Upload
others
View
1
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Chap. V Composants optiques
177
Chapitre 5: Etude de composants élémentaires pour la réalisation de liens optiques au dessus de circuits intégrés
Chap. V Composants optiques
178
Chap. V Composants optiques
179
Introduction :
Ce chapitre décrit les différentes études et réalisations effectuées sur les composants
élémentaires nécessaires à la réalisation de liens optiques au dessus de circuits intégrés. La
conception et la caractérisation des différents composants sont exposées, les étapes de leur
fabrication étant détaillée dans l’annexe 6. Comme nous l’avons vus au cours de ce manuscrit,
la réalisation de composants compatibles avec des circuits intégrés nécessite l’utilisation de
filières technologiques particulières. Dans notre travail, trois filières technologiques utilisant
les matériaux décrits dans le quatrième chapitre ont été utilisées, deux à base de nitrure de
silicium, une à base de silicium amorphe. Ce chapitre s’articule autour des différents
composants élémentaires réalisés : guides d’ondes, micro-courbures et diviseurs de faisceaux.
1 Guides d’ondes Les guides d’ondes représentent la brique essentielle de liens optiques au dessus de
composants électroniques. Leurs performances sont les premiers facteurs critiques dans
l’éventuelle comparaison entre liens optiques et électriques et conditionnent la réussite-ou
non- de ce travail. Les guides doivent être jugés en fonction de différents facteurs :
-leurs pertes optiques. Pour les distances envisagées dans le cas de liens au
dessus de composants, des pertes de quelques dB/cm sont recherchées.
-leur compatibilité avec une intégration au dessus de composants électroniques.
Pour cela, des procédés basse température ont été mis au point tout au long de ce travail.
-Les guides doivent montrer une faible diaphonie, qui est un facteur limitant
dans le cas de réalisation de liaisons à haut débit et peut être comparée au bruit
électromagnétique observé sur les lignes métalliques.
Dans ce travail, une première partie a consisté à concevoir des guides d’ondes pouvant
satisfaire aux critères fixés, une seconde étude nous a permis de caractériser les guides
obtenus.
1.1 Conception des guides d’ondes
Le choix du type de guides d’onde a été effectué dans l’optique de réaliser des liens
au dessus de circuits intégrés. Différents critères ont ainsi été mis en avant :
- Compacité des guides et des composants.
- Faible diaphonie entre guides.
- Faibles pertes.
Chap. V Composants optiques
180
- Propagation monomode.
Géométrie des guides
l
h
Cœur du guide Nc
Couche d’isolation Ng
Couche de couverture Ng
Substrat Silicium Nsi
Gaine du guide
l
h
Cœur du guide Nc
Couche d’isolation Ng
Couche de couverture Ng
Substrat Silicium Nsi
Gaine du guide
Figure 5-1 : Schéma d’un guide d’onde de type ruban. H est la hauteur du guide, l sa largeur, le cœur du
guide possède un indice de réfraction Nc, la gaine un indice de réfraction Ng. Dans notre travail, les guides
sont réalisés sur substrat silicium d’indice de réfraction Nsi#3,44 à 1,3µm.
Pour obtenir des composants compacts, des guides rubans (ou « strip ») ont été
développés (Voir figure 5-1). Ils présentent des modes confinés et des indices effectifs
éloignés de l’indice de gaine, permettant la réalisation de courbures [Vlassov04] et de
diviseurs de faibles tailles. D’autre part, nos applications n’entraînant pas de contraintes
particulières quand à la polarisation, les guides ont été développées en vue d’une utilisation en
polarisation quasi-TE. D’une manière générale, tous les composants décrits ici ont été
développés et caractérisés pour la polarisation quasi-TE. Les études réalisées sur les guides
d’ondes à fort contraste d’indice ont montré qu’une forte source de pertes vient de la rugosité
des guides, et plus particulièrement de la rugosité des flancs crée lors des étapes de
lithographie et de gravure ([Agarwal99], [Lee01]). Dans notre approche, nous avons
privilégié une solution à base de guides rectangulaires. La hauteur limitée comparée à la
largeur permet ainsi de réduire l’interaction entre champs électromagnétique et rugosité des
flancs ([Vlasov04], [Orobtchouk05], [Dumon05]).
L’épaisseur des guides a été choisie de manière à obtenir des guides plans monomodes
lors du dépôt de la couche guidante, permettant ainsi de réaliser un contrôle des structures
avant les étapes de lithographie. Des épaisseurs de 0,4 µm et 0,2 µm ont été choisies pour les
guides respectivement de nitrures de silicium et pour la filière silicium amorphe. Une fois
l’épaisseur des guides fixée, leur largeur a été déterminée à l’aide du solveur de mode FVFD
défini dans le chapitre 2 pour avoir une propagation monomode. La largeur a été choisie
légèrement inférieure à la largeur de coupure monomode/multimode à 1,3µm, de manière à
Chap. V Composants optiques
181
avoir une propagation monomode à 1,3 et 1,55µm et un mode bien confiné dans le guide. Le
tableau 5-1 récapitule ainsi les largeurs limites pour avoir des guides monomodes pour chaque
technologie.
Technologie Epaisseur Limite monomode à
1.3µm
Limite monomode à
1.55µm
Nitrure standard 0,4 0,98 µm 1,33µm
Nitrure Haut indice 0,4 0,81 µm 1,05µm
Silicium amorphe 0,2 0,64 µm 1,08 µm
Tableau 5- 1 : Largeur limite des guides rubans assurant une propagation de la lumière monomode.
Finalement une largeur de 0,8µm a été choisie pour les filières nitrure de silicium, de 0,5µm
pour le silicium amorphe.
Pertes de propagation dans le substrat
Comme on peut le voir sur la figure 5-2, le substrat utilisé ici possède un indice de
réfraction supérieur ou égal à l’indice de cœur du guide. Il est donc nécessaire de
dimensionner la couche d’oxyde d’isolation pour éviter les pertes par effet tunnel optique
dans le substrat [Schnell05]. Ces pertes ont été déterminées par calcul FVFD et sont
représentées sur la figure 5-2.
0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0
0,01
0,1
1
10
100
Per
tes
optiq
ues
(dB
/cm
)
Epaisseur de la couche de silice entérrée (µm)
Silicium amorphe (à 1,3 µm) Nitrure de Silicium Haut Indice (à 1,3 µm) Nitrure de Silicium Standard (à 1,3 µm)
0,1 dB/cm
0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0
0,01
0,1
1
10
100
Per
tes
optiq
ues
(dB
/cm
)
Epaisseur de la couche de silice entérrée (µm)
Silicium amorphe (à 1,3 µm) Nitrure de Silicium Haut Indice (à 1,3 µm) Nitrure de Silicium Standard (à 1,3 µm)
0,1 dB/cm
Figure 5-2: Evolution des pertes par effet tunnel dans le substrat en fonction de l'épaisseur de la couche
d'isolation pour les trois structures étudiées.
Des épaisseurs de couches d’isolation respectives de 2µm et 1,5 µm ont été choisies pour les
deux filières nitrures et la filière silicium amorphe, correspondant à des pertes inférieures à
10-1 dB/cm.
Chap. V Composants optiques
182
Diaphonie entre guides
Le critère que nous avons choisi pour évaluer la diaphonie entre guides est la longueur
caractéristique lc [Schnell05] qui correspond à une distance de propagation pour qu’il y ait
transfert de 10% de l’énergie d’un guide à l’autre. Cette longueur est évaluée théoriquement à
l’aide du solveur de mode FVFD développé au laboratoire et de la théorie des modes couplés
[Yariv 91]. La figure 5-3 représente son évolution en fonction de la distance de séparation
entre les deux guides pour les trois structures envisagées.
1cm
0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0 2,2
10
100
1000
10000
L c (µm
)
Distance entre les bords des guides (µm)
Nitrure de silicium standard (1,3 µm) Nitrure de Silicium Haut Indice (1,3 µm) Silicium Amorphe (1,3 µm)
1cm
0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0 2,2
10
100
1000
10000
L c (µm
)
Distance entre les bords des guides (µm)
Nitrure de silicium standard (1,3 µm) Nitrure de Silicium Haut Indice (1,3 µm) Silicium Amorphe (1,3 µm)
Figure 5-3: Variation de la longueur de couplage Lc en fonction de la distance entre les bords des guides
pour les trois structures étudiées. La longueur de couplage est calculée pour une polarisation quasi TE,
avec une longueur d’onde de 1,3 µm.
Il résulte de cette étude que pour pouvoir négliger le parasitage entre lignes sur des distances
de l’ordre du cm, un écartement de 2,3 µm est nécessaire avec la technologie « nitrure
standard ». Pour le nitrure haut indice, un écartement de 1,8 µm est nécessaire alors qu'un
espacement de 0,8 µm est suffisant pour la technologie silicium amorphe.
Finalement, le tableau 5-2 récapitule les différentes caractéristiques géométriques des guides
développés ainsi que leurs indices effectifs. Ces guides (ainsi que le composants présentés par
la suite) ont été réalisés sur trois lots différents dénommés GUI 1, GUI 2 ET GUI 3. Les
composants en nitrure de silicium standard ont été mis au point grâce aux trois lots, les
composants en nitrure de silicium haut indice et en silicium amorphe grâce à GUI 3.
Chap. V Composants optiques
183
Largeur
(µm)
Hauteur
(µm)
Epaisseur de la
couche d'isolation
(µm)
Epaisseur de la
couche de
couverture (µm)
Indice effectif
Nitrure
Standard
0,8 0,4 2,0 0,5(GUI 1) 1,5
(GUI2-GUI3)
1,5803
(λ = 1,3 µm)
Nitrure
Haut Indice
0,8 0,4 2,0 1,5 1,6952
(λ = 1,3 µm)
Si amorphe 0,5 0,2 2,0 1,5 2,5510
(λ = 1,55 µm)
Tableau 5-2 : Caractéristiques optogéométriques des guides développés.
1.2 Etude des guides d’ondes
Durant notre étude, deux types de techniques d’injection ont été utilisées : par réseau
de diffraction et par couplage par la tranche.
1.2.1 Caractérisation à l’aide de coupleurs par réseau
Le couplage par réseau (voir chapitre 1 partie 2-4-2) a été utilisé sur le lot GUI1 avec
la filière nitrure de silicium standard, nous décrivons ici les dispositifs de couplage utilisés.
Coupleurs par réseaux utilisés
Les coupleurs par réseaux de diffraction ont été conçus à l’aide de codes de calculs par
RCWA (Rigourous Coupled Wave Analysis) ([Moharan 81], [Moharan 82], [Moharan95])
mis au point au laboratoire par Régis Orobtchouk qui permettent de simuler la réponse d’un
réseau de diffraction à une onde plane ainsi que de prendre en compte le caractère gaussien du
faisceau incident en décomposant celui-ci en une somme d’ondes planes ([Orobtchouk00],
[Schnell05]). Pour notre étude, la conception de coupleur à réseau de diffraction a répondu à
deux objectifs particuliers :
- Un angle de couplage permettant la caractérisation des composants compte tenu de
l'encombrement des éléments du montage expérimental (voir chapitre 2). Un angle proche de
20° a été recherché.
