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Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie Étude du cadrage médiatique de la mise en place en place de la commission d’enquête et du débat sur la transparence Mémoire Gabrielle Sirois Maitrise en communication publique Maitre ès arts (M.A.) Québec, Canada © Gabrielle Sirois, 2016

Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

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Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie Étude du cadrage médiatique de la mise en place en place de la

commission d’enquête et du débat sur la transparence

Mémoire

Gabrielle Sirois

Maitrise en communication publique

Maitre ès arts (M.A.)

Québec, Canada

© Gabrielle Sirois, 2016

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Résumé

Le journalisme politique au Québec et ailleurs dans le monde est en pleine mutation.

L’arrivée de nouvelles technologies appelle les organisations de presse à revoir leurs

façons de faire de l’information. L’émergence de nouveaux concepts et de nouveaux

enjeux incitent les journalistes à modifier leurs pratiques. La médiatisation et les théories

du cadrage deviennent donc des outils d’interprétation des nouvelles façons de faire la

couverture de divers enjeux.

Ce mémoire s’intéresse plus spécifiquement à la médiatisation de la mise en place de la

commission d’enquête sur l’industrie de la construction au Québec entre 2009 et 2012. Il

répond à deux principales questions de recherche. Quel type de cadrage a été

majoritairement été utilisé, celui principalement centré sur les enjeux ou celui centré sur les

stratégies? Quelle place prend la thématique de la transparence dans le cadre du débat sur

la mise en place de la commission d’enquête sur l’industrie de la construction?

Une analyse de contenu médiatique des trois principaux quotidiens québécois, sur un peu

plus de 3 ans, permet d’offrir quelques réponses et pistes de réflexions. Notamment, elle

nous a permis de conclure que le recours aux cadres stratégiques est majoritaire et que cela

se constate d’autant plus dans les articles d’opinion. L’analyse ne nous permet cependant

pas d’établir de manière statistique cette deuxième conclusion. Finalement, la majorité des

références à la thématique de la transparence au cours du débat sur la mise en place d’une

commission d’enquête ont été faites sous l’angle du manque de volonté des acteurs

gouvernementaux.

Ce mémoire conclut avec quelques questionnements sur la qualité de l’information, les

modifications de la pratique journalistique, le cynisme qu’amène le recours aux cadres

centrés sur les stratégies et son impact sur la démocratie et les citoyens.

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Table des matières

Résumé ................................................................................................................................... i

Table des matières ................................................................................................................ iv

Liste des tableaux ................................................................................................................ vii

Liste des figures .................................................................................................................... ix

Remerciements ..................................................................................................................... xi

1. Introduction ....................................................................................................................... 1

2. État de la question ............................................................................................................. 7

2.1 La médiatisation du politique ...................................................................................... 8

2.2 Le cadrage de l’information ...................................................................................... 11

2.2.1 Objet émanant des acteurs politiques ................................................................. 11

2.2.2 Objet émanant de la pratique journalistique ....................................................... 13

2.2.3 Objet émanant d’une co-construction ................................................................. 17

2.3 La transparence .......................................................................................................... 18

2.4 Enjeu .......................................................................................................................... 21

3. Questions de recherche .................................................................................................... 23

3.1 Hypothèses ................................................................................................................ 24

4.1 Corpus à l’étude ......................................................................................................... 30

4.1.1 Période étudiée ................................................................................................... 31

4.1.2 Méthode d’analyse .............................................................................................. 34

4.2 Opérationnalisation des variables et indicateurs ....................................................... 36

4.2.1 Le cadrage de type enjeu .................................................................................... 37

4.2.2 Le cadrage stratégique ........................................................................................ 37

4.2.3 Le débat sur la transparence dans la gouvernance .............................................. 39

5. Résultats .......................................................................................................................... 41

5.1 Portrait général des données ...................................................................................... 41

5.2 Transparence .............................................................................................................. 44

5.2.1 Type d’articles .................................................................................................... 46

5.2.2 Type de cadrage .................................................................................................. 47

5.2.3 Expressions connexes ......................................................................................... 49

5.2.4 Thématique de la transparence ........................................................................... 50

5.2.5 Type de transparence .......................................................................................... 51

5.3 Vérification des hypothèses ....................................................................................... 53

6. Réflexions ........................................................................................................................ 57

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6.1 Le journalisme politique au Québec .......................................................................... 57

6.2 Le journalisme d’opinion et de chroniques au Québec ............................................. 62

6.3 La transparence .......................................................................................................... 63

7. Limites de l’analyse ......................................................................................................... 67

8. Conclusion ....................................................................................................................... 69

Bibliographie ....................................................................................................................... 73

Monographies, chapitres d’ouvrages collectifs, articles scientifiques, mémoires et thèses

......................................................................................................................................... 73

Rapports, lois, documents politiques et gouvernementaux ............................................. 79

Articles de journaux ou de chaînes d’informations ......................................................... 79

Annexe A – Grille d’analyse ............................................................................................... 81

Annexe B – Transparence et expressions connexes ............................................................ 82

Annexe C – Médiagraphie du corpus .................................................................................. 84

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Liste des tableaux

Tableau 1 : Répartition des articles selon le type d’articles et le type de cadrage utilisé ... 44 Tableau 2 : Répartition des articles selon le média et la référence directe au terme

« transparence » ........................................................................................................... 45 Tableau 3 : Répartition des articles selon le média et la référence à des expressions

connexes à « transparence » ........................................................................................ 45 Tableau 4 : Analyse et résultats statistiques (test T) de l’hypothèse 1 ................................ 54 Tableau 5 : Analyse et résultats statistiques (Tests du Khi carré) de l’hypothèse 2 ............ 55 Tableau 6 : Analyse et résultats statistiques (test T) de l’hypothèse 3 ................................ 56

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Liste des figures

Figure 1 : Répartition des articles selon le média et le type d’article (n=275) .................... 42 Figure 2 : Répartition des articles selon le média et le type de cadre utilisé ....................... 42 (n=275) ................................................................................................................................ 42 Figure 3 : Répartition des articles selon le type d’article et les références à la thématique de

la transparence (n=275) ............................................................................................... 46 Figure 4 : Répartition des articles selon le type d’article et les références directes ou

indirectes à la transparence .......................................................................................... 47 Figure 5 : Répartition des articles selon le type de cadrage utilisé et la référence à la

thématique de la transparence (n=275) ........................................................................ 48 Figure 6 : Répartition des expressions connexes utilisées pour faire référence à la

transparence (n=165) ................................................................................................... 50 Figure 7 : Répartition des références aux deux angles de transparence (n=125) ................ 51

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Remerciements

Je tiens à remercier sincèrement Thierry Giasson pour son support tout au long de ce

processus laborieux. Ton soutien dur, mais juste m’a permis de me dépasser.

Merci à tout le monde du Groupe de recherche en communication politique, entres autres

Geneviève Chacon et Catherine Lemarier-Saulnier, vos encouragements et vos

commentaires constructifs m’ont permis d’avancer et d’oser explorer de nouvelles

avenues.

Merci aussi à tout ceux qui m’ont enduré dans mes bons et moins bons moments, dans mes

hauts et mes bas notamment Laurent, ma famille et mes ami(e)s. Grâce à vous, je suis

arrivée à mon but et je suis fière de moi!

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1. Introduction

Les démocraties post-industrielles traversent depuis maintenant près de dix ans une période

de turbulences. La complexification des enjeux, le désintéressement des citoyens envers le

processus électoral, malgré leur implication plus grande par les médias sociaux, ainsi que le

déclin de la confiance envers les acteurs et les institutions sont présentés comme certains

des symptômes de changement auxquelles les démocraties modernes feraient face

(Strömbäck et Esser, 2013).

Une autre transformation importante que vivent les régimes politiques contemporains est

liée au rôle dominant qu’y jouent les médias d’information. L’autorité que la population

accorde aux récits journalistiques influence la relation entre les politiciens et leurs

électeurs. Au cours des vingt dernières années, les liens entre journalistes et politiciens ont

été présentés comme des relations d’interdépendance, tant pour l’obtention d’informations

du côté des journalistes que pour de la visibilité médiatique pour les politiciens. Comme

l’affirment Nadeau et Giasson (2003), « [i]l serait sans doute impossible aujourd’hui de

tenir un discours sur la démocratie sans accorder une place centrale aux médias » (3).

La multiplication des plateformes médiatiques de diffusion, la concentration de la propriété

de presse au sein d’un nombre limité d’entreprises de grande taille, la réduction des budgets

d’information et plusieurs contraintes organisationnelles, techniques et économiques ont

mené à des changements dans la pratique du journalisme. Ces changements sont

fréquemment présentés dans la littérature (Payette : 2010; Strömbäck, 2008; Strömbäck et

Esser, 2013) comme ayant participé à faire évoluer la couverture médiatique. La façon de

couvrir la politique s’en trouverait ainsi transformée.

L’information, au Québec, se fait aujourd’hui différemment, particulièrement l’information

politique. Selon le Rapport Payette sur l’état de l’information au Québec paru en 2010

(Payette, 2010), la transformation du modèle d’affaires de la presse a amené d’importants

changements dans la pratique du journalisme au Québec. Les médias québécois sont

amenés à couvrir un petit milieu où les acteurs médiatiques et les acteurs politiques se

côtoient sur une base quotidienne. Pourquoi choisissent-ils de couvrir la politique de telle

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ou telle manière? Pourquoi les institutions politiques sont-elles maintenant de plus en plus

influencées par la logique des médias en mettant de côté les réflexes, les pratiques et les

processus de la logique politique (Strömbäck et Esser, 2013) ? Porquoi les médias parlent-

ils maintenant plus de ce qui se passe autour de la politique (stratégies, personnalités,

combats politiques, jeux de coulisses) plutôt que de la politique elle-même (de Vreese,

2005)?

La chute des revenus publicitaires, le déclin des audiences ainsi qu’un contexte

technologique en mutation forcent les journalistes à s’adapter. L’accélération du rythme de

production des nouvelles par l’arrivée massive des sites de réseaux sociaux, la

transformation du rapport entre les journalistes et leurs sources, l’hyperconcurrence ainsi

que la transformation de la manière dont les publics s’informent ne sont que quelques

exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-

20).

Par ailleurs, au cours des dernières années, de nouvelles thématiques ont émergé dans les

débats politiques québécois et canadiens ainsi que dans les priorités de couverture des

différents médias du pays. On peut notamment penser au débat entourant la transparence

dans la gestion des affaires publiques. Dans le cadre des activités politiques québécoises et

canadiennes, plusieurs événements ont mené à l’émergence du concept de transparence

dans le discours politique. Dès 1999, la couverture médiatique entourant le scandale des

commandites sur la scène fédérale a mené à la parution des premières enquêtes du

journaliste Daniel Leblanc du Globe and Mail. Puis en 2005 et en 2006, au terme des

travaux de sa commission d’enquête, le juge John Gomery, rendra public deux rapports

(Desjardins, 2007 : 9-19). L’éclatement de scandales dans le monde de la construction au

Québec menant à la mise en place de la Commission d’enquête sur l’industrie de la

construction entre 2009 et 2015 (ceic.gouv.qc.ca, 2015) représente un chapitre plus récent

de la médiatisation consacrée à cette question.

Les conservateurs de Stephen Harper ont d’ailleurs mobilisé cette thématique dans leur

programme électoral de 2005. Dès les premières pages de la plateforme, on retrouve des

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mentions explicites aux termes d’imputabilité, de transparence, d’éthique, d’ouverture,

d’accès à l’information ainsi qu’à la reddition de comptes (Parti conservateur du Canada,

2005-6, en ligne). Ils en feront d’ailleurs l’une des cinq priorités électorales qu’ils

martèleront lors de la campagne. Dès les premières semaines suivant leur accession au

pouvoir, soit en avril 2006, les conservateurs déposeront à la Chambre de Communes un

projet de loi sur la responsabilité gouvernementale, intitulé « Loi prévoyant des règles sur

les conflits d’intérêts et des restrictions en matière de financement électoral, ainsi que des

mesures en matière de transparence administrative, de supervision et de

responsabilisation » (parl.gc.ca, 2006). Elle sera finalement adoptée en décembre de la

même année.

Les déboires de la Caisse de dépôt et placement du Québec entre 2007 et 2009, notamment

des pertes de 40G$ dû à de mauvais investissements et à la période de crise économique

(Lessard, La Presse : 26 février 2009), plusieurs cas de fraudes à la loi électorale lors de la

campagne municipale en 2008 et par la suite l’élection d’un gouvernement provincial

minoritaire puis les différentes enquêtes sur le monde de la construction dès 2009 ont

contribué à placer le thème de la transparence dans la gestion gouvernementale au cœur de

l’ordre du jour politique et médiatique au cours de la dernière décennie.

La notion de transparence dans la gouvernance prendra finalement une place centrale dans

l’actualité politique québécoise au début de 2009, lorsque les premiers reportages mettant

en lumière des stratagèmes de collusion au sein de l’industrie de la construction et de

présumés scandales de corruption au sein des partis politiques et d’administrations

municipales ont été diffusés. Les premières évocations entourant la mauvaise gestion des

fonds de la Société d’habitation et de développement de Montréal ont mené à la suspension

de son principal gestionnaire Martial Fillion. Les reportages de l’émission Enquête de

Radio-Canada sur les liens d’affaires présumés entre Michel Arsenault, alors président de la

Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Jean Lavallée, ex-président de la FTQ-

Construction, et un entrepreneur lié au crime organisé, Tony Accurso, représentent d’autres

exemples importants de la couverture médiatique ayant attiré l’attention publique sur cet

enjeu.

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Plusieurs reportages ont également été publiés dans différents journaux sur le sujet.

L’ancien journal en ligne Rue Frontenac a notamment fait la lumière sur certains liens entre

le ministre québécois du Travail David Whissel et l’entrepreneur Tony Accurso ainsi que

des visites de l’ancien président du comité exécutif de la ville de Montréal, Frank Zampino,

sur le luxueux yacht d’Accurso en lien avec le contrat de l’installation des compteurs d’eau

dans la métropole. C’est d’ailleurs à la même période que plusieurs chroniqueurs de

différents quotidiens, notamment Yves Boisvert de La Presse, ont commencé à réclamer

successivement la mise en place d’une escouade policière affectée aux dossiers entourant

les allégations de corruption et de collusion et d’une commission d'enquête sur l'industrie

de la construction.

En avril 2009, les partis d’opposition à l’Assemblée nationale, la députée adéquiste de

Lotbinière Sylvie Roy en tête, demandent la tenue d’une commission d’enquête sur le

monde de la construction pour « faire la lumière dans cette grave affaire » (M. Ouellet, La

Presse, 6 avril 2009). Ce sera finalement le 15 octobre 2009 que sortira le premier

reportage sur la collusion dans l’industrie de la construction à l’émission Enquête, alors

qu’un premier regard est jeté sur le gonflement des prix des grands travaux de construction

ainsi que sur certains liens présumés entre des entrepreneurs et la mafia montréalaise. Les

pressions politiques et populaires augmentent. Alors que plusieurs allégations de corruption

et de collusion flottent sur le Parti libéral du Québec, le premier ministre de l’époque, Jean

Charest, refuse de mettre en place une telle commission insistant sur la tenue d’enquêtes

policières dans ces divers dossiers. Elle sera finalement créée près de 18 mois plus tard, en

novembre 2011.

La nécessité de création d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les multiples

allégations de corruption au Québec s’imposera alors comme un enjeu politique important

dans le débat public. Tous les partis récupèrent la thématique de la transparence dans la

gouvernance comme étant une solution à ces problèmes. Tant le Parti libéral que le Parti

québécois et l’Action démocratique du Québec revendiqueront la recherche de transparence

dans la gestion des affaires publiques. Le débat s’articule alors autour de la transparence, du

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financement des partis politiques, du processus de nomination des juges et de la révélation

du patrimoine et des actifs des chefs de partis provinciaux. La transparence est présentée

comme un outil de plus dans la gestion des affaires publiques et est perçue comme un

élément essentiel de la gouvernance.

C’est face à ce contexte que le présent mémoire de maîtrise tente de comprendre comment

les médias québécois font le récit de la politique québécoise. Comment présentent-ils les

acteurs, les institutions, les enjeux et le processus politiques? À la lumière de cet espace

politique mouvant où le thème de la transparence paraît s’être imposé au Québec, nous

pensons qu’il est judicieux de se demander comment la mise en place d’une commission

d’enquête pour faire la lumière sur les multiples allégations de corruption et de collusion

ainsi que cette volonté de rendre la gestion des affaires publiques transparente a été

couverte dans la presse québécoise. Sur quels aspects de cette problématique les médias

ont-ils mis l’accent? Quels aspects du débat sur la corruption et la collusion ont été mis de

l’avant? Comment ont-ils présentés l’enjeu de mise en place d’une commission d’enquête

pour mettre fin au climat de suspicion? Comment a été repris le concept de transparence

dans la gouvernance par les différents médias? L’étude du traitement journalistique de la

notion de transparence dans l’activité politique récente nous permettra de répondre à ces

questions et plus spécifiquement d’établir quelle proportion le cadrage stratégique occupe

dans la médiatisation des débats politiques au Québec.

