Chap-V-Le Tourneau - Cita BXVI Et Cusermann Liturgie EpoqueContemporaine

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    V. L'poque contemporaine

    1. Le juridisme du XIXe sicle

    a) L'apparition du juridisme

    Depuis le XIXe sicle le juridisme a envahi la liturgie de l'glise1. Il nous faut retrouver uneapproche harmonieuse du culte, du droit et de l'thos qui a marquune bonne partie de la viede l'glise. Le droit casuistique, explique Benot XVI2, fournit des normes pour rgler desquestions juridiques tout fait concrtes : les prescriptions concernant la dtention d'esclaveset leur affranchissement, les blessures corporelles causes par des hommes ou des animaux,l'indemnisation aprs un vol, etc. Aucune motivation thologique n'est donne, mais oninstaure des sanctions concrtes, proportionnelles au tort commis . En revanche, le droitapodictique est dictau nom de Dieu lui-mme, sans aucune mention de sanctionconcrte 3. La pape cite Frank Crsemann, qui a qualifiles dispositions du droitapodictique de mta-normes , qui reprsentent une instance critique en regard des rglesdu droit casuistique 4. La dimension juridique est prsente dans la conformation liturgico-sacramentelle du culte chrtien en continuitavec la loi ancienne, mais avec toute la profondenouveautet l'originalitde la lex gratiae. Le fait que droit du sacr ne soit pasconsciemment laboret formalistout au long du premier millnaire ne signifie pas que cefacteur tait absent ou inoprant. Pendant le premier millnaire de l'existence de l'glise, iln'existe pratiquement pas de solution de continuitentre droit et liturgie, le droit canoniquen'tant pas encore scientifiquement labor, et le contenu des textes et des sources anciennes,canons des conciles et symboles de la foi, tant normalement la fois magistriel, crmonielet lgal. Il n'y a pas de solution de continuitentre le mystre du droit et l'annonce de la

    Parole, la clbration des sacrements et le service de la charit. Le droit imprgne lesexpressions cultuelles d'une faon simple et immdiate partir des principes directeursimprims dans la lex sacramentorumet la communion hirarchique. Il est donc erronderamener le facteur juridique dans la mission de l'glise au seul munus regendi, la seulelgislation.Il ne faut pas opposer le droit casuistique de l'Ancien Testament au droit apodictique du

    Nouveau. D'autre part, le caractre juridique ne se situe pas seulement dans le domaine de lalgislation et de la production des normes ecclsiastiques, mais aussi dans celui du ius quodest ex gratia. Le droit apodictique n'est alors pas opposindment non plus au droit desrubriques, et se trouve mme de comprendre toutes les manifestations de l'Ecclesia iuris.

    L'Alliance, passe par Dieu avec son peuple, a une valeur profondment juridique tant donnque l'appartenance au peuple lu implique de partager dans son intgralitl'ordre de lacommunaut. L'interprtation de l'lment rituel et de l'lment juridique et le caractre

    1Sur le dveloppement qui suit, cf. M. Del Pozzo,La dimensione giuridica della liturgia.Saggi su ciche giusto nella celebrazione del mistero pasquale, Milan, Giuffr, 2008.2J. Ratzinger/Benot XVI,Jsus de Nazareth. I. Du baptme dans le Jourdain laTransfiguration, Paris, Flammarion, 2007, p. 146-147.

    3 Tu ne maltraiteras point l'immigrqui rside chez toi, tu ne l'opprimeras point, car voustiez vous-mmes des immigrs en gypte. Vous n'accablerez pas la veuve et l'orphelin (Exode 22, 20-21).

    4J. Ratzinger/Benot XVI,Jsus de Nazareth. I. Du baptme dans le Jourdain laTransfiguration, Paris, Flammarion, 2007, p. 147-148.

