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  • 7/25/2019 Contributions USU2016

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    SURLETHEMEDEL`INDEPENDANCE

    le magazine

    CONCOURSJOURNALISTIQUE

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    Tmoignage dun tudiant pas comme les autres

    Avril 2016, il fait beau aujourdhui, je vois passer de nombreux tudiants, il est 8 heures, les cours viennentde commencer, les retardataires sont nombreux, tous accourent dans leur salle de cours.Moi je me promne, je vois tout ce qui se passe dans lenceinte de ltablissement, jentends toutes lesconversations et petites blagues faites par mes confrres et consurs, vous vous demandez pourquoi je nevais pas en cours, cest simple, luniversit cest lindpendance, je peux choisir dy aller ou non, cest la belle

    vie, le seul problme qui se posera, cest lors des contrles qui arriveront, ne pas aller en cours me pnali-sera vous me direz mais cest mon choix, aujourdhui, je veux profiter de la belle journe qui soffre moi.Mon universit est accueillante, elle est plutt neuve et au fur et mesure du temps, elle stendra je les-pre comme lun des plus brillants complexes universitaires de France. Trs bientt, nous aurons droit unrestaurant universitaire et de nombreux logements tudiants sont en construction ou bien dj construits,il y a galement un nouveau complexe sportif proximit. Selon moi, tout cela a t possible grce la scis-sion de mon universit avec celle des Antilles, cette scission est due aux manifestations pour lindpendancede luniversit de la Guyane. Lune des principales raisons de cette envie dindpendance tait de ne plusdpendre des Antilles pour chaque dcision importante concernant luniversit, mais galement de dbattredu budget pour chaque dpense dans lenceinte mme de notre territoire;

    Au niveau de lenseignement, les professeurs sont plutt sympas, ils nous soutiennent, nous aident pro-gresser, comprendre les choses difficiles, nous conseillent mais sans pour autant maintenir une pressionconstante sur nos paules, ils nous montrent que nous sommes libres, indpendants mais que malgr tout,nous avons quand mme des devoirs raliser tel que notre propre russite scolaire.Chaque tudiant ayant son permis de conduire et une voiture est heureux de venir bord de leur bolide.Un ami ma confi quaprs avoir eu son permis et une voiture, il se sentait beaucoup plus libre vis--vis deses parents, ses derniers, le faisait beaucoup plus confiance, il avait cette sensation dindpendance qui se

    propageait en lui lorsquil conduisait pour aller luniversit ou bien ailleurs. Son tmoignage : Quand jtais plus jeune, cest mes parents qui memmenaient lcole, mais en grandissant, jai ressen-ti une sorte de malaise, je ne pouvais jamais rester la fin des cours pour discuter avec des amis, il fallaitabsolument que je parte quand mes parents taient l et je navais pas le temps de finir ma discussion avecmes amis.

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    Arrive au lyce, jai reu un nouveau vlo, avec ce dernier, javais plus de facilit me dplacer et javais uneplus grande dindpendance vis--vis de mes parents, je navais plus besoin de leur demander de me dpo-ser au lyce, je restais avec mes amis pour discuter aprs les cours, je me dplaais sans trop de soucis, leseul problme tait les trajets longues distances, mais stait assez cool quand mme, il suffisait juste de nepas aller trop loin.

    Il faut avouer quen Guyane, pour pouvoir bouger et se divertir, il faut avoir un moyen de transport, que cesoit en bus, en vlo, en voiture, il est important davoir un moyen de locomotion. Le moyen de transport leplus apprci chez les jeunes en Guyane est sans conteste la voiture, notamment pour les jeunes conduc-teurs car durant plusieurs mois voir annes prendre le bus ou bien demander un proche de les dposer lcole. Ils estimaient quils perdaient du temps dans le transport, soit attendre le bus, soit attendre lapersonne qui viendra les chercher et donc avaient ce sentiment de dpendance vis--vis des transports oubien dun proche. Avec une voiture et le permis de conduire, tous ces problmes sont rgls, ils peuventaller o bon leur semble et profiter de la vie, notamment lorsquils devaient se dplacer du campus deTroubiran au campus de Saint-Denis pour des travaux pratiques (tudiants en biologie).

    Bien souvent, notamment les jeunes souhaitent leur indpendance lgard de leurs parents, or pour m-riter cette indpendance, il faut avoir de lautonomie, ses deux mots sont fortement lis, il ne suffit pas de

    dire : je suis indpendant pour rellement ltre, il faut le prouver avec des actes. Un tudiant tmoigne : Quand jtais adolescent, je faisais vivre un calvaire mes parents et je clamais sans cesse que je voulaismon indpendance, aprs avoir eu le bac, jai t la fac, loin de mes parents, je dois vous avouer quau-jourdhui, je regrette les mots que jai dis quelques annes plus tt car je ne voyais pas tout ce que mesparents faisaient pour moi, maintenant je comprends et jenvie lpoque o jhabitais avec eux. Je reviens cette belle journe qui soffre moi, je dois vous avouer une chose, je ne suis pas tudiant etsurtout pas en Biologie, cest juste que jai plusieurs amis proches qui y tudient.

    Je mappelle Universit de la Guyane, je fus fond rcemment, plus prcisment en 2014, mes locaux sont

    regroups en trois sites principalement :

    _ Ple universitaire guyanais Cayenne (site de Troubiran)_ Institut universitaire de technologie Kourou (aussi appele IUT de Kourou)_ Campus Saint-DenisLe local le plus important est le campus de Troubiran car cest sur ce site que se trouve le prsident delUG (Universit de la Guyane) mais galement de l que sont prises la plupart des dcisions.

    Les anciens se souviendront notamment du campus de Saint-Denis, avant la construction du Campus deTroubiran, stait au campus de Saint-Denis que les tudiants venaient tudier, aujourdhui encore, certainscours et travaux pratiques y sont encore dispenss.

    frederic fung fong you

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    LES JEUNES EN SITUATION DINDEPENDANCE

    Un sujet qui touche de nombreuses socits aussi bien en France quaux Antilles-Guyane, en effet la jeu-nesse reprsente lavenir de tous. Chaque adulte se doit de donner lexemple afin de pouvoir guider chaquejeune dans la socit active. Une citation saisissante de Douglas Kennedy nous dit Ainsi va le monde :linsouciance de la jeunesse cdant le pas la ncessit de payer ses factures et dassumer ses responsabili-ts , nous sommes tous vous reprendre le modle que durant notre adolescence nous nous tions jursde ne jamais rpter. Mais une question reste en suspens, les jeunes sont-ils capables dassumer cetteindpendance ? Ce mot est gnralement synonyme de libert mais tout comme nous le montre lHistoire,la Libert a toujours un prix.

    Dans un monde o il rside de nombreuses tensions socio-politiques, une dgradation brutale de la situa-tion conomique et un taux de chmage qui contribue amplifier ce dsordre mondial, les consquencessociales se font sentir. Cependant dinnombrables mesures budgtaires et montaires ont t prises maisen dpit des efforts des principales conomies la situation nvolue gure. Comment la jeunesse peut-elleesprer un futur prometteur ? Quand le taux dingalit atteint un tel niveau alors les populations perdentleurs moyens de subsistance. Ce panorama offre peu despoir nos jeunes car aujourdhui il est difficilepour eux de simposer dans le monde du travail. Malheureusement ils ne sont pas suffisamment arms pour

    surmonter ces crises. La perspective de croire en un avenir meilleur leur semble presque utopique. A monavis linsertion professionnelle joue un rle fondamental vers le parcours de lindpendance. Evidementle monde accorde des possibilits infinies que les jeunes ne distinguent pas. Cest la raison pour laquellebeaucoup crachent sur lcole en affirmant que cest bien trop insignifiant et refusent de prendre la peinede grandir en connaissances. Vous qui lisez cet article faites en sorte de donner de votre temps afin desensibiliser les jeunes concernant leurs tudes. Aucun dentre nous ne peut tre autonome ou indpendantsans un centre dintrt. Etudier est un investissement pour lavenir, les tudes nous garantissent de nou-veaux horizons et faonnent notre futur. Devenez des modles de manire inspirer les plus jeunes dans lagestion de leur autonomie.

    A mon sens, les mauvaises influences et les difficults rencontres ladolescence sont des facteurs res-ponsables de lchec juvnile. En effet les jeunes sont souvent entours damis nuisibles et nfastes quimenacent leur quilibre. Nous sommes tous influencs par notre entourage. Nombreux sont ceux quiparticipent des activits peu recommandables dans le but de gagner leur vie. Aujourdhui trs peu dejeunes ont peur des substances illicites et vont mme jusqu les consommer. Parfois nos frquentationssont le reflet de qui nous sommes vraiment mme si les apparences peuvent tre trompeuses. Le taux degrossesses prcoces chez les jeunes filles reste en nette augmentation. Dailleurs de nos jours les famillesmonoparentales sont majoritairement composes de jeunes mres clibataires. Si un certain ge lesjeunes sont confronts des problmes dadultes, comment sauront-ils y faire face sans la maturit requise? L encore difficile de pouvoir parler dindpendance quand on reste soumis des influences ngatives.

