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Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Étude Supérieure Spécialisée en Développement Local et Gestion des Projets CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DU DELTA DE TSIRIBIHINA Impétrant : RAMAROSANDRATANA Andrimanjaka Membres du jury : Président du jury : Professeur RAMIARAMANANA Jeannot Examinateur : Docteur MAHAVELO Justine Gentilini Encadreur pédagogique : Professeur RAMAMONJISOA Bruno Encadreur professionnel : Monsieur RANDRIAMANANTENA Dannick Date de soutenance : 08 Mai 2015 Année Universitaire : 2011 2012 UNIVERSITÉ D’ANTANANARIVO …………………………… FACULTÉ DE DROIT, D’ÉCONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE …………………………… Département ÉCONOMIE Troisième Cycle DESS « DLGP » Développement Local et Gestion des Projets

CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

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Page 1: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Étude Supérieure Spécialisée en

Développement Local et Gestion des Projets

CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES AU

SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DU DELTA DE TSIRIBIHINA

Impétrant :

RAMAROSANDRATANA Andrimanjaka

Membres du jury :

Président du jury : Professeur RAMIARAMANANA Jeannot

Examinateur : Docteur MAHAVELO Justine Gentilini

Encadreur pédagogique : Professeur RAMAMONJISOA Bruno

Encadreur professionnel : Monsieur RANDRIAMANANTENA Dannick

Date de soutenance : 08 Mai 2015

Année Universitaire : 2011 – 2012

UNIVERSITÉ D’ANTANANARIVO

……………………………

FACULTÉ DE DROIT, D’ÉCONOMIE, DE GESTION

ET DE SOCIOLOGIE

……………………………

Département ÉCONOMIE

Troisième Cycle – DESS « DLGP »

Développement Local et Gestion des Projets

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Page 3: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

UNIVERSITÉ D’ANTANANARIVO

……………………………

FACULTÉ DE DROIT, D’ÉCONOMIE, DE GESTION

ET DE SOCIOLOGIE

……………………………

Département ÉCONOMIE

Troisième Cycle – DESS « DLGP »

Développement Local et Gestion de Projets

Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Étude Supérieure Spécialisée en

Développement Local et Gestion de Projets

CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES AU

SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DU DELTA DE TSIRIBIHINA

Page 4: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

i

REMERCIEMENTS

À Dieu tout Puissant !!!

En préambule à ce mémoire, il convient de souligner que si le présent mémoire a pu

être réalisé, ce n’est pas seulement par mes efforts personnels, mais surtout grâce aux aides

précieuses prodiguées par toutes les personnes qui de près ou de loin, ont contribué à sa

réalisation. Je leur adresse mes vives reconnaissances pour avoir sacrifié une grande partie de

leur temps précieux à ce travail.

Je tiens à remercier sincèrement le Professeur Bruno RAMAMONJISOA, qui, en tant

qu’encadreur pédagogique, s’est toujours montré à l’écoute et très disponible tout au long de la

réalisation de ce mémoire, ainsi pour l’inspiration, l’aide et le temps qu’il a bien voulu me

consacrer et sans qui ce mémoire n’aurait jamais vu le jour.

Mes remerciements s’adressent également à Monsieur Dannick

RANDRIAMANANTENA, Landscape Leader du Paysage Terrestre des Mangroves de

Tsiribihina - Manambolo dans le programme marin du WWF, pour sa générosité et la grande

patience dont il a su faire preuve malgré ses charges professionnelles. J’exprime ma gratitude

à toute l’équipe du WWF Madagascar, particulièrement l’équipe du WWF Morondava, et à

toutes les entités rencontrées lors des recherches effectuées sur le terrain.

Je réitère mes remerciements à tous les enseignants et personnels administratifs au sein

du Département Economie – Faculté DEGS.

Je n’oublie pas ma famille pour leur contribution, leur soutien et leur patience.

Enfin, j’adresse mes sincères remerciements à tous mes proches et amis, qui m’ont

toujours soutenu et encouragé au cours de la réalisation de ce mémoire.

Merci à toutes et à tous !

Page 5: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

ii

SOMMAIRE

REMERCIEMENTS ................................................................................................................... i

SOMMAIRE .............................................................................................................................. ii

LISTE DES TABLEAUX ......................................................................................................... iii

LISTE DES FIGURES .............................................................................................................. iv

LISTE DES CARTES ................................................................................................................ v

LISTE DES PHOTOS ................................................................................................................ v

LISTE DES ABRÉVIATIONS ................................................................................................. vi

RÉSUMÉ .................................................................................................................................. vii

ABSTRACT ............................................................................................................................ viii

I. INTRODUCTION .......................................................................................................... 1

II. MÉTHODOLOGIE ........................................................................................................ 4

II.1. Problématique ......................................................................................................... 4

II.2. Hypothèses ............................................................................................................. 4

II.3. Indicateur de vérification des hypothèses .............................................................. 5

II.4. État des connaissances ........................................................................................... 7

II.5. Choix et présentation de la zone d’étude ............................................................. 21

II.6. Démarche méthodologique................................................................................... 23

II.7. Portées et limites de l’étude.................................................................................. 26

III. RÉSULTATS ET INTERPRÉTATIONS ................................................................ 27

III.1. État des lieux et tendance des mangroves dans le delta de Tsiribihina ................ 27

III.2. Réalités socio-économiques du delta de Tsiribihina ............................................ 38

III.3. État de vérification des hypothèses ...................................................................... 47

IV. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS ........................................................ 49

IV.1. Analyse SWOT du mode de gestion actuelle des mangroves .............................. 49

IV.2. Recommandations pour promouvoir le développement du delta de Tsiribihina dans

un contexte de gestion durable des mangroves ................................................................ 52

V. CONCLUSION ............................................................................................................ 58

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES .................................................................................... I

LISTE DES ANNEXES ........................................................................................................... III

TABLE DES MATIÈRES ....................................................................................................... IX

Page 6: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

iii

LISTE DES TABLEAUX

Tableau n°01 : Indicateurs et sources de vérification des hypothèses ...................................... 6

Tableau n°02 : Répartition des mangroves mondiales par région (2005) ............................... 12

Tableau n°03 : Les 15 premiers pays les plus riches en mangroves ....................................... 13

Tableau n°04 : Perte en couverture forestière de 1990 à 2010 – Deltas du Manambolo &

Tsiribihina ..................................................................................................................... 37

Tableau n°05 : Répartition de la population par niveau d’instruction, selon le fokontany .... 39

Tableau n°06 : Établissements d’éducation présents dans chaque fokontany ........................ 41

Tableau n°07 : Résultat du test de corrélation revenu*épargne .............................................. 44

Tableau n°08 : La matrice SWOT .......................................................................................... 49

Page 7: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

iv

LISTE DES FIGURES

Figure n°01 : Distribution de la population par fokontany ..................................................... 38

Figure n°02 : Répartition de la population selon le niveau d’instruction ............................... 40

Figure n°03 : Répartition de la population selon leurs activités principales ........................... 41

Figure n° 04 : Répartition de la population selon leurs activités secondaires ......................... 42

Figure n°05 : Destination de la production issue de l’activité principale ............................... 44

Figure n°06 : Structure des dépenses ...................................................................................... 46

Page 8: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

v

LISTE DES CARTES

Carte n°01 : Carte de localisation de la zone d’étude ............................................................. 22

Carte n°02 : Dynamique des mangroves du delta de Tsiribihina de 1990 à 2010 .................. 36

LISTE DES PHOTOS

Photo n°01 : La forêt de mangroves du delta de Tsiribihina (Andapotaly) ............................ 29

Photo n°02 : Les maisons construites avec les bois de mangroves à Kaday ........................... 31

Photo n°03 : Dégradation des écosystèmes de mangroves (Nosimaintso - Ambakivao) ........ 34

Photo n°04 : La pêche aux crabes et pesages auprès d’un collecteur à Kaday ....................... 54

Photo n°05 : Potentialité écotouristique de la zone (Antsakoamaliniky, Bevavà et Andapotaly)

.................................................................................................................................................. 55

Photo n°06 : Reboisement des mangroves dans les sites d’Andapotaly et de Bevavà ............ 56

Page 9: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

vi

LISTE DES ABRÉVIATIONS

AGR Activités Génératrices de Revenus

CDB Convention sur la Diversité Biologique

CNUCC Convention-cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique

CR Commune Rurale

CTD Collectivités Territoriales Décentralisées

DREF Direction Régionale de l’Environnement et des Forêts

DRPRH Direction Régionale de la Pêche et des Ressources Halieutiques

DSM Direction des Statistiques des Ménages

EPM Enquête Périodique auprès des Ménages

FAO Food and Agriculture Organization of the United Nations

FTM Foiben-Taosarintanin’i Madagasikara

INSTAT Institut National de la Statistique

MARP Méthode Accélérée de Recherche Participative

ONG Organisation Non Gouvernementale

ONU Organisation des Nations-Unies

OPCI Organisation Publique de Coopération Intercommunale

PCD Plan Communal de Développement

PLD Plan Local de Développement

PNAE Plan National d’Action Environnementale

PNUE Programme des Nations-Unies pour l’Environnement

PRD Plan Régional de Développement

SIG Système d’Information Géographique

SOPEMO Société de Pêcherie de Morondava

SPSS Statistical Package for the Social Sciences

SRA Système de Riziculture Améliorée

SRI Système de Riziculture Intensive

STD Services Techniques Déconcentrés

SWOT Strength – Weakness – Oppotunities – Threats

USGS United States Geological Survey

VOI Vondron’Olona Ifotony

WCED World Commission on Environment and Development

WWF World Wildlife Fund

Page 10: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

vii

RÉSUMÉ

Les mangroves, végétation caractéristique de la zone du delta de Tsiribihina, se trouvent parmi

les écosystèmes les plus productifs en biomasse de notre planète. A cet effet, les conditions de

vie de la population du delta sont fortement conditionnées par l’état de cette ressource.

Cependant, force est de constater que les pressions et menaces – anthropiques et naturelles –

qui pèsent sur cet habitat et sa biodiversité deviennent de plus en plus tangibles. De 1990 à

2010, les mangroves du delta de Tsiribihina ont perdu plus de 40% de sa superficie totale. Les

caractéristiques socio-économiques de la zone figurent parmi les principales causes de cette

dégradation. D’où la nécessité d’identifier des alternatives socio-économiques pour améliorer

le niveau de vie de la population dans un contexte de gestion durable des mangroves. Ainsi, la

promotion de la filière crabe et le développement de l’écotourisme se trouvent être les axes à

prioriser pour le développement local du delta. L’intensification des activités de restauration et

de reboisement des mangroves ainsi que d’un mode de gestion efficace des mangroves sont

indispensables pour assurer la conservation et l’exploitation durable de cette ressource.

Mots-clés : mangroves, dégradation, socio-économiques, gestion durable, développement

local, conservation, ressources naturelles

Page 11: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

viii

ABSTRACT

Mangroves, vegetation characteristic of the delta of Tsiribihina area, are among the most

productive ecosystems in biomass of our planet. To this end, the living conditions of the delta's

population is strongly conditioned by the state of this resource. However, the pressures and

threats - natural and human - that affect this habitat and its biodiversity are becoming more

tangible. From 1990 to 2010, the delta of Tsiribihina's mangroves have lost over 40% of its

total area. The Socio-economic characteristics of the region are among the major causes of this

degradation. Therefore, it is necessary to identify the socio-economic alternatives to improve

the living conditions of the population in a context of sustainable management of mangroves.

Thus, promoting the crab industry and the development of ecotourism are the axes to prioritize

for the local development of the delta. The intensification of the restoration and reforestation

of mangroves, and an effective mangrove management is essential to ensure the conservation

and the sustainable use of this resource.

Keywords: mangroves, degradation, socioeconomic, sustainable management, local

development, conservation, natural resources

Page 12: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

1

I. INTRODUCTION

Depuis la fin de la dernière guerre mondiale, le développement mondial d’un point de

vue global s’est progressivement accéléré. Selon le PNUE, le revenu par habitant moyen dans

le monde a franchi la barre des 5000 $ par an, soit 2,6 fois plus qu’en 19501. Parallèlement à ce

constat, le modèle de développement qui domine le monde actuellement connaît plusieurs

limites sous prétexte qu’il se fait de plus en plus au détriment des ressources naturelles

renouvelables et non renouvelables. Le processus de développement qui s’opère en ce moment

s’appuie en grande partie sur une utilisation abusive des ressources non renouvelables (pétrole,

minerais, etc.). C’est un développement très déséquilibré : les inégalités ne cessent de se creuser

entre les pays les plus riches et les pays les plus pauvres. Le monde tend vers un processus de

développement non renouvelable, non durable, source de conflits actuels et à venir.

En réponse à ces constats, la communauté internationale a évoqué le concept de

développement durable. Ledit concept vise à réconcilier le développement économique et social

à la protection de l’environnement ainsi qu’à la conservation des ressources naturelles. Le

développement durable est défini comme étant un développement permettant de répondre aux

besoins du présent sans pour autant compromettre la possibilité pour les générations futures de

satisfaire les leurs (ONU, 1987)2. Dans cette optique, ce type de développement qualifié de

« durable » repose sur 3 piliers majeurs : le social, l’économie et l’environnement.

Au niveau national, la prise de conscience accrue de l’Etat malagasy et sa volonté de

réconcilier la population avec son environnement naturel justifient son engagement à la

protection de l’environnement à travers la ratification des différentes conventions

internationales relatives à l’environnement à l’instar de la Convention de Rio, CDB, CNUCC

ou la Convention de Ramsar dans le but d’atténuer les menaces et de diminuer les pressions qui

pèsent sur les ressources naturelles malagasy. Cette initiative s’est concrétisée par l’adoption

des différentes lois relatives au domaine environnemental, dont la charte de l’environnement

1 PNUE, L’avenir de l’environnement mondial, 1999

2 ONU, Rapport de Brundtland, 1987

Page 13: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

2

au début des années 90 et la mise en place du Programme National d’Action Environnementale

(PNAE) en 1991.

Sur le plan régional, à travers son Plan Régional de Développement (PRD), la Région

Menabe démontre sa détermination à s’impliquer dans ces différentes politiques

environnementales mises en place par l’État malagasy. Sa stratégie de développement basée sur

les prises d’initiatives en matière de protection et de gestion durable de ses potentialités

naturelles pour améliorer le bien-être de sa population matérialise sa contribution à la réalisation

desdites politiques. Les deux premiers axes stratégiques du PRD Menabe en sont la

concrétisation : redynamiser l’économie régionale par le développement des secteurs porteurs

de croissance, dont le secteur de la pêche, dans un cadre d’une exploitation rationnelle et d’une

gestion concertée des ressources naturelles.

Pour la zone du delta de Tsiribihina, la protection et la gestion durable des ressources

naturelles s’avèrent indispensables pour la relance de l’économie. La forte présence des

mangroves dans cette zone constitue un atout majeur pour relancer l’économie locale. Pour

Madagascar, les plus vastes étendues de mangroves se trouvent sur la partie occidentale de l’île.

La valorisation de cette ressource est nécessaire pour déclencher le processus de développement

au niveau de cette zone. En effet, les mangroves procurent des ressources halieutiques et

forestières importantes pour les populations riveraines. Elles se trouvent parmi les écosystèmes

les plus productifs en biomasse de notre planète.

L’importance de cet écosystème dans la vie quotidienne de la population locale se

trouve à la base des différents efforts déployés pour protéger et gérer durablement cette

ressource. Cela justifie la présente étude qui s’intitule « Conservation et exploitation durable

des mangroves au service du développement du delta de Tsiribihina ». D’un côté, cette étude

cherche à établir un état des lieux de l’écosystème de mangroves dans cette zone et son impact

sur les conditions de vie de la population. De l’autre côté, elle vise à valoriser cette ressource

et sa contribution dans le développement de la localité. À l’issue de cette étude, des

recommandations seront dégagées pour améliorer le cadre de vie de la population de manière

durable.

Ainsi, seront présentées successivement dans le présent document les parties

suivantes :

Page 14: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

3

La méthodologie : la première partie exposera les démarches méthodologiques

adoptées tout au long des différentes étapes de la réalisation de ce travail ;

Les résultats : la deuxième partie décrira les différents résultats de l’étude ainsi que

ses interprétations ;

Les discussions et les recommandations : la troisième et dernière partie proposera des

stratégies à adopter et des actions à mettre en œuvre compte tenu des résultats et de l’état

des lieux établi.