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    minemment central de la liturgie dans l'conomie de l'Ancien Testament sont descaractristiques constitutives du droit vtrotestamentaire qu'il convient d'purer certes, maisqui ne sont pas dpasses.

    b) L'conomie de la Nouvelle Alliance

    Avec le Christ, nous assistons une intriorisation et une spiritualisation de la loi, qui peuttrouver son expression dans la circoncision du cur (cf. Romains 2, 25-29). Deux

    consquences s'ensuivent : a) la naissance du dualisme, l'ordre spirituel se sparant de l'ordresculier, et b) la constitution d'une nouvelle forme de communion, la fois horizontale etverticale. L'apport du christianisme rside principalement dans la porte libratrice de la loivanglique. La lex gratiaeest essentiellement une lex libertatis(cf. Jacques 1, 25).Le dpassement des prceptes rituels, la suite du perfectionnement de la loi oprpar Jsusde Nazareth5, conduit faire passer l'individualitavant l'identitcollective de la nation. Ledroit ne constitue alors plus seulement un ordre, un systme rationnel de relations humaines,mais il est la forme de reconnaissance de la dignitchrtienne du fidle. Le droit canoniqueainsi dgagde l'emprise sculire se prsente comme un ius sacrumpar essence et parparticipation, et non seulement par appartenance ou par attribution. La perspective unificatrice

    de la Personne du Christ, la fois prophte, grand prtre et roi, confre un caractre spirituelet organique au droit ecclsiastique tout entier. C'est ce qui explique que les droitsfondamentaux des fidles et le caractre organique des institutions ecclsiales soient lesfondements de la constitution de l'glise. Cest lun aspect essentiel sur lequel nous aurons revenir.

    c) Une conception maximaliste du droit

    C'est ce que ne peut percevoir la conception juridicisante , ou maximaliste , de la

    liturgie. Elle comprime l'essence thologique du culte et en exalte l'aspect phnomnologique.Le sens de l'autoritest exagrment soulignaux dpens de la pitpersonnelle et de laparticipation la liturgie. Ce qui tait second devient premier : le droit se prsente de plus enplus comme un moyen de contrle et de rgulation des phnomnes sociaux et donc du cultepublic. L'accent est mis sur la lgislation ecclsiastique et le droit liturgique est compriscomme l'ensemble des normes et des rubriques qui en rglent la clbration, dfinition parailleurs habituelle, et quil convient de dpasser, comme nous lexpliquerons plus avant.

    d) L'appauvrissement du droit

    En sens contraire, dans cette conception que nous pourrions appeler minimaliste , le droitest une simple superstructure purement formelle, dtache de l'essence du mystre chrtien.Or, le droit canonique ne se borne pas structurer des rapports sociaux pour ainsi direconnexes des choses spirituelles. Il s'agit d'un ius sacrum, parce qu'il assure et protge desbiens propres, noncs au canon 209 (CCEO, c. 12), et des exigences particulires qui ontpour caractristique d'tre dues. Cet appauvrissement se produit de trois faons, selon sesfauteurs.

    a) En premier lieu, le facteur juridique joue un rle de contrle externe. C'est--dire que lecaractre juridique serait liuniquement la licit, la validitet la responsabilitadministrative, disciplinaire ou pnale de l'action sacre, mais pas la signification

    5 N'allez pas croire que je sois venu abroger la Loi ou les Prophtes : je ne suis pas venuabroger, mais parfaire (Matthieu 5, 17).

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    fructueuse et plnire du signe . La pitet la rgularitdu culte chappent alors la justice.Les rgles de validit/licitsont l'unique aspect pris en considration au point d'en arriver l'identifier avec le droit sacramentel lui-mme , au prix d'un appauvrissement terrible6. Or, lavaleur juridique d'un comportement ne doit pas tre mesure au degrd'imputabilitou deresponsabilit, mais au caractre objectivement obligatoire de la conduite conforme au bien

    commun des fidles, aspect qui est premier, et ladquation du comportement cetteobligation.

    b) Un autre secteur de la doctrine cantonne le facteur juridique dans des circonstances

    exceptionnelles, sans incidence sur la vie ordinaire de l'glise. L'affirmation de SC 28, dansles clbrations liturgiques chacun, ministre ou fidle, en s'acquittant de sa fonction, feraseulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature de la chose et des normes

    liturgiques , a pourtant des consquences juridiques lies non tellement aux termes employsd'office, norme ou comptence, qu'au contenu effectif ngatif ( seulement ) ou positif( totalement ) des charges institutionnelles confies au sujet, et au critre hermneutiquetenant compte de la nature du rite et des normes liturgiques.