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2. État de la question

La modification des pratiques et des réalités dans le monde médiatique québécois ainsi que

l’émergence récente du concept de transparence dans la gouvernance soulèvent certains

questionnements sur la politique et les médias au Québec. Il existe en fait assez peu de

travaux québécois (voir néanmoins Monière, 1999; Brin, 2000; Nadeau et Giasson, 2003;

Giasson, 2012) sur le traitement médiatique du politique et le cadrage médiatique de

l’activité et des stratégies politiques. Cette production existante limitée sur la question nous

porte à vouloir contribuer au développement des connaissances. Comment les concepts de

cadrage et de transparence s’emboîtent-ils dans la réalité médiatique et informationnelle

québécoise? L’évolution du milieu de la presse au Québec répond-il aux mêmes logiques

que celles de la presse américaine, encline à privilégier une couverture de l’activité

politique axée sur la mise en lumière des coulisses et des stratégies des acteurs politiques?

Ces modifications dans le monde des médias québécois peuvent-elles être assimilées aux

impératifs de médiatisation du politique, recensées entre autres dans la tradition nord-

européenne de la recherche en communication politique?

Les conclusions d’études européennes et américaines nous laissent supposer, par leurs

similitudes de réalités et de réflexions, que le monde des médias et de l’information au

Québec pourrait recourir aux mêmes pratiques. Le cadrage stratégique pourrait donc être

présent dans les médias québécois, surtout dans une joute politique mettant au centre du

débat des personnalités, des partis et des pratiques partisanes. Plusieurs hypothèses peuvent

être énoncées concernant le journalisme pratiqué au Québec, tant dans la couverture de

certains dossiers et enjeux que dans le cadrage privilégié pour présenter l’information.

Abordons tout d’abord le concept de médiatisation du politique pour en comprendre les

grandes lignes et son implication dans notre recherche.

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2.1 La médiatisation du politique

Les multiples transformations de la démocratie et la complexification de la sphère publique

à travers le monde ont mené plusieurs chercheurs à s’interroger sur la manière dont les

pratiques médiatiques ont elles-mêmes évolué. Les médias de masse, la télévision entre

autres, demeurent les premières sources d’information politique des citoyens (Charlton,

Giroux et Lemieux, 2012 : 94). Ainsi, ils sont les principaux canaux de transmission de

l’information vers leurs publics. Ils sont donc, pour leurs auditoires, un des principaux

descripteurs de la réalité qui les entourent. La médiatisation de la sphère politique est

omniprésente. L’augmentation de la couverture et l’analyse des divers dossiers et enjeux

politiques, la plus grande connaissance des citoyens de leurs institutions politiques ainsi

que l’effritement du concept statique de médiation du politique le démontrent (Strömbäck,

2008).

La théorie de la médiatisation politique a été développée principalement par des chercheurs

affiliés à des universités d’Europe du Nord comme les Suédois Strömbäck et Asp, le Suisse

Esser, le Danois Hjarvard ou encore de Vreese de l’École de recherche en communication

d’Amsterdam. Elle commence tranquillement à s’établir comme cadre explicatif dans les

recherches sur la communication politique à travers le monde. Au Québec, bien que le

concept ne soit pas énormément mobilisé dans les recherches scientifiques, il se pose

comme outil de recherche et d’analyse des acteurs médiatiques et politiques.

Quel rôle joue aujourd’hui la médiatisation dans cette relation entre les médias, les

institutions politiques et les citoyens? Quelques textes phares sur la médiatisation

permettent d’en comprendre les implications dans la réalité politique et médiatique actuelle.

Ces écrits nous permettent donc de comprendre comment les acteurs médiatiques et

politiques adaptent leurs pratiques pour tirer profit de la visibilité que leur procurent les

médias. Il est clair, particulièrement pour Strömbäck (2008), que les acteurs politiques et

médiatiques répondent maintenant beaucoup plus à la logique médiatique, par l’utilisation

des cadres médiatiques, du vocabulaire qui lui est associé et par les pratiques qui lui sont

propres, puisque la sphère médiatique est principalement régie par les dimensions de la

médiatisation.

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La médiatisation se définie, en comparaison avec le concept de médiation, comme un

processus où tous les éléments de la sphère publique tendent à assimiler les pratiques

médiatiques pour augmenter leur influence. Strömbäck la présente plus spécifiquement

comme « a process through which the important question involving the independence of the

media from politics and society concludes with the independence of politics and society

from the media » (2008: 241). D’autres auteurs se sont également intéressés à définir la

médiatisation. Asp et Esaiasson ont été les premiers à la présenter comme un

« development towards increasing media influence » (1996 : 80-81). Mazzoleni dit qu’il

s’agit de « the extension of the influence of the media […] into all spheres of society and

social life » (2008: 3052). Hjarvard dit que la médiatisation est « the process whereby

society to an increasing degree is submitted to, or becomes dependent on, the media and

their logic » (2008: 113).

Strömbäck (2008) est probablement celui qui a défini le plus en profondeur le processus de

la médiatisation. Il propose ainsi quatre dimensions qui permettent de déterminer l’impact

de la médiatisation selon un ensemble de variables sociales et culturelles. La première

dimension est celle de la part relative des médias et les réseaux interpersonnels comme

principale source d’information. Les médias sont aujourd’hui la principale source

d’information politique et la principale source de communication entre le public et les

acteurs politiques, ce qui laisse de moins en moins de place aux réseaux interpersonnels

comme outils d’information. Les médias disposent donc désormais d’une influence

importante dans la construction de la réalité que se fait une large proportion de la

population.

La deuxième dimension représente le niveau d’indépendance des médias par rapport aux

institutions politiques, indiquant à quel point il est maintenant très complexe pour les

acteurs de la sphère politique d’influencer le contenu des médias. Les institutions

médiatiques exercent aujourd’hui un grand contrôle sur ce qu’elles souhaitent publier et ce

qu’elles considèrent d’intérêt public, au détriment des contenus que les acteurs de la sphère

politique tiennent à voir publié.

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Les troisième et quatrième dimensions représentent la variation entre le recours aux

pratiques de la logique médiatique (impératifs de format, de style, de vocabulaire, etc...) et

le recours aux pratiques de la logique politique (impératifs de succès dans la pratique

politique) respectivement pour les acteurs politiques et pour les acteurs médiatiques.

L’apport des concepts de logique médiatique (« media logic ») et de logique politique

(« political logic ») dans les écrits de Strömbäck, appuyé par Esser dans leur publication

commune en 2013, est central dans la compréhension plus globale du concept de

médiatisation. Il est également important de comprendre que les institutions médiatiques

ainsi que les institutions politiques sont des systèmes totalement distincts qui poursuivent

chacun des objectifs différents. Ils ont chacun « its own set of actors, rules, and procedures,

as well as needs and interests » (p. 14). Plus spécifiquement, la logique médiatique

correspond à l’ensemble du processus médiatique à travers lequel les médias se posent

comme des protecteurs de l’opinion publique et du droit à l’information en présentant et

transmettant l’information, incluant les impératifs de format, de style, de temps, de

présentation et d’amplification. La logique politique, quant à elle, est le processus politique

menant au soutien public, à la distribution du pouvoir, à la délibération ainsi qu’à la prise

de décision. Elle se définit, selon Meyer (2012) comme à la fois « the effort to find

solutions for politically defined problems by means of programs for actions » et comme

« the effort to gain official acceptance of one’s chosen program of action » (12). Nous

pouvons donc affirmer que la logique politique répond à la fois du besoin d’agir dans les

sphères législatives et exécutives ainsi qu’au besoin d’acceptation et de légitimation

politique que représente le processus électoral.

Les réalités des logiques politiques et médiatiques étant très différentes, ce qu’Esser et

Strömbäck (2013) tentent de démontrer par la troisième dimension de la médiatisation, elles

tendent néanmoins à se rapprocher et même que la logique politique s’assimile

tranquillement aux pratiques de logique médiatique. Les acteurs politiques se retrouvent

désormais « under increasing expectation to adapt to the news media and news media logic,

a process that ends by increasing the relevance of media considerations in political

processes and political institutions » (Esser et Strömbäck, 2013: 23).

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2.2 Le cadrage de l’information

La littérature concernant le concept de cadrage est vaste. Le recours aux cadres, dans le

monde des médias, émane d’un besoin de définir la réalité, d’en offrir une lecture facilitant

la compréhension d’évènements d’intérêt public par l’installation de schémas

d’interprétation. Ainsi, Tuchman pose que: « [m]ass media actively set the frames of

reference that readers or viewers use to interpret or discuss public events » (1978 : ix). Le

cadrage, qui s’inscrit dans la tradition de l’étude des effets des médias, est compris comme

une construction de la réalité, véhiculée dans une nouvelle, pour en présenter certains

aspects au détriment d’autres. Comme Cacciatore et ses collaborateurs, le cadrage est: « a

means of understanding how people construct meaning and make sens of the everyday

world » (2016:10).

Le cadrage comprendrait ainsi le recours à certains aspects d’une réalité au détriment de

certains autres pour faire la promotion d’une définition précise d’un événement, d’un enjeu

ou d’une personnalité (inspiré d’Entman : 1993). Il est ici important de noter la différence

entre le concept de cadre et celui de cadrage. Le cadre est un élément identifiable (un

argument, une phrase, une image) choisi comme élément constructeur du cadrage (van

Zoonen, 2011). Le cadrage est quant à lui le processus complet, soit l’ensemble des cadres

choisis dans la définition d’un enjeu ou d’un événement.

Plusieurs conceptions du cadrage se confrontent dans la littérature. Dans l’univers de la

communication politique, le cadrage est vu par certains auteurs comme émanant

directement des acteurs politiques; pour d’autres, il est le fait de la pratique journalistique

alors que pour d’autres, le cadrage est une co-construction entre le monde politique et le

monde médiatique.

2.2.1 Objet émanant des acteurs politiques

Selon Entman (1989), le cadrage est non seulement l’affaire des médias, mais émane

également en grande partie des acteurs politiques. Le système médiatique interdépendant

entre les acteurs politiques et les journalistes fait en sorte que le rôle de la presse en est un

maintenant de « power without control » (1989 : 9). Les journalistes vont à la source des

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informations politiques pour faire leurs reportages, vers les acteurs politiques qui cadrent la

réalité comme ils veulent bien la présenter. L’effet produit par le cadrage, pour Entman,

n’est pas universel, il le voit plutôt comme un effet fonctionnel sur une bonne partie de

l’audience à laquelle il s’adresse. La définition du cadrage d’Entman le présente comme

« selecting and highlighting some facets of events or issues, and making connections

among them so as to promote a particular interpretation, evaluation and/or solution »

(2004 : 5). Les journalistes prennent donc différents ingrédients de la vie politique pour en

faire une nouvelle et déterminent donc comment les gens prennent conscience,

comprennent et se souviennent d’un problème (Entman, 1993 : 54).

Entman a proposé une modélisation du concept de cadrage, le modèle en cascade. Ce

modèle propose que le cadrage émerge des acteurs de l’administration politique, puis des

autres élites politiques et sociales avant d’être repris par les médias. Puisque l’information

politique circule dans ce réseau d’acteurs, les nouvelles créées à partir de celles-ci

proviennent nécessairement d’une compréhension préalablement cadrée de l’enjeu par les

journalistes. Les journalistes, en sélectionnant certains cadres, les rendent alors accessibles

à leurs différentes audiences. Celles-ci s’en emparent alors, les analysent et ainsi les

rétroactions qu’ils amènent servent à prouver la prédominance d’un cadre ou au contraire la

présence de plusieurs cadres en opposition.

La présence de plusieurs acteurs dans ce modèle le rend intéressant au point de vue de la

compréhension globale du processus de cadrage dès sa première forme jusqu’à sa

réception. De plus, il permet d’évaluer les effets, tant à long terme qu’à court terme, des

cadres et du cadrage.

Pour Chong et Druckman, le cadrage est un outil utilisé par les politiciens pour encourager

les électeurs à penser d’une certaine manière leurs propositions politiques. Il sert également

à rassembler un maximum de votes en amenant « new considerations about a subject in

addition to highlighting existing beliefs » (2007: 116). Le cadrage est donc pour ces deux

auteurs un outil de développement de certaines conceptualisations sur un enjeu au détriment

d’autres. Dans leur conception, le cadrage est un concept à connotation majoritairement

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négative puisqu’il peut, à la compréhension des audiences, prétendre que les élites

politiques sont en mesure de manipuler les conceptions sur divers enjeux pour servir leurs

propres intérêts. Il représente également, pour Chong et Druckman, un outil de création de

l’opinion publique au cœur de l’espace public et des débats entourant les affaires publiques.

Chong et Druckman expliquent le cadrage comme « a strategy to manipulate and deceive

individuals, or it can refer more neutrally to a learning process in which people acquire

common beliefs, as in the coordination of people around a social norm » (2007: 120).

2.2.2 Objet émanant de la pratique journalistique

À l’instar de Gitlin (1980) ou Scheufele (2000), certains chercheurs comprennent le

cadrage comme une pratique journalistique de classification de l’information facilitant à la

fois la rapidité de couverture de l’actualité et l’interprétation d’une réalité. Pour Gitlin, le

cadrage est un « principle of selection, emphasis, and presentation composed of little tacit

theories about what exists, what happens and what matters » (1980 : 7). Le cadrage réfère

donc, pour eux, à la pratique journalistique par l’ensemble des choix de présentation d’une

nouvelle.

Pour Bennett (1990), le cadrage tente de donner un sens à la nouvelle en se basant sur la

teneur du débat politique. Le cadrage devient ainsi un outil d’analyse de la performance de

la presse en démocratie. Bennett croit également que le cadrage, bien qu’il serve à mettre

de l’avant certaines définitions au détriment de d’autres, reflète assez bien la réalité

politique, qu’il y ait consensus ou non. Ainsi, pour lui, une nouvelle sur un débat ou un

enjeu plus polémique fera l’objet de plus d’attention médiatique.

Selon l’hypothèse de l’indexation de Bennett, les pratiques journalistiques tendent à

démontrer que les médias sont majoritairement responsables de la perpétuation de

différents cadres émanant du monde politique dans les nouvelles. Il affirme ainsi que les

journalistes utilisent majoritairement des autorités politiques comme sources officielles. Les

journalistes, selon les demandes ou les réalités de leurs institutions, présentent ainsi

majoritairement des messages fortement teintés des messages officiels. « The majority of

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political stories are simple condensations of what politicians say and do » (Bennett, 2012 :

119). Ainsi, les journalistes, dans leur tentative de créer un équilibre artificiel des différents

spins politiques, ne prennent pas le temps de faire leurs propres enquêtes indépendantes

pour établir une nouvelle. Pour Bennett, les cadres, bien que tirés quasi intégralement du

discours des politiciens, sont perpétués par la pratique journalistique.

Dans la vision d’Iyengar, le cadrage est un effet puissant de la médiatisation sur les

perceptions des citoyens dans leur compréhension de l’activité politique. Les médias, et les

nouvelles qu’ils diffusent, sont de puissants véhicules d’information et la façon dont ils

cadrent les enjeux citoyens participerait à la définition de ces enjeux en plus de construire

des « prevailing patterns of news coverage » (Iyengar, 1990 : 21). Pour lui, le cadrage

s’applique de manière différente selon le type d’information relayée. Iyengar est ainsi un

des principaux défenseurs de la théorie des issue-specific frames (cadres épisodiques

centrés sur des enjeux et des considérations en particulier) en opposition à la théorie des

generic frames (cadres utilisés de manière plus générale dans une multitude de dossiers

diversifiés ancrés dans la pratique et dans la réalité institutionnelle d’une organisation

médiatique). Il croit donc, au même titre que Bennett, que le cadrage émane des réalités

médiatiques plutôt que des acteurs politiques.

2.2.2.1 Le cadrage stratégique

La vision du cadrage de Patterson s’approche de celle de Iyengar. Cependant, il avance que

le cadrage des « policy stories » (enjeux de politiques publiques) est en déclin au profit de

cadres stratégiques ou des « game stories » (1993). Ainsi, les médias s’attardent moins aux

problèmes entourant les enjeux et le leadership des politiciens pour faire plus de place dans

les nouvelles politiques aux stratégies et aux succès électoraux. Patterson affirme également

que bien que les médias s’attardent parfois à des enjeux plus précis, l’analyse de ceux-ci

prend tout de même en compte le contexte de jeux et de stratégies politiques qui les

entourent. Patterson croit donc en l’effet important du cadrage stratégique sur le cynisme,

les lecteurs étant plus informés sur les stratégies et les manœuvres politiques que sur la

substance même des enjeux.

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La notion plus spécifique de « strategic news coverage » réfère à la couverture stratégique

de l’information et a été définie selon les pratiques américaines du journalisme. Elle fait

référence à une des façons de cadrer l’information politique. On peut ainsi dire qu’il s’agit

d'une branche actualisée et appliquée aux nouvelles réalités informationnelles

contemporaines du courant des études sur le cadrage de l’information. Ce sont

principalement les relations de proximité entre les acteurs, l’influence des sondages

d’opinion et la personnalisation du politique qui ont mené à cette couverture orientée sur les

confrontations, les gagnants et les perdants plutôt que sur le contexte. Cette couverture est

fortement influencée par la réalité souvent observée du horserace coverage durant les

campagnes électorales où chaque candidat est traité comme un cheval de course et où les

analyses politiques des évènements ponctuant la campagne relèvent de métaphores

sportives.

