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Clermont-Ganneau (Charles), Études d’archéologie orientale, t. 1 (3 parties in 4°) avec planche, 1880.http://archive.org/details/bibliothquedel44ecol
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littp://www.archive.org/details/bibliothquedel44ecol
BIBLIOTHQUE
L'COLE IJES HAUTES TUDESPUBLIE SOUS LES AUSPICES
DU MINISTRE DE L'INSTRTXTION PUBLIQUE
SCIENCES IllSTOHKilES ET PIIILOLOGIQIES
CENT Tlil-.IZIME FASCICULE
TUDES D'ARCHOLOGIE ORIENTALEPAR
Cil. CLERMONT-GAXNEAUMMIIIti: DE l'institut,
PIlOFESSliUl; AU COI.I.toE DK FIIANCK, DIISECTHUU A I.'COLE DKS HAUTES TUDES
TOME DEUXIME
PARISLIBHAIIJIE K.MILE HOIJILLON, KDITEIR
07, RIE DI-: UICIII-LIKU, AU PUKMIEU
1897
TUDESD'ARCHOLOGIE OIIENTALE
Cil. CLERMONT-GANNEAUMK>rill!E DE L'iSfllTUT
i>noFi:sfi;i.u au coLi.Kr.i: in; m\N( i:, unncTitr. a l'icoif. drs haltes ktudes
TUM M DKLXIKME
PAIUSLIIUfAUMl'; K.MII.E HHUH.LuN. KIUTHIR
G~, RUK DK HlCHEI.lEf, AU PRK.MIKR
1807
BIBLIOTHQUE
L'COLE DES HAUTES TUDESPUBLIEE SOUS LES AUSPICES
DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
SCIENCES PHILOLOGIQUES ET llIST i r e u r
7, KUE I)K RICHELIEU, (i7
1880.
/>^/ J"
TUDESD'ARCHOLOGIE ORIENTALE
CIL CLERMONT-GANNEAUIllRKl'TEUU-AD.IOINT A L'ECOLE l'UATKjUE UKS HAUTES TUDES
TOME PREMIER
PARISF. VI K W E ( , L 1 13 R A 1 R E -EDI T I-: l : R
07, ItUE DE lK'HELIEU, (17
1880.
VIFNNK. TVP. ADOI.l'llI': IKlI.ZIlArsKN.
ISiri'.lMKUB 1)K 1.A I-Ollll 1. A 11. KV I>K I.UNIVKIlSirK.
1
LA STLE DE BYBLOSPlusieurs savants dj se sont successivement occups du dchiffrement et de l'inter-
prtation de ce monument, soiii, il y a quelques annes, des ruines de Djebl, l'antique
Byblos ou Gebal. La stle de Byblos ne le cde gure en importance au sarcophage d'Kch-
mounazar; elle lui est mme suprieure certains gards. Aprs les travaux de JIM. deVogC ', Renan 2, Euting ', Halkvy' pour ne parler que des plus considrables il semblequ'il reste peu de chose dire sur cette page prcieuse de l'antiquit j)hnicienne, et qu'il y ait
mme quel((ue tmrit y revenir. Je ne crois pas cependant (|ue la question soit puise.Il est encore plus d'un point obscur lucider, plus d'un passage douteux discuter, plus
d'un dtail matriel signaler. Les personnes comptentes, qui savent avec quelle lenteur,
la suite de quels efforts ritrs, se fait le progrs de l'pigrapliie smiti(|ue, et combienles textes gagnent tre repris et pour ainsi dire manipuls nouveau, ne seront pas
tonnes si je me permets d'aborder, mon tour, l'tude d'un monument
tudes d'Archologie Orientale.
L'on distingue encore, sur l'un des cts de cette face brute, une sorte de feuillure rgnant
tout le long du bord, de haut eu bas, et semblable au refend qui sert d'encadrement aux
pierres dites bossage. Ce ravalement caractristique me porte penser que le bloc dans
lequel a t prise la stle n'est autre chose qu'une des pierres de taille qui restaient disponibles
aprs l'achvement de quelque construction monumentale, peut-tre de la D'D'^]! mentionne
aux lignes 6 et 12.
L'on constate l'existence d'un grand nombre de ces blocs refend remploys dans la
construction de la tour voisine du lieu o a t trouve la stle '.
Le bloc devait tre l'origine quarri eu paralllipipde ; l'on en a form la stle en
arrondissant la partie suprieure. C'est ce paralllipipde primitif qu'il convient d'appliquer
les mesures releves par M. de Vogu sur la stle qui n'en est qu'un driv :Hauteur 1",13 X largeur 0"',56 X paisseur 0",26.
aaj^ifiaWi
La 9tt>le de Byblos (les cotes sont exprimes en doigts).
C'est ce que montre le dessin ci-dessus, o l'on a inscrit la stle dans le paralllipipde
gnrateur; ce dessin sommaire servira tout l'heure illustrer d'autres observations.
' E. Kknan, Misa, de J'hn. \i. 167, lliD.
La stle de Byblos.
L'espce de dcTOchenient produit par le refeud de la face jKjstrieure est visible
en A.
Les proportions du bloc taient donc sensiblement : hauteur 1; largeur '/, ; paisseur'/i.
M. DE VooC a jiarf'aitement montr que les dimensions devaient tre exprimes en doigtsappartenant au systme de la coude royale g//ptienne : 60 X 30 X -'^- Sans entrer dans lesingnieuses considrations que M. de Vogc, s'inspirant des ides si originales de M. Aors,
met sur la valeur symbolique de ces nombres, je ferai remarquer que l'on s'attendrait, aulieu de ce dernier chiffre de 14 doigts i paisseur i, au chiffre de l doigts, en relation
rigoureuse avec les prcdents : 60 et 30. Cette diffrence de 1 doigt en moins vient peut-
tre de ce que M. de Vooc a mesur l'paisseur du ct o le refend a raval une partienotable de la pierre, au lieu de la mesurer entre les deux jilans principaux des deux faces,
ce qui lui aurait peut-tre fourni en plus le doigt qui parait nous mau(|uer.La porte de cette observation va au-del de la stle elle-mme, car, envisag et
point de vue, le bloc en question nous donnerait une ide de la grandeur et des proportions
des matriaux mmes employs dans les constructions de Yehawmelek, et semblerait montrer,ce qui serait parfaitement d'accord avec les autres indications du monument, que le plan,
comme l'appareil de ces constructions, devait tre selon la norme gyptienne.
II. Position- de la stle. L'aspect de la face postrieure, peine dgrossie, prouve
que le monument n'a jamais d tre visible par derrire. Il devait tre ou applitpi contreune paroi d'difice, ou mme engag de beaucoup dans cette paroi.
Ce fait tend affaiblir une hypothse, un moment en faveur, d'aprs laquelle la stle
reposait sur les deux lions eu ronde bosse, trouvs ct d'elle, et dont le dos prsente un
ressaut longitudinal videmment destin servir d'assiette quelque chose. D'autres con-sidrations, d'ailleurs, sont de nature faire carter cette ide. Ainsi la masse totale de ces
deux animaux, d'un travail mdiocre et sommaire, est tout fait hors de proportion avec
la stle qu'ils auraient eu pour rle de supporter. De plus, les deux lions ont, au-dessus de
leurs bases resijcctives, des hauteurs sensiblement ingales.
Tolrable la rigueur, si l'on imagine une disposition ou les deux animaux, \'idem-
nieut destins se faire pendant, taient suffisiimmcnt carts l'un de l'autre (par exemple
s'ils flanquaient un escalier, une entre, un massif de mavonnerie etc.), cette diffrence de
niveau aurait t absolument cho(|uante, si les lions avaient t juxtaposs presque cte cte, comme il est ncessaire de l'admettre du moment o l'on veut faire reposer la stle
sur leur dos.
III. Rupture de l'anule droit. Il n'est pas sans intrt de chercher la cause matrielle
qui a pu produire la rupture de l'angle droit infrieur de la stle et, par suite, la regrettable
mutilation qu'a subie le texte en ce point. La rupture provoque par un choc violent, par
la chute du monument etc., a eu lieu selon le fil d'une grande faille qui traverse la stle
obli(|iicnK'nt de gauche droite et de haut en bas. Cette faille, qui n'a pas j)eu contribu l'altration des lettres se rencontrant sur son trajet, devait se prolonger, de B en C, jus
tudes d'Archologie Orientale.
la grande faille se serait bifurque en BC et BD. Cette supposition, qui s'appuie sur uneobservation matrielle incontestable, rend aussi bien compte de l'accident que l'hypothse
d'aprs laquelle il serait d l'action d'un tenon mtallique destin sceller le monument
sur le dos d'un des lions.
IV. Les appliques mtalliques. A la partie suprieure de la stle l'on remarquedeux trous profonds, et d'autres plus petits, qui, ainsi que l'a fort bien tabli M. de Vog,
ont d ser\ir fixer un ou deux ornements de mtal. L'une de ces appliques reprsentait
le disque solaire, accost des deux urjeus, dont on voit encore la trace, et muni de deux
grandes ailes et d'une queue d'oiseau; ces demiei-s dtails sont gravs au trait sur la pierre
mme. L'autre applique pourrait avoir t un objet couronnant le sommet de la stle, au-
dessus de laquelle il s'levait.
En examinant attentivement l'original, j'ai eu la bonne fortune de faire une petite
dcouverte qui met absolument hoi-s de doute l'existence d'une pice mtallique rapporte.
J'ai reconnu, au fond des deux trous, la prsence d'un grand clou de bronze enfonc verti-
calement dans la pierre; eu grattant lgrement la couche d'oxyde qui l'avait jusqu'alors
dissimul aux regards, j'ai mis nu le mtal brillant, d'un beau jaune d'or. Nous avonsvidemment l le reste de la tige mtallique qui assujetissait l'une des appliques, peut-tre
mmes toutes deux la fois.En quel mtal taient ces appliques ? tant donne la nature extrmement grossire de
la pierre, il parat difficile de supposer, comme l'ont fait quelques personnes, que ces appliques
fussent en or. Il y aurait eu entre ces deux matires, l'ime si vile, l'autre si prcieuse, une
disparate difficile comprendre. L'on ne peut gure songer qu'an bronze, au mtal mmedont j'ai matriellement constat la prsence. Il n'est pas inutile d'insister sur ce point,
parceque cette observation, si on l'accepte, nous mettra tout l'heure mme d'liminer,avec plus de sret et plus de simplicit que ne le ferait tout autre raisonnement, une des
explications proposes pour le passage, si difficile, des lignes 4 5, o l'on a cru reconnatre,
tort je crois, les ajjpliques en question.
Il e.st d'ailleurs fort possible qu'il n'y ait eu eu tout qu'une applique, le disque, avec
une queue de mtal jjutrant horizontalement dans la pierre. Le trou veitical pratiqu au
sommet de la stle n'aurait eu alors d'autre rle que de recevoh' un grand clou de bronze
celui dont j'ai retrouv un fragment destin s'engager dans une mortaise de la queue
et river ainsi soHdement le tout.
V. La scne riiiURE. La partie suprieure de la stle est occupe par une scne
figure, grave au trait et reprsentant:1 le disque solaire aux ailes ployes, planant au-dessus de deux personnages qui sont :2" la desse de Byblos, ayant la forme et tous les attributs caractristiques de la desse
gyptienne llathor i Isis-Hathor). Elle est assise sur un trne, le sceptre la main '. D'un
geste de la main droite, elle semble rpondre l'invocation du roi de lyblos et accepter la
libation (ju'il lui offre.
' Ce sceptre consiste, coiiime l'a bien remarqu M. de VooI', en une lon{!:ue tige de papynu. Ordi-nairiiiuent les desses f^yiitiennes ont le sceptre de lotus. Cette drogation aurait-elle trait, plus ou moinsdirectement, au rle que joue le papynu dans l'histoire lgendaire do Gebal et au nom mme de BpXo;?(Cf. Eu.st. Oonm. ad Dion, vers 4)12.)
La stle de Btblos.
3 Le roi de Kyhlos Yehawmelek, costuiiH' I;i mode jjei-se, debout devant sa desse,et lui prsentant de la main gauche une coupe deux anses ; il lve la main droite en signe
d'adoration, et est probablement dans l'acte mme A' invocation, Xip, dont il est questiondans l'inscription.
La nature du sacritice n'a rien qui doive surpren
tudes d'Archologie Orientale.