Page 15: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

4

II. MÉTHODOLOGIE

II.1. Problématique

La pauvreté à Madagascar, dont le taux se maintient aux alentours de 75 à 78 %

(INSTAT/EPM, 2010), est concentrée de façon disproportionnée dans les zones rurales. Étant

donné qu’elle se fait sentir davantage dans les zones reculées telles que le delta de Tsiribihina,

les ressources naturelles jouent un rôle crucial pour assurer des moyens d’existence durables

pour la population. Les moyens d’existence dans ces zones sont étroitement liés à l’état des

ressources naturelles qui constituent le principal actif en milieu rural. Les populations riveraines

des mangroves tirent d’importants revenus provenant de l’exploitation du bois, de la pêche, de

la riziculture ou de toutes autres activités en relation avec cet écosystème dont notamment la

récolte de miel et de plantes médicinales.

Cependant au cours de ces dernières années, force est de constater que les menaces

anthropiques et climatiques qui pèsent sur cet habitat et sa biodiversité deviennent de plus en

plus tangibles. La situation de pauvreté dans les mondes ruraux est un facteur non négligeable

de la dégradation des ressources naturelles se traduisant par une perte en surface des habitats

naturels et par une menace de disparition de certaines espèces. Le manque de bois de chauffage,

la croissance démographique non maîtrisée, les pratiques agricoles inadaptées et les migrations

vers les zones côtières sont les principales causes parmi tant d’autres de la dégradation des

mangroves. Quelles alternatives socio-économiques pourraient à la fois contribuer à la gestion

durable des ressources naturelles – les mangroves – et à l’amélioration du niveau de vie de la

population locale ?

II.2. Hypothèses

Pour répondre à cette problématique, trois hypothèses ont été retenues :

Hypothèse 1 : Les mangroves du delta de Tsiribihina sont en dégradation.

Hypothèse 2 : Le mode de vie de la population riveraine se trouve à la base de la

dégradation des mangroves constituant ainsi les facteurs limitatifs à la mise en œuvre

effective de la politique de gestion communautaire des ressources.

Hypothèse 3 : Les activités alternatives identifiées créent de la valeur ajoutée pour les

populations locales dans un contexte de gestion durable des mangroves.

Page 16: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

5

Ainsi, l’objectif de ce travail consiste, d’une part, à identifier les facteurs limitatifs à

la conservation et à la gestion durable des mangroves et, d’autre part, à déterminer les priorités

stratégiques des actions de développement à mettre en œuvre afin d’améliorer les conditions de

vie de la population locale dans le cadre d’une gestion rationnelle de l’écosystème de

mangroves.

Cet objectif global se décline en trois objectifs spécifiques :

L’état des lieux de l’écosystème de mangroves ainsi qu’un état des lieux socio-

économique de la zone du delta de Tsiribihina sont établis ;

Les facteurs contraignants à la mise en œuvre effective de la gestion communautaire

des ressources naturelles sont identifiés ;

Les activités alternatives pour améliorer le niveau de vie de la population sont

identifiées compte tenu des causes de la dégradation des mangroves.

II.3. Indicateur de vérification des hypothèses

Afin de vérifier les hypothèses avancées, des indicateurs ont été choisis. Ces

indicateurs ainsi que les méthodes de collecte possibles sont résumés dans le tableau suivant.

Page 17: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

6

Tableau n°01 : Indicateurs et sources de vérification des hypothèses

Hypothèses Indicateurs Méthodes de collecte

Les mangroves du delta de Tsiribihina

sont en dégradation.

— Évolution de la superficie de la forêt des

mangroves ;

— Taux de déforestation ;

— Taux d’évolution de la couverture

forestière.

Analyse cartographique multidate

SIG et Télédetection

Le mode de vie de la population

riveraine se trouve à la base de la

dégradation des mangroves constituant

ainsi les facteurs limitatifs à la mise en

œuvre effective de la politique de

gestion communautaire des ressources.

— Caractéristiques socio-économiques de la

zone (mode de vie) ;

— Pressions et menaces qui pèsent sur les

mangroves (anthropiques et naturelles).

Enquête Ménage

Focus group

Enquête informelle

Les activités alternatives identifiées

créent de la valeur ajoutée pour les

populations locales dans un contexte de

gestion durable des mangroves.

— Filières porteuses ;

— Revenus ; Epargne

— Taux d’évolution de la couverture

forestière ;

Analyse SWOT

Enquête ménage

Analyse cartographique (SIG)

Page 18: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

7

II.4. État des connaissances

Dans cette partie du travail sera regroupé l’ensemble des connaissances théoriques qui

permettront d’interpréter plus facilement les résultats de la présente étude. Par rapport à la

réalité, les différentes informations explicitées dans les parties qui suivent vont servir de repères

dans la conduite de ce travail.

II.4.1. Généralités sur l’écosystème de mangroves

Les forêts de mangroves sont des écosystèmes intertidaux qui poussent principalement

dans les régions côtières tropicales3. Malgré leur faible diversité floristique, comprenant des

arbres et des arbustes, les mangroves figurent parmi les écosystèmes les plus productifs et les

plus menacés dans le monde. Au cours des dix dernières années, la zone de mangrove a

considérablement diminué partout dans le monde. Pour le cas du continent africain, la superficie

totale des mangroves a connu une baisse de 14 % sur 25 ans (1980 à 2005)4.

II.4.1.1. Définition

Dérivé du mot malais « mangui », étymologiquement, le terme « mangrove » désigne

une forêt constituée de palétuviers qui poussent dans l’estran (zones entre les plus hautes et les

plus basses marées)5. C’est un écosystème caractéristique des zones littorales.

« La mangrove est définie comme étant l’ensemble des formations végétales,

arborescentes ou buissonnantes, qui colonisent les atterrissements intertidaux marins ou

fluviaux des côtes tropicales »6. Les mangroves se définissent alors comme des forêts d’arbres

ou d’arbustes qui se développent dans la zone de balancement des marées des zones tropicales :

elles se trouvent généralement dans les deltas, les baies ou les lagunes des bords de mer. C’est

une végétation typique des régions littorales marines tropicales.

3 CONCHEDDA G. et al., An Object-based Method for Mapping and Change Analysis in Mangrove Ecosystems,

International Society for Photogrammetry and Remote Sensing, vol.63, p.p. 578-589, 2008

4 FAO, Mangroves of Africa 1980-2005 : Country Reports, 2007

5 CABANIS, V., CHABOUIS, L., CHABOUIS, F., Végétaux et groupements végétaux de Madagascar et des

Mascareignes, 1969, 331 p.

6 MARIUS (1985) in FELLER, C., SITNIK, M., Mangrove Ecology Workshop Manual, Washington, 1996

Page 19: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

8

Essentiellement formées de palétuviers, les mangroves se caractérisent par sa capacité

de s’adapter à un milieu plus ou moins hostile :

- milieu avec un taux de salinité élevé ;

- racines immergées pour la plupart des espèces ;

- milieu pauvre en oxygène et en nutriments.

Les forêts de mangroves peuvent grandir comme des arbres ou des arbustes en fonction

des conditions et des caractéristiques de la zone dans laquelle elles se développent : elles

peuvent atteindre une hauteur d’une trentaine de mètres si les conditions environnementales

sont favorables ou rester dans les 2 à 3 m dans le cas d’une salinité très élevée de l’eau.

II.4.1.2. Notions sur l’étude écologique des mangroves

La forêt de palétuviers est relativement pauvre en espèce pour la simple raison qu’elle

se développe dans un environnement physique très sélectif : faible oxygénation, forte

fluctuation de la salinité des eaux, etc. Par sa localisation dans la zone intertidale, la dynamique

océanique exerce un important contrôle physique – et par conséquent biologique – et détermine

les critères de sélection des espèces.

a. Répartition et structure de la forêt de mangroves

Le développement intensif des mangroves a lieu dans les estuaires des grands fleuves

s’écoulant sur les plateaux continentaux peu profonds, comme le delta du Gange au Bangladesh,

le Fly en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou encore le delta du Mékong au Vietnam. L’Amazone

et le Congo, les deux plus grands fleuves du monde, n’ont pas de vastes peuplements de

mangroves principalement en raison de la présence trop importante d’eau douce dans ces zones.

Les facteurs suivants sont considérés comme les principaux déterminants de la répartition de la

mangrove :

Les facteurs climatiques

Les mangroves sont des espèces tropicales et ne tolèrent pas le froid. Leur répartition

dans le monde varie en fonction des températures de l’air et de l’eau7. L’abondance des

7 TOMLINSON, P. B., The Botany of Mangroves, Cambridge University Press, Cambridge, United Kingdom,

1986

Page 20: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

9

mangroves est également affectée par l’aridité. Le développement est beaucoup plus important

le long des côtes qui ont un niveau élevé de précipitations8.

Le taux de salinité

Le sel n’est généralement pas une exigence pour la croissance, puisque la plupart des

mangroves peuvent se développer en eau douce. Cependant, elles ne se développent pas

seulement dans l’eau douce en raison de la concurrence entre les nombreuses espèces vivant

dans cet habitat. La salinité est donc importante dans l’élimination d’autres espèces de plantes

vasculaires qui ne sont pas adaptées à la croissance dans une zone d’habitat saline.

La fluctuation des marées

L’influence des marées n’est pas non plus une obligation, mais joue un rôle important

dans le développement des forêts de palétuviers. L’inondation d’eau salée permet d’exclure la

plupart des autres plantes vasculaires et réduit considérablement la concurrence. La marée

apporte également de l’eau salée dans les estuaires contre l’écoulement d’eau douce et favorise

le développement des mangroves à l’intérieur des terres. Avec une évaporation élevée, les

marées peuvent contribuer à la réduction du taux de salinité de l’eau.

L’effet de cette « subvention des marées » peut être apprécié sur deux échelles de

paysage. D’une part, au niveau régional, les mangroves qui poussent dans les régions basses

avec une grande amplitude de marées connaissent un développement plus important9. D’autre

part, à l’échelle locale, les arbres les plus proches des bords, qui sont soumis à la plus grande

fluctuation des marées, sont évidemment plus grands et plus productifs que les arbres qui se

développent à l’intérieur des terres10.

Les sédiments et l’énergie des vagues

Les mangroves se développent mieux dans un environnement où les sédiments

abondent avec une faible énergie des vagues. Les grosses vagues empêchent l’établissement de

8 MACNAE, W., A General Account of the Flora and Fauna of Mangrove Swamps in the Indo-Pacific region,

Advances in Marine Biology, 1969

9 GOLLEY, F. B., McGINNIS, J. T., CLEMENTS, R. G., CHILD, G. I., DUEVER, M. I., Mineral Cycling in a

Tropical Moist Forest Ecosystem, University of Georgia Press, Athens, 1975

10 McKEE, K. L., FAULKNER, P. L., Mangrove Peat Analysis and Reconstruction of Vegetation History at the

Pelican Cays, Atoll Research Bulletin 468: 46-58, 2000

Page 21: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

10

propagules, exposent les systèmes racinaires peu profonds et empêchent l’accumulation de

sédiments.

b. Zonation

L’abondance et la variation spatiales des espèces sont fréquemment observées dans de

nombreux types d’écosystèmes. La zonation des communautés végétales dans les habitats

intertidaux est particulièrement frappante.

La grande variation dans la composition floristique des communautés de mangroves

signifie que les modes de distribution des espèces à travers la zone intertidale varient

considérablement à travers les régions géographiques. Par exemple, pour le cas de la Floride et

des Caraïbes, les mangroves rouges (Rhizophora racemosa) occupent les rivages, suivies par

les mangroves noires (Laguncularia racemosa, Conocarpus erecta) et les autres types de

mangroves viennent se positionner en troisième plan. Ce motif peut être en contraste avec un

profil de zonation des mangroves du Queensland (au nord de l’Australie) qui est non seulement

plus complexe en raison d’un plus grand nombre d’espèces, mais la position relative des espèces

congénères est inversée par rapport à la zonation des espèces en Floride.

Les modèles de zonation des mangroves peuvent également varier à l’échelle locale.

Les espèces peuvent varier d’un estuaire à un autre en réponse à des différences d’entrée en eau

douce. Les espèces trouvées à la fin large de l’estuaire peuvent être absentes dans les autres

zones. Bien que la zonation se réfère généralement à des motifs créés par la ségrégation de

différentes espèces, les différences de taille et la productivité des plantes à travers les gradients

environnementaux peuvent également engendrer des motifs facilement discernables. Les zones

peuvent être constituées de différentes formes architecturales qui représentent les variations de

hauteur et de la vigueur des palétuviers.

En plus de la répartition spatiale horizontale, les mangroves présentent également une

stratification verticale. De ce mode de répartition, trois strates majeures sont à distinguer : la

strate supratidale, la strate intertidale et la strate subtidale. L’assemblage unique des organismes

associés aux structures de mangroves végétatives caractérise chacune de ces strates. La strate

supratidale comprend les parties arboricoles de la forêt et est occupée par des oiseaux, des

reptiles, des crabes, des escargots, des insectes et des araignées. La strate intertidale s’étend sur

la zone de balancement des marées. Les organismes qui vivent dans cette zone (dont les

isopodes, les crabes, les huitres, les amphipodes, les escargots et les algues) éprouvent une

Page 22: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

11

submersion périodique par les marées. La strate subtidale se limite à la laisse de basse mer où

les racines des mangroves fournissent des substrats pour les organismes adaptés à la submersion

constante.

c. Structure de la forêt

En plus de la zonation, les forêts de mangroves sont également caractérisées par des

attributs spécifiques tels que la richesse en espèces, la hauteur de la canopée, la surface terrière,

la densité des arbres, la répartition par âge ou encore la classification par taille des espèces.

Cette répartition est en grande partie conditionnée par le débit des fleuves, le niveau de

submersion, l’amplitude des marées, le niveau des précipitations, l’infiltration d’eau douce, la

fréquence des cyclones, etc.

Une autre caractéristique structurelle des forêts de mangroves est l’absence fréquente

de sous-étage d’espèces. L’absence de sous-étage est probablement liée à la combinaison de la

salinité, des inondations et des faibles niveaux de lumière, ce qui dépasse les limites de

tolérance des plantes11. Un sous-étage peut se développer dans le cas où le couvert est ouvert

(permettant la pénétration de la lumière au sol) ou lorsque la pluie ou les ruissellements d’eau

douce diminuent le taux de salinité. Il peut également y avoir une seconde couche composée de

jeunes pousses, mais les densités sont plus importantes dans les trouées de lumière.

d. La distribution des mangroves dans le monde

Les mangroves se trouvent généralement dans les régions tropicales et subtropicales

et elles sont présentes dans 124 pays et territoires12. L’estimation de la surface mondiale de la

mangrove diffère suivant les auteurs. En se basant sur les tendances et les données disponibles,

elle est estimée à 15,2 millions d’hectares en 2005 contre 18,8 millions d’hectares en 1980, soit

une perte en surface de 19,15 % (FAO, 2007). La plus vaste zone de mangroves se trouve en

Asie, suivie de l’Afrique et de l’Amérique (Amérique du Nord et Amérique centrale).

11LUGO, A. E., Mangrove Understory : An Expensive Luxury? Journal of Tropical Ecology n°2

12 FAO, The World’s Mangroves 1980 – 2005, Rome, 2007

Page 23: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

12

Tableau n°02 : Répartition des mangroves mondiales par région (2005)

Régions Superficie (en milliers d’hectares)

Afrique 3 160

Asie 5 858

Amérique du Nord et Amérique centrale 2 263

Océanie 1 972

Amérique du Sud 1 978

Total mondial 15 231

Source : FAO, The world’s mangroves 1980 – 2005, Rome, 2007

Ce tableau donne un aperçu global de la répartition géographique de la forêt de

palétuviers dans le monde. Selon les chiffres de la FAO, l’Asie présente la plus grande

couverture en mangrove en matière de surface avec environ 5,9 millions d’hectares. La plus

grande étendue de mangroves dans le monde se trouve dans cette région avec un pourcentage

de 38,46 % des mangroves mondiales. Avec le continent africain, ils rassemblent un peu moins

de 60 % de la végétation de mangroves dans le monde. Les 40 % restants étant en Amérique et

en Océanie avec respectivement environ 27 % et 13 % de la superficie totale mondiale.

Une étude plus approfondie menée au niveau des pays a permis d’aboutir aux résultats

présentés dans le tableau qui suit. L’analyse et l’estimation de la surface de mangroves ont porté

sur 124 pays ayant été identifiés comme possédant une ou plusieurs espèces de mangroves.

