20
1 Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes internationaux pensent de la gestion de crise en France. 25/11/2020 Fig. Eco. TÉMOIGNAGES - Les directeurs des branches françaises d'entreprises implantées dans le monde entier sont plutôt positifs sur la gestion de la crise économique dans l'Hexagone, et optimistes pour les années à venir. Comment la crise épidémique et économique a-t-elle affecté les branches françaises des grosses entreprises internationales ? À l'occasion des États de la France ce 25 novembre dont Le Figaro est partenaire et de la publication d'un sondage sur l'attractivité économique de l'Hexagone, quatre dirigeants des branches françaises de groupes internationaux se sont livrés au Figaro. Ils jugent plutôt favorablement la gestion de la crise dans l'Hexagone et tiennent en estime les plans de relance successifs présentés par Bercy. Dans leur immense majorité, leurs investissements en France ne devraient pas être annulés pour les prochaines années, mais les lourdeurs administratives et bureaucratiques à la française continuent de gripper la marche en avant de certaines chaînes de production. Pour faire face à la crise économique et sanitaire, les branches françaises de ces entreprises ont dû s'adapter en un temps record à un nouveau mode de travail, souvent à distance, et à une demande modifiée en profondeur par la crise épidémique. Ainsi chez Mondelez, où la France est «l'un des pays qui compte le plus avec un chiffre d'affaires de 1,8 milliard d'euros» selon son directeur général en France Mathias Dosne, l'épidémie a eu un impact fort sur toute la chaîne de production. «Nous avons dû faire face à une demande de produits de grande consommation jamais vue entre mi-mars et mi- avril, en augmentation de 13% pour Mondelez France, explique-t-il. On n'était absolument pas configurés pour absorber de tels pics, mais nous avons réussi à maintenir nos neuf usines françaises ouvertes, sans arrêt. Malgré un taux d'absentéisme atteignant 13%, nous avons pu maintenir notre activité en recrutant 250 intérimaires en un temps record. Nous avons été agréablement surpris par la fluidité, la rapidité d'exécution et la bonne collaboration avec les pouvoirs publics, les distributeurs et les partenaires sociaux dans la gestion de la crise.» Agilité et flexibilité Globalement, ces entreprises ont effectivement été surprises par l'agilité dont ont fait preuve pouvoirs publics et représentants du personnel dans le but d'éviter, à tout prix, les ruptures de stock. «C'était très important d'avoir de la flexibilité et de l'agilité dans la gestion des stocks, car la demande pour certains produits a été multipliée par 300, explique Catherine Raynaud, la directrice des affaires publiques de Pfizer en France. Pour y répondre, nous avons su adapter nos capacités de production

Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

1

Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes internationaux pensent de la gestion de crise en France. 25/11/2020 Fig. Eco.

TÉMOIGNAGES - Les directeurs des branches françaises d'entreprises implantées dans le monde entier sont plutôt positifs sur la gestion de la crise économique dans l'Hexagone, et optimistes pour les années à venir.

Comment la crise épidémique et économique a-t-elle affecté les branches françaises des grosses entreprises internationales ? À l'occasion des États de la France ce 25 novembre dont Le Figaro est partenaire et de la publication d'un sondage sur l'attractivité économique de l'Hexagone, quatre dirigeants des branches françaises de groupes internationaux se sont livrés au Figaro. Ils jugent plutôt favorablement la gestion de la crise dans l'Hexagone et tiennent en estime les plans de relance successifs présentés par Bercy. Dans leur immense majorité, leurs investissements en France ne devraient pas être annulés pour les prochaines années, mais les lourdeurs administratives et bureaucratiques à la française continuent de gripper la marche en avant de certaines chaînes de production.

Pour faire face à la crise économique et sanitaire, les branches françaises de ces entreprises ont dû s'adapter en un temps record à un nouveau mode de travail, souvent à distance, et à une demande modifiée en profondeur par la crise épidémique. Ainsi chez Mondelez, où la France est «l'un des pays qui compte le plus avec un chiffre d'affaires de 1,8 milliard d'euros» selon son directeur général en France Mathias Dosne, l'épidémie a eu un impact fort sur toute la chaîne de production. «Nous avons dû faire face à une demande de produits de grande consommation jamais vue entre mi-mars et mi-avril, en augmentation de 13% pour Mondelez France, explique-t-il. On n'était absolument pas configurés pour absorber de tels pics, mais nous avons réussi à maintenir nos neuf usines françaises ouvertes, sans arrêt. Malgré un taux d'absentéisme atteignant 13%, nous avons pu maintenir notre activité en recrutant 250 intérimaires en un temps record. Nous avons été agréablement surpris par la fluidité, la rapidité d'exécution et la bonne collaboration avec les pouvoirs publics, les distributeurs et les partenaires sociaux dans la gestion de la crise.»

Agilité et flexibilité

Globalement, ces entreprises ont effectivement été surprises par l'agilité dont ont fait preuve pouvoirs publics et représentants du personnel dans le but d'éviter, à tout prix, les ruptures de stock. «C'était très important d'avoir de la flexibilité et de l'agilité dans la gestion des stocks, car la demande pour certains produits a été multipliée par 300, explique Catherine Raynaud, la directrice des affaires publiques de Pfizer en France. Pour y répondre, nous avons su adapter nos capacités de production

Page 2: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

2

au niveau international et réorienter celles-ci vers les produits prioritaires. Le dialogue avec les autorités a été très fluide. Ce qui est remarquable dans cette crise, c'est que tout a pu s'accélérer pour répondre aux besoins des patients et des professionnels de santé. On peut prendre pour exemple la télémédecine, qui était attendue par les professionnels de santé depuis des années et qui s'est développée en quelques mois.»

Les différents plans de relance en France, dont celui de 100 milliards d'euros qui met l'accent sur la compétitivité industrielle, la relance verte et le maintien de l'emploi, ont été jugés plutôt encourageants par les dirigeants de ces entreprises. Frédéric Collet, le président de Novartis en France, évoque par exemple un plan de relance « compétitif et ambitieux ». Florence Tondu-Mélique, la présidente de la compagnie d'assurances Zurich en France, explique que son entreprise a été agréablement surprise par le volet « écologie », qui compte pour un tiers du plan de relance. « Zurich est un assureur, et de fait un investisseur de long terme dans l'économie, explique-t-elle. Nous avons pleinement conscience des enjeux de durabilité quand nous investissons aujourd'hui pour ne pas entraîner des déséquilibres environnementaux et sociaux dont nous aurons demain à assurer les conséquences.»

Des investissements maintenus

Certes la crise n'a pas dopé l'investissement et la production cette année, dans l'Hexagone comme ailleurs, et la récession devrait être historique avec une chute autour de 10% du PIB. Mais d'après le sondage Ipsos pour les États de la France, 1% seulement des entreprises citées envisagent d'annuler leurs projets futurs en France. Les autres les reportent parfois, mais les maintiennent. « Il y a un indicateur clé pour savoir si la France est bien perçue à l'international, c'est l'investissement, appuie Mathias Dosne. Or, chez Mondelez, il n'y a aucun moyen que nous reportions nos investissements l'an prochain, au contraire : en 2020, nous avons investi 38 millions d'euros en médias, un investissement que nous allons augmenter en 2021. On a clairement des objectifs de croissance l'année prochaine.»

Même son de cloche du côté de l'assureur Zurich, qui détient déjà 13 milliards d'euros en bons du trésor et titres d'entreprises françaises. « La France est le premier marché de l'assurance dans l'Union Européenne post-Brexit, explique Florence Tondu-Mélique. L'Hexagone est donc considéré comme l'un des pays les plus stratégiques pour le groupe. Nous y maintiendrons nos investissements après la crise, comme deux tiers des répondants à l'enquête sur l'attractivité. »

Lourdeurs

Il existe pourtant bien un frein systémique à l'attractivité pour les entreprises internationales implantées en France, un point qui revient systématiquement dans la bouche des dirigeants : les lourdeurs administratives et bureaucratiques. « En France pour régler des problèmes, on a encore trop tendance à légiférer », estime par exemple Mathias Dosne. Le directeur général de Mondelez en France a toutefois bon espoir que cette crise génère « plus de flexibilité, de liberté pour agir et de fluidité dans la manière dont on régule le business en France ». « L’immobilisme c'est ce qu'il y a de pire pour une entreprise », conclut-il.

« Le levier prioritaire pour être un pays plus attractif reste de disposer d'un environnement favorable à l'innovation, estime pour sa part Catherine Raynaud chez Pfizer. Par exemple, Il faudrait encourager davantage les partenariats publics/privés et simplifier certains process comme les mécanismes d'accès au marché, en réduisant les délais. Aujourd'hui, il existe une certaine lourdeur administrative sur laquelle il y a encore des progrès à faire !»

« L’attractivité d'un pays repose avant tout sur la cohérence de toute la chaîne, depuis la R&D jusqu'à la mise à disposition des solutions pour les patients, abonde Frédéric Collet chez Novartis. Sur cette chaîne, il reste des points d'amélioration, notamment pour réduire les délais de mise sur le marché de nos traitements par exemple. Nous sommes en retard par rapport à nos voisins européens.»

Le Medef annonce un accord sur le télétravail au terme de tractations intenses

AFP/le figaro 26.11.2020

Les négociations s'achèvent « positivement », selon le Medef avec de nombreuses avancées sur le double volontariat et le droit à la formation notamment.

Clap de (presque) fin : le Medef a réussi à arracher jeudi pour son projet d'accord national interprofessionnel (ANI) sur le télétravail l’« avis favorable» de la CFDT, de Force ouvrière, de la CFE-CGC et de la CFTC, mais pas celui de la CGT. « Cette négociation s'achève positivement », a estimé

Page 3: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

3

Hubert Mongon, le négociateur social du Medef, à l'issue d'une ultime réunion de près de trois heures, qui a mis fin à quatre journées de tractations intenses et trois semaines de négociation.

Le texte « définitif » remis par le patronat jeudi ajoute des précisions sur la mise en place du télétravail en situations de crise (pandémie, catastrophes naturelles, destruction des locaux d'une entreprise) ou encore sur la prise en charge des frais.