Observations pigraphiques
Observations yi'jirales
Sparation des mots. Un fait extrmement important c'est que, eu rgle gnrale,
dans l'inscription de Byblos, les 7nots sont spars.
Toutes les personnes qui ont t aux prises avec des textes phniciens, savent tout
ce qu'ajoute de difficults l'inteiiirtation l'absence de sparation entre les mots et com-
prendront l'insistance que je mets signaler cette particularit qui n'avait pas encore t
releve. En effet, premire vue, cette sparation des mots ne semble pas exister sur la
stle de Byblos; mais, en y regardant bien, l'on arrive cependant se convaincre qu'en ra-
lit la plus grande pai-tie des mots sont isols les uns des autres par des vides sensibles.
Un certain nombre de ces coupes sont notoirement fausses; c'est--dire qu'on en trouve l
o l'on n'en attend pas, et, qu'en revanche, l'on en cherche en vain l o, de toute \i-
dence, il en faudrait. Mais la proportion des coupes \Taies aux coupes fausses est telle
qu'on ne saurait hsiter voir, dans les premires, une rgle, et dans les secondes une
exception. Il serait hors de propos de chercher, en ce moment, la raison de cette intermit-
tence dans les coupes, intermittence qm peut tre due diverses causes '. Je me bornerai faire observer que le principe de la coiq)e intermittente, plus ou moins accuse, existe
non-seulement sur la stle de Byblos, mais sur un assez grand nombre d'auti-es monuments
phniciens o on ne l'avait pas non plus remarque et que l'on avait galement cru
soumis au rgime absolu de la scriptio continua, par exemple sur la Y" et la TT' d'Ouram
el-'awmd.
Ce qui fait ((ue l'existence de ces coupes peut souvent chapper l'attention, c'est
d'abord qu'il y en a de fausses, ce qui commence par drouter ; c'est ensuite que ces coupes
consistent en \ides parfois trs peu tendus, et d'autant moins sensibles l'il qu'on examine
l'inscription de trs prs, ce qui est gnralement le cas lorsqu'on se livre au dchiffrement,
sou\ent bien pnible, de ces caractres si menus et si lgrement gravs. Pour faire appa-
ratre nettement ces vides, il faut au contraire considrer l'inscription de trs loin, une
distance oh on ne peut presque plus la lire. Un voit alors les groupes de lettres et les inter-
valles isolateurs se dessiner d'une faon frappante. Une pei-soune, trangre non-seidement
la connaissance du i)linicien, mais toute notion d'pigraphie smitique, peut, l'aide
d'un crayon, par exemple, marquer ces intervalles avec autant, avec plus de sret peut-
tre, et, en tout cas, avec moins de chances de prvention qu'un homme du mtier.L'exprience russit parfaitement avec la stle de Byblos et prouve que cette observation ne
repose pas sur une illusion mais sur un fait rel.
L'on ne saurait donc trop conseiller, quand on aborde la lecture d'un texte phnicien,
de procder, avant tout autre examen, cette inspection d'enseml)le. Je recommande vivement
de soumettre cette preuve toutes les inscriptions pliiiicicnnos tenues jiis(|n'iii \m\\v avoir
t crites d'aprs le principe de la sn'ijifio continua.
Il y a lieu, par cunsiiui'iit, dans l'interjirtation ilr l:i stle de liylilos, surtout dans
'.k? rcvii'ndrai, il une uutre oeciisioii, sur cotte (lucstinii (pii iic in.iii(|iu' jias il'iiiti'ivt, ainsi nw sur
l'iuiproprito de certaines coupes.
La stle de Btblos.
les cas douteux, de faire entier en li^me de compte cet lment nouveau d'information : les
coupes de rori^nal; sans oublier toutefois que, si ce sont des indications utiles, ce ne soiit
pas toujours des indications dcisives.
Coupe des lignes. La stle de Byblos, comme beaucoup d'antres inscriptions
phniciennes, a une tendance marque terminer chaque ligne par un mot, et viter de
mettre un mot cheval sur deux lignes, la premire moiti la tin de l'une et la seconde
au commencement de l'autre. Cette habitude, dj constate, n'est d'ailleurs pas plus absolue
(pie celle de la sparation normale des mots que je viens d'exposer; ainsi sur la stle de
Hyblos, il y a aux lij^nes 11 12 un enjambement certain, un autre probable en 10 11.De mme dans le texte d'Echmounazar l'on relve deux ou trois infractions la rgle.L'cpigrai)hie gyptienne et grecque ne connaissent pas cette loi; elle est au contraire
absolue dans r])igra])hie assyrienne. Xe com^iendrait-il pas alors d'attribuer cette tendance
manifeste du phnicien (d'une certaine poque i une influence ass\Tienne, s'excr(;ant assez
tardivement, et peutrtre indirectement, par l'intermdiaire de la bureaucratie aramo-perse V
Il est il noter que la stle de Mesa, dont la date nous reporte une poque antrieure
ce moment historique, pratique au contraire, avec la plus grande libert, l'enjambcnu-nt
des mots d'une ligne l'autre. Kt cela est d'autant plus remarriuable que l'inscription moa-
liite montre un sentiment trs net de l'unit, de l'individualit des mots, qui y sont spars
par des points '.
Disposition du texte. L'inscription compte quinze lignes; le milieu tombe donc
matriellement la moiti de la 8'' ligne : 7 ' ., + 7 'a,. Or ce point commence justement,avec le mot ^12n, une section des plus accentues dans la teneur du texte, puisqu'elle est
caractrise i)ar un changement d'interlocuteur, le Domine salvum entonn par le chur des
Giblites. L'on i)eut se demander, quand on songe toutes les ides superstitieuses des anciens,
si c'est l une co'incidenee purement fortuite.
Imitation fkaudi-leuse. Cet important monument a dj fourni de nouveaux
aliments l'activit infatigable des faussaires d'Orient. M. le Ur. A. Mordtmanx a bienvoulu m'envoyer de Constantinoplc une curieuse lampe en terre cuite dore, en forme de
taureau, iiortant sur la hanche gauche et, la hanche droite les deux mots phniciens suivants :
'r*':"!' p '^'?in', YeJifiwmelek Jls de Yar . . .! C'est--dire le nom mme du roi de Byblosqui apparat sur notre stle, et celui de son pre, ((uclcjuc peu estropi celui-ci, parce que
les caractres en .sont assez frustes sur l'original. C'est toujours, comme l'on voit, aux procds
expditifs de la cramiiiue qu'ont recours les imposteurs travaillant d'aprs des modles
lapidaires. C'est l'histoire de la stle de Mesa et de la nombreuse progniture de jMiteries
auxquelles elle a donn naissance.
Afin de faciliter et d'abrger les obsenations de dtail qui vont sui^TC. je donne ici
une transcription de l'inscription, en mettant entre parenthses les lettres douteuses et entr'
crochets les lettres entirement restitues. J'ai pris, en gnral, pour base de cette trans
tudes d'Archologie Orientale.
1 iSia -['jon) p33 bynrtn)-' p b^: -pti -['^mn^ -j; i
2 JjH snpi Sa: 'r'y ns'??:*) bz: nbya rann [n'^ya -rx baj 2
3 nSi'2 "nr-iS "]:s '?yso)('?) (i) "^n: nSyn -nr-i ns 3
4 rs j jnn nrani t . . . . 3 rx j r\^m nnon brj 4
5 ji pn nna bj? u?s j(3 nan)^ > pn n(-i)j?m t 'nns ja "^p 5
6 i:k '?ys nn:3Di nnbj? c?s . . . . m mayi s- iirnym e
7 'n3-i ns nxnp tsd baj nSya 'ranS baa iSa ibain" te de la possibilit suivante ((ue je foniiule sous toutes r.ser\-es. Cet emjjloide 232 semble propre aux filiations Toijahs. L'on ti'ouve bien dans la V in.scription d'Idalieune combinaison analogue : "2 p, mais dans des conditions tout fait ditrentes : il s'agitd'une aeule qui parle de .ses trois petits-fils, des fils de son fils. Ce p22, dans les filiations
royales, venant immdiatement aprs le pati-onymique, n'indiquerait-il ])as un saut dans lesgnrations, saut qui nous ferait remonter au chef mme de la dynastie ou de la brandiede la dynastie : Un tel, fils d'un tel . . . descendant d'un tel']
Le protocole des rois phniciens de Chypre ne jjourrait pas tre invoqu contre cette
liypotii.se. Il ne contient pas le pi2, parce qu'en ralit ces rois, au nombre de deux,forment une petite dynastie complte : (Baalram, (pii n'a pas rgn); 1" Melekyaton, sontijs, (|ui inaugure la dynastie; 2" Pouma^-j'aton, son fils, qui la clt. En eftct, comme je lemontrerai plus loin, Poumayj/aton n'est autre que le Piifinaliim des historiens grecs, dtn'pnet mis A mort par Ptolme Soter en 312.
La mme observation est applicable la stle de Mesa. Le roi de Moab na pas d'autreanctre royal que son pre Chamosgad ; c'est que Chaniosgad est le premier qui ait reconstitu son profit le royaume de Moab dtruit par Da\-id. Ce fait me permettra jjlus tard deju'oposer, entre la premire anne du rgne de Chamosgad, roi de Moah, et un certain point
de l'histoire d'Isral, un synchronisme capital.
Les Orientaux attachaient une im|)ortance toute ])articulire la transmission de laroyaut par la voie d'hrdit directe. C'est pour cela que Mesa dit ex])re.ssment : mon ph-e
a rgn sur Moah pendant trente ans, et v\oi j'ai rgn aprs mon pre '. C'est exactement lamme ide que l'on retrouve dans le protocole royal de l'inscription de Rosette, documentdont nous aurons tirer plus d'un claircissement pour la stle de Byblos : Rolnice piphaney est ((Ualifi de successeur immdiat de son pre, ^al TxpaXaivr; Tr,v JJa'.Xiav zap tO -jrr:':;'-.L'inscription insiste sur ce point et y revient diverses repri.ses''. Mme formule pourPtolme vergte dans l'inscription d'Adulis. Letronne, dans son commentaire, itcnse quela rptition de cette formule provient de ce ((ue la monarchie gyptienne tant hrditaire
dans la ligne masculine et fminine, le roi pouvait avoir jiour successeur un autre que son
fils, et que par cons(iuent celui-ci devait tenir lionneur de mentionner qu'il succdait im-
' L. 2, :{.
' L. 1.
' L. 8, et I. 47.
10 tudes d'Archologie Orientale.
mdiatement son pre '. Que les Smites siii^isseiit ou uon sur ce point Tiisage des gyptiens,
il n'en est pas moins sr, par le protocole de Mesa, que leui-s rois se plaisaient tout autant
que ceux des gjiitiens, proclamer, loi-sque c'tait le cas, qu'ils avaient reu le pouvoir
directement de leur pre. Il est certain que Yehawmelek ne pouvait pas, comme Mesa,
comme les Ptolmes cits, comme Echmounazar lui-mme peut-ti-e -, prtendre cette zapi-
ATii!/'.? T^; ^ai'.Xsa, pour ainsi dire normale.
"tSIS- Ourimelek. Cette lecture, adopte tout d'abord par M. de Vogu, me semble
encore couseiTer l'avantage sur toutes celles qu'on a song lid substituer. Aux rapproche-
ments de ce nom propre avec les noms d'homme bibliques : "lli*, bs^llS. l'on peut ajouter
ceux tout fait dmonstratifs de .TIIS ' et irT'IlX ^. L'existence, dans les documents cuni-
formes, d'un roi de Gehal Oimnilk, existence rappele par M. de Vog, est tout en faveur
de sa lecture. Dans l'h^iiothse mise i)lus haut, sm- le rle possible du mot p32, le Ourimelek
de noti'C stle, qui a t excute l'poque perse, au lieu de n'avoir de commun avec cet
Ourmilik, contemporain de Sennachrili, qu'un simple rapiiort d'ata^isme onomastique, pourrait
tre, la rigueur, identique avec lui.
MoLEK, DIEU DE Gebal. L'api)arition du uuui du dieu ]\lolek, i.ai ^lolooh, daus la
formation de deux noms gibUtes sur trois, indique que ce dieu devait tre, ct de la
desse qualifie de Baalat de Gebal, l'objet d'un culte pai-ticulier Byblos. Cela est bien
d'accord avec la tradition qui nous montre dans le Kronos phnicien, autrement dit Molek,
le dieu topique, le fondateur mme de Byblos ou Gebal '. C'est de la propre main de Kronos
que laaltis, ou Din, tient la souverainet de Byblos ', dont, sou toiu-, comme nous le
dit l'inscription, elle investit la dynastie locale. Ce Krouos-Moloch n'est autre que ce roi
fabuleux de Byblos, M/./.iy/spsi, poux de la reine Astarti', dont nous j)arle l'auteur du ti-ait
sur Isis et Osiris ".