    Ltre humain doit tre capable de se construire seul partir de ses propres valeurs morales en conformitavec ses principes. Mais lautonomie engendre quelques conditions dont lune dentre elle est financire. Acela sajoute la capacit de respecter certaines rgles de lautogestion.

    Sil est vrai que lindpendance constitue un vecteur essentiel laccomplissement de soi vers une int-gration dans le monde conomique et social, il est cependant capital de prendre conscience des facteursncessaires cette autonomie. Il ne suffit pas de quitter le foyer familial pour prtendre tre indpendant.Il ne suffit pas non plus dacqurir lobtention de son permis de conduire pour attester de son autonomie.Devenir majeur ne rime pas avec libert. Effectivement un grand nombre de jeunes confondent ces deuxnotions. Lobjectif principal de cet article est de montrer aux jeunes que lindpendance est un itinrairequi demande bien plus de clairvoyance.

    bEATRICE pAUL

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    Voler de ses propres ailesLindpendance ?En premier lieu, je me suis tout de suite tourn vers la signification de ce fameux mot indpendance .Dans un dictionnaire, une succession de dfinition et de synonyme lont explicit entre autonomie , individualisme , indpendance . Mais le premier mot pour lequel je me suis rfr sans mme regardertout cela tait le mot LIBERTE.

    En effet, tre indpendant ou prendre son indpendance cest autant tre responsable de ses actes et de soimme. Mais cest aussi prendre son envole. Navoir besoin de personne tre donc libre.

    LIBRE ? Mais quest-ce que cela reprsente vraiment ?tre libre cest une individualit, comme une personne ayant la jouissance de sa propre personne et ntantsoumis personne.Je mets cela en relation avec ce que reprsente pour moi lUniversit de Guyane. Car le fait de devenirlibre reprsente notre parcours.En tant qutudiant entrer dans le monde de la facult devient un dfi personnel. Berc de connaissance quine cesse de nous entourer chaque jour. En dsire apprendre, connatre, senrichir culturellement. Et celademande une grande maturit de lesprit, mais aussi dtre conscient de tous ses outils qui sont notre dis-

    position. Et nous sommes alors libre de prendre un livre quelconque peut importe notre filire que se soitde lhistoire de lanthropologie, de la politique, du droit ou encore de la littrature. La douceur de prendreun simple bouquin, ou bien un dictionnaire pour chercher un mot vu ou entendu que lon ne connait pas.Prendre un journal pour sinformer de ce qui se passe aussi dans la vie, ou simplement couter notre pro-fesseur nous transmettre ce savoir.

    LUniversit de Guyane : sa cration, son indpendance !tre libre cest aussi tre lacteur, prendre ces propres dcisions, tre capable de dtre ferme sur sesidaux, ses valeurs. Lhomme est libre partir du moment quil veut ltre.Durant lanne de 2013-2014 les tudiants ont pris la dcision de faire la grve pour une Univer-

    sit de pleine exercice, prendre leur indpendance en ce dtachant des autres ples doutremers.En effet tre indpendant comme l t le 1er juin 2015, lUniversit de Guyane cela fait delle, quelle estdsormais autonome. Mais travers cela nous pouvons voir que les tudiants, le personnel, mais galementla socit civile se sont rallis une cause un rve qui est devenu ralit, mais aussi un combat men etpass par diffrentes tapes car toute ces personnes se ralliant, se mobilisant pour la mme cause montrequtre libre cest aussi pouvoir se battre pour ce qui nous tient cur. Toutes ces personnes ont su voirpour lavenir de demain ont pens au future des prochains arrivant.Une indpendance qui permet louverture dune nouvelle Licence, qui permet dexercer un nouveau do-maine qui est le doctorat. Une libert qui permet de matre de sa vie et ils ont choisi de choisir, de dcider! Comme faire la grve sest porter sa cause sur une ide, sur le dsire et la volont dun changement que

    lon veut apporter.

    La beaut du savoir empche lignorance. luniversit lindpendance vient de ltudiant. Si bien que lenseignant transmet son savoir, sa connais-sance.En revanche, il est de ltudiant dapporter un plus, on nous apprend avoir un esprit critique, dans lavie de tous les jours, sur ce que lon entend. Et nous enrichir sur ce que lon apprend est important.En effet, ayant accs la bibliothque, de nombreux outils, comme une plateforme numrique, des ou-vrages de vulgarisation, scientifiques ou bien encore des journaux des manuels scolaires, des ouvrages, etbien dautre encore. Nous avons la chance dapprofondir notre savoir.Ne pas savoir est une chose, mais ne pas chercher savoir cest senfermer, car tre ignorant relve aussidune libert car luniversit ltudiant vient pour apprendre et cest l que son autonomie et son librearbitre prend le dessus.Bien videmment, celui qui ignore cest aussi celui qui choisit.La premire anne universitaire est difficile car nous sommes livr dans un sens nous mme, plus de

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    temps libre pour travailler. Un travail qui est totalement personnel. Toutefois, celui qui est capable de russircest celui qui sest se grer lui-mme ; ceci est une forme dindpendance.

    Entre diversit et interculturalit.La Guyane est une terre daccueil rempli de mtissage culturel. Luniversit comprends toute personnede la capitale jusqu louest, des tudiants venant de ltranger. Leur partenariat avec dautres universitstrangres comme le Suriname par exemple leur permet un change dans des cooprations transnationales.Cela permet de souvrir sur le monde en multipliant des relations. Le but tant de se crer des contacts etune insertion professionnelle nous sommes ainsi libres de notre avenir et des choix des diffrents parcoursqui nous sont donn. Luniversit de Guyane cest aussi des capacits qui ne cesseront de se dvelopperdans le futur.

    Un petit mot pour la fin Lon-Gontran Damas disait Sur la terre des parias un premier homme vint sur la Terre des Parias un second homme vintsur la Terre des Parias un troisime homme vint depuis trois Fleuvestrois fleuves coulent dans mes veines

    Ce pome je lai choisis tout dabord parce quil reprsente le nom de la toute premire promotion de la

    licence dHistoire qui sest ouverte en Guyane. Grce au combat dun rve devenu ralit, grce ceux quiont pens demain. Tout comme les racines du pote engag guyanais Lon-Gontran Damas, car ce sontces trois fleuves, qui reprsente la fois le sang amrindien et africain qui lui vient dune arrire-grand-mrepaternelle, ainsi que le sang europen dont son pre a hrit, tout comme sa mre martiniquaise. Ds lors,lavenir est la jeunesse et se sont les acteurs de demain qui doivent dvelopper la Guyane toutes ses va-leurs nous sont transmises lUniversit, autant que notre destin que lon prend en main. Tout cela rap-proche les gens de toutes les ethnies de Guyane car toute une socit a plaid une cause. Tout comme lesorigines de Damas lHistoire est le moyen de senrichir intellectuellement afin de connatre aussi sa propreidentit. Un tudiant pourra ce dire je sais qui je suis et se construire pour le futur tout en tant indpen-dant.

    Shanonne Behary-Laul-Sirder

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    Jespre que ce que disent les adultes se produira bientt.Je sens ses yeux poss sur moi. Chaque centimtre de mon corps est mis nu. Il est toujours l mobser-ver avec son regard lascif et dpourvu dhumanit. Tout en lui me dgote, il me rpugne. Sarah, ma chrie, vient donc me voir dans mon bureau. , Monsieur Maissi.Encore ce ton ; je ne veux pas y aller, je le dteste, il me fait si peur, je sais dj quoi mattendre, lorsquilme convoque. Seule.

    Cette maison appartenait mes anciens matres. Ils taient svres mais justes. Il leur arrivait parfois de mecorriger, enfant, en menfermant dans la cave, alors que javais vol un bout de pain dans la cuisine ou que jemtais battue avec un vaurien. Ils taient justes. Ma tte, si dure soit-elle, avait fini par acqurir les bonneshabitudes quexigeait la famille du gouverneur Poncet. Lui et sa femme me laissaient parfois jouer avec leurfille, qui avait le mme ge que moi. Elle avait des jouets de toute beaut, tout droit venus de Paris. Sophieme laissait les admirer tous les matins, pendant que je lui brossais les cheveux.Les Maissi ont pris la place de mon ancienne famille, retourne en France. Madame Maissi dtestait sa nou-velle demeure car elle navait pas pu la choisir elle-mme ; son cher et tendre passait tout son temps dnigrer les miens ; leurs deux fillettes taient de vritables petits monstres, qui navaient de cesse de saliret abimer mes linges. Je les dtestais tous les quatre. Jabhorrais tout ce quils avaient ramen de leur co-

    lonie de la Martinique. Tout sauf Mamita. Mamita est leur gouvernante. Elle, je ladore, elle soccupe de moidepuis que...Depuis Maman.Mamita est une mama, trs douce, avec une voix grave et basse, et elle me fait toujours rire lorsquelle meraconte des histoires de la Martinique avec son fort accent antillais.