    c) Un dernier secteur distingue le droit liturgique au sens large et au sens restreint. Au sensstrict, ce serait l'ensemble des normes qui rglent de faon directe et immdiate l'exercicepublic du culte, les leges liturgicae disciplinares. Au sens large, il comprend toutes les

    normes, lesleges rituales, qui, d'une faon ou d'une autre, ont voir avec l'action liturgique,qu'elles portent sur le chant liturgique, le clbrant, le temps, le lieu et la langue du culte, ouencore la prsance, etc. Ce droit est en partie crit, en partie coutumier. Est du droitliturgique toute norme liturgique, aussi bien une disposition particulire que la rsolution d'undoute pos, par exemple, par une confrence d'vques, mme si ni la norme ni la matiretraite ne sont gnrales, et ne satisfont donc pas au caractre formel de lgalit. Cetteconception normativiste, qui ne tient compte que de lapotestas regiminisde la hirarchie,

    relgue sur un second plan ce qui est l'objet propre et original du droit liturgique, larglementation des crmonies n'appartiendrait au droit canonique que in obliquo, de faondrive. La question des sources du droit liturgique s'en ressent, en ce que les sources sontlimites d'abord au code, puis aux livres liturgiques et aux actes de gouvernement officiels del'autoritecclsiale. Le droit liturgique positif finit par l'emporter nettement sur le droitfondamental, lil'institution divine. De telle sorte que non seulement l'on perd de vue lanature mme du fait liturgique, source premire de son caractre juridique, mais aussi que lemagistre et l'enseignement ordinaire de la hirarchie sont de fait privs de leur valeureffective et de leur importance 7. Il n'est que trop frquent que le caractre juridique soitrestreint l'examen d'un texte lgal. C'est oublier le rle purement instrumental du texte etson lien consubstantiel avec la ralit, qu'il prsente 8. C'est disjoindre le simple ritualismedes lois rubricaires de la canonicitdes lois disciplinaires, ces dernires se voyant seulesreconnatre le caractre pleinement et proprement parler juridique. De ce point de vue, plusle droit est authentiquement liturgique, moins il est canonique...

    Ces deux courants, maximaliste et minimaliste, finissent galement par vider le droitecclsiastique et le droit liturgique de leur sens et de leur contenu.

    6. Besson, La dimension juridique des sacrements ,AC48 (2006), p. 141.7Cf. M. Del Pozzo, Dal diritto liturgico alla dimension giuridica delle cose sacre : una proposta di metodo, dicontenuto e di comunicazione interdisciplinare ,IE19 (2007), p. 589-608, que nous suivons ici (la cit. est lap. 595).

    8C. J. Errazuriz, La dimensione giuridica del munus docendinella Chiesa ,IE1 (19898), p.

    190.

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    2. Le code de droit canonique de 1917

    Le canon 1257 CIC 17 traduit bien la situation de la liturgie entre le concile de Trente et le

    concile de Vatican II : Seul le Sige apostolique est comptent pour rglementer la liturgieet approuver les livres liturgiques. Cette comptence incombant la congrgation des Rites

    et Crmonies, aux termes du canon 253 dudit code.Il tait prcisque les vques devaient veiller ce que des abus ne se glissent pas dans ladiscipline ecclsiastique, surtout dans l'administration des sacrements et des sacramentaux,dans le culte de Dieu et des saints, dans la prdication de la parole de Dieu, dans les saintesindulgences, dans l'excution des volonts pieuses (c. 836 2). Ils devaient surtout treattentifs ce que dans le culte divin, tant public que priv, ou dans la vie quotidienne desfidles, aucune pratique superstitieuse ne soit admise (c. 1261 1). En ce qui concerne leclbrant, il tait prcisque, toute coutume contraire tant rprouve, le prtre clbrantobservera soigneusement et dvotement les rubriques de ses livres rituels, il veillera ne pasajouter de son propre arbitre d'autres crmonies ou prires (c. 818).Dans l'encycliqueMediator Dei, du 20 novembre 1947, le pape Pie XII se fait l'cho de cettedoctrine : Au seul Souverain Pontife appartient le droit de reconnatre et tablir tout usageconcernant le culte divin, dintroduire et approuver de nouveaux rites, de modifier ceux

