Ils l’ont dit !

Le 6 mai prochain, les français désigneront lePrésident de la République appelé à conduire lapolitique intérieure et extérieure de la Francejusqu’en 2017. Un mois plus tard, les électionslégislatives détermineront la majorité avec laquelleil aura à travailler. Ces deux élections, sansdistinction, sont l’occasion de débattre desprincipaux enjeux nationaux. Quels sont cesenjeux ? En quoi « la politique » nous touche-t-elledans notre vie de tous les jours ? Est-ce que ça vachanger les choses d’aller voter ?

A travers ce document « Comprendre les enjeuxdes élections », Culture et Liberté souhaiteinformer les citoyens, les inciter à s’intéresser auxdébats, à comprendre qu’autour des prochainesélections se joue l’organisation de notresociété, avec des visions plus ou moinsdémocratiques, plus ou moins solidaires etsociales, plus ou moins respectueuses del’environnement…

ComprendreLes enjeux des élections

Les partis politiques et les médias vousinformeront aussi des enjeux, chacun selon sonorientation. Le rôle de Culture et Liberté,de l’Education Populaire en général, estd’apporter un 3ème éclairage, et ainsi donner lesclés pour comprendre que la question del’élection du président de la république et desdéputés pose celle de la société dans laquellenous voulons vivre !

C’est notre raison d’être de contribuer à ce quedavantage de citoyens soient capables d’agir« pour une société dans laquelle les droitssociaux, culturels, économiques,écologiques et politiques des femmes et deshommes sont au cœur des priorités »(extrait du projet politique de Culture et Liberté).

« Si tu ne t’intéresses pas à la politique, sois sûr que la politique, elle, s’intéresse à toi » Aristote, philosophe

présidentielles et législatives

* DO

SSIER

*

« La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics »

Déclaration universelle des Droits de l’Homme

« La politique, c’est beaucoup mieux que l’affaire DSK ! » Joséphine, 10 ans

Culture et Liberté5 rue saint Vincent de Paul 75010 Paris

Tél. : 01 47 70 37 50- Fax : 01 47 70 37 55 Mail : infocom@culture-et-liberte.asso.fr

www.culture-et-liberte.asso.fr Réalisation : Alexandra Mahéas et Paul Masson - Février 2012

Dans une société complexe, les intérêts entre lesdivers groupes sociaux diffèrent. Mais, pour satisfaireses besoins, chaque individu ou groupe social estdépendant des autres. La question centrale posée à lasociété, la question que « le politique » doit chercherà résoudre est :

Comment s’organiser pour vivre ensemble sur un territoire entre individus dépendants les uns des autres

et ayant des intérêts différents ? 1

En démocratie, pour régler cette question,on élit des personnes qui « représentent »l’ensemble des habitants aux intérêtsdifférents. Les personnes élues délibèrent entre elleset décident à la majorité. On considère ensuite queleurs décisions sont légitimes, et représentent« l’intérêt général ».

la démocratie,

ELECTIONS PRÉSIDENTIELLESle 22 avril et le 6 mai 2012

ELECTIONS LÉGISLATIVES le 10 et 17 juin 2012

Il ne s’agit pas d’un intérêt général qui existerait« en soi », mais d’un contrat social, un compromis,à un moment donné, entre les intérêts divergents desforces sociales dont les élus sont les représentants.Lors des élections, les différentes listes, exprimentplus ou moins les intérêts de telles ou telles classessociales, groupes sociaux, catégories socio-professionnelles... Des alliances sont passées entre lesreprésentants des forces sociales. D’où l’intérêt, parexemple au 1er tour des élections de choisirlibrement son candidat et de ne pas céder à l’appeldu « vote utile », qui reviendrait à dire que …nousn’avons pas le choix !L’enjeu des élections, pour un citoyen, est defaire légitimer ses intérêts et sa vision dumonde par la collectivité. Gagner les électionspour un élu, c’est obtenir une majorité pour disposerdu droit de légitimer les choix politiques etéconomiques qu’il va faire par le label : intérêt général.

Si les élections sont des moments particuliersdans le rapport entre les forces sociales

qui composent une société, ce rapport de forcene s’exerce pas uniquement lors des élections.

