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CHAPITRE 1 : constitution de sociétés commerciales La société commerciale est une convention qui obéit à des conditions de fond et de forme. La Constitution est une phase essentielle de l’existence d’une société en ce sens qu’elle constitue l’acte de naissance de celle-ci. A la base, il y a une convention qui obéit à des conditions de fond et de forme. Section 1 : Les éléments du fond Comme tout contrat, le contrat de société est soumis aux conditions de droit commun des contrats art.47COCC. En sus de ces conditions, le contrat de société se particularise à travers trois conditions à savoir : la volonté de s’associer, la volonté de partager les bénéfices et l’apport. Concernant notre étude, nous mettrons en exergue la volonté de s’associer et la volonté de partager les bénéfices conformément aux décisions obtenues. Paragraphe 1 : La volonté de s’associer La volonté de s’associer encore appelée affectio societatis désigne le lien de confiance et d’affaire liant les parties au contrat de société. Autrement dit, c’est l’intention de collaborer activement et de façon égalitaire. Ce critère est une condition essentielle qui a fait l’objet de plusieurs décisions. Cf. annexes. C’est ainsi que dans l’affaire Léopold Faye contre Abdou Niang (annexe 1 N°735), ils étaient convenus aux fins de créer un magasin d’alimentation générale. Par la suite, Niang créa le magasin à son nom. C’est ce que M. Faye a contesté en saisissant le Tribunal. Le juge devait résoudre la question de la détermination de l’affectio societatis. Dès lors, le juge s’est référé à l’article 864 « Il y a société de fait lorsque deux ou plusieurs personnes physiques ou morales se comportent comme des 1

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Page 1: CHAPITRE 1 : constitution de sociétés commerciales...CHAPITRE 1 : constitution de sociétés commerciales La société commerciale est une convention qui obéit à des conditions

CHAPITRE 1 : constitution de sociétés commerciales

La société commerciale est une convention qui obéit à des conditions defond et de forme.

La Constitution est une phase essentielle de l’existence d’une société en cesens qu’elle constitue l’acte de naissance de celle-ci. A la base, il y a uneconvention qui obéit à des conditions de fond et de forme.

Section 1 : Les éléments du fond

Comme tout contrat, le contrat de société est soumis aux conditions dedroit commun des contrats art.47COCC.

En sus de ces conditions, le contrat de société se particularise à traverstrois conditions à savoir : la volonté de s’associer, la volonté de partagerles bénéfices et l’apport.

Concernant notre étude, nous mettrons en exergue la volonté des’associer et la volonté de partager les bénéfices conformément auxdécisions obtenues.

Paragraphe 1 : La volonté de s’associer

La volonté de s’associer encore appelée affectio societatis désigne le liende confiance et d’affaire liant les parties au contrat de société. Autrementdit, c’est l’intention de collaborer activement et de façon égalitaire.

Ce critère est une condition essentielle qui a fait l’objet de plusieursdécisions. Cf. annexes.

C’est ainsi que dans l’affaire Léopold Faye contre Abdou Niang (annexe 1N°735), ils étaient convenus aux fins de créer un magasin d’alimentationgénérale. Par la suite, Niang créa le magasin à son nom. C’est ce que M.Faye a contesté en saisissant le Tribunal. Le juge devait résoudre laquestion de la détermination de l’affectio societatis.

Dès lors, le juge s’est référé à l’article 864 « Il y a société de fait lorsque deux ou plusieurs personnes physiques ou morales se comportent comme des

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associés sans avoir consttué entre elles l’une des sociétés reconnues par le

présent Acte Uniforme » pour en déduire l’absence de la volonté.

C’est dans cette logique que le juge s’est prononcé dans l’affaire MamadouNdiaye / Ousseynou Touré (N°2337 du 10/12.2008). En l’espèce, Mamadou Ndiaye soutenait être associé de Ousseynou Touré dans la réalisation de la société en ce sens qu’il avait apporté des apports en numéraire et des apports en industrie. Mais cette qualité lui avait été refusée par Ousseynou Touré le considérant comme un employé.

Ainsi, le juge était donc appelé à résoudre la question de savoir s’ils sontassociés ?

A cette question, le juge par application de l’article 864 AUSCGIE quidispose qu’il existe une société de fait lorsque deux ou plusieurspersonnes physiques ou morales se comportent comme des associés sansavoir constitué entre elles l’une des sociétés prévue par l’AU. En effet,pour le tribunal, l’existence de la qualité d’associé est subordonnée à troisconditions parmi lesquelles, l’intention nette des parties de s’associer envue d’une opération commerciale. Ce critère faisant défaut, le juge adébouté Mamadou Ndiaye de sa demande.

En plus de la volonté de s’associer, le contrat de société secaractérise aussi par la volonté de partager les bénéfices.

Paragraphe 2 : La volonté de partager les bénéfices

C’est l’intention de partager les Bénéfices. Il est utile de signaler que lecontrat de société est caractérisé par la recherche de profits qui doiventêtre partagés entre les parties au contrat. En effet, l’intention de partagerles Bénéfices a l’objet de plusieurs décisions.

Ainsi dans l’affaire (n°775 du 15-04-2008 annexe) opposant CFAOSénégal à Samba Codou détenteur de dix actions dans la sociétéAfricauto qui devient CFAO Sénégal. Le Directeur Général de la CFAOadressant une correspondance à Samba, l’informa de ce que ses actionssont réduites à deux sans aucune motivation. Voulant en savoir plus, ils’est heurté au mépris de la CFAO qui a refusé de lui rétribuer sesdividendes.

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Un associé peut-il se voir refuser ses droits aux dividendes? Telle est laquestion qui se posait.

Le juge par application de l’article 53, disposant que ces titres sociauxconfèrent à l’associé un droit sur les bénéfices réalisés par la société. Ilconclut dès lors que Samba. C. SY est bien fondé à réclamer lesdividendes.

Le juge s’est également prononcé sur cette volonté de partager lesbénéfices et de reporter les pertes dans l’affaire N°23-37 précitée.

Il va de soi que le droit au bénéfice a pour corollaire de supporter lespertes.

A côté de ces éléments de fond, y’a l’élément formel à savoirl’immatriculation.

Section 2 : Les éléments de forme

L’immatriculation est l’acte qui confère à la société sa personnalitéjuridique. C’est ce qui ressort de l’article 98 qui dispose « toute sociétéjouit de la personnalité à compter de son immatriculation au RCCM, àmoins que ce présent AU en dispose autrement ».

Ainsi, le statut de société (P1) diffère selon qu’elles soient immatriculées(P2) ou non immatriculées (P3).

Paragraphe 1 : Le statut de sociétés

Les statuts sont prévus à l’article 10 SC-GIE selon lequel « lesstatuts sont établis par acte notarié ou tout autre acte offrant desgaranties d’authenticité dans l’état du siège de la société ». C’est un actepar lequel les futurs associés scellent leur engagement. On peut doncrelever qu’en signant les statuts, chaque associé manifeste son accord à lacréation de la société et s’engage également à respecter leur contenu.

Ainsi tout acte pris en violation des statuts en violation des statutsencourt l’annulation.

C’est dans ce sens que le juge s’est prononcé dans l’affaire EricBidet contre SOGESTEL (CA Dakar 4 février 2005 annexe).

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Il résulte des faits de cet arrêt, qu’à la suite d’une convention decompte courant conclu entre les parties Bidet, créancier de la société l’aassignée devant le tribunal régional et obtenu sa condamnation aupaiement.

C’est ainsi que la SOGESTEL non content du jugement, saisi la Courd’Appel au motif qu’il y a violation des statuts de la société.

Le sieur Bidet par contre soutient que, c’est en vertu d’uneconvention conclue avec un autre associé qu’il a sollicité à la SOGESTELqu’elle lui rembourse conformément les sommes dues.

Le juge avait dès lors à répondre à la question relative aux statuts.Autrement dit, la convention ainsi invoquée est-elle conforme auxstatuts ?

A une telle question, le juge répond par l’affirmative. En effet, laCour d’Appel a décidé que le jugement entrepris a condamné la SOGESTELà rembourser la somme due à Eric Bidet suivant les modalités fixées parles statuts. Par conséquent, cette condamnation ne comporte aucuneviolation des dispositions statutaires.

Paragraphe 2: Le statut des sociétés immatriculées

L’immatriculation confère la personnalité juridique qui confère desattributs, notamment la capacité, le patrimoine, le nom, la rationalité, lesiège social.

