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-1- CENTRE DE RECHERCHES ET DE DIFFUSION JURIDIQUES JURISPRUDENCE DES FORMATIONS CONTENTIEUSES DU CONSEIL D’ÉTAT AVRIL 2014

CENTRE DE RECHERCHES ET DE DIFFUSION … · fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire du jugement déclarant la ... 01-04-01 –

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CENTRE DE RECHERCHES ET DE DIFFUSION JURIDIQUES

JURISPRUDENCE

DES FORMATIONS CONTENTIEUSES DU CONSEIL D’ÉTAT

AVRIL 2014

L’Essentiel Contrats administratifs. Le Conseil d’Etat élargit le champ du recours de pleine juridiction en contestation de validité du contrat ouvert aux tiers et abandonne concomitamment la jurisprudence Martin sur le recours en excès de pouvoir contre les actes détachables du contrat. CE, Assemblée, 4 avril 2014, Département de Tarn-et-Garonne, n° 358994, A. Limites d’âge. Le Conseil d’Etat juge que les dispositions législatives fixant à 57 ans la limite d'âge des contrôleurs aériens ne méconnaissent pas la directive 2000/78/CE du Conseil du 27 novembre 2000. CE, Assemblée, 4 avril 2014, Ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie c/ M. L… et autres, n° 362785, A. Domaine public. Le Conseil d’Etat juge que les pistes de ski alpin appartenant à une personne publique qui ont fait l’objet de l’autorisation d’aménagement prévue à l’article L. 473-1 du code de l’urbanisme relèvent du domaine public de cette collectivité. Il précise également que le sous-sol de la piste ne peut être lui-même regardé comme une dépendance domaniale que s’il comporte lui-même des aménagements ou des ouvrages qui, concourant à l'utilisation de la piste, en font un accessoire indissociable de celle-ci. CE, Section, 28 avril 2014, Commune de Val-d’Isère, n° 349420, A. Redevances pour service rendu. Le Conseil d’Etat juge que la déclaration d’illégalité d’une délibération fixant le montant d’une redevance pour service rendu habilite la collectivité publique à adopter une nouvelle délibération fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire du jugement déclarant la délibération illégale, le tarif devant être appliqué aux usagers ayant bénéficié du service et contesté, par la voie contentieuse, les montants de redevance mis à leur charge en raison de l'illégalité de la délibération. CE, Section, 28 avril 2014, Mme A… et autres, n° 357090, A. Libre circulation des capitaux. Le Conseil d’Etat juge que la soumission, par l’article 164 C du CGI, de la détention en France d'immeubles d'habitation à une imposition qui n'est due que par les personnes physiques non fiscalement domiciliées en France constitue une restriction à la libre circulation des capitaux qui n’entre pas dans le champ des dérogations autorisées par l’article 58 du traité instituant la Communauté européenne. CE, Plénière fiscale, 11 avril 2014, Ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'Etat c/ Mme L…, n° 332885, A. Conventions internationales et fiscalité. Le Conseil d’Etat abandonne l’interprétation des stipulations de l’article 7 de la convention fiscale franco-monégasque qu’il avait retenue dans sa décision R… du 2 novembre 2011 et juge désormais que les personnes qui, ayant constamment résidé à Monaco depuis leur naissance, n'y ont jamais transféré leur domicile, ne sont pas assujetties en France aux impositions que ces stipulations mentionnent. Par ailleurs, il juge que, compte tenu du champ personnel de la convention EDH, un requérant ne peut utilement, pour contester la conformité à cette convention d’une décision d'imposition prise par les autorités françaises en application des stipulations de l'article 7 de la convention fiscale franco-monégasque et de l’article 4 A du CGI, se prévaloir du traitement réservé aux personnes qui, résidant à Monaco et ne détenant pas la nationalité française, ne relèvent pas, en tant que telles, de la compétence fiscale de la France. CE, Plénière fiscale, 11 avril 2014, M. G…, n° 362237, A. Permis de stationnement. Le Conseil d’Etat précise, à l’occasion d’un litige relatif au domaine national de Chambord, l’articulation entre les pouvoirs de l’autorité responsable de la gestion du domaine et les pouvoirs du maire s’agissant de la délivrance des permis de stationnement. CE, 9 avril 2014, Domaine national de Chambord, n° 366483, A. Garanties du contribuable. Le Conseil d’Etat précise l’application de la jurisprudence de Section du 16 avril 2012, M. et Mme M…, n° 320912, p. 149, s’agissant de l’exigence de réponse de l’administration aux observations du contribuable. CE, 11 avril 2014, M. H…, n° 349719, A. Nationalité. Le Conseil d’Etat précise, dans un cas de conduite en état d’ivresse, le maniement de la notion de faits de nature à rendre indigne d'acquérir la nationalité française à raison du mariage. CE, 28 avril 2014, I…, n° 372679, A. Revenu de solidarité active. Le Conseil d’Etat juge que la notion de résidence stable et permanente en France, condition d’ouverture du droit au RSA, s’apprécie au moyen d’un faisceau d’indices. Il précise que des séjours d’une durée cumulée de plus de trois mois au cours de l’année ne font pas par eux-mêmes obstacle à ce que cette condition soit regardée comme remplie mais impliquent de limiter le versement de l’allocation aux seuls mois civils entiers de présence sur le territoire. CE, 30 avril 2014, Département de Loir-et-Cher, n° 357900, B.

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SOMMAIRE

01 – ACTES LEGISLATIFS ET ADMINISTRATIFS........................................................................ 11

01-01 – Différentes catégories d'actes.............................................................................................. 11

01-01-02 – Accords internationaux ............................................................................................................. 11

01-01-05 – Actes administratifs - notion ..................................................................................................... 12

01-04 – Validité des actes administratifs - violation directe de la règle de droit............................. 12

01-04-01 – Traités et droit dérivé ................................................................................................................ 12

01-08 – Application dans le temps.................................................................................................... 13

01-08-02 – Rétroactivité.............................................................................................................................. 13

04 – AIDE SOCIALE................................................................................................................... 15

04-02 – Différentes formes d'aide sociale......................................................................................... 15

135 – COLLECTIVITES TERRITORIALES .................................................................................. 17

135-01 – Dispositions générales....................................................................................................... 17

135-01-04 – Services publics locaux........................................................................................................... 17

135-02 – Commune ........................................................................................................................... 18

135-02-01 – Organisation de la commune................................................................................................... 18

135-02-03 – Attributions ............................................................................................................................. 19

135-02-04 – Finances communales ............................................................................................................. 20

14 – COMMERCE, INDUSTRIE, INTERVENTION ECONOMIQUE DE LA PUISSANCE PUBLIQUE .. 23

14-05 – Défense de la concurrence................................................................................................... 23

14-05-005 – Autorité de la concurrence ...................................................................................................... 23

14-06 – Organisation professionnelle des activités économiques .................................................... 23

14-06-01 – Chambres de commerce et d'industrie....................................................................................... 23

15 – COMMUNAUTES EUROPEENNES ET UNION EUROPEENNE................................................ 25

15-02 – Portée des règles du droit de l’Union européenne .............................................................. 25

15-02-01 – Droit primaire............................................................................................................................ 25

15-02-04 – Directives .................................................................................................................................. 26

15-05 – Règles applicables ............................................................................................................... 28

15-05-01 – Libertés de circulation............................................................................................................... 28

15-05-17 – Politique sociale ........................................................................................................................ 29

17 – COMPETENCE ................................................................................................................... 31

-5-

17-03 – Répartition des compétences entre les deux ordres de juridiction ...................................... 31

17-03-02 – Compétence déterminée par un critère jurisprudentiel.............................................................. 31

17-04 – Compétences concurrentes des deux ordres de juridiction ................................................. 32

17-04-02 – Contentieux de l'appréciation de la légalité............................................................................... 32

17-05 – Compétence à l'intérieur de la juridiction administrative................................................... 32

17-05-012 – Compétence en premier et dernier ressort des tribunaux administratifs.................................. 32

17-05-015 – Compétence d'appel des cours administratives d'appel........................................................... 32

19 – CONTRIBUTIONS ET TAXES .............................................................................................. 35

19-01 – Généralités........................................................................................................................... 35

19-01-01 – Textes fiscaux ........................................................................................................................... 35

19-01-03 – Règles générales d'établissement de l'impôt ............................................................................. 36

19-02 – Règles de procédure contentieuse spéciales ........................................................................ 38

19-02-01 – Questions communes ................................................................................................................ 38

19-02-04 – Requêtes d'appel ....................................................................................................................... 39

19-02-045 – Requêtes au Conseil d'Etat ...................................................................................................... 39

19-03 – Impositions locales ainsi que taxes assimilées et redevances ............................................. 40

19-03-01 – Questions communes ................................................................................................................ 40

19-04 – Impôts sur les revenus et bénéfices...................................................................................... 40

19-04-01 – Règles générales........................................................................................................................ 40

19-04-02 – Revenus et bénéfices imposables - règles particulières............................................................. 42

19-08 – Parafiscalité, redevances et taxes diverses.......................................................................... 43

19-08-02 – Redevances ............................................................................................................................... 43

24 – DOMAINE .......................................................................................................................... 45

24-01 – Domaine public.................................................................................................................... 45

24-01-01 – Consistance et délimitation ....................................................................................................... 45

24-01-02 – Régime ...................................................................................................................................... 46

26 – DROITS CIVILS ET INDIVIDUELS ....................................................................................... 47

26-01 – État des personnes ............................................................................................................... 47

26-01-01 – Nationalité................................................................................................................................. 47

26-055 – Convention européenne des droits de l'homme ................................................................. 47

26-07 – Protection des données à caractère personnel .................................................................... 48

26-07-05 – Droits des personnes concernées............................................................................................... 48

28 – ÉLECTIONS ET REFERENDUM........................................................................................... 49

28-06 – Élections professionnelles ................................................................................................... 49

-6-

28-06-01 – Élections aux chambres de commerce ...................................................................................... 49

36 – FONCTIONNAIRES ET AGENTS PUBLICS ........................................................................... 51

36-10 – Cessation de fonctions ......................................................................................................... 51

36-10-01 – Mise à la retraite pour ancienneté ; limites d'âge ...................................................................... 51

36-13 – Contentieux de la fonction publique .................................................................................... 53

36-13-01 – Contentieux de l'annulation....................................................................................................... 53

37 – JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES ET JUDICIAIRES ......................................................... 55

37-02 – Service public de la justice .................................................................................................. 55

37-02-02 – Fonctionnement......................................................................................................................... 55

37-05 – Exécution des jugements...................................................................................................... 55

37-05-01 – Concours de la force publique................................................................................................... 55

39 – MARCHES ET CONTRATS ADMINISTRATIFS ..................................................................... 57

39-02 – Formation des contrats et marchés ..................................................................................... 57

39-02-005 – Formalités de publicité et de mise en concurrence.................................................................. 57

39-08 – Règles de procédure contentieuse spéciales ........................................................................ 57

39-08-01 – Recevabilité .............................................................................................................................. 57

39-08-03 – Pouvoirs et obligations du juge................................................................................................. 60

44 – NATURE ET ENVIRONNEMENT.......................................................................................... 61

44-046 – Chasse................................................................................................................................ 61

44-046-04 – Associations communales et intercommunales de chasse agréées (ACCA) ........................... 61

48 – PENSIONS .......................................................................................................................... 63

48-01 – Pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre ................................................... 63

48-01-02 – Conditions d'octroi d'une pension ............................................................................................. 63

49 – POLICE.............................................................................................................................. 65

49-04 – Police générale .................................................................................................................... 65

49-04-01 – Circulation et stationnement ..................................................................................................... 65

49-05 – Polices spéciales.................................................................................................................. 65

49-05-02 – Police sanitaire (voir aussi : Santé publique) ............................................................................ 65

51 – POSTES ET COMMUNICATIONS ELECTRONIQUES ............................................................ 67

51-02 – Communications électroniques............................................................................................ 67

51-02-01 – Téléphone.................................................................................................................................. 67

54 – PROCEDURE...................................................................................................................... 69

-7-

54-01 – Introduction de l'instance .................................................................................................... 69

54-01-01 – Décisions pouvant ou non faire l'objet d'un recours.................................................................. 69

54-01-04 – Intérêt pour agir......................................................................................................................... 70

54-01-08 – Formes de la requête ................................................................................................................. 70

54-02 – Diverses sortes de recours................................................................................................... 70

54-02-01 – Recours pour excès de pouvoir ................................................................................................. 70

54-02-04 – Recours en appréciation de validité .......................................................................................... 71

54-04 – Instruction............................................................................................................................ 72

54-04-03 – Caractère contradictoire de la procédure................................................................................... 72

54-05 – Incidents............................................................................................................................... 72

54-05-05 – Non-lieu .................................................................................................................................... 72

54-06 – Jugements ............................................................................................................................ 73

54-06-01 – Règles générales de procédure.................................................................................................. 73

54-06-06 – Chose jugée............................................................................................................................... 73

54-07 – Pouvoirs et devoirs du juge ................................................................................................. 74

54-07-01 – Questions générales .................................................................................................................. 74

54-07-02 – Contrôle du juge de l'excès de pouvoir ..................................................................................... 74

54-08 – Voies de recours .................................................................................................................. 75

54-08-01 – Appel......................................................................................................................................... 75

54-08-02 – Cassation................................................................................................................................... 75

54-10 – Question prioritaire de constitutionnalité ........................................................................... 77

54-10-05 – Conditions de la transmission ou du renvoi de la question ....................................................... 77

56 – RADIO ET TELEVISION...................................................................................................... 79

56-01 – Conseil supérieur de l'audiovisuel....................................................................................... 79

56-04 – Services privés de radio et de télévision.............................................................................. 79

56-04-01 – Services de radio ....................................................................................................................... 79

56-04-03 – Services de télévision................................................................................................................ 80

60 – RESPONSABILITE DE LA PUISSANCE PUBLIQUE ............................................................... 81

60-01 – Faits susceptibles ou non d'ouvrir une action en responsabilité ......................................... 81

60-01-02 – Fondement de la responsabilité................................................................................................. 81

60-02 – Responsabilité en raison des différentes activités des services publics............................... 81

60-02-03 – Services de police ..................................................................................................................... 81

61 – SANTE PUBLIQUE.............................................................................................................. 83

61-01 – Protection générale de la santé publique ............................................................................ 83

61-01-01 – Police et réglementation sanitaire ............................................................................................. 83

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63 – SPORTS ET JEUX ............................................................................................................... 85

63-05 – Sports ................................................................................................................................... 85

63-05-01 – Fédérations sportives................................................................................................................. 85

65 – TRANSPORTS .................................................................................................................... 87

65-03 – Transports aériens ............................................................................................................... 87

65-03-04 – Aéroports .................................................................................................................................. 87

68 – URBANISME ET AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ............................................................ 91

68-001 – Règles générales d'utilisation du sol ................................................................................. 91

68-001-01 – Règles générales de l'urbanisme.............................................................................................. 91

68-01 – Plans d'aménagement et d'urbanisme.................................................................................. 91

68-01-01 – Plans d'occupation des sols (POS) et plans locaux d’urbanisme (PLU).................................... 91

68-02 – Procédures d'intervention foncière...................................................................................... 92

68-02-01 – Préemption et réserves foncières............................................................................................... 92

68-025 – Certificat d'urbanisme ....................................................................................................... 92

68-025-03 – Contenu................................................................................................................................... 92

68-03 – Permis de construire............................................................................................................ 93

68-03-02 – Procédure d'attribution .............................................................................................................. 93

68-03-025 – Nature de la décision............................................................................................................... 93

68-03-03 – Légalité interne du permis de construire................................................................................... 94

68-04 – Autorisations d'utilisation des sols diverses ........................................................................ 94

68-04-044 – Autorisations relatives aux équipements de ski ...................................................................... 94

68-04-045 – Régimes de déclaration préalable............................................................................................ 94

68-06 – Règles de procédure contentieuse spéciales ........................................................................ 95

68-06-04 – Pouvoirs du juge ....................................................................................................................... 95

68-06-05 – Effets des annulations ............................................................................................................... 95

71 – VOIRIE .............................................................................................................................. 97

71-02 – Régime juridique de la voirie .............................................................................................. 97

71-02-03 – Occupations privatives de la voie publique............................................................................... 97

01 – Actes législatifs et administratifs

01 – Actes législatifs et administratifs

01-01 – Différentes catégories d'actes

01-01-02 – Accords internationaux

Conclusions dirigées contre une décision administrative faisant application de stipulations inconditionnelles d'un traité ou accord international - Moyen tiré de l'incompatibilité de ces stipulations avec d'autres engagements internationaux de la France - 1) Principe - Moyen recevable et opérant, réserve faite des cas où serait en cause le droit de l'UE (1) - Conditions - Applicabilité de l'autre traité ou accord international à la situation dont le requérant se prévaut - 2) Application - a) Convention EDH - Portée - Personnes relevant de la juridiction des Etats parties - Conséquence - Article 14 - Interdiction des seules discriminations appliquées par un Etat partie entre les personnes relevant de sa juridiction - b) Conséquence - Conclusions dirigées contre une décision d'imposition prise par les autorités françaises en application des stipulations de l'article 7 de la convention fiscale franco-monégasque combinées avec l'article 4 A du CGI - Contestation par le contribuable, au regard de la convention EDH, de la discrimination dont il ferait l'objet par rapport au traitement réservé aux personnes qui, résidant à Monaco et ne détenant pas la nationalité française, ne relèvent pas, en tant que telles, de la compétence fiscale de la France - Moyen inopérant.

1) Si, en principe et sous réserve des cas où serait en cause l'ordre juridique intégré que constitue l'Union européenne (UE), un requérant peut utilement invoquer, à l'appui de conclusions dirigées contre une décision administrative qui fait application des stipulations inconditionnelles d'un traité ou d'un accord international, un moyen tiré de l'incompatibilité de ces stipulations avec celles d'un autre traité ou accord international, c'est à la condition, notamment, que ce dernier soit applicable à la situation dont le requérant se prévaut.

2) a) En vertu de l'article 1er de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (convention EDH), les Etats parties à cette convention ne garantissent le respect des droits et libertés reconnus par celle-ci qu'aux personnes relevant de leur juridiction. Par suite, sont seules prohibées par l'article 14 de cette convention les discriminations qu'un Etat partie institue ou maintient, dans l'exercice de sa juridiction, entre les personnes relevant de celle-ci.

b) Dès lors, pour contester devant le juge de l'impôt la conformité à cette convention des décisions d'imposition prises par les autorités françaises en application des stipulations de l'article 7 de la convention fiscale franco-monégasque, combinées aux dispositions de l'article 4 A du code général des impôts (CGI), le requérant ne peut utilement se prévaloir du traitement réservé aux personnes qui, résidant à Monaco et ne détenant pas la nationalité française, ne relevaient pas, en tant que telles, de la compétence fiscale de la France (M. G…, Plénière fiscale, 362237, 11 avril 2014, A, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Bereyziat, rapp., M. Crépey, rapp. publ.).

1. Cf. CE, Assemblée, 23 décembre 2011, K…, n° 303678, p. 623.

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01 – Actes législatifs et administratifs

01-01-05 – Actes administratifs - notion

01-01-05-01 – Actes à caractère administratif

01-01-05-01-01 – Actes présentant ce caractère

Fichier TAJ - Décisions en matière d'effacement ou de rectification prises par le procureur de la République ou par le magistrat désigné à cet effet (art. 230-8 et 230-9 du code de procédure pénale) (1).

Si les données nominatives figurant dans le fichier "traitement des antécédents judiciaires" (TAJ) portent sur des informations recueillies au cours d'enquêtes préliminaires ou de flagrance ou d'investigations exécutées sur commission rogatoire et concernant tout crime ou délit ainsi que certaines contraventions de cinquième classe, les décisions en matière d'effacement ou de rectification prises par le procureur de la République ou par le magistrat désigné à cet effet, qui ont pour objet la tenue à jour de ce fichier et sont détachables d'une procédure judiciaire, constituent non pas des mesures d'administration judiciaire, mais des actes de gestion administrative du fichier. Elles peuvent, par suite, faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif (Ligue des droits de l'homme, 10 / 9 SSR, 360759, 11 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme Lemesle, rapp., Mme Hedary, rapp. publ.).

1. Cf. CE, 17 juillet 2013, M. E…, n° 359417, à publier au Recueil.

01-04 – Validité des actes administratifs - violation directe de la règle de droit

01-04-01 – Traités et droit dérivé

Conclusions dirigées contre une décision administrative faisant application de stipulations inconditionnelles d'un traité ou accord international - Moyen tiré de l'incompatibilité de ces stipulations avec d'autres engagements internationaux de la France - 1) Principe - Moyen recevable et opérant, réserve faite des cas où serait en cause le droit de l'UE (1) - Conditions - Applicabilité de l'autre traité ou accord international à la situation dont le requérant se prévaut - 2) Application - a) Convention EDH - Portée - Personnes relevant de la juridiction des Etats parties - Conséquence - Article 14 - Interdiction des seules discriminations appliquées par un Etat partie entre les personnes relevant de sa juridiction - b) Conséquence - Conclusions dirigées contre une décision d'imposition prise par les autorités françaises en application des stipulations de l'article 7 de la convention fiscale franco-monégasque combinées avec l'article 4 A du CGI - Contestation par le contribuable, au regard de la convention EDH, de la discrimination dont il ferait l'objet par rapport au traitement réservé aux personnes qui, résidant à Monaco et ne détenant pas la nationalité française, ne relèvent pas, en tant que telles, de la compétence fiscale de la France - Moyen inopérant.

1) Si, en principe et sous réserve des cas où serait en cause l'ordre juridique intégré que constitue l'Union européenne (UE), un requérant peut utilement invoquer, à l'appui de conclusions dirigées contre une décision administrative qui fait application des stipulations inconditionnelles d'un traité ou d'un accord international, un moyen tiré de l'incompatibilité de ces stipulations avec celles d'un autre traité ou accord international, c'est à la condition, notamment, que ce dernier soit applicable à la situation dont le requérant se prévaut.

2) a) En vertu de l'article 1er de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (convention EDH), les Etats parties à cette convention ne garantissent le respect des droits et libertés reconnus par celle-ci qu'aux personnes relevant de leur juridiction. Par

-12-

01 – Actes législatifs et administratifs suite, sont seules prohibées par l'article 14 de cette convention les discriminations qu'un Etat partie institue ou maintient, dans l'exercice de sa juridiction, entre les personnes relevant de celle-ci.

b) Dès lors, pour contester devant le juge de l'impôt la conformité à cette convention des décisions d'imposition prises par les autorités françaises en application des stipulations de l'article 7 de la convention fiscale franco-monégasque, combinées aux dispositions de l'article 4 A du code général des impôts (CGI), le requérant ne peut utilement se prévaloir du traitement réservé aux personnes qui, résidant à Monaco et ne détenant pas la nationalité française, ne relevaient pas, en tant que telles, de la compétence fiscale de la France (M. G…, Plénière fiscale, 362237, 11 avril 2014, A, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Bereyziat, rapp., M. Crépey, rapp. publ.).

1. Cf. CE, Assemblée, 23 décembre 2011, K…, n° 303678, p. 623.

01-08 – Application dans le temps

01-08-02 – Rétroactivité

01-08-02-01 – Rétroactivité légale

Déclaration d'illégalité d'une délibération fixant le montant d'une redevance pour service rendu - Nouvelle délibération fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire de la déclaration d'illégalité, le tarif devant être appliqué aux usagers ayant contesté la redevance en raison de l'illégalité de la première délibération (1).

La déclaration d'illégalité d'une délibération fixant le montant d'une redevance pour service rendu n'a pour effet ni de faire disparaître rétroactivement cette délibération de l'ordonnancement juridique (2), ni de faire revivre la délibération précédemment applicable (3). Par suite, en raison d'une telle déclaration d'illégalité, aucun tarif n'est légalement applicable pour la période en cause aux prestations fournies aux usagers du service public qui avaient engagé une action tendant à la décharge ou à la réduction des redevances qui leur ont été réclamées et soulevé, dans ce cadre, l'exception d'illégalité de la délibération.

Eu égard à la nature et à l'objet des redevances pour service rendu, qui constituent la rémunération des prestations fournies aux usagers, la déclaration d'illégalité ne saurait avoir pour effet de décharger les usagers ayant ainsi contesté les montants de redevance mis à leur charge de toute obligation de payer une redevance en contrepartie du service dont ils ont effectivement bénéficié. Dès lors, la collectivité publique peut légalement, pour régulariser les situations nées de ces litiges, adopter une délibération fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire du jugement déclarant la délibération illégale, le tarif devant être appliqué, pour les périodes de consommation litigieuses, aux usagers ayant bénéficié du service et contesté, par la voie contentieuse, les montants de redevance mis à leur charge en raison de l'illégalité des délibérations fixant le montant de la redevance.

Une telle délibération n'a pas pour effet de valider les titres exécutoires émis sur le fondement de la délibération illégale (Mme A… et autres, Section, 357090, 28 avril 2014, A, M. Stirn, pdt., M. Odinet, rapp., Mme Nicolazo de Barmon, rapp. publ.).

1. Rappr., sur la possibilité de fixer rétroactivement un tarif en cas d'annulation contentieuse du tarif d'une redevance pour service rendu, CE, 19 mars 2010, Syndicat des compagnies aériennes autonomes et Fédération nationale de l'aviation marchande, n° 305047, T. p. 625 ; CE, 9 avril 2004, E…, n° 252888, inédite au Recueil. 2. Cf. CE, 27 mai 2002, SA Transolver Service, n° 227338, p. 176.

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01 – Actes législatifs et administratifs

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3. Cf. CE, Assemblée, 18 janvier 1980, B…, n° 14397, p. 29. Rappr., pour le principe selon lequel l'annulation du tarif d'une redevance ne fait pas rétroactivement revivre le tarif antérieur, CE, 9 avril 2004, E…, n° 252888, inédite au Recueil.

04 – Aide sociale

04 – Aide sociale

04-02 – Différentes formes d'aide sociale

RSA - Résidence stable et effective en France - 1) Condition d'ouverture du droit à l'allocation de RSA - Existence - Méthode d'appréciation - Recours à un faisceau d'indices - 2) Conséquences de séjours à l'étranger - a) Séjours de moins de trois mois dans l'année - Absence - b) Séjours de plus de trois mois - Condition de résidence stable et effective devant nécessairement être regardée comme non remplie - Absence - Versement de l'allocation pour les seuls mois civils entiers de présence - Existence.

