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Celivrenumériqueestunecréationoriginalenotammentprotégéeparlesdispositionsdesloissurledroitd’auteur.Ilestidentifiéparuntatouagenumériquepermettantd’assurersatraçabilité.Larepriseducontenudecelivrenumériquenepeut intervenir que dans le cadre de courtes citations conformément à l’article L.122-5 du Code de la PropriétéIntellectuelle.Encasd’utilisationcontraireauxlois,sachezquevousvousexposezàdessanctionspénalesetciviles.
AvrilSinnerGetHighTome3
NishaEditionsCopyrightcouverture:ArtemFurman
ISBN978-2-37413-349-2
Havefun!
@NishaEditions
NishaEditions
NishaÉditions&AvrilSinner
NishaEditions
www.nishaeditions.com&
www.nishassecret.com
SOMMAIREPrésentation1.Bienpourmoi2.Sly3.Jesuisprête!4.Don’tworry…5.Come…6.Ladescente7.Lavague8.Lebrunch9.Onrentre!
Àparaître
BienpourmoiRAPHAËLLEJemeréveillelorsqueleTGVentreengaredeVannes.Épuisée,jen’aipasvuletempspasser.MevoilàenfinloindeParis,deJeanetd’Edern,dansmarégion,monlieuderessource.J’aibesoin
demettreunpeudecôtécettehistoirequiprend,ilmesemble,uneétrangetournure.Enunsoir,jesuispasséed’unlitàunautreavecunetropgrandefacilitépourmoi,maisaussipoureux.
Merde,maisqu’est-cequ’ilm’arrive?Jenesaisplusoùj’ensuisetn’arriveplusàyvoirclair,quecesoitdansmesréactionsoulesleurs.
La seule chosedont je suis certaine c’estquec’est intense. Jusque-là, ceque j’éprouvaispour l’unetl’autremesemblaitdifférent,maisdepuiscematin,aprèscettenuitavecJean, toutsemélange.Jesuistotalementpaumée.
Monportablemesignalel’arrivéed’unSMS.Edern?Pourquoi?Aprèscequ’ils’estpasséentrenous…Toujoursencolèrecontrelui, jerefusequ’ilgâchemonarrivéeenBretagne,chezmesparents.Pas
questiondelirelemessage,ilattendra.L’arrêt«Lorient»estannoncé,jerangemesaffairesetm’apprêteàdescendre.
Mamère,déjàsur lequai,s’agite,mefaitdegrandssignesensautantsurplace.Elleest tellementl’inversedemoi:expressive,necachantriendesesémotions.Ellemesauteaucou.
–Machérie,tum’asmanqué,commejesuiscontentequetusoislà.Onvas’éclater.Ondiraitunegamineavecsescheveuxlongs,songrandpull,sonjeans,sesbottesenfourruresetson
excitation habituelle.Mais si ma mère n’a rien d’une adulte, elle peut parfois s’avérer être de bonsconseils,carelleesttellementnaturelle,déconnectéequecelafaitréfléchir.Beaucoupplusréservée,jel’embrasse.
–Moiaussi,jesuiscontente.–Tonfrèrearrivedemain.Jet’aidoncrienqu’àmoipourcesoir.Évidemmenttonpèreestlà,maisil
rentretard,ilaunerépétitionauthéâtre.–Commentva-t-il?–Superbien.Ilmonteunenouvellepièceavecsesélèves.MonpèreestprofesseurdethéâtredepuisnotreretourenFrance.C’estunedesesgrandespassions.
Ilaimel’artqu’ilaétudiéquandilétaitàl’universitéetj’admiresaculture,sacuriositéàcesujet.Pendanttoutletrajetquiséparelagaredelamaisonfamiliale,trenteminutesenviron,mamèreme
parle de ses activités, de ses amis. Elle ne s’arrête pas une seconde, ne me pose aucune question,j’écoute.
Àpeinearrivée, jedescendsetrespire l’airmarin.Lamerestauboutdujardin,accessibleparuncheminquidescendlelongdelacôteescarpée.Jenepeuxpaslavoirdansl’obscurité,maisjel’entends.
C’estbon,jesuischezmoi!Lamaison,trèsancienne,etladépendance–danslaquellej’aimonpropreespace–sontéclairées.
C’estfoucombienj’aimecettevieillebâtisseenpierreapparente,typiqueducoin.J’adorerevenirici.J’entredansmesquartierset,aussitôt,l’odeurdélicieusedufeudecheminéeemplitmesnarines.Tout
mon matériel de surf et de kite est entreposé dans mon petit salon entre les fauteuils et un canapé.Immédiatement,jegrimpel’escalierpourrejoindremachambresouslestoits.J’ouvrelaporte,rienn’abougé,mêmeleverresurlatabledenuit.Cetendroitestunélémentdestabilitépourmoi;j’aibesoindesavoirquecertaineschosesrestent,quejepeuxyrevenirquandjeveux,m’yretrouver,quellequesoitladuréedemonabsence.C’estrassurant.
J’aigrandidansunecommunautéoùlesgensallaientetvenaient.Lesmaisonsappartenaientàtoutlemonde,iln’yavaitpasvraimentd’intimité,delieuàsoi.Aujourd’hui,jepeuxdirequeçaamanquéàlaconstructiondemonsentimentdesécuritéintérieure.
Lapièceàl’étageestgrande,chaleureuseavecsonplancher,sespoutresenbois,lestapisdetouteslescouleurs–vestigesdenotreséjourenInde.Ilyaquatrepetitesfenêtresàrasdusol,mongrandlit,unvieuxcanapé,meslivresentassésn’importecommentetsurtoutmesviellesplanchesdesurfposéesunpeupartout.Lepoêleàboisquisertdechauffageestallumé.J’aienvied’êtreicietjesensàquelpointj’enaibesoin.J’enaileslarmesauxyeux.
Lespasdemamèrerésonnentdansl’escalier.–Tuasvurienachangé.C’estbondetevoirici.Elleest trèsnostalgiquede l’époqueoùnousvivions tousensemble.Elleentreet je reste figéeau
centre de la pièce, détournant le regard pour ne pas qu’elle perçoivemon émotion.Mais c’est peineperdue,ellemeconnaîtparcœur.
–Qu’est-cequ’ilnevapasmachérie,tun’aspasl’airbien?–Rien,jesuisheureused’êtreici,c’esttout.Ellen’insistepas,surprisedecedévoilementdemapart.–Viensdanslamaison,allonsboireunverre!–Vas-y,jeterejoins.Hésitante, elle repart. J’ouvrema valise, défais quelques affaires, regardemon téléphone et je la
rejoins.Edernattendra!Jenesuispasencoreprêteàliresonmessage!Çasentdivinementbondanslacuisine.Mamèremetendunverredevinblancetjem’assiedsàla
grandetabledeferme.–Tuveuxenparler?–Dequoi?–Decequitepréoccupe.–Non,çava,jet’assure!Ellesaitquecen’estpasvrai,qu’avecmoiilfauttoujoursinsister.–Raphaëlle,jeteconnais.Jesaisqu’ilyaquelquechosequinevapas.Jenepeuxrienluicacheretjen’enaipasenvieaprèstout.J’aitoujourseul’habitudedeparleravec
mamère,elleestunpeumaconfidente,mêmesi je trouveses théoriessur lavie, lesgens, totalementdépassées.Woodstock,c’estfini!
–J’airencontréquelqu’un,enfinnon…deuxpersonnes.C’estcompliqué.–Qu’est-cequiestcompliqué?Lefaitd’enavoirrencontrédeuxoud’avoirrencontréquelqu’un?Jesouris.–Ilyenaunquej’aimebeaucoupaveclequelj’aiunerelation.–Etl’autre?–C’estdifférent,complexe,ilnesepasserienentrenous.Enfin…Pasvraiment!–Ilsseconnaissent?–Oui.Ilssontamis.
–Etalors?C’estunproblème?Ça,c’estlecôtébeatnikdemamère!Riennelachoque.Aimerplusieurspersonnes,passerdel’unà
l’autrelibrementsansseposerdequestions,justepourleplaisir,faitpartiedesaphilosophie.Jelasensprête à me sortir son baratin sur la liberté sexuelle : que le désir de posséder l’autre, la propriété,empêchentl’expressiondel’amour…MaisjedoutequeJeanetEdernadhérentàcegenredemodedevie. Ils n’ont rien de hippie. S’ils acceptent ce partage, c’est pour d’autres raisons, reste à savoirlesquelles…
–Non,pasvraiment…avecJeantoutestsimple, trèsintense.Onsevoitsouvent, j’ai l’impressionqu’ils’attache,devientparfoispossessif,maisilneditrienquandjesuisavecsonami.
–Etaveccetami,c’estquoi?–Jen’ensaisrienencore,maiscequejeressenspourluimefaitpeur.–Pourquoi?–Parceque…quandjelevois,jenepenseplusàrien,jen’aiqu’uneenvie,c’estd’êtreaveclui,lui
parler,letoucher.Jenecontrôleplusrien,jeperdsmesmoyens,c’estplusfortquemoi.–Trèsbien,oùestleproblèmealors?Décidément,c’estdingue!Ellenemeconnaîtpas?Ellelefaitexprès!–C’estvouéàl’échectoutça!Parcequ’Edernestinsupportableetenpluscélèbre,maisjenepeuxpasluidire.–Écoutemachérie,jen’aijamaiscomprispourquoituastoujourseucettepeurdesouffrir,cebesoin
decontrôleenamour.Laisse-toialler,guidéepartessentiments,tondésir.J’ail’impressionqueducouptun’asjamaisétéamoureuse.
C’estfacilepourellededireça,carellenuanceparfaitementseshumeurs,sesémotions.Celan’estjamais trop ou pas assez. L’alliance parfaite d’une éducation stable, solide, donnée par mes grands-parents, et son désir de profiter, d’être libre.Moi, contrairement à elle, on nem’a rien appris, à partpartirdanslesexcès.
–Si…ilyaeuMarc.–Oui,mais c’est un amour de jeunesse, très raisonnable. Je te parle d’aimer sans réfléchir, sans
raison.Unamourpourlequeltuprendrasdesrisques.–Jeneveuxpasenprendre!–Tuesprêteàtejeterdansunevaguequipeuttebroyer,maispasdansunerelationamoureusesous
prétextequeturisquesdesouffrir?–Cenesontpaslesmêmesrisques.–C’estvrai,jetrouvelavaguebeaucoupplusdangereuse.Mamèren’ajamaisapprouvémapassionpourlesurf,trouvantcelatroprisqué.–Pasmoi.–Raphaëlle…Aimerpeut faire terriblementmal,mais crois-moi, on s’en relève.C’est un cadeau
qu’onnerefusepasquandilseprésente,qu’ildureuneheureoutoutelavie.Celavautlapeined’essayerrienquepourlasensationquecelaprocure.
Elleestmignonne…–Tul’aimescommeçapapa?–J’auraistoutquittépourtonpère.–Tun’asjamaiseupeurdeleperdre?–Si,pleindefois!Ilétaittrèsbeau,maisilnem’appartientpas!Etcen’estpaslapeurquivame
dicter ma conduite. On ne va pas s’empêcher d’éprouver de l’amour, ne pas s’attacher sous prétextequ’onpeutperdrelespersonnes.C’esttriste!
–Maisprudent!–Turegrettesd’avoirconnuMél,del’avoiraimée?Mêmesicelan’arienàvoir,saquestionmefaitl’effetd’unegifle.– Non. Jamais ! C’est une période heureuse de ma vie. Je l’aimais vraiment. Tu sais… elle me
manqueterriblement,maisjeneregretterien.– Tu n’as pas besoin de te protéger de ces deux hommes. Prends ce qu’il y a à prendre, profite,
imprègne-toideceque turessenspoureux.Tunesaispasquellessont leurs intentionsmais,pourunefois,arrêtedevoirlemalpartout!Sers-toidetonéducation!
–Jenesuispascommetoi!Mamèrevitvraimentsuruneautreplanète,ellepensequ’ilyadubonenchacundenousetqu’en
aimantonlefaitressortir.–Soisplusdétendue!Mêmeleshistoiresvouéesàl’échecvalentlapeined’êtrevécues!Detoute
façon,touts’arrêteàunmoment,c’estinévitable.Etfranchement…regarde!Jesuisheureuseenpensantcommeça!
Ellesaitcequejepensedesonmodedevie,depenser.Elleaparfoisdumalàcomprendremonrejetmaislerespecte.Ellereprend:
–L’échecamoureuxn’estriencomparéàcequetuasvécu.Tuesforte,jel’aivuàlamortdeMél.Maistuestropfière!Raphaëlle,accueilletesémotionsplutôtquedelutter,delesanalyserfroidement.Tuvasvenirfairedelaméditationavecmoitouslesmatins!
Nous finissons par rire en buvant la bouteille de vin. J’avoue que ce soir, j’admiremamère, sasensibilité,sonengagementetsacapacitéàaimer.Toutcelaavecaisanceetlégèreté.
Unpeuplustard,vers23heures,monpèreentredanslesalon.Sastatureimposante,sesgrandsyeuxvertsetsescheveuxlongsbrunsattachésenchignonluidonnentuneallureimpressionnante.
–Raphaëlle.C’estbondetevoir!Ilmeprenddanssesbrasréconfortants.Nousnousasseyonsl’uncontrel’autresurlecanapéfaceàla
cheminée.Mamèrenoussertdeuxcaféspendantqu’ilmeracontesanouvellepièce,qu’ilmedécritsesélèves.
Commeànotrehabitude,blottiecontrelui,jel’écoute.Ils’allumeunjointetmelepasse.–Papa,jecroyaisquetuavaisarrêté!–Pourquoi?–Pourtasanté?–Pff!Masantévatrèsbien!Etelleestnaturellecelle-là!Unpurproduitbio!C’estSlyquim’ena
faitcadeau!Celui-là,jevaisletuer!Sly,monmeilleurami,squattesouventchezmesparentsquandilyatropdemondedanssamaison
surlaplageoùnosamissurfeursseretrouvent.Etpourlesremercier,illeurfiledel’herbe.Nousfumonstouslesdeux.Depuisquejesuistoutepetite,laplaceàcôtédemonpèresurlecanapé
est lamienne. Je lui ressemblebeaucoup : cettemême réservedansnosélansaffectifs.Nouspouvonsresterdesheuressanséprouverlebesoindeparler.Ilm’apaise,contrairementàmamèrequis’agitetoutletemps.
Totalementdétendueaprèscettediscussionavecmamèreetlejointdemonpère,jeretournedansmachambre.Finalementlecôtépeaceandlovedemesparentsàcertainesvertus.Jem’allongesurmonlit,saisismontéléphoneetouvrelemessaged’Edern.
Edern:[Jesuisencoredésolé…Cequis’estpasséentrenousn’auraitjamaisdûarriver…Jenesuispasbonpourtoi.]
Complètementplananteetunpeuhilare,j’ail’âmelégèremalgrélateneurdesonmessage.Moi:[Pasbonpourmoi?C’estàmoid’enjugermaisencorefaut-ilquetumelaissesgoûter.]Une fois les vapeurs de drogues dissipées, je crains de regretter mon message et me demande
commentilvaréagir…Etpuismerde!Ilesttempsdesuivrelesconseilsdemamèreetdem’amuserunpeu!Laréponsearriveimmédiatement.Edern:[Tunem’aidespaslà!C’estpourtonbienquejedisça.]Ilestdrôle!Moi:[Monbien?C’estmonproblèmepasletien!]Edern:[OK.Danscecas…situveuxgoûter,ceseraàmamanière…Jesaisaussicequiestbien
pourmoi.J’aihâtedeterevoir.]Bordel!Qu’est-cequej’aifait?Queva-t-ilm’arriver?Ilchercheàmefaireflipper,cecon.Sapropositionm’excitemêmesijen’aiaucuneidéedecequ’ilentendpar«mamanière».Detoute
façon,j’aiquinzejourspouryréfléchir.Montéléphonevibredenouveau.Edern:[JeparsdemainpourmamaisonenAngleterre.J’yinvitequelquesamispourlejourdel’An.
Jeanproposequetunousretrouveslà-bas.]
SlyRAPHAËLLEMonréveil sonne : ilest8h30.Jeme lèved’unbond, regardepar la fenêtre.Commesouvent, le
tempsestcouvert,leventsouffle,maispourl’instantilnepleutpas.Quelquechosesepasseenmoi.Jescrutel’océanauloin,ilestagité,ilm’appelle.Aujourd’huiestlebonjour,jesuisdécidéeàcombattremesdémons,prendremaplanchedesurfetalleraffrontersonfantôme,surcetteplageoùjeneveuxplussurfer.
J’enfilemonmaillot,m’habilleetrassemblemonmatérieldansmonvieux4x4.Mesparentsdormentencore.Jeboismoncaférapidementetmevoilàpartieendirectiondelamaisondeplageàdixminutesdechezmoi.C’estunevieillebâtisseappartenantàSly.Laseulechosedontilahéritédesonpèreaprèssadisparitionenmer,lelaissantseulàdix-huitans.Iln’apasconnusamère.Elles’estévaporéedanslanatureaprès sanaissance,confiantalors sonéducationàcemilitairedans lamarinequin’a jamais suquoifairedecefilstropencombrant,letraînantcommeunbouletauxquatrecoinsdelaplanète.
Je m’engage sur la dune, me gare devant la maison. Elle se situe sur un spot de surf incroyablelorsquel’océansedéchaîne.C’estlecasdecematin.CetendroitestaussidevenuunlieudesquatpourtouslesamissurfeursdeSly,venantparfoisdumondeentierpourlevoir.Iln’yestjamaisseuletquandilabesoindecalmeilvachezmesparents,dansmachambre.Slyestconnudanscemondedeglissecar,enplusd’avoirlaréputationdecingléetd’excellentsurfeur,ilgagnemaintenantsaviecommephotographepourdesmagazinesdédiésàcesportetd’autresplusextrêmes.Ceboulotluiapermisd’enfiniravecletraficentoutgenrequiluipermettaitdenepastravailler.
J’avaisquatorzeans,enpleinedigestiondemonexpériencedifficileenInde,quandjel’airencontrésurcettemêmeplagedevantchezlui.Ilenavaitdix-huit,portaitàl’époquedesdreadlocks,vivaitseuldanscettemaisonisoléeavecpourseulecompagniel’océanetparfoisd’autresgaminsaussipaumésquelui.Jel’aitoutdesuiteadoré,vénérécommeungrandfrèreidéalisé.Unrocsurlequelvenaientsebriserles vagues de la vie, le rendant encore plus fort, plus durmais aussi plus intrépide. Je lui offraismacompagnie,moninsouciance,mavieencommunautéetilmecommuniquaitsaragedevaincre,songoûtdudéfi.Mesparentsl’ontviteadopté,intégré,cherchantàapaisersacolèrefaceàl’abandondessiens.Nousavonsprisl’habitudedesurferensemble.Ilvenaitmechercheraucollègepuis,plustard,aulycée,m’emmenait sur les routes pourm’accompagner dans les compétitions.Mais, parfois, il disparaissait,sansunmot,pournerevenirquetroisousixmoisplustard.