L. 2 : inSyS w'S. Le suffixe pronominal J du verbe peut tre lu soit '3, soit,
comme l'a fait remarquer M. de Vogk, 1j. Dans la seconde lecture, vers laquelle j'inclinerais
par moment, il faudrait traduire.: (nous) que la Dame la Baalat -Gebal a faits race roijale,
dynastie, sur Gebal: au lieu de : (moi) qu'a fait etc. .. . Dans ce cas le suffixe se rai)portcrair
la fois :'i Yoliawnielck et son graiid-])re. ou sou anctre, Ihiriuielck: littralement:
(lesquels) a fait nous . . . L'espce d'anacoluthe d'une ])hrase, conimeni,-ant par 13S et reprise
par 13, n'a rien d'inadmissii)le dans la syntaxe smitique. L'anacoluthe est d'ailleurs, dans
l'espce, jilus apparente ([ue relle, car "3S< a une force verbale : c'est moi qui suis, et tient
sous sa dpendance toute la phrase jusqu' tt'S, ])oint o son action cesse. Avec CS re-
' I.KTiioNNE, Luicr. ijr. de lios., \>. 7.
- Il y a |ifiit-'tre ou, comme on I':i peus, avant le rgne d'Ecluiiouiiazar, une rg-ence de sa mreAmaittoret.
' Il .Samuel XI : 3. Isae VIII : J. NhOmie 111 : I.*.limic XXVI : 2U.
'' Sancliouiatliun. d. Ouelli, ]). 28 : . . . ( Kpvo;) 7:f>Tr,t r.o'/.vi /.t^ei ttjV m oiv!zr|; BJ^Xov. Cf.Et. ), p-/atoTctTT| r.x
La stle de Byblos. 11
commence pour ainsi dlir une nouvelle phrase, ou une nouvelle proposition. On peut comparer
le dbut, i(lenti(|ue, de la stle de Mesa o la phrase initiale, s'ouvrant par "^JK, est ferme
])ar la barre disjonctive du verset, sans qu'aucun verhe ait tt- exprim. Deux considrations
])euvent tre invoques en foveur de cette faon de voir. C'est d'abord la dsij;nation de la
desse, sujet de [nSTS par une forme indirexte : r\h"Z nSirt, La Dame etc. . . . Cha(|uefuis qu'il s'agit d'un ra]i|i(irt ininidi.-it et exclusif entre la desse et lui, sans l'intcrventinn
d'un tiers, Yehawmelek emploie la fonne personnelle et directe : TISI, ma /Mme il. 8,deux fois; 1. 7, deux foisi; on attendrait ici la mme tournure, si le suftixe du verbe est bien'i. Quand, au contraire, il s'agit de tierces personnes, nous avons la fonne n2in d. 15 1, etmme b^i nSyS tout court il. S, et ])eut-tre 1. 10. dans la lacune i. C'est ensuite l'emploidu mot collectif n272, au lion de "*?.!;: il tait -i simple de dire : qui m'a fait roi
sur Gebal '.
L. 2, 3. Anssiti'it aprs s'tre prsent nous en dclinant ses nom et iiualit,
Ycliawnielek adresse sa desse une invocation en rgle : \~I3"1 nx "JS S'ipl. Ce n'est jjas
l une formule banale. Ces mots doivent tre regards, je crois, comme Ic^s paro/i-s mrmes que
le roi est ceitsi' prononcer dans la scne grave au-dessus, paroles (|n'un artiste du nioyen-gen'et pas manqu de lui iilacer matriellement dans la bcmche, sous forme de l)anderolle lgende. II faut conii)arer, dans le mme ordre d'ides, une curieuse inscription phniciennede Chypre, encore indite et [ue je publierai plus loin, consistant en une invocation analogue,
grave sur un rouleau, une meijiUah, que tenait la main une statue votive. Cette allocution
la di\init est une prire rituelle, dont malheureusement la seconde partie nous chappe,
par suite de la dgradation irrmdiable de la pierre en cet endroit.
L'on a en gnral adnns que cette seconde partie commenait par 2, et contenait le
motif de l'invocation : parccquelh: [a entendu ma voix], arenees d'un iiowm.
12 tudes d'Archologie Orientale..
Le Psaliuiste dit ' :
J'lve la coupe de salut (ou de victoire) et j'invoque le nom de Jehovah !
La premire moiti du verset est crite plastiquemeut sur la stle, et la seconde moiti
littralement. Notre monument jette peut-tre autant de lumire sur ce passage de la Bible,
qu'il en reoit. L'on voit avec certitude maintenant qu'il s'agit, dans l'esprit du Psalmiste,
non pas d'une mtaphore plus ou moins arbitraire, mais d'une crmonie parfaitement dter-
mine, d'un acte rituel. Pour lever tous les doutes, il suftit de comparer le vereet 7 du mmePsaume, rigoureusement parallle au prcdent:
A toi je sacrijierai un sacrijice de louange, et j'invoquerai le nom de Jehovah.
L'on est tent, par instant, de se demander si les mots contenus dans la lacune de
la ligne 3 n'avaient pas prcisment tirait la crmonie de la libation ddicatoire : et
je... ?Tout ce Psaume CXYI mrite d'ailleurs d'ti-e relu, i)our la pense et les expressions
mmes, au ])oiut de vue de notre texte phnicien. Il dl)ute par une phrase que nous
retrouvons littralement sur la stle : J'aime Jehovah, car il exauce ma voix . . . TlSns
. ., "'T'ipTlX m~' 5,': w""'r '. C'est mot pour mot ce que dit la stle la ligne 8 : '^p J":d,
et ce que rptent, connne autant d'chos de cette formule sacramentelle, des centaines d'ea'-
voto phniciens : ^"12" ^p TSti'r.
"n2~l : ^J'i Dame. Aujourd'hui encore les Syriens, tant chrtiens que musulmans,
ont une prdilection marque pour les formes ^\ Ls, ^s Ls, jj rahh, ya rahhi, lorequ'ilsinterpellent la divinit, js tait un vocable populaire de la desse Allt chez les Arabes
paens.
Tv>'S'2. Faut-il voir dans le mot Baalat le vritable nom de la desse de Gebal?
Rien que les Grecs paraissent l'avoir trait comme tel, puisqu'ils nous parlent d'une Bir;>v6ii; *,
correspondant Hra ou Aphrodite, voire mme d'une BaxAT;, qui est expressment la dessede lyblos'', je serais plutt port supposer que n'^fD n'est qu'un simple vocable, comme
n2"1, comme Adonis, dont les Grecs ont galement fait un tlicu spcial, en le tirant du
vdcable pX ou 'JIX. La ^23 nSjJS pouvait ])arfaitement bien tre une Astart, ou telleautre desse spciti((ue que l'on voudra, exactement comme le Baal de Tyr, "l ^'JZ tait
un Melqarf^. h'Zl. Th'i'2 est proprement la Davie de Gebal, la Giblite; c'est plus une espce
de surnom,
La stle de Byblos. 13
de la Iir inscription plinicienne d'Athnes (bilingue), qui contient l'pitaphe d'une simple
mortelle : "n;T2 n^i'^ XIIH = KPHMI BVZANTIA, originaire de Bi/zance. Les monnaies de
Gades (Gadeira), et celles de Tiu^'i, portent les lgendes T[i7\ nS>2 et Win rh^Z quira])))cllcnt singulirement notre '?33 Phyz, et \lsent peut-tre une divinit protectriee dela ville, ou la ville mme personnifie et divinise. Sur la 215' de Cartilage, cite parM. J. EuTiKG, nSjJD est, comme ici, prcd de n2~l et suivi d'un dtenuinatif n"nnn,dont on ue voit pas trs clairement la valeur.
Si Baalat-Gehal n'est ])as le vritable nom de la desse de Hyblos, ipiel est ce nom,
et pourquoi n'apparat-il pas sur un monument o on l'attendrait naturellement?
l'our le premier point je me bornerai renvoyer aux passages d'auteurs anciens cits
[plus haut dans lesquels la desse de Byblos s'offre nous comme une Astart ou une Din,
et oi'i lielthcs, iirobablciuent iilfiitique avec elle', est, d'autre ])art. rapproche de Ajyhroditi-
ou de IL'ra.
Nous possdons un autre document qui va nous jiermettre de prciser un peu plus.
Parmi les dbris antiques dcouverts Djcba'i'l mme, dans les fouilles de M. E. Rexan-, etdposs au Muse du Lou^Te, il y a une petite base de pierre, assez singulire, reprsentant unvase ^ au-dessus de deux protomls de sphinx ', de face, se dtachant en demi-bosse *. Des
deux cts du vase, et sur le socle, est gi-ave l'inscription suivante:
ee Ac
OY PA
N6I AC
.TTT, > i'j^yy^\vir, rii(yr-/.vi, ou plutt "j[;a;x]-/T;. La formule est justifie par
l'pigraphie. Klle est en faveur particulirement Palmyre;
par exemple : "j;a;j.v;
vfJr//.= / 'K J'invoque d'autant ])lus volontiers l'usjige de Palmyre, que, gnice la comparaison
(l'iiiscrii)tioiis palinyrnienucs trouves ct des grecques, nous sommes en mesure de voir
' Cf. YAphrodite Bu^X'Vj du pscudi)-Liicien, de dea Sip-. 0.' Ce vase, qui semble jouer ici un i-lc 8yml)olique essentiel, fait .sonjrer celui (|ui caractrise la
desse gyptienne Nout et ((u'elle i)Oite souvent sur sa tte : Q. Il le rap|)elle mme pjir sa forme. OrNout, qui oti're avec llatlior d'troites affinits, reprsente particulirement la vote cleste; c'est donc uneOpavia par excellence. Klle est la pardre de Sel)-Krono.
14 Etudes d'Archologie Orientale.
sous le gi-ec l'expression siuirique correspondante. Le Jra;j.v;; 7.2: i-x/.-.jzhv.z xiihr;/.vi du
n" 2577 ' du Voyage Archologique de Le Bas et Waddincton est littralement, comme l'at'oit bien w\ M. de Vo&t- le : n"yi nS S"ip 'T de ses n"*" 92, 103, 11 L Or c'est justementla locution que nous retrouvons identique Byblos, avec la double forme smitique et grecque,
Sip, et J;a;jLv;, sur la stle de Yehawmelek et sur l'aittel de Philtat.Ce qui achve de rendre la concidence tout feit frappante et c'est l ce qui nous
intresse le plus en ce moment c'est que ces deux monuments sortis du mme sol, maisspars par des sicles d'intervalle s'adressent tous deux la mme desse. En effet, s'il estune pai-tie de l'inscription grecque l'abri de toute espce de doute c'est assurment celle
o l'on lit Qiz O'jpr/iixz. Cette Aphrodite Uranie, cette Dea ceiestis, dont les origines orien-
tales, et spcialement phniciennes, sont un des faits les plus constants de la mythologie
smitique, n'est autre que la grande desse de Byblos, 1' \z-:xprr, r, ^v('.zTr tille d'Ouranos ^, la
Baalat adore par Yeha^^melek. Cette donne archologique vient s'accorder ou ne peutmieux avec les diverses indications enregisti'es plus haut et elle nous fournit le hen
ncessaire pour les rattacher entre elles.
Il faut en outi-e tenir compte de la Aneille lgende rajiporte par Plutarque^ qui tait
aborder Isis Byblos, et surtout de la forme mme avec laquelle la desse est reprsentesur la stle, savoir sous les traits de VHathor gyptienne. Si l'oiseau, dont elle est ici
coiffe, a conserv la valeur symbolique (^u'il a en g}"ptien, et qui est celle de la maternit,
nous aurions au moins im renseignement intressant sur la nature de cette desse, dont
nous ignorons le vritable nom : ce serait une desse mre et non une desse vierge, une
desse dont le roi pouvait, par ciinsqueut, suivant l'ide autiiiue, se rclamer logiquement
comme le fils.
