27
Les coprésidents du Club : Christophe BOUILLON Député de Seine-Maritime Auteur du rapport parlementaire sur les nuisances sonores Président du Conseil National du Bruit Catherine MORIN-DESAILLY Sénatrice de Seine-Maritime ! " #$%& !" ’ (!% # $ %" & ’$%( ) %(!!& ) %* " +% ) *’’+ , % ) - + . $ ’!# . !" /" )&" " ) && ,) (* - "#) * 0 +% $ ,) $’#($!& 1 - . 2 " + 3 0- 4 ( Mardi 22 octobre 2013

Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Les coprésidents du Club :

Christophe BOUILLON

Député de Seine-Maritime

Auteur du rapport parlementaire sur les nuisances sonores

Président du Conseil National du Bruit

Catherine MORIN-DESAILLY

Sénatrice de Seine-Maritime

������������� ������ ������������������

���� �� ���� ���������

�����������������

������������������

���������������� ����������������������������������������

��������������!���

������������������������

���"������������� #$%�&��

������������������� !"�������������

'����(���!%���

�����������#�����$���������%����"���������&'$�%(�

)����� ��%�(�!!�&���

��)������%���������*"����������+%������������������������

)��������*�''+��

��������,������%������)����-��������+�������������.������������

��������$ ���'�!��#���

���.� !"���/���"�������)��&���"�����

���"�������)����������&�&���

�����������������,)���(�����*�������������-���"�#�����)������������*

���0�����+%������������������

$������ �����

,��)��$'��#($!&�����

1�����������������-��.����2��

�"�����������+��������3���������0��-��4���(������������

Mardi 22 octobre 2013

Page 2: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 2 sur 26

Christian HUGONNET, Ingénieur Acousticien, président de

l’Association La Semaine du Son

Bonsoir à tous et merci de nous avoir rejoints pour cette deuxième édition du Club Parlementaire initiée avec le parrainage direct de Christophe BOUILLON. Je remercie également Catherine MORIN-DESAILLY d’être parmi nous. Cette soirée sera dédiée à la thématique de la santé auditive.

La Semaine du Son se déroulera sous le parrainage de Jean-Claude CASADESUS. Il sera présent à la conférence de presse prévue le 14 novembre 2013 à France Télévisions.

Dans le cadre de cette thématique de la santé auditive, il nous a paru important de nous intéresser aux jeunes. 15 à 20% d’entre eux souffriraient de surdité partielle et il nous a semblé nécessaire de faire prendre conscience à nos Députés, à nos sénateurs et à nos élus de cette situation.

Nous souhaitions identifier ce que ces troubles de l’audition peuvent impliquer aux niveaux sociétal et économique.

Quoi qu’il en soit, le son est un élément fondamental de nos vies et de nos professions.

Bonne soirée à tous !

Christophe BOUILLON, Député de Seine-Maritime

Nous avons organisé le premier dîner du Club Parlementaire Son & Société il y a quelques mois. J’ai eu la chance de vous y accueillir et j’ose espérer à présent que nous parviendrons à intéresser d’autres parlementaires. Je remercie Catherine MORIN-DESAILLY d’avoir accepté de coprésider avec moi ce Club Parlementaire. Nous représentons ensemble à la fois le Parlement, le Sénat et l’Assemblée Nationale.

Nous nous intéressons tous deux au son et au rapport que nous entretenons avec lui dans notre vie quotidienne. Cet intérêt commun nous a amenés à répondre bien volontiers à l’invitation du Club

Parlementaire. Par votre présence, et par la sensibilisation des parlementaires, nous souhaitons organiser une veille autour de ce sujet. Notre objectif consiste à inscrire la dimension sonore dans la réflexion parlementaire au moyen des textes de loi votés, ainsi que par les rapports produits.

J’ai eu l’occasion de produire un rapport parlementaire à ce sujet il y a quelques années. Si nous souhaitons empêcher que ces documents ne s’entassent dans une armoire, nous devons transmettre ces propositions lors des occasions de vote. En tant que président du Conseil National du Bruit, je me réjouis de constater la passion de nombreux hommes et de femmes pour ces questions. Il serait dommage de ne pas profiter de ce savoir et de cette fascination.

À travers l’initiative de La Semaine du Son, nous avons pu observer une bien belle occasion de poursuivre notre travail de sensibilisation. Le premier dîner nous a permis de faire connaissance et nous avons eu le privilège d’y entendre des interventions de qualité.

Nous avons souhaité nous concentrer sur la santé auditive pour ce deuxième dîner. Ce sujet répondait tout d’abord à une réalité qui nous sera décrite par nos intervenants. Il nous permettra également d’étudier la question du son dans toutes ses dimensions. Enfin, nous espérons que ce sujet intéressera nos collègues parlementaires.

Nous avons visé les parlementaires qui se sont investis au sein de la Commission des affaires sociales et dans le domaine de la santé. Les discussions concernant le projet de loi de finances autour de la Sécurité Sociale sont en cours. Les parlementaires les plus investis sur les questions de santé ont

Page 3: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 3 sur 26

donc été excusés de leur absence de ce jour. Ils restent cependant très réceptifs aux idées qui sortiront de cette salle à l’issue de cette rencontre. Nous continuerons de porter ce thème auprès d’eux afin qu’ils nous accompagnent lors des débats futurs.

Peut-être serons-nous amenés à accueillir un Député européen lors du troisième dîner.

Je vous remercie de votre attention.

Catherine MORIN-DESAILLY, Sénatrice de Seine-Maritime

Je remercie Christophe BOUILLON et vous salue.

Je n’ai pas pu assister au premier dîner organisé par le Club Parlementaire. Cependant je suis très heureuse de vous rejoindre aujourd’hui afin d’aborder un sujet sur lequel j’admets ne pas être une grande spécialiste.

Je ne fais partie ni de la Commission du développement durable ni de la Commission des affaires sociales. Je suis issue de la Commission de la culture et des affaires européennes au sein de laquelle nous nous occupons du son à travers le prisme du spectacle, de la musique et de la

voix. Ces thématiques seront traitées au cours du présent dîner.

Lorsque Christian HUGONNET s’est présenté afin de me convaincre de participer et de coprésider ce groupe avec Christophe BOUILLON, j’ai accepté cette proposition avec beaucoup d’enthousiasme. Le son est un sujet aux multiples facettes et à propos duquel nous ne réfléchissons pas assez.

En tant que sénateur, notre petite différence avec les Députés réside dans notre lien avec les préoccupations constantes de nos collègues élus. Ils doivent réfléchir à cette dimension importante du son, du bruit, de la qualité de l’environnement et de l’aménagement des bâtiments. Le son est un sujet de grand intérêt.

J’étais plutôt une femme d’image, car je préside le groupe « médias et nouvelles technologies » du Sénat. Je travaille habituellement avec mes collègues au sujet de la démultiplication des écrans, des écrans HD, des iPhone, des tablettes, et sur l’impact de la révolution numérique. Se pencher sur le sujet complémentaire du son sera pour moi une source d’enrichissement. Cette participation me sera très utile à l’avenir dans mon rôle de législateur.

Je remercie très chaleureusement Christian HUGONNET et André STAUT qui ont pensé que je pouvais constituer une bonne coprésidente.

Bonne soirée à toutes et à tous !

Christophe BOUILLON, Député de Seine-Maritime

Je donne à présent la parole à Christine KELLY, notre marraine depuis la création de ce Club Parlementaire. Je vous remercie d’être avec nous ce soir pour la deuxième fois.

Page 4: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 4 sur 26

Christine KELLY, conseillère au CSA en charge des questions

d’intensité sonore à la télévision

Assise avec deux amis à la table d’un restaurant très connu et très bruyant, je m’aperçois que je ne comprends plus ce qu’ils disent. J’ignore si cela était dû à la fatigue, mais j’ai paniqué, et je me suis mise à pleurer. Je me suis rendue chez un médecin spécialiste de l’audition qui m’a confirmé que j’étais en bonne santé. J’étais soulagée malgré le fait d’ignorer ce qu’il m’est arrivé ce jour-là. En revanche, je n’oublierai jamais qu’une perte d’audition peut s’avérer catastrophique.

Cet événement constitue probablement l’une des raisons pour lesquelles j’ai milité en faveur du sous-titrage des programmes de toutes

les chaînes télévisées lors de mon entrée au CSA. Je souhaitais que les 4 millions de Français sourds et malentendants aient accès à la télévision. J’ai également milité auprès du CSA afin d’abaisser le volume sonore de la publicité.

Quinze jours plus tôt, je me suis rendue à Bruxelles en compagnie d’Agnès PEDONE, une jeune ingénieure du son du CSA. Je lui ai expliqué que cet accomplissement serait ma plus belle réussite lorsque s’achèvera mon mandat auprès du CSA. La France est le premier pays ayant adopté cette mesure pour l’ensemble de ses programmes.

J’ai reçu un mail d’un téléspectateur me remerciant pour cette action. Nous recevions une plainte tous les trois jours au CSA avant cette prise de décision. À présent, nous recevons 75% de plaintes en moins.

Je vous remercie.

Christophe BOUILLON, Député de Seine-Maritime

En mai 2014, nous partagerons La Semaine du Son avec l’Uruguay, car cet événement est désormais organisé dans plusieurs pays.

Notre dîner peut à présent commencer.

Michel ALBERGANTI, journaliste scientifique à Slate.fr et

producteur de l’émission « Science Publique » sur France

Culture

Bonsoir à tous, nous allons illustrer ce repas avec plusieurs interventions sur le thème de la santé auditive. Nous souhaitons également remercier Marianne BINARD, responsable de La Semaine du Son belge, de sa présence parmi nous. La Semaine du Son belge accompagne La Semaine du Son française depuis plusieurs années.