1) Il résulte des articles L. 262-1 et R. 262-5 du code de l'action sociale et des familles que, pour bénéficier de l'allocation de revenu de solidarité active (RSA), une personne doit remplir la condition de ressources qu'elles mentionnent et résider en France de manière stable et effective. Pour apprécier si cette seconde condition est remplie, il y a lieu de tenir compte de son logement, de ses activités, ainsi que de toutes les circonstances particulières relatives à sa situation, parmi lesquelles le nombre, les motifs et la durée d'éventuels séjours à l'étranger et ses liens personnels et familiaux.

2) a) La personne qui remplit les conditions pour bénéficier de l'allocation de RSA a droit, lorsqu'elle accomplit hors de France un ou plusieurs séjours dont la durée de date à date ou la durée totale par année civile n'excède pas trois mois, au versement sans interruption de cette allocation.

b) En revanche, lorsque ses séjours à l'étranger excèdent cette durée de trois mois, le RSA ne lui est versé que pour les mois civils complets de présence en France (Département de Loir-et-Cher, 1 / 6 SSR, 357900, 30 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., M. Decout-Paolini, rapp., Mme Vialettes, rapp. publ.).

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135 – Collectivités territoriales

135 – Collectivités territoriales

135-01 – Dispositions générales

135-01-04 – Services publics locaux

Redevances pour service rendu - Déclaration d'illégalité de la délibération fixant le montant d'une redevance - Nouvelle délibération fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire de la déclaration d'illégalité, le tarif devant être appliqué aux usagers ayant contesté la redevance en raison de l'illégalité de la première délibération - Rétroactivité légale - 1) Existence (1) - 2) Portée - Validation des titres exécutoires émis sur le fondement de la délibération illégale - Absence.

La déclaration d'illégalité d'une délibération fixant le montant d'une redevance pour service rendu n'a pour effet ni de faire disparaître rétroactivement cette délibération de l'ordonnancement juridique (2), ni de faire revivre la délibération précédemment applicable (3). Par suite, en raison d'une telle déclaration d'illégalité, aucun tarif n'est légalement applicable pour la période en cause aux prestations fournies aux usagers du service public qui avaient engagé une action tendant à la décharge ou à la réduction des redevances qui leur ont été réclamées et soulevé, dans ce cadre, l'exception d'illégalité de la délibération.

1) Eu égard à la nature et à l'objet des redevances pour service rendu, qui constituent la rémunération des prestations fournies aux usagers, la déclaration d'illégalité ne saurait avoir pour effet de décharger les usagers ayant ainsi contesté les montants de redevance mis à leur charge de toute obligation de payer une redevance en contrepartie du service dont ils ont effectivement bénéficié. Dès lors, la collectivité publique peut légalement, pour régulariser les situations nées de ces litiges, adopter une délibération fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire du jugement déclarant la délibération illégale, le tarif devant être appliqué, pour les périodes de consommation litigieuses, aux usagers ayant bénéficié du service et contesté, par la voie contentieuse, les montants de redevance mis à leur charge en raison de l'illégalité des délibérations fixant le montant de la redevance.

2) Une telle délibération n'a pas pour effet de valider les titres exécutoires émis sur le fondement de la délibération illégale (Mme A… et autres, Section, 357090, 28 avril 2014, A, M. Stirn, pdt., M. Odinet, rapp., Mme Nicolazo de Barmon, rapp. publ.).

1. Rappr., sur la possibilité de fixer rétroactivement un tarif en cas d'annulation contentieuse du tarif d'une redevance pour service rendu, CE, 19 mars 2010, Syndicat des compagnies aériennes autonomes et Fédération nationale de l'aviation marchande, n° 305047, T. p. 625 ; CE, 9 avril 2004, E…, n° 252888, inédite au Recueil. 2. Cf. CE, 27 mai 2002, SA Transolver Service, n° 227338, p. 176. 3. Cf. CE, Assemblée, 18 janvier 1980, B…, n° 14397, p. 29. Rappr., pour le principe selon lequel l'annulation du tarif d'une redevance ne fait pas rétroactivement revivre le tarif antérieur, CE, 9 avril 2004, E…, n° 252888, inédite au Recueil.

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135 – Collectivités territoriales

135-02 – Commune

135-02-01 – Organisation de la commune

135-02-01-02 – Organes de la commune

135-02-01-02-02 – Maire et adjoints

135-02-01-02-02-03 – Pouvoirs du maire

Stationnement - 1) Autorité compétente pour délivrer un permis de stationnement (1) - Principe - Gestionnaire du domaine - Exception - Dispositions contraires - Inclusion - Dispositions des articles L. 2213-1 et L. 2213-6 du CGCT - Conséquences - Compétence du maire pour délivrer des permis de stationnement sur les voies de communication situées à l'intérieur de l'agglomération et sur les autres lieux publics visés à l'article L. 2213-6, dont font partie les places piétonnes ouvertes à la circulation du public et situées au sein de l'agglomération - 2) Espèce - Domaine national de Chambord - Compétence du maire pour délivrer des permis de stationnement sur les voies de ce domaine ouvertes à la circulation publique ainsi que sur les autres lieux publics qui en sont l'accessoire - Existence.

1) Si la délivrance d'un permis de stationnement incombe en principe au gestionnaire du domaine, c'est sous réserve de dispositions contraires. Il résulte des dispositions des articles L. 2213-1 et L. 2213-6 du code général des collectivités territoriales (CGCT) qu'en sa qualité d'autorité compétente en matière de police de la circulation sur les voies de communication situées à l'intérieur des agglomérations, le maire est seul compétent pour délivrer des permis de stationnement sur ces mêmes voies et sur les autres lieux publics visés à l'article L. 2213-6. Une place piétonne ouverte à la circulation du public et située au sein d'une agglomération est au nombre des dépendances domaniales visées à l'article L. 2213-6 du CGCT.

2) Les dispositions de l'article 230 de la loi n° 2005-157 du 23 février 2005 ont pour objet de coordonner, sur les voies du domaine national de Chambord ouvertes à la circulation publique, les pouvoirs de police respectifs du maire de la commune et du directeur général de l'établissement public. Si elles confèrent à ce dernier le pouvoir de police afférent à la gestion de ces voies en y incluant celui de la circulation, elles réservent au maire la police de la circulation sur les voies de communication situées à l'intérieur de l'agglomération, dans les conditions de droit commun de l'article L. 2213-1 du CGCT, auquel elles renvoient expressément et qui impliquent sa compétence pour délivrer, sur ces voies ainsi que sur les autres lieux publics qui en sont l'accessoire, des permis de stationnement en application de l'article L. 2213-6 du même code. Dès lors, en sa qualité d'autorité chargée de la police de la circulation, le maire est compétent pour y délivrer des permis de stationnement, alors même que ces voies font partie du domaine public de l'Etat, qu'elles ont été remises en dotation à l'établissement public et que celui-ci exerce les pouvoirs de police afférents à leur gestion (Domaine national de Chambord, 8 / 3 SSR, 366483, 9 avril 2014, A, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Vié, rapp., M. Bohnert, rapp. publ.).

1. Cf. CE, Section, 26 avril 1966, Société d'affichage Giraudy, n° 60127, p. 293 ; CE, 14 juin 1972, Sieur E…, n° 83682, p. 436 ; pour la compétence, sauf dispositions contraires, du gestionnaire non propriétaire du domaine pour délivrer les autorisations d'occupation du domaine, CE, 1er février 2012, SA RTE EDF Transport, n° 338665, T. pp. 745-779.

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135 – Collectivités territoriales

135-02-03 – Attributions

135-02-03-02 – Police

135-02-03-02-04 – Police de la circulation et du stationnement

135-02-03-02-04-02 – Réglementation du stationnement

135-02-03-02-04-02-04 – Permis de stationnement

1) Autorité compétente pour délivrer un permis de stationnement (1) - Principe - Gestionnaire du domaine - Exception - Dispositions contraires - Inclusion - Dispositions des articles L. 2213-1 et L. 2213-6 du CGCT - Conséquences - Compétence du maire pour délivrer des permis de stationnement sur les voies de communication situées à l'intérieur de l'agglomération et sur les autres lieux publics visés à l'article L. 2213-6, dont font partie les places piétonnes ouvertes à la circulation du public et situées au sein de l'agglomération - 2) Espèce - Domaine national de Chambord - Compétence du maire pour délivrer des permis de stationnement sur les voies de ce domaine ouvertes à la circulation publique ainsi que sur les autres lieux publics qui en sont l'accessoire - Existence.

1) Si la délivrance d'un permis de stationnement incombe en principe au gestionnaire du domaine, c'est sous réserve de dispositions contraires. Il résulte des dispositions des articles L. 2213-1 et L. 2213-6 du code général des collectivités territoriales (CGCT) qu'en sa qualité d'autorité compétente en matière de police de la circulation sur les voies de communication situées à l'intérieur des agglomérations, le maire est seul compétent pour délivrer des permis de stationnement sur ces mêmes voies et sur les autres lieux publics visés à l'article L. 2213-6. Une place piétonne ouverte à la circulation du public et située au sein d'une agglomération est au nombre des dépendances domaniales visées à l'article L. 2213-6 du CGCT.

2) Les dispositions de l'article 230 de la loi n° 2005-157 du 23 février 2005 ont pour objet de coordonner, sur les voies du domaine national de Chambord ouvertes à la circulation publique, les pouvoirs de police respectifs du maire de la commune et du directeur général de l'établissement public. Si elles confèrent à ce dernier le pouvoir de police afférent à la gestion de ces voies en y incluant celui de la circulation, elles réservent au maire la police de la circulation sur les voies de communication situées à l'intérieur de l'agglomération, dans les conditions de droit commun de l'article L. 2213-1 du CGCT, auquel elles renvoient expressément et qui impliquent sa compétence pour délivrer, sur ces voies ainsi que sur les autres lieux publics qui en sont l'accessoire, des permis de stationnement en application de l'article L. 2213-6 du même code. Dès lors, en sa qualité d'autorité chargée de la police de la circulation, le maire est compétent pour y délivrer des permis de stationnement, alors même que ces voies font partie du domaine public de l'Etat, qu'elles ont été remises en dotation à l'établissement public et que celui-ci exerce les pouvoirs de police afférents à leur gestion (Domaine national de Chambord, 8 / 3 SSR, 366483, 9 avril 2014, A, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Vié, rapp., M. Bohnert, rapp. publ.).

1. Cf. CE, Section, 26 avril 1966, Société d'affichage Giraudy, n° 60127, p. 293 ; CE, 14 juin 1972, Sieur E…, n° 83682, p. 436 ; pour la compétence, sauf dispositions contraires, du gestionnaire non propriétaire du domaine pour délivrer les autorisations d'occupation du domaine, CE, 1er février 2012, SA RTE EDF Transport, n° 338665, T. pp. 745-779.

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135 – Collectivités territoriales

135-02-03-03 – Services communaux

135-02-03-03-04 – Eau

Tarifs des services de l'eau - Déclaration d'illégalité de la délibération fixant le montant de la redevance pour service rendu - Nouvelle délibération fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire de la déclaration d'illégalité, le tarif devant être appliqué aux usagers ayant contesté la redevance en raison de l'illégalité de la première délibération - Rétroactivité légale - 1) Existence (1) - 2) Portée - Validation des titres exécutoires émis sur le fondement de la délibération illégale - Absence.

La déclaration d'illégalité d'une délibération fixant les tarifs des services de l'eau n'a pour effet ni de faire disparaître rétroactivement cette délibération de l'ordonnancement juridique (2), ni de faire revivre la délibération précédemment applicable (3). Par suite, en raison d'une telle déclaration d'illégalité, aucun tarif n'est légalement applicable pour la période en cause aux prestations fournies aux usagers du service public de distribution d'eau qui avaient engagé une action tendant à la décharge ou à la réduction des redevances qui leur ont été réclamées et soulevé, dans ce cadre, l'exception d'illégalité des délibérations fixant le tarif de l'eau.

Eu égard à la nature et à l'objet des redevances pour service rendu, qui constituent la rémunération des prestations fournies aux usagers, la déclaration d'illégalité ne saurait avoir pour effet de décharger les usagers ayant ainsi contesté les montants de redevance mis à leur charge de toute obligation de payer une redevance en contrepartie du service dont ils ont effectivement bénéficié. Dès lors, la collectivité publique peut légalement, pour régulariser les situations nées de ces litiges, adopter une délibération fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire du jugement déclarant la délibération illégale, le tarif de l'eau devant être appliqué, pour les périodes de consommation litigieuses, aux usagers ayant bénéficié du service et contesté, par la voie contentieuse, les montants de redevance mis à leur charge en raison de l'illégalité des délibérations fixant le tarif de l'eau (Mme A… et autres, Section, 357090, 28 avril 2014, A, M. Stirn, pdt., M. Odinet, rapp., Mme Nicolazo de Barmon, rapp. publ.).

1. Rappr., sur la possibilité de fixer rétroactivement un tarif en cas d'annulation contentieuse du tarif d'une redevance pour service rendu, CE, 19 mars 2010, Syndicat des compagnies aériennes autonomes et Fédération nationale de l'aviation marchande, n° 305047, T. p. 625 ; CE, 9 avril 2004, E…, n° 252888, inédite au Recueil. 2. Cf. CE, 27 mai 2002, SA Transolver Service, n° 227338, p. 176. 3. Cf. CE, Assemblée, 18 janvier 1980, B…, n° 14397, p. 29. Rappr., pour le principe selon lequel l'annulation du tarif d'une redevance ne fait pas rétroactivement revivre le tarif antérieur, CE, 9 avril 2004, E…, n° 252888, inédite au Recueil.

135-02-04 – Finances communales

135-02-04-03 – Recettes

135-02-04-03-05 – Redevances

Redevance pour service rendu - Déclaration d'illégalité de la délibération fixant le montant de la redevance - Nouvelle délibération fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire de la déclaration d'illégalité, le tarif devant être appliqué aux usagers ayant contesté la redevance en raison de l'illégalité de la première délibération - Rétroactivité légale - 1) Existence (1) - 2) Portée - Validation des titres exécutoires émis sur le fondement de la délibération illégale - Absence.

La déclaration d'illégalité d'une délibération fixant le montant d'une redevance pour service rendu n'a pour effet ni de faire disparaître rétroactivement cette délibération de l'ordonnancement juridique (2),

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135 – Collectivités territoriales

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ni de faire revivre la délibération précédemment applicable (3). Par suite, en raison d'une telle déclaration d'illégalité, aucun tarif n'est légalement applicable pour la période en cause aux prestations fournies aux usagers du service public qui avaient engagé une action tendant à la décharge ou à la réduction des redevances qui leur ont été réclamées et soulevé, dans ce cadre, l'exception d'illégalité de la délibération.

1) Eu égard à la nature et à l'objet des redevances pour service rendu, qui constituent la rémunération des prestations fournies aux usagers, la déclaration d'illégalité ne saurait avoir pour effet de décharger les usagers ayant ainsi contesté les montants de redevance mis à leur charge de toute obligation de payer une redevance en contrepartie du service dont ils ont effectivement bénéficié. Dès lors, la collectivité publique peut légalement, pour régulariser les situations nées de ces litiges, adopter une délibération fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire du jugement déclarant la délibération illégale, le tarif devant être appliqué, pour les périodes de consommation litigieuses, aux usagers ayant bénéficié du service et contesté, par la voie contentieuse, les montants de redevance mis à leur charge en raison de l'illégalité des délibérations fixant le montant de la redevance.

2) Une telle délibération n'a pas pour effet de valider les titres exécutoires émis sur le fondement de la délibération illégale (Mme A… et autres, Section, 357090, 28 avril 2014, A, M. Stirn, pdt., M. Odinet, rapp., Mme Nicolazo de Barmon, rapp. publ.).

1. Rappr., sur la possibilité de fixer rétroactivement un tarif en cas d'annulation contentieuse du tarif d'une redevance pour service rendu, CE, 19 mars 2010, Syndicat des compagnies aériennes autonomes et Fédération nationale de l'aviation marchande, n° 305047, T. p. 625 ; CE, 9 avril 2004, E…, n° 252888, inédite au Recueil. 2. Cf. CE, 27 mai 2002, SA Transolver Service, n° 227338, p. 176. 3. Cf. CE, Assemblée, 18 janvier 1980, B…, n° 14397, p. 29. Rappr., pour le principe selon lequel l'annulation du tarif d'une redevance ne fait pas rétroactivement revivre le tarif antérieur, CE, 9 avril 2004, E…, n° 252888, inédite au Recueil.

14 – Commerce, industrie, intervention économique de la puissance publique

14 – Commerce, industrie, intervention économique de la puissance publique

14-05 – Défense de la concurrence

14-05-005 – Autorité de la concurrence

Appréciations portées par l'Autorité de la concurrence sur le contrôle exercé par une entreprise autre que les parties notifiantes dans les motifs d'une décision d'autorisation de concentration - Décision susceptible de recours - Absence (1).

Les appréciations que l'Autorité de la concurrence porte, dans les motifs de la décision par laquelle elle statue sur la demande d'autorisation d'une opération de concentration, sur l'exercice, par des personnes physiques ou morales autres que les parties notifiantes, d'un contrôle sur ces mêmes parties afin, s'il y a lieu, de tenir compte, dans l'analyse des effets anticoncurrentiels de l'opération sur les marchés pertinents qu'elle a identifiés, de l'activité de l'ensemble des personnes concernées par l'opération, ne sont pas détachables du dispositif de cette décision, dont elles constituent le soutien. Elles ne sauraient être regardées comme constituant une décision distincte de la décision par laquelle l'Autorité de la concurrence a autorisé l'opération de concentration et qui serait susceptible de faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir (Association des centres distributeurs E. Leclerc, 3 / 8 SSR, 364192, 9 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., M. Pourreau, rapp., M. Daumas, rapp. publ.).

1. Cf. CE, 11 octobre 2012, Société Casino Guichard-Perrachon, n° 357193, p. 361 ; CE, 1er octobre 2012, Société ITM Entreprises et autres, n°s 346378 346444, p. 359.

Notification de l'opération de concentration (art. L. 430-3 du code de commerce) - Notification incomplète - Demande d'annulation de la "décision" de l'Autorité de refuser d'accuser réception de la notification - Accusé de réception de la notification par l'Autorité de la concurrence après réception des informations complémentaires demandées - Conséquence - Contestation privée d'objet - Existence.

La demande d'annulation de la "décision" de l'Autorité de la concurrence de refuser d'accuser réception de la notification d'une opération de concentration et de demander des informations complémentaires est privée d'objet lorsque, la notification ayant été complétée, l'Autorité de la concurrence en accuse ultérieurement réception (M. C… et Association des centres distributeurs Leclerc, 3 / 8 SSR, 365599, 9 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., M. Pourreau, rapp., M. Daumas, rapp. publ.).

14-06 – Organisation professionnelle des activités économiques

14-06-01 – Chambres de commerce et d'industrie

14-06-01-01 – Composition

Dispositions prévoyant le maintien en fonction des membres dont l'élection a été annulée jusqu'à l'intervention d'une décision juridictionnelle définitive et l'organisation d'un nouveau scrutin dans les

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14 – Commerce, industrie, intervention économique de la puissance publique

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deux mois à compter de cette décision (art. R. 713-28 et art. R. 713-29 du code de commerce) - Notion de décision définitive - Inclusion - Décision d'une juridiction statuant en dernier ressort encore susceptible de faire l'objet d'un pourvoi en cassation - Espèce.

Les articles R. 713-28 et R. 713-29 du code de commerce prévoient respectivement le maintien en fonction des membres d'une chambre de commerce et d'industrie (CCI) dont l'élection a été annulée jusqu'à ce qu'il ait été définitivement statué sur les réclamations ayant conduit à cette annulation et, dans les deux mois suivant cette décision juridictionnelle définitive, l'organisation d'un nouveau scrutin pour pourvoir les sièges vacants.

Au sens de ces dispositions, la décision d'une juridiction statuant en dernier ressort présente un caractère définitif alors même qu'elle peut encore faire l'objet ou qu'elle a fait l'objet d'un pourvoi en cassation. En l'espèce, l'annulation de l'élection d'un membre d'une CCI était devenue définitive à compter de l'arrêt par lequel la cour administrative d'appel a rejeté l'appel formé contre le jugement du tribunal administratif prononçant cette annulation et impliquait ainsi l'organisation de nouvelles élections pour pourvoir le siège devenu vacant (M. M… et M. Z…, 7 / 2 SSR, 368401, 11 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Chicot, rapp., M. Dacosta, rapp. publ.).

15 – Communautés européennes et Union européenne

15 – Communautés européennes et Union européenne

15-02 – Portée des règles du droit de l’Union européenne

15-02-01 – Droit primaire

Stipulations relatives à la libre circulation des capitaux - Imposition forfaitaire des personnes physiques non fiscalement domiciliées en France mais y détenant une habitation (art. 164 C du CGI) - 1) Mesure de nature à dissuader les non-résidents d'acquérir ou de détenir en France des immeubles d'habitation - Existence - 2) Stipulations de l'article 58 du TCE autorisant les Etats membres à appliquer les dispositions pertinentes de leur législation fiscale qui établissent une distinction entre les contribuables qui ne se trouvent pas dans la même situation au regard, notamment, de leur résidence - a) Condition - Différence de traitement ne constituant ni une discrimination arbitraire ni une restriction déguisée à la libre circulation des capitaux - Modalités d'appréciation - b) Espèce - Condition remplie - Absence, compte tenu de la comparabilité des situations des personnes physiques résidentes et non résidentes et du défaut de raison impérieuse d'intérêt général - 3) Conséquence - Ressortissant allemand résident de Monaco fondé à demander que soit écartée l'application de l'article 164 C du CGI au bien immobilier qu'il détient en France.

Les dispositions de l'article 164 C du code général des impôts (CGI) ont pour objet et pour effet de soumettre la détention en France d'immeubles d'habitation à une imposition qui n'est due que par les personnes n'ayant pas leur domicile fiscal en France, lorsque leurs revenus de source française sont inférieurs au seuil que définit cet article.

1) Une telle mesure est de nature à dissuader les non-résidents d'acquérir ou de détenir en France de tels immeubles.

2) a) Si les stipulations de l'article 58 du traité instituant la Communauté européenne (TCE) reconnaissent aux Etats membres le droit d'appliquer les dispositions pertinentes de leur législation fiscale qui établissent une distinction entre les contribuables qui ne se trouvent pas dans la même situation au regard, notamment, de leur résidence, ce droit est toutefois subordonné par ce même article à la condition qu'une telle distinction ne constitue ni un moyen de discrimination arbitraire, ni une restriction déguisée à la libre circulation des capitaux définie à l'article 56. Pour apprécier cette distinction, il y a lieu de comparer les situations respectives des personnes résidentes et non résidentes au regard de la seule disposition entravant la libre circulation des capitaux, quelles que soient par ailleurs leurs situations d'ensemble au regard des impositions dues en France, y compris les impositions dont les personnes résidentes sont seules redevables.

b) En l'espèce, la condition fixée à l'article 58 n'est pas respectée. En effet, d'une part, sont comparables, pour établir une imposition à raison de la détention d'un bien immobilier, les situations des personnes physiques résidentes et non résidentes. D'autre part, il n'est pas établi, y compris par les travaux préparatoires à l'adoption de l'article 7 de la loi n° 76-1234 du 29 décembre 1976 modifiant les règles de territorialité et les conditions d'imposition des Français de l'étranger ainsi que des autres personnes non domiciliées en France, dont est issue la mesure fiscale contestée, que la restriction ainsi imposée par cette dernière à la libre circulation des capitaux réponde à une raison impérieuse

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15 – Communautés européennes et Union européenne d'intérêt général. En particulier, le ministre ne saurait utilement faire valoir, pour établir l'existence d'une telle raison, l'objectif qui s'attacherait à ce que les personnes non résidentes soient soumises, comme les résidentes, à une imposition progressive de leurs revenus, dès lors que la mesure fiscale litigieuse vise des biens qui sont en principe insusceptibles de produire des revenus et qu'elle les soumet à une imposition calculée sur la base d'un revenu forfaitaire.

3) Par suite, le contribuable, ressortissant allemand résident de Monaco, est fondé à demander que soit écartée l'application des dispositions de l'article 164 C du CGI au bien immobilier qu'il détient en France (Ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'Etat c/ Mme L…, Plénière fiscale, 332885, 11 avril 2014, A, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Bereyziat, rapp., M. Crépey, rapp. publ.).

15-02-04 – Directives

Directive 2000/78/CE du 27 novembre 2000 - Faculté des Etats membres de prévoir des différences de traitement reposant sur un critère d'âge si elles sont nécessaires à la sécurité publique (art. 2 § 5) ou constituent une exigence professionnelle essentielle et déterminante (art. 4 § 1) - Compatibilité avec ces objectifs des dispositions législatives fixant à 57 ans la limite d'âge des contrôleurs aériens - 1) Différence de traitement en fonction de l'âge - Existence (1) - 2) Respect des conditions posées par la directive - a) Justification du principe même de la limite d'âge - Existence, compte tenu de la faculté ouverte aux Etats de prévoir une telle limite par la directive 2006/23/CE - b) Justification du champ de cette limite d'âge, applicable à l'ensemble des contrôleurs aériens indépendamment des fonctions auxquelles ils sont affectés - Existence, compte tenu de l'objectif de sécurité publique poursuivi - c) Nécessité et proportionnalité du niveau de l'âge limite - Existence, compte tenu des caractéristiques des fonctions et de la possibilité de reclassement dans un autre corps.

1) La limite d'âge des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, fixée à cinquante-sept ans, sans possibilité de report, par l'article 3 de la loi n° 89-1007 du 31 décembre 1989 relative au corps des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, dans sa rédaction antérieure à la loi n° 2010-1330 du 9 novembre 2010, dès lors qu'elle est inférieure au droit commun, constitue une différence de traitement selon l'âge affectant les conditions d'emploi et de travail au sens des dispositions des articles 1er et 2 de la directive 2000/78/CE du 27 novembre 2000.

2) a) Cette limite d'âge est justifiée dans son principe dès lors que la directive 2006/23/CE du 5 avril 2006 a offert aux Etats membres, dans le but d'assurer la sécurité de la circulation aérienne, la faculté, maintenue en vigueur, d'instaurer une différence de traitement selon l'âge pour les contrôleurs de la navigation aérienne exerçant des fonctions opérationnelles.

b) Il convient cependant de vérifier, d'une part, que la limite d'âge de 57 ans fixée par la loi du 31 décembre 1989 est justifiée en ce qu'elle concerne tous les membres du corps des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, indépendamment de leur affectation dans leurs différentes fonctions.