Page 24: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

13

Tableau n°03 : Les 15 premiers pays les plus riches en mangroves

Rang Pays Surface (ha) % total mondial % cumulé Région

1 Indonésie 3 112 989 22,6 22,6 Asie

2 Australie 977 975 7,1 29,7 Océanie

3 Brésil 962 683 7,0 36,7 Amérique du Sud

4 Mexique 741 917 5,4 42,1 Amérique du Nord et Centrale

5 Nigéria 653 669 4,7 46,8 Afrique

6 Malaisie 505 386 3,7 50,5 Asie

7 Myanmar 494 584 3,6 54,1 Asie

8 Nouvelle Guinée 480 121 3,5 57,6 Océanie

9 Bangladesh 436 570 3,2 60,8 Asie

10 Cuba 421 538 3,1 63,9 Amérique du Nord et Centrale

11 Inde 368 276 2,7 66,6 Asie

12 Guinée Bissau 338 652 2,5 69,1 Afrique

13 Mozambique 318 851 2,3 71,4 Afrique

14 Madagascar 278 078 2,0 73,4 Afrique

15 Philippines 263 137 1,9 75,3 Asie

Source : Giri et al., 201113

Sur la base de cette évaluation complète de la superficie des mangroves dans 124 pays,

la surface totale occupée par cette végétation est estimée à environ 15,2 millions d’hectares soit

0,7 % de la totalité des forêts tropicales mondiales. En se référant aux résultats présentés par le

précédent tableau, plus de 75 % des forêts de palétuviers sont concentrées dans seulement 15

pays. L’Indonésie se loge à la première place du classement en matière de superficie avec ses

quelque 3 millions d’hectares de mangroves. Avec l’Australie, le Brésil, le Mexique et le

Nigéria, ils accaparent un peu moins de la moitié des forêts de mangroves présentes dans le

monde. Ce sont les 05 pays les plus riches en mangroves, du moins en ce qui concerne la

superficie forestière.

13 GIRI, C., OCHIENG, E., TIESZEN, L., ZHU, Z., SINGH, A., LOVELAND, T., MASEK, J. and DUKE, N.,

Status and Distribution of Mangrove Forests of the World Using Earth Observation Satellite Data, Global Ecology

and Biogeography, 2011

Page 25: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

14

II.4.2. Le concept de développement durable

Cette courte introduction a pour objectif de donner un aperçu global de ce qu’est le

développement durable et pourquoi il est si important. Ce paragraphe met l’accent sur les

diverses préoccupations concernant l’avenir de nos systèmes écologiques et économiques dans

un monde surpeuplé et caractérisé par les disparités sociales.

II.4.2.1. Origine du concept

En imaginant une forme de développement qui favorise une consommation équilibrée

et rationnelle des ressources, les gens ont déjà eu conscience depuis longtemps de la rareté des

ressources naturelles.

Les économistes classiques se sont rendu compte que la disponibilité des ressources

naturelles (capital naturel) est un facteur limitant de la croissance, ils ont déjà pensé à leurs

épuisements possibles et à leurs impacts sur la croissance et sur la répartition des richesses. De

là est évoquée par Adam Smith (1723-1790) la problématique d’« État stationnaire ».

Au milieu des années 50, l’impact des altérations de l’environnement sur le bien-être

humain a commencé à retenir l’attention publique, surtout après que l’on ait constaté des

problèmes de santé et des déséquilibres écologiques provoqués par la pollution.

En juin 1972 à Stockholm s’est tenue la première grande réunion internationale

consacrée à l’environnement.

De cette réunion a émergé un « mouvement écologique » auquel les différents acteurs

privés et publics ont participé.

Puis en 1987 fut publié le rapport « Notre avenir à tous » de la communication

mondiale pour l’environnement et le développement « Commission Brundtland ». On assiste à

l’apparition d’une nouvelle idée : « plutôt que de freiner la croissance économique, ne serait-il

pas préférable d’en changer la nature et d’en affecter une partie de la croissance à la protection

de notre patrimoine naturel ? »

Ceci fait allusion à l’importance de la dimension environnementale dans le processus

de développement afin d’assurer sa durabilité.

Page 26: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

15

Le sommet de la terre qui s’est tenu à Rio en 1992 a imposé le « développement

durable » comme le grand dessein commun à tous les pays.

Le développement durable en lui-même, en se référant à sa définition, met l’accent sur

l’équité intergénérationnelle. La dimension temporelle du développement se trouve au centre

de ce concept. La dimension spatiale n’a pas été souvent prise en compte alors qu’il est

impossible d’asseoir le développement durable dans un contexte où il n’y a pas de territoire.

Logiquement, en plus de la dimension temporelle, le concept de développement durable

nécessite la prise en compte de la dimension spatiale : une combinaison parfaite entre ces deux

dimensions s’avère indispensable aussi bien sur le plan théorique que pratique.

II.4.2.2. Définition

Il existe une multitude de définitions du concept de développement durable, mais la

plus utilisée demeure celle présentée par la commission mondiale sur l’environnement et le

développement – WCED (World Commission on Environment and Development) en 1987.

Cette commission a défini le concept de développement durable comme un développement

répondant aux besoins actuels sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire

les leurs. Le développement durable soutient l’idée que le développement économique et social

soit réalisé sur une utilisation rationnelle des ressources naturelles de notre planète. Le

développement durable cherche en permanence à amorcer le progrès social et économique de

manière à ne pas épuiser les ressources naturelles qui sont limitées. Les besoins de la génération

actuelle sont réels et immédiats et il est nécessaire de trouver un moyen de répondre à ces

besoins tout en donnant une opportunité aux générations futures de répondre aux leurs. Les

ressources naturelles ne sont disponibles qu’en quantité assez limitée signifiant que les

générations futures peuvent être ne pas en mesure satisfaire leurs besoins si la génération

actuelle arrive à une exploitation abusive des ressources.

II.4.3. Approche théorique du développement local

Cette approche théorique aborde le développement local dans sa dimension humaine

et donc par-delà son aspect géographique et écologique. Comme le constate Bernard Pecqueur,

« le développement local est une dynamique qui met en évidence l’efficacité des relations non

Page 27: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

16

exclusivement marchandes entre les hommes, pour valoriser les ressources dont ils

disposent »14.

Le principe de développement local se base sur une simple hypothèse : la qualité des

relations qui lient les acteurs dans la proximité contribue à produire des marges de manœuvre

nouvelles. Cela revient à penser que l’espace n’est pas soumis à des dynamiques uniquement

exogènes, liées à la mondialisation, mais qu’il est mis en mouvement par les hommes qui

l’habitent et en sont les acteurs. Le développement local peut donc être lu comme un processus

qui impulse, construit et conforte les dynamiques locales et autorise une amélioration

substantielle du bien-être de tous. Ainsi, le développement local dépasse l’idée de la croissance

économique pour se placer dans la sphère d’un développement durable associant les dimensions

économiques, sociales et culturelles.

La problématique du développement local se doit de considérer le triptyque « territoire,

acteur et développement » dans son ensemble. C’est donc clairement une action volontaire et

organisée qui a pour finalité le développement du territoire grâce à des initiatives émanant de

tous les acteurs qui interviennent sur le territoire.

II.4.3.1. Quelques définitions

Malgré les différentes tentatives de définition, le développement local ne peut être

défini de manière satisfaisante en quelques lignes et sans un minimum de recul

épistémologique. En effet, il possède autant de définitions qu’il y a d’auteurs. En extraire une

sans justification critique et analytique relèverait plus de la probabilité que de la démarche

scientifique. Le développement local pourra être selon les auteurs un processus, un état, une

politique, un résultat, une méthode ou voire une nouvelle idéologie.

Selon les époques et les auteurs, ce terme sera employé comme synonyme de

développement par le bas, développement endogène, développement régional, développement

territorial, etc. Quant à l’échelle d’application, elle sera celle du local, du territoire, de l’espace

vécu, de la région, etc. L’absence de consensus sémantique ou conceptuel n’a cependant pas

empêché l’expression d’être largement partagée. Si la somme des mots ne permet pas de définir

ce concept, la définition de chaque terme apportera plus d’éclaircissements sur ce flou

sémantique.

14 PECQUEUR Bernard, Le développement local : mode ou modèle, Paris, Ed. Syros Alternative, 1991

Page 28: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

17

a. Le développement

Au sens large du terme, le concept de développement communique une idée de

croissance, d’expansion et de changement (vers une situation meilleure que la situation initiale).

Au cours du siècle dernier, le terme « développement » était très utilisé dans les domaines des

sciences sociales (économie, sociologie…), des sciences techniques (ingénierie) et des sciences

de la nature (biologie). Parmi toutes ces disciplines, une science en particulier a fait de cette

notion son concept clé, la science économique. Dans son acception économique, le

développement est défini par le Petit Larousse comme « l’amélioration qualitative et durable

d’une économie et de son fonctionnement ». Il est à noter que le développement est plutôt

qualitatif que quantitatif sous prétexte que ce terme englobe l’amélioration des conditions

humaines, sociales et culturelles, le développement vient compléter la notion de croissance

économique. Le concept de développement est également étroitement lié à l’idée de progrès

(économique), d’enrichissement d’une société ou d’un groupe social. Or, depuis quelques

décennies, la question du développement est devenue une préoccupation centrale, car elle

semble se trouver à la base des importantes inégalités qui existent actuellement entre les pays

riches et les pays pauvres. Au niveau national, cette situation se traduit par les différences de

niveau de développement entre les différentes régions d’une nation.

Le concept de développement traduit une volonté émanant de la population pour que

la croissance bénéficie à l’ensemble de la population et non à quelques personnes seulement.

Tel est l’enjeu de fond : générer du progrès pour toute la population.

b. Le local

Quant à lui, l’adjectif « local » peut être défini beaucoup plus simplement. Toujours

en se référant au Petit Larousse, c’est ce qui est « particulier à un lieu, à une région ou à un

pays ». S’il ne souffre pas d’autant de significations dans le dictionnaire que le mot

développement, il n’en va pas de même dans la littérature scientifique où définir le « local »

dépasse largement la question de la limite et de l’échelle. Dans un premier temps, le local peut

être assimilé à un espace géographique précis. Dans ce cas, les caractéristiques géographiques

comme le climat ou les types de sols délimitent la localité. Dans un second temps, la notion de

« local » renvoie à l’idée d’un espace administratif : collectivités territoriales décentralisées

(CTD) ou services techniques déconcentrés (STD). Au-delà de ces deux perceptions se trouve

l’espace de développement. Dans cette optique, le local est défini par l’identité socioculturelle

Page 29: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

18

et les caractéristiques économiques spécifiques à une zone, dont les ressources naturelles, les

ressources économiques, l’ethnie, les croyances religieuses, les us et coutumes, etc.

L’adjectif « local » associé au mot développement ne fait pas que le qualifier, il lui

donne un sens nouveau. Prise dans son ensemble, l’expression appelle son indépendance vis-à-

vis des termes qui la composent. C’est ce troisième sens qui va être abordé maintenant.

c. Le concept de développement local

Si la terminologie « développement local » s’est imposée, la polysémie des termes

autorise une grande diversité des approches, parfois contradictoires. Trois grandes conceptions

du développement local sont à distinguer dans la littérature :

Le développement par en haut décliné localement ;

Le développement local synonyme de croissance locale ;

Le développement local comme concept indépendant.

Le développement appliqué au local

Il s’agit là d’une approche « Top – Down », ou plus exactement d’une projection

territoriale limitée de la stratégie de développement de l’État. L’adjectif « local » ne vient que

donner une dimension territoriale à une politique de développement initiée à un niveau

supérieur, le plus souvent national. Cette conception du développement local est très sélective

en matière de choix entre le centre et les périphéries, les zones d’activités à élargir ou les

réserves de ressources à exploiter15. Contrairement à cette première approche, il existe

l’approche « Bottom – Up » qui consiste à initier le développement depuis la base. Du choix

entre ces deux approches dépend la réussite de toute tentative de développement local. Cela

revient à opter pour l’une ou l’autre des deux démarches suivantes :

Planifier le développement d’un ou de plusieurs pôles de croissance : les effets

d’entraînements vont relancer l’ensemble du système économique :

Partir de la base, favoriser les initiatives locales et mobiliser les potentiels locaux

pour déclencher le processus de développement.

Les réponses à cette question diffèrent d’un auteur à un autre. Le choix entre ces deux

approches dépend également en grande partie des politiques de développement adoptées.

15 GREFFE Xavier, Territoires en France, Economica, 1984

Page 30: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

19

Cependant, il ressort de cela que, sur la base des études bibliographiques, les auteurs du

développement local sont les partisans d’un développement amorcé par les initiatives locales.

Dans le premier cas, le développement local se réduirait à une projection territoriale

limitée du développement par en haut. Dans le second cas, le processus de développement local

sera la concrétisation de la volonté des acteurs locaux à prendre en main son propre

développement. Pour être viable, le développement local devrait s’appuyer sur la

complémentarité de ces deux approches. Une stratégie de développement local ne peut être ni

une projection territoriale imposée par l’autorité étatique qui va engendrer une importante

inégalité sociale (centres et périphéries) ni un projet autonome émanant de la base sans prise en

compte des politiques de développement nationales. Le développement local doit

impérativement prendre en considération un certain nombre d’objectifs et de contraintes dans

l’élaboration et la mise en œuvre des projets locaux.

La croissance locale

La seconde approche du développement local est essentiellement celle des

économistes qui le définissent comme synonyme de la croissance au niveau local, ou du moins,

le considère d’une manière ou d’une autre, comme une évolution économique locale. Les

caractéristiques sociales, culturelles et environnementales ne seraient que des facteurs à prendre

en compte dans l’étude des mutations économiques locales.

Le développement local comme un concept indépendant

Cette dernière conception considère le développement local comme une notion

indépendante, en réaction au développement par le haut, plus large que la seule croissance

économique et ancrée sur un territoire. Il est à noter que la suite de ce travail se base sur cette

conception du développement.

Afin d’illustrer cette conception du développement local, trois définitions ont été

retenues.

Selon Georges Benko, le développement local est une stratégie de diversification et

d’enrichissement des activités sur un territoire donné à partir de la mobilisation de ses

ressources (naturelles, humaines et économiques).16

16 BENKO Georges, Lexique de géographie économique, Armand Colin, 2001, 95 p.

Page 31: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

20

Paul Houée définit le développement local comme une démarche globale de mise en

mouvement et en synergie des acteurs locaux pour la mise en valeur des ressources humaines

et matérielles d’un territoire donné, en relation négociée avec les centres de décision

économiques, sociaux et politiques dans lesquels ils s’intègrent.17

Pour Xavier Greffe, le développement local est un processus de diversification et

d’enrichissement des activités économiques et sociales sur un territoire à partir de la

mobilisation et de la coordination de ses ressources. Il sera donc le produit des efforts de la

population locale. Il mettra en cause l’existence d’un projet de développement intégrant ses

composantes économiques, sociales et culturelles. Il fera d’un espace de contiguïté un espace

de solidarité active.18

Malgré la diversité des approches voire des divergences entre les auteurs, l’étude

épistémologique de la notion de développement local fait ressortir un consensus autour d’un

certain nombre de caractéristiques. Étant qualifié de « local », ce type de développement doit

être ancré sur un territoire et s’appuie sur les ressources endogènes de ce dernier. De son origine,

le développement local peut être une réaction ou un rejet d’une politique de développement trop

centralisée. Dans cette optique, il se veut être une alternative au développement polarisé. Outre

la dimension économique, le développement local prend également en considération les

dimensions culturelles et sociales.

II.4.3.2. Les conditions du développement local

Sur la base de ces tentatives de définition, la réussite d’une stratégie de développement

local nécessite le respect de quelques conditions de base dont les plus importantes sont :

L’ancrage territorial des démarches de développement local : le dépassement des

logiques sectorielles plus que comme une circonscription spatiale de la décision. Le

territoire est ici un moyen et non une fin ;

Le processus d’intégration : c’est la question cruciale de la place du sujet au sein de la

société qui est posée ici. Elle revêt des formes multiples comme la mobilisation locale,

l’implication, la citoyenneté ou encore le sentiment d’appartenance ;

17 HOUÉE Paul, Les politiques de développement rural, 2e édition, INRA/Economica, 1996, p.213.

18 GREFFE Xavier, Territoires en France, Economica, 1984, p.146.

Page 32: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

21

La prise en compte des dimensions culturelles : le développement local passe par le

repérage d’un système de valeurs, de croyances, de représentations qui doivent agir

comme des filtres pour la mise en place des actions de développement menées sur le

territoire ;

Adoption d’un mode de pensée complexe : il s’agit ici de développer des modes

d’apprentissage. Le développement n’est pas une logique simple de reproduction, mais

un processus complexe, cognitif dans lequel les acteurs du territoire doivent s’investir.