    mmes quil aurait jugs immuables. Les vques ont donc le droit et le devoir de veillerattentivement ce que les prescriptions des sacrs canons relatives au culte divin soientobserves avec exactitude. De plus, aucune personne prive n'a le pouvoir de rglementerles actions extrieures qui sont au plus haut point lies avec la discipline ecclsiastique et avecl'ordre, l'unitet la concorde du Corps mystique, et, qui plus est, frquemment avec l'intgritde la foi catholique elle-mme (n56). Saint Jean de la Croix demandait dj qu'on laissele prtre dire la Messe comme l'glise l'enseigne et comme elle le prescrit : que personne nese mle d'y ajouter du nouveau, comme si, mieux que l'Esprit Saint et son glise, on savait ce

    qui convient 9. Paul VI dira pour sa part qu' en matire de liturgie, il ne doit pas exister lamoindre opposition entre le prsent et le pass10.

    3. Du code de 1917 au concile Vatican II

    Malgrles apparences, uniformitne signifie pas immobilisme. Des rformes ont tentreprises ou mises en chantier, certes par l'autoritcentrale, mais sous l'impulsion dumouvement liturgique.

    En 1785, Benot XIII fait diter leMemoriale Rituum.Plus prs de nous11, par le motu proprio Tra le sollecitudine, du 22 novembre 1903, fte desainte Ccile, saint Pie X donne sa charte la musique religieuse, ordonne une rvision duchant grgorien et en publie une dition typique de 1905 1911 ; il signe le retour des orguesdans la musique sacre. Par le dcret Sacra tridentina, du 20 dcembre 1905, il instaure la

    9Il ajoute : Que si Dieu juge bon de ne pas nous exaucer quand nous agissons avec

    simplicit, ne croyons pas qu'il le fera par condescendance pou nos inventions. Car Dieu notre gard est disposde telle faon que si nous nous conformons au bien qu'il veut et qu'ilaime, tout nous sera accord, mais si nous n'avons en vue que la satisfaction personnelle, il estinutile de s'adresser Lui. En tout ce qui regarde la faon de prier et de faire des actes dedvotion, suivons les exemples de Jsus-Christ et les traditions de son glise (La Monte duCarmel, l. 3, ch. 43).

    10Paul VI,Allocution au Consilium, 29 octobre 1964.

    11Cf. Communauts sacerdotales de Saint-Sverin de Paris et de Saint-Joseph de Nice,LeRenouveau liturgique, Paris, Librairie Arthme Fayard, coll. Je sais-Je crois, 1960, p. 11-13.

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    communion frquente et donc la participation des fidles au sacrifice par la communion12. Ilinsiste sur la participation active des fidles la clbration des mystres, source premireet indispensable du vritable esprit chrtien . Le dcret Quam singulare, du 6 aot 1910,porte sur la communion des enfants. Le 1er novembre 1911, par la bulleDivino afflatu, saint

    Pie X rforme le calendrier et le brviaire, redonnant au dimanche la prminence en tant que

    jour du Seigneur sur les ftes des saints. Il publie le Graduale romanum(1907), refond l'Ordopsallendipour que le psautier soit rcitchaque semaine (1911), publie l'Antiphonaire pourles heures du jour (1912).

    Sous le Serviteur de Dieu Pie XII, le rite de la Semaine Sainte est rvis, et la congrgationdes Rites publie, le 3 septembre 1958, une importante instruction sur la liturgie et la musique

    sacre. Nous devons aussi Pie XII l'encycliqueMystici Corporis, du 29 juin 1943,l'encycliqueMediator Dei, du 20 novembre 1947, et l'encycliqueMusicae sacrae disciplina,

    du 25 dcembre 1955. Pie XII amnage le jene eucharistique13, autorise la langue parle dansla clbration de la messe14, restaure la vigile pascale en 1951, rforme la Semaine Sainte15,facilite l'administration de certains sacrements16, promeut l'art sacr17, rforme le calendrier

    liturgique (1955).Le bienheureux Jean XXIII, pour sa part, a promulguun nouveau code de rubriques sacres,par le dcretRubricarum Instructum, du 25 juillet 1960, qui reprend en partie des projets dePie XII de rforme gnrale de l'Office, et de conclbration18.