Un texte « opérationnel »

Portant aussi sur le télétravail classique, il est censé compléter le précédent ANI, signé en 2005. Les organisations syndicales favorables, mais aussi la CGT, doivent encore recueillir le blanc-seing de leurs instances respectives et ont jusqu'au 23 décembre pour parapher le document. Louant « un texte opérationnel », Hubert Mongon a listé quelques « points importants », comme le double volontariat (de l'employeur et du salarié) ou la réversibilité - qui permet à un salarié de revenir sur son lieu de travail si le télétravail ne lui convient pas--, qui existaient pourtant déjà dans l'ANI 2005.

Il a toutefois refusé de répondre à une question qui fâche : ce texte est-il contraignant ? Le patronat s'était fixé l'objectif, contesté par les syndicats, de rendre ce texte «ni normatif ni prescriptif ». Un ANI « par définition, lorsqu'il est signé par une majorité d'organisations professionnelles et patronales est un accord qui s'installe dans le paysage juridique des entreprises et du pays », a-t-il souligné. « À ce titre, ça devient un accord de référence et qui a vocation à être étendu » par la loi, a-t-il ajouté.

Or c'est sur ce point que la CGT continue de focaliser ses critiques, alors que les autres organisations n'en font plus un casus belli. Mercredi, Fabrice Angéi, le négociateur de la CGT, avait prévenu qu'il voyait mal comment signer un accord non contraignant. « Tout ce qui est écrit dedans peut être contourné. C'est un gros souci », avait-il regretté.

« Pas révolutionnaire »

Le patronat a revu sa copie quatre fois en moins d'une semaine, pour arriver à convaincre les syndicats qui voyaient dans le projet surtout « des reculs » pour les salariés. Mais faute d'accord, le gouvernement se serait chargé de légiférer, certains voyant cette reprise en main comme « un échec ». Dès mercredi, la CFDT et la CFTC s'étaient dites prêtes à signer la précédente version du texte, qui faisait une série de concessions, tout en considérant que le projet n'était » pas révolutionnaire « en matière de droits des salariés.

L'accord proposé « n’est pas normatif, pas contraignant, mais il donne un cadre, ça servira de guide dans certaines entreprises », avait estimé mercredi Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. Cet accord « fera la part belle au dialogue social, ce qui est crucial quand on voit la diversité des situations de travail. Chaque entreprise pourra désormais se servir de ce cadre pour mettre en place de manière durable le télétravail », a estimé la ministre du travail, Élisabeth Borne, dans un communiqué.

Le document rappelle le cadre juridique existant, notamment que la mise en place du télétravail passe par un accord collectif, une charte ou un accord de gré à gré entre l'employeur et le salarié. Parmi les nouveautés, les syndicats ont réussi à obtenir que l'éligibilité des postes télétravaillables ne soit pas du ressort unique de l'employeur mais fasse l'objet d'un dialogue social en entreprise. En ce qui concerne le télétravail en temps de crise, les conditions de sa mise en place passeront par «un accord» ou «une charte».

En revanche, pas de prise en charge des frais d'internet, chauffage ou électricité, comme réclamé par la CGT, mais rappel que les frais « doivent être supportés » par l'employeur et que ce «peut-être» le sujet d'un dialogue social en entreprise. Depuis fin octobre, le télétravail est «la règle » dans les entreprises qui le peuvent. Le Premier ministre Jean Castex a souligné jeudi qu'il devait rester «le plus massif possible» dans les prochaines semaines.

Déconfinement : le calendrier de l’avant. 24 novembre 2020 à 21:36 Libération

Le Président a annoncé mardi soir un assouplissement en trois étapes. Dès samedi, les commerces rouvrent, les offices religieux reprennent et les déplacements sont autorisés jusqu’à 20 km pendant trois heures. Le 15 décembre, début d’un déconfinement sous couvre-feu et reprise pour les cinémas, théâtres et musées. Le 20 janvier, réouverture des restaurants. En trois temps. Et encore, le « retour à la normale » n’est pas pour tout de suite. A peine « pour demain ». Mais « le pic de la seconde vague de l’épidémie est passé », a confirmé mardi soir

Page 4: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

4

Emmanuel Macron, dans une allocution solennelle de vingt-six minutes enregistrées depuis l’Elysée. Et le chef de l’Etat, pour cette sixième adresse solennelle depuis le début de l’épidémie de Covid-19, a balisé les prochaines semaines et offert à la population des perspectives, notamment pour les fêtes de fin d’année. S’il a rappelé qu’«il y a encore beaucoup d’incertitudes» avec ce virus, que le nombre de morts depuis le printemps avait dépassé mardi les 50 000 et que le seuil de 5 000 nouvelles contaminations par jour fixé par lui-même fin octobre pour lever le confinement n’était pas encore atteint - cet indicateur affiche près de 20 000 ces derniers jours - Macron a voulu être très précis. Un vrai mode d’emploi de ce second déconfinement, dont il n’a pas prononcé le mot au cours de son intervention.

D’abord, samedi. C’est à cette date que les magasins et rayons de produits jugés par l’Etat comme « non essentiels » pourront enfin rouvrir. Tout comme les bibliothèques ou les musées. De quoi laisser à ces commerces, durement touchés par cette seconde fermeture imposée, quatre week-ends de vente pour tenter de reconstituer une partie de leur chiffre d’affaires. Les boutiques devront toutefois mettre en place des règles sanitaires très strictes qui seront détaillées jeudi par le Premier ministre, Jean Castex, et plusieurs membres de son gouvernement. A cette date, les offices religieux, dans la stricte limite de trente personnes, pourront également reprendre. Il faudra, certes, toujours se munir d’une attestation pour sortir. En revanche, le gouvernement a choisi d’élargir le périmètre spatial et temporel autorisé : il sera désormais possible de s’éloigner de 20 kilomètres pendant trois heures de son domicile (au lieu de 1 kilomètre pendant une heure).

Comme déjà annoncé par Macron au monde du sport la semaine dernière, les plus jeunes pourront retrouver leurs clubs et leurs associations dès décembre. Les adultes devront encore patienter pour retourner s’entraîner en salle ou sur les terrains de plein air. Les stations de ski, dont les représentants ont été reçus lundi à Matignon, auront une réponse du gouvernement sous quinze jours. Mais Emmanuel Macron a déjà prévenu qu’il serait « préférable » d’autoriser à nouveau leur ouverture « courant janvier ».

« Culture essentielle »

Si la situation sanitaire s’est nettement améliorée depuis un mois, l’exécutif ne veut toutefois pas donner l’impression qu’il s’empresse de déconfiner avant les fêtes. C’est donc au 15 décembre que « le confinement pourra être levé», a affirmé Macron. Les restrictions de circulation seront levées. Les Français pourront donc passer Noël en famille. Mais pour tenter de limiter les soirées et les fêtes entre amis, un couvre-feu de 21 heures à 7 heures du matin (hors 24 et 31 décembre) sera à nouveau instauré. L’exécutif compte néanmoins sur le civisme et la « responsabilité » de la population pour

Page 5: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

5

éviter les rassemblements privés trop conséquents. « Vous aurez un rôle central », a lancé le Président. Ce ne « sera pas, à coup sûr des vacances de Noël comme les autres », a-t-il prévenu. Le chef de l’Etat a tout de même réservé une bonne surprise pour le monde de la culture et du spectacle. Les cinémas, les théâtres et les musées pourront rouvrir à partir de cette même date : « La culture est essentielle à notre vie de citoyennes et de citoyens. »

Les restaurants, les bars et les salles de sport, jugés comme des lieux importants de contamination, devront, eux, encore patienter jusqu’au 20 janvier pour accueillir à nouveau du monde. A cette date, le couvre-feu devrait passer, si tout se passe bien, à 22 heures. Et encore, ce troisième desserrement aura lieu si le seuil « des 5 000 cas par jour » est atteint. Pour aider les restaurateurs et les patrons de bars et éviter des faillites massives, Macron a promis de « compléter [les] aides » déjà en place. Ils pourront recevoir «20 % de leur chiffre d’affaires de l’année 2019 si cette option est préférable, pour eux, aux 10 000 euros du fonds de solidarité », a annoncé le chef de l’Etat.

Mi-janvier, les lycéens pourront tous retourner dans leur établissement scolaire et stopper la classe à la maison. Les étudiants pourront rejoindre amphithéâtres et salles de TD « quinze jours plus tard ».

Vaccination « pas obligatoire »

« Nous devons tout faire pour éviter une troisième vague, a clamé Emmanuel Macron. Tout faire pour éviter un troisième confinement.» Pour cela, il mise, en attendant l’arrivée des premiers vaccins, sur la même stratégie qui prévaut pour l’exécutif : « Tester, tracer, protéger. » Et si l’Etat semble être beaucoup mieux armé sur les deux premières étapes avec l’arrivée de tests antigéniques en plus des PCR diffusés désormais très largement, il n’a, entre les deux confinements, pas trouvé la solution pour « isoler » correctement les malades. Refusant catégoriquement de ne confiner que les plus âgés en cas de troisième rebond épidémique à l’hiver ou au printemps, le gouvernement réfléchit à contraindre les personnes infectées à rester chez elles ou à s’isoler. Jusqu’ici, la mise à disposition des hôtels n’a pas du tout fonctionné. Précisant ce qu’avaient laissé entendre ces derniers jours Jean Castex ou le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, Emmanuel Macron a missionné son exécutif pour présenter, au Parlement, des mesures de contrainte afin d’obliger les personnes infectées à rester chez elles. Le Président a insisté sur l’importance du « débat démocratique » et appelé les députés à y travailler : « Si nous voulons éviter un troisième confinement, nous devons être plus contraignants. » Enfin, avant d’appeler la nation, une nouvelle fois, à rester « unie » et à ne pas céder «au complotisme » ou à « l’obscurantisme », il a promis une totale « transparence » sur les vaccins. « Certains seront disponibles dès la fin décembre, début janvier et une deuxième génération arrivera au printemps. » Avant d’assurer que cette vaccination ne serait « pas obligatoire », que la « population » y serait « associée » et que les personnes âgées et « les plus fragiles » seraient prioritaires.

