5
Parlons salaires ! A lors que certains économistes annoncent, sans certitude, un rétablissement progressif de la conjoncture économique, il est à noter la persistance d’indicateurs préoccupants. L’activité économique continue de chuter dangereusement et une forte hausse du chômage est programmée. Des familles de plus en plus nombreuses sont en grande difficulté et les distributeurs « hard discount » font le plein. Le gouver- nement est toujours sourd à cette nécessité d’une réponse sociale forte. Les politiques menées utilisent les mêmes recettes : ainsi les exonérations de charges sociales et autres qui n’ont pas fait preuve de beaucoup d’efficacité sauf à dévaloriser le travail et à conforter les bas salaires en France. Dans les entreprises, la recherche de productivité au détriment de l’emploi prime. C’est au contraire en favorisant une augmenta- tion significative des salaires, en soutenant la demande sociale et en valorisant le travail, que l’on confortera une reprise de l’activité et des créations durables. Alors oui, parlons enfin des salaires! Vincent Gautheron, Président de la Commission économique du CRE-RATP [ Edito ] Le journal de la direction de l’analyse et des études économiques du CRE-RATP 68, avenue Gambetta - BP 119 - 93172 Bagnolet Cedex Directeur de la publication: Marc Grassullo Rédaction : DAEE - Tél. 01 58 78 93 90 - E-mail : [email protected] Contacts : [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] Réalisation CRE-RATP - Conception: JMF Communication Maquettiste: Rosy Carrière - Photos et illustrations: Istockphoto/Droits réservés. Comptes sociaux 2008 une année c [ Dossier ] 2 CONNEXIONS _ avril 2009 L’année 2008 restera-t-elle comme l’année de tous les records pour la RATP ? L’activité et les résultats enregistrés par l’entreprise sont, pour la seconde année consécutive, en forte progression. Mais la crise économique n’a eu jusqu’ici qu’un impact limité sur ses perfor- mances, qui reposent en partie sur des fac- teurs conjoncturels. Et certaines dispositions du nouveau contrat RATP/STIF définissant le système de rémunération de l’entreprise, ne seront effectives qu’à compter de 2009…

Comptes sociaux 2008 une année csur une hypothèse d’augmenta - tion tarifaire plus modérée 1. La croissance du volume de trafic payant (hors effet prix, tarifica - tion et effet

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Page 1: Comptes sociaux 2008 une année csur une hypothèse d’augmenta - tion tarifaire plus modérée 1. La croissance du volume de trafic payant (hors effet prix, tarifica - tion et effet

Parlons salaires !A lors que certains économistes annoncent, sans

certitude, un rétablissement progressif de la

conjoncture économique, il est à noter la persistance

d’indicateurs préoccupants. L’activité économique

continue de chuter dangereusement et une forte

hausse du chômage est programmée. Des familles de

plus en plus nombreuses sont en grande difficulté et les

distributeurs « hard discount » font le plein. Le gouver-

nement est toujours sourd à cette nécessité d’une

réponse sociale forte. Les politiques menées utilisent

les mêmes recettes : ainsi les exonérations de charges

sociales et autres qui n’ont pas fait preuve de beaucoup

d’efficacité sauf à dévaloriser le travail et à conforter

les bas salaires en France. Dans les entreprises, la

recherche de productivité au détriment de l’emploi

prime. C’est au contraire en favorisant une augmenta-

tion significative des salaires, en soutenant la demande

sociale et en valorisant le travail, que l’on confortera

une reprise de l’activité et des créations durables. Alors

oui, parlons enfin des salaires!

Vincent Gautheron, Président de la Commission économique du CRE-RATP

[Edito]

Le journal de la direction de l’analyse et des études économiques du CRE-RATP

68, avenue Gambetta - BP 119 - 93172 Bagnolet CedexDirecteur de la publication : Marc GrassulloRédaction : DAEE - Tél. 01 58 78 93 90 - E-mail : [email protected] : [email protected]

[email protected]@[email protected]@ce.ratp.fr

Réalisation CRE-RATP - Conception: JMF Communication Maquettiste: Rosy Carrière - Photos et illustrations: Istockphoto/Droits réservés.