La sécurité aérienne dépend principalement du contrôle assuré par les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne. Dans le cadre du contrôle dit " en route ", dont ils ont la charge exclusive, les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne doivent assurer seuls la gestion du vol des avions croisant dans un même espace aérien à des altitudes, vitesses et trajectoires différentes et être capables de recomposer immédiatement le plan de vol des appareils en fonction des positions des uns et des autres. Dans le cadre des contrôles dits " d'approche " et " d'aérodrome " qu'ils effectuent, les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne doivent également assurer en toute sécurité l'approche des aérodromes et l'utilisation des pistes.

L'exercice par les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne de leurs différentes fonctions nécessite une attention constante aux informations données par leurs écrans radar et une capacité à

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15 – Communautés européennes et Union européenne prendre immédiatement les mesures nécessaires à la bonne gestion des situations qui se présentent à eux. Eu égard aux conséquences potentielles d'une erreur qu'ils commettraient, des exigences de réactivité appropriée particulièrement fortes s'imposent à eux. L'exercice par les contrôleurs de la navigation aérienne de leurs fonctions nécessite ainsi, compte tenu de la nature de leur travail sur écran, de la vigilance permanente exigée par les situations d'urgence auxquelles ils sont susceptibles d'être confrontés et des cycles de travail irréguliers de jour comme de nuit qui sont les leurs, des facultés d'attention, de concentration et de récupération dont la mobilisation particulièrement intense et constante s'accompagne d'une importante charge mentale. Ces facultés sont susceptibles d'être affectées par l'âge, dès lors que celui-ci peut amoindrir l'endurance, la vigilance et les performances au travail du contrôleur de la navigation aérienne.

Par ailleurs, si, dans leur mission de contrôle " en route ", ces agents travaillent par équipes de deux, chacun de leurs membres est chargé d'une tâche spécifique et complémentaire et ne peut, pour cette raison, relâcher son attention pendant toute la durée de son cycle de travail. Si treize pour cent des membres du corps des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne sont affectés à des fonctions dites " hors salle ", notamment sur des emplois ouverts à des fonctionnaires relevant d'autres corps, c'est-à-dire sans avoir à exercer une activité opérationnelle de contrôle de la navigation aérienne, ceux-ci doivent néanmoins conserver leur aptitude à ce contrôle et être à même, en fonction des besoins, de reprendre à tout moment une activité opérationnelle en salle de contrôle.

Ainsi, l'institution d'une règle générale permet d'éviter que soient encore en fonction des agents dont les aptitudes seraient amoindries par l'âge. D'ailleurs, les examens médicaux annuels, nécessaires à la délivrance des attestations médicales de classe 3 ne sont ni destinés, ni adaptés à l'évaluation de ces facultés et de la charge mentale qui y est associée.

L'institution d'une telle limite d'âge générale et dérogatoire par l'article 3 de la loi du 31 décembre 1989, répondant à l'objectif de garantir la sécurité aérienne, est, par suite, justifiée au regard des dispositions du paragraphe 5 de l'article 2 de la directive du 27 novembre 2000 et répond à une exigence professionnelle essentielle et déterminante pour atteindre cet objectif, au sens des dispositions du paragraphe 1 de l'article 4 de la même directive.

c) Il convient de vérifier, d'autre part, que le niveau de la limite d'âge retenu est compatible avec les exigences posées par la directive du 27 novembre 2000 et proportionné avec les motifs permettant d'instaurer une limite d'âge inférieure au droit commun.

S'il est vrai que les possibilités de reclassement offertes dans le corps des ingénieurs des études et de l'exploitation de l'aviation civile sont limitées, celles-ci doivent néanmoins être prises en considération dès lors qu'elles permettent aux ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne de poursuivre, sur leur demande et après examen professionnel, une activité au-delà de la limite d'âge qui leur est applicable. Ainsi, et alors même que, en application de l'article 38 de la loi du 9 novembre 2010 et dans le cadre du recul général de l'âge des départs à la retraite tenant compte des évolutions de l'espérance de vie et de l'état de santé et d'aptitude des populations, la limite d'âge des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne sera progressivement reculée pour les agents nés à compter du 1er juillet 1961, qui atteindront l'âge de 57 ans à compter du 1er juillet 2018, et sera définitivement portée à 59 ans pour les agents nés à compter du 1er janvier 1963, soit à compter du 1er janvier 2022, la limite d'âge de 57 ans pour les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, en vigueur à la date du litige, doit être regardée comme nécessaire et proportionnée au regard des dispositions du paragraphe 5 de l'article 2 et de celles du paragraphe 1 de l'article 4 de la directive du 27 novembre 2000 (Ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie c/ M. L…, Assemblée, 362785 et autres, 4 avril 2014, A, M. Sauvé, pdt., M. Dieu, rapp., M. Pellissier, rapp. publ.).

1. Cf. CJUE, 12 janvier 2010, Colin Wolf contre Stadt Frankfurt am Main, aff. C-229/08, Rec. p. I-00001.

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15 – Communautés européennes et Union européenne

15-05 – Règles applicables

15-05-01 – Libertés de circulation

15-05-01-03 – Libre circulation des capitaux

Imposition forfaitaire des personnes physiques non fiscalement domiciliées en France mais y détenant une habitation (art. 164 C du CGI) - 1) Mesure de nature à dissuader les non-résidents d'acquérir ou de détenir en France des immeubles d'habitation - Existence - 2) Stipulations de l'article 58 du TCE autorisant les Etats membres à appliquer les dispositions pertinentes de leur législation fiscale qui établissent une distinction entre les contribuables qui ne se trouvent pas dans la même situation au regard, notamment, de leur résidence - a) Condition - Différence de traitement ne constituant ni une discrimination arbitraire ni une restriction déguisée à la libre circulation des capitaux - Modalités d'appréciation - b) Espèce - Condition remplie - Absence, compte tenu de la comparabilité des situations des personnes physiques résidentes et non résidentes et du défaut de raison impérieuse d'intérêt général - 3) Conséquence - Ressortissant allemand résident de Monaco fondé à demander que soit écartée l'application de l'article 164 C du CGI au bien immobilier qu'il détient en France.

Les dispositions de l'article 164 C du code général des impôts (CGI) ont pour objet et pour effet de soumettre la détention en France d'immeubles d'habitation à une imposition qui n'est due que par les personnes n'ayant pas leur domicile fiscal en France, lorsque leurs revenus de source française sont inférieurs au seuil que définit cet article.

1) Une telle mesure est de nature à dissuader les non-résidents d'acquérir ou de détenir en France de tels immeubles.

2) a) Si les stipulations de l'article 58 du traité instituant la Communauté européenne (TCE) reconnaissent aux Etats membres le droit d'appliquer les dispositions pertinentes de leur législation fiscale qui établissent une distinction entre les contribuables qui ne se trouvent pas dans la même situation au regard, notamment, de leur résidence, ce droit est toutefois subordonné par ce même article à la condition qu'une telle distinction ne constitue ni un moyen de discrimination arbitraire, ni une restriction déguisée à la libre circulation des capitaux définie à l'article 56. Pour apprécier cette distinction, il y a lieu de comparer les situations respectives des personnes résidentes et non résidentes au regard de la seule disposition entravant la libre circulation des capitaux, quelles que soient par ailleurs leurs situations d'ensemble au regard des impositions dues en France, y compris les impositions dont les personnes résidentes sont seules redevables.

b) En l'espèce, la condition fixée à l'article 58 n'est pas respectée. En effet, d'une part, sont comparables, pour établir une imposition à raison de la détention d'un bien immobilier, les situations des personnes physiques résidentes et non résidentes. D'autre part, il n'est pas établi, y compris par les travaux préparatoires à l'adoption de l'article 7 de la loi n° 76-1234 du 29 décembre 1976 modifiant les règles de territorialité et les conditions d'imposition des Français de l'étranger ainsi que des autres personnes non domiciliées en France, dont est issue la mesure fiscale contestée, que la restriction ainsi imposée par cette dernière à la libre circulation des capitaux réponde à une raison impérieuse d'intérêt général. En particulier, le ministre ne saurait utilement faire valoir, pour établir l'existence d'une telle raison, l'objectif qui s'attacherait à ce que les personnes non résidentes soient soumises, comme les résidentes, à une imposition progressive de leurs revenus, dès lors que la mesure fiscale litigieuse vise des biens qui sont en principe insusceptibles de produire des revenus et qu'elle les soumet à une imposition calculée sur la base d'un revenu forfaitaire.

3) Par suite, le contribuable, ressortissant allemand résident de Monaco, est fondé à demander que soit écartée l'application des dispositions de l'article 164 C du CGI au bien immobilier qu'il détient en

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15 – Communautés européennes et Union européenne France (Ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'Etat c/ Mme L…, Plénière fiscale, 332885, 11 avril 2014, A, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Bereyziat, rapp., M. Crépey, rapp. publ.).

15-05-17 – Politique sociale

Directive 2000/78/CE du 27 novembre 2000 - Faculté des Etats membres de prévoir des différences de traitement reposant sur un critère d'âge si elles sont nécessaires à la sécurité publique (art. 2 § 5) ou constituent une exigence professionnelle essentielle et déterminante (art. 4 § 1) - Compatibilité avec ces objectifs des dispositions législatives fixant à 57 ans la limite d'âge des contrôleurs aériens - 1) Différence de traitement en fonction de l'âge - Existence (1) - 2) Respect des conditions posées par la directive - a) Justification du principe même de la limite d'âge - Existence, compte tenu de la faculté ouverte aux Etats de prévoir une telle limite par la directive 2006/23/CE - b) Justification du champ de cette limite d'âge, applicable à l'ensemble des contrôleurs aériens indépendamment des fonctions auxquelles ils sont affectés - Existence, compte tenu de l'objectif de sécurité publique poursuivi - c) Nécessité et proportionnalité du niveau de l'âge limite - Existence, compte tenu des caractéristiques des fonctions et de la possibilité de reclassement dans un autre corps.

1) La limite d'âge des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, fixée à cinquante-sept ans, sans possibilité de report, par l'article 3 de la loi n° 89-1007 du 31 décembre 1989 relative au corps des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, dans sa rédaction antérieure à la loi n° 2010-1330 du 9 novembre 2010, dès lors qu'elle est inférieure au droit commun, constitue une différence de traitement selon l'âge affectant les conditions d'emploi et de travail au sens des dispositions des articles 1er et 2 de la directive 2000/78/CE du 27 novembre 2000.

2) a) Cette limite d'âge est justifiée dans son principe dès lors que la directive 2006/23/CE du 5 avril 2006 a offert aux Etats membres, dans le but d'assurer la sécurité de la circulation aérienne, la faculté, maintenue en vigueur, d'instaurer une différence de traitement selon l'âge pour les contrôleurs de la navigation aérienne exerçant des fonctions opérationnelles.

b) Il convient cependant de vérifier, d'une part, que la limite d'âge de 57 ans fixée par la loi du 31 décembre 1989 est justifiée en ce qu'elle concerne tous les membres du corps des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, indépendamment de leur affectation dans leurs différentes fonctions.

La sécurité aérienne dépend principalement du contrôle assuré par les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne. Dans le cadre du contrôle dit " en route ", dont ils ont la charge exclusive, les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne doivent assurer seuls la gestion du vol des avions croisant dans un même espace aérien à des altitudes, vitesses et trajectoires différentes et être capables de recomposer immédiatement le plan de vol des appareils en fonction des positions des uns et des autres. Dans le cadre des contrôles dits " d'approche " et " d'aérodrome " qu'ils effectuent, les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne doivent également assurer en toute sécurité l'approche des aérodromes et l'utilisation des pistes.

L'exercice par les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne de leurs différentes fonctions nécessite une attention constante aux informations données par leurs écrans radar et une capacité à prendre immédiatement les mesures nécessaires à la bonne gestion des situations qui se présentent à eux. Eu égard aux conséquences potentielles d'une erreur qu'ils commettraient, des exigences de réactivité appropriée particulièrement fortes s'imposent à eux. L'exercice par les contrôleurs de la navigation aérienne de leurs fonctions nécessite ainsi, compte tenu de la nature de leur travail sur écran, de la vigilance permanente exigée par les situations d'urgence auxquelles ils sont susceptibles d'être confrontés et des cycles de travail irréguliers de jour comme de nuit qui sont les leurs, des facultés d'attention, de concentration et de récupération dont la mobilisation particulièrement intense et constante s'accompagne d'une importante charge mentale. Ces facultés sont susceptibles d'être

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15 – Communautés européennes et Union européenne

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affectées par l'âge, dès lors que celui-ci peut amoindrir l'endurance, la vigilance et les performances au travail du contrôleur de la navigation aérienne.

Par ailleurs, si, dans leur mission de contrôle " en route ", ces agents travaillent par équipes de deux, chacun de leurs membres est chargé d'une tâche spécifique et complémentaire et ne peut, pour cette raison, relâcher son attention pendant toute la durée de son cycle de travail. Si treize pour cent des membres du corps des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne sont affectés à des fonctions dites " hors salle ", notamment sur des emplois ouverts à des fonctionnaires relevant d'autres corps, c'est-à-dire sans avoir à exercer une activité opérationnelle de contrôle de la navigation aérienne, ceux-ci doivent néanmoins conserver leur aptitude à ce contrôle et être à même, en fonction des besoins, de reprendre à tout moment une activité opérationnelle en salle de contrôle.

Ainsi, l'institution d'une règle générale permet d'éviter que soient encore en fonction des agents dont les aptitudes seraient amoindries par l'âge. D'ailleurs, les examens médicaux annuels, nécessaires à la délivrance des attestations médicales de classe 3 ne sont ni destinés, ni adaptés à l'évaluation de ces facultés et de la charge mentale qui y est associée.

L'institution d'une telle limite d'âge générale et dérogatoire par l'article 3 de la loi du 31 décembre 1989, répondant à l'objectif de garantir la sécurité aérienne, est, par suite, justifiée au regard des dispositions du paragraphe 5 de l'article 2 de la directive du 27 novembre 2000 et répond à une exigence professionnelle essentielle et déterminante pour atteindre cet objectif, au sens des dispositions du paragraphe 1 de l'article 4 de la même directive.

c) Il convient de vérifier, d'autre part, que le niveau de la limite d'âge retenu est compatible avec les exigences posées par la directive du 27 novembre 2000 et proportionné avec les motifs permettant d'instaurer une limite d'âge inférieure au droit commun.

S'il est vrai que les possibilités de reclassement offertes dans le corps des ingénieurs des études et de l'exploitation de l'aviation civile sont limitées, celles-ci doivent néanmoins être prises en considération dès lors qu'elles permettent aux ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne de poursuivre, sur leur demande et après examen professionnel, une activité au-delà de la limite d'âge qui leur est applicable. Ainsi, et alors même que, en application de l'article 38 de la loi du 9 novembre 2010 et dans le cadre du recul général de l'âge des départs à la retraite tenant compte des évolutions de l'espérance de vie et de l'état de santé et d'aptitude des populations, la limite d'âge des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne sera progressivement reculée pour les agents nés à compter du 1er juillet 1961, qui atteindront l'âge de 57 ans à compter du 1er juillet 2018, et sera définitivement portée à 59 ans pour les agents nés à compter du 1er janvier 1963, soit à compter du 1er janvier 2022, la limite d'âge de 57 ans pour les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, en vigueur à la date du litige, doit être regardée comme nécessaire et proportionnée au regard des dispositions du paragraphe 5 de l'article 2 et de celles du paragraphe 1 de l'article 4 de la directive du 27 novembre 2000 (Ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie c/ M. L…, Assemblée, 362785 et autres, 4 avril 2014, A, M. Sauvé, pdt., M. Dieu, rapp., M. Pellissier, rapp. publ.).

1. Cf. CJUE, 12 janvier 2010, Colin Wolf contre Stadt Frankfurt am Main, aff. C-229/08, Rec. p. I-00001.

17 – Compétence

17 – Compétence

17-03 – Répartition des compétences entre les deux ordres de juridiction

Fiscalité - Ordre de juridiction compétent pour connaître d'une action en décharge de l'obligation de payer procédant d'un acte de recouvrement (1) - Compétence pour connaître également de l'action en responsabilité résultant du caractère éventuellement fautif de cet acte - Existence - Conséquences.

L'ordre de juridiction compétent, en application des dispositions de l'article L. 281 du livre des procédures fiscales (LPF), pour connaître d'une action en décharge de l'obligation de payer procédant d'un acte de recouvrement l'est également pour connaître de l'action en responsabilité résultant du caractère éventuellement fautif de cet acte. La responsabilité résultant de fautes commises dans l'engagement du recouvrement forcé d'un impôt relève, ainsi, de la compétence du juge administratif lorsque celui-ci est le juge de l'impôt en cause.

Par suite, lorsqu'une action en responsabilité est engagée du fait de fautes qu'aurait, le cas échéant, commises le service en décidant de procéder à la prise d'hypothèques provisoires et à des saisies conservatoires de loyers et que le grief invoqué porte non sur le choix de recourir à l'un ou l'autre de ces actes de poursuite ou sur leur régularité mais sur la décision d'engager le recouvrement forcé d'une imposition, cette action relève de la compétence du juge de cet impôt en vertu des dispositions de l'article L. 281 du LPF. En l'espèce, l'imposition concernée étant l'impôt sur le revenu, compétence du juge administratif (Société Patrichasles, 9 / 10 SSR, 352593, 11 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Japiot, rapp., M. Aladjidi, rapp. publ.).

1. Cf. TC, 23 novembre 1998, SARL Ofir c/ Trésorier-payeur général du Val-de-Marne, n° 3106, p. 548.

17-03-02 – Compétence déterminée par un critère jurisprudentiel

17-03-02-005 – Actes

17-03-02-005-01 – Actes administratifs

Fichier TAJ - Décisions en matière d'effacement ou de rectification prises par le procureur de la République ou par le magistrat désigné à cet effet (art. 230-8 et 230-9 du code de procédure pénale) - Nature - Mesures d'administration judiciaire - Absence - Actes de gestion administrative du fichier - Existence - Conséquence - Décisions susceptibles de recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif (1).

Si les données nominatives figurant dans le fichier "traitement des antécédents judiciaires" (TAJ) portent sur des informations recueillies au cours d'enquêtes préliminaires ou de flagrance ou d'investigations exécutées sur commission rogatoire et concernant tout crime ou délit ainsi que certaines contraventions de cinquième classe, les décisions en matière d'effacement ou de rectification prises par le procureur de la République ou par le magistrat désigné à cet effet, qui ont pour objet la tenue à jour de ce fichier et sont détachables d'une procédure judiciaire, constituent non pas des mesures d'administration judiciaire, mais des actes de gestion administrative du fichier. Elles peuvent, par suite, faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif (Ligue

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17 – Compétence des droits de l'homme, 10 / 9 SSR, 360759, 11 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme Lemesle, rapp., Mme Hedary, rapp. publ.).

1. Cf. CE, 17 juillet 2013, M. E…, n° 359417, à publier au Recueil.

17-04 – Compétences concurrentes des deux ordres de juridiction

17-04-02 – Contentieux de l'appréciation de la légalité

Question de la validité d'un contrat administratif - Juge administratif saisi sur renvoi compétent pour se prononcer sur les éventuelles irrégularités dont le contrat est entaché - Existence - Juge judicaire seul compétent pour tirer les conséquences des irrégularités relevées - Existence (1).

Il appartient au juge administratif du contrat d'apprécier, eu égard notamment à la nature et à la gravité de l'irrégularité qui entache un contrat administratif, en cas de recours contestant la validité de ce contrat, s'il doit l'annuler ou prononcer toute autre mesure, ou, en cas de litige relatif à l'exécution de ce contrat, s'il doit l'écarter ou en faire application pour régler le litige. Il n'appartient en revanche qu'au seul juge judiciaire d'apprécier, dans le litige dont il est saisi, les conséquences qu'il entend le cas échéant tirer de l'irrégularité dont le juge administratif, saisi d'une demande en appréciation de validité, a déclaré qu'était entaché un contrat administratif (Commune de Saint-Denis, 1 / 6 SSR, 359719, 11 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., M. Decout-Paolini, rapp., Mme Vialettes, rapp. publ.).

1. Cf. CE, 19 janvier 2011, M. A…, n° 337870, p. 6 (fiché sur un autre point).

17-05 – Compétence à l'intérieur de la juridiction administrative

17-05-012 – Compétence en premier et dernier ressort des tribunaux administratifs

Litiges relatifs au déroulement de la carrière des fonctionnaires et agents publics - Inclusion - Requête par laquelle un fonctionnaire, qui a conservé la qualité d'agent titulaire de l'Etat, demande l'annulation de la décision le licenciant de ses fonctions dans les services d'une collectivité territoriale.

La requête par laquelle un fonctionnaire, qui a conservé la qualité d'agent titulaire de l'Etat, demande au tribunal administratif l'annulation de la décision le licenciant des fonctions qu'il occupait dans les services d'une collectivité territoriale, soulève un litige relatif au déroulement de sa carrière, étranger à l'entrée au service, à la discipline ou à la sortie du service. Par suite, compétence en premier et dernier ressort du tribunal administratif (Département des Alpes Maritimes, 2 / 7 SSR, 365052, 28 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme de Margerie, rapp., Mme Bourgeois-Machureau, rapp. publ.).

17-05-015 – Compétence d'appel des cours administratives d'appel

Litiges relatifs à l'entrée au service, à la discipline ou à la sortie du service - Exclusion - Requête par laquelle un fonctionnaire, qui a conservé la qualité d'agent titulaire de l'Etat, demande l'annulation de la décision le licenciant de ses fonctions dans les services d'une collectivité territoriale.

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17 – Compétence

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La requête par laquelle un fonctionnaire, qui a conservé la qualité d'agent titulaire de l'Etat, demande au tribunal administratif l'annulation de la décision le licenciant des fonctions qu'il occupait dans les services d'une collectivité territoriale, soulève un litige relatif au déroulement de sa carrière, étranger à l'entrée au service, à la discipline ou à la sortie du service. Par suite, compétence en premier et dernier ressort du tribunal administratif (Département des Alpes Maritimes, 2 / 7 SSR, 365052, 28 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme de Margerie, rapp., Mme Bourgeois-Machureau, rapp. publ.).

19 – Contributions et taxes

19 – Contributions et taxes

19-01 – Généralités

19-01-01 – Textes fiscaux

19-01-01-05 – Conventions internationales

1) Office du juge - Conclusions dirigées contre une décision administrative faisant application de stipulations inconditionnelles d'un traité ou accord international - Moyen tiré de l'incompatibilité de ces stipulations avec d'autres engagements internationaux de la France - a) Principe - Moyen recevable et opérant, réserve faite des cas où serait en cause le droit de l'UE (1) - Conditions - Applicabilité de l'autre traité ou accord international à la situation dont le requérant se prévaut - b) Application - i) Convention EDH - Portée - Personnes relevant de la juridiction des Etats parties - Conséquence - Article 14 - Interdiction des seules discriminations appliquées par un Etat partie entre les personnes relevant de sa juridiction - ii) Conséquence - Conclusions dirigées contre une décision d'imposition prise par les autorités françaises en application des stipulations de l'article 7 de la convention fiscale franco-monégasque combinées avec l'article 4 A du CGI - Contestation par le contribuable, au regard de la convention EDH, de la discrimination dont il ferait l'objet par rapport au traitement réservé aux personnes qui, résidant à Monaco et ne détenant pas la nationalité française, ne relèvent pas, en tant que telles, de la compétence fiscale de la France - Moyen inopérant - 2) Convention franco-monégasque - Article 7 - Portée - Imposition à l'impôt sur le revenu des personnes physiques qui, soit ont transféré à Monaco leur domicile ou leur résidence après le 13 octobre 1962, soit l'ont fait auparavant mais sans pouvoir justifier, à cette même date, de cinq ans de résidence habituelle à Monaco - Conséquence - Personnes qui, ayant constamment résidé à Monaco depuis leur naissance, n'y ont jamais transféré leur domicile - Exclusion (2).

1) a) Si, en principe et sous réserve des cas où serait en cause l'ordre juridique intégré que constitue l'Union européenne (UE), un requérant peut utilement invoquer, à l'appui de conclusions dirigées contre une décision administrative qui fait application des stipulations inconditionnelles d'un traité ou d'un accord international, un moyen tiré de l'incompatibilité de ces stipulations avec celles d'un autre traité ou accord international, c'est à la condition, notamment, que ce dernier soit applicable à la situation dont le requérant se prévaut.

b) i) En vertu de l'article 1er de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (convention EDH), les Etats parties à cette convention ne garantissent le respect des droits et libertés reconnus par celle-ci qu'aux personnes relevant de leur juridiction. Par suite, sont seules prohibées par l'article 14 de cette convention les discriminations qu'un Etat partie institue ou maintient, dans l'exercice de sa juridiction, entre les personnes relevant de celle-ci.

ii) Dès lors, pour contester devant le juge de l'impôt la conformité à cette convention des décisions d'imposition prises par les autorités françaises en application des stipulations de l'article 7 de la convention fiscale franco-monégasque, combinées aux dispositions de l'article 4 A du code général des impôts (CGI), le requérant ne peut utilement se prévaloir du traitement réservé aux personnes qui, résidant à Monaco et ne détenant pas la nationalité française, ne relevaient pas, en tant que telles, de la compétence fiscale de la France.

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19 – Contributions et taxes 2) Aux termes du premier alinéa du 1 de l'article 7 de la convention fiscale conclue le 18 mai 1963 entre la République française et la Principauté de Monaco : " Les personnes physiques de nationalité française qui transporteront à Monaco leur domicile ou leur résidence - ou qui ne peuvent pas justifier de cinq ans de résidence habituelle à Monaco à la date du 13 octobre 1962 - seront assujetties en France à l'impôt sur le revenu des personnes physiques et à la taxe complémentaire dans les mêmes conditions que si elles avaient leur domicile ou leur résidence en France. "

Ces stipulations doivent être interprétées conformément au sens ordinaire à attribuer à leurs termes, dans leur contexte et à la lumière de leur objet et de leur but. Ainsi, la portée de la seconde condition posée par ce texte ne peut être envisagée indépendamment de la première, qui exprime l'intention des parties à la convention de lutter contre l'évasion fiscale. Il en résulte que sont seules au nombre des personnes de nationalité française assujetties en France aux impositions que ces stipulations mentionnent, dans les mêmes conditions que si elles avaient leur domicile ou leur résidence en France, les personnes qui soit ont transféré à Monaco leur domicile ou leur résidence après le 13 octobre 1962, soit l'ont fait auparavant mais sans pouvoir justifier, à cette même date, de cinq ans de résidence habituelle à Monaco. Par suite, en sont notamment exclues les personnes qui, y ayant constamment résidé depuis leur naissance, n'y ont jamais transféré leur domicile (M. G…, Plénière fiscale, 362237, 11 avril 2014, A, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Bereyziat, rapp., M. Crépey, rapp. publ.).