Un revenu mensuel minimum de 900 euros pour les travailleurs précaires Le 26

novembre 2020 AFP/le parisien

Confirmant une annonce de la ministre du Travail Elisabeth Borne, Jean Castex a précisé ce jeudi midi le montant de cette « aide exceptionnelle » lors de sa conférence de presse sur l’allègement du confinement.

Même si les chiffres du chômage connaissent une légère amélioration, la situation des travailleurs précaires qui enchaînent les contrats courts coupés par des périodes de chômage ou encore les jeunes se retrouvent avec la crise dans des situations parfois très compliquées.

Lors de dernière intervention, Emmanuel Macron a promis une mesure exceptionnelle pour les extras, les saisonniers, les travailleurs précaires dont les revenus ont chuté. La réponse du gouvernement devrait bientôt se mettre en place. Dans les Échos, Élisabeth Borne, la ministre du Travail annonce l'instauration d'une aide exceptionnelle.

« Les demandeurs d'emploi qui tirent un revenu de contrats courts sont en grande difficulté. Il est important de comprendre que cela concerne des secteurs très différents. J'ai proposé au Premier ministre l'instauration d'une aide exceptionnelle, ciblée sur des personnes qui travaillaient significativement avant la crise même s'ils alternaient période de travail et de chômage, pour leur garantir un revenu de remplacement mensuel minimal », explique-t-elle dans le quotidien économique.

« Une réponse exceptionnelle pour les 400 000 personnes »

Dans le détail, Jean Castex, lors de sa conférence de presse afin d'expliquer les détails de la mise en place du confinement allégé à partir de samedi, a livré le montant de ces « aides exceptionnelles »

Page 6: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

6

pour les travailleurs précaires, saisonniers, intermittents ou extras, qui « travaillaient beaucoup » l'an dernier, avec une « garantie de ressource de 900 euros par mois » jusqu'en février 2021.

« Il s'agit d'une réponse exceptionnelle pour les 400 000 extras de la restauration, […] les intermittents de l'événementiel ou d'autres secteurs inscrits à Pôle emploi », a déclaré le Premier ministre, Elisabeth Borne précisant lors de cette conférence de presse que l'aide concernera « ceux qui ont travaillé plus de 60 % du temps en 2019 ».

Un coup de pouce pour les jeunes

Concernant plus particulièrement les jeunes, la ministre du Travail était notamment revenue sur le déploiement du Plan jeunes. « Ce plan se déploie très bien. Sur octobre, 923 000 jeunes ont été embauchés, soit le même nombre que l'année dernière. Les intentions de recours à la prime à l'embauche d'un jeune (jusqu'à 4 000 euros, NDLR) font l'objet à ce stade de 128-000 demandes : près de sept sur dix en CDI, une sur cinq en CDD de 3 à 6 mois et le reste en CDD de 6 à 12 mois. S'y ajoutent les 172 000 demandes de l'aide pour l'embauche d'un apprenti (jusqu'à 8 000 €, NDLR). Malgré le second confinement, je pense que nous allons battre le record de 353 000 contrats d'apprentissage signés en 2019 dans le secteur privé », se félicite-t-elle.

Jean Castex a notamment annoncé la création de 20 000 jobs étudiants pour les étudiants décrocheurs, le doublement des aides d'urgence versées par les Crous, le renforcement du plan « Un jeune, une solution » et un dispositif d'accompagnement spécifique pour la recherche d'un premier emploi, avec le retour d'une aide financière à la recherche d'emploi jusqu'à 500 euros par mois.

Télétravail : où en sont les négociations entre syndicats et patrons ? Les 8 points essentiels. 24 nov. 2020 La Tribune/AFP. [Article publié le 24.11.2020 à 13:00 mis à jour à 15:00]

Alors que l'Espagne (depuis juillet) ou le Portugal (dès 2015) ont mis en place une réglementation autour de la pratique du télétravail, la France patine dans ses négociations entre patronat et syndicats. Tour d'horizon des enjeux et points de friction.

Accidents de travail, modalités en temps de pandémie, éligibilité des postes, réversibilité, remboursement des frais...: le patronat a amendé le projet d'"Accord interprofessionnel pour une mise en œuvre réussie du télétravail", qui doit fixer une série de règles, au cœur d'une réunion ce lundi.

➢ Les syndicats veulent un texte contraignant, pas les patrons

Cette négociation doit en principe aboutir à un accord national interprofessionnel (ANI), traditionnellement formalisé par une loi. Plusieurs années peuvent s’écouler : le précédent AN I de 2005 - que l'accord doit compléter - a été transposé très partiellement dans une loi sept ans plus tard. Dans tous les cas, l'ANI s'impose à l'employeur membre d'un syndicat patronal signataire (Medef, CPME et l'U2P sont à la table de la négociation).

C'est un des principaux points de blocage : le patronat veut que ce texte ne soit "ni normatif", "ni prescriptif", mais les syndicats menacent de ne pas signer un document non contraignant, s'apparentant à "un guide de bonnes pratiques".

➢ 2. Accidents du travail : le patronat a retiré sa demande d'assouplissement

Contrairement à la première version, le patronat ne propose plus un assouplissement pour le télétravail de la législation sur les accidents du travail (actuellement imputables à l'emp loyeur). C'était "une ligne rouge" pour les syndicats.

➢ 3. Télétravail en temps de crise : pour les syndicats, la décision incombe à l'État

Un chapitre est consacré au télétravail "en cas de circonstances exceptionnelles ou de force majeure" (pandémie, catastrophes naturelles, destructions des locaux d'une entreprise), laissant toujours dans ces cas toute latitude à l'employeur de faire basculer ses salariés en télétravail.

Le syndicat FO juge "important" que cette décision relève des pouvoirs publics et non de l'employeur.

Mais ce chapitre ne propose plus de revenir sur les délais de consultation des instances représentatives du personnel, ce qui était également une "ligne rouge" pour les syndicats.

Des "ajustements" (non listés) sont toujours proposés pour les règles en matière d'hygiène et de sécurité, mais refusés par les syndicats.

Page 7: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

7

La CFDT souhaite que cette partie soit "musclée", notamment avec des "points de repères sur la mise en place d'un plan de continuité de l'activité négocié ou concerté" ou des mesures de prévention pour les salariés qui peuvent "mal vivre" le télétravail.

➢ 4. Éligibilité des postes au télétravail : les patrons veulent être seuls décisionnaires

Autre "grosse pierre d'achoppement", qui n'a pas bougé : pour le patronat, ce sujet relève uniquement de la responsabilité de l'employeur, qui doit aborder ces questions, en lien avec les "missions essentielles" de l'entreprise.

Pour les syndicats, ce sujet doit relever du dialogue social en entreprise, figurer dans l'accord collectif sur le télétravail et dans l'accord national interprofessionnel (ANI).

➢ 5. Le "Double volontariat" est accepté mais, côté "réversibilité", il y a encore du flou...

Le texte propose de remplacer les articles 2 (volontariat) et 3 (réversibilité) de l'ANI 2005, mais reprend la notion du double volontariat (salarié et employeur), point important pour les syndicats.

FO considère toutefois que la formulation sur la réversibilité ne garantit pas le retour du salarié sur son même poste, ce à quoi elle tient tout particulièrement.

La CGT estime que la formulation utilisée dans le nouveau texte entérine "l'absence d'avenant au contrat de travail qui précise les modalités de passage en télétravail".

Les syndicats veulent que le refus de télétravail par l'employeur soit fait par écrit.

➢ 6. Accords salariés-employeurs : écarter le risque de "télétravail gris"

Il est toujours proposé trois modalités pour la mise en place du télétravail, qui pourra passer soit par un accord collectif, soit une charte, soit un accord de gré à gré entre l'employeur et le salarié.

Les syndicats veulent que l'ANI définisse la négociation (en vue d'un accord collectif) en première intention car ils craignent la poursuite du développement du télétravail "gris", à travers les accords de gré à gré.

Si le nouveau texte continue d'indiquer que la formalisation doit se faire "par tout moyen", il souligne "l'utilité de recourir à un écrit, quel qu'il soit", allant dans le sens des syndicats.

➢ 7. Frais du salarié (loyer, eau, internet, ordi...): quelle indemnisation ?

Le document révise la formulation initiale, qui avait été jugée "floue et problématique" par les syndicats. Il est désormais écrit que les frais engagés par un salarié "doivent être supportés" (et non "ont vocation à") par l'employeur.

Ce "peut-être" le sujet d'un dialogue social en entreprise. Les syndicats estiment qu'il doit "obligatoirement" l'être. La CGT réclame une indemnisation couvrant l'occupation d'une partie du logement, l'eau, l'électricité, l'abonnement internet, l'ordinateur, etc., et une participation aux frais de repas.

Une éventuelle allocation forfaitaire sera exonérée de cotisations, propose le texte.

➢ 8. Et autres sujets toujours pendants

• Dialogue social : possibilité d'utilisation des visioconférences dans la consultation des instances représentatives. Les syndicats veulent les limiter aux situations de crise.

• Droit à la déconnexion : le document rappelle qu'il doit faire l'objet d'un accord ou d'une charte, et que les managers doivent être formés, point positif pour les syndicats, qui souhaitent toutefois des obligations en termes de prévention et protection de la vie privée des salariés.

• Égalité femmes-hommes : la CGT réclame un droit au télétravail pour les femmes enceintes, de même que des mesures contre les violences sexistes.

• Handicap : le texte indique que le télétravail "peut être utilisé comme un outil de prévention de la désinsertion professionnelle pour les salariés en situation de handicap ou atteints d'une maladie chronique", mais selon la CGT n'apporte aucun droit nouveau.

• Plus question d'assouplir la législation sur les accidents du travail (actuellement imputables à l'employeur), "ligne rouge" pour les syndicats, mais les syndicats estiment que dans sa formulation, le texte tente de "dédouaner" l'employeur, en indiquant qu'il "ne peut avoir la complète maîtrise du lieu dans lequel s'exerce le télétravail".