Comptes sociaux 2008

une année c

[Doss

ier ]

2 CONNEXIONS _ avril 2009

L’année 2008 restera-t-elle comme l’année de

tous les records pour la RATP ? L’activité et les

résultats enregistrés par l’entreprise sont,

pour la seconde année consécutive, en forte

progression. Mais la crise économique n’a eu

jusqu’ici qu’un impact limité sur ses perfor-

mances, qui reposent en partie sur des fac-

teurs conjoncturels. Et certaines dispositions

du nouveau contrat RATP/STIF définissant le

système de rémunération de l’entreprise, ne

seront effectives qu’à compter de 2009…

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remière année du contrat2008-2011 avec le STIF et du

plan d’entreprise, 2008 est uneannée charnière pour la RATP.Alors que certaines dispositions ducontrat, structurantes pour l’avenirde l’entreprise, sont encore ennégociation, les résultats 2008 sontsuivis de près par l’autorité organi-satrice. Ces résultats doivent beau-coup, selon l’entreprise, aux effortsd’efficacité déployés dans le cadredu plan quinquennal défini parPierre Mongin, mais résultent éga-lement d’éléments conjoncturels.Des résultats enfin, qui ne préju-gent pas des performances de laRégie pour les années à venir, dansun contexte où les signes de satu-ration du réseau se multiplient et

où les effets de la crise écono-mique devraient être rapidementperceptibles.

Une offre en progression

Le service offert atteint 525 mil-lions de kilomètres-voitures (MKV).Il est en hausse de +6,6 % en don-nées brutes, croissance qui restede +4,1 % après correction del’effet des grèves de 2007. Lesrenforcements d’offre comman-dés par le STIF en 2007 et 2008,dans le cadre des avenants auxcontrats, expliquent l’essentiel decette évolution. 42 % de cette offrecomplémentaire concernent lemétro, avec notamment le pro-longement de la ligne 13 àCourtilles/Gennevilliers à mi-année, l’effet année pleine de laprolongation du service d’uneheure le vendredi soir et des ren-forts sur les lignes 2, 3, 7 et 14(prolongée à Olympiades en2007). 33 % sont à attribuer auxrenforcements et adaptations deservice qui ont concerné prèsd’une centaine de lignes du ré-seau de surface en 2007 et 2008.25 % concernent le RER, avecpour l’essentiel l’accroissement de l’offre aux heures creuses desjours ouvrables entre Cergy etChessy depuis février 2008.

La progression du trafic est éga-lement dynamique, avec +6 % detrafic brut (+3 % après correctiondes grèves et des grandes pertur-bations). Sur dix ans, l’offre de ser-vice de la RATP s’est accrue de19 %, tandis que son trafic brut aconnu une croissance de 26 %. Cedernier franchit pour la premièrefois la barre des trois milliards devoyages annuels. Sa hausse est trèsforte sur le réseau de surface (+4,2 % en données corrigées),soutenue au métro (+2,5 %) etplus modérée au RER (+1,7 %),en raison de nombreux incidentstechniques. Une fois corrigée desgrèves et perturbations, l’essentielde la hausse de fréquentation s’ex-plique par les facteurs suivants :

:

charnière

les décisions du STIF en matièred’offre et de tarification (exten-sion du forfait gratuité transport),un effet de calendrier positif, unpremier semestre favorable (mar-ché du travail dynamique ethausse des prix des carburants) etune fréquentation touristique enbaisse modérée par rapport à sonhaut niveau de 2007.