1. Cf. CE, Assemblée, 23 décembre 2011, K…, n° 303678, p. 623. 2. Ab. jur. CE, 2 novembre 2011, R…, n° 340438, T. pp. 860-890 ; CE, 1er février 2012, Mme A… et autres, n° 340866 et autres, T. pp. 675-707.

Convention fiscale franco-allemande du 21 juillet 1959 - Portée - Possibilité reconnue aux Etats parties d'apprécier le caractère normal de la rémunération d'un prêt consenti par une entreprise à une succursale, sans pouvoir remettre en cause le choix opéré par la première de financer l'activité de la seconde par l'octroi d'un prêt, de préférence à un apport de fonds propres (1).

Les stipulations du 1 de l'article 4 de la convention fiscale franco-allemande du 21 juillet 1959 doivent s'entendre comme autorisant l'Etat de la succursale à attribuer à cette dernière les bénéfices que l'intéressée aurait réalisés si, au lieu de traiter avec le reste de l'entreprise, elle avait traité avec des entreprises distinctes aux conditions et aux prix du marché ordinaire. En revanche, ces stipulations n'ont pas pour objet ni, par suite, pour effet de permettre à cet Etat d'attribuer à la succursale les bénéfices qui seraient résultés de l'apport à l'intéressée de fonds propres d'un montant différent de celui qui, inscrit dans les écritures comptables produites par le contribuable, retrace fidèlement les prélèvements et apports réalisés entre les différentes entités de l'entreprise. En particulier, l'administration fiscale ne saurait substituer à ce dernier montant les fonds propres dont la succursale aurait dû être dotée, en vertu de la réglementation applicable ou au regard, notamment, de l'encours des risques auxquels elle est exposée, si elle avait joui de la personnalité morale (Ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'Etat c/ Société Bayerrische Hypo und Vereinsbank, 10 / 9 SSR, 344990, 11 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Bereyziat, rapp., Mme Hedary, rapp. publ.).

1. Rappr., pour une filiale, CE, Section, 30 décembre 2003, S.A. Andritz, n° 233894, p. 527.

19-01-03 – Règles générales d'établissement de l'impôt

19-01-03-01 – Contrôle fiscal

19-01-03-01-01 – Droit de communication

Droit de communication à l'égard des entreprises commerciales (art. L. 85 du LPF) - Documents concernés - Documents comptables et financiers, mais aussi documents de toute nature pouvant justifier le montant des recettes et dépenses (1).

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19 – Contributions et taxes Il résulte des dispositions des articles L. 81 et L. 85 du livre des procédures fiscales (LPF) que le droit de communication exercé auprès des entreprises industrielles ou commerciales a seulement pour objet de permettre à l'administration fiscale, pour l'établissement et le contrôle de l'imposition d'un contribuable, de demander à un tiers ou, éventuellement au contribuable lui-même, sur place ou par correspondance, de manière ponctuelle, des renseignements disponibles sans que cela nécessite d'investigations particulières ou, dans les mêmes conditions, de prendre connaissance et, le cas échéant, copie de certains documents existants qui se rapportent à l'activité professionnelle de la personne auprès de laquelle ce droit est exercé. Les documents dont la communication peut être demandée par l'administration fiscale comprennent non seulement les documents comptables et financiers, mais aussi les documents de toute nature pouvant justifier le montant des recettes et dépenses (M. S…, 9 / 10 SSR, 354314, 11 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Matt, rapp., M. Aladjidi, rapp. publ.).

1. Rappr., pour le droit de communication à l'égard des membres de certaines professions non commerciales (art. L. 86 du LPF), CE, 5 mai 2008, B…, n° 291229, T. p. 668.

19-01-03-01-02 – Vérification de comptabilité

19-01-03-01-02-01 – Notion

Comptabilité informatisée (art. L. 13 et L. 47 A du LPF) - Notion - 1) Contrôle du juge de cassation - Contrôle de la qualification juridique des faits - 2) Exclusion - Comptabilité tenue au moyen d'un progiciel de comptabilité en l'absence de centralisation informatisée des recettes journalières (1).

1) Le juge de cassation contrôle la qualification juridique des faits opérée par les juges du fond sur la question de savoir si une comptabilité est tenue au moyen de systèmes informatisés au sens des articles L. 13 et L. 47 A du livre des procédures fiscales (LPF).

2) Il n'y a pas d'erreur de qualification juridique des faits à estimer que la comptabilité d'une société qui ne dispose pas d'un progiciel de comptabilité pour l'établissement de ses documents comptables et qui, bien qu'étant dotée des équipements qui le lui permettent, ne procède à aucune centralisation de ses recettes journalières de manière informatique, n'est pas tenue au moyen de systèmes informatisés au sens des articles L. 13 et L. 47 A du LPF (Ministre délégué, chargé du budget c/ Société Gamboni restauration, 3 / 8 SSR, 369929, 9 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., Mme Delorme, rapp., M. Daumas, rapp. publ.).

1. Comp. CE, 24 août 2011, SARL Le Saint Louis, n° 318144, T. p. 863.

19-01-03-02 – Rectification (ou redressement)

19-01-03-02-025 – Réponse aux observations du contribuable

Garantie pour le contribuable - 1) Portée - 2) Privation - Absence en l'espèce - Conséquence - Rejet de la demande de décharge (1).

1) Lorsque le contribuable vérifié ne présente pas d'observations concernant un redressement ou que ses observations ne permettent pas d'en critiquer utilement le bien-fondé, dès lors qu'elles se bornent à contester la régularité de la procédure d'imposition, l'absence de réponse de l'administration sur ce point ne le prive pas de la garantie instaurée par l'article L. 57 du livre des procédures fiscales. Ce défaut de réponse n'est susceptible de priver le contribuable de la garantie découlant de la possibilité, en cas de persistance du désaccord, de saisir la commission départementale des impôts directs et des taxes sur le chiffre d'affaires, en application de l'article L. 59 du même livre, que lorsque les redressements en cause relèvent de la compétence de cette commission.

2) Cas d'un contribuable ayant indiqué contester l'ensemble des redressements mis à sa charge, mais n'ayant pas formulé d'observations permettant d'en contester utilement le bien-fondé. Pas d'erreur de droit de la cour administrative d'appel à avoir estimé que l'irrégularité tenant à l'absence de réponse aux observations du contribuable n'était pas de nature à entraîner la décharge des impositions en

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19 – Contributions et taxes litige, le contribuable n'ayant été privé d'aucune garantie (M. H…, 10 / 9 SSR, 349719, 11 avril 2014, A, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme Rigal, rapp., Mme Hedary, rapp. publ.).

1. Cf. CE, Section, 16 avril 2012, M. et Mme M…, n° 320912, p. 149.

19-01-03-03 – Abus de droit et fraude à la loi

1) Notion d'abus de droit - a) Acte revêtant le caractère d'une donation au sens de l'article 894 du code civil - Exclusion (1) - b) Acte qui, présenté comme une donation, ne se traduit pas par un dépouillement immédiat et irrévocable de son auteur - Acte pouvant être écarté sur le fondement de l'article L. 64 du LPF - Existence - 2) Contrôle du juge de cassation sur le caractère d'acte se traduisant par un dépouillement immédiat et irrévocable de son auteur et, par suite, sur l'existence d'un abus de droit - Qualification juridique des faits (1).

1) a) Dès lors qu'un acte revêt le caractère d'une donation au sens des dispositions de l'article 894 du code civil, l'administration ne peut le regarder comme n'ayant pu être inspiré par aucun autre motif que celui d'éluder ou d'atténuer les charges fiscales que son auteur, s'il ne l'avait pas passé, aurait normalement supportées. Elle n'est, par suite, pas fondée à l'écarter comme ne lui étant pas opposable sur le fondement de l'article L. 64 du livre des procédures fiscales (LPF). b) En revanche, l'administration peut écarter sur ce fondement un acte qui, présenté comme une donation, ne se traduit pas par un dépouillement immédiat et irrévocable de son auteur.

2) Le juge de cassation exerce un contrôle de qualification juridique sur l'appréciation portée par les juges du fond sur le point de savoir si un acte présenté comme une donation a le caractère d'acte se traduisant par un dépouillement immédiat et irrévocable de son auteur et, par suite, sur l'existence d'un abus de droit (M. et Mme P…, 9 / 10 SSR, 353822, 9 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Lange, rapp., Mme Legras, rapp. publ.).

1. Rappr. CE, 30 décembre 2011, M. et Mme M…, n° 330940, T. p. 869.

19-02 – Règles de procédure contentieuse spéciales

19-02-01 – Questions communes

19-02-01-01 – Compétence juridictionnelle

Répartition des compétences entre les deux ordres de juridiction - Ordre de juridiction compétent pour connaître d'une action en décharge de l'obligation de payer procédant d'un acte de recouvrement - Compétence pour connaître également de l'action en responsabilité résultant du caractère éventuellement fautif de cet acte - Existence - Conséquences.

L'ordre de juridiction compétent, en application des dispositions de l'article L. 281 du livre des procédures fiscales (LPF), pour connaître d'une action en décharge de l'obligation de payer procédant d'un acte de recouvrement l'est également pour connaître de l'action en responsabilité résultant du caractère éventuellement fautif de cet acte. La responsabilité résultant de fautes commises dans l'engagement du recouvrement forcé d'un impôt relève, ainsi, de la compétence du juge administratif lorsque celui-ci est le juge de l'impôt en cause.

Par suite, lorsqu'une action en responsabilité est engagée du fait de fautes qu'aurait, le cas échéant, commises le service en décidant de procéder à la prise d'hypothèques provisoires et à des saisies conservatoires de loyers et que le grief invoqué porte non sur le choix de recourir à l'un ou l'autre de ces actes de poursuite ou sur leur régularité mais sur la décision d'engager le recouvrement forcé d'une imposition, cette action relève de la compétence du juge de cet impôt en vertu des dispositions de l'article L. 281 du LPF. En l'espèce, l'imposition concernée étant l'impôt sur le revenu, compétence

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19 – Contributions et taxes du juge administratif (Société Patrichasles, 9 / 10 SSR, 352593, 11 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Japiot, rapp., M. Aladjidi, rapp. publ.).

19-02-01-02 – Pouvoirs du juge fiscal

Exigence de motivation de la notification de redressement et du rejet des observations du contribuable (art. L. 57 du LPF) - Garantie pour le contribuable - 1) Portée - 2) Privation - Absence en l'espèce - Conséquence - Rejet de la demande de décharge (1).

1) Lorsque le contribuable vérifié ne présente pas d'observations concernant un redressement ou que ses observations ne permettent pas d'en critiquer utilement le bien-fondé, dès lors qu'elles se bornent à contester la régularité de la procédure d'imposition, l'absence de réponse de l'administration sur ce point ne le prive pas de la garantie instaurée par l'article L. 57 du livre des procédures fiscales. Ce défaut de réponse n'est susceptible de priver le contribuable de la garantie découlant de la possibilité, en cas de persistance du désaccord, de saisir la commission départementale des impôts directs et des taxes sur le chiffre d'affaires, en application de l'article L. 59 du même livre, que lorsque les redressements en cause relèvent de la compétence de cette commission.

2) Cas d'un contribuable ayant indiqué contester l'ensemble des redressements mis à sa charge, mais n'ayant pas formulé d'observations permettant d'en contester utilement le bien-fondé. Pas d'erreur de droit de la cour administrative d'appel à avoir estimé que l'irrégularité tenant à l'absence de réponse aux observations du contribuable n'était pas de nature à entraîner la décharge des impositions en litige, le contribuable n'ayant été privé d'aucune garantie (M. H…, 10 / 9 SSR, 349719, 11 avril 2014, A, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme Rigal, rapp., Mme Hedary, rapp. publ.).

1. Cf. CE, Section, 16 avril 2012, M. et Mme M…, n° 320912, p. 149.

19-02-04 – Requêtes d'appel

19-02-04-08 – Incidents

Dégrèvement d'une partie des impositions en litige au cours de l'instance d'appel - Rejet de l'appel dans son ensemble pour irrecevabilité (tardiveté) - Erreur de droit - Existence (1).

Une cour administrative d'appel se méprend sur l'étendue du litige dont elle est saisie en rejetant comme tardif, et donc irrecevable, l'appel d'un jugement rejetant une demande de décharge devenu partiellement sans objet en cours d'instance du fait d'un dégrèvement d'une partie des impositions en litige (Société Copalex, 3 / 8 SSR, 357168, 9 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., Mme Egerszegi, rapp., M. Daumas, rapp. publ.).

1. Cf. CE, 23 février 1966, Société Memnon-Films, n° 55686, T. p. 919 ; CE, 24 avril 1981, Mme P…, n° 10813, T. p. 689 sur ce point.

19-02-045 – Requêtes au Conseil d'Etat

19-02-045-01 – Recours en cassation

19-02-045-01-02 – Contrôle du juge de cassation

19-02-045-01-02-03 – Qualification juridique des faits

Donation - Appréciation portée par les juges du fond sur le caractère d'acte se traduisant par un dépouillement immédiat et irrévocable de son auteur et, par suite, sur l'existence d'un abus de droit (1).

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19 – Contributions et taxes Le juge de cassation exerce un contrôle de qualification juridique sur l'appréciation portée par les juges du fond sur le point de savoir si un acte présenté comme une donation a le caractère d'acte se traduisant par un dépouillement immédiat et irrévocable de son auteur et, par suite, sur l'existence d'un abus de droit (M. et Mme P…, 9 / 10 SSR, 353822, 9 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Lange, rapp., Mme Legras, rapp. publ.).

1. Rappr. CE, 30 décembre 2011, M. et Mme M…, n° 330940, T. p. 869.

Notion de comptabilité informatisée (art. L. 13 et L. 47 A du LPF).

Le juge de cassation contrôle la qualification juridique des faits opérée par les juges du fond sur la question de savoir si une comptabilité est tenue au moyen de systèmes informatisés au sens des articles L. 13 et L. 47 A du livre des procédures fiscales (LPF) (Ministre délégué, chargé du budget c/ Société Gamboni restauration, 3 / 8 SSR, 369929, 9 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., Mme Delorme, rapp., M. Daumas, rapp. publ.).

19-03 – Impositions locales ainsi que taxes assimilées et redevances

19-03-01 – Questions communes

19-03-01-02 – Valeur locative des biens

Locaux commerciaux - Evaluation (art. 1498 du code général des impôts) - Faculté, en l'absence d'immeubles comparables situés dans la commune d'implantation du bien à évaluer, d'apprécier le caractère normal du loyer au regard des loyers pratiqués, pour des immeubles comparables, dans d'autres communes - Existence - Conditions - Zones géographiques présentant, du point de vue du marché locatif pertinent pour le type de bien à évaluer, une situation analogue.

Aucune disposition législative ou réglementaire ni aucun principe ne font obstacle à ce que, en l'absence d'immeubles comparables situés dans la commune d'implantation du bien à évaluer, le caractère normal du loyer d'un immeuble commercial soit apprécié au regard des loyers pratiqués, pour des immeubles comparables, dans d'autres communes, dès lors que ces immeubles sont implantés dans des zones géographiques présentant, du point de vue du marché locatif pertinent pour le type de bien à évaluer, une situation analogue (SARL Gestion Trois Hôtels, 9 / 10 SSR, 352282, 9 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Larere, rapp., Mme Legras, rapp. publ.).

19-04 – Impôts sur les revenus et bénéfices

19-04-01 – Règles générales

19-04-01-02 – Impôt sur le revenu

Imposition forfaitaire des personnes physiques non fiscalement domiciliées en France mais y détenant une habitation (art. 164 C du CGI) - Compatibilité avec la libre circulation des capitaux - Appréciation - 1) Mesure de nature à dissuader les non-résidents d'acquérir ou de détenir en France des immeubles d'habitation - Existence (1) - 2) Stipulations de l'article 58 du TCE autorisant les Etats membres à appliquer les dispositions pertinentes de leur législation fiscale qui établissent une distinction entre les contribuables qui ne se trouvent pas dans la même situation au regard, notamment, de leur résidence - a) Condition - Différence de traitement ne constituant ni une discrimination arbitraire ni une restriction déguisée à la libre circulation des capitaux - Modalités d'appréciation - b) Espèce - Condition remplie - Absence, compte tenu de la comparabilité des situations des personnes physiques résidentes et non

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19 – Contributions et taxes résidentes et du défaut de raison impérieuse d'intérêt général - 3) Conséquence - Ressortissant allemand résident de Monaco fondé à demander que soit écartée l'application de l'article 164 C du CGI au bien immobilier qu'il détient en France.

Les dispositions de l'article 164 C du code général des impôts (CGI) ont pour objet et pour effet de soumettre la détention en France d'immeubles d'habitation à une imposition qui n'est due que par les personnes n'ayant pas leur domicile fiscal en France, lorsque leurs revenus de source française sont inférieurs au seuil que définit cet article.

1) Une telle mesure est de nature à dissuader les non-résidents d'acquérir ou de détenir en France de tels immeubles.

2) a) Si les stipulations de l'article 58 du traité instituant la Communauté européenne (TCE) reconnaissent aux Etats membres le droit d'appliquer les dispositions pertinentes de leur législation fiscale qui établissent une distinction entre les contribuables qui ne se trouvent pas dans la même situation au regard, notamment, de leur résidence, ce droit est toutefois subordonné par ce même article à la condition qu'une telle distinction ne constitue ni un moyen de discrimination arbitraire, ni une restriction déguisée à la libre circulation des capitaux définie à l'article 56. Pour apprécier cette distinction, il y a lieu de comparer les situations respectives des personnes résidentes et non résidentes au regard de la seule disposition entravant la libre circulation des capitaux, quelles que soient par ailleurs leurs situations d'ensemble au regard des impositions dues en France, y compris les impositions dont les personnes résidentes sont seules redevables.

b) En l'espèce, la condition fixée à l'article 58 n'est pas respectée. En effet, d'une part, sont comparables, pour établir une imposition à raison de la détention d'un bien immobilier, les situations des personnes physiques résidentes et non résidentes. D'autre part, il n'est pas établi, y compris par les travaux préparatoires à l'adoption de l'article 7 de la loi n° 76-1234 du 29 décembre 1976 modifiant les règles de territorialité et les conditions d'imposition des Français de l'étranger ainsi que des autres personnes non domiciliées en France, dont est issue la mesure fiscale contestée, que la restriction ainsi imposée par cette dernière à la libre circulation des capitaux réponde à une raison impérieuse d'intérêt général. En particulier, le ministre ne saurait utilement faire valoir, pour établir l'existence d'une telle raison, l'objectif qui s'attacherait à ce que les personnes non résidentes soient soumises, comme les résidentes, à une imposition progressive de leurs revenus, dès lors que la mesure fiscale litigieuse vise des biens qui sont en principe insusceptibles de produire des revenus et qu'elle les soumet à une imposition calculée sur la base d'un revenu forfaitaire.

3) Par suite, le contribuable, ressortissant allemand résident de Monaco, est fondé à demander que soit écartée l'application des dispositions de l'article 164 C du CGI au bien immobilier qu'il détient en France (Ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'Etat c/ Mme L…, Plénière fiscale, 332885, 11 avril 2014, A, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Bereyziat, rapp., M. Crépey, rapp. publ.).

1. Rappr. CE, 26 décembre 2013, Ministre de l'économie et des finances c/ M. et Mme K…, n° 360488, à mentionner aux Tables.

19-04-01-02-03 – Détermination du revenu imposable

Transfert de valeurs depuis ou vers l'étranger en méconnaissance des obligations déclaratives particulières applicables - Présomption de revenu (art. 1649 quater A du CGI) - Détermination du moment de naissance de cette présomption (1).

Les sommes, titres ou valeurs qui font l'objet d'un transfert vers l'étranger ou en provenance de l'étranger en méconnaissance de l'obligation déclarative définie à l'article 1649 quater A du code général des impôts (CGI) sont présumés constituer des revenus imposables. Cette présomption naît lorsque le contribuable ne dispose plus d'aucune des possibilités de s'acquitter de son obligation déclarative, ou lorsque, à l'occasion d'un contrôle, il ne procède pas à la déclaration de sommes, titres ou valeurs qui sont en sa possession alors qu'il est établi, notamment par un titre de transport, qu'il se

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19 – Contributions et taxes rend à l'étranger ou qu'il en provient (Ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de l'Etat c/ M. et Mme B…, 9 / 10 SSR, 355866, 9 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Lange, rapp., Mme Legras, rapp. publ.).

1. Rappr. CE, 26 juillet 2011, M. L…, n° 327033, T. p. 892.

19-04-02 – Revenus et bénéfices imposables - règles particulières

19-04-02-01 – Bénéfices industriels et commerciaux

19-04-02-01-01 – Personnes et activités imposables

19-04-02-01-01-03 – Exonération de certaines entreprises nouvelles (art. 44 bis et suivants du CGI)

Exonération prévue par l'article 44 sexies du CGI - Notion de détention indirecte du capital d'une société nouvellement créée - Appréciation du caractère complémentaire de l'activité de la société nouvellement créée et de celle de l'autre société dans laquelle l'associé exerce une fonction de direction ou d'encadrement - Appréciation au regard de l'activité effectivement exercée par les deux sociétés.

La " détention indirecte " du capital d'une société nouvellement créée au sens des dispositions du a du II de l'article 44 sexies du code général des impôts (CGI) suppose que l'associé exerce en droit ou en fait une fonction de direction ou d'encadrement dans une autre entreprise, dont l'activité est similaire à celle de l'entreprise nouvellement créée ou lui est complémentaire. Pour l'application de ces dispositions, le caractère complémentaire de l'activité des deux sociétés doit être apprécié au regard de l'activité effectivement exercée par ces sociétés (SARL Leveillé, 9 / 10 SSR, 352036, 9 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., M. Anfruns, rapp., Mme Legras, rapp. publ.).

19-04-02-01-04 – Détermination du bénéfice net

Intérêts versés en rémunération de prêts consentis à la succursale française d'une entreprise étrangère - Dispositions autorisant l'administration, dans son pouvoir de contrôle, à remettre en cause leur déduction des résultats imposables en France au titre de l'activité de la succursale pour des motifs tirés de la non-conformité de l'objet des prêts à l'activité en France de la succursale ou du caractère excessif de la rémunération de ces prêts (art. 209, 34 à 45, 53 A à 57, 237 ter A et 302 septies A bis du CGI) - Portée - Habilitation de l'administration à remettre en cause le choix opéré par l'entreprise étrangère de financer l'activité de sa succursale française par octroi d'un prêt plutôt que par apport de fonds propres - Absence (1).

Ni les termes de l'article 209 du code général des impôts (CGI) selon lesquelles il est uniquement tenu compte, pour déterminer les bénéfices passibles de l'impôt sur les sociétés, des bénéfices réalisés dans les entreprises exploitées en France, ni les règles fixées par les articles 34 à 45, 53 A à 57, 237 ter A et 302 septies A bis du même code, n'autorisent l'administration fiscale à apprécier le caractère normal du choix opéré par le siège d'une société de financer l'activité de sa succursale en la laissant recourir à l'emprunt, plutôt qu'en lui apportant des fonds propres, ni à en tirer, le cas échéant, de quelconques conséquences fiscales (Ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'Etat c/ Société Bayerrische Hypo und Vereinsbank, 10 / 9 SSR, 344990, 11 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Bereyziat, rapp., Mme Hedary, rapp. publ.).

1. Rappr., pour une filiale, CE, Section, 30 décembre 2003, S.A. Andritz, n° 233894, p. 527.

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19 – Contributions et taxes

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19-08 – Parafiscalité, redevances et taxes diverses

19-08-02 – Redevances

Redevances pour service rendu - Déclaration d'illégalité de la délibération fixant le montant d'une redevance - Nouvelle délibération fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire de la déclaration d'illégalité, le tarif devant être appliqué aux usagers ayant contesté la redevance en raison de l'illégalité de la première délibération - Rétroactivité légale - 1) Existence (1) - 2) Portée - Validation des titres exécutoires émis sur le fondement de la délibération illégale - Absence.

La déclaration d'illégalité d'une délibération fixant le montant d'une redevance pour service rendu n'a pour effet ni de faire disparaître rétroactivement cette délibération de l'ordonnancement juridique (2), ni de faire revivre la délibération précédemment applicable (3). Par suite, en raison d'une telle déclaration d'illégalité, aucun tarif n'est légalement applicable pour la période en cause aux prestations fournies aux usagers du service public qui avaient engagé une action tendant à la décharge ou à la réduction des redevances qui leur ont été réclamées et soulevé, dans ce cadre, l'exception d'illégalité de la délibération.

1) Eu égard à la nature et à l'objet des redevances pour service rendu, qui constituent la rémunération des prestations fournies aux usagers, la déclaration d'illégalité ne saurait avoir pour effet de décharger les usagers ayant ainsi contesté les montants de redevance mis à leur charge de toute obligation de payer une redevance en contrepartie du service dont ils ont effectivement bénéficié. Dès lors, la collectivité publique peut légalement, pour régulariser les situations nées de ces litiges, adopter une délibération fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire du jugement déclarant la délibération illégale, le tarif devant être appliqué, pour les périodes de consommation litigieuses, aux usagers ayant bénéficié du service et contesté, par la voie contentieuse, les montants de redevance mis à leur charge en raison de l'illégalité des délibérations fixant le montant de la redevance.

2) Une telle délibération n'a pas pour effet de valider les titres exécutoires émis sur le fondement de la délibération illégale (Mme A… et autres, Section, 357090, 28 avril 2014, A, M. Stirn, pdt., M. Odinet, rapp., Mme Nicolazo de Barmon, rapp. publ.).

