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LES GRANDS BARRAGES HYDRO-ELECTRIQUES au service du développement durable? RESUME La controverse autour du sujet des grands barrages hydroélectriques s’articule sur les principes du développement durable. Dans un premier temps, le développement économique par l’approvisionnement en eau, en électricité et l’amélioration du niveau de vie est remis en cause. Rentabilité économique, impacts sur l’économie locale et utilisation politique des grands barrages sont à la base de la controverse. L’impact sur les populations est également très largement ressenti : apport de nouveaux services, déplacement et perte de patrimoine. Bien qu’ils soient considérés comme produisant une énergie « verte », les grands barrages hydroélectriques ont aussi des effets sur leurs écosystèmes. La rupture de la continuité du fleuve et la retenue d’eau créée, perturbant la biodiversité, sont les conséquences les plus médiatisées par les détracteurs des projets. Face aux préoccupations grandissantes concernant la production d’énergie, l’eau potable et l’irrigation, la recherche de solutions complémentaires apparait finalement comme nécessaire. TABLE DES MATIERES Introduction………………………………………….2 Les grands barrages hydroélectriques : rencontre des institutions et place des acteurs…………………………………………………..3 I. Economie et Politique ................ ..5 1) Rentabilité économique ................ 5 2) Impacts sur l’économie locale ....... 6 3) Utilisation politique des barrages .. 7 4) Gouvernance.................................. 8 II. Social et culturel ....................... 9 1) Apport d'eau et Electricité ……….9 2) Délocalisation de populations et moyens de subsistance .................... 10 3) Destruction d’un patrimoine ....... 11 4) Insécurité de la population .......... 12 III. Environnemental .............……..13 1) La rupture de la continuité d’un fleuve ............................................... 13 2) La retenue d’eau .......................... 15 Conclusion…………………………..…….………..16 Table des annexes………………………..……..17 GUMPINGER Ernst KHATTOU Rachid LEHOUX Hugo DU PEUTY Margot SIMONNET Climène Tutrice Marie-Jeanne VALLONY SAADs 2010

Controverse sur les grands barrages hydro-électriques

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Travaux mené lors de la première année du cursus SAADS à Montpellier Supagro

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LES GRANDS BARRAGES

HYDRO-ELECTRIQUES au service du développement durable?

RESUME

La controverse autour du sujet des grands barrages hydroélectriques s’articule sur les principes du développement durable. Dans un premier temps, le développement économique par l’approvisionnement en eau, en électricité et l’amélioration du niveau de vie est remis en cause. Rentabilité économique, impacts sur l’économie locale et utilisation politique des grands barrages sont à la base de la controverse. L’impact sur les populations est également très largement ressenti : apport de nouveaux services, déplacement et perte de patrimoine. Bien qu’ils soient considérés comme produisant une énergie « verte », les grands barrages hydroélectriques ont aussi des effets sur leurs écosystèmes. La rupture de la continuité du fleuve et la retenue d’eau créée, perturbant la biodiversité, sont les conséquences les plus médiatisées par les détracteurs des projets. Face aux préoccupations grandissantes concernant la production d’énergie, l’eau potable et l’irrigation, la recherche de solutions complémentaires apparait finalement comme nécessaire.

TABLE DES MATIERES

Introduction………………………………………….2

Les grands barrages hydroélectriques : rencontre des institutions et place des acteurs…………………………………………………..3

I. Economie et Politique ................ ..5

1) Rentabilité économique ................ 5

2) Impacts sur l’économie locale ....... 6

3) Utilisation politique des barrages .. 7

4) Gouvernance .................................. 8

II. Social et culturel ....................... 9

1) Apport d'eau et Electricité ……….9 2) Délocalisation de populations et moyens de subsistance .................... 10

3) Destruction d’un patrimoine ....... 11

4) Insécurité de la population .......... 12

III. Environnemental .............……..13

1) La rupture de la continuité d’un fleuve ............................................... 13

2) La retenue d’eau .......................... 15

Conclusion…………………………..…….………..16

Table des annexes………………………..……..17

GUMPINGER Ernst

KHATTOU Rachid

LEHOUX Hugo

DU PEUTY Margot

SIMONNET Climène

Tutrice Marie-Jeanne VALLONY SAADs 2010

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Depuis des siècles, des barrages sont construits pour maîtriser les crues et assurer l'approvisionnement en eau pour la consommation, l'irrigation et plus récemment l'industrie. A partir de 1950, un nombre croissant de grands barrages a été construit, en réponse à la croissance démographique et au développement économique mondial. A ce jour, près de la moitié des fleuves compte au moins un grand barrage. Ils sont au nombre de 43 000 sur l’ensemble de la planète.

La force de l’eau est l’une des premières énergies à avoir été maitrisée. En effet les Hommes utilisent la force de l’eau depuis plus de deux mille ans, notamment grâce aux moulins à eau actionnés par des roues à aubes. Dans un premier temps ils servaient à moudre les céréales, puis au cours du XIXème siècle ils sont utilisés pour produire de l’électricité. (VIOLLET, 2005)

Aujourd’hui l’ensemble des grands barrages produit cette hydroélectricité à plus grande échelle. Grâce à cette production importante d'électricité, les grands barrages hydroélectriques permettent de stimuler l'économie en favorisant l'implantation d'industries. Ils constituent également une réserve d'eau pour l'irrigation des terres agricoles, c’est pourquoi ils impactent directement le niveau de vie des populations bénéficiaires, en améliorant notamment la santé et l'éducation. Le protocole de Kyoto signé en 1997, a impulsé une démarche dans le sens des énergies durables, par la réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES). L'énergie hydroélectrique est souvent présentée comme une alternative pertinente à l'utilisation des énergies fossiles et du nucléaire. A ce jour, elle représente 19 % de l'énergie électrique mondiale.

Par ailleurs, la construction d'un grand barrage hydroélectrique a des conséquences économiques, sociales et environnementales parfois mal mesurées. La rentabilité économique globale ne respecte souvent pas les objectifs prévus. La construction nécessite souvent des déplacements de populations riveraines et dénature les cours d'eau, engendrant alors des perturbations de la biodiversité.

Ce sont sur ces critères que s’est constituée la controverse autour des grands barrages hydroélectriques. Certains de ces édifices sont actuellement discutés aux quatre coins du monde, avec en tête de file, les barrages du Belo Monte au Brésil ainsi que le barrage des Trois Gorges en Chine (voir carte des barrages cités en Annexe 5).