Cette soirée se composera d’interventions d’environ cinq minutes à la suite desquelles vous pourrez prendre la parole afin d’approfondir notre réflexion. Notre premier intervenant est Frédérique COUSIN, de la Direction Générale de la Santé. Elle va nous parler des déficiences auditives chez les jeunes, ainsi que de leurs effets potentiels sur la santé. Il s’agit d’un sujet d’actualité, car le Haut Conseil de la santé publique a très récemment rendu un rapport mentionnant le cas des plus jeunes.

À présent, je cède la parole à Frédérique COUSIN.

Page 5: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 5 sur 26

Les déficiences auditives chez les jeunes

et leurs causes potentielles

Frédérique COUSIN, Direction Générale de la Santé

Mesdames et Messieurs, bonsoir.

Faire partie de la Direction Générale de la Santé et parler de bruit implique de s’occuper du sujet qui nous intéresse ce soir, la santé auditive. Il est également nécessaire de prendre en compte les différents maux générés par le bruit dans un sens plus large. Certains de ces maux dépassent le cadre de la santé auditive. Je pense notamment à la relation reconnue entre le stress, la fatigue et les maladies cardio-vasculaires.

Je participe à un groupe de recherche européen sur la qualité de l'air dans les milieux de travail. Une collecte de données parallèle à mon analyse

a permis de confirmer le lien entre l’intensité du bruit dans les open spaces et la fréquence des maladies cardio-vasculaires des travailleurs de bureau.

J’ai délibérément souhaité orienter mon propos sur deux bilans. Ils sont destinés à vous faire prendre la mesure de la problématique de la déficience auditive chez les jeunes. Le premier bilan concerne une étude réalisée en Midi-Pyrénées en 2009 sur des sujets de 16 à 25 ans. Il en ressort que 11% des sujets présentent déjà des antécédents et ont déjà consulté un ORL.

Environ un tiers de l’échantillon utilisait un baladeur de manière régulière. Les trois quarts des sujets l’utilisaient de manière un peu plus extensive. 56% de ces jeunes sont exposés au bruit au cours de leurs loisirs ou dans des phases professionnelles. Il résulte de cette étude que 16% de l’échantillon souffre d’une perte d’audition les amenant au moins à un niveau de déficience légère, soit une perte de 20 décibels. Cette étude a mis en évidence le lien entre les troubles ressentis par les jeunes interrogés, notamment les bourdonnements, et les pertes effectives qui ont pu être mesurées.

Dans un second temps, je souhaite vous faire part d’une étude ainsi que de statistiques que le CIDB m’a permis d’obtenir. L’objectif de ma démarche consiste à mettre en exergue le fait qu’il s’agit d’un phénomène s’étendant au-delà de la tranche d’âge correspondant à l’adolescence, et qui tend à toucher les plus jeunes. Lors d’actions de prévention, le CIDB a interrogé des enfants au sujet de leur comportement. Il ressort de cette étude faite sur un tout petit nombre d'établissements qu’en école primaire, 48% des enfants utilisent un baladeur pour 96% au collège et 95% au lycée. 83% l’écoutent tous les jours au collège, et 85% au lycée.

Certains comportements sont préoccupants et m’interpellent, notamment le fait que certains de ces jeunes déclarent avoir besoin de leur baladeur pour s’endormir le soir. Nous constatons dès l’école primaire que 11% des enfants s’endorment en écoutant leur baladeur. Cette statistique s’élève à 34% au collège et à 23% au lycée.

Ces résultats sont préoccupants au regard des actions de prévention menées directement par le ministère de la Santé auprès des jeunes à ce sujet. Je pense que sensibiliser et inclure les parents au cœur de la démarche de prévention est une absolue nécessité.

28% des collégiens interrogés écoutent leur baladeur pendant plus de quatre heures sur des volumes élevés et très élevés. Je souhaite également aborder un autre point relatif aux jeunes des collèges et des lycées. Nous pouvons observer le phénomène mécanique d’exposition, cependant, il faut également souligner leur propre perception du risque. Nous avons constaté que pour 39% d’entre eux au collège, et 31% des élèves en lycée, l’écoute d’un baladeur réglé sur des volumes élevés ne présente pas de risque pour la santé.

Un quart d’entre eux pensent qu’un médecin sera capable de rétablir une perte d’audition. Nous devons travailler à leur niveau, ainsi qu’auprès de leurs parents, afin de leur enlever cette illusion d’invulnérabilité.

Page 6: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 6 sur 26

J’attends actuellement la nomination d’un futur Directeur Général au sein du ministère de la Santé. J’ignore quelles orientations ce Directeur prendra dans les semaines à venir. Je souhaite que le ministère de la Santé engage une étude épidémiologique plus poussée et plus large dès l’école primaire. Cette étude devrait permettre de mesurer l’ampleur d’un phénomène dont nous avons l’intuition mais que nous ne mesurons pas encore assez bien.

Je souhaite également que les parents soient placés au centre du dispositif de prévention.

Je vous remercie de votre attention.

Michel ALBERGANTI, journaliste scientifique à Slate.fr et

producteur de l’émission « Science Publique » sur France

Culture

Nous remercions Frédérique COUSIN et nous allons à présent aborder le sujet des conséquences économiques et sociétales de la malentendance.

Dominique BIDOU, président du Centre d’Information et de Documentation sur le Bruit, va nous exposer en quelques minutes ces

conséquences.

Les conséquences économiques et sociétales de la malentendance

Dominique BIDOU, Président du Centre d’Information et de

Documentation sur le Bruit (CIDB)

Mesdames et Messieurs, bonsoir.

La pollution atmosphérique a fait l’objet d’une étude réalisée par la Commission des comptes et de l’économie de l’environnement à la fin de l’année 2011. Cette pollution coûte entre 20 et 30 milliards d’euros par an. À titre de comparaison, la malentendance coûte 20 milliards d’euros par an.

Ce chiffre a moins d’importance qu’il n’y paraît parce qu’il n’a été donné que par une seule étude réalisée au niveau européen par Bridget SHIELD en 2006. Le coût à l’échelle de l’Europe entière s’élève à 285 milliards d’euros par an.

Cette étude a été menée en additionnant les coûts relatifs à chaque gravité de perte d’audition. Ces coûts ont été fixés sur une échelle et sont ensuite multipliés par le nombre de sujets concernés. Toutefois, cette statistique ne représente que des coûts personnels sur une base de calcul qui ne me convient pas. Je l’ai cependant reprise, car elle permet d’observer un ordre de grandeur. La base de ces calculs est le coût de la vie humaine. Les assureurs disposent de tables indiquant le prix d’une année de vie perdue trop tôt.

De ce prix de la vie, nous déduisons le prix de la santé. Ainsi, nous parvenons à dresser les coûts engendrés par la malentendance. En revanche, ces chiffres ne prennent pas en compte les coûts supportés par la société liés aux absences, aux retards scolaires ou à la dépendance des personnes âgées, lorsque ces phénomènes sont liés à la malentendance. La perte d’audition entraîne une perte de sociabilité, de contact, et, à terme, la solitude, puis la dépendance des individus touchés par ce mal. Cette dépendance présente un coût.

Nous ne connaissons pas le coût actuel de la malentendance supporté par la société. Aucune étude précise n’a été menée afin de déterminer cette somme. Des études ont été réalisées au sujet du coût du bruit en général. Cependant, elles ne présentent que de grandes fourchettes comprenant des données relatives à la dépréciation du prix des biens fonciers, ou encore à l’achat de somnifères. Or,

Page 7: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 7 sur 26

une mauvaise acoustique dans les salles de classe ainsi qu’une absence de traitement de la malentendance chez les enfants peuvent être les causes d’une recrudescence des retards scolaires.

Des études portant sur le coût social du bruit ont été menées il y a trente ans. Elles ont permis d’établir que ce coût était du même ordre de grandeur que le coût des accidents de la route. Aujourd’hui, si le coût social des accidents routiers a très probablement diminué, il est également probable que les dépenses sociales liées au bruit ont augmenté. Ainsi, nous pouvons affirmer que le coût social du bruit est supérieur à celui des accidents de la route.

Cette étude devrait être à nouveau menée en prenant en compte le volet relatif à la malentendance. Il s’agit d’un autre phénomène dont les causes et les circonstances sont différentes. Cependant, il reste lié à la problématique de la qualité de vie. Nous accusons un réel retard en matière d’identification du phénomène, et sans cette connaissance, il nous sera difficile d’adopter une politique efficace en la matière.

Michel ALBERGANTI, journaliste scientifique à Slate.fr et

producteur de l’émission « Science Publique » sur France Culture

Merci, Dominique BIDOU.

Nous allons débattre de l’aspect fondamental du dépistage, condition sine qua non d’une intervention suffisamment rapide pour enrayer les problèmes de malentendance. Alain LONDERO, ORL à l’Hôpital Européen Georges-Pompidou, va maintenant aborder ce sujet avec nous.

Les actions préventives et curatives :

- Le dépistage

Alain LONDERO, ORL à l’Hôpital Européen Georges-Pompidou

Mesdames et Messieurs, bonsoir.

Cela vous paraîtra peut-être provocateur, mais je ne pense pas que le dépistage présente un quelconque intérêt. Théoriquement, nous deviendrons tous sourds avec l’âge. L’audition s’altère naturellement au fil du temps. Pour moi, en tant que clinicien, le problème réside dans le fait de savoir à quel moment intervenir, et surtout comment intervenir.

Je pense que les parlementaires ici présents se souviennent du débat pugnace mené suite à la proposition de dépistage systématique de la surdité chez les nouveau-nés. Il s’est avéré extrêmement difficile d’imposer cette

mesure et la France accuse un retard significatif sur ce point. Ce retard est principalement dû à la réticence de la communauté des personnes sourdes et malentendantes vis-à-vis de ce dépistage. Elles ne souhaitaient pas envisager que des enfants naissant sourds puissent bénéficier d’une technique de restauration auditive par implantation cochléaire.

Nous devons donc procéder au dépistage, mais nous devons viser un objectif à travers cette mesure. Le dépistage de la malentendance du nouveau-né est un cas en retrait de la thématique de la toxicité du bruit et je vais donc évoquer deux autres exemples concernant deux autres populations.