- Des réseaux de diffraction présentant des longueurs de couplage adaptées à des
faisceaux issus de fibres optiques multimodes, où la largeur à mi hauteur est de 25µm
environ.
L'empilement vertical des multicouches a été fixé pour satisfaire aux contraintes
spécifiques des guides d’onde et les réseaux de diffraction ont été définis par une seule étape
Chap. V Composants optiques
184
de gravure totale. L’optimisation des réseaux a principalement porté sur le pas du réseau de
diffraction.
Les coupleurs mis au point au cours de ce travail comprennent une transition
adiabatique de 1mm de long pour passer de la largeur des guides à celle des réseaux de 50µm.
Les réseaux présentent un pas de 0,7µm, ce qui leur donne un angle de couplage théorique de
19,88° à 1,3µm, et une efficacité théorique de 32,8%.
Caractéristiques expérimentales des coupleurs par réseau
La figure 5-4 montre une image MEB des réseaux de diffraction réalisés sur les
échantillons provenant du lot GUI1 dans le cas d'une technologie de guide en nitrure de
silicium standard.
Figure 5-4 : Images Meb des réseaux de diffraction utilisés pour le couplage et le découplage de la lumière
sur les échantillons du lot GUI1.
Les réseaux ont été caractérisés grâce à leur longueur de couplage, qui traduit la décroissance
de la lumière lors du découplage. En effet, un guide d'onde comportant un réseau de
diffraction peut être vu comme une structure à fuite, l'énergie du mode guidé décroît
exponentiellement durant sa propagation avec une décroissance du type exp(-x/Lcr), où x est
la distance et Lcr la longueur de couplage.
Chap. V Composants optiques
185
20µm
24µm
a)
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
x (µm)
Pd (u
.a)
Log
(I) (
U.A
)
D (µm)
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
x (µm)
Pd (u
.a)
Log
(I) (
U.A
)
D (µm)
b)
Figure 5-5 : a) Observation à la caméra infrarouge de la lumière provenant d'un coupleur à réseau de
diffraction dans le cas d'un guide de nitrure de silicium. Le maximum de la puissance découplée est centré
sur la longueur d'onde de 1300 nm, ce qui correspond à un angle d'incidence de 19,13°. b) Evolution du
profil du faisceau découplé suivant la direction de propagation du mode guidé en échelle logarithmique.
La pente donne la longueur caractéristique Lcr du coupleur à réseau de diffraction.
Sur la figure 5-5 a), une vue à la caméra infrarouge de la lumière provenant d'un découpleur à
réseau de diffraction a été reportée. Le maximum de la puissance découplée est centré sur la
longueur d'onde de 1300 nm, ce qui correspond à un angle d'incidence de 19,13°. La longueur
caractéristique Lcr est obtenue en reportant l'évolution du profil du faisceau découplé suivant
la direction de propagation du mode guidé en échelle logarithmique (figure 5-4 b)). La pente
donne la longueur caractéristique (Lcr = 23 µm) du coupleur à réseau de diffraction. Ces
valeurs expérimentales sont proches des valeurs calculées (θi = 19,88° et Lcr = 17,8 µm).
Il résulte de cette étude que dans le cas des coupleurs à réseau de diffraction réalisés sur les
guides de nitrure de silicium, une efficacité de couplage proche de 30 % est obtenue.
Ces coupleurs présentent ainsi une efficacité de couplage intéressante permettant de tester
rapidement des composants. Ils ont été utilisés pour déterminer les pertes des guides de nitrure
de silicium standard et l’équilibre des diviseurs de faisceaux de type MMI. Cependant, le
couplage dans les guides dépend de la longueur d’onde, et il est très compliqué de tester des
composants sur une large gamme spectrale, un incrément en longueur d’onde correspondant à
un incrément en angle d’injection. Les lots GUI2 et GUI3 postérieurs à GUI1 ont ainsi été
conçus avec un système d’injection par la tranche pour obtenir les réponses spectrales des
composants.
Chap. V Composants optiques
186
1.2.2 Caractérisation par couplage par la tranche
L’injection se fait alors à l’aide d’une fibre lentillée. Pour maximiser le couplage entre
faisceau incident et structure d’étude, les guides d’entrée ont été élargis. Une transition
adiabatique est ensuite utilisée pour transférer la lumière sur le guide étudié.
Pour la mesure des pertes intrinsèques des guides, deux dispositifs différents ont été utilisés :
Le premier dispositif est basé sur la comparaison de signaux obtenus après la séparation en
deux parties identiques. La figure 5-6 le représente schématiquement.
MMI 1→2
Figure 5-6: principe de mesure de pertes par comparaison.
La lumière est injectée dans un guide par la tranche de l’échantillon. Le faisceau
lumineux est séparé par un diviseur 1 vers 2 de type MMI. Un des bras de sortie est alors
utilisé comme référence, le second sert à calculer les pertes en allongeant sa taille d’une
distance D connue. La différence d’intensité des deux sorties est due aux pertes de
propagation des guides. La précision de ce type de mesure est déterminée par deux facteurs :
-Le premier est le déséquilibre éventuel du MMI.
-Le second est la limite de détection des signaux après les sorties : lorsque les pertes
de propagation dans les guides sont trop importantes, le signal sur les deux sorties du
dispositif devient inférieur au bruit de mesure du détecteur et la différence de mesure entre les
deux voies tend vers 0. La limite de détection est atteinte pour des pertes égales à 40dB/cm.
Dans notre étude, des différences D de 1 et 2 cm ont été utilisées pour les guides nitrures, de
0,5 et 1 cm pour les guides en silicium amorphe. Cette technique de mesure sera appelée dans
la suite du chapitre méthode par comparaison.
L’avantage de cette méthode est de pouvoir mesurer précisément les pertes de guides
d’onde pour de faibles valeurs de l’ordre du dB/cm en faisant abstraction des différences de
couplage en entrée des guides. L’inconvénient est qu’elle nécessite un travail de conception
dédié, et un encombrement important sur les masques de fabrication.
Chap. V Composants optiques
187
Pour cette raison, un second jeu de guides a été utilisé pour la filière silicium amorphe, qui
permet de réaliser une estimation des pertes pour de faibles distances. La figure 5-7 représente
une vue schématique du dispositif, où le guide de largeur étudiée est inséré grâce à des
transitions adiabatiques entre des portions de plus fortes largeurs.
Figure 5-7: Dispositif de mesure de pertes à transitions adiabatiques.
Dans ce type de dispositif, les sources de pertes sont multiples et s’ajoutent : pertes de
propagation dans le guide large, dans les transitions adiabatiques et dans le guide étroit. Si
l’on nomme Pg le coefficient de perte des guides, Plarg celui des sections larges, Ltot la
longueur totale, Lg la longueur des guides et que l’on attribue une valeur de pertes aux
transitions adiabatiques Pt, , on peut écrire que les pertes totales sont égales à :
( ) ltottlgg PLPPPLP ++−= 2 Equation 5-1
Par régression linéaire, la différence Pg-Pl est déterminée. La valeur de Pl est alors étalonnée
en mesurant les pertes d’un guide caractérisé avec la méthode de comparaison et les pertes des
guides Pg sont ainsi obtenues. Dans notre travail, la distance Lg varie entre 1, 3, 5 et 7 mm. Ce
dispositif sera appelé « mesures de pertes à transitions adiabatiques » dans la suite de ce
chapitre.
1.3 Résultats
1.3.1 Filière nitrure de silicium bas indice:
Caractéristiques des guides du lot GUI1
Le premier lot de composants dénommé GUI1 a été réalisé en utilisant la méthode
d’injection par réseaux de diffraction décrite précédemment. Une évaluation des pertes
optiques de ces guides à 1,3 µm a été effectuée par observation à la caméra infrarouge de la
décroissance de l’intensité diffusée le long du guide. La figure 5-8 a) représente l’image à la
caméra infrarouge de l’intensité diffusée le long du guide. Le logarithme décimal de l'intensité
a été reporté en fonction de la distance sur la figure 5-8 b). Par régression linéaire, des pertes
Lg
Ltot
Chap. V Composants optiques
188
de 6,4 dB/cm sont obtenues, avec une forte incertitude due au bruit de mesure, de l’ordre de
±1,5 dB/cm.
a)
b)
Figure 5-8 : a) Image à la caméra infrarouge de l’intensité diffusée par la surface de d’un guide d’onde de
0,4 par 0,8µm du lot GUI1. b) Intensité de la lumière découplée du guide en fonction de la distance ; des
pertes de 6,4dB/cm sont obtenues.
Une coupe MEB a été effectuée pour identifier les sources de pertes des guides, elle
est représentée figure 5-9.
Figure 5-9 : Photos MEB d’une coupe d’un guide du lot GUI 1 de 0,8µm par 0,4 µm. Une pente sur les
flancs du guide peut être observée, consécutive à une sur gravure lors de la gravure ionique. Les cotes
réalisées sont ainsi inférieures aux cotes visées.
Ce premier lot présente des flancs avec un angle important, proche de 22°,
caractéristiques d’une gravure trop importante lors de la définition des motifs. Les cotes des
guides sont également légèrement inférieures aux cotes visées, avec des valeurs proches de
750nm en bas de guide. D’autre part, sur ce premier lot, l’épaisseur de la couche de
couverture n’est que de 500nm. Les fortes valeurs de pertes peuvent être dues aux cotes des
guides inférieures aux cotes visées, ce qui peut entraîner un déconfinement du mode optique
Chap. V Composants optiques
189
et ainsi une plus grande sensibilité aux fuites dans le substrat et aux éventuelles poussières et
défauts en surface de la couche d’isolation.
Caractéristiques des guides des lots GUI2 et GUI3
Nous ne ferons pas la distinction entre les caractéristiques des guides issus des lots GUI2 et
GUI3 pour la filière nitrure de silicium standard. En effet, les deux lots ont subi les mêmes
procédés de fabrication et présentent les mêmes caractéristiques. Pour l’étude de ces guides, le
couplage par la tranche associé à la méthode de comparaison a été utilisé.
La figure 5-10 présente la courbe de réponse en fonction de la longueur d’onde pour
un guide de 0,4 µm d’épaisseur par 0,8 µm de largeur.
Figure 5-10 : Pertes optiques d’un guide de 0,8 µm par 0,4 µm en nitrure de silicium standard du lot
GUI3 en fonction de la longueur d’onde.