    4. Les nouveauts du concile Vatican II

    Le premier document approuvpar les Pres du concile Vatican II concerne la liturgie, laconstitution Sacrosanctum Concilium. La constitution a tapprouve par 2147 voix contre 4,et promulgue le 4 dcembre 1963, 400 ans jour pour jour aprs l'annonce de la publicationdu brviaire et du missel tridentins. L'approche de la liturgie est profondment renouvele. Ce

    qui ne veut pas dire bouleverse. Mais au lieu de s'adresser presque exclusivement auxministres sacrs, en ignorant le peuple fidle, les normes liturgiques manant du concileVatican II s'inspirent de trois critres :

    a La !astorale litur"ique

    Lapastorale liturgiqueest intgre la lgislation ; en effet, le concile prescrit que lesrubriques prennent en compte l'existence de tous les fidles, mme si, ici, le mot fidles semble exclure les ministres : Dans la rvision des livres liturgiques, on veilleraattentivement ce que les rubriques prvoient aussi le rle des fidles (SC 31). Les fidles,sans distinction, ont le droit de recevoir de leurs pasteurs une catchse sur les rites sacrs :

    12En 1909. Sur la pratique de la communion, cf.Eucharistia. Encyclopdie de lEucharistie,

    sous la dir. De M. Brouard, s.s.s., Paris, Le Cerf, 2002.

    13Const. ap. Christus Dominus, 6 janvier 1953 ; m.p. Sacram communionem, mars 1957.

    14Rituels bilingues d'Allemagne, 21 mars 1950 ; de France, 28 fvrier 1947 ; messe enchinois, dcr. de la Propagande, 1949 (non appliqu).15Dcret gnral, 16 novembre 1955 ; dcr. 1Er fvrier 1957.16Ministre extraordinaire de la confirmation, 14 septembre 1946 ; forme de l'ordre, const. ap.

    Sacramentum ordinis, 30 novembre 1948 ; simplification des rubriques du missel et du

    brviaire, 23 mars 1955.17Saint-Office, instr., 30 juin 1952.

    18Cf. Pie XII,Discours, 2 novembre 1954 ;Discours aux congressistes d'Assise, 22

    septembre 1956.

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    Les pasteurs d'mes poursuivront avec zle et patience la formation liturgique et aussi laparticipation active19des fidles, intrieure et extrieure, proportionne leur ge, leurcondition, leur genre de vie et leur degrde culture religieuse (SC 19). Cette instruction aun caractre pdagogique. C'est une formation la foi et la participation active auxclbrations liturgiques, participation active si ardemment souhaite par le concile : Elle est,

    en effet, la source premire et indispensable laquelle les fidles doivent puiser un espritvraiment chrtien ; et c'est pourquoi elle doit tre recherche avec ardeur par les pasteursd'mes, dans toute l'action pastorale, avec la pdagogie ncessaire (SC 14/b). Si lessacrements ont pour fin de sanctifier les hommes, d'difier le Corps du Christ, enfin derendre le culte Dieu titre de signes efficaces de la grce, ils ont aussi un rled'enseignement (SC 59/a). C'est pourquoi, prcise encore le concile, il est de la plusgrande importance que les fidles comprennent facilement les signes des sacrements etfrquentent de la faon la plus assidue les sacrements qui nourrissent la vie chrtienne (SC59/b). L'glise se dit aussi soucieuse d'obtenir que les fidles n'assistent pas ce mystre dela foi comme des spectateurs trangers ou muets , mais qu'ils le comprennent bien dans ses

    rites et ses prires , et que, pour cela, ils participent consciemment, pieusement etactivement l'action sacre (SC 8).