S’agissant de la capacité, nous ferons référence à la capacité dejouissance (droit d’agir) et la capacité d’exercice (intérêt à agir ou qualitéà agir).

Ainsi, dans l’arrêt N°209 du 22-04-2004(annexe) dont les faits viennentcomme suit : la Société Foncière Côte d’Afrique avait loué en 1965, unevilla à un Hedant avec une clause portant priorité d’achat. Aurenouvellement, un autre contrat de bail fut reconduit sans reconductionde la clause d’achat.

A la vente du Titre Foncier à la Société Keur Aldiana, Hedant contesteracette vente et à la suite du prononcé de l’arrêt, le considérant commesimple locataire, il refusa de payer. Il contesta également la qualité pouragir de la société parce que l’immeuble loué est actuellement inscrit à laconservation Foncière Côte d’Afrique au nom de la Société Keur Aldiana.

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Pour le juge, c’est le droit civil qui doit s’appliquer puisqu’il s’agit d’uncontrat de bail. Et relativement à la qualité pour agir, le juge précise quela société avait cette prérogative car la société a conclu un contrat de bailet elle devait se défendre.

Le jugement N°1997 du 20/06/2006(annexe ) en est une suite logique.En l’espèce, un contrat de prestation de services avait été conclu entre leconseil de la société Polyconsult – Ingénieurie et Wagui Diop es nom

Se posa alors la question de savoir si la société pouvait justifier d’unequalité à agir en justice ?

Le juge statuant précise que pour faire valoir ses droits, la société doitjustifier d’un intérêt direct et personnel. En l’espèce, ni les deuxcorrespondances visées, ni aucune autre pièce de la procédure ne permetde justifier l’intervention de la société Afric Architecture Conseil pourréclamer ou élever une quelconque prétention.

De la même manière, l’action de la société -mère a été rejetée par le jugede la Cour d’Appel dans la mesure où la filiale qui a contracté avec laSociété Nouvelle SNCDS pour la perfection de la vente du 22 Juillet 1999avait sa propre personnalité juridique. Par conséquent, la société n’avaitpas droit d’agir, ni la qualité d’agir (arrêt N°635 du 23 -06- 2005) , 174Woréseck Tribunal Regional de Thies du 5-TR Qualité.

Le juge s’est en outre prononcé sur la conséquence de lapersonnalité juridique dans l’affaire (n°174 Woréseck Tribunal Régional deThiès) en conférant la qualité à agir à la société Woréseck en se reférantsur l’article 98 AU.

Il résulte des faits de l’espèce Liotaud et Irène Mauraux avaient contestéla qualité à agir de la société en ce sens qu’elle était dépourvue depersonnalité juridique.

La question de droit posée au juge est relative à la conséquence de lapersonnalité juridique de la société. Autrement dit, la société a-t-elle laqualité d’agir en justice ?

Pour le juge, la Société Woreseck a été immatriculée au RCCM sous lenuméro 2001B, 1238, elle a donc par conséquent la personnalité juridiqueau regard des dispositions de l’article 98 (AUSC-GIE précité).

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Par ailleurs, le juge s’est prononcé sur le patrimoine qui est aussi unattribut de la personnalité juridique dans l’affaire N°318 SGBS. En effet, laSGBS a procédé a la saisie de biens qu’elle estime appartenir à la SARL AlAfifa – alors que les dits biens appartiennent à SAIM, Orion et qu’elle estnullement débitrice à l’égard de la SGBS qu’elle a racheté toutes les partssociales de Moradinir Bourgi dans la SARL, est devenue propriétaireexclusif de tous les biens saisis à tord par la SGBS.

SAIM assignera la SGBS en distraction d’objets saisis. Ainsi, le juge aconsidéré que la société a une personnalité juridique propre que sonpatrimoine est par conséquent distinct des patrimoines de ses associés.

En outre, le siège social constitue un élément d’identification de la société.En effet, toute société délocalisée dans un lieu appelé siège social. Cettelocalisation comporte des conséquences, notamment en ce qui concerne lacompétence territoriale. En principe, c’est le siège social qui détermine laNationalité de la société.

Ainsi, le juge s’est prononcé dans l’affaire SHYB. SAU contre STE UnitechMotors SA.

En effet, la société hydraulique de bâtiment et de travaux public SAU, aassigné la société Unitech motors SA en s’opposant contre l’ordonnanced’injonction de payer. Pour elle, le juge du Tribunal de Dakar estincompétent pour rendre une injonction de payer en ce qu’elle a son siègeà Mbour dans le ressort du Tribunal de Thiès et qu’il ne figure pas dans leCertificat d’Inscription au RCCM.

Pour la société Unitech motors, cette localité est inexistante voir fictifcomme siège.

Il se pose la question de la compétence territoriale du tribunal. Le jugepar application des dispositions des articles 23 à 27 AU qui régissent lesiège social, se déclare incompétent en ce sens que la dite adresse de laSHIB située à Mbour est du ressort de Thiès. Donc, c’est le Tribunal deThiès qui est compétent pour trancher le litige.

Dans cette même ordre d’idée la Cour d’Appel s’est prononcée dansl’affaire de MantaKraf contre Société de Construction Métallique Africaine(CMA), les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) et le Greffier en Chef duTribunal de Thiès.

En l’espèce, la société MantaKraf a assigné les constructeurs MétalliquesAfricaines de la CMA en apporter l’autre ordonnance d’injonction de payerdu président de la Juridiction de Thiès.

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La requérante montre que la notification faite sur le site de Mbao entre lesmains d’un de ses techniciens en mission de contrôle des travaux, n’est niconforme aux dispositions de l’art 39 allant du code des procédures civilesà celle de l’article 10 de l’AU / PSR. Elle a en effet soutenu avoir son siègeà Leipzig et par conséquent, la signification devait être faite à ce lieu.

Il se pose la question de savoir, si on peut assigner une société par le biaisde son représentant légal ?

A cette question, le juge répond que par l’affirmative en application del’article 39 CPC qui dispose que « les sociétés peuvent être assignées enleur maison sociale ou au lieu de leur principal établissement et s’il y en apas la personne ou au domicile de leurs représentants légaux, en l’espècela signification de l’ordonnance d’injonction de payer a été faite entre lesmains du représentant de la société MantaKraf en ses bureaux sis à DarouKhoudoss et qu’il n’est pas contesté que le contrat liant les parties a étéexécuté au Sénégal, par conséquent, il ne peut être reproché au CMAd’avoir signifié l’ordonnance à l’un des représentants légaux de la sociétéMANTAKRAF conformément aux dispositions du texte de la loi susvisée.

Après avoir élaboré le statut des sociétés immatriculées, place sera faite àl’étude des statuts de sociétés non immatriculées.

PARAGRAPHE 2 : Statut des sociétés non immatriculées

Elles sont au nombre de deux. Il s’agit de la société en participation et dela société de fait. En effet, il s’agit de société qui ne sont pas alléesjusqu’à terme et auxquelles, manque un attribut essentiel : la personnalitémorale.

Cependant, seule la société de fait sera étudiée ici selon l’article 864AUSCGIE « il y a société de fait lorsque deux ou plusieurs personnesphysiques ou morales se comportent comme des associés sans avoirconstitué entre elles l’une des sociétés reconnues par l’Acte Uniforme.

Il n’y a donc pas constitution de société. La société se déduit ducomportement de deux ou plusieurs personnes physiques ou morales. Ondécèle l’existence d’une certaine affectio societatis.

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Le juge s’est prononcé sur l’existence de cette société de fait dans l’affaireAntoine Ndiaye contre Joséphine Dioh – Héléne Françoise et dix autres(Tribunal Régional de Thiès N°125 / 2008 annexe).

Il résulte des faits de cette décision que Antoine Ndiaye a assigné lessieurs Joséphine Dioh et autres afin de désigner un administrateurprovisoire de la société de fait « le finio » qu’en stipulant, qu’il avait créeavec Feu Jacques Désiré Diène (leur père) une société de fait dénommée« le finio ».

Au décès de ce dernier, les héritiers ont continué la gestion de la société etl’ont écarté en prétextant que « le finio » appartient à leur père.

Suite à cette assignation, les ayants causes soutiennent mal fondées lesprétentions du requérant du fait qu’il n’a excipé aucun document attestantqu’il était l’associé de leur père.

La question qui se pose est donc relative à la preuve de la qualitéd’associé dans une société de fait.