Des oscillations de type Fabry-Perot sont observées sur le spectre. Elles indiquent la
présence de réflexions au sein des composants du dispositif de test. En utilisant l’indice
effectif des guides et l’écart entre maxima observé, des longueurs de cavité équivalentes de
l’ordre de 27µm peuvent être calculées [Yariv91]. Il y a de nombreuses possibilités
d’interférences au sein de la structure de test présentant des dimensions de cet ordre de
grandeur (MMIs, transitions adiabatiques) et il apparaît très difficile d’identifier avec
précision leur origine exacte. Pour s’affranchir de l’effet de ces réflexions, la moyenne du
signal sur une période (25nm) a été rajoutée sur le graphique. Elle permet de mieux visualiser
les pertes dues aux guides. Ceux -ci montrent un faible niveau de pertes à 1,3 et 1,55µm avec
des valeurs respectives de 1,5 et 3 dB/cm. Ces valeurs sont sensiblement plus faibles que pour
les échantillons du lot GUI1, et peuvent en partie être rapportées aux dimensions
Chap. V Composants optiques
190
géométriques des guides. En effet les coupes MEB des guides (voir figure 5-11) montrent des
cotes légèrement supérieures, de 820nm par 430nm qui induisent un confinement plus
important du champs électromagnétique.
a) b)
Figure 5-11 : Photos MEB de coupes de guides de la filière nitrure de silicium standard du lot GUI2. a)
vue rapprochée du guide, des cotes de 820 nm par 430 sont obtenues, avec des flancs de gravures de
l’ordre de 20°. b) Vue éloignée d’un guide, l’épaisseur de la couche d’isolation de 1,5 µm est visible.
D’autre part, deux pics d’absorption sont observés, le premier autour de 1400 nm, le
second autour de 1530 nm. Le premier pic peut être relié à l’absorption du premier
harmonique de la vibration des liaisons O-H présentes dans la couche d'encapsulation de
silice. Nous avons vu dans le préambule du chapitre 3 que la silice déposée par PECVD
présente une quantité importante de ce type de liaisons, qui possèdent une fréquence de
résonance à 3636 cm-1. Le pic d’absorption observé ici correspond bien à l’excitation de leur
second harmonique de vibration.
Le deuxième pic est relié à la présence dans le nitrure de silicium de liaisons N-H
mises en évidence dans le chapitre 4 de ce manuscrit. Là encore l’excitation de leur première
harmonique de vibration entraîne une absorption optique.
1.3.2 Filière nitrure de silicium haut indice
Des guides en nitrure de silicium haut indice ont été développés sur le lot GUI3. Ils
ont été caractérisés grâce au dispositif d’injection par la tranche.
Les pertes obtenues sont représentées sur la figure 5-12, ainsi que leur moyenne sur 25 nm.
Chap. V Composants optiques
191
-10
-5
0
1250 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650
Longueur d'onde (nm)
Pert
es (d
B/c
m)
pertes mesurées
valeurs moyenne sur 25 nm
Liaisons-OH Liaisons N-HLiaisons O-H
-10
-5
0
1250 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650
Longueur d'onde (nm)
Pert
es (d
B/c
m)
pertes mesurées
valeurs moyenne sur 25 nm
Liaisons-OH Liaisons N-HLiaisons O-H
Figure 5-12 : Pertes optiques des guides en nitrure de silicium haut indice du lot GUI3 en fonction de la
longueur d’onde entre 1250 nm et 1650 nm.
Des pertes de 3,5 dB/cm sont obtenues à 1300 nm, de 3,5 dB/cm à 1550 nm. Deux pics
d’absorption autour de 1400 nm et 1530 nm sont de nouveau observés, dus à l’absorption par
les liaisons O-H de la silice de gaine et les liaisons N-H contenues dans le nitrure haut indice.
L’observation MEB des guides (voir figure 5-13) montre des composants de cotes 0,817 µm
par 0,415 µm, proches des cotes nominales.
505nm
817nm
415nm
505nm
817nm
415nm
Figure 5-13 : Photo MEB d’un guide en nitrure de silicium haut indice du lot GUI3.
1.3.3 Filière Silicium amorphe
Les guides en silicium amorphe ont été développés sur le lot GUI3. Leurs pertes
optiques ont été caractérisées en fonction de la longueur d’onde par injection par la tranche.
La figure 5-14 représente l'évolution des pertes en fonction de la longueur d'onde d’un
guide de silicium amorphe de cote nominale 0,2 par 0,5µm. Les mesures ont été réalisées en
Chap. V Composants optiques
192
utilisant la méthode de comparaison pour une différence de longueur entre les deux bras de
2 cm.
-15
-10
-5
0
1250 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650
Longueur d'onde (nm)
Pert
es (d
B/c
m)
Liaisons O-H
-15
-10
-5
0
1250 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650
Longueur d'onde (nm)
Pert
es (d
B/c
m)
Liaisons O-H
Figure 5-14 : Evolution des pertes en fonction de la longueur d'onde d’un guide rectangulaire de silicium
amorphe de largeurs 457 nm pour la polarisation quasi-TE.
Les guides montrent des pertes de 5 dB/cm et 4,5 dB/cm respectivement pour les
longueurs d'onde de 1300 nm et de 1550 nm, ce qui les situe au niveau de l’état de l’art en ce
qui concerne les guides d’ondes à très fort contraste d’indice, proches des valeurs obtenues
sur composants en silicium cristallin et ce qui constitue le record mondial pour des guides
amorphes à fort contraste d'indice(voir paragraphe 5-6). L’observation MEB (voir figure 5-
15) montre de plus que les guides présentent des cotes légèrement inférieures aux cotes
nominales, avec une largeur de 457 nm pour 205 nm de hauteur, ce qui doit légèrement
augmenter leurs pertes. Enfin, un pic d’absorption très visible est situé autour de 1385 nm, il
est du aux liaisons O-H contenues dans la silice de recouvrement. Ce pic apparaît plus fort ici
que pour les guides précédent possédant la même silice de recouvrement. Cette forte
amplitude peut être attribuée au dé confinement plus important du mode guidé dans la gaine,
ce qui augmente l’interaction entre le champs élecromagnétique et la silice.
457nm
205nm
457nm
205nm
Figure 5-15: Photo MEB d’une coupe de guide en silicium amorphe (cote nominale de 500 nm de
largeur par 200 nm de hauteur).
Chap. V Composants optiques
193
Sur ces composants, l’influence de la largeur des guides sur les pertes optiques a été
étudiée. La figure 5-16 montre l'évolution du signal obtenu lors de la mesure des pertes par la
méthode « transition adiabatique » pour des guides de largeurs différentes de 457 nm et
760 nm. La mesure obtenue est la différence de pertes (Pg-Pl) entre la section étroite et la
section large de 2µm. Les courbes montrent la même forme caractéristique due au pic
d’absorption des liaisons O-H, et un niveau de perte proche de celui observé figure 5-13 est
trouvé pour le guide de 457nm, ce qui indique de faibles pertes dans le guide de section large.
Le pic d’absorption dù au liaisons O-H décroît avec la largeur de guide, ce qui peut être
attribué à un meilleur confinement du champs électromagnétique dans le cœur du guide.
-15
-13
-11
-9
-7
-5
-3
-1
1250 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650
longueur d'onde (nm)
Pert
es (d
B/c
m)
W = 457 nmW = 760 nm
Figure 5-16: Evolution des pertes apparentes mesurées (Pg-Pl) en fonction de la longueur pour différentes
largeurs de guide ( 457 nm, 760 nm) (hauteur constante de 200nm) avec la méthode par transition. Une décroissance des pertes avec la largeur des guides est observée. En étalonnant ces
pertes par rapport à celles mesurées par comparaison sur le guide de 457 nm de large, leur
évolution en fonction de la largeur des guides peut être tracée, elle est représentée pour la
longueur d’onde de 1,3µm sur la figure 5-17.
0
1
2
3
4
5
6
7
0 500 1000 1500 2000 2500
largeur de guide (nm)
pert
es o
ptiq
ues
à 1,
3µm
(dB
/cm
)
Figure 5-17: Evolution des pertes à 1,3 µm de guides en silicium amorphe en fonction de la largeur de
guide.
Chap. V Composants optiques
194
Une rapide diminution des pertes avec la largeur des guides est observée entre 457 nm
et 760nm, puis plus lente entre 760nm et 2 µm. Cette décroissance peut être expliquée par la
diminution de l’interaction du mode guidé avec les flancs des guides rubans. Ceux-ci
s’écartent progressivement du maximum de champ et la diffusion par la rugosité des flancs
devient moins importante. D’autre part, les pertes diminuent jusqu’à tendre vers une valeur
proche de 0,6 dB/cm, qui peut être rapprochée des pertes de guides plans de type silice/
silicium amorphe/silice. On peut alors la comparer aux pertes mesurées pour les guides plans
silice /silicium amorphe /air. Cette valeur est légèrement plus faible que la valeur mesurée par
la technique du METRICON de 1dB/cm (voir chap 4). Cette différence peut être expliquée
par la plus forte différence d’indice de réfraction pour l’interface supérieure pour les guides
plans silicium amorphe/air que silicium amorphe/silice. Les pertes par rugosité étant
croissantes avec l’écart d’indice de réfraction [Yariv91], le fait de remplacer l’air par la silice
diminue l’écart d’indice et peut réduire les pertes optiques.
1.3.4 Origine des pertes des guides d’onde
Les pertes des guides rubans peuvent être attribuées à différentes contributions :
- pertes intrinsèques dues aux matériaux,
- pertes par effet tunnel dans le substrat,
- absorption intrinsèque des matériaux,
- diffusion par la rugosité des flancs de guides.
Les guides élaborés au cours de ce travail présentent deux sources d’absorption intrinsèque :
un pic d’absorption centré en 1,385µm dû aux liaisons O-H de la silice utilisée comme
matériau de gaine et, dans le cas des guides en nitrures- un second pic centré en 1,53µm du
aux liaisons N-H.
Le tableau 5-3 récapitule les valeurs de pertes obtenues sur les trois technologies de
guides d’ondes ainsi que les pertes des guides plans réalisés dans les matériaux associés
(reprises du chapitre 4).
Filière I.R cœur à 1,3µm (TE)
IR gaine à 1,3µm (TE)
Taille (µm²)
Pertes @1.3 µm (TE) (dB/cm)
Pertes @1.55µm (TE) (dB/cm)
Pertes guide plan @1.3 µm (TE) (dB/cm)
Pertes guide plan @1.55µm (TE) (dB/cm)
SiN Standard 1,8675 1,485 0,4*0,8 1,5 3 0,6 3,14 SiN Haut indice
2,0215
1,485 0,4*0,8 3,5 3,5 0,45
2,74
Silicium amorphe
3,3786 1,485 0,5*0,2 5,6 4,5 1,11 0,53
Tableau 5-3: récapitulatif des pertes des guides d’ondes et des guides plans gaine/cœur /air associés.