Le premier exemple concerne la population des jeunes adolescents ou étudiants. Une étude publiée en Belgique à l’Université d’Anvers concerne les 3.800 collégiens de cette ville. 75% d’entre eux ont subi un acouphène temporaire suite à une exposition sonore. 18,6% ont déclaré subir un

Page 8: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 8 sur 26

acouphène temporaire suite à une exposition sonore intempestive. Parmi cette population, moins de 5% ont adopté une attitude de protection vis-à-vis de l’exposition sonore.

Dépister une surdité au sein de cette population a du sens à condition de savoir ce qu’il est nécessaire de réaliser ensuite en matière de prévention au sujet de la toxicité du bruit. Pour un individu ayant dépassé la cinquantaine comme moi, il est difficile de suivre une conversation dans une salle bruyante dans laquelle tout le monde parle et où l’on diffuse un fond musical.

Où nous mènerait le dépistage de la surdité chez une telle population ? La plupart des personnes âgées témoignent d’une résistance psychologique extrême et d’un refus catégorique de porter un appareil auditif. Le remboursement de cet appareillage à travers les fonds votés par les parlementaires ici présents représente environ 125 euros par appareil, soit un peu plus de 10% de son prix.

Nous sommes confrontés à un véritable problème de santé publique. Dépister n’a de sens qu’à condition de promouvoir des techniques efficaces, acceptables et prises en charge par la communauté. Nous devrions être capables d’assurer la fonction essentielle d’écoute et d’échange avec l’autre.

Nous pouvons nous empêcher de voir, mais pas d’entendre. L’ouïe est tellement essentielle à notre survie et à notre bien-être que la nature elle-même nous force à rester en alerte et nous empêche de nous couper du monde.

Merci de votre attention.

Michel ALBERGANTI, journaliste scientifique à Slate.fr et

producteur de l’émission « Science Publique » sur France Culture

Merci, Alain LONDERO.

La question de la solution à la malentendance suite à son dépistage se heurte effectivement au prix des appareils auditifs. Luis GODINHO, président du Syndicat National des Audioprothésistes, abordera ce sujet plus en détail avec nous.

- L’appareillage auditif

Luis GODINHO, Président du Syndicat National des

Audioprothésistes - UNSAF

Mesdames et Messieurs, bonsoir.

Je remercie les organisateurs d’avoir rassemblé de nombreux métiers différents ce soir. La fonction d’un ORL est connue, mais celle de l’audioprothésiste reste encore assez abstraite pour la plupart d’entre nous, je vais donc vous présenter ce métier.

Les audioprothésistes interviennent quand la surdité diagnostiquée ne peut être traitée par les médecins. J’insiste sur le fait que ce métier comporte des prérogatives différentes des opticiens,

contrairement à ce que les médias affirment parfois. La prescription médicale orientera le patient vers l’audioprothésiste qui lui proposera les meilleures solutions d’appareillage.

Nous comptons actuellement 6 millions de malentendants en France. Tous ne sont pas appareillables. Un rapport IGAS sorti au début du mois recensait 3 millions de malentendants appareillables. 5% de la population française devrait porter un appareil. En réalité seuls 1,5 million

Page 9: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 9 sur 26

d’individus sont appareillés. Les principales causes de cet écart résident dans l’existence d’un reste à charge que le patient ne peut payer, et dans un refus psychologique.

La surdité congénitale peut être implantée et certains appareillages sont adaptés à des baisses d’audition moyennes. La surdité existe également chez l’adulte, et la majorité des cas de surdité surviennent avec l’âge. Les patients ont donc conscience que l’appareillage fait écho au vieillissement, ce qui créé certaines résistances psychologiques. Loin des écrans plasma et des écrans d’iPhone dont parlait Mme la Sénatrice, nous sommes confrontés au déni de la vieillesse et de la mort.

Nous considérons que cette résistance psychologique et ce reste à charge expliquent chacun une moitié des cas de refus d’appareillage. Appareiller ces personnes malentendantes constitue donc un défi de taille.

Le Premier ministre ainsi que la ministre Michèle DELAUNAY ont annoncé une loi sur l’autonomie. Nous savons que la majorité des personnes appareillées sont des personnes âgées et que l’appareillage auditif est une mesure de première ligne afin de les garder autonomes. Une personne âgée malentendante sort moins, se fragilise, prend plus de médicaments et coûte plus cher au système de santé.

Je connais l’étude menée par Mme SHIELD évoquée par M. BIDOU et les montants sont tellement faramineux que je n’ose pas les citer. Je peux cependant vous dire qu’une personne âgée non appareillée coûte plusieurs milliers d’euros par an au système de santé.

Les pouvoirs publics commencent à prendre conscience de ce problème. Mme DELAUNAY parle très souvent du déficit auditif et les contraintes financières sont importantes. En revanche, nous pensons que les complémentaires santé ne peuvent résoudre à elles seules ce problème de manière satisfaisante. La Sécurité Sociale et la collectivité devront fournir un effort. Les audioprothésistes ont proposé récemment une offre de conventionnement à prix fixe. Nous devons faire un effort afin de proposer une solution au plus grand nombre.

Les jeunes viennent rarement se faire appareiller en dépit de leurs problèmes auditifs. Le cerveau d’un homme de 25 ans peut compenser ce handicap de manière phénoménale. La plupart des autres cas sont liés à un vieillissement accéléré. Par exemple, les rockeurs des années 1960 et 1970 souffrent pour la plupart de baisses d’audition assez importante en raison de problèmes prématurés. Les surdités traumatiques liées au bruit sont difficiles à améliorer avec ou sans appareil auditif.

Je vous remercie.

Michel ALBERGANTI, journaliste scientifique à Slate.fr et

producteur de l’émission « Science Publique » sur France Culture

Merci, Luis GODINHO.

Après l’appareillage auditif, l’autre solution à la malentendance réside dans l’acte chirurgical. Bruno FRACHET, chef de service ORL de l’Hôpital Rothschild, va nous en parler.

Page 10: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 10 sur 26

- L’acte chirurgical

Bruno FRACHET, Chef de service ORL de l’Hôpital Rothschild

Mesdames et Messieurs, bonsoir. Je remercie Christian HUGONNET de m’avoir invité à ce débat. Je me suis permis d’apporter du matériel afin de vous faire entrer dans le monde de la surdité et de la chirurgie de la surdité. Mon objectif consiste à vous apporter une information loyale, à savoir celle que nous délivrons aux patients lorsque nous sommes amenés à leur proposer une opération.

Le son que vous entendez passe par l’air, et tout ce qui se déroulera dans l’oreille interne se fait dans un milieu liquidien. Le Créateur a dû répondre à la question de savoir comment faire passer dans

l’eau des vibrations sonores de l’air. Cette problématique se retrouve également dans le domaine de la chirurgie de l’oreille.

Le port de chaussures à talons aiguilles est interdit dans les musées nationaux à cause de la pression forte sur le parquet : le poids de la visiteuse appuie sur une surface d’un cm2, la surface du talon aiguille. L’oreille fonctionne en transformant une force en pression avec des différences de surface entre la surface du tympan et celle du dernier osselet de la chaîne : l’étrier. Cette pression va ensuite agiter les liquides de l’oreille interne et assurera la perception sonore.

L’oreille moyenne fonctionne avec le tympan et trois osselets : le marteau, l’enclume et l’étrier. Cet ensemble peut être rompu ou bloqué, auquel cas l’onde sonore passera mal dans l’oreille interne. Pour résoudre ce problème, nous pouvons procéder à une greffe de tympan ou à un changement des osselets. Je vous ai apporté un véritable étrier de 27 milligrammes ainsi que les prothèses en titane qui peuvent le remplacer. Cette opération relativement simple permet de soigner les surdités de transmission.

Chez le jeune patient, en dehors des traumatismes sonores extrêmement violents, nous ne disposons pas de beaucoup d’opérations destinées à soigner les surdités de perception. Ce type de surdité est semblable à un manque de sensibilité de la pellicule de l’appareil photographique. Comment résoudre ce problème ? Nous installons un projecteur afin d’éclairer le sujet à photographier. Ce projecteur correspond à une prothèse auditive. Cependant, comme en a témoigné Luis GODINHO, les patients ne souhaitent pas que cet appareil se voie, car il évoque la vieillesse.

Pour éviter cette stigmatisation, les ingénieurs ont fabriqué des dispositifs tout implantables pour cette surdité de perception.

La difficulté de l’opération réside dans la mise en place de la prothèse sous la peau alimenté par une pile rechargeable et commandé par un microphone. Le dispositif est comparable à une sorte de marteau-piqueur qui tape sur les osselets et permet d’entendre plus efficacement. Il s’agit d’une opération compliquée à mettre en place et onéreuse pour le patient. Il est donc préférable de le diriger vers la pose d’un appareil auditif dissimulé.

Enfin, l’implant cochléaire est une révolution datant maintenant de cinquante ans, initiée activement par le professeur CHOUARD, de Paris. Ce dispositif comporte deux parties. La première est implantée sous la peau et comporte un ensemble d’électrodes enroulées dans la cochlée (l’oreille interne). La seconde partie est extérieure et chargée de prélever le son avant d’envoyer de l’énergie au travers d’une antenne. Ce dispositif permet à un sourd complet de comprendre la parole. Cette opération est souvent réalisée sur l’enfant lorsque nous sommes sûrs qu’il est totalement sourd.

Opérer l’enfant permet d’éviter la mutité car la parole nécessite l’écoute. Un tel implant coûte 22.000 euros. Gloire à notre système de santé d’offrir cet appareil à tous, sans critères de richesse et en

Page 11: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 11 sur 26

fonction des besoins ! En revanche, il subsiste un malaise, car si cet appareil est pris en charge, la prothèse conventionnelle, elle, ne l’est pas.