Il s’exerce en permanence par le jeu des groupes de pression économiques,

syndicaux, associatifs, citoyens…

La démocratie n’est pas un acquis définitif…

Établi par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, il faudra attendre plus d’un demi siècle (1848) pour que le droit de vote soit

effectif en France, et un siècle et demi pour que les femmes puissent voter (1944).

« Chez nous, la démocratie est acquise ! » Quelques exemples qui prouvent le contraire : les régimes autoritaires en place jusqu’en 2011

dans les pays du Maghreb, les forts soupçons de trucage des élections présidentielles américaines en

2004, des élections législatives en Russie en décembre 2011…la liste est longue

et notre vigilance nécessaire.

1 Paul Ricœur, philosophe français (1913-2005)

Le 3ème axe met en perspective notre modèle de civilisation (société de production/consommation)avec la capacité de renouvellement de la planète

les principaux enjeuxLes candidats proposent aux électeurs des choix politiques, reposant sur des visions du monde et une échelle de valeur. Interrogeons les programmes autour de trois valeurs cruciales…A nous d’y réfléchir, d’en débattre et de choisir la société dans laquelle nous voulons vivre ! Les différents candidats, partis, discours

s’inscrivent, plus ou moins, à proximité d’un des pôles (+/-) de ces trois axes.

Les candidats privilégient-ils la volonté populaire ?

Priorité à une plus juste répartition des richesses,

à une retraite décente pour tous…

Les candidats privilégient-ils les intérêts des propriétaires

du capital ?Priorité au remboursement de la dette, rôle accordé aux

agences de notation…

La démocratie repose sur un État assurant l’égalité des droits à tous les citoyens, quelles que soientleurs origines sociales. On peut évaluer les discours des candidats en interrogeant les priorités dans lesdroits du citoyen, autour de l’axe social et de la place accordée à la solidarité nationale.

Les droits qui protègent tous les citoyens quel que soit leur revenu : droit à la santé, droit

à l’éducation, droit au logement, droit à l’eau, à

l’électricité…

Le droit de propriété est le droit premier du citoyen justifiant tous les profits : droit à des intérêts sur les

placements spéculatifs, droit de s’approprier le vivant…

La « sobriété heureuse » 4 invite à calculerle prix à payer pour le modèle productiviste :

fatigue, stress, temps contraint non disponible en relations choisies, destruction de biens et de nature… et propose

de « travailler moins pour travailler tous » et vivre mieux au lieu de perdre sa vie à la gagner.

Le « toujours plus » de production et de consommation pour relancer l’économie permet :

plus de profits donc plus d’investissements, plus de travail (moins de chômeurs),

plus de pouvoir d’achat…4 La formule est de Pierre Rabhi, paysan et philosophe

La volonté populaire reste attachée au contrat social issu du Conseil National

de la Résistance (Etat providence et régulateur)

Les élites dirigeantes conduisent des politiques au

service la ploutocratie, système politique dans lequel le pouvoir est exercé par les

plus riches.

Dans les années 1980, l’idéologie néolibérale s’est imposée…Avec elle, le marché a remplacé

les élus du peuple pour décider des choix prioritaires. Il en résulte un décalage entre 2 pôles, ci-dessous.…par les élus qui

assurent à tous les citoyens les

droits fondamentaux

à la santé, à l’éducation,

au logement….

… par le marché qui fixe , par le prix que chacun

peut payer, le droit à la santé,

à l’éducation, au logement

AXE DÉMOCRATIQUE

AXE SOCIAL

AXE ÉCOLOGIQUE

Régulation des priorités

Les courants de pensée

Pour aller plus loin...

Pour « décoder » les candidats aux électionsde 2012, il est important de connaître lescourants de pensée dont ils sont issus. Leursdiscours et programmes s’inscrivent dansune certaine cohérence, liée à la manièredont ils pensent le modèle d’organisation dela société. Derrière cela, des catégoriessociales et professionnelles vont être plus oumoins avantagées.

LA DROITE LIBÉRALE> Valeur : la liberté d’entreprendre (propriété privéedu capital ).> Forces sociales : classes riches et dirigeantes> Revenue en force dans les années 1980 à 2000 avecla mondialisation néolibérale.> Son discours : éloge de la richesse et du profit capables,par l'investissement, de faire repartir l'économie, laconsommation, le pouvoir d'achat... Sa condamnation del'État, « source des problèmes », est en perte de vitesse.> La crise de 2008, a fortement décrédibilisé ce courant.Le « travailler plus pour gagner plus » passe difficilementquand le chômage augmente, les entreprises licencient et lepouvoir d'achat de la majorité des citoyens diminue.