II.5. Choix et présentation de la zone d’étude

La zone d’étude est située dans la Région du Menabe, une Région parmi les plus riches

en biodiversité à Madagascar. Située sur la partie ouest de la Grande île, elle couvre une

superficie de 48 860 km² soit 8,4 % de la superficie totale du pays. Elle regroupe cinq (05)

districts : Morondava, Belo sur Tsiribihina, Miandrivazo, Manja et Mahabo. Le nombre total

d’habitants est estimé à 300 000 habitants soit une densité de 6,2 habitants/km² 19.

Majoritairement peuplée de Sakalava, la Région de Menabe demeure une forte zone de

migration dont les principaux migrants sont les gens venant des Hautes-Terres, du Sud-Est et

des Vezo. La pêche, l’agriculture et l’élevage constituent leurs principales activités qui

dépendent en grande majorité des ressources naturelles. La Région dispose également d’une

grande potentialité touristique contribuant à la promotion des activités dans ce secteur et au

développement régional en général.

Les Deltas de Tsiribihina et de Manambolo, situés respectivement dans les Régions

Menabe et Melaky, abritent le deuxième plus grand écosystème de mangroves de Madagascar

couvrant approximativement une superficie de 28 000 ha20. Ces zones de mangroves ont une

importance capitale pour les populations environnantes ainsi que pour de nombreuses espèces

endémiques.

L’étude a été effectuée essentiellement sur cinq (05) sites répartis dans trois (03)

communes du district de Belo sur Tsiribihina : Ambakivao, Andapotaly et Tambohobe (CR

Belo sur Tsiribihina), Kaday (CR Tsimafana) et Moravagno (CR Aboalimena). Dans ces

régions, les ressources naturelles subissent de plus en plus de pressions face à l’intensification

19 PRD, Région Menabe, 2005

20 WWF, Témoignages de Madagascar : Changement Climatique et modes de vie ruraux, 2010

Page 33: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

22

des activités anthropiques et aux impacts du changement climatique. Pour rappel, ces trois (03)

communes rurales sont tous membres de l’OPCI AlokAina.

Carte n°01 : Carte de localisation de la zone d’étude

Source : FTM BD500, données collectées sur le terrain

Page 34: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

23

II.6. Démarche méthodologique

Pour pouvoir établir un état des lieux exhaustif et suivre la tendance de l’évolution de

la végétation de mangroves, la connaissance de certaines données ainsi que de certains

paramètres s’avère indispensable. D’un côté, pour une meilleure gestion des ressources de

mangroves du delta de Tsiribihina, les données relatives aux diversités faunistique et surtout

floristique relatives à cet écosystème sont déterminantes. De l’autre côté, l’identification des

pressions et des menaces que les mangroves subissent s’avère être décisive pour évaluer les

perspectives d’évolution de la superficie de cet écosystème aussi bien dans le temps et que dans

l’espace. Concernant les aspects socio-économiques, les deux dimensions suivantes sont à

prendre en compte dans la définition des indicateurs et des données à collecter :

l’impact des actions de la population sur les ressources naturelles ;

l’apport des ressources naturelles sur la vie de la population.

Les assemblées villageoises et/ou les focus groups ont été largement utilisés sur

l’ensemble des cinq (05) sites étudiés, suivis d’une enquête individuelle par questionnaire

auprès des ménages et notamment auprès de la population cible. La technique d’observation

directe a été également utilisée pour compléter et vérifier les données collectées à partir des

outils classiques cités précédemment. Pendant les périodes de descente sur terrain, les

informations et les données socio-économiques ont été recueillies de façon participative.

Le diagnostic territorial est une démarche incontournable pour faire un état des lieux

le plus exhaustif. C’est une démarche inductive, c’est-à-dire établir des principes à partir des

données recueillies et les observations directes.

Pour apprécier le niveau structurel de chaque village et/ou du fokontany étudié, les

indicateurs retenus sont :

nombre et fonctionnalité des infrastructures socio-économiques ;

accessibilité géographique du village.

Les enquêtes auprès des ménages constituent une précieuse source d’information sur

les conditions de vie des ménages concernés. À cet effet, les indicateurs qu’on a retenus et jugés

comme pertinents pour évaluer les conditions de vie des ménages sont regroupés dans les

rubriques suivantes :

Page 35: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

24

taille du ménage (nombre de personnes) ;

activité principale comme source de revenus des ménages (ainsi que l’activité

secondaire s’il y en a) ;

revenus du ménage : la propension moyenne à consommer ainsi que celle à épargner ;

structure des dépenses.

L’enquête s’est focalisée essentiellement sur les conditions de vie des ménages. Les

principaux résultats de l’enquête Ménage qu’on a réalisée seront présentés dans les paragraphes

ci-dessous.

II.6.1. Collecte des données secondaires

La phase de collecte des données secondaires consiste essentiellement en une analyse

préalable des informations disponibles sur la zone d’étude et sur le thème à traiter. Bien que les

informations secondaires collectées doivent toujours être manipulées avec prudence, elle

permet d’avancer plus rapidement et constitue une source précieuse d’informations

préliminaires. L’objectif de cette phase est de synthétiser les données disponibles sur le sujet et

sur la zone d’étude (PCD pour les communes, PLD pour les fokontany, etc.).

L’entretien avec les autorités locales (les présidents du fokontany et le secrétaire

général de l’OPCI Alok’Aina), les différents services techniques (DREF, DRPRH) et les

organismes intervenant dans le delta de Tsiribihina a permis d’aborder les aspects portant sur

la connaissance du milieu en général. Les informations ont été également collectées à travers

des entrevues avec les partenaires et les organismes de développement intervenant dans la zone.

Pour ce faire, un entretien semi-structuré a été utilisé.

II.6.2. Les entretiens collectifs avec la population

La Méthode Accélérée de Recherche Participative (MARP) a été utilisée. Cette

méthode permet de réunir et de traiter les informations de manière systématique avec un plus

grand nombre de répondants constitués en focus groups en fonction de l’aspect étudié.

Un guide a été élaboré pour les entretiens collectifs avec les populations couvrant tous

les aspects socio-économiques susceptibles d’apporter un éclaircissement sur les

problématiques suivantes :

Page 36: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

25

la réduction de la pauvreté et les mécanismes sur lesquels il faudra s’appuyer pour

améliorer la situation du public cible ;

la dégradation des ressources naturelles et les actions devant contribuer à l’amélioration

de leur gestion.

II.6.3. Enquêtes ménages par l’intermédiaire d’un questionnaire

L’enquête par questionnaire constitue un outil important dans une démarche ayant

pour but de compiler des informations de base comme la présente étude. En effet, elle permet

de collecter les données quantitatives nécessaires dont les indicateurs de développement qui ont

été retenus (revenus et épargnes pour WWF).

De plus, elle permet de collecter les données primaires quantitatives et qualitatives

concernant les relations entre la population riveraine et les ressources naturelles. L’enquête a

porté sur 84 ménages répartis dans cinq (05) fokontany couvrant la zone du delta de Tsiribihina.

Les contraintes techniques, financières et temporelles conduisent à l’approche par

échantillonnage à deux (02) niveaux. En premier lieu, on a choisi les 05 fokontany selon les

zones d’intervention du projet et en second lieu, les ménages à enquêter dans chacun de ces

fokontany. Néanmoins, afin d’assurer la représentativité de l’échantillonnage, le choix de ces

ménages ont été aléatoire. La MARP a été choisie pour compléter les méthodes participatives

du fait qu’elle est la plus adaptée pour mettre en exergue les disparités socio-économiques et

beaucoup plus opérationnelle que ces dernières. Les méthodes essentiellement quantitatives

dont les techniques d’échantillonnage classique veulent généralement être « statistiquement

représentatives », mais masquent souvent les diversités existantes au niveau des différentes

couches de la société.

II.6.4. Traitement des données

Le traitement statistique des données collectées a été fait essentiellement avec les

logiciels SPSS Statistics et Microsoft Excel. L’analyse statistique se subdivise en deux étapes

interdépendantes :

une analyse descriptive (résumer et représenter statistiquement les données collectées)

ayant pour but de résumer et présenter les données collectées sous la forme la plus

accessible, c’est-à-dire une simplification et une réduction des données à la fois visuelle

et conceptuelle ;

Page 37: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

26

une analyse inductive (confirmer les résultats des analyses descriptives par les différents

tests statistiques) permettant de formuler en termes probabilistes un jugement sur une

population à partir des résultats observés sur un échantillon extrait au hasard de cette

population. Elle permet d’étendre ou de généraliser, dans certaines conditions, les

conclusions obtenues par la statistique descriptive à partir de l’échantillon que l’on a

observé.

Une analyse SWOT (Strength-Weakness-Opportunities-Threats) sera faite sur la base

des résultats issus de cette étude statistique afin d’identifier les forces et les faiblesses ainsi que

les menaces et les opportunités que présente la zone d’étude.

II.7. Portées et limites de l’étude

Les statistiques sur les mangroves montrent sur l’échelle mondiale une dégradation de

plus en plus importante de cet écosystème alors que des études plus approfondies – comparaison

de l’évolution de la surface des mangroves dans le temps – montrent le contraire avec une

dynamique positive en matière de surface. Certes, de nombreuses études ont été menées sur les

mangroves au fil du temps, mais les informations sur l’évolution et les tendances de l’étendue

des mangroves ont été rares jusqu’ici et diffèrent d’une étude à une autre. Bien que la littérature

sur les mangroves soit abondante, les données globales pour évaluer le gain et la perte en

superficie au cours du temps s’avèrent insuffisantes.

Il est également à noter que ce travail se limite à une étude purement socio-

économique : identification des alternatives socio-économiques qui pourraient répondre à la

fois au bien-être de la population et aux impératifs de la gestion durable des ressources

naturelles dans le total respect des valeurs socioculturelles de la zone d’intervention.

La brève présentation des caractéristiques écologiques de l’écosystème de mangroves exposée

dans ce travail a été nécessaire dans le sens que la compréhension de cet aspect a été

indispensable dans la conduite de la recherche socio-économique. Cette courte introduction à

l’écologie des mangroves est seulement à titre informatif pour pouvoir mener à bien les

démarches méthodologiques adoptées pour la réalisation du présent mémoire. L’étude

écologique, le développement des connaissances écologiques traditionnelles, l’analyse spatiale

de l’évolution de la couverture forestière et l’étude de la production de crabe relèvent d’autres

études en complémentarité avec ce mémoire.

Page 38: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

27

III. RÉSULTATS ET INTERPRÉTATIONS

III.1. État des lieux et tendance des mangroves dans le delta de Tsiribihina

Les mangroves du delta de Tsiribihina s’étalent sur 12 197 ha21 de la côte ouest de

Madagascar et s’étendent sur six (06) communes, mais les zones où les études ont été menées

se limitent à cinq (05) sites qui sont répartis dans trois (03) communes : les sites d’Ambakivao,

d’Andapotaly et de Tambohobe dans la CR de Belo/Tsiribihina, le site de Moravagno dans la

CR d’Aboalimena et celui de Kaday dans la CR de Tsimafana.

III.1.1. Importance écologique

Bien que les premiers travailleurs sur les mangroves ont considéré cette forêt comme

une végétation de transition sans importance et à faible productivité, la plupart des écologistes

actuels les considèrent comme très productives en biomasse et d’une importance capitale dans

l’équilibre du système. Sur le plan écologique, quatre rôles majeurs sont à retenir :

les mangroves contribuent à la formation du sol et aident à stabiliser le littoral : la

disparition des forêts de palétuviers se fait de plus en plus sentir au niveau des

caractéristiques du sol. Le fokontany de Kaday a été le plus touché par ce problème. Si

ce village a été le premier producteur de riz dans le delta de Tsiribihina au début des

années 80, il n’en est rien de tout cela actuellement. Les vastes rizières ont laissé place

à une terre infertile à cause de la salinité du sol. La dégradation des mangroves a permis

aux eaux salines d’envahir les terres cultivables.

les forêts de mangroves servent d’habitat à de nombreux organismes marins tels que les

poissons, les crabes, les huitres ainsi que d’autres invertébrés : les forêts de mangroves

représentent une zone de reproduction et de nurserie pour un bon nombre d’espèces

marines. À cet effet, la dégradation de cet habitat naturel a un impact significatif sur

l’état des ressources halieutiques. Dans la zone du delta de Tsiribihina, en moyenne, la

prise journalière d’un pêcheur est estimée aux environs de 10 kg alors qu’un pêcheur

pouvait facilement ramener 30 à 50 kg de poissons à chaque sortie il y a une dizaine

d’années. Avec la disparition des mangroves, non seulement les prises journalières sont

considérablement réduites, mais les pêcheurs sont également obligés de pratiquer la

21 WWF & The Blue Ventures Conservations, Atelier sur le carbone bleu, Morondava, Avril 2013

Page 39: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

28

pêche au large au détriment de la pêche côtière. Les mangroves produisent une grande

quantité de détritus (débris organiques) qui peut contribuer à l’augmentation de la

productivité en ressources halieutiques des eaux : la diminution importante des

ressources halieutiques est étroitement liée à l’état des mangroves dans le sens où ces

derniers constituent une zone de nurserie pour les poissons et les divers crustacés. Dans

le contexte actuel, l’écosystème de mangroves ne peut plus fournir de détritus suffisants

pour assurer la survie des organismes marins d’où la nécessité d’aller pêcher dans les

eaux profondes pour une meilleure prise ce qui se traduit par un temps de pêche plus

important.

Outre ses rôles purement écologiques, les forêts de mangroves possèdent également

des attributs qui sont particulièrement importants pour les humains :

les forêts de palétuviers protègent les communautés côtières contre les cyclones (surtout

l’érosion côtière) : les mangroves peuvent atténuer les impacts des catastrophes

naturelles, dont les cyclones, et ralentir les effets de l’érosion côtière. Le village de

Bevavà (sis dans le fokontany de Moravagno) a subi le plus de dégâts dans ce domaine.

Les populations sont contraintes de se déplacer au fur et à mesure que la mer s’avance

vers les côtes.

les forêts de mangroves abritent de nombreuses espèces menacées : les pressions et les

menaces qui pèsent sur la végétation de mangroves représentent également une menace

pour les diversités faunistiques et floristiques qu’elle abrite.

les palétuviers peuvent aussi représenter une zone à forte attractivité écotouristique : le

volet écotouristique est un secteur encore mal exploité dans la zone du delta de

Tsiribihina.

III.1.2. Diversités floristique et faunistique de la végétation de mangroves

Les marais maritimes du delta de Tsiribihina se caractérisent, comme tous les autres

marais d’ailleurs, par une végétation typique aux zones de basses latitudes : les végétations de

mangroves. La diversité floristique de la formation arborée de mangroves du littoral ouest de

Madagascar est très réduite, ne comprenant que 7 espèces réparties en 5 familles différentes.

Ces différentes familles et espèces de mangroves sont énumérées ci-après :

Page 40: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

29

- RHIZOPHORACEAE : Rhizophora mucronata (tangandahy), Ceriops tagal

(tangambavy), Bruguiera gymnorhiza (tangampoly) ;

- AVICENNIACEAE : Avicennia marina (afiafy) ;

- SONNERATIACEAE : Sonneratia alba (songery) ;

- COMBRETACEAE : Lumnitzera racemosa (rogno) ;

- MELIACEAE : Xylocarpus granatum (fobo).

Ce sont les cinq grandes familles de mangroves présentes sur la côte ouest de la Grande

Ile avec les sept espèces de palétuviers qui s’y trouvent. Sont mentionnés entre parenthèses les

noms vernaculaires (noms locaux) de chaque espèce.

La faune rencontrée dans les mangroves est assez pauvre en espèces, mais relativement

abondante. En effet, la forêt de mangroves abrite une importante ressource faunistique aussi

bien pour servir de nourriture à la population que pour maintenir le fragile équilibre au sein de

l’écosystème : les crustacés, les mollusques et les poissons sont les plus abondants. Sans parler

de la présence d’une multitude d’espèces de poissons, les crustacés les plus fréquents sont les

crabes (Scylla serrata) et les crevettes (Fenneropenaeus indicus). Les mangroves ont toujours

été une banque de réserve pour les pêcheurs assurant la subsistance de la quasi-totalité de la

population locale. Des reptiles comme les crocodiles (Crocodilus niloticus) ainsi que quelques

types d’oiseaux dont certains sont endémiques vivent aussi au sein de cet écosystème, à l’instar

du Pygargue de Madagascar (ankoay) ou Haliaeetus vociferoides et de la Sarcelle de Bernier

ou Anas bernieri (mireha).