Une prothèse coûte 1.500 euros. Multipliez cette somme par les 550.000 prothèses vendues par an en France. Considérez à présent le prix de l’implant et multipliez-le par 1.200. Vous constaterez un rapport de un pour 30 environ. L’implant cochléaire évite le déclin cognitif. Une déficience auditive de 25 décibels correspond à 7 ans de déclin cognitif en vue. Il est donc nécessaire d’entretenir l’audition à tous les âges de la vie pour éviter la dépendance ainsi que son prix.

Je vous remercie.

Michel ALBERGANTI, journaliste scientifique à Slate.fr et

producteur de l’émission « Science Publique » sur France Culture

Merci, Bruno FRACHET. Nous terminons avec la recherche et les espoirs vis-à-vis du futur. Christine PETIT, professeure au Collège de France, Chaire de Génétique et physiologie cellulaire, membre de l’Académie des Sciences, va aborder ce sujet.

- La recherche

Christine PETIT, Professeure au Collège de France, Chaire de

Génétique et physiologie cellulaire, membre de l’Académie des Sciences

Mesdames et Messieurs, bonsoir. Je remercie Christian HUGONNET ainsi que ses collaborateurs de la Semaine du Son pour cette nouvelle invitation à participer à ce club parlementaire.

Aborder la génétique dans ce cadre revient à tenter de mettre au jour les causes de la surdité. On aimerait parler de « malentendance » plutôt que de surdité en écho à la malvoyance, mais ce mot n’existe pas ; il faudrait interroger les académiciens our en comprendre la raison.

La surdité de transmission et la surdité neurosensorielle viennent de vous être présentées. En m’engageant avec mon laboratoire dans la

recherche des gènes responsables de surdité neurosensorielle, nos objectifs étaient multiples. Tout d’abord, nous souhaitions connaître la proportion des surdités d’origine héréditaire. Aujourd’hui, nos résultats montrent qu’environ 85% des cas de surdité congénitale profonde sont héréditaires. Dans 90% de ces cas, les deux parents entendent normalement ; chacun d’eux a transmis la copie altérée d’un même gène responsable de surdité à l’enfant malentendant. Dans 10% des cas, l’un des deux parents est malentendant et a transmis la copie altérée d’un gène responsable de surdité à son enfant. Aujourd’hui environ 70 gènes responsables de surdité chez le sujet jeune ont été identifiés dont environ une vingtaine par mes collègues qui ont fait œuvre de pionniers en ouvrant ce domaine de recherche à l’analyse. Certains des gènes identifiés sont responsables de surdité moyenne. Or il faut souligner à quel point cette dernière passe inaperçue chez les jeunes. On ne connaît pas sa prévalence. Elle est source d’échec scolaire. Ainsi, un tiers des enfants initialement diagnostiqués comme dyslexiques se révèlent être, en fait, malentendants.

Quel intérêt présente l’identification des gènes de la surdité ? Cette identification est à l’origine de la compréhension que nous avons acquise des mécanismes défectueux dans chaque forme de surdité héréditaire. La reproduction de ces altérations géniques chez la souris, conduit aux mêmes troubles de l’audition que chez l’homme. Or, chez l’animal, des approches interdisciplinaires

Page 12: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 12 sur 26

approfondies peuvent être menées qui permettent d’obtenir une idée précise des mécanismes défectueux dans chaque forme de surdité.

Le vaste ensemble désigné comme « surdité neurosensorielle » est en passe d’être démembré en une centaine de formes distinctes. Avec cette connaissance, nous sommes en mesure d’anticiper le bénéfice que les malentendants peuvent escompter des prothèses actuelles, prothèses conventionnelles (contours d’oreille) ou implants cochléaires. Ces prothèses ont prouvé leur efficacité, mais encore faut-il que leurs indications soient bien posées. Il arrive aussi que l’on découvre, pour certaines formes de surdité, l’efficacité que devraient avoir certaines prescriptions médicamenteuses.

Par l’étude de ces modèles animaux des surdités humaines, nous rencontrons un grand nombre de situations que rien ne permettait d’escompter. Ces imprévus nous obligent à reconsidérer la signification de certains tests auditifs et débusquent des pièges dans l’exploration auditive, jusque là insoupçonnés. L’ensemble de ces éléments justifie pleinement le diagnostic moléculaire, c’est-à-dire la recherche du gène en cause, dans chaque forme de surdité. A cela s’ajoute bien sûr la possibilité d’informer les familles sur le risque de récurrence de la surdité pour les enfants à venir. Une fois chaque forme de surdité reconnue par le gène impliqué, on peut en suivre l’évolution, élément dont les familles pourront être informées dans le futur.

De nouveaux axes de recherche à visée thérapeutique se mettent en place, approches pharmacologiques, thérapie génique et thérapie cellulaire. Aujourd’hui, la thérapie génique se montre efficace dans certaines maladies, les déficits immunitaires, en particulier. Son efficacité dans une forme de surdité a été récemment démontrée chez la souris. Le transfert à l’homme sera particulièrement exigeant puisqu’il devra d’emblée produire des résultats de qualité comparable à celle des prothèses auditives. Enfin, la thérapie cellulaire est en phase de développement ; celui-ci sera sans doute assez long.

Merci de votre attention.

Michel ALBERGANTI, journaliste scientifique à Slate.fr et

producteur de l’émission « Science Publique » sur France Culture

Merci, Christine PETIT.

Je remercie nos intervenants pour la qualité de leurs interventions ainsi que pour leur discipline vis-à-vis du temps de parole. Vous pouvez dès maintenant poser des questions à nos intervenants ou à nos parlementaires.

Jean-Dominique POLACK, Vice-président de La Semaine du Son, professeur à l’Université

Pierre et Marie Curie - UPMC

Dans les années 2000, je faisais partie de l’un des groupes opérationnels du PREDIT. L’INRS avait tenté de lancer une enquête nationale du bruit équivalente à celle réalisée en 1985, mais sans jamais parvenir à en rassembler le financement. Nous ne disposons donc d’aucune donnée épidémiologique au sens large sur le bruit depuis 1985.

Angélique DUCHEMIN, Association Agi Son

Notre association mène une campagne de prévention des risques auditifs dans le domaine des musiques amplifiées. Nous manquons effectivement d’études épidémiologiques sur lesquelles nous appuyer afin d’apporter des arguments aux professionnels. Nous travaillons avec le ministère de la Santé et l’INPES sur les questions de prévention. Comme le soulignait Frédéric COUSIN, il est crucial de

Page 13: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 13 sur 26

sensibiliser les parents. Or, nous ne savons pas comment les atteindre actuellement. L’INPES est peut-être l’organe qui pourrait se lancer dans un projet de communication d’ampleur à destination des familles.

Michel ALBERGANTI, journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Peut-être Dominique BIDOU souhaite-t-il réagir et revenir sur le rapport entre les chiffres et l’aspect épidémiologique de la surdité. Les statistiques que vous nous avez données peuvent peut-être découler de données épidémiologiques.

Dominique BIDOU, Président du Centre d’Information et de Documentation sur le Bruit (CIDB)

Ces deux approches sont très différentes. Les coûts sont une affaire de macroéconomie. Lorsque nous observons les coûts unitaires d’un déficit, nous multiplions des sommes indiquées sur une échelle de prix par le nombre de personnes touchées. Nous devons donc disposer d’enquêtes nous permettant d’identifier le nombre d’individus concernés par la surdité, et de savoir à quels niveaux.

En revanche, nous parlons d’argent, car il est toujours intéressant de savoir combien coûte la surdité et surtout ce qu’il faudra investir ou prévoir afin de réduire cette facture.

Je pense que l’approche médicale reste radicalement différente.

Angélique DUCHEMIN, Association Agi Son

Nous comptions démarcher des fédérations de parents d’élèves afin d’atteindre les parents sans passer par des campagnes médiatiques que nous ne pouvons pas financer. Notre plan de bataille se dessine et sera déployé dès l’année 2014.

Bruno FRACHET, Chef de service ORL de l’Hôpital Rothschild

Je souhaitais effectuer une remarque de praticien. L’audition n’est pas un luxe et comme toutes les pathologies lourdes, la surdité revient à une lutte avec la mort, non pas physique, mais fonctionnelle et civile.

Alain LONDERO, ORL à l’Hôpital Européen Georges-Pompidou

On commence à montrer que la conservation ou la restauration des seuils auditifs est un excellent moyen de prévention du déclin cognitif comme celui qui est lié à la maladie d’Alzheimer. Les chiffres nous montrent qu’un déficit de plus de 10 décibels avant la déclaration de la maladie d’Alzheimer résulte en un déclin cognitif plus précoce de 2 à 3 ans. Nous ne savons pas encore si la compensation du déficit permet de regagner ces années.

D’un point de vue purement comptable et de santé publique, la correction du déficit auditif présente aussi du sens pour prévenir ce type d’évolution particulièrement néfaste. Cette pathologie cognitive a plus de sens pour le public que le simple déficit auditif. En revanche, exposer le rapport entre les deux pathologies aux patients constituerait un message plus efficace en termes de sensibilisation du public.

Jean-Dominique POLACK, Vice-président de La Semaine du Son, professeur à l’université

Pierre et Marie Curie

J’ai eu l’occasion d’exercer en tant que professeur à l’université technique du Danemark pendant deux ans. Au cours de cette période, j’ai pu mettre en place un centre d’audiologie appliquée sur les prothèses auditives. J’ai conclu que dans les pays prenant en charge les prothèses auditives

Page 14: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 14 sur 26

comme le Danemark ou l’Allemagne, l’industrie de prothèses tendait à se développer. Le Danemark a été le premier fabricant de prothèses numériques et vend 45% des prothèses du marché actuel.

L’absence de prise en charge des prothèses auditives en France est probablement responsable de l’absence totale d’industrie de la prothèse auditive.