Pour le second point, l'omission du nom rel de la desse, je ra])pellerai iiue les anciens
avaient des raisons superstitieuses pour viter de prononcer le nom de la divinit tutlaire
d'une ville. Je ne serais ]ioiut suqjris que cette ide ait t pour quelque chose dans la
cryptonymie bizan-e dont a t frapp, paitir d'un certain moment, le nom mme deJehovah. Le nom du dieu topi(|ue avait une vertu magique; le livrer aux profjiues, auxtrangers, tait aussi dangereux que de rvler l'ennemi le mot de passe. Je ne saurais
mieux faire (jue de rei>roduirc ici fiuelques ligues o JL Ch. Kobert a trs bien rsum les
sentiments de l'antiquit :V cet gard : On le sait, lorsqu'il s'agissait du dieu ou de la
^ desse i)rotgeant une ville, tout tait mystre ; son nom mme ne devait pas tre connu.> Il fallait que les assigeants ne pussent invoquer cette divinit et l'attirer hors des murailles,
!- loin de son iieuple, eu lui adressant le carmen sacramentel > '.
' Vf. n ioTs.- De Vooi'r, Syr. C'entr. Iiiscr. sin. p. 7.' Avec les corucs (jui Ciiractriseiit su coift'iire, selon Saiiclioniatlioii (d. Okelm, p. 3l^, signalement
qui liHind bien celui de la desse de la stle de Yehawmelek.' l'int. (le la. et O., 16. Dans ce passage, dont j'ai dunn le texte plus haut, la reine mythique de
lyl>li(S est appele Astart, \iu.70j; et litoa;;. Je jiarlerai plus loin de .\s;j.xioJ;. Quant liwsi;, l'on
piiurrait songer ce vocable obscur d'Isis Helio)M>lis :_y\ V**"^^
"
m J'""-'"'"* '" ffra'ule arrica)ile,l'amen |iar la transcription greecpie vers In l'orme laiotr,; {aanceur, pitlite de Zens et de Dionj-sios), Ilest douteux que ltuai; ait (pielque chose de conimmi avec -iw;, nom du soleil Baliylone, selon Ilesyehius.
' Cn, KoDKRT, Etude mir i/iielijiien itmcriptinn aiUiiici du Miisre de liorde.nux. p. 4, note 3. .le serais
tent de voir encore (|ueh|uc prjug de ce genre dans l'habitude .si curieuse, et si manifestement in-
La stle de Byblos. 15
L. 4 6. ^ Vient inaiutenaut l'iiumration des travaux excuts jtar Veliawnielek et
ddis la desse. Les difficults sont ici considrables. L'on e.st dans le doute non seulement
sur l'espce, mais sur le uonil)re mme des objets. Une analyse rigoureuse et mthodi(iue dutexte peut toutefois, je pense, nous permettre de dterminer ce nombre avec une certitudepresque entire, et nous fournir en mme temps, diverses indications utiles sur ce qu'taienten ralit ces objets. Pour plus de brivet, je prsenterai le itassajre en cause sous la fonned'un tableau syniipti(|ut'. Les consquences qui s'en dgagent sautent aux yeux, .l'ai fait,dit le roi:
4" 3 2 r
Objet
4"
16 tudes d'Archologie Orientale.
Le troisime, la nSlp, comportant des colonnes, quelque chose d'iiidtemiin au-dessus
des colouues, et un toit, a t gnralement entendu au sens de portique. Mais les lments
architectoniques que je viens d'numrer, ne constituent pas ncessairement un portique. Il
n'est pas interdit de se demander, jusqu' preuve du contraire, si ce mot, inconnu, n3"l7,
ne dsignait pas chez les Phniciens une espce A'dicule de dimensions plus ou moins con-
sidrables. Le mot se rencontre ailleurs, mais dans un texte qui, loin de nous apporter de
la lumire, aurait grandement besoin lui-mme d'en recevoir. C'est dans l'inscription de Gaules,
(lii l'on lit, la ligne 4, sans aucun doute possible sur la valeur et sur la coupe des lettres,
car les mots sont spars : , . , JD triS TCTS ^HX . . . Reste savoir si le mot eu litige a le
mme sens dans les deux cas '. De toute faon, l'on est tent de supposer que la DDIJ?devait tre destine recevoir et abriter le second objet, trop prcieux il tait en or
pour tre plac en plein air, dans un parvis, par exemple, comme pouvait l'tre, comme
devait l'tre un autel d'airain, c'est--dire une table, et au besoin, un fourneau de cuisine,
dont l'usage et t des plus incommodes, et assez irrvrencieux, dans l'intrieur mmede la maison de la divinit, intrieur toujours fort exigu.
Le second objet consacr la desse est un nn2 d'or. La prciosit mme de lamatire indique a priori qu'il doit s'agir d'une chose ayant un grand caractre de saintet.
Le mot nnS n'a que deux sens possibles si l'on s'en tient au lexique hbreu : porte, ou
gravure, sculpture (mnS\ Les deux significations ont t successivement essayes.5M. DE Vogue et Renan ont admis qu'il s'agissait d'une porte monumentale, d'un
pylne dor; le linteau de cette porte (nns ^V ''S'^ ]-'^ TCT\'2 a'Sl aurait t orn, selonl'usage phnicien emprunt l'gj^jte, du disque solaire ail, tel par exemple qu'on le voit
la partie suprieure de la stle elle-mme. C'est ce disque symboli(iue, galement en or,
ou dor, qui serait dsign par les mots }^"in n("l^7 ; n("l^? serait une transcription phnicienne
du nom gyptien de Yurm, c'est--dire du petit serjjent dont le disque ail est ordinairement
flanqu droite et gauche.
M. M. Halvy, qui a propos le premier de voir dans nnS l'hbreu mnS, sculpture,
comprend tout autrement l'ensemble de la phrase qui s'tend depuis le mot controvers
jusqu' la fin de la ligne 5:
Cette sculpture d'or C= le disque) qui est au-dessus de ma gravure que voici (= la scime figuras, grave au trait sur la stUe mme), et la ville d'or (= la Fortune) qui est dans la coupole de pierre ([ui est au-dessus de la dite sculpture d'or.
Il s'agirait, dans cette hypothse, de deux objets d'or diffrents qui ne seraient autre
chose que les appliques de mtal dont on a relev les traces au sommet de la stle : T ledisque, et, 2, au-dessus, une ])etite statuette de la ville divinise. Ce systme prte le flanc
diverses objections : |S '?5? ne send)le pas signifier au-dessus, puiscjue, un ])eu plus loin, cesens est exprim, deux reprises, par Si'; nnS aurait eu, dans la mme phrase, deux accejrtionsdifficiles concilier, celle de ciselure mtallique en relief, et celle de gravure en creux sur
pierre; n(1)J? = ville, n'est gure vraisemblable, sans park-r lu valeur assez, force du mot (|ui
dsignerait une figuration plasti(|ue de la ville; les applii|ues, comme il a t dit plus iiaut,
taient probalilemcnt en bronze et n^n on or; il se peut mme qu'il n'y eut jamais eu
{[w'une seule. appli(|ue : le disque. La PinS d'or doit tre une chose aussi distincte de la stleI (T. plus liiiu l(^ |)in'iif,T;iiili(' relatif :'i hi I'" (rOinniii rl-'A\v;iini(l.
La stle de Byblos. 17
(|ui le mentiouiK! que Yautel d'airain et la nz~i". Aucun arcliolo^ie ne peut hsiter sur ce
point. C'est connue si, sur la stle de Mesa, Ton voulait prendre les mots : rXi riSZr w*"S" '
et j'ai fait cette bamat que voici , comme s'appliquant la stle, et en conclure que P.'ZZ
est la stle elle-mnie.
Si l'on retient pour nnS le sens de sculpture, l'on pourrait peut-tre chercher dans une
autre voie et coniiircndre : cette statue d'or qui est en face de ma statue iT TinE |2 ?>>. Lastatue d'or, ce serait une statue de la desse; l'autre statue, de matire indtennine,
:i))parenniicnt iiinins prcieuse, ce serait celle de Yehawmelek lui-mme, l'icne du donateur.
Cela rendrait assez, liien eiiiii]ite du tuur quelque peu singulier : 'nnS, ce mien nnS, c'est--
dire non pas : ce iins 'j"v fui fait, qui m'appartient (Cela allait de soi et n'avait gure
liesoin d'tre spcifi), mais : qui me reprsente. La statue de la desse et celle de son
adorateur auraient t i)laees l'une en face de l'autre, comme devaient l'tre, par exemjtle,
ces noudjreuses statues votives de C}-iire (Sao, vritables i)ortraits des adorants'-, rangs
autour de l'image de la divinit ; comme l'tait, ainsi que nous le verrons tout l'heure dans
l'inscription de IJosette, l'icne du roi Ptolme (devant l'image du dieu principal du temple).
Les exemples historiques de pareilles ddicaces ne manquent pas. Je me contenterai de
rappeler l'envoi fait Cyrn et la conscration, par Amasis, d'une statue d'or d'Athi'm'
(YaX(i.a -(-/p'j(;sv 'AOjvadr,;) et de sa propre image, (prohahlement peinte, y.x'; ey.iva sxjtsO vp^ir,
!y.a!5|j.vr,v ) 3.
Le mot nnS peut-il s'ai)i)liquer une sculpture en ronde-bosse telle qu'une statiie? Il
est souvent pris dans la Bible pour dsigner la gravure en creux des cachets. Mais il semble,
d'aprs d'autres passages, dsignier nou seulement des travaux de glyptique, mais des travaux
de toreutifiue. Les figures (pii dcoraient la proue des navires phniciens s'appelaient, nous
apprend Hrodote', \\i-.oL:/.z:. Bien qu'Hrodote paraisse, dans ce passage, avoir en ^nie le
nom du dieu gyptien Flah, il n'est pas impossible que les patvques dont il nous parle ne
nous cachent le mot phnicien nnS. dans le sens A'imaije. tel que nous l'avons ici, et tel
qu'il pouvait tre usit rjtoque il'Hrodote, qui est peu de chose prs l'poque de notre
monument.
Dans cette hypothse, la scne figure au-dessus de l'inscription nous montrerait pr-
cisment la faon dont taient disposes la statue de la desse et celle du roi. Ce ne serait
pas une scne purement symbolique, idale, mais la reproduction matrielle, exacte (pioique
sommaire, de l'arrangement en (piestion, une espce de cro(iuis des deux statues qui compo-
saient le grou])e, places l'une en face de l'autre, JS '?>. comme le sont les deux figurines
que nous avons sous les yeux. L intrt de Vehawmelek dresser en quelque sorte cet tat
des lieux en images ressortirait assez bien de la fin de l'inscription. Ce roi dvot n'a qu'une
crainte, c'est qu'on vienne aprs lui, dnaturer les travaux qu'il a faits, et surtout lui en
' Stle de Meaa : I. :i.' C'est ce qu'a paifaitcmeiit ronipri.* et iiuliini le premier uu jeune arehologue dont la science
dplore la perte prmature, Ueorges Coi.onna-&ccaldi, dans ses Dcouverte en Chypre (Extr. de la Bev. Ardi.1872, p. 10 et 12).
^ Hrodote II, 182. Cet Amasis prodiguait d'ailleurs .nssez volontiers son portrait; car nous voyons,dans le mme passiige, qu'il avait consacr Hra de .Sanios deux autres icnes de lui-mme, en bois. Vnirplus loin le nipproclieuient .ivec le dcret de Rosette.
* llmdnte III. 37. Cf. Hesyehius, Suidas, VEtt/mologicon maiinum etc. . r. Wj Scauoeb a comparl'hbreu riTB et IliTiixo;.
3
18 tudes d'Archologie Oeientale.
enlever la paternit. Comment pouvait s'etFectuer ce plagiat qu'il s'eiforce de conjurei-y Dedeux manires : par l'rection d'une stle portant une inscription mensongre; par la substitution
de la statue de FintiTis, supprimant, ou drangeant, celle de Yehawmelek, pour prendi-e sa
place devant la statue de la desse, et le privant ainsi du bnfice si chrement achet dece tte--tte permanent avec la divinit. Tels sont peut-tre en effet les deux actes que \Tse
la phrase comminatoire, si obsciu-e, des ligues 13, 14. L'inscription de la stle parerait autant
que faire se peut, la premire ventualit, et la reproduction authentique des deux statuesdessine au-dessus parerait la seconde. Le document plastique ferait foi au mme titreque le document pigraphique, et serait destin, comme lui, constater, et sauvegarder
les droits de YehawTaelek quand il ne sera plus l pour les faire respecter.