Il résulte des conclusions du juge que la preuve de l’existence de la qualitéd’associé peut-être prouvée par tous moyens. Etant donné que AntoineNdiaye n’a pas suffisamment établi sa qualité d’associé et la lettre dont ila excipé et dans laquelle feu Jacques Désiré Diène reconnaît sa qualitéd’associé ne précise pas le nom de la personne qui serait l’associé dudéfunt. Et donc, il y a lieu de débouter Antoine Ndiaye de ses demandes.

Le juge s’est également prononcé dans ce sens dans l’affaire AliouneMbengue contre Bassirou Mbaye, gérant COFREL, Idrissa Mbaye et lasociété.

Selon les faits de l’espèce, Alioune Mbengue a assigné solidairementBassirou et Idrissa Mbaye et COFREL en paiement.

Alioune Mbengue argumente qu’il société de fait et que les consorts Mbayeet COFREL sont solidairement et infiniment responsables des dettes deCOFREL.

Et les défendeurs rétorquent que le gérant d’une SARL n’est paspersonnellement responsable des dettes de la SARL.

Le juge répond par l’affirmative en soutenant que les bons de commandeont été faits par COFREL –SARL jouissant d’une personnalité juridiquepropre et distinct de celle des consorts Mbaye; seule la responsabilité dela société pourra être poursuivie.

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Par ailleurs le juge a écarté l’article 865 AU SC GIE qui dispose queconformément au régime de la responsabilité applicable aux sociétés ennom collectif, les associés doivent solidairement et indéfiniment répondredes dettes de la société de fait et applique le régime des SARL.

Le juge s’est aussi prononcé sur le défaut d’immatriculation dans l’affaireElf Oil Sé négal devenu Total Fina Elf Sénégal contre la Société SolutionsPlus (arrêt n°24 CCA Dakar, le 15 Janvier 2004 (Société Elf Oil Sénégalcontre Solutions Plus annexe).

C’est à la suite du jugement rendu le 21 Novembre 2000 par le TribunalHors Classe de Dakar condamnant Elf Oïl Sénégal à payer à la sociétéSolution Plus la somme de 5 288 000.

La requérante interjette appel et soulève l’irrecevabilité de l’action de lasociété Solutions Plus au motif que cette dernière n’a pas de personnalitéjuridique parce que non immatriculée, que c’est Moustapha Maurice Bèyequi est inscrit sous les N°89A6251 et Solutions Plus n’est qu’une enseigne.

Le juge d’appel a infirmé le jugement du Tribunal en se fondant sur lesdispositions de l’article 98 de l’AUSCGIE. Et c’est à l’appui des articles 5309 et 385 AUSC-GIE que la Cour d’Appel a considéré que la sociétéunipersonnelle ne peut-être constituée qu’en une SARL ou une SA par acteécrit.

Il en résulte que Solutions n’a pas de personnalité juridique et parconséquent ne peut intenter une action en justice.

Le juge s’est en outre prononcé sur le défaut de l’immatriculation de lasociété et de ses efforts juridiques.

Dans l’affaire Makha Racine Sy contre Société (Géodis Sénégal TribunalHors classe de Dakar du 25 Juin 2008 N°1379 annexe).

Il résulte des faits de cette décision que la réquérante Makha Racine SyTransport a assignée la société Géodis Sénégal en paiement. La requise asoulevé la nullité de l’assignation et conséquemment l’irrécevabilité del’action, car pour elle, l’appellation (Makha Racine SY Transport) désigneune entreprise individuelle et non une société. Et par conséquent, l’actionne pourrait être introduite que par la personne physique sous le nomduquel a été enregistrée la dénomination sociale.

La question qui se pose est relative à la qualité d’agir de sociétécommerciale.

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Pour le juge, la personnalité juridique confère à la société, un droit d’agir,voire une qualité pour agir. Et cette personnalité juridique s’acquière parl’immatriculation.

En l’espèce, faute d’immatriculation de la société Makha Racine SyTransport au RCCM ; elle ne dispose pas de personnalité et de ce fait, nepeut ester en justice. Le juge a par ailleurs déclaré son action irrecevable.

Il en est ainsi également dans l’affaire opposant la sociétéSIEMENS AG, contre le Directeur Général des Impôts et Domaines.

En l’espèce, il s’agit de la société Siemens AG qui pour les besoins d’unimportant marché qu’elle a obtenu auprès de la Sonatel, avait crée unesuccursale à Dakar et y a envoyé un personnel pour réaliser lesprestations.

Par la suite, aux fins de calculer de l’impôt sur la société Siemens SA,l’Etat a considéré que la succursale avait une personnalité destinée de lasociété, ce que Siemens a contesté.

Dès lors, il s’est posé la question de savoir si la succursale avait unepersonnalité morale distincte de celle de la société mère.

Ainsi, le juge a motivé sa décision en se basant sur l’article 117AUSC-GIE,qui dispose que la succursale n’a pas de personnalité juridique distincte decelle de la société ou celle de la personne physique propriétaire.

Et donc, le juge a donné gain de cause à la société Siemens en estimantque la succursale n’a pas de personnalité morale autonome.

CHAPITRE 2 : les relations entre sociétés commerciales

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De tout temps, les sociétés collaborent entre elles pour la bonne marchede l’économie. Ainsi les sociétés peuvent se regrouper pour coordonnerleurs activités ou confier à un organe commun le pouvoir de décisionconcernant l’activité de chacun des sociétés faisant partie du groupe.

De même, il peut arriver que les sociétés se réunissent pour ne constituerqu’une seule société (fusion) ou alors que le patrimoine d’une société soitpartagé entre plusieurs sociétés existantes ou nouvelles (scission) voirequ’une société fasse apport d’une branche autonome d’activité à unesociété préexistante ou à créer (apport partiel d’actifs).

Conformément aux arrêts que nous disposons, nous mettrons l’accentseulement sur les groupes de sociétés (section1) et les apportes partielsd’actifs (section2).

Section 1 : Les groupes de sociétés

Aux termes de l’art. 173 AUSCGIE, un groupe de société est un ensembleformé par des sociétés unies entre elles par des liens divers quipermettent à l’une d’elles de contrôler les autres.

Concernant la notion de contrôle, elle est mise en exergue par les articles174 et 175 AU qui prévoient la détention effective du pouvoir de décisionau sein de cette société.

Autrement dit, une personne physique ou morale détient le contrôle d’unesociété lorsqu’elle détient directement ou indirectement ou par personneinterposée plus de la moitié des droits de vote d’une société ou lorsqu’elledispose de plus de la moitié des droits de vote d’une société en vertu d’unaccord conclu avec d’autres associés de cette société.

Les groupes de sociétés ont fait l’objet d’appréciation devant le juge. C’estnotamment l’affaire SNR contre Sonam (Arrêt N°28 du 11 Janvier 2005annexe).

Il résulte des faits de l’espèce que la Société Nationale de RecouvrementSNR prétendant être créancier à Sonam VIE avait par avis par tiersdétenteur en date du 31 -03-1993 bloqué les comptes bancaires de laSonam IART auprès de plusieurs banques de la place. C’est ainsi que cettedernière a saisi le juge pour obtenir la condamnation de la SNR en luireprochant de ne pas avoir prouvé l’existence du contrat de groupe liant laSonam Vie et la Sonam IART.

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Ainsi, la SNR a interjeté appel.

La SNR en effet, pour établir l’existence d’un contrat de groupe invoqued’abord le PV de l’AG constitutive de la Société Nationale d’AssembléeMutuelle Vie en abrégé : Sonam Vie.

Ensuite, les propos du président qui font état d’une complémentarité.

En outre sur l’utilisation des sigles, « Sonam-Vie » et « Sonam IART ».Enfin, il soutient que le contrat de groupe n’est soumis à aucunformalisme particulier que lorsque les sociétés participant souscrivent uncontrat de groupe destiné à substituer l’intérêt du groupe à celui dechacune des sociétés participantes et que c’est dans cette hypothèseseulement qu’il est exigé un projet de contrat de groupe qui doit êtrehomologué par le Tribunal régional compétent.

La Sonam par contre soulève que la SNR n’avait toujours pas rapporté lapreuve de l’existence d’un groupe, rajoutant que cette dernière confondaitle contrat de groupes et les ententes entre sociétés.

La question posée au juge était donc relative à la preuve de l’existenced’un contrat de groupe.

Pour le juge d’appel, en se référant à l’article 174 AUSCGIE quidispose : « un groupe de sociétés est l’ensemble formé par les sociétésunies entre elles par des liens divers qui permettent à l’une d’elles decontrôler les autres ».