Photo n°01 : La forêt de mangroves du delta de Tsiribihina (Andapotaly)

Source : Auteur

Page 41: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

30

III.1.3. Les mangroves : un écosystème unique, rare et menacé

Les forêts de mangroves constituent un écosystème riche et unique longeant les côtes

des régions tropicales et subtropicales. Ces zones humides boisées abritent une grande variété

de flore et de faune, y compris les mammifères, les oiseaux, les reptiles, les poissons, les

mollusques et les crustacés. L’écosystème de mangroves est caractérisé par une forte

productivité biologique se traduisant par une importante biodiversité profitable à de nombreuses

espèces animales et végétales. Il offre ainsi d’abondantes ressources en bois et en produits

halieutiques. Il sert aussi de refuges à de nombreuses espèces menacées et contribue

énormément à la protection des rivages contre l’érosion côtière. De ce fait, les populations

riveraines des mangroves tirent d’importants bénéfices provenant de l’exploitation du bois, de

la pêche, de l’agriculture et de toutes autres activités relatives aux mangroves.

Cependant, il s’avère que dans la plupart des cas, ces activités se traduisent par une

perte de surface de la forêt de palétuviers pour l’agriculture, la fourniture de bois de construction

et de bois de chauffe. Cela engendre un impact négatif sur l’équilibre fragile de l’écosystème

de mangroves qui est fortement lié à la croissance démographique sur le littoral ouest. À cela

s’ajoutent les variations climatiques se traduisant par une augmentation du niveau de la mer et

une diminution de la durée de la saison pluvieuse qui amplifient la dégradation des mangroves.

III.1.3.1. Les mangroves, un écosystème à usage multiple

Une fonction fondamentale de toutes les forêts a été de fournir du bois de chauffage et

du bois pour la construction des maisons. Les forêts de mangroves ne font pas exception. Les

utilisations de ce type de végétation sont nombreuses et variées.

Traditionnellement, les gens ont utilisé les mangroves au profit de la communauté

locale, mais l’explosion démographique dans les zones littorales a conduit à une utilisation

abusive et non durable de ces ressources. Les mangroves ont été principalement exploitées pour

leur bois : les diverses constructions, la cuisson, le chauffage, etc.

Page 42: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

31

Photo n°02 : Les maisons construites avec les bois de mangroves à Kaday

Source : Auteur

En Asie du Sud et au Brésil, les bois de mangroves servent à construire des structures

immergées vu qu’ils peuvent résister à l’eau et aux attaques des champignons. Caractérisés par

ses pouvoirs calorifiques élevés, les bois de Rhizophora et d’Avicennia ont été utilisés comme

combustibles pour les chaudières des trains pendant de longues années au Pakistan. En

Indonésie, l’exploitation commerciale des mangroves pour le charbon de bois date de

l’année 1887. En Amérique centrale, l’extraction de tanins et la production de charbon de bois

ont été à la base de la dégradation et de la déforestation de la mangrove à grande échelle. La

collecte des feuilles de mangroves pour l’alimentation animale reste une pratique très répandue

dans le Proche Orient et l’Asie du Sud. Les populations autochtones du Sri Lanka et de

l’Australie utilisent certains types de mangroves pour extraire des colorants.

Une autre source de richesse dans les mangroves est l’exploitation des diverses

ressources aquatiques telles que les poissons, les mollusques et les crustacés qui font partie

intégrante de cet écosystème. Au Vietnam, les agriculteurs complètent leur revenu par la

collecte et le tri des coquilles issues des vasières de la mangrove. La valeur des produits

aquatiques fournis par cet écosystème est d’une importance majeure dans la vie des populations

riveraines. Récemment, les mangroves ont été aménagées de sorte que cet écosystème puisse

servir de centre de loisirs et de site écotouristique. En Australie, les mangroves jouent un rôle

capital dans les programmes de conservation : création de réserves naturelles et de parcs

nationaux.

L’existence des mangroves dans les marais salés s’avère être également une méthode

alternative pour limiter les effets néfastes de l’érosion. C’est un moyen efficace pour protéger

Page 43: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

32

les rivages à moindre coût. Les parties aériennes des mangroves dissipent les vagues et

accumulent les sédiments alors que les racines et les rhizomes stabilisent le substrat. Ce type de

végétation contribue ainsi à protéger les rivages et à éviter tout déplacement excessif de sable

du littoral.

Certes, les mangroves ne sont pas seulement importantes, mais aussi essentielles pour

les zones côtières. Depuis que les estuaires et les deltas sont devenus des zones très peuplées,

le moindre déséquilibre écologique au sein de cet écosystème aura une lourde conséquence sur

le niveau de vie des populations environnantes. Malgré les divergences des points de vue sur

les avantages procurés par les forêts de mangroves, leur valeur en tant que protecteur contre

l’érosion côtière est largement suffisante pour justifier sa conservation. Étant donné que les

mangroves constituent un refuge et une zone de nidation pour un certain nombre d’organismes

marins tels que les poissons, les crabes et les crevettes, la perte de cette végétation aura des

répercussions économiques directes sur les villages riverains.

III.1.3.2. Principales pressions et menaces sur les mangroves

L’identification des pressions et menaces pesant sur la forêt de palétuviers dans la zone

du delta de Tsiribihina permet d’évaluer l’impact de ces derniers sur l’écosystème de

mangroves. Les principales causes de la dégradation de ce précieux écosystème peuvent être

classées en deux grandes catégories selon qu’elles viennent des phénomènes naturels – dont le

plus menaçant est le changement climatique – ou qu’elles soient issues des activités humaines

pour la satisfaction de leurs besoins les plus divers.

a. Pressions et menaces d’ordre naturel

Le changement climatique et l’augmentation du niveau de la mer ont un impact

significatif sur l’écosystème de mangroves. Les caractéristiques des palétuviers sont différentes

d’une région à une autre en fonction de certains paramètres climatiques. Plus on s’éloigne de

l’équateur (en latitude), plus le nombre d’espèces, la hauteur des arbres et la biomasse produite

par les forêts de mangroves diminuent22. Dans le sud de la Papouasie en Nouvelle-Guinée, 34

espèces de palétuviers ont été recensés tandis que les mangroves de l’Atlantique sont

relativement pauvres avec seulement une vingtaine d’espèces.

22 ELLISON, J. C., Wetlands of the Pacific Island Region, Wetlands Ecology and Management, 1999

Page 44: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

33

Concernant le changement climatique, le taux de salinité élevé et l’élévation du niveau

de la mer constituent une menace majeure pour les écosystèmes de mangroves. Ces problèmes

seront déterminants pour l’expansion des mangroves qui ont tendance à se développer vers

l’intérieur de la terre, mais limitée par la topographie ou l’existence des villages.

Les mangroves peuvent fournir des services importants aux écosystèmes associés.

Cette végétation procure également de nombreuses ressources forestières ligneuses et non

ligneuses aux sociétés humaines. Pour ne citer que les principaux avantages qu’on peut tirer de

cet écosystème, les mangroves servent d’habitats pour de nombreuses espèces de poissons et

de crustacés. Cette végétation joue un rôle déterminant dans la fixation des sédiments et la

protection des côtes contre les érosions. Les palétuviers peuvent fournir des bois de chauffage

et des bois de construction. Certaines espèces sont reconnues pour ses vertus thérapeutiques.

En parallèle avec l’augmentation en nombre des populations humaines, la pénurie de

terres cultivables dans de nombreux pays en développement a conduit à une déforestation

massive des mangroves pour l’agriculture et l’aquaculture. La forte demande en bois (bois de

chauffage, charbon de bois, construction de maisons, etc.) a été également très dommageable.

Les forêts de mangroves dans certaines zones ont été réduites à de simples vestiges de leurs

anciennes aires de répartition en raison de l’exploitation humaine.

Les mangroves sont également menacées par l’augmentation du niveau de la mer

évaluée à 4,1 mm à 4,8 mm par an23. La fréquence des inondations et le taux de salinité de la

mer déterminent l’évolution des mangroves en termes de superficie. Les forêts de palétuviers

peuvent connaître une augmentation stable en matière de superficie si le niveau de la mer est

stable. Dans le cas contraire, il faut s’attendre à une dégradation des mangroves.

23 Selon la présentation effectuée par la Direction Générale de la Météorologie lors de l’atelier sur le changement

climatique qui s’est tenu à Morondava en Novembre 2012.

Page 45: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

34

Photo n°03 : Dégradation des écosystèmes de mangroves (Nosimaintso - Ambakivao)

Source : Auteur

b. Pressions et menaces anthropiques

D’une manière générale, les activités anthropiques constituent un facteur important qui

contribuent à la dégradation des mangroves et des écosystèmes associés. Pour la région du delta

de Tsiribihina, les pressions et les menaces anthropiques recensées sont détaillées brièvement

comme suit :

— Agriculture : Ce premier aspect des actions anthropiques est le plus fréquent au

niveau des villages environnants du fleuve de Tsiribihina. Ce sont les pratiques culturales non

durables adoptées par les locaux qui font que l’agriculture – dont principalement la riziculture

– soit un facteur de dégradation des forêts de mangroves. Appelée communément par le terme

« défrichement », cette pratique consiste à déboiser les zones des mangroves et à laisser l’eau

de pluie s’écouler afin de réduire la teneur en sel de la terre. Une fois que le taux de salinité est

à un niveau suffisamment bas, la terre est cultivée et elle n’est cultivable que pendant deux à

trois années. Après cela, la recherche de nouvelle terre s’impose se traduisant par un nouveau

déboisement d’une certaine surface de mangroves et tend vers une dégradation continue de cet

écosystème.

— Coupe sélective de bois : Les espèces les plus concernées par cette pratique sont

celles dont le diamètre atteint une certaine valeur — supérieur à 3 cm — pour pallier un besoin

spécifique en bois dont principalement les constructions des maisons (poteaux et traverses).

La perte continuelle des mangroves aura de graves impacts écologiques et socio-

économiques particulièrement sur les communautés côtières qui dépendent directement des

Page 46: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

35

mangroves. Leurs vies quotidiennes semblent être fortement conditionnées par l’état de ce

précieux écosystème.

Même si le changement climatique se trouve parmi les préoccupations majeures

mondiales de l’époque actuelle, les effets des activités humaines sur les mangroves ont

largement dépassé ceux des phénomènes naturels au cours des dernières décennies. Le

développement économique et la croissance démographique rapide des zones côtières sont les

principales causes de la perte et de la dégradation des mangroves. Si au niveau mondial c’est

l’aquaculture qui a été le principal facteur pour la conversion des mangroves, la plus grande

menace pesant sur les mangroves et les écosystèmes associés demeurent le défrichement dans

le Delta — notamment pour la riziculture — qui a engendré la plupart des disparitions d’une

importante superficie des mangroves dans cette zone.

III.1.3.3. Dynamique des mangroves du delta de Tsiribihina

L’effet combiné du changement climatique et de l’utilisation abusive des ressources

ligneuses et non ligneuses issues des mangroves ont conduit à une réduction significative des

superficies forestières. L’étude de l’évolution de la couverture forestière de la zone du delta a

été basée sur une analyse cartographique multidate obtenue par la comparaison de trois (03)

images satellites Landsat 5 TM qui datent respectivement de 1990, 2000 et 2010. La carte

suivante illustre le gain et la perte en surface de mangroves dans la zone du delta de Tsiribihina

de 1990 à 2010.

Page 47: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

36

Carte n°02 : Dynamique des mangroves du delta de Tsiribihina de 1990 à 2010

Source : WWF & The Blue Ventures Conservations, Atelier sur le carbone bleu, Morondava,

Avril 2013

Page 48: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

37

Cette cartographie produite par Chandra Giri de l’USGS (United Stats Geological

Survey) combinée avec l’analyse réalisée par The Blue Ventures Conservation en 2012 ont

permis de dégager les taux de déforestation nets et annuels pour le delta de Tsiribihina. Le

tableau suivant présente les données chiffrées relatives à ces études.

Tableau n°04 : Perte en couverture forestière de 1990 à 2010 – Deltas du Manambolo &

Tsiribihina

1990 – 2000 2000 – 2010 1990 - 2010

Tsiribihina Manambolo Total Tsiribihina Manambolo Total Tsiribihina Manambolo Total

Perte nette (ha) 4 220 3 981 8 201 4 177 232 4 409 8 398 4 213 12 611

Perte nette (%) 20,5 32,5 25,0 25,5 2,8 17,9 40,8 34,4 38,4

Perte annuelle (ha) 422 398 820 418 23 441 420 211 631

Perte annuelle (%) 2,1 3,3 2,5 2,6 0,3 1,8 2,0 1,7 1,9

Source : The Blue Ventures Conservations, Mangrove REDD & Conservation of

Intact Wetlands in the Tsiribihina & Manambolo Deltas, Madagascar,

2014

Dand le paysage Manambolo – Tsiribihina, de 1990 à 2010, la perte a été évaluée à

12 611 ha dont les 8 398 ha dans le delta de Tsiribihina soit une perte annuelle d’environ 420

ha. Au bout de ces 20 dernières années, les forêts de palétuviers dans les zones du delta ont

perdu un peu plus de 40 % de sa superficie totale avec un taux de déforestation annuelle de

l’ordre de 2 %. Cette perte en superficie s’explique en grande partie par la conversion des zones

de mangroves en rizières par le défrichement. Confrontée aux problèmes de la salinité des sols

et au manque de terres arables, la population se trouve dans l’obligation de passer par le

déboisement des mangroves pour espérer trouver un moyen de subsistance complémentaire aux

activités de pêche. À cela s’ajoute la faible capacité institutionnelle pour la gestion des

ressources naturelles et la croissance rapide de la population. La demande urbaine en bois est

également une cause non négligeable de l’exploitation illicite des forêts de palétuviers. Même

si les agents de déforestation peuvent être différents d’une zone à une autre, les principales

pressions qui pèsent sur l’écosystème de mangroves se résument à ces quelques points.

Page 49: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

38

III.2. Réalités socio-économiques du delta de Tsiribihina

III.2.1. Démographie

En se basant sur les estimations des interviewés (concernant le nombre de toits) et en

se référant aux données collectées pendant la descente sur terrain (pour ce qui est de la taille

moyenne des ménages), la population totale dans les zones étudiées est estimée à environ 5487

habitants. Dans les cinq (05) fokontany où l’étude a été menée, ceux de Moravagno et

d’Ambakivao, situés respectivement dans la commune rurale d’Aboalimena et la commune

rurale de Belo/Tsiribihina, sont les plus peuplés. Ensemble, ils regroupent plus de la moitié de

la population totale. Par contre, Tambohobe et Andapotaly sont les moins peuplés et comptent

chacun 11,85 % et 14,89 % de l’ensemble des habitants.

Figure n°01 : Distribution de la population par fokontany

En moyenne, un ménage malagasy compte environ 4,8 individus. La taille moyenne

est plus importante dans les milieux ruraux (4,9 individus) que dans les milieux urbains (4,5

individus)24. Dans la zone d’étude, qui est une zone rurale, la taille moyenne d’un ménage est

de 5,67 individus. Les ménages dans les fokontany de Tambohobe (6,4 individus) et

d’Ambakivao (6,3 individus) sont les plus importants, contre 4,9 individus par ménage pour le

24 INSTAT/DSM, Enquête auprès des ménages, 2010

22,96%

14,89%

11,85%

25,51%

24,79%

Kaday

Andapotaly

Tambohobe

Moravagno

Ambakivao

Page 50: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

39

fokontany de Moravagno qui présente la moyenne la plus basse. Ces chiffres dépassent

largement les moyennes nationales. Les ménages dans cette zone sont en majorité des « familles

nombreuses ». Il n’y a que moins d’un (01) ménage sur 10 qui est composé de 3 personnes.

Sept (07) ménages sur dix (10) comportent 4 à 7 personnes. Un peu moins de 7 % des ménages

sont constitués de plus de 10 personnes.

III.2.2. Éducation

Les systèmes éducatifs sont très variables dans l’espace et dans le temps. Dans la

majorité des cas, les exigences socio-économiques du foyer sont souvent priorisées par rapport

aux besoins des enfants d’avoir accès à l’éducation. Vu que l’éducation joue un rôle important

dans la croissance économique et dans la lutte contre la pauvreté, le niveau de vie précaire de

la population s’explique en partie par la faiblesse des investissements des ménages dans le

capital humain, plus spécialement dans l’éducation. Le manque d’infrastructures scolaires et/ou

la non-fonctionnalité des infrastructures existantes s’ajoutent au manque de sensibilisation et

de prise de conscience de la population du rôle de l’éducation dans l’amélioration du niveau de

vie se trouve à la base de la faiblesse du niveau d’instruction de la population.