Page 8: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

8

Le télétravail devrait rester obligatoire plusieurs jours par semaine à partir de janvier. 25 nov. 2020 AFP

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a indiqué, ce mercredi matin, qu'on se dirigeait à partir du début de 2021 vers un passage du télétravail à 100 % à « quelques jours par semaine obligatoires ». Un dispositif qui perdurerait « pendant quelques mois, jusqu'à la fin de la pandémie ».

Emmanuel Macron l'a confirmé mardi soir : le télétravail à 100 % autant que possible va se poursuivre jusqu'à la fin de l'année . La suite reste à écrire. Le gouvernement a déjà prévenu les partenaires sociaux qu'il lancerait une concertation sur le sujet . Interviewé sur RMC ce mercredi matin, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a pris date. « Le Premier ministre lundi soir nous a demandé de réfléchir à une deuxième phase pour le début de l'année qui ne soit pas le 100 % télétravail comme aujourd'hui mais qui ne soit pas non plus le retour au stade précédent ».

S'il a précisé qu'il ne faisait « pas d'annonce », il a évoqué un scénario « du type quelques jours par semaine obligatoires mais pas 100 % ». Il s'est refusé à donner un nombre de jours, affirmant que ce n'était « pas stabilisé ».

Dispositif « amendé »

« On est collectivement persuadés des deux côtés de la table - patronat, syndicats - et au gouvernement que le 100 % télétravail au bout de quelques semaines a d'autres conséquences psychologiques », a expliqué le dirigeant patronal, citant la hausse des violences conjugales et des addictions en exemple. Ce nouveau dispositif de télétravail « amendé » perdurerait « pendant quelques mois, jusqu'à la fin de la pandémie », a-t-il précisé alors que les partenaires sociaux viennent d'achever leur négociation sur le télétravail et que les syndicats doivent se prononcer sur le dernier projet d'accord patronal qui comporte un volet sur les cas de force majeure, comme les épidémies.

L’assurance-chômage partiellement censurée 25 nov. 2020 AFP

Le Conseil d’État annule deux dispositions majeures du décret de juillet 2019 sur la réforme de l’assurance-chômage.

Un pied de nez pour l’exécutif. Mercredi, le Conseil d’État a annulé deux dispositions majeures du décret de juillet 2019 sur la très décriée réforme de l’assurance-chômage, reportée en raison de la crise et dont les syndicats demandent tous depuis la suppression. Dans un communiqué, le ministère du Travail indique qu’il prend «acte de la décision du Conseil d’État et poursuit la concertation sur les évolutions du régime avec les partenaires sociaux».

Dans le détail, le verdict de la plus haute juridiction administrative porte sur les modalités de calcul du salaire journalier de référence (SJR), qui sert de base à l’allocation chômage. Mais aussi sur le système de bonus-malus sur la cotisation chômage pour les entreprises trop gourmandes en contrats courts, qui devait s’appliquer normalement au 1er avril 2021. Soit deux mesures phares de la réforme. Le Conseil d’État, saisi par plusieurs organisations syndicales (CGT, Solidaires, CFE-CGC et FO) et fédérations patronales, dont le Medef, n’a pas remis en cause le durcissement des conditions d’affiliation ni l’introduction d’une dégressivité pour les hauts revenus. « Dans le cadre de notre dialogue avec les partenaires sociaux, (…) nous finalisons actuellement une réponse qui me semble équilibrée entre le plein respect de la philosophie de la réforme et la prise en compte de certaines situations spécifiques. Nous aurons procédé à cette adaptation avant le 31 mars 2021, date d’effet de la décision du Conseil d’État : il n’y aura d’interruption de droits à l’assurance-chômage pour aucun allocataire », a commenté la ministre Élisabeth Borne. De son côté, la CGT a parlé d’« une première victoire». Quant à la CFDT, elle demande au gouvernement « plus que jamais de renoncer à sa réforme», qui «porte en elle les germes de nouvelles fractures».

Du fait de la crise et de l’explosion du chômage, le gouvernement a suspendu l’application de la réforme jusqu’au 1er avril 2021. Et ce, pour se donner le temps de trouver un paramétrage plus adéquat.

En tout cas, ce qui est sûr, c'est que patronat et syndicats n'aborderont pas dans la même posture, s'il y a accord cette semaine ou pas, la concertation que la ministre du Travail, Elisabeth Borne, engagera sur un éventuel aménagement des règles au début de l'année.

Page 9: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

9

Borne espère une baisse du chômage en 2021 AFP, samedi 28 novembre 2020

La ministre du Travail, Elisabeth Borne, a dit samedi espérer une baisse du chômage en 2021, estimant "qu'on pouvait avoir confiance dans la capacité de rebond de notre économie" après le deuxième confinement.

"J'espère que sur 2021 le chômage va pouvoir décroître, évidemment", a-t-elle déclaré sur France Inter.

En avril, après le premier confinement, "on a eu un million de demandeurs d'emplois (sans activité) en plus", a-t-elle rappelé et cela a ensuite "rebaissé de 70%", à la fin octobre, avant le deuxième confinement.

Même si le deuxième confinement "est un choc", Mme Borne pense "qu'on peut avoir confiance dans la capacité de rebond de notre économie".

Elle a évoqué les "premiers signaux positifs" du plan jeunes, comme les effets de la prime de 4.000 euros pour l'embauche d'un jeune de moins de 26 ans pour un contrat de plus de trois mois. "Sur août-septembre-octobre, on a eu près d'un million d'embauches en CDD de plus de trois mois ou en CDI. Soit le même niveau que l'an dernier", a-t-elle dit.

Face à la montée des plans sociaux, elle a aussi lancé un appel à "la responsabilité" des grandes entreprises pour ne pas licencier.

"Pour ceux qui n'ont pas le couteau sous la gorge, je les invite à ne pas engager des plans de licenciements alors que le marché du travail est plus difficile, c'est une question de responsabilité", a-t-elle jugé.

Inégalités : l’Europe au pied du mur, avertissent des économistes. 23 nov. 2020

AFP/Euractiv

L’Europe reste la région la plus égalitaire au monde, mais la crise actuelle risque de creuser les écarts de revenus, selon des chercheurs du World Inequality Lab, qui appellent à stopper la « course mortifère » vers toujours moins d’impôt sur les entreprises.

Cette mise en garde intervient au moment où l’Union européenne se déchire sur son plan de relance de 750 milliards d’euros, pourtant crucial pour faire face aux conséquences économiques dramatiques de la crise sanitaire.

La conclusion de la dernière analyse du WIL – dont l’un des pilotes est l’économiste Thomas Piketty – qui compile les données sur la répartition des revenus dans 173 pays, avait pourtant de quoi réjouir l’Europe.

Le continent reste à ce jour, et de loin, le moins inégalitaire de la planète. En 2019, les revenus des 10 % les plus riches ont représenté 35% de l’ensemble des revenus, là où le « top 10 % » capture 56 % du revenu national au Moyen-Orient, région du monde la plus inégalitaire.

Dans le Vieux continent, « on a observé une progression des inégalités depuis les années 80, mais beaucoup plus faible qu’aux Etats-Unis. L’Europe a résisté à une marchandisation de tous les aspects de la société, elle reste un îlot de relative équité dans le monde », constate Lucas Chancel, chercheur à l’Ecole d’économie de Paris (PSE), qui abrite le laboratoire.

Une résistance qui s’explique par des politiques de redistribution des revenus, mais aussi, avant l’impôt, par le choix de financer des infrastructures et services publics de qualité, gratuits ou peu coûteux, ainsi que par la réglementation du marché du travail.

Reprise en K

En France, les écarts de niveau de vie entre les plus riches et les plus pauvres ont même baissé en 2019, sous l’effet des mesures prises après la crise des « gilets jaunes », en particulier l’élargissement de la prime à l’activité, a révélé l’Insee, l’institut français des statistiques, mercredi.

Mais cela pourrait ne pas durer.

Ainsi, alors que le PIB de la zone euro devrait chuter de 7,8 % en 2020 – du jamais vu depuis la création de la monnaie unique en 1999 – les revenus des 108 plus grandes fortunes européennes ont crû de 15,7 % depuis novembre 2019, selon l’indice Bloomberg des 500 milliardaires les plus riches.

Page 10: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

10

Soit d’environ 200 milliards d’euros, le double du plan de relance français. Un chiffre qui fait craindre un scénario de reprise en « K », marqué par une forte divergence des revenus, et de nouvelles crises sociales en Europe.

C’est pourquoi de nombreux économistes plaident pour la mise en place rapide d’une taxe sur les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon). Ce qui passe, pour Lucas Chancel, par l’abandon de la règle de l’unanimité en matière fiscale au profit d’une « coopération renforcée » entre l’Allemagne, l’Italie, la France et l’Espagne.

Sans quoi la taxe Gafa, comme le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières que les 27 se sont engagés en juillet à mettre en place, risque de subir le même sort que celui d’une taxe sur les transactions financières: l’enlisement.

« Si l’objectif reste de financer l’accès à ces biens essentiels que sont l’éducation, la santé, les transports, l’accès à l’eau potable, il faut arrêter cette course mortifère au toujours moins d’impôt sur les multinationales », selon le chercheur.

Entre 1980 et 2019, le taux de l’impôt sur les sociétés en Europe a ainsi été divisé par deux, de 50% à 25%, quand la TVA, qui pèse sur les consommateurs sans considération de redistribution, grimpait de 4 points, de 17,5% à 21,5% en moyenne.

Également chercheur à la PSE, Marc Morgan s’inquiète, lui, d’un rétablissement de la règle européenne limitant le déficit public à 3% du PIB, suspendue au début de la crise: « C’est un point crucial pour l’évolution des inégalités dans le futur ».

Télétravail et productivité : ce que disent les premiers travaux des économistes 23 nov. 2020 Les échos

Selon les premières études, les conséquences du télétravail sur la productivité dépendent du type de tâches du salarié, de la préparation des équipes et de la qualité du management. Le télétravail pourrait accentuer la modération salariale et pousser à de nouvelles formes d'emplois.

Dans un monde parfait, tout le monde trouverait son compte avec le télétravail. L'entreprise économiserait en loyers et les salariés en temps de transports. Ces derniers y gagneraient aussi en autonomie et donc en qualité de vie.