On peut donc se demander si les grands barrages hydroélectriques correspondent aux critères du développement durable. Pour y répondre, nous nous appuierons sur les trois piliers du développement durable. Est-ce économiquement viable, socialement équitable et respectueux de l’environnement ?

INTRODUCTION

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Un barrage est un ouvrage artificiel, généralement établi en travers d'une vallée, transformant un site naturel en un réservoir d'eau (Gouvernement français, 2011).

Selon les critères du Registre Mondial de la Commission Internationale des Grands Barrages (CIGB, 2011), un grand barrage est défini comme ayant une hauteur supérieure à 15 m, stockant plus de 1 hm3 d'eau et avec un débit d’évacuation de plus de 2 000 m3/s.

Généralement, les grands barrages sont reliés à des centrales hydroélectriques. Bien qu’il existe plusieurs types de centrales, on s’intéressera uniquement ici aux centrales hydroélectriques avec barrage. L’électricité est produite par des turbines en transformant de l'énergie hydraulique en électricité. La force motrice de l'eau fait tourner les aubes d'une turbine, elle même reliée à un alternateur produisant de l'électricité (Annexe 1). La production d'électricité varie selon la quantité d'eau qui passe à travers une turbine et la hauteur de la chute d'eau. Plus le débit est fort, et plus la chute est haute, plus la quantité d'électricité produite est grande (Association canadienne de l'hydroélectricité, 2011).

En réponse aux nombreuses questions et enjeux que soulève un barrage, des institutions se mettent en place comme la Commission Mondiale des Barrages (CMB), International Rivers (IR) et International Hydropower Association (IHA).

La CMB est créée en mai 1998, par la Banque Mondiale (BM) et l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Elle rédige un rapport complexe afin d’examiner l’impact des grands barrages hydroélectriques au sujet

du développement. Ce rapport est lancé par Nelson Mandela et Kader Asmal en 2000. Des normes sont établies afin de trouver des solutions optimales au niveau social, environnemental, économique et politique, en matière de ressources en eau et en énergie. Les membres de la Commission sont choisis de manière à refléter la diversité des parties impliquées dans la problématique des grands barrages comme des Organisations Non Gouvernementales (ONG), des gouvernements, des gestionnaires de barrages, des multinationales, etc. Afin de fonder ses conclusions, le rapport de la CMB s’est appuyé sur les idées de la société civile, ainsi que sur de nombreuses études et forums. En effet, des études approfondies sont menées sur huit grands barrages sur cinq continents. 17 rapports thématiques sont conduits sur les questions sociales et environnementales, etc. (Imhof et al., 2002).

La CMB est largement soutenue par l’association International Rivers (IR). Cette association a été créée par un groupe de bénévoles en 1985. Elle a comme mission de trouver un consensus entre les questions sociales, environnementales, politiques et économiques, lors de la mise en place d’un barrage. Ses motivations sont de protéger les rivières, ainsi que de défendre les droits des communautés. Pour réaliser cette mission, IR travaille en lien avec un réseau complexe composé de communautés locales, d’ONG et d'autres partenaires, visant à promouvoir des solutions pour un monde plus durable en matière d'eau et d'énergie. Pour prendre les décisions lors de la construction d’un barrage, toute personne peut avoir une voix.

LES GRANDS BARRAGES HYDROELECTRIQUES :

RENCONTRE DES INSTITUTIONS ET PLACE DES

ACTEURS.

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IHA est une ONG créée en 1995. Elle s’est formée sous l’égide de l’United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO) comme une organisation désirant encourager et diffuser les bonnes pratiques, et les connaissances nouvelles sur l’hydroélectricité. Pour mettre en avant le rôle de l’hydroélectricité, IHA poursuit une série d'initiatives sur la durabilité de ce type d’énergie (Hydropower Sustainability Assessment Forum (HSAF)).

Elle est largement soutenue par certains industriels et promoteurs tels que Electricité de France (EDF), China Three Gorges Corporation, Itaipu Binacional, Companhia Hidro Elétrica do São Francisco, Hydro-Québec et bien d’autres. IHA est présente sur la scène internationale dans plus de 80 pays. (International Hydropower Association, 2007). Tout comme la CMB, elle a publié un rapport dans lequel elle simplifie les questions sociales et environnementales. De plus et à l’inverse de l’IR, son adhésion n’est pas ouverte à tous. Une cotisation importante de plus de 40 000 dollars est nécessaire pour avoir une voix pour pouvoir participer aux négociations.

IR dépeint IHA comme étant un processus bancal. Bien qu’elle apparaisse au coté du Fonds mondial pour World Wildlife Fund (WWF) et de The Nature Conservancy, les autres participants sont triés et les négociations ont lieu à huis-clos. Par exemple, la société civile du Sud n’a pas eu de siège à la table des négociations. Les normes minimales que les promoteurs doivent suivre ne sont pas respectées. Aussi, si un projet hydroélectrique viole le droit national/international ou les droits des communautés locales, celui-ci peut quand même recevoir une mention de « bonne pratique ». L'évaluation du projet s'appuie principalement sur les informations fournies par les constructeurs des barrages. Un certain nombre de répondants de la société civile, telle que la CMB, a critiqué le protocole comme étant un affaiblissement

des normes existantes. Ces critiques émanent des 60 spécialistes de réinstallation de plus de 20 pays, qui forment l’Institut National pour le Développement durable et la Responsabilité (INDR). Selon eux, le protocole d’IHA est insuffisant et incomplet pour évaluer objectivement la durabilité des projets de barrage (International Rivers, 2008).

Lors de l’édification d’un barrage, de nombreux acteurs sont impliqués. Les Etats interviennent en amont du projet dans le but de faciliter l’intégration de tous les secteurs. Les planificateurs doivent identifier les parties prenantes à travers un processus dans lequel les risques et les droits sont évalués. Les consultants et les institutions s'assurent que les résultats des projets sont acceptables sur les plans sociaux et écologiques. Les promoteurs et les investisseurs prennent la responsabilité de s’engager en cas de problème. Les contrôleurs externes sont présents pour renforcer le respect des normes. Les propriétaires1 des barrages mettent en application les enseignements tirés des expériences antérieures et s'adaptent aux besoins et aux contextes en perpétuelle évolution. Les financements se font en général auprès de la Banque Mondiale, notamment par les crédits Association Internationale de Développement (IDA). La population doit être consultée pour aborder leurs intérêts et résoudre les conflits. La négociation est le meilleur moyen pour améliorer l'efficacité des projets de développement des ressources hydrauliques et énergétiques. Atteindre un résultat suppose prendre en compte tous les acteurs concernés, en se basant sur la négociation et la prise de décision consensuelle (CMB, 2000).

