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    Nous sommes tous des rescapés du 12 jan-vier 2010. Trente-trois secondes de cetremblement de terre d’une magnitudede 7 degrés sur l’échelle de Richter, et le bilan est catastrophique : 200 000 morts,250 000 blessés, plus de 4 000 personnes

    handicapées, des millions de victimes detraumatismes psychiques, 1,5 million denouveaux sans-logis, plus de 500 000 dé-placés, des pertes matérielles et des dramesindividuels, familiaux, organisationnels…,une tragédie nationale.

    Chaque Haïtien de la zone métropolitaineet des communes avoisinantes a gravé danssa mémoire ce moment, de l’espace d’un

    cillement qui lui a laissé des traces indélébi-les. On se rappelle dans les moindres détailsl f i l i d i O

    décision, sur ce geste qui a été fait ou quin’a pas été fait et qui a scellé la différenceentre la vie et la mort… Nous poursuivonsavec ténacité les appels sans écho à la re-cherche d’un être cher, l’espoir même de-vant l’évidence, l’angoisse de ne pouvoir

    sortir vivants ceux qui communiquent en-core sous les décombres, l’effondrement demaisons, d’édifices, de maisonnettes, fruitsde tant de sacrifices, qui ont emporté lessouvenirs de toute une vie, le regard hagarddes survivants exprimant leur désarroi etleurs interrogations. Les pertes immatériel-les encore impossibles à évaluer approfon-dissent encore davantage le vide que nousressentons tous. La découverte de l’horreur,qui s’est révélée et se révèle encore à nous,peu à peu, dans toute sa dimension. Et la

    Haïti

    Rebattre les cartes

    après le 12 janvierLe séisme a révélé les carences sociales et politiques des dirigeants, mais la crise affectedepuis longtemps la société haïtienne. Cependant, cette catastrophe pourrait être l’occa-sion pour les autorités, les partis politiques et la société civile d’une refondation du pays quidonnerait la pleine citoyenneté à tous les Haïtiens.

    SUZY CASTOR

    la revue applique la réforme de l’orthograph e

    À la mémoire du professeur Jean Anil Louis-Justevilement assassiné, quelques heures avant le séisme.

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    surtout le gouffre de l’absence d’êtres chers,avec ces blessures vives ou cette tristesse té-nue qui nous enveloppe.

    Solidarité entre les Haïtiens

    Chapeau à la solidarité entre Haïtiens ! Simalgré l’absence du gouvernement, de lamission des Nations unies pour la stabili-sation en Haïti, de la police nationale, despompiers, de l’aide internationale, le pays

    a pu survivre au chaos des quatre longs…longs premiers jours ; si le feu et la violencene se sont pas immédiatement donnés ren-dez-vous ; si, malgré tout, la vie a continuéet s’est organisée, c’est grâce à cette solida-rité et même à l’héroïsme d’un grand nom- bre de Haïtiens, de tous âges et de toutes lescatégories sociales. En dehors de toute or-ganisation, littéralement à mains nues, des brigades de citoyens et de secouriste béné-

    voles se sont constituées pour le sauvetagedes survivants sous les décombres ou pourassister les blessés avec peu de moyens et beaucoup d’ingéniosité. Des draps blancs,surgis d’on ne sait d’où, ont vainement es-sayé de donner une certaine dignité à cesmilliers de cadavres de parents, d’amis ousimplement d’inconnus.

    Au milieu de cet effondrement apocalyp-

    tique de la ville et des symboles de l’État,peut-être avec naïveté et même ingénuité,nous sommes nombreux à avoir rêvé devoir au petit matin du 13 janvier, le prési-dent, debout devant le palais national for-tement abimé, accompagné du gouverne-ment et de tous les anciens présidents dela république qui ont vécu dans leur chairles affres de ces secondes. Nous désirionstellement, dans cette nouvelle épreuve,entendre une adresse à la nation, appelantà resserrer les rangs, à mobiliser toutes les

    d’appui de nos faibles moyens, rappeler quenous formons une seule nation et un seulpays, et affirmer avec conviction que dans

    cette nouvelle étape de notre vie de peuplerien ne saurait continuer comme avant le12 janvier… Dommage !