    # Le concile s$adresse % l$ensem#le de la communaut ecclsiale

    En second lieu, le concile s'adresse tous les composants de la communautecclsiale, en vuede la participation consciente et active de tous. Il pose comme principe que, dans les

    clbrations liturgiques chacun, ministre ou fidle20, en s'acquittant de sa fonction, feraseulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature de la chose et des normes

    liturgiques (SC 28). Soulignons ici la double exigence : seulement et totalement . Chacun

    doit remplir son rle et ne pas en dborder ni l'corner, mais il doit l'accomplir intgralement,

    sans omissions, laisser-aller ni dmissions.

    c La l"islation s$assou!lit

    Enfin la lgislation liturgique perd son caractre en quelque sorte monolithique. Une margetrs large de crativitest laisse afin d'admettre les diffrences lgitimes et les adaptations la diversitdes assembles, des rgions, des peuples, surtout dans lesmissions . Il ne s'agit toutefois pas de permettre l'arbitraire - le principe prcdent l'exclutpleinement. De plus ces amnagements devront sauvegarder l'unitsubstantielle du riteromain . Et les Pres conciliaires ajoutaient qu'l'heure de procder la rvision de lastructure et des rubriques des livres liturgiques, il sera bon d'avoir ce principe devant les

    yeux (SC 38). Il existe donc des lments substantiels, d'origine divine, qui sont immuables,et des lments accidentels, d'origine humaine, qui, eux, peuvent voluer. C'est auxconfrences d'vques qu'il appartient de veiller l'application correcte des normesfondamentales contenues dans la constitution Sacrosanctum Concilium, dans les limites

    fixes par les ditions typiques des livres liturgiques , surtout pour l'administration dessacrements, les sacramentaux, les processions, la langue liturgique, la musique sacre et lesarts (SC 39).

    d Le cadre de la r&orme litur"ique

    SC 21 fixe le cadre l'intrieur duquel il est possible de procder la rforme liturgique :

    19Nous reviendrons longuement sur la participation active des fidles au chap. XII.20On notera encore la terminologie dficiente.

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    Pour que le peuple chrtien obtienne plus srement des grces abondantes dans la liturgie, lasainte Mre glise veut travailler srieusement la restauration gnrale de la liturgie elle-mme. Car celle-ci comporte une partie immuable, celle qui est d'institution divine, et desparties sujettes au changement qui peuvent varier au cours des ges ou mme le doivent s'il s'yest introduit des lments qui correspondent mal la nature intime de la liturgie elle-mme,

    ou si ces parties sont devenues inadaptes. Cette restauration doit consister organiser lestextes et les rites de telle faon qu'ils expriment avec plus de clartles ralits saintes qu'ilssignifient, et que le peuple chrtien, autant qu'il est possible. puisse facilement les saisir et yparticiper par une clbration pleine, active et communautaire. On dit souvent que leconcile Vatican II marque une poque nouvelle dans la vie de l'glise. C'est vrai, soulignaitJean-Paul II, mais en mme temps il est difficile de ne pas remarquer que l'Assembleconciliaire a eu largement recours aux expriences et aux rflexions de la priode antrieure,spcialement au patrimoine de pense de Pie XII. Dans l'histoire de l'glise, le vieux et le neuf sont toujours troitement mls. Le neuf crot sur le vieux , le vieux trouvedans le neuf une expression plus accomplie 21. Comment ne pas rappeler alors que la

    rforme liturgique est le fruit d'une longue priode de rflexion qui remonte jusqu'l'actionpastorale de saint Pie X et qui a trouvune singulire impulsion dans l'encycliqueMediatorDeide Pie XII 22.