1 Le propriétaire d’un barrage peut être une

administration nationale ou une administration d’État, une entreprise parapublique, une compagnie privée ou un consortium d’entités.

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I. Economie et Politique

Un grand barrage hydroélectrique peut être construit sur de solides objectifs financiers, économiques et politiques. La controverse concerne la rentabilité économique réelle du projet, les impacts sur l’économie locale et l’utilisation politique des barrages. Concernant la rentabilité économique des barrages, la production d'électricité et la fourniture d'eau sont analysées séparément.

1) Rentabilité économique

La rentabilité économique d'un barrage dépend de sa capacité à atteindre les objectifs en termes de respect du temps de construction, de production d'électricité et de son impact sur l’irrigation. Une étude de la CMB (2000) menée sur 81 grands barrages, montre que moins de 50% des barrages sont livrés à temps et que 56% dépassent les prévisions de coût de construction.

La majorité des projets, produit de l’électricité à des niveaux proches des objectifs visés. L’étude croisée de la CMB (2000) soulève tout de même la grande variabilité d’efficacité entre les grands barrages hydroélectriques. Cependant l'hydroélectricité est une source d'énergie distincte parce que sa production est d'une grande flexibilité. Une centrale hydroélectrique peut répondre presque immédiatement à une augmentation de la demande d'électricité en faisant passer plus d'eau à travers les turbines. De plus, sa longue durée de vie et ses faibles coûts d’entretien, font que des investissements relativement faibles, produisent un bénéfice important.

L'irrigation est la fonction principale de la moitié des grands barrages. 30% des 270 millions d'hectares irrigués dans le monde le sont à partir de ces derniers. Cependant les résultats moyens de l’étude de la CMB sont éloignés des objectifs visés. Dans le cas du barrage de Grand Coulée (Etats-Unis), seule la moitié de la superficie irriguée prévue dans le projet du bassin du Columbia a été finalement aménagée.

A l’inverse, le coût de l’eau d’irrigation fournie est très faible, grâce à d’importantes économies d’échelle. Ceci a permis par exemple, des taux de croissance extraordinaires de l’agriculture dans le Gujarat (Inde), qui ont avoisiné 10% par an durant les 10 ans après la construction. (Michel Petit1, 2011). Au niveau mondial, on estime que les grands barrages permettent d'assurer 12 à 16% de la production alimentaire mondiale. (Anctil, 2008)

1 Directeur du département Agriculture de la

Banque Mondiale (1989-1999), rapport non publié : « Difficultés de financement des investissements nécessaires en matière d’irrigation. »

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2) Impacts sur l’économie locale

Il existe des impacts à court terme

provenant de l’économie impulsée par le chantier de construction. Les riverains peuvent profiter du développement des routes, lignes électriques et autres infrastructures. Durant la construction, les études de cas de la CMB (2000) sur Kariba (Zimbabwe) et Grand Coulée (Etats Unis) montrent que ces barrages employaient entre 10000 et 15000 travailleurs, majoritairement locaux.

Les barrages ont également des effets à plus long terme. L'apport d'eau d'irrigation pour l'agriculture peut renforcer les secteurs agricoles traditionnels. Par exemple les eaux du barrage Sikkak (Algérie) servent à l’irrigation d’environ 700 ha. D’une part, la création de ces périmètres irrigués pourrait renforcer la production arboricole et poursuivre le développement économique local. D’autre part, l’impact attendu lors de la planification est d’améliorer les rendements de productions vivrières. Mais contrairement

à ces attentes, les exploitants locaux choisissent de développer des cultures à haute valeur ajoutée plus rentables. Le prix des produits de base ne diminue pas comme prévu.

La fourniture d’électricité a également un impact fort sur l’économie locale. Elle créé un environnement favorable à l’implantation des industries. Les nouveaux pôles d’activité permettent la mise en place de services (transports, santé, etc) et d’infrastructures (routes, ports, etc) induisant la création d’emplois. Par exemple, un complexe hydroélectrique au Gabon a permis de développer des activités d’extraction (niobium de Mabounié, manganèse de Ndjolé …) et des industries de transformation de bois. D’autres barrages ont aussi contribué à l’économie à travers le tourisme (Barrage des Trois Gorges), la navigation et la pêche en créant, directement ou indirectement, des milliers d’emplois dans ces secteurs (Gaboneco, 2010).

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1) Utilisation politique des barrages

Les barrages ont été utilisés à plusieurs reprises comme moyen de pression politique. Le cas a été observé sur des cours d’eau transfrontaliers sur l’Euphrate. En janvier 1990, sans que la Syrie et l’Irak n’aient été avertis, le cours de l’Euphrate a été entièrement détourné, pendant un mois afin de remplir le réservoir du barrage Atatürk (Turquie). Les conséquences ont été désastreuses pour les agricultures irakienne et syrienne. Aujourd’hui encore, la main mise de la Turquie sur le fleuve entretient des relations de tensions avec les états en aval. L’Irak est très vulnérable, car très dépendant des ressources du Tigre et de l’Euphrate pour sa population et son agriculture. De plus depuis 2007, la sécheresse qui sévit dans la région aggrave la pénurie en eau. Ainsi entre 2007 et 2009, les récoltes de blé et d’orge ont été réduites de moitié. D’un autre côté, la Syrie et l’Irak ne se privent pas de construire des barrages et d’irriguer massivement, ce qu’ils reprochent à la Turquie. Aujourd’hui des accords bilatéraux sont signés au sujet du partage des eaux. La Turquie laisse passer en moyenne 500 mètres cubes par seconde en Syrie et la Syrie laisse passer 59 % du débit naturel en Irak. Cependant, ces accords n’ont pas empêché la Turquie de menacer la Syrie de couper l’eau du fleuve pour la faire plier lorsqu’elle protégeait le leader kurde Abdullah Öcalan. La Turquie n’hésite pas à profiter de sa position stratégique et déclare que les eaux du Tigre et de l’Euphrate font partie de sa souveraineté territoriale et qu’elle a toute légitimité à les exploiter comme elle le souhaite (Bouguerra et Petitjean, 2009).