Luis GODINHO, Président du Syndicat National des Audioprothésistes - UNSAF

Je ne sais pas si l’absence de prise en charge est responsable de l’absence d’industrie ou si c’est l’inverse. Le Danemark est effectivement le leader de l’industrie avec Bang Olufsen par exemple. Sur les six multinationales de l’industrie des prothèses auditives, trois d’entre elles sont danoises, les trois autres sont américaine, suisse et allemande. Le rapport d’appareillage en France n’est pas si différent qu’en Allemagne. La France compte huit appareils pour 1.000 habitants contre dix appareils pour 1.000 habitants en Allemagne. Or, les remboursements sont beaucoup plus faibles qu’en Allemagne.

Si nous disposions d’un Essilor de l’appareillage auditif, peut-être serions-nous mieux entendus au niveau politique. Malheureusement, la France ne compte que 2.700 audioprothésistes.

Michel ALBERGANTI, journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Frédérique COUSIN, souhaitez-vous intervenir sur la question du remboursement et de la politique française en la matière ?

Frédérique COUSIN, Direction Générale de la Santé

Malheureusement, la Direction Générale de la Santé ne contrôle pas les cordons de la bourse. Je vous suggère donc d’inviter la Direction de la Sécurité Sociale à la prochaine séance.

Alice DEBONNET-LAMBERT, Centre d'information et de documentation sur le bruit

(CIDB)

Nous voyons régulièrement apparaître sur le marché des prothèses auditives élaborées en Asie du Sud-Est. Il paraît que ces prothèses sont susceptibles d’être vendues très prochainement dans les supermarchés. Acheter un appareil à moindre coût peut-il inciter à consulter un audioprothésiste ? Ou bien est-ce une catastrophe imminente pour vous ?

Luis GODINHO, Président du Syndicat National des Audioprothésistes - UNSAF

Nous connaissons ce sujet depuis quelques années. Du fait d’un reste à charge très important, de nouvelles solutions apparaissent. Le problème ne réside pas dans l’appareil ni dans sa provenance, car de nombreuses marques d’appareil les font fabriquer en Asie du Sud-Est. En revanche, la question pertinente consiste à savoir si un appareil auditif sans audioprothésiste suffit. Dans les pays où existe cette possibilité réglementaire, comme le Japon, les résultats sont très mauvais.

Ces mauvais résultats sont liés à la résistance psychologique dont nous avons parlé. De nombreux pharmaciens ne vendent plus d’appareils auditifs. Au Japon, ces appareils peuvent être achetés dans un bureau de tabac. Sans audioprothésiste, l’utilisateur peine à l’installer ou à le régler correctement. La différence profonde par rapport à l’optique réside dans le fait que les porteurs de lunettes ont une rétine saine. Les problèmes de vision de près sont essentiellement musculaires.

La surdité de perception est l’équivalent auditif d’une rétine atteinte et touche donc l’ensemble de l’appareil auditif. Aucune moyenne de presbyacousie n’est égale à une autre, mais la plupart se rejoignent dans les aigus. L’atteinte de la communication avec autrui fragilise psychologiquement la personne malentendante. La vente libre d’appareils auditifs ne donne donc pas de résultats satisfaisants

Page 15: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 15 sur 26

dans les pays dans lesquels elle est en vigueur. Les personnes malentendantes auront tendance à mal considérer ce dispositif et à ne recourir à aucune solution.

Une étude comparative Eurotrack a été menée et les écarts de satisfaction sont flagrants. La France affiche le meilleur taux de satisfaction devant l’Allemagne et le Royaume-Uni. Le prix d’un appareil doit probablement motiver les malentendants y ayant recours. En revanche, il est vrai que cette alternative ne constitue pas une solution.

Nous devons aussi apprendre à élaborer des appareils auditifs d’entrée de gamme présentant de meilleurs résultats que jadis. Pour environ 1.200 euros par oreille, il est possible d’être bien appareillé, en sachant que la prise en charge minimale de la Sécurité Sociale s’élève à 119 euros pour un adulte. À cette somme s’ajoute l’éventuelle prise en charge de la mutuelle. Le reste à charge n’est pas beaucoup plus important que le prix d’un appareil auditif sans audioprothésiste. Or l’accompagnement humain change tout.

Jean-Pierre LACOTTE, Technicolor

Il est possible de faire travailler le cristallin dans le cadre d’une DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) afin de forcer la rétine à effacer cette zone non sensible. Existe-t-il des méthodes éducatives similaires permettant de corriger ou de retarder la dégénérescence auditive ?

Bruno FRACHET, chef de service ORL de l’Hôpital Rothschild

Il s’agit d’un vaste débat. Beaucoup de travail s’opère au niveau de la rétine pour la vision et au niveau du cerveau pour l’audition. Je peux préconiser la rééducation de l’audition dans le bruit. Les orthophonistes proposent des tests et des exercices afin que le patient puisse distinguer des paroles au sein d’un bruit général. Toute une série d’évocations et d’hypothèses a été formulée afin de muscler à nouveau les cellules de l’oreille interne. Aucune preuve n’existe, cependant, la puissance et la plasticité du cerveau sont indéniables.

Christine PETIT, professeure au Collège de France, Chaire de Génétique et physiologie

cellulaire, membre de l’Académie des Sciences

Nous avons tendance à oublier que la réussite de l’implant cochléaire ne réside pas dans la réussite périphérique de l’implant. Elle est due à l’immense capacité du cerveau à recoder et décoder les nouveaux messages tout en les intégrant aux messages visuels dans une perception unitaire.

La transposition fréquentielle est un autre exemple qui ne comporte pas de transmission au cerveau et ne suscite pas réellement d’adaptation de la part de l’individu. Certains appareils auditifs permettent de combler une perte d’audition des hautes fréquences ainsi qu’une persistance de perception périphérique des basses fréquences. Cet appareil fonctionne en transposant les fréquences hautes dans la partie de la cochlée qui analyse les fréquences basses.

Nous ne savons pas encore exactement à quel point ce système fonctionne.

Luis GODINHO, président du Syndicat National des Audioprothésistes - UNSAF

La plupart des surdités concernent les sons aigus. Les surdités traumatiques sont bien connues des ORL. Des appareils très performants peuvent compresser les sons et les ramener sur les fréquences audibles. Les résultats sont spectaculaires en matière de compréhension vocale.

Catherine MORIN-DESAILLY, Sénatrice de la Seine-Maritime

Je me permets d’émettre une réticence concernant les éventuelles interférences entre hautes et basses fréquences.

Page 16: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 16 sur 26

Luis GODINHO, président du Syndicat National des Audioprothésistes - UNSAF

Les résultats restent très bons en matière de compréhension. Je souhaite également répondre à la question de M. LACOTTE. Il n’est pas possible de faire travailler ses oreilles afin de corriger des défauts d’audition, contrairement aux yeux. Le problème de perte d’audition est dû à une absence de stimulus d’une partie du cerveau qui peut être néanmoins compensée. Si l’on attend trop longtemps pour mettre en place un appareil, celui-ci fonctionnera beaucoup moins bien.

Une participante de la salle

J’ai été sensible à la question du dépistage systématique dont nos parlementaires peuvent débattre. Nous sommes très sensibles à la situation des jeunes en échec scolaire. Ces jeunes sortent du système scolaire sans maîtriser ce que nous nommons les apprentissages fondamentaux comme la maîtrise de leur propre langue, la lecture et l’écriture.

Je souhaite savoir quelles sont les études menées sur le lien entre le phénomène de la malentendance et une difficulté particulière d’apprentissage. Ce problème est-il bien connu des enseignants ? Certains d’entre eux ne sont probablement pas assez bien renseignés sur le sujet, ce qui renforce la nécessité du dépistage et de la prévention. Je souhaite également connaître le lien éventuel entre la malentendance et la difficulté d’apprendre une langue.

Frédérique COUSIN, Direction Générale de la Santé

Le lien entre les troubles d’apprentissage et la malentendance sont effectivement connus. Je ne connais pas d’étude particulière à ce sujet. En revanche, je sais que le ministère de la Santé et celui de l’Éducation nationale tentent de se rapprocher afin de sensibiliser les jeunes ainsi que les enseignants. Les premiers contacts ont été établis, et des études analysent cette problématique, cependant le travail doit être poursuivi.

Dominique BIDOU, président du Centre d’Information et de Documentation sur le Bruit (CIDB)

Au sein du Conseil National du Bruit, nous sommes actuellement en pleine réorganisation sous l’autorité de Christophe BOUILLON. Un groupe chargé des questions d’éducation et d’environnement sonore est en train de se constituer. Des thèmes seront développés en relation avec les services de l’Éducation nationale. Nous ne pouvons pas encore vous apporter de réponse et nous ne pouvons pas entrer dans le détail des mécanismes. Cependant, nous disposons d’estimations macroéconomiques.

Alain LONDERO, ORL à l’Hôpital Européen Georges-Pompidou

Je me permets d’apporter un éclairage en inversant votre proposition. La proportion des enfants sourds profonds parvenant au bac en ayant reçu une scolarité normale est estimée à moins de 10%. La surdité est clairement un facteur d’échec scolaire.

Ne dépistons-nous pas suffisamment tôt, dans la population des jeunes enfants, les problèmes d’audition pure qui pourraient être à l’origine d’échec scolaire ? J’estime que oui. Le dépistage scolaire ne teste que l’audiogramme et n’a pas vocation à déterminer précisément des problèmes auditifs qui peuvent être aussi banals qu’un trouble de l’intelligibilité dans le bruit.

L’autisme est une autre pathologie très fréquente aujourd’hui. Les enfants autistes ont un problème de compréhension de la signification de la parole dans le bruit. Les études acoustiques et psychologiques l’ont prouvé. Nous manquons très cruellement de données épidémiologiques de base afin de déterminer combien d’enfants sont malentendants, de quels types de problèmes auditifs ils souffrent, et si ces pathologies causent des problèmes scolaires sur le long terme.

Page 17: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 17 sur 26

Des études doivent être menées à un instant donné afin de savoir quelle est la prévalence du problème et si ces troubles de l’audition présentent des conséquences sur les acquisitions scolaires. J’ai l’intuition que ces problèmes sont clairement prédicateurs d’échec scolaire. Nous disposerions donc d’un moyen de prévention efficace si les enseignants, les médecins scolaires et les intervenants sociaux en milieux éducatifs étaient formés.