Chap. V Composants optiques
195
Pour le nitrure de silicium standard, les pertes à 1,55 µm apparaissent légèrement plus faibles
pour des guides rubans que pour des guides plans. Cette différence peut être attribuée aux
incertitudes cumulées des deux techniques de mesure de pertes.
Dans les autres cas, les valeurs de pertes des guides rubans sont supérieures aux pertes des
guides plans.
Nous avons vus précédemment que les pertes par effet tunnel ont été évitées grâce au
dimensionnement de la couche d’isolation. L’absorption intrinsèque des matériaux a été
déterminée précédemment. Enfin, nous avons vu au chapitre 4 que l’influence de diffusion par
la rugosité des interfaces horizontales est négligeable. Seules les pertes par diffusion sur les
flancs de guides peuvent expliquer la différence de pertes entre les deux structures. Il est à
noter que l’écart entre pertes en guide plan et guide ruban augmente avec l’indice de
réfraction des couches, ce qui concorde avec un phénomène de diffraction par la rugosité des
flancs, la diffraction augmentant avec le contraste d’indice. Pour les guides en nitrure de
silicium, la différence de pertes entre les deux structures est plus importante à 1,3µm qu’à
1,55µm, où elle tend vers 0. La chromaticité des pertes par rugosité dépends de sa périodicité
(caractérisé par la longueur de corrélation de la rugosité) qui agit comme une source de
diffraction [Payne94]. Cette évolution peut donc être attribué à une longueur de corrélation de
la rugosité des flancs interagissant particulièrement à 1,3µm pour cette technologie.
Sur la filière silicium amorphe, une diminution progressive des pertes avec la largeur
des guides a été observée. Les valeurs de pertes diminuent jusqu'à tendre vers la valeur de
pertes des guides plans, confirmant la proéminence des pertes par diffusion sur les flancs de
guide dans les pertes totales.
1.4 Conclusion
La mise au point de guides d’ondes à faibles pertes est une condition sine qua non pour
réaliser des liens optiques au dessus de composants électroniques. Pour cela, différentes
méthodes de simulation et de caractérisation ont été entreprises dans le but de mettre au point
des guides à faibles pertes et d’identifier leur origine. Trois filières ont été développées, à base
de nitrure de silicium standard, de nitrure de silicium haut indice et de silicium amorphe.
La filière nitrure de silicium standard apparaît aujourd’hui comme une technologie mature
qui présente de très faibles pertes de 1,5 dB/cm à 1,3µm et des pertes raisonnables à 1,55µm
(3 dB/cm). Son utilisation pour des applications de type interconnections optiques parait très
intéressante, particulièrement à 1,3µm.
Chap. V Composants optiques
196
La filière nitrure de silicium haut indice présente des pertes légèrement supérieures à
1,3µm, certainement dues à l’effet de la rugosité des interfaces. Par contre son niveau de
pertes à 1,55µm est identique et parait très intéressant pour des applications requérant une
compacité plus importante.
Enfin, les résultats obtenus sur le silicium amorphe peuvent révolutionner l’approche
actuelle de l’optique sur silicium à fort contraste d’indice. Les pertes sont comparables avec
celles de composants de type SOI à l’état de l’art (voir paragraphe 5-6) avec une technologie
montrant une flexibilité beaucoup plus importante et un coût bien moindre. Contrairement aux
technologies SOI, les dimensions des composants sont ici modifiables à faible coût et des
architectures originales peuvent être imaginées avec une technologie à fort contraste d’indice
de réfraction. Des dispositifs intégrant de la photonique multi niveaux, une co-intégration
avec des composants électroniques peuvent ainsi être réalisés dans une approche basse
température montrant une compatibilité aisée avec des procédés standard de
microélectronique. Ce seul résultat constitue une belle réussite de ce travail.
Ces résultats encourageants nous ont conduit à continuer les études sur ces filières, et à
développer des solutions pour réaliser d’autres briques de base de l’optique intégrée dédiée à
la réalisation d’un lien optique que sont les virages et les diviseurs de faisceaux.
Chap. V Composants optiques
197
2 Etude des micro-courbures Pour réaliser des liens optiques compacts et des fonctions complexes tels que la
distribution d’un signal au dessus d’un circuit, il est nécessaire d’effectuer des changements
de directions compacts et efficaces. Pour les guides à fort contraste d’indice de réfraction, si
des systèmes utilisant la réflexion sur une interface diélectrique/diélectrique ou
diélectrique/air ont déjà été proposés ([Joannopoulos99], [Cassan04], [Li03]), les micro
courbures restent la solution la plus efficace et la plus simple technologiquement
([Espinola01]), [Schnell04], [Vlassov04]) pour réaliser des virages.
Dans notre étude, des changements de directions utilisant des micro-courbures ont été
développés et des structures ont été adaptées pour diminuer leurs pertes optiques.
2.1 Source de pertes des micro-courbures et courbures continues
Les pertes optiques des courbures ont deux origines distinctes :
- Les pertes de radiation des guides courbes: Dans un guide courbe, le front d’onde
du mode guidé doit avancer en phase selon l’axe du guide. Sa vitesse tangentielle
doit alors augmenter avec la distance au centre de la courbe. Pour une certaine
distance du guide, une partie de l’onde doit avancer à une vitesse supérieure à la
vitesse de la lumière dans le matériaux de gaine et il y alors radiation de cette
partie [Marcuse74].
- Les pertes d’adaptation entre guide courbe et guide droit: les modes du guide
courbe et du guide droit possèdent une répartition spatiale et un indice effectif
différent pour chaque cas. Lors du passage de l’un à l’autre, ces différences
entraînent des pertes dues au mauvais recouvrement des champs et à la différence
d’indice effectif, synonyme de réflexion en entrée et en sortie de courbure
([Heiblum75], [Snyder84]).
La figure 5-18 représente schématiquement ces sources de pertes.
Chap. V Composants optiques
198
Décalage du mode
Energie radiée
Décalage du mode
Energie radiée
Figure 5-18 : Schéma de principe des pertes dans une micro courbure. Le mode se propageant dans le
guide droit est représenté en gris, celui dans le guide courbe en noir. Les pertes par radiations sont visibles
par l’apparition d’un champ rayonné vers la périphérie des courbures. Les pertes d’adaptation sont
visibles au niveau du décalage du mode guidé par rapport au milieu du guide.
Les pertes d’adaptation peuvent être minimisées par un dessin des virages adapté. Les
solutions en général utilisées sont de décaler entrée et sortie des guides par concaténation ou
bien d’élargir la section des guides courbes de manière à reconfiner le mode guidé
[Pennings90]. En 1995, F. Ladouceur et P. Labeye [Ladouceur95] ont proposé un dessin de
courbure utilisant un paramétrage polynomial pour avoir un changement de rayon de courbure
progressif ainsi qu’un élargissement du guide permettant de limiter la désadaptation de mode
et ainsi les pertes optiques. Les auteurs utilisent la théorie de faible guidage [Marcuse74] et la
méthode de l’indice effectif pour minimiser les pertes de structures paramétrées permettant de
définir des composants aux variations continues. Les auteurs ont montré une diminution
sensible des pertes par courbures dans des systèmes à faibles contrastes d’indices de type
silice dopée.
Au cours de notre travail, nous avons voulu évaluer la validité de ce type de
composant (dits courbures continues) sur des systèmes à plus fort contraste d’indice de
réfraction. Une comparaison des valeurs de pertes entre courbures continues et courbures à
rayon constant a été effectuée par simulation FDTD 2D et méthode de l’indice effectif pour
les filières nitrure de silicium. Pour le silicium amorphe, la simulation FDTD convient mal
pour discrétiser des très faibles rayons de courbure et la comparaison des deux types de
virages a été réalisée expérimentalement. La figure 5-19 représente les valeurs de pertes
obtenues en fonction du rayon de courbure pour des virages de type courbures continues ou
courbures constantes avec la filière nitrure de silicium standard.
Chap. V Composants optiques
199
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
10 15 20 25 30 35
Rayon de courbure (µM)
Pert
es (d
B)
Virage a rayon constant
Virage a coubure continue
Figure 5-19: Evolution des pertes par virage à 90° pour des courbures de type Rayon constant ou
Courbures Continues pour la filière nitrure de silicium Standard. Les pertes ont été calculées par FDTD
2D avec la méthode de l’indice effectif pour les cotes de guide décrites au tableau 5-3.
Une diminution des pertes optiques importante est observée, comprise entre 0,2 et 0,5
dB pour des rayons compris entre 30 et 15 µm. L’ajout de virage à courbure continue permet
d’obtenir une amélioration sensible des pertes des virages. Dans notre étude, des virages à
courbures continues ont été utilisés pour les filières nitrure de silicium haut et bas indice; pour
le silicium amorphe, des virages à courbure continue et des virages à rayon constant ont été
utilisés.
2.2 Caractérisation des micro-courbures
Les micro-courbures ont été caractérisées à l’aide de dispositif à couplage par la
tranche utilisant des diviseurs 1 vers 2 pour réaliser des mesures par comparaison. Un schéma
du dispositif est représenté figure 5-20.
Figure 5-20: Schéma du dispositif de mesure de pertes des virages par la méthode de comparaison.
500 µm 10 µm 10 µm
10 µm
R=5 µm
L1
10 µm 10 µm R1
200 µm
Chap. V Composants optiques
200
Le signal est divisé en deux parties grâce à un MMI de 1 vers 2, les deux guides de sorties
présentent alors un nombre de virages différent. La comparaison des intensités mesurées en
bout de guide permet de déterminer les pertes de chaque virage.
2.3 Résultats expérimentaux
Les pertes par virages ont été mesurées sur des dispositifs comprenant un nombre de 22 et
42 virages. La figure 5-21 a) représente un exemple de résultats expérimentaux quant à la
mesure des pertes des virages dans le cas des guides nitrures de silicium standard. Des
oscillations certainement dues à la présence de cavités Fabry Pérot entraînent un léger bruit
sur la mesure de l’ordre de 0,1dB. D’autre part, les valeurs obtenues en utilisant 22 ou 42
virages concordent bien, à une incertitude de mesure de 0,1 dB près.
-0,5
0
1250 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650
Longueur d'onde (nm)
Pert
es (d
B/c
ourb
ure)
42 Virages
22 Virages
a)
b)
Figure 5-21: a)Mesure des pertes par courbure en fonction de la longueur d’onde pour des virages à
courbures continues de 40 µm de rayon avec la technologie nitrure de silicium bas indice. B) Image infra
rouge de l’intensité contenue dans une courbure de 15 µm en nitrure de silicium bas indice (GUI2).