Ce contrôle, au sens l’article 175, code des sociétés, signifie la détentioneffective du pouvoir de décision au sein de cette société. Et pour cela, ladétention de plus de la moitié des parts sociales ou des droits de vote decette société.

Autrement dit, pour prouver l’existence d’un contrat de société, il fautprouver que l’une d’elles, contrôle les autres. En qu’en l’espèce, la SNR n’apas produit aux débats, l’acte constitutif de contrat de groupe entre laSonam et la Sonam-Vie, ni prouvé que l’une de ces deux entités contrôlel’autre.

Pour conclure, étant donné que le contrat de groupe ne se présume pas, lejuge a confirmé le jugement rendu au motif que la SNR n’a pas prouvél’existence d’un contrat de groupe entre la Sonam et la Sonam-Vie.

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Ainsi, après avoir analysé les groupes de sociétés, nous mettrons l’accentsur l’apport partiel d’actifs pour une vue d’ensemble sur les relations entresociétés.

Section 2 : Apport Partiel d’Actifs

Il ressort des termes de l’article 195 AUSC que l’apport partiel d’actifs estl’opération par laquelle, une société fait apport d’une branche autonomed’activités à une société préexistante ou à créer. En effet, la sociétéapporteuse ne disparaît pas du fait de cet apport.

L’article 195 précise également que l’apport partiel d’actifs est soumis aumême régime que la scission.

L’apport partiel d’actifs en effet a suscité un débat au sein de laJurisprudence Sénégalaise. L’affaire Société Sénégal Auto contre GuyAccrombessy (Jugement N°297 du 13 Février 2007 annexe) en est uneillustration.

En effet, la société, via Sénégal Voyage à la suite d’un procès verbald’Assemblée Générale extraordinaire du 30 décembre 2002, surproposition de son conseil d’administration, fait apport d’une partie de sonactif à la société Sénégal Auto.

C’est ainsi que cette dernière a assigné le sieur Guy Accombessy devant leTribunal Hors Classe de Dakar pour le paiement d’une créancière que cedernier devait à la société Via Sénégal Auto.

Non satisfait de la décision dudit Tribunal qui a déclaré son actionirrecevable pour défaut à agir, la société Sénégal Auto interjette appel.

Elle prétend être créancière de Guy Accrombessy de la somme de 66400francs représentant le solde du billet d’avion déjà utilisé. Elle sollicitel’infirmation du juge en arguant du fait qu’il s’est agi en l’espèce d’unecréance cédée par la société via Sénégal Voyage à Sénégal Auto.

Et aux termes de l’article 190 AUSCGIE, l’apport partiel d’actifs est soumisau régime de la cession qui entraîne transmission à titre universel dupatrimoine de la société cédante.

Guy Accrombessy, quant à lui sollicite la confirmation du jugement ensoutenant que l’apport partiel d’actifs n’entraîne pas la disparition de la

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société apporteuse, l’opération n’ayant de conséquence qu’au niveau de laconfiguration de l’actionnariat. Que l’appelant ne pouvait se prévaloir quede la cession organisée par l’article 241 du Code des Obligations Civiles etCommerciales (COCC) qui doit être constatée par écrit et signifié audébiteur cédé pour lui en être opposable.

Il revenait donc au juge de répondre à la question de savoir si l’apportpartiel d’actifs entraine la subrogation du cessionnaire dans les droits ducédant.

Le juge par application de l’article 190 AU suscité, conclut à laconfirmation du jugement entrepris. En effet, pour lui, il ne résulte ni duprocès verbal d’Assemblée, ni de l’autorisation d’apport partiel que lacréance sur Guy Accrombessy était cédée à Sénégal Auto. La preuven’étant pas établie, la société n’a ni la qualité, ni l’intérêt à agir.

CHAPITRE 3 : Le Fonctionnement des sociétéscommerciales

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Le fonctionnement est l’une des phases les plus cardinales de la vie d’unesociété commerciale. Il se matérialise par la mise en œuvre d’organes quichacun joue un rôle particulier nonobstant une certaine coordination.

Ces organes détenant des pouvoirs propres et opposés ont un butcommun, c'est-à-dire l’essor de la société. En effet, chaque pouvoiroctroyé à l’un de ces organes est considéré comme un contre-pouvoircapable de contrôler voire s’opposer aux décisions prises par l’autre.

Il est dès lors important d’examiner la gestion de la société en tempsnormal et en temps de crise de part et d’autre.

Relativement à la première, c'est-à-dire en temps normal, on retrouve lesorganes de direction, la collectivité des associés et l’associé prisindividuellement.

Par contre, en temps de crise, on note l’immixtion d’autres organesappelés pour seconder, pour suppléer les organes précités.

Notons toutefois que la gestion d’une société commerciale diffère selon lestypes de sociétés.

Malgré la diversité des sociétés commerciales, il est possible de dégagerun certain nombre de règles communes et des sanctions sont encouruesen cas de non respect de ces règles de fonctionnement.

Nous étudierons dans cette partie, la situation de la société commercialeen temps normal avant d’examiner celle de la société en temps de crise.

SECTION 1 : la situation des sociétés commercialesen temps normal

Pour mieux appréhender la situation de la société commerciale en tempsnormal, nous verrons d’abord la situation des dirigeants avant d’en arriverà la situation des associés.

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PARAGRAPHE 1 : la situation des dirigeants

Place sera faite ici à l’étude des pouvoirs des dirigeants sociaux (A) et deleur responsabilité (B).

A / Les pouvoirs des dirigeants sociaux

Les pouvoirs des dirigeants sociaux sont prévus aux articles 121 à 123AUSC GIE. Notons au passage que dans les sociétés de personnes (SAS,ONG), les actes dépassant l’objet social n’engage pas la sociétécommerciale alors que dans les sociétés de capitaux (SA – SARL), lesactes dépassent social engage ces dernières du moins si le tiers est debonne foi.

Sur cette dernière hypothèse, le juge statue en ce sens.

Le juge s’est prononcé sur l’étendu des pouvoirs des dirigeants dansl’affaire opposant la SARL Modou Coty distributeur à la société STSSénégalaises des Services (TRDkar, du 12 – 08 – 08 N°17 – 04). Enl’espèce, le sieur Lucien Fini ex. agent de la STS avait vendu à la sociétéCoty 4 véhicules pour la somme de 20 000 000 attestés par la facturecomportant le cachet de la société. La STS constatant la qualité du gérantdu vendeur a refusé de livrer les véhicules à la SARL Modou Coty l’aassigné devant le Tribunal Régional pour entendre ordonner la livraisondes véhicules.

Dans ses prétentions, le défendeur a soutenu que la vente dont se prévautla société Modou Koty a été passée par le sieur Fini qui n’avait plus laqualité de gérant de la société. Elle estime en plus que la vente a été faiteen fraude des droits des associés.

De son côté, la SARL Modou Coty explique en ce que la révocation de Finiest intervenue qu’après la conclusion de vente faite par celui-ci au nom dela société dont il est le gérant. Pour elle, la faute commise par les gérantsdes sociétés ne saurait être opposée aux tiers de bonne foi qui contractentavec celle-ci.

La question est de savoir si les actes accomplis par un dirigeant mêmerévoqué est opposable aux tiers de bonne foi.

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Le juge en se reférant à l’article 121 AU a répondu positivement à cettequestion. D’après lui, « l’égard des tiers, les gérants ou dirigeants dessociétés ont dans les limites fixées par le présent acte uniforme tout pourengager la société sans avoir à se justifier d’un mandat spécial et toutel’imitation de leurs pouvoirs légaux par les statuts est inopposable auxtiers ».

Par conséquent, la société peut être engagée lorsque les dirigeantsaccomplissent des actes n’entrant pas dans l’objet social.

Dans les rapports avec les tiers, la souveraineté sociale externe est totalesauf si le tiers est de bonne foi. Mieux, même si les statuts contiennentdes clauses restrictives. Les pouvoirs des dirigeants, celles-ci ne sont pasnuls mais simplement inopposables aux tiers car on peut comprendre queles dirigeants ne peuvent méconnaître les pouvoirs que la loi leur attribut.

Le juge constatant que Jean Fini a cédé à la société Modou Coty 4véhicules au moment où il était gérant de la société STS et que la bonnefoi de la SARL est établie, fait application de la disposition de l’article 121et ordonne à la STS de procéder à la livraison.

Le juge a statué sur les pouvoirs des dirigeants dans une autre affaire(christine guiseppe / Imprimerie Saint Paul) Tr. De Dakar du 28 février2003 N°320 et annexes.