Le tableau ci-après résume la répartition de la population des cinq (05) fokontany qui

ont fait l’objet de cette étude selon leurs niveaux d’instruction.

Tableau n°05 : Répartition de la population par niveau d’instruction, selon le fokontany

Sans instruction Primaire Secondaire Supérieur TOTAL

Ambakivao 15 % 34,9 % 50 % 0,1 % 100 %

Andapotaly 31,6 % 36,8 % 31,6 % 0 % 100 %

Tambohobe 33,3 % 55,6 % 11,1 % 0 % 100 %

Moravagno 12,5 % 75 % 12,5 % 0 % 100 %

Kaday 25 % 40 % 35 % 0 % 100 %

TOTAL 23,48 % 48,46 % 28,04 % 0,02 % 100 %

Source : Résultats de l’enquête/SPSS Statistics, 2013

Page 51: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

40

Le classement des individus selon le lieu de résidence permet de noter une proportion

relativement importante de ceux qui ont un niveau primaire et secondaire à Ambakivao (CR

Belo/Tsiribihina) et àMoravagno (CR Aboalimena) avec respectivement 85 % et 87,5 % de la

population. Seul Ambakivao présente quelques chefs de ménages ayant atteint le niveau d’étude

supérieure. À l’opposé, Andapotaly et Tambohobe, tous deux situés dans la commune rurale de

Belo/Tsiribihina, présentent les plus fortes proportions d’individus analphabétisés, avec,

respectivement, des taux de 31,6 % et 33,3 %.

Figure n°02 : Répartition de la population selon le niveau d’instruction

Le quart des chefs de ménage enquêtés déclarent n’avoir jamais fréquenté aucun

établissement scolaire, la moitié s’est arrêtée au niveau primaire et le dernier quart a atteint le

niveau secondaire.

Même si les infrastructures scolaires existent dans tous les fokontany, Kaday et

Ambakivao ont deux (02) écoles primaires chacun et une (01) école pour chaque fokontany

pour les trois autres, la qualité de la scolarisation, et donc du capital humain, dépend également

des facteurs comme la disponibilité et la qualification des enseignants, la possession des

matériels pédagogiques, etc.

23,48%

48,46%

28,04%

0,02%

Sans instruction

Primaire

Secondaire

Supérieur

Page 52: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

41

Tableau n°06 : Établissements d’éducation présents dans chaque fokontany

Kaday Ambakivao Andapotaly Tambohobe Moravagno

Établissements scolaires 03 02 01 01 01

Nombre d’enseignants 06 03 01 01 02

Nombre d’élèves ND 150 124 ND 87

Source : Résultats de l’enquête /Focus group, 2013

III.2.3. Activités et revenus

Dans cette section seront étudiées les principales sources de revenus des habitants que

ce soit à titre principal ou à titre secondaire. Même si ce sont généralement des « villages de

pêcheurs », les activités agricoles y tiennent une place importante malgré le fait qu’elles sont

exercées à titre secondaire. L’emploi reste fortement concentré dans le secteur pêche.

Figure n°03 : Répartition de la population selon leurs activités principales

Plus de 80 % de la population (cf. fig3) exerce la pêche comme activité principale.

L’activité de pêche (poissons et crabes) compte plus de huit actifs occupés sur dix. La pêche

aux poissons reste l’activité archi dominante dans la structure des emplois, et occupe environ

14,29%

2,38%65,48%

17,85%

83,33%

Agriculture Collecteur et Mareyeur Pêche aux poissons Pêche aux crabes

Page 53: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

42

65 % de la population à laquelle s’ajoute la pêche aux crabes avec une proportion de 17,85 %.

Hormis la pêche, l’activité la plus répandue est l’agriculture (14,29 %).

Figure n° 04 : Répartition de la population selon leurs activités secondaires

Un peu moins de la moitié des habitants exerce l’agriculture (dans les zones défrichées

et les autres terres cultivables) et l’élevage en complément de leurs activités principales. Les

ménages qui pratiquent l’agriculture à titre secondaire sont estimés à 28,57 %. Il n’y a qu’une

seule personne sur dix qui pratique l’activité de pêche aux poissons (pêche de proximité ou

pêche au large) pour générer du revenu supplémentaire. Quatre (04) personnes sur dix (10)

n’exercent aucune activité secondaire.

Les ménages qui pratiquent l’agriculture sont en totalité des petits exploitants. Cela

signifie que ces exploitants agricoles cultivent en totalité pendant toute l’année moins de 1,5

Ha. Pour faire face aux éventuels chocs naturels, économiques ou sociaux, certains ménages

cultivent sans que cela constitue une activité principale pour eux.

1,19%

9,52%

39,29%

2,38%

28,57%

19,05%

47,62%

Pêche aux poissons Pêche aux crabes Pas d'activité secondaire Autres Agriculture Elevage

Page 54: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

43

III.2.3.1. Revenus

En 2010, le niveau des revenus salariaux annuels moyen au niveau national est estimé

à 1 388 000 Ar, soit mensuellement environ 116 000 Ar25. Par rapport à cette moyenne

nationale, le revenu mensuel moyen des ménages enquêtés est largement supérieur. En effet, en

moyenne, un ménage perçoit un revenu mensuel varie entre 100 000 Ar à 500 000 Ar, ce qui

est, en partie, largement au-dessus du SMIG. Ce chiffre est obtenu à partir de l’agrégation de

l’estimation du gain monétaire journalier (activités de pêche) ou hebdomadaire (agriculture)

d’un ménage.

La propension moyenne à consommer est de l’ordre de 0,84, ce qui donne une

propension moyenne à épargner de 0,16. Cela signifie que 84 % du revenu disponible est

consommé. Le taux d’épargne étant dans ce cas de 16 %.

Kaday présente la propension à consommer la plus élevée avec un taux de 0,94 contre

0,78 pour Ambakivao. Inversement, ce dernier dispose d’une épargne plus importante (0,12)

alors que la population de Kaday n’épargne qu’une faible partie de leur revenu disponible avec

une proportion de 6 %.

Le tableau suivant montre le calcul d’un coefficient de corrélation de Pearson pour

établir l’existence d’un lien entre le niveau d’épargne et le revenu mensuel moyen des ménages.

Ce coefficient de corrélation permet aussi de mesurer l’intensité de ce lien. Ici, le calcul du

coefficient de corrélation de Pearson a été choisi puisque la recherche comporte une variable

indépendante quantitative (le revenu) et une variable dépendante quantitative (le niveau

épargne)26.

25 INSTAT/DSM, Enquête auprès des ménages, 2010

26 CREPON Bruno, JACQUEMET Nicolas, Econométrie linéaire appliquée, 2006

Page 55: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

44

Tableau n°07 : Résultat du test de corrélation revenu*épargne

Le résultat du test de corrélation ou corrélation de Pearson (r) – ici 0.511 – mesure le

degré de liaison linéaire entre la variable dépendante (épargne) et la variable indépendante. Un

coefficient de corrélation r =0,511 (intensité forte) signifie que la relation entre le niveau

d’épargne et le revenu est proportionnelle ce qui veut dire que quand le revenu augmente, la

quantité épargnée augmente aussi.

Figure n°05 : Destination de la production issue de l’activité principale

La production issue de l’activité principale est généralement destinée à la vente

(environ 95 % pour les produits de pêche) vu qu’une grande partie de la population exerce la

pêche comme première activité de subsistance. Sur l’ensemble des deux premières activités

74,19%

25,81%

Autoconsommation

Vente

Page 56: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

45

principales – dont la pêche et l’agriculture –, le taux d’autoconsommation est de 74,19 % ce qui

laisse 25,81 % des produits pour la vente.

Plus spécifiquement pour les produits agricoles, 53,38 % de la production sont

autoconsommée tandis que 46,62 % sont destinées à la vente. La riziculture présente le plus

fort taux d’autoconsommation avec environ 90 % de la production totale. Ce chiffre n’est pas

surprenant vu l’étroitesse de leurs champs de culture. En plus, le fait qu’une part aussi

importante va faire partie de l’autoconsommation est dû au problème d’enclavement de la zone.

Les principaux produits qui sont destinés en grande partie à la vente sont le maïs (83,3 %),

l’arachide (80 %) et le manioc (77,5 %).

III.2.3.2. Consommation des ménages

La notion de bien-être est basée sur un ensemble de concepts subjectifs et objectifs.

L’approche quantitative et objective des conditions de vie des ménages est basée sur leurs

consommations27. Il s’agit alors de quantifier les composantes de consommation. Cette notion

de consommation est limitée au niveau des dépenses monétaires (les consommations dont

l’évaluation monétaire est directe à l’instar de l’autoconsommation).

27 TALEB Nacera, La fonction de consommation keynésienne, Université Paris Nord, 2004

Page 57: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

46

Figure n°06 : Structure des dépenses

Selon la loi d’Engel, les ménages pauvres consacrent une plus grande partie de leur

revenu à la satisfaction des besoins primaires, notamment dans l’alimentation. Ainsi l’analyse

de cet indicateur peut fournir quelques indications sur le niveau de vie des ménages. En 2010,

l’alimentation représente plus de 65 % de la consommation totale à Madagascar. La figure n°06

démontre que le poids de l’alimentation est nettement plus élevé, atteignant les 84,69 %. Ce

chiffre obtenu confirme en partie la loi d’Engel qui stipule que le poids de l’alimentation dans

la structure de consommation est fortement corrélé négativement avec le niveau du revenu des

ménages28. Cela signifie que la part du revenu allouée aux dépenses en alimentation est d’autant

plus faible que le revenu est élevé.

L’analyse de la situation actuelle, basée sur un état des lieux préétabli, permet de

dégager les possibilités de transformation du territoire et donc d’identifier les axes à développer

afin d’améliorer les conditions de vie de la population locale.

28 CAPUL J.Y, L’Économie et les Sciences Sociales de A à Z, Edition Hatier, 2004

84,69%

3,27%

1,24%1,53%

0,52%

2,22%

6,53%

Alimentation Habits Santé Education Transport Matériels de pêche Autres

Page 58: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

47

III.3. État de vérification des hypothèses

III.3.1. Hypothèse 1

« Les mangroves du delta de Tsiribihina sont en dégradation. »

En prenant comme référence les analyses cartographiques réalisées par The Blue

Ventures Conservation sur la base des différentes images satellites illustrant l’évolution de la

couverture forestière du delta de Tsiribihina entre 1990 et 2010, une perte énorme en superficie

estimée à environ 40 % a été enregistrée. Le taux de déforestation étant estimé aux environs de

2 % par an. Il est à noter que ce résultat est une moyenne pour toute la zone du delta de

Tsiribihina. Cependant, certaines régions peuvent connaître un gain conséquent en termes de

surface pour la simple raison que les actions de restauration et de reboisement des mangroves

entreprises dans ces zones ont déjà apporté ses fruits. La forte capacité de régénération naturelle

dans les zones peu exploitées se trouve également à la base de cette augmentation de couverture

forestière. Toutefois, le résultat montre que la perte en superficie au cours de ces vingt dernières

années est nettement plus importante que le gain enregistré. Le changement climatique et les

activités humaines en sont les principales causes.

Ainsi, la première hypothèse est vérifiée.

III.3.2. Hypothèse 2

« Le mode de vie de la population riveraine se trouve à la base de la dégradation des

mangroves constituant ainsi les facteurs limitatifs à la mise en œuvre effective de la politique

de gestion communautaire des ressources. »

Les données socio-économiques collectées lors de la présente étude donnent un aperçu

global sur le mode de vie des gens qui vivent dans la zone du delta de Tsiribihina. Plus de 80 %

de la population exerce l’activité de pêche comme activité principale. En d’autres termes, les

activités de la majeure partie des habitants dépendent de l’état de l’écosystème de mangroves.

Une observation directe sur terrain ainsi qu’une analyse plus poussée des données socio-

économiques de la zone ont permis d’identifier les différentes pressions et menaces

anthropiques qui pèsent sur cet habitat.

Sur la base de cette analyse, les principaux facteurs contraignants l’effectivité de la

gestion locale des mangroves ont pu être dégagés. L’hypothèse 2 est alors vérifiée.

Page 59: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

48

III.3.3. Hypothèse 3

« Les activités alternatives identifiées créent de la valeur ajoutée pour les populations

locales dans un contexte de gestion durable des mangroves. »

Étant donné le taux de salinité élevé dans la zone du delta de Tsiribihina, la marge de

développement des activités agricoles dans cette zone est très restreinte. Les nouvelles activités

génératrices de revenus (AGR) à prioriser doivent plutôt s’orienter vers la promotion des

activités artisanales (vannerie) et l’élevage dont principalement les crabes. Le développement

de la filière crabe peut contribuer énormément à l’augmentation des revenus de la population

et réduisant ainsi petit à petit leur dépendance vis-à-vis de l’écosystème de mangroves.

L’hypothèse 3 est alors confirmée, mais soumise à des conditions telles que l’existence

préalable des débouchés pour acheminer les produits ainsi que la capacité technique de la

population à exercer ces activités dans les normes exigées par le marché.

Page 60: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

49

IV. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS

Malgré les différents efforts déployés en matière de gestion durable des ressources

naturelles, dont l’écosystème de mangroves, force est de constater que les systèmes de gestion

en place ne permettent pas une gestion durable effective des ressources naturelles.

IV.1. Analyse SWOT du mode de gestion actuelle des mangroves

L’analyse SWOT (Strengths – Weaknesses – Opportunities – Threats) ou analyse

FFOM (Forces – Faiblesses – Opportunités – Menaces) est un outil d’analyse stratégique

permettant de combiner l’étude des forces et des faiblesses d’un territoire ou d’une zone avec

celle des opportunités et des menaces de son environnement. L’objectif de l’analyse est de

prendre en considération à la fois les facteurs internes et externes dans la définition d’une

stratégie de développement. En effet, il s’agit de maximiser les potentiels des forces et des

opportunités et de minimiser les effets des faiblesses et des menaces.

Tableau n°08 : La matrice SWOT

FACTEURS INTERNES

FORCES (S) FAIBLESSES (W)

FA

CT

EU

RS

EX

TE

RN

ES

OPPORTUNITES (O)

STRATEGIE S-O

Combiner les forces avec

les opportunités

STRATEGIE W-O

Minimiser les faiblesses

compte tenu des opportunités

MENACES (T)

STRATEGIE S-T

Utiliser les forces pour

gérer les menaces

STRATEGIE W-T

Minimiser les faiblesses en

profitant des opportunités et

en évitant les menaces

Source : Forest Management Departement (Forestry Faculty of Indonesia), Journal of Coastal

Development, Volume 15, February 2012

Page 61: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

50

Pour identifier les différentes stratégies de la matrice SWOT, une revue

bibliographique, des échanges avec les communautés et une analyse des politiques de gestion

existantes ont été indispensables.

IV.1.1. Forces

Les forces sont les aspects positifs internes contrôlés directement par l’organisation.

Elles constituent une base pour fonder les axes stratégiques à développer.

- La diversité de l’habitat côtier : la zone du delta de Tsiribihina est caractérisée par une

forte diversité des espèces faunistiques et floristiques (mangroves, crabes, crevettes,

mireha, ankoay, etc.)

- La présence de la forêt de mangrove naturelle : la présence massive des forêts de

palétuviers dans le delta de Tsiribihina est un atout majeur pour son développement.

- Zone de pêche potentielle : abondance des ressources halieutiques tels que les poissons,

les crabes, les crevettes, etc.

- Existence d’une politique de gestion durable des mangroves

IV.1.2. Faiblesses

Contrairement aux forces, les faiblesses sont les aspects négatifs internes, mais qui

sont également contrôlés par l’organisation. Les prises de décision en termes de marges

d’améliorations vont se baser principalement sur l’identification des faiblesses présentées par

la zone.

- Exploitation abusive des ressources côtières : la forte demande en bois pour la

construction te les bois de chauffe ainsi que la hausse des besoins dans les grandes villes

influent considérablement sur l’état des mangroves.

- Transfert de gestion entre l’Etat et le VOI non effectif : le non effectivité du transfert de

gestion des ressources naturelles ne permet pas aux communautés locales d’appliquer

les mesures de conservation adoptées.

- Population en grande partie sédentaire : le niveau de sédentarisation élevé de la

population du littoral Ouest de Menabe constitue une faiblesse pour la mise en place

d’une stratégie de développement local ancré sur le territoire.