Cette explication de nr!2 n'est hasarde ici qu'avec toutes les rserves qu'elle comporte.
Bien qu'elle donne une solution relativement satisfaisante de plusieurs des difticults de ce
passage si diversement interprt, elle ne les rsout pas toutes et elle est loin d'tre elle-
mme l'abri de toute critique. Ainsi, au premier abord, on est quelque peu choqu de voirla statue de la desse dite en face de la statue du roi. L'invei-se semblerait plus conforme
aux biensances, l'tiquette liturgique; c'est, proprement parler, le roi qui est devant la
desse, l'adorant devant l'adore. L'on aimerait mieux qu'il y et : cette statue d'or ci,
devant laquelle (V32 bj," ii'S) est ma statue que voil. Mais admettre une omission dusuffixe, comme, par exemple, dans le h^H de la F" inscription d'Oimim el-'awmd , est unexpdient bien peu satisfaisant, d'autant plus que les suftixes sont toujom-s scrapuleusement
exprims dans notre inscription. Supposer qu'il s'agit d'une plaque d'or cisele reproduisanf-
la scne grave sur la pieiTe, ou mme l'ensemble entier de la stle, texte et image \= ^nnS^est encore plus inacceptable. En somme, il ne faut pas perdi-e de vue qu'il s'agit, avant tout,
de prciser la position, et, partant, l'identit de la statue de la desse, relativement unpoint pris en dehors d'elle, comme on vient de le faire immdiatement auparavant pour
l'emplacement de l'autel d'airain.
H y a un document qui me semble pouvoir tre rapproch avec fruit de la stle deByblos, en ce qui concerne notamment ce passage pineux. C'est l'inscription de Rosette. Onestimera peut-tre que c'est descendre un peu bas et chercher un peu loin des analogies;
mais ce sentiment de dfiance ne tardera pas se dissiper si l'on veut bien se rappeler que
c'est l'Egj-^jtc qu'il convient en toutes choses d'aller demander des renseignements sur la
Phnicie;que cela est vra principalement pour tout ce qui a ti'ait au culte ; que la figuration,
si franchement gyptienne, de la desse de Byblos nous y inrite d'une faon expresse; et
qu'enfin les usages religieux, dont le propre est un jicu partout de se ])erptucr par la
tradition, n'ont jamais moins vari qu'en Egypte.Entr'autrcs honneurs rendus Ptolme V Ei)i])hane, le concile des prtres gyptiens
dcide que l'on lvera au roi une image dans chaque temple, dans le lieu le j)lus en vue,
image qui portera le nom de Ptolme, et qu'oK^rs de cette image sera plac le dieu principal
du temple lui prsentant l'arme de la ^-ictoire, le tout dispos la manire gjirtienne :
T^a; se TSJ a!wvs^'G'j jasXw; riToXpiaisy . . . sxsva vi sxotTTw tp. v t r!9a[v:TTiTto Tiwol,
' L. 4 : pour 'h UK.' En iMiiiHsiant mmo, au besoin, l'hypothso jusiiu' piifor arlpiliaiR'nniit (E hs 1 sens de n/or-
mvient , pour copie conforme.
La stle de Byblos. l^i
r; -po75vo;j.2G')r,c-:xr lUi/.v^j.yJ.yj ... r, -y.:zrr,:i'.T. ' : y.j'.toTaTs; Ob: "j spj, siss'u; xjto) t/.v
vi/.riTi/.iv 'irat -/.xTj/.EuxiiJ.JvIa t'sv A-.YJ^twv] -.^i-vi"^. Voil dj qui ressemble as.sez
l'an-angement dont nous avons t amens discuter la [)ossibilit pour l'image de Yeba^vmelek
mise en prsence de l'image de la desse, qui est bien la /.jvM-.i.vr, Osi; du tem])le national
des Giblites. C'est galement l'image du dieu qui est dite place ct de l'image du roi
et non l'image du roi ct de l'image du dieu.
Voici maintenant d'autres dtails cpii sont cuuMUf ])lus topi((uos et dont on ne saurait
mainiucr d'tre frapp : les prti-es dcident en outre (|u'on lvera au roi Ptolmce, dans
chacun des temi)les, ^me statue et un dicule dors, zirii'/ ts -/.a: vabv -/jZ-jzS. vi v/.x'z-m twv'
iswv a. Letronne ' cxplirpie, avec Chasipollion, qu'il faut entendre par v:/m-i un porti-ait soit
peint, soit sculpt en bas-relief : le groupe hirogl\i)lii(iue correspondant a ])our signe
dtenninatif l'image d'un homme debout, coiflf du Pchent et costum comme les rois qui
sont si frquemment rci)rsents sur les bas-reliefs dcoratifs des temples. Champollion suppose
que le Ssivsv est an contraire une statue en ronde-bosse, assise. Letronne ajoute' que le
^ovov devait tre une sfatuette de bois; il ajipartcnait la catgorie de ces simulacra brevia
destins a tre sortis des temples et ports processionnellement certaines ftes, par les
pastoj>hircs, a\ec l'dicule, vai ou r^ixm, qui les renfermaient. Ces petites chapelles portatives
taient en liois dor, comme nous l'apprend Hrodote : -rb ci iir;x/.ii.7i i'yi iv vr/o jx-.y.ft ;j/.(v(.>
v.aTx-/./p!jw|j.v(i) ". Diodore de Sicile nous parle galement de ces statues et de ces naos
dors : -{/.\J.oi-!x ts y.x\ ypjjiu; vjisl; y.xTajy.sJxcaX'. ".
Il faut avouer (|u'i(i eiunre l'on est bien tent de croire que le pa.ssage de la stle de
Byl)liis eimeeniant les objets iiidteniiins consacrs jiar Veliawmelek nous fait entrer dans
un ordre d'ides analogues. Le dcret de Rosette prend bien soin de dcrire minutieusement
ce naos de Ptolme, i)our (pi'il ne soit pas confondu, dans le prsent et dans l'ai-eniV, avec
des naos similaires ([ui j)ouvaicnt tre ct : tm Z''Jzr,\j.zz f, vjv te y.x: !; tiv 'T.i-.-x -/pivcv -.
Cest peut-tre pour empcher aussi (|uel(|ne eonfusidu i\\\'h la tin de la stle, Yehawraelek
fait certaines recommandations ceux ([ui, ai)rs lui, voudraient excuter quelque travail
du mme genre dans le sanctuaire de la desse. Nous reparlerons dans un instant decertains dtails du ixios dor de rtolnie. :'i |)rop(is de ce (pi'il convient de voir dans hn[-lly d'or.
En somme l'on serait assez jiort chercher dans le nn et la mj? quelque choseeonmie l'iconc, le xoanon et le naos de la stle de Kosette.
Si riw"l? n'est pas le naos lui-mme, mais bien un jiortique, cuninie on l'a suppos, on
pourrait voir le naos demand dans cet nigniatiiiue iins.M. Maspeko, qui avait dj t consult autrefois i)ar M. E. 1\knan sur l'ensendile de ce
' Lkuonnk {Comment., note T7) poiisc (|iu' le dieu tait tifrui dehout. IVut-tiv cepeiicliint ne convient-il pas de s'attiiclicr anssi rigoureusement au sons tymolofrique du vortie, qui rpond exactement, avec cesdeux nuances ( ct on en face), au |E bv de la stle de ByMos.
2 Imcr. de Emette, I. .'tS, .''.l. avec les restitutions de Lktronnk.3 Id. id. 1. 41.
' Cmmnenlnire, note 77. Id. id. note 81.
8 Hrod. II : G3.' Diod. Sic. I, 15.* Inacr. de Rosette, 1. 43.
S*
20 tudes d'Archologie Orientale.
passage rebelle, et aux lumires de qui j'ai fait uu uouvel appel, compare mainteuaut rg-ii"])tien
fi^ pethit et ses diverses variantes'.
H serait possible, la rigueur, sans avoir besoin de recourir une langue trangre,d'attiibuer directement le sens d'dicule, naos etc. an mot smitique nna dans son acception
ordinaire de porte. Les naos en question se prsentent en effet toujours sous l'aspect d'une
vritable porte aveugle par h fond, et c'est peut-ti'e bien l la conception primitive qui aprsid l'adoption de ce modle de niche seiTant aux dieux comme aux hommes. L'on
conoit ds lors que les Smites aient appel nnS ces espces de pylnes rentrant un peudans les conventions de l'architecture feinte. Xous serions ainsi ramens, avec une lgre
nuance cependant, la premire traduction de 3DI. de VooC et Kexan. L'iutei-prtation de
n;"l>' par portique y gagnerait en probabilit, et ce serait peut-tre le cas de rapprocher le
Ma'bed d'Amrith, avec sa cour sacre, on Ineron, entaille dans le roc, le portique qui l'en-
cadrait, le naos qui se dressait au centre, et les st't-Jes qui taient encasti'es dans les parois
de la cour-.
Remarquons encore que l'inscription de Eosette parle d'une faou parfaitement distincte
de la stle enregistrant le dcret et les diverses mesures qu'il comporte : une stlle en pierre
dure, crite en caractres sacrs, locaux et grecs, qui doit tre place auprs de l'image du
roi toujours vivant^ : cela achve bien de nous montrer qu'il ne faut voir dans la stle de
Byblos que l'quivalent de la stle de Eosette, et que ce serait faire fausse route que d'y
chercher, sous forme d'appliques, les objets d'or mentionns par Yehawmelek, objets dont la
stle n'a d'autre raison d'tre que de constater l'excution et la conscration, et non loin
desquels elle tait peut-tre, elle aussi, pose. La stle n'est l-dedans qu'un accessoire; elle
ne fait pas partie intgrante de l'offrande, elle l'engistre. Ce n'est qu'un tmoin, mais c'est
un tmoin important, qui valait sui-tont par sa position. Aussi cette position est-elle dfinie
avec soin, dans le dcret de Eosette. Sur la stle de Turin, il est dit que cette stle sera
place sur le soubassement du temple, rr,z /.pr,::s:; "\> '.psj^. A ct de la stle de Yehaw-
melek pouvaient s'lever d'autres stles commmoratives des travaux de ses prdcesseurs
et de ses successeurs. C'est iieut-tre l la cause de la proccupation que manifeste Yehaw-
melek la fin de son inscription : il redoute et s'efforce de prvenir quelque confusion
son dtiiment entre son u\Te et celle des autres.Je crois avoir nettement tabli, ])ar l'absence caractristique du ])ronom dmonstratif,
par la construction gnrale de cette partie de la phrase, et par la rcapitulation des lignes
11 12, que la n(1)J? d'or n'tait ]ins un objet distinct, mais qu'elle faisait corps avec le
nnS. Qu'tait-ce au juste? Je commencerai par faire rcmaniucr ipie la lecture matrielle du
mot n'est pas aussi sre qu'on l'a admis jusiptici. La liaste du second caractre, dont la
tte est fruste, n'a jias l'inclinaison ordinaire du rech; la direction de cette haste est
sensiblement la mme que celle de la haste du tau: qui suit immdiatement. Or la i)entenormale du taw : h est l'inverse de celle du rech : t^. Cette lettre douteuse i)ounait tre
' Avec inter\'ersioiis phontiques. Le mot est-il fouciri'meiit -ryiitieii? Est-il iiiipossilile (in'il appar-
tienne Il cette catfforie nombreuse de termes smitiques emprunts par rfryptienV' E. Renan, Mtion de Phnicie, j). 6.5, pi. X. Cavits destines servir de niches, ou recevoir des
plaques ou stles.' Imcr. de loteUe, I. 63, 54. Slle de Turin, I. 31. Cf. Letronne, CmimetU. sur l'inacr. de Ho.i., note 114.
La stle de Byblos. 21
nussi bien un kajih ou un jihi': Je rcvicn. r*i? est im|iroliablc. n> seraitassurment un excellent nom du (lis(|ue ail, car il se rattacherait de la fa(;on la plus
rationnelle flip^ voler, P]1J?, oiseau (aile) : littralement la volante, volucer, r.i-.v.izi. Cette
(llinition s'appli(iuerait merveille, en particulier, la forme franchement ornithologique de
ce symbole, avec ses ailes et sa queue d'oiseau (])rototype icouologi((ue du Saint-Esprit, ou
inp nn ; l'pervier a t trans])os en colombe i ; c'est cette forme qui semble avoir t le
plus (Ml faveur clic/, les peuples (pii l'ont ciiipriuitc ;in\ Egyptiens : Phniciens, Assyriens etc.