Dans cette affaire, l’imprimerie Saint Paule avait conclu un contrat avec laDame Guiriye directrice de publication du magazine le casle et gérantsassocié du magazine messagerie. A l’échéance, l’imprimerie a acheminéles facture à Mme Ouirige es nom.

C’est ainsi que cette dernière a intenté une action en opposition.

Elle soutient que c’est la SARL le Câble qui est redevable enversl’imprimerie qu’elle n’était que gérante associée. Par conséquent, auregard des dispositions des articles 329 Aliéna1 et 327 de l’AU, elle nepouvait être personnellement engagée car la SARL a une personnalitépropre.

La société Saint Paule rétorque que le câble n’est qu’une enseigne de ladame car toutes les factures ont toujours été à cette adresse.

Le juge devait répondre à la question de savoir si on peut s’engager surun dirigeant pour les actes accomplis au nom de la société.

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Le juge a donné gain de cause à la Dame par application des dispositionsdes articles 329 qui donne au gérant de SARL les pouvoirs les plusétendus pour agir en toute circonstance au nom de la société sous réservedes pouvoirs expressément attribués aux associés. En effet, pour le juge,le « câble » est une publication de la messagerie. Dans ces conditions, lesfactures libellées au nom « le câble » ne peuvent être dues que par lasociété et non par la dame, même si elle est directrice de publication de« le câble ».

Toujours relativement aux pouvoirs des dirigeants dans les SARL, il résultede l’article 329 AUSCGIE que dans les rapports avec les tiers, le gérant estinvesti des pouvoirs les plus étendus pour agir.

Il s’y ajoute qu’en cas de cogérance, que l’opposition formée par ungérant aux actes d’un autre gérant est sans effet lié aux égards des tiers(article 328, alinéa 3 AU).

Le juge a statué en ce sens dans l’affaire société MGM ICE Creams contrela SARL ILE Gelato – Artisan glacé.

En effet, le cogérant M. Canionco demandait qu’il lui soit donné acte des’opposer à la décision de Babacar Cissé autre gérant de SARL.

Le juge était appelé à résoudre la question relative à l’opposition formuléepar un cogérant.

Contrairement aux dispositions de l’article 838 alinéa 3. Il est établi qu’encas de pluralité des gérants, ceux-ci détiennent séparément les pouvoirsprévus aux présents articles, sauf le droit pour chacun de s’opposer àtoute opération avant qu’elle ne soit conclue.

C’est ainsi qu’il donne acte à Monsieur Canionco cogérant de s’opposerformellement à la décision du cogérant Babacar Cissé de prendre uncabinet d’avocat.

Concernant, la limitation des pouvoirs des dirigeants, nous pouvons noterque ces derniers ne peuvent pas engager une action en justice en leurnom pour le compte de la société.

Ce principe a fait l’objet d’une décision rendue par le Tribunal RégionalHors Classe de Dakar (Affaire Achille Zoglo Andela contre société Frais-Surgelés Glacés N°220 du 01 février 2009 et annexes).

A la suite d’un protocole d’accord, le sieur Kotigan et sa société FraisSurgelés Glacés se sont engagés à céder au Sieur Andela Directeur de la

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Société SENECRUS 30% des actions du capital de la FSG contre lepaiement de la somme de 30 000 000 FCFA. La FSG n’ayant pas respectéle protocole Andela l’a assigné en paiement.

Dans ses prétentions, la FSG soulève l’irrecevabilité de l’action du sieurAndela pour défaut de qualité à agir en ce sens qui s’était engagé enqualité de directeur de la SENECRUS.

Il se posait alors la question du sort de l’action de ce dirigeant agissant enson nom.

Le juge conclut à l’irrecevabilité d’une telle action. En effet, pour lui, ilrésulte du protocole que les parties se sont engagées en tant queDirecteur Général de la SENECRUS et PDG de la FSG.

C’est ainsi qu’il a considéré que Andela agissant es nom pour le paiementd’une somme d’argent due à la société n’a pas qualité à agir.

Dans les sociétés anonymes (SA), la direction est bicephale. En effet, laSA est dirigée soit par un Présiden Directeur Général (PDG), soit par unPrésident du Conseil d’Administration (PCA) et un Directeur Général (DG).Le PCA est chargé de veiller à ce que le Conseil d’Administration assume lecontrôle de la gestion confiée au DG.

Ces attributions sont fixées par les articles 480 et suivants, mais elles nesont pas sans limite.

Sur ce point, le juge d’appel s’est prononcé dans l’affaire de la sociétéSOSAR Al Amane SA contre le Cabinet Thiaw et associés SARL (CA Dakar18 Janvier 2007 N°46).

En l’espèce, le PCA agissant au nom et pour le compte de l’AssembléeGénérale ordinaire en révocation du commissaire aux comptes, a vu sonaction rejetée pour défaut de qualité.

C’est ainsi qu’il interjette appel. En effet, les actionnaires du Conseild’Administration du Président de l’AGO soutiennent que c’est à tord que lejuge des référés a refusé la requête de l’AG en tant qu’initiée par lesPrésident en ce sens que ce dernier n’a pas besoin d’un mandat spécialpour agir au nom de l’AGO. En effet, le juge des référés avait soutenu quele Président du Conseil d’Administration ne pouvait pas, faute d’un mandatspécial exercer l’action en révocation au nom de l’Assemblée.

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Il se posait la question de savoir si le Président du Conseil d’Administrationest habilité à agir en justice pour le compte de l’Assemblée Générale.

A cette question, le juge répondait par la négative confirmant le jugementde référé sur le fondement que le Président ne figure pas sur la listeénumérée par l’article 731 AUSCGIE.

Paragraphe 1 : la situation des associés

La qualité d’associé confère à leurs titulaires des titres sociaux en vertudesquels un ensemble de droits leur est reconnu dans leur société. Celamontre bien l’importance de l’associé dans la société. La société est avanttout un contrat, les parties contractantes y jouent un rôle essentiel et entant qu’organes de celle-ci, ils ont diverses obligations et prérogatives. Parprérogative, on entend les droits extrapatrimoniaux et patrimoniaux quenous examinerons successivement.

A – Les droits extrapatrimoniaux

On les appelle aussi, droits extrapécuniaires ou droits politiques, car nonévaluable en argent.

Les droits d’associés déroulent de l’affection societatis. Ce sont des droitspropres ou individuels qui leur permettent d’exercer une influence sur lasociété.

En résumé, les associés ont le droit de participer à la vie sociale, departiciper à la prise de décision collective au moyen d’un vote et un droitd’information très poussé.

En ce qui concerne le droit à la participation, à la vie sociale, on peut direqu’il exprime à travers les AG et permet aux associés de contrôler lesorganes de gestion et de participer à la prise de décisions importantesrelatives à l’orientation de la vie sociale ou à la modification relatives àl’orientation de la vie sociale ou à la modification des statuts.

Par ailleurs, l’article 125 de l’AG en fait une obligation. D’après le texte,tout associé à le droit de participer aux décisions collectives sauf si la loi

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en dispose autrement. Les décisions collectives posent deux problèmesmajeurs, celui de leur convocation et de la prise de décision dans les AG.

Relativement à la convocation, beaucoup de décisions ont été prises en cesens. Dans l’affaire Société Fishing contre SARL MACZEN. La requérante,la société Fishing a interjeté appel contre l’ordonnance du reféré duTribunal Régional de Dakar qui a désigné à la requête de la SARL MACSENun mandataire de justice aux fins de convocations à l’AG de la SociétéFishing. La SARL MACZEN forte de 88% des parts de la société a vouluconvoquer une AG pour faire les comptes de la société afin de nommer unnouveau gérant. La Société Fishing par le biais du gérant Samba Fall aexposé que MACZEN n’avait aucune qualité à convoquer une AG et qu’il nedétenait aucune part dans la société. Dès lors, le juge d’Appel devaitrépondre à la question de savoir si son associé majoritaire peut demanderla désignation d’un mandataire de justice pour convoquer une AG. A cettequestion, le juge a tranché en mettant l’accent sur la preuve de ses partssociales.

En principe, un associé détenant la majorité des parts sociales peutdemander en justice un mandataire de justice pour convoquer uneAssemblée Générale. Mais en l’espèce, le juge a considéré que les statutsde la SARL Fishing ne fait nullement état d’une quelconque part détenuepar MACZEN.

Par conséquent, il refuse à la société MACZEN la qualité pour obtenirdésignation d’un mandataire de justice.

Toujours concernant la demande de désignation d’un mandataire dejustice par un associé, la Cour d’Appel l’a refusé pour motif non fondé.