Un CA de plus de 4 Md€

Composé à 48 % du produit desventes de titres de transport et à45 % de concours publics duSTIF, le chiffre d'affaires augmentede 4,6 % entre 2007 et 2008, hausse qui se limite à 3,8 % si l’onneutralise l’impact des grèves de2007. Les recettes enregistrées en2008 auprès des voyageurs aug-mentent de 4,3 % par rapport à2007, générant près de 45 % dela hausse du chiffre d’affaires dela Régie. Elles sont toutefois enretrait par rapport à la prévisiondu budget, qui reposait pourtantsur une hypothèse d’augmenta-tion tarifaire plus modérée1. Lacroissance du volume de trafic

payant (hors effet prix, tarifica-tion et effet déport des grèves de2007) se limite à 0,9 %, alorsqu’elle était prévue à 1,9 % aubudget. L’écart entre cette crois-sance du trafic payant et celle dutrafic statistique hors effet grèves(+2,8 %) s’expliquerait, selon ladirection de la RATP, par deuxéléments : l’accroissement de mo-bilité liée à la tarification socialemise en place par le STIF (pour0,8 %) et les effets sur la fréquen-tation de l’offre nouvelle, quiconcernent pour partie des abon-nés et ne donnent donc pas lieu à des recettes nouvelles (pour1,3 %). La différence entre re-cettes réelles et objectif de re-cettes du contrat est de 25 M€.Elle fait l’objet d’un partage durisque sur les recettes avec le STIF,qui reverse à la RATP la moitiéde ce montant (diminué de l’im-pact des grèves2, évalué à 0,2 M€

pour 2008).

Les recettes en provenance duSTIF augmentent de 4,2 % entre2008 et 2009 (+74 M€). Cettehausse soutenue s’explique pourpartie par des éléments conjonc-turels : ainsi, le décalage d’un tri-

CONNEXIONS _ avril 2009 3

•••

P

+ 4,1% de croissance du serviceoffert, qui supplantecette année la hausse defréquentation desréseaux.

Evolution du trafic et du service offert entre2007 et 2008*

* après correction des grèves et perturbations importantes** y compris STL et Orlyval.

-2%

0%

2%

4%

6%

8%

10%

12%

Offre Trafic

MétroRER

ligne A

ligne B BusTCSP

Bus PDUBus Paris

Bus Banlieue

Noctilien

Total RATP**

Page 3: Comptes sociaux 2008 une année csur une hypothèse d’augmenta - tion tarifaire plus modérée 1. La croissance du volume de trafic payant (hors effet prix, tarifica - tion et effet

mestre entre l’évolution des prixet l’intégration de cette évolutiondans les contributions du STIFgénère en 2008, en raison de laflambée des prix3 observée aupremier semestre, un supplémentd’actualisation de 1,3 % par rap-port au budget. Ce décalage, quipèsera inversement à la baisse en2009, mène cette indexation àcontribuer à hauteur de 112 M€

à la hausse des concours publics.Autres facteurs explicatifs, outreles 12 M€ au titre du partage desrisques sur les recettes : les ren-forcements d’offre (+55 M€), les charges en capital hors effetprix (+20 M€), les boni sur qua-lité de service (+3 M€). A l’in-verse, parmi les principaux freinsà la hausse de ces concours, mentionnons le rebasage réaliséen 2008 lors des négociationscontractuelles sur la contributiond’exploitation (-40 M€) oul’écart de recettes à l’objectif, quientraîne une réduction de 36 M€

des concours publics (en base).Enfin, les recettes hors contratSTIF, qui rémunèrent des presta-tions de transport pour des tiersou des activités hors transport (pu-blicité, locaux commerciaux…),sont en progression de +9 %.

Frais de personnel sous surveillance

En croissance de 3,9 % par rap-port à 2007, les charges connais-sent une hausse plus modéréeque le chiffre d’affaires. Ceci en dépit de l’accélération de l’in-flation (2,8 % en 2008 contre 1,5 % en 2007), à l’origine de 87 M€ de charges supplémen-taires. Outre l’inflation, la haussedes charges est due pour l’es-sentiel à l’offre supplémentaire (+55 M€), à la hausse des prix del’énergie (+16 M€) et du volumede matières et autres chargesexternes (MACE) consomméesen raison de besoins nouveaux(+23 M€). Ces besoins nou-veaux sont notamment attribuésau vieillissement du parc dematériel roulant et des installa-tions fixes qui, associé à un usageplus intensif, nécessite pour samaintenance une consommationaccrue de matières. La modération des charges qui