    Je suis dans la cuisine, jaide Mamita plucher les patates douces. Il est dix heures. Normalement, Mon-sieur Maissi ne me convoque jamais le matin, jamais avant lheure du goter dailleurs, comme a il est srque tout le monde est occup. Je dois le rejoindre ou il me battra en place publique. Il la dj fait une fois,ctait peu aprs son arrive, ctait ma mre, ctait parce quelle refusait de le rejoindre dans son bureau.

    Il la cogne et la laisse pour morte sur la place. Humilie, rosse, dvtue, aux yeux de tous. Javais 11 ans.Aujourdhui, jen ai 15, et jattends impatiemment le jour o je la vengerai.Il est l. Il mattend. Il a ce regard, celui qui signifie quaujourdhui ce sera dur.Jentre dans son bureau sans le regarder. Sans me retourner je sais que mon matre mobserve ; jentendsquil verrouille la serrure.

    Aujourdhui est un jour spcial. Nous sommes le 22 mai 1848, et il se passe beaucoup de choses dans lescolonies. Je vois de plus en plus desclaves senfuir vers la fort. Certains disparaissent. John et Drick sontmorts en essayant de schapper, mais je crois que Rebecca, Jora et Diol ont russi. Je lespre, cela signifiequil y a peut-tre une chance pour nous autres. Ils ont promis de revenir nous dlivrer. On dit que cer-

    taines autres colonies ont t libres.

    A ce quil parat, cela fait plusieurs annes quune bonne sur achte les esclaves pour les librer plus hautdans le pays. Je prie chaque nuit pour quelle vienne. Je crois quelle sappelle Anne-Marie Javouhey. Elle asauv des centaines desclaves. Jattends mon tour avec impatience. Si Dieu mautorise cet espoir.Aujourdhui est un jour spcial. Nous ftons lanniversaire des deux pestes. Mon matre nous a demand denous vtir de blanc pour ce fabuleux jour . Elles ont 10 ans aujourdhui. Madame a organis LA soire delanne en leur honneur. Elle a command, cela fait deux mois, des prsents et de quoi dcorer la maison.Avec les servantes nous nous occupons de prparer les diffrents mets quelle a exigs pour le repas desfilles : 13 plats et 21 desserts. Je nen connais pas la moiti. Madame passe aux cuisines, aux environs de 17heures pour sassurer que le repas est termin et pour nous annoncer quil est temps de sapprter car lesinvits arrivent. En sortant des cuisines, je vois quil y a dj beaucoup de convives. Je me presse dans lescouloirs pour ne pas tre vue. Nos changes sont ltage, je ferme la marche. Au moment o je mapprte monter lescalier, monsieur Maissi mattrape par le bras et memmne dans le sellier non loin de l. Il estalcoolis, je le sens et je le vois. Il transpire leau-de-vie et la mauvaise intention plein nez. Des tches de

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    sueur dnotent sur sa chemise claire en lin.Il me plaque sur le mur, une main sur la bouche, et commence se frotter contre moi, dboutonner sonpantalon. Je me dbats, il murmure au creux de mon cou : Ne ten fais pas, ce sera rapide, jai juste besoin de me dtendre un peu , un rictus malsain au coin de labouche.Je me dbats encore, et pendant quil baisse son pantalon, il me gifle. Si fort que je me cogne la tte contreltagre. Ma lvre saigne. Je plaque une main contre ma bouche et essaie encore avec mon autre main de lerepousser. Il se saisit du bas de ma robe froisse et troue et la remonte. Jabandonne et prie mille fois pourque quelquun me vienne en aide. Joublie tout et mvade de ce corps souill.Monsieur ? Une voix se fait entendre de lautre ct de la porte, il plaque nouveau sa main sur mabouche et presse si fort que ma bouche saigne encore plus.Monsieur ? La porte souvre, cest Mamita, ma dlivrance. Elle sarrte, dconcerte par la scne. Unmlange de haine, de colre et de dsarroi voile son regard. Monsieur, votre femme menvoie votrerecherche, le colonel va arriver et Madame souhaite que vous le receviez ensemble , dit-elle dun ton duret lourd de sous-entendus.Merci Momota, allez la prvenir que jarrive. Mamita dteste quand monsieur Maissi lappelle ainsi, elle attend, tenant toujours la porte. Il remonte sonpantalon et la bouscule en sortant. Plus loin, il se retourne, chancelant :

    Ca ne se passera pas comme a ma grosse ! Il dtale alors vers lentre, la chemise dbraille.Je remercie Mamita silencieusement et limplore de ne rien dire. Elle me regarde et me prend dans ses bras,son regard est triste et profond. Elle me murmure de me dpcher car Madame est encore plus ner-ve que dhabitude. Je monte les escaliers deux deux, encore sous le choc. Dans le grenier, toutes sontpresque prtes. En entrant, elles me toisent. Jenfile ma tenue toute vitesse. Maria se dirige vers moi avecun tissu humide afin de nettoyer mon visage. Elle se place derrire moi et attache ma robe. Puis, je me re-tourne et la remercie dun sourire discret. Descendons, ils nous attendent ordonna t-elle.

    Toute la semaine, tous les esclaves nont cess de parler de a ! Ca y est le grand jour est arriv ! Appa-

    remment nous serons enfin librs de ces chanes dans quelques jours ! Je suis si heureuse ! Ces torturesquotidiennes ne seront plus les miennes, je vais enfin menfuir dici !Cest aujourdhui, nous sommes le 10 juin 1848 ! Il parat que cest le plus grand jour de la vie dun esclave.Ce qui est sr, cest que cest le plus grand jour de ma vie ! Nous sommes libres ! Ce matin, monsieur legouverneur a lu sur la place des Palmistes, devant tous, la proclamation de labolition de lesclavage. Je suistellement heureuse !Arrivs la rsidence, le gouverneur nous informe que le dcret ne prendra pas effet tout de suite.

    Aujourdhui nous sommes le 12 Aot, je suis toujours servante chez monsieur le gouverneur. Mon quoti-dien sest durci, je suis battue tous les jours. Monsieur me convoque dans son bureau, plus souvent. Je nen

    peux plus. Je sens que je ne vais pas pouvoir supporter cela plus longtemps, je devrais tre une femme libreet indpendante et me voil plus avilie que jamais.Comment me venger ? Utiliser un poison trs fort et douloureux me laissera le temps de le regardersouffrir avant que je ne mchappe. Ou verser du venin de grage dans la boisson du matin de monsieur, ceserpent si venimeux qui, ce que lon dit tue au moindre contact. Je le regarderai mourir. Et je menfuiraipar la fentre de son bureau en direction de la fort. Mon mfait accompli, je courrai jusqu ce que je nepuisse plus mettre un pied devant lautre. Mon sentiment de vengeance porte mon esprit cass, mon espoir,mon corps douloureux.

    Deux voitures conduites par des esclaves entrent sur la proprit. Une bonne sur descend de lunedelle. Le gouverneur linvite entrer et linstalle dans le salon. Il nous somme Mamita et moi-mme, de

    prparer du th et dapporter des petits gteaux. Nous nous excutons et ramenons table les biscuitset les boissons. La bonne sur demande au gouverneur si certains de ses esclaves affranchis dsirent allertravailler avec elle. Mon cur sarrte de battre sur le champ lorsque jentends cela. Mon sang ne fait plusquun tour alors que je regarde Mamita dans les yeux, des larmes de joie me montent. Je cours dans la case

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    prparer le peu daffaires qui mappartient encore. Je vais enfin partir dici. La libert mattend avec cettedame. Rien ne pourra marrter.Au moment o la bonne sur sen va je suis prte et je lattends, mon petit paquet dans les bras. Elle sou-rit. Monsieur Maissi se crispe, une grimace hideuse se dessine sur son visage. Jai peur de la violence que jevois sur son visage mais je suis sure de moi. Jenlace une dernire fois Mamita, la remercie du fond du curet la supplie encore de venir avec moi. Elle refuse videmment. Je monte en voiture derrire la bonne sur,suivie de quelques autres, peu nombreux, anciens esclaves.La voiture dmarre, je fixe cette affreusefamille qui me regarde, qui nous regarde partir. Je leur promets de revenir bientt, noubliant pas ma douceesprance. Mon visage, par la fentre, profite de la vitesse et du soleil, mes cheveux fouettent ma nuque etmon front. Ce doit tre a la libert ! Ce sentiment que tout est possible, accessible, porte de main.Je ne remercierai jamais assez la main de Dieu davoir guid mre Javouhey sur ma route.Je suis dsormais libre, libre de mes choix, de mes envies, de mes devoirs, libre de cette souffrance quiaccablait mon corps.