Lapremièrefois,j’aibeaucouppleuré,pensantnejamaislerevoir.Maisilestréapparucommeparmagie,unmatin.Avecletempsj’aiapprisàgérersesabsences.Jenel’attendaisplusenregardantlamer.Je savais qu’il reviendrait de son voyage avec un nouveau tatouage, une nouvelle cicatrice ou unenouvellenanatrouvéejenesaisoùsurlaplanète.
Mon adolescence a donc été ponctuée par sa présence àmes côtés, et son absence. Je dois à Slybeaucoup demes premières fois.Mes premiers verres,mon premier baiser,mes premiers joints,mespremiersaccidentsensurfetsurtoutmapremièrenuit.Jevoulaisquecesoitlui.Alors,versmesseizeans, ilacédé.Passantdurôledegrandfrère idéalàceluid’amant idéal. Ilm’a toutappris jusqu’àcequ’ildisparaissedenouveauetquejerencontreMarc.
Aujourd’hui une chose est certaine, c’estmon ami avec un grand «A ». Il nous arrive parfois dedéraperetdecoucherencoreensemble,nousenrions,prétextantqu’entremeilleursamisonpartagetout,lepirecommelemeilleur.
Ilétaitlà,cejoursurcetteplageoù,emportée,elleadisparu…C’estluiquim’aramenée,sauvéedeseauxpourensuitem’entourerdesa forceafinque jenem’effondrepas. Ilaveillésurmoi jouretnuitalorsqu’ilétaitlui-mêmetrèsaffectécarMélanie,mondouble,faisaitpartieintégrantedemaviemaisaussidelasienne.
J’aigrandiavecelleauseindelamêmecommunautéenCrête,puisenBretagne.AprèsmondépartpourParis,ilsontfiniensembleetsouhaitaients’installerdanscettemêmemaison.Malheureusement,cefutdecourtedurée.Sasérénité,sonenviederester,des’ancrerfurentinterrompuesbrutalement.Slyfutdenouveauabandonné.
J’entre dans lamaison encore silencieuse. D’autres amis, Ludo etMaya, dorment enroulés sur uncanapé.Cedestétalésurunmatelasparterreetsurl’autrecanapéunhommetrèsblond,trèsjeunequejene connaispas, finit sanuit.Les cendriersdébordent, lesverres et autres substances jonchent la tablebasse.
Quellebandedecrevards!Merde,Sly,ilvafalloirquetugrandisses!Toutenmefaufilantentrecesdébrishumains,jemonteàl’étageversl’uniquechambredelamaison.
J’ouvre la porte de cette immense pièce éclairée par la lumière du jour et perçois Sly allongé sur leventre,nu,ledrapenbouleàsespieds.Soncorpsparfaitestcouvertpresqueentotalitédetatouages,despiedsjusqu’aucou.Unassemblagededessinsracontantsonhistoire.Sonjournalintimedontjeconnaischaqueligne,chaquemot.Certainsmesontdédiés.Sapeauesthâlée,signequ’ilrevientdepuispeud’unerégionéloignée.Unegamineégalementdévêtueestallongéeàcôtédelui.
Jem’approche,m’allongeprèsdeluiencroisantmesjambes.–Salut,beaugosse!Jet’attendspourallerdansl’eau!Ilouvreunœil,grogne.–Putain,Raph!C’estcool!Jepassemamainsursesfessesmusclées,découvrantunnouveaudessin.–Tuastoujoursunaussibeaucul!Puis,jemepenchepourl’embrassersurlajoueetluimurmurer:–Jesuisprêteàyaller!Maisjeveuxquetuviennesavecmoi.–Arrêtedemepeloter,Raph!Lajeunefillequisembleavoiràpeinedix-huitans,seredresseencriant.–Sly!C’estquicelle-là?Jelaregardeamusée.Ilrétorque:–Tagueule,Johanna!C’estRaphaëlle,mapetitesœur!Elleestfurieuse.–Jetesignalequetapetitesœurestentraindetetoucherlesfesses.Ilseretournesurledosdévoilanttoutesasplendeuranatomique.–Bahoui,etenplusçamefaitbander!Jemeretiensdepartirdansunfourireenlavoyantselever,s’habilleretquitterlapièceenclaquant
laporte.–Sly,tuesignoble!Tudevraismieuxtraitertesnanas,mêmetescoupsd’unsoir.Ilm’attrapeparlatailleetmeserrecontrelui.Jeposematêtesursonépaule,mamainsursontorse.–Toi,tusaisquedanslefondjenesuispasunméchant.C’estbondetevoir.Commentvas-tu?–Bien!Onyva?Tuviensavecmoi?Ilyadesacréesvagues!Jenepeuxpasyretournersanstoi…
Slyseredresse,plantesesyeuxvertsdanslesmiens.Sescheveuxbrunsébourifféstombentsursonvisagedur.Sonarcadegaucheestbarréeparunpiercing,salèvreinférieureégalement.
–Tuessûredetoi?Pourquoimaintenant?Çafaithuitansquetuneveuxplusfoutreunpieddansl’eaudecetteplage?Onpeutallersurferailleurs,commed’habitude.
Jeluisouris.–Jenesaispas!Maislà,jeveuxyaller!Ilesttempsdevoirsij’aidépassétoutça!Ilclignedesyeuxetdéposeunbaisersurmeslèvrescommenousenavonsgardél’habitude.–OK…Maisputain,tuaschassémondécontractantmusculaireetjefaiscommentaveccettegaule?Slyn’estpastrèspoétique.Ilestmêmefranchementrustreparmoment,maisceuxquileconnaissent
biensaventquecelafaitpartiedesonhumour.Ilcroisesesbrasderrièresa tête,regardefixementsonsexeenérectionqu’ilexhibefièrementavecungrandsourire.
–Situveuxquejevienne…Jememarrefranchement.Plusriennemechoquechezlui,jeleconnaisparcœur.–Sly,onverraplustard!D’abordtum’accompagnes!–Plustard?Danscecas…jesuistonhomme!Ilserelèvebrusquement,fouilledanssontasdevêtementsetensorssonmaillotdebainqu’ilenfile.
Jedescendscherchermesaffairesalorsquelamaisonseréveilledoucement.Une foisprêts,noscombinaisonsenfilées,nouspartons tous lesdeuxendirectionde laplage,nos
planchessouslebras.Ilfaitfroid,lameresttrèsagitée.Nousregardonslelargecôteàcôte.–Tuessûredetoi?Jedéglutis,desimagesdecejourmereviennentàl’esprit:Mélanieprèsdemoiexactementcomme
Slyaujourd’hui.–Oui.–OK,alors,goinseamylove!Nous nous élançons enmême temps dans l’eau glacée, avançant sur notre planche pour rejoindre
l’endroitoùnousallonsattendrepatiemmentlavagueparfaite.–TusaisRaph,quandjesuisseul ici, jesenssaprésence.Tuvasmedirequec’estdesconneries
maissonâmeestlà.J’ycrois!Jeleregardeensouriant.Jenesuispastrèsbranchéeésotérisme,vieaprèslamort.Sonfantômeest
dansmatête,pasici.–Tuesprête?Celle-là,c’estlabonne!Jem’élance,meredressesurmaplancheetavecuneparfaitemaîtriseglisseaucreuxdelavaguequi
m’enveloppedesamâchoiretranslucideetenressort.J’entendslescrisdeplaisirdeSly.Jemesensbien!Finalement,çanemefaitplusriend’êtrelà,jemeretrouvecommeparlepasséàjoueravecl’océanetmonami,heureuse.
–Onyretourne?–OK.Ilrepart,jelesuis.Aprèsquelqueslonguesminutesàattendre,frigorifiés,nouschoisissonsnotrepartenaireetrelevons
denouveau ledéfi.Glissantdansce tunneld’eau, je revoisbrutalement sescheveuxblonds, entend lamélodieuniquede son rire.Soudain, j’hallucine, croisvoirpasseruneombre sousmaplanche. Jemedéconcentre, perds l’équilibre etme fais dévorer.C’est glacé, violent. Je nepeuxpas lutter contre sapuissanceetmelaisseemportercommeunpantindésarticulé.Jenesaisplusoùjesuis,nevoisplusrien,j’entendsseulementlebouillonnementdel’eauquiemplitmesoreilles.Jetourne,roule,encoreetencore
attendantpatiemmentquecettebouchecruellemerecrache.Matêtepercutequelquechosededur,puismonflanc,etlavagueseretire.
Merde,çafaitmal!Sonnée, je respire enfin et déjà son grondement m’annonce son retour. Soudain quelque chose
m’attrapesouslesbras,metiresansménagementdel’eau.Jem’écrouleledossurlesableetéclatederire.
–Putain,Raph!Çatefaitmarrer!Slyaccroupiàcôtédemoiestfurieux.J’aimal!–Bordel,Raphnemefaisplusjamaisça!Qu’est-cequ’ilt’apris?Putain…tufaischier!Ilestvraimenttrèsencolèrecontremoi.Jemecalmeetessaiedemeredresser,lâchantunjuronde
douleur.– Je préfère te tuer demesmainsplutôt quede te voir disparaître au fondde ceputaind’océan !
Raph,tunepeuxpasmefoutrelatrouillecommeça!J’aiplusquetoi,moi!***
C’estlesoirdeNoël,noussommestousréunisdevantlacheminéechezmesparents.Maniècededixansestblottiecontremoi.MonfrèreetsafemmediscutentavecmamèrependantqueSlyetmonpèrefument leurspétards,affalésdans lecanapé.Cette soiréen’estpasparticulièrecheznous,mesparentsrefusent de se plier aux traditions,mais depuis la naissance de leur petite fille ils font des efforts ettentent de devenir des grands-parents plus acceptables. Pourtant mon frère n’est pas un modèled’adaptation.C’estunmarginal,peusociablequivitdela locationdesesdeuxvoiliersetaveclequelj’aipeud’échanges,carilcommuniquedifficilement,mêmesinousnousadorons.
Je souris : Cléa,ma nièce, regarde Sly exactement comme j’ai pu le faire quand j’étais jeune. Ill’impressionne et elle l’admire. J’ai tout essayé pour tenter de convaincremon frère de nous laisserl’initierausurfqu’ellerêveraitdepratiquer.Maisilrefusecatégoriquement.D’ailleurs,depuislamortdeMélanie,iln’estplusjamaisvenumevoirsurfer.
Épuiséeparl’alcooletmonaccidentdecematinquim’alaisséunelégèreentaillesurlehautdufrontetd’énormesbleusetcoupuressurlescôtes,jequittetoutlemondepourrejoindremachambre.
Affaléesurmonlit,lapièceéclairéeparlefeudupoêle,Slyentreets’écrouleàcôtédemoi.–Jepeuxdormiravectoi?–TuconnaislaréponseSly!Immédiatement, il retire sonsweat, son jeanset s’engouffresous lacouette. Je faisdemême,mais
gardemontee-shirtetmaculotte.Jemeblottiscontreluicommeànotrehabitude.–Mercid’êtrevenuavecmoicematin!–Franchement…jem’enseraisbienpassé!Pourquoituestombée?JeneveuxpasluiparlerdemessensationsconcernantMéletalimentersesfantasmesmystiques.–Jen’ensaisrien,jemesuisdéconcentrée…Jevoisbienqu’ilest septique, ilconnaîtmapratiquedusurfparcœur.Mon téléphonevibre, il le
saisitavantmoietlislemessage.–«JetesouhaiteunbeauNoël.Tonculmemanque.Jean.»Iléclatederire.Etfaceàsonhilarité,jenepeuxretenirlemien.–C’estquicegarsavecsonprénomd’apôtrequiparledetoncul?–Sly,rends-moimontéléphone!Jen’arrivepasàêtresérieuseaveclui.–C’esttonmec?
–Non!Onbaiseensemble,c’esttout!Iln’estpasquestiond’entrerdansdesexplicationssurmarelationavecJean,surtoutaveclui.–Jepeuxluirépondre?–Sly,déconnepas!Tumefilesmontéléphonetoutdesuite!Ilseredressepourm’empêcherderécupérermonbien.–Ilt’adéjàenculée?–Non!Mais…Sly,laferme!Çaneteregardepas!Ilritdeplusbelle.–Bahsi!N’oubliepasquejeleconnaisparfaitementtoncul!C’estmoiquit’aidépuceléedetoutes
lesmanièrespossibles.–Etalors?Çanetedonneaucundroitsurmoi!Devinantmonagacement, ilme tendmon téléphoneenriant. Jemecaledenouveausursonépaule
solidequandsoudainilseredresse,sepenchesurmoi,sesyeuxvertsplantésdanslesmiensavecsonsourireencoindontjeconnaisparfaitementlasignification.
–Non,Sly!–AllezRaph!Soiscool!J’aieutroppeurdeteperdreaujourd’hui…Tumedoisbiença!Etc’est
l’autre,ilm’aexcitéàparlerdetoncul!Déjàsaboucheseposesurmamâchoire,glissedansmoncou.Lecontactfroiddesonpiercingsurma
peaumefaitfrissonner.Mesmainsposéessursesbicepscontractés,recouvertsd’encrenoire,jetentedelemainteniràdistance.
J’adoresoncorpsetchacunedesesmarques!–Jenetedoisrien!Calme-toisinontuvasdormirsurlecanapé!–ConsidèreçacommemoncadeaudeNoël !J’aiapprisdenouvelleschosesauJapon, jeveux te
montrer!Il relève la tête enme fixant.Nous rions franchement de son argumentationminable etmesmains
relâchentdéjàsesbras,luilibérantlepassage.Instantanémentils’embrase,saisitmontee-shirtqu’ilfaitpasser rapidement au-dessus de ma tête. Sa bouche rejoint la mienne et nos langues s’enroulentsauvagement.Coucher avecSly c’est pourmoi comme rentrer à lamaison.C’est intense, émouvant ettellementréconfortantmalgrésaferveuretparfoismêmesabrutalité.Ilestcethomme,cecorpsdontjeconnaislesmoindresrecoins,lamoindreréactioncommes’ilm’appartenait.Toutestfacileentreluietmoi,c’estmonpilieretjenepeuxrienluirefuser.Jen’enaipasenvie.
Jesuisprête!RAPHAËLLELefrontcolléà lavitre, lepaysagedéfilesousmesyeux.J’aiacceptéd’yalleretcommenceàme
demandersic’estunebonnechose…Jetournelatête,Slyestconcentrésurlaroute,sesmainstatouéessurlevolant,uneclopeentreses
lèvres. Jem’avance, la saisit et en aspirequelquesbouffées en repensant à cesquelques jourspassésavecmesamis,mafamille.J’aiméditétouslesmatinsavecmamèremêmesijenesuisfranchementpasconvaincue.Lerestedutemps,jel’aipasséavecCed,Ludo,MayaetSlyàsurfer,traînerdanslamaisondelaplage.
Ceséjourm’afaitunbienfou.Unebulledebonheurdontilestdifficiledes’extirper.Maissicen’estpas moi qui le fais, Sly s’en serait chargé en disparaissant brutalement à l’autre bout de la planète,commeàchaquefois.
–Quandest-cequeturepars?–Jen’ensaisrien!Pourlemomentj’aienviederesterlà!J’aiquelquesphotosdekiteàfaireici.
D’ailleursj’aibesoind’unenanasurquelquesclichés,tuneveuxpasrevenirfairemasirène?–Jenesaispas.Onvoitçaplustard.Montonestunpeuévasif,voiremorose.Jen’aimepaslesdéparts,lesséparationsetillesait.–PourquoituvaschezcesbouffeursdeJelly?Resteencoreunpeupourunefoisquejesuislà.Sansrépondre,jetournelatête,fixedenouveaulepaysageextérieur.Edernm’aenvoyéuncodede
réservation pour un billet d’avionRennes-Londres,m’indiquant qu’une voiture et un dénommé Jérémym’attendraientàl’aéroportpourm’emmenerdanssamaisonsituéedanslesCornouailles.Surlemoment,jen’aipashésitéàluirépondrequej’yserai,maislà,toutdesuite,ledoutemesubmerge.
Pourquoij’yvais?Parce que je ne peux pas m’empêcher de penser à lui, mais aussi à Jean. J’éprouve le besoin
irrépressibled’allerverscettehistoire,d’enconnaîtreledénouementmêmesimaraisonmerecommandelaprudence,voirel’évitement.
–Sly,j’aienvied’yaller!Ilmeregardeavecinsistanceavantdebraquerdenouveausesyeuxsurlaroutequinousconduità
l’aéroport.Ilsentmonangoisse.–Tusaisoùmetrouversituasbesoin.–Justementnon!Tun’espratiquementjamaislà.Sesdoigtssecrispentsurlevolant.–Demande-moideresteralors!Silencieuse,lesyeuxdanslevague,jesuisincapabledeluidirequoiquecesoit.Ohnon,Sly,nemefaitpasça!Pasmaintenant!Lerestedutrajetsedéroulesansunmotjusqu’àcequenousnousretrouvionsgarésdevantlehalldes
départs.–Mercidem’avoiraccompagnée.–Derien…Raphaëlle,faisattentionàtoi.
Satendressecontrasteavecsonvisagedur,sonregardfranc.–Toiaussi.Ilmesaisitparlanuque,s’avanceetdéposeunbaisersurmonfront.Lespaupièrescloses,jerespire
unboncouppuissorsdelavoitureetentredansl’aéroportsansmeretourner,lecœurserrédequittermasource,monlieusûr.
***Je débarque à Londres,mon sac surmon épaule et remarque d’emblée un grand brun à la stature
impressionnante,auvisageimpassible,tenantunepancartesurlaquelleestnotémonnom.Ildoits’agirdelagarderapprochéedeSaMajestéEdern.Jem’avanceversluienconfirmantmonidentitéet,sansperdredetemps,ils’emparedemonsac,m’inviteàlesuivrefroidement.
Ilm’ouvrelaportièrearrièred’unénorme4x4noirets’installeauvolant.–Nousavonsenvironquatreheuresderoute.N’hésitezpassivousavezbesoindequelquechose.–Çaira.Merci.Mesécouteurssurlesoreilles,jem’endorsauboutdedeuxheuresetsuisréveilléeparmonchauffeur
alorsqu’ils’arrêtedevantuneénormegrille.Iltapeuncodeetcettedernières’ouvreautomatiquement,nousfaisantpénétrerdansunparcboisé.
–Ilyadespaparazzisquirôdentautourde lapropriété,alorsn’ensortezpas!Àl’intérieurdelamaisonetduparc,iln’yapasdeproblème.
Nous roulons au pas dans une allée bordée d’arbres. Je me redresse, le stress commençant àm’envahir.Soudain,unegrandedemeureancienneémerge:c’estsplendide.Le4x4s’arrêtedevantlesmarchesdel’entrée,Jérémydescendrapidement.
Laportes’ouvre,Edernvientàmarencontre.Ilestvêtudesonjeansusé,d’untee-shirtblanc,etd’ungiletenlainebleumarine.Sescheveuxchâtainclairsonttoujoursaussidécoiffés.Immobile,jerestesansvoix,àl’attendreaupieddelavoiture.