Mais ce n'est pas si simple dans le monde réel. Les conséquences de ce nouveau mode de travail sur la productivité des salariés, sur leur moral à terme, sur l'organisation de l'entreprise et sur la vie sociale au sens large sont importantes mais restent largement à découvrir.

Des gains de productivité différenciés

Du côté de l'entreprise, « la productivité peut augmenter avec le télétravail pour les tâches individuelles, à fort contenu intellectuel. En revanche, les fonctions créatives et celles qui nécessitent de travailler en équipe peuvent pâtir de la mise en place du télétravail », explique Vinciane Beauchene, directrice associée au Boston Consulting Group. L'intelligence collective et l'agilité des équipes seraient moindres en télétravail. Ce qui faisait craindre cet été à Nicholas Bloom, professeur d'économie à Stanford aux Etats-Unis, que le Covid et le travail à domicile « ne conduise à une baisse de l'innovation ».

D'autres experts sont beaucoup plus positifs. « Le télétravail peut devenir la source de gains de productivité substantiels et nous faire entrer de plain-pied dans la révolution numérique. Nous pourrions retrouver un nouveau cycle de croissance économique », estime Gilbert Cette, professeur d'économie à l'université d'Aix-Marseille.

Un vrai plan de transformation de l'entreprise

Dans une étude réalisée en 2014, Nicholas Bloom a étudié le cas d'une agence de voyages chinoise ayant appliqué le télétravail dans ses centres d'appels pendant neuf mois sur la base du volontariat. Résultat : une hausse de 13 % de la productivité par employé, dont 9 points s'expliquent par le temps supplémentaire passé au travail - les arrêts maladie ont baissé et les pauses dans la journée se sont avérées plus courtes - et 4 points proviennent du plus grand nombre d'appels pris par minute grâce à l'environnement de travail plus calme.

Déconfinement : le télétravail à 100 % appelé à durer au moins jusqu'à la fin de l'année

Plus généralement, « avec la suppression des temps de transport, on observe une extension de la journée de travail le matin et le soir. La pause déjeuner a aussi tendance à être plus courte en

Page 11: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

11

télétravail », selon Jawad Lemniaï, directeur chez EY Consulting. Et « le télétravail favorise les moments d'isolement, donc de réflexion intense, car les micro-interruptions sont moindres dans la journée », poursuit le consultant.

Mais dans l'exemple chinois, sur les 500 salariés ayant accepté de télétravailler tous les jours, la moitié a souhaité revenir au centre d'appels après l'expérience, trop déprimés à l'idée de rester seuls chez eux. Le risque psychosocial est en effet un danger.

D'autres expériences se révèlent catastrophiques pour l'entreprise. Ainsi, ce bureau de recherche à Tokyo, dont la productivité a chuté de 60 % pendant le Covid, les salariés n'étant pas préparés et ne disposant pas du matériel adéquat.

Au-delà de ces exemples, « développer le télétravail au sein d'une entreprise, c'est un vrai plan de transformation. Cela nécessite d'adapter la culture de l'entreprise, ses pratiques managériales, ses formations ou encore l'évaluation des collaborateurs », souligne Vinciane Beauchene.

Un levier pour la modération salariale

Reste la question de la rémunération. Les salariés ne devraient pas nourrir trop d'espoirs. La possibilité pour l'entreprise d'élargir son bassin de recrutement, à deux ou trois heures des grandes métropoles, rend peu probable des hausses de salaires. Embaucher des gens dans des villes moyennes où les loyers sont moindres, aura des conséquences en matière de salaires versés.

« Le télétravail entraînera probablement une modération salariale », estime Jawad Lemniaï. Sans compter que « le travail à domicile aura des conséquences à terme sur les formes d'emploi, poursuit-il. En individualisant encore un peu plus le travail, ce sera un nouvel appel d'air pour le statut de micro entrepreneur ». Bref, le télétravail pourrait être un accélérateur d'une tendance déjà en place.

Quarante ans de PIB Courrier international jeudi 26 novembre 2020

La Chine, longtemps exclue du top 10 des plus grandes puissances économiques mondiales, en a désormais pris la tête. Classement des premières économies mondiales, de 1980 à 2021* PIB par pays (en parité de pouvoir d’achat et en milliards de dollars) Europe Amérique du Nord Amérique latine Asie * Projections du FMI.

Page 12: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

12

USA : Près de 26 millions d’Américains ont faim le 26/11/2020 Washington Post,

Selon des données fédérales, un adulte américain sur huit déclarait récemment ne pas avoir assez à manger. Pour le Washington Post, cette crise de la faim aux États-Unis semble pourtant “avoir échappé à l’attention générale”.

Du ciel, on voit des dizaines de voitures patientent devant le NRG Stadium, le stade de football américain de Houston, lors d’une collecte de repas de Thanksgiving organisée par la cité texane. L’image, qui date du 21 novembre et qui a été publiée par le Washington Post en une de son édition du 26 novembre, est à la fois saisissante et révélatrice. Il n’y a en effet jamais eu autant d’Américains souffrant de la faim depuis le début de la pandémie, assure le quotidien américain, qui a analysé les données fédérales sur la capacité des ménages à se nourrir suffisamment.

Le Washington Post considère même que la faim est actuellement un problème plus grave aux États-Unis “qu’à toute autre période depuis 1998”, année où les premières données ont été collectées.

Aux États-Unis, “le coronavirus est partout, et la faim aussi

D’après une enquête du Bureau du recensement réalisée entre fin octobre et début novembre, un Américain sur huit déclarait qu’il lui était parfois ou souvent arrivé de ne pas avoir assez à manger au cours de la semaine précédente. Ce qui représente “près de 26 millions d’adultes américains”, souligne le quotidien de la capitale. Si l’on ne prend en compte que les ménages avec enfants, un adulte américain sur six est touché par la faim.

Houston ravagé

Le phénomène n’a nulle part ailleurs été aussi fort que dans l’agglomération de Houston, où vivent 7 millions de personnes. Selon le Washington Post, la cité texane a été “ravagée” l’été dernier lorsque le coronavirus a “submergé les hôpitaux”, alors même que l’économie locale était affectée par la faiblesse des prix du pétrole.

Plus d’un adulte sur cinq à Houston a déclaré avoir souffert de la faim récemment. Si l’on ne prend en compte que les ménages avec enfants, la statistique s’élève à trois adultes sur dix. La faim y frappe les ménages hispaniques et noirs plus durement que les ménages blancs, précise le quotidien. Le 21 novembre, les voitures

faisaient en réalité la queue par milliers devant le NRG Stadium de Houston.

Dans un pays où des millions de ménages ont surmonté la pandémie “sans trop de difficultés”, cette crise de la faim semble pourtant “avoir échappé à l’attention générale”, déplore le Washington Post. La Bourse américaine a fortement chuté en mars avant de se redresser, ce qui a incité le gouvernement Trump à l’optimisme quant à la situation économique.

Mais la réalité, c’est que la majeure partie de l’aide fédérale apportée aux Américains dans le besoin a disparu depuis septembre. “Plus de 12 millions de travailleurs risquent de perdre leurs allocations-chômage avant la fin de l’année”, avertit le quotidien.

“Sans une aide soutenue au niveau fédéral, nous aurons du mal à suivre”, a déclaré au Washington Post Celia Cole, directrice générale de Fielding Texas, qui gère vingt et une banques alimentaires dans l’État. “Nous nous préparons au pire.”

Argentine : Le parlement argentin en faveur de la ratification de la C190. 23 novembre, 2020

IndustriALL Global Union

L’Argentine est en passe de devenir le troisième pays au monde, après l’Uruguay et les Fidji, à adopter la Convention 190 de l’OIT sur l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail, après que la Chambre des députés a approuvé un projet de loi pour sa ratification.

Ce projet de loi a été approuvé à une large majorité le 11 novembre. Pour que l’Argentine ratifie la Convention C190 et la recommandation qui lui est associée (n° 206), le gouvernement du Président Alberto Fernández doit déposer l’instrument officiel de ratification au siège de l’OIT à Genève, en Suisse.

Une fois que l’Argentine aura ratifié l’accord, elle devra adapter sa législation pour y inclure son contenu concernant la prévention et l’approche de la violence et du harcèlement au travail.

En Argentine, les syndicats ont joué un rôle important dans la promotion de l’approbation de ce projet de loi. Lors de la session de la Chambre des députés, la députée Vanese Siley, porte-parole du groupe fédéral des femmes syndicalistes de la CGT, a souligné le rôle du réseau intersyndical

Page 13: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

13

(composé de plus de 100 syndicats des trois centrales nationales) dans la campagne pour l’élimination de la violence sur le lieu de travail.

Après l’approbation de la C190 en juin 2019, les confédérations syndicales ont officiellement demandé au gouvernement de le ratifier. Les syndicats ont également sensibilisé au problème de la violence et du harcèlement sur le lieu de travail en Argentine et ont encouragé par tous les moyens la ratification de la convention.

Laura Carter, Secrétaire régionale adjointe d’IndustriALL, responsable pour l’égalité des sexes, le textile, l’électronique, l’énergie, les mines et l’acier, a indiqué :

”En ratifiant le C190, l’Argentine créera un environnement de travail plus digne et fera passer le message qu’il n’y a pas de place pour la violence sur le lieu de travail.

Il y a eu une augmentation de la violence domestique pendant la pandémie, ce qui, à l’instar de la Convention, met clairement en question l’idée que la violence au foyer n’aurait pas d’impact sur le monde du travail. Nous demandons à tous les affiliés de redoubler d’efforts pour obtenir la ratification de la C190.”

Inde : Plus de 250 millions de travailleurs se joignent à la grève nationale en Inde. 26

novembre, 2020 IndustriALL Global Union

Malgré la répression, une grève générale commune des travailleurs et des agriculteurs a entraîné la mise à l’arrêt de l’Inde. Plus de 250 millions de travailleurs et travailleuses ont participé à la grève du 26 novembre.

Les syndicats indiens ont condamné les arrestations de dirigeants ouvriers et agricoles dans tout le pays, alors qu’ils manifestaient ensemble dans le cadre de l’une des plus grandes grèves générales jamais organisées à l’échelle nationale. Les dirigeants des syndicats indiens ont claironné un appel au gouvernement pour qu’il abroge les codes du travail anti-ouvriers et les législations agricoles anti-paysannes, car une mobilisation massive des travailleurs industriels et agricoles ainsi que des paysans dans tout le pays y a bousculé le train-train habituel, aussi bien dans les zones rurales qu’urbaines.

Dans tout le pays, les salariés des secteurs public et privé ont participé à la grève. Un front uni de plus de 250 organisations d’agriculteurs, le All India Kisan Sangharsh Co-ordination Committee (AIKSCC), a apporté son soutien à la grève syndicale et les syndicats ont apporté leur soutien à la mobilisation des paysans “Chalo Delhi” (Aller à Delhi) les 26 et 27 novembre. Les agriculteurs protestent contre les récentes lois anti-paysannes qui retireraient le prix minimum de soutien du gouvernement pour les produits agricoles, ce qui aurait de graves conséquences sur les revenus et les moyens de subsistance des agriculteurs.

Les dirigeants syndicaux ont exprimé leur inquiétude quant au fait que, sous prétexte de Covid-19, le gouvernement a déclenché une vaste répression. La police a utilisé des moyens violents pour tenter d’arrêter les centaines de milliers d’ouvriers et de paysans qui se rendent à Delhi pour manifester pacifiquement dans la capitale les 26 et 27 novembre.

Sanjay Vadhavkar, Secrétaire général de la SMEFI et membre du Comité exécutif d’IndustriALL, a déclaré :

“Malgré les interventions rugueuses de la police dans tout le pays, les travailleurs ont participé avec enthousiasme à la grève. Les récentes modifications du droit du travail, notamment les nouveaux codes sur la sécurité sociale, les salaires et les relations sociales, doivent être annulées, car elles ne protègent pas les principes et les droits fondamentaux au travail.

Sur de nombreux aspects, elles vont à l’encontre des engagements pris par l’Inde dans les forums internationaux sur les droits de l’homme et les droits du travail. La mauvaise gestion de la Covid-19 et les politiques économiques antipopulaires ont poussé des millions de personnes dans la misère. Cette grève et l’action conjointe avec les agriculteurs enverront un message fort au gouvernement pour exiger des politiques axées sur les travailleurs et les personnes.”

Le Secrétaire général d’IndustriALL Valter Sanches, a déclaré :

“Nous condamnons les moyens violents utilisés pour mettre fin à une expression démocratique de désaccord. IndustriALL est solidaire du mouvement syndical indien et salue les efforts qu’il a déployés pour former une vaste alliance représentative avec les paysans et les travailleurs agricoles contre les politiques antipopulaires.

Page 14: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

14

Les revendications des syndicats indiens sont parfaitement fondées, en particulier dans la situation actuelle, caractérisée par un taux de chômage élevé et des pertes d’emplois, qui ont été aggravés par la pandémie qui ravage le monde et l’Inde en particulier. Le gouvernement devrait écouter les syndicats et mener un véritable dialogue pour résoudre les problèmes.”

Le Comité exécutif d’IndustriALL, qui s’est réuni en ligne le jeudi 19 novembre, a exprimé son soutien total et solidaire à la grève générale.

Charte commune des revendications des syndicats :

1. Versement direct en espèces de 7.500 roupies (101 dollars) à toutes les familles qui gagnent moins que le seuil d’imposition

2. Ration de 10kg (Riz) gratuite par personne et par mois pour tous ceux qui sont dans le besoin.

3. Extension de la loi nationale Mahatma Gandhi sur la garantie de l’emploi rural pour faire passer le nombre de jours de travail de 100 à 200 jours dans les zones rurales avec des salaires plus élevés et extension de ce programme aux zones urbaines

4. Retrait de toutes les modifications du code du travail et des lois anti-paysannes

5. Arrêt des privatisations des entreprises du secteur public, y compris celles du secteur financier. Arrêt du passage dans des mains privées des entreprises publiques de fabrication et de services du domaine des chemins de fer, des fournitures militaires, des infrastructures portuaires et autres domaines similaires.

6. Retrait de la circulaire draconienne de mise à la retraite anticipée forcée d’employés du gouvernement et du secteur public.

7. Pension pour tous, rétablissement du régime de pension antérieur et amélioration des dispositions du système de pension EPS 95.

La plate-forme syndicale commune comprend les centrales syndicales suivantes : INTUC, AITUC, HMS, CITU, AIUTUC, TUCC, SEWA, AICCTU, LPF et UTUC.

UE : Christine Lagarde s’engage à agir « avec détermination » pour contrer la deuxième vague de Covid-19. Euractiv 23.11.20

La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a déclaré que son institution allait agir « avec détermination » pour contrer la deuxième vague de Covid-19.

S’adressant à la commission parlementaire des affaires économiques et monétaires (ECON), Christine Lagarde a déclaré que la réponse européenne aux répercussions économiques du nouveau coronavirus « avait non seulement été impressionnante, mais aussi très efficace ».

Le « programme d’achat d’actifs d’urgence en cas de pandémie » établi par la BCE s’élevant à 1 350 milliards d’euros a joué un rôle essentiel dans les stratégies mises en place à l’échelle du bloc, notamment en garantissant la stabilité des marchés financiers malgré une augmentation fulgurante de la dette publique dans la zone euro.

« Nous avons pris des mesures rapidement et efficacement lorsque la première vague a déferlé sur la zone euro », a indiqué la cheffe de la BCE.

Tandis que l’euro zone est une nouvelle fois « frappée de plein fouet » par la deuxième vague et la réintroduction des règles de confinement, Mme Lagarde s’est engagée à « agir avec la même approche et détermination ».

La BCE a annoncé qu’elle renforcerait ses mesures de relance monétaire au cours de la prochaine réunion de son conseil des gouverneurs prévue en décembre.

Christine Lagarde a soutenu auprès des députés européens que le « programme d’achat d’actifs d’urgence en cas de pandémie » et l’« opération de refinancement à long terme ciblée » resteront les outils principaux utilisés par la BCE en raison de leur efficacité.

Page 15: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

15

Néanmoins, ces mécanismes monétaires, à eux seuls, ne sont pas suffisants : il est nécessaire de gonfler la demande, renforcer la confiance et améliorer le potentiel de croissance des économies du bloc. Pour ce faire, l’instrument de relance à l’échelle européenne, le « NextGenerationEU », doit devenir opérationnel sans attendre, a-t-elle fait savoir.

Une procédure qui risque d’être ralentie à la suite des vetos hongrois et polonais imposés au plan de relance pour l’Europe et au budget septennal de l’UE, en réponse au lien établi par Bruxelles entre le respect de l’État de droit et l’octroi de fonds européens.

Les fonds du bloc sont requis de toute urgence pour les pays les plus touchés par le SARS-CoV-2, comme l’Espagne ou l’Italie, où le niveau élevé de dette publique empêche le gouvernement de stimuler l’économie.

Mme Lagarde a en particulier souligné le rôle bénéfique des investissements publics dans la crise actuelle, au vu de leurs « effets à court terme sur la demande » qui profitent également aux États membres voisins.

En ces temps plus qu’incertains, les investissements publics renforcent aussi la confiance, ce qui contribue à mobiliser les investissements du secteur privé, a-t-elle renchéri.

Les gouvernements de la zone euro ont jusqu’à présent appliqué des mesures de relance budgétaire de plus de 4 % (environ 480 milliards d’euros) du PIB de la zone cette année, sans compter les mesures extraordinaires de liquidité approuvées pour soutenir le secteur privé.

Suède : ce modèle qui ne se ressemble plus. 23.11.20.AFP

Gestion individualiste du Covid, creusement des inégalités, montée des violences, scepticisme européen : le royaume scandinave ne ressemble plus au modèle social auquel on l'identifiait au XXe siècle. Si le pays renforce aujourd'hui ses restrictions pour lutter contre le coronavirus, la Suède a durant longtemps compté sur la responsabilité individuelle de ses habitants. Reportage à Stockholm, à rebours des clichés.

Royaume Uni : un plongeon du PIB jamais vu depuis 300 ans 26/11/2020

L’économie du pays devrait se contracter de 11,3 % cette année, une première depuis le Grand Hiver de 1709. La presse s’inquiète d’une période à venir de fort chômage et de faible croissance.

“L’urgence économique ne fait que commencer.” Les mots du ministre britannique des Finances lancés aux députés, mercredi 25 novembre, sont “déprimants”, souffle The Sun. Et pour cause : l’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’économie britannique est tout simplement “immense”, complète The Times. En 2020, le PIB britannique devrait se contracter de 11,3 %, une première depuis le Grand Hiver de 1709, explique le journal de Londres. “Il ne retrouvera pas son niveau de 2019 avant 2022, ce qui signifie que la crise nous aura coûté trois années de croissance.”

Devant le Parlement, Rishi Sunak “n’a rien fait pour édulcorer l’ampleur de la crise à laquelle nous faisons face”, constate The Guardian.

À court terme, le gouvernement entend “laisser la dette publique amortir le choc. Lorsque les entreprises sont paralysées, l’État n’a d’autre choix que de prendre la relève.” L’endettement du pays dépasse désormais la barre des 100 % du PIB, une première depuis 60 ans. Des dotations supplémentaires seront allouées aux collectivités locales et 55 milliards de livres vont également être réservés aux dépenses relatives à la pandémie pour l’année prochaine. En parallèle, le ministre des Finances compte réduire la voilure, précise le journal orienté à gauche.

Une erreur, juge le journal londonien. “Le gouvernement doit intervenir pour relancer l’économie plutôt que d’étouffer la demande. Les travailleurs du public auraient dépensé leurs revenus et consommé à l’heure où l’économie a plus que jamais besoin d’un coup de pouce.” Comme le résume The Sun, “les gains d’une décennie entière de politique d’austérité suivie depuis 2010 ont été effacés en dix mois”. Et ce n’est sûrement pas fini. Rishi Sunak n’a fait aucune mention du Brexit, remarque The Times, mais en cas d’absence d’accord commercial avec Bruxelles d’ici le 31 décembre, “la production économique britannique baisserait de 2 % l’an prochain”. “Avec le coronavirus et le Brexit, cette année 2020 marquera un tournant dans l’histoire, conclut The Guardian. Et les années à venir ne ressembleront en rien au monde d’avant.”

Page 16: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

16

Allemagne : Confinement pourquoi durcit-elle ses mesures, à l’inverse de la France

? 26 novembre 2020 AFP/le Parisien

Angela Merkel a annoncé mercredi un prolongement des restrictions pour faire face à la deuxième vague de la pandémie. Le pays vient tout juste d’atteindre son pic épidémique.

Quasiment au même moment, un assouplissement en France et un durcissement de l'autre côté du Rhin. Mercredi, au lendemain de l'allocution d'Emmanuel Macron dévoilant le calendrier du déconfinement progressif, Angela Merkel a annoncé que les mesures entrées en vigueur le 2 novembre en Allemagne le resteront jusqu'en janvier. L'arsenal sera aussi durci puisque la jauge dans les grands magasins passera à un client pour 20 m², contre un pour 10 m² jusque-là. « Nous devons encore faire des efforts », a martelé la chancelière allemande.

À l'inverse, en France, les premiers allègements entreront en vigueur ce samedi. Tous les commerces pourront rouvrir avec un client pour 8m² maximum, tandis que les lieux de cultes pourront accueillir jusqu'à 30 fidèles. En Angleterre, les magasins non essentiels vont aussi pouvoir rouvrir début décembre.

Un nombre de nouveaux cas stable depuis 20 jours

Ces différences entre pays voisins n'étonnent pas l'épidémiologiste Antoine Flahault, qui scrute quotidiennement la situation sanitaire dans de nombreux pays partout dans le monde. « L'Allemagne vient de casser sa courbe épidémique, mais ils n'en ont pas encore repris le contrôle complet », pointe-t-il. On le voit sur les graphiques des nouveaux cas et de la mortalité. Le pays recense environ 18 000 personnes positives toutes les 24 heures, un chiffre à peu près stable depuis une vingtaine de jours. Ce nombre « se situe encore à un niveau beaucoup trop élevé », a estimé Angela Merkel mercredi soir. Rapporté à la population, c'est quasiment autant qu'en France. A la grande différence que ce chiffre a été divisé par trois en deux semaines et demie de ce côté de la frontière grâce aux « efforts » des Français, a félicité le Premier ministre Jean Castex ce jeudi. « Le nombre de reproduction R [le nombre moyen de personnes qu'un individu infecté va contaminer, NDLR] est de 0,98 en Allemagne et de 0,61 en France, donc la courbe ne baisse pas encore Or, ils ne peuvent pas se permettre de rester trop longtemps à ce plateau et le plus vite pour en sortir sera le mieux », pointe Antoine Flahault. « Les chiffres sont encore trop hauts. Même si la hausse des infections a globalement freiné, il n'y a pas vraiment d'inversion de la courbe comme dans d'autres pays », souligne Thomas, un commercial qui vit à Düsseldorf.

« Depuis le début, une stratégie moins brutale »

Si on observe désormais la mortalité, le nombre de décès quotidiens continue d'augmenter en Allemagne (410 en 24 heures mercredi, soit 236 par jour en moyenne sur la semaine écoulée). En rapportant ce chiffre au nombre d'habitants, c'est trois fois moins qu'en France… où la courbe est déjà descendante depuis plusieurs jours. Ce qui n'est pas étonnant puisqu'il y a généralement un délai de trois à quatre semaines entre les contaminations et les décès.

« Depuis le début, l'Allemagne a adopté une stratégie moins brutale que ses voisins en termes de restrictions : les magasins n'ont jamais été fermés (à part les bars, restaurants, salles de sport) et le port du masque a été obligatoire plus tardivement que dans les autres pays. Peut-être que cela explique pourquoi les résultats sont moins satisfaisants qu'ailleurs, vu que le confinement a été moins sévère », note Thomas.

« On n'est pas vraiment confiné et certains s'autorisent des écarts par rapport à ce qui est demandé. Je pense que le gouvernement souhaite toujours tout laisser ouvert (sauf les restaurants, les bars, les cinémas, etc) mais en faisant en sorte de limiter le plus possible les contacts », complète Vincent, un autre trentenaire qui vit à Essen, dans le nord-ouest du pays.

Page 17: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

17

L'Allemagne veut interdire les sports d'hiver

En Allemagne, la décision est d'autant plus compliquée à prendre que chaque Land est, en théorie, compétent en matière de santé publique. Mercredi, la chancelière a donc dû longuement négocier (pendant plus de sept heures !) avec les dirigeants des régions du nord du pays, moins touchés actuellement, pour leur faire accepter des restrictions si sévères.

Elle a aussi déconseillé de partir en vacances à l'étranger et appelé à une coopération européenne pour interdire de se rendre aux sports d'hiver jusqu'au 10 janvier. « Je vais être honnête avec vous, ce ne sera probablement pas facile, mais nous allons essayer », a-t-elle reconnu dans le même temps, alors que la Suisse et l'Autriche voisines comptent autoriser l'accès à leurs pistes.

Reste que certaines libertés resteront permises en Allemagne par rapport à la France durant les premiers jours de décembre. Il n'y a, par exemple, aucune limite de distance ou de durée lorsque l'on sort de chez soi. De ce côté-ci du Rhin, ce sera limité à 20 km de son domicile et pendant trois heures à partir de samedi.

Crise sanitaire : la CGT et la CFDT mettent en garde contre la "colère" qui monte Boursier.com, le mardi 24 novembre 2020

"L'impact social et économique de cette crise sanitaire me fait très peur", a confié le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger...

Alors qu'Emmanuel Macron doit s'adresser aux Français ce mardi à 20h pour préciser les étapes d'une sortie progressive du reconfinement et fixer le cap dans la crise sanitaire, Laurent Berger (CFDT) et Philippe Martinez (CGT) ont tous deux mis en garde contre la "colère" qui monte dans le pays face à la situation économique et sociale.

"La colère elle est là. Elle est même très, très présente. Elle ne s'exprime pas forcément comme on le voit traditionnellement mais il y a des grèves, il y a des rassemblements, il y a des manifestations et c'est une bonne chose dans un pays démocratique", a expliqué le dirigeant de la CGT sur 'RMC'.

Philippe Martinez appelle le gouvernement à être "attentif" et évoque "des situations dramatiques". Il cite notamment "les jeunes, la précarité mais aussi tous ces salariés qui sont au chômage partiel".

Crainte d'un effet "cocotte-minute"

Sur 'France 2' ce mardi, son homologue de la CFDT estime de son côté qu'il faudra aussi "de la vision", craignant également que "la cocotte-minute" n'explose au vu de la situation. Il faut "redonner des perspectives", en particulier aux "jeunes, durement impactés", a-t-il insisté. "L'impact social et économique de cette crise sanitaire me fait très peur", a également confié le secrétaire général de la CFDT.

"Le sentiment général le plus répandu aujourd'hui, c'est la colère. Je crois que ce soir on a besoin pas seulement de dispositifs, on a besoin de vision, de savoir, y compris sur des domaines plus impalpables que la question économique, comment on va faire société demain", a affirmé Laurent Berger, soulignant que "les gens sont dans une situation de fatigue psychologique, de repli sur eux-mêmes".

Laurent Berger plaide pour "des mesures de soutien au pouvoir d'achat pour les ménages les plus modestes et notamment les jeunes", qui "grossissent les rangs des Restos du cœurs ou d'autres distributions alimentaires".

"Est-ce qu'on a besoin de cette attestation ?"

Page 18: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

18

D'autre part, le leader syndical s'est interrogé sur le bien-fondé de l'attestation de sortie obligatoire pour tout déplacement. "Est-ce qu'on a besoin de cette attestation ?", car "on est les seuls en Europe à l'utiliser", a-t-il demandé.

En attendant, le président de la République a réuni ce mardi un conseil de défense, avant de trancher les décisions qui seront annoncées ce soir. Lors d'une intervention devant le bureau exécutif de LREM lundi, le Premier ministre Jean Castex avait d'ores et déjà indiqué que les annonces ne permettront

qu'un "léger assouplissement au confinement"...

Système de retraites : pas de retour à l'équilibre avant 2045. AFP Le 24 novembre 2020

Les comptes de la Sécurité sociale devraient afficher un déficit de 35,7 milliards d'euros en 2021. Au rythme actuel de la croissance, plombée par la crise sanitaire, le retour à l’équilibre reste très hypothétique.

La fin des déficits s'éloigne encore pour le système de retraite, plombé par le Covid-19, avec un retour à l'équilibre financier projeté en 2045 dans le meilleur des cas, selon le rapport annuel du Conseil d'orientation des retraites. En l'espace de deux ans, la perspective d'une sortie des déficits est ainsi passée de 2036 à 2042, et désormais 2045.

Une sortie des déficits supposerait une improbable hausse de la productivité de 1,8% par an. Avec un taux - toujours très optimiste - de 1,5%, il faudrait attendre 2053. En deçà, le système « resterait durablement en besoin de financement », au moins jusqu'en 2070, conclut le rapport.

Ces projections dites « conventionnelles » n'ont toutefois pas valeur de prédiction : établies « à législation constante » et à partir d'hypothèses mouvantes (démographie, emploi, croissance...), elles sont en outre soumises cette année à de « forts aléas » à court terme, en raison de la crise sanitaire.

Une prévision qui n'intègre pas les effets de la deuxième vague

Le COR n'a pas pris en compte les effets de la deuxième vague épidémique et du reconfinement actuel. Sa prévision pour 2020, légèrement meilleure qu'en octobre, avec une perte globale ramenée de 25,4 à 23,4 milliards d'euros, est ainsi basée sur un déficit public équivalent à 10% du PIB.

Or, Bercy table à présent sur une récession de 11,3% du PIB. Le rapport précise qu'avec un recul de 11%, « le solde du système de retraite pourrait se dégrader de 1,6 milliard d'euros environ ». Dans ces circonstances, atteindre l'équilibre des comptes en 2030 supposerait des efforts considérables.

Dans tous les scénarios, par rapport à ce qui est déjà attendu, il faudrait soit baisser de 3 points la pension moyenne (rapportée au salaire moyen), soit augmenter de 2 points le taux de prélèvement, soit reporter d'un an l'âge moyen de départ, qui dépasserait alors 64 ans.

Ce rapport va dans le sens des chiffres annoncés par le gouvernement. Les comptes de la Sécurité sociale devraient en effet afficher un déficit de 35,7 milliards d'euros en 2021, soit 7,8 milliards de plus par rapport aux dernières prévisions, sur fond de crise provoquée par la pandémie de Covid-19, a indiqué lundi Olivier Dussopt.

Une dégradation de 7,8 milliards par rapport à la précédente prévision

« Le solde du régime général et du fonds de solidarité vieillesse devrait s'établir à 35,7 milliards d'euros de déficit en 2021, soit une dégradation de 7,8 milliards par rapport à la précédente prévision », a déclaré le ministre des Comptes publics à l'ouverture de l'examen en nouvelle lecture du projet de budget de la Sécu pour 2021 devant l'Assemblée.

Cette dégradation est imputable « à la contraction de la masse salariale dans le secteur privé » pour 6 milliards d'euros, et « dans une moindre mesure à la diminution des prévisions de recettes fiscales et des ajustements de la prévision de croissance pour 2021 », a-t-il ajouté.

Le gouvernement anticipe un rebond moins fort que prévu de l'économie en 2021, à +6% contre +8% auparavant, du fait notamment du maintien de protocoles sanitaires contraignants sur une partie de l'année prochaine. Olivier Dussopt a toutefois ajouté que la prévision de déficit pour 2020 - 49 milliard d'euros - « ne nous paraît pas remise en cause par les nouvelles hypothèses macro-économiques ».

Cette nouvelle lecture est organisée à la suite de l'échec des députés et sénateurs à se mettre d'accord sur un texte commun en commission mixte paritaire. Le Sénat procédera ensuite à une nouvelle lecture, avant que le dernier mot ne revienne à l'Assemblée nationale le 30 novembre prochain.

Page 19: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

19

Le Conseil d'orientation des retraites relativise les déficits à venir. 25 nov. 2020 Les

échos

Pour piloter le système de retraite, le COR considère qu'il vaut mieux regarder le poids des dépenses dans le PIB. Il devrait bondit à 15,2 % en 2020, mais il est appelé à baisser rapidement ensuite.

Près de 25 milliards d'euros. C'est le déficit du système de retraite attendu cette année par le Conseil d'orientation des retraites (COR), qui s'apprête à publier ce jeudi son rapport annuel sur les perspectives financières.

Selon ce document qu'ont pu lire « Les Echos », le besoin de financement en 2020 serait de 23,4 milliards d'euros (1,1 % du PIB) avec une chute de l'activité de 10 %. Mais ce rapport ne tient pas compte des effets économiques du deuxième confinement, qui ont conduit le gouvernement à dégrader sa prévision de récession à -11 %. Avec le reconfinement, le déficit du système de retraite s'alourdirait de 1,6 milliard.

En revanche, pour les années suivantes, les projections deviennent illisibles pour les non-initiés. En effet, les déséquilibres économiques créés par le choc épidémique sont majeurs : effondrement immédiat des recettes à cause de l'activité partielle et des moindres rentrées fiscales, baisse des pensions de retraite à moyen terme. Mais ils sont plus ou moins persistants selon la façon dont on comptabilise la contribution de l'Etat-employeur au financement du système de retraite.

Le rôle clef de la contribution de l'Etat

Si l'on fait l'hypothèse que son effort est constant, en pourcentage de PIB, autrement dit que le poids de ses contributions et subventions d'équilibre aux régimes déficitaires reste le même qu'en 2020, le besoin de financement du système de retraite ne se résorberait pas avant 2042-2043, avec une hypothèse de croissance de 1,3 % de la productivité. En 2025, ce besoin de financement ne dévierait pas de la prévision antérieure, à 0,3 point de PIB.

Si, dans une approche tout aussi théorique, on gelait le niveau de cotisation de l'Etat-employeur en pourcentage, le scénario serait nettement moins favorable. Rappelons que ces dernières années, le premier employeur de France n'a cessé d'augmenter sa contribution pour suivre le rythme d'augmentation des dépenses. Avec 1,3 % de croissance, l'équilibre serait de retour en 2050. En 2025, le solde serait négatif de 0,7 point de PIB, et en 2030 de 0,9 point (soit plus de 20 milliards d'euros) contre une prévision antérieure de 0,7.

Enfin, troisième hypothèse, l'Etat se contente d'équilibrer année après année les régimes déficitaires - de reboucher les trous, plutôt que de régler le problème à la racine. Il dépenserait moins. Mais il faudrait alors attendre une bonne décennie de plus, après 2060, pour que le système de retraite retrouve l'équilibre. En 2025 puis 2030, le besoin de financement s'élèverait à 0,6 puis 0,7 point de PIB, à chaque fois 0,1 point de PIB de plus que prévu.

Des dépenses de retraite « maîtrisées »

Au vu de ces « résultats contrastés qui dépendent de la convention retenue », le COR considère que ces projections sont inadaptées pour piloter le financement des retraites : « Seule l'approche par le ratio de dépenses de retraites dans le PIB permet une lecture économique de la situation financière des retraites », écrit-il. Ce ratio a bondi en 2020, à 15,2 % contre 13,6 % en 2019, car les pensions continuent à être versées normalement. Mais au cours des cinq prochaines années, le poids des retraites dans le PIB devrait se rapprocher de sa trajectoire antérieure : une baisse continue, sous l'effet de l'indexation des pensions sur les prix.

« Le fait que les dépenses de retraite soient à législation constante amenées à décroître à terme en pourcentage du PIB, et donc maîtrisées », « n'emporte aucune appréciation politique », conclut le

Page 20: Ce que les dirigeants des filières françaises de groupes

20

COR, et « selon les préférences politiques, il est parfaitement légitime de défendre que ces niveaux sont trop ou pas assez élevés ». En clair, certains voudraient repousser assez vite l'âge de la retraite, mais cela fera débat.

SANTE-SECURITE

VACCINS L'ultime bataille 26 /28novembre 2020 Challenge

Plus haletante que la meilleure des séries. La guerre pour dénicher un vaccin anti-Covid est

une incroyable saga, avec ses rebondissements scientifiques, son suspense, ses images chocs... et ses coups bas. Récit d'une guerre qui a mobilisé toutes les puissances, étatiques, philanthropiques et industrielles.

Un vaccin anti-Covid sous le sapin, pour la fin de l’année. Depuis quelques jours la planète ose y croire. Voilà des mois que des dizaines de laboratoires s’escriment pour décrocher la timbale. Depuis peu, la course s’emballe, avec plusieurs candidats sur la ligne d’arrivée. Le 9 novembre, Pfizer, numéro quatre mondial, annonçait un vaccin à base d’ARN messager (ARNm), technologie totalement inédite sur l'homme, conçu avec l’allemand BioNTech, et efficace à 95 %. Bien au-delà des espoirs des autorités sanitaires (50 %). Une semaine plus tard, Moderna, biotech challenger, pape de l’ARNm, lui emboîtait le pas avec son candidat hi-tech, doté d’un taux d’efficacité identique. Le 23, Astra Zeneca révélait le sien, un produit de facture classique, efficace à 70 %, mais moins cher à produire. Les demandes d’approbation déposés, ces acteurs espèrent démarrer les vaccinations dans quelques semaines. Dès décembre pour Pfizer et Moderna. "Il y a encore du chemin à faire, mais le monde s’équipe enfin des armes dont il a besoin pour vaincre la pandémie," salue Mélanie Savile, directrice de la R&D vaccin de la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (Cepi).

Enfin de la lumière dans un tunnel si noir ! La première bataille de gagnée dans contre une pandémie qui paralyse la planète : un virus, 60 millions de personnes touchées, 1,4 million de morts (à ce jour), des pays entiers confinés, et, in fine, une crise économique d'ampleur inconnue. En l’absence de traitement avéré, Jamais pari médical n’aura mobilisé autant de puissances industrielles et étatiques. Ou incarné un tel enjeu (géo)politique. Une nouvelle guerre froide, où et Américains tiennent le haut du pavé - quatre vaccins candidats chacun au finish -, quand l’Europe joue les Poulidor, et la Russie les intrus avec son Spoutnik V, proclamé vainqueur par Poutine avant même sa validation !

La fin justifie les moyens

Etats, industriels, philanthropes... Des dizaines de milliards ont été investis dans la recherche, en quelques mois. Avec, pour les grandes puissances, un enjeu géostratégique. Côté business, les biotechs ont été très réactives face au modèle des big pharmacies.

Des doutes sur l'efficacité du vaccin d'Astra Zeneca qui va faire l'objet d'une étude supplémentaire

L'Institut Pasteur, coffre-fort à virus que les Etats-Unis nous envient

Les Américains ont à plusieurs reprises tenté d'y récupérer des données sensibles.

Au printemps 2018, c'est une demande de coopération étrange que doit traiter le cabinet de Frédérique Vidal, la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (Mesri). Un laboratoire privé américain, subventionné pour partie par un organisme rattaché au Pentagone, souhaite travailler avec l'un des sept centres de l'Institut Pasteur en Afrique. La célèbre fondation tricolore, forte d'une collection de 20 000 souches bactériennes et de plus de 200 souches virales (fièvre jaune, Zika, rétrovirus… ), est l'un des plus grands, et plus anciens, coffres-forts mondiaux à virus.

Le domaine de recherche qui focalise l'attention des virologues transatlantiques porte sur une bactérie : Yersinia pestis, autrement dit la peste. Après plusieurs jours de réflexion, le Mesri décide de refuser. « Les Américains sont très offensifs, ils font du forcing pour récupérer le plus grand nombre de souches de virus afin de se protéger, d'élaborer des vaccins », confie une source étatique.