Les courants qui adhèrent au capitalisme

LE LIBÉRALISME SOCIALOU SOCIAL-LIBÉRALISME> Valeur : humanisme social> Forces sociales : classes moyennes et élites dirigeantes> Il adhère au marché régulateur et au capitalisme maisconsidère que l'État doit réguler la loi du marché.> Il va de la Droite sociale, à une partie de la Gauche enpassant par le Centre. Les différences de sensibilitéportent essentiellement sur deux axes :- le niveau de protection sociale et d'intervention del' État et des collectivités territoriales,- la part de compétences à laisser à chaque nation et celle àgérer en commun au niveau de l'Union Européenne.

L’EXTRÊME DROITE NATIONALISTE> Valeur : la tradition, la France éternelle, la force> Symbole : Jeanne d'Arc, la bataille de Poitiers,...> Forces sociales : élite aisée exclue des grands partispolitiques. Les classes populaires les plus victimes de lamondialisation néolibérale. Déçues par la droite et lagauche qui ont exercé le pouvoir.> Comme dans les années 1930, elle se nourrit de la crise

et s’appuie sur l’inquiétude populaire. Elle désigne l'étranger(l'immigré, l'Europe, la mondialisation...) comme boucémissaire, et se présente comme un pouvoir capable de« bouter l'ennemi hors de France ». Son discoursxénophobe dissimule un programme économique quis'inscrit dans les valeurs libérales (propriété, ordre).

L’IDÉOLOGIE TECHNOCRATIQUE> Valeur : efficacité, rationalité.> Origine : Après guerre. Dans une société complexe,la gestion de la vie sociale n'est plus affaire de choixpolitiques. L'économie, le social, le politique obéissent àdes lois qui s'imposent à tous. C'est une affaire de gestion.> Sa base sociale : classes moyennes supérieures (salariéstrès aisés). Cette nouvelle classe d'appoint du capitalismegère les intérêts des classes dominantes et justifie l'ordreen place au nom de la rationalité. La coupure historiqueentre la gauche et la droite est dépassée.

Les courants d’opposition au modèle dominant

LA « GAUCHE DE GAUCHE » 1

> Valeur : justice sociale et le socialisme> Forces sociales : milieu populaire et une partie desclasses moyennes> Origine : La disparition du bloc de l'est et l'adhésionde la sociale démocratie au libéralisme-social.> Un front du refus au modèle européen proposé dansle projet de Traité Constitutionnel (2005) a permis auxforces sociales qui n'adhèrent pas à l'idéologie libéralede se retrouver autour des fondement de la gauche.> L' État est garant d'un contrat social qui assure :- une justice sociale par une meilleure répartition desrichesses- une protection sociale généralisée- Des services publics permettant l'égalité de tous lescitoyens.> Ce front du refus de gauche est divisé à cause desclivages historiques entre les courants ( communistes,libertaires, sociaux-démocrates ).1 Formule de Pierre Bourdieu, sociologue français (1930-2002)

L’ÉCOLOGIE POLITIQUE> Valeur : l'harmonie de l'homme dans la nature> Origine : Prise de conscience dans les années 1960que le modèle productiviste ne permet pas, à terme, lasurvie humaine.> Considère que le coût de la fatigue, du stress, de laperte de liberté dans le travail… et l'effet destructeursur la planète du modèle dominant doit être pris encompte pour repenser l'organisation sociale. Il remeten cause la logique productiviste, la société deconsommation, le nucléaire, les OGM.> propose des choix d'investissement qui privilégientles économies d'énergie, la fabrication de biensdurables, l'autonomie alimentaire et le partage dutravail. Invite chacun à privilégier une «sobriétéheureuse» pour une meilleure qualité de vie pour tous.

Le site de Paul Masson : http://paulmasson.atimbli.net, rubrique Interventions

La campagne de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) « Impose ta voix ! » et le dossier « Citoyen au quotidien Comprendre la politique » – www.joc.asso.fr