Qu’est-cequ’ilestsexy!Chaquemouvementdesoncorps lorsqu’ildescend lesmarchesmerappellepourquoi jesuis là.Et
lorsqu’ilarriveàmahauteur,plantesesyeuxgrisdanslesmiens,j’oublietousmesdoutes.Samainseglissesurmanuque.J’arrêtederespireralorsqueseslèvress’approchentlentementdemonvisage.Ellesseposentdélicatementsurmajouefrémissante.
–Salut,Raphaëlle.Tuasfaitbonvoyage?Il me regarde avec intensité. Je cligne des yeux, très intimidée et encore plus en repensant à ce
pourquoi je suis là, à sa proposition.L’électricité qui se dégage de ses doigts descend le long demacolonnevertébraleetseconnectedirectementàmonbas-ventre.
–Trèsbien,merci.Gênée, jene trouveriend’autreàdire.Sonsourireencoinme laissepenserqu’il le ressent. Il se
penche,sonsoufflechaudàmonoreille,etmurmure:–Détends-toi.Çacommencefort!Ilfautabsolumentquejemeressaisisse!–Jeanestlà?Ilsourit,metendlamain.–Oui.Viens!Jérémy,vouspouvezposerlesacdansl’ailegauche,lachambreblancheàcôtédela
mienne.Lechauffeurs’éloignedel’entréeprincipaleetdisparaîtenpénétrantdanscetteimmensemaisonpar
unepetiteporte.Nous entrons dans un grand hall avec un escalier gigantesque. Il m’entraîne sur la droite et nous
arrivonsdansunevastepiècedanslaquelletrônenttroiscanapésformantun«U»enfaced’unecheminéeimpressionnante,suivied’unesalleàmanger.Àl’autreextrémité,uneporteouvertemelaisseentrevoirl’entréedelacuisine.
JerespiredenouveauetressensunsoulagementintenseenapercevantSandraetPedroseleverpourmesaluer.
S’ilssavaientàquelpointjesuisheureusedelessavoirici!EdernmeprésenteHenry,Richard,Emilyet troisautresdesesamisanglaisdont jene retienspas
encorelesprénoms.JelessaluelorsqueJeansortdelacuisineetsediriged’unpasrapideversmoi.Sonregardténébreuxmeclouesurplace.
Sans aucune hésitation, il s’empare de mon visage et écrase ses lèvres chaudes sur les miennes.Instinctivement, je tente de retirer ma paume toujours enlacée dans celle d’Edern. Mais ce dernierrenforce son emprise surmes doigts, bien décidé à ne pasme lâcher. Si Jean voulait officialiser unerelationentrenous,ilnepouvaitpasmieuxs’yprendre.Songesteafficheclairementauxyeuxdetoussapossessivité.
–Raphaëlle,tum’asmanqué!Jesouris,muettefaceàcetteconfidenceselonmoitropintimedevanttouscesspectateurs.Deplus,je
n’aivraimentpasenviequ’ilmemanquedonclaquestionneseposepas.–Viens!Ilprendmamainlibre.MonDieu!Jevaisfinirécarteléesiçacontinue!Lesgars,ilvafalloirmelâcher!Edernabandonne saprise et Jeanm’entraînedans l’escalierde cette fantastiquedemeure ancienne
jusquedansunechambretouteblancheaudeuxièmeétage.Elleestspacieuseavecunlitenmétalforgé,unegrandefenêtreexposantunevuesurleparcquiseterminesurlamerauloin.Uneportedonnesurunegrandesalledebainsaustyleplusmoderneavecdoucheetbaignoireetaufondde laquelle ilyauneautreporte.Jel’ouvre:elledébouchedirectementsurunechambretrèssombreauxvoletsfermés.Desaffairesjonchentlesol,lelitestdéfait.
Jeansecolledansmondos.Jefrémisaucontactdesonsouffledansmoncou,aucoindemonoreille.Sescheveuxeffleurentmajoue,sesbraspuissantsencerclentmataille.
–C’estlachambred’Edern.Toituesdansl’autreavecmoi.Illarefermeetm’entraînedans«l’autre»,lablanche,apriorilanôtre.Touts’embrouilledansmes
penséesetpourtantleurscomportements,àl’unetàl’autre,paraissentplusclairs.IlmesuffiraitdeposerlaquestionàJeanpoursavoiràquoi ils jouent tous lesdeux.Maisétrangement jen’aipasenvied’enparler,jepréfèrevoir,prendrelerisquedelaisserleschosessefairecommeellesviennent.Jemesenssoudainementintrépide,biendécidéeàmelaissersurprendre.
Ilme serre contre lui, samain libre s’immisce sousmon tee-shirt remonte le long demon ventre,caressemonsein.Seslèvress’approchentdesmiennesdéjàentrouvertes,prêtesàl’accueillir.
–J’aienviedetoicommeundingue!Cesmotssuffisentàfairegrimpermonexcitation.Jelefixe,unsourireencoin.–Ahoui?Onnediraitpas!Sabouches’emparesauvagementdelamienne.Nousinterromponsnotrebaiserpourfairepassernos
vêtementspar-dessusnostêtes.Ildéboutonnemonjeans,faitglisserlafermeture.Jefaisdemême.Sesdeuxmainss’engouffrentdansmonpantalon,saisissentfermementmesfessesrenforçantlapressionentrenosdeux corps, son sexedur contre lemien.Nos langues se dévorent,mesdoigts caressent son torselisse,puisseperdentdanssachevelurebrune…
***
Noussommesallongésl’uncontrel’autredepuisunbonmoment.Lanuittombe.Jeanseredresse.– Je vais prendre une douche ! C’est la nouvelle année ce soir. Edern a invité ses amis les plus
intimes.–Ilvayavoirbeaucoupdemonde?–Non,tulesasvusenbasetpeut-êtrequelquespersonnesenplus.Laplupartdesesautresamisont
finiparvendredesphotosoudesinfossurluidoncilafaitleménage.Jeandisparaîtdanslasalledebainsetjeresteétalée,pensive,surlelit.Quellevie!Jedeviendraiscomplètementfolleàsaplace.Aprèsunedouchelégèrementstressanteàl’idéequ’Edernpuissesurgiràtoutmomentparlaportequi
communiqueavecsachambre,j’enfilecequej’aiapportédeplushabillé,c’estàdirepasgrand-chose.Monslimtaillebasseencuirnoiretunhautensoiegrisequis’attachedanslecoupuisauniveaudelatailledécouvranttotalementmondos,mesbras.Letoutcomplétéparmesbottinesàtalonshauts.
Je memaquille les yeux un peu plus que d’habitude, me brosse les cheveux et les attache en unchignondésordonnéetmevoilàprête.
Jesorsdelasalledebainsetm’arrêtebrusquement,meretrouvantnezànezavecJeanetEdern.Ilssontà tomberà la renverse, tous lesdeuxvêtusd’unechemisenoire,déboutonnéeaucol, lesmanchesrelevéessurleursavant-brasmusclés,lesmainsdanslespochesdeleurspantalonsnoirs.Leurscheveuxsontsavammentdécoiffés,lebrunetleblondfoncémescrutentdebasenhaut,lemêmesourireencoin.
Je déglutis devant ce spectacle à faire fondre ma culotte, me redresse et tente de feindre ladécontraction,voirel’indifférence.
–Jesuisprête!Edern regarde furtivement Jeanpuis s’approche.Sa tenuesombredonneà sesyeuxune teinted’un
grisacier.Ilmecontourneetsecollederrièremoi.Jefrissonneaucontactdesachemisesurlapeaunuedemondos,sonparfumlégèrementiodém’emplit.Lesbattementsdemoncœurs’emballent.Jeredoutequ’ilexploseensentantsonsoufflecontremonoreille.Ilmurmure:
–Commeça,c’estmieux.Avecagilité,ildéfaitmonchignon,libèremescheveuxlongsqu’illaisseglisserentresesdoigts.–Tuestrèsbelle.Jen’oseplusbouger,marespirationsesaccade.Jeanmefixedesesprunellessombresquandsoudain
ilavanceversmoi.Jereculelégèrementmaiscelanefaitquerenforcerlapressionentremoncorpsetceluid’Edern.Monangenoirplantédevantmoi, sonsoufflesurma jouesemélangeàceluidéjàdansmoncou.Mevoilàpriseaupiège,nepouvantniavancerni reculer,complètementsoumiseàcesdeuxhommesquifontnaîtreenmoiunemultitudedefantasmes.
Enproieàundésirexplosif, jeperçoisenfin l’évidenceetmelaissealler.J’abandonnemoncorpscontreceluid’EdernetplongemonregarddansceluideJean.
Don’tworry…RAPHAËLLESentirletorsemuscléd’Edernsecontractercontremondos,sonsoufflebrûlantdansmoncouglisser
surmonépaule,estunesensationinoubliable.Sescheveuxenbataillecaressentmaintenantmajoue.J’aienviedebasculermatêteenarrière,qu’ilm’embrasse.Jerespiredifficilement,totalementpétrifiéeparmondésirquiredoubled’intensitésousleregardnoirdeJean.Soncorpssiprocheeffleurelapointedemesseins,sesdoigtsfrôlentmamâchoire,meslèvresentrouvertes.
–Situesprête…Alorsonyva!Jedéglutis,hochelatête,incapabledeparler.Jeveuxbienalleroùilsveulent.Ilsaisitmamaintremblante,m’arrachebrutalementaucontactd’Edernetm’emmèneendehorsdela
chambre. Soudain un grand vide s’empare demoi, la fraîcheur remplace la chaleur de son corps. Jerespireànouveau.
ToutensuivantJeandanslesescaliers,jemeretourne.Edernnonchalammentappuyéauchambranlede laporte,mefixeunsourireencoin,desmèchesdecheveuxlui tombentsur levisage.Jerésistedetoutesmesforcespournepasremonterlesmarchesetm’emparerdesabouche,meréchaufferencore.
Ilvamerendrefolle!Nousarrivonsdans legrandsalonoù la soirée sembleavoirdéjàcommencé.Lesdiscussions sont
animées iciet là,beaucoupdepersonnesparaissentse retrouveraprèsuncertain temps.Jecomprendsalorsrapidementquetouscesgensconnaissentl’Edernd’avantsanotoriété.Jeanm’offreunecoupedechampagneetnousnousinséronsauseindecettecommunautéexclusivementlondonienne.
JerencontreThomasqui,contrairementauxautres,habitedanslecoin.C’estunpassionnédevoile,j’aidonctoutdesuitedesaffinitésaveclui.Jeannouslaissediscuterbateaux,mer,surf,voyages.
Edernarrivealorsaccompagnéd’unegrandeblondeplutôtjolie,unpeu«bcbg»,pendueàsonbras.–Thomas!JevoisquetuasdéjàfaitconnaissanceavecRaphaëlle.Vousdevriezbienvousentendre
touslesdeux.Jeletoise,toutmoncorpssetendensaprésence.Bordel!C’estqui,celle-là?Lajalousiemegagne,medéstabilisecarc’estunsentimentquinem’estvraimentpasfamilier.Sandra
choisitcemomentpoursurgirdenullepart.–Raph,tuavaisdisparu!Jenet’aipasrevuedepuistonarrivée!Jecommençaisàm’inquiéteretà
medemandersiJeanneteséquestraitpasquelquepart.AvecPedroonétaitàdeuxdoigtsdepartirenexploration.
Oh,siellesavait…Net’aventuresurtoutpasaudeuxièmeétage!Jel’accueilleavecungrandsourire.–ToutvabienSandra!ElleregardeEderndontlesyeuxperçantssonttoujoursbraquéssurmoietmesaisitparlebras.–Viens!OnvaaiderPedroquilanceunateliertequilasfrappéesdanslacuisine.Jelasuisavecsoulagement.Ellesepencheàmonoreilleetmurmure:
–Méfie-toidelui!Safaçondeteregardernelaisserienprésagerdebon.Ellescraquenttoutespoursabellegueule,maispastoi,hein!Ilvautmieuxpas!
Moi…?Non…J’aijusteenviedeluisauterdessusetdeluiarrachersesvêtements,maisàpartça…
–Net’inquiètepas!Cen’estpasmongenre!Jemefaisriretouteseule!Nousarrivonsdansuneimmensecuisineoùdiscutentquelquespersonnes.Pedro,devantunegrande
table,commenceàinstallersonbarimprovisé.Sandrareprend:–Bon,alors,toietJean…vousêtesensemble?Jem’endoutais!Jenel’aijamaisvuavecunenanaà
partsafemme!Enfin…jamaisofficiellement…Tuvoiscequejeveuxdire.–Heu…ensemble…commentdire,disonsque…Ellemeregarde,amusée.–OK,j’aicompris!NousarrivonsprèsdePedro.–Raphaëlle,mabelle,jetefaisunetequila!Onvachauffertouscesbuveursdebière,ilsvontfinirà
poilquandjevaism’occuperdelamusique!Nousrestonstouslestroisunbonmomentàrirefranchement,envoyantdéfilerl’ensembledesinvités
sefaireabreuverparnotreamiargentin.Sel-tequila-citron.Mevoilàplusdansmonélément.Jemesensbienaveccesdeux-là.CedoitêtreaussilecaspourThomasquidécidederesteravecnous.
Unemainchauderemontedoucementlelongdemacolonnevertébrale.Jemefige.Quic’est?AuvudusourireencoindeSandra,cedoitêtreJean.Sabouchesecolleàmonoreille.Jefrissonne.–Neboispastrop…Jen’aipasenviedebaiserunemorte.Lanuitrisqued’êtrelongue.Jedéglutis,déjàexcitéeenpensantàcequ’ilpeutmefairesubir,maisaussitôtlesouvenirdusouffle
chaudd’Ederndansmoncou,soncorpscontrelemiens’imposeàmonesprit.Ilm’obsède.Malgrémoi,jen’arrêtepasdelechercherduregard,suivresesalléesetvenues,sanouvelleconquêtetoujoursaveclui.Ilm’ignoredepuisledébutdelasoirée,c’estcommesijen’existaisplus,pasunmot,pasunregard.Jediraisqu’ilaffichemêmeunecertainefroideurenversmoioualorsjedeviensparano.
Jedétesteêtrecommeça!Çanemeressemblepas,jenevaisquandmêmepasfinircommetoutescesfillesquibaventdevant
luidansl’espoirqu’ildaigneleurmontrerlemoindreintérêt?Ilfautquejemeressaisisse,quitteàpartirdansmesexcès.Lecontrôlesurmoiquejesuisobligéed’avoiraveclui,m’inhibe,m’empêchederéagiretmerendimpressionnable.
Jeverseleselsurmamain,calelecitronentremesdents,frappeleshotdetequilaetl’offreàJean.Avecsonsourirecarnassier,ils’emparedemamain,lalèchelangoureusement,avalesonverreetplaquesa bouche sur lamienne. Ce savoureuxmélange donne à son baiser un goût exquis. Nous enchaînonsplusieursverresdelafaçonlaplusérotiquequisoit,moncorpsetmonesprits’échauffent.
EdernrejointnotrepetitgroupeavecsanouvelleamiequeJeansemblebienconnaîtreetplanteenfinsesyeuxdanslesmiens.
Etmerde!Cegrism’aliènetotalement!Cemecmerendfolle!–Servicommeça,j’aienviedemesoûler,tum’enfaisun?Sansvoix, je le fusilledu regardet jene suispas la seule.Tout lemonde s’arrêtedeparlerdans
l’attentedemaréaction.Jesuispeut-êtresousl’emprisedesoncharme,maisiln’estpasquestionquejemelaisseberneretdominerparmeshormones.
Ilclaquedesdoigts,j’accours!Jenesuispassonclébard!Ilpeutdemanderàsapouffe.
Prêteàpéterunplomb,jemeredressefaceàsaprovocationquijetteunfroid.Raph,calme-toi!Tuesjustejalouse!C’estnul!Jeans’approchedemoi,passesonbrasautourdemataille.–Raph,viensavecmoi.Pedro,mets-nousunpeulefeudanslesalon!Onvas’endormiravantminuit
!Pedro,ravi,nousprécèdesansoublierd’emportersabouteilledetequilaetprendlecontrôledela
musique,versionlatino.Jelelaisseaussitôtm’entraînerdansunesalsaendiablée.La soirée continue, passant par différents styles musicaux. Edern et sa blonde ont disparu de la
circulation depuis longtemps et l’évidence de la situation me déçoit. Encore une fois, je ne peuxm’empêcherdemesentirblesséeparsonrevirementdecomportement.
Jeledétesteautantquejeledésire!Soudain,Pedronousannoncelanouvelleannée.Jeans’avanceversmoi.–Jetesouhaiteunetrèsbelleannée,Raphaëlle!Douceetpleinedesurprises.Jeclignedesyeuxet,sansattendremaréponse,ilplaquebrutalementseslèvressurlesmiennes.Nos
languess’enroulent,sesmainss’engouffrentdansmescheveux, lesmiennes leramènentcontremoi.Ledésirnousfaitperdretoutcontrôleetnotrebaiserdevientdeplusenplusintense.
***Vers trois heures du matin, il ne reste déjà plus que quatre personnes, dont Pedro et Sandra. Je
m’apprête à aller m’assoir lorsque Jean me rattrape, m’enlace et m’entraîne danser. Nos deux corpsmaintenant familiers se rapprochent, ondulent, mettant en exergue toute notre sensualité. L’un contrel’autre, nous nous déhanchons parfaitement en rythme, ses lèvres contre mon oreille, je me laissetotalementaller.
Soudain, ilme fait pivoter, seplaque contremondos, sabouchedescend le longdemoncou, sesmainssurmeshanchessuiventl’ondulationdemonbassin.Jefermelesyeux,bercéeparlamusique,parsoncorpset lesrouvrebrusquementensentantdesdoigtseffleurermajoue.Jebasculedansunregardgris,hypnotique,dangereusementproche.
Edernmefixeavecuneeffroyableintensité,unemèchedecheveuxluitombesurlesyeux.Sontorsecollécontremesseins, ilposesonfrontsurlemien,sonsoufflechaudcaressemeslèvresbrûlantes.Ilcommenceàdanseravecnous,soncorpsparfaitementenrythmeaveclemien.
Tout mon être s’électrise. Je plonge et me noie dans un océan de désirs jusque-là inconnus. J’aiterriblement envie de le toucher, qu’ilm’embrasse. Les lèvres de Jean dansmon cou redoublentmonexcitation,moncœurs’emballeàunrythmeeffréné.
Edernlèvesamainetdéposeladragéebleueentresesdoigtsdanssabouche.Jesensquejevaispastenirmarésolutiondeneplusfairen’importequoi!Edern,tufaischier!
Jevaismalcommencerl’année…Monenviedemejetersurlui,monincapacitéàrésisteràunexcèsaussitentantmefaitcraquer.C’estlejourdel’An!Tremblante, j’effleure sa barbe naissante. Soudain, il s’empare de mon visage et nos lèvres se
rejoignent violemment. Nos bouches s’entrouvrent, nos langues s’enroulent déposant l’ecstasy sur lamienne.Jel’avalerapidementafindereprendrenotrebaiserquidevientingérable,passionnel.Nousnousdévorons,sesdentsmordillentmalèvreinférieure,salanguelacaresse.Tousmesmusclessecontractent,marespirationsesaccadelesamenantàresserrerdavantageleuremprise.