La figure 5-21b) représente une photo obtenue à la caméra infrarouge d’une courbure de 15
µm en nitrure de silicium bas indice utilisée sur le lot GUI2. La courbure possède de faibles
pertes et l’intensité apparaît bien confinée dans le guide.
Les résultats expérimentaux obtenus pour les différentes configurations à 1,3 et 1,55 µm sont
résumés dans le tableau 5-4.
15µm 15µm
Chap. V Composants optiques
201
Filière Rayon (µm) Courbures continues
Rayon constant
Pertes à 1,3 µm (±0.05 dB)
Pertes à 1,5µm (±0.05 dB)
SiN « Standard » 40 X 0 ,05 0,18 SiN « Standard» 30 X 0,1 0,3 SiN « Standard» 25 X 0,12 0,45 SiN «Standard » 20 X 0,15 0,7 SiN « Standard » 15 X 0,4 1,2 SiN « Haut indice » 15 X 0 0 SiN « Haut indice » 10 X 0,02 0,15 Si amorphe 5 X 0,05 0,05 Si amorphe 5 X 0,05 0,05 Si amorphe 2 X 0,05 0,15 Si amorphe 2 X 0,05 0,09
Tableau 5-4: Pertes par virages selon les technologies.
Pour les filières en nitrure de silicium, les pertes à 1,3µm ont été représentées en fonction du
rayon de courbure sur la figure 5-22. Sur cette dernière, les valeurs obtenues par simulation
FDTD pour la filière nitrure standard ont été ajoutées, elles montrent un bon accord avec les
valeurs expérimentales.
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45Rayon de courbure (µm)
Pert
es p
ar V
irage
s (d
B)
Simul SiN Std
SiN Std
SiN HI
Figure 5-22: Evolution des pertes des virages en fonction du rayon de courbure pour les filières nitrure
standard et haut indice. En traits pointillés ont été rajoutées les valeurs obtenues par simulation FDTD
2D.
La filière nitrure de silicium bas indice présente des pertes négligeables pour des
rayons supérieurs à 30 µm, la filière nitrure de silicium haut indice pour des rayons supérieurs
à 15 µm. Pour la filière silicium amorphe, les courbures continues montrent des valeurs de
pertes supérieures aux courbures à rayons constants, ce qui montre les insuffisances des
hypothèses de faible guidage utilisées pour dessiner les courbures continues. Les courbures à
rayon constant montrent de très faibles valeurs de pertes pour des rayons de courbures aussi
faibles que 2µm. De manière à identifier leur origine, les pertes des courbures à rayons
constant ont été comparées avec les valeurs calculées à partir du solveur de mode FVFD (voir
Chap. V Composants optiques
202
Chapitre 2). Celui-ci calcule les pertes par radiation des courbures, auxquelles nous avons
ajoutées les pertes par réflexion dues aux différences des indices effectifs. Les pertes par
désalignement ont ici été négligées. La figure 5-23 représente les pertes optiques en fonction
de la longueur d’onde de virages de 2, 5 et 10 µm en silicium amorphe. Pour chaque rayon,
données expérimentales et données de simulation ont été représentées.
Longueur d’onde (nm)
Pert
es (
dB/c
m)
Longueur d’onde (nm)
Pert
es (
dB/c
m)
Pert
es (d
B/v
irage
)
Longueur d’onde (nm)
Pert
es (
dB/c
m)
Longueur d’onde (nm)
Pert
es (
dB/c
m)
Pert
es (d
B/v
irage
)
Figure 5-23: Evolution des pertes optiques en fonction de la longueur d’onde pour des
virages à rayon constant de 2, 5 et 10 µm de rayon en silicium amorphe.
Un très bon accord en expérience et théorie est observé, montrant des pertes augmentant en
fonction de la longueur d’onde pour le rayon de 2µm. Cet accord montre que pour les guides à
très fort contraste d’indice, le décalage entraîné par la courbure est négligeable, et que la
principale source de pertes vient des pertes par radiation. Ce résultat explique la raison des
pertes importantes des courbures continues : leur dessin, obtenu à partir d’hypothèses de
faible guidage peu adaptées au très fort contraste d’indice, surestime la désadaptation de mode
et entraîne des pertes supplémentaires par le mauvais recouvrement des modes en entrée et en
sortie de virage.
2.4 Conclusion
Des virages à très faibles pertes ont été développés pour les filières technologiques
utilisées. De faibles rayons de courbure ont été démontrés, avec des valeurs de 40µm, 15 et
2µm respectivement pour les filières nitrure de silicium standard, haut indice et silicium
amorphe. D’autre part, nous avons vu que l’influence des pertes de transition est plus
importante sur les composants à moyen contraste d’indice de réfraction qu’à fort contraste
d’indice et qu’il est intéressant d’utiliser des dessins de type courbure continue pour les
filières en nitrure de silicium – contrairement à la filière silicium amorphe.
Chap. V Composants optiques
203
D’un point de vue pratique, les virages développés au cours de ce travail permettent
d’envisager différents types d’applications pour les différentes filières. Pour des applications
de type distribution d’un signal d’horloge, ou des rayons de 40µm paraissent suffisant
[OConnor05], la filière nitrure de silicium standard parait la plus adaptée avec des pertes
négligeables à ces rayons et de très faibles pertes en guide droit à 1,3µm.
La filière nitrure de silicium haut indice représente une bonne alternative pour des
applications requérant des rayons de courbure plus faibles avec des courbures sans pertes pour
des rayons de 15µm. Des résonateurs compacts ([Phillip04]) peuvent ainsi être envisagés avec
des guides présentant des pertes modérés (3dB/cm) à 1,3 et 1,55µm.
Enfin, la filière silicium amorphe permet de réaliser des structures à très forte
compacité avec des dessins de composants simples. Des virages pour des liens compacts mais
aussi des structures plus complexes telles que microrésonnateurs en anneau ou micro-disques
peuvent désormais être envisagés avec cette technologie.
Chap. V Composants optiques
204
3 Diviseurs de faisceaux Deux types de composants permettant de diviser des faisceaux en n parties ont été
étudiés : des jonctions Y et des composants à interférence multimodes (ou MMI pour « Multi
Mode Interferometer »). Les jonctions Y ont été développées dans un premier temps sur les
lots GUI 1 et GUI 2. Leur caractérisation ayant mis en lumière des problèmes de répétabilité
et de forte chromaticité, nous nous sommes ensuite orienté vers des diviseurs de type MMI.
Nous présenterons rapidement les caractéristiques des jonctions Y, suivies de la mise au point
et la caractérisation des MMIs.
3.1 Jonctions Y
Deux types de jonctions Y ont été étudiés au cours de notre étude :
-dans un premier temps, (lots GUI 1 et GUI 2), des jonctions Y en nitrure de silicium
standard ont été développées. Leur dessin est basé sur des courbures continues décrites
précédemment dans lesquelles une pointe vient s’insérer pour diviser le faisceau. Il est
représenté schématiquement sur la figure 5-24 a).
Figure 5-24: schéma de principe des jonction Y.
Ces jonctions ont été caractérisées par injection par la tranche et un important déséquilibre
entre les voies a été observé, déséquilibre variable entre deux composants du même type.
Ainsi, la figure 5-25 représente le déséquilibre (I1/I2) d’une jonction Y en nitrure de silicium
standard en fonction de la longueur d’onde.
a)b)
Chap. V Composants optiques
205
-4,5
-4
-3,5
-3
-2,5
-2
-1,5
-1
-0,5
0
1250 1300 1350 1400
λ (nm)
désé
quili
bre
(dB
)
Longueur d’onde (nm)
I 1/I
2(dB
)
-4,5
-4
-3,5
-3
-2,5
-2
-1,5
-1
-0,5
0
1250 1300 1350 1400
λ (nm)
désé
quili
bre
(dB
)
Longueur d’onde (nm)
I 1/I
2(dB
)
Figure 5-25: Déséquilibre entre les branches d’une jonction Y « classique » en nitrure de silicium
standard. La mesure est effectuée en polarisation quasi-TE.
Un déséquilibre variant entre 1 et 2,5dB selon la longueur d’onde est observé.
Suite à ces observations, une hypothèse a été avancée quand à l’origine du déséquilibre
qui serait du à un défaut de lithographie sur la pointe des jonctions Y. La pointe effilée des
jonctions Y présente en effet des dimensions inférieures à la limite de résolution des outils de
lithographie utilisés (0,2µm pour la lithographie 248nm utilisée ici). L’incertitude sur la
définition de la pointe est alors importante et un faible désalignement de celle-ci peut
fortement détériorer l’équilibre du composant.
De manière à éliminer ce type de comportement, un nouveau type de composant a été
proposé. Par rapport a une jonction Y «classique», le V de la pointe de la jonction Y est ici
remplacé par un méplat (figure 5-24b) de 0,2 µm. Ainsi, la pointe est bien centrée et
l’intensité n’est par déséquilibrée sur une voie ou l’autre.
Malheureusement, suite à un problème de découpe des échantillons, ces nouvelles
jonctions réalisés en nitrure de silicium (standard et haut indice) n’ont pu être testées, et seuls
les composants en silicium amorphe ont pu être caractérisés. En utilisant une méthode par
comparaison semblable à celle décrite partie 1-2 de ce même chapitre, les pertes optiques de
chaque branche ont pu être mesurées en fonction de la longueur d’onde.
Les figure 5-26a) et b) montre l'évolution des pertes en excès et du déséquilibre d'une jonction
Y de ce type en silicium amorphe.
Chap. V Composants optiques
206
0
5
10
15
20
25
1250 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650
Longueur d'onde (nm)
Per
tes
en e
xcés
(dB
)
-3
-2
-1
0
1
2
3
1250 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650
Longueur d'onde (nm)
Dés
équi
libre
(dB
)
a) b) Figure 5-26: Evolution des pertes en excès (a)) et du déséquilibre (b)) d’une jonction Y en technologie
silicium amorphe en fonction de la longueur d'onde.
Un très bon équilibre entre les sorties est observé, avec une différence inférieure à 1dB
entre 1300 et 1500nm. De plus, les mesures effectuées sur différents composants ont montré
une très bonne reproductibilité, avec un déséquilibre inférieur à 0,5dB pour trois composants.
Ceci confirme nos hypothèses quand à l’origine des déséquilibres sur les jonctions Y
classiques et montre l’intérêt de l’ajout d’un méplat.
Par contre, on peut constater que les pertes de composants sont importantes (5dB à
1,3µm), et augmentent très fortement avec la longueur d'onde. Ceci peut être expliqué par un
phénomène de diffraction sur la pointe de la jonction Y. Cet effet est d'autant plus important
lorsque l'on utilise des guides à fort contraste d'indice de très petite taille, ce qui rend ce
composant très chromatique et à fortes pertes. Les jonctions Y représentent ainsi des solutions
peu intéressantes pour la distribution de signal avec des composants de types ruban à fort
contraste d’indice. Il est possible que les effets de diffraction soient plus faibles sur les filières
nitrure de silicium où le contraste d’indice est plus réduit. Une évaluation de ces composants
devra ainsi être menée dans le futur. Cependant, une autre méthode a été mise en oeuvre au
cours de ce travail pour diviser des faisceaux : les diviseurs par interférence multimode.