Ce cadrage de l’information met ainsi l’accent davantage sur les stratégies et les jeux

politiques que sur les enjeux et les débats. Cappella et Jamieson, qui ont étudié l’effet de ce

cadrage en opposition avec le cadrage centré sur les enjeux, posent que: « In the strategy

structure, policy positions are interpreted as a means of gaining a voter block to advance the

candidacy or retain a position in the polls » (1997 : 34). Ce concept a également été défini

comme étant la couverture médiatique des motivations et des vies personnelles des

candidats, l’emphase mise sur les mésententes entre les parties, les candidats et les électeurs

ainsi que la présence importante des sondages dans les médias (de Vreese, 2004: 192).

Rinke et al. (2013) abordent également l’importance que prend le cadrage mettant de

l’avant les stratégies dans le discours politique ainsi que les impacts de celui-ci sur le

processus de délibération politique. Ils affirment que le cadrage dit stratégique est un outil

qui permet au public de mieux comprendre la politique, ses aspirations et tous les aspects

qui la constituent. Le cadrage stratégique (et le cadrage de contestation, soit celui où les

acteurs, les idées, les enjeux sont mis en opposition les uns contre les autres) est donc

important à prendre en compte parce que : « they capture the two main dimensions of

political competition: politics as an instrumental competition of interested actors […] and

as a substantive competition of policy ideas» (Rinke et al., 2013: 475). Ils font également

partie de ceux qui tentent de regrouper sous une seule appellation les multiples définitions

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de cadrage de jeux, de cadrage « horserace » et de schémas stratégiques et d’examiner leurs

conséquences. Ils indiquent que cela se fait de différentes manières : « strategic game

framing often involves the reporting of clashes between political opponents and that this

increases the likelihood of uncivil behavior finding its way into the news » (Rinke et al.,

2013: 480).

Si une majorité d’auteurs s’entendent sur le fait que les cadrages produisent certains effets,

quelques autres défendent la position inverse. On peut notamment penser à Norris (2000)

qui affirme dans son étude sur l’engagement civique et l’information, que les cadres n’ont

pas autant d’effets qu’on a pu le penser. En effet, selon sa thèse du cercle vertueux, plus un

citoyen est exposé aux nouvelles (ou plus il choisit de s’exposer aux nouvelles) plus son

intérêt pour la politique augmente et ainsi que ce qu’elle nomme le « democratic deficit »

est appelé à diminuer. Sa vision du cadrage de l’information, plus particulièrement du

cadrage dit stratégique, explique que les citoyens sont encore capables de faire la part des

choses grâce à leur niveau de sophistication, à la fermeté de leur identité partisane et à leur

implication politique.

Elle se positionne ainsi à l’encontre de la vision pessimiste de Patterson sur la couverture

défavorable de la politique. Elle se place également à l’opposé des conceptions de Cappella

et Jamieson. Le débat entre vidéomalaise et cercle vertueux, principalement basé sur une

dichotomie entre une vision optimiste et pessimiste du journalisme politique, dure depuis

plusieurs années puisque d’un côté, Norris affirme que le cadrage de l’information n’est pas

une cause du désengagement politique, que les causes de ce désengagement sont bien plus

grandes et fort probablement extérieures aux médias eux-mêmes.

Pour Norris, la couverture des scandales politiques n’est pas en soi la cause du déclin de la

confiance des citoyens envers leurs institutions politiques. Ce seraient plutôt les actions des

politiciens qui affectent la relation entre les politiciens et les citoyens.

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2.2.3 Objet émanant d’une co-construction

À l’instar du modèle en cascade d’Entman (2004), le cadrage peut s’activer au cœur des

réseaux interpersonnels, principalement dans les relations entre les journalistes et leurs

sources, les acteurs politiques. Les messages des acteurs politiques sont teintés selon un

ensemble de facteurs : la réalité interne du parti, les branches administratives, les autres

acteurs sociaux et politiques ainsi que les réactions des citoyens aux événements politiques.

Les messages sont alors transmis aux médias qui les relayent avec leurs propres filtres

journalistiques. On comprend donc que la conception du cadrage par Entman, et de certains

autres auteurs comme Patterson (1993), Borah (2011), Scheufele et Tewksbury (2007) est

celle d’un exercice co-construit entre les acteurs politiques et les acteurs médiatiques.

Patterson (1993), bien que convaincu de l’importance que prennent les pratiques

journalistiques dans l’implantation du cadrage, croit tout de même que les politiciens sont

au cœur d’un certain cadrage stratégique tant dans la présentation de leur personnalité

politique que dans leurs idées. Il affirme que les cadres sont co-construits puisque les

journalistes se laissent influencer par la personnalisation de la politique (Langer, 2014),

c’est-à-dire qu’ils s’inspirent grandement des cadres proposés par les politiciens pour bâtir

leurs propres cadres.

Pour Borah, le cadrage réfère au processus complet de production d’une nouvelle. Elle se

crée donc autour d’une multitude d’acteurs sociaux, politiques et médiatiques. Borah se

place ainsi dans une position de co-construction du cadrage. Également inspirés du modèle

en cascade d’Entman, Borah (2011), Scheufele (2000) et Scheufele et Tewksbury (2007)

réfèrent au cadrage comme le « second-level agenda setting » et comme faisant partie de la

large famille des « media effects processes ». Le cadrage est, pour eux, à la fois un outil des

médias et un médiateur des positions des différents acteurs politiques dans la réalité

médiatique. Le cadrage est, pour Scheufele (2000), un processus normalisé de création des

nouvelles influencé par les contraintes organisationnelles des grands médias et par les

réalités politiques.

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Scheufele et Tewksbury (2007) utilisent également la notion de frame building qu’ils

qualifient comme processus de construction des cadres autour de différents éléments

influencés par une multitude d’acteurs, notamment les groupes d’intérêts, les politiciens, les

journalistes et tout autres groupes intéressés à la construction de l’agenda politique. Ce

processus se révèle être une compétition entre ces acteurs pour l’imposition de leur

compréhension d’un événement ou d’un enjeu. Les deux chercheurs posent que « [t]he

activities of interest groups, policymakers, journalists, and other groups interested in

shaping media agendas and frames can have an impact on both the volume and character of

news messages about a particular issue » (2007 : 12).

Dans le cadre de ce mémoire, la définition privilégiée du cadrage sera fortement inspirée du

modèle en cascade d’Entman (1993) en plus d’utiliser les spécificités des définitions du

cadrage stratégique de Cappella et Jamieson (1997) et de de Vreese (2004). Ainsi, la

définition choisie pour ce mémoire postule que le cadrage est une co-construction négociée

entre les acteurs politiques et les médias d’information qui couvrent leurs activités.

2.3 La transparence

Le concept de transparence s’est imposé dans l’actualité politique québécoise au cours des

dix dernières années. Au cœur de divers débats sociaux, le concept de transparence

représente, dans le contexte québécois actuel, un idéal démocratique auquel la classe

politique aspire. La transparence est considérée comme une qualité démocratique

nécessaire à une société pour que celle-ci puisse se développer efficacement. La

transparence remplit plusieurs fonctions au sein des sociétés démocratiques. En plus de

s’inscrire dans la fonction d’information du public, elle sert d’explication à la logique de la

prise de décisions dans les institutions politiques et de légitimation puisqu’elle est « un

moyen de regagner la confiance du citoyen et de légitimer ses actions, car l’on montre que

l’on agit dans l’intérêt général » (Audria, 2004 : 61).

Ainsi, de façon globale, on peut affirmer que la transparence remplit, dans la société, la

fonction de contrôle démocratique, c’est-à-dire qu’elle permet de faire le lien entre l’interne

(le gouvernement, le processus de prise de décision) et l’externe (les journalistes, l’opinion

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publique) sur divers enjeux, de manière ouverte. Elle sert, dans l’idéal, de correspondance

sans accrocs entre l’ouverture et la disponibilité des informations chez les gouvernants et la

confiance du public envers ses institutions. En tant que qualité démocratique, entre les

mains des citoyens, elle devient un contre-pouvoir.

Ainsi, l’analyse des différentes normes démocratiques, dont celle des initiatives politiques

liées à la transparence dans la gouvernance, permet de comprendre comment la confiance

de la population envers les titulaires des charges publiques peut être affectée.

Ce concept s’inscrit dans la grande théorie de l’accès à l’information et des pratiques de e-

government et il s’envisage comme « l’obligation de répondre de ses actes […]; en assumer

la responsabilité (j’en réponds) et répondre dans la perspective communicationnelle (je

rends compte) » (Libaert, 2003 : 51). L’accès à l’information a été présenté par la

Commission d’accès à l’information du Québec, dans son rapport de 2002, comme une

volonté collective d’aller vers une plus grande transparence de l’État. La transparence est

vue comme une composante essentielle du concept de gouvernance, cela passant

principalement par l’ouverture de l’État et la mise en place d’un système d’accès à

l’information efficace.

La transparence répond à plusieurs objectifs politiques, notamment de mettre de côté la

peur dans la gestion de l’agenda public par la gestion de dossiers délicats et permettre aux

électeurs de prendre des décisions éclairées. La transparence se caractérise donc par

l’accessibilité des données et d’informations en temps opportun et se pose comme

symptôme d’un État fort et ouvert. La transparence étant une des qualités démocratiques,

elle se démarque des autres par l’unicité de sa définition et par son utilité dans

l’établissement du lien de confiance entre citoyens et acteurs politiques. Elle présuppose

« que les représentants politiques et le gouvernement seront honnêtes […] et travailleront

aux intérêts collectifs » (Quirion, 2012 : 12), donc que le recours à la transparence dans la

gestion des affaires publiques est un outil pour les politiciens de démontrer qu’ils n’ont rien

à cacher.

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Dans sa conception généraliste, la transparence se définit comme une des sources de la

« confiance au nom du droit du public à l’information, des structures, modalités de

fonctionnement et actions d’une institution publique ou privée » (Balle et Albert, 2006 :

449). Ce terme sera ici utilisé dans la perspective des politiques publiques ou des

programmes gouvernementaux mis en place pour tenter de faire preuve de plus de

transparence. Ce concept s’opérationnalisera selon le recours aux mots ou aux expressions

référant à la thématique de la transparence que l’on retrouve dans la couverture que font les

médias québécois de l’enjeu de la mise en place d’une commission d’enquête sur l’industrie

de la construction.

La transparence est un concept qui permet de relever la conception que les politiciens se

font de la démocratie et de quelle manière ils veulent la partager avec les citoyens. Ainsi,

l’ouverture des membres du gouvernement à partager les fruits de leur délibération,

l’accessibilité à divers documents gouvernementaux, les discours sans ambiguïté des

politiciens et l’impression donnée de n’avoir rien à cacher peuvent être des indicateurs de la

transparence dans la gouvernance (Ouellet, 2012). Évidemment, le recours à la transparence

n’est pas traité de la même manière par le gouvernement et les partis d’opposition. La

transparence peut ainsi être présentée sous l’angle de ses bénéfices, par la volonté du

gouvernement d’être plus transparent. Elle peut également être présentée sous l’angle de

l’absence de volonté, soit qu’un gouvernement se fasse reprocher son manque de

transparence par l’opposition ou encore par la présentation des diverses conséquences

négatives pour la démocratie entraînées par un manque de transparence du gouvernement.

Ce mémoire cherche ainsi à comprendre comment les médias québécois ont parlé du thème

de la transparence dans la gouvernance dans leur récit de la mise sur pied de la Commission

Charbonneau. Il permettra également de voir comment le recours à des initiatives de

transparence dans un contexte sociopolitique polarisé est présenté par les journalistes.

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2.4 Enjeu

Lorsque l’on parle d’enjeux, on réfère à différents sujets d’intérêt populaire que l’on

retrouve dans la sphère publique. Röttger (2008) les définit plus précisément comme :

« debatable topics of public interest that are connected with controversial opinions,

expectations, or problem solutions » (en ligne). Les enjeux sont des objets de débat, des

outils pour les politiciens afin de faire connaître le contenu de certains dossiers. Taylor

affirme que : « issues are constantly being used in elections and campaigns and can be

categorized based on the ease of their use » (2009: 4).

La production scientifique distingue deux catégories d’enjeux : les « hard issues » et les

« easy » ou « soft issues ». La principale distinction entre ces catégories réside dans la

manière dont les citoyens y réagissent. Les « easy » ou « soft issues » sont principalement

des enjeux qui se concentrent sur l’atteinte d’objectifs plutôt que sur les moyens d’y

parvenir. Ils sont souvent présents sur une longue période dans les agendas politiques et

dans l’espace public et provoquent des réactions instinctives et émotives plutôt que de

susciter la réflexion sur le fond d’un sujet (Carmines et Stimson, 1980 : 80). On peut penser

à des enjeux comme le débat québécois sur la laïcité des institutions politiques ou encore à

divers débats sur des dossiers de nature culturelle.

Au contraire, les « hard issues » sont des enjeux aux sujets réfléchis qui se trouvent dans

l’espace public de débat pour une courte période mais dont l’influence sera importante. On

réfère aux « hard issues » lorsque l’on parle de moyens d’agir, de débats, de réflexions sur

des sujets et dossiers plus techniques et complexes. Chez les citoyens, ils mènent à une

réflexion, à la nuance, généralement dans le but d’obtenir un consensus à large échelle

(Carmines et Stimson, 1980 : 79). Ici, on réfère principalement à des enjeux de nature

économique ou encore de défense, par exemple l’implication dans une guerre, qui font

appel à des éléments rationnels plutôt qu’émotifs. C’est à cette catégorie d’enjeux que ce

mémoire s’attarde. L’utilisation du terme « enjeu » référera à des sujets complexes, portant

à débat, mettant l’emphase sur les moyens plutôt que sur les objectifs et ayant un impact

important sur les citoyens, leurs réflexions et leurs prises de décisions politiques.

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3. Questions de recherche

Plusieurs questionnements émanent d’une problématique aussi vaste. Notre mémoire

s’attarde toutefois précisément à l’identification des types de cadres médiatiques concernant

l’enjeu de la mise en place d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les

multiples allégations de corruption et de collusion au Québec. De plus, il tentera

d’identifier la place que prend la thématique de la transparence dans ce grand débat. Il vise

à relever comment a été présenté cette question dans toute la couverture médiatique dans

les mois précédant la création de la Commission Charbonneau. Notamment, il tente de

discerner les cadres centrés principalement sur les enjeux de ceux traitant principalement

des stratégies et intentions des acteurs politiques (inspiré des notions de Cappella et

Jamieson, 1995 et 1997 et de Vreese, 2004). Le mémoire s’articule autour des deux

questions de recherche suivantes :

Q1: Dans les médias québécois, le cadrage est-il centré sur les enjeux liés à la question de

la mise en place d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les multiples

allégations de corruption et de collusion dans l’industrie de la construction ou plutôt sur

les stratégies et les intentions des acteurs politiques québécois interpellés dans le débat

entourant la création de la Commission Charbonneau?

Q2 : Quelle place est réservée à la thématique de la transparence et comment a-t-elle été

présentée dans la couverture médiatique réservée à la mise en place d’une commission

d’enquête pour faire la lumière sur les multiples allégations de corruption et de collusion

dans l’industrie de la construction?

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3.1 Hypothèses

Cette recherche tente de comprendre de quelle manière l’enjeu de la mise en place d’une

commission d’enquête pour faire la lumière sur les nombreuses allégations de corruption et

de collusion été présenté dans les médias à travers différents cadres. Elle tente aussi de

comprendre quelle place a pris la thématique de la transparence dans le débat sur cet enjeu.

Premièrement, inspirée des travaux de Cappella et Jamieson (1995 et 1997) ainsi que de

ceux de de Vreese (2004) et Rinke et al. (2013), nous anticipons que la réalité médiatique

québécoise reflétera la réalité américaine, c’est-à-dire que l’enjeu de la mise en place d’une

commission d’enquête sera fortement cadré sur les stratégies des acteurs politiques. Les

conclusions de ces travaux antérieurs nous amènent à croire que la couverture de la

thématique de la transparence au cœur du débat entourant cet enjeu sera présentée

majoritairement sous l’angle de l’inaction du gouvernement plutôt que de mettre de l’avant

la volonté de ce dernier d’être plus transparent.

Comme l’indiquent Nadeau et Giasson : « le ton négatif, l’accent placé sur les scandales et

les conflits, la visibilité accrue que s’accordent les journalistes et leur tendance montante au

commentaire » (2003: 6) révèlent la montée de la focalisation des pratiques journalistiques

sur les stratégies politiques. Les études semblables déjà menées ont semblé démontrer que

les enjeux au cœur d’un débat politique polarisant font souvent l’objet d’une couverture

médiatique centrée sur les stratégies politiques et le développement des jeux partisans

(Patterson, 1993).