Sous l’effet de la drogue, mon cerveau entre en ébullition, chaque cellule de mon corps explosecomme des bulles de champagne multicolores. Je quitte peu à peu ma conscience pour n’être quesensations.Tousmesbarragescèdent lesunsaprès lesautressous lapulsationdemonexcitationet la
leur qui durcit contre mes fesses, mon bas-ventre. Je me sens puissante, belle, prête à m’offrir auxplaisirsdecesdeuxhommesquisefondentenmoi,accrochésàmoncorpsaurythmedelamusique.
Labouched’Edernglissesurmamâchoire,jebasculematêteenarrière,Jeans’empareàsontourdemeslèvres.Sesmainssefontalorspluspressantessurmeshanches,monventre.Jedégoulineentreleursdoigts, leurs baisers brûlants. J’ai chaud, à l’étroit dansmon enveloppe charnelle devenue trop petitepour contenir toute mon excitation. J’ai besoin qu’ils me touchent, m’explorent de toutes les façonspossiblesafindemelibérerdecedésirtropintense.
Jenesaispasquelspectaclenousoffrons.Jem’enmoque,pourmoiilestmagnifique.JeneperçoisquelesmainsdeJeansurmapeau,lesyeuxgrisd’Edernplongésdanslesmiens.Nousnepouvonsplusnousarrêter,c’estimpossible,jenelesupporteraispas.
Maisbrutalementtoutcesse,l’ondulation,lescaresses,leursbaisers.Leregardd’Edernsedétourne,ilfaitunpasenarrière.Désemparée,lâchée,j’aipeurdem’écroulerenl’absencedesoncorpspourmesoutenir.JemeraccrocheàJean,sesbrasautourdemataille.
–Putain, lesgarsmaisçanevapas! Ilvousmanqueunneuroneouquoi?Vousêtesvraimentunebandedetarés!C’estquoivotreproblème?C’estRaphaëlle!Pasunedevosputes!Bordel,Jean…jepensaisquec’étaitdifférentavecelle!
Jetournelatête:Sandraplantéedevantnousestfurieuseetbiendécidéeànousinterrompre.C’estimpensable, je vais devenir folle, imploser, s’ils m’abandonnent. Elle ne veut pas que je me fassedévorer,maismoi jenerêvequedeça, j’enaibesoin!Jevoudrais luicrierque toutvabien,qu’elledégage,mais rien enmoi ne fonctionne normalement.Bouche bée, perdue aux pays desmerveilles, jen’arrivepasàatterrir,soumiseauxsensationsdélicieusesdansmoncorps.
Edernlafusilleduregard.–Sandra,occupe-toidetoncul!Raphestadulteetjenesuispascertainqu’elleaitbesoind’unchien
degarde!Elles’approchedemoi,medévisageattentivement.Jen’arrivequ’àluisourire.–Tutefousdemoi,Edern?Elleestdéfoncée!Amusez-voustouslestroisquandelleseraenétatde
direquelquechose,maislàj’endoute!–Demande-lui!Toutlemondemeregarde.Jesourisbéatement.Contrairementàcequ’ellepense,jen’aijamaisété
aussilucide,tousmessenssontaiguisés,maisjenesuisplusdouéedeparole.Ilssontamusantsàparlerdemoicommesij’avaiscinqans!Toujoursincapablededireunmot,jeparsdansunecrisedefourire.Edernlamaindevantsabouche
ravalesonenviedesemarrer.Çan’arrangeenrienmoncas.Sandrafulmine.–Raph,viensavecmoi!Jelascruteéberluéeetm’agrippeàJean.Nelalaissepasm’emmener!Ellen’ariencompris!Cederniersaisitlemessage,m’entraînerapidementversl’escalierquimèneauxétagesenrétorquant.–C’estbonSandra,j’aicompris,vatecoucher!À la vitesse de l’éclair et avec l’impression de toucher à peine le sol, je me retrouve dans la
chambre.Jeanclaquelaporte,tendu.Lascivement,jepivotesurmoi-mêmepourluifaireface,ilcolledenouveausoncorpsaumien,caressemescheveux,mesjoues,mesbras.
–Raph,çava?–Oui…Alléluia,j’airetrouvémavoix.
Ilsourittoutenmefaisantreculer.Saboucheeffleurelamienne.Jenepeuxm’empêcherdefixerlaportedansl’attentequ’elles’ouvre,maisrien.
Edern…Monespritn’arrivepasàsedéconnecterdelui,sonparfumflotteencoreautourdemoi,saprésencememanqueterriblement.
Jeanmecontourneetquelquechosededouxseposesurmesyeux,meplongedanslenoir.L’effetestimmédiat,jem’enfonced’autantplusdanscemondesensorieldanslequeljesuisdéjàperdue.Tousmesmusclessecontractentlesunsaprèslesautres.Mesmainsseposentinstinctivementsurlebandeau,illesenlève,lestenantfermementdanslessiennes.Seslèvressurlesmiennes,ilsusurre:
–Qu’est-cequetuveuxRaphaëlle?Soncorpsmepousseencore,meforçantdélicatementàm’assoirpuisàm’allongersurlelit.Ilétire
alorsmesbrasau-dessusdematêtequibasculeenarrièreoffrantmoncouàsesbaiserslangoureux.Sonbassinondulantentremesjambesmefaitsentirtoutledésirqu’ilapourmoi.Meslèvress’entrouvrent,moncorpssecambre.
–Réponds-moi.Qu’est-cequetuveux?–Toi…Jenesuisplusqu’unsouffle.–Tuessûre?Des yeux gris, sa bouche, le goût de sa langue, la texture de ses doigts surmes joues, son odeur,
envahissentmonespritparflashs,déclenchantenmoiunedécharge,unélectrochocàchaqueapparition.–Oui…Jean…–Nemenspas,Raphaëlle!S’ilteplaît…Fais-moiconfiance!Moncœurbatàtoutrompre,jetrembledevantcequejem’apprêteàconfesser.–Edern…Sa bouche s’écrase sur lamienne dans un baiser féroce. Il lâchemesmains, les invite à saisir le
montant froidenmétaldu lit. Jem’yaccroche fermement. Il se redresse légèrementet je sensun tissus’enrouler,glissersurmespoignetsquiseretrouventrapidemententravés,attachésàce lit.Moncorpstrembledavantage,jetiresurmeslienslesresserrantencoreplus.Sesdoigtsdescendentalorslelongdemes bras, effleurent les pointes demes seins qui durcissent au travers de la soie, puis caressentmonventre. Ilspassent le longde laceinturedemonpantalon, ledéboutonnentet le retirent lentement.Mapeaufrémitsousl’effetdecettelibération.Soncorpss’éloignedoucementdumien.
–Tuesmagnifique,Raphaëlle.Étendue sur ce lit, simplement vêtue de ma culotte noire en dentelle et mon haut, j’attends qu’il
revienne.C’estinterminable.J’aibesoindesentirdenouveausoncontactsurmoi.Jevaisdevenirfolles’iln’apaisepaslatensionquitorturechacundemesnerfs.Jeserrelescuisses,tireencoresurmesliens.
Oùest-il?Pourquoinemetouche-t-ilpas?–Jean!–Jesuislà.Subitement, desmains plus fraîches se posent surmes cuisses, jeme contracte. Doucement il les
écarte et vient s’assoir sur le lit entremes jambes. Ses doigts remontent lentement versmon intimité.J’inspireprofondément,retiensmonsouffle.Ilm’attrapealorsparleshanches,lessoulèvepourm’attirerencoreplusàlui.Mesbrasattachéssetendententièrementau-dessusdematête,mescuissesseresserrentautourdesataille.
Soudain,toutmoncorps,monêtre,sefigesousl’effetélectriquedececontactsurmapeau,ceparfumiodéqui s’immisceenmoi commeunedrogue. Je lève la tête, la tournedegaucheàdroiteprochedel’affolement,lapanique.
Samainseposedélicatementsurmajoue,sonpoucecaressemalèvreinférieure.Ilmurmure:–Shh!Don’tworry1,Raphaëlle!
Come…RAPHAËLLEEdern, sa voix, le contact de ses doigts sur ma peau affolent mon désir qui explose violemment,
ravageant mon corps et mon esprit. Je mords ma lèvre inférieure pour ne pas gémir, me cambre enresserrantmescuisses autourde sa taillepour calmer ces spasmesélectriquesquidéjà s’emparentdemonsexe.Lentement,sonpouce libèremalèvredemamorsure.Jemefigedepeurqu’ilm’échappeànouveau.Cetteidéemerendfolle,jenesupporteraispasunautrerejet,unautreabandondesapart.
Soudain,jesenssescheveuxfrôlermonfront,sonsoufflechaudsurmonvisage,leboutdesesdoigtsdessinerlecontourdemaboucheentrouverte.Monenviedelevoir,deplongermonregarddanslesien,deletoucherestinsoutenable.Jetiresurmesliensetmefigequandseslèvreseffleurentdélicatementlesmiennes,salanguepassesurleursrenflements.Unemainremontedemacuissesurmataille,mescôtes.Ellesurvolemonsein,sapointedurciequ’iltire,pinceàtraversletissu.Jefrissonne,moncœurrésonnedansmatête,marespirations’entrecoupedemesgémissementsétouffés.
Sabouche légèreseposeàpeinesurmes lèvres,maissa langues’y infiltre lentement,appelant lamienne. Elles s’enroulent, se caressent, je redresse la tête mais il m’échappe. Déçue, je me laisseretomber,ilrevient.Sonbaiserlangoureuxnelaissepastoutelapuissancedemondésirs’exprimer.Jeleveuxtellementquejepourraisencrever.Ilmesavoure.Jesouhaitequ’ilmedévore.
Ilseredresse.Lenœuddansmoncou,celuiaucreuxdemesreinssedélientetlasoiedemonhautglissesurmapeau,libérantmesseinsnus.Haletante,jebasculeencoreplusmatêteenarrière,accentuemacambrurepour luioffrirmapoitrine tendue.Sesdeuxpaumesbrûlantesparcourent les contoursdemon corps, s’attardent sur lesmarques encore visibles demon accident de surf. Elles caressentmonventrefrémissant,m’obsèdentpourenfinremontersurmesseinssensibles.Illesenveloppedélicatement,lesdessineduboutdesesdoigtspuisj’expirebruyammentlorsquelafraîcheurdesalangueseposesurmestétonsqu’iltire,faitroulerentresesdents,seslèvres.J’exulte,ondulesouslepoidsdesoncorpssurmon bas-ventre. Mon sexe trempé se contracte laissant tout mon désir pour lui s’écouler entre mesjambes.Seulementconnectéeauxsensationsqu’ilmeprocure,jemelaissetotalementaller.
Soudainlelits’affaisselégèrementàcôtédemoi.Jesorsdemabullesensorielle,maisyreplongeimmédiatementsousl’effetd’unbaiserplusavide,brutal,augoûtdeJean.Sonempressement,saferveurapaisentlégèrementl’incendiedéclenchéparlalenteursensuelled’Edern.
–Oh,Raphaëlle,tun’imaginespaslespectaclequetuoffres.Tuessurprenante…Seslèvres,salanguequittentlesmiennes,glissentlelongdemoncou.Cellesd’Ederndévalentvers
monventre,sesdeuxmainstenantfermementmataille.Jemedisloque,liée,offerteàsesdeuxhommesquisedélectentdemoncorpsmaintenantrecouvertdeleurscaresses,leursbaisers.LesmorsuresdeJeantorturentdélicieusementmesseins,cellesbrûlantesdesonamicontinuentdedescendre.Jem’embraseàla sensation de son souffle chaud sur la dentelle, ses doigts accrochant l’élastique sur mes hanches.Impatiente,jelessoulèvedansl’attentequ’ilretire,arrachecettebarrièredetissu.Maisilseredresse,s’éloigne ne laissant que ses caresses sur mes cuisses qui se contractent pour calmermon excitationdevenantdeplusenplusdouloureuse.Suppliante,jegémis.
Savourant toujoursmes seins, Jean laisse courir samain pressante surmoi et l’engouffre dansma
culotte.Elles’infiltrelelongdelafentedemonsexeinondé,l’explore,lemasseavecforce,étalantsamoiteur.Sonsoufflecontre lemien, il se retirebrutalementet introduit son indexdansmabouche.Malangues’yenrouleavantqu’ilnesoitremplacéparlasienne.Moncorpsenfeuestunsupplice,jevaisdevenirfolles’ilsnemettentpasfinàmesdésirsindécentsquisontentraindemefaireperdrel’esprit.
Attachée, impuissante, jeme tortille lorsqu’Edern décide enfin deme débarrasser demon derniervêtement. Il l’arrache, écarte mes cuisses puis enfonce brutalement ses doigts en moi. Mon cri desoulagementseperdentre les lèvresdesoncomplice.Jemedéhancheaurythmedeceva-et-vientquim’emplitetvacilleaubordduprécipicelorsquel’humiditédesalanguerejointcelledemonentrejambe.
Leursdeuxbouchesenmêmetempsdansmoncou,surmesseins,monsexeavide,medévorent.Elless’occupentdemonplaisirquimonteàunevitesse fulgurante.Ensueur,agrippéeàmes liens, jechute,explose.Toutmoncorpssecouédespasmessemetàtrembler,jegémissousl’effetdecettelibération.
Brusquement, ils s’écartent. J’ai froid, seule,gisantedans l’obscurité.Tout s’arrête. Jene les sensplusautourdemoi,maislesentendsbouger,toutproches.Marespirationsecalmedifficilementquanduncorpschaud,nu,lequel?,s’étendprèsdemoi,m’attire,m’obligeantàmetournersurlecôté.
Jereconnais immédiatement leparfumd’Edernà traverssonsoufflesurmonvisage.Ildénouemesliens,saisitmespoignetsetydéposedesbaisersavantdeplaquerbrutalementsabouchesurlamienne.Noslanguess’enroulentfurieusementpendantquemesmainsenfinlibrescaressentsonvisage,seperdentdanssescheveux.Lessienness’emparentdemesfessesmeramenantencorepluscontrelui.Ladouceurdesonsexeérigésurmonbas-ventremefaitperdrelatête.Excitéecommejamaisjenel’aiété,jemordssa lèvre,promènemesdoigts,mesongles sur son torse, sondos, ses fesses afindedeviner, imprimerchacundesesmusclesquisecontractent,frémissentàmonpassage.C’estdivin,intense.J’aiterriblementenviedelevoir,d’embrasserchaqueparcelledesoncorps,mesyeuxdanslessiens.
Sespaumes remontent surmes seins lorsque Jeanseplaquedansmondos. Il saisitmonvisage, letourne, m’arrachant aux lèvres de son ami pour m’embrasser fougueusement en poussant ses hanchescontremoirenforçantlapressiondeleursérectionscontremesfesses,monventre.Lapuissancedemonexcitationm’étouffe.Moncorpsencastréentrelesdeuxonduleàleurrythmeengémissant.
Danslenoir,passantdel’unàl’autre,nosbras,nosjambessemélangent.Jeneperçoisplusquelasensation des langues, des sexes contre ma peau, des doigts qui s’invitent en moi de toute part. Maconsciences’égare,fondsousleursardeurs,iln’yaplusrienderationnel,logique.JedisparaisdanslesaffresduplaisirquandtoutàcoupJeantiresurmeshanchesetmepénètrebrutalement.Instinctivement,jemecambre,pousseuncrideplaisirenenfouissantmonvisagedanslecoud’Edern,m’enivrantdesonodeur.Jem’accrocheàsoncorpspournepasbasculerenavantsouslescoupsdereinsquim’emplissent.Mesmusclessecontractentautourdesonmembre,l’aspirent.Unemainmassedélicatementmonclitoris.J’exulteàchaqueva-et-vient,mesgémissementssontdeplusenplusforts,s’étouffentdanssoncou,mesongless’enfoncentdanssapeau.Jevaisjouir,maisJeanseretireviolemmentinterrompantnetlamontéedemonorgasmetransforméentorture.J’entendssonrâle,senssajouissanceserépandresurmesfessesqu’ilcaresse.Incapabledebouger,tétanisée,jesuffoque.Moncorpshurledefrustration,jevaiscraquer,leslarmesmontent.
–Non…non…Mesmurmuressontunesuppliquedanslecoud’Edern.Ilsaisitmonvisage,m’embrasse.–Chut!Come2…D’unemainsurmesreins,ilm’attirebrusquementcontrelui,majambes’enrouleautourdesoncorps
auquel jem’agrippede toutesmesforces.Sonsexedurfrotte,caresse lemien.Je tombealorsdansununivers émotionnel d’une rare intensité.Nos bouches se dévorent sauvagement, ses doigts s’enfoncentdansmapeau,mesonglesdanslasienne.
Toussesmusclessetendentsousmespaumes,ilbasculesurmoietmepénètreàsontour,lentement,profondément.L’espaced’uninstant,toutmonêtres’arrêtedefonctionner,sidéréparlasensationextrêmequemeprocuresarigiditéglissantdansmonantreavide.Mesbrasreferméssursondospuissant,jenebougeplus, luinonplus.Plus rienn’existe, seulementnos respirations rapidesqui semélangentet lescontractionsdemonbas-ventreautourdesonmembre.Ilm’emplitparfaitementcommes’iln’yavaitplusaucunespacevideenmoi,chaqueparcelledemonintérieursembleencontactaveclui.Unaccordd’uneperfectionredoutable.
Sesdoigtseffleurentmajoue,seslèvreslesmiennes.Jetremble,peineàrespirer,submergéeparmondésir pour cet homme qui s’insinue en moi telle une drogue, circulant dans chacune de mes veines,électrisantchacunedemescellules.
–Oh,Raphaëlle…You’resobeautiful3.Sescheveuxbalaientmonvisage,ilm’embrasseavecrage,noslanguess’emmêlentetsesdoigtsfont
glisser le bandeau au-dessus de ma tête. Je cligne des yeux, les referme aussitôt, envoûtée parl’ondulation de ses hanches contre les miennes. Il m’envahit délicieusement, massant, percutant mesparoiset tout s’accélère.Monesprit estdévasté,en transe, sous l’assautdesesva-et-vientdeplusenplus passionnels m’arrachant des cris de plaisirs d’une rare intensité. Nos deux corps en sueurs’emportentfurieusement,s’agrippentl’unàl’autreavecfrénésie.
–Raphaëlle,lookatme…Please…4
Sonmurmurerauqueestsuppliant. J’ouvre lesyeux. Immédiatement, jechaviredansunocéand’ungrisintense.Toutmoncorps,monêtreexploseenmillemorceauxsouslaviolencedemonorgasme.Jeme noie, suffoque dans la ferveur, la détresse de son regard quand il jouit en moi, gémit contre mabouche.
LadescenteRAPHAËLLEJ’ouvre les yeux, difficilement. J’ai chaud, complètement déshydratée avec un mal de crâne à
souhaiterunedécapitationsurlechamp.Lalumièredumatin,pourtantfaible,mebrûlelesrétines.Putaindedrogue!Oppressée,peut-êtremêmeunpeuangoissée,jesaisdéjàqueladescentevaêtrerude.Ilvafalloir
quejem’accroche!Jedoismelever,bouger,c’estdéjàunexploitquejemesoisendormie.Maisjenepeuxpas,totalementprisonnièredecesdeuxcorpsemmêlésaumien.Ederndortprofondémententremesjambes,satêtesurmonventreetJeanaprismonépaulepourunoreiller.
