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Comment agir efficacement dans le domaine
humanitaire ?
Missions de développement: l’exemple de la formation
en SSR
Missions d’urgence
L’action humanitaire dans les PED: Pourquoi ?
«… Plus de 2 milliards d’individus, principalement dans les pays à faible revenu, n’ont pas accès à des soins chirurgicaux corrects qui pourraient sauver leur vie… » (1)
(1) Ecole de santé publique d’Harvard (2010)
Enjeux de santé publique mondiale
Pénurie de personnel de santé : l’exemple de
l’Afrique
700 millions d’africains : 1.3% des effectifs mondiaux de
personnel soignant
0.8 professionnels de santé / 1000 habitants soit 10 à
15 fois moins qu’en Europe et USA
Une seule école de Médecine dans 2/3 des pays d’Afrique
sub-saharienne
Dépenses de santé < 3% du PIB
Carence énorme en soins : première cause de mortalité
chez l’adulte en Afrique
Santé sexuelle et reproductive (SSR) dans les PED
250.000 femmes meurent par an en Afrique des complications de la grossesse et de l’accouchement (1)
Dans les pays les plus pauvres, une femme a un risque
500 fois > de mourir des suites de l’accouchement que
dans les pays développés
Principales causes de mortalité maternelle : hémorragies
post-partum (25%), infections (15%), avortements
précaires (13%), éclampsie (12%), travail prolongé (8%)
(1)Starrs A : Safe motherhood initiative : 20 years and counting. The lancet. 30 Sept 2006; 368 : 1130-132
SSR dans les pays en développement
Liés aux patientes : 3/4 des femmes accouchent à domicile avec l’assistance d’une accoucheuse traditionnelle (TBA)
- Difficultés d’accès aux soins: distances et transports
- Déterminants culturels
- Accès à la Césarienne
- Statut socio-économique
Liés à l’offre de soins :
- Insuffisance en personnel obstétrical qualifié
- Manque d’équipement des structures de santé communautaires
- Structures de référence insuffisantes
Facteurs prédictifs de morbi-mortalité
Césariennes : pénurie dans les PED (1)
Des centaines de milliers de femmes dans le monde ne
bénéficient pas de cette intervention qui pourrait sauver
leur vie ou celle de leur enfant
Taux moyen de naissances par Césariennes < 2% sachant
que 5% correspond au taux minimal de sécurité maternelle
et infantile
Le passage d’un taux actuel de 0.5% à 1% de césariennes dansles PED diminue la mortalité maternelle de 15% (OMS)
(1) Ronsmans C and al. : Socioeconomic differentials in caesarean rates in
developing countries : a retrospective analysis. Lancet 2006 ;
368 : 1516-23
Le 5ème objectif du Millénaire pour le développement
(MDG) : réduire la mortalité maternelle de 75% en
2015 dans 189 pays
Mobilisation communautaire
Améliorer l’accès aux soins
Former des RH qualifiées
Les trois principales solutions
Mobilisation communautaire (1)
Campagnes de sensibilisation pour convaincre les femmes et
leur mari d’aller vers un professionnel de santé :
ateliers, médias, affichages etc..
Contraception : baisse de la mortalité maternelle de 20%
Education sexuelle des adolescentes
Education de la femme enceinte : signes de danger
Lutte contre les mariages précoces, l’excision, la discrimination
de genre
Mobilisation communautaire (2)
Formation d’agents de santé communautaires (HCW) :
détection des grossesses à risques, premiers gestes
d’urgence, organisation des transferts
Equiper, former (hygiène++) et dédommager les TBA
Motiver les équipes soignantes (incentives)
Amélioration de l’offre de soins
Organisation d’un système de référence : transports, moyens
de communication
Gratuité des soins
Décentralisation :
• Structures de santé
• Recrutement et formation des RH au niveau sous national
Lien avec les autorités politiques
Le 1er niveau de soins++ : Basic EmOC
Formation de personnels de santé : infirmières diplômées,
sages-femmes qualifiées
Consultations anténatales avec détection et dépistage précoce
des grossesses à risque
Gestes d’urgence : accouchements par voie vaginale,
massages et ocytociques, évacuation placentaire et AMIU pour
prévenir ou traiter les hémorragies de la délivrance
Prescription de médicaments IV : antibiotiques, ocytociques,
anticonvulsivants
Réanimation basique du nouveau-né
Le 2ème niveau de soins: Comprehensive EmOC
Formation de médecins ou d’infirmières à la Césarienne et aux
complications de l’accouchement : chirurgie, anesthésie,
IBODE, SF
Transfusions sanguines: problème majeur dans les PED
Equipements : matériel, médicaments, consommables,
maintenance
Transferts vers un hôpital de référence (FVV..)