Deuxièmement, comme l’affirme de Vreese (2005), le cadrage est un processus à la fois

influencé par la réalité des faits et par de nombreux facteurs internes propres à chaque

média. Les valeurs sociales, la ligne éditoriale et la manière de présenter une nouvelle sont

propres à chaque journal. On peut également affirmer que le vocabulaire associé à chacun

des genres journalistiques est différent. En effet, la nouvelle fait place aux faits, au

contexte, aux événements alors que les articles d’opinion (éditoriaux, chroniques, lettres

des lecteurs) laissent place à un vocabulaire exprimant le point de vue, le commentaire,

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misant sur la personnalisation de la nouvelle et proposant une vision subjective de

l’actualité (Sormany, 2011).

Entman affirme que la présence ou l’absence de certains mots-clés, d’expressions types,

d’images stéréotypées, de sources d’informations et de phrases renforcent les associations

d’idées et de faits (1993 : 52). de Vreese affirme lui aussi que le type d’article et de cadres

choisis peut être influencé par le vocabulaire et la présentation d’un texte : « a news frame

must have identifiable conceptual and linguistic characteristics » et « frames are specific

textual and visual elements or ‘framing devices’. These elements are essentially different

from the remaining news story which may be considered core news facts » (2005: 54). On

peut alors croire que le type de cadre, associé chacun à un type de vocabulaire particulier,

utilisé dans une nouvelle ou dans un texte d’opinion, sera différent. Cappella et Jamieson,

dans Spiral of Cynicism, tiennent le même type de propos : « framing seems to reduce to

“the way the story is written or produced”, including the orienting headlines, the specific

word choices, the rhetorical devices employed, the narrative forms and so on » (1997: 39).

Ainsi, pour les articles d’opinion on peut croire que le recours à un vocabulaire orienté sur

l’analyse politique, les opinions et le commentaire influencé par les perceptions du

journaliste, chroniqueur ou éditorialiste mettra davantage de l’avant des cadres centrés sur

les stratégies. Pour ce qui est des articles de nouvelles, on peut croire que le vocabulaire

inspiré des faits, des événements d’actualités ou de citations et actions des acteurs ne

laissera pas beaucoup de place aux cadres stratégiques, mais plutôt aux cadres centrés sur

les enjeux. Nous anticipons donc que dans le contexte de la création de la commission

d’enquête sur l’industrie de la construction, les textes de nouvelles et les textes d’opinion

utiliseront fort probablement des types de cadrages différents.

Troisièmement, nous pensons que le débat sur la transparence dans la gestion

gouvernementale représentera une part significative de la couverture médiatique de l’enjeu

de la mise en place d’une commission d’enquête sur l’industrie de la construction. Plusieurs

auteurs, notamment Pritchard et al. (2005), Kepplinger et al. (2012), et Gingras (2012)

indiquent que l’intérêt renouvelé pour le journalisme d’enquête et la mise en lumière des

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scandales entourant les gouvernements ou la gestion des affaires publiques remettent à

l’avant-plan les pratiques du cadrage centré sur les stratégies se concentrant sur les acteurs

au cœur du débat, leur personnalité, leurs réactions plutôt que sur leurs actions et leur

volonté d’offrir des solutions. Puisque « [l]es rédacteurs en chef s’intéressent aux erreurs

des politiciens, aux divisions au sein des partis et du gouvernement, et aux scandales »

(Kavanagh, 2000 : 163), on peut croire que le débat polarisant sur la transparence sera

grandement couvert. L’importance accordée par les médias à cette thématique ainsi que

leur intérêt pour les divisions et débats intra-partis nous permettent de croire que la

couverture médiatique mettra de l’avant majoritairement les reproches de l’opposition sur

l’inaction du gouvernement en matière de transparence. Il serait surprenant, dans un

contexte où les médias couvrent de manière soutenue les moments de division politique,

qu’ils mettent l’accent de leur couverture sur les actions du gouvernement menant à une

plus grande transparence dans l’appareil gouvernemental.

Plus spécifiquement, nous tenterons de vérifier les hypothèses suivantes :

H1 : Le traitement journalistique associé à la création de la Commission Charbonneau va

privilégier un recours au cadrage stratégique au détriment du cadrage centré sur l’enjeu.

Ainsi, les considérations stratégiques et tactiques des acteurs politiques impliqués dans la

mise en place de la commission d’enquête seront davantage représentées dans la couverture

médiatique que l’enjeu de la mise en place d’une commission d’enquête sur l’industrie de la

construction lui-même.

H2 : Le type de cadrage utilisé dans la couverture de la création de la Commission

Charbonneau sera différent selon le type de texte journalistique.

Dans le cadre de la mise en place de la commission d’enquête sur l’industrie de la

construction, les articles d’opinion utiliseront plus de cadres centrés sur les stratégies alors

que les textes de nouvelle utiliseront plus de cadres centrés sur les enjeux.

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H3 : La thématique de la transparence sera majoritairement présentée sous l’angle du

manque de volonté ou d’inaction des acteurs gouvernementaux.

Le traitement journalistique de la mise en place de la commission d’enquête pour faire la

lumière sur les allégations de corruption et de collusion abordera la thématique de la

transparence comme un manque de volonté du gouvernement plutôt que de mettre de

l’avant les solutions qu’il propose.

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4. Méthodologie de recherche

Afin de comprendre de quelle manière la mise en place d’une commission d’enquête pour

faire la lumière sur les allégations de corruption et de collusion a été cadrée dans la

couverture médiatique des dernières années, nous avons mené une analyse de contenu d’un

échantillon de cette couverture. Tous les articles publiés dans les quotidiens Le Journal de

Montréal, La Presse et Le Devoir entre le 5 mars 2009 et le 22 mai 2012 et traitant des

différents scandales dans le monde de la construction ainsi que du processus ayant mené à

la mise en place d’une commission d’enquête sur le monde de la construction ont été

recueillis pour cette analyse. Ces trois quotidiens provinciaux ont été choisis puisqu’ils

rejoignent une majorité de lecteurs québécois, soit plus de 2 000 000 de personnes

hebdomadairement (Étude NADbank, 2011) sur plusieurs plateformes, notamment le

papier, le web, les tablettes, les téléphones intelligents et les réseaux sociaux. En plus de

représenter une majorité du lectorat des quotidiens québécois payants, ces trois journaux

sont facilement accessibles et servent de source de référence dans l’ensemble de la

province.

De surcroît, par souci de faisabilité, ce projet s’est tourné vers la presse écrite plutôt que la

télévision ou la radio pour la composition du corpus. La disponibilité de l’ensemble des

contenus récents de ces trois quotidiens sur la banque de données Eureka facilite d’ailleurs

la constitution du corpus et la réalisation de la recherche.

Les journaux choisis dans le cadre de cette étude rejoignent chacun un public différent. On

peut notamment les identifier ainsi : « La Presse (quotidien grand public) », « Le Journal

de Montréal (tabloïd populaire) » et « Le Devoir (journal “sérieux”) » (Charron et de

Bonville, 2002 : 32). Les publics qu’ils rejoignent sont distincts de même que leur mise en

forme de l’information de l’actualité politique. Ainsi, cette diversité de publics et de

traitements nous permet de tracer un portrait englobant de l’information quotidienne au

Québec.

Ces trois quotidiens se sont fortement intéressés à l’enjeu de la mise en place d’une

commission d’enquête sur l’industrie de la construction et au débat sur la transparence.

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Leur volonté de couvrir cet enjeu se manifeste notamment par les ressources importantes

qui ont été dégagées dans la couverture consacrée à l’enjeu de la mise en place d’une

commission d’enquête et au débat sur la transparence. Elle s’exprime par le nombre

important de reportages d’enquête produits dans ces journaux sur ces questions recensés

pour cette étude, appuyé par État de la nouvelle 2011 et 2012, publication annuelle

d’Influence Communication (Influence Communication, 2011 : 14; 2012 : 36-37), la mise

en place de cellules d’enquête au sein des rédactions, la couverture constante des débats à

l’Assemblée nationale et l’implication des chroniqueurs et des éditorialistes de ces

publications dans le débat (G. Lavoie, Le Soleil, 11 septembre 2014). Leurs efforts dans la

production de contenu sur cet enjeu ainsi que la manière dont ils ont alimenté ce débat

justifient notre choix.

4.1 Corpus à l’étude

Le mémoire analyse un corpus d’articles publiés dans la presse québécoise qui ont été

recensés à l’aide de la banque de données Eureka.cc. Nous avons sélectionné tous les

articles publiés dans les quotidiens choisis et faisant référence aux termes « commission

d’enquête » et étant directement liés à la commission d’enquête sur l’industrie de la

construction. Ceci représente 552 articles différents. L’analyse de contenu a été réalisée sur

un échantillon aléatoire de 275 articles (53% de l’ensemble des textes recensés dans la base

de données). Chacun des articles choisis aléatoirement représente une unité d’analyse dans

le cadre de cette recherche et a été analysé individuellement à l’aide d’une grille d’analyse

de contenu déductive (voir Annexe A) permettant de relever le cadre dominant de

couverture de chacun. Les articles dans Le Journal de Montréal représentent 20,5% de tous

les articles recensés, La Presse, 43,6% et Le Devoir, 35,8%.

Nous avons étudié 136 articles d’opinion (49,5 % de l’échantillon) et 139 textes de

nouvelle (50,5 % de l’échantillon). La répartition des articles entre les trois journaux est la

suivante : Le Journal de Montréal, 54 articles pour 19,6 % du corpus étudié, La Presse, 117

articles pour 42,5 % du corpus étudié et Le Devoir, 104 articles pour 37,8 % du corpus

étudié.

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4.1.1 Période étudiée

La période du 5 mars 2009 au 22 mai 2012 a été privilégiée puisqu’elle représente le

moment de la diffusion des premiers reportages révélant certaines allégations de corruption

et de collusion dans le monde syndical et de la construction jusqu’à la première journée des

travaux de la Commission d’enquête chargée de faire la lumière sur ce milieu. Cette

période comprend l’ensemble des phases ayant mené à la formation de la commission

d’enquête sur l’industrie de la construction. Ce laps de temps permettra d’analyser les

temps forts du débat public, allant des premiers questionnements sur la corruption et la

collusion en passant par le débat politique qu’il a fait naître, ainsi que les négociations

publiques entre les différents acteurs qui ont menées à la mise en place de la première

mouture de la commission puis finalement à l’instauration de la Commission Charbonneau.

C’est également au cours de cette période que la question de la transparence dans la gestion

des affaires publiques a été abordée par la presse.

Le contexte politique et social présenté dans les médias ayant conduit à la création de la

Commission Charbonneau reflète bien l’ensemble du débat entourant l’intégrité et la

transparence dans la gestion des affaires publiques et dans l’attribution des contrats dans le

monde de la construction. Bien que le terme « transparence » ne soit pas toujours

directement utilisé par les politiciens ou les autres acteurs de la sphère publique pour parler

de cet enjeu, un lexique étendu de synonymes est souvent employé. On peut notamment

faire référence aux expressions « reddition de compte », « faire la lumière », « n’avoir rien

à cacher », « imputabilité » et « ramener la confiance ».

Il est normal que le vocabulaire entourant le concept soit diversifié, notamment en raison

des conventions de rédaction journalistiques et de la nécessité de recourir à des synonymes.

L’utilisation du terme « transparence », ou l’utilisation d’expressions relevant de ce même

esprit, se pose comme faisant partie de la solution proposée par les politiciens pour

remédier aux problématiques de corruption et de collusion. Ainsi, le débat sur la

transparence se retrouve au cœur même de l’enjeu de la création de la commission

d’enquête sur le monde de la construction puisqu’elle a été présentée, du moins par les

partis d’opposition et les journalistes, comme un outil qui permet l’atteinte d’une meilleure

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gestion publique de l’attribution de contrats publics et d’une façon de faire la lumière sur

ces allégations.

4.1.1.1 Période marquée par des vagues intensives de couverture journalistique

La période étudiée permet d’établir certains moments clés où la couverture médiatique du

processus de création d’une commission d’enquête sur le monde de la construction a été

plus intense. En effet, trois périodes ont été identifiées comme des moments charnières

dans la couverture journalistique de cet enjeu.

Octobre 2009

La première période correspond à la fin de l’année 2009, plus précisément le mois

d’octobre. Lors de ce mois, plusieurs éléments ont mis à l’avant-plan la nécessité pour le

gouvernement libéral de l’époque de mettre sur pied une commission d’enquête. En

premier lieu, la tenue d’élections municipales a fait en sorte de ramener dans les journaux

les problèmes de gestion à la ville de Montréal en plus de la mise en lumière du système

d’élections « clés en main » principalement dans la banlieue nord de la métropole. C’est

également au cours de cette période que Benoît Labonté, alors chef de l’opposition

officielle à la ville de Montréal, a fait une sortie publique pour dénoncer un système de

financement illégal et de pots-de-vin en lien avec le contrat d’installation des compteurs

d’eau par la ville duquel il avait bénéficié.

Au niveau provincial, c’est aussi au courant du mois d’octobre 2009 qu’ont fait surface les

premières allégations concernant la présence de certains ministres libéraux sur le bateau de

Tony Accurso. Ces révélations de la députée Sylvie Roy à l’Assemblée nationale ont remis

à l’ordre du jour la nécessité de faire la lumière sur les liens entre le Parti libéral du Québec

et certains entrepreneurs et le besoin sans cesse grandissant d’une commission d’enquête

sur toute cette industrie.

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Novembre 2010

La deuxième période de couverture importante au sein de notre corpus correspond au mois

de novembre 2010. La thématique de la transparence et les problèmes de corruption et de

collusion ont pris une place marquante dans l’actualité lors de cette période suite à la

parution de l’édition d’octobre 2010 du magazine anglophone Maclean’s intitulé Quebec :

The most corrupt province. Mettant en lumière plusieurs allégations de scandales à tous les

paliers de gouvernement, ce numéro a énormément fait parler dans les différents médias.

De plus, le mois de novembre 2010 est celui où une pétition demandant la démission du

premier ministre de l’époque, Jean Charest, a atteint de cap des 100 000 signatures en

moins de 48 heures. C’est également à ce moment que s’était tenu le congrès annuel du

PLQ où les militants avaient refusé de tenir un débat sur la nécessité d’une commission

d’enquête malgré la demande d’un membre. Au courant du mois de novembre 2010 Jean

Charest avait aussi dû faire face à une motion de censure déposée par le Parti québécois

pour dénoncer le refus du gouvernement Charest de mettre sur pied la commission

d’enquête.

Au mois de novembre 2010, la FTQ a aussi fait une volte-face spectaculaire. Le syndicat

s’opposait depuis plus d’un an à la tenue d’une telle enquête. Cependant, la pression des

membres se faisant trop forte, le président Michel Arsenault demanda au premier ministre

de mettre fin au climat de suspicion entourant le monde de la construction. La tenue d’une

commission d’enquête sur l’industrie de la construction était désormais nécessaire.

Automne 2011

Finalement la troisième grande période de couverture médiatique précédant la mise en

place de la Commission Charbonneau correspond à l’automne 2011. C’est lors de ces

quelques mois que les choses ont le plus avancé concernant la mise en place de la

commission d’enquête. En effet, le 16 septembre 2011, le rapport de l’Unité anticollusion

dirigée par Jacques Duchesneau est coulé dans certains médias. Dès lors, les demandes se

multiplient et la pression sur le gouvernement augmente de jour en jour.

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C’est ainsi que le 18 octobre 2011 Jean Charest annonce la tenue d’une commission

d’enquête aux pouvoirs limités sur l’industrie de la construction. Cette date correspond au

moment précis dans notre corpus où l’on retrouve le plus grand nombre d’articles écrits sur

le sujet. Cette forte attention médiatique s’étirera jusqu’au 9 novembre où le premier

ministre finira par céder et donnera tous les pouvoirs à la commissaire France Charbonneau

pour la tenue d’une commission d’enquête telle que définie au sens de la loi québécoise

(L.R.Q.,c.C-37).

4.1.2 Méthode d’analyse

Ce projet s’inspire des différentes techniques usuelles d’analyse de contenu médiatique.

Comme l’affirme Berelson : « l’analyse de contenu est une technique de recherche servant

à la description objective, systématique et quantitative du contenu manifeste des

communications » (dans Leray, 2008 : 5). Leray établit également dans son ouvrage la

pertinence de l’analyse de presse dans le contexte médiatique actuel. L’analyse de presse

est une méthode d’analyse de données tout à fait pertinente dans le cadre de cette recherche.

Cette technique d’analyse permet de répondre à un grand nombre d’interrogations, entre

autres sur les thématiques, les types de médias, l’intérêt des journalistes, l’orientation des

analyses et poids médiatique des divers enjeux.

L’analyse de contenu d’articles de presse « fournit un compte rendu objectif répondant à

toutes ces questions et à beaucoup d’autres, basé sur un ensemble de nouvelles diffusées

par des médias à propos d’une organisation ou d’un sujet déterminé pendant une période

donnée » (Chartier, 2003 : 21). Ainsi, cette technique permet de comprendre la signification

sociale des médias en plus de rendre compte des tendances observées dans les données.

L’analyse de contenu « intervient toujours après l’émission des messages [et] ne modifie

pas la situation observée » (de Bonville, 2000 : 15). De plus, contrairement à d’autres

techniques d’analyse de données, l’analyse de contenu de presse ne demande aucune

modification des données, mais uniquement une étude de celles-ci. On peut aussi affirmer

que l’analyse de contenu permet d’étudier une multitude de corpus différents ainsi qu’une

multitude de données.