Quellenuit!J’enaitrèspeud’imagesmaismoncorps,lui,s’ensouvienttrèsbien.D’ailleurs,lasimplevisionde
ces deux perfections sur moi, leurs chaleurs, leurs souffles lents sur ma peau réveillent aussitôt monexcitationaffolantlemarteaupiqueurdansmoncrâne.
J’ailatêtequivaexploser!Jedoisabsolumentsortirdecelitsansmefaireattraperparmesdeuxgeôliersquirisquentdenepas
melaisserpartiraussifacilement.Lentement,avecuneinfinieprécaution,jemedégagepeuàpeudeleuremprise.J’ai l’impressiondejoueraumikado,ressentir lamêmeappréhension,concentration,stoppantmaprogression,marespirationaumoindredeleursmouvements.
J’enfile rapidementun jeans,undébardeur,mongrospull,mesUggs. Jeprendsmonportable,mesécouteurs,ouvrelaporteet jetteunderniercoupd’œilàcetableaumagnifiquequem’offrentcesdeuxmerveillesdelanature,avantdedéguerpir.
Ilssontd’unebeautéàcouperlesouffle,nus,étendussurcelitl’unàcôtédel’autre.LapeaumatedeJean contraste avec celle plusdorée et tatouéed’Edern. Je contemple leurs fesses, leurs dosmusclés,puismesyeuxs’attardentsurlesmotifsquicontournent,dessinentlecorpsparfaitd’Edern.
Voirleursbeautésvirilesainsiétendues,associéesauxsouvenirssensorielsdemanuit,mepermetdefantasmerdesimagesdenotretrio.Hésitante,jemeretiensdenepasretourneraucœurducyclone,maisladouleurpercutantedansmatêtemerappelleviteàl’ordre.
Lamaisonestsilencieuse,jesuislaseuleâmeerrante.Normal,ilest9heures.Aprèsavoirprisunebouteilled’eau,enfilémaparka,jedécidedesortir.J’aibesoindeprendrel’air.
Boireetm’aérer!Ilfautquejegèrecettedescentequirisqued’êtredifficile.JecroiseJérémy,lesalueetmarchedansleparcendirectiondelamer.Leventfouettemonvisage.Il
faitfroid,maisjerespireprofondément,çamefaitdubien.Arrivéeenhautdelafalaisequisurplombelamer,jem’assiedset,leregarddanslesvagues,j’attendsdansl’espoirquecetétatsecond,douloureux,prochedeladéprimesedissipe.
Pourquoij’aipriscettemerde?Jen’enavaispasbesoin…Déjàmoncerveaucommenceàs’agiter.Laruminationmorbidepost-défoncem’envahitl’esprit.Mes
penséess’enchaînentvite,tropvite.Jerevislasoirée,monressenti,mondésireffroyablepourcesdeuxhommes,notammentEdern.Jenepeuxplusnierl’évidencedecequ’ildéclencheenmoi,c’estpuissant,nouveau,incontrôlable.
Merde!Jen’enaipasenvie!Iln’estpasquestionquejemetransformeengroupie!Ma tête dans mes mains tremblantes, je sens l’angoisse monter. J’inspire et expire profondément
cherchantlacohérencecardiaquequivamepermettredegéreraumieuxcemomentdouloureux.Jefixedenouveaulamer,maiscesontmaintenantdesflashsd’elle,sescheveuxblondscommelesblés,sonrireexcentrique, sa joie de vivre qui reviennent. Je souris face à ces réminiscences de bonheurmais sonvisagesansvie,marbrédebleu,gonflé,tuméfiémepercute,mecoupantlarespiration.
Bordel!Jenevaispasyarriver!Jevaispartirenvrille!Jeprendsmontéléphone,appelleSly.Messagerie.Iln’estjamaislàquandilfaut!J’appellealorsMarie,maspécialisteenstupéfiants.Elledécrocheimmédiatement.–Raph!Merde!J’étaisinquiète.Tun’asdonnéaucunenouvellesicen’estunvagueSMSdepuiston
départprécipitél’autresoir.Tuesoùmabelle?J’aidumalàluirépondre.Jerespireprofondément.–JesuisenAngleterre.–Maisqu’est-cequetufouslà-bas?Avecqui?–AvecJean.Marie…–Petitecoquine!Tutefaisunweek-endenamoureux!–Non,onestchezunamiàlui.Marie,jenemesenspasbien.–Hein?Tuveuxquejeviennetechercher?Qu’est-cequ’ilya?Elles’affole,jel’imaginedéjàentraind’arpentersonappart,derassemblersesaffairesetmettreun
plandesecoursenplace.Cesappelsàl’aidesonttellementraresdemapartqu’ilsontleureffet.–Non…J’aiprisdel’ecstasyhieret…Putain,jemesensmalcematin,jesuishyperangoissée,j’ai
des idéesnoires. J’ai aussi couchéavec Jeanet sonpote, jene saisplusoù j’en suis, je suispauméeMarie.
Toutestsortid’uncoup,sonsilencemefaitdirequ’elledigèrel’information.–Alors,attends!Calme-toi!Sijecomprendsbientuasprisdel’ecstaetaprèstuascouchéavec
deuxmecsdanslasoirée.Bon…mapoulettetuenasvud’autres!Ilyaforcémentautrechose!Tut’esprotégéeaumoinsparcequedanscesmoments-là,on…
Cedétailmefaitsoudainementflipper.Non,jenecroispas,jenesaisplus…EderndoitsetaperlaTerre entière et emportéeparmondésir, je n’ai pris aucuneprécaution avec lui.Une chosedeplus àgérercematin.IlfautquejeparleavecJean,maisavanttout,pourlemoment,cequimepréoccupeleplusc’estmadescenteauxenfers.Jevaisdevenirdingue.
–J’aicouchéaveclesdeuxenmêmetempsetjel’auraisfaitmêmesansladrogue!Mariec’estjustequejemesenssupermal,là.J’ail’impressionquejem’enfonce.
–Bordel!Raph!Lesdeux!Tuasuncul…–Merde!Marieons’enfoutdeça!–Excuse-moi!Oui…Heu…Tonétat,c’estcertainementparcequetu tefaisunesaledescentema
poulette!Çavapasserd’iciquelquesheures.–Merci!Jesais!Qu’est-cequejefais,carlàj’aipeurdepéterunplomb!–Tubois,tusorsetsurtouttutereposes,évitestouteslessituationsstressantes,anxiogènes.–Pff!Jesuismalbarrée!Bon…mabichettejeteremercie,jet’appellepourteteniraucourant.–Raph!Tum’appellessinonjedébarqueaveclesfilles!–Jet’embrasse.Je raccroche.Cettebrèveconversationm’a faitdubien, j’ai aumoinsarrêtédepenseràMélanie,
maispasàJeanetEdern.J’avaisenviedeluiraconter,maisdansmonétatcen’estpeut-êtrepaslebon
momentpourréfléchiràtoutça.Jerisquedetoutvoirennoir,riendebonnevasortirdemaréflexion.Maisunechoseestsûrec’estquecettehistoirevamalfinir.Resteàsavoirpourqui…?
Après un longmoment surmonpromontoire rocheux, lamusiquedePJHarvey sur les oreilles, jeréussisàmedétendre.Lafaimmetiredematorpeurpsychique,ilest11heures.Jemelèvepourrentrer,biendécidéeàmeconfronterauxconséquencesdemanuit.
J’entredanslamaison.D’embléesonagitationmerattrape.Sandramesautedessus.–Raph!T’étaisoù?Jeantecherchepartout!Ilestsuperinquiet!Çava?Tout en lui souriant, j’enlèvemaveste, ne voulant rien laisser paraître demagêne etmon état de
toxico.–Çava!J’étaisauborddelamer.–Viens,j’aifaitducafé.J’entredanslesalon,m’arrêtebrusquement.MonpalpitantsedéchaîneencroisantEdern,monpêché,
vêtudesonsweat,sacapuchesurlatête,unetasseàlamain.Ilpasseàcôtédemoisansdireunmot,pasmême un regard, s’installe sur le canapé près de la cheminée, prend un magazine et commence à lefeuilleter.
Atterréeparsonattitude,monagacementmonteenflèche.Jenem’attendaispasàcequ’ilmerouleunepelle,àrienmême,maispasàunetelleindifférence,ignorancedemapersonne.Lesmotssortenttousseulsdemabouche.
–Dispasbonjour!Illèvelatête,mefixeetreplongedanssalecture.Quelcon!Jen’ycroispas!Sandrametireparlamanche.–Laissetomber,Raph!Ilestparfoisdésagréable,maisçavaluipasser!Lacolèrem’envahitetauvudemonétatj’aiplusquedumalàlacontenir.Pourquiseprend-il?Iln’estpasquestionquejelelaissemetraitercommeça!Personne!Jeansurgitdanslesalon,m’enlacedesesbrasrassurants,poseseslèvreschaudessurmonfront.–Raph!Jemedemandaisoùtuétaispassée?Çava?Sa tendresse m’apaise, il me regarde avec intensité. Ses yeux noirs cherchent à sonder mon état
d’esprit,àsavoircommentjegèrecequ’ils’estpasséhiersoir.Ilestinquietconcernantmaréactionetilpeut,carl’attitudedesonamimelaissepenserquej’aifaitunebelleerreur.
Jevoudraisqu’ilm’emmèneloin.–Çava!Je lui répondssèchementennepouvantm’empêcherde jeterunœilversEdernpourentrevoirune
réactiondesapart.Ilcontinuedeboiresoncafé,imperturbable.–Net’inquiètepas!Ilesttoujourscommeça!Hein?Donc,c’estcommeça!Monsieurignoretoutlemondeetc’estnormal!Aprèsavoirbaisé
commeonl’afait,jemériteaumoinsun«bonjour»!Énervée,jepréfèrelaissertomberavantdetaperunscandaleetmeridiculiser.Jemedirigeversla
cuisine,j’enressorsquelquetempsplustard,rassasiée,pluscalme.Jean,assissurlecanapéenfacedeSandraetPedroenpleinediscussion,m’inviteàvenirprèsdelui,
àcôtéd’Edern.J’accepte,meblottiscontreluietmevoilàdenouveauentrelesdeux.Épuisée,j’auraisbesoindemeréfugierdanslesommeilafindenepasêtredenouveauconfrontéeàlamoindreémotion.Dansmonétat,ellesdeviennentviteingérables.J’aidéjàeumoncomptepourlamatinée.LetéléphonedeJeansonne,ilselèveetparts’isolerenrétorquant.
–C’estmafille.
Encoreuncoupmatinal.J’avaiscomplètementoubliécedétailquiest loind’enêtreun.Sandrameregardefixementetm’interpelleenfrançaiscettefois-ci:
–Raphaëlle,jesuisdésoléepourhier,d’êtreintervenuecommeça.Mais…J’aipenséquetun’étaispastotalementlucide,enfin…tuvoiscequejeveuxdire.Tunem’enveuxpas?
Elleestgênéeetdoitsentirmonhumeur,loind’êtresympathique.–Sandra,iln’yapasdeproblème!Jecomprends.–Non,maisparcequetuvois…jelesconnaisbientouslesdeuxetquandilssontensemble…Non,
laissetomber!Ellepiquemacuriosité.–Quoi?Sandra,dis-moi!Qu’est-cequ’ilyaquandilssontensemble?–Bah…Ça!Cequ’il s’estpasséquand tudansaisaveceux!C’est leur trip !Se taperdesnanas
ensemble!Bouchebée,j’intègretantbienquemall’information.Ellereprend:–Non,maisRaph… avec toi c’est différent !C’est pour ça que çam’a énervé… Il fallait qu’ils
réalisentetlaissenttomber!Siellesavait…–Quoic’estdifférent?Pourquoi?Montondevientplusagressif.–Tueslà,avecJean!Généralementcesontdesnanasqu’ilsneconnaissentpasoudesputes,tuvois
cequejeveuxdire.Jecroisquemoncerveaudedroguéeboguecomplètement. Jen’arriveplusàanalyserquoiquece
soit,àprendredurecul.CequeSandramedits’ajouteàmafatigue,monétatd’angoisse,marévélationémotionnelle concernant le connard assis à côté de moi. Ça me fissure littéralement, fait office dedéclencheur.Monregardseportesurlui,iln’ariencomprisànotreconversation,maisillèvesesyeuxmagnifiques,insolentsversmoi,mefixe.Monespritsecontracteetexplose,lâchanttoutcequ’ilcontientdepuis aujourd’hui,mais égalementmes émotions du passé.C’est puissant, démesuré par rapport à lasituation,uneragemélangéeàuneprofonde tristessemenacedes’exprimer.Maporteblindéevientdes’ouvrirdansungrandfracasettoutremonte.
Là,c’estsûrjevaispéterunplomb!Je trembleavec force, les larmesvontbientôtémergerdemesprofondeursobscures. J’aienviede
hurler.Brutalement, jemelèveetparsencourant.Ilfautquejem’isole, trouveunendroitpourlaissertoutemonintimitéémotionnellesedéverserlamentablement.
Sans réfléchir, jem’élance vers la chambre, referme la porte derrièremoi et glisse contre elle enhurlantmadétresse.Ausol,monpoingdanslabouchepourfairetairemadouleur,jelaissemoncorpssevider.JerepenseàMélanie,àquelpointjen’aipasréussiàlasauver,mesparents,monocéan,Marc,Sly.Ilsmemanquent tous tellement, j’aienvied’êtreaveceux.Jerevoiségalementmonparadisperduqu’est cette plagedemonenfance enCrête, l’Inde,monenfer, ses couleursmais aussi sa puanteur. Jepense à Jean et à Edern. Tout revient, l’absence, l’horreur, la souffrance, la menace, la déception,l’amour.
Jenepaniquepas,j’étouffejustedetoutecettenoirceurquisortdemoi.Jelaconnaisbienmaiscelafait des années que jem’emploie à la faire taire. Je dois juste attendre que cela s’épuise, se tarisse,commejel’aifaitaprèslamortdemonamie.J’aienvied’êtrechezmoienBretagne,quittercetendroitanxiogènedanslequeljecoursàmaperte.
Soudain une présence silencieuse avance, s’assied à côté demoi. J’enfouismon visage dansmesmains ne souhaitant pas qu’on assiste à ce spectacle. C’est le mien, je ne veux aucun témoin à ce
défouloirtropprécieux,intime.Cetteodeur,jelareconnais,meslarmesredoublentd’intensité.Non,iln’arienàfairelà!Jen’aijamaisautorisépersonneàassisteràça,mêmepasMarc,niSly.
Edern,dégage!Ilfautquetupartes.–Edern…s’ilteplaît,laisse-moigérerçatouteseule!Çaneteregardepas.Il passe son bras surmes épaules,m’attire contre lui. Je résiste,mais face à sa détermination, sa
soudaine douceur, la chaleur de son corps, je cède et finis par laisser aller toutes mes larmes enenfouissantmonvisagecontresontorse.
LavagueEDERNLavoireffondréesurlesol,soncorpssecouéparsespleurs,medéchire.Jepliesouslepoidsdema
culpabilité.Jeneveuxpasqu’ellesouffreàcausedemoi,deJean.Jenepensaispasqu’elleseraitaussimalaprèscettenuitdedingue.Elleaplutôteu l’aird’êtredans le tripetçafaisaituneéternitéque jen’avaispasressentiçapourunefille.Jemedemandemêmesicelaadéjàétélecas.Cettealchimiequandonabaisénemequitteplus.J’étaispersuadéquec’étaitréciproque.Jusqu’àmaintenant,jusqu’àcequejelavoissidésespérée.
Jesaistrèsbienquejedevraismecasser,lalaisser,maisjenepeuxpas,jen’yarrivepas.J’aienvied’êtrelàpourelle,commeellel’afaitpourmoi.Jem’approche,m’assieds,ellemedemandedepartirmais j’en suis incapable.Sa souffranceme tord les tripes, j’ai enviede la prendredansmesbras, del’embrasser,d’enfouirmonvisagedanssescheveuxpoursentirencoreunefoissonodeur.
Putain!Jedéraille!Jenedoispasmelaisseraller!Jepassemonbrasautourdesesépaules,elleparaîtsifragile.Elleposesonvisagehumidesurmon
torse,monrythmecardiaques’emballe.Jerespireprofondémentafindenepasperdrelecontrôledemespensées,decequ’ellesusciteenmoi.Sijepouvais,jechangeraisdeviepourdonnerunechanceàcetterencontre improbable, mais c’est impossible. À un moment je vais devoir disparaître, regagner monmondesuperficieloùellen’apassaplace.Malgrétoutmonmal-être,masolitude,j’adoremonmétieretn’envisage pas autre chose. J’ai retourné le problème des tas de fois dans mon cerveau et j’arrivetoujoursàlamêmeconclusion:c’estmavie,jedoisl’accepter,arrêterdelutter.C’estpluscontremessentimentsémergentspourellequejedoiscombattre,sinonjevaismorfleretiln’enestpasquestion.Jesuisassezbousillécommeça.Jefaistoutpourmeteniràdistance,maisc’estunéchec.EtJeannem’aidepasbeaucoupsurcecoup-là.Jemedemandebienàquoiiljoue.Iltientàelleetpourtantilcontinueàvouloirmelarefilerpourassouvirsespulsions.Cejeuvanousexploseràlagueuleetjenesuispastrèsbonperdant,surtoutencemoment.
Sonparfumm’enivre,vrillechacundemesneurones.Jeresserremesbrasautourd’elle,luicaresseles cheveux.Elle glisse le long demon torse et pose sa tête surmes genoux, recroquevillée sur elle-même,dosàmoi.Ellepleureencore,ensilence,jelesens.
Merde!Qu’est-cequejesuiscenséfaire,dire?Jen’aipasenviedelafaireflipperencoreplus!Etjenesuispasvraimentdouéencommunication.
Jebasculematêteenarrièrecontrelaporte,mesdoigtsjouentavecsescheveux.Jepourraisresterdesheurescommeça,àattendreunsigned’elle.Jedoisabsolumentm’assurerqu’ellevamieux,qu’ellenem’enveutfinalementpastantqueça.Jesaisquejepeuxmeconduirecommeunconnard,maisc’estplusfortquemoi,j’aidumalàgérermesémotionsalorsjemerenfermepourmaîtriser,évacuercequimenacemonéquilibre.Ilfautquejeparle.