Dans l’affaire opposant la SNR à M. Daby Diagne, CA Dakar 20 Mai 2008,arrêt 430 et annexes.

En effet, la SNR avait assigné Moussa Daby Diagne pris es qualité de PCAde la société Tourisme du Fleuve (STF) pour entendre désigner unmandataire de justice aux fins de convocations d’une nouvelle AG mixtedans le but de statuer sur les points de l’ordre du jour fixé le 28/11/2002,à l’exception du point relatif à l’approbation des comptes des exercices1985 à 2001.

La SNR prétend qu’à l’issue de cette Assemblée Générale, un ProcèsVerbal n’a jamais été signé, faute d’accord entre les parties et que leProcès Verbal établi ne reflétait pas la réalité. Elle (SNR) observaitégalement que l’article 516 – 2 prévoyant la désignation d’un mandataire

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ne s’appliquait qu’en cas de défaut de convocation par le Conseild’Administration ou le commissaire au compte ou l’administrateur, un telarticle pouvait s’appliquer en cas de désaccord des parties égalementaboutissant au défaut de signature de PV. En revanche, monsieur Dabyestime que la contestation du PV de l’Assemblée Générale, ne sauraitjustifier la désignation d’un mandataire de justice.

Le défaut de signature d’un PV pour désaccord peut-il entraîner ladésignation d’un mandataire pour convoquer une nouvelle AssembléeGénérale.

A cette interrogation, le juge a répondu par la négative en se référant àl’article 516 – 1 et 2. L’article 516-1 dispose que l’Assemblée Générale estconvoquée par le Conseil d’Administration et l’administrateur général.L’article 516-2 précise qu’à défaut elle peut être convoquée par unmandataire de justice désigné par le président de la juridictioncompétente à la demande de tout intéressé soit d’un ou plusieursactionnaires représentant au moins 1/10ème du Capital Social.

Le juge après avoir rappelé les dispositions susvisées a considéré que cesdernières ne sauraient être invoquées en l’espèce puisque l’AssembléeGénérale a été régulièrement convoquée et tenue même si les ProcèsVerbal relatant ces travaux est contesté.

Dès lors, il a débouté la SNR.

La demande de désignation d’un mandataire de justice par un associé aencore suscité une réponse du juge. Il en est ainsi dans l’affaire opposantMme Corinne Picard à Monsieur Alfred Dacosta N°59-06 du 16 Mars 2006.

Tribunal Régional Thiès annexe.

En l’espèce, Mme Corinne Pica avait crée une SARL dénommée« Résidence Vacances Internationales » au Capital de 1 000 000 et ayantson siège social à Mbour Saly Portudal, Immeuble Karaok avec MmeMireille Buresi et M. Alain Alfred Dacosta. Ce dernier a été désigné commegérant statutaire. Mais suite à d’importantes fautes de gestion relative à lanon-convocation et la non tenue du bilan, Dacosta a été assigné oucondamné par le Tribunal Correctionnel de Thiès. Ayant pris la fuite enquittant le territoire, la société se retrouve sans gérant.

C’est ainsi que Mme Corinne Picard associé dans la société à solliciter parapplication des articles 326 Alinéa et 337 Alinéa de l’AU/SC la révocationaudit gérant et la désignation d’un mandataire de justice afin deconvoquer une assemblée générale avec comme ordre du jour la

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nomination d’un nouveau gérant et questions diverses. La question quis’est posée est de savoir est ce qu’une telle situation est de nature àjustifier la désignation d’un mandataire de justice pour convoquerl’Assemblée Générale.

Pour le juge, la société « Résidences Voyages Internationales » étant sansgérant au Sénégal, lieu de son siège, il y a un motif juste et légitimejustifiant au regard des articles 346 et 337 de l’AU/SC, la révocation deAlain Dacosta en qualité de gérant et la désignation de Ndèye Lissa Barrycomme mandataire afin de procéder à la convocation de l’AssembléeGénérale de la dite société.

L’organisation des décisions collectives pose le problème de la convocationdes Actionnaires et de la délibération des Assemblées qui font l’objet deprocès verbaux.

A propos de la convocation des actionnaires, celle-ci est faite sur premièreconvocation 15 jours au moins et 6 jours pour les convocations suivantes,convocation avant la réunion de l’Assemblée par avis inséré dans unjournal habilité à recevoir des annonces légales.

Cependant, l’irrégularité de la convocation est sanctionnée par la nullité del’Assemblée Générale à moins que tous les actionnaires aient participé àl’Assemblée ou s’y soient faits représentés : article 519 – 4 AUSCGIE.

Corolairement, l’annulation d’une Assemblée Générale entraînedirectement l’annulation d’un Procès Verbal.

Le juge s’est prononcé sur ce dernier dans l’affaire Ermes Loschi contreSARL OMNIUM ING International Immobilière du Sénégal N°51/2005 du29.06.2006 Annexe… Tribunal Régional de Thiès.

Par Assemblée Générale Ordinaire du 06 Décembre 2004, M. Ermès Loschiest démis de ses fonctions de la société OMN / UN SARL. C’est ainsi qu’ilsaisit le juge aux fins d’annulation des PV de la dite Assemblée.

Ermès Loschi prétend que les PV étaient nuls pour avoir violé les texteslégaux statutaires et pour abus de majorité qu’il n’a jamais démissionné,qu’il est révoqué sans juste motif et sa révocation n’était pas à l’ordre dujour.

Dans la réplique, les défendeurs soutiennent que Loschi n’a pasdémissionné mais révoqué par Assemblée Générale et que la révocationd’un gérant sans juste motif n’est pas une cause d’annulation d’un ProcèsVerbal d’Assemblée Générale.

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En outre, le gérant qui n’a pas convoqué une Assemblée Générale pendant5 ans a commis une faute de gestion et donc ne peut soutenir qu’il a étérévoqué sans juste motif. Et l’annulation des PV ne peut être faite que surdes causes prévues par la loi.

La question est relative aux causes d’annulation d’un procès verbal d’uneAssemblée Général.

Le juge conclut à la validité du procès verbal de l’Assemblée Générale endéboutant Loschi de sa demande. Pour lui en effet, l’abus de majoritéprévu à l’article 130 de l’Acte uniforme impose une décision prise dansl’unique volonté des majoritaires et contrairement à l’intérêt social et quecet abus doit être prouvé.

En outre, s’agissant de l’argument relatif à l’absence de justification de larévocation, le juge dit que le gérant n’est pas révocable adnutum, sarévocation doit être causée et donc l’absence de juste motif n’est pas unecause d’annulation d’une Assemblée Générale.

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CHAPITRE 4 : La Dissolution

La dissolution de la société est l’acte de décès de la société commerciale.Autrement dit, elle prononce et constate la disparition de lettre sociale.Par ailleurs, elle n’est pas sans conséquence.

Nous examinerons d’une part les causes de dissolution et ses effetsd’autre part.

Section 1 : Les causes de dissolution

Elles sont nombreuses. Cependant, on peut les classer en trois catégories :les causes de dissolution de plein droit, des causes de dissolution de justemotif et la réunion de toutes les parties sociales en une seule main.

L’article 60 AU à propos de cette dernière cause de dissolution dispose : « la réunion de toutes les parts sociales en une seule main, n’entraîne pas ladissolution de plein droit de la société. [Mais] tout intéressé peutdemander cette dissolution si la situation n’a pas été régularisée dans ledélai maximal d’un an… »

Cependant, cette cause de dissolution ne sera pas examinée.

Paragraphe 1 : La dissolution de plein droit

Les statuts peuvent prévoir la dissolution de la société mais aussi lesassociés peuvent en décider ainsi.

Concernant les statuts, ceux-ci peuvent prévoir des causes de dissolution(art 200-7 AUSCGIE).

Il en est ainsi dans l’affaire Diaraf Keindé contre Société TubeTech S.A(N°1580 du 08 Juillet 2008 annexe). La société Tubetec dont l’objet socialest la production de tuyaux, la réhabilitation de la canalisation, lesbâtiments et les travaux publics a été crée le 10 mars 2000. En 2004, ellerencontre des difficultés de fonctionnement lié à la rareté des marchés.L’absence de ressources des bénéfices et les pertes contractées dans les

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états financiers de synthèse n’ont pas permis à la société de faire face àses engagements.

Mais, cette situation qui a amené Diaraf Keindé principal actionnaire deladite société à solliciter sa dissolution conformément aux dispositions del’article 200 et suivants de l’AUSCGIE et l’art.55 des statuts.