(L'emprunt de ce motif jiar les Assyriens me semlile vident; c'est un argument archologique
important faire valoir pour tablir la ralit dune influence de l'i/i/pte sur l'Assi/rie.) Il est
certain (jue ce symbole, si jiopulaire chez les Phniciens, qui l'ont prodigu sur leuis monu-
ments, grands et petits, devait avoir un nom, et (pie ce nom pouvait tre smitique, bien (pie
la cliose ft d'origine gyptienne. D'aillciiis il semble (pie le mot nSS? uait pas t incoiuni
aux ivgvptiens, justement dans l'acception de disipie ail : 3 n [ti ^^^> (Infl'^' '"^"''nji,
"SJ?, lj?. Les gyptologues le rapportent une racine 'ap, 'api, voler ''. Ce mot, il est
vrai, (pii ne parat pas avoir t fort usit, i)eut, comme tant d'autres, avoir t pris, une
certaine po(pie, ])ar les Egyptiens aux Smites eux-mmes. Le ra])prochenient n'en recevrait
alors (pie plus de force, ])uis(|ue nous aurions ainsi la preuve (pic PS", ou !]>, tait bien,
chez les Smites, le nom c(Hirant du dis(pie ail.
Dans ([uel rapport serait alors la n>' d'or avec le nns d'or (pi'elle parat avoir sur-
mont':' Si le nn2 est un objet de nature architecturale, nous nous trouverions encore uuefois ramens, par une autre voie, plus directe et ])lus sre, l'ide premire de .MM. Voaf k
' Le mot se rencontre dans \o f^rantl tarif ilc Marseille, sons la forme rip, identiiiue e.vtrieuremeiitan vocable de notre stle. {Marseille : I. t, 6, 8, 10; cf. Premier tarif de Cartha'je : 1. '.>. :t, 4.)
- BuuGScii, Dictionnaire s. V. Cf. Seviie gypt. I, 25 : pi i\'\^M
99 tudes d'Archologie Orientale.
et Renan : le disque ail surmontant la porte. Si le PinS est une statue de la diviuit, lou
pourrait songer la coififure de la desse, telle qu'elle est figure dans le registre suprieiu-,
coiffure qui se compose du disque, non ail, entre les deux cornes de vacbe ' i^attribut
ordinaire de Hatlior), et d'un oiseau 2 vu de profil, tourn droite, pos sur la tte mmede la desse et semblant couver. Dans cette bj-potbse se prsente aussitt l'esprit le pas-
sage de Lucien 3 relatif au iarvsv mystrieux de Hierapolis, ce iavjv d'or appel trr,;j.r,:cv et
surmont de la colombe d'or qui joue un si grand rle dans la lgende de Smiramis.
Que si au contraire l'on maintient la lecture n"l?, en dpit des doutes que peut inspirer
le rech, je serais teut de recourir une auti-e explication. T\'j! serait le pluriel fminin
smitique de"1J7, au sens prcis d'urus : les uraus. Il ne s'ag-ait nullement du disque
ail, o les deux urus ^ ne sont eu somme, comme je l'ai dit, que des lments accessoires,
mais plutt d'une range, d'une espce de frise d'urus dors, telle que celles qu'on remarque
sur la corniche de nombreux monuments g-j^ttens et de monuments phniciens d'imitation
gyptienne. Chez les gyptiens cette frise est d'un usage tellement rpandu, qu'elle est
caractristique du signe hiroglyphique dtermiuatif du pjjlone, ou de la i^orte y \ ^, etaussi du linteau k^ '". C'tait devenu un motif presque banal de dcoration architecturale,
et le mot, comme il arrive souvent, avait pu finir par dsigner le membre mme d'architecturedont il tait l'ornement pour ainsi dire oblig.
Pour fixer les ides, je donne ci-dessous la reproduction partielle d'une stle du Louvre ''
nous mouti'aut Osiris assis sur un trne dans im naos ainsi dcor :
Je ferai remarquer en passant (innl)ient la poso ilOsiris rapprllc celle de la desse de
' Cf. la xEaXr.v Taipou que, selon Sanchoniatlioii (vA. Okelli, p. at) Astaito la trs giaiulo avait
place sur sa tte, comme symbole de la rojaut.' M. DK VoGi- a parfaitement montr que cette coift'ure de la Raalat de Oebal, si profondment
mai-que au coin gj-ptien, s'est conserve dans les reprsentations de la desse jusqu' l'poque grco-l'iMuaine.
' Lucien, de Syrin dea, Xi.* Ce nombre, qui est le plus ordinaire, dans les figurations en lias-rolief, inipliniuiait eu outre
l'emploi du duel. Il se tnuive que la valeur de ce dernier mot est prcisment 11', '"X, ce (pii rappelle assez
propos notre np. Rez de chausse C. 80.
La stle de Byblos, 23
Byblf)s sur ia stle. La comparaison sera encore plus frappante, si l'on ne perd pas de vue
i|ue le p:irdre de cette desse (Adonis) devait tre morpliolo
24 tudes d'Archologie Orientale.
FL Josphe, savoir les iirteudues hrodies d'or dont tait hriss le fate de l'ditice, nenous cacherait pas un dispositif de cette espce '.
Je complterai ces divers rapprochements par la reproduction d'un monument fort in-structif. C'est un de ces petits dicules, sortis en si grand nombre de l'le de Sardaigne, etdont quelques-uns ont t dessins dans le mmoire de A. della Makmora sur les antiquitssardes. C'est ce recueil que j'emprunte le dessin ci-dessous^:
Nous y retrouvons notre motif gyptien de la frise d'ur:eus associ, de la faon la
plus intressante, une ordonnance d'un iicUuisme indiscutahle. Il est permis d'y voir ce
qu'tait devenue, une poque relativement ])asse, cet art phnicien de Sardaigne, si forte-ment empreint d'gyptien. Nous avons, en eft'et, sur un autre dicule du mme genre, uneinscription phnicienne 3. Je ferai remarquer le disque ail qui dcore l'pistyle au-dessous
de la frise d'uneus : c'est peu prs la mme disposition que sur le fragment de Sidoncit plus haut. C'est peut-tre bien l l'origine relle du fronton grec et de ce nom singulierqui dsigne ce meml)re d'architecture, T:;, l'aigle : il ne faut pas oublier la valeur ornitho-logiqtie du disque ail, avec ses ailes et sa queue d'q)erviar, ornement symbolique presqueoblig de tout entablement de porte ou de faade^.
Ici encore l'iuscription de Rosette mrite d'tre consulte. Elle dcrit minutieusement
rornementation qui devait couronner l'dicide d'or portatif contenant le ;oavsv de Ptolme:
qu'il soit surmo7)ti; ( -'.y.TOa! ), dit-elle, des dix basilies d'or du roi, devant lesquelles sera j)lacun asjnc (czi;), comme toutes les basilies aspido'hles, sur les autres dicules; (|U'au miHeuon place la basilie appele pclient etc. \ Leteonne " a part\tcmeut reconnu dans cet aspic,
l'ursus qui se dresse en avant des coitures royales ou divines. L'gyptien porte cet endroit :
les couronnes ornes d'aspic tant sur les chapelles'. Il semble bien qu'il s'agit d'une vritalile
frise d'uricus d'or, ou dors, analogue celle dont j'ai parl plus haut.Je n'ai rien proposer pour les mots, si difficiles lire et traduire, (|ui s'tendent
entre ""in n(~l'y et nnS ?>' w'S. Si l'ou admet "j2S, pierre, t\m n'est rien moins ([ue prouv.
' FI. Josplie, Guerre Juiee, V, 5, 6 : Kai zopjsr,' i ypuu'oj; |5),ou; tsX/j T>]Y[i^voj;. FI. Jospheassure gi-avemcnt (lu'elli's taient destines empcher les oiseaux (ie se poser sur l'difice et de le souiller.
' A. DELLA Makmora, Sopra alcune antickil Sarde, Tav. B : /'. Cf. p. 135.2 Op. cit. av. B : e et e ftw.* Cf. encore, ce point do vue, sur la mme planche l'dicule
La stle de Byblos.
je prfrerais y voir la spcification de la matire de la nOn), qui serait un objet, ou unepartie d'objet dtermin, et non une prposition pour "|n ( l'intrieur de). Sans accepter lalecture et riuteqjrtation de ce dernier mot par 7122, coupole, Ion pourrait, ici encore, songer
la cella dont j ai t amen plusieurs fois discuter l'existence, une celln de pierre comme
la cella d'Amrith.
Je terminerai la discussion relative cette description, la fois si obscure et si im-
portante, des travaux excuts par Yehawmelek dans le sanctuaire de la desse de Gebal,
en signalant une curieuse indication qui, pour tre ]niise une source relativement moderne,
n'en mrite peut-tre pas moins quelque attention. Au XII" sicle de notre re, le voyageur
juif Benjamin de udle, en se rendant Beyrouth, passa par Djebl (((u'il nomme h'Zi\,i'anti|uc Byblos, alors occupe par les Gnois. Il y vit encore ce qu'il appelle le lieu du
sanctuaire des Avimonites (sic), avec l'idole des .\mmnnites, assise sur une cntlitdra ou un
trme iKC3i, en -pierre dore.
A ses cts, droite et gauche, taient deux figures de femmes assises, et, devant
l'autel o, du temps des Ammonites, l'on faisait les sacrifices et l'on brlait l'encens '. Il est
certain (|ue ce passage a d tre inspir ])ar la vue de quelque monument auticjue (ui
existait encore l'poque des Croisades, et qu'il ne serait peut-tre pas impossible de retrouver
mme aujourd'hui, peut-tre bien un bas-relief dans le got gyptien, avec une triade com-pose d'une divinit mle lOsiris Adonis-, Moiocln assist de deux pardres femelles Isis,
llathor'i. Ce monument pouvait appartenir au vieux sanctuaire de Byldos et se rattacher
des ides mythologiques et rituelles du niiue ordre (pie celles f|ue nous const;itons sur
notre stle.
L. 6. L'im est d'accord pnur intrudiiiru dans la plinKe, avant rZ^JTi. une coupe
(pli soustrait les mots suivants l'action verbale du premier ~;s 7>2, et les fait dpendre
du second (pii vient un peu plus loin : .J'ai fait cet autel . . . et ce ms . . . ai-ec le ... . quiest au-dessus; cette nZI'jC^) avec ses colonnes, les... qui sont au-dessus et son toit, c'est moi(aussi) Yehawmelek, roi de Byblos qui (l')ai fait(e). Car etc. . . La lgitimit de cette coupe
ne me parait pas absolument tablie; j'aimerais mieux ne faire du tout (|u'une seule j)hraseen mettant un point a])rs nnzsca, avec ^HZi en reprise : J'ai fait . . .cet autel, . . . .ce
nnS . . . et ceWe . . . n2~l>'. Cest moi Yehmcmelek qui (l'iai fait itont cela, parce que etc..Le rgime de *?> ne serait pas matriellement exiirim, ou se comiMiserait de tout l'ensemble
des travaux (pii viennent d'tre numrs. Cela me semble donner la phrase plus d'anq)leur
et la pense une suite jikis l(>gi(|ue. L'enchanement gnral des ides, depuis le commence-
ment, serait peu prs celui-ci : -i. J'invocpie la desse et je lui offre ce sacrifice ddicatoire,
parce que j'ai fait tels on tels objets ; et ces objets je les ai faits pour elle, parce que
chaque fois ((ue je l'ai invoiiue, elle m'a exauc.
L. 8 : DJ," "'? 'T'S. Elle m'a fait du hien, elle m'a t favorable. Le (ihnicien
' Hoiijaiiiin do TiiiKlo. ('d. .Vsheh. p. Oo et nr ; ET" C~~ Z'^'Z yil "zh KV~r "!:;" Z'~1 "KSS cr"nriK ne l'^Kerc" "rce n-rr- c"i'; *rr" :.-t -c-i-r:- psr: "ri* s kc: K~;:;r k;up ry :r" ixy ;: p-rjitsj? 'is iei3 v;s'? piupc: ynz^v: rr^a rish naiei rnK r.-[z--
'.\dor posirivemont Gebal, romiiie cela rsulte de Lurlen,
26 tudes d'Aechologie Orientale.
semble avoir prt au mot n>'3 le seus spcial de hon, 3152; la stle de Byblos Aient sur ce
point contii-mer ce que nous apprenaient la I" inscription d'Oumm-el-'Awmld '. et la bilingue
de Laniax Laiithou-. viLJLc *jLo jJ-'I, disent encore les Arabes. jJJI |V**J, ce sont lesfaveurs, les bienfaits dont Dieu comble ses ser\1teurs.