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Contrairement à l’entrevue, aux groupes de discussion et aux sondages, l’analyse de

contenu se concentre sur des données qui existent déjà. Ainsi, elle projette une

représentation de la réalité sans en altérer le message au moment de la cueillette des

données. Également, l’analyse de contenu de presse « permet de mener des études portant

sur des sujets très différents, tout en étant applicables à n’importe quel type de contenu »

(Leray, 2008 : 12) contrairement à d’autres types d’études qui ne s’appliquent que

spécifiquement à un type de données. Cette technique en est une d’interprétation de

messages qui permet de s’attarder principalement aux détails, aux subtilités et aux patrons

tracés par ceux-ci (de Bonville, 2000).

Plusieurs études sur les cadrages ont en effet utilisé la méthode d’analyse de contenu de

presse comme principale technique de recherche ou comme une partie importante de leur

devis méthodologique. On peut, entre autres, penser à la recherche de Cappella et Jamieson

dans leur ouvrage Spiral of Cynicism (1997) qui utilisent cette technique, à celle de

Semetko et Valkenburg (2000) sur les contenus médiatiques télévisuels et de presse écrite

en Europe ou à l’analyse de Vreese et Boomgaarden (2003) sur la présence de différents

cadres stratégiques dans l’information européenne. Ces travaux démontrent l’intérêt de

l’utilisation de cette méthode d’analyse dans une telle recherche et permettent de

comprendre la présence des divers types de cadres dans les médias.

La grille de codification que nous avons développé pour étudier notre corpus d’article sert

précisément à relever les types de cadres qui dominent dans la couverture médiatique et

ainsi à comprendre le cadrage majoritaire utilisé dans la couverture de l’enjeu de la mise en

place d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur l’industrie de la construction et

la place qu’y occupe le concept de transparence. Pour la transparence, les références

directes au concept ont été prises en compte ainsi que les références à des termes connexes

(voir Annexe B). Le cadrage a été étudié selon le type de cadre dominant dans l’ensemble

de l’article. Comme l’affirment Esser, Stömbäck et de Vreese dans leur revue des

différentes études sur la cadrage, le recours à l’article comme unité d’analyse est la

méthode la plus courante: « using the full news story as the unit of analysis, which is the

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most widely used methodology and approach in research on news content » (2012 : 142).

De plus, le titre de l’article, sa date de parution ainsi que son type (nouvelle ou opinion) ont

été codés. Des extraits ont également été retirés du corpus pour illustrer tant le recours au

vocabulaire entourant la transparence que celui des différents types de cadres utilisés pour

couvrir l’enjeu.

Notre démarche est déductive et quantitative et devrait permettre de dégager certaines

tendances sur la présence ou l’absence de différents cadres de couverture. Puisqu’elle

regroupe des exemples de nos indicateurs de recherche, cette grille permet de repérer dans

les articles analysés le type de cadrage utilisé en plus de les illustrer à l’aide d’exemples

précis tirés de la couverture médiatique. Des phrases, expressions ou extraits tirés du corpus

serviront à illustrer qualitativement nos données quantitatives.

4.2 Opérationnalisation des variables et indicateurs

Notre mémoire tente de comprendre les liens entre la couverture médiatique (plus

précisément le cadrage de l’information) et la présentation de l’enjeu de la mise en place

d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les allégations de corruption et de

collusion ainsi que sur le débat sur la transparence qu’il a entraîné dans l’actualité politique

québécoise. Cette recherche veut saisir comment est majoritairement traité l’enjeu de la

mise en place d’une commission d’enquête dans un échantillon de l’actualité politique

québécoise tiré de trois quotidiens. De plus, nous essayons de voir comment le concept de

transparence a été présenté dans les médias. Cette relation constante entre le traitement

journalistique de l’enjeu et la compréhension qui en ressort une fois cadrée est au cœur de

la recherche.

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4.2.1 Le cadrage de type enjeu

Afin d’opérationnaliser les variables de nos hypothèses, nous nous appuyons sur des

recherches similaires ayant développé des indicateurs des deux types de cadrages utilisés

dans ce mémoire. Premièrement, pour ce qui est du cadrage centré sur l’enjeu, nous nous

inspirerons de la notion de issue frame utilisée dans l’étude de Strömbäck et Dimitrova

(2011) qu’ils présentent comme « public policy issues, problems, and solutions »,

« descriptions of politicians’ stance or statements about substantive policy issues »,

« general implications or impacts of legislation or proposed legislation for the public » et

« real-world problems, situations, or processes (i.e., reality) that explicitly or implicitly

have policy implications » (2011 : 45).

Dans le cadre de ce projet, nous recherchons donc le vocabulaire faisant référence à la

gestion des dossiers de politiques publiques, à la prise de décision, à la mise en place

d’actions claires et ayant un impact sur la vie en société. Toutes les références dans les

articles choisis à l’enjeu de la mise en place d’une commission d’enquête comme outil

démocratique, enjeu à débattre, réalité administrative à mettre en place ou encore comme

une considération importante dans le cadre de la gouvernance sont directement associées au

cadrage centré sur l’enjeu.

4.2.2 Le cadrage stratégique

Deuxièmement, en regroupant les concepts de game frame et de strategy frame, nous

mobilisons les indicateurs de la couverture stratégique de manière large que de Vreese et

Semetko ont utilisé en s’inspirant eux-mêmes de Cappella et Jamieson (1997) et de leur

conception dans le cadre d’une campagne électorale: « emphasis of performance, style and

perception of the candidate; analysis of candidate actions as part of consolidation of

positions; and language of wars, games, and competitions » (2002 : 623). Semetko et

Valkenburg ont également étudié la présence de cadrages stratégiques, qu’ils appellent le

cadrage de conflit et affirment que: « discussion in the news between political elites often

reduce complexe substantive political debate to overly simplistic conflict » (2000 : 95). Ils

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les ont retrouvés dans le corpus de leur étude à l’aide d’une seule question : « Does the

article reflect disagreement between parties/individuals/groups? » Aalberg et al. ont aussi

décrit le concept de cadrage stratégique comme « the journalistic focus on a candidate or a

party’s motives for taking a particular policy stand » (2011 : 168). de Vreese en parle, quant

à lui, comme des« news stories that are centered around interpretation of candidates’ or

parties’ motives for actions and positions; their strategies and tactics for achieving political

or policy goals; how they campaign; and choices regarding leadership and integrity,

including personal traits » (dans Esser et Strömbäck, 2014: 146-147).

Ainsi, pour relever les cadres stratégiques, nous recherchons toute mention référant aux

métaphores sportives, de guerre, de jeu, aux stratégies et motivations des acteurs, aux jeux

de coulisses, aux intentions des acteurs, aux manigances, à l’obtention de bénéfices, à la

personnalisation ainsi qu’au vocabulaire d’opposition par exemple : « adversaire »,

« opposant », « rival », « compétiteur ». Les autres concepts connexes à celui de l’enjeu de

la mise en place d’une commission d’enquête comme outil des jeux partisans, comme

stratégie politique utilisée par un parti, comme argument pour prouver que l’on n’a rien à

cacher ou encore comme façon de paraître bon joueur dans la joute politique sont

directement codés comme des expressions de cadrage centré sur les stratégies politiques.

C’est cette dénomination qui a été choisie puisqu’elle permettra, à la suite de l’analyse de

contenu, de comprendre quel type d’intérêt a prédominé pour les journalistes dans la

couverture de la mise en place d’une commission d’enquête sur les allusions de corruption

et de collusion dans l’industrie de la construction. Ainsi, ces indicateurs permettent de

comprendre si la mise en place de la commission a été comprise comme un enjeu réel avec

un contenu politique et social important ou si elle a été perçue comme un enjeu de surface

duquel toutes considérations de gouvernance ont été évacuées. Ces deux catégories ont été

retenues puisqu’en plus d’avoir été utilisée précédemment dans la littérature, elles nous

semblent bien représenter cette coexistence dans la couverture politique canadienne d’un

traitement stratégique en surface et d’une couverture approfondie des grands enjeux

sociétaux.

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Si les deux types de cadres se retrouvent dans un des articles étudiés, celui dont la présence

est majoritaire (nombre de mentions, prégnance des citations, angle général de l’article) est

alors sélectionné.

4.2.3 Le débat sur la transparence dans la gouvernance

Tout d’abord, nous avons choisi d’aborder le débat sur la transparence dans la gouvernance

en distinguant les références directes au concept et les expressions connexes utilisées. Nous

souhaitons ainsi établir une distinction entre le recours direct à l’expression et le recours à

des synonymes pour aborder une même thématique. Ainsi, le recours direct à la thématique

démontre une volonté d’aborder le débat de front alors que le recours à des synonymes ou

expressions connexes démontre tout de même l’importance de la thématique, mais ne la

présente pas comme enjeu central du débat.

Le débat sur la transparence a été analysé dans ce mémoire selon deux angles qui

représentent les axes selon lesquels le concept a été présenté dans les médias dans le cadre

du débat sur la corruption et la collusion dans l’industrie de la construction. Le premier est

celui des bénéfices associés à la volonté du gouvernement de faire preuve de plus de

transparence. En effet, cet angle permet de mettre en lumière la façon dont le parti au

pouvoir fait référence au concept de transparence en plus d’en faire ressortir les avantages

et les gains. On peut donc ici penser au recours à des expressions comme « avoir accès à

toutes les informations », « faire le ménage » et « faire la lumière ».

Le deuxième angle est celui des inconvénients associés à un manque de transparence.

Principalement employé par les partis d’opposition, les syndicats et les groupes de la

société civile, l’emploi de cet angle met de l’avant les conséquences démocratiques et

sociales de l’absence de volonté du gouvernement d’être plus transparent. On le retrouve

notamment dans des expressions comme : « avoir quelque chose à cacher », « mettre fin au

climat de suspicion » et « retrouver la confiance du public ».

De plus, dans l’analyse du concept de transparence, il sera intéressant de cerner les enjeux

concurrents traités dans la couverture de la mise en place de la commission d’enquête sur le

Page 52: Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

40

monde de la construction. Puisque le climat politique et social entourant la création de cette

commission était bouillant, plusieurs dossiers connexes ont fait la manchette des grands

quotidiens de la province. Notamment, on peut se demander quelle a été l'influence des

débats entourant la corruption et la collusion dans le monde de la construction, le

financement des partis politiques, les relations entre les élus et le milieu des affaires, le rôle

des syndicats ainsi que leurs affiliations avec les réseaux criminalisés. Ces enjeux ont été

abordés entre 2009 et 2012 et il sera intéressant de comprendre comment ils ont influencé

le débat par rapport à la thématique de la transparence.

Théoriquement, il est difficile de cerner une seule façon d’étudier la présentation d’un enjeu

ou d’un concept. Nous avons effectué un choix théorique pour comprendre la thématique de

la transparence dans la politique québécoise. D’autres définitions du cadrage auraient pu

être mobilisées. Ainsi, bien que ce mémoire soit le premier exercice d’analyse du cadrage

médiatique québécois sur la création de la commission d’enquête sur l’industrie de la

construction, sa portée ne permet pas de tracer un portrait global des pratiques de cadrage

journalistique au Québec.

Page 53: Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

41

5. Résultats

5.1 Portrait général des données

L’analyse des 275 articles de notre échantillon permet de dégager des résultats pour chacun

des indicateurs définis préalablement dans la grille. Pour ce qui est du cadre de couverture

privilégié dans les textes, 155 articles (56,4 %) mettent de l’avant un cadre centré sur les

stratégies alors que 120 articles (43,6 %) mettent de l’avant un cadre qui privilégie les

enjeux. De plus, seulement 22 articles (8%) font référence directement au terme

«transparence» alors que 118 articles (42,9%) utilisent des expressions connexes (voir

Annexe B). Les 135 autres articles du corpus ne font aucune référence à la thématique de la

transparence. Ainsi, la moitié du récit journalistique ne fait pas référence à la thématique de

la transparence, mais se concentre, par exemple, sur les tergiversations ayant mené à la

commission d’enquête, les débats à l’Assemblée nationale sur l’industrie de la construction

ou encore sur les positions de différents acteurs de la société civile sur le gouvernement ou

ses actions.

Comme le révèlent les données présentées dans la Figure 1, les trois médias étudiés ont

privilégié des couvertures distinctes sur la question étudiée. Ainsi, 66% des 54 articles

étudiés, publiés dans Le Journal de Montréal, sont des articles d’opinion alors que l’autre

tiers comprend des reportages factuels. Pour La Presse, il s’agit du ratio inverse. Un peu

plus du tiers de la couverture est constitué d’articles d’opinion alors qu’un peu moins de

66 % sont des textes de nouvelles. Enfin, dans Le Devoir, la répartition légèrement plus

équilibrée des types d’articles est de 55 % de textes d’opinion et de 45 % d’articles de

nouvelles.

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42

Figure 1 : Répartition des articles selon le média et le type d’article (n=275)

Le type de cadre utilisé varie également d’un média à l’autre. Le Journal de Montréal et La

Presse ont privilégié un cadre de couverture centré sur les stratégies des acteurs, alors

qu’au quotidien Le Devoir, c’est plutôt un cadre misant sur les enjeux qui domine dans les

textes analysés.

Figure 2 : Répartition des articles selon le média et le type de cadre utilisé

(n=275)

67%

33%

Le Journal de

Montréal

(n=54)

37%

63%

La Presse

(n=117)

55%

45%

Le Devoir

(n=104)

Opinion

Nouvelle

74%

26%

Le Journal de

Montréal

(n=54)

46%

54%

Le Devoir

(n=104)

Centré sur les

stratégies

Centré sur

l'enjeu57%

43%

La Presse

(n=117)

Page 55: Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

43

La présence majoritaire du cadrage stratégique dans le corpus est marquée par un

vocabulaire fort qui met en valeur les reproches des partis d’opposition envers le

gouvernement et des références aux diverses stratégies politiques et électorales des partis

impliqués. Par exemple, la chroniqueuse du Devoir Lise Payette, en référence au Premier

ministre Jean Charest, avance qu’« il agit comme s'il préférait patauger dans le purin plutôt

que de trouver le courage de faire un vrai ménage » (Le Devoir, 27 novembre 2009)1. Le

correspondant parlementaire de La Presse Denis Lessard écrit quant à lui que « si le

premier ministre Charest n'a pas le courage de faire la lumière sur toutes les affaires de

corruption révélées au cours des derniers mois, "il doit démissionner " » (La Presse, 20 mai

2010).

Le cadrage centré sur l’enjeu de la mise en place d’une commission d’enquête quant à lui

est représenté par le débat d’idées entre les différents groupes politiques et de la société

civile. Cette intervention du bâtonnier du Québec sur la pertinence des pouvoirs accordés à

la première mouture de la commission d’enquête en octobre 2011, que rapportent les

journalistes Tommy Chouinard et Denis Lessard du quotidien La Presse, illustre bien ce

type de cadrage d’enjeu : « la commission Charbonneau a des pouvoirs trop restreints pour

faire toute la lumière sur la corruption et la collusion » (La Presse, 22 octobre 2011).

Le croisement du type d’article selon le cadre privilégié permet de relever un portrait plus

parlant de la couverture consacrée à la création de la commission d’enquête. On remarque

ainsi que les articles d’opinion ont majoritairement été cadrés selon les stratégies dans un

ordre de plus de 60 % alors que la différence entre le recours aux deux types de cadres est

minime dans les articles de nouvelles (51 % pour le cadrage stratégique et 49 % pour le

cadrage d’enjeu).

1 Les passages des citations qui permettent de les associer aux deux types de cadres ainsi que les mots ou

expressions faisant référence à la thématique de la transparence seront mis en exergue dans le texte à l’aide

d’un trait souligné. Ils nous permettront de mieux illustrer le propos en plus de permettre au lecteur de

comprendre le type de vocabulaire qui a été utilisé au cours du codage du corpus.

Page 56: Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

44

Tableau 1 : Répartition des articles selon le type d’articles et le type de

cadrage utilisé

Type de cadrage utilisé

Total

Centré sur les

stratégies Centré sur l'enjeu

Type d'article Opinion

%

84

61,8 %

52

38,2 %

136

49,5 %

Nouvelle

%

71

51,1 %

68

48,9 %

139

50,5 %

Total

%

155

100 %

120

100 %

275

100 %

(n=275)

5.2 Transparence

Les références au terme « transparence » sont peu nombreuses et réparties de manière

assez uniforme entre Le Journal de Montréal, La Presse et Le Devoir, avec respectivement

7,4 %, 9,4 % et 6,7 % d’occurrences. Cependant, la répartition des occurrences faisant

référence à des expressions connexes est un peu plus différenciée soit 35 % d’occurrences

pour Le Journal de Montréal, 42,7 % pour La Presse et 47 % pour Le Devoir.