    L.I.B.R.E.

    Ccile Bovet-Bidet

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    INDEPENDANCE

    La notion dindpendance voque ltat de quelquun ou de quelque chose dautonome. Cette notionvoque immdiatement le changement, de nouvelles possibilits. La nouveaut, autrement dit le changementrsumerait lide dindpendance. Lindpendance induit un sentiment dincertitude, un changement du rap-port soi et autrui.

    Etre indpendant, cest lenfant qui essaie de manger tout seul pour la premire fois sans laide de ses pa-rents.

    Etre indpendant, cest ce jeune en situation de handicap qui se bat pour vivre le plus normalement pos-sible aprs un accident.

    Devenir indpendant, cest un long processus semblable celui que sapprte vivre un jeune bachelierquand il quitte le cocon familial pour aller faire des tudes dans une autre ville, un autre pays.

    Etre indpendant, cest pour la femme, ce combat quelle a men et quelle mne encore pour se faire re-

    connatre dans une socit dhommes.

    Etre indpendant, cest aussi luniversit de Guyane qui se dtache des Antilles pour tre autonome.

    Lindpendance peut aller dun geste simple de la vie quotidienne un instrument complexe de la viepolitique. Pour cela, lindividu doit faire des sacrifices, mettre de ct son pass pour se livrer un avenirincertain.

    Un beau jour je me lve et je dcide dtre indpendant.NON, lindpendance ne se dcide pas du jour au lendemain, il faut de linvestissement et il faut surtout

    donner du temps au temps.

    En France, la femme na pas eu la reconnaissance quelle esprait en un claquement de doigt : il a falluquelle milite pendant, des annes, des dcennies, des sicles avant quelle obtienne le droit de vote.Une indpendance peut tre douce et passive, violente et cruelle.Un enfant qui entre en maternelle et qui lche les mains de ses parents pour aller dans la classe en lui fai-sant un signe pour leurs dire au revoir , cest mignon , cest aussi une sparation douloureuse.Avant de devenir la premire nation noire indpendante en 1804, les hatiens ont d mener des guerresqui ont fait de nombreuses victimes.

    Indpendance rime avec esprance. Cela ncessite que nous mettions nos espoirs en quelquun ou enquelque chose sans aucune garantie que nos espoirs, nos esprances soient combls ou satisfaits. Lescontes commencent par il tait une fois et se terminent par et ils vcurent heureux , mais dans lavraie vie qui commence notre naissance, il y a l aprs dont personne ne connait la fin.

    Les identifications antrieures sont sans cesse remises en cause, le moi et autrui qui nest pasmoi trouvent leurs limites et se confrontent, ce qui fait quune personne indpendante se cre perp-tuellement. Cette personne nest prisonnire ni de sa vie ni du destin. Son histoire, seule, elle la connaitet lcrit au fur et mesure quelle avance vers les objectifs quelle sest fixe. Certes cette personne estporte vers sa condition indpendante quelle nourrit de ses aspirations mais elle a encore des attachesau pass. Les questionnements la submergent et la pousse vouloir changer les choses.

    Voyez-vous la mer ? Elle est si calme et si bleue que nous pouvons voir au travers et elle nous bercepar un chant envoutant qui nous procure un sentiment de libert. Un jour nous dcidons daller y nagermais la mer qui est si calme dhabitude sagite et nous ne pouvons plus revenir au large. Nous nageons

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    contre-courant, nous nous dbattons et nous parvenons au bord. Ce qui est certain cest que la personnequi est entre dans leau nest plus la mme lorsquelle en sort. Ce que vit une personne qui rechercheson indpendance est semblable cette personne qui entre dans leau et qui se bat contre la volont de lanature. Il ne suffit pas de dire les choses mais il faut aussi agir car les actes peuvent tre plus parlants que laparole.

    Cest de cette manire quun jour, une petite universit de Guyane, aprs de diverses manifestations, pro-clame son indpendance. Son autonomie est encore fragile, beaucoup de choses restent amliorer, desfilires se crent, dautres disparaissent mais arrivera le jour de la stabilit car comme vous le savez peuttre Lindpendance des uns commence l o sarrte leur dpendance aux autres .

    CHarline fith ferjuste

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    Mon combat pour lindpendance

    Lamour excuse tout, il croit tout, il espre tout, il supporte tout. A elle seule, cette phrase rsume laperfection, mes deux dernires annes de mariage. Certaines personnes, trouveront cette phrase roman-tique. Mais pour moi, elle ne lest pas, et y cache plutt mes blessures indlbiles.

    Il y a 8 ans, moi, Aicha, aide-soignante alors ge de 20 ans. Je me suis marie, avec Claude, un infirmierde 25 ans. Nous, nous sommes rencontrs, sur notre lieu de travail, au Centre Hospitalier de Cayenne.Jaimais sa silhouette lance, ses muscles fins et tirs, ainsi que ses paules larges. Jaimais ses longscheveux chtains foncs, son sourire lumineux et surtout ses yeux marron dans lesquels, je me perdais.Il tait de plus extrmement sociable et gnreux. Il tait blanc et moi noire, nous formions un couplemixte, conscient que notre diffrence tait un atout. Et que nous pouvions nous enrichir culturellementet spirituellement, lun de lautre. Il aimait ma joie de vivre, mon optimisme et ma sincrit. Il aimait aussimes cheveux crpus, ma bouche charnue et mon regard tincelant.

    Je dois avouer que dans notre relation, tout est all trs vite parce que a paraissait nos yeux, unevidence que nous tions des mes surs. Aprs 4 mois de relation, il me demanda en mariage. Nousvivions ce moment, une histoire sans nuage. Jai donc accept, sans hsitation et avec enthousiasme sa

    demande. Nous nous sommes maris, 2 mois plus tard, civiquement puis religieusement. La premireanne de notre mariage, tait merveilleuse. Il tait pour moi, un tout, il reprsentait mon univers, ctaitma raison de vivre et javais totalement confiance en lui.Un soir, je lui avouais, que jenvisageais de faire le mme mtier que lui. Je lui avouais, que je voulaisvoluer professionnellement, et devenir infirmire. Mais ce soir-l, fut le dbut de la fin pour notre rela-tion. Mais ce soir-l, fut le dbut de lenfer pour moi. Car ce moment, jai lu dans ses yeux que je lavaistouch personnellement, que javais atteint son honneur. Oui, vous lavez devin, jai lu dans ses yeux, quilnacceptait pas lide que je gagne, un jour, le mme salaire que lui.

    Aprs, mavoir fix longuement dans les yeux pendant de longues secondes. Il se mit me rire au nez et

    commena minsulter. Tu ne sers rien ! Tu tes regarde, franchement ! Pourquoi me suis-jemari, avec toi ? me disait-il. Puis il me laissa en pleur, dans le salon. Tous les soirs, ctaient le mmescnario, des insultes rptition. Je me sentais tellement malheureuse, que jai fait une dpression. Jene malimentais plus, je ne sortais plus, je navais mme plus la force daller travailler et par-dessus tout,javais abandonn mon rve de devenir infirmire. Je navais plus confiance en moi, je me sentais seule,isole et incomprise. Je subissais cette situation, en silence. Et, cette situation porte un nom : violenceconjugale.

    Oui, jtais victime de violence conjugale, mais elle ntait pas physique, elle tait beaucoup plus sournoise

    car elle tait psychologique et ne laissait pas de marque sur le corps. Je navais pas de bleus sur le corpsmais jen avais au cur et ils me rongeaient de lintrieur. Je me sentais mourir de tristesse, petit feu.Pourtant, je suis reste ses cts, malgr mon rve dindpendance. Car, jesprais, quil change paramour pour moi. Mais en vrit, je me sentais prisonnire, de cet homme, je lui tais soumise car com-pltement dpendante affectivement et financirement.Oui, il est vrai, lamour excuse tout, il croit tout, il espre tout et supporte tout. Mais, il est aussi vrai, quelorsque lon aime une personne plus quelle ne le mrite, on se blesse plus quon ne le mrite.

    Je navais plus despoir de retrouver mon indpendance, mais jai reu une grande leon de vie, celle dela persvrance face ladversit. Pendant un mois, grce aux mdias jai suivi de chez moi, le combatde la population guyanaise pour lobtention de lindpendance de lUniversit de Guyane. Au dbut, rien

    ntait gagn davance, il faut avouer qu ce moment seul une poigne de la population y croyait cerve qui paraissait juste impossible. Mais la conviction et la dtermination dune poigne, ont rveillcelles des autres. La rsistance tait maintenant en marche, la mobilisation tait sans faille et gnrale.Nous tions tous anims par ce rve dindpendance. Et je sentais au fond de moi, que plus rien ne pou-

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    vait nous arrter. Je ntais pas physiquement prsente aux manifestations, mais je soutenais cette justecause.Ctait dur, long mais nous y sommes arrivs. Rien nest impossible celui qui croit. Et la population ycroyait, nous y croyions !!! Tout au long de ce combat, jai senti sanimer en moi, mon envie dindpen-dance.Ctait mon tour maintenant, dobtenir mon indpendance et peu importe, le temps que a prendra. Jesais maintenant, que si jy crois et persvre, jy arriverai. Le soutien de la population Guyanaise a tessentiel dans cette qute dindpendance de lUniversit. Ainsi donc, dans ma lutte pour mon indpen-dance, la solidarit est un alli important. Mon combat, pour lindpendance tait certes le mien, mais jesais maintenant que sans le soutien moral voir financier de ma famille, je ne pourrai atteindre mon objec-tif. Tout sclairait pour moi, et je fis donc le choix de quitter mon mari, au bout de 3 ans de mariage.