1. Rappr., sur la possibilité de fixer rétroactivement un tarif en cas d'annulation contentieuse du tarif d'une redevance pour service rendu, CE, 19 mars 2010, Syndicat des compagnies aériennes autonomes et Fédération nationale de l'aviation marchande, n° 305047, T. p. 625 ; CE, 9 avril 2004, E…, n° 252888, inédite au Recueil. 2. Cf. CE, 27 mai 2002, SA Transolver Service, n° 227338, p. 176. 3. Cf. CE, Assemblée, 18 janvier 1980, B…, n° 14397, p. 29. Rappr., pour le principe selon lequel l'annulation du tarif d'une redevance ne fait pas rétroactivement revivre le tarif antérieur, CE, 9 avril 2004, E…, n° 252888, inédite au Recueil.

24 – Domaine

24 – Domaine

24-01 – Domaine public

24-01-01 – Consistance et délimitation

24-01-01-01 – Domaine public artificiel

24-01-01-01-01 – Biens faisant partie du domaine public artificiel

24-01-01-01-01-01 – Aménagement spécial et affectation au service public ou à l'usage du public

1) Piste de ski alpin ouverte au bénéfice d'une autorisation d'aménagement délivrée en application de l'article L. 473-1 du code de l'urbanisme - a) Terrain d'assiette - Aménagement indispensable et affectation à l'exploitation d'un service public - Existence (1) - b) Sous-sol - Conditions d'inclusion dans le domaine public - Présence d'aménagements ou d'ouvrages en faisant un accessoire indissociable de la piste - 2) Cas d'espèce - Cas d'une parcelle, propriété d'une commune, partiellement incluse dans un ensemble de terrains ayant fait l'objet d'une telle autorisation d'aménagement.

1) a) Une piste de ski qui n'a pu être ouverte qu'en vertu de l'autorisation d'aménagement prévue à l'article L. 473-1 du code de l'urbanisme a fait l'objet d'un aménagement indispensable à son affectation au service public de l'exploitation des pistes de ski et fait en application de l'article L. 2111-1 du code général de la propriété des personnes publiques (CG3P) partie, dès lors qu'elle appartient à une collectivité publique, du domaine public de cette dernière.

b) En vertu de l'article L. 2111-2 du CG3P, le sous-sol des terrains d'assiette de telles pistes de ski fait également partie du domaine public de la commune s'il comporte lui-même des aménagements ou des ouvrages qui, concourant à l'utilisation de la piste, en font un accessoire indissociable de celle-ci.

2) Parcelle, appartenant à une commune, dont une portion est incluse dans un ensemble de terrains ayant fait l'objet d'une autorisation d'aménagement d'une piste de ski délivrée sur le fondement de l'article L. 473-1 du code de l'urbanisme et effectivement utilisée comme piste de ski, tandis que la partie restante de cette même parcelle, qui n'est pas visée par cette autorisation, n'a pas fait l'objet d'aménagements indispensables à l'exécution des missions du service public de l'exploitation des pistes de ski et ne saurait être regardée comme affectée à l'usage direct du public au seul motif que les skieurs l'empruntent pour se rendre aux remontées mécaniques situées à proximité.

La première portion de cette parcelle appartient au domaine public de la commune tandis que la partie restante appartient à son domaine privé. Le sous-sol de la partie de cette parcelle appartenant au domaine public n'avait pas fait l'objet d'aménagements et ne peut en l'espèce être regardé comme constituant un accessoire indissociable de la piste de ski à l'utilisation de laquelle il concourrait. Il appartient dès lors au domaine privé de la commune (Commune de Val-d'Isère, Section, 349420, 28 avril 2014, A, M. Stirn, pdt., Mme Beurton, rapp., M. Lallet, rapp. publ.).

1. Rappr., jugeant qu'une piste de ski ne constitue pas par elle-même un ouvrage public, CE, Section, 12 décembre 1986, R…, n° 51249, p. 281.

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24 – Domaine

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24-01-02 – Régime

24-01-02-01 – Occupation

24-01-02-01-01 – Utilisations privatives du domaine

1) Distinction entre permission de voirie délivrée par l'autorité gestionnaire du domaine et permis de stationnement - 2) Autorité compétente pour délivrer un permis de stationnement (1) - Principe - Gestionnaire du domaine - Exception - Dispositions contraires - Inclusion - Dispositions des articles L. 2213-1 et L. 2213-6 du CGCT - Conséquences - Compétence du maire pour délivrer des permis de stationnement sur les voies de communication situées à l'intérieur de l'agglomération et sur les autres lieux publics visés à l'article L. 2213-6, dont font partie les places piétonnes ouvertes à la circulation du public et situées au sein de l'agglomération - 3) Espèce - Domaine national de Chambord - Compétence du maire pour délivrer des permis de stationnement sur les voies de ce domaine ouvertes à la circulation publique ainsi que sur les autres lieux publics qui en sont l'accessoire - Existence.

1) L'occupation d'une dépendance du domaine public fait l'objet, lorsqu'elle donne lieu à emprise, d'une permission de voirie délivrée par l'autorité responsable de la gestion du domaine et, dans les autres cas, d'un permis de stationnement.

2) Si la délivrance d'un permis de stationnement incombe en principe à ce même gestionnaire, c'est sous réserve de dispositions contraires. Il résulte des dispositions des articles L. 2213-1 et L. 2213-6 du code général des collectivités territoriales (CGCT) qu'en sa qualité d'autorité compétente en matière de police de la circulation sur les voies de communication situées à l'intérieur des agglomérations, le maire est seul compétent pour délivrer des permis de stationnement sur ces mêmes voies et sur les autres lieux publics visés à l'article L. 2213-6. Une place piétonne ouverte à la circulation du public et située au sein d'une agglomération est au nombre des dépendances domaniales visées à l'article L. 2213-6 du CGCT.

3) Les dispositions de l'article 230 de la loi n° 2005-157 du 23 février 2005 ont pour objet de coordonner, sur les voies du domaine national de Chambord ouvertes à la circulation publique, les pouvoirs de police respectifs du maire de la commune et du directeur général de l'établissement public. Si elles confèrent à ce dernier le pouvoir de police afférent à la gestion de ces voies en y incluant celui de la circulation, elles réservent au maire la police de la circulation sur les voies de communication situées à l'intérieur de l'agglomération, dans les conditions de droit commun de l'article L. 2213-1 du CGCT, auquel elles renvoient expressément et qui impliquent sa compétence pour délivrer, sur ces voies ainsi que sur les autres lieux publics qui en sont l'accessoire, des permis de stationnement en application de l'article L. 2213-6 du même code. Dès lors, en sa qualité d'autorité chargée de la police de la circulation, le maire est compétent pour y délivrer des permis de stationnement, alors même que ces voies font partie du domaine public de l'Etat, qu'elles ont été remises en dotation à l'établissement public et que celui-ci exerce les pouvoirs de police afférents à leur gestion (Domaine national de Chambord, 8 / 3 SSR, 366483, 9 avril 2014, A, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Vié, rapp., M. Bohnert, rapp. publ.).

1. Cf. CE, Section, 26 avril 1966, Société d'affichage Giraudy, n° 60127, p. 293 ; CE, 14 juin 1972, Sieur E…, n° 83682, p. 436 ; pour la compétence, sauf dispositions contraires, du gestionnaire non propriétaire du domaine pour délivrer les autorisations d'occupation du domaine, CE, 1er février 2012, SA RTE EDF Transport, n° 338665, T. pp. 745-779.

26 – Droits civils et individuels

26 – Droits civils et individuels

26-01 – État des personnes

26-01-01 – Nationalité

26-01-01-01 – Acquisition de la nationalité

26-01-01-01-01 – Acquisition à raison du mariage

Décret d'opposition à l'acquisition pour indignité (art. 21-4 du code civil) - Faits constitutifs d'une indignité - Conduite à deux reprises en état d'ivresse - Absence en l'espèce, eu égard au nombre des infractions relevées, à la nature des faits en cause et à leur caractère ancien (1).

Etranger ayant conduit un véhicule sous l'empire d'un état alcoolique le 26 novembre 2006 et le 4 janvier 2009, et ayant été condamné le 25 janvier 2007, pour la première infraction, à une amende de 400 euros et à la suspension de son permis de conduire pendant deux mois, et le 28 avril 2009, pour la seconde infraction, à une peine de deux mois d'emprisonnement avec sursis et à l'annulation de son permis de conduire avec interdiction de solliciter la délivrance d'un nouveau permis pendant quatre mois.

En estimant que ces deux faits, qui sont les seuls relevés à l'encontre de l'intéressé, étaient de nature à le rendre indigne d'acquérir en l'état la nationalité française à la suite de son mariage, le Premier ministre, eu égard au nombre des infractions relevées, à la nature des faits en cause et à leur caractère ancien, a fait une inexacte application des dispositions de l'article 21-4 du code civil (M. I…, 2 / 7 SSR, 372679, 28 avril 2014, A, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Pascal, rapp., Mme Bourgeois-Machureau, rapp. publ.).

1. Rappr. CE, 10 juin 1992, M…, n° 113608, T. p. 963.

26-055 – Convention européenne des droits de l'homme

Droits et libertés garantis par cette convention - Portée - Personnes relevant de la juridiction des Etats parties - Conséquence - Article 14 - Interdiction des seules discriminations appliquées par un Etat partie entre les personnes relevant de sa juridiction.

En vertu de l'article 1er de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (convention EDH), les Etats parties à cette convention ne garantissent le respect des droits et libertés reconnus par celle-ci qu'aux personnes relevant de leur juridiction. Par suite, sont seules prohibées par l'article 14 de cette convention les discriminations qu'un Etat partie institue ou maintient, dans l'exercice de sa juridiction, entre les personnes relevant de celle-ci (M. G…, Plénière fiscale, 362237, 11 avril 2014, A, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Bereyziat, rapp., M. Crépey, rapp. publ.).

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26 – Droits civils et individuels

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26-07 – Protection des données à caractère personnel

26-07-05 – Droits des personnes concernées

26-07-05-02 – Droit d'accès et de rectification

Fichier TAJ - Décisions en matière d'effacement ou de rectification prises par le procureur de la République ou par le magistrat désigné à cet effet (art. 230-8 et 230-9 du code de procédure pénale) - Nature - Mesures d'administration judiciaire - Absence - Actes de gestion administrative du fichier - Existence - Conséquence - Décisions susceptibles de recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif (1).

Si les données nominatives figurant dans le fichier "traitement des antécédents judiciaires" (TAJ) portent sur des informations recueillies au cours d'enquêtes préliminaires ou de flagrance ou d'investigations exécutées sur commission rogatoire et concernant tout crime ou délit ainsi que certaines contraventions de cinquième classe, les décisions en matière d'effacement ou de rectification prises par le procureur de la République ou par le magistrat désigné à cet effet, qui ont pour objet la tenue à jour de ce fichier et sont détachables d'une procédure judiciaire, constituent non pas des mesures d'administration judiciaire, mais des actes de gestion administrative du fichier. Elles peuvent, par suite, faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif (Ligue des droits de l'homme, 10 / 9 SSR, 360759, 11 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme Lemesle, rapp., Mme Hedary, rapp. publ.).

1. Cf. CE, 17 juillet 2013, M. E…, n° 359417, à publier au Recueil.

28 – Élections et référendum

28 – Élections et référendum

28-06 – Élections professionnelles

28-06-01 – Élections aux chambres de commerce

Dispositions prévoyant le maintien en fonction des membres dont l'élection a été annulée jusqu'à l'intervention d'une décision juridictionnelle définitive et l'organisation d'un nouveau scrutin dans les deux mois à compter de cette décision (art. R. 713-28 et art. R. 713-29 du code de commerce) - Notion de décision définitive - Inclusion - Décision d'une juridiction statuant en dernier ressort encore susceptible de faire l'objet d'un pourvoi en cassation - Espèce.

Les articles R. 713-28 et R. 713-29 du code de commerce prévoient respectivement le maintien en fonction des membres d'une chambre de commerce et d'industrie dont l'élection a été annulée jusqu'à ce qu'il ait été définitivement statué sur les réclamations ayant conduit à cette annulation et, dans les deux mois suivant cette décision juridictionnelle définitive, l'organisation d'un nouveau scrutin pour pourvoir les sièges vacants.

Au sens de ces dispositions, la décision d'une juridiction statuant en dernier ressort présente un caractère définitif alors même qu'elle peut encore faire l'objet ou qu'elle a fait l'objet d'un pourvoi en cassation. En l'espèce, l'annulation de l'élection d'un membre d'une CCI était devenue définitive à compter de l'arrêt par lequel la cour administrative d'appel a rejeté l'appel formé contre le jugement du tribunal administratif prononçant cette annulation et impliquait ainsi l'organisation de nouvelles élections pour pourvoir le siège devenu vacant (M. M… et M. Z…, 7 / 2 SSR, 368401, 11 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Chicot, rapp., M. Dacosta, rapp. publ.).

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36 – Fonctionnaires et agents publics

36 – Fonctionnaires et agents publics

36-10 – Cessation de fonctions

36-10-01 – Mise à la retraite pour ancienneté ; limites d'âge

Limite d'âge (57 ans) des contrôleurs aériens - Compatibilité avec les objectifs de la directive 2000/78/CE du 27 novembre 2000 ouvrant aux Etats membres la faculté de prévoir des différences de traitement reposant sur un critère d'âge si elles sont nécessaires à la sécurité publique (art. 2 § 5) ou constituent une exigence professionnelle essentielle et déterminante (art. 4 § 1) - 1) Différence de traitement en fonction de l'âge - Existence (1) - 2) Respect des conditions posées par la directive - a) Justification du principe même de la limite d'âge - Existence, compte tenu de la faculté ouverte aux Etats de prévoir une telle limite par la directive 2006/23/CE - b) Justification du champ de cette limite d'âge, applicable à l'ensemble des contrôleurs aériens indépendamment des fonctions auxquelles ils sont affectés - Existence, compte tenu de l'objectif de sécurité publique poursuivi - c) Nécessité et proportionnalité du niveau de l'âge limite - Existence, compte tenu des caractéristiques des fonctions et de la possibilité de reclassement dans un autre corps.

1) La limite d'âge des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, fixée à cinquante-sept ans, sans possibilité de report, par l'article 3 de la loi n° 89-1007 du 31 décembre 1989 relative au corps des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, dans sa rédaction antérieure à la loi n° 2010-1330 du 9 novembre 2010, dès lors qu'elle est inférieure au droit commun, constitue une différence de traitement selon l'âge affectant les conditions d'emploi et de travail au sens des dispositions des articles 1er et 2 de la directive 2000/78/CE du 27 novembre 2000.

2) a) Cette limite d'âge est justifiée dans son principe dès lors que la directive 2006/23/CE du 5 avril 2006 a offert aux Etats membres, dans le but d'assurer la sécurité de la circulation aérienne, la faculté, maintenue en vigueur, d'instaurer une différence de traitement selon l'âge pour les contrôleurs de la navigation aérienne exerçant des fonctions opérationnelles.

b) Il convient cependant de vérifier, d'une part, que la limite d'âge de 57 ans fixée par la loi du 31 décembre 1989 est justifiée en ce qu'elle concerne tous les membres du corps des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, indépendamment de leur affectation dans leurs différentes fonctions.

La sécurité aérienne dépend principalement du contrôle assuré par les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne. Dans le cadre du contrôle dit " en route ", dont ils ont la charge exclusive, les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne doivent assurer seuls la gestion du vol des avions croisant dans un même espace aérien à des altitudes, vitesses et trajectoires différentes et être capables de recomposer immédiatement le plan de vol des appareils en fonction des positions des uns et des autres. Dans le cadre des contrôles dits " d'approche " et " d'aérodrome " qu'ils effectuent, les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne doivent également assurer en toute sécurité l'approche des aérodromes et l'utilisation des pistes.

L'exercice par les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne de leurs différentes fonctions nécessite une attention constante aux informations données par leurs écrans radar et une capacité à prendre immédiatement les mesures nécessaires à la bonne gestion des situations qui se présentent

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36 – Fonctionnaires et agents publics à eux. Eu égard aux conséquences potentielles d'une erreur qu'ils commettraient, des exigences de réactivité appropriée particulièrement fortes s'imposent à eux. L'exercice par les contrôleurs de la navigation aérienne de leurs fonctions nécessite ainsi, compte tenu de la nature de leur travail sur écran, de la vigilance permanente exigée par les situations d'urgence auxquelles ils sont susceptibles d'être confrontés et des cycles de travail irréguliers de jour comme de nuit qui sont les leurs, des facultés d'attention, de concentration et de récupération dont la mobilisation particulièrement intense et constante s'accompagne d'une importante charge mentale. Ces facultés sont susceptibles d'être affectées par l'âge, dès lors que celui-ci peut amoindrir l'endurance, la vigilance et les performances au travail du contrôleur de la navigation aérienne.

Par ailleurs, si, dans leur mission de contrôle " en route ", ces agents travaillent par équipes de deux, chacun de leurs membres est chargé d'une tâche spécifique et complémentaire et ne peut, pour cette raison, relâcher son attention pendant toute la durée de son cycle de travail. Si treize pour cent des membres du corps des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne sont affectés à des fonctions dites " hors salle ", notamment sur des emplois ouverts à des fonctionnaires relevant d'autres corps, c'est-à-dire sans avoir à exercer une activité opérationnelle de contrôle de la navigation aérienne, ceux-ci doivent néanmoins conserver leur aptitude à ce contrôle et être à même, en fonction des besoins, de reprendre à tout moment une activité opérationnelle en salle de contrôle.

Ainsi, l'institution d'une règle générale permet d'éviter que soient encore en fonction des agents dont les aptitudes seraient amoindries par l'âge. D'ailleurs, les examens médicaux annuels, nécessaires à la délivrance des attestations médicales de classe 3 ne sont ni destinés, ni adaptés à l'évaluation de ces facultés et de la charge mentale qui y est associée.

L'institution d'une telle limite d'âge générale et dérogatoire par l'article 3 de la loi du 31 décembre 1989, répondant à l'objectif de garantir la sécurité aérienne, est, par suite, justifiée au regard des dispositions du paragraphe 5 de l'article 2 de la directive du 27 novembre 2000 et répond à une exigence professionnelle essentielle et déterminante pour atteindre cet objectif, au sens des dispositions du paragraphe 1 de l'article 4 de la même directive.

c) Il convient de vérifier, d'autre part, que le niveau de la limite d'âge retenu est compatible avec les exigences posées par la directive du 27 novembre 2000 et proportionné avec les motifs permettant d'instaurer une limite d'âge inférieure au droit commun.

S'il est vrai que les possibilités de reclassement offertes dans le corps des ingénieurs des études et de l'exploitation de l'aviation civile sont limitées, celles-ci doivent néanmoins être prises en considération dès lors qu'elles permettent aux ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne de poursuivre, sur leur demande et après examen professionnel, une activité au-delà de la limite d'âge qui leur est applicable. Ainsi, et alors même que, en application de l'article 38 de la loi du 9 novembre 2010 et dans le cadre du recul général de l'âge des départs à la retraite tenant compte des évolutions de l'espérance de vie et de l'état de santé et d'aptitude des populations, la limite d'âge des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne sera progressivement reculée pour les agents nés à compter du 1er juillet 1961, qui atteindront l'âge de 57 ans à compter du 1er juillet 2018, et sera définitivement portée à 59 ans pour les agents nés à compter du 1er janvier 1963, soit à compter du 1er janvier 2022, la limite d'âge de 57 ans pour les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, en vigueur à la date du litige, doit être regardée comme nécessaire et proportionnée au regard des dispositions du paragraphe 5 de l'article 2 et de celles du paragraphe 1 de l'article 4 de la directive du 27 novembre 2000 (Ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie c/ M. L…, Assemblée, 362785 et autres, 4 avril 2014, A, M. Sauvé, pdt., M. Dieu, rapp., M. Pellissier, rapp. publ.).

1. Cf. CJUE, 12 janvier 2010, Colin Wolf contre Stadt Frankfurt am Main, aff. C-229/08, Rec. p. I-00001.

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36 – Fonctionnaires et agents publics

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36-13 – Contentieux de la fonction publique

36-13-01 – Contentieux de l'annulation

36-13-01-01 – Compétence à l'intérieur de la juridiction administrative

Compétence en premier et dernier ressort du tribunal administratif - Litiges relatifs au déroulement de la carrière des fonctionnaires et agents publics - Inclusion - Requête par laquelle un fonctionnaire, qui a conservé la qualité d'agent titulaire de l'Etat, demande l'annulation de la décision le licenciant de ses fonctions dans les services d'une collectivité territoriale.

La requête par laquelle un fonctionnaire, qui a conservé la qualité d'agent titulaire de l'Etat, demande au tribunal administratif l'annulation de la décision le licenciant des fonctions qu'il occupait dans les services d'une collectivité territoriale, soulève un litige relatif au déroulement de sa carrière, étranger à l'entrée au service, à la discipline ou à la sortie du service. Par suite, compétence en premier et dernier ressort du tribunal administratif (Département des Alpes Maritimes, 2 / 7 SSR, 365052, 28 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme de Margerie, rapp., Mme Bourgeois-Machureau, rapp. publ.).

37 – Juridictions administratives et judiciaires

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37 – Juridictions administratives et judiciaires

37-02 – Service public de la justice

37-02-02 – Fonctionnement

Fichier TAJ - Décisions en matière d'effacement ou de rectification prises par le procureur de la République ou par le magistrat désigné à cet effet (art. 230-8 et 230-9 du code de procédure pénale) - Nature - Mesures d'administration judiciaire - Absence - Actes de gestion administrative du fichier - Existence - Conséquence - Décisions susceptibles de recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif (1).

Si les données nominatives figurant dans le fichier "traitement des antécédents judiciaires" (TAJ) portent sur des informations recueillies au cours d'enquêtes préliminaires ou de flagrance ou d'investigations exécutées sur commission rogatoire et concernant tout crime ou délit ainsi que certaines contraventions de cinquième classe, les décisions en matière d'effacement ou de rectification prises par le procureur de la République ou par le magistrat désigné à cet effet, qui ont pour objet la tenue à jour de ce fichier et sont détachables d'une procédure judiciaire, constituent non pas des mesures d'administration judiciaire, mais des actes de gestion administrative du fichier. Elles peuvent, par suite, faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif (Ligue des droits de l'homme, 10 / 9 SSR, 360759, 11 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme Lemesle, rapp., Mme Hedary, rapp. publ.).

1. Cf. CE, 17 juillet 2013, M. E…, n° 359417, à publier au Recueil.

37-05 – Exécution des jugements

37-05-01 – Concours de la force publique

Jugement d'expulsion - Suspension de la période de responsabilité de l'Etat par l'effet du délai de grâce accordé par le juge judiciaire - Absence (1).

Lorsque le préfet, régulièrement requis à cet effet, refuse le concours de la force publique pour l'exécution d'une décision juridictionnelle exécutoire ordonnant l'expulsion de l'occupant d'un local, la période de responsabilité de l'Etat ainsi ouverte n'est pas suspendue par la circonstance, postérieure à la date de ce refus et indépendante de la volonté du propriétaire, que le juge judiciaire accorde un délai de grâce à l'occupant (Ministre de l'intérieur c/ Mme O…, 5 / 4 SSR, 359575, 11 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., M. Touboul, rapp., Mme Lambolez, rapp. publ.).

1. Cf. CE, 24 juillet 1953, Dame veuve Tourout, p. 391. Rappr., pour la trêve hivernale, CE, 27 juillet 2007, Ministre d'Etat, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire c/ Consorts D…, n° 291410, T. pp. 930-1063-1069 ; pour les décisions prises en matière de surendettement, CE, 24 avril 2012, D…, n° 338777, T. p. 831.

39 – Marchés et contrats administratifs

39 – Marchés et contrats administratifs

39-02 – Formation des contrats et marchés

Allotissement (art. 10 du code des marchés publics) - Possibilité d'identifier des prestations distinctes et d'allotir - 1) Contrôle du juge de cassation - Contrôle de la qualification juridique des faits - 2) Existence en l'espèce - Marché de services juridiques.

1) Le juge de cassation contrôle la qualification juridique des faits opérée par les juges du fond sur la question de savoir si des prestations distinctes peuvent être identifiées et si le marché peut dès lors faire l'objet d'un allotissement.

2) En l'espèce, compte tenu de la diversité des prestations de conseil et de représentation juridiques, qui portaient sur l'ensemble des matières du droit public ainsi que sur les matières relevant du droit civil, du droit pénal et de la procédure pénale, et du volume important de la commande passée par la commune, le marché pouvait faire l'objet d'un allotissement (Commune de Montreuil, 7 / 2 SSR, 375051, 11 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., M. Montrieux, rapp., M. Dacosta, rapp. publ.).

39-02-005 – Formalités de publicité et de mise en concurrence

Sélection des candidats admis à présenter une offre - Possibilité d'exiger des documents et renseignements autres que ceux figurant dans l'arrêté pris pour l'application de l'article 45 du CMP - Absence.

Il résulte des dispositions des articles 45 et 52 du code des marchés publics (CMP) que lorsqu'il décide de limiter le nombre des candidats admis à présenter une offre, le pouvoir adjudicateur ne peut exiger des candidats, pour sélectionner ceux qui seront admis à présenter une offre, que les renseignements et documents prévus par l'arrêté du 28 août 2006, pris pour l'application des dispositions de l'article 45 (Ministre de la défense c/ Société Legrand Bâtisseurs, 7 / 2 SSR, 375245, 11 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., M. Bouchard, rapp., M. Dacosta, rapp. publ.).

39-08 – Règles de procédure contentieuse spéciales

39-08-01 – Recevabilité

39-08-01-01 – Recevabilité du recours pour excès de pouvoir en matière contractuelle

Conséquences de l'élargissement du champ du recours de pleine juridiction en contestation de validité du contrat ouvert aux tiers - 1) Principe - a) S'agissant des recours pour excès de pouvoir des tiers autres que le préfet - b) S'agissant du déféré préfectoral (1) - 2) Application dans le temps (2).

1) a) La légalité du choix du cocontractant, de la délibération autorisant la conclusion du contrat et de la décision de le signer ne peut être contestée par les tiers au contrat et les membres de l'organe délibérant de la collectivité territoriale ou du groupement de collectivités territoriales concerné qu'à l'occasion d'un recours de pleine juridiction en contestation de validité du contrat.

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39 – Marchés et contrats administratifs

b) Toutefois, dans le cadre du contrôle de légalité, le représentant de l'Etat dans le département est recevable à contester la légalité de ces actes devant le juge de l'excès de pouvoir jusqu'à la conclusion du contrat, date à laquelle les recours déjà engagés et non encore jugés perdent leur objet.