    Telles sont les normes qui ont tmises en uvre pour la rvision des livres liturgiques aprsle concile Vatican II. Les modifications introduire dans lesprnotandades livresliturgiques ont tapprouves par la CCDDS, le 12 septembre 198323. Le code induisait aussides changements dans les Ordines dpourvus deprnotanda24. Il faut prciser encore que l'glise, son pouse, est appele clbrer le banquet eucharistique jour aprs jour enmmoire de lui. Elle inscrit ainsi le sacrifice rdempteur de son poux dans l'histoire deshommes et elle le rend prsent sacramentellement dans toutes les cultures. Ce grand mystre

    est clbrdans les formes liturgiques que l'glise, sous la conduite de l'Esprit Saint,dveloppe dans le temps et dans l'espace. ce propos, il est ncessaire de rveiller en nous laconscience du rle dcisif exercpar l'Esprit Saint dans le dveloppement de la formeliturgique et dans l'approfondissement des mystres divins 25.

    '. Les ru#riques a!rs Vatican II

    Le mot rubrique est presque inexistant des livres liturgiques rviss. Nous le trouvonsdans le Rituel des ordinations (nos116, 241, 314), ou encore dans le Rituel de la profession

    religieuse (nos23, 54). Mais la ralitdemeure. LesRubric generalesont tremplaces parune introduction, plus ou moins dtaille, de caractre doctrinal, pastoral et liturgique, du rite

    concern. Pour le Missel, il s'agit de la Prsentation gnrale du missel romain,InstitutioGeneralis Missalis Romani, qui en est sa troisime dition, de 200026. Pour les divers

    21Jean-Paul II, exhort. ap. Tertio millennio adveniente, n18.22Jean-Paul II,Discours l'Assemble plnire de la CCDDS, 3 mai 1996, n2.23CCDDS, Variationes in novas editiones librorum liturgicorum ad normam Codicis Iuris

    Canonici promulgati introducendae ,Notitiae19 (1983), p. 540-555.

    24Cf. P.-M. Gy, Les changements dans lespraenotandades livres liturgiques la suite ducoe de droit canonique ,Notitiae19 (1983), p. 556-561.

    25Benot XVI, exhort. ap. post-synodale Sacramentum caritatissur l'Eucharistie source etsommet de la vie et de la mission de l'glise , 22 fvrier 2007, n12.26Approbation de l'Editio Typica Tertia du Missel Romain, 10 avril 2000, par dcret de laCongr. pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, 20 avril 2000,Notitiae38 (2002)

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    sacrements, cette introduction est appele Prnotanda, en latin,Notes doctrinales etpastorales, ou Orientations doctrinales et pastorales, ou simplement Prliminaires, en

    franais. Pour le brviaire, c'est la Prsentation gnrale de la Liturgie des heures, ouInstitutio Generalis de Liturgia Horarum. Ces nouvelles rubriques ne rglent pas en dtail ledroulement des rites. Elles laissent souvent au clbrant une grande libertdans le choix des

    textes, afin d'en adapter certains lments aux conditions de l'assemble et des circonstances.Dans certains cas, il est invitassocier les fidles concerns ce choix. Les rubriquessoulignent la signification des rites, faisant ressortir une thologie des diverses clbrationsliturgiques. Il est possible d'y trouver la confluence de deux thologies complmentaires,comme dans l'Ordo Pnitenti, avec une thologie biblique de la rconciliation et unethologie scolastique des quatre parties du sacrement27.Ceci dit, les principes gnraux du droit sacramentaire inclus dans les canons 834-839 CIC 83amnent dpasser le rigorisme rubriciste et mettent en garde contre le formalisme auquelsuffirait la pure observance des rgles extrieures, sans aucun engagement intrieur ; parl'apport d'une sve doctrinale nouvelle, ils fcondent les normes concrtes, les librant du

    fcheux rubricisme ; ils manifestent et nourrissent un souci pastoral srieux, qui engagera prparer les clbrations et promouvoir la participation des fidles, sans se contenter d'enassurer le droulement digne et bien ordonn; ils impliquent le renoncement l'uniformitauprofit du principe d'incarnation dans les diffrentes cultures 28.

    452-453. Cette troisime dition typique n'est entre en vigueur qu'en 2002.27Cf. Ph. Rouillard, Rubriques , Catholicisme Hier Aujourd'hui Demain, vol. XIII, col.

    199-201.

    28J. Manzanares, La liturgie dans le nouveau Code de droit canonique ,Nouvelle Revue de

    Thologie107 (1985), p. 546-547.