    Nous nous découvrons devant le repré-sentant spécial des Nations unies, HediAnnabi et les quelque deux-cents profes-sionnels chevronnés ou jeunes, civils oumilitaires provenant de vingt-cinq pays,fauchés dans le cadre de leur mission inter-

    nationale. La clameur de la solidarité desgouvernements et des peuples s’est élevéede façon extraordinaire. La chaleur desamis de l’extérieur nous a communiqué àtout moment beaucoup de force. Les voixde la voisine République dominicaine, deCuba, de l’Amérique du Nord, du Canada,de l’Amérique latine, de l’Europe et desquatre coins du monde ont communié in-tensément avec Haïti dans sa douleur, et

    se sont mis immédiatement à la recherched’un soutien actif à ce pays frère.

    La toute première phase de l’après séisme,le sauvetage des survivants sous les décom- bres, est passée. Même s’il y a eu des faitsincroyables comme ce bébé sorti vivantaprès dix jours passés dans les entraillesd’un édifice écroulé ou ces survivants res-capés après quatorze jours, à l’heure ac-

    tuelle, on peut affirmer qu’il n’y a plus devie sous les décombres. Commence alorsla longue route d’une nouvelle urgence, laréhabilitation et la reconstruction immé-diate, à court et moyen termes.

    Les destructions matérielles ont atteintdes niveaux insoupçonnés. La remise enétat des édifices publics (notamment lepalais présidentiel, le Parlement, le palais

    de Justice, les ministères, etc.), des éco-les, des églises, des commerces, des usines,des maisons privées tant dans les bidon-

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    structures détruits, et j’en passe, réclame-ront d’immenses moyens financiers. Lespertes en vies humaines représentent le

    plus lourd bilan car chaque vie est irrem-plaçable. Cependant, on ne saurait pas nepas souligner la disparition de centaines decadres ou de fonctionnaires expérimentésde la fonction publique. En outre, l’immé-diat exode massif a drainé vers l’extérieur,peut-être de manière définitive, des mil-liers de professionnels, de jeunes univer-sitaires, étudiants et écoliers. Le manquede ressources humaines dont souffre Haïti,accéléré à partir du 12 janvier, aura un fortimpact sur le futur de la nation.

    Un million et demi de sans-logis ; des sour-ces de travail dans les secteurs formels etinformels volatilisées. Les retombées duséisme, loin de se circonscrire à la zone mé-tropolitaine, ont profondément atteint toutle pays. En effet, l’hypertrophie de Port-au-Prince, avec sa population impossible à gé-

    rer, a déversé spontanément d’abord, puisencouragée par le gouvernement, près d’undemi-million de réfugiés dans les provin-ces. Ainsi a été mise à nu l’absence de loge-ments, d’infrastructures, de services et lesgrandes limitations administratives, finan-cières de nos villes. Pointent déjà virtuel-lement des problèmes encore plus grands,inhérents à cette nouvelle situation, si lesdispositions adéquates pour les éviter nesont pas immédiatement prises et appli-quées. Spontanément la décentralisations’impose. Mais comment la gérer ?

    Cette catastrophe dépassant en magni-tude tout ce que l’on pourrait imaginer aété révélatrice des défaillances politiqueset sociales. Car, depuis déjà longtemps, lesmises en garde répétées des spécialistes etdes non-spécialistes laissaient présager le

    pire si aucune mesure n’était adoptée. Laconstruction sauvage de riches villas et de

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    des villes de misères couchées dans le litdes nombreuses ravines, défiant toutesles règles de construction et d’urbanisme ;

    l’insalubrité, la déforestation, l’exploitationeffrénée des carrières de sables du Mornel’Hôpital, formaient l’ensemble de condi-tions d’une mort annoncée de la zone mé-tropolitaine.