s’observe en 2008 est due, pourl’essentiel, au ralentissement dela progression de la masse sala-riale par agent, qui augmentemoins que l’inflation : 2,2 %contre 2,8 %. Soit une diminu-tion inédite du salaire moyen paragent à prix constants de 0,6 %.Cette évolution résulte de laconjugaison des effets suivants :mesures salariales (+2,6 %) etavancement (+1,6 %) des agentsen place, effet de Noria lié auremplacement des agents sor-tants par de nouveaux entrantsaux salaires moins élevés, qui estparticulièrement fort cette année(-2 %). En tenant compte desvariations d’effectifs d’une annéesur l’autre (+432 en effectifsmoyens payés) et d’autres effets(effet déport des grèves de 2007et dette de temps), la masse sala-riale totale augmente donc de+3,6 %. Notons que 900 agentssupplémentaires sont affectés auxrenforcements de l’offre cetteannée, auxquels il convientd’ajouter 262 agents au titre desrecrutements différés et debesoins nouveaux. Soit au finalune productivité physique netteréalisée de 730 postes, qui repré-sentent 40 M€ d’économies, àlaquelle s’ajoute celle réalisée surles achats de MACE (8 M€) (cf.ci-joint).

Résultat : plus 50 %

Le résultat net de l’entrepriseatteint 125 M€. Il augmente deprès de 50 % cette année et a étémultiplié par trois en trois ans.Cette croissance s’explique pardes recettes plus dynamiques queles frais de fonctionnement, quipermettent une hausse de l’excé-dent d’exploitation de +7,4 %.Elle est favorisée par des dota-tions aux amortissements quasi-ment stables, en raison de misesen service différées et de duréesd’amortissement plus longuesque prévu pour certains investis-sements.Ce résultat permet une progres-sion notable du niveau de profi-tabilité (résultat net/CA), désor-mais élevé pour le secteur destransports : 3,1 % contre 2,1 %en 2007 et 1,1 % en 2006.

4 CONNEXIONS _ avril 2009

[Doss

ier ] Comptes sociaux 2008 :

une année charnière•••

+3,5% de productivité, soit plus que l’objectif de 2 % par an fixé par le plan d’entreprise.

* productivité = production / facteurs nécessaires à cette production (frais de personnel, achats,prestations, consommations, amortissements)** Il s’agit d’un différentiel de croissance des coûts avec ou sans offre nouvelle (ce taux est parti-culièrement élevé en 2008 en raison de l’effet des VK RER supplémentaires sur trains longs).

« La productivité réalisée s’est traduite par l’économie de 730 postes en 2008, soit plus que les 400 programmés

dans le budget. »

Composantes de la productivité* en 2008

Productivité totale + 3,5 %- dont productivité de croissance** + 1,9 %- dont productivité physique : + 1.6 %

MACE 8 M€

- exploitation 3 M€

- maintenance 4 M€

- autres 1 M€

Emplois 40 M€ / 730 postes- exploitation (64 % de l’effectif) : 446 postes (61 %)

• BUS 224• MTS 65• MES 100• RER 35• SEC 22

- maintenance (26 %) : 228 postes (31 %)• MRF 74• MRB 42• M2E 68• EST 36• SIT 8

- ingénierie et tertiaire (10 %) 56 postes (8 %)

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Il permet également une crois-sance de 11 % de la capacité d’au-tofinancement4, qui s’établit à 691 M€, sans toutefois empê-cher une dégradation du taux decouverture du programme interned’investissements 5 par la CAF. Cetaux, qui atteignait 98 % en2007, n’est plus que de 95 % en2008, en raison de la forte haussedu programme interne. La crois-sance des subventions permet enrevanche au taux de couverturedes investissements par la CAF etles subventions de s’améliorer,passant de 85 % à 87,5 %.De leur côté, les investissementsde la Régie continuent à monteren charge (+8 %), dépassant lemilliard d’euros. Cette croissances’explique par le passage en phasetravaux de nombreuses opérationsdu contrat de plan Etat-Région2000-2006, les premiers paie-ments pour les nouveaux maté-riels associés et le nécessairerenouvellement des installations,équipements et matériels roulantsen place (cf. Connexions 143). Faitsuffisamment rare pour être men-tionné, l’entreprise remplit globa-lement les engagements de sonprogramme d’investissements en2008. Les opérations du CPER(titre 1) connaissent la plus fortecroissance (+64 %), bien qu’en-core en léger retrait par rapport à