Les barrages ont parfois été construits pour des intérêts industriels. Sur le Tenosique (Mexique), un barrage hydro-électrique aurait dû permettre de produire l’électricité nécessaire au pompage des ressources pétrolières de la région. Cependant la retenue d’eau qui devait être créée, aurait submergé de nombreuses terres guatémaltèques. Cette situation a été accusée d’amplifier les tensions entre les deux gouvernements. Ce projet est toujours confronté à de grandes tensions et n’a pas encore vu le jour (de Palacio, 2010).

Toutefois, la gestion de l’aménagement d’un barrage sur un cours d’eau transfrontalier permet parfois une coopération bilatérale entre les états concernés. Ainsi le Portugal et l’Espagne ont mis en place une coopération pour développer une région économiquement en difficulté. La construction du barrage d’Alqueva a permis de développer l’activité sociale et touristique de cette zone (Garcia Candelas, 2011).

De plus, un barrage peut représenter une fierté nationale. Les Etats veulent montrer au reste du monde leur capacité à construire de grands édifices et de faire preuve de prouesse technologique et architecturale tels que le barrage Hoover, sur le Colorado (Etats-Unis), le barrage d’Assouan, etc. Des barrages sont aussi érigés à la gloire d’un chef, comme en Jordanie avec le barrage Tallal, en Chine où la construction du barrage de Gezhouba a été lancée pour coïncider avec le 70ème anniversaire de Mao (Bouguerra, 2003).

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2) Gouvernance

La gouvernance participative d'un projet hydroélectrique est primordiale pour un bon déroulement des phases de planification, de construction et d'opération afin de minimiser les impacts sociaux et environnementaux. En vue de concerter les différents acteurs, allant des promoteurs "hardcore", insensibles aux questions socio-environnementales jusqu'à l'autre extrême, les activistes opposés à toute infrastructure.

Le fonctionnement de la prise de décision est parfois comparable à une « boite noire ». Le fonctionnement interne est difficilement accessible, non-transparent (THOM, 1974). Les informations clés sont gardées secrètes ou difficiles d'accès, et les questions et débats soulevés sont mis sous l'étiquette "d'anti-développement".

Molle et al. (2009) proposent un modèle à 5 éléments complémentaires et interdépendants, s'approchant d'une gouvernance participative. Certes, ce modèle est établi dans le contexte du grand bassin versant du Mékong, mais en grande partie adaptable à d'autres régions du monde:

- Le premier élément est celui de la production de connaissances, celles des sciences conventionnelles, mais aussi les bases de connaissances traditionnelles.

- Le second se concentre sur des concepts de démocratie participative, et cherche à concilier les points de vue antagonistes, à encourager l'apprentissage social, et arriver à construire des consensus.

- Le troisième point se focalise sur l'établissement de normes encadrant les comportements des dirigeants du pays et de limiter les externalités*.

- Le quatrième chemin est celui du plaidoyer, où une lutte politique plus directe est vue comme le moyen le plus efficace de mettre en avant les groupes marginalisés, de faire connaître leurs préoccupations et d'atténuer le bilan de force.

- Le dernier, dans le cas de rivières transfrontalières: des efforts pour améliorer la gestion des ressources entre plusieurs pays peuvent aussi faire évoluer les grands bassins versants.

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II. Social et culturel

L'évaluation des performances et de la durabilité des barrages hydro-électriques passe par l'étude des impacts sociaux et culturels. Les bénéfices qu’ils procurent aux populations sont surtout mesurés en terme monétaire et peu en termes de développement humain. De plus, la prise en compte de ces bénéfices économiques ne couvre pas totalement les effets indirects associés à l’apport d’eau, l'électricité, la maîtrise des crues, et de tout ce qui en découle. Cependant les barrages ont eu des impacts négatifs conséquents sur de nombreuses populations déplacées ou dépendantes de l'écosystème riverain (en amont et en aval). Un front de controverse important concerne le mode de prise en compte des aspects humains dans le processus de planification du barrage.

1) Apport d'eau et Electricité

L’électricité générée par les barrages hydro-électriques a amélioré le niveau de vie de populations. Une étude de la CMB (2000) sur l’impact du barrage de Sao Paulo a montré le rôle décisif de l'éclairage sur l’éducation des jeunes, grâce à de meilleures conditions de travail. Les populations ont commencé à utiliser des téléviseurs, réfrigérateurs, et chauffe-eau électriques faisant progresser la qualité des habitats. La santé a aussi été significativement améliorée dans les centres de soins. L’installation de matériel électrifié a simplifié la prise en charge des enfants et des personnes malades.

Le rôle des barrages dans l’amélioration de l’alimentation et de la sécurité alimentaire est fortement contesté. Il est souvent démontré que le pouvoir d'achat des ménages agricoles

augmente avec l'introduction de l'agriculture irriguée (FAO, 2008). Les productions agricoles permettent aux exploitants d'obtenir de meilleurs revenus, s’associant à la diminution du prix des produits de base locaux. Pour ces ménages, la mise en place du barrage a pu contribuer à une plus grande sécurité alimentaire et à l'amélioration de l'alimentation des foyers. A des échelles plus larges, les statistiques deviennent plus floues, et l'impact réel des barrages est mal connu.

Les barrages sont accusés d’accroître les inégalités entre producteurs (CMB, 2000). En effet, les exploitants bénéficiant de nouveaux projets d’irrigation, vont développer des cultures à haute valeur commerciale plutôt que des cultures vivrières

.

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2) Délocalisation de populations et moyens de subsistance

La construction des barrages, a engendré des déplacements de populations. Selon la CMB, ils auraient effectivement déplacés des dizaines de millions de personnes à travers le monde durant les cinquante dernières années (CMB, 2000). Les planificateurs sont très souvent accusés de sous-estimer le nombre de personnes déplacées. Selon les statistiques du Gouvernement Chinois, l’ensemble des barrages du pays aurait déplacé 10,2 millions de personnes, cependant d’après Jing (1999), la seule vallée du Yangtze aurait été dépeuplée de 11 millions de personnes. Dans les cas de Belo Monte (Arias, 2011) et Itaipu (Delich et Greer, 1999) au Brésil, des ethnies indiennes perdent leur territoire. Lors de ces déplacements, les populations sont destituées de leurs moyens de subsistance (activités de pêche, agriculture, pâturage, collecte de produits forestiers, etc). (Annexe 2)

Face à cela, les commanditaires des projets de barrages mettent en avant la part considérable du budget attribuée au relogement des personnes. Le Gouvernement Chinois annonce avoir accordé 40% du budget total du barrage des Trois Gorges pour le relogement (Guojie, 2006). D’après ce programme de

relogement, la population peut alors bénéficier de logements plus confortables grâce à l'approvisionnement en eau, gaz et électricité. Ces ménages recevront également une aide financière compensatrice.

