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Association sans but lucratif RESERVE COMMUNAUTAIRE DES GORILLES DE WALIKALE Téléphone : +243 85 31 117 59 ; 0999209704 E-mail : [email protected]; [email protected] Coordination Juin 2012 Bureau de coordination sis sur Avenue Masisi n°73, Q. Katindo Gauche, Commune de Goma, Ville de Goma, Nord Kivu, RDC. Bureau de liaison sis à Pinga/Nkassa, Localité Mitingi, Groupement Kisimba, Territoire de Walikale. Compte n° 394/GL, Mecreco Mabanga, Guichet du Lac, RAPPPORT DE L’ENQUETE SUR L’EXPLOITATION ARTISANALE DU BOIS EN TERRITOIRE DE WALIKALE De Décembre à Mai 2012

Coordination Juin 2012 - gorillarescuecenter.com · - Mettre en place un Observateur Indépendant des forêts (OIF). Outre ces stratégies, quelques recommandations ont également

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Association sans but lucratif

RESERVE COMMUNAUTAIRE DES GORILLES DE WALIKALE

Téléphone : +243 85 31 117 59 ; 0999209704

E-mail : [email protected]; [email protected]

Coordination

Juin 2012

Bureau de coordination sis sur Avenue Masisi n°73, Q. Katindo Gauche, Commune de Goma, Ville de Goma, Nord Kivu, RDC.

Bureau de liaison sis à Pinga/Nkassa, Localité Mitingi, Groupement Kisimba, Territoire de Walikale.

Compte n° 394/GL, Mecreco Mabanga, Guichet du Lac,

RAPPPORT DE L’ENQUETE SUR L