2) Eu égard à l'impératif de sécurité juridique tenant à ce qu'il ne soit pas porté une atteinte excessive aux relations contractuelles en cours, le Conseil d'Etat décide que le recours de pleine juridiction en contestation de validité du contrat ne pourra être exercé par les tiers qui n'en bénéficiaient pas auparavant qu'à l'encontre des contrats signés à compter de la lecture de sa décision. L'existence d'un recours contre le contrat, qui, hormis le déféré préfectoral, n'était ouvert avant cette décision qu'aux seuls concurrents évincés, ne prive pas d'objet les recours pour excès de pouvoir déposés par d'autres tiers contre les actes détachables de contrats signés jusqu'à la date de lecture de la décision (Département de Tarn-et-Garonne, Assemblée, 358994, 4 avril 2014, A, M. Sauvé, pdt., M. Nuttens, rapp., M. Dacosta, rapp. publ.).

1. Ab. jur. CE, 4 août 1905, Martin, n° 14220, p. 749. 2. Rappr. CE, Assemblée, 16 juillet 2007, Société Tropic Travaux Signalisation, n° 291545, p. 360.

39-08-01-03 – Recevabilité du recours de plein contentieux des tiers

1) Régime - a) Titulaires et objet du recours - b) Délai - c) Conséquence sur la recevabilité du recours pour excès de pouvoir contre les actes détachables préalables à la passation du contrat - i) Principe - ii) Cas particulier du déféré préfectoral (1) - d) Moyens invocables (2) - i) Par le préfet et les élus locaux - ii) Par les autres tiers au contrat - e) Pouvoirs et devoirs du juge (3) - 2) Champ d'application dans le temps - Inclusion - Contrats dont la procédure de passation a été engagée postérieurement à la date de lecture de la décision admettant la recevabilité du recours - Exception (4).

1) a) Indépendamment des actions dont disposent les parties à un contrat administratif et des actions ouvertes devant le juge de l'excès de pouvoir contre les clauses réglementaires d'un contrat ou devant le juge du référé contractuel sur le fondement des articles L. 551-13 et suivants du code de justice administrative (CJA), tout tiers à un contrat administratif susceptible d'être lésé dans ses intérêts de façon suffisamment directe et certaine par sa passation ou ses clauses est recevable à former devant le juge du contrat un recours de pleine juridiction contestant la validité du contrat ou de certaines de ses clauses non réglementaires (5) qui en sont divisibles.

Cette action devant le juge du contrat est également ouverte aux membres de l'organe délibérant de la collectivité territoriale ou du groupement de collectivités territoriales concerné ainsi qu'au représentant de l'Etat dans le département dans l'exercice du contrôle de légalité.

Les requérants peuvent éventuellement assortir leur recours de conclusions indemnitaires ainsi que d'une demande tendant, sur le fondement de l'article L. 521-1 du CJA, à la suspension de l'exécution du contrat.

b) Ce recours doit être exercé, y compris si le contrat contesté est relatif à des travaux publics, dans un délai de deux mois à compter de l'accomplissement des mesures de publicité appropriées, notamment au moyen d'un avis mentionnant à la fois la conclusion du contrat et les modalités de sa consultation dans le respect des secrets protégés par la loi.

c) i) La légalité du choix du cocontractant, de la délibération autorisant la conclusion du contrat et de la décision de le signer ne peut être contestée qu'à l'occasion du recours ainsi défini. ii) Toutefois, dans le cadre du contrôle de légalité, le représentant de l'Etat dans le département est recevable à

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39 – Marchés et contrats administratifs contester la légalité de ces actes devant le juge de l'excès de pouvoir jusqu'à la conclusion du contrat, date à laquelle les recours déjà engagés et non encore jugés perdent leur objet.

d) i) Le représentant de l'Etat dans le département et les membres de l'organe délibérant de la collectivité territoriale ou du groupement de collectivités territoriales concerné, compte tenu des intérêts dont ils ont la charge, peuvent invoquer tout moyen à l'appui du recours ainsi défini. ii) Les autres tiers ne peuvent invoquer que des vices en rapport direct avec l'intérêt lésé dont ils se prévalent ou ceux d'une gravité telle que le juge devrait les relever d'office.

e) Saisi par un tiers, dans les conditions définies ci-dessus, de conclusions contestant la validité du contrat ou de certaines de ses clauses, il appartient au juge du contrat, après avoir vérifié que l'auteur du recours autre que le représentant de l'Etat dans le département ou qu'un membre de l'organe délibérant de la collectivité territoriale ou du groupement de collectivités territoriales concerné se prévaut d'un intérêt susceptible d'être lésé de façon suffisamment directe et certaine et que les irrégularités qu'il critique sont de celles qu'il peut utilement invoquer, lorsqu'il constate l'existence de vices entachant la validité du contrat, d'en apprécier l'importance et les conséquences. Ainsi, il lui revient, après avoir pris en considération la nature de ces vices, soit de décider que la poursuite de l'exécution du contrat est possible, soit d'inviter les parties à prendre des mesures de régularisation dans un délai qu'il fixe, sauf à résilier ou résoudre le contrat. En présence d'irrégularités qui ne peuvent être couvertes par une mesure de régularisation et qui ne permettent pas la poursuite de l'exécution du contrat, il lui revient de prononcer, le cas échéant avec un effet différé, après avoir vérifié que sa décision ne portera pas une atteinte excessive à l'intérêt général, soit la résiliation du contrat, soit, si le contrat a un contenu illicite ou s'il se trouve affecté d'un vice de consentement ou de tout autre vice d'une particulière gravité que le juge doit ainsi relever d'office, l'annulation totale ou partielle de celui-ci. Il peut enfin, s'il en est saisi, faire droit, y compris lorsqu'il invite les parties à prendre des mesures de régularisation, à des conclusions tendant à l'indemnisation du préjudice découlant de l'atteinte à des droits lésés.

2) Il appartient en principe au juge d'appliquer les règles définies ci-dessus qui, prises dans leur ensemble, n'apportent pas de limitation au droit fondamental qu'est le droit au recours. Toutefois, eu égard à l'impératif de sécurité juridique tenant à ce qu'il ne soit pas porté une atteinte excessive aux relations contractuelles en cours, le Conseil d'Etat décide que le recours défini ci-dessus ne pourra être exercé par les tiers qui n'en bénéficiaient pas et selon les modalités précitées qu'à l'encontre des contrats signés à compter de la lecture de sa décision. L'existence d'un recours contre le contrat, qui, hormis le déféré préfectoral, n'était ouvert avant cette décision qu'aux seuls concurrents évincés, ne prive pas d'objet les recours pour excès de pouvoir déposés par d'autres tiers contre les actes détachables de contrats signés jusqu'à la date de lecture de la décision (Département de Tarn-et-Garonne, Assemblée, 358994, 4 avril 2014, A, M. Sauvé, pdt., M. Nuttens, rapp., M. Dacosta, rapp. publ.).

1. Ab. jur. CE, 4 août 1905, Martin, n° 14220, p. 749. 2. CE, Section, 3 octobre 2008, Syndicat mixte intercommunal de réalisation et de gestion pour l'élimination des ordures ménagères du secteur Est de la Sarthe (SMIRGEOMES), n° 305420, p. 324. 3. Rappr., s'agissant du recours de pleine juridiction ouvert aux tiers précédemment réservé aux seuls candidats évincés, CE, Assemblée, 16 juillet 2007, Société Tropic Travaux Signalisation, n° 291545, p. 360 ; s'agissant du recours de pleine juridiction ouvert aux parties au contrat, CE, Assemblée, 28 décembre 2009, Commune de Béziers, n° 304802, p. 509. 4. Rappr. CE, Assemblée, 16 juillet 2007, Société Tropic Travaux Signalisation, n° 291545, p. 360. 5. Cf., a contrario, sur la possibilité d'exercer un recours pour excès de pouvoir contre les clauses réglementaires, CE, Assemblée, 10 juillet 1996, C…, p. 274.

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39 – Marchés et contrats administratifs

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39-08-03 – Pouvoirs et obligations du juge

39-08-03-02 – Pouvoirs du juge du contrat

Pouvoirs du juge administratif saisi de la question de la validité d'un contrat sur renvoi de l'autorité judiciaire - Constat des éventuelles irrégularités dont le contrat est entaché - Existence - Juge judicaire seul compétent pour tirer les conséquences des irrégularités relevées - Existence (1).

Il appartient au juge administratif du contrat d'apprécier, eu égard notamment à la nature et à la gravité de l'irrégularité qui entache un contrat administratif, en cas de recours contestant la validité de ce contrat, s'il doit l'annuler ou prononcer toute autre mesure, ou, en cas de litige relatif à l'exécution de ce contrat, s'il doit l'écarter ou en faire application pour régler le litige. Il n'appartient en revanche qu'au seul juge judiciaire d'apprécier, dans le litige dont il est saisi, les conséquences qu'il entend le cas échéant tirer de l'irrégularité dont le juge administratif, saisi d'une demande en appréciation de validité, a déclaré qu'était entaché un contrat administratif (Commune de Saint-Denis, 1 / 6 SSR, 359719, 11 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., M. Decout-Paolini, rapp., Mme Vialettes, rapp. publ.).

1. Cf. CE, 19 janvier 2011, M. A…, n° 337870, p. 6 (fiché sur un autre point).

44 – Nature et environnement

44 – Nature et environnement

44-046 – Chasse

44-046-04 – Associations communales et intercommunales de chasse agréées (ACCA)

Opposition d'un propriétaire à l'inclusion de ses terrains dans le territoire d'une ACCA en raison de ses convictions personnelles - Possibilité de porter une appréciation sur la sincérité de ces convictions - Absence.

Compte tenu de la réserve d'interprétation émise par le Conseil constitutionnel dans sa décision n° 2000-434 DC du 20 juillet 2000, les dispositions de l'article L. 422-10 du code de l'environnement doivent être lues comme faisant obstacle à ce que le préfet, lorsqu'il est saisi par un propriétaire d'une demande tendant au retrait de ses terres du territoire dévolu à une association communale de chasse agréée (ACCA) en raison de ses convictions personnelles opposées à la chasse, porte une appréciation sur la sincérité de ces convictions (Ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie c/ Association communale de chasse agréée de Vernon, 6 / 1 SSR, 364315, 3 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., M. Chavanat, rapp., M. de Lesquen, rapp. publ.).

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48 – Pensions

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48 – Pensions

48-01 – Pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre

48-01-02 – Conditions d'octroi d'une pension

48-01-02-03 – Imputabilité

Invalidité entraînée par un syndrome dépressif consécutif à la mise en examen de l'intéressé pour corruption passive - Mise en examen n'ayant pu intervenir qu'à raison des fonctions que l'intéressé exerçait - Absence de fait personnel de l'intéressé de nature à rompre le lien entre les actes qu'il a accomplis dans l'exercice de ses fonctions et le service - Conséquence - Preuve de l'imputabilité au service apportée par l'intéressé - Existence.

Adjudant de gendarmerie dont l'invalidité a été entraînée par un syndrome dépressif consécutif à sa mise en examen pour corruption passive, laquelle n'a pu intervenir qu'à raison des fonctions qu'il exerçait.

Compte tenu notamment de l'ordonnance de non-lieu rendue à son endroit à titre définitif, aucun fait personnel de l'intéressé n'est de nature à rompre le lien entre les actes qu'il a accomplis dans l'exercice de ses fonctions et le service. Dès lors, l'intéressé doit être regardé comme apportant la preuve de ce que l'infirmité invalidante dont il est atteint est imputable au service (M. G…, 9 / 10 SSR, 346086, 11 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Gariazzo, rapp., M. Aladjidi, rapp. publ.).

49 – Police

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49 – Police

49-04 – Police générale

49-04-01 – Circulation et stationnement

49-04-01-04 – Permis de conduire

49-04-01-04-025 – Retrait de points

Obligation d'information du titulaire du permis de conduire en cas de retrait de points (art. L. 223-3 et R. 223-3 du code de la route) - Procès-verbal comportant des renseignements exacts sur l'état civil, l'adresse et le numéro du permis de conduire du conducteur et sur l'identité et l'adresse du propriétaire du véhicule - Circonstance établissant la délivrance de l'information requise - Absence (1).

La circonstance que le procès-verbal d'infraction comporte des renseignements exacts sur l'état civil, l'adresse et le numéro du permis de conduire du conducteur, ainsi que sur l'identité et l'adresse du propriétaire du véhicule atteste seulement que le procès-verbal a été dressé en présence de l'intéressé mais n'est pas de nature à établir qu'il se serait vu remettre une copie de ce document et qu'il aurait ainsi pu prendre connaissance de l'information requise par les articles L. 223-3 et R. 223-3 du code de la route (M. S…, 5 / 4 SSR, 360202, 9 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., Mme Chelle, rapp., Mme Lambolez, rapp. publ.).

1. Cf. CE, 9 juin 2011, Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales c/ M. S…, n° 339836, inédit.

49-05 – Polices spéciales

49-05-02 – Police sanitaire (voir aussi : Santé publique)

Soumission d'un médicament à tout ou partie du régime applicable aux stupéfiants (art. R. 5132-39 du code de la santé publique) - 1) Nature de la décision du ministre - Caractère réglementaire - 2) Contrôle exercé par le juge de l'excès de pouvoir sur les mesures définies par le ministre - Contrôle normal.

1) L'arrêté par lequel le ministre chargé de la santé, sur le fondement de l'article R. 5132-39 du code de la santé publique, décide, sur proposition du directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, de soumettre un médicament à tout ou partie du régime applicable aux stupéfiants, présente un caractère réglementaire.

2) Le juge de l'excès de pouvoir exerce un contrôle normal sur l'adéquation et le caractère proportionné à l'objectif de protection de la santé poursuivi des mesures définies par le ministre à ce titre (Société Les Laboratoires Servier, 1 / 6 SSR, 364789, 30 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Beurton, rapp., Mme Vialettes, rapp. publ.).

51 – Postes et communications électroniques

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51 – Postes et communications électroniques

51-02 – Communications électroniques

51-02-01 – Téléphone

Construction d'une antenne-relais de téléphonie mobile prenant appui sur un immeuble déjà construit - Détermination du régime d'autorisation applicable au titre du code de l'urbanisme - Opération de travaux exécutés sur une construction existante - Existence - Prise en en compte, pour la détermination du régime d'autorisation applicable, de la hauteur de l'antenne - Absence - Conséquence - Soumission à déclaration de travaux si la surface créée est comprise entre deux et vingt mètres carrés.

L'implantation d'une antenne de radiotéléphonie mobile sur la terrasse d'un immeuble constitue une opération de travaux exécutés sur une construction existante. Si ce type d'ouvrage, pour être soumis à simple déclaration préalable, doit respecter les critères fixés par les articles R. 421-14 et R. 421-17 du code de l'urbanisme - en l'espèce dans leur rédaction antérieure au décret n° 2011-2054 du 29 décembre 2011 - et, notamment, avoir pour effet, pour l'ensemble constitué par la ou les antennes-relais et par l'armoire technique, la création d'une surface hors œuvre brute comprise entre deux et vingt mètres carrés, en revanche, sa hauteur est sans incidence sur la détermination du régime applicable (Société française du radiotéléphone (SFR), 1 / 6 SSR, 366712, 30 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Grosset, rapp., Mme Vialettes, rapp. publ.).

54 – Procédure

54 – Procédure

54-01 – Introduction de l'instance

54-01-01 – Décisions pouvant ou non faire l'objet d'un recours

54-01-01-01 – Actes constituant des décisions susceptibles de recours

Fichier TAJ - Décisions en matière d'effacement ou de rectification prises par le procureur de la République ou par le magistrat désigné à cet effet (art. 230-8 et 230-9 du code de procédure pénale) (1).

Si les données nominatives figurant dans le fichier "traitement des antécédents judiciaires" (TAJ) portent sur des informations recueillies au cours d'enquêtes préliminaires ou de flagrance ou d'investigations exécutées sur commission rogatoire et concernant tout crime ou délit ainsi que certaines contraventions de cinquième classe, les décisions en matière d'effacement ou de rectification prises par le procureur de la République ou par le magistrat désigné à cet effet, qui ont pour objet la tenue à jour de ce fichier et sont détachables d'une procédure judiciaire, constituent non pas des mesures d'administration judiciaire, mais des actes de gestion administrative du fichier. Elles peuvent, par suite, faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif (Ligue des droits de l'homme, 10 / 9 SSR, 360759, 11 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme Lemesle, rapp., Mme Hedary, rapp. publ.).

1. Cf. CE, 17 juillet 2013, M. E…, n° 359417, à publier au Recueil.

54-01-01-02 – Actes ne constituant pas des décisions susceptibles de recours

Appréciations portées par l'Autorité de la concurrence sur le contrôle exercé par une entreprise autre que les parties notifiantes dans les motifs d'une décision d'autorisation de concentration (1).

Les appréciations que l'Autorité de la concurrence porte, dans les motifs de la décision par laquelle elle statue sur la demande d'autorisation d'une opération de concentration, sur l'exercice, par des personnes physiques ou morales autres que les parties notifiantes, d'un contrôle sur ces mêmes parties afin, s'il y a lieu, de tenir compte, dans l'analyse des effets anticoncurrentiels de l'opération sur les marchés pertinents qu'elle a identifiés, de l'activité de l'ensemble des personnes concernées par l'opération, ne sont pas détachables du dispositif de cette décision, dont elles constituent le soutien. Elles ne sauraient être regardées comme constituant une décision distincte de la décision par laquelle l'Autorité de la concurrence a autorisé l'opération de concentration et qui serait susceptible de faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir (Association des centres distributeurs E. Leclerc, 3 / 8 SSR, 364192, 9 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., M. Pourreau, rapp., M. Daumas, rapp. publ.).

1. Cf. CE, 11 octobre 2012, Société Casino Guichard-Perrachon, n° 357193, p. 361 ; CE, 1er octobre 2012, Société ITM Entreprises et autres, n°s 346378 346444, p. 359.

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54 – Procédure

54-01-04 – Intérêt pour agir

54-01-04-02 – Existence d'un intérêt

54-01-04-02-02 – Syndicats, groupements et associations

Services de radio - Agrément par le CSA d'une opération d'acquisition - Syndicat d'exploitants de radios concurrentes (1).

Un syndicat regroupant des exploitants de radios concurrentes d'un service radiophonique et faisant, comme ce dernier service, appel au marché publicitaire national, justifie d'un intérêt lui donnant qualité pour agir contre l'agrément donné par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) à l'acquisition, par la société titulaire de l'autorisation d'émettre ce service, d'autres sociétés exploitant des services radiophoniques dans la même catégorie (Syndicat des réseaux radiophoniques nationaux, 5 / 4 SSR, 348972, 11 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., M. Langlais, rapp., Mme Lambolez, rapp. publ.).

1. Cf., pour l'intérêt à agir d'un exploitant, CE, Section, 29 janvier 1993, Société N.R.J, n° 121953, p. 17.

54-01-08 – Formes de la requête

54-01-08-02 – Ministère d'avocat

54-01-08-02-01 – Obligation

Pourvoi en cassation initialement présenté à tort comme un appel - Annulation de l'arrêt de la cour ayant statué à tort sur ces conclusions - Sursis à statuer sur les conclusions présentées devant la cour sans le ministère d'un avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation et devant être regardées comme un pourvoi, afin de permettre à leur auteur de les régulariser (1).

Cour administrative d'appel ayant statué à tort sur des conclusions dirigées contre un jugement d'un tribunal administratif statuant en premier et dernier ressort, qui ne pouvait faire l'objet que d'un pourvoi en cassation.

Ayant annulé cet arrêt à la demande du défendeur devant la cour, le Conseil d'Etat sursoit à statuer sur les conclusions présentées, sans le ministère d'un avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, par le demandeur devant la cour et qui doivent être regardées comme un pourvoi en cassation, et impartit à leur auteur un délai afin de les régulariser (Département des Alpes Maritimes, 2 / 7 SSR, 365052, 28 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme de Margerie, rapp., Mme Bourgeois-Machureau, rapp. publ.).

1. Rappr. CE, 1er avril 2005, Mme L…, n° 273319, p. 136 (fichée sur un autre point).

54-02 – Diverses sortes de recours

54-02-01 – Recours pour excès de pouvoir

54-02-01-02 – Conditions de recevabilité

Recours contre les actes détachables d'un contrat - Conséquences de l'élargissement du champ du recours de pleine juridiction en contestation de validité du contrat ouvert aux tiers - 1) Principe - a)

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54 – Procédure S'agissant des recours pour excès de pouvoir des tiers autres que le préfet - b) S'agissant du déféré préfectoral (1) - 2) Application dans le temps (2).

1) a) La légalité du choix du cocontractant, de la délibération autorisant la conclusion du contrat et de la décision de le signer ne peut être contestée par les tiers au contrat et les membres de l'organe délibérant de la collectivité territoriale ou du groupement de collectivités territoriales concerné qu'à l'occasion d'un recours de pleine juridiction en contestation de validité du contrat.

b) Toutefois, dans le cadre du contrôle de légalité, le représentant de l'Etat dans le département est recevable à contester la légalité de ces actes devant le juge de l'excès de pouvoir jusqu'à la conclusion du contrat, date à laquelle les recours déjà engagés et non encore jugés perdent leur objet.

2) Eu égard à l'impératif de sécurité juridique tenant à ce qu'il ne soit pas porté une atteinte excessive aux relations contractuelles en cours, le Conseil d'Etat décide que le recours de pleine juridiction en contestation de validité du contrat ne pourra être exercé par les tiers qui n'en bénéficiaient pas auparavant qu'à l'encontre des contrats signés à compter de la lecture de sa décision. L'existence d'un recours contre le contrat, qui, hormis le déféré préfectoral, n'était ouvert avant cette décision qu'aux seuls concurrents évincés, ne prive pas d'objet les recours pour excès de pouvoir déposés par d'autres tiers contre les actes détachables de contrats signés jusqu'à la date de lecture de la décision (Département de Tarn-et-Garonne, Assemblée, 358994, 4 avril 2014, A, M. Sauvé, pdt., M. Nuttens, rapp., M. Dacosta, rapp. publ.).

1. Ab. jur. CE, 4 août 1905, Martin, n° 14220, p. 749. 2. Rappr. CE, Assemblée, 16 juillet 2007, Société Tropic Travaux Signalisation, n° 291545, p. 360.

54-02-04 – Recours en appréciation de validité

Déclaration d'illégalité d'une délibération fixant le montant d'une redevance pour service rendu - Effets - 1) Absence - Disparition rétroactive de l'ordonnancement juridique de la délibération illégale (2) - Remise en vigueur de la délibération précédemment applicable (3) - 2) a) Existence - Habilitation de la collectivité publique à adopter une nouvelle délibération fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire de la déclaration d'illégalité, le tarif devant être appliqué aux usagers ayant contesté la redevance en raison de l'illégalité de la première délibération (1) - b) Portée de la nouvelle délibération - Validation des titres exécutoires émis sur le fondement de la délibération illégale - Absence.

1) La déclaration d'illégalité d'une délibération fixant le montant d'une redevance pour service rendu n'a pour effet ni de faire disparaître rétroactivement cette délibération de l'ordonnancement juridique, ni de faire revivre la délibération précédemment applicable. Par suite, en raison d'une telle déclaration d'illégalité, aucun tarif n'est légalement applicable pour la période en cause aux prestations fournies aux usagers du service public qui avaient engagé une action tendant à la décharge ou à la réduction des redevances qui leur ont été réclamées et soulevé, dans ce cadre, l'exception d'illégalité de la délibération.

2) a) Eu égard à la nature et à l'objet des redevances pour service rendu, qui constituent la rémunération des prestations fournies aux usagers, la déclaration d'illégalité ne saurait avoir pour effet de décharger les usagers ayant ainsi contesté les montants de redevance mis à leur charge de toute obligation de payer une redevance en contrepartie du service dont ils ont effectivement bénéficié. Dès lors, la collectivité publique peut légalement, pour régulariser les situations nées de ces litiges, adopter une délibération fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire du jugement déclarant la délibération illégale, le tarif devant être appliqué, pour les périodes de consommation litigieuses, aux usagers ayant bénéficié du service et contesté, par la voie contentieuse, les montants de redevance mis à leur charge en raison de l'illégalité des délibérations fixant le montant de la redevance.

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54 – Procédure b) Une telle délibération n'a pas pour effet de valider les titres exécutoires émis sur le fondement de la délibération illégale (Mme A… et autres, Section, 357090, 28 avril 2014, A, M. Stirn, pdt., M. Odinet, rapp., Mme Nicolazo de Barmon, rapp. publ.).

1. Rappr., sur la possibilité de fixer rétroactivement un tarif en cas d'annulation contentieuse du tarif d'une redevance pour service rendu, CE, 19 mars 2010, Syndicat des compagnies aériennes autonomes et Fédération nationale de l'aviation marchande, n° 305047, T. p. 625 ; CE, 9 avril 2004, E…, n° 252888, inédite au Recueil. 2. Cf. CE, 27 mai 2002, SA Transolver Service, n° 227338, p. 176. 3. Cf. CE, Assemblée, 18 janvier 1980, B…, n° 14397, p. 29. Rappr., pour le principe selon lequel l'annulation du tarif d'une redevance ne fait pas rétroactivement revivre le tarif antérieur, CE, 9 avril 2004, E…, n° 252888, inédite au Recueil.

54-04 – Instruction

54-04-03 – Caractère contradictoire de la procédure

54-04-03-02 – Communication des moyens d'ordre public

Absence - Tardiveté de la requête spontanément évoquée par le requérant, en l'absence de fin de non-recevoir du défendeur.

Dans l'hypothèse où la question de la recevabilité de la requête au regard du délai de recours contentieux a été expressément évoquée par son auteur, qui conteste la régularité de la notification qui lui avait été faite du jugement qu'il conteste, et a ainsi pu être débattue par les parties, la requête peut être rejetée comme tardive sans information préalable des parties au titre de l'article R. 611-7 du code de justice administrative (Société Copalex, 3 / 8 SSR, 357168, 9 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., Mme Egerszegi, rapp., M. Daumas, rapp. publ.).

54-05 – Incidents

54-05-05 – Non-lieu

54-05-05-02 – Existence

Non-lieu en appel - Conséquence - Possibilité de rejeter l'appel pour irrecevabilité - Absence (1).

Une cour administrative d'appel se méprend sur l'étendue du litige dont elle est saisie en rejetant comme tardives, et donc irrecevables, des conclusions d'appel devenues sans objet en cours d'instance (Société Copalex, 3 / 8 SSR, 357168, 9 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., Mme Egerszegi, rapp., M. Daumas, rapp. publ.).