De nombreux chercheurs se sont penchés sur ce phénomène migratoire. Thayer Scudder (2005) professeur à l'Institut d'anthropologie du développement à l'Institut de technologie de Californie affirme que dans la majorité des enquêtes sur les catégories de personnes affectées définies ne sont pas adaptées. Elles excluent généralement les personnes ne possédant pas de terres en propriété, les communautés en aval et les autochtones. Elles ne sont donc pas dédommagées et perdent leurs moyens de subsistance. Tous ces individus sont laissés pour compte et ne bénéficient pas des mesures compensatrices énoncées.

Cernea (2005) a développé un modèle sur les risques d'appauvrissement et de reconstruction. Celui-ci considère que le déplacement incarne l'exclusion sociale de certains groupes de personnes. Les risques d'appauvrissement associés comprennent la marginalisation par le manque d'emploi et le manque d'abri, amenant à une diminution du niveau de vie.

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3) Destruction d’un patrimoine

Les grands barrages ont eu des effets négatifs importants sur le patrimoine, en provoquant la perte de ressources culturelles locales (les temples, les sanctuaires, les bâtiments...), mais aussi la submersion et la dégradation des ressources archéologiques.

Au moment de la construction des barrages, peu de mesures, voire aucunes ne sont prises pour minimiser ou réduire la perte des ressources culturelles et archéologiques. Par exemple en Turquie, seulement 25 des 298 projets de barrage existants ont fait l’objet d’une étude sur le patrimoine culturel (CMB, 2000).

Les communautés affectées ont plusieurs fois soulevé la question du traitement des cimetières lors des Consultations régionales de la CMB et lors des audiences publiques; l’étude de cas du barrage Grand Coulee aux Etats Unis note

la submersion des cimetières des amérindiens par les eaux du barrage. Les tribus ont utilisé les fonds mis à leur disposition par les autorités mais aussi leurs propres moyens pour transférer les cimetières exposés, en les éloignant des réservoirs.

A l'inverse, l'UNESCO a joué un rôle majeur dans le sauvetage des anciens monuments d’Egypte et du Soudan en déplaçant hors de portée des eaux du Nil les monuments de Nubie dont le temple d'Abou Simbel (Hassan, 2000). Cependant cet exemple reste un cas exceptionnel illustrant l'importance des pertes potentielles du patrimoine culturel. D'après la CMB, malgré le potentiel reconnu en matière de pertes significatives, la gestion du patrimoine culturel n’est toujours pas considérée de façon adéquate dans la planification.

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4) Insécurité de la population

La présence d’un grand barrage hydroélectrique peut créer un sentiment collectif d’insécurité, lié à l’importance du danger potentiel.

Bien que les phénomènes de rupture soient rares, les conséquences sont souvent sous évaluées. Les risques sont importants et doivent être considérés. En effet avant le tremblement de terre de mars 2011 qui a touché le Japon, ce dernier défendait ses centrales nucléaires comme étant les plus sures en matière de sécurité dans le monde. On compte aujourd'hui une rupture par an sur un parc mondial de 43 000 barrages. Les facteurs de risques peuvent être la conception ancienne d'un barrage, un séisme, une action de destruction. D'après les associations d'écologistes, la rupture d'un barrage telle que celui des Trois Gorges (situé dans une zone sismique) menacerait 75 millions de personnes. En 1959, la rupture du barrage de Malpasset (France) a causé la mort de 423 victimes. Par ailleurs, 2,5 km de voies ferrées ont été arrachés, 50 fermes détruites, un millier de moutons et 80 000 hectolitres de vin perdus. Cette rupture est la catastrophe la plus meurtrière jamais arrivée en France. La conséquence des ruptures est sous évaluées.

Un barrage permet une régulation des crues2 en aval du barrage, cependant les lâchers d'eau nécessaires à une production électrique continu peuvent à tout instant entraîner une montée des eaux rapide, il est donc dangereux de se

2 Contrôle des crues : En rapport avec les barrages, intention de réduire les débits de pointe au niveau des cours d’eau et de minimiser l’impact des inondations sur les activités humaines comprenant les pertes en vies, les perturbations sociales, les impacts sur la santé et les pertes économiques et de biens

promener, de pêcher ou de pratiquer des activités nautiques à proximité des cours d’eau à l’aval d’un barrage.

Quelques sismologues, dont le chinois Fan Xiao, puis Chritian Klose affirment qu'un séisme peut être imputable à la construction d’un barrage sur une ligne de faille. (Wikipédia, 2011). En effet, le séisme du Sichuan de mai 2008 a pu être déclenché par le proche barrage de Zipingpu en Chine.

Aussi, l'association écologiste IR met en avant trois autres séismes potentiellement provoqués par la construction d'un barrage. Notamment l'exemple du barrage Oroville (Etats Unis), construit sur une ligne de faille dans les années 1950. Dans les années 70, la région a subit une série inhabituelle de tremblements de terre, le plus fort (5,7 sur l'échelle Richter) s'est produit en 1975 à 12 kilomètres au sud du réservoir. La faille avait été considérée inactive lors de la construction du barrage. Avant le tremblement de terre, le réservoir a été vidé au niveau le plus bas depuis l'inauguration du barrage. Le bureau de la surveillance géologique des Etats Unis (US Geological Survey) soutient l'idée qu'il y a un fort lien entre la variation du niveau du réservoir et les tremblements (Schwartz et al., 1996).

Les séismes sont donc un autre facteur de crainte pour les populations environnantes, même si d'autres sismologues restent sceptiques quant au rôle du barrage dans le déclenchement de ces séismes.

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III. Environnemental

Un barrage bouleverse le paysage de par sa nature, sa taille et sa localisation sur l’ensemble du fleuve et ses alentours. L'intégration des préoccupations environnementales occasionnées par cet important édifice est un phénomène récent. De ce fait, l’évaluation des impacts écologiques est devenue une des préoccupations majeures lors de l’installation d’un barrage. Les répercussions environnementales des grands barrages sont de plus en plus médiatisées à cause des risques qu'ils peuvent provoquer sur la dynamique et l'écologie des fleuves. Le cas d’école est le barrage d’Assouan (Egypte) qui a provoqué de nombreux débats au niveau international. Bien que les incidences de la construction des barrages aient des degrés de perturbation différents sur l'environnement (zones, types de climats), ces édifices sont la cause de dérèglements environnementaux importants. En règle générale, les barrages hydro-électriques altèrent la morphologie des cours d'eau, touchent la migration des poissons (blocage en aval et mortalité par les turbines), engendrent la retenue massive de sédiments ainsi que la modification des débits avec l'immersion de terres arables, de forêts. Parallèlement, la qualité de l'eau est altérée à cause du réchauffement local, de l'accumulation de matières, etc.