3.2 Diviseur de faisceau de type MMI
Les composants à interférence multi mode (ou MMI) utilisent une propriété des guides
d’ondes multi-modes dite de « self Imaging », qui consiste à pouvoir reproduire le profil du
champ électromagnétique d’entrée du guide en une ou plusieurs images réparties
périodiquement dans la direction de propagation du guide [Bryngdahl73]. Le principe est
d’utiliser une portion de guide d’onde multimode à la suite d’un guide monomode. A l’entrée
du guide monomode, le champ électromagnétique qui était confiné sur le mode d’ordre 0 va
Chap. V Composants optiques
207
se décomposer en une distribution de champs de tous les modes guidés du guide large. Le
champ à l’intérieur de la structure peut alors être vu comme la somme des intensités couplées
sur les différents modes guidés. Ces modes possédant des constantes de propagations
différentes, l’intensité varie en fonction de la position dans le guide et l’on peut montrer que
pour des positions particulières une image identique de l’entrée est observée. Soldano et
Pennings [Soldano95] décrivent, grâce à une analyse modale, le fonctionnement de tels
composants. En décrivant la propagation dans un guide d’une largeur effective We, les auteurs
montrent que pour des positions L=(P/N)(3Lπ) où P est un entier et Lπ la longueur de
battement entre le deux premiers modes; on obtient N images du champs d’entrée, situées aux
positions N
Wenqpy p )2( −= , chacune avec une amplitude de N1 et a l’intérieur du guide.
Ainsi, si l’on place une portion de guide multimode à la suite d’un guide monomode et que
l’on ajuste sa taille et la position des guides de sortie, il est possible de séparer l faisceaux en
N parts de même amplitude. La figure 5-27 représente le schéma de principe d’un diviseur 1
vers 2.
L
W ec
Figure 5-27: Schéma d’un diviseur MMI 1 vers 2. W est la largeur, L la longueur et ec l'écartement entre
guides.
3.2.1 Conception des MMIs
Dans notre étude, des diviseurs de 1 vers 2 et de 1 vers 4 ont été conçus pour les trois
filières technologiques utilisées. La longueur d’onde d’optimisation a été choisie à 1,3µm.
Pour simuler le comportement de guides multimodes et des composants finis avec de fort
contraste d’indice, la simulation par FDTD en trois dimensions a été utilisée. Les composants
ont été optimisés pour présenter de faibles pertes, un bon équilibrage entre les sorties et une
forte compacité. La procédure d’optimisation des MMIs est la suivante :
1) Simulation par FDTD 3D d’une structure comportant un guide monomode d’entrée et
un guide multimode de très forte longueur dans lequel vont se former les images
Chap. V Composants optiques
208
multiples. La position optimale des guides de sortie est déterminée précisément en
utilisant des sections virtuelles de guides d'ondes permettant de calculer la puissance
couplée dans une section de guide en fonction de la position.
2) Après avoir déterminé la position optimale des guides de sortie, une simulation du
MMI incluant les guides de sortie permet de déterminer la réponse spectrale du
composant.
La figure 5-28 représente la carte de champs d’un diviseur de 1 vers 2 et d’un diviseur de 1
vers 4 en nitrure de silicium standard.
Figure 5-28: Simulation du champs électromagnétique d’un MMI de 1 vers 2(a/) et de 1 vers4 (b/) en
filière nitrure de silicium bas indice par FDTD 3D. La polarisation est quasi-TE et le champ est imagé à
mi-hauteur du guide d’onde.
Ajout de transitions adiabatiques
Hill et al. [Hill 03] ont montré en 2003 l’intérêt d’ajouter des transitions adiabatiques en
entrée et en sortie des composants pour diminuer les pertes. La figure 5-29 a) représente ainsi
le schéma d’un diviseur 1 vers 2 avec transitions adiabatiques. Par simulation FDTD, ils
montrent qu’un optimum est atteint lorsque la largeur de guide est égale à un tiers de la
largeur du composant pour un diviseur de 1 vers 2. L’ajout de transitions sur nos composants
a été évalué par simulation FDTD. Leur longueur et leur largeur a été optimisée de manière à
obtenir une réponse spectrale plate et de faibles pertes. Pour les diviseurs 1 vers 4, les
transitions n’entraînent pas de diminution significative des pertes optiques et leur ajout n’a
pas été jugé nécessaire. Au contraire, l’ajout de transitions sur les diviseurs 1 vers 2 entraîne
une amélioration de la réponse spectrale des composants. La figure 5-29 c/ représente la
réponse spectrale d’un MMI de 1 vers 2 en nitrure de silicium « bas indice » avec ou sans
transition adiabatique optimisée.
Chap. V Composants optiques
209
L
W
L1
W1
ec
L
W ec1
ec2
b)
c)
Figure 5-29: a) Schéma d’un MMI de 1 vers 2 avec transition adiabatique.b) Schéma d’un MMI de 1 vers
4. W est la largeur du composant, L sa longueur, ec, ec1 et ec2 l’écartement des guides intérieurs et
extérieurs par rapport au milieu du composant; W1 est la largeur maximale de la transition adiabatique,
L1 sa longueur. c) Réponse spectrale d’un MMI 1 vers 2 en nitrure de silicium à bas indice avec ou sans
transition adiabatique.
Les composants avec transitions présentent une réponse spectrale plus « plate » avec la
longueur d’onde et un niveau de perte plus faible, ce qui est le cas pour les trois filières
développées.
Finalement, les dimensions des MMIs réalisés au cours de notre étude sont récapitulées dans
le tableau 5-5.
Filière Composant L (µm) l (µm) ec/ec1 (µm)
ec2 (µm) L1 (µm) W1 (µm)
SiN Bas Indice 1 vers 2 6,8 3.2 0,75 1,2 1 SiN Bas Indice 1vers 4 36,6 10,48 1,3 3,88 Sin Haut Indice 1 vers 2 5,32 2,5 0,75 1,2 1 SiN Haut Indice 1 vers 4 35,5 10 Si Amorphe 1 vers 2 3,6 2 0,52 0,6 0,5 Si Amorphe 1 vers 4 16 5 0,88 1,89
Tableau 5-5 : Dimensions des MMIs utilisés.
3.2.2 Caractérisations des MMIs
Filière nitrure de silicium bas indice
Caractérisation par réseau. Le lot Gui1 a donné lieu à la caractérisation des MMI de 1 vers 2
et de 1 vers 4 de la filière nitrure de silicium bas indice par injection par réseaux. Les figures
5-30 a) et b) représentent les images infra rouges d’une distribution de 1 vers 4 réalisée avec
des MMIs de 1 vers 2.
a)
Chap. V Composants optiques
210
Figure 5-30 : a/ Image infra rouge d’une distribution de 1 vers 4 par 3 MMIs de 1 vers 2 en filière nitrure
de silicium bas indice b/Image infra rouge des faisceau de découplage des réseaux associés à la
distribution.
Nous avons tracé figure 5-31 l’intensité découplé intégré sur la longueur des coupleurs en
fonction de la position. Les quatre taches des sorties sont bien reconnaissables et montrent des
valeurs très proches. En intégrant l’intensité découplée sur la surface totale des réseaux, un
déséquilibre inférieur à 8% est obtenu.
0
500000
1000000
1500000
2000000
2500000
3000000
0 50 100 150 200 250 300 350
Position (U.A)
Inte
nsité
inte
grée
sel
on x
(U
.A)
Figure 5-31 : Intensité intégrée sur la longueur des réseaux de découplage pour les quatre sorties du MMI
de 1 vers 4 en silicium standard. La figure 5-32 a) représente quand à elle une image infrarouge d’un MMI 1 vers 4 réalisé en
nitrure de silicium bas indice. Sur la figure 5-32 b), l’intensité découplé intégrée selon la
longueur des coupleurs a été tracée en fonction de la direction y. Un déséquilibre inférieur à
6% est obtenu en intégrant l’intensité sur la surface totale des réseaux..
58µm
15µm
a) 58µm
15µm
b)
xy
Chap. V Composants optiques
211
0
500000
1000000
1500000
2000000
2500000
0 50 100 150 200 250 300 350
Position (U.A)
Inte
nsité
inté
grée
sel
on x
(U.A
)
Figure 5-32 : a/Image infra rouge d’un MMI de 1 vers 4 b/ Image infra rouge des réseaux de découplages
associés au MMI de 1 vers 4.
Le très bon équilibre trouvé entre les sorties des dispositifs, que ce soit le MMI de 1 vers 2 ou
le MMI de 1 vers 4 montre un bon accord avec la simulation. Cependant, la caractérisation
par réseau ne nous a pas permis de déterminer les pertes des composants avec une précision
suffisante. C’est pourquoi, dans la suite de notre étude, les MMIs ont été caractérisés par
injection par la tranche.
Caractérisation par la tranche
Un dispositif de mesure de pertes par comparaison a été utilisé pour mesurer les pertes
des MMIs. Un MMI de 1 vers 2 est utilisé pour séparer le signal en deux entre une branche de
référence et une branche ou se trouve le composant a étudier et ses différentes sorties.
Figure 5-33 : schéma d’un dispositif de caractérisation par la tranche d’un MMI 1 vers 2.
Les pertes en excès du dispositif sont obtenues par comparaison de la somme des intensités
des sorties du composant avec la branche de référence. L’équilibre est obtenu en comparant
les sorties du composant entre elles.
a)
x y
Branche de référence
Composant testé
b)
Chap. V Composants optiques
212
MMI de 1 vers 2
Les figures 5-34 a) et b) représentent les pertes en excès et le déséquilibre pour un
MMI de 1 vers 2 en nitrure de silicium standard de dimension décrites dans le tableau 5-6.
Les sorties montrent un déséquilibre très faible, inférieur à 0,5dB pour la totalité de la gamme
spectrale étudiée. Les pertes en excès du composant valent 1dB à 1,3 µm et sa gamme
spectrale à 1dB est de 500 nm.
0
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
1250 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650
Longueur d'onde (nm)
Pert
es e
n ex
cés
(dB
)
-1
-0.5
0
0.5
1
1250 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650
Longueur d'onde (nm)
Dés
équi
libre
(dB
)
a) b)
Figure 5-34 : Pertes en excès (a)) et déséquilibre (b)) d’un MMI de 1 vers 2 en nitrure de silicium
standard. La mesure est effectuée en polarisation TE.