    La responsabilité des pouvoirs publics

    La solution des problèmes, il est vrai, re-vient à tous les citoyens, mais elle incombeen premier lieu aux pouvoirs publics. Aumoment du séisme, même si, nous accep-tons d’accorder au président et à ses minis-tres le bénéfice de la stupeur paralysantedu premier moment — incontestablementinacceptable pour des dirigeants —, il estgrand temps de sentir la prise en main de lasituation par l’État et l’adoption de mesures

    exigées par la situation. L’incapacité de nosdirigeants dans la prévision et la gestion decatastrophes ainsi que leur complète dé-pendance de l’aide attendue de l’étrangeront été claires. Aucune orientation pour lagestion de l’aide humanitaire, aucun pland’urgence… Si depuis le 16 janvier, cer-taines mesures sont adoptées peu à peu, iln’en reste pas moins vrai que le plan straté-

    gique gouvernemental cohérent pour lan-cer le pays sur la voie de la reconstructionet surtout l’appel à toutes les forces vives dela nation, rejetant toute position de clanset d’intérêts de groupes, n’ont pas encoreété lancés.

    Nous avons élu un président pour cinq anset son mandat se termine le 7 février 2011,soit trois-cent-septante-quatre jours aprèsce 12 janvier ! Un ressaisissement réel duprésident et du gouvernement s’impose,sinon l’aiguillon des pressions de la popu-

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    peuvent être impopulaires. Le présidentdevra se définir un rôle à la hauteur de cetournant historique, manifester son lea-

    deurship et assurer la direction du pays.S’impose pour lui la nécessité de ressou-der la nation, d’orienter la vision de laconstruction et reconstruction de nos in-frastructures et structures, et de projeterl’avenir. Il doit assumer, le cas échéant, leremaniement du gouvernement actuel etprendre l’initiative de soumettre formelle-ment une proposition aux partis politiques,aux divers secteurs de la société civile et àla population en général.

    Partis politiques et société civile

    Peut-être n’est-il pas faux d’affirmer quele plus difficile nous attend et que la re-construction, greffée sur notre longue crisestructurelle, sera longue… Les partis politi-

    ques et la société civile organisée, qui mal-gré vents et marées, incompréhensions,avances et reculs ont réalisé la lourde tâchede leur structuration, doivent aborder, defaçon consensuelle avec le gouvernement,cette conjoncture qui exige beaucoup declairvoyance, de sacrifices, de dépassementde soi.

    La faiblesse des partis politiques est patente.

    Le mouvement de regroupement entamé(enfin !) depuis quelque temps a trouvé uncatalyseur pour arriver à offrir, malgré lesintérêts différents, une alternative à la na-tion. Absents durant l’immédiat post-cata-clysme, ils doivent se construire dans uneproximité avec la population, particulière-ment en ce moment d’extrême souffrance,faire connaitre leur programme et leurprojet de société dans un langage accessi- ble à tous les secteurs, car dans le mondecontemporain, la communication demeure

    ternational, leurs propositions et leurs mi-ses en garde constructives devront orienter,toujours dans l’intérêt de la nation, l’adop-

    tion de mesures et contribuer à la solutiondes problèmes cruciaux du pays.

    La société civile organisée a été aussi ab-sente et elle est aussi faible. Ce post-séismelui offre l’occasion de se dynamiser, de s’or-ganiser en secteurs pour offrir des propo-sitions de solutions, capables d’assurer la bonne marche de la reconstruction dansses différents aspects. La synergie construc-

    tive avec les partis politiques ouvrira lavoie à des discussions fructueuses, desorientations judicieuses et la pleine parti-cipation à cette entreprise qui, au-delà deses contours matériels, comporte l’accou-chement d’une nouvelle société. Car, ici,nul ne doit se tromper. Rien ne pourra êtrecomme avant le 12 janvier. Pour sortir decette crise multiforme qui affecte depuis silongtemps la société haïtienne, les ruptures

    plus que jamais sont obligatoires. Au longde ce parcours se construira le leadeurshipindividuel et collectif indispensable quinous fait tellement défaut.