1) La rupture de la continuité d’un fleuve

La rupture d’un cours d’eau perturbe la faune (Fruget, 2003). Les poissons ne peuvent plus progresser ce qui engendre des problèmes de migrations. Il y a donc une diminution significative de la diversité piscicole voire des extinctions de certaines populations de poissons. Selon l’enquête de Groot et al. (1995), des populations de saumons ont disparu sur le fleuve Colombie aux Etats-Unis. Cependant, la productivité de certaines espèces augmente fortement dans le réservoir du barrage (Annexe 3). La construction d’un barrage pose aussi d’autres problèmes comme l’alimentation et la reproduction. Certains poissons comme les détritivores ont adoptés des stratégies de survie, à l’inverse des poissons consommant des produits terrestres comme les fruits tombés à l’eau lors des crues. Ces derniers ont tendance à disparaître. Le régime hydraulique modifié diminue donc leurs opportunités de se nourrir et entraîne une diminution de leur population. Toutefois,

des promoteurs comme Idaho Power Company (IPC), sont soucieux de la mise en place de passes à poissons pour limiter la perturbation de leur migration. Cependant, celles-ci ne sont pas toujours prévues sur l’ensemble des grands barrages. Selon le rapport de la CMB, aux Etats-Unis, seulement 9,5% des 1825 barrages hydro-électriques possèdent ces systèmes de passage. Cependant même si ces systèmes sont présents, il a été montré qu'ils sont peu efficaces. En effet, ces passes sont pour la plupart mal proportionnées et la migration reste fortement perturbée.

Les barrages sont à l’origine d’une fragmentation des hydro systèmes et d’une perte d’hétérogénéité et de diversité des habitats. Cette discontinuité peut provoquer des changements des niches écologiques. Des espèces invasives peuvent apparaître au détriment des espèces autochtones. Cela peut provoquer une modification importante de la

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biodiversité du fleuve. Une étude menée par l’écologiste Fruget (2003) sur montre que sur le Rhône en France depuis les 20 dernières années, 18 espèces d’invertébrés exotiques invasives sont recensées pour la première fois.

Un autre impact lié à la discontinuité est la perturbation les sédiments. La sédimentation peut être définie comme étant un processus qui s’accompagne de plusieurs étapes comme l’érosion, le transport solide, le piégeage des sédiments et enfin le comblement des retenues. Cet impact est répertorié à trois niveaux :

Au niveau du réservoir du barrage. En présence de sédiments, la capacité de celui-ci diminue et les organes de vidange peuvent être affectés. Selon une étude menée par W et B.Remini (1999), les pays du Maghreb central détiennent plus de 220 barrages d’une capacité de plus de 20 milliards de m3. Chaque année, un volume de 120 millions de m3 de vase se dépose dans les réservoirs. Cet envasement peut diminuer la longévité du système. Par exemple, le réservoir Khasm El Girba dans le fleuve Atbara au Soudan n'a pu fonctionner que pendant 25 ans, à cause d'une sédimentation très rapide des hauts plateaux Ethiopiens (Jobin, 1999). Pour lutter contre ces envasements et pour le bon fonctionnement de l'édifice, des méthodes curatives peuvent être conduites. Lors de leur enlèvement, ces sédiments peuvent être considérés comme matière première. Abdelaziz Semcha (2006), a apporté une réponse industrielle par la valorisation des sédiments du barrage de Fergoug en Algérie en matériaux de construction.

En amont du barrage, l'eau est arrêtée ce qui entraîne le dépôt et l'accumulation de sédiments. (Badura, 2006). Ainsi, les sédiments ne progressent plus naturellement vers les embouchures. La conséquence la plus importante est que cette retenue prive les terres de l’aval en limons fertilisants pour les terres arables lors des crues. Cependant, depuis la révolution verte les agriculteurs ne sont plus dépendants de ces apports en limons car ils utilisent des fertilisants de synthèse. En effet, ces pratiques culturales ont permis d’améliorer les rendements de manière conséquente. En culture de décrue en Egypte les rendements en blé étaient d’une tonne par hectare. Avec les intrants ces rendements sont passés à 10-15T/ha. (Thierry Ruf3, communication personnelle)

La réduction des sédiments en aval par la présence du barrage peut entraîner un autre problème au niveau des embouchures. En effet, les sédiments n’arrivent plus dans les deltas des fleuves et ne jouent plus leur rôle de protection contre l’érosion des vagues. De ce fait, la morphologie du delta est en changement continu à cause de ces phénomènes d'érosion et d'accumulation, menant à une perte de rivage. Le Barrage Akosombo du fleuve Volta au Ghana, a coupé l'arrivée des sédiments, entraînant une érosion de 10-15 mètres par an des zones littorales du Togo et du Benin (Schwartz, 2005).

3 Directeur de Recherche à l’IRD, Champ

disciplinaire et thématique centrale : Dynamiques des agricultures irriguées, gestion sociale de l’eau, mutations des territoires hydrauliques.

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2) La retenue d’eau

Un barrage induit la création d'une retenue d’eau jouant le rôle de grande réserve d’eau dormante. Selon une étude d’un doctorant en sciences de l’environnement, le barrage de Manantali sur le Bafing au Sénégal, permet d’assurer un débit minimum. En effet, la réserve qui se constitue en fin d’hivernage permettrait d’assurer de février à juin les besoins nécessaires pour l’agriculture irriguée (Ndiaye, 2003).

Cependant, la retenue engendre l’inondation permanente d’une grande surface de terres en amont. Cela a pour conséquence d’immerger les végétaux présents. Selon une étude menée par une équipe de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD, 1996), le barrage de Petit Saut en Guyane française, montre que les eaux ont noyé 310 km2 de forêt équatoriale, soit 18 millions d'arbres. Les Nations Unies décrivent les barrages hydro-électriques comme étant une énergie propre, efficace, rentable et nécessaire aux pays en voie de développement (Nations Unies, 2002). Par rapport aux systèmes utilisant des énergies fossiles, les barrages émettent moins de CO2. En moyenne, l’hydroélectricité émet 40 fois moins de gaz à effet de serre qu’une centrale thermique moderne à combustion de gaz naturel à même puissance. Si l’ensemble des grands barrages était remplacé par des centrales thermiques, il y aurait une émission de 2,1 milliards de tonnes de CO2 en plus par an.