    Aujourdhui, je suis infirmire, divorce et je vis paisiblement chez mes parents. Jai gagn mon combatpour lindpendance, mais je ny suis pas arrive toute seule, lamour de ma famille y a t pour beau-coup. Jai gagn mon combat pour lindpendance, mais il nen est pas de mme pour de milliers dautresfemmes.

    A lhpital, je vois quotidiennement des femmes couvertes dhmatomes, victimes de violence conjugale.

    Cette dernire, est un vrai flau en Guyane. Je pense, quun homme qui frappe un jour, frappera toujours.Je pense, quinsulter ou encore frapper, ne sont pas synonyme damour. Et je pense surtout, quaucuneclasse sociale nest pargne par la violence conjugale. Nous sommes toutes des victimes potentielles etjen suis la preuve vivante.

    Nadge BOISROND

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    Low man*

    Lhistoire, brve mais indispensable, que nous nous apprtons vous dvoiler, est celle des marrons duMaroni, peuple qui doit son existence ses anctres qui ont lutt pour leur libert. Mais avant de com-mencer replaons-nous dans le contexte : nous sommes en 1762, dans une des nombreuses plantationsde la Guyane hollandaise, actuel Suriname

    Les fois o des malheureux tentaient, dans un lan de dsespoir, de fuir lenfer de la plantation, ntaientpas rares. Ntaient pas rares non plus les fois o le fugitif, rattrap dans la chasse lhomme, tait chtisvrement.Biga*, lors de sa premire vasion, en avait fait lamre et douloureuse exprience. Les sillons creuss parle fouet taient encore visibles sur son corps jusque dans ses vieilles annes. Pourtant ce chtiment euleffet inverse de celui escompt.Quand il ft remis de ses blessures il sattela fomenter, lentement mais srement, une rbellion. Il fallaitchoisir intelligemment ses compagnons pour sa future escapade, quil esprait dfinitive. Une fois quilaurait russi constituer un bon groupe de vingt personnes, le reste suivrait.Ses compagnons ne furent pas difficiles convaincre, tout le monde avait eu vent des rvoltes quil y avaiteu les annes prcdentes.

    -Je ne suis pas daccord avec toi Biga, imagines-tu les consquences si nous chouons ? Sils nousrattrapent, ce nest pas le fouet que les matres nous donneront mais la mort. Je crois que cest troprisqu. En plus, tu veux que lon emmne femmes et enfants avec nous ? Nous serons ralentis par leurprsence, et on nous rattrapera facilement. -Le risque dont tu parles est infime, mon plan est infaillible. Jai tout prvu. Un groupe dhommesque je mnerai fera diversion : pendant que les contrematres seront sur notre trace, le vrai groupe parti-ra dans la direction oppose. On se retrouvera la rivire et de l, nous pourrons rejoindre le fleuve.

    -Tu oublies les chiens ?

    Chacun craignait pour sa famille, ou plus gostement pour sa vie, mais la dcision fut prise et la rvolte

    clata, un soir de pleine lune. Le plan de Biga fonctionna mieux quil ne laurait imagin lui-mme. Il avaitpris le soin de massacrer les chiens dans le dbut de la soire. Il avait aussi eu lide judicieuse de mettrele feu aux quatre coins de la plantation, grce plusieurs groupes synchroniss. Cela contribua semer lapanique chez les matres. Cest dans la confusion des cris et des flammes que le groupe principal partit, etcest sans regret aucun quils abandonnrent leurs cases desclaves, y laissant en mme temps leur condi-tion.

    Ils ne couraient pas. Le guide marchait devant, et tout le monde le suivait dun mme pas rgulier. Lapeur au ventre, les mres serraient leurs enfants contre leur sein, dautres priaient silencieusement pourune mort douce. Pendant ce temps, Biga et son groupe dhommes couraient perdre haleine, droit dans

    la fort, dans la direction oppose. Derrire eux les coups de feu retentissaient, mais ils eurent vite faitde rejoindre la rivire o les attendait une pirogue cache non loin de la berge. Ils y grimprent sansattendre et cest ainsi que, aids par le courant, ils remontrent le cours deau en laissant derrire euxleurs poursuivants.

    La fuite continuait : quelques mtres plus loin ils rejoignirent le bord de la rivire et partirent la ren-contre du groupe principal. Ils prirent soin de relancer la pirogue dans le courant, ainsi, si les contre-matres la retrouvaient, ils penseraient quils avaient remont la rivire plus haut. Biga les entendit avantmme de les voir, ils chuchotaient leur soulagement et leurs craintes, similaires des esprits dans la nuit.

    -Nous navons pas le temps de nous reposer, il faut repartir et senfoncer plus profondment dansla fort. Ici nous sommes encore vulnrables.

    Les plaintes montrent mais Biga fut intransigeant, il fallait reprendre la marche. A laube enfin, il dcidaune pause, on sinstalla o lon pouvait pour manger et boire, et pour remercier les esprits des anciensqui avaient protg leur fuite.

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    Cest ainsi que Biga mena son groupe sur le chemin tortueux de la qute de libert. Une fois la premireexcitation du sentiment nouveau dautonomie passe, elle cda la place la fatigue. On tait las de cettemarche incessante et de cette fort qui tait de plus en plus dense. En tte de procession, quelqueshommes arms de machettes tentaient tant bien que mal de dgager le chemin, mais mme le fil deleurs machettes se fatiguait.En alternant les pauses et la marche, ils parcoururent une distance suffisante pour tre srs que per-sonne ne viendrait les chercher aussi loin dans la fort. Entre-temps, ils avaient rejoint le fleuve que lonconnait aujourdhui sous le nom de Commewijne*, et longeaient ses berges depuis plusieurs jours. Enlongeant le fleuve la procession tait tombe sur un chablis* qui semblait attendre leur arrive. Biga saisicette occasion.

    -Nous allons installer notre premier camp ici. Je sais que vous commencez douter de moi,jentends vos murmures. Mais vous devez me faire confiance jusquau bout. Je vous ai dit que nous nousenfuirons, avec nos femmes et nos enfants ; eh bien nous voici. Je vous ai promis que nous ne serionspas poursuivis, et voil que nous sommes sains et saufs. Regardez-vous, nous sommes nombreux, as-sez nombreux pour survivre et pour nous dfendre. Nous allons dgager ces arbres tombs l-bas etmonter nos cases, ici et l. Nous avons le fleuve, il nous donnera boire et du poisson. Mes frres, noussommes plus dun millier, qui osera venir nous dloger ? Nous avons dj prouv notre valeur, nous ne

    nous sommes pas laisss faire, nous avons tenu bon. Je vous demande de tenir encore, de tenir avec moiet de tenir ensemble. Vous avez march avec moi dans ma conviction et sur mes doutes, et en ce jour,nous sommes la moiti du chemin sur lequel nous nous sommes lancs. Ne soyez pas tristes, ne vousdcouragez pas. Cette terre qui soutient nos pieds est maintenant la ntre, que les anctres me soienttmoins.

    Biga avait parl, et de sa voix pntrante il rchauffa les curs, ravivant la lueur despoir qui commenait steindre chez certains.

    Ainsi ft plante la graine dun petit village, nich au sein dune fort qui ne demandait qu offrir ses

    richesses. Quand les premiers plants franchirent le velours de la terre, Biga rassembla les hommes du vil-lage en un grand conseil. A la lueur du feu, et aprs maintes discussions, les hommes du village choisirenttrois dentre eux pour constituer les membres du conseil permanent. Ces derniers devaient veiller latranquillit et la scurit du village. Biga refusa den faire partie. Il avait rempli sa tche et ne souhaitaitplus endosser aucune responsabilit. Ce mme soir il ft dcid quun groupe dhommes, les plus vail-lants et les mieux btis, constitueraient un corps de guerriers et seraient les dfenseurs du village. Lalibert durement acquise devait tre frocement dfendue.

