT

ou l’Agence de recouvrement des proprios?

Une piècede théatrepopulairesurl’Histoiredes luttessociales dudébut du20ièmesiècle.

Emma GoldmanLa femme la plus dangereuse d’Amérique!

Les 24 et25 mai18hSalle AlfredLaliberté UQAM

[email protected]

Actuellement, la moitié des quelques 84 000 dossiers traités à la Régie du logement concernentles plaintes pour non-paiement de loyer. Il s’agit de la procédure la plus rapide à la Régie, 40 jours,en moyenne, et c’est réglé. Il n’y a que les causes dites « très urgentes » (bris de chauffage en hiver,par exemple) qui sont traitées presque aussi rapidement. En comparaison, les contestations de loyersont traitées en 6 mois, les causes ordinaires en 15 mois. Pourtant, c’est pour le non-paiement deloyer que le gouvernement songe à introduire une « procédure-éclair ». Si le projet de loi est adopté,les locataires pourront être expulsés en 10 jours. Décidément, on n’arrête pas le progrès!

À partir de 13h00 :

Ateliers (DIY) :

BouffeRéparation de vélo

Auto-défenseCompostage

Vélomobsoccer...

LA JOURNÉEAUTOGÉRÉE

- 4e édition -3 et 4 juin 2006

au parc de la Jeunesse et au parc Victoria à QuébecEn cas de pluie, rendez-vous au Centre communautaire St-Roch.

HORAIRE :

Samedi 3 juinau parc de la Jeunesse (coin des rues Du Pont et Prince-Edward)

Également:

bouffe collective, coin enfants, spectacle

Ateliers: Présenté par :

Immigration Personne n’est illégalLuttes urbaines La Pointe liber-taireAutogestion des luttes La NuitLuttes alimentaires présentation en collectif

Dimanche 4 juinau parc Victoria

12h00 :Pique-nique

À partir de 13h00 :

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C H R O N I Q U E S Y N D I C A L E

CAUSE COMMUNE - NUMÉRO 10 - MAI-JUIN 2006

Au Québec, environ 118 000 travail-leurs et travailleuses sont payéEs au salaireminimum, soit 3,8 % des salariéEs. Plus dela moitié de ces personnes sont des femmesqui travaillent dans les secteurs du com-merce de détail, de l’hébergement et de larestauration. Pour atteindre la rémunéra-tion hebdomadaire moyenne (688$,incluant le temps supplémentaire), il fau-drait travailler 74 heures au salaire mini-mum, en admettant que le temps supplé-mentaire soit payé à temps et demi (ce quiest rare). Le salaire minimum condamne àla pauvreté. Pourtant, les trois principalescentrales syndicales québécoises ontdénoncé la hausse du salaire minimumannoncée par le gouvernement québécois.Le salaire minimum passera de 7,60$ à7,75$ l’heure à compter du 1er mai, unehausse de 2%. « C’est cheap, tonne la FTQ,quand on sait que les travailleurs et les tra-vailleuses doivent composer avec des haus-ses de tarifs d’électricité, du transport encommun ou encore de loyer ». « Le gouver-nement donne d’une main pour reprendrede l’autre » clame la CSQ qui dénonce elleaussi les hausses de tarifs et trouve que legouvernement aurait au moins pu donner3% comme les députés vont recevoir.« C’est insuffisant », conclu la CSN, quidénonce l’incohérence du gouvernementqui prétend que la mesure s’inscrit dans leplan de lutte à la pauvreté et l’exclusionsociale. « En proposant une hausse de 2%alors que l’Indice des prix à la consomma-tion [la hausse du coût de la vie] est de2,3%, on ne fait qu’appauvrir ces travail-leurs et ces travailleuses », explique laCSN. Tout cela est rigoureusement vrai et,pourtant, ça sonne faux... Les centrales syn-dicales seraient peut-être plus crédibles sielles ne passaient pas sous silence le fait quele Parti Québécois a gelé le salaire mini-mum pendant cinq ans alors que le PartiLibéral l’a augmenté trois fois en trois ans ?

* * *Gesca, un patron pas si futé

Une entente de principe est finale-ment intervenue entre les syndicats repré-sentant 250 employéEs de bureau, de larédaction et de la publicité du quotidien LeSoleil, de Québec, et Gesca filiale de PowerCorp. (propriété de la famille Desmarais).Il aura fallu moins de 48 heures pour réglerune situation qui traînait depuis deux anset demi. La direction, malgré des conven-tions collectives échues depuis décembre2003, avait entrepris de très grands boule-versements dans l’entreprise… LessyndiquéEs, qui semblaient n’avoir aucuneprise sur Gesca (on ne compte plus les« grèves de signatures », les conférences de

presse et autres « moyens de pression »)ont profité de la grande naïveté des pro-priétaires et ont « foncé dans le tas ». À unesemaine de la très médiatique sortie duSoleil compact, les syndicats ont tenu uneassemblée générale conjointe où un pland’action a été voté. Le surlendemain, ladirection s’entendait avec eux. L’accord pré-voit notamment des hausses de salaires de2% par année pendant 6 ans (2,5 % parannée en 2008 et en 2009 si le tirage et lesrevenus du quotidien augmentent). Encontrepartie, aussi longtemps qu’il y aurades surplus, l’employeur va continuerd’avoir congé de cotisation dans le régimede retraite. Comment les patrons ont-ils pupenser réussir le passage au format tabloïd(avec tout ce que ça implique de mobilisa-tion du personnel) sans d’abord s’entendreavec les syndicats?