Bien que l'hydroélectricité ne s'appuie pas sur la combustion d'énergie fossile qui dégage des GES, il est cependant nécessaire d’avoir une importante retenue d’eau pour la créer. Cette grande retenue est à l’origine de

l’augmentation des émissions de GES. La végétation se retrouve piégée sous les eaux, en milieu anaérobie elle se décompose. Les émissions à partir de ces réservoirs peuvent représenter entre 1% et 28% du potentiel de réchauffement de la planète. Cette variabilité s’explique par la localisation de l’édifice. Les réservoirs situés dans les régions tropicales (Brésil) sont les émetteurs majeurs de ces GES tandis que les réservoirs des zones boréales (Canada et Finlande) ont des émissions semblables à celles des lacs naturels (CMB, 2000) (Annexe 4).

Un autre argument est évoqué par divers acteurs (Banque Mondiale, 2006 ; Raisson, 2010) est l’apparition d’un microclimat. Le microclimat est le climat d'une région géographique très restreinte, il est significativement distinct du climat général de la zone où se situe cette région. (CNRTL, 2009)

Dans la vallée d'inondation en amont d'un barrage, l'évaporation est plus élevée que celle du fleuve lui-même. D’après la CMB, l'évaporation peut représenter jusqu’à 5% des entrées d’eau. Ceci est surtout vrai pour les régions tropicales, où l’évaporation est accentuée par de fortes températures. De plus les pertes d’eau par évaporation pourraient augmenter davantage à l’échelle globale à cause du réchauffement climatique (Raisson, 2010) L'évaporation peut faire augmenter l'humidité et engendrer la formation de brume sur le réservoir à basses températures. De plus, l'eau stockée peut avoir un rôle de tampon de température et peut niveler les écarts de la température de l'air, conduisant à un microclimat généralement plus doux, plus humide et tempéré. (Banque Mondiale, 2006). Cependant il existe des barrages

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qui n’ont pas crées de microclimat (Sanches et Fisch, 2005).

L'hypothèse d'un effet sécheresse par une grande retenue artificielle a été avancée pour le barrage des Trois Gorges en Chine. En été 2006, le secteur de Chongqing en amont du barrage et de son lac de retenue a subi une canicule record atteignant les 44,5°C (Poon, 2006). Les écologistes pensent que cette vague de chaleur est en lien avec le barrage des Trois Gorges. Cette idée est partagée par le géographe environnementaliste Wang Hongqi, pour qui la retenue d'eau est "comme un gigantesque écran qui empêche la vapeur d’eau du Yangtsé-kiang de circuler librement dans la région : " Si les flux de vapeur sont bloqués, la température à l'échelle du bassin augmente. » Cependant il y a peu d'études approfondies à ce sujet ce qui laisse de la place pour des opinions différentes. En effet, ces théories sont rejetées par Zhang Qiang, chef du bureau d’étude des effets climatiques de l’Administration météorologique chinoise. Selon lui, la vague de chaleur n'est pas en lien avec la présence du barrage lui-même mais plutôt en relation avec le réchauffement climatique de la planète.

Ces modifications abiotiques, ainsi que les eaux stagnantes sont à l’origine de développement de nombreuses espèces parasites qui sont nuisibles aux animaux, végétaux et aux humains (Population Information Program, 1998). La prévalence de maladies liées à l'eau augmente lorsqu'un barrage est construit. En effet l'eau stagnante qui s'accumule offre des conditions idéales à de nombreux parasites. Par exemple, le barrage d'Akosombo, sur le Lac de la haute Volta, au Ghana, est à l'origine d'importants accroissements de la schistosomiase. Ces maladies peuvent être enrayées par le lavage des aliments avec

de l’eau propre ainsi que l'évitement de contact direct avec l’eau de la retenue.

La contamination au mercure dans les réservoirs des grands barrages a été découverte dans les années 1990. Le mercure provient de différentes sources telles que dans la révélation d'or en Amazonie, des centrales thermiques chauffées au charbon et des transports. Il est accumulé sous sa forme organique (méthylmercure), particulièrement dans l'humus4 et la tourbe anoxique 5et monte dans la chaîne trophique 6à travers les algues, les insectes jusqu'aux poissons. Sa forme toxique peut se trouver dans les poissons carnivores à des doses nocives (effet de bioaccumulation) pour les humains vulnérables comme les enfants et les femmes enceintes. (IUCN, The World Bank Group, 1997). Une étude menée par une équipe du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS, 2007) sur le barrage de Petit Saut en Guyane (construit par EDF) a montré que son emplacement été un lieu riche en mercure.

4 Humus : Couche supérieure du sol créée et

entretenue par la décomposition de la matière organique, essentiellement par l'action combinée des animaux, des bactéries et des champignons du sol. La capacité d'échange naturelle d'un humus ainsi que sa décomposition lente délivrent aux racines des plantes de l'azote, du phosphore et tous les éléments nutritifs indispensables à la croissance des végétaux

5 Tourbe anoxique : Matière combustible en général

noirâtre formée à la suite de l'accumulation sur de

longues périodes de temps de matière organique

morte, essentiellement des végétaux, dans un milieu

saturé en eau et privé d’oxygène.

6 Chaîne trophique : suite d'organismes se

nourrissant les uns des autres, chacun se nourrit de

l'organisme qui le précède dans la chaîne.

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Aucune infrastructure existante ne

peut produire de l’électricité sans impacter son milieu. Bien que la mise en place de grands barrages hydro-électriques permette de développer une énergie « propre », de réguler les crues et limiter les assecs7, d’appuyer l’économie locale et d'améliorer le niveau de vie des populations, les grands barrages hydroélectriques ont été et resteront toujours contestés.

La notion de barrage est encore vouée à évoluer du fait des préoccupations grandissantes concernant les impacts sociaux et environnementaux au niveau mondial, induisant la recherche d’alternatives. Cependant, des intérêts politiques et économiques puissants continuent de dominer la prise de décision autour de ces projets hydroélectriques. La planification manque de transparence et les problèmes soulevés par l'opposition sont écartés, et mis sous une étiquette « d’anti-développement ». D'un côté, l'hydroélectricité est montrée comme une aide à la réduction de la pauvreté, améliorant les standards de vie par l'approvisionnement en électricité, en eau potable et en eau d'irrigation (Arezki, 2011; Nations Unies, 2000). D’un autre côté, les détracteurs critiquent la logique des investisseurs, qui vise à réduire le temps et diminuer les coûts, allant à l’encontre de l'identification et de la compensation des impacts.