1. Cf. CE, 23 février 1966, Société Memnon-Films, n° 55686, T. p. 919 ; CE, 24 avril 1981, Mme P…, n° 10813, T. p. 689 sur ce point.

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54 – Procédure

54-06 – Jugements

54-06-01 – Règles générales de procédure

Pourvoi en cassation initialement présenté à tort comme un appel - Annulation de l'arrêt de la cour ayant statué à tort sur ces conclusions - Sursis à statuer sur les conclusions présentées devant la cour sans le ministère d'un avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation et devant être regardées comme un pourvoi, afin de permettre à leur auteur de les régulariser (1).

Cour administrative d'appel ayant statué à tort sur des conclusions dirigées contre un jugement d'un tribunal administratif statuant en premier et dernier ressort, qui ne pouvait faire l'objet que d'un pourvoi en cassation.

Ayant annulé cet arrêt à la demande du défendeur devant la cour, le Conseil d'Etat sursoit à statuer sur les conclusions présentées, sans le ministère d'un avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, par le demandeur devant la cour et qui doivent être regardées comme un pourvoi en cassation, et impartit à leur auteur un délai afin de les régulariser (Département des Alpes Maritimes, 2 / 7 SSR, 365052, 28 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme de Margerie, rapp., Mme Bourgeois-Machureau, rapp. publ.).

1. Rappr. CE, 1er avril 2005, Mme L…, n° 273319, p. 136 (fichée sur un autre point).

54-06-06 – Chose jugée

54-06-06-01 – Chose jugée par la juridiction administrative

54-06-06-01-03 – Effets

Déclaration d'illégalité d'une délibération fixant le montant d'une redevance pour service rendu - 1) Absence - Disparition rétroactive de l'ordonnancement juridique de la délibération illégale (2) - Remise en vigueur de la délibération précédemment applicable (3) - 2) a) Existence - Habilitation de la collectivité publique à adopter une nouvelle délibération fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire de la déclaration d'illégalité, le tarif devant être appliqué aux usagers ayant contesté la redevance en raison de l'illégalité de la première délibération (1) - b) Portée de la nouvelle délibération - Validation des titres exécutoires émis sur le fondement de la délibération illégale - Absence.

1) La déclaration d'illégalité d'une délibération fixant le montant d'une redevance pour service rendu n'a pour effet ni de faire disparaître rétroactivement cette délibération de l'ordonnancement juridique, ni de faire revivre la délibération précédemment applicable. Par suite, en raison d'une telle déclaration d'illégalité, aucun tarif n'est légalement applicable pour la période en cause aux prestations fournies aux usagers du service public qui avaient engagé une action tendant à la décharge ou à la réduction des redevances qui leur ont été réclamées et soulevé, dans ce cadre, l'exception d'illégalité de la délibération.

2) a) Eu égard à la nature et à l'objet des redevances pour service rendu, qui constituent la rémunération des prestations fournies aux usagers, la déclaration d'illégalité ne saurait avoir pour effet de décharger les usagers ayant ainsi contesté les montants de redevance mis à leur charge de toute obligation de payer une redevance en contrepartie du service dont ils ont effectivement bénéficié. Dès lors, la collectivité publique peut légalement, pour régulariser les situations nées de ces litiges, adopter une délibération fixant de manière rétroactive, dans le respect des motifs constituant le support nécessaire du jugement déclarant la délibération illégale, le tarif devant être appliqué, pour les périodes de consommation litigieuses, aux usagers ayant bénéficié du service et contesté, par la voie

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54 – Procédure contentieuse, les montants de redevance mis à leur charge en raison de l'illégalité des délibérations fixant le montant de la redevance.

b) Une telle délibération n'a pas pour effet de valider les titres exécutoires émis sur le fondement de la délibération illégale (Mme A… et autres, Section, 357090, 28 avril 2014, A, M. Stirn, pdt., M. Odinet, rapp., Mme Nicolazo de Barmon, rapp. publ.).

1. Rappr., sur la possibilité de fixer rétroactivement un tarif en cas d'annulation contentieuse du tarif d'une redevance pour service rendu, CE, 19 mars 2010, Syndicat des compagnies aériennes autonomes et Fédération nationale de l'aviation marchande, n° 305047, T. p. 625 ; CE, 9 avril 2004, E…, n° 252888, inédite au Recueil. 2. Cf. CE, 27 mai 2002, SA Transolver Service, n° 227338, p. 176. 3. Cf. CE, Assemblée, 18 janvier 1980, B…, n° 14397, p. 29. Rappr., pour le principe selon lequel l'annulation du tarif d'une redevance ne fait pas rétroactivement revivre le tarif antérieur, CE, 9 avril 2004, E…, n° 252888, inédite au Recueil.

54-07 – Pouvoirs et devoirs du juge

54-07-01 – Questions générales

54-07-01-07 – Devoirs du juge

Litige ayant perdu son objet en appel - Possibilité de rejeter l'appel pour irrecevabilité - Absence (1).

Une cour administrative d'appel se méprend sur l'étendue du litige dont elle est saisie en rejetant comme tardives, et donc irrecevables, des conclusions d'appel devenues sans objet en cours d'instance (Société Copalex, 3 / 8 SSR, 357168, 9 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., Mme Egerszegi, rapp., M. Daumas, rapp. publ.).

1. Cf. CE, 23 février 1966, Société Memnon-Films, n° 55686, T. p. 919 ; CE, 24 avril 1981, Mme P…, n° 10813, T. p. 689 sur ce point.

54-07-02 – Contrôle du juge de l'excès de pouvoir

54-07-02-03 – Appréciations soumises à un contrôle normal

Choix des éléments du régime des produits stupéfiants rendus applicables à un médicament (art. R. 5132-39 du code de la santé publique).

Le juge de l'excès de pouvoir exerce un contrôle normal sur l'adéquation et le caractère proportionné à l'objectif de protection de la santé poursuivi des mesures définies par le ministre lorsque, sur le fondement de l'article R. 5132-39 du code de la santé publique, il décide de soumettre un médicament à tout ou partie du régime applicable aux stupéfiants (Société Les Laboratoires Servier, 1 / 6 SSR, 364789, 30 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Beurton, rapp., Mme Vialettes, rapp. publ.).

Exercice par le ministre chargé de l'aviation civile du pouvoir de fixation des conditions d'utilisation d'un aérodrome.

Le juge de l'excès de pouvoir exerce un contrôle normal sur l'exercice par le ministre chargé de l'aviation civile du pouvoir de fixation des conditions d'utilisation d'un aérodrome en application de l'article D. 232-8 du code de l'aviation civile (Commune de Baons-le-Comte, 2 / 7 SSR, 373193 373194, 28 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme Niepce, rapp., Mme Bourgeois-Machureau, rapp. publ.).

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54 – Procédure

54-08 – Voies de recours

54-08-01 – Appel

54-08-01-03 – Moyens recevables en appel

54-08-01-03-02 – Présentent ce caractère

Moyen d'ordre public - Urbanisme - TA ayant relevé une illégalité viciant le permis de construire dans son entier mais ayant prononcé l'annulation partielle de ce permis sur le fondement de l'article L. 600-5 du code de l'urbanisme - Obligation pour la CAA, même d'office, de censurer cette irrégularité puis de statuer sur la demande de première instance par la voie de l'évocation.

Lorsque le tribunal administratif (TA) prononce l'annulation partielle d'un permis de construire sur le fondement des dispositions de l'article L. 600-5 du code de l'urbanisme alors que l'illégalité qu'il a relevée viciait le permis de construire dans son entier, il se méprend sur les pouvoirs qu'il tient de cet article et méconnaît son office. Il appartient à la cour administrative d'appel (CAA), même d'office, de censurer une telle irrégularité, puis de statuer sur la demande présentée devant les premiers juges par la voie de l'évocation (Commune de Saint-Martin-le-Vinoux, 9 / 10 SSR, 338363, 9 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Larere, rapp., Mme Legras, rapp. publ.).

54-08-02 – Cassation

Pourvoi en cassation initialement présenté à tort comme un appel - Annulation de l'arrêt de la cour ayant statué à tort sur ces conclusions - Sursis à statuer sur les conclusions présentées devant la cour sans le ministère d'un avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation et devant être regardées comme un pourvoi, afin de permettre à leur auteur de les régulariser (1).

Cour administrative d'appel ayant statué à tort sur des conclusions dirigées contre un jugement d'un tribunal administratif statuant en premier et dernier ressort, qui ne pouvait faire l'objet que d'un pourvoi en cassation.

Ayant annulé cet arrêt à la demande du défendeur devant la cour, le Conseil d'Etat sursoit à statuer sur les conclusions présentées, sans le ministère d'un avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, par le demandeur devant la cour et qui doivent être regardées comme un pourvoi en cassation, et impartit à leur auteur un délai afin de les régulariser (Département des Alpes Maritimes, 2 / 7 SSR, 365052, 28 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme de Margerie, rapp., Mme Bourgeois-Machureau, rapp. publ.).

1. Rappr. CE, 1er avril 2005, Mme L…, n° 273319, p. 136 (fichée sur un autre point).

54-08-02-004 – Recevabilité

54-08-02-004-01 – Recevabilité des pourvois

Pourvoi incident portant sur des chefs de préjudices distincts dont la réparation était demandée devant les juges du fond sur un fondement différent - Litige distinct - Existence (1).

Jugement condamnant une collectivité publique au titre de sa responsabilité sans faute, faisant l'objet d'un pourvoi émanant de cette collectivité. Le pourvoi incident du demandeur en première instance dont les premiers juges ont rejeté les conclusions, relatives à des préjudices distincts de ceux en cause dans le pourvoi principal et dont la réparation était demandée sur un fondement différent soulève un litige distinct de celui qui fait l'objet du pourvoi principal et est, par suite, irrecevable

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54 – Procédure (Commune de Dieudonné, 5 / 4 SSR, 357153, 11 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., M. Touboul, rapp., Mme Lambolez, rapp. publ.).

1. Comp. CE, 4 avril 1997, Société d'ingénierie immobilière Sud, n° 127884, T. 1038 ; CE, 3 mars 2010, Office public communal d'HLM de Toulon, n° 316515, T. p. 960. Rappr. CE, 21 octobre 1992, Société Setec-Travaux Publics, n° 115355, T. pp. 1124-1260-1264.

54-08-02-004-03 – Recevabilité des moyens

54-08-02-004-03-01 – Moyen d'ordre public

Urbanisme - TA ayant relevé une illégalité viciant le permis de construire dans son entier mais ayant prononcé l'annulation partielle de ce permis sur le fondement de l'article L. 600-5 du code de l'urbanisme - Méconnaissance par la CAA de son obligation, même d'office, de censurer cette irrégularité puis de statuer sur la demande de première instance par la voie de l'évocation.

Lorsque le tribunal administratif (TA) prononce l'annulation partielle d'un permis de construire sur le fondement des dispositions de l'article L. 600-5 du code de l'urbanisme alors que l'illégalité qu'il a relevée viciait le permis de construire dans son entier, il se méprend sur les pouvoirs qu'il tient de cet article et méconnaît son office. Il appartient à la cour administrative d'appel (CAA), même d'office, de censurer une telle irrégularité, puis de statuer sur la demande présentée devant les premiers juges par la voie de l'évocation. L'erreur commise par la cour en ne procédant pas ainsi doit être relevée d'office par le juge de cassation (Commune de Saint-Martin-le-Vinoux, 9 / 10 SSR, 338363, 9 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Larere, rapp., Mme Legras, rapp. publ.).

54-08-02-02 – Contrôle du juge de cassation

54-08-02-02-01 – Bien-fondé

54-08-02-02-01-02 – Qualification juridique des faits

Fiscalité - Donation - Appréciation portée par les juges du fond sur le caractère d'acte se traduisant par un dépouillement immédiat et irrévocable de son auteur et, par suite, sur l'existence d'un abus de droit (1).

Le juge de cassation exerce un contrôle de qualification juridique sur l'appréciation portée par les juges du fond sur le point de savoir si un acte présenté comme une donation a le caractère d'acte se traduisant par un dépouillement immédiat et irrévocable de son auteur et, par suite, sur l'existence d'un abus de droit (M. et Mme P…, 9 / 10 SSR, 353822, 9 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Lange, rapp., Mme Legras, rapp. publ.).

1. Rappr. CE, 30 décembre 2011, M. et Mme M…, n° 330940, T. p. 869.

Marchés publics - Possibilité de recourir à l'allotissement.

Le juge de cassation contrôle la qualification juridique des faits opérée par les juges du fond sur la question de savoir si des prestations distinctes peuvent être identifiées et si le marché peut dès lors faire l'objet d'un allotissement (Commune de Montreuil, 7 / 2 SSR, 375051, 11 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., M. Montrieux, rapp., M. Dacosta, rapp. publ.).

Notion de comptabilité informatisée (art. L. 13 et L. 47 A du LPF).

Le juge de cassation contrôle la qualification juridique des faits opérée par les juges du fond sur la question de savoir si une comptabilité est tenue au moyen de systèmes informatisés au sens des articles L. 13 et L. 47 A du livre des procédures fiscales (LPF) (Ministre délégué, chargé du budget c/ Société Gamboni restauration, 3 / 8 SSR, 369929, 9 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., Mme Delorme, rapp., M. Daumas, rapp. publ.).

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54 – Procédure

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54-08-02-02-01-03 – Appréciation souveraine des juges du fond

Projet de nature à compromettre ou à rendre plus onéreuse l'exécution d'un futur plan local d'urbanisme et à justifier de surseoir à statuer sur une demande de permis de construire.

Les juges du fond portent une appréciation souveraine sur le point de savoir si un projet est de nature à compromettre ou à rendre plus onéreuse l'exécution du futur plan local d'urbanisme et à justifier une décision de sursis à statuer (Commune de Ramatuelle, 1 / 6 SSR, 356730, 30 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., M. Decout-Paolini, rapp., Mme Vialettes, rapp. publ.).

54-10 – Question prioritaire de constitutionnalité

54-10-05 – Conditions de la transmission ou du renvoi de la question

54-10-05-01 – Applicabilité au litige de la disposition contestée

54-10-05-01-03 – Condition non remplie

Disposition législative n'étant pas entrée en vigueur (1).

Question prioritaire de constitutionnalité portant sur les dispositions du 1° de l'article L. 5423-9 du code du travail.

Dès lors que la disposition législative contestée au regard de la Constitution n'est pas entrée en vigueur, en l'absence des dispositions réglementaires nécessaires à son application, cette disposition ne peut être applicable au litige dont est saisie la cour administrative d'appel, alors même que le tribunal administratif en a fait application dans le jugement frappé d'appel (M. et Mme I…, 2 / 7 SSR, 375709, 28 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Doutriaux, rapp., Mme Bourgeois-Machureau, rapp. publ.).

1. Comp. CE, 18 mai 2010, Commune de Dunkerque, n° 306643, p. 167.

56 – Radio et télévision

56 – Radio et télévision

56-01 – Conseil supérieur de l'audiovisuel

1) Compétence pour fixer et modifier les règles de numérotation logique des services de télévision - Existence - 2) Possibilité pour le CSA de modifier les modalités d'utilisation des autorisations en cours, y compris les règles régissant les modalités d'attribution des numéros logiques - Existence (1) - Limite - Impossibilité de remettre en cause l'existence même des autorisations délivrées ou les conditions essentielles de leur mise en œuvre.

1) En l'absence de dispositions législatives ou réglementaires fixant les règles d'attribution des numéros logiques, les dispositions de la loi du 30 septembre 1986, notamment son article 30-1, qui donnent au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) compétence pour autoriser l'usage des ressources radioélectriques pour la diffusion des services de télévision, impliquent que le CSA est compétent pour organiser la diffusion de ces services par la fixation des règles de la numérotation logique des chaînes et par leur modification.

2) Si le titulaire d'une autorisation d'émettre un service de télévision délivrée par le CSA dispose d'un droit acquis à conserver cette autorisation durant l'intégralité de sa période de validité, sous réserve des dispositions législatives permettant son retrait ou son abrogation, il ne bénéficie cependant pas d'un droit acquis au maintien de toutes les modalités concrètes de mise en œuvre de cette autorisation. Il est dès lors loisible au CSA, dans un objectif de bonne gestion du domaine public hertzien et de prise en compte de l'intérêt du public, de redéfinir, dans le cadre de son pouvoir réglementaire, les modalités d'utilisation des autorisations d'émettre en cours de validité, y compris les règles régissant les modalités d'attribution des numéros logiques, dans la mesure où les nouvelles modalités ne remettent pas en cause l'existence même des autorisations délivrées ni les conditions essentielles de leur mise en œuvre (Association Bocal et autres, 5 / 4 SSR, 362916 362954 362992 363015, 11 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., Mme Derouich, rapp., Mme Lambolez, rapp. publ.).

1. Cf., pour la modification de l'autorisation d'utilisation des fréquences, CE, 12 mai 2003, Société Télévision française 1 (TF1), n° 247353, p. 205 ; pour la modification des spécifications techniques, CE, 13 juin 2001, V…, n° 211403, p. 261.

56-04 – Services privés de radio et de télévision

56-04-01 – Services de radio

Intérêt pour agir contre l'agrément donné par le CSA à une opération d'acquisition - Existence - Syndicat d'exploitants de radios concurrentes (1).

Un syndicat regroupant des exploitants de radios concurrentes d'un service radiophonique et faisant, comme ce dernier service, appel au marché publicitaire national, justifie d'un intérêt lui donnant qualité pour agir contre l'agrément donné par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) à l'acquisition, par la société titulaire de l'autorisation d'émettre ce service, d'autres sociétés exploitant des services radiophoniques dans la même catégorie (Syndicat des réseaux radiophoniques nationaux, 5 / 4 SSR, 348972, 11 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., M. Langlais, rapp., Mme Lambolez, rapp. publ.).

1. Cf., pour l'intérêt à agir d'un exploitant, CE, Section, 29 janvier 1993, Société N.R.J, n° 121953, p. 17.

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56 – Radio et télévision

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56-04-01-01 – Octroi des autorisations

Autorisation d'exploitation d'un service radiophonique - Moyen tiré de ce que la liste des fréquences mentionnées dans l'appel à candidatures du CSA n'indiquait pas toutes les fréquences disponibles - Opérance - Absence (1).

La circonstance que le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) n'aurait pas fait figurer dans la liste des fréquences concernées par l'appel à candidatures certaines fréquences disponibles est sans incidence sur la légalité des autorisations délivrées à l'issue de la procédure mais pourrait seulement, le cas échéant, entacher d'illégalité les refus opposés aux candidats non retenus (Association calédonienne pour la liberté d'expression et le pluralisme des médias et autres, 5 / 4 SSR, 358223, 11 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., Mme Gautier-Melleray, rapp., Mme Lambolez, rapp. publ.).

1. Comp., pour un refus d'autorisation, CE, 20 février 1991, Association " Services Informations sports " n° 100556, p. 60 ; CE, 29 juillet 1998, SARL JL Electroniques, n° 164115, T. p. 1153.

56-04-03 – Services de télévision

1) Compétence du CSA pour fixer et modifier les règles de numérotation logique des services de télévision - Existence - 2) Droit acquis du titulaire d'une autorisation d'émettre au maintien de toutes les modalités concrètes de mise en œuvre de cette autorisation - Absence - Conséquence - Possibilité pour le CSA de modifier les modalités d'utilisation des autorisations en cours, y compris les règles régissant les modalités d'attribution des numéros logiques - Existence (1) - Limite - Impossibilité de remettre en cause l'existence même des autorisations délivrées ou les conditions essentielles de leur mise en œuvre.

1) En l'absence de dispositions législatives ou réglementaires fixant les règles d'attribution des numéros logiques, les dispositions de la loi du 30 septembre 1986, notamment son article 30-1, qui donnent au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) compétence pour autoriser l'usage des ressources radioélectriques pour la diffusion des services de télévision, impliquent que le CSA est compétent pour organiser la diffusion de ces services par la fixation des règles de la numérotation logique des chaînes et par leur modification.

2) Si le titulaire d'une autorisation d'émettre un service de télévision délivrée par le CSA dispose d'un droit acquis à conserver cette autorisation durant l'intégralité de sa période de validité, sous réserve des dispositions législatives permettant son retrait ou son abrogation, il ne bénéficie cependant pas d'un droit acquis au maintien de toutes les modalités concrètes de mise en œuvre de cette autorisation. Il est dès lors loisible au CSA, dans un objectif de bonne gestion du domaine public hertzien et de prise en compte de l'intérêt du public, de redéfinir, dans le cadre de son pouvoir réglementaire, les modalités d'utilisation des autorisations d'émettre en cours de validité, y compris les règles régissant les modalités d'attribution des numéros logiques, dans la mesure où les nouvelles modalités ne remettent pas en cause l'existence même des autorisations délivrées ni les conditions essentielles de leur mise en œuvre (Association Bocal et autres, 5 / 4 SSR, 362916 362954 362992 363015, 11 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., Mme Derouich, rapp., Mme Lambolez, rapp. publ.).

1. Cf., pour la modification de l'autorisation d'utilisation des fréquences, CE, 12 mai 2003, Société Télévision française 1 (TF1), n° 247353, p. 205 ; pour la modification des spécifications techniques, CE, 13 juin 2001, V…, n° 211403, p. 261.

60 – Responsabilité de la puissance publique

60 – Responsabilité de la puissance publique

60-01 – Faits susceptibles ou non d'ouvrir une action en responsabilité

60-01-02 – Fondement de la responsabilité

60-01-02-01 – Responsabilité sans faute

Exécution des décisions de justice - Jugement d'expulsion - Suspension de la période de responsabilité de l'Etat par l'effet du délai de grâce accordé par le juge judiciaire - Absence (1).

Lorsque le préfet, régulièrement requis à cet effet, refuse le concours de la force publique pour l'exécution d'une décision juridictionnelle exécutoire ordonnant l'expulsion de l'occupant d'un local, la période de responsabilité de l'Etat ainsi ouverte n'est pas suspendue par la circonstance, postérieure à la date de ce refus et indépendante de la volonté du propriétaire, que le juge judiciaire accorde un délai de grâce à l'occupant (Ministre de l'intérieur c/ Mme O…, 5 / 4 SSR, 359575, 11 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., M. Touboul, rapp., Mme Lambolez, rapp. publ.).

1. Cf. CE, 24 juillet 1953, Dame veuve Tourout, p. 391. Rappr., pour la trêve hivernale, CE, 27 juillet 2007, Ministre d'Etat, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire c/ Consorts D…, n° 291410, T. pp. 930-1063-1069 ; pour les décisions prises en matière de surendettement, CE, 24 avril 2012, D…, n° 338777, T. p. 831.

60-02 – Responsabilité en raison des différentes activités des services publics

60-02-03 – Services de police

60-02-03-01 – Services de l'Etat

60-02-03-01-03 – Exécution des décisions de justice

Jugement d'expulsion - Suspension de la période de responsabilité de l'Etat par l'effet du délai de grâce accordé par le juge judiciaire - Absence (1).

Lorsque le préfet, régulièrement requis à cet effet, refuse le concours de la force publique pour l'exécution d'une décision juridictionnelle exécutoire ordonnant l'expulsion de l'occupant d'un local, la période de responsabilité de l'Etat ainsi ouverte n'est pas suspendue par la circonstance, postérieure à la date de ce refus et indépendante de la volonté du propriétaire, que le juge judiciaire accorde un délai de grâce à l'occupant (Ministre de l'intérieur c/ Mme O…, 5 / 4 SSR, 359575, 11 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., M. Touboul, rapp., Mme Lambolez, rapp. publ.).

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60 – Responsabilité de la puissance publique

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1. Cf. CE, 24 juillet 1953, Dame veuve Tourout, p. 391. Rappr., pour la trêve hivernale, CE, 27 juillet 2007, Ministre d'Etat, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire c/ Consorts D…, n° 291410, T. pp. 930-1063-1069 ; pour les décisions prises en matière de surendettement, CE, 24 avril 2012, D…, n° 338777, T. p. 831.

61 – Santé publique

61 – Santé publique

61-01 – Protection générale de la santé publique

61-01-01 – Police et réglementation sanitaire

61-01-01-01 – Règlements sanitaires

Soumission d'un médicament à tout ou partie du régime applicable aux stupéfiants (art. R. 5132-39 du code de la santé publique) - 1) Nature de la décision du ministre - Caractère réglementaire - 2) Contrôle exercé par le juge de l'excès de pouvoir sur les mesures définies par le ministre - Contrôle normal.

1) L'arrêté par lequel le ministre chargé de la santé, sur le fondement de l'article R. 5132-39 du code de la santé publique, décide, sur proposition du directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, de soumettre un médicament à tout ou partie du régime applicable aux stupéfiants, présente un caractère réglementaire.

2) Le juge de l'excès de pouvoir exerce un contrôle normal sur l'adéquation et le caractère proportionné à l'objectif de protection de la santé poursuivi des mesures définies par le ministre à ce titre (Société Les Laboratoires Servier, 1 / 6 SSR, 364789, 30 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Beurton, rapp., Mme Vialettes, rapp. publ.).

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63 – Sports et jeux

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63 – Sports et jeux

63-05 – Sports

63-05-01 – Fédérations sportives

63-05-01-02 – Exercice du pouvoir disciplinaire

Personnes pouvant faire l'objet d'une sanction disciplinaire - Seules personnes ayant, à la date de la décision de l'organe disciplinaire compétent, la qualité de licencié de la fédération - Circonstance que la fédération ait reçu la délégation prévue par l'article L. 131-14 du code des sports - Incidence - Absence.

Une fédération sportive agréée, qu'elle ait ou non reçu la délégation du ministre chargé des sports prévue à l'article L. 131-14 du code des sports, n'est habilitée à prononcer une sanction disciplinaire qu'à l'encontre des personnes qui, à la date à laquelle il est statué par l'organe disciplinaire compétent de la fédération, ont la qualité de licencié de cette fédération. Les fédérations délégataires ne tiennent d'aucune disposition législative le pouvoir d'infliger une sanction disciplinaire à des personnes qui prendraient part, sans être licenciées, aux compétitions pour lesquelles elles ont reçu délégation (Fédération française de football, 2 / 7 SSR, 373051, 28 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme Niepce, rapp., Mme Bourgeois-Machureau, rapp. publ.).