la prévision en raison de retards sur certaines opérations (prolonge-ment du T1 à Gennevilliers LeLuth, tramways de Saint-Denis/Garges-Sarcelles et Villejuif/Athis-Mons). Les autres dépenses duprogramme sont supérieures auxprévisions, soit une hausseannuelle de 12 % pour les investis-sements d’amélioration de l’ex-ploitation, de gros entretien etde modernisation (titres 2 et 3)et de 33 % pour le matériel rou-lant (titre 4).

Un financement en suspens

A ce jour, l’entreprise ne disposetoujours pas de ressourcespérennes suffisantes pour financerses investissements. Aux 691 M€

de CAF dégagée par l’entreprises’ajoutent 7 M€ de produits decessions d’actifs et 193 M€ desubventions d’investissement,elles-mêmes en hausse de près de16 % cette année. 138 M€ de « subventions programme » sontainsi destinées à financer la partd’engagement des collectivitésdans les opérations du contrat deplan Etat-Région, 47 M€ de « subventions hors programme »vont à l’amélioration de la qua-

lité de service, auxquels s’ajou-tent 8 M€ de participation duSTIF à la rénovation de maté-riel roulant. La Régie s’endettedonc à hauteur de 120 M€ pourfinancer le solde de son pro-gramme d’investissements. Unefois ajoutée la variation du besoinen fonds de roulement (BFR de71 M€), l’endettement net aug-mente de 191 M€, et atteintdonc en 2008 près de 4,5 Md€.

La RATP reste ainsi plus quejamais confrontée à la questionépineuse du financement d'unprogramme d'investissements quigénère une inflation de sa detteet continuera à monter encharge dans les années à venir.L'engagement, pris par le STIFdans l'article 40 du contrat, d'yapporter une réponse en concer-tation avec l'Etat, n'est à ce jourpas tenu. Alors que le cycle desinvestissements est dans sa phaseascendante, les objectifs conve-nus dans le cadre du plan derelance gouvernemental pré-

voient 300 M€ de dépensescomplémentaires au programmed'investissements 2009, générant75 M€ de besoin de finance-ment. Le financement par l'Etatet la Région d'une partie de cesengagements reste en outre sus-pendu à l’accord de Bruxelles(dotation de 150 M€ de l’Etat)et à la validation de sa participa-tion par la Région. L'entreprisesera-t-elle à même, dans un telcontexte, de mener à bien sonprogramme d’investissements ?Corrélativement, le risque deretard sur les investissements derenouvellement et de régénéra-tion peut faire craindre une am-plification des coûts de MACEassociés au vieillissement desmatériels et infrastructures, dontl’usage intensif complique lesinterventions de maintenancepréventive.

D'autres facteurs conduisent às'interroger sur la pérennité desrésultats observés en 2008.D’abord, la RATP elle-même

CONNEXIONS _ avril 2009 5

•••

1Md€ c’est le montant d’investisse-ments réalisés en 2008, générant120 M€ de besoin de financement

Compte de résultat synthétique*

* La présentation du compte de résultat de l’entreprise change dans le cadre du nouveau contrat RATP/STIF, modi-fiant la structure des recettes, le CA et l’excédent d’exploitation mais restant sans impact sur le résultat net et lacapacité d’autofinancement. Une reconstitution des comptes 2007 en proforma a été réalisée afin de permettreles comparaisons d’une année sur l’autre.** pro forma.