Mobilisation communautaire
Basic EmoC
Comprehensive EmoC
Hôpital de référence
De la maison…à la structure de santé
Pour rester pérenne en faisant face à la pénurie de personnels
soignants dans les PED
Du « faire faire » Nord-Sud
Puis du Sud-Sud: formation de formateurs
Pourquoi faire de la formation ?
La formation obstétrico-chirurgicale dans les PED
La formation obstétrico-chirurgicale dans les PED
Au nord ? Peu réaliste ni efficace
Coût financier d’une expatriation
Des conditions d’exercice au nord peu reproductibles au sud
Beaucoup de non retours au pays
Sur le terrain ? Oui
Pour adapter la formation aux conditions locales: moyens matériels, déterminants socio-culturels, pathologies spécifiques
Où former les étudiants ?
Dans les hôpitaux de district: la chirurgie urgente de base qui
sauve: césarienne, hernie étranglée, appendicite etc.
Où et qui former sur le terrain ?
Médecins généralistes. Infirmier(e)s
Dans les hôpitaux de référence: perfectionnement en chirurgie
générale et spécialisée: viscérale, gynécologique, orthopédique,
urologique, coeliochirurgie etc.
Equipes déjà expérimentées
Dans les deux: une équipe chirurgicale
Chirurgien, anesthésiste, infirmier(e) de bloc, SF
La formation obstétrico-chirurgicale dans les PED
Avec les autorités locales: accompagner sans se substituer
Avec les universités locales, quand elles existent: des
formations diplômantes
Avec les étudiants: un transfert de compétences fondé sur le
partage sans renier les grands principes (hygiène, asepsie): le
compagnonnage ++
Les trois commandements
La formation obstétrico-chirurgicale dans les PED
L’enseignement pratique par compagnonnage
Pour le formateur: la « fibre » enseignante, la patience,
l’adaptation, la reproductibilité des gestes
Pour l’étudiant: la motivation +++ Prérequis et critères de
sélection
Pour les deux: le respect de l’autre dans toutes ses composantes
La formation obstétrico-chirurgicale dans les PED:
Comment ?
La formation obstétrico-chirurgicale dans les PED: Comment ?
Le compagnonnage pratique
Consultations
Visites
Bloc
Le compagnonnage théorique: centré sur la pratique. Ateliers
Nœuds Sutures
Habillage chirurgical, plâtres, stérilisation, intubation trachéale
(mannequins), anesthésie loco-régionale et rachianesthésie etc.
Gestes
La formation obstétrico-chirurgicale dans les PED: Comment ?
Une formation théorique centrée sur la pratique
Cours interactifs Entretiens Manuel de CS
Pas de cours magistraux !
La formation obstétrico-chirurgicale dans les PED: Comment ?
Une formation théorique centrée sur la pratique: la vidéotransmission
La formation obstétrico-chirurgicale dans les PED: Comment ?
Un accès aux soins équitable
Dans tous les pays du monde existe un lien étroit entre
pauvreté et accès aux soins. La femme enceinte porte le
fardeau des inégalités : de genre, riches-pauvres.