Christian HUGONNET, Ingénieur Acousticien, président de l’Association La Semaine du Son

Nous dénonçons depuis quelques années au sein de La Semaine du Son les méfaits causés par l’utilisation abusive de la compression d’une limite sonore. Les enfants arrivent en école maternelle le matin après avoir subi la compression sonore des publicités et des dessins animés. Cette compression consiste en une élévation du niveau sonore qui supprime les nuances du son. Nous pouvons considérer que l’enfant s’exprimera également d’une manière linéaire et compressée.

Nous souhaitons amorcer une réflexion sur la corrélation potentielle entre la malentendance liée à l’augmentation alarmante de cette compression sonore et les déficiences des jeunes d’aujourd’hui.

Christine KELLY s’est attaquée à ce procédé il y a quelques années. Cependant, cette pratique subsiste encore sous bien des formes. Cette forme compressée tend à prendre de plus en plus d’importance dans notre façon de percevoir le monde.

Sarah GRAU, représentant Sophie ERRANTE (Députée de Loire-Atlantique)

Mme ERRANTE se bat avec une association de sa circonscription afin de faire reconnaître comme handicap les déficiences auditives acoustiques telles que les acouphènes ou l’hyperacousie. La présidente de cette association est absente ce soir et craignait que cette thématique ne soit pas abordée.

Ces déficiences constituent de véritables handicaps dans la vie de tous les jours. Ceux qui en souffrent se trouvent par exemple dans l’impossibilité d’utiliser les transports en commun. D’autres doivent s’isoler car le bruit leur est devenu insupportable. Mme DOUAY DE FAULTRIER, la présidente de cette association, se bat pour que ces maladies soient mieux reconnues par les pouvoirs publics ainsi que par les professionnels de santé afin d’apporter des solutions à ces personnes.

Bruno FRACHET, Chef de service ORL de l’Hôpital Rothschild

Il s’agit d’une préoccupation de tous les médecins ORL. Nous sommes inondés par les demandes relatives aux acouphènes et à l’hyperacousie. Effectivement, lorsque nous ne souffrons pas de l’hyperacousie, nous nous en désintéressons, alors que les personnes qui en souffrent voient parfois leur vie complètement détruite par la maladie. Elles se trouvent souvent dans l’incapacité d’aller au supermarché, au cinéma ou encore dans le métro.

Nous devons effectivement sensibiliser les pouvoirs publics, mais également les familles des patients. Notre principal problème est notre méconnaissance totale de ce symptôme. Au-delà de ce symptôme, elle apporte son lot de troubles psychologiques.

Il est extrêmement difficile d’endurer un bruit assourdissant tout au long de la journée. Notre principal espoir réside dans la stimulation électrique. Elle libère les bons médiateurs et fonctionne beaucoup mieux que les médicaments, mais son inconvénient reste son coût et sa difficulté de mise en œuvre. En revanche, le traitement des acouphènes violents et insupportables avec de forts retentissements avance pas à pas.

Roselyne NICOLAS, Présidente de l’association France Acouphènes

Nous disposons de permanences téléphoniques recueillant les appels de personnes en situation de grande détresse à cause des acouphènes et de l’hyperacousie. Nous sommes parfois en contact avec des jeunes au bord du suicide et nous devons les accompagner. Ce sujet peut radicalement changer une vie et nous devons en parler afin de venir en aide aux personnes atteintes de ces troubles.

Page 18: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 18 sur 26

Alain LONDERO, ORL à l’Hôpital Européen Georges-Pompidou

Je souscris à tout ce qui a été affirmé par le professeur FRACHET sur le fait que nous ne comprenons pas la façon dont fonctionne l’hyperacousie. Les médecins ont l’habitude de ne pas comprendre les maladies auxquelles ils sont confrontés et cela ne les empêche pas de trouver des solutions. Nous avons longtemps prescrit de l’aspirine sans réellement savoir comment cela fonctionnait. Les patients étaient apaisés, et il s’agissait du résultat escompté.

Je ne sais pas si tout le monde ici sait en quoi consiste un acouphène ou une hyperacousie. Ces troubles peuvent simplement être comparés à une douleur. Il ne viendrait jamais à l’idée de personne de critiquer quelqu’un parce qu’il a mal. Il ressent quelque chose d’insupportable. Imaginez à présent que l’acouphène et l’hyperacousie soient respectivement une douleur du système auditif et une hypersensibilité du système auditif à des sons normaux. La douleur engendrée par ces deux maladies est comparable à celle engendrée lorsque l’on touche une blessure.

Des centres antidouleur et des financements spécifiques existent, et les individus souffrant d’acouphènes et d’hyperacousie devraient pouvoir en bénéficier.

Nous pouvons décortiquer ces troubles pendant deux heures. J’ai déclaré que le système auditif était essentiel à notre compréhension du monde et à notre système d’alerte. Il suffit d’avoir ressenti une situation d’urgence pour savoir que notre capacité à détecter les bruits alentour est excellente. Imaginez à présent qu’un jeune soit atteint d’un acouphène à la sortie d’un concert et devienne anxieux. Cette anxiété augmentera la douleur liée au trouble en question.

Il est possible d’aider les patients à l’aide d’une rééducation sonore et d’une prise en charge psychologique. Certains médicaments peuvent également permettre de supporter la douleur. Ces procédés restent très empiriques. Comme nous en parlions en aparté avec Mme PETIT, nous ne connaissons pas les mécanismes exacts de ces maladies. En revanche, cette méconnaissance ne nous empêche pas d’agir dans une démarche empathique de soin.

Jean-Michel KANDIN, chargé de la technique à Radio France

J’apprends beaucoup de choses ce soir. J’apprends qu’entre la chirurgie et la prothèse, le traitement des troubles auditifs coûte cher. Je suggère une solution coûtant moins d’un euro consistant à travailler non pas sur les conséquences mais sur les causes. Mme KELLY nous a rappelé que le CSA a effectué un travail sur le son de la télévision, la publicité, le haut-parleur large bande.

La radio est le principal pourvoyeur de ce genre de problèmes. J’ai travaillé sur le traitement du son de NRJ et Virgin Radio dans ma jeunesse et je peux avancer quelques chiffres. 80% des Français écoutent la radio chaque jour. La moyenne d’écoute s’élève à 3 heures par jour. La gamme dynamique d’une radio jeune s’élève à 3 décibels. Enfin, le niveau moyen de champ de la pression acoustique d’une radio jeune s’élève à 10 décibels.

Les jeunes écoutent donc la radio sur ces volumes, pendant 3 heures, avant d’aller à l’école, le tout, à travers un casque audio ou une chaîne Hi-Fi. La catastrophe se trouve ici. Elle touche les plus jeunes.

L’article 12 de la loi sur les communications audiovisuelles précise que les caractéristiques techniques des signaux émis sont définies par un arrêté interministériel après avis du CSA. Cet arrêté n’a jamais été publié. Par conséquent, certaines radios parisiennes diffusent de la musique avec 10 décibels de puissance multiplex.

J’ai poussé un cri d’alerte ici même et nous avons débattu de ce sujet au cours d’une audition de Radio France auprès du CSA la semaine dernière. Suite à cela, le CSA a publié une consultation publique sur la régulation éventuelle de la puissance multiplex. Toutes les questions qui y figurent ne concernent pas les praticiens, cependant, l’une d’entre elles est extrêmement intéressante.

Page 19: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 19 sur 26

« Pensez-vous qu’il soit opportun de réguler la puissance multiplex en radio en raison de la

contribution à l’augmentation de la puissance acoustique délivrée aux auditeurs, notamment dans le

cas de pratiques à risques (écoute au casque à fort volume, etc.) ? »

Pour illustrer mon propos, je vous demande de régler votre radio sur la fréquence de FiP, 105.1, et d’écouter l’émission diffusée à un certain volume en sortant de ce dîner-débat. Vous passerez ensuite sur la fréquence 96, au même volume. Je ne citerai pas le nom de cette radio, mais il s’agit de celle qui diffuse de la musique avec 10 décibels de puissance multiplex.

Je vous invite également à répondre à cette consultation du CSA pour moins d’un euro. Elle est en libre accès sur le site du CSA.

Je vous remercie.

Christian HUGONNET, Ingénieur Acousticien, président de l’Association La Semaine du Son

J’ajoute à ce qui vient d’être dit que la perte de références fait également partie du problème relatif aux troubles auditifs. Les jeunes n’ont plus la référence de l’instrument de musique. Qui aujourd’hui assiste à des concerts acoustiques ? Qu’advient cette notion même de référence à la nuance dans une société française dans laquelle moins de 2% des individus jouent d’un instrument de musique contre 65% aux États-Unis et 50% au Danemark ?

Cet état de fait ne donne aucune résonance à nos propos. Le haut-parleur et le casque audio ont remplacé l’instrument de musique.

Christine KELLY, Conseillère au CSA en charge des questions d’intensité sonore à la

télévision

Je souhaitais préciser que Radio France est la seule radio qui n’utilise pas la compression dynamique et dont les équipes réalisent un véritable travail sur la qualité sonore. Le CSA salue leur compétence. Après le constat vient la proposition. Innovons ce soir vous et moi et proposons à Radio France de créer des spots de prévention et d’information à destination de l’auditeur. Ces messages permettront de l’avertir au sujet des troubles auditifs.

Les chiffres exposés ce soir m’ont sidérée. Pourquoi ne pas élaborer ces spots à la fin du mois de janvier prochain afin de sensibiliser les parents et les auditeurs lors de La Semaine du Son ? 43 millions de Français écoutent la radio quotidiennement et Radio France est la plus importante radio en termes de public. Je vous prends à témoin ce soir afin que nous travaillions ensemble. En outre, je vous garantis que le CSA validera vos bandes-annonces.