    Ainsi alla la vie, et le village prit racine : il devint autosuffisant. La terre ntait pas avare et le gibier nemanquait pas alentours. Malgr les diffrentes origines de chacun, des rgles et des coutumes simpo-

    srent, et tout le monde y souscrit sans objection. Les esclavagistes avaient cru bon de mlanger lesesclaves pour viter tout mouvement collectif, mais il rsulta des diffrences de chacun un mtissagepresque naturel qui engendra des coutumes qui persistent encore aujourdhui.

    Biga ne prit jamais de femme, et par la mme occasion neut pas de descendance. Son hritage, ctaitson village. La mmoire des low man se transmit par le rcit, de gnration en gnration ; on racontacomment la force de conviction dun seul homme avait men toute une plantation la rvolte. Commeune avalanche, un seul cho de voix avait suffi rassembler une vague indomptable et dtermine. Lammoire a un devoir dternit, cest nous de laider dans cette tche sacre et de perptuer la m-moire de ces grands hommes qui de tous temps ont dfendu leur indpendance. Le cri de libert est unappel aux chos infinis.

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    Index

    Biga : Surnom qui signifie gros ou grand en sranan tongo mais qui peut aussi tre un nom partentire.

    Chablis : ensemble darbres renverss, le plus souvent par des vents violents.

    Low man: Terme du Sranan tongo qui signifie littralement lhomme qui a fui et qui dsigne lesnoirs-marrons.

    Commewijne: Lun des fleuves de lactuel suriname, qui se situe dans le nord-est du Suriname.

    Ashley Koese

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    Lindpendance

    Oh belle indpendanceToi qui me fuisQue je cherche depuis lenfanceQui hante mes nuits

    Toi qui libre les peuples de loppressionToi qui soustrait les femmes de la soumissionToi qui permet aux jeunes lmancipationEt qui encourage labolition

    Je veux te trouver pour te garderJe veux te voir pour tadmirerJe veux mimprgner de ton passJe te veux tout entier

    Toi qui rend les Hommes plus forts

    Toi qui redonne le sourire aux gensToi qui vaut plus que de lorJe suis ton plus fidle partisan

    Je ne veux pas prendre les armesJe ne suis pas violentCar je ne veux pas de larmesNi de cris denfants

    Cependant tu es mon idal

    Et sans faire danalogieJe ne veux pas revivre germinalMais je veux bien y laisser ma vie

    Car mes rves te sont ddisTu occupes toutes mes pensesPar mon amour je veux te capturerPour quenfin je sois libr

    Duclou Pierre

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    Une prise dindpendance professionnelle

    En Guyane depuis plusieurs annes beaucoup dentreprises en commencs fleurir, et il se trouveque plus de la moiti de la population travail en entreprise et donc reoivent des ordres du patronat quiest au-dessus deux.Ces employs travaillent dans divers domaines, ils pourraient tre par exemple conseills dans une banque,secrtaire, commis en cuisine et bien dautre encore.Ces personnes bonnes dans leur domaine, sont soit sous lemprise dun patron extrmement exigeant, quiles empche de vivre ou ont un patron disant sympathique qui leur donne lenvie de se lever chaquematin pour venir travailler. Mais il savre que ces employs dcident un jour de quitter leur emploi, pourplusieurs raisons comme par exemple parce quil ne supporte plus son environnement de travail, quil nesupporte plus la dictature que mne son patron au travail, parce quil quitte le pays, parce quil trouveque son salaire est plus quinsuffisant et bien dautre raisons encore qui pousse ces gens quitter leur em-ploi.Donc en quittant leur emploi pour la plupart bon dans leur domaine, dcide davoir leur propre entreprise,et donc de prendre leur indpendance. En devenant indpendant ils dcouvrent les joies dtre le patron,quil y ait des contraintes ou des avantages. Un patron se voit attribuer plus de responsabilits quun simpleemploy. Pour certain les dbuts sont difficiles, il faut mettre en place toute lorganisation de sa nouvelle

    entreprise, partir la recherche de ses nouveaux clients. Avec la consolidation de leur entreprise, tout com-mence tre un peu plus facile pour ces jeunes entrepreneurs, ils commencent shabituer, leur nouveaurle de patron et arrive sen sortir, alors que pour certain cela sera un peu plus compliqu et donc narri-veront pas et donc mettront la cl sous la porte, surement cause de la faillite ou de dettes.Tmoignages

    Tmoignage dun rparateur de machine :Jai dcid de quitter mon emploi car ma fille tait trop malade, et que je travaillais trop loin de notre domicilepour moccuper delle. Sinon je naurais pas quitt mon emploi car javais un patron plus que sympathique. Il savre

    qu mes dbuts ctait assez difficile, car il fallait que je parte la recherche de client, que je prouve que je suisune personne srieuse. Mais en aucun cas je regrette davoir pris mon indpendance, car je suis libre, je ne dpends

    de personne. Si je ne veux pas aller travailler aujourdhui et donc rester chez moi, je suis libre de le faire. De ne pas

    avoir demploy cest un petit plus dans ma libert, mme si jaimerai bien en avoir juste un, mais quil soit srieux

    car jai t vol par les prcdents .Tmoignage dun artisan lectricien :Jai cr ma propre entreprise car javais cette envie de devenir mon propre patron et donc devenir indpendant.Les dbuts taient trs difficiles car il fallait aller demander des subventions et on ne voulait pas me les accorder.

    En devenant patron on ralise vraiment que tout est sur notre dos, que cest nous de payer les charges, les taxes,

    trouver les clients. Mais je ne regrette pas davoir pris cette dcision, mais avant de le faire il faut vraiment rflchirparce quil nest pas assurer davoir son salaire tous les mois

    CHARLES Dborah

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    Lindpendance dHati

    Dolo hatien: Vaut mieux tre libre en enfer que dtre esclave dans un paradis.

    Interview de Mr Rameau Andr-Yves. Personnalit clbre dans la communaut hatienne, prsidentdassociation hatienne : Combit, aide. Prsident du conseil des citoyens pour lintgration social.

    Hati est la premire colonie noire avoir pris son indpendance le 1er Janvier 1804.

    Pourquoi et comment les hatiens ont-ils pris leurs indpendances et qui tait lorigine ?

    Le combat pour lindpendance a commenc bien avant 1800. Hati tait une terre indienne trs pai-sible, lorsque les franais lont colonis, ils ont tu tous les indiens et ont exports des Africains pour laservitude, lesclavage, maltraitance... ces actes ignobles les a pouss se rebeller. Toussaint Louverturegnral de larme a voulu quaprs la rvolution franaise que la colonie ait la mme dmocratie quenFrance. Celui-ci refusa, et cest ainsi que le combat a commenc. Jean-Jacques Dessalines prend la relverentre en combat, il gagne, et obtient alors lindpendance dHati.

    La fte du 18 mai : fte du drapeau

    On reconnait un pays par son drapeau cest un symbole dindpendance. Le drapeau est dabord fran-ais en 1697, puis J-J Dessalines ta la bande blanche de lemblme colonial franaise et fit inscrire ladevise libert ou la mort . Les couleurs du drapeau sont alors verticales le 18 Mai 1803.Quelques mois aprs les chefs de la rvolution dcidrent de changer le drapeau en disposant horizon-talement les couleurs, ce fut le premier drapeau officiel de la Rpublique libre et indpendante. 1er Jan-vier 1804, aprs lassassinat de Jean-Jacques Dessalines, le pays se divisa en 2. Le gouverneur AlexandrePtion ajouta un carr dtoffe blanche au milieu duquel fut plac les armes de la rpublique ornes dubonnet de la libert en y ajoutant lunion fait la force .

    Ftez-vous lindpendance en Guyane, si oui comment ?

    On ne le fte pas comme une grande fte officielle mais un petit rassemblement pour marquer le coup,cest un jour de fiert de la nation et tout le monde prpare la soupe de lindpendance. Cest unesoupe qui tait rservs aux maitres blancs, en faisant ainsi de cette soupe un symbole de revanche etde victoire. Elle reprsente la libert et la victoire mais aussi le partage et lunion qui a t ncessaire la conqute de cette indpendance.

    Les consquences de lindpendance

    Positivement cela a permis douvrir les yeux aux populations noires. Ils sont devenues une nation, ilsont un drapeau, ils se sont battus contre une grande arme, celle de Napolon Bonaparte. Cela a pous-s les autres colonies prendre leur indpendance leurs tours car ils taient la seul colonie dans les

    carabes lavoir fait.Ngativement les hatiens sont bloqus car les autres nations naident pas les hatiens. Le peuple taitdj en sous- dveloppement compte tenu du nombre dannes tre esclaves, puis il y a un manquedintellectuel dans les pays, la plupart sont illettres. Cest un grand handicap qui fragilise le pays et parconsquent la baisse de lestime de soi. Le manque dinfrastructure pousse les jeunes quitter le pays.Hati devient une rfrence ngative dun peuple qui a voulu prendre son indpendance mais qui esttoujours dans la misre. Dailleurs aucun pays ayant pris leur indpendance ne montre leurs reconnais-sances.