En M€ hors taxes 20082007** Var. %

Compte de résultat synthétique*

Investissements, ressources et besoin definancement associé (en M€ courants)

0

2 0 0

4 0 0

6 0 0

8 0 0

1 0 0 0

2 0 0 7 2 0 0 8

2

120127

Titre 1 - extension des réseauxTitres 2 (amélioration de l’exploitation) et 3 (modernisation et gros entretien)Titre 4 - matériel roulant (nv. offre)

Titre 4 - matériel roulant (prog. interne)Hors programmeInvestissements hors IdF

CAF Subventions Produits de cession + ingénierie financière

Emplois EmploisRessources Ressources

Recettes directes brutes 1 862 1 942 +4,3Partage du risque sur les recettes 12 n.s.Contribution forfaitaire exploitation 901 898 -0,3Contribution forfaitaire investissements 699 755 +8,0Contribution taxe pro. et foncière 148 154 +4,0Boni sur qualité de service 8 11 +42,0Compensation par des tiers 14 16 +16,9Autres recettes 263 286 +8,9

Chiffre d’affaires (A) 3 895 4 075 +4,6

Energie 161 190 +18,4Affrètements 45 44 -0,9MACE 547 580 +6,0Impôts et taxes 215 218 +1,2Frais de personnel 2 203 2 283 +3,6Dotations nettes aux provisions 37 54 +45,7Autres charges de gestion courante 44 33 -26,3Divers produits -157 -186 +18,5

Dépenses de fonctionnement nettes (B) 3 095 3 215 +3,9

Excédent d'exploitation (A) - (B) 800 859 +7,4

- Amortissements (dotations nettes) 500 507 +1,4- Frais financiers nets 205 215 +4,6+ Dividendes des filiales 6 7 +14,7+ Opérations exceptionnelles nettes 14 5 -62,1+ Résultat des régimes sociaux 1 9 n.s.- intéressement 32 33 +4,3

Résultat net 84 125 +49,4

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estime à 40 M€ sur 61 M€ lapart de résultat au-delà de la pré-vision qui serait associée à desfacteurs non pérennes (un retourde bâton de l’effet du décalaged’indexation des concours duSTIF est prévisible en 2009).Ajoutons le fait que la saturationdu réseau ne trouvera pas desolution à court terme : conju-guée au durcissement et à la mul-tiplication des indicateurs deproduction et de qualité de ser-vice du contrat attendus en2009, les bonnes performancesobservées jusqu’à présent ris-quent de ne pas perdurer dans lesprochaines années (et donc setraduire pas une diminution desboni et des pénalités pour nonréalisation du service plus fré-quentes). D'autant que la Régieest dans l'incapacité, dès la pre-mière année du contrat, de rem-plir l’objectif élevé de recettesfixé dans la maquette du contrat,la correspondance entre accrois-sement de l’offre et du traficpayant n'ayant pas de caractèreautomatique. Ce qui expose l'en-treprise à enregistrer une perterécurrente de recettes non cou-verte par le STIF sur la durée ducontrat. Il est peu probable quel’intéressement au trafic, prévudès 2009 dans le contrat, sera enmesure de compenser ce manqueà gagner. Enfin, le choix de faireporter l’essentiel de l’effort sur les

frais de personnel trouve seslimites, d’autant que l’intéresse-ment des agents a atteint son pla-fond cette année. Et l’ampleurdes objectifs de productivité dic-tés par le plan d’entreprise seheurte aux nécessités de la pro-duction (-600 postes à nouveauprogrammés en 2009). Préparerla RATP à la concurrence nepeut se faire au prix de condi-tions de travail et de rémunéra-tion dégradées, qui comportentpour risque de peser sur la qua-lité de service et sur l'attractivitéde l'entreprise. A vouloir alignerses critères de gestion et de per-formance sur ceux du marché,en surenchérant sur les exigencesdu STIF, ne risque-t-elle pas defaire la démonstration qu'elle

n'est rien de plus qu'une entre-prise comme les autres ?