Dans le processus de planification du barrage, les aspects humains sont considérés comme très importants, afin de convaincre les bailleurs de fonds de la bonne cause du projet. A l'inverse, ceux-ci paraissent beaucoup moins importants lorsqu'ils sont confrontés aux stratégies et intérêts nationaux. Lors de la mise en œuvre des

7 Assec : Etat d'une rivière ou d’un étang qui se

retrouve sans eau, ici le terme est synonyme de lit

asséché.

projets, les gouvernements et les constructeurs ont tendance à négliger ou sous-estimer les impacts sociaux. Les déplacements de population et les relogements prennent plus de temps que prévu, et ne sont pas toujours acceptés par les populations. Certaines populations dépendantes des ressources riveraines peuvent être privées de leur moyen de subsistance.

Le fonctionnement des prises de décision pendant la planification peut être comparé à une « boite noire », dont le fonctionnement interne est difficilement accessible. Cela pose la question du mode de gouvernance, qui induit pour certains la nécessité d'une démarche vers une popularisation du projet.

De nos jours, des solutions complémentaires aux grands barrages hydroélectriques sont envisageables. En effet ces 50 dernières années ont permis de prendre du recul. Dans certaines zones et sur certains aspects, les petits barrages hydroélectriques peuvent constituer une alternative pertinente aux grands barrages.

Ceux-ci permettent entre autres une électrification rurale. En effet, en Chine ces minis réseaux représentent environ 30% de l’énergie hydro-électrique du pays. Cela a contribué à l’amélioration de l’accès à l’électricité dans les zones rurales les plus éloignées. En permettant aux populations locales de s’auto-fournir, on assiste à une approche décentralisée par l’utilisation de réseaux locaux, et la création de chartes spécifiques. Ces projets favorisent en particulier la participation de maîtres d'ouvre locaux, l’autogestion, utilisation autonome et la popularisation. Le rapport des Nations Unies pour le développement (2006), présente ces petits barrages comme une technologie rentable s'approchant des concepts du développement durable.

CONCLUSION

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Page 21: Controverse sur les grands barrages hydro-électriques

2

Annexe 1 Fonctionnement d’une turbine hydro-électrique ................................................ 2

Annexe 2 : Sous-estimation des populations déplacées (Sardar Sarovar) ............................ 4

Annexe 3 : Impacts sur la diversité et l’activité de la pêche ................................................ 5

Annexe 4 : émissions de GES des retenues (artificielles et naturelles) ................................ 6

Annexe 5 : Carte des barrages cités

zefzef

TABLE DES ANNEXES

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2

Source : google image

Figure 1 : Schéma de fonctionnement d’une turbine hydro-électrique

source : Google images

Figure 2 : Turbine hydro-électrique

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ANNEXE 1 FONCTIONNEMENT D’UNE TURBINE

HYDRO-ELECTRIQUE

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3

source : zegreen web Figure 3 : Fonctionnement d’une centrale hydroélectrique ergerg

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4

Pour le projet Sardar Sarovar, le Tribunal de Règlement des Conflits autour de l’Eau de Narmada a donné le chiffres de 6.147 familles (ou 39.700 personnes) comme effectif des déplacés. La mission de la Banque Mondiale de 1987 a estimé le nombre total de familles à 12.000 (60.000 personnes). En 1991, les autorités du projet ont donné une estimation de 27.000 familles. Selon les trois gouvernements, l’estimation actuelle des familles déplacées atteint les 41.000 (205.000 personnes).Ce chiffre augmentera probablement, puisque 13 ans après le début de la construction effective de barrage, les enquêtes sur les réinstallations n’ont toujours pas été accomplies. L’estimation actuelle n’inclut pas, au moins, 157.000 personnes déplacées pour les canaux. Elle n’inclut pas non plus les personnes déplacées pour laisser de la place à la création d’un sanctuaire d’animaux sauvages et pour la réinstallation des personnes déplacées pour le barrage. Elle n’inclut pas également les 900 familles déplacées au début des années 1960, pour les infrastructures du chantier de construction du barrage. La nature et l’étendue de l’impact de barrage sur les moyens de subsistance en aval n’ont pas été évaluées. Des efforts considérables pour évaluer les villages et les personnes affectés ont commencé plusieurs années après le début des travaux du barrage, en réponse aux luttes intenses menées par les déplacés depuis 1985. En 1991, quand la construction a démarré sur le barrage de Pak Mun, 241 familles ont été comptées comme déplacées. Avant la fin de la construction, il était clair que 1.459 autres foyers devaient être réinstallés. L’étendue réelle de l’impact social est devenue seulement évidente lorsque l’impact du barrage sur les pêcheries a été admis en réponse à l’agitation prolongée des personnes affectées. Avant mars 2000, le gouvernement de Thaïlande avait payé une compensation provisoire, en attendant une solution finale à la perte des ressources halieutiques pendant les travaux de construction pour 6.204 foyers. ergerg

ANNEXE 2 : SOUS-ESTIMATION DES POPULATIONS

DEPLACEES (SARDAR SAROVAR, INDE)

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5

Figure 4 : chute de l’effectif des espèces mais hausse de la productivité de la pêche (Tucuri, Brésil) rtghrgth

ANNEXE 3 : IMPACTS SUR LA DIVERSITE ET

L’ACTIVITE DE LA PECHE

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6

Note : Les émissions moyennes mesurées de GES à partir de 15 réservoirs dans les régions boréales et tropicales montrent de grandes variations

dans les pays et entre les régions. Ces chiffres masquent les fortes variations saisonnières et annuelles.

Figure 5 : Emissions brutes des GES à partir des réservoirs Note : Les habitats naturels peuvent être des sources (valeurs positives) ou des puits (valeurs négatives) pour le carbone. Les émissions provenant des retenues d’eau au Canada et en Finlande (Figure 5) sont aux mêmes niveaux que les lacs naturels.

Figure 6 : Emission des GES par les habitats naturels.

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ANNEXE 4 : EMISSIONS DE GES DES RETENUES

(ARTIFICIELLES ET NATURELLES)

Page 27: Controverse sur les grands barrages hydro-électriques

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ANNEXE 5 : CARTE DES BARRAGES CITES