–Quand j’entre sur unplateau, que la scène commence, tout sevide enmoi, je deviensun autre ;pense,respire,ressens,parlecommelui.C’estalorsunesensationgrisante,immensedeneplusêtremoineserait-cequ’uncourtinstant.J’adoremonboulot,maismalheureusementc’estaujourd’huidevenuunsoulagement, un moyen de quitter ma réalité. Je ne pensais pas que faire ce que j’aime le plus me
coûteraitmavie,maliberté.Jenepeuxplusêtremoi-même,faireconfiance,aimer,carj’aitropsouventl’impressionqu’iln’yariendevrai,aucunesincéritéautourdemoi.Tun’imaginespasàquelpointj’aipuêtreblessé,déçupardespersonnes.Alors,jesuisentrédanslapeaudupersonnage,j’aijouélejeudelamédiatisation, du succès et jeme suis perdu. J’ai découvert une face cachée dema personnalité –mêmejusque-làignorée,un«autre»sordide,insensible,sansscrupules,sanslimites.Ilestceluiquimeprotège,devenuindispensableàmasurviedanscemilieuquiteprendtout,tevénèreenattendanttachuteetcelledeceuxquit’entourentpouramuser,alimenterleursoifdesensations.C’estdifficileRaphaëlle,jenepeuxplusrienchanger,jevaisdevoiraccepteretcontinuer,seul.Jenesupporteraispasl’idéedebousilleruneautreviequelamienne.
Mamaincaressetoujourssescheveux.Elleseretournesurledos,sonregardgris-vertplusbeauquejamaisversleplafond.Pluscalme,unelarmecoulesursajoue.
DisquelquechoseRaphaëlle,jevaisdevenircinglé!Soudain,ellemeparlealorsdesapassionpourlesurf,desavie,sesamissuruneplageenFrance.
Puisbrusquementsontonchange,elleparaîtplussombre,commeemportéedanssessouvenirs.– Il faisaitgrisce jour-là, commesouvent.L’océanétaitdéchaîné, levent soufflait fort,mais ilne
faisaitpasfroid.Sonhumeurétaitjoyeuse,commed’habitude,ellerayonnaitdebonheuràcôtédemoi,faceàlamer.Nousnoussommesélancéesdansl’eaubouillonnante,côteàcôtecommenouslefaisionsdanslavie.Àcemoment-là,jenepensaispasvivremesderniersinstantsavecelle,carelleatoujoursétélà,prèsdemoi,nousavonsgrandiensembleenCrête,noussommesrevenusensembleenBretagne.Seulel’Indenousaséparées,maiselleaattendumonretouretj’aipassétroisansàpleurerlemien.Slyassis sur ladune,nous regardait évoluer surcetocéandeplusenplus fort, acharné.Et ilyaeucettevagueparfaite,unesplendeurdelanature,nousnoussommesélancéesdanscettebeautétranslucide,j’aiprisdelavitesse,caressésatextureglacéepouréchapperàsamâchoireavide.Excitée,griséedeboutsurmonsurf,j’aijustevuSlyseleverd’unbond,courirversmoi.Jemesuisalorsretournéemaisc’étaittroptard,elleavaitdisparu,emportéeparcettebouchecruelle.Saplancheflottaitprèsdemoi,telunnavirefantôme,monsangs’estfigéetsansréfléchirj’aiplongé,jedevaislaretrouver,laramener.Maisl’océanmerepoussaitviolemmentcommes’ilnevoulaitpasdemoi,ilnevoulaitqu’elle.J’aihurlésonnom,mesuisbattuedetoutesmesforcespourlaretrouver,jusqu’àl’épuisement.Jevoulaisqu’ilmelarende,cequ’ilafiniparfaireaprèsplusieursjours.Cejour-là,j’aisouhaitéqu’ilm’emmèneavecelle,jemesuisalorslaisséemporterdanssesprofondeurs,résignée,maisSlyaréussilàoùj’aiéchouéavecelle.Ilm’asauvée et condamnée à vivre avec cette douleur, son absence. C’était il y a huit ans. Elle s’appelaitMélanie.
Putain,ellemefoutlesboules!Jenesaisplusquoidire,sonhistoireremuemessouvenirsmorbides.Pourelleaussi,sapassions’esttransforméeencauchemar;elleaussis’estretrouvéeimpuissantefaceàla disparition. Elle a accepté, moi pas ! Car contrairement à elle, je suis responsable du naufraged’Éloïse.J’étaisleseulàpouvoirlasauveretjenel’aipasfait.Jenemesuispasbattu,jediraismêmequejel’aipoussée.
Bordel!Dansquoijem’embarquelà?Ilfautabsolumentquej’arriveàinterromprecettecompliciténaissanteentrenous.Nousallonsnous
fairedumal,c’estuneévidence.Elletournelatêteetplantesonregarddanslemien.Sadouceurmélangéeàsaforcemeperfore.Je
n’arrivepasàdéfinirsonexpression,maisc’estintense.Raphaëlle,dégage,sauve-toi!Moi,jen’aipastaliberté,toncourage.Nousnousfixonssansriendire,puiselleromptlesilence.–Tesyeux…Ilsontlabeautédecettevague!
Lespulsationsdansmoncorpsaccélèrent,j’aienviedeplongersurelle,luifairevoirladangerositédesaprovocation.Jedoistrouverlemoyendelarepousser,jeneveuxpasêtrecettevaguecruellequeriennepeutarrêteretaveclaquelleiln’yaaucunavenir.
–Alors,tudoist’enallerRaphaëlleavantqu’ellenet’engloutisse.Lesilenceestpesant.Elleréfléchit,jelevoisdansl’agitationdesespupilles.Faislebonchoixmabelle!Surtout,neteplantepas!–Jen’enaipasenvie.–Jenesuispascertainquecesoitunebonneidée.–Edern,fais-moiconfiance,jesaisnager.Jesaisaussiquetufiniraspardisparaîtresansm’emporter.
JeresterailàavecJean.Ledésirquejeressenspourtoiestaussipuissantqu’éphémère.Jemesensassezfortepournerienattendre,nerienespérerplusdetoiquecesmomentsdeplaisirs.
Mafiertéetmonassuranceseprennentunedroiteenpleinetronche.Elleparaîttellementsûred’elleendisantcelaqueçameretourne.Elleestentraindemebalanceràlagueulequejesuisjusteunmomentdeplaisir,unehistoiresanslendemain,qu’ellen’auraaucunmalàgérer,oublier!
Merde!Jem’attendaisàtoutsaufàça!Etmoiquiflippequ’elles’attacheàmoi!Jechercheàlaprotéger,alorsquec’estellequimefoutàterre!
Ellemeditexactementcequejevoulaisentendrepourpouvoircontinuercequ’onacommencé,nousamusersanssesoucierdel’après,dessentiments,decequ’onressent.Maislàmaintenant,jesuisplustrèssûrdemoi,d’yarriver.
Elleseredresse,plantesesyeuxdanslesmiens,sonvisageestproche,dangereusementproche.Etpuismerde!Jenepeuxplusrésister.Tantpissiçanousbousille!J’aisonpleinaccordet,commeelleleditsi
bien,Jeanseralàpourramasserlesmorceaux.Sanshésiter,enproieàmesimpulsions,mondésirincontrôlablepourelle,jelasaisisparlanuqueet
plaquemabouchecontre lasienne.Toutemarageexplosecontreses lèvres,malangueypénètreavecforce.J’aienvied’elle,delaposséder.Plusriennepourram’arrêter.Jeveuxsoncorps,sajouissance,qu’ellemedonnelepeuqu’elleestprêteàm’offrir.
Tuveuxjusteduplaisir!Ehbien,allons-ymabelle!Sesmainss’engouffrentdansmescheveux,lesmiennessoussonpull.Ellegémitaucontactdemes
doigts.Çamerenddingue.Jeladévore,descendslelongdesoncou,goûtesapeau,lamords.Soudainonfrappeàlaportedansmondos.LavoixdoucedeJeanrésonne.–Raph,çava?Jepeuxentrer?Nousnousfixons,essoufflés,haletants.Elletrembleencoreentremesbras,jem’avanceetmurmureà
sonoreilleencontinuantàfaireprogressermeslèvressursamâchoire.–Tuveuxqu’ilnousrejoigne?Ellesourit.–Çava,Jean.Jeviensplustard.J’aibesoind’êtreseule!Mabouchesurlasiennejechuchote:–Cen’estpasbeaudementir!Ilnevapasapprécier.Brutalement,elleselèvearrachantsoncorpsàmonemprise.Ahnon!Ça,cen’estpaspossible!Tunem’échapperaspas!Jelaregarde,prêtàbondir.Ellemetendlamain.–Viens,j’aibesoindeprendreunedouche.Cettefillemetue!Jeme redresse, saisis samainet l’entraîne rapidementdans la salledebains. Jepassemonsweat
par-dessus ma tête, allume la douche. Sentant ses yeux sur moi, je me retourne, immobile, elle estoccupéeàmemater.Jecontinuemondéshabillageetmeretrouveviteàpoil.
–Raph,tuveuxquejetedéshabilleenplusdetelaver?Ellelèvelesyeuxetsourit.OK,j’aicompris.Jem’avanceverselle,plaquemoncorpsnucontrelesienetcommenceàsouleversonpull.Ellelève
lesbras,jeluiretire.Bordel!Voirlapointedesesseinsnussoussondébardeursuffitàmefairebanderunpeuplus.Je
déboutonne rapidement son jeans, ledescendssur ses jambes longueset fines.Touten lacaressant, jeremontelentement,luimordillelescuisses.Denouveaufaceàelle,monregardpercutelesien.Celanousenflamme.Maboucheaffaméerejointlasienne,mesmainssaisissentsesfessesafindelaramenercontremoi. Son bas-ventre ondule contre mon sexe, elle s’agrippe à mon cou. Je la soulève, ses jambess’enroulentautourdematailleetjel’embarquesousladouche.Jelareposeenlalaissantglissercontremoi,l’eaudégoulinesursescheveux,sabouche,soncorps.Sesseinsapparaissententransparencesousletissublanc,mouilléquicolleàsapeau.Ohmerde,cequej’aienviedeluifaire!
Enproieàuneexcitationingérable,jelaplaqueviolemmentcontrelaparoideladouche,remontesesbrasau-dessusdesatêteenfourrageantmalanguedanssabouche.Demongenou,j’écartesesjambesetglissemamaindanssaculottetrempée.Mesdoigtss’infiltrentlelongdesonsexehumide,lecaressentavantdes’yengouffrer.Ellegémitdansmabouchedévorantequidévalemaintenantsursoncou.
Totalement soumis àmes pulsions, je déchire la dentelle, remonte son débardeur pour libérer sesseinsmagnifiquesquejemalaxe,mords.Ellesecambrerenforçantlapressiondesoncorpscontremeslèvres. Ses tétons durcissent entremes dents, je les tire, les suce. Sa peau délicieuse frémit sousmalangue.Ellemerendcomplètementfou.Cetteeauquidégoulinesursoncorps,sondésirmedonneenviedeluifairemal, tellement jedeviens incontrôlable.Jemeredresse, l’embrasseférocementenplaquantmon sexe contre le sien. Elle ondule contre mes hanches massant mon membre qui glisse entre sescuisses.
–Raph,youdrivemecrazy!Iwantyou5!Sesmains surmes fesses, sesdoigts s’incrustentdansmachair.Toussesmuscles se tendent, c’est
stupéfiantcommeelleestbelle.–Edernvient.Jeveuxtesentirenmoi!Maintenant!Sesmotsenfrançaiss’écoulentà traverssonsoufflesaccadé.J’adorequandellemeparledanssa
langue,çam’excitecommeunmalade.Jesaisissescuisses,lasoulève,elles’enrouleautourdemataille,sesbrasautourdemoncou.Mes
lèvrestoujourssurlessiennesjelapénètreviolemment.Toutenmoisecontracte,s’électriseensentantmonsexe la remplir, sesparoisse refermersur lui, lecaresser.Sonsouffledeplaisirmedéchaîne, jem’enfoncedeplus enplusvite, deplus enplus fort.Mesmains se crispent sur sapeau, elle tiremescheveuxpours’emparerdemabouche,memordre.
Animéparlapassion,jeperdspied.Toutvaàmilleàl’heure.Jenecontrôleplusrien,ellenonplus.Ses cris s’intensifient sous la brutalité demes coups de reins. Ses ongles surma nuque,mon épaule,déchirentmapeauenjouissant.J’exploseenelleengémissantsonprénomcontreseslèvres.
LebrunchRAPHAËLLEToutmon être tremble.Accrochée àEdern,monvisage enfoui dans son cou,mes lèvres contre sa
peau,jepeineàrégulermarespiration.Ilmefaitglisserlelongdesoncorps,mesjambesflageolent.J’ail’impressiond’êtrevidée,lobotomisée.Notreétreintepassionnelleaprèsavoirversétoutesleslarmesdemoncorps,ladescentedel’ecstasy,m’ontlittéralementachevée.
Ilretiremondébardeur,versedusavondanssesmains.Inerte,jemelaisseallercontrelui,danssesbras puissants pendant qu’il me savonne,me caresse tendrement. Je vacille légèrement, il m’entoure,m’enlace. Mes paupières s’alourdissent, je voudrais m’endormir contre son torse, bercée par lesbattements de son cœur. Saisissant mon menton, il relève mon visage, ses yeux gris d’une extrêmedouceur,soussessourcilsfroncés,medéstabilisentencoreplus.
–Raphaëlle,çava?–Edern,jenemesenspastrèsbien…Jesuisfatiguée,ilfautquejedorme.Ilsourit,fermelerobinetdeladoucheetm’enextraitenmetenantparlamain.Ilm’enrouledansune
servietteavantd’enpasseruneautourdeseshanches.Àtraversmonbrouillard,jecontemplesoncorpssplendide, la finesse de ses tatouages qui s’étalent sur les muscles de son dos, de son torse, de sonépaule.
Ohmerde!Cemecesttropbeau!Toutchezluisusciteenmoiledésir.–Viens!Ilm’entraîneverssachambre.Jemestoppejusteàl’entrée.Non!Iln’estpasquestionquej’intègresachambre!Cemoment passé ensemble, tout ce que nous nous sommes dit, m’ont fait prendre conscience de
l’intensitédemonressentipourlui,maisj’aiaussibienperçul’impossibilitéd’unerelationentrenous.D’une,parcequ’ilvarepartirprochainementetdedeux,parcequ’iln’estpasquestionquejem’entiched’unhommequipeutparsonmodedeviepourrir lamienne,mepriverdecequiest leplusimportantpourmoi,maliberté.
Touslesdeux,noussavonsquec’estsansissue.Incapablederésisteràmondésirpourlui,jedevaisjustetrouverlemoyendeprolongerunpeu,quelquesjourspeut-être.Luttantcontremonattachement,jedoisfermerlepluspossiblelaportedemessentiments.Jesaislefaireetcelacommenceparallerdansmon lit, retrouver Jean. Je préfère être dans ses bras car, contrairement à son ami, il m’apaise, merassure.Unesorted’équilibreparfaitentremavieémotionnelleetmonbesoindesécurité.
Edern se retourne,me fixe en attendant que je vienne. Je rassemble toutesmes forcesmentales etphysiquespouréchapperàmonenvie,lâchesamainetluimontrefébrilementlachambredel’autrecôtédelasalledebains.
–Edern,jevaisdormirlà.Unvoilesombrepassesursonregardet,telunrobot,jeparsdemoncôtém’effondrerdansmonlitet
m’enroulersouslacouette.Dormir,nepluspenseràrien!Enfiniraveccettejournée!Jeressenssaprésencedanslachambre,àcôtédemoi,maisrapidementjesombredansunprofond
sommeil.Des bruits, des voix, s’infiltrent dansmon esprit. Je n’arrive plus à émerger, mes paupières sont
lourdes,ilfaitnuit.Uncorpschaudsecalecontremoi,dansmondos,desbrasm’entourent,unbaiserseposesurmonépaule.JereconnaisleparfumrassurantdeJean.Jesombredenouveau.
***C’estquoicetteodeurdecigarette?Jeclignedesyeux,lesouvredoucement.Ilfaitgrandjour,j’aidûdormiruneéternitécarjemesens
vraimentbienreposéeetlafaimmetiraille.JeperçoissoudainementEdern,assisdansunfauteuilenfacedemoi,ilmefixe,unsourireencoin,unecigaretteentreseslèvres.
–Salutbeauté!Biendormi?Qu’est-cequ’ilfaitlà?–Edern,tuneveuxpasallerfumertaclopeailleursquedansmatête!Etqu’est-cequetufaislà?Je
détestequ’onmeregardedormir!C’estflippant!J’essaiedemeredressermaisJean,agrippéàmoncorps,m’enempêche.–Tuastort!Tuescharmantequandtudors!Jecherchequelqu’unpourm’aideràpréparerunbrunch.
Ilestpresquemidi,j’ailadalle.SandraetPedrovontbientôtselever,ilspartentaujourd’hui.Ilsourit,contentdelui.–Tufaischier!Tunepeuxpaslepréparertoutseul?–Si!–Alors,vas-y!Etdégageavectaclope!Ilm’énervemais,enmêmetemps,jenepeuxm’empêcherderigolerintérieurementenmerappelantle
déjeunerqu’ilavaittentédemepréparer.Jemesensparticulièrementdebonnehumeurparrapportàmonenferdelaveille.
–Allez,Raph!Bouge toncul !Çavapresquefairevingt-quatreheuresque tudors !Jeveuxbienreconnaîtrequejesuisunboncoupmaisfautpasexagérer!
Ilmescrutetoujoursaveclamêmeintensité,penchelatêtesurlecôtéenriant.C’estfoucequ’ilestagaçantmais,malgrémoi,jefonds.
Jeanseredresse,nousregardeetselaisseretomber.–Vousnevoulezpasallerdiscuterailleurset,Edern,écrasetaclope!Jem’assiedsenrâlant.–OK…Descends,j’arrive.Il ne bouge pas. Entièrement nue, je me lève, commence à arpenter la chambre, puis enfile un
leggings,unpullléger,échancréetattachemescheveuxenchignon.–Tuasoubliédemettredessous-vêtements!–Laferme,Edern!Viens,onyva.Délicieusementirritée,j’ouvrelaporte,attendsquemonsieurdaignesebougeretnoussortons.Arrivéedanslacuisine,jeremarquequ’iladéjàsortitoutuntasd’ingrédientsquijonchentlatable.–Bon,alorsqu’est-cequetuproposes?–Jen’ensaisrien!Dis-moietj’exécute.Ilesttoujoursaussidivinementbeau,appuyésurlatableenfacedemoi,dansunbasdesurvêtement
grisporténégligemmentsurseshanches,untee-shirtblanclaissantentrevoirlesmusclesdesontorse.Jemeconcentreenfinsurlesalimentsquenousavonsànotredisposition.
–OK.Danscecasjeproposejusd’orange,fruits,œufsetcrêpes.Nous nous affairons à préparer le petit déjeuner mais, complètement dépassé, il devient vite
inefficace.
–Edern!Tunemangesjamaisoùquoi?Commenttufaispourtenourrir?–J’aiquelqu’unchezmoiquis’encharge.Ethonnêtementjepréfèreteregarderfaire,c’estfascinant.