[Julie Morin]

[Doss

ier ] Comptes sociaux 2008 :

une année charnière

6 CONNEXIONS _ avril 2009

•••

(1) L’effet prix des augmentations tarifairessur les recettes est déduit du montant desconcours publics (-52 M€).(2) Pour un service inférieur ou égal à 75 % duservice de référence, l’impact sur les recettesvoyageurs des titres journaliers est neutralisépour le STIF lorsque l’objectif de recettesdirectes annuelles n’est pas atteint.(3) prix du pétrole et des frais et services enparticulier(4) La CAF mesure le potentiel de ressourcesinternes dégagé par l'activité de l'entreprise etne tient donc pas compte des produits et descharges calculés qui ne génèrent pas des fluxfinanciers réels.(5) Il s’agit du programme interne (titres 2 à 4)hors matériel roulant dédié à l’augmentationde l’offre de transport.

La RATP était, dans les précédents contrats conclus avec le STIF, rémuné-rée par les recettes totales de trafic en appliquant au trafic payant un coûtthéorique du voyage préalablement défini (et réactualisé au cours desannées). Le système de rémunération adopté dans le contrat 2008-2011est simplifié et se rapproche de ceux qui existent dans d’autres réseaux.

L’entreprise perçoit désormais les recettes directes voyageurs au tarifpublic, auxquelles s’applique le mécanisme de bande passante : à +/- 3 %d’un objectif de recettes contractualisé avec le STIF*, l’écart entre ces der-nières et les recettes réelles est réparti à 50 %/50 % entre le STIF et laRATP, à 90 %/10 % au-delà.

Le STIF compense maintenant à l’euro l’euro le montant des taxes profes-sionnelle et foncière acquitté par l’entreprise. Il verse également unecontribution forfaitaire, couvrant l’écart entre charges prévisionnelles etrecettes directes prévisionnelles, et composée :- d’une contribution d’exploitation, pour les charges d’exploitation (horsdépenses de sécurité et taxes professionnelle et foncière), qui compensenotamment l’effet sur les recettes des décisions tarifaires du STIF ;- d’une contribution d’investissement, pour les dotations aux amortisse-

ments et les charges financières associées aux investissements horsfiliales.

Cette contribution est actualisée tous les ans selon une clause d’indexa-tion qui tient compte de l’évolution de plusieurs indices de prix (salairesmensuels dans le secteur des transports, produits pétroliers, électri-cité, frais et services divers). Cette indexation est minorée de la produc-tivité de 0,5 % attendue de la Régie. Elle s’applique à la contribution d’ex-ploitation et à la partie amortissements de la contribution d’investisse-ment (69 %). Les compléments d’offre advenant en cours de contratsont intégrés à la fois à l’objectif de recettes et aux contributions parvoie d’avenant.

Le système d’intéressement à la production de l’offre et à la qualité deservice est reconduit dans le nouveau contrat, avec des objectifs pluscontraignants**. L’entreprise se voit appliquer des pénalités lorsqu’ellene réalise pas le service de référence défini par le contrat, assortid’une franchise. Elle est intéressée à la qualité de service par un sys-tème de bonus/malus assis sur une série d’indicateurs. Elle sera égale-ment, à compter de 2009, intéressée au trafic voyageur.

Les nouvelles modalités de rémunération de la RATP

* Cet objectif de recettes est prévu pour croître de +1,9 % en 2008, puis +1,5 % en 2009, 2010 et 2011.** Certains de ces objectifs seront durcis en 2009, après une année 2008 de transition (cf. Retour sur l’info du Connexions n° 151).

Source : comptes sociaux RATP.

Recettes directes* par titres (M€ courant HT)

34%

30%

32%

4%

0

500

1 000

1 500

2 000

Billets Titres annuels Forfaits mensuel et hebdo. Forfaits courts

2004 2005 2006 2007 2008

+ 7,4%

+ 4,3%

+ 9,5%

- 2,8%

+ 8,3%

* les recettes directes brutes de la RATP sont calculées en appliquant à chaque titre de transport vendu le tarifpublic de référence et, pour les titres communs à plusieurs transporteurs, une clé de répartition pour traduirela part des recettes collectées revenant à la Régie.