MMI de 1 vers 4
Les figures 5-35 a) et b) représentent les pertes en excès et le déséquilibre d’un MMI 1
vers 4 en nitrure de silicium bas indice. Le déséquilibre est indiqué en normalisant l’intensité
des sorties 2, 3 et 4 par l’intensité de la sortie numéro 1 (Les sorties 2 et 3 sont donc à
l’intérieur, les sorties 1 et 4 à l’extérieur). Les pertes en excès à 1,3 µm sont très faibles et
comprises dans l’incertitude de mesure de ±0,2dB. L’équilibre des sorties est très bon,
inférieur à 0,5 dB sur toute la gamme spectrale. Ce composant présente une gamme spectrale
à 1dB d’environ 100 nm, entre 1250 et 1350 nm.
Chap. V Composants optiques
213
00,5
11,5
22,5
33,5
44,5
5
1250 1300 1350 1400
Longueur d'onde (nm)
Pert
es e
n ex
cès
(dB
)
-3
-2
-1
0
1
2
3
1250 1270 1290 1310 1330 1350 1370 1390
Longueur d'onde (nm)
Dés
équi
libre
(dB
)
I2/I1i3/I1I4/I1
a) b)
Figure 5-35 : Pertes en excès (a)) et déséquilibre (b)) d’un MMI de 1 vers 4 en nitrure de silicium
standard. Les mesures sont effectuées en polarisation TE. Sur la figure b), l’intensité de chacune des
sorties est représentée normalisée par la branche de référence.
3.2.3 Filière nitrure de silicium haut indice
Nous n’avons pu étudier les composants de cette filière à la suite d’un problème de
découpe. Les facettes d’entrée et de sortie du lot en nitrure de silicium haut indice sont de très
mauvaise qualité ce qui n’a pas permis d’avoir des résultats reproductibles et pertinents.
Néanmoins, au vu des résultats obtenus sur la filière nitrure de silicium standard, il est
probable que les caractéristiques soient comparables ici. Il sera nécessaire de confirmer les
simulations sur de prochains lots.
3.2.4 Filière silicium amorphe
MMI de 1 vers 2
Les figures 5-36 a) et b) représentent les pertes en excès et le déséquilibre d’un MMI 1
vers 2 en silicium amorphe (dimensions indiquée dans le tableau 5-3) en fonction de la
longueur d’onde.
Des sorties très équilibrées sont obtenues, avec un déséquilibre inférieur à 0,5 dB à
1,3 µm et des pertes de 1,5 dB à cette même longueur d’onde. Ce composant présente par
ailleurs une bande passante à 1dB d’environ 120 nm.
Chap. V Composants optiques
214
02468
101214161820
1250 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650
Longueur d'onde (nm)
Pert
es e
n ex
cès
(dB
)
-6
-4
-2
0
2
4
6
8
1250 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650
Longueur d'onde(nm)
désé
quili
bre
(dB
)
a) b) Figure 5-36: Pertes en excès (a)) et déséquilibre (b)) d'un MMI 1 vers 2 en silicium amorphe en fonction de
la longueur d'onde.
MMI 1 vers 4
Les MMIs 1 vers 4 en silicium amorphe n’ont pu être caractérisé par comparaison et
seul le déséquilibre entre les branches a pu être mesuré. La figure 5-37 représente les
intensités des sorties 2, 3 et 4 normalisées par la sortie numéro 1 (Les sorties 2 et 3 sont à
l’intérieur, les sorties 1 et 4 à l’extérieur).
-5
0
5
10
15
1250 1300 1350 1400
longueur d'onde (nm)
désé
quili
bre
(dB
)
I2/I1I3/I1I4/I1
Figure 5-37: Pertes en excès d'un MMI 1 vers 4 en silicium amorphe en fonction de la longueur d'onde.
Les sorties du composant montrent un très bon équilibre autour de leur longueur
d’onde de conception de 1,3µm, avec une différence inférieure à 0,5dB. Leur bande passante
à 1dB est d’environ 50nm. Des oscillations dues à des interférences par effet Fabry Perot
quelque part dans le composant sont toutefois observées.
D’autre part, une forte dépendance de la réponse du composant avec la longueur
d’onde est observée, avec une bande passante beaucoup plus faible que celle des composants
Chap. V Composants optiques
215
en nitrure de silicium. Cette forte chromaticité peut être reliée à la forte compacité du
composant, qui entraîne une variation rapide des indices effectif des modes guidés
[Soldano95]. La longueur de battement Lπ varie ainsi fortement avec la longueur d’onde,
entraînant un décalage important de la position à laquelle se forment les images. Le bon
équilibre entre les sorties autour de 1,3µm indique par contre un bon accord entre simulation
et expérience.
3.3 Conclusion
Au cours de cette partie, deux différentes façons de diviser le signal optique ont été
étudiées: jonctions Y et Diviseurs MMIs. Les jonctions Y traditionnelles présentent
l’inconvénient d’être très sensibles aux conditions de fabrication ce qui peut entraîner un
déséquilibre variable et important, condition inacceptable pour nos applications. De nouvelles
jonctions Y ont été mises au point, moins sensibles aux effets de pointe. Si elles montrent un
bon équilibre, elles présentent cependant une forte chromaticité pour la filière silicium
amorphe ainsi que de fortes pertes, certainement dues à des effets diffractifs.
Les diviseurs MMIs présentent par contre des caractéristiques particulièrement
intéressantes. Les diviseurs de 1 vers 2 possèdent ainsi de faibles pertes d’insertion
(inférieures à 1,5dB) sur une large gamme spectrale ainsi qu’un très bon équilibre pour toutes
les filières étudiées. De par leur conception, ils sont très compacts et peu sensibles aux
imperfections de fabrication. Ils représentent ainsi une solution particulièrement adaptée pour
distribuer un signal à l’échelle d’un composant. Des diviseurs de faisceaux de 1 vers 4 ont
également été étudiés. Ils montrent des caractéristiques très intéressantes pour la filière nitrure
de silicium standard, avec des pertes négligeables et un très bon équilibre sur une large
gamme spectrale.
4 Comparaison avec la littérature Les composants optiques mis au point au cours de ce travail répondent à un cahier des
charges particulier axé sur la compatibilité avec des circuits microélectroniques, ce qui
implique des procédés de fabrication basse température. Peu de travaux dans la littérature
possèdent une telle approche. Néanmoins, l’utilisation de ces composants n’est pas exclusive
et il est intéressant de comparer leurs performances avec celles de dispositifs d’optique
classique présentant des tailles comparables.
Chap. V Composants optiques
216
Les tableaux 5-7 et 5-8 récapitulent les pertes optiques des guides d’ondes et des
micro-courbures pour des guides d’ondes submicroniques développés par les principaux
groupes de recherche. Les technologies de type SOI et Nitrure de silicium sont reportées. Il
convient de noter que leur compatibilité avec une intégration au dessus de circuits intégrés
n’est pas possible (excepté pour le travail de [Kobrinsky04]).
Filière / Auteurs Hauteur (nm)
Largeur (nm)
Longueur d’onde (µm)
Pertes (dB/cm)
Guides recouverts
Reférence
Nitrure Standard 400 800 1,3 1,55
1,5 3
Oui Oui
présent
Nitrure H.I. 400 800 1,3 1,55
3 2,75
Oui Oui
Present
SiN LPCVD 600 1000 1,55 1,2 Oui [Phillip04] SiN PECVD 300 300 0,850 3 Non [Kobrinsky04] Silicium Amorphe
205 457 1,3 1,55
5,8 4,5
Oui Oui
Present
SOI/Cornell 270 470 1,55 5,0 Non [Vlassov04] SOI/IBM 220 445 1,55 3,0 Non [Vlassov04] SOI/IMEC 220 500 1,55 2,4 Non [Dumon05] SOI/MIT 200 500 1,55 32,0 Oui [Vlassov04]
Tableau 5-7 : récapitulatif des pertes de guides submicroniques. Comparaison avec la littérature.
Filière / Auteurs Hauteur (nm)
Largeur (nm)
Rayon (µm)
Longueur d’onde (µm)
Pertes (dB)
Reférence
Nitrure Standard
430 820 40 30
1,3 1,55 1,3 1,55
<0,05 0,18 0,1 0,3
present
Nitrure H.I.
416 817 15 10
1,3 1,55 1,3 1,55
0 0 0,02 0,15
present
SiN LPCVD 600 330
1000 1200
25 20 15 25 20 15
1,55 0,02 0,08 0,16 0,05 0,12 0,2
[philipp04]
Silicium Amorphe
205 457 5 2
1,3 1,55 1,3 1,55
<0,05 <0,05 0,05 0,09
présent
SOI/NTT 300 300 3.0 2.0
1,55 0,17 0,46
[Vlassov04]
SOI/IBM 220 445 2,0 1,55 0,013 [Vlassov04] SOI/IMEC 220 500 5,0
2,0 1,55 0,01
0,03 [Dumon05]
SOI/MIT 200 500 1.0 1,55 0,5 [Vlassov04] Tableau 5-8 : récapitulatif des pertes par micro-courbures. Comparaison avec la littérature.
La filière nitrure de silicium standard présente des pertes comparables avec l’état de
l’art des guides submicroniques en technologie haute température, avec des valeurs aussi
Chap. V Composants optiques
217
faibles que 1,5 dB/cm à 1,3 µm et des courbures sans pertes pour des rayons de 40µm. Pour
les diviseurs de faisceaux, peu de travaux ont été publiés sur les diviseurs de 1 vers 4 ou de 1
vers 2 en nitrure de silicium (ou contraste d’indice de réfraction équivalent), et les composants
développés au cours de cette thèse présentent à notre connaissance la plus forte compacité et
les plus faibles pertes.
La filière nitrure de silicium haut indice présente des pertes légèrement plus
importantes mais elle permet d’atteindre un plus fort degré d’intégration et d’obtenir des
courbures sans pertes à l’état de l’art pour des rayons de 15µm.
Enfin, le silicium amorphe montre des performances record, équivalentes à la
photonique SOI, avec des pertes à 1,3 et 1,55µm à l’état de l’art pour des guides recouverts.
Des courbures très compactes peuvent être obtenues sans pertes pour des rayons de 2µm. Les
diviseurs montrent des pertes de 1,5dB pour des composants de 2*3,6µm, comparables avec
ceux publiés par Sakai et al. [Sakai01] (MMI 3 µm x 6,8µm, bon équilibre, pertes non
mentionnés) et Dumon et al.[Dumon05] (MMI 3 µm x 7,6 µm, pertes <1dB annoncées) pour
la photonique SOI.
Ainsi, grâce aux filières développés au cours de ce travail, des liens élémentaires
comportant guides, changements de direction et diviseurs de faisceaux peuvent être réalisés au
dessus de composants microélectroniques avec des caractéristiques optiques comparables à
l’état de l’art de la photonique à fort contraste d’indice.