Nous avons vu plus haut que, selon l'auteur du trait d'Isis et dOsiris ^, l'un des noms
donns l'Astart reine mythique de Byblos tait Sv.i.viz'j-t [k l'accusatif) ; l'on a dj reconnu dansce vocable la racine WJl et on l'a expliciu par des formes n!5S?3. n?3, la gracieuse, l'aimable,
au sens esthtique du mot, en y Miyaut une jjithte caractristique de la grce et de la beaut
de l'Aphrodite phnicienne. Xe serait ce pas plutt un vocable exprimant la bont et la
mansutude de la desse envers ceux qui, comme YehaA^Tnelek, l'im]iloraieut, et l'imjiloraient
peut-tre prcisment eu se servant de ce vocable V
Xo'iAx, AxMoxB, Memnox. Jc suis port croire qu'Adonis lui-mme a t populaireen Syrie sous le nom de |i?3, nom qui, selon moi, a persist dans la lgende arabe-s\Tienne sous
la forme , 1,
,
> No'mn. J'exposerai un jour cette ide en dtail; voici, en attendant,quelques indications. Ce Xo'mn, qui n'a rien de commun avec le roi arabe de Hira vient,
par deux fois, recouper d'une faon singulirement topique la fable d'Adonis.
Adonis fut chang, comme l'on sait, en anmone; cette fleur imrpurea, sanguinea etc.
est cense tre ne du sang d'Adonis ou dus larmes de Vnus pleurant sa mort. L'on explique
en gnral, avec les anciens *, -v^xtov; par i:v;j.c, vent, et Onde lui-mme a en vue cettetymologie, quand il nous raconte comment Adonis fut mtamorphos eu cette fleur phmre,
dont la fragilit et l'clat symbolisaient l'existeuce prmaturment tranche du jeune dieusyrien:
.... Flo!- ck' sannuine coiifolor ortus,Quiiloiu, t[UK' k'iito celant siil> cortice grauum,
Puiik'a fene .soient: brevis est tamen usus in illo.Namque maie hareutem et nimia le\itate cadueumExcutiunt iileni, (|ui [invstaut noniina. venti '.
Il est permis de se demander s'il n'y a jias l une paronomasie, et si cette curieuse
tradition, (|ui touche d'un ct au rle de certaines tienrs emblmatiques dans le rite
adonisiaquc ', ne visait pas le nom de Naman, Xa'man, exactement comme celle qu'Ovide
rajpelle l'appui le changement de la nymphe infernale Minth', en mmthe visait
le nom nu'me de l'enfer gyptien : Ami-nti^. Il est en effet l)ien n'niarqunblo que les am-
moniis sont encore aujourd'hui, en Syrie, les jIkki-s de Xinnan, nu du Xninnn : ^^jjUuii
.L,jlJI. Bien entendu le nom est expliqu de la faon la ]iliis simple jinr les Aralies : le
roi de llira aurait le i)reiiiier intriKluit l;i cultiive de ces fleurs; mais A'o');) et vj/wvr; se
' L. c, : c'j: cr.2 L. :, : es: b;n[b].' Plut, de h. et Os. XV. Cf. ce fpie dit Eusbc dans ses Cin-oniques (tr. de St. Jrme, p. 7 : Noema
(Hiani et ipsam aliqui dicunt Minervam. Ebers (Aei). I, 173), qid explique comme moi Snsh, veut voir aussidariM N:rj.x/oj; un mot f;yi)tien.
' l'Iine Iftal. Xat. S.'l, lit : tl(is nuuiiuaui se apeiit, nisi vento spirante, unde et nomeii accepere.'- 0\i
La stle de Byblos.
ressciiililent trop pour que l'on prenne cette dernire fable jiour arfrent coniittant. La lliur
de Xo'iiian n'est autre chose que la fleur d'Adonis.
L'aucmone devait tre une Asvr,'!; au mme titre que la laitue. La conscration de
l'anmone Adonis est bien confonne ce que nous savons du culte de ce dieu, et jiarti-
eulirement de ces fameux jardins d'Adonin, 'Awv.; y.r,:::!', dont l'usafre n'tait pas moins
rpandu en Grce qu'en Orient. Ils consistaient en jilantes tendres et dlicates, en boutures,
en graines htives, fleurs, lgumes, salades, branches fruits, que l'on plantait, ou semait,
dans des pots de terre, des paniers, des corbeilles. Ces petites jjlantations improvises, {^raines
peine leves, branches sans racines, ne tardaient pas se fltrir; on les jetait alors dans
les sources ou dans la mer, avec toutes sortes de manifestations de douleur; leur existence
phmre tait cense tig'urcr celle du dieu lui-mme.
Je crois retrouver une allusicjn trs nette cette pratique si i)0])ulaire dans un passaj^e
de la liible o l'on u"a pas encore song la reconnatre, et ft i)rcisment ai)])arat notre
voi-able 'l'il. C'est au dix-septime chapitre d'Isae, verset 10:
: :;;"^in nt misTi wjci;: ";'c: Tun \z-h'i nizi sS it>"S2 -n:ii -;;'::' mSs rr:r ttParcetiuc tu as oubli le dien de ton s:ilut et tu ne t'es plus souvenu du rocher de
->ton refuge; car tu as plante les plantations des Xn'ma et tu as sem la bouture ide
l'tranger I. >
(inralenient l'on a entendu ce passage, qui ne laisse i)as d'ott'rir plusieurs difticnlts,
iliine fagon toute diffrente. On a fait de la seconde phrase, connnenant par ]Z'b]!, une
proposition cunsi'ciitive la ]n-cdente : Tu as oubli ton ilieu, c'est pourquoi, cause de cela,
ta planteras et tu sl-meras ipour ne rien rcolter, comme il sera dit au vci-sct suivantX Je
ne suis pas de cet avis : p"7J? n'exprime pas la consi'ipience mais la cause; il a ici la valeur
ei-plicative C|u'il ]iossde souvent : car, parceipie-. D'ISJ a t pris par les exgtes comme
une simple ]jithte : des jilantations agral)les, pkmfatioiipyS amnitatum, i. e. amoen^, ce
(|ui tst bien thilile: d'ailleurs le mot, cette forme, ne se rencontre i)as ailleurs*, et, de
plus, la valeur laudative de D"!2>3 est en plein d.saccord avec la valeur manifestement
pjorative du terme parallle "17. La suite va nous faire voir de quoi il s'agit en ralit ;
elle s'adapte singulirement bien l'interprtation nouvelle que je pro])ose. Nous lisons en
etlet au verset 1 1 :
F.n un) jour tu fais pousser ce (|ue tu as ]ilant, et en mm matin tu fais panouir
ce que tu as sem; et la moisson s'en va au jcmr de la cruelle i blessure) et de la doulou-
reuse affliction, y
Ce verset vise aussi elairement ([ue possible le second acte de la ermonie adonisi;i
28 tudes d'Archologie Okientale.
Ce passage obscui', qui a t fort diversement expliqu, me parat, si ou l'claii-e cette
lumire, prendi-e uue rie et une couleur des plus satisfaisantes.
La riT est proprement une branche charge de fruits, un sarment de ^"igue. Le
mot revient de nouveau, et cette fois propos d'un acte dont on ne saurait mconnatre le
caractre religieux, au chapiti'e YIII, verset 17, d"Ezecbiel : et ils approchent la zemorah de
leur nez, nous dit le prophte, en nous montrant les hommes qui se prosteniaient devant le
soleil levant, dans le temple de Jrusalem. Les commentateurs modernes voient l uu acte
emprunt au rite perse et comparent cette zemorah au harsom, ou faisceau sacr de baguettes.
Je ne partage point leur sentiment; ici encore j'estime qu'U s'agit d'une crmonie se ratta-
chant la clbration des mystres et de la passion d'Adonis. En eflet, Ezechiel vient de
nous monti-er, immdiatement auparavant ', le temple de Jehovah Uvr toutes les abomina-
tions du culte de Tammouz, autrement dit d'Adouis. Par consquent la zemorah appartient
bien ce dernier culte, et nous sommes jikis que jamais autoriss chercher dans les "yis;n";>'j, qui lui sont associs dans le passage d'Isae, l'quivalent des jardins d'Adouis-Na'amon.
et de ces fleui-s sans dure dans la catgorie desquelles se rangent les ^U*JI ^Lii^i. Il
en rsulte un argument de plus eu faveur de l'explication de ^U*J, et anmone, par Xa'aman,
ou Ka'mon, vocaljle d'Adonis parallle au vocable 'Sy.xiz'J: de sa pardre inconsolable.
Autre fait montrant que no'mcoi ou en-no'mn n'est pas uue simple dformation populaire
de mv^ijrrr,, et nous cache bien un ^"ieux dieu phnicien. Au sud de la ville d'Acre ^ient se
jeter dans la mer un i)etit fleuve qui a nom nahur Na'mn ou Norman, ^Ujlj j-gj,. lefleuve de No'mn. Or dans les gographes anciens ce fleuve est appel Belus, c'est--dire
Baal-\ comme beaucoup d'autres fleuves de la cte syrienne il porte le nom mme d'undieu; ici No'mn est l'quivalent de Baal, de Baal-Adonis; c'est ainsi que \e fleuve Adonis,
voisin de Byblos, est devenu un/ei(fe d'ibrahhn i^^\^\ j_jjj, qu'un autre Belus de Palestine,le nahur Baal^ de Yabn, est devenu, comme je pniuverai un jour, un fleuve de Ruhen,
nahur RouhU, Juj. < v^ etc Ce n'est pas tout. Acre, ou Ptolmas, tait clbre par sontombeau de Memnon, situ sur les bords mme du Belus *. Ce Memnonium, comme tous lesautres Memnonia de Syrie, tait un saint-spulcre d'Osiris-Adonis, monument congnre de
celui qui s'levait Byblos mme\ L'origine de ce nom de Memnonium, mis en rapportavec le monde syrien, a toujours proccup les savants; je crois que c'est une transcription,
lgrement altre, dessein ipour la ramener au nom fameux de Miixviov), de rpitlitc
Na'man ou Xa'mon, vocable d'Adouis.
Ce sanctuaire d'Acre s'est conserv, au mme lieu, dans le sauctuaire, extruuMuentvnr, de nehy Sleh. prophte fabuleux qui, comme je l'ai montr ailleurs'', est, dans la
tradition syrienne moderne, l'iiritier direct d'Osiris Adonis : neby Saleh est le pre de neby
Siddq i^tX^, c'est--dire du dieu phnicien liijy.;;'; la lgende a conserv le souvenir de
' Ezeth. A'IIl, M.2 Pline HM. .V. X.X.Wl : 20 = Bri>,aio; ;ip. Kl. .losphe, G. J. II, 10 : -'.' rb:.! nn est une t'iuite de copiste
ir -'ry^n ~in: dans .Insu XV, il, ainsi que J'tablirai.
* 11. .Jos. G. J. II, 10 : 2.'' Liieien, de Syr. dea 7.'> llorui et St. George, p. 50." Junte, junticier (vikinqueiir). Corrosiiondant Honis, et i)ai'tieuliienu'iit Iloriis / jiuticier
;
S^.% ' W^ D- Voici les quiviileneos inytlu>l(>gi(|Mes de ee couple primordial compos du pire ei du
La .stle de Byblos. 29
sa fin tiai;kiue et elle vint encore dans les veines rout/en du calcaire la trace de son sang
divin. Le surnom de Scdah, J.La fie h"n, h vertueux), est identiciue au surnom gyptiend'Osiris : Ounnoicn' ', et nous marque clairement le sens du surnom de son anctre : Xo'nutn.
et, i)ar suite, du vocable synonyme de la desse associe Osiris-Adonis : c'est l'ide de
honti^, et non de heanh' qu'il convient d'y chercher.
n'S. IJaleph, liien ([Ue truste, n'est pas mettre en doute. Nous constatons plus
loin, 1. 15, la mme orthoi^raplie, n-S, de cette particule, marque d'accusatif dtermin.11 y a peut-tre lieu d'attacher ])lus d'importance qu'on ne l'a fait la variante orthoj;raphi((ue
que nous fournit l'inscription i)our cette particule remplissant, ce que l'on croit, une mmefonction f;ranimaticale : aux liijnes 3 et 7, elle est crite ns, sans yod. Ainsi nous avons,
sur (|natrc cas, deux fois n"S et deux fois ns. Est-il tmraire de se demander si cette
diti'crence ortiio
30 tudes d'Archologie Orientale.
s'tablii- de bonne heure, surtout dans certains dialectes; elle aurait t complte dans le
punique qui crit ns devant des masculins incontestables l'accusatif'.