    Votre avis, si vous tiez au pouvoir lpoque, conseillez-vous la nation de prendre leurs

    indpendance ou pas ?

    Non je ne leur conseillerais pas de prendre leurs indpendances. Jaurais fait comme Toussaint Lou-verture: encourager les hatiens vivre dans la France, dans la mme dmocratie sans problme. Mais

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    les franais ont voulu que les hatiens restent des esclaves mais la misre, la souffrance tait trop dure, lesconditions de vie tait inhumaines. Donc les hatiens navaient pas le choix ctait: la libert ou la mort.

    Dessalines ta la bande blanche de lemblme colonial du drapeau pour donner naissance au premier ten-dard hatien symbolisant lunion des Multres et des Noirs dans la lutte pour leur libert le 18 Mai 1803.

    Le drapeau de Hati

    La soupe de lindpendance

    Guilene alexandre

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    INDEPENDANCE

    Les peuples nont jamais que le degr de libert que leur audace conquiert sur la peur.Stendhal

    Lorsque Danile rencontre pour la premire fois Cataleya et Michella, ces deux jeunes filles nont que7 ans. Leurs regards plein despiglerie, lont tout de suite saisie Cataleya est Pruvienne et Michella,Saramaca. Elles nourrissent une complicit vitale et leur vivacit est une preuve de leur courage sur-monter les injustices de la vie Cataleya et Michella regorgent de trsors. Plonges dans la frocit dumonde adulte, elles rsistent avec tmrit pour prserver la magie de lenfanceMais tout cela cestavec le temps que Danile la compris.

    Danile est une jeune femme de 28 ans. Son nergie dmontre elle toute seule quelle ne doute jamaisde lutilit et de limportance de son travail Assistante sociale de profession , en poste au sein de deuxtablissements scolaires de lle de Cayenne, Danile sacharne insister, dans ses bilans de fin danne,sur la faiblesse du maillage des structures sociales, sur le manque global de moyens et de personnel.Elle le constate, tous les jours, lorsquelle est confronte au manque dissues favorables pouvant tretrouves avec les familles et les lves quelle accompagne. Face la dmesure de leurs problmes, elle se

    retrouve souvent dmunie.Son engagement au sein dassociations cologistes lui offre en revanche, davantage de rpit. Avec peu demoyens, ces associations parviennent faire de grandes choses. Elle se dit que cest aussi pour cela quecest important de se battre . Elle fait partie de ces acteurs spcifiques, mus par la motivation et les-poir que leurs contributions puissent la fois changer les mentalits et pourquoi pas le monde, puisquilsagit de le prserver pour un avenir meilleur

    Voil ltat desprit de Danile lors de lenqute sociale quelle devait mener le jour o elle a rencontrCataleya : une enqute sociale, se traduisant par une visite domicile , dans le cadre dun signalement ausujet de Mina, lve absentiste, et particulirement dmotive lors de ses rares prsences au collge.

    Danile tente de localiser le logement de la famille de Mina. Or il se trouve que Cataleya et Michella, quilaccompagnent depuis son entre dans le quartier, stoppent leurs rires et leurs cabrioles lorsquellescomprennent que la famille cherche nest autre que celle de Cataleya. Son visage sassombrit soudaine-ment, ses fossettes disparaissent, son front se plisse et ses yeux steignent. Ces dtails sont si flagrants,quavant mme de frapper la porte Danile soupse mentalement la lourdeur de la situation.

    Elle ne sy est pas trompe. Il est 11h45, un homme dune quarantaine danne ouvre la porte. Son visageest fatigu, burin, gonfl par la consommation dalcool et transpire laigreur quil soigne sur sa compagne.Danile comprend quelle nest pas la bienvenue, mais fait valoir le caractre obligatoire de sa visite.

    Avec un norme soupir, le pre de Cataleya libre lentre et la laisse sur le pas de la porte sans aucuncrmonial elle dentrer et de se dbrouiller. Dans ce logement de fortune, plusieurs enfants gra-vitent. Danile aperoit Mina qui se prcipite dans une chambre.De la cuisine lui parviennent des bruits de casseroles et deau qui coule. Danile coutumire de ce typedaccueil ne se dmonte pas, elle file vers la cuisine dans laquelle elle trouve une trs jeune femme auvisage tumfi. La mre de Cataleya et de Mina sarrte, surprise, elle na pas entendu Danile entrer. Ellesemble tellement jeune. Gne, chacun de ses gestes trahissent son malaise.Danile sempresse de se prsenter avec les quelques mots despagnol quelle matrise, cela rassure lamaman de Cataleya. Elle veut bien la recevoir et lui parler, mais est dsole de ne pouvoir lui permettrede sasseoir. Cette jeune femme est terriblement frle et son regard dvoile sa tristesse, sa terreur etson dsarroi

    Danile a pass un moment tragique. Au fur et mesure, les questions finissaient par lcurer, tant ilsemblait vident que chacune de ses interrogations agissaient comme une blessure supplmentaire ass-ne cette cellule familiale meurtrie et mortifre.

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    Alors, oui la maman de Cataleya est jeune, oui elle prend des coups quasi quotidiennement par son mariqui tait si gentil avant avant que le jeu, le chmage, lalcool quon boit comme de leau ne le rat-trapent et ne lengloutissent inexorablement.Elle a mis au monde sa premire fille, Mina, 13 ans et demi. Le pre de Mina tait son premier petitami , bien plus g quelle, il les a tout simplement abandonnes.Cette jeune femme, au corps fragile a dj tout vu de ce qui peut se passer de pire dans une vie. Lamort, la trahison, la violence, le dni, la honte, la misreDanile est sortie de cette enqute, dpite, au bord de la nause. Une seule et unique ide en ttepermettre cette maman de retrouver une indpendance et de reconstruire sa dignit de femme.Permettre ses enfants de suivre une scolarit normale .

    Cela fait 10 ans que cette premire visite a eu lieu. Danile et Magdalena, la maman de Mina et Cataleya,sont depuis longtemps devenues amies. Danile a trs rapidement quitt son poste dassistante sociale lpoque de cette premire visite, frustre par les lenteurs administratives.Danile et Magdalena ftent dsormais leurs indpendances, professionnelle pour lune, globale pourlautre. Danile a mont une association dinsertion professionnelle, en sattachant bien redonner seslettres de noblesse ce concept daccompagnement vers le travail.

    Elle sest dmene pour trouver des collaborateurs. Et pour monter son systme dinsertion elle aembauch Cataleya et Michella, en qualit dapprenties, au secrtariat et laccueil de sa structure. Ellesont aujourdhui 17 ans et sont devenues de magnifiques jeunes filles.Mina est quant elle secrtaire de direction en formation et Magdalena sest associe Danile.Le parcours singulier de Danile et de ses protges ne sest pas droul sans heurts. Mais au final, leurmancipation et leur indpendance nont pas de prix.Magdalena a russi se dfaire de la soumission psychologique inflige par son mari au prix duneangoisse visse au corps durant des mois et des mois de menaces, de vexation en public, de plaintesdposes, daudiences au tribunal.

    Cela rsonne encore douloureusement dans le cur de Danile. Lindpendance des femmes est une affaire encore trop rcente martle-t-elle. Cest vrai quil estimportant de noter que le droit de vote des femmes , sur le territoire franais, date dil y a tout juste 71ans. Les droits des femmes sont rappeler encore quotidiennement, loin dun fminisme aveugle, Da-nile est juste convaincue quil reste encore un grand chemin parcourirCes sujtions arbitraires et injustes, de la femme, ou encore des populations colonises et de celles r-duites au rang desclave contrebalances par labolition de lesclavage, la nouvelle place de la femme dansla socit sont autant davanc notoire vers les chemins de la libert.

    Cette version de lindpendance est celle que nous devons prserver, pense Danile.

    Cela lui rappelle dailleurs ses cours de philosophie. Elle livre que son professeur lpoque leur de-mandait de ne pas galvauder les mots quils utilisaient et surtout de bien rflchir leur sens Et cefameux cours sur la libert .En partant de la dfinition mme de ce mot comme tant ltat de quelquun qui nest pas soumis un matre, qui nest pas retenu prisonnier, la possibilit dagir selon ses propres choix, sans en avoir enrfrer une autorit quelconque, ou encore comme la situation psychologique de quelquun qui ne sesent pas contraint, gn dans sa relation avec quelquun dautre [] leur professeur leur a demandsils se sentaient libres. Beaucoup de ses camarades ont rpondu non, soit parce quils vivaient chez leursparents ou quils se sentaient contraints par le lyce.

    Le professeur leur a alors demand de mettre en regard indpendance et libert.