Exemple de distribution du signal d’horloge
Ces liens peuvent être utilisés pour distribuer un signal d’horloge au sein d’un
composant (voir Chap. 1). Pour cette application, des circuits en H sont utilisés et la
différence de puissance entre entrée et sorties ne doit pas excéder des valeurs proches de 30dB
[Cassan03]. Les meilleurs résultats aujourd’hui publiés utilisent des guides en arrête en SOI
réalisés sur une plaque optique qui doit être rapportée sur le circuit et montrent des pertes
totales de 14dB pour une distribution 1 vers16 de 1 cm de long [Vivien05]avec des pertes de
propagation comprises entre 0,1 et 0,4 dB/cm.
En utilisant la filière nitrure de silicium standard à 1,3 µm avec 5 MMIs 1 vers 4, 10
courbures de 40µm pour une distance totale de 1cm, en considérant le pire cas de pertes vis-à-
vis de l’incertitude de nos mesures, une distribution théorique montrant des pertes de 15 dB
peut être réalisée. Des résultats équivalents peuvent ainsi être obtenus, et ce en utilisant une
architecture ne nécessitant pas de coûteuse étape de report. De même, l’utilisation de guides
de la filière silicium amorphe à 1,3µm, de 15 MMI 1 vers 2 à 1,3µm et de dix micro-
Chap. V Composants optiques
218
courbures de rayon 2 µm sur une distance totale de 1cm peut conduire à l’obtention de pertes
aussi faibles que 21,3 dB, ce qui parait largement suffisant pour assurer la distribution d’un
signal d’horloge.
Conclusion A l’aide de composants développés au cours de notre travail, il est possible de réaliser
des liens optiques à faibles pertes et forte compacité au dessus de circuits électroniques. Trois
filières technologiques distinctes ont été développées basées sur les matériaux mis au point
dans les chapitres précédents : nitrure de silicium standard, nitrure de silicium haut indice et
silicium amorphe. A l’aide d’outils de simulation et de caractérisation, des guides, des micro-
courbures et des diviseurs de faisceaux ont été mis au point. Ils présentent de faibles pertes et
une forte compacité, comparable à l’état de l’art. Plus précisément, la filière nitrure de
silicium standard est aujourd’hui une technologie mature qui permet de réaliser des liens de
compacités raisonnables (du type distribution d’horloge) avec des pertes optiques globales à
1,3µm très intéressantes. Son introduction au sein de circuit microélectroniques ne pose aucun
problème de compatibilité et peut apporter rapidement des avantages certains. La filière
nitrure de silicium haut indice représente une solution plus compacte, qui entraîne des pertes
supplémentaires raisonnables à 1,3µm et le même degré de pertes à 1,55µm. Son introduction
peut permettre de réaliser des circuits complexes nécessitant un plus fort degré d’intégration
tout en gardant une faible gamme de pertes optiques (<3dB/cm)
Enfin, l'étude menée sur un lien optique à base de guides ruban en silicium amorphe
constitue à notre connaissance une première mondiale, et met en lumière les potentialités de
cette technologie. La filière silicium amorphe combine les avantages de la photonique à fort
contraste d’indice de type SOI et la versatilité des méthodes de dépôt et de fabrication
utilisées. Les pertes optiques des guides, des courbures, et des diviseurs la situent à l’état de
l’art des composants à très fort contraste d’indice et ouvrent la voie à l’intégration à bas coût
de composants optiques submicroniques au sein de circuits intégrés, ou bien encore à la
réalisation aisée de composants novateurs de type optique à multi niveaux, cristaux
photoniques 3D etc.….
Chap. V Bibliographie
219
Bibliographie du chapitre 5
[Agarwall99] A. Agarwal, J.S. Foresi, L.M. Giovane, L. Liao, J. Michel, K. Wada, and L.C. Kimmerling, Defect Engineering for silicon Microphotonics , Defects in silicon III,1999, pp.215-21.
[Bryngdahl73] O. Bryngdahl, Image formation using self imaging Technique. Journal Optical Society America,
1973, Vol 63, N°4.pp.416-419.
[Cassan03] E. Cassan, S. Laval, S.Lardenois, A. Koster. On-Chip optical interconnects with compact and low loss light distribution in Silicon –On-Insulator Rib waveguides IEEE Jour. Of Selected. Topics in Quant. Electronics. Vol.9, NO.2, March/April 2003.
[Cassan04] E. Cassan, L. Vivien, S. Laval, Polarization-independent 90_-turns in single-mode micro-waveguides on silicon-on-insulator wafers for telecommunication wavelengths, Optics Communications, 2004, Vol. 235, pp. 83-88, 2004.
[Dumon05] P. Dumon,G. Roelkens,W. Bogaerts, D. Van Thourhout,J. Wouters, S. Beckx, P. Jaenen, R. Baets, Basic photonic wire components in silicon-on-insulator Source, Proceedings of the Conf. on Group IV Photonic, 2005, pp. 189-91.
[Espinola01] R. L. Espinola, R.U. Ahmad, F. Pizzuto, M. Steel, R.M. Osgood, A study of high-index-contrast 90° waveguide bend structures Optics Express, 2001,Vol. 8, N° 9, pp.2564-9.
[Heiblum75] M. Heiblum, J. Harris, Analysis of curved optical waveguides by conformal transformation, Journal of Quantum Electronics, 1975, Vol. 11, pp. 75-83.
[Hill03]
M. T. Hill, X. J. M. Leijtens, G. D. Khoe, M. K. Smith, Optimizing Imbalance and Loss in 2 2 3-dB Multimode Interference Couplers via Access Waveguide Width, Journal of Lightwave Technology, 2003,Vol. 21, pp. 2305-13.
[Kobrinsky04] M.J. Kobrinsky, B.A. Block, J.F. Zheng, B.C. Barnett, E. Mohammed, M. Reshotko, F. Robertson, S. List, I. Young, K . Cadien, On-chip optical interconnects Intel Technology Journal, 2004, Vol. 8. N°2. pp129-142
[Ladouceur95] F. Ladouceur, E. Labeye, A new general approach to optical waveguide path design Journal of Lightwave Technology, 1995, Vol. 13, N° 3, pp. 481-92.
[Lee01]
K. K. Lee, D. R. Li, L. C. Kimerling, J. Shin, F. Cerrina, Fabrication of ultralow-loss Si_SiO2 waveguides by roughness reduction, Optics Letters, 2001, Vol. 26, pp. 1888-90.
[Li03] L.Li, G.P. Nordin, J.M. English, J. Jiang. Small-area bends and beamsplitters for low-index-contrast waveguides Opt. express. V 11, No3. (2003)
[Marcuse74] D. Marcuse. Light transmission optics. Taylor and Francis Ed. 1974
[Moharan81] M. G. Moharan, T. K. Gaylord, Rigorous coupled wave analysis of planar grating diffraction, Journal of the Opt. Soc. Am. A, 1981, Vol. 71, pp. 811-18.
[Moharan82] M. G. Moharan, T. K. Gaylord, Diffraction analysis of dielectric surface relief gratings, Journal of the Opt. Soc. Am. A, 1982, Vol. 72, pp. 1385-92.
[Moharan95] M. G. Moharam, D. A. Pommet, E. B. Grann, T. K. Gaylord, Stable implementation of the rigorous coupled wave analysis for surface relief gratings: enhanced transmittance matrix approach, Journal of the Opt. Soc. Am. A, 1995,Vol. 12, pp. 1077-86.
[Orobtchouk00] R. Orobtchouk, A. Layadi, H. Gualous, D. Pascal, A. Koster, S. Laval, High efficiency light coupling in a submicrometric silicon on insulator waveguide, Applied Optics, Vol. 39, pp. 5773-77, 2000.
Chap. V Bibliographie
220
[Orobtchouk05] R.Orobtchouk, N.Scnell, T.Benyattou, J.M.Fedeli, Compact building blocks for optical link on
SOI technology Proc .Of the ECIO CONF. Grenoble 2005
[Payne94] F.P. Payne, J.P.R. Lacey, A theoretical analysis of scattering loss from planar optical waveguides Optical and Quantum Electronics, 1994, Vol. 26, N° 10, p 977-86.
[Pennings90] E.C.M.Pennings, Bends in optical ridge waveguides (modeling and experiments). Ph.D. dissertation Tecknische Universiteit Delft, Netherlands. 1990.
[Phillipp04] H.T.Philipp, K.N. Andersen, W. Svendsen, Amorphous silicon rich silicon nitride optical waveguides for high density integrated optics Electronics Letters, 2004,Vol. 40, N° 7, pp. 419-21.
[Popov00] E. Popov, M. Neviere, Grating theory : new equations in fourier space leading to fast converging results for TM polarization, Journal Of Opt. Soc. Am. A, 2000, Vol. 17, pp. 1773-84.
[Sakai01] T. Sakai, R.U. Ahmad, G.C. Camarda, R. Pizutto, R.I. Espinola, R.M. Osgood, Ultra-compact 90° bends and MMI couplers in silicon-on-insulator, Proceedings of Lasers and Electro-Optics Conf. 2001, pp. 36-7.
[Schnell04] N. Schnell, M. Martin, R. Orobtchouk, T. Benyattou, R. Perrin, P.R. Labeye, J.M Fedeli, Characterization and design of optical integrated devices for optical clock distribution network Proceedings of the SPIE, 2004, Vol. 5451, N° 1, pp. 593-602.
[Schnell05] N.Schnell, Réalisation et étude de composants passifs d’optique intégrée sur substrat silicium sur isolant pour les interconnexions optiques Thèse de Doctorat, INSA Lyon, le 15 Sept. 2005
[Snyder84] A.W. Snyder , J.D.Lowe, Optical Waveguide Theory. Chapman and Al. 1984.
[Soldano95] L.B. Soldano, E.B.M. Pennings, Optical multi-mode interference devices based on self imaging: principles and applications Journ. Lightwave Technology, 1995, Vol.13, N° 4, pp.615-627.
[Vassallo97] C. Vassallo, 1993-1995 Optical mode solvers, Optical and Quantum Electronics, 1997, Vol. 29, pp. 95-114.
[Vivien05] L.Vivien, F. Grillot, E. Cassan, D. Pascal, S.Lardenois, A.Lupu, S. Laval, M. Heitzmann, J.M. Fedeli, Comparison between strip and rib SOI microwaveguides for intra-chip light distribution Optical Materials, 2005, Vol. 27, N° 5, pp 756-62.
[Vlasov04] Y.A. Vlasov, S.J. McNab, Losses in single-mode silicon-on-insulator strip waveguides and bends Optics Express, 2004,Vol. 12, N° 8, pp.235-9.
[Yariv91] A. Yariv Optical Electronics, 4th ed. Saunders College Press, 1991.
Chap. V Bibliographie
221