De plus, en comparant les occurrences référant directement au terme « transparence » avec

les références utilisant des expressions connexes, on observe que le recours à des

synonymes se fait principalement dans des articles où on ne retrouve pas de référence

directe au concept. Néanmoins, près de 70 % des articles qui recourent directement au

terme « transparence » font aussi recours à des expressions connexes. Plus de 85 % des

références à des synonymes sont faites également sans référence directe au concept de

transparence. Un peu plus de la moitié des articles analysés ne font référence ni

directement ni indirectement au terme « transparence », mais plutôt à l’enjeu de la mise en

place d’une commission d’enquête sur l’industrie de la construction. Il est intéressant de

voir qu’une majorité des articles recensés ne parlent pas de la thématique de la

transparence malgré la place que celle-ci a prise dans l’actualité politique québécoise au

cours des dernières années. On peut donc croire qu’il n’y a pas réellement eu de débat sur

Page 57: Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

45

la transparence et l’intégrité dans la gouvernance, contrairement à ce que l’on pouvait

anticiper.

Tableau 2 : Répartition des articles selon le média et la référence

directe au terme « transparence »

Référence directe au terme

« transparence »

Total Oui Non

Média Le Journal de Montréal

%

4

7,4 %

50

92,6 %

54

100 %

La Presse

%

11

9,4 %

106

90,6 %

117

100 %

Le Devoir

%

7

6,7 %

97

93,3 %

104

100 %

Total

%

22

8 %

253

92 %

275

100 %

(n=275)

Tableau 3 : Répartition des articles selon le média et la référence à des

expressions connexes à « transparence »

Référence à des expressions connexes à

« transparence »

Total Oui Non

Média Le Journal de Montréal

%

19

35,2 %

35

64,8 %

54

100 %

La Presse

%

50

42,7 %

67

57,3 %

117

100 %

Le Devoir

%

49

47,1 %

55

52,9 %

104

100 %

Total

%

118

42,9 %

157

57,1 %

275

100 %

(n=275)

Page 58: Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

46

5.2.1 Type d’articles

La Figure 3 présente les données qui mettent en relation le type d’article à la thématique de

la transparence. Ainsi, une faible majorité des textes qui y sont consacrés sont des nouvelles

(51%). La Figure 4, qui relève les références directes et indirectes à l’enjeu de la

transparence, présente des proportions similaires, soit 41% de références directes au

vocable « transparence » dans les articles d’opinion et 59% dans les articles de nouvelles

analysés. Les expressions synonymes quant à elles sont utilisées dans les textes d’opinion

dans une proportion de 47,5% et dans les articles de nouvelles dans 52,5% des cas.

Figure 3 : Répartition des articles selon le type d’article et les références à la

thématique de la transparence (n=275)

59

47,6%

77

51%

65

52,4%

74

49%

Opinion Nouvelle

No

mb

re d

'occ

urr

en

ces

Référence à la thématique de la

transparence

Pas de référence à la thématique

de la transparence

Page 59: Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

47

Figure 4 : Répartition des articles selon le type d’article et les références

directes ou indirectes à la transparence

5.2.2 Type de cadrage

Le croisement du type de cadrage utilisé avec les références à la thématique de la

transparence révèle que près de 60% des articles étudiés qui réfèrent au thème de la

transparence sont cadrés majoritairement selon les stratégies des acteurs. À l’opposé, ce

sont un peu plus de 40% des textes consacrés à la thématique qui la cadrent autour de

l’enjeu de la mise en place de la commission d’enquête sur l’industrie de la construction.

9

(40,9%)

13

(59,1%)

56

(47,5%)

62

(52,5%)

Opinion Nouvelle

No

bre

d'o

ccu

rren

ces

Référence directe à la

transparenceRéférence indirecte à la

transpanrence

Page 60: Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

48

Figure 5 : Répartition des articles selon le type de cadrage utilisé et la

référence à la thématique de la transparence (n=275)

La présence majoritaire du cadrage stratégique dans l’échantillon s’exprime de différentes

manières. D’une part, le refus initial de la mise sur pied d’une commission d’enquête par le

gouvernement de l’époque a été interprétée, par d’autres acteurs politiques, principalement

de l’opposition, ainsi que par certains chroniqueurs et éditorialistes, comme une stratégie

visant à se protéger et à protéger le Parti libéral du Québec, qui était au pouvoir. Cette

citation du quotidien Le Devoir en est un bon exemple :

C'est parce que certains libéraux notoires risqueraient de se retrouver au banc des accusés que

le gouvernement Charest refuse « obstinément » de déclencher une enquête publique sur

l'industrie de la construction, a soutenu hier le député de Québec solidaire, Amir Khadir (A.

Robitaille, Le Devoir, 17 octobre 2009)

Par contre, une forte proportion d’articles ont recours à un cadrage d’enjeu pour présenter

le débat sur la transparence. Par exemple, le cri du cœur de la mairesse de l’arrondissement

de Rivière-des-Prairies-Pointes-aux-Trembles à Montréal, en octobre 2011, a donné lieu à

un article cadré selon l’enjeu: « Dans une lettre envoyée vendredi à Jean Charest, la

mairesse demande au gouvernement de resserrer le cadre législatif de l'attribution de

contrats municipaux et insiste sur l'urgence de déclencher une commission d'enquête

publique sur le milieu de la construction » (D. Cameron, La Presse, 11 octobre 2011).

74(47,7%)

50(41,7%)

81(52,3%)

70(58,3%)

Centré sur les stratégies Centré sur l'enjeu

No

mb

re d

'occ

urr

en

ces

Référence à la thématique de latransparence

Pas de référence à lathématique de la transparence

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49

Les données tirées de l’analyse des 275 articles nous permettent d’établir certaines

tendances et de répondre à notre question de recherche. Ces chiffres contribuent à tracer un

portrait détaillé de cette période active de couverture médiatique au Québec en lien avec le

débat sur la transparence et la mise en place de la commission d’enquête sur l’industrie de

la construction.

5.2.3 Expressions connexes

En observant que la majorité des références à la transparence se fait par le biais

d’expressions connexes et de synonymes, on peut se demander quels termes ou expressions

sont les plus utilisés. Ce sont en fait plus de 165 références différentes à des expressions

associées à la notion de transparence qui ont pu être recensées dans 125 articles. En effet,

certains articles contenaient plus d’une référence à un terme connexe. Comme le démontre

la Figure 6, l’expression la plus utilisée, avec près du quart des occurrences, est « faire la

lumière ». Ensuite, on retrouve les expressions « faire le ménage » (réfère à la volonté du

gouvernement de rejeter toutes les pratiques ambigües pour laisser place à des pratiques

transparentes et libres de tout soupçons) avec 18,2 % des occurrences et « retrouver la

confiance du public » avec 13,3 % des occurrences. On retrouve aussi une quarantaine

d’autres expressions et mots que l’on retrouve entre 6 fois et une fois, soit entre 3,6 et

0,6 %. Par exemple, on retrouve des expressions comme « avoir quelque chose à cacher »,

« calmer le jeu », « étaler au grand jour » et « décortiquer cette nébuleuse ».

Pour ce qui est des références directes au terme « transparence », ce sont plus de 93 % des

occurrences qui sont au mot « transparence » alors que les presque 7 % restant utilisent les

adjectifs « transparent » ou « transparente ».

Page 62: Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

50

Figure 6 : Répartition des expressions connexes utilisées pour faire référence à

la transparence (n=165)

5.2.4 Thématique de la transparence

Une fois la distinction entre « transparence » et ses expressions connexes établie, il est

préférable de les regrouper pour comprendre l’impact du débat sur la transparence dans la

couverture médiatique étudiée. En effet, l’utilisation du terme « transparence » et de ses

expressions connexes réfèrent à la même thématique. Comme le démontre cette citation

tirée d’un article de septembre 2009, les deux expressions font référence au même concept :

« Mais pour qu'un grand ménage soit fait à l'hôtel de ville, on n’a pas besoin d'attendre une

commission d'enquête. Il faut un système beaucoup plus transparent et beaucoup plus

ouvert à la concurrence » (Y. Boisvert, La Presse, 25 septembre 2009).

0%

10%

20%

30%Faire la lumière (23%)

Faire le ménage (18,2%)

Retrouver la confiance du

public (13,3%)

Crise de confiance (perte

de confiance) (3,6%)

Avoir quelque chose à

cacher (3%)

Aller au fond des choses

(3%)Le droit à la vérité (3%)

Assainir (3%)

Exposer le système (2,4%)

Venir au bout de l'omertà

(loi du silence) (2,4%)

Autres (une référence par

autre expression) (25,2%)

Page 63: Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

51

Ce sont 125 articles différents qui font de manière simultanée, directement ou

indirectement, référence au terme de transparence, ce qui représente 45,1 % de

l’échantillon. La citation suivante, en plus de souligner trois mentions distinctes au thème

de la transparence, démontre que le recours à des références directes et indirectes dans

même texte est fréquente dans l’échantillon : « les gens ont droit à la transparence, et la

seule façon, c'est par le biais d'une commission d'enquête. Pourquoi refuser à la population

ce droit à la vérité, ce droit à la transparence?" » (M. Hébert, Journal de Montréal, 23

octobre 2009). Il devient plus facile de comprendre l’impact du débat sur la transparence en

regroupant en un seul indicateur les références directes et indirectes à la transparence. Les

journalistes utilisent différents mots et expressions pour parler d’une même réalité. Ainsi, le

fait de regrouper toutes ces occurrences sous une même thématique nous permet d’établir

un portrait plus global et réaliste de la manière dont le débat a été traité.

5.2.5 Type de transparence

La thématique de la transparence, comme il a été établi dans la définition du concept, peut

être cadrée de deux manières distinctes. Dans le cadre de cette recherche, nous avons tenté

de comprendre quels angles ont été les plus utilisés pour parler de transparence : la volonté

de transparence du parti au pouvoir ou encore le manque de volonté signifié par les

différentes oppositions. Les données présentées à la Figure 7 révèlent qu’une très forte

majorité des articles qui traitent de la thématique de la transparence, soit 80,8 %, la

présentent sous l’angle du manque de volonté du gouvernement.

Figure 7 : Répartition des références aux deux angles de transparence (n=125)

81%

19%

Manque de volonté de

transparence signifié par les

différentes oppositions

Page 64: Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

52

Les mentions faites au manque de volonté du gouvernement se font sous deux grandes

catégories d’arguments. La première est celle de la menace pour la qualité de la vie

démocratique qu’amène un manque de transparence. Cette citation d’Éric Forest, ancien

président de l’Union des municipalités du Québec, tirée d’un texte de la journaliste du

Devoir Isabelle Porter illustre bien cette stratégie de couverture : « Si ça prend une enquête

sur la construction, qu'on le fasse pour consolider nos institutions parce qu'il en va de

l'avenir démocratique du Québec » (I. Porter, Le Devoir, 5 mai 2011).

La seconde catégorie d’arguments invoqués pour présenter le manque de transparence est

celle des reproches qu’adressent les partis d’opposition au gouvernement face à son

manque de volonté d’agir. Ces extraits de la couverture de Le Devoir et de Le Journal de

Montréal l’illustrent bien :

« L'opposition accuse le gouvernement Charest de manquer de volonté dans le grand

ménage qui s'impose, lui reprochant de se faire complice du crime organisé. » (B.

Descôteaux, Le Devoir, 12 novembre 2010).

« Il n'y a pas de volonté politique d'aller au fond des choses, jette-t-il. Nous continuerons

donc de baigner dans le même climat de suspicion, d'allégations et de chasse aux sorcières

des deux dernières années » (J. J. Samson, Journal de Montréal, 1er février 2011).

La volonté de transparence du gouvernement a été très peu abordée dans la couverture

médiatique analysée. De très rares articles mentionnent clairement l’intention du

gouvernement Charest d’être plus transparent. Les extraits suivants permettent toutefois de

comprendre comment les journalistes ont rapporté les initiatives du Parti libéral pour faire

preuve de plus de transparence. Ainsi, Yves Boisvert de La Presse cite dans sa chronique

Jean Charest qui avance que « Le rapport fait partie de plusieurs mesures qui visent à faire

le ménage sur l'ensemble des allégations qui ont été portées à notre attention » (Y. Boisvert,

La Presse, 17 septembre 2011). Il est à noter que cet angle plutôt positif pour le

gouvernement a principalement été utilisé à partir de l’annonce de la mise en place de la

commission d’enquête sur l’industrie de la construction à l’automne 2011.

Page 65: Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

53

Les références à la thématique de la transparence sous la forme du manque de volonté du

gouvernement sont assimilables à la présence majoritaire de cadres stratégiques. En effet,

l’utilisation de ce vocabulaire associé aux cadres stratégiques, soit des références aux

motivations et aux intentions des acteurs, à l’obtention de bénéfices et d’intérêts politiques

est tout à fait semblable à la présentation du manque de volonté du gouvernement par les

membres des différents partis d’oppositions. Il paraît logique de voir que ce type de cadre

priorisé dans la couverture de la thématique de la transparence, surtout lorsqu’elle est

présentée comme étant limitée dans l’exercice de la gouvernance.

5.3 Vérification des hypothèses

L’hypothèse H1 affirmait que le cadre centré sur les stratégies des acteurs allait être

majoritaire par rapport au cadre qui privilégie la thématique de la transparence dans le

corpus d’articles entourant l’enjeu de la création de la commission d’enquête sur l’industrie

de la construction. À l’aune des résultats obtenus lors de l’étude du corpus, il semble que

cette première hypothèse soit validée. En effet, plus de 56 % des textes analysés

privilégient un cadrage stratégique.

Notre analyse révèle également que bien qu’une proportion importante d’articles utilise un

cadrage d’enjeu, ce sont tout de même les articles cadrés sur les stratégies qui regroupent le

plus grand nombre de références directes ou indirectes au concept de « transparence ». On

retrouve respectivement 68% et 60 % des occurrences du terme « transparence » ou de ses

expressions connexes dans des articles où le cadrage est centré sur les stratégies plutôt que

les enjeux. Dans ce cas, il semble que H1 se confirme puisqu’une majorité des articles

publiés au cours de cette période sont cadrés sur les stratégies politiques et que le débat

entourant la nécessité de transparence par la mise en place d’une commission d’enquête a

été traité stratégiquement par les journaux étudiés. Nous avons toutefois mené un test T

d’hypothèse sur l’échantillon afin d’évaluer si l’écart de proportions relevé dans

l’échantillon nulle étudié est statistiquement significatif et permet de confirmer notre

hypothèse de recherche. Le test statistique permet en effet de rejeter l’hypothèse nulle

Page 66: Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

54

(p=0,046) et d’affirmer que la différence entre les proportions est significative. Ainsi, H1

paraît être confirmée par notre analyse.

Tableau 4 : Analyse et résultats statistiques (test T) de l’hypothèse 1

Valeur

N total 275

Statistique de test 120,000

Erreur standard 8,142

Statistique de test normalisé -1,999

Sig. asymptotique (test des deux côtés) ,046

N d'observations valides 275

La vérification de la seconde hypothèse est toutefois moins tranchée. Cette hypothèse

posait que le type de cadre de couverture dominant des articles d’opinion serait stratégique

alors que les articles de nouvelles allaient être plus centrés sur une couverture de type

enjeu. Au regard des résultats obtenus lors de l’analyse de contenu, il semble que notre

seconde hypothèse ne se confirme qu’en partie. Si 62 % des articles d’opinion sont

majoritairement centrés sur les stratégies – ce qui semble confirmer l’hypothèse - les

données révèlent également que 51 % des articles de nouvelles sont aussi cadrés selon les

stratégies. Nous avons réalisé un test de Khi carré afin de vérifier si ces différences de

proportions relevées dans notre échantillon sont statistiquement significatives. Le test (p =

0,074) ne nous permet cependant pas de rejeter l’hypothèse nulle et ne pouvons donc pas

confirmer notre deuxième hypothèse de recherche.

Page 67: Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

55

Tableau 5 : Analyse et résultats statistiques (tests du Khi carré) de

l’hypothèse 2

Valeur

Degré de

liberté

Sig. approx.

(bilatérale)

Sig. exacte

(bilatérale)

Sig. exacte

(unilatérale)

Khi carré de

Pearson

3,191a 1 ,074

Correction pour

continuitéb

2,772 1 ,096

Rapport de

vraisemblance

3,199 1 ,074

Test exact de

Fisher

,089 ,048

Association

linéaire par

linéaire

3,180 1 ,075

N d'observations

valides

275

Enfin, notre troisième hypothèse posait que la couverture médiatique allait privilégier la

mise en avant du manque de volonté du gouvernement dans les articles faisant référence à

la thématique de la transparence. Nos données indiquent que près de 81 % des références

des journalistes à la thématique établissent un manque de volonté de la part du

gouvernement à agir en faveur d’une transparence accrue dans la gouvernance. Seules 19 %

des références faites à la thématique de la transparence traite de la volonté gouvernementale

de faire la lumière sur les nombreux scandales et allégations de corruption et de collusion

dans le domaine de la construction. Ces différences vont dans le sens de notre troisième

hypothèse. Afin d’en valider la portée, nous avons néanmoins mené un test T d’hypothèse

sur l’échantillon. L’exercice (p=5.695e-12) permet de rejeter l’hypothèse nulle et de

confirmer H3.