Page 62: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

51

- Conversion des forêts de mangroves à d’autres usages tels que la riziculture : le manque

de terres cultivables conduit les populations à défricher les forêts de palétuviers pour

des fins agricoles, essentiellement pour la riziculture.

- Technique de pêche destructrice : le non-respect de la saison de pêche, utilisation des

filets de pêche à mailles de dimension très réduite (moustiquaires), utilisation des

poisons, etc.

- Conflits sur l’utilisation des ressources : l’inexistence d’une délimitation géographique

claire des ressources naturelles – particulièrement pour les mangroves – est une source

de conflits pour la gestion de ces ressources.

- Pas de moyens de communication (infrastructures routières) : le désenclavement de la

zone du delta de Tsiribihina est un obstacle majeur pour son développement dans le sens

où l’ouverture et les échanges avec les autres localités sont fortement pénalisés.

IV.1.3. Opportunités

Les opportunités englobent les possibilités extérieures positives, dont on peut

éventuellement tirer parti, dans le contexte des forces et des faiblesses actuelles. Ce sont des

facteurs externes hors du champ d’influence de l’organisation.

- Potentiel de développement écotouristique : la diversité des faunes et des flores dans

l’écosystème de mangroves, les plages, les circuits en pirogue, etc.

- Diversité faunistique et floristique : principalement les Vanan Ankoay et Mireha.

IV.1.4. Menaces

Les menaces s’assimilent aux problèmes, obstacles ou limitations extérieures qui

peuvent empêcher le développement de la zone. Dans la plupart des cas, elles sont hors du

champ d’influence de l’organisation.

- La pêche non sélective : l’utilisation des filets de pêche à mailles très réduites menacent

la potentialité de régénération naturelle des ressources halieutiques.

- Approche Bottom – Up : Ceci est une menace dans le sens où le manque de prise de

conscience des populations locales en termes de conservation et protection de

l’environnement risque d’accélérer la dégradation des ressources naturelles.

Page 63: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

52

- Augmentation de la demande en bois dans les grandes villes : la hausse des besoins en

bois des zones environnantes est une menace pour la conservation et l’exploitation

durable des mangroves.

- Changement climatique : les effets néfastes du changement climatique dont

particulièrement l’augmentation de la salinité des eaux de mer constitue également une

menace pour le développement des mangroves.

- Aucune loi spécifique pour la gestion des mangroves à Madagascar : l’absence de lois

spécifiques régissant la gestion et l’exploitation des mangroves à Madagascar est un

handicap pour la mise en œuvre d’une gestion durable des mangroves.

IV.2. Recommandations pour promouvoir le développement du delta de

Tsiribihina dans un contexte de gestion durable des mangroves

IV.2.1. Valorisation de l’écosystème de mangroves

La présence massive des forêts de mangroves et des écosystèmes associés dans la zone

du delta de Tsiribihina représente un atout majeur pour son développement. En effet, une

valorisation optimale de cette ressource devra permettre d’amorcer le processus de

développement du delta. À défaut de cela, les initiatives de gestion durable des ressources et

les actions de conservations entreprises s’avèrent inutiles sous prétexte qu’elles n’auront aucune

répercussion sur le développement économique local.

Même si les pratiques agricoles, dont la riziculture, ne sont pas très adaptées à cette

région, elles méritent d’être évaluées à ses propres valeurs. Sachant que la plupart des

extensions agricoles se font au détriment du développement des forêts de mangroves (en termes

de surface), il faut adopter des techniques agricoles alternatives aux défrichements. Dans le cas

de l’agriculture, il n’est plus question de trouver de nouvelles terres cultivables, mais

d’améliorer le rendement agricole. Il s’agit ici de maîtriser l’extension rapide des surfaces

cultivées et de trouver une pratique pour augmenter la production. En d’autres termes, il faut

trouver la combinaison optimale entre les différents facteurs dans l’optique d’augmenter la

quantité produite sans pour autant avoir à utiliser des facteurs de production supplémentaires.

En termes de riziculture, le SRI et le SRA sont à prioriser.

Outre les pratiques agricoles, la pêche aux crabes et l’écotourisme constituent les axes

de développement potentiels à prendre en considération. Classée à la seconde position en termes

Page 64: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

53

d’activité principale après la pêche aux poissons, la pêche aux crabes est une filière à forte

potentialité qui mérite d’être valorisée. Du point de vue technique, l’abondance des mangroves

dans la zone du delta de Tsiribihina justifie la forte capacité de production en crabes dans cette

région. La pêche aux crabes est une activité plus ou moins saisonnière, mais elle peut être

pratiquée toute l’année. De ce fait, elle constitue une source de revenus assez stable pour la

population. La pratique de cette activité ne nécessite pas forcément une pirogue et les matériels

utilisés sont de fabrication artisanale. C’est une activité qui ne nécessite aucun investissement

conséquent de la part de la personne qui souhaite l’exercer. Pour subvenir aux besoins

quotidiens, l’utilisation de cette technique est plus que suffisante, mais si on parle de

développement de filière, c’est loin d’être le cas. La valorisation de cette ressource nécessite un

renforcement de capacité technique pour les pêcheurs pour qu’ils puissent profiter des

techniques de pêche plus efficaces. Une dotation en matériels de pêche pourrait également

s’avérer indispensable accompagnée de plusieurs séances de formation afin de pouvoir

témoigner d’un certain professionnalisme dans l’exercice de cette activité. Les ressources en

crabe sont également mal exploitées. Certaines zones font face à une exploitation abusive alors

que dans les autres localités, aucun pêcheur de crabes n’est recensé. À la base de cette

contradiction se trouvent le manque de débouchés et l’inexistence d’infrastructures routières

pour acheminer les productions vers les points de collecte. À cela s’ajoute le problème de

conditionnement. La filière crabe nécessite une restructuration totale pour pouvoir aboutir aux

résultats escomptés. La présence d’acteurs illicites (surtout les collecteurs) et le non-respect des

règlementations en vigueur – notamment en termes de taille – représentent une menace pour le

développement de cette filière. La présence de SOPEMO dans cette zone offre une opportunité

de développement pour cette filière.

Page 65: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

54

Photo n°04 : La pêche aux crabes et pesages auprès d’un collecteur à Kaday

Source : Auteur

Concernant le développement de l’écotourisme, c’est une activité assez récente dans

cette zone. De ce fait, elle n’est pas encore très développée. Les principaux axes touristiques

actuels de la région s’articulent autour des villes de Morondava et de Belo sur Tsiribihina. Les

activités écotouristiques liées aux mangroves sont encore sous-exploitées, voire inexploitées.

La zone est déjà un passage obligatoire pour les touristes réalisant le circuit Morondava – Belo

sur Tsiribihina – Tsingy de Bemaraha. Étant donné que la ville de Belo est le lieu d’escale des

touristes, le défi consiste donc à proposer un circuit court dans les forêts de mangroves en

partant de Belo pour développer petit à petit ce volet écotouristique : la forêt de palétuviers en

soi, les diversités floristiques et surtout faunistiques (ankoay, mireha, vana, etc.) au sein de

l’écosystème, la mer, les plages, les chenaux, promenade en pirogue le long de Tsiribihina, les

cultures et les modes de vie, etc. L’écotourisme est une activité à forte potentialité de

développement dans cette zone vu que c’est une activité nouvelle. De ce fait, le développement

de cet axe nécessite une analyse approfondie des demandes émanant des clients par rapport aux

offres touristiques disponibles en considérant les critères de faisabilité administrative,

organisationnelle, technique et financière.

Page 66: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

55

Photo n°05 : Potentialité écotouristique de la zone (Antsakoamaliniky, Bevavà et Andapotaly)

Source : Auteur

IV.2.2. Restauration et reboisement des mangroves

Pour une valorisation durable des écosystèmes de mangroves, les actions à

entreprendre doivent être tout d’abord orientées vers la restauration du peuplement actuel qui

est en dégradation ainsi que vers l’intensification des reboisements. L’amélioration de la filière

permettra ensuite d’augmenter les revenus de la population tout en veillant à la gestion durable

des ressources.

L’existence du VOI ou « Vondron’Olona Ifotony » dans les zones d’étude représente

un atout non négligeable à la disposition de la communauté pour gérer efficacement les

ressources naturelles et orienter les efforts sur la valorisation durable des écosystèmes associés.

Le VOI se doit d’être responsable dans cette optique de gestion communautaire des mangroves,

Page 67: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

56

car de son efficacité dépend la viabilité des AGR qui seront développées dans le futur. Les

populations locales doivent s’impliquer dans ce projet de conservation, elles doivent se sentir

concernées par les projets exécutés dans leurs localités. La gestion de proximité trouve son

efficacité dans la mesure où le transfert de gestion est effectif et concrétisé par la prise de

conscience et de responsabilité de la part des populations locales.

Ainsi, pour une meilleure gestion des mangroves, il est recommandé d’apporter plus

d’éclaircissements concernant la délimitation des zones appartenant à un village. Une

délimitation précise des zones de mangroves ne peut que faciliter la mise en place et

l’application d’un système de règlementation de l’accès aux ressources. Procéder ainsi serait un

bon début pour entamer le long processus de gestion durable des forêts de mangroves. Un

système de règlementation effectif et opérationnel se concrétisera par une atténuation notable

des pressions et des menaces qui pèsent sur cet écosystème.

Les activités de restauration et de reboisement représentent le meilleur moyen pour

pallier les pertes en superficie des forêts de mangroves. Cependant, le taux de réussite demeure

relativement faible (données chiffrées non disponibles, affirmation basée sur les dires d’acteurs

ainsi que l’observation sur terrain des zones de reboisement). Des études complémentaires

concernant l’identification des zones à restaurer et à reboiser, la période favorable pour les

réaliser, etc. sont à envisager.

Photo n°06 : Reboisement des mangroves dans les sites d’Andapotaly et de Bevavà

Source : WWF Morondava

Page 68: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

57

IV.2.3. Perspectives de gestion des mangroves dans le delta de Tsiribihina

Le mode de gestion actuel des mangroves dans le delta de Tsiribihina connaît plusieurs

faiblesses notamment en termes de transfert de gestion et d’absence d’une règlementation sur

l’accès aux ressources. Certes, les communautés ont divisé les forêts de mangroves en plusieurs

zones dont la zone de coupe et la zone interdite. La zone de coupe est destinée au prélèvement

de bois (coupe sélective pour constructions, branches mortes pour bois de chauffage, etc.).

Même en tant que zone de coupe, l’accès à cette partie ne peut se faire sans le permis de coupe

délivré par le VOI ou l’association qui s’occupe de la gestion des ressources. Dans le permis de

coupe doit figurer l’utilisation à laquelle les bois seront destinés ainsi que la quantité et les

caractéristiques des ressources ligneuses à prélever. À défaut de cela, toute activité relative au

prélèvement de bois dans les forêts de palétuviers est considérée comme illicite et est passible

de sanctions. La zone interdite, encore appelée « ala faly », est une sorte de réserve pour la

communauté. L’accès à cette zone est strictement interdit, et ce, sous aucun prétexte. En cas

d’exception (besoin pour les études écologiques, par exemple), le VOI devra délivrer une lettre

spéciale autorisant telle personne à accéder au fameux « ala faly » pour telle raison.

Cependant, l’adoption de ces différentes précautions n’a pas pu empêcher la

dégradation des mangroves. Cela s’explique en grande partie par le fait que la légalité de ces

mesures est contestable à cause de la non-effectivité des transferts de gestion. Dans la plupart

des cas, l’adoption de telles mesures ne fait l’objet d’aucune procédure de formalités.

Logiquement, il s’en suit que l’application des sanctions relatives au non-respect de ces

règlementations n’est pas effective. Afin de répondre à ce besoin, une éventuelle formalisation

des « DINA » — charte sociale en traduction libre — est à envisager.

Page 69: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

58

V. CONCLUSION

De son importance écologique et socio-économique, la gestion durable des mangroves

joue un rôle capital dans la lutte contre la pauvreté pour deux principales raisons. Premièrement,

elle permet de répondre aux besoins essentiels de la population à long terme : si la dégradation

de la capacité productive des ressources se poursuit, la capacité à satisfaire les besoins

alimentaires futurs sera compromise. Deuxièmement, la gestion des ressources naturelles

contribue à lutter contre la pauvreté en améliorant le revenu de la population locale.

L’amélioration des revenus offre de meilleures possibilités de résoudre les problèmes

environnementaux à long terme.

Dans cette étude, des démarches méthodologiques ont été adoptées dans le but

d’apporter une alternative socio-économique viable pour améliorer le niveau de vie des

populations riveraines du delta de Tsiribihina dans un contexte de gestion durable des

écosystèmes de mangroves. La nécessité de mettre en œuvre des actions de conservation de cet

écosystème rare et menacé a été mise en exergue sans pour autant détériorer les conditions de

vie des habitants de la zone, un mode de vie fortement lié à l’état de cet écosystème. Les

données collectées durant la recherche ont ainsi permis de disposer des données socio-

économiques de base qui vont servir d’outils de décision pour initier la gestion durable de ces

ressources.

Les études ont ainsi démontré que l’écosystème de mangroves est en dégradation. Une

perte en superficie de l’ordre de 40 % a été enregistrée entre les années 1990 et 2010. La

potentialité productive de ce riche écosystème peut encore subvenir aux besoins de la

population même si dans certaines zones, les impacts de l’exploitation abusive des ressources

se font déjà sentir dans le quotidien des gens. Dans une telle situation, l’aménagement des forêts

de mangroves en vue d’une gestion durable des ressources s’impose. Une situation telle que la

perte de plus de 50 % de la couverture forestière en 25 ans nécessite une prise de décision en

termes de gestion durable dans les plus brefs délais. En outre, cette forte dégradation est due en

grande partie par les pressions anthropiques et le changement climatique. La surexploitation

des mangroves porte atteinte à la capacité de régénération naturelle des espèces. Cette situation

est aggravée par les effets néfastes du changement climatique. Même si les forêts de palétuviers

figurent parmi les espèces les plus résistantes dans son milieu naturel, elles ne sont pas

indifférentes face à l’ensablement massif, à l’augmentation excessive du taux de salinité de

l’eau ou encore à l’élévation du niveau de la mer.

Page 70: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

59

Dans le delta de Tsiribihina, les populations vivent en dépendance des écosystèmes de

mangroves. Leur mode de vie y est fortement lié. Cet écosystème constitue une source

principale d’approvisionnements alimentaires et de revenus surtout pendant les périodes

cycloniques où la pratique des activités de pêche au large n’est pas très évidente. Les

populations riveraines des zones de mangroves puisent la quasi-totalité de ses ressources dans

cet écosystème. Outre les divers produits halieutiques qui vont servir de nourriture aux

habitants, l’exploitation des mangroves les procure un revenu journalier non négligeable estimé

entre une fourchette de 3 000 Ar à 17 000 Ar selon que la pêche a été bonne ou non.

En conclusion des mesures doivent être prises pour assurer la gestion durable et la

valorisation optimale des ressources. En réponse à cette situation, des recommandations

concernant l’amélioration des techniques agricoles et des actions de conservations proprement

dites ont été avancées. Une étude approfondie des filières porteuses dont la filière crabe et

l’écotourisme est également à réaliser. Ces deux volets représentent les meilleurs moyens de

valoriser ces ressources naturelles. Il s’en suit logiquement que la mise en œuvre de ces

recommandations est accompagnée d’un renforcement de capacité technique des acteurs pour

l’efficience et l’efficacité des actions de développement et de conservation entreprises. Dans

cette optique, les stratégies de développement adoptées vont non seulement contribuer à

l’amélioration du niveau de la population, mais également à la réduction des pressions qui

pèsent sur les ressources.

Il est à souligner que la présente étude relève surtout du domaine socio-économique.

Les travaux relevant des domaines écologiques, biologiques, l’analyse spatiale de l’évolution

des mangroves (en termes de superficie), l’étude des connaissances écologiques traditionnelles

ainsi que l’étude de la filière crabe ont fait l’objet d’autres études. La capitalisation des résultats

issus de ces différentes études devrait aboutir à une politique régionale de gestion durable des

mangroves dans le delta de Tsiribihina.

Les résultats présentés dans ce document pourront servir de point de départ pour le

choix des axes de développement à prioriser compte tenu des caractéristiques socio-

économiques de la zone d’étude. Toutefois, des recherches plus poussées concernant les

phénomènes migratoires sont à réaliser pour que le processus de développement amorcé puisse

vraiment s’ancrer sur le territoire.

Page 71: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

I

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

OUVRAGES GÉNÉRAUX

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Madagascar et des Mascareignes, 1969, 331 p.