    Normaliser la coopération

    Il faut le répéter, Haïti ne peut faire face

    efficacement ni à l’urgence de la catastro-phe ni à la reconstruction sans l’aide inter-nationale qui s’est d’ailleurs manifestée defaçon multiforme et a été extraordinaire etémouvante… Il s’est même créé des situa-tions inédites comme le cas de Cuba qui aouvert son espace aérien aux avions mi-litaires américains… La militarisation del’aide humanitaire et l’arrivée dominante— exagérée et irritante même — des seize-mille marines américains pour accompagnerl’aide humanitaire font réfléchir et soulè-

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    de ceux qui parlent d’occupation, à moinsqu’il y ait des données encore inconnuesdes Haïtiens en général. Il y a eu certes des

    dérapages dès les premiers jours en ce quia trait à la gestion de l’aéroport et les pro-testations en particulier de la France, Cubaet le Brésil, ou au sujet des modalités dedistribution de l’aide. Malgré les voix quiréclament le protectorat ou l’occupationd’Haïti, on pourrait penser que le nouvelordre mondial ne se prête pas à un tel com-portement en Amérique latine.

    Cependant, une réalité saute aux yeux. Levide provoqué par l’absence de l’État et dugouvernement a alimenté la tutelle lar-vée que vit Haïti. Omniprésente et omni-puissante, la communauté internationaledans ses diverses composantes (ambas-sades, institutions internationales civilesou militaires, ONG étrangères) se trouvetrès souvent désarmée face à ce vide. Maismalheureusement, certains en profitent

    pour agir comme bon leur semble. Encoreune fois, l’après-12 janvier offre l’occasionde rectifier le tir. En coordination avecles partis politiques et la société civile, lepouvoir haïtien peut devenir un interlocu-teur valide, avec un plan stratégique pourorienter comme il se doit une coopérationnormale. Seulement ainsi nous pourronséviter l’aggravation de la situation de dé-pendance et donner son vrai sens à la coo-pération internationale.

    Il est bon de signaler qu’Haïti, pour desraisons historiques ou autres, joue un rôleparticulier dans la politique interne de troispays. La politique américaine, traditionnel-lement hétérogène, pourrait y opposer la vi-sion du Pentagone et celle de l’exécutif. Lesuccès ou l’échec de cette sortie post-séismeaurait des retombées sur les choix du pré-

    sident Obama. D’autre part, le présidentLeonel Fernández de République domini-

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    cherche à ouvrir une nouvelle page dansles relations haitïano-dominicaines, sembleavoir pris de court les « nationalistes » do-

    minicains. Il faudra suivre avec attentioncette nouvelle configuration qui se dessine.Enfin, le Brésil d’Ignacio Lula, dans l’af-firmation de sa politique internationale, amisé sur Haïti avec en plus le renforcementfraternel des liens culturels et afroaméri-cains qui unissent les deux pays.

    Il faut changer la donne

    Les grands désastres peuvent provoquer degrandes secousses politiques et sociales, etils représentent souvent un tournant dansla vie des peuples. Le séisme de 1972 deManagua (Nicaragua), avec d’importantesdestructions de la ville et environ six-millemorts et vingt-mille blessés, a provoqué unvrai tremblement de terre politique pour le

    régime somoziste qui n’a pas été à la hau-teur de la situation. Ainsi, la crise nationa-le s’est aiguisée et a contribué à renforcer lemouvement sandiniste qui s’engagea sur laroute du triomphe de juillet 1979. De même,la gestion inadéquate du violent tremble-ment de terre qui a détruit, en septembre1985, le centre-ville de Mexico a marquéaussi le début de la perte d’hégémonie du