C’estuntrucdenanaslacuisine!Ilestsérieux?Del’autrecôtédelatable,jeluilancelepaquetdefarine.–Tiensattrape!Pourlapeine,tuvastechargerdescrêpes!Agile,illesaisitenpleinvol,maislepaquetéclatesouslaforcedesesmainslefaisantdisparaître
dansunnuagedepoudreblanche.Oups!Jerigolefranchement,paslui.–Putain,Raph,tuvasmelepayer!Ils’avanceversmoi,menaçant,encontournantlatable.Jem’échappeenriantdanslesensinverse.–ÇasertàrienRaphaëlle!Tunesortiraspasdecettepièce!Ils’élanceàmapoursuite,maisjesuisplutôtrapide.Soudain,jepercutedepleinfouetJeanqueje
n’aipasentenduentrer.Ilm’encercledesesbras,plantesonregardsombredanslemien.–Jevoisqu’ons’amusebienici!–C’esttonacteur,ilestnulencuisine!Toutenmetenant fermement, ilmefait reculer jusqu’àceque jesoisarrêtéepar lecorpsd’Edern
contremondos.Cederniercollesaboucheàmonoreille.–Onfaitmoinslamalinemaintenant!Çayest,çarecommence!Jeansuperbe,ténébreux,mefixeunsourireencoin.Jedéglutis,ilrétorque.–Edern,j’aiunefaimdeloup!Qu’avons-nousdebonsurcettetable?–Oh,tuaslechoix!Plutôtsaléousucré?–Raph?Tuendisquoi?Lesbattementsdemoncœur,marespiration,s’accélèrent.Jeansecolleunpeuplus,renforçantl’étau
avecsoncomplice.–Lesgars,nedéconnezpas!Jenevaispasmelaisserfairesansriendire!Edernsaisitmespoignets,monbeaubrunlèvelamain,laissecourirsesdoigtssurmamâchoire,ma
boucheetdescendlelongdemoncou.Jefrissonne.–Jenesuispascertainquetusoisenpositiondeforce.Leslèvresd’Edernseposentdélicatementsurmatempe.Malgrémespropos,monexcitationmonteen
flèche,lespulsationsélectriquesdansmoncorpss’agitent.Jebaisselesarmes,vaincue.UnbreféchangederegardsentreeuxetEdernmerelâche,saisitmonmenton,m’obligeantàrenverser
matêteenarrièresursonépaule.Soudain,unliquideépais,sucré,dégoulinesurmeslèvres,mesjoues,moncou.Ilsepencheau-dessusdemoi,sescheveuxeffleurentmonfront,sesyeuxgrismetranspercentavecintensitépendantquelapointedesalangueparcourtmamâchoirejusqu’àmabouche,qu’ildéguste.Ilaungoûtdemiel.
LamaindeJeanau-dessusdemonvisagelaisselentements’écoulerlasubstance,soncompliceglissemaintenantdansmoncoulaissantmeslèvresoffertesàsonami.Salangueendessinelescontoursavantdes’enrouleràlamienne.
Tout en moi se réveille, se contracte, leur désir percute le mien. Je me sens encore une foisdélicieusementpriseaupiègeentreleursdeuxcorps.Jeans’infiltresousmonpull,caressemapeauenremontantversmesseinsqu’ileffleuredesesdoigts.Jemecambre.MonAnglaisattrapemeshanchesrenforçant la pression de son sexe rigide contremes fesses. Son souffle dansmon oreille se fait plus
intense.Matêtetoujoursrenverséesursonépaule,jehalètecontrelabouchedeJean.Ilseredresse,saisitlebasdemonpullqu’ilremonteenmefixantdesesyeuxsombres.Totalement
sousemprise,jelèvelesbrasdocilement,illeretire.Edern,sonvisagepenchécontrelemien,introduitsonindexdansmabouche,ilalegoûtdefraise.Sesmainsimprégnéesdeconfituredescendentsurmagorge,mesépauleset s’emparentdemesseinsqu’ilmalaxe, les recouvrantdecedélice sucré. Il tire,pince leurs pointes durcies. Je m’embrase, les suppliants intérieurement d’apaiser mon excitationdevenue étouffante. Tout s’accélère. Abandonnée contre Edern, je les sens s’emballer et les laissesouillermoncorps,étalerlesingrédientsdeleurspaumes,leursbouchesquirejoignentparfoislamienneafinquejemedélecteaussideleurfestin.
J’ondule,vacillesousleurscaressesdeplusenplusavides,m’agrippeauxhanchesd’Edernderrièremoi, lorsqu’ils fontglisser lentementmon leggings sousmes fesses.Soudain,desdoigts recouvertsdenourrituresefaufilententreleslèvresdemonsexetrempé,lemassentdoucementets’yintroduisentdansunmouvementdeva-et-vientd’unelenteurredoutable.D’autress’insinuententremescuisses,remontententremesfesses,caressent,excitentsonentréeetypénètrentdélicatement.
Monesprits’effacepournelaisserplacequ’auxsensationsextrêmesdemoncorps,assaillidetoutepartparleplaisir.Leursdeuxvisagesencadrantlemien,mesgémissementsdeplusenplusintensesseperdentdansunebouchepuisdansl’autre.Nosrespirationssemélangent,leursregardssurmois’animentd’une excitation féroce. C’est gris, noir, je bascule dans l’ivresse devant autant de beauté, proche del’explosion.
Soudain un cri d’alarme nous tétanise. Tout se retire violemment de moi, je serre les cuisses,chancelante.Jeanplaqueaussitôtsoncorpscontrelemiencommepourmeprotéger,m’empêchantalorsd’identifiercetteintrusionquimelaisseauborddugouffre.Edernremontedoucementmonleggings.LavoixdeSandras’élève.
–Bordel!Vousêtesvraimentunebandedetarés!Partiellementnue,jedisparaisentremesdeuxhommes,totalementbarbouillée,liquéfiéededésiret
dehonte.Jeanseretournenonchalammentpourfairefaceànotreintruse.J’enfaisdemême,maispourluitournerledos,enfonçantmonvisagedanslecoud’Edern.Jeneveuxpasqu’ellemevoie.Ilm’entouredesesbrasenaffichantunsouriremachiavéliqueàSandra.
Merde!Jecroisquejeviensdeperdreunealliée!Lavoixposée,calme,deJeanintervient:–ÉcouteSandra.Je…–Ohnon,Jean,c’estbon!J’aicompris!Paslapeinedem’expliquerquoiquecesoit!Jesaistrès
biencequevousfaitestouslesdeux!Enfin…touslestrois!Remarque,ilyaduprogrès,çadoitvouschangerdevospouffiassesd’unsoir !C’estquoivos intentions?Faireunménageà trois?Etmerde,vousauriezpuattendrequ’onsoitpartis!
Sandraaraison,jen’osemêmepasimaginerquelspectaclenousluiaurionsoffertsielleavaitsurgiquelques minutes plus tard. Mon corps entièrement cuisiné, pris d’assaut par mes deux carnivoresaffamés.
Je reprends peu à peu mes esprits, me redresse et retourne me cacher dans ce cou en entendantmaintenantlavoixdePedrosuivitd’uneautreplusféminineenanglais.
–Qu’est-cequ’ilsepasseici?Vousfaiteslacuisine?–Edern,whatareyoudoing?Igottogo6…Ohçavadéfilerencorelongtemps?Combiensont-ils?Edern, plutôt décontracté, répond à son interlocutrice. Je ne la vois pas, mais il me semble
reconnaîtrel’intonationdelamystérieuseblonde,disparuelesoirduNouvelAn.
Elleestencorelà,elle!Jel’avaistotalementoubliée.–Janice,jeneteraccompagnepas.Jet’appellerai.Jeanprendenfinlasituationenmain.–Bonallez,lespectacleestterminé!Sorteztousdecettecuisineavantquejem’énerve!Edernplaquesabouchecontremonoreilleetmurmure:–Net’inquiètepas.Ilssonttoussurledépart.Nousallonsavoirlamaisonrienquepournoustrois!
Onrentre!RAPHAËLLEToutlemondefinitparsortirdecettepiècedevenueenl’espacedequelquesminuteslethéâtredema
honte.Raph,ressaisistoi!TunepeuxplusignorerlesmisesengardedeSandra!Je relève la tête, Edern me fixe de son regard encore brûlant, un sourire aux lèvres exprimant
clairementsajouissancefaceàlasituation.–Çatefaitrire?Jerecule,ramassemonpulletl’enfilerapidementsurmoncorpstransforméensupportd’expression
culinaire.Ilrétorque:–Tuestrèsappétissante!–Edern,ferme-la!Jeans’approche,passesamaindansmondos.Jereculeencore.–ÉcouteRaphaëlle,jecroisqu’ons’esttouslestroislaisséemporter…Prête à exploser de colère, je me redresse, lève la main pour le faire taire. Je n’ai pas envie
d’entendresonbaratinquivamefairepartirenvrille.–Stop!Decequej’aicomprisc’estunehabitudechezvousdeuxdevouslaisseraller,alorsviens
pasmefairelecoupdu«jenecomprendspascequim’arrive…»!Soyezunpeuhonnêtes,vousavieztoutprévu!Nemeprenezpaspouruneconne!
Ilsmeregardentsansriendire.Jeanalevisagecrispé,sesyeuxsontd’uneinfinienoirceurpendantqu’Edernsehisse,s’assiedsurlatableetrétorqueavecdésinvolture:
–ÇavaRaphaëlle,tuvaspastoutnousmettresurledos!C’estunpeufacile!Tun’avaispasl’airdeteplaindreilyacinqminutes!
Iln’apastort,maisjecroisquejevaisletuer!Vexéeparlesproposdelastar,jetournelestalons,quitte lacuisineenclaquant laporte.SandraetPedro installésdans lesalonmeregardentpasser l’airabrutis.
–Raph…–Non!C’estbonSandra!Jevoussouhaiteunbonretour!Je détale dans l’escalier,me déshabille en vitesse et cours sous la douche.L’eau s’écoule surma
peau,lavantaupassagetouteslestracesdemadépravation.Moncerveaus’agitedanstouslessens,jeréalisepeuàpeudansquellesituationjemeretrouveetcommenceàmedemanderpourquoijemelaisseembarquerdanscetrio.Ilétaittempsquejememetteàréfléchiraulieudefoncerdansletas,encoreunefoisincapabledegérermestendancesàl’excès.JerepenseàCélia,àsespropossurlefaitquejedoisprendredurecul,analyser,sinonjevaismeprendreunmuretfinirparterre.Monlaisser-allerpeutmecoûter très cher. Je risque de retourner dans ma tanière complètement vidée, désabusée et de mereprendredesmoisd’anesthésiantsémotionnels.
Pourquoijefaisça?Etpourquoilefont-ilségalement?LesallusionsdeSandras’infiltrentdansmonproprequestionnement.Jenepeuxpluscroirequ’iln’y
aitquelehasard,ledésirquisontàl’originedeleurscomportements.Ilsonttoutmanigancéensembleet
jemesuislaisséprendreaupiègedeleurpetitjeu,certainementbienrodé.Iln’estpasquestionqu’Edernretourne lasituationenmefaisantcroireque j’ensuis responsable.OK, j’aiaccepté,aiméça,mais jen’avaisrienprévu,prémédité.Jen’aimanipulépersonne.
L’esprit en surchauffe, je cherche à comprendre. La douche n’apaise rien, bien au contraire. Jerepenseà la façondontnousavonséchangé,baisé icimêmeavecEdern,etàmarelation intenseavecJeandepuismaintenantquelquessemaines.
Direquetoutçan’étaitquedanslebutdem’amenerdansleurlitcommun!Jemesenssoudainementréduiteaurangdeleurs«pouffiasses»commeleditSandra.Nevalantpas
mieuxàleursyeuxetcetteidéemetorture.Jerugisintérieurement,encolèrecontreeux,contremoi.Maisles souvenirs desmoments intimes, complices, passés avec chacun d’euxme font douter. Il y a autrechose, j’ai du mal à croire qu’ils ne font que s’amuser avec moi, je suis sûre d’avoir ressenti leurtendresse,leursenviesd’êtreautrechosequ’unplancul.
Reprends-toi,Raphaëlle!Cen’estpaspossible!Contrôle-toietbarre-toi!Jesorsdeladouche,m’habillerapidement,prendsmonsac,commenceàyrangermesaffaires.La
portes’ouvre,Jeanentre,marqueuntempsd’arrêtenmevoyantpliermesvêtementsets’avance.–Raphaëlle,qu’est-cequetufais?Nerveuse,jel’ignoreencontinuantdepréparermonévasion.–Commetuvois,jeparsd’ici!Unsilencepesants’installedanslapièce.Soudain,samainsaisitlamiennealorsqu’elles’apprêteà
scellermondépartimminentenfermantmonsac.–Viens!Onvafaireuntourdehors.S’ilteplaît!Tunepeuxpaspartircommeça!Onvadiscuter.Savoixestdouce,calme.Jemeredresseetplantemonregarddanslesien.Ilestdéterminé,toujours
aussisombre,maissuppliantmonaccordconcernantsarequête.Etmerde!Ilaraison…Clôturonstoutecettehistoireparunebonnediscussion.Jemedégagedesapoigne,enfilemaparka.–OK.NousnecroisonsniEdernniSandraetPedroensortant.L’airfraisemplitmespoumons,jeréalise
alorsàquelpointj’étouffedanscetteatmosphèredélicieusementirrespirable.Nousmarchonsmaintenantcôteàcôte, lesmainsdans lespoches, en silence.Leparcdecettemaisonestgrandiose, j’entends lebruitsifamilierdesvaguesauloin.Çam’apaise.
–Viens!Suis-moi.Prenantmamain,ilm’entraîneversunescalierdissimulélelongdelacôteescarpéequimènesurla
plage.–Tuconnaisbiencetendroitondirait.–Oui. C’est le refuge d’Edern.Nous y avons passé troismois enfermés tous les deux, à lamort
d’Éloïse.–Dis-moi.Qu’est-cequ’ils’estpasséavecelle?Nouscontinuonsàévoluerdanscesmarchesbranlantes.Jenevoispassonvisage,maissesdoigtsse
crispentlégèrementsurmamain.–C’estsonhistoire.C’estàluiquetudoisledemander!Àtoi…ilenparlera.Nousarrivonssurlesable.Lamerestd’ungrisorage,agitée.Nousmarchonsdenouveausansrien
dire.Brusquementils’arrête,mefaitface,sesyeuxsombresseplantentdansmonregardfuyant.–Reste ! Jeneveuxpasque tupartes !Raphaëlle si nous avons fait oudit quelque chosequi t’a
blessée,j’ensuisdésolé.Dis-moiaumoinscequitefaitfuir?C’estcequis’estpasséentrenoustrois?C’estEdern?Moi?
Encet instant, ilmesembleaussipauméque je lesuis.Levisagecrispé, sespupilles fouillent lesmiennesàlarecherchedemonressenti.
Ilnefautpasquejem’attendrisse!–ÉcouteJean,iln’yarienquejeregrettedanscequ’ils’estpasséentrenous,toiouEdern.Cequi
medérangefranchement,c’estl’idéequevotrepetitduobienexpérimentém’épinglesurvotretableaudechassequim’a l’airbiengarni !Excuse-moi…mais jenepeuxpasm’empêcherd’imaginerêtreautrechosequevotrenouveaujoujou!Etcrois-moi,cetteidéemedéplaîtprofondément.
Ilreculelégèrementcommes’ilvenaitdeprendremonpoingenpleinefigure.–PutainRaph,c’estcequetucrois?C’estcequ’ont’alaissépenser?Jesuisconfus…Jen’aipas
l’impressiondet’avoirtraitéecommeça…Ilsepasselamaindanslescheveux,encoreplusenproieauxquestionnements.Prisedansmalancée,
jecontinueàdéversermacolèresuruntonfroid.– Mais c’est là que vous êtes trop forts, toi et ton acteur à deux balles ! J’étais à mille lieues
d’imaginerquevousétiezentraindememanipulerdepuisledébut,jusqu’àcequeSandravousbalance!Franchement,bravo!Vousêtesbrillants!
Ilseraidit,s’avanceversmoi,metoisantdetoutesahauteur.Jenesuisplustrèsrassurée,maisjemeredresse,prêteàl’affronter.
–BordelRaph,tun’asvraimentriencompris!Pourunepsy,jenetefélicitepas!C’estvraiqu’avecEdernons’esttapéspasmaldenanasensemble.Maistoi…c’estdifférent.
Jerigolenerveusement.–Quoimoic’estdifférent?Nemedispasquec’étaitpasvotreobjectifdèsledépart.Jen’ycroirai
pas.–OK…C’estvraiquec’étaitnotreintentionpremière.Maisaujourd’huicen’estpluspareil.C’est
différent…Jefulmine.–ArrêteJeanavecton«c’estdifférent»!Jecommencesérieusementàperdrepatience.Ilme fixe sans rien dire de plus. Désemparée par cette situation, son explication trop floue, trop
légèreparrapportàmessentiments, jedécidedepartir.Àpeineai-je tournéles talonsqu’ils’emparefermementdemonbrasm’obligeantàmeretourner.Ils’énerve,hausseleton.
–OK,onn’estpasdessaintsmaistoinonplus!Edernn’apaseutropdemalàteconvaincredeveniràcequejesais!Etpuismerde,Raph!Ouvrelesyeux,tunevoispasqu’ilestraidedinguedetoi…Ilnevapasteledire,bienaucontraire,ilvamêmesebarreretcrois-moi…c’estpréférable.Ettoi?Jesuiscertainqu’ilnetelaisseclairementpasindifférente.
Sarévélationmelaisseinerte,sansvoix.Qu’est-cequ’ilraconte?Edern…!Ilchercheàm’attendrir.–Tu temoquesdemoi?Jean, sic’estencoreunede tescombinespourm’amadouer,cen’estpas
drôle.Ettoidanstoutça?C’estquoitonrôle?Uncoup,tuesprêtàm’étranglerparcequej’aifaillimetaperunmecdanslestoilettesd’unbaretensuitetufaistoutpourquejecoucheavectonpote!Tujoueslesentremetteurspourlui?Pourrecréertontripàtrois,c’estquoi?
–Jenevaispastementir.Oui,c’estmontrip,mais…Tusaistrèsbiencequej’éprouvepourtoi.Sesyeuxsombresmefixentavecintensité.C’estintimidant,déstabilisant,maisaussiincroyablement
tendre.–Quoi?Monrythmecardiaquedevientfou,jegèredemoinsenmoinsbienmesémotionsquis’entrechoquent,
sebousculentdansmonespritembrouillé.
Bordel!Jenecomprendsplusrien!–ÉcouteRaph,malgrécequetupenses,tuasbeaucouppluslamaîtrisedelasituationquetunele
crois.Sioncoucheensembletouslestroisc’estpourtonplaisir,lemienetlesien,maismaintenantc’estaussiparcequeniEdernnimoinesommescapablesdenouseffacerpourlemoment.Tun’espasnotrejouet,Raph…Onestjustedeuxàvouloirtesatisfaire,êtreavectoi.