De toute faon je ne pense pas qu'on doive ngliger dans noti-e inscription la variante
ortliogmpliique de n'S et de ns et la tenir pour indiflreute. Si l'on se refuse l'attribuer
une cause du genre de celle dont je viens de parler, il faudrait peut-tre aller jusqu'
admettre que ns est, comme dans l'inscription d'Echmounazar, la prposition, parfaitement
distiucte, de la particule, et que ns S"ip est l'quivalent de l'hbreu -2 Sip, D^S Sip, et
de l'aramen h S"ip *, le verbe tant intrausitif et gouvernant sou rgime non pas directement,
mais par le ministre d'une prposition..
L. 8 10. Le Domine salvumfac regem des Giblites, commenant au milieu de la ligne 8,
offre avec le Psaume XX, et surtout avec le Psaume XXI, des attiuits frappantes qui valent
la peine d'tre releves. Certes, les prires officielles dites, par ordre suprieur, Jrusalem,
pour la conseiTation et le salut du roi de Perse ^, l'poque mme o le i)euple de Gebalappelait sur la tte de son propre souverain, vassal des Achmnides, la bndiction de la
desse nationale, devaient trangement ressembler et ces deux Psaumes et la teneur
de ce passage de la stle. De mme que Yehawmelek se donne comme investi (lui et sarace?) par la desse elle-mme du pouvoir royal (^22 h'J riw^S n2in nSya wS\ demme le monarque du Psaume XX est sacr roi par Jehovah qui, de sa propre main, posemr sa tfte la couronne d'or fin : 12 r~'^" 'U'SlS iTuTl '. Les Giblites appellent sur leur
roi les l)ndictions de la desse : hzi T*?;'; ~~:n; fauteur du Psaume dit : n::"12 ':;aipn".
Les Giblites supplient la desse de prolonger les jours du roi : ^T\V!}^ 1J2"' ^"ism linm ; dans
le mme Psaume, le roi a demand Jehovah de le faire vivre et Jehovah a prolong ses
jours : Wii' "IS ^h nnn3"J haZ' a"n'. Non seulement les ides, mais les tennes sont
identi(iues : cf. "["iS ^h nnnj et [nz"in ibl inm. H n'y a pas jus([u' la formule tinale d'im-prcation qui ne se retrouve presque textuellement dans ce Psaume qu'on dirait un cho de
notre inscri]ttion : cns "2 cynil "i:sn ps!2 'i2-!\ Il y a peut-tre chercher dansces similitudes, dont on ne saurait cimtcstcr l'vidence, une indication sur l'ge rel du
Psaume XXI.
Iinn : Qu'elle le fasse vivre. L'expression peut i)aratre une superftation, premire
vue, ])uisqu'il est dit, ct, en toutes lettres : qu'elle prolonge ses jours et ses annes sur
Gehal. Mais en ralit les deux souhaits sont distincts et ne font pas double emploi : le
premier se rapporte la dure de la vie du roi d'une faon absolue; le second la dure
de son rgne, ce qui est bien diffrent, car l'on peut concevoir telle vicissitude (|ui priverait
le roi de la couronne sans le priver de la vie. Tous ces petits roitelets, infods l'empire
perse, n'taient pas et ne se sentaient point fort solidement assis sur leurs trnes. Ils
'.SciiuoEDER, Phrin. (r., |i. Jl;i. Cf. p. -".', ITi.
- Se constniit aussi iivec 'tK, b, bs.' Cf. les insori|)ti(iii.s piilmyrnionncs fitOes phi.< haut proKis du mot iJ;sjjirjr, il.nis une iiiseription
ieff|iie le Byblos. Cf. par exemple Esihas VI ; 10.^ Ps. .\XI : 4. l's. .XXI : >.
l's. -Wl, 4. Cf. .} : iS rrr: 'z^ r-xr.* I'. XXI, 11. Cf. Kclinimiiiazai-, et particiilit'-reinent 11. 11 l"-', pour riinn^-e ('(impit de la >emeiice.
de la racine et du fruit fi;,''urant la p(istrit('' du (oupal)le exfennin.
La stle de Byblos. U
i de Mo.iii jciue sur son propre n
32 tudes d'Archologie Orientale.
[f nzl rh'J, ce qui remplit exactement la lacune,comme j'ai pu m'en assurer en y repor-
tant matriellement les mots restitus dans les dimensions de loriginal, et ce qui s'accorde-
d'autre part avec le contexte. Seul, le mot nirnj n'a pas t rpt. Nous avons ici, comme
je l'ai dj dmontr plus haut il. 3 6\ la rcapitulation des trois mres du roi, nettes
de tout dtail.
Au sujet de cet autel d'airain je pense qu'il n'est pas inutile de rappeler la trilingue
de Sardaigne ', qui n'est autre chose que la ddicace d'un autel d'airain, nTt n22, faite
au dieu Echmonn par un certain Cleon. L'inscription est grave sur Vautd lui-mme. Il n'y
aurait rien d'impossible, par consquent, ce que l'autel oflFert par Yehawmelek et, lui
aussi, port une inscription spciale, sans prjudice de la mention qui en est faite sur la stle.
J'insiste sur ce point, parce que l'on a pu supposer que l'autel de Yehawmelek devait tre
anpigraphe. Voil un fait catgorique qui rend cette supposition, et les consquences qu'on
en pouvait tirer, fort problmatiques. Il est remarquer aiissi que le dmonsti-atif ' ou TK,
cet autel que voici, n'est pas exprim dans la trilingue de Sardaigne. Cela vient probablement
de ce que c'est l'objet lui-mme qui a reu l'inscription. En gnral les dmonsti-atifs ne se
manifestent que lorsque l'inscription est en dehors et ct de l'objet; par exemple sur une
base de statue, ou de cippe, sur un titulus quelconque constatant une offrande etc. . ..
, l'on
trouvera : cette statue, ce cippe, cette offrande. Auti-ement, quand c'est l'objet lui-mme qui
porte l'pigraphe, il est pour ainsi dire son propre dmonstratif: tout au plus la dfinition
est-elle ncessaire. En un mot le dmonstratif impUque l'objectivit.
Pour bien se rendre compte de ce qui va suivre, il faut se pnti-er de cette ide que
Yehawmelek n'interdit pas ici dune faon absolue de toucher, aprs lui, au sanctuaire de
la desse, mais qu'il se borne faire certaines recommandations ceux qui auraient l'occasion
d'y faire des travaux additionnels. La rparation et la rfection des sanctuaires tait chose
licite et parfaitement dans les usages phniciens. Plusieurs inscriptions en font foi, par
exemple le dbut de celle de Ganlos : mm '7>2, et de la 19.')" de Carthage : bpsi nn.A plus forte raison, l'embellissement. Yehawmelek prvoit une ventualit : il ne s'y
oppose point; seulement il prend ses prcautions. D'autl-es rois, ses successem-s, anims du
mme zle, pouvaient avoir, comme lui, le dsir de faire uvre pie dans le Siinctuaire dela desse, de le doter, par exemple, d'un second autel, de l'enrichir d'un autre PinS, d'y
consacrer leur propre effigie etc. Yehawmelek ne prtend pas leur dfendre de faire ce qu'il
a fait lui-mme, ce que ses prdcesseurs- et ses anctres avaient pu faire avant lui; ce qu'il
entend c'est qu'on respecte son uvre, qu'on ne la dnature pas.
il n'entre pas dans l'ide de Yehawmelek de proscrire pour l'avenir tout travail nouveau
d;ins un sanctuaire qu'il n'avait certes pas cr, un sanctuaire national o taient venu
probablement pendant des sicles s'accumuler successivement toute espce d'offrandes ana-
logues celles de Yehawmelek. C'tait en effet le pruiirc de ces vieux sanctuaires, en
Orient aussi bien qu'en (Irce, de recevoir, comme un tribut n;i1urol. des dons de tous les
temps, et mme de tous les pays; c'est ainsi que se sont forms peu peu non-seulementces trsors des temjiles i\\\\ faisaient jibis tard l'admiration des plerins curieux d'art autant
que de religion, mais ees temples eux-niincs. les (li\ers Oditices. grands et itetits. dont
' Lntiiic, jrccque et iilu'iiicii'imi'.' EuTl^(^l, fun. St., ji. IC.
La stle de Byblos. 33
l'ensemble constituait le sanctuaire, les accessoires plus ou moins essentiels, autels, di-
cules, statues, bas reliefs, colonnades etc. Si d'aventure quelque Pausanias phnicien nous
et laiss la description du temple de Byblos, ^ul doute qu'il ne nous et montr les
uvres de Yehawmelek en bonne et nombreuse compagnie, tenant un ranf? honorable
parmi des monuments d'Aj^e bien diffrent, les uns remontant jusqu'aux ])lus hautes poquesde 1 iiittucnce gv'ptienne, les autres descendant jusqu'aux plus basses de l'influence grco-romaine. Il est supposer, en effet, que Yehanmelek, en accomplissant son u^Te, ne
faisait (|ue suivre les errements des rois qui l'avaient ])rcd, notamment de ce roi d'aspecttout fait gyptien qui reoit l'accolade de la desse de Gebal sur le beau fragment de
bas-relief dcouvert par M. E. Renan ', et aujourd'hui au Louvre. Il et donc t fort malvenu refuser aux autres un droit dont il usait lui-mme, et leur interdire de faire ce
que tout monarque dvot devait tenir pour un devoir sacr.
nSj?. Je doute qu'il taille traduire, comme on l'a fait gnralement, cette pr))iisitii)n
par mr, au-dessus, au sens propre. Je crois que dans notre inscription Sj7 et nS>. ne doivent
pas tre confondus : h'S''' est pris dans le sens matriel de sur, et nSj? dans le sens figurde 6)! sus, en plus. Je n'ai i)as besoin d'insister sur l'importance de cette distinction ; Yehaw-
melek n'a pas en vue des travaux L. 18 -21.* Ou rendu? L. 3, 6, etc.
L. 4 et 20.
34 tudes d'Archologie Orientale.
Le sens serait peu prs celui-ci : Quiconque . . .fera quelque travail additionnel ....
vioi Yehawraelek, roi de Gebal, j'adjure l'auteur du travail susdit.
Les deux DSI qui viennent ensuite sont peut-tre dprcatifs. L'on n"ignore pas en effet
que nX a souvent cette valeur avec les verbes exprimant l'adjuration. Dans le Cantique des
Cantiques nous avons par trois fois > : : Je vous adjure, illes de Jrusalem, par les gazelles
et les biches de la campagne, de ne pas veiller etc. (littralement : si vous veillez'.) . . .:
1"l~nyn DSI 1"l'J7n DS . . . DDns Tli'Sm. Je comparerai surtout un passage de Nhmie ^ qui
prsente avec le ntre, ainsi conu, de frappantes similitudes divers gards. Il s'agit de
la dfense faite aux Isralites de s'allier, par des mariages, avec les nations trangres:
Et je les adjurai par Elohim de ne pas donner (littralement : si vous donnez.') vos
3> filles leurs fils, et de ne pas prendre (littr. : et si vous prenez!) de leurs filles pom* vos
fils et pour yoMS-mmes.
Nous constatons dans ce passage le mme changement de personne (de la troisime la seconde) que celui auquel nous avons, ce qu'il semble, affaire sur la stle, changement
qui a jusqu'ici beaucoup embarrass et qui cependant s'impose presque nous, car il est bien
difficile de ne pas faire de ri?n une seconde personne ^ du verbe nT, placer, d'autant plus
que ces trois lettres sont runies en un groupe naturel, nettement isol, par un vide sensible,
du mot prcdent et du mot suivant. Nous aurions aussi sur la stle, comme dans le verset
biblique, la prvision de deux cas. Il est vrai que le premier DS est, comme le second,
prcd de 1; mais l'objection est loin d'tre insm-montable. Il s'agit peut-tre d'une double
ventualit do