Jean-Michel KANDIN, chargé de la technique à Radio France

Peut-être faudrait-il diffuser ce message sur 96 mégahertz.

Angélique DUCHEMIN, Association Agi Son

Vous pouvez également vous appuyer sur la campagne de sensibilisation à l’écoute du mp3 qu’Agi Son a mis en place avec les collectivités et les régies de transports. Nous menons cette campagne depuis deux ans et nous l’offrons gratuitement. À charge pour les collectivités de transport d’imprimer et de diffuser cette campagne. Nous disposons d’un site internet et cet outil pourra être développé sur tout le territoire.

Page 20: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 20 sur 26

Jean-Michel KANDIN, chargé de la technique à Radio France

Je confirme à Mme KELLY que Jean-Luc HEES, le président de Radio France, souscrira avec enthousiasme à l’idée. Je lui présenterai l’idée dès demain. En revanche, je suis inquiet que d’autres le fassent également.

Christophe BOUILLON, Député de Seine-Maritime

Je souhaite rappeler une anecdote de Pierre BOULEZ au Congrès international d’acoustique, à Paris en 1983. Pierre BOULEZ expliquait qu’à la tête de l’orchestre de Cleveland, il appréciait beaucoup de faire la tournée des universités américaines. Il se souvenait que dans une des grandes universités américaines, un des étudiants l’avait interpellé à la fin du concert pour lui dire qu’il aimait beaucoup son interprétation du Sacre du Printemps.

L’étudiant avait ajouté qu’il avait trouvé le volume de l’interprétation assez bas lors du concert. Pierre BOULEZ n’avait pas compris comment 120 musiciens sur scène pouvaient ne pas jouer fort. Il s’est aperçu par la suite que cet étudiant devait régler le volume de ses enceintes à fond.

Le même problème existait donc déjà en 1983. Je ne suis pas certain qu’une campagne lancée uniquement sur Radio France contribuera à régler ce problème.

Christine PETIT, professeure au Collège de France, Chaire de Génétique et physiologie

cellulaire, membre de l’Académie des Sciences

Le problème de l’échec scolaire est majeur. Il me semble que durant toute la période de l’école maternelle, un des objectifs majeurs est l’acquisition de la reconnaissance des phonèmes en vue de l’apprentissage de la lecture. Nous devrions bien davantage sensibiliser les enseignants des classes maternelles à l’existence des troubles auditifs et à leurs causes. Les enseignants du cours préparatoire sont sensibilisés à la dyslexie, ceux de la maternelle à l’autisme, mais ni les uns ni les autres ne le sont à la « malentendance ».

Quant aux tests de dépistages pratiqués en milieu scolaire avant l’entrée au cours préparatoire, ils sont extrêmement superficiels. Il ne s’agit pas d’un audiogramme qui permettrait de dépister un certain nombre de surdités légères et moyennes. De plus ces tests devraient aussi être pratiqués en présence de bruit, mimant la situation des enfants en classe.

Christophe BOUILLON, Député de Seine-Maritime

Quelle est la solution la mieux adaptée aux jeunes enfants ? Est-ce l’appareillage ?

Christine PETIT, professeure au Collège de France, Chaire de Génétique et physiologie

cellulaire, membre de l’Académie des Sciences

Bien entendu, cependant, les troubles auditifs restent sous diagnostiqués. Aucune étude française ne nous indiquera le pourcentage d’enfants souffrant d’une surdité légère ou moyenne.

Frédérique COUSIN, Direction Générale de la Santé

Vous avez tout à fait raison. Il a été démontré que les apprentissages fondamentaux, dont celui de la langue, se constituent lors de l’apprentissage primaire. Il s’agit d’un combat très important.

Page 21: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 21 sur 26

Alice DEBONNET-LAMBERT, Directrice du Centre d'information et de documentation sur le

bruit (CIDB)

Nous avons commencé à travailler auprès des crèches en région parisienne cette année, à la demande du personnel enseignant. Les enseignants estiment que les enfants sont très bruyants et que l’éducation à la découverte de l’environnement et à la qualité des sons permettrait de résoudre ce problème.

Nous avons visité des crèches dans lesquelles les accompagnants retirent les piles de tous les jouets qu’ils ont achetés. La naissance est la période pendant laquelle les parents sont les plus réceptifs et les plus attentifs au bien-être de leur enfant. Peut-être faudrait-il agir à cet instant précis. J’ai appris que les petites mallettes autrefois présentes dans les maternités n’y sont plus distribuées. Nous aurions pu y placer un petit dépliant de sensibilisation à destination des parents.

Nous travaillons avec le ministère de la Santé pour sensibiliser les parents et les enfants dès leur entrée à la maternelle.

Christian HUGONNET, Ingénieur Acousticien, président de l’Association La Semaine du Son

Les jouets contribuent effectivement à désapprendre la musique et constituent une approche du monde sonore totalement imbécile. Nous avons largement pu aborder ce sujet au cours d’émissions sur France Culture. Il était important de dire à quel point les bruits produits par ces jouets musicaux sont extrêmement tassés en termes de dynamique sonore et de spectre.

Je souhaite également ajouter que la législation des contraintes acoustiques n’existe pas dans les crèches. Certains textes imposent un minimum de réverbération dans certaines écoles, mais ils ne concernent pas encore les crèches. Cette thématique pourrait être développée à l’avenir par le Club Parlementaire.

Eric LEFEVRE, Secrétaire général de l’Association des ingénieurs de la radio et de la

télévision

Je souhaitais connaître les causes de la détérioration physiologique des osselets. Est-elle liée à un facteur d’hérédité où peut-elle être mécaniquement liée à un stress intense ?

Enfin, je souhaitais confirmer que le son des radios extérieures au service public présente des effets désastreux sur l’aspect comportemental des jeunes ainsi que sur l’aspect sociétal. En tant que représentants du ministère de l’Intérieur, nous recevons de nombreuses plaintes de querelles de voisinage. Ces querelles polluent les services de police qui doivent s’occuper d’un problème de chaîne Hi-Fi allumée plutôt que de répondre à des urgences. Ces querelles pourraient être évitées par une bonne utilisation des moyens de reproduction sonore.

Bruno FRACHET, Chef de service ORL de l’Hôpital Rothschild

Les osselets fonctionnent toute la vie. En revanche, entre chaque osselet se trouve une petite articulation qui peut vieillir et s’ankyloser. Il peut en résulter un raidissement de la chaîne des osselets. Dans les situations de vie, en dehors du vieillissement, les deux principaux agents pathogènes relatifs à ce phénomène ont été identifiés. Le premier est le coton-tige ou les traumatismes physiques pouvant atteindre l’oreille interne. Le second agent pathogène est l’infection localisée qui va grignoter l’os et aboutir à la rupture de la chaîne des osselets.

Un intervenant de la salle

Le coût de cette prothèse va-t-il évoluer ? Existe-t-il une marge de l’implant cochléaire ?

Page 22: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 22 sur 26

Christine PETIT, Professeure au Collège de France, Chaire de Génétique et physiologie

cellulaire, membre de l’Académie des Sciences

L’otospongiose est due à un ensemble de maladies monogéniques.

Un intervenant de la salle

Je m’interroge sur l’évolution possible du coût de l’implant cochléaire.

Bruno FRACHET, Chef de service ORL de l’Hôpital Rothschild

Un implant cochléaire coûte 22.000 euros. Tout le monde pensait que les prix allaient chuter avec la multiplication du nombre d’implantés. Ces prix sont plus élevés qu’aux États-Unis où ils semblent mieux négociés.

L’implant cochléaire a demandé de nombreuses années de recherche et de développement. Le milieu humain est extrêmement hostile. Cet implant est conçu pour fonctionner en milieu humide et comporte des composants électroniques assez sophistiqués. Il traitera des bandes de fréquence et fonctionnera environ 15 ans sans connaître de panne malgré son immersion dans un liquide.

Le SAV et la maintenance contribuent à imposer un prix à des niveaux élevés. Les Chinois essaient de créer des implants low-cost, mais ils ne fonctionnent pas aussi bien.

Dominique BIDOU, Président du Centre d’Information et de Documentation sur le Bruit (CIDB)

Le montant de 22.000 euros est à rapprocher du coût annuel du déficit. Le coût de cette implantation au patient est bien moins important que le coût de la malentendance supporté par la collectivité. Pendant les quinze ans de fonctionnement de l’appareil, la malentendance d’un individu non appareillé coûtera 1.500 euros annuels, supportés par la société.

Bruno FRACHET, Chef de service ORL de l’Hôpital Rothschild

Le coût de la santé donne le vertige. La prothèse du genou coûte 15.000 euros, les injections pour la DMLA coûtent 1.000 euros multipliés plusieurs fois... La chimiothérapie est hors de prix alors que son efficacité n’est pas toujours majeure… L’implant cochléaire ne coûte donc pas – relativement - très cher.

Christine PETIT, Professeure au Collège de France, Chaire de Génétique et physiologie

cellulaire, membre de l’Académie des Sciences

Cette somme ne comprend-elle pas le coût de la rééducation ?

Bruno FRACHET, Chef de service ORL de l’Hôpital Rothschild

Le montant de 22.000 euros ne comprend que le dispositif. En regard on mettra le prix horaire de la rééducation orthophonique dérisoire et pourtant essentiel.

Christine KELLY, Conseillère au CSA en charge des questions d’intensité sonore à la

télévision

Bruno FRACHET, vous avez abordé la question de l’entretien de la santé auditive. Comment bien entretenir son système d’audition ?

Page 23: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 23 sur 26

Bruno FRACHET, Chef de service ORL de l’Hôpital Rothschild

Il peut être entretenu grâce à la prévention et en prêtant attention aux situations dangereuses. Nous tentons de comparer le trouble de l’audition à un coup de soleil. Il est nécessaire d’éviter de s’exposer à des situations à risque, de s’éloigner des enceintes, de mettre des bouchons d’oreille. Les jeunes aiment la musique qui fait vibrer la cage thoracique. Chaque discours de prévention se transforme régulièrement en lutte intergénérationnelle.