Ilserenfermebrutalementetreprend.–Raph,mêmesiEdernvafinirparcéderetpartir,cariln’apaslechoix…moi,jeserailà,situle
souhaitesencorequandçaarrivera.Je ne sais plus quoi dire, touchée, bouleversée par sa soudaine déclaration et submergée parmon
affectionpour lui, pour sonami.L’idéequecedernierpuissenousquitterme tord les tripes,me rendtriste.Ilnem’estpluspossibledeniermesémotions,messentimentsnaissantspourcesdeuxhommes.Ceque j’éprouve pour Edern est indéfinissable tant celam’est inconnu. C’est obsédant, enfermant, aussipuissant que menaçant. À l’inverse, Jean m’apaise, me libère, aussi puissant que rassurant. Alors,j’abdiquefaceàmesdoutes,faceàeux,certainedevouloirallerjusqu’auboutdecettehistoire.
Tantpissiçafinitmal!Jevaispeut-êtreensouffrir,maisaumoinsjen’auraipasderegrets.Monregardseperddanslesprofondeursobscuresdesesyeux.–Viens,onrentre!Tout son corps se relâche, sa main quitte mon bras pour s’emparer de ma nuque. Il me ramène
brutalementà lui, ses lèvresseplaquentcontre lesmiennes,nos languess’emmêlent,exprimant tout ledésirquenousavonsl’unpourl’autre.Saboucheestsidouce,sichaudequ’ellemetimmédiatementfinàmestourments.Ilcaressemescheveux,passesesdoigtssurmajoue,posesonfrontsurlemien.
–Onyva…Nousrentrons, lamaisonestcalme,vidéedesesoccupants.Jesuisstressée,moncœur tambourine
dans ma poitrine à l’idée de retrouver Edern après les révélations de son ami. J’ai le sentiment dem’élancerdansl’océanàl’assautdesarage,desabeautédestructrice.Jesuisassuréed’yéprouverdessensations fortes,uniques,àconditiondeme laisseraller, sans jamaisvraimentperdre lecontrôle.Unrisqueénormequ’onestprêtsàprendre,justepourvivreneserait-cequ’uninstant,leplaisirintensequ’ilprocure.
Edernadisparude lacirculation.DenouveaudétendueavecJean,nousdéjeunonset rions,puis ils’installe sur le canapé avec son ordinateur, prétextant un boulot à terminer. Jeme blottis contre lui,répondsauxSMSdemesamiesinquiètes.Plusieursminutess’écoulentdanslesilencequandsoudainmerevientàl’espritlevisagedecetteblondeaubrasd’Edernetapriorifamilièredeslieux.
–Jean,c’étaitquicetteblonde?Ilcontinuedetapersursonclavier,concentrésursonécran.–Quelleblonde?Jemeredressefaceàlui.–Cettefille…l’Anglaisequin’apaslâchéEderndelasoirée!Cematin,elleétaitlà.Ilcoucheavec
elle?Illèvelatête,mefixeenfronçantlessourcils.–Serais-tujalouse?Ilvaudraitmieuxpas,sinontuvastefaireunulcèreaveclui.–Heu…Non,mais…Jerepenseaufaitquenousn’avonsutiliséaucuneprotection,macrainteressurgit.–Onn’apasmisdepréservatifset…franchementjenesuispasrassurée.Ona…–Raph, tucroisque j’accepteraisdepasserderrière lui sansm’assurerdesabonnesanté? Il fait
régulièrement des examens, nous coûte une blinde en assurance.Donc, rassure-toi !Tout va bien !Le
bellâtreestenpleinesanté,autopdesaformephysique.Mentale…ça,c’estautrechose.Ilmesourit,l’airamusé,etreplongesonattentionsursonordinateur.Jemelaisseretombercontrelui.–Cetteblondedonttuparles…c’estJanice,sasœur.Jedoutequ’ilbaiseavecelle.Cettedéclarationmefaitl’effetd’unsoulagementnerveux.Jerisintérieurementenrepensantànotre
rencontredecematin.J’aidûfaireimpression!Safamillerisquedem’adorer!Aprèsuneéternitépasséeàrépondreàmesmessages,mesmails,jem’agited’ennui.Lanuittombe,la
pièces’assombrit,seulementéclairéeparlefeudecheminée.J’observeJean,totalementabsorbéparsontravail. Il est magnifique, ce sérieux lui donne un air encore plus autoritaire, sexy. Il lève ses yeuxsombressurmoi.
–Ilyaunsouci?–Non…Jenesaispasquoifaire.Jem’ennuie.Jemetrémousselégèrement,unsourireencoin.–Et…?
Je saisis son ordinateur, le pose sur la table basse et m’installe sur ses genoux. Mes mainss’engouffrentdanssescheveux,lessiennesglissentsurmescuisses,meshanches,mesfesses.Sonregardamusé devient plus sérieux, j’assiste au déploiement de son excitation.Nos visages se rejoignent, noslèvres et nos langues se savourent. J’ondule sur lui, la pression de mon jeans sur mon entrejambe,m’excite.
–Jean…fais-moil’amour!Maintenant!Ilreculelégèrementla tête,mescruteavecuneeffroyableintensité.Brusquement, ilmesoulève, je
meretrouveplaquée,allongéesur lecanapé,soncorps lourdentremescuisses. Ilpressesonsexedurcontrelemienetmurmurecontremeslèvres.
–Toutcequetuveux,Raphaëlle…Jesaisissonpullavecsontee-shirt,lesfaispasserpar-dessussatête.Sonodeur,sapeauchaudesous
mes doigts parcourant sesmuscles, m’enivrent.Mesmains s’immiscent dans son jeans, caressent sesfesses, l’incitantàaugmenter lapressiondesonmembreau traversdenosvêtements.Nosrespirationss’intensifient,nosbouchesdeviennentplusdévorantes.
Rapidementlibéréed’unepartiedemesvêtements,jesensmesseinsnusquidurcissentsousl’assautdesesdoigts.Ses lèvresdouces, lapointedesa languedescendent le longdemamâchoire,moncou,rejoignentmestétonsqu’ilmord,tire,embrasse.Jemecambre,haletanteensentantleboutondemonslimsedégrafer, lafermetureéclairs’ouvrir lentement.Unedesesmainssaisitmonentrejambe,serefermefermementsurlui.J’exulte,soulèvemeshanchessoumisesaudéploiementdemondésir.
Soudainsapaumeglissedansmaculotte,lelongdelafentedemonsexetrempé,lecaresselentement,l’écarte, puis son index s’y introduit légèrement avant de se retirer pour me caresser de nouveau,répandretoutemonhumiditésurmonmontgonflé,électrisé.Mesgémissementss’amplifientaurythmedel’ondulationdemonbassinsoussamain.Monangesombreseredresse,plantesonregarddanslemientout en retirantmon jeans.Ma culotte glisse très lentement surmes jambes. Il écartemes cuisses, sesdoigtsmaintenantaccompagnésdesa langueavide, retrouventalorsmamoiteur,continuent leur torturedélicieuseets’introduisentprofondémentenmoi.Moncri,lacontractiondemesmuscles,mesmainsdanssescheveuxl’excitent.Ilaccélère,medévore.
Au bord du gouffre, mon corps se crispe. Il s’arrête, rejoint mon visage, effleure mes lèvrestremblantes.Toutmonêtrehurledefrustration,monsouffle,mesyeuxdanslessienslesupplientdeveniren moi. Il enlève rapidement son pantalon, son boxer. Totalement dominée par mon excitationenvahissante,jel’appelle.
–Jean…Soncorpsbrûlantdenouveausurmoi,jenesensplusquesonmembrerigideglisserencoreetencore
entre les lèvresdemon intimité trempéededésir.C’est euphorisant, insupportable,mesmains sur sesfesses je le presse de venir enmoi. Son pouce passe surmabouche entrouverte. Je tremble sous sonregardfixecontemplantmachutelorsqu’ilmepénètredoucement,profondément.Monsoufflegémissantse mélange au sien, s’intensifie sous ses va-et-vient d’une lenteur redoutable pendant que ses lèvresépousent lesmiennes,mamâchoire,mon cou.Tousmesmuscles se contractent, absorbentmonplaisirdevenu trop intense et, plongée dans ses yeux noirs, j’explose dans un dernier cri suivit de son râlerauque.
Lesspasmesdemoncorpss’apaisentdoucement,ilm’embrasse,caressemonvisageensueur,puisseretire. Il me tourne sur le côté, s’allonge en se plaquant de tout son long derrièremoi, m’enveloppetendrementdesesbras.
Soudainmesyeuxdansl’obscuritéseportentsurlacigarettealluméedansl’embrasuredelaporte.Sesyeuxgrisbrillentàchaquefoisqu’iltiresursaclope.
Il s’avance, s’installe nonchalamment sur le canapé en face de nos deux corps éclairés par lesflammesdelacheminée.
–Onnem’apasattenduàcequejevois!
Retrouvezletome4dèsle24novembre!
Quelquesextraits
Nerougispas
LanabelliaRosefêteses25ans.Leregardgrisacierqu'ellecroisecesoir-làbouleversesonuniversets'impose
àelle.Pourquoicethommesimystérieux,aucaractèresombreetimprévisibles'intéresse-t-ilàelle?Quecherche-t-il réellement ? Qui est-il ? Que cache-t-il ? La passion dévorante entre eux sera-t-elle sonéchappatoireoubienprovoquera-t-elleleretourdesesanciensdémons?Quandmensongeset trahisons'enmêlent,Rosesera-t-ellecapabled'abandonnerlessouvenirsquilahantent?
ParLanabellia.Participezàl’aventureNishaEditionssurFacebook:NishaEditions;suivezlaviedelarédaction
surTweeter@NishaEditionsetdécouvreznotrecataloguesurnotresiteinternetwww.nishaeditions.com
ExtraitJ’ouvreunœiletlesoleilmetitilleàtraverslerideaumalajustédelachambre.Jemeretourneune
fois,deuxfoisetsoupire.Bonallez,ilfautquej’affrontecejouràlacon!Jesenslamauvaisehumeurm’envahir commeunepetite bête sous lapeauqu’on aimerait extraire,maisqui continue à sebaladermalgrétoutlesoinquel’onmetàessayerdelatuer.
Jem’allonge à plat ventre, tentant un combat déjà perdud’avance avecmonoreiller. J’entends dubruitdanslapièceàcôté,cequimedonneencoremoinsenviedemelever.Jem’assiedsentailleursurlelit,l’oreillerposésurmesjambes.Jeletapotemachinalement,déjàagacéeparlajournéequim’attend.
Etmevoilàaujourd’huiavecunmaldecrânelancinant,carlaveillejen’aipasréussiàm’endormiretme suis écroulée vers les cinq heures dumatin, devant un film dont je n’ai strictement rien suivi.J’essaiederassemblermescheveuxetattrapel’élastiquequej’ailâchementjetéparterrecettenuit.Unchignonvaguementimproviséferal’affaire.
Jemarqueunepausedansmespenséesquiaffluentdepartoutenmêmetemps.–OK,OK,çacraint!J’aiditçaàvoixhaute?
Récapitulons,onm’aviréehier,maviesentimentaleestundésastreabsolu,jevisdansunappartementminableetenplusjedoisfêtermesvingt-cinqanscesoir!Magnifique!Ungrognements’échappedemabouche,cequimesurprendmoi-même.Maisqu’est-cequejevaisfairemaintenant?J’ai l’impressionquelaviemetientfermementparlespiedsetmetireverslefond,quoiquejefasse.Unbruitsourdmesort demes pensées etma coloc déboule en trombe dans la chambre, le sourire aux lèvres et tapantcommeuneidiotedanssesmains.Jelèvelesyeuxauciel,désespérée.
Aprèsl’obscurité
EveBorelliLaviedelapétillanteOliviaauraitpuêtreparfaitesiunetachedenaissancen'étaitpasvenuetout
gâcher. Pleine de complexes, c'est à peine si la jeune femme ose affronter son reflet. Fond de teint,complimentsdesonmeilleurami:rienn'yfait.Co-animatriced'uneémissionradio,elleestbienplusàl'aiseterréederrièresonmicro.
Unascenseur.Unepannedecourant.Unouvrierdubâtimentterriblementtroublant.Lalumièreaprèsl'obscurité.Qui est donc cemystérieuxNoan qui est parvenu à la rassurer ?Une nouvelle obsession... ou un
fantômedupassé?ParEveBorelli.Participezàl’aventureNishaEditionssurFacebook:NishaEditions;suivezlaviedelarédaction
surTweeter@NishaEditionsetdécouvreznotrecataloguesurnotresiteinternetwww.nishaeditions.com
Extrait−Quandsedécideront-ilsàréparercemauditascenseur?grommela-t-elle,ànouveaucontrariée.Deux semaines que l’appareil donnait des signes de fin de vie.Malgré cela,Olivia s’entêtait à le
prendre.Mêmesiellemouraitde terreuràchaquefoisqu’elles’yenfermait,elleneserésignaitpasàemprunterlesescaliers,qu’elletrouvaitflippantsaupossible:lalumièrefonctionnaitunefoissurdeuxetilyavaitdescourantsd’air,desrecoinssombres.Laplanqueidéalepouruncriminelenmanquedechairfraîche.
Dansunhoquet,l’ascenseurs’immobilisapuisouvritsesportesavecdifficulté.Un homme entra. Instinctivement, Olivia recula et plaça sa paume sur sa joue. Ce n’était pas
nécessaire : il ne lui accorda aucune attention, se contentant de marmonner un vague bonjour avantd’appuyer sur lebouton« rez-de-chaussée» etde seplongerdans la lectured’unénormeplandéplié
entresesmains.L’appareilmituntempsfouàserefermer.Àladérobée,Oliviaobserval’arrivantaubleudetravailmaculédetachesetsefocalisasursesbras
vigoureux,légèrementégratignésparendroits…Waouh!Alerte!Unmâlesexydanssonimmeuble!Unerévolution!UnévénementàgraverdanslemarbreoutoutautrematériauexistantsurTerre!Il
fallaitbienavouerqu’entreStanislasGontran,levénérablecollectionneurdetimbresàl’haleinedouteusedutroisième,etVincentMares,lemaigrichonducinquième,sonenvironnementmanquaitparticulièrementdeglamour.Iln’yavaitpaslàdequois’offrirunepetiteaventuresympathique,oumieux,unelovestoryrenversante…Etpuis,s’ilyavaiteuunvoisincharmant,ellen’auraitdetoutemanièrepaseulecouragedel’aborder.Depuissaséparationd’avecsontaréd’ex,savieamoureuseressemblaitdoncàuneassiettedenanaaurégime:désespérémentvide.Ellen’approchaitpersonne.Personneneladraguait.
Maiscethomme…Elleenauraitbienfaitsonquatreheures…Siellen’avaitpasvécuce terrible incidentdes annéesauparavant, lui aurait-elle lancéun sourire
aguicheur?Seserait-ellemontréesûred’elle,entreprenante?À nouveau, elle coula un regard vers lui et s’arrêta sur ses mains, puissantes, carrées. Elle
commençaitsérieusementà imaginersapoitrineprisonnièredecelles-ci lorsque lacabine tressautademanièreplusviolente,laprojetantcontreletorsedesonvoisin,quilaretintfermement.Avantqu’ellenepuisseleremercier,l’ascenseurs’immobilisabrusquementetlesampoulesdéjàfaiblardess’éteignirent.
− Qu’est-ce qui se passe ? demanda l’homme d’une voix légèrement agacée en la repoussantdoucement.
−Jel’ignore,rétorquaOlivia,hésitante.Cetascenseurestunerelique…Soncœurbattaitlachamade.Trentesecondestop-chrono,etsondébutdefantasmes’étaitmuéenune
profondeinquiétude.Oui,ellesentaitlavilainepattedel’angoisses’abattrefroidementsursanuque.Elletentad’imaginerlamultitudedechosescochonnesqu’ellepourraitentreprendreaveccethomme
dans l’obscurité,histoiredesedétendre…Peineperdue : lestressdévoraitchaquevisionérotique luivenantàl’esprit.
Sansêtreclaustrophobe,elleavaitbeaucoupdemalàsupporterd’êtreenfermée.Toutepetitedéjà,ellesuppliaitsesparentsdelaisserlaportedesachambreouverte.Ellesesouvenaitencoreaveceffroide sa grand-mère la bouclant à double tour dans le bureau de son papi adoré pour la punir d’avoirboulottéencachettel’intégralitédupotdeconfitured’abricotsmaison.Elleavaitbalisécommejamais,avec, pour seule distraction, le crucifix pendu au mur et la photo de l’arrière-grand-oncle à l’airsinistre…
Etellecraignaitlenoir…Etelleredoutaitquel’ascenseurnesedécideàlesenvoyerdansl’au-delà…Detelsaccidentsexistaient.Ils demeurèrent silencieux. Cinq secondes défilèrent… Puis dix… Puis vingt. Pétrifiée, Olivia ne
bougeaitpasd’uncentimètre.Soncompagnonlafrôlaetlanervositélagagna.Sanscriergare,lesouvenird’unfilmultra-terrifiant
l’envahit:desgenscoincésdansunascenseursefaisaientzigouillerunàunparlediableayantsquattélecorpsdel’und’entred’eux.
EtsiceséduisantgarçonétaitSatanquisepointaitpourluipiquersonâme?
Collection«Nisha’sSecret»Obsessionsinsoumises,Mael–AngelArekin
Obsessionsinsoumises,Rory&Max–AngelArekinObsessionsinsoumises,Yano–AngelArekin
Àpleinesmains,Elsa–EvadeKerlanDévorerduregard,Milia–EvadeKerlanIrrésistible,Natalia–EvadeKerlan
Semettreauparfum,Josh–EvadeKerlanZeusDating–EvadeKerlanFrissonsdenuit–CindyLucasJoueaveclefeu–CindyLucasPactesensuel–CindyLucas
Ungoûtd’interdit–CindyLucasDéclencheurdeplaisir–TwinyB.
L’artiste–TwinyB.Orgasmesnocturnes–TwinyB.Plaisirsmasqués–TwinyB.
Pariàtrois–OlyTLSoumiseAïko–OlyTL
Soumissionaquatique–OlyTLYoga&supplices–OlyTL
Songed’unenuittorride–JoyMaguèneCollection«DiamantNoir»LoveBusiness–AngelArekinAprèsl’obscurité–EveBorelli
Lachute,saisons1et2–TwinyB.Nerougispas–Lanabellia
Nefermepastaporte–LanabelliaPlay&Burn–FannyCooper
Alia,lesvoleursdel’ombre–SophieAugerBetrayed–SophieAugerCollection«CrushStory»@Sirène–OliviaBillington
Shine&Disgrace—ZoéLenoirLoveonProcess–Rachel
HollywoodenIrlande–ElisiaBlade
Séduire&Conquérir–ElisiaBladeJournald’ungentlemansaisons1et2–EvadeKerlanLegoûtduthé,celuiduventsaisons1et2–EveBorelli
Auteure:AvrilSinnerSuiviéditorial:LaëtitiaHerbaut
NishaEditions21,ruedestanneries87000Limoges
N°Siret82113207300015N°ISSN2491-8660
Notes[←1]
«Net’inquiètepas»,enanglais.
[←2]«Approche»enanglais.
[←3]«Tuestellementbelle»enanglais.
[←4]«Raphaëlle,regarde-moi…S’ilteplaît…»enanglais.
[←5]«Raph,tumerendsfou!J’aienviedetoi!»,enanglais.
[←6]«Edern,quefais-tu?Jedoisyaller…»enanglais.