L’équité devant les soins doit être une priorité des politiques,
de la société civile, des ONG, des partenaires privés et
institutionnels et des médias
L’offre de soins en SSR nécessite une mobilisation de ressourcesque beaucoup de pays ne peuvent ou ne veulent pas mobiliser
L’action humanitaire dans les PED: témoignage et plaidoyer
Sensibiliser les gouvernements à investir en équipement des structures de santé et de formation
76 millions d’habitants
Mortalité infantile 10%
Mortalité maternelle 1%
Espérance de vie 45 ans
64% vit en dessous du seuil de pauvreté
(< 1USD / jour)
Objectif général du programme
Réduction de la Mortalité materno-infantile
la capacité des soins obstétricaux et
chirurgicaux d’urgence
Equipement
de structures
de santé
Formation de
personnels de
santé
Renforcement des soins obstétricaux et
chirurgicaux d’urgence dans 21 structures de
santé de la région du Tigray en Ethiopie
Formation chirurgicale dans le Tigray
Octobre 2004 - Octobre 2007
FNUAP (1M€) + MdM (75 000 €) + MAE (43 000 €)
Formation d’équipes chirurgicales
HO
Chirurgien
Infirmier
Infirmier Anesthésiste
Infirmier
Infirmier de bloc
Centres de santé
Sélection des étudiants
Infirmiers = Bac + 2
Health officer : infirmier + 3 ans en clinique et santé publique (bachelor degree)
Pas de sélection initiale sur des critères qualitatifs ni géographiques
La Formation
La Formation
Sessions de 9 mois
Enseignement pratique
Au lit du malade
En salle d’opération
Enseignement théorique
Contrôle des connaissances
et diplômes
L’enseignement pratique
Urgences + Consultation : la clinique ++
Au cours de la visite
Au bloc opératoire : le Logbook++
« L’autre » : Patience + Tolérance
La Formation
La Formation
L’enseignement théorique
Simple et pragmatique : adapté aux conditions
d’exercice dans les centres de santé.
Séméiologie ++
Interactif
Cohérent d’un formateur à l’autre
Supports pédagogiques : ouvrages de référence
(King, CS)
L’enseignement théorique
Trois Modules de formation
Chirurgie et
Obstétrique
Anesthésie -
Réanimation
Bloc
opératoire
Cours communs
Ateliers
Activité chirurgicale à l’hôpital d’Axum2005 - 2007 (3 ans)
10 050 consultations
2989 interventions majeures (sous AG)
392 Césariennes
Formation de 415 TBA et 221 agents communautaires
Activité des 13 centres opérationnels
(Sept 2008)
326 interventions majeures
224 Césariennes
3 décès maternels
Mise en œuvre des programmes
d’urgence
Eléments de décision pour intervenir en urgence:
pourquoi ? où ? comment ?
L’exemple d’Haïti
Catastrophes naturelles ≠ Conflits
Catastrophes naturelles
Urgence ++ dans la décision d’intervenir
Orthopédie traumatologie >> Viscéral
Conflits armés
Contexte sécuritaire
Moins d’immédiateté dans l’intervention
Orthopédie traumatologie = Viscéral
Mise en œuvre des programmes
d’urgence
Définition d’une catastrophe *
« Une catastrophe est un événement brutal et
inattendu, responsable d’un afflux massif de
victimes qui désorganise rapidement les
moyens sanitaires immédiatement disponibles »
* Revue des Rencontres chirurgicales de MDM; Mars 2005
Conséquences sanitaires des désastres
1- Afflux de victimes débordement des capacités
d’accueil
Besoins en équipements, consommables, médicaments, RH
2- Migration des populations
3- Epidémies (Choléra ++)
Contraintes de missions d’urgence de MDM
Administratives: Iran (Bam 2003), pas de demande
d’aide occidentale problèmes d’accréditation
Logistiques: Pakistan (2004), Haïti 2010, problèmes
d’acheminement du matériel
RH: Java (2006), recrutement d’un chirurgien
thoracique
Missions d’urgence
Leçons de ces échecs : trois questions
Faut-il intervenir ?
Où intervenir ?
Comment intervenir?
Informations pour décider d’intervenir
Programmes long-terme +++
Equipes terrain en veille sanitaire
Au siège : les services et la culture des instances associatives
Education desurgences
Missions d’urgence
Où intervenir ?