Page 68: Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie · exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20). Par ailleurs, au cours des

56

Tableau 6 : Analyse et résultats statistiques (test T) de l’hypothèse 3

Valeur

N total 125

Statistique de test 2,000

Erreur standard 3,3438

Statistique de test normalisé -10,991

Sig. asymptotique (test des deux côtés) 5.695e-12

N d'observations valides 125

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57

6. Réflexions

6.1 Le journalisme politique au Québec

L’enjeu de la mise en place de la commission d’enquête sur l’industrie de la construction a

été fortement couvert par les trois principaux journaux québécois. La couverture de cet

enjeu s’est déroulée sur 1174 jours, soit plus de trois ans, et a généré un total de 550

articles. Selon Influence communication, l’annonce de la mise en place d’une commission

d’enquête sur l’industrie de la construction s’est retrouvé au premier rang des nouvelles les

plus couvertes dans la politique québécoise en 2011 avec 5,08% de toute l’attention

médiatique portée sur elle (Influence communication, 2011 : 69). À titre comparatif, la

commission Gomery sur le scandale des commandites au niveau fédéral a reçu 5,32% de

l’attention médiatique en 2005 (Influence communication, 2005: 1) alors que la

Commission Bouchard-Taylor a reçu 5,78% de l’attention des médias en 2008 (Influence

communication, 2008 : 55). En plus d’être un enjeu majeur des dernières années dans

l’actualité politique québécoise, la Commission Charbonneau permet de comprendre un peu

mieux les dynamiques journalistiques des trois grands quotidiens québécois.

Ainsi, les données sur le type de cadre privilégié dans chaque quotidien révèlent que le type

de journal influence la manière dont l’enjeu est présenté. Le Journal de Montréal, considéré

comme le média plus « populaire » par Charron et de Bonville (2002) et que le journaliste

Louis Cornellier caractérise dans son essai Lire le Québec au quotidien (2013) de

« quotidien fourre-tout », trace un portrait très grandement influencé par les stratégies et les

jeux politiques. Le quotidien La Presse, que Cornellier présente comme un « quotidien

polyvalent » avec un large public fidèle et qui met « souvent ses immenses moyens au

service d’une information de qualité » (p. 94) et que Charron et de Bonville décrivent

comme « quotidien grand public », cadre aussi majoritairement sa couverture de manière

stratégique, mais en conservant une certaine portion de son contenu centré sur l’enjeu.

Finalement, Le Devoir, le média de référence décrit par Charron et de Bonville comme

« journal " sérieux " » et par Cornellier comme indépendant d’esprit, parfois perçu comme

difficile d’accès puisqu’il se pose comme défenseur de l’intérêt public au détriment des

faits divers et du sensationnalisme. Il est perçu par le public comme un journal intellectuel

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puisqu’il s’adresse principalement à un public plus scolarisé en mettant l’accent de sa

couverture sur l’enjeu, tout en réservant une partie importante de son contenu aux stratégies

politiques.

La production scientifique antérieure indique que la présence majoritaire de cadrage

stratégique est souvent associée à un enjeu polarisant non seulement pour les politiciens,

mais également pour les publics des différents médias. Dès 1997, Cappella et Jamieson

affirmaient que le cadrage stratégique s’impose comme une nouvelle norme en

journalisme aux États-Unis, principalement dans la couverture de la politique du Congrès:

« [s]trategy coverage is not just an aspect of media coverage or politics but is becoming the

dominant mode of coverage » (inspiré de Patterson (1993) dans Cappella et Jamieson,

1996: 74).

Cependant, l’enjeu de la mise en place d’une commission d’enquête sur l’industrie de la

construction a été âprement débattu entre les politiciens des différents partis. De plus,

l’opinion publique appuyait largement la création d’une commission d’enquête. En 2010,

selon un sondage Léger Marketing-Le Devoir, 78% des Québécois réclamaient une

commission d’enquête. Un an plus tard, en septembre 2011, selon un autre sondage Léger

Marketing cette fois pour le compte de l’Agence QMI, 77% de la population réclame

toujours la mise en place d’une commission d’enquête. L’importance que prenait le débat

dans l’espace politique s’est transposée au sein de la société québécoise. Ainsi, le fait que

le cadrage stratégique domine dans l’échantillon étudié est probablement attribuable à la

fois à l’entêtement du PLQ à ne pas mettre en place une commission, aux demandes

répétées du PQ, de l’ADQ et de la CAQ et à la pression de l’opinion publique, qui

s’exprimait par différents sondages, en faveur de la création d’une telle commission.

La présence de plus en plus importante du cadrage stratégique est certainement le reflet de

nombreux changements dans les pratiques journalistiques politiques au Québec. Aalberg et

ses collègues, inspirés par Fallows (1997) notent que « not only does the strategic game

frame allow journalists to more easily produce stories on deadline, this approach also

demands fewer resources than research into the substance of complex public policy

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debates » (2011 : 164). Ainsi, l’accélération du rythme de production de la nouvelle liée à

l’apparition des chaînes d’information continue et à l’utilisation des plateformes

numériques, dont les médias sociaux, fait que « strategic news dominates American news

coverage of not only election campaigns, but also of policy issues » (De Vreese, 2003 : 30).

Ainsi, ce ne sont plus uniquement les périodes de campagnes électorales qui génèrent un

nombre important de nouvelles centrées sur les stratégies, mais également les débats

politiques de fond, notamment celui sur la transparence. Le Québec semble suivre cette

tendance.

Rinke et ses collaborateurs affirment également que « strategic game frames effectively

curtailed opportunities for speakers appearing in the news to engage with policy issues and

opposing positions, arguably doing little to inform spectators of the campaign process about

substantive disagreements between the competing parties and candidates » (2013 : 48).

Neuman et ses collègues présentent ainsi le recours aux cadres stratégiques et de conflit:

« the conflict frame referred to the journalistic practice of reporting stories of clashing

interpretation and it was found to fit well with news media’s “game interpretation of the

political world as an ongoing series of contests, each with a new set of winners and losers »

(1992: 64).

Cela nous permet de comprendre, à l’instar de de Vreese (2014), que l’usage dominant du

cadrage stratégique dans les médias est un indicateur de la médiatisation grandissante du

politique. En effet, la logique médiatique à laquelle les journalistes et les politiciens

obéissent désormais fait en sorte que « news media coverage reflects news media’s

professional, commercial or technological needs and interests, rather than the needs and

interests of political institutions and actors » (de Vreese dans Esser et Strömbäck, 2014 :

138). On peut aussi dire que la médiatisation de la sphère politique, entre autre par la

présence dominante des cadres stratégiques, est le reflet de la volonté des politiciens de

faire parler d’eux dans les médias en répondant désormais à la logique médiatique tout en

adaptant leurs comportements aux cadres et pratiques dominantes. « Political actors can

increase their influence through adapting to news media logic, while at the same time

confirming the influence of the media » (Esser et Strömbäck, 2014: 21). La volonté des

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journalistes de présenter l’histoire selon un angle stratégique, mais également la volonté des

politiciens à participer à ce genre de débat de personnalités et d’arguments plutôt que à se

concentrer sur la mise en valeur et l’explication d’enjeux sociétaux en seraient des

indicateurs.

Bien que la recherche sur la médiatisation se développe largement en Europe du Nord, il

semble que certaines des explications qui y sont avancées puissent s’appliquer également

aux transformations politiques et médiatiques que connaît le Québec. La communication

très centralisée des partis politiques, les actions stratégiques posées par l’entourage des

politiciens ainsi que la mise en scène constante de l’information ne sont que quelques

indicateurs de la place que prend aujourd’hui la médiatisation dans la sphère médiatique et

politique au Québec.

Certaines conclusions récentes de la recherche sur le journalisme politique québécois et

canadien permettent également de comprendre que toutes les normes et les règles qui

entourent le monde du journalisme sont en transformation. Marcotte et Bastien (2012)

posent que la modification des pratiques du journalisme est, entre autres, due à la

modification du modèle d’affaires des médias :

les normes démocratiques et les règles traditionnelles d’un journalisme de qualité

sont souvent en contradiction avec les lois du marché : ces normes et ces règles

exigent notamment des journalistes qu’ils couvrent des enjeux complexes et qu’ils

présentent des informations pertinentes pour la communauté dans son ensemble,

alors que la demande irait dans le sens d’histoires simples revêtant un intérêt direct

pour chacun des destinataires (Marcotte et Bastien, 2012 : 317)

Ils affirment également que la présence majoritaire du cadrage stratégique dans le monde

de l’information permet aux journalistes de se mettre en valeur. Ainsi, par une certaine

forme de personnalisation de l’information, tant dans la manière dont ils présentent un

enjeu que dans la manière dont ils commentent les faits, le cadrage stratégique « donne

davantage de visibilité aux journalistes et à leurs analyses, le journaliste a en quelque sorte

le champ libre pour se mettre de l’avant au travers du cadrage stratégique » (Marcotte et

Bastien, 2012 : 334).

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C’est principalement par les dynamiques de médiatisation que prennent place ces nouvelles

pratiques journalistiques. Comme l’affirme Strömbäck:

media logic can be taken to mean the dominance in societal processes of the

news values and the storytelling techniques the media make use of to take

advantage of their own medium and its format, and to be competitive in the

ongoing struggle to capture people’s attention. These storytelling techniques

include simplification, polarization, intensification, personalization [...],

visualization and stereotypization, and the framing of politics as a strategic

game or “horse race” (2008: 233).

Les règles de production de l’information influencent aussi la manière dont est cadré un

événement. En effet, la trame narrative des nouvelles, le « storytelling », fait en sorte

d’influencer la manière dont on cadrera un événement concernant un enjeu en particulier.

Ce mémoire révèle le cas de la confrontation politique dans le débat sur la mise en place

d’une commission d’enquête sur l’industrie de la construction. La médiatisation apporte

que ce ne sont pas seulement les journalistes qui sont responsables de la mise en place des

cadres dits stratégiques et de jeu. Les politiciens partagent cette responsabilité puisqu’ils se

tournent vers la logique médiatique en délaissant les pratiques traditionnelles de la logique

politique. La manière dont ils présentent leurs idées et leurs actions, tant dans leurs

communiqués de presse que dans la mise en scène de leurs actions politiques, facilite le

travail des journalistes de présenter la politique comme un jeu de confrontation (Lawrence,

2000). de Vreese va même affirmer que l’émergence, à la fois de la médiatisation et du

cadrage stratégique de l’information fait en sorte que :

frames in the news are the outcomes of how (elite) sources frame issues, how

journalists and news organisations select, possibly adopt or constrast these

frames, or renegotiate and reframe them into a frame following the logic of

journalism, the news organisation and the news genre (dans Esser et

Strömbäck, 2014: 148-149)

Ainsi, il semble que le journalisme et la politique au Québec s’inscrivent dans des logiques

de médiatisation. La présence majoritaire de cadrage stratégique tant dans les discours

journalistiques que politiques serait révélateur des modifications qu’apporte ce phénomène

ici et ailleurs.

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6.2 Le journalisme d’opinion et de chroniques au Québec

Une étude du Centre d’études sur les médias de l’Université Laval mené durant la

controverse entourant la charte des valeurs du Parti québécois entre 2013 et 2014, démontre

que le journalisme d’opinion et de chroniques au Québec prend de plus en plus de place.

Bien que, comme l’affirme Lemieux, les Québécois n’aiment pas « les chicanes », ils se

servent beaucoup des chroniques, éditoriaux et autres textes d’opinion pour alimenter leur

réflexion sur un enjeu. Il affirme également qu’« en l’absence d’une vision claire des

enjeux, d’un côté ou de l’autre, on ne retient de la couverture médiatique que les

affrontements, qu’on juge alors stériles et même angoissants » (Lemieux, 2014 : 12), ce qui

est tout à fait plausible dans le cadre d’une couverture dominée par la présence de cadres

stratégiques.

La présence majoritaire de cadres stratégiques dans les articles d’opinion sur la mise en

place d’une commission d’enquête sur l’industrie de la construction pourrait ainsi être

envisagée comme l’expression d’une volonté des chroniqueurs et éditorialistes de faire

ressortir diverses facettes de l’enjeu. De plus, Lemieux affirme que la présence de cadres

stratégiques peut être perçue comme une volonté des chroniqueurs « de déployer leurs

atouts et d’agrandir leur public de lecteurs. Les moments d’effervescence de l’actualité

locale seraient pour eux des moments bénis, qui leur procurent des sujets de chroniques à

répétition et où ils font le plein de lecteurs » (Lemieux, 2014 : 14).

Notre corpus comprend un nombre important de chroniqueurs vedettes dans le milieu de

l’information québécois, tels que Jean-Luc Mongrain et Richard Martineau dans Le Journal

de Montréal, Patrick Lagacé de La Presse, ou encore Denise Bombardier et Lise Payette au

quotidien Le Devoir. La personnalisation de l’information et de l’opinion et l’arrivée

massive de « commentateurs-vedettes », dont plusieurs sont d’anciens politiciens ou

proches des partis politiques, en faisant des spécialistes des coulisses du pouvoir et des

questions de stratégies, pourrait certainement contribuer à cette compétition pour l’attention

des lecteurs en plus de mettre en exergue l’utilisation importante de cadres stratégiques par

les journalistes d’opinion.

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6.3 La transparence

La thématique de la transparence est abordée de plusieurs façons dans l’ensemble du

corpus. On y fait référence directement en utilisant le mot « transparence » ou de manière

indirecte par plusieurs mots et expressions qui abordent la thématique. Le fait que la

thématique de la transparence s’exprime par diverses expressions peut être en partie dû aux

impératifs de rédaction journalistique. En effet, les journalistes ont besoin d’avoir une

écriture intéressante, diversifiée et dynamique (Sormany, 2011) ce qui pourrait expliquer

pourquoi on parle ici de thématique de la transparence plutôt que de s’attarder aux

différences entre les recours directs ou indirects à des mots faisant référence à la

transparence.

L’utilisation d’expressions comme « faire le ménage », ou « faire la lumière », ou encore

l’utilisation de phrases « Comment le ministre croit-il qu'on va découvrir les pommes

pourries sans commission d'enquête? » (D. Lessard, La Presse, 17 mars 2010) sont des

exemples évocateurs du vocabulaire imagé et négatif auxquels les journalistes ont eu

recours dans la couverture de la création de la Commission Charbonneau. Sans utiliser

directement le mot « transparence », ils réfèrent à l’esprit du concept en proposant une

compréhension métaphorique pour éviter de perdre l’attention du public sur une thématique

complexe qui peut être interprétée différemment par les divers acteurs de la sphère

politique.

Comme l’indiquent plusieurs auteurs (de Vreese, 2005; Scheufele, 1999; Cappella et

Jamieson, 1997), le recours aux cadres centré sur les stratégies est un outil qui simplifie le

débat politique aux yeux du public. Ainsi, il n’est pas étonnant de constater que le recours

majoritaire au cadrage stratégique et le choix de vocabulaire à la fois simple et imagé pour

parler de la thématique de la transparence est présent dans notre corpus. Le type de cadrage

choisi, ainsi que le vocabulaire qui y est associé, sont des outils journalistiques qui

facilitent la compréhension d’un enjeu en plus de donner des pistes de réflexion aux

membres du public. On peut alors penser que le recours à un vocabulaire métaphorique et

diversifié entourant la thématique de la transparence reflète la volonté des journalistes, ou

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même de leurs entreprises de presse, de simplifier les enjeux pour attirer un plus large

public de lecteurs.

Il est également intéressant de noter que le débat entourant la thématique de la transparence

a majoritairement été présenté par les journaux québécois sous l’angle « anti-

gouvernemental ». En effet, 81% des références à cette thématique mettent de l’avant le

manque de volonté du gouvernement à faire preuve de plus de transparence, principalement

sous l’angle du reproche d’un parti d’opposition ou d’un membre de la société civile. Cette

façon de présenter le débat sur la thématique de la transparence concorde avec la vision de

Kepplinger et al. (2012) sur la manière dont sont présentés et cadrés les enjeux polarisants.

L’angle utilisé est plus souvent défavorable au gouvernement ou à la personnalité publique

au centre du débat. « Often, the media frame suggests that the public figure is guilty as

charged » (Kepplinger et al., 2012: 663). Ces auteurs affirment également qu’une grande

partie des cadres que l’on retrouve dans la couverture médiatique d’enjeux comme celui de

la mise en place d’une commission d’enquête sur l’industrie de la construction et du débat

sur la thématique de la transparence mettent l’accent sur les aspects négatifs, les reproches

ou l’inaction du parti ou de la personnalité publique au centre du débat.

Le type de vocabulaire et l’angle choisi pour couvrir une telle thématique tendent à

démontrer le parti pris très critique du monde des médias envers la classe politique. En

effet, les journalistes sont souvent présentés comme des vecteurs de la méfiance envers la

politique et des agrégateurs de cynisme par le ton de plus en plus critique qu’ils adoptent.