    PRI qui, sanctionné au cours des électionsde 1988, connut son premier échec électo-ral en 2000 avec la perte du pouvoir aprèsun « règne » de plus de septante-et-un ans.On pourrait aussi citer l’évolution de la si-tuation à la suite du tremblement de terreau Guatemala en septembre 1976 ; l’avalan-che de boue du volcan du Nevado de Ruizen Colombie en novembre 1985 ; le séismedu Salvador en janvier 2001 ; et enfin,

    l’ouragan Katerina en Nouvelle Orléans,en aout 2005, a eu une forte répercussionsur le gouvernement de Bush et le parti ré

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    gestion de l’urgence du post-tremblementde terre, si les six-cents camps de réfugiésélevés spontanément dans la zone métro-

    politaine et les problèmes des réfugiés enprovince ne sont pas résolus avec efficacité,les explosions sociales, rapidement conver-ties en émeutes politiques, peuvent être àcraindre.

    Il est vrai que, dans ce tournant, les me-sures de redressement sont plus difficiles.Avec la perte, en grande partie, du peuque nous avions, le pays se retrouve sinis-

    tré. Des couches encore plus nombreusesde la population seront dans le dénuementle plus complet et les disparités sociales secreuseront davantage. Mais aussi s’offre ànous une opportunité. Nous souhaitonsardemment que ce 12 janvier marque lemoment d’un nouveau départ pour notrenation. Cependant, nous ne devons pascacher que les opportunités n’accouchentpas toujours d’une vie nouvelle. Dans notre

    histoire récente, les conjonctures porteusesd’espoirs de 1986, 1991 et 2004 ont été desrendez-vous manqués qui ont marqué lesvicissitudes et la prolongation de la crisede la transition haïtienne des vingt-quatredernières années. Les opportunités n’arri-veront pas à se concrétiser d’elles-mêmes ;pour se transformer en réalité, elles exigentdes conditions et des actions.

    La route sera longue et peut-être très diffici-le au vu de notre évolution récente : l’absen-ce d’État, l’autosatisfaction, la corruption,l’incapacité d’une concertation, l’exclusionsociale et le calice bu jusqu’à la lie d’êtretoujours cité comme le pays le plus pau-vre, le plus corrompu, le plus dépendant,le plus incapable, etc. La continuité nousconduira à l’abime. Plusieurs citoyens, enconsidérant le comportement actuel de cer-

    tains acteurs clés du moment s’interrogent,avec angoisse, et doutent du rêve d’une re-

    fi

    XXIe siècle avec une population debout etunie, une implication de l’État haïtien, desgouvernements étrangers, du secteur privé,

    la diaspora haïtienne, les ONG, les secteurspopulaires et la classe moyenne. Ou, aucontraire, allons-nous nous installer dansune anormalité convertie en normalité ?

    Une fois partis les journalistes des grandeschaines internationales et éteintes les lu-mières des caméras sur Haïti, d’autres évè-nements attireront l’attention du mondeet occuperont l’actualité internationale.

    Mais la coopération internationale et la so-lidarité des amis d’Haïti resteront fermes.Cependant, les meilleures initiatives, quisans nul doute peuvent être bonnes en soi— nomination de Bill Clinton émissairespécial des Nation unies pour Haïti ; di-verses conférences des bailleurs de fonds àl’extérieur ; les consortiums des pays amis ;les milliards de dollars recueillis pour la re-construction, la constitution de fonds pour

    le développement de l’éducation, la santé,etc. —, faute d’un interlocuteur valablese réaliseront sans l’acteur haïtien et nepourront donner ni son vrai sens ni sa pro-fondeur à cette reconstruction. En effet, sides changements de conception, compor-tement et mentalités ne se réalisent pas, lareconstruction physique du pays, dans lemeilleur des cas, sera l’œuvre,  peut-être del’internationale qui se substituera à l’Étathaïtien.

    Deux-cent-et-six années après la conquêtede l’indépendance, il incombe aux Haïtiensde faire face à cette lourde responsabilitéhistorique de convertir une opportunitéen réalité : la refondation d’une nationqui, avec dignité, reprendra sa place dansle concert des nations et réalisera le rêve bicentenaire qui a traversé toute notre his-

    toire de peuple, la pleine citoyenneté pourtous les Haïtiens. ■

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