    Lindpendance tant ltat de quelquun qui nest tributaire de personne que ce soit sur le plan ma-triel, moral et intellectuel, cela peut aussi tre le caractre de quelquun qui ne se sent pas li ou qui neveut pas tre soumis aux autres, la discipline morale, aux habitudes sociales La similitude entre les dfinitions a conduit le professeur leur demander rflchir leur premire

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    rponse, car sils ne sentent pas libres, ils ne sont par dfinition , pas indpendants. Ce fut un vastedbat

    Danile repense ce dbat chaque fois quelle voit ses jeunes , scooters fond, zigzaguant dangereu-sement sur la route comme sur le droit chemin, revendant leur kali avec frnsie et se sentant libres etindpendantsLibres de serrer les fesses ds quun gendarme passe ct deux et quils sont seuls, indpendantsdune socit qui de toute faon ne veut pas deux sempressent-ils de penser

    Danile sait mieux que personne que lindpendance est une ncessit face loppression, face ligno-minie existant dans le monde, face ceux qui contraignent et manipulent. Mais lindpendance nest paslindividualisme qui place lindividu au centre de tout, sans quils fassent corps avec les autres. Cataleyaet Michella sont les meilleurs exemples de Danile au sujet de ce subtil paradoxe. Elles se construisentdeux parcours de jeunes femmes indpendantes mais elles se sont rpares ensemble, chacune tant ledomaine de rsilience et de ptillance de lautre.

    Danile dit que lindpendance ne se gagne pas forcment, elle se cre

    Salome Castillo

  • 7/25/2019 Contributions USU2016

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    ELLE DIT OUI A LINDEPENDANCE !

    Amandah, femme de 42 ans dcide de nous parler de son Indpendance. Il y a deux ans, cette jeune n-gresse passait par des moments difficiles Elle dcide, aujourdhui, de partager son vcu avec ces femmesqui, pour elle, trop souvent, se laissent faire.

    Photo de Lucie Akouvi

    Il y a deux ans, plus rien nallait dans mon couple. Jai alors dcid de me rveiller (rire). Jai commenc crire

    dans ma chambre tous les soirs et jai retenu un pome que jaimerais transmettre toutes ces femmes que jaimeappeler mes surs .

    Voil 16 ans que nous sommes maris,Comme tout couple au dbut, rien signaler.

    Il a 40 ans et est un beau mtro,Jen ai 40 aussi et suis mauricaude .

    A ses yeux, auparavant, belle ngresse jtais.Aujourdhui, lui fais-je encore de leffet ?Et pourtant nous sommes en 2016 []

    Il ne cesse de rentrer tard ces temps-ci,Me rclamant son dner, sans un sourire.

    Cette soumission ne cesse de se dvelopper ;Si bien quun soir, repas oubli,

    Il ma comme coup un bras, genoux par terre ;Me punissant de cette tourderie involontaire.

    Et pourtant nous sommes en 2016 []

    Ce soir l, dans son sommeil, jai dcid,Que plus jamais je ne souffrirai. Rvolte !

    Car aucune loi, aucun code nautorise un hommeA maltraiter sa femme tel un sous-homme

    Comme il le fait depuis prs de 200 ans .Ce soir l, je dis OUI lindpendance !

    Car oui : nous sommes en 2016 et non en 1704.

  • 7/25/2019 Contributions USU2016

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    1. Indpendance , vous pensez quoi?

    Pour moi, sur linstant je pense tre libre ! (fou rire). Ne pas tre soumis quelquun moralement ouautre. Cest ne pas tre soumis un homme qui nous dicte nos habitudes sociales (tu ne sors pas, tu fais lacuisine ! etc.). On ne dcide pas pour moi ! Indpendance rime avec libert pour moi.

    2. Votre vcu, votre pome reflte quelque chose, pouvez-vous le dvoiler ?

    En effet, jai voulu rendre ce pome accessible tous, du plus petit au plus g. A travers ce pome, je tra-duis ma souffrance par lesclavage. Par exemple, mauricaude est un mot pjoratif pour dire noir , lacomparaison du bras coup reprsente ces esclaves qui taient maltraits aprs avoir tent de fuir. Aucuncode je fais ici rfrence au code noir de 1704 en Guyane. Pour moi, ma vie tait comme ces esclaves ;et comme eux, jai dcid de me battre pour tre LIBRE et INDEPENDANTE car nous sommes en 2016 !

    3. Do vient votre prnom ?

    (tonne). On me pose rarement cette question ! Ben la nature fait bien les choses ; mon prnom vient delAfrique et signifie Libert .

    4. Que reprsente lindpendance aujourdhui pour vous, une dfinition vous?

    - Waw ! La liste est longue. Si je prends lexemple de juillet 1965 o nous, femmes, avons eu notre ind-pendance financire ; vous comprendrez que ce nest que du bnfique. Mais pour gnraliser, je dirai quelindpendance reprsente lquilibre motionnel, social de tout chacun. Elle vite loppression, les in-galits dans le cas de lesclavage et mme dans un couple. Elle permet aussi une autonomie de lHomme.Vous savez, nous savons ce quest lindpendance que quand nous avons t esclave de quelque chose ou dequelquun (cf : Rudyard Kipling).

    5. Un dernier mot pour ceux qui vous lisent ?

    - Je ne connais pas dautre bonheur que de vivre indpendant avec ceux quon aime de Jean-JacquesROUSSEAU, Citoyen de Genve Tome II

    - Lindpendance financire est un trsor. Ltude et le travail en sont la cl de Marie DU DEFFAND,Maximes et Penses.

    Je pense que ces deux citations rsument les bienfaits qui sont possibles avec une indpendance. Femmes,

    soyez des femmes battantes pour ne pas tre domines. Que tout tre humain fasse en sorte que lescla-vage ne soit pas prsent dans sa vie. Que ce message serve dexemple qui se sentira vis.

    Lesclavage peut tre prsent sous une autre forme, de nos jours, dans la vie dun individu. Continuons lutter contre cela et, ensemble, agissons comme Amandah : disons OUI lIndpendance. Encore faut-ilque nous soyons totalement indpendants face lvolution de la socit.

    Steven JEAN-BAPTISTE

  • 7/25/2019 Contributions USU2016

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    Guyane 1

    L universit dela Guyane franaise,tait appeler autrefoisLUAG( lUniversit des

    A n t i l l e s e t d e l aGuyane). Lhistoire deLUAG commence en1880, avec les cours prparatoiresde Droit qui marque lorigine delenseignement des Antilles et de laGuyane. Par la suite, en 1946lcole prparatoire de Droitdevient une institut de Droit. Dansles annes 60 dautres liressassocient au Droit; littratures etsciences. Cest quen 1982, quest

    cr lUniversit des Antilles et dela Guyane. Pour pouvoir conciliersa ralisation administrative et sescaractristiques gographique,L U A G e s t d o t e d u n eorganisation double niveaux, carles services centraux sontimplants Pointe Pitre( enMartinique).

    De 1982 2013, cela fait 31 ansque lUniversit de la Guyanefranaise est afli aux Antilles.Lorganisation des Antilles neconvienne pas aux tudiantsguyanais; dans le fonctionnementdes sites, dans la gestion desressources humaines, dans lesemplois du temps des tudiants,dans la distribution des diplmes

    aux lves,(). Les tudiantsdcident de demander uneUniversit Guyanaise en pleindexercice. Une Universi tindpendante, qui se dtachedes autres ples. Les jeunesgens refusent de dpendre de laMartinique.

    Le 18 novembre 2013 lestudiants Guyanais manifestenta n , d o b t e n i r u n p l eUniversitaire en plein autonomie.Ils revendiquent dans les rues,avec des afches en criant haute voix:

    Pour lavenir, nou

    motiv. Pour l avenir nou,

    motiv( pour un avenir meilleur,nous sommes motivs)Deslycens participent la marchecollective. La grve paralyse le

    campus Universitaire pendantplus dun mois. La revendicationdes jeunes tudiants prendra nle 11 novembre 2013. Le ministrede lEnseignement suprieuresengage crer une Universiten plein exercice pour la rentre2015-2016.

    Aprs plusieurss e m a i n e s d emanifestations, lec a m p u sG u y a n a i s s edtache petit

    p e t i t d e

    lorganisation des Antilles. Celafa i t ma in tenan t env i ronquelques mois que lUniversitde Guyane plus dautonomie.Une jeune lle de premireanne de littrature nommerBrise Prscilli dclare durant uninterview:

    Alors je pense quecest un grand pas pour la

    Guyane que lUniversit soit enplein autonomie().Moi je suisheureuse de voir chaque annedes tudiants venir chaquefois dans cette universit, cestune grande opportunit.Malgr de nombreuse difcults administratif, les tudiantssont heureux dobtenir un pleUniversitaire indpendant.

    Les tudiants de Guyane manifestent pour lindpendance Universitaire!

    Grce au manifestation des jeunes tudiants guyanais, le 9 mars 2016 est une date historique pour le pleUniversitaire de Guyane qui obtient plus dautonomie. Aprs plus dun mois de grve, LUniversit deGuyane est officiellement inaugure.

    Bernadette Fede

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    le magazine

    Projet port par