Le trouble auditif peut être passager avec un acouphène temporaire. Cependant, lorsque les jeunes se heurtent à un problème auditif qu’ils conserveront toute leur vie, ils ne comprennent pas pourquoi cela leur arrive. Le problème de la prévention auprès des jeunes est extrêmement difficile et subtil.

Un intervenant de la salle

Certaines générations n’ont pas connu ce genre d’agressions sonores au cours de leur jeunesse. À l’inverse, certains parents font partie des premières générations à avoir assisté à de grands concerts. Ces générations ont désormais des enfants et devraient connaître ce problème.

Bruno FRACHET, Chef de service ORL de l’Hôpital Rothschild

Les jeunes qui assistent à des concerts sont soumis à la violence du DJ. Sa pratique doit être contrôlée, car le risque d’assourdir des quantités de jeunes est bien réel.

Michel ALBERGANTI, journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Nous allons clore ces débats par une conclusion de Christophe BOUILLON ainsi que quelques mots de Catherine MORIN-DESSAILLY.

Christophe BOUILLON, Député de Seine-Maritime

Je souhaite simplement remercier nos intervenants qui ont su répondre à notre curiosité vis-à-vis de la santé auditive. Je remercie Michel ALBERGANTI d’avoir fluidifié l’organisation des débats. Enfin, en tant que parlementaires, Catherine MORIN-DESSAILLY et moi-même avons entendu un certain nombre de messages.

Des actions devront être entreprises vis-à-vis de la santé auditive des très jeunes et notamment sur le sujet de la réussite scolaire. Une intervention de la précédente réunion évoquait déjà cette absence de législation en matière de son dans les crèches. Nous devrons agir et prendre un certain nombre d’initiatives sur les différents sujets qui ont été abordés ce soir.

Je laisse à Catherine MORIN-DESSAILLY le mot de la fin. Encore une fois, merci de votre présence.

Catherine MORIN-DESAILLY, Sénatrice de la Seine-Maritime

Je joins mes remerciements à ceux de Christophe BOUILLON. Ce Club est parvenu à rassembler un ensemble de parlementaires pouvant désormais bénéficier de nos réflexions. Nous travaillons à l’Assemblée Nationale, au Sénat et dans nos commissions en auditionnant régulièrement des experts sur différents sujets. Je vois dans ce Club l’opportunité de parler du son de manière transversale et nous allons poursuivre notre entreprise de mobilisation des parlementaires.

Page 24: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 24 sur 26

Christophe BOUILLON, Député de Seine-Maritime

Nous serons présents lors du prochain Club. Il sera consacré une fois de plus au domaine sonore dans le secteur de l’audiovisuel.

Merci à vous.

Christian HUGONNET, Ingénieur Acousticien, président de l’Association La Semaine du Son

Je vous remercie également de votre présence. Nous avons retenu qu’il était possible de créer de nouveaux espaces dédiés à la connaissance du son. Un institut et un hôpital de la vision existent déjà. Ne pourrions-nous pas envisager de créer un institut de l’audition auquel serait relié un hôpital spécialisé qui s'appellerait « hôpital de l'audition » ? Nous vous donnons rendez-vous pour le prochain Club Parlementaire. Il sera consacré au son dans le secteur audiovisuel. Encore une fois, merci à tous.

Page 25: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 25 sur 26

Liste des présents au dîner-débat

ALBERGANTI Michel France Culture

BALIZET Véronique La Semaine du Son

BALLARIN Patrick Digitime

BAUDOUIN-TONNARD

Dominique Audika

BIDOU Dominique CIDB - Centre d'information et de documentation sur le bruit

BINARD Marianne La Semaine du Son Bruxelles

BLANCHARD Jean-Philippe Audiopole

BOUILLON Christophe Député de Seine Maritime

BOURREAU Estelle Le Semaine du Son

CAMBON Gérard Conseil National du Bruit

CARPENTIER Fiona Staut & associés

CESPEDES Patricia Collaboratrice de Denis Jacquat

COUSIN Frédérique Direction générale de la Santé

COVO Olivier Sound Value

DE BOISHERAUD Catherine CNSMDP - Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris

DE FOUR Annemie La Semaine du Son Bruxelles

DEBONNET-LAMBERT

Alice CIDB - Centre d'information et de documentation sur le bruit

DUCHEMIN Angélique Association Agi-Son

DUNKELMAN Stephan La Semaine du Son Bruxelles

ERNOULD Franck Journaliste

FRACHET Bruno Hôpital Rothschild

GODINHO Luis UNSAF- Syndicat National des audioprothèsistes

GRAU Sarah Collaboratrice de Sophie Errante

HEGER Bernard Simavelec

HONDELATTE Christophe Journaliste

HORVILLEUR Jean-Louis La Semaine du Son

HUGONNET Christian La Semaine du Son

JACQUAT Denis Député de la Moselle

KANDIN Jean-Michel Radio France

Page 26: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

Club Parlementaire Son & Société Dîner-débat « La santé auditive »

22 octobre 2013 Page 26 sur 26

KELLY Christine CSA

LACOTTE Jean-Pierre HD Forum

LANGLADE Lionel

LEFEVRE Eric Ministère de la Défense

LEHEMBRE Antoine Radio France

LONDERO Alain Hôpital Européen Georges-Pompidou

MANCEAU Maurice Saint Gobain

MANCEL Jean-François Député de l'Oise

MANCEL Brigitte Collaboratrice de Jean-François Mancel

MORIN-DESAILLY Catherine Sénateur de Seine-Maritime

NICOLAS Roselyne Journée Nationale de l'Audition

OHSE Philippe La Semaine du Son Bruxelles

PEDONE Agnès CSA

PETIT Christine Institut Pasteur

POLACK Jean-Dominique Université Pierre et Marie Curie

POUBEAU Pierre Compagnie des experts judiciaires

REINE-ADELAIDE Estelle La Semaine du Son

ROBIN Claude-Yves CapRézo

ROBIN Julie Sony France

STAUT André Staut & associés

TERUGGI Daniel INA (institut national de l’audiovisuel)

TONNARD Alain Audika

TONNARD Patrick Audika

VAN BELLEGHEM Eric Star Key

VICART Jean-Louis Mairie de Paris

WANEGUE Jean-José Journaliste

Page 27: Compte rendu CPSON_Santé auditive_221013

���������������� ����������������� ���������������������������������������

���� �!��!�������"#��$� �%��� �&��!��������"% �'���!"#��((("�!��!�������"#��

������������

������ ������!� �'���)� ���&� � ������ �� *+,� ��!� ����!��!� ���� �)��!�% �� ���!���� ��� ���)!)� !��!� � �

�&��!����!���-!����!���!�����!��������������&� !�� �������!����� !��� ��&)��� �����������&��!� ��

)���&�����!��)��'�'���"��

./�������)����������������� 0������!������)���)������./���!����1�'����!�2�3��*�&��������*���4�

���������� �� 0�&���!�����������% )&�!����� �)���������"�5����������!�������6���)�*!��!����

'7��� ��##)���!�� �%�� ��� �&��!������ 8���������� � &������� ����!�� ��% ��!)9� ��!� �)�� �� �� ��!)�

�0�����!��� ���� ��!����!)� �!� ���� �)'� ���!)� ����� �� �)# ������� ��� �)��!� ���� � �!�#��&�� �!���� ���

�����!�����!������� �'��������2�. �%���� �&��!�����*���:�*��)!)�4"�

3�� %�!� ��� 2�. �%� ��� �&��!����� *��� :� *��)!)�4� ��!� ��� ������/��� �!� ��� #)�)���� ��� �!����� �!�

���!����������)������ ������% )&�!���������������������&% �������%� ����� ����)���������% ���

�!� �����!������������ �����&���!���"�

3����)������������. �%�����������)���������� 7'�������� �&��!������������#� ��!��0�����!������

�� �!������##)���!���;��!����� )'�!�&�!)�����!��!�% ���!�����#��!������)���!�!���!)������ 0�##���!)�

�!� �� %��� ��;����&��!� ��� �!!�� � �!�#��&�"� 3�� ��)������� ���. �%� ��!� �!�� �&��!� ����&)������

�������� ��������������� �������� � ���� ������� �!� ���������� ���������� ������ �

���� ������"�

3�� . �%� ��� �)���!� ������� �&��!� ����� #��&�� ��� �<���$�)%�!�� 8��!���� ��� �� =� �� ����� 0���)�9��

�) ����!���!�����>������� ������������!)�� ���!/7&����>�!�� �!)�!��/��!� 0���������&��!��������

����� 0)���&��� �!� �� ���)!)�� ������ ��� ���!�� �&��!� ����� ������� #��&�!�� 8��!�!�� �)?��������

����!������ '������ ��� !����� @9� =� �� ��&����� ���� ��)�����!�� ��� ���� ��''��!���� ���� &�&%���� �!�

�����%�!����������)�����!�"�*�� ��������!�����0�##�!���!����������������� 0�����!����� �&��!�����

86���&% )����!���� �����*)��!9�� ��. �%����!�=� ����������)� �������'�)��0���!/7&������0�������!)�

��)�#�����!����#��!�������������!���!)�"��

3���%���!�*!��!�:�6����)������!��!�������. �%��!��#����!�������� �����)�����!��������� ��'�&��!�

���2��������������4������) )'�!����������������� 0��'�����!�����!� ��'��!�������.�*+,���!������

#��!���� �/�%� �!)�=�#�!������!���������� ����!���!����"��

���������������������������

• ��� �&��!������8�������!9�

• 6�&����!��!�������������� �!)���� �#�)���8��������!�!���9�

• A�!���������� ���!�!�!������ '�����&��!�� ���#�������� ��� ����)���!��!�� ��� &����� ���

0���������&��!�����������#�������� ��!�������!�#��!���!������'����&���8�����!���!���9�

• �������8��������!�!���9�

Informations CPSon