Dès lors, le problème de droit était relatif aux causes de dissolutionprévues par les statuts.

Le Tribunal s’est fondé sur l’art 200-7 AUSCGIE aux termes duquel, lasociété peut prendre fin par toute cause prévue dans les statuts. Lesquelsstatuts de la société Tubetech SA, en son article 55, prévoient que si dufait des pertes constatées dans les états financiers de synthèse, l’actif netde la Société devient inférieur à la moitié du capital social, tout intéressépeut demander au Tribunal la dissolution de la société.

Le juge s’est également proposé dans le même sens dans l’affaire sociétéApostrophe Sénégal SA. contre le groupe d’imprimerie Sénégalaise GIS etMoussa Diokhané, es qualité de liquidateur de la société GIS.

Les faits sont les suivants : la GIS a fait l’objet d’une dissolution anticipée.Cette décision a été prise par l’Assemblée Générale. Et Moussa Diokhanéétait désigné liquidateur.

Quant à la Société Apostrophe Sénégal SA est créancière de la société dela GIS. Et c’est en ce titre elle intente une action en recouvrementsolidaire contre la société et le liquidateur en paiement. Et s’en tenant àson assignation, la société Apostrophe a fait valoir que Moussa Diokhané aété nommé liquidateur de la société alors qu’à ce jour, il n’a proposéaucun plan de redressement ; et créancière de la GIS liquidée en dehorsde toute procédure légale.

Se posait alors la question de savoir si la dissolution par l’Assembléegénérale est valable.

A cette question, le juge a répondu par l’affirmative en s’appuyant surl’article 200-4 qui dispose que : « la société prend fin… par décision desassociés aux conditions prévues pour modifier les statuts ». En l’espèce, ils’agit de l’Assemblée Générale extraordinaire.

Le juge a en effet précisé que même la dissolution n’est pas judiciaire, elleest conforme aux règles de dissolution pour les sociétés par l’art.200.

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La société peut aussi être dissoute lorsque l’objet social est devenu sansimpossible ou illicite. Autrement dit, en cas d’extinction de l’objet social, lejuge a admis cette cause de dissolution dans l’affaire Ange Billong gérantde la Bill Bad International BBI SARL (tribunal Hors Classe de Dakar du06 juin 2008 n°1210/08 annexe)

Il résulte des faits de l’espèce que Ange Billong est gérant de laditesociété avait par le biais de l’Assemblée Générale décidée de la dissolutionde la société après avoir constaté l’extinction de l’objet social.Une telledécision avait été prise à la suite des pertes de capitaux très importantescausées par la cessation d’activité.

A la suite des faits de l’espèce, il en résulte que le problème est relatif à ladissolution de plein droit. Autrement dit, l’extinction de l’objet social peut-elle entrainer la dissolution anticipée de la société ?

Le juge a tranché le litige en admettant la dissolution anticipée.

Après avoir analysé les causes de dissolution de plein droit, il s’avère utilede mettre l’accent sur les causes de dissolution pour juste motif.

Paragraphe 2 : La dissolution pour juste motif

L’art 200-5 dispose que : « [la société prend fin par :] la dissolutionanticipée prononcée par la juridiction compétente à la demande d’unassocié pour juste motif, notamment en cas d’inexécution de sesobligations par un associé ou de mésentente entre sociétés empêchant lefonctionnement normal de la société ».

La mésentente quant à elle, conduit à une disparition de l’affectiosocietatis. Mais il faut que la mésentente paralyse le fonctionnement de lasociété.

La mésentente en effet, a fait l’objet d’une analyse profonde de la part dujuge.

Dans l’affaire la société – Promotion SenGabel SA, Pascal Louis Valentin –Luc Francine Constant – Celerier, Mme Ines Antoine Armand M. G. Smets– Martine Adolphe – Rosalie Danheux contre Messieurs Mballa Sèye,Mamadou Moustapha Kane, est une illustration : (arrêt N°631 du 21 Juillet2007 annexe).

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La société SenGabel SA, créée par acte notarié le 29 novembre 2001,avait comme objet entre autres, la réhabilitation sur la petite côte d’unprojet de construction de 179 villas et duplex. Son capital était répartientre Ives Antoine Armand M.G. Smest, Luc Francine Constant Celerier,Pascal Pierre Louis Valentin, Martin Adolphine Danheur et Mballo Sèye.Tous cinq, disposant de 200 actions chacun.

Dès le début de fonctionnement, certaines difficultés se sont poséesamenant Mballo Sèye et Moustapha Kane, qui a reçu de Pascal Pierre,Louis Valentino et Luc Francine, Constant Celerier 250 actions, à saisir lejuge d’instance le 5 juin 2003 en dissolution de la société et ont obtenugain de cause.

C’est ainsi que Pascal Louis Valentin et d’autres ont interjeté appel. Ilssoutiennent qu’aucune mésentente de nature à justifier la dissolution de lasociété n’existe.

Mais les intimés soutiennent le contraire en indiquant en outre le retraitdes mandats à Mballo Sèye, l’accès au chantier qui leur avait été interditet la non tenue de l’Assemblée générale depuis 2003.

Et le juge se devait de répondre à la question relative à l’existence de lamésentente.

A cette interrogation, la Cour répond par l’affirmative pour confirmer lejugement rendu. En effet, c’est au regard de l’article 200 AU que le jugeconstate une mésentente qui entraine un disfonctionnement del’entreprise et par conséquent ordonne la dissolution de la dite société.

Cette solution constitue la confirmation de la décision rendue par leTribunal Régional de Thiès (n°155 du 12 mai 2005 Mamadou Mballo Sèyecontre SenGabel annexe) en ce sens que le juge avait constaté unemésentente notoire installée au sein de la société.

En outre, la mésentente à également fait l’objet d’une décision dansl’affaire opposant Guissepp Guarisco, Marco Guarisco, Laurent Duboiscontre la société Style Italia SARL (N°221 du 01 février 2004 annexe)dont les faits se présentent comme suit :

Les parties avaient crée les statuts d’une SARL dénommée Style Italia,dirigée par deux cogérants, notamment Boubacar Ndiaye et LaurentDubois.

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Du fait de l’éloignement géographique de ce dernier, Boubacar Ndiayegérait la société en en faisant des libéralités sur les marchandises sans eninformer Dubois, entraînant ainsi la léthargie au sein de la société.

Les demandeurs détenant la majorité du Capital souhaitent la dissolutionanticipée de la société sur la base des articles 206 et 284 AU.

La question porté devant le juge était la suivante : le juste motif ou lamésentente peut-elle entraîner la dissolution anticipée d’une société ?

Et donc, par application de l’article 200-5 AU, le Tribunal a répondupositivement. En effet, aux termes de ces dispositions, la société prend finpar la dissolution anticipée prononcée par la juridiction compétente à lademande d’un associé ou de mésentente entre associés, empêchant lefonctionnement normal de la société.

Ainsi, la mésentente conduit à la disparition de la volonté de s’associer.Mais, il faut que la mésentente paralyse le fonctionnement de la société.

Il a par ailleurs sur ce fondement, prononcé la dissolution de la sociétéStyle Italia.

Dans ce même sillage, le juge a appliqué l’article 200-5 dans l’affaireopposant Nick Begué Jeandat à la société Soprocer (N°672 du 16 avril2002) du Tribunal de Dakar, puisqu’il s’agissait de mésentente entreassociés.

Toutefois, le juge avant de prononcer la mésentente doit à prioriexaminé l’existence d’un juste motif.

La preuve de cette mésentente fait souvent défaut. Tel en est le cas dansle litige opposant M. Mengouchi à Karim Daniel Lecardonnel (N°162 du 23-01-08-TR Dakar annexe).

Il résulte des faits de l’espèce que le sieur Mengouchi a soutenu avoir crééavec le requis Lecardonnel , une SARL dénommée « Institut de formationPersonnel Navigant Cabine – Afrique » (IFNPA Afrique) et avoir détenu les70% des parts.

Il a ensuite été désigné comme gérant statutaire de ladite société. Ilsoutient par ailleurs pour son associé unique installé au Maroc ne réponditplus aux convocations et ne se mèle guère aux activités sociales. Ilsoulève devant le Tribunal le dysfonctionnement de la SARL entrainée parla mésentente existant entre lui et son associé unique conséquemment la

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dissolution anticipée de la société sur le fondement de l’article 200-5AUSCGIE.

La question était relative à la preuve de l ’existence de lamésentente.Autrement dit, est-ce la mésentente invoquée par un associépeut-elle entraîner directement la dissolution anticipée de la sociétécommerciale.