L’utilisation systématique de la logique médiatique, la plus grande place laissée à l’opinion,

le fait que les journalistes s’en remettent de plus en plus à leur rôle de chien de garde de la

démocratie contribueraient à l’établissement d’un cynisme structurel au sein de la

population (Côté, 2012 : 48-49). Comme l’affirment Nadeau et Giasson (2003 : 22) les

journalistes sont tenus en partie responsables de l’établissement d’une certaine méfiance

des électeurs envers les institutions démocratiques et de l’effritement du lien de confiance

entre les citoyens et les acteurs politiques. Cela serait principalement causé par la résistance

des acteurs du monde des médias à remettre en cause certaines de leurs pratiques qui

peuvent éventuellement s’avérer néfastes pour la démocratie. Les formes traditionnelles de

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journalisme et d’analyse utilisées dans le traitement d’une nouvelle ou d’un enjeu dévaluent

le processus politique en n’offrant qu’un seul angle d’interprétation centré sur les

motivations et les intentions des politiciens plutôt que sur l’ensemble des mécanismes qui

permettent d’y arriver.

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7. Limites de l’analyse

Ce mémoire comporte certaines limites. Premièrement, bien que le recours à la technique

de l’analyse de contenu permette de cerner les bases du discours médiatiques sur l’enjeu de

la mise en place d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les allégations de

corruption et de collusion, elle ne permet pas de relever l’ensemble des facteurs ayant

influencé le débat politique et social l’entourant. De plus, l’échantillon recensé pour cette

étude limite la possibilité de généraliser le phénomène étudié à l’ensemble des pratiques

médiatiques québécoises. Ainsi, d’une part, le fait que cette recherche soit restreinte à un

corpus limité au sein d’un espace médiatique circonscrit ne permet pas de comprendre

l’ensemble des causes et conséquences sociétales plus larges du débat présentées dans toute

l’industrie médiatique québécoise. D’autre part, le mémoire ne permet pas non plus de

généraliser ses constats à des contextes extérieurs à la province qui connaitraient un débat

sur un enjeu similaire. Il permet néanmoins de s’inspirer des pratiques extérieures pour

enclencher une réflexion.

Deuxièmement, notre recherche se limite précisément aux considérations de cadrage et de

pratiques médiatiques plutôt qu’à l’enjeu de la mise en place d’une commission d’enquête

ou au débat sur la transparence dans la gouvernance. Bien que nous tentions de comprendre

la place accordée à la thématique de la transparence ainsi que la façon dont elle a été

présentée dans les médias, l’analyse produite s’inscrit d’abord et avant tout dans une

démarche d’examen de la médiatisation d’un enjeu politique plutôt qu’à la compréhension

fine des répercussions de l’enjeu entourant la mise en place d’une commission d’enquête et

du débat sur la transparence dans l’espace public québécois.

Théoriquement, il est difficile de cerner une seule façon d’étudier le cadrage sur un enjeu

ou un concept. Nous avons effectué un choix théorique pour comprendre la médiatisation

de l’enjeu de la transparence dans la politique québécoise. D’autres définitions du cadrage

auraient pu être mobilisées. Ainsi, bien ce mémoire représente un premier pas dans l’étude

du recours aux cadres médiatiques d’enjeux et de stratégies dans la réalité médiatique

québécoise concernant la création de la commission d’enquête sur l’industrie de la

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construction, il ne trace toutefois pas un portrait global des pratiques de cadrage

journalistique au Québec.

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8. Conclusion

Notre étude tente de comprendre un peu mieux la production de l’information politique au

Québec liée à la couverture d’un enjeu à forte résonnance politique et sociale. Les

conclusions de ce mémoire mènent à des questionnements et réflexions plus larges sur la

qualité, la diversité et l’impact de l’information politique sur la formation de l’opinion des

citoyens en démocratie.

Cette recherche sert avant tout à mieux comprendre comment les enjeux politiques sont

présentés dans l’actualité québécoise. Entre l’utilisation des cadres stratégiques et des

cadres d’enjeux, on peut comprendre que la simplification de dossiers complexes est au

cœur de la pratique journalistique actuelle. La modification du type d’information, la

présence de plus en plus importante de l’opinion dans les médias et le cadrage stratégique

des enjeux politiques ne sont que quelques exemples de ces nouvelles pratiques. Le

journalisme politique québécois se rapproche donc des pratiques relevées aux États-Unis et

dans les démocraties européennes (Esser et Strömbäck, 2014).

L’objet de cette recherche n’est pas de comprendre l’effet des différents cadres utilisés par

les journalistes sur leurs publics. Néanmoins, ses conclusions nous amènent à nous

questionner sur l’effet de ces cadres sur les différents auditoires. Plusieurs autres études sur

le cadrage indiquent que les médias ont un effet sur la manière dont les gens comprennent

et vivent la politique. Comme le notent, entre autres, Cappella et Jamieson (1997), de

Vreese (2003) ou Rinke et ses collaborateurs (2013), le recours fréquent au cadrage

stratégique dans la couverture des enjeux politiques pourrait affecter négativement la

démocratie en contribuant à la montée de la méfiance et du cynisme envers les acteurs et les

institutions politiques dans la population.

Divers sondages et études québécoises démontrent également le déclin de la confiance des

Québécois envers leurs institutions politiques. Notamment, un sondage CROP réalisé en

collaboration avec la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions

parlementaires de l’Université Laval qui démontre que la satisfaction des citoyens à l’égard

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de leur démocratie a décliné de façon importante, passant de 68% en 2008, à 53% en 2011

et 55% en 2013 (CROP, 2013 :5). L’indice citoyen envers les des institutions politiques

québécoises à lui aussi diminué de 7 points entre 2008 et 2011. Certains penseurs québécois

ont posé un diagnostic sur cette crise de confiance envers les politiciens et la politique par

la fluctuation de la confiance envers l’action gouvernementale, les impressions envers

l’intégrité et l’éthique gouvernementale ainsi que la fragilité des contre-pouvoirs en place

dans les institutions québécoises (INM, 2010 ; 45-89). La période où ces sondages et

analyses ont été menés concorde avec le débat sur la transparence, l’éthique publique et la

confiance du public à l’égard de l’action gouvernementale ainsi que la mise en place de la

commission d’enquête sur l’industrie de la construction.

Certains auteurs comme Albaek et ses collaborateurs (2014) notent que le public n’est pas

le seul à être cynique envers la démocratie; les journalistes le sont également. En effet,

l’adoption de la logique médiatique par les politiciens, notamment par des mises en scène,

de la personnalisation ou encore par leur présence dans des émissions de divertissement

plutôt que dans des émissions d’information, expliquerait la montée du cynisme politique

dans la classe journalistique. Ces nouvelles pratiques sont motivées par la volonté des

politiciens d’obtenir de l’attention médiatique de même que la pression économique et

politique exercée sur la profession de journaliste. Elles se reflètent ensuite sur la perception

du public des politiciens et de la politique (Albaek et al., 2014 : 54). La plus grande

interdépendance entre journalistes et politiciens, l’arrivée de nouveaux médias ou la

modification de la manière de faire de l’information expliquent comment la relation

médias-politique s’est modifiée.

Le journalisme politique au Québec subit les mêmes forces transformatives. Les entreprises

médiatiques ont modifié la forme et le contenu de l’information politique (Marcotte et

Bastien, 2012). Ces transformations sont-elles l’œuvre d’une industrie en bouleversement

qui répond avant tout à des impératifs commerciaux ou peuvent-elles être plutôt assimilées

aux attentes et aux pressions des auditoires comprendre la politique présentée sous un

nouvel angle? Ces nouveaux dispositifs privilégieraient la production de nouvelles courtes,

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simples, cadrées selon les stratégies des acteurs ou les récits humains et sans grande mise

en contexte (Chacon, Giasson et Brin, 2015 : 35-36).

L’importance des changements apportés par l’émergence du concept de médiatisation au

détriment de la médiation est indéniable. Non seulement les entreprises de presse sont

aujourd’hui dépendantes des institutions politiques par ce que l’on appelle la crise des

médias et la chute des revenus publicitaires, mais les acteurs politiques le sont tout autant

vis-à-vis des institutions et de la logique médiatique. Comment cette nouvelle réalité, où les

politiciens sont maintenant appelés à être des professionnels de la communication apte à

jouer le jeu des médias nous assure-t-il une couverture médiatique des enjeux politique

complète et de qualité? Comme le dit Bennett dans son ouvrage News: The Politics of

Illusion, « power is, to an important extent, a communication process that must be

monitored and maintained by political actors » (2012: 148).

La relation entre les journalistes politiques et les acteurs de la scène politique est en

constante évolution. Bien que la relation entre les politiciens et les journalistes ait toujours

été basée sur une interdépendance, le contexte d’hypermédiatisation actuel fait en sorte que

les politiciens doivent maitriser les codes de la communication et connaître les réalités des

médias pour s’assurer d’obtenir la visibilité nécessaire et une couverture qui présentera leur

message dans une lumière favorable. Les chaînes d’information en continu qui scrutent les

moindres faits et gestes des politiciens, la couverture en temps réel de la politique sur les

médias sociaux par une multitude de producteurs d’information et la présence des acteurs

politiques et sociaux eux-mêmes sur les plateformes sociales en sont quelques exemples.

Albaek et ses collègues l’affirment, “politicians shape their messages, and to some extent

their policies, according to media logic, and take a proactive approach toward journalists”

(2014: 59).

Les journalistes politiques, quant à eux, se doivent de faire la part des choses dans

l’information qui leur est transmise par la classe politique, et ce malgré l’accélération du

rythme de production, la multiplication des heures de tombée, l’interaction instantanée des

médias sociaux ainsi que le contrôle serré de la communication politique par les politiciens.

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Ces éléments peuvent aussi expliquer le recours fréquent au cadrage stratégique dans

l’information politique au Québec.

Les modifications des pratiques journalistiques soulèvent des questionnements face à

l’avenir de la démocratie. Le traitement journalistique réservé à la politique met notamment

l’accent sur les aspects négatifs, sur la confrontation, se décline surtout par le commentaire

et laisse de moins en moins de place aux analyses (Nadeau et Giasson, 2003). N’est-il pas

alors légitime de se demander si l’information politique présentée aux auditoires des médias

québécois est de qualité? Est-elle diversifiée? Leur permet-elle de bien comprendre le

fonctionnement des institutions et le déroulement des enjeux politiques? Est-elle adéquate

pour aider les citoyens dans leur processus de prise de décision politique?

Ces questionnements vont au-delà de la portée de notre analyse. Ils représentent néanmoins

des pistes de réflexion intéressantes pour des recherches futures. La recherche québécoise,

canadienne et mondiale indique que le journalisme est en mutation. La quête du pouvoir par

les politiciens s’est également transformée. Elle s’adapte aux logiques médiatiques et à

celles du marketing politique et de la campagne permanente. Dans ce contexte mouvant, le

travail des journalistes politiques connaît de profonds bouleversements. La politique se

médiatise et le journalisme se politise.

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Annexe A – Grille d’analyse

Titre article :

Date de publication :

Média :

0 = Le Journal de Montréal

1 = La Presse

2 = Le Devoir

Type d’article :

0 = Opinion (textes éditoriaux, chroniques, commentaires et courrier des lecteurs)

1 = Nouvelle (articles de nouvelles, actualités et entrefilets)

Référence directe au terme « transparence »

0 = Oui

1 = Non

Référence à des termes connexes au terme « transparence » (reddition de comptes, faire la lumière,

faire le ménage, gouvernement ouvert, lien de confiance, s’exprimer librement sur…, hausser l’imputabilité, accès à

l’information, ouverture, confiance envers la gestion des affaires publiques)

0 = Oui

1 = Non

Cadrage :

0 = Centré sur les stratégies (mention référant aux métaphores sportives, de guerre, de jeu, aux stratégies de coulisses, aux intentions des acteurs,

aux manigances, à l’obtention de bénéfices, à la personnalisation ainsi que au vocabulaire d’opposition par exemple :

«adversaire», «opposant», «rival», «compétiteur»)

1 = Centré sur l’enjeu (vocabulaire faisant référence à la gestion des dossiers politiques, à la prise de décision, à la mise en place d’actions

claires et ayant un impact certain sur la vie en société et toutes les références au concept de transparence comme outil

démocratique, enjeu à débattre, réalité administrative à mettre en place ou encore comme une considération

importante dans le cadre de la gouvernance)

Extraits tirés de l’unité d’analyse:

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Annexe B – Transparence et expressions connexes

Expressions connexes

Faire la lumière Tuer les mauvaises herbes

Faire le ménage Rassurer la population

Retrouver la confiance du public Laver plus blanc que blanc

Crise de confiance (perte de confiance) Avoir un regard global

Avoir quelque chose à cacher Les doutes qui plannent

Aller au fond des choses Révéler le problème

Le droit à la vérité Découvrir les pommes pourries

Assainir Faire confiance à…

Exposer le système Étaler au grand jour

Venir au bout de l'omertà (loi du silence) Mettre cartes sur table

Plus ouvert Éclaircir les liens

Mettre au jour Livres ouverts

Lever le voile Consolider nos institutions

Mettre fin au climat de suspicion Honnêteté

Calmer le jeu Avoir accès à toute l'information

Montrer sous son vrai jour L'intérêt public

Purifier l'air Le droit de savoir

Agir comme des délateurs Calmer la grogne

Permettre aux lapins de se cacher Cacher la réalité

Le nettoyage Restaurer le lustre

Exposer publiquement les faits Avoir une discussion franche

En avoir pour son argent Décortiquer cette nébuleuse

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Annexe C – Médiagraphie du corpus

A. Pratte, « La victime », La Presse, 8 octobre 2011.

A. Castonguay, « Collusion - Nul besoin d'une enquête publique, dit la Commission de la

construction », Le Devoir, 8 décembre 2009.

A. Castonguay, « Collusion, malversation et corruption dans la construction - Perquisitions à

Boisbriand dans le cadre de l'opération Marteau », Le Devoir, 2 décembre 2009.

A. Dubuc, « Le syndrome du justicier », La Presse, 29 octobre 2011.

A. Dubuc, « Les travailleurs choisiront leur syndicat par vote postal », La Presse, 15 mai 2012.

A. Dubuc, « Occupons-nous des villes », La Presse, 22 octobre 2011.

A. Dubuc, « Pourquoi ? », La Presse, 21 octobre 2011.

A. Dubuc, « Une commission, mais laquelle ? », La Presse, 23 octobre 2009.

A. Duchesne, « La fin des illusions », La Presse, 28 décembre 2010.

A. Noël, « L'aspect public des audiences remis en question », La Presse, 20 avril 2012.

A. Noël, « Le caractère public des audiences sera protégé », La Presse, 13 avril 2012.

A. Noël, « L'Unité anticorruption prend vie », La Presse, 19 février 2011.

A. Robitaille et K. Lévesque, « Jacques Duchesneau est congédié », Le Devoir, 29 octobre 2011.

A. Robitaille, « "Soyons prudents" », Le Devoir, 1er octobre 2011.

A. Robitaille, « Charest veut punie Sylvie Roy en l'expulsant de l'Assemblée nationale », Le

Devoir, 28 octobre 2009.

A. Robitaille, « Commission d'enquête - Il ne manque plus que le décret », Le Devoir, 19 octobre

2011.

A. Robitaille, « Commission d'enquête - Un ancien président du PLQ craint aussi une "patente à

gosse" », Le Devoir, 14 octobre 2011.

A. Robitaille, « Construction - Québec n'exclut pas la solution Duchesneau », Le Devoir, 27

septembre 2011.

A. Robitaille, « Construction et mafia - Le PQ évoque la "complicité" des libéraux », Le Devoir,

11 novembre 2010.

A. Robitaille, « Demande d'enquête publique - Le PQ tente de relancer sa pétition », Le Devoir, 28

janvier 2010.

A. Robitaille, « Enquête publique sur la construction - Les députés libéraux rejettent la motion des

foulards blancs », Le Devoir, 27 mai 2010.

A. Robitaille, « Enquête sur la construction - Charest ne tranchera pas avant des semaines », Le

Devoir, 29 septembre 2011.

A. Robitaille, « Éthique : Marois accusée d'improviser », Le Devoir, 15 décembre 2010.

A. Robitaille, « La FTQ-Construction craint de servir de "bouc émissaire" », Le Devoir, 25

novembre 2009.

A. Robitaille, « L'ADQ veut une enquête publique », Le Devoir, 3 avril 2009.

A. Robitaille, « Le gouvernement Charest a un allié : la FTQ », Le Devoir, 31 octobre 2009.

A. Robitaille, « Les adresses de donateurs libéraux dévoilées - Marois se dissocie du Réseau de la

résistance du Québécois », Le Devoir, 11 décembre 2010.

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A. Robitaille, « Les demandes d'enquête publiques sont relancées », Le Devoir, 16 septembre

2011.

A. Robitaille, « Ouverture du Congrès du Parti québécois - Marois promet un gouvernement

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Y. Boisvert, « On efface et on recommence », La Presse, 25 octobre 2011.

Y. Boisvert, « On oublie vite », La Presse, 25 mai 2010.

Y. Boisvert, « Requiem pour une commission », La Presse, 22 octobre 2011.

Y. Boisvert, « Un changement de cap majeur », La Presse, 18 novembre 2010.

Y. Boisvert, « Une bonne idée (quand même) », La Presse, 19 janvier 2011.

Y. Boisvert, « Une commission Cliche pour notre temps », La Presse, 1er avril 2009.

Y. Boisvert, « Une commission émasculée », La Presse, 20 octobre 2011.

Y. Boisvert, « Une obligation de résultat », La Presse, 24 février 2010.