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HOUÉE Paul, Les politiques de développement rural, 2e édition, INRA/Economica, 1996

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1991

OUVRAGES SPÉCIFIQUES (Rapports, Revues, Articles)

CONCHEDDA G. et al., An Object-based Method for Mapping and Change Analysis in

Mangrove Ecosystems, International Society for Photogrammetry and Remote Sensing, vol.63,

p.p. 578-589, 2008

CREPON Bruno, JACQUEMET Nicolas, Econométrie linéaire appliquée, 2006

ELLISON, J. C., Wetlands of the Pacific Island Region, Wetlands Ecology and Management,

1999

FAO, Mangroves of Africa 1980-2005 : Country Reports, 2007

FAO, The World’s Mangroves 1980 – 2005, Rome, 2007

Forest Management Department (Forestry Faculty of Indonesia), Journal of Coastal

Development, Volume 15, February 2012

GIRI, C., OCHIENG, E., TIESZEN, L., ZHU, Z., SINGH, A., LOVELAND, T., MASEK, J.

and DUKE, N., Status and Distribution of Mangrove Forests of the World Using Earth

Observation Satellite Data, Global Ecology and Biogeography, 2011

Page 72: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

II

GOLLEY, F. B., McGINNIS, J. T., CLEMENTS, R. G., CHILD, G. I., DUEVER, M. I.,

Mineral Cycling in a Tropical Moist Forest Ecosystem, University of Georgia Press, Athens,

1975

INSTAT/DSM, Enquête auprès des ménages, 2010

LUGO, A. E., Mangrove Understory : An Expensive Luxury? Journal of Tropical Ecology n°2

MACNAE, W., A General Account of the Flora and Fauna of Mangrove Swamps in the Indo-

Pacific region, Advances in Marine Biology, 1969

MARIUS (1985) in FELLER, C., SITNIK, M., Mangrove Ecology Workshop Manual,

Washington, 1996

McKEE, K. L., FAULKNER, P. L., Mangrove Peat Analysis and Reconstruction of Vegetation

History at the Pelican Cays, Atoll Research Bulletin 468: 46-58, 2000

ONU, Rapport de Brundtland, 1987

PNUE, L’avenir de l’environnement mondial, 1999

PRD, Région Menabe, 2005

TALEB Nacera, La fonction de consommation keynésienne, Université Paris Nord, 2004

The Blue Ventures Conservations, Mangrove REDD & Conservation of Intact Wetlands in the

Tsiribihina & Manambolo Deltas, Madagascar, 2014

TOMLINSON, P. B., The Botany of Mangroves, Cambridge University Press, Cambridge,

United Kingdom, 1986

WWF & The Blue Ventures Conservation, Atelier sur le carbone bleu, Morondava, Avril 2013

WWF, Témoignages de Madagascar : Changement Climatique et modes de vie ruraux, 2010

Page 73: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

III

LISTE DES ANNEXES

ANNEXE I : FICHE D’ENQUETE MÉNAGE

ANNEXE II : GUIDE D’ENTRETIEN – ASSEMBLÉE VILLAGEOISE

ANNEXE III : LISTE DES SITES ETUDIÉS (avec les coordonnées géographiques)

Page 74: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

IV

ANNEXE I : FICHE D’ENQUÊTE MÉNAGES

N° questionnaire : |__|__|__|__|

Date de l’enquête : ___/___/______/

Enquêteur :……………………………………………………………………………………

I. LOCALISATION 1 2 3 4 5 6 7 8

Q1. Commune

Q2. Fokontany :

1.Kaday 2.Ambakivao 3.Andapotaly 4.Tambohobe 5.Moravagno

/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

Q3. Hameau

II. INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR L’INTERVIEWÉ 1 2 3 4 5 6 7 8

Q4. Âge

Q5. Sexe : 1. Masculin 2. Féminin /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

Q6. Situation matrimoniale : 1. Célibataire 2. Marié(e) /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

Q7. Taille du ménage

Q8. Niveau d’instruction :

1. Sans instruction 2. Primaire 3. Secondaire 4. Supérieur

/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

III. MIGRATION 1 2 3 4 5 6 7 8

Q9. Lieu d’origine :

1. Sud-Ouest 2. Sud-Est 3. Grdes villes proximité (Mdv-Mhb-

Bst)

4. Littoral Nord 5. Villages proximité 6. Hautes terres

/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

Q10. Lieu de destination :

1. Kaday 2. Ambakivao 3. Andapotaly 4. Tambohobe 5. Moravagno

/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

Q11. Date d’arrivée dans la zone

1 2 3 4 5 6 7 8

Q12. Moyen de déplacement

1. Voie fluviale/maritime 2. Voie terrestre 3.Voie fluviale/maritime & terrestre

/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

Q13. Motifs de déplacement

1. Ressources halieutiques 2. Agriculture 3. Autres (insécurité, commerce…)

/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

Q14. Accès aux ressources par rapport aux autochtones

1. Libre accès 2. Conflits

/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

IV. ACTIVITÉS 1 2 3 4 5 6 7 8

Q15. Activité principale

1. Pêche aux poissons 2. Pêche aux crabes 3. Agriculture 4. Élevage

5. Mareyeur 6. Collecteur 7. Autres

/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

Q16. Ancienneté dans la profession

Q17. Destination de l’activité principale

1. Autoconsommation 2.Vente uniquement 3. Autoconsommation et vente

/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

Q18. Activité secondaire

1. Pêche aux poissons 2. Pêche aux crabes 3. Agriculture 4. Élevage

5. Mareyeur 6. Collecteur 7. Autres 8. Aucune

/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

Q19. Destination de l’activité secondaire

1. Autoconsommation 2.Vente uniquement 3. Autoconsommation et vente

/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

Q20. Principaux problèmes liés aux activités

Page 75: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

V

V. VENTE 1 2 3 4 5 6 7 8

Q21. Lieu de commercialisation

1. Kaday 2. Ambakivao 3. Andapotaly 4. Moravagno 5. Autres villages

6. Belo/Tsiribihina 7. Hors district (Mdv – A/be)

/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

Q22. Fréquence de la vente (par mois)

Q23. Moyen de transport

1. Pied…..2. Pirogue…..3. Boutre…..4.Véhicule 5. Autres

/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

Q24. Prix de vente (par unité)

Q25. Quantité vendue

Q26. Clients/marchés cibles

1. Habitants du village 2. Usagers en dehors du village…..3. Aux deux

/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

VI. REVENUS

1 2 3 4 5 6 7 8

Q27. Revenu journalier moyen (en Ariary)

Q28. Revenu mensuel moyen

Q29. Répartition du revenu (en %) Consommation : Épargne :

Q30. Structure de dépenses (en %)

1. Alimentation 2. Habits 3.Santé 4. Éducation 5. Transport

6. Matériels de pêche 7. Autres

/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/

Page 76: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

VI

ANNEXE II : GUIDE D’ENTRETIEN – ASSEMBLÉE VILLAGEOISE

I. OBSERVATION GÉOGRAPHIQUE

— Nom du village

— Nom du hameau

— Relief, types et nature des sols

— Climat et pluviométrie

II. OBSERVATION DÉMOGRAPHIQUE

— Nombre d’habitants du territoire

— Taux de croissance de la population

— Migration (% migrants par rapport nombre autochtones, origines, motifs, date d’arrivée,

mode d’accès aux ressources par rapport aux autochtones, moyen de déplacement)

III. OBSERVATION SOCIALE

Habitat : — en dur/en bois

Éducation : — nombre d’établissements, nombre d’enseignants, nombre d’élèves ;

Santé : — infrastructures sanitaires ;

IV. OBSERVATION ÉCONOMIQUE

Transport : — amélioration, stagnation ou diminution des réseaux de transport ;

— distance/temps nécessaire entre zone de production & zone de

consommation ;

Artisanat : — MP se trouvent-elles dans le territoire ?

— Identifier le produit local est une valorisation des ressources naturelles

— taille de l’exploitation ? Profit ? Formel/informel ?

Page 77: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

VII

Agriculture et Élevage : — surface cultivable (taux d’exploitation, types d’exploitation :

culture vivrière ou culture de rente ?) ;

— Les cultures les plus importantes (occupation principale par

surface exploitée) ;

— Taux d’autoconsommation à la production agricole ;

— Rendements par produits par rapport aux normes ;

— Types d’élevage (bovin, caprin…) ;

— Calendrier saisonnier.

Janv Fev Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc

Saisons

Activités

Revenus

Finances : — Revenus (consommation & épargne) ;

— Institutions financières informelles reconnues par les populations.

V. OBSERVATION INSTITUTIONNELLE

Institutions/Associations/ONG/Organismes de développement

— Priorités de développement pour ces organismes et institutions ?

Page 78: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

VIII

ANNEXE III : LISTE DES SITES ETUDIÉS (avec les coordonnées

géographiques)

District Commune Village Latitude Longitude

Belo sur Tsiribihina Aboalimena Moravagno S 19°22' 56.75'' EW 44°27' 59.62''

Belo sur Tsiribihina Tsimafana Kaday S 19°47' 37.64'' EW 44°28' 46.38''

Belo sur Tsiribihina Belo sur Tsiribihina Ambakivao S 19°34' 50.41'' EW 44°26' 42.42''

Belo sur Tsiribihina Belo sur Tsiribihina Andapotaly S 19°32' 33.26'' EW 44°27' 20.66''

Belo sur Tsiribihina Belo sur Tsiribihina Tambohobe S 19°29' 50.55'' EW 44°27' 46.81''

Page 79: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

IX

TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS ................................................................................................................... i

SOMMAIRE .............................................................................................................................. ii

LISTE DES TABLEAUX ......................................................................................................... iii

LISTE DES FIGURES .............................................................................................................. iv

LISTE DES CARTES ................................................................................................................ v

LISTE DES PHOTOS ................................................................................................................ v

LISTE DES ABRÉVIATIONS ................................................................................................. vi

RÉSUMÉ .................................................................................................................................. vii

ABSTRACT ............................................................................................................................ viii

I. INTRODUCTION .......................................................................................................... 1

II. MÉTHODOLOGIE ........................................................................................................ 4

II.1. Problématique ......................................................................................................... 4

II.2. Hypothèses ............................................................................................................. 4

II.3. Indicateur de vérification des hypothèses .............................................................. 5

II.4. État des connaissances ........................................................................................... 7

II.4.1. Généralités sur l’écosystème de mangroves ..................................................... 7

II.4.1.1. Définition ................................................................................................... 7

II.4.1.2. Notions sur l’étude écologique des mangroves.......................................... 8

a. Répartition et structure de la forêt de mangroves ......................................... 8

Les facteurs climatiques................................................................................ 8

Le taux de salinité ......................................................................................... 9

La fluctuation des marées ............................................................................. 9

Les sédiments et l’énergie des vagues .......................................................... 9

b. Zonation ...................................................................................................... 10

c. Structure de la forêt ..................................................................................... 11

d. La distribution des mangroves dans le monde ............................................ 11

II.4.2. Le concept de développement durable ........................................................... 14

II.4.2.1. Origine du concept ................................................................................... 14

II.4.2.2. Définition ................................................................................................. 15

II.4.3. Approche théorique du développement local ................................................. 15

II.4.3.1. Quelques définitions ................................................................................ 16

a. Le développement ....................................................................................... 17

Page 80: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

X

b. Le local ........................................................................................................ 17

c. Le concept de développement local ............................................................ 18

Le développement appliqué au local .......................................................... 18

La croissance locale .................................................................................... 19

Le développement local comme un concept indépendant .......................... 19

II.4.3.2. Les conditions du développement local ................................................... 20

II.5. Choix et présentation de la zone d’étude ............................................................. 21

II.6. Démarche méthodologique................................................................................... 23

II.6.1. Collecte des données secondaires ................................................................... 24

II.6.2. Les entretiens collectifs avec la population .................................................... 24

II.6.3. Enquêtes ménages par l’intermédiaire d’un questionnaire ............................. 25

II.6.4. Traitement des données .................................................................................. 25

II.7. Portées et limites de l’étude.................................................................................. 26

III. RÉSULTATS ET INTERPRÉTATIONS ................................................................ 27

III.1. État des lieux et tendance des mangroves dans le delta de Tsiribihina ................ 27

III.1.1. Importance écologique ................................................................................ 27

III.1.2. Diversités floristique et faunistique de la végétation de mangroves ........... 28

III.1.3. Les mangroves : un écosystème unique, rare et menacé ............................ 30

III.1.3.1. Les mangroves, un écosystème à usage multiple ................................... 30

III.1.3.2. Principales pressions et menaces sur les mangroves .............................. 32

a. Pressions et menaces d’ordre naturel .......................................................... 32

b. Pressions et menaces anthropiques ............................................................. 34

III.1.3.3. Dynamique des mangroves du delta de Tsiribihina ................................ 35

III.2. Réalités socio-économiques du delta de Tsiribihina ............................................ 38

III.2.1. Démographie ............................................................................................... 38

III.2.2. Éducation .................................................................................................... 39

III.2.3. Activités et revenus ..................................................................................... 41

III.2.3.1. Revenus .................................................................................................. 43

III.2.3.2. Consommation des ménages .................................................................. 45

III.3. État de vérification des hypothèses ...................................................................... 47

III.3.1. Hypothèse 1 ................................................................................................ 47

III.3.2. Hypothèse 2 ................................................................................................ 47

III.3.3. Hypothèse 3 ................................................................................................ 48

Page 81: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

XI

IV. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS ........................................................ 49

IV.1. Analyse SWOT du mode de gestion actuelle des mangroves .............................. 49

IV.1.1. Forces .......................................................................................................... 50

IV.1.2. Faiblesses .................................................................................................... 50

IV.1.3. Opportunités ................................................................................................ 51

IV.1.4. Menaces ...................................................................................................... 51

IV.2. Recommandations pour promouvoir le développement du delta de Tsiribihina dans

un contexte de gestion durable des mangroves ................................................................ 52

IV.2.1. Valorisation de l’écosystème de mangroves ............................................... 52

IV.2.2. Restauration et reboisement des mangroves ............................................... 55

IV.2.3. Perspectives de gestion des mangroves dans le delta de Tsiribihina .......... 57

V. CONCLUSION ............................................................................................................ 58

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES .................................................................................... I

LISTE DES ANNEXES ........................................................................................................... III

ANNEXE I : FICHE D’ENQUÊTE MÉNAGES .................................................................... IV

ANNEXE II : GUIDE D’ENTRETIEN – ASSEMBLÉE VILLAGEOISE............................. VI

ANNEXE III : LISTE DES SITES ETUDIÉS (avec les coordonnées géographiques) ........ VIII

TABLE DES MATIÈRES ....................................................................................................... IX

Page 82: CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES …

Nom & Prénom : RAMAROSANDRATANA Andrimanjaka

Titre : Conservation et exploitation durable des mangroves au service du

développement du delta de Tsiribihina

Nombre de pages : 59 Nombre de tableaux : 08

Nombre de photos : 06 Nombre de figures : 06

RÉSUMÉ

Les mangroves, végétation caractéristique de la zone du delta de Tsiribihina, se trouvent parmi

les écosystèmes les plus productifs en biomasse de notre planète. A cet effet, les conditions de

vie de la population du delta sont fortement conditionnées par l’état de cette ressource.

Cependant, force est de constater que les pressions et menaces – anthropiques et naturelles –

qui pèsent sur cet habitat et sa biodiversité deviennent de plus en plus tangibles. De 1990 à

2010, les mangroves du delta de Tsiribihina ont perdu plus de 40% de sa superficie totale. Les

caractéristiques socio-économiques de la zone figurent parmi les principales causes de cette

dégradation. D’où la nécessité d’identifier des alternatives socio-économiques pour améliorer

le niveau de vie de la population dans un contexte de gestion durable des mangroves. Ainsi, la

promotion de la filière crabe et le développement de l’écotourisme se trouvent être les axes à

prioriser pour le développement local du delta. L’intensification des activités de restauration et

de reboisement des mangroves ainsi que d’un mode de gestion efficace des mangroves sont

indispensables pour assurer la conservation et l’exploitation durable de cette ressource.

Mots-clés: mangroves, dégradation, socio-économiques, gestion durable, développement

local, conservation, ressources naturelles

Encadreur pédagogique:

Professeur RAMAMONJISOA Bruno

HDR en Economie Forestière

Enseignant chercheur – ESSA Département Eaux et Forêts

Encadreur professionnel:

Monsieur RANDRIAMANANTENA Dannick

Landscape Leader

Paysage Terrestre des Mangroves de Tsiribihina – Manambolo

Madagascar & West Indian Ocean Program Office – WWF