En effet, si la dissolution de la société est prononcée à la demande d’unassocié pour juste notamment en cas d’inexécution de ses obligations parun associé ou mésentente entre associé empêchant le fonctionnementnormal de la société (art.200-5 AUSCGIE), l’actionnaire demandeur doitétablir la preuve de la mésentente.

Ainsi, sur le fondement de l’absence de preuve, le juge déclare mal fondéla demande de dissolution anticipée introduite par Mengouchi.

Il s’est en outre référé à l’article 338 AU relative aux modalités deconvocation, notamment aux conditions de la loi (15 jours au moins avantl’Assemblée Générale) et de forme (lettre au porteur ou lettrerecommandée).

Par ailleurs, le demandeur qui invoque la mésentente doit être de bonnefoi. C'est-à-dire qu’il ne doit pas être l’auteur de la mésentente. En effet,un associé ne peut pas se prévaloir de la cause de dissolution qu’il a lui-même crée.

D’ailleurs, en cas de mésentente, il est aujourd’hui possible d’exclurel’associé qui est à l’origine lorsque les fondateurs ont prévu une clauseprévoyant l’exclusion mais si et seulement si les causes d’exclusion sontréunies.

Vu l’importance de la société du point de vue économique etsociale du point de vue économique et sociale, la preuve de la mésententepouvant amener à la dissolution doit être établie.

C’est dans ce sens que le juge s’est prononcé dans l’affaire N°1149 du 26Juin, Sieur Nabi Younoussa Touré, Mamadou Dia et autres contre la SARLICOTRAX. En effet, dans la gestion de ladite société, il a été constaté desdétournements et de nombreuses fautes de gestion de la part du gérant,que ses manquements ont été constatés et relevés par les administrateurslors de l’Assemblée Générale.

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Eu égard à ceci, plaintes et action en justice, croisées entre le gérant et lePCA et interdiction d’accès des locaux par le gérant, installent un climat detension au sein de l’entreprise.

C’est à la suite que les demandeurs intentent une action aux fins d’obtenirla dissolution pour mésentente.

Au service de leurs arguments, ils allèguent la mésentente qui conduit àun dysfonctionnement. Tandis que la société leur oppose d’une part queseules les demandeurs prétendent à la dissolution de la société quifonctionne normalement. D’autre part, que ce sont eux qui sont placéssous mandat de dépôt.

Se posa alors la question de savoir si la mésentente est-elle avérée oujustifiée.

Le juge a répondu par la négative en écartant l’application de l’article 200-5 AU en se fondant sur une contradiction manifeste qui laisse entrevoirque les arguments des demandeurs ne sont nullement établis.

En conclusion, il est à noter que la dissolution d’une société en raison del’enjeu revêt un caractère grave et doit par conséquent êtrerigoureusement assises sur des éléments objectifs de nature à perturbereffectivement le bon fonctionnement de la société.

Après avoir mis l’accent sur les causes de dissolution, il s’avère utilede s’appesantir sur les conséquences de la dissolution.

Section2 : Effet de la dissolution : la liquidation

La conséquence directe de la dissolution demeure la liquidation. En effet,un liquidateur doit être nommé afin d’effectuer les opérations deliquidation.

Concernant le liquidateur, l’art.206 AUSCGIE et suivants dispose :« lorsque la liquidation est décidée par les associés, un ou plusieursliquidations sont nommés ».

La nomination varie selon les types de sociétés. Dans les SNC, il estnommé à l’unanimité des associés. Dans les SCS, à l’unanimité descommandités et à la majorité en capital des commanditaires.Dan s l e s SARL , à l a m a j o r i t é en c ap i t a l d e s a s s o c i é s .

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Dans les SA, enfin, aux conditions de quorum et de majorité prévues pourles Assemblées Générales Extraordinaires (AGE).

Il est à noter qu’aussi qu’il est révoqué selon les mêmes formes.

De même, l’article 208 AUSCGIE dispose que : « si les associés n’ont punommer un liquidateur, celui-ci est désigné par la décision de justice à lademande de tout associé… »

Sa durée ne peut excéder trois ans, mais avec une possibilité derenouvellement sous contrôle judiciaire art.297 AUSCGIE.

Relativement, à notre étude, il convient de relever que pour tousles arrêts ayant fait l’objet d’une dissolution, un liquidateur a été nommé(lister les différents arrêts).

Toutefois, il s’avère judicieux de s’appesantir sur les décisionsstatuant spécifiquement sur la liquidation.

Dans l’affaire Ange Billong gérant de Bill Bad International (BBI) SARL, enest une suite logique. En l’espèce, la BBI SARL a connu des pertes trèsimportantes de capitaux propres devenus de plus de la moitié du capitalsocial comme en attestent les états financiers de l’année 2003.

Ainsi, Ange Billong en sa qualité de gérant de la société BBI SARL a saisile Tribunal Hors Classe de Dakar aux fins d’obtenir la liquidation de laditesociété et la désignation des organes de procédure.

Ange Billong soutenait avoir décidé en sa qualité d’associé unique et degérant de la dissolution de la société BBI SARL par procès verbal del’Assemblée Générale Extraordinaire en date du 15 Juin 2003 aprèsconstatation de l’extinction de l’objet social de ladite société.

Mais, il s’avère que le Cabinet Conex Afrique chargé des formalités légalesde liquidations a omis de procéder à la publicité requise par l’article 266AUSCGIE.

Dès lors, se posait la question de savoir si la liquidation et la désignationdes organes de la procédure pouvait être prononcée nonobsantant ledéfaut des formalités légales de publicité.

A cette question, le juge a répondu par l’affirmative en application del’article 223 AUSCGIE. Le Tribunal a ordonné la liquidation de la société eta désigné M. Ibrahima Touré pour effectuer les opérations dans un délaide trois ans maximum. Mais aussi, la Cour a précisé que ladite décision

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devra être publiée dans un journal d’annonces légales dans un délai d’unmois, à compter de son prononcé.

Dans le même sens, le juge s’est prononcé sur l’opposabilité de la décisionde nomination du liquidateur dans l’arrêt N°198 du 08 mars2007(annexe) : la société TCI Africa contre le liquidateur de la sociétéDakar Marine du Port Autonome Dakar– Armement Hurtwood Maritime –la société Atlantic Shipping, capitaine du Navire – Kano – la sociétéSenousiap, devenue Géodis.

En l’espèce, au cours de son accostage au poste 13 et 14 février 1998, lenavire Kano consigné par la société SENOUSIAP devenue GEODISOverseas a heurté le navire Leona 1 amarré aux quais Selmer de DakarMarine qui a immédiatement commencé à couler.

Par ailleurs, le 26 Mars 1998, le Port Autonome de Dakar PAD a mis endemeure la société Atlantic Shipping, consignataire du Léona 1 deprocéder au relèvement de l’épave et à son remontage au banc de larésolue pour son immersion. C’est ainsi qu’un certain nombre dedemandes ont été introduites entre autres celles du liquidateur.

A propos du liquidateur, l’opposabilité de la décision de sa nomination et ladurée de ses opérations de liquidation ont été soulevées.

Ainsi, la TCI Africa demanderesse a soutenu que le liquidateur n’avait pasqualité à agir car la décision de sa nomination n’a pas fait l’objet d’unepublication dans un Journal d’Annonces Légales (JAL) afin d’êtreopposables aux tiers.

En outre, selon la demanderesse, le liquidateur a violé l’obligation légalede clôturer ses opérations de liquidation dans un délai de trois ans àcompter de la dissolution de la société Dakar Marine.

Quant au liquidateur de cette dernière, il sollicite la confirmation dujugement sur la responsabilité de la TCI Africa en soutenant que tous lesdocuments légaux ont été produits pour justifier la qualité à agir duliquidateur. Aussi, il précise que la requérante ne s’est jamais opposée à lanomination du liquidateur.

La question était : le non respect de la durée des opérations de liquidationet le défaut de publication de la décision de nomination peuvent – ilsentrainer l’irrecevabilité de l’action de ce dernier ?

Le juge a répondu négativement. Pour lui, dès lors que la société TCIAfrica n’avait pas contesté la qualité du liquidateur, ni la violation de

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l’obligation de publier l’acte de nomination du liquidateur dans un Journald’Annonces Légales (JAL) et de l’obligation de clôturer la liquidation dansun délai de trois ans à compter de la dissolution prévue par les articles212 et 216 AUSCGIE, ne saurait être prononcée.

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