* * *La chaise musicale

Les lendemains de défaites ont ten-dance à être difficiles. Difficile de nier quele mouvement syndical du secteur publicvient de subir une défaite cuisante avec ledécret de décembre dernier. Déjà, ça com-mence à brasser dans certaines organisa-tions syndicales qui n’ont pas su resserrerles rangs autour de l’ennemi commun. LaFédération de l’enseignement de la CSQ,pour une, est au bord de l’éclatement et letiers des 80 000 membres sont en proces-sus de désaffiliation. Les dissidents repro-chent à la majorité de la Fédération d’êtretrop conciliante avec les patrons alorsqu’eux voudraient un syndicalisme un peuplus « combatif ». Sans être aussi impres-sionnant, plusieurs autres syndicats ici et làsont « en réflexion » et parlent de changerde centrales ces temps-ci. Ça brasse aussi àla direction de certaines organisations et onpeut s’attendre à plusieurs « luttes électora-les » dans les syndicats. La plus importanteconcerne sans doute le Syndicat des profes-sionnels du gouvernement du Québec(SPGQ) où la présidente ne se présentepas à sa succession. Dans ce syndicat, où lesdirigeantEs sont éluEs au suffrage univer-sel par les 19 000 membres (et non par desdéléguéEs), le comité électoral a autorisépas moins de 28 candidatures (4 équipescomplètes)… Bonjour les débats en assem-blée générale! Il y a malheureusement fortà parier que tout ce branle-bas de combatne changera pas grand chose au final dansle paysage syndical québécois…

* * *Je me souviens...

Encore une fois cette année, nos cen-trales syndicales nous prouvent qu’ellesn’ont aucune mémoire historique.En effet, la plupart des articlessur l’histoire du Premiermai parus dans la presse

syndicale oublient de « légers » détails dansleurs explications. Grand classique : per-sonne, ou presque, ne fait mention desconvictions politiques des syndicalistespendus à Chicago en 1886 et dont on com-mémore la grève par le Premier mai (c’étaitdes anarchistes qui se battaient pour larévolution sociale… et la journée de huitheures). Plus préoccupant encore, nos syn-dicats sont incapables de situer historique-ment le début des manifestations duPremier mai au Québec. Pour eux, toutcommence dans les années 1970, quand lesgrandes centrales recommencent à mani-fester à Montréal. Pourtant, ça fait 100 anscette année que l’on marque le Premier maidans la province. L’initiative de la premièremanifestation revient à un groupe d’inspi-ration anarchiste, le cercle « Aide Mutuelle», composé principalement de travailleurset de travailleuses d’origine juive, mais ausside quelques immigrantEs irlandaisEs. Dessocialistes et des libertaires francophones,dont Albert Saint-Martin, se joignent à lamanif (qui regroupera 1800 personnes detoutes « nationalités »). À en juger par lecompte-rendu publié par le journal LaPatrie, cette première manifes-tation fut couron-n é e

de succès : « la manifestation socialiste a étéimposante et par le nombre de manifes-tants et par l’enthousiasme qui n’a cessé derégner dans les rangs de la longue proces-sion qui a défilé par les rues Sainte-Catherine, Saint-Denis, Craig et Saint-Laurent ». Sur le trajet, les manifestantEss’arrêtent sur la rue Saint-Denis devantl’Université Laval et crient « Vivel’Anarchie! » et « À bas la calotte! », ce quine manque pas de susciter la controverseparmi les bourgeois et les étudiants quiobservent la scène. Cette première célébra-tion du 1er mai marque le début d’une tra-dition à Montréal, qui durera jusque dansles années 1930. Le plus triste de cet« oubli » c’est que ce sont les comités inter-syndicaux qui, dans les années 1970, ont lespremiers déterré cette histoire desPremiers mai du début du siècle organiséspar des libertaires et des socialistes…Comble de l’ironie, cette année, commeplusieurs l’ont vu, les syndicats se sont« souvenus » que la fête internationale destravailleurs était non pas le Premier mai,mais... le 29 avril!

Sur les l ig nes :

exigeons la justice et la dignité pour les migrantEs et les réfugiéEshttp://solidaritésansfrontieres.org/

SAMEDI LE 27 MAI, MIDI, CARRÉ PHILIPSCOIN STE-CATHERINE ET UNION - METRO McGILL

À travers le Canada, des migrantEs, des réfugiéEs et leurs alliéEs vont manifester contre la déportation et la détention demigrantEs et de réfugiéEs, et pour un programme de régularisation totale, inclusive, inconditionnelle et continue, ce qui signifie

!!STATUT POUR TOUTES ET TOUS!!

Salaire minimum : le gouverne-ment est cheap et les centrales

ont la mémoire courte