Là où sont les besoins, où ils sont accessibles, sans
« engorgement » de l’assistance humanitaire (ex:
typhon aux Philippines en 2013: Tacloban vs Leyte)
Sur les indications et recommandations des autorités
locales ++
Missions d’urgence
Comment intervenir ?
Chirurgie générale et orthopédique: difficultés à recruter une équipe complète dans l’urgence
SSP
Dans des unités fixes et/ou mobiles
Les populations marginalisées par l’urgence: SSR ++
Missions d’urgence
Principaux objectifs de l’équipe
Acheminer le matériel
Recrutement local : urgentistes, chirurgiens, infirmières..
Identifier dans l’enceinte du bloc un emplacement pour stocker le matériel et les médicaments
Gestion du bloc en lien étroit avec les équipes locales et internationales
Missions chirurgicales d’urgence
Pas d’urgence sans post-urgence
Pour la pérennité des soins
Pour le suivi et l’évaluation de nos activités
Missions d’urgence
1- Pertinente
2- Précoce
3- Sécurisée
4- Efficace : la qualité des soins est plus importante que la quantité *
5- En partenariat et en appui avec les équipes locales
6- Pérenne
* Dérives chirurgicales ? Xavier Lassalle. Référent ARE MSF. Août 2006
En résumé : les six commandements d’une
mission d’urgence
Le tremblement de terre (Janvier 2010)
Magnitude : 7.3 ; Durée : 2’
Sud-Ouest de Port-au-Prince, au milieu de
3 millions d’habitants
Une des nations les plus pauvres du monde
Les conséquences terrifiantes du désastre
Destruction de 80 à 90% de Port-au-Prince
≈ 300.000 morts
≈ 800.000 blessés
1.2 millions personnes à la rue dans des camps de fortune
Une des catastrophes les plus importantes
du vingtième siècle
La mission d’urgence de MdM
Difficultés de communications et de réseaux avec les
équipes long-terme : épargnées mais KO
Décision immédiate au siège d’une mission d’urgence
Une équipe de 10 expatriés : chirurgiens, médecins,
anesthésistes, infirmières, coordination médicale,
logistique et administrative
L’acheminement des équipes et du matériel
Difficultés pour atteindre Port-au-Prince :
• Destruction de la tour de contrôle de l’aéroport
• Régulation du fret par l’armée américaine
J3 : Atterrissage à St Domingue
J4 : première nuit dehors à Port-au-Prince dans les
jardins de la résidence de l’Ambassade de France
L’installation de l’équipe d’urgence
Une course contre la montre pour soigner les
blessures vitales
Installation d’un bloc opératoire de fortune dans le
seul bâtiment épargné de l’hôpital général de
Port au Prince
Les difficultés opérationnelles
Le matériel bloqué à terre-Neuve pendant 5 jours :
peu de matériel chirurgical et de médicaments,
notamment pour l’anesthésie
Pas d’eau : conditions précaires d’hygiène au bloc
opératoire
Pas d’électricité : lampes frontales, pas
d’interventions la nuit, pas de générateurs au bloc etc.
La première phase : une semaine
Prise en charge des blessures à risque vital
Traumatismes des membres chez des blessés sortis des
décombres après plusieurs jours :
• Fractures ouvertes avec gangrène
• Amputations traumatiques
• Plaies vasculo-nerveuses
40 amputations (70%), 1/3 chez des enfants
Peu de plaies thoraciques, crâniennes et abdominales
La deuxième phase : six semaines
Blessures sévères mais non vitales : fractures ouvertes,
fixateurs externes, soins orthopédiques etc.
Interventions itératives : pansements sous AG,
excisions de plaies, régularisation de moignons
Amputations secondaires : cas limites concertés
L’activité chirurgicale (Janv 2010 - Fev 2010)
Interventions sous AG: 798
Excisions de plaies : 598 (75%)
Traitements orthopédiques : 104 (13%)
Amputations : 40 (5%)