65 – Transports

65 – Transports

65-03 – Transports aériens

65-03-04 – Aéroports

1) Transformation en aérodrome agréé à usage restreint d'un aérodrome qui a été autorisé et mis en service en tant qu'aérodrome à usage privé - Nécessité d'une enquête publique préalable (art. R. 211-5 du code de l'aviation civile) - Absence, dès lors que cette transformation n'implique pas la réalisation de travaux - 2) Contentieux - Contrôle du juge de l'excès de pouvoir sur l'exercice par le ministre chargé de l'aviation civile du pouvoir de fixation des conditions d'utilisation d'un aérodrome - Contrôle normal.

1) Dès lors que la transformation, par l'effet des arrêtés litigieux, en aérodrome agréé à usage restreint d'un aérodrome qui a été autorisé et mis en service en tant qu'aérodrome à usage privé n'impliquait pas la réalisation de travaux, l'autorité administrative n'était pas tenue par les dispositions de l'article R. 211-5 du code de l'aviation civile de faire précéder l'intervention de ces arrêtés par une enquête publique.

2) Le juge de l'excès de pouvoir exerce un contrôle normal sur l'exercice par le ministre chargé de l'aviation civile du pouvoir de fixation des conditions d'utilisation d'un aérodrome en application de l'article D. 232-8 du code de l'aviation civile (Commune de Baons-le-Comte, 2 / 7 SSR, 373193 373194, 28 avril 2014, B, M. Arrighi de Casanova, pdt., Mme Niepce, rapp., Mme Bourgeois-Machureau, rapp. publ.).

65-03-04-01 – Contrôle de la navigation aérienne

Limite d'âge (57 ans) des contrôleurs aériens - Compatibilité avec les dispositions de la directive 2000/78/CE du 27 novembre 2000 ouvrant aux Etats membres la faculté de prévoir des différences de traitement reposant sur un critère d'âge si elles sont nécessaires à la sécurité publique (art. 2 § 5) ou constituent une exigence professionnelle essentielle et déterminante (art. 4 § 1) - 1) Différence de traitement en fonction de l'âge - Existence (1) - 2) Respect des conditions posées par la directive - a) Justification du principe même de la limite d'âge - Existence, compte tenu de la faculté ouverte aux Etats de prévoir une telle limite par la directive 2006/23/CE - b) Justification du champ de cette limite d'âge, applicable à l'ensemble des contrôleurs aériens indépendamment des fonctions auxquelles ils sont affectés - Existence, compte tenu de l'objectif de sécurité publique poursuivi - c) Nécessité et proportionnalité du niveau de l'âge limite - Existence, compte tenu des caractéristiques des fonctions et de la possibilité de reclassement dans un autre corps.

1) La limite d'âge des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, fixée à cinquante-sept ans, sans possibilité de report, par l'article 3 de la loi n° 89-1007 du 31 décembre 1989 relative au corps des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, dans sa rédaction antérieure à la loi n° 2010-1330 du 9 novembre 2010, dès lors qu'elle est inférieure au droit commun, constitue une différence de traitement selon l'âge affectant les conditions d'emploi et de travail au sens des dispositions des articles 1er et 2 de la directive 2000/78/CE du 27 novembre 2000.

2) a) Cette limite d'âge est justifiée dans son principe dès lors que la directive 2006/23/CE du 5 avril 2006 a offert aux Etats membres, dans le but d'assurer la sécurité de la circulation aérienne, la faculté, maintenue en vigueur, d'instaurer une différence de traitement selon l'âge pour les contrôleurs de la navigation aérienne exerçant des fonctions opérationnelles.

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65 – Transports

b) Il convient cependant de vérifier, d'une part, que la limite d'âge de 57 ans fixée par la loi du 31 décembre 1989 est justifiée en ce qu'elle concerne tous les membres du corps des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, indépendamment de leur affectation dans leurs différentes fonctions.

La sécurité aérienne dépend principalement du contrôle assuré par les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne. Dans le cadre du contrôle dit " en route ", dont ils ont la charge exclusive, les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne doivent assurer seuls la gestion du vol des avions croisant dans un même espace aérien à des altitudes, vitesses et trajectoires différentes et être capables de recomposer immédiatement le plan de vol des appareils en fonction des positions des uns et des autres. Dans le cadre des contrôles dits " d'approche " et " d'aérodrome " qu'ils effectuent, les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne doivent également assurer en toute sécurité l'approche des aérodromes et l'utilisation des pistes.

L'exercice par les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne de leurs différentes fonctions nécessite une attention constante aux informations données par leurs écrans radar et une capacité à prendre immédiatement les mesures nécessaires à la bonne gestion des situations qui se présentent à eux. Eu égard aux conséquences potentielles d'une erreur qu'ils commettraient, des exigences de réactivité appropriée particulièrement fortes s'imposent à eux. L'exercice par les contrôleurs de la navigation aérienne de leurs fonctions nécessite ainsi, compte tenu de la nature de leur travail sur écran, de la vigilance permanente exigée par les situations d'urgence auxquelles ils sont susceptibles d'être confrontés et des cycles de travail irréguliers de jour comme de nuit qui sont les leurs, des facultés d'attention, de concentration et de récupération dont la mobilisation particulièrement intense et constante s'accompagne d'une importante charge mentale. Ces facultés sont susceptibles d'être affectées par l'âge, dès lors que celui-ci peut amoindrir l'endurance, la vigilance et les performances au travail du contrôleur de la navigation aérienne.

Par ailleurs, si, dans leur mission de contrôle " en route ", ces agents travaillent par équipes de deux, chacun de leurs membres est chargé d'une tâche spécifique et complémentaire et ne peut, pour cette raison, relâcher son attention pendant toute la durée de son cycle de travail. Si treize pour cent des membres du corps des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne sont affectés à des fonctions dites " hors salle ", notamment sur des emplois ouverts à des fonctionnaires relevant d'autres corps, c'est-à-dire sans avoir à exercer une activité opérationnelle de contrôle de la navigation aérienne, ceux-ci doivent néanmoins conserver leur aptitude à ce contrôle et être à même, en fonction des besoins, de reprendre à tout moment une activité opérationnelle en salle de contrôle.

Ainsi, l'institution d'une règle générale permet d'éviter que soient encore en fonction des agents dont les aptitudes seraient amoindries par l'âge. D'ailleurs, les examens médicaux annuels, nécessaires à la délivrance des attestations médicales de classe 3 ne sont ni destinés, ni adaptés à l'évaluation de ces facultés et de la charge mentale qui y est associée.

L'institution d'une telle limite d'âge générale et dérogatoire par l'article 3 de la loi du 31 décembre 1989, répondant à l'objectif de garantir la sécurité aérienne, est, par suite, justifiée au regard des dispositions du paragraphe 5 de l'article 2 de la directive du 27 novembre 2000 et répond à une exigence professionnelle essentielle et déterminante pour atteindre cet objectif, au sens des dispositions du paragraphe 1 de l'article 4 de la même directive.

c) Il convient de vérifier, d'autre part, que le niveau de la limite d'âge retenu est compatible avec les exigences posées par la directive du 27 novembre 2000 et proportionné avec les motifs permettant d'instaurer une limite d'âge inférieure au droit commun.

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S'il est vrai que les possibilités de reclassement offertes dans le corps des ingénieurs des études et de l'exploitation de l'aviation civile sont limitées, celles-ci doivent néanmoins être prises en considération dès lors qu'elles permettent aux ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne de poursuivre, sur leur demande et après examen professionnel, une activité au-delà de la limite d'âge qui leur est applicable. Ainsi, et alors même que, en application de l'article 38 de la loi du 9 novembre 2010 et dans le cadre du recul général de l'âge des départs à la retraite tenant compte des évolutions de l'espérance de vie et de l'état de santé et d'aptitude des populations, la limite d'âge des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne sera progressivement reculée pour les agents nés à compter du 1er juillet 1961, qui atteindront l'âge de 57 ans à compter du 1er juillet 2018, et sera définitivement portée à 59 ans pour les agents nés à compter du 1er janvier 1963, soit à compter du 1er janvier 2022, la limite d'âge de 57 ans pour les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne, en vigueur à la date du litige, doit être regardée comme nécessaire et proportionnée au regard des dispositions du paragraphe 5 de l'article 2 et de celles du paragraphe 1 de l'article 4 de la directive du 27 novembre 2000 (Ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie c/ M. L…, Assemblée, 362785 et autres, 4 avril 2014, A, M. Sauvé, pdt., M. Dieu, rapp., M. Pellissier, rapp. publ.).

1. Cf. CJUE, 12 janvier 2010, Colin Wolf contre Stadt Frankfurt am Main, aff. C-229/08, Rec. p. I-00001.

68 – Urbanisme et aménagement du territoire

68 – Urbanisme et aménagement du territoire

68-001 – Règles générales d'utilisation du sol

68-001-01 – Règles générales de l'urbanisme

68-001-01-02 – Prescriptions d'aménagement et d'urbanisme

68-001-01-02-03 – Régime issu de la loi du 3 janvier 1986 sur le littoral

Règles applicables à l'extension de l'urbanisation (I de l'art. L. 146-4 du code de l'urbanisme) - Notion de hameau nouveau intégré à l'environnement - Définition.

Un permis ne peut être délivré sur le fondement des dispositions du premier alinéa du I de l'article L. 146-4 du code de l'urbanisme pour la réalisation d'une construction qui n'est pas en continuité avec les agglomérations et villages existants qu'à la condition que le projet soit conforme à la destination d'une zone délimitée par le document local d'urbanisme, dans laquelle celui-ci prévoit la possibilité d'une extension de l'urbanisation de faible ampleur intégrée à l'environnement par la réalisation d'un petit nombre de constructions de faible importance, proches les unes des autres et formant un ensemble dont les caractéristiques et l'organisation s'inscrivent dans les traditions locales (Commune de Bonifacio, 6 / 1 SSR, 360902, 3 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., M. Ribes, rapp., M. de Lesquen, rapp. publ.).

68-01 – Plans d'aménagement et d'urbanisme

68-01-01 – Plans d'occupation des sols (POS) et plans locaux d’urbanisme (PLU)

68-01-01-02 – Application des règles fixées par les POS ou les PLU

68-01-01-02-02 – Règles de fond

Dispositions d'un POS interdisant les affouillements et exhaussements - Champ d'application - Inclusion - Installations et travaux divers non soumis à permis de construire - Exclusion Travaux de mise en état de terrains constituant l'assiette de projets faisant l'objet d'un permis de construire (1).

Les dispositions du règlement d'un plan d'occupation des sols interdisant les affouillements et exhaussements du sols doivent s'entendre comme concernant les " installations et travaux divers ",

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68 – Urbanisme et aménagement du territoire non soumis à la réglementation du permis de construire et dont la réalisation est subordonnée à autorisation dans les conditions prévues par les articles R. 442-1 et suivants du code de l'urbanisme, dans leur rédaction applicable avant l'entrée en vigueur du décret n° 2007-18 du 5 janvier 2007. En revanche, elles ne sont pas applicables aux travaux de mise en état des terrains d'assiette des bâtiments et autres ouvrages dont la construction fait l'objet d'un permis de construire, lequel est délivré conformément à d'autres dispositions du même code et tient compte d'éventuels affouillements et exhaussements du sol (M. et Mme L…, 1 / 6 SSR, 356428, 11 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., M. Trouilly, rapp., Mme Vialettes, rapp. publ.).

1. Rappr. CE, 6 février 1981, SCI de Kerambigorn, n° 01331, p. 65.

68-02 – Procédures d'intervention foncière

68-02-01 – Préemption et réserves foncières

68-02-01-01 – Droits de préemption

68-02-01-01-03 – Espaces naturels sensibles

68-02-01-01-03-02 – Régime issu de la loi du 18 juillet 1985

Obligation de motivation de la décision de préemption - Portée - Inclusion - Référence à l'acte portant création de la zone de préemption et mention des raisons pour lesquelles la préservation et la protection des parcelles en cause justifient la préemption - Exclusion - Justification de la sensibilité du milieu ou de la qualité du site et des modalités futures de protection et de mise en valeur des parcelles.

Les décisions de préemption prises sur le fondement de l'article L. 142-3 du code de l'urbanisme dans les zones de préemption créées au titre des espaces naturels sensibles doivent, en application de l'article 1er de la loi n° 79-587 du 11 juillet 1979 comporter l'énoncé des motifs de droit et de fait ayant conduit l'autorité administrative à préempter. Cette obligation de motivation implique que la décision comporte une référence à l'acte portant création de la zone de préemption et indique les raisons pour lesquelles la préservation et la protection des parcelles en cause justifiaient la préemption. Elle n'impose en revanche pas à l'auteur de la décision de préciser la sensibilité du milieu naturel ou la qualité du site, dès lors que l'inclusion de parcelles dans une zone de préemption est nécessairement subordonnée à leur intérêt écologique, ou les modalités futures de protection et de mise en valeur des parcelles qu'elle envisage de préempter (Commune des Saintes-Maries-de-la-Mer, 1 / 6 SSR, 360794, 30 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., M. Trouilly, rapp., Mme Vialettes, rapp. publ.).

68-025 – Certificat d'urbanisme

68-025-03 – Contenu

Mention relative au sursis à statuer - Omission - Conséquences - Motif d'illégalité du certificat - Existence - Impossibilité d'opposer ultérieurement un sursis à statuer - Absence.

Le certificat d'urbanisme délivré sur le fondement du a) de l'article L. 410-1 du code de l'urbanisme a pour effet de garantir à son titulaire un droit à voir toute demande d'autorisation ou de déclaration préalable déposée dans le délai indiqué examinée au regard des règles d'urbanisme applicables à la date de la délivrance du certificat. Parmi ces règles figure la possibilité, lorsqu'est remplie, à la date de délivrance du certificat, l'une des conditions énumérées à l'article L. 111-7 du code l'urbanisme, d'opposer un sursis à statuer à une déclaration préalable ou à une demande de permis.

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68 – Urbanisme et aménagement du territoire

Si l'omission de la mention d'une telle possibilité dans le certificat d'urbanisme peut être, en vertu du cinquième alinéa de l'article L. 410-1 du code de l'urbanisme et du sixième alinéa de l'article A. 410-4 du même code, de nature à constituer un motif d'illégalité de ce certificat, elle ne fait pas obstacle à ce que l'autorité compétente oppose un sursis à statuer à une déclaration préalable ou à une demande de permis ultérieure concernant le terrain objet du certificat d'urbanisme (Commune de Langolen, 6 / 1 SSR, 362735, 3 avril 2014, B, M. Honorat, pdt., M. de Froment, rapp., M. de Lesquen, rapp. publ.).

68-03 – Permis de construire

68-03-02 – Procédure d'attribution

68-03-02-01 – Demande de permis

Obligation de joindre une autorisation d'occupation du domaine public - Condition de légalité du permis - Existence - Portée - Inclusion - Construction destinée à occuper le domaine public ou nécessitant un aménagement permanent d'une dépendance domaniale - Exclusion - Occupation du domaine nécessaire pour les seuls besoins des travaux.

Pour l'application des dispositions de l'article R. 421-1-1 du code de l'urbanisme, dans sa rédaction antérieure à l'entrée en vigueur du décret n° 2007-18 du 5 janvier 2007, une construction est subordonnée à une autorisation appropriée d'occupation du domaine public, laquelle doit alors être jointe à la demande de permis de construire, lorsqu'elle est destinée à occuper le domaine public ou nécessite un aménagement permanent d'une dépendance du domaine public. En revanche, lorsque la construction nécessite seulement une autorisation d'occupation pour les besoins des travaux, une telle autorisation ne constitue pas une condition de légalité du permis de construire (Commune de Val-d'Isère, Section, 349420, 28 avril 2014, A, M. Stirn, pdt., Mme Beurton, rapp., M. Lallet, rapp. publ.).

68-03-025 – Nature de la décision

68-03-025-01 – Sursis à statuer

68-03-025-01-01 – Motifs

Projet de nature à compromettre ou à rendre plus onéreuse l'exécution d'un futur plan local d'urbanisme - Contrôle de juge de cassation - Appréciation souveraine des juges du fond, sauf dénaturation.

Les juges du fond portent une appréciation souveraine sur le point de savoir si un projet est de nature à compromettre ou à rendre plus onéreuse l'exécution du futur plan local d'urbanisme et à justifier une décision de sursis à statuer (Commune de Ramatuelle, 1 / 6 SSR, 356730, 30 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., M. Decout-Paolini, rapp., Mme Vialettes, rapp. publ.).

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68 – Urbanisme et aménagement du territoire

68-03-03 – Légalité interne du permis de construire

68-03-03-02 – Légalité au regard de la réglementation locale

68-03-03-02-02 – POS ou PLU (voir également supra : Plans d'aménagement et d'urbanisme)

Dispositions d'un POS interdisant les affouillements et exhaussements - Champ d'application - Inclusion - Installations et travaux divers non soumis à permis de construire - Exclusion Travaux de mise en état de terrains constituant l'assiette de projets faisant l'objet d'un permis de construire (1).

Les dispositions du règlement d'un plan d'occupation des sols interdisant les affouillements et exhaussements du sols doivent s'entendre comme concernant les " installations et travaux divers ", non soumis à la réglementation du permis de construire et dont la réalisation est subordonnée à autorisation dans les conditions prévues par les articles R. 442-1 et suivants du code de l'urbanisme, dans leur rédaction applicable avant l'entrée en vigueur du décret n° 2007-18 du 5 janvier 2007. En revanche, elles ne sont pas applicables aux travaux de mise en état des terrains d'assiette des bâtiments et autres ouvrages dont la construction fait l'objet d'un permis de construire, lequel est délivré conformément à d'autres dispositions du même code et tient compte d'éventuels affouillements et exhaussements du sol (M. et Mme L…, 1 / 6 SSR, 356428, 11 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., M. Trouilly, rapp., Mme Vialettes, rapp. publ.).

1. Rappr. CE, 6 février 1981, SCI de Kerambigorn, n° 01331, p. 65.

68-04 – Autorisations d'utilisation des sols diverses

68-04-044 – Autorisations relatives aux équipements de ski

Autorisation d'aménagement d'une piste de ski alpin (art. L. 473-1 du code de l'urbanisme) - Effet - Terrain d'assiette réputé faire l'objet d'un aménagement indispensable à son affectation au service public de l'exploitation des pistes de ski - Conséquence - Appartenance de ce terrain au domaine public de la personne publique qui en est propriétaire.

Une piste de ski qui n'a pu être ouverte qu'en vertu de l'autorisation d'aménagement prévue à l'article L. 473-1 du code de l'urbanisme a fait l'objet d'un aménagement indispensable à son affectation au service public de l'exploitation des pistes de ski et fait en application de l'article L. 2111-1 du code général de la propriété des personnes publiques partie, dès lors qu'elle appartient à une collectivité publique, du domaine public de cette dernière (Commune de Val-d'Isère, Section, 349420, 28 avril 2014, A, M. Stirn, pdt., Mme Beurton, rapp., M. Lallet, rapp. publ.).

68-04-045 – Régimes de déclaration préalable

68-04-045-02 – Déclaration de travaux exemptés de permis de construire

Antenne de radiotéléphonie mobile prenant appui sur un immeuble déjà construit - Opération de travaux exécutés sur une construction existante - Existence - Prise en en compte, pour la détermination du régime d'autorisation applicable, de la hauteur de l'antenne - Absence.

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68 – Urbanisme et aménagement du territoire

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L'implantation d'une antenne de radiotéléphonie mobile sur la terrasse d'un immeuble constitue une opération de travaux exécutés sur une construction existante. Si ce type d'ouvrage, pour être soumis à simple déclaration préalable, doit respecter les critères fixés par les articles R. 421-14 et R. 421-17 du code de l'urbanisme - en l'espèce dans leur rédaction antérieure au décret n° 2011-2054 du 29 décembre 2011 - et, notamment, avoir pour effet, pour l'ensemble constitué par la ou les antennes-relais et par l'armoire technique, la création d'une surface hors œuvre brute comprise entre deux et vingt mètres carrés, en revanche, sa hauteur est sans incidence sur la détermination du régime applicable (Société française du radiotéléphone (SFR), 1 / 6 SSR, 366712, 30 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Grosset, rapp., Mme Vialettes, rapp. publ.).

68-06 – Règles de procédure contentieuse spéciales

68-06-04 – Pouvoirs du juge

Office du juge - TA ayant relevé une illégalité viciant le permis de construire dans son entier mais ayant prononcé l'annulation partielle de ce permis sur le fondement de l'article L. 600-5 du code de l'urbanisme - 1) Méconnaissance par le TA de son office - 2) Obligation pour la CAA, même d'office, de censurer cette irrégularité puis de statuer sur la demande de première instance par la voie de l'évocation - 3) Obligation pour le juge de cassation de relever d'office l'erreur commise par la CAA en ne procédant pas ainsi.

1) Lorsque le tribunal administratif (TA) prononce l'annulation partielle d'un permis de construire sur le fondement des dispositions de l'article L. 600-5 du code de l'urbanisme alors que l'illégalité qu'il a relevée viciait le permis de construire dans son entier, il se méprend sur les pouvoirs qu'il tient de cet article et méconnaît son office. 2) Il appartient à la cour administrative d'appel (CAA), même d'office, de censurer une telle irrégularité, puis de statuer sur la demande présentée devant les premiers juges par la voie de l'évocation. 3) L'erreur commise par la cour en ne procédant pas ainsi doit être relevée d'office par le juge de cassation (Commune de Saint-Martin-le-Vinoux, 9 / 10 SSR, 338363, 9 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Larere, rapp., Mme Legras, rapp. publ.).

68-06-04-01 – Moyens

Délivrance d'un permis modificatif à seule fin de tirer les conséquences d'un jugement frappé d'appel - Effets - Régularisation des illégalités affectant le permis de construire litigieux - Absence - Inopérance des moyens tirés de ces illégalités - Absence.

Un permis modificatif, délivré à seule fin de tirer les conséquences d'un jugement frappé d'appel, ne saurait avoir pour effet de régulariser les illégalités affectant le permis de construire litigieux et de rendre inopérants les moyens tirés de ces illégalités (Commune de Saint-Martin-le-Vinoux, 9 / 10 SSR, 338363, 9 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Larere, rapp., Mme Legras, rapp. publ.).

68-06-05 – Effets des annulations

Délivrance d'un permis modificatif à seule fin de tirer les conséquences d'un jugement frappé d'appel - Effets - Régularisation des illégalités affectant le permis de construire litigieux - Absence - Inopérance des moyens tirés de ces illégalités - Absence.

Un permis modificatif, délivré à seule fin de tirer les conséquences d'un jugement frappé d'appel, ne saurait avoir pour effet de régulariser les illégalités affectant le permis de construire litigieux et de rendre inopérants les moyens tirés de ces illégalités (Commune de Saint-Martin-le-Vinoux, 9 / 10 SSR, 338363, 9 avril 2014, B, M. Ménéménis, pdt., Mme Larere, rapp., Mme Legras, rapp. publ.).

71 – Voirie

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71 – Voirie

71-02 – Régime juridique de la voirie

71-02-03 – Occupations privatives de la voie publique

1) Distinction entre permission de voirie délivrée par l'autorité gestionnaire du domaine et permis de stationnement - 2) Autorité compétente pour délivrer un permis de stationnement (1) - Principe - Gestionnaire du domaine - Exception - Dispositions contraires - Inclusion - Dispositions des articles L. 2213-1 et L. 2213-6 du CGCT - Conséquences - Compétence du maire pour délivrer des permis de stationnement sur les voies de communication situées à l'intérieur de l'agglomération et sur les autres lieux publics visés à l'article L. 2213-6, dont font partie les places piétonnes ouvertes à la circulation du public et situées au sein de l'agglomération - 3) Espèce - Domaine national de Chambord - Compétence du maire pour délivrer des permis de stationnement sur les voies de ce domaine ouvertes à la circulation publique ainsi que sur les autres lieux publics qui en sont l'accessoire - Existence.

1) L'occupation d'une dépendance du domaine public fait l'objet, lorsqu'elle donne lieu à emprise, d'une permission de voirie délivrée par l'autorité responsable de la gestion du domaine et, dans les autres cas, d'un permis de stationnement.

2) Si la délivrance d'un permis de stationnement incombe en principe à ce même gestionnaire, c'est sous réserve de dispositions contraires. Il résulte des dispositions des articles L. 2213-1 et L. 2213-6 du code général des collectivités territoriales (CGCT) qu'en sa qualité d'autorité compétente en matière de police de la circulation sur les voies de communication situées à l'intérieur des agglomérations, le maire est seul compétent pour délivrer des permis de stationnement sur ces mêmes voies et sur les autres lieux publics visés à l'article L. 2213-6. Une place piétonne ouverte à la circulation du public et située au sein d'une agglomération est au nombre des dépendances domaniales visées à l'article L. 2213-6 du CGCT.

3) Les dispositions de l'article 230 de la loi n° 2005-157 du 23 février 2005 ont pour objet de coordonner, sur les voies du domaine national de Chambord ouvertes à la circulation publique, les pouvoirs de police respectifs du maire de la commune et du directeur général de l'établissement public. Si elles confèrent à ce dernier le pouvoir de police afférent à la gestion de ces voies en y incluant celui de la circulation, elles réservent au maire la police de la circulation sur les voies de communication situées à l'intérieur de l'agglomération, dans les conditions de droit commun de l'article L. 2213-1 du CGCT, auquel elles renvoient expressément et qui impliquent sa compétence pour délivrer, sur ces voies ainsi que sur les autres lieux publics qui en sont l'accessoire, des permis de stationnement en application de l'article L. 2213-6 du même code. Dès lors, en sa qualité d'autorité chargée de la police de la circulation, le maire est compétent pour y délivrer des permis de stationnement, alors même que ces voies font partie du domaine public de l'Etat, qu'elles ont été remises en dotation à l'établissement public et que celui-ci exerce les pouvoirs de police afférents à leur gestion (Domaine national de Chambord, 8 / 3 SSR, 366483, 9 avril 2014, A, M. Arrighi de Casanova, pdt., M. Vié, rapp., M. Bohnert, rapp. publ.).

1. Cf. CE, Section, 26 avril 1966, Société d'affichage Giraudy, n° 60127, p. 293 ; CE, 14 juin 1972, Sieur E…, n° 83682, p. 436 ; pour la compétence, sauf dispositions contraires, du gestionnaire non propriétaire du domaine pour délivrer les autorisations d'occupation du domaine, CE, 1er février 2012, SA RTE EDF Transport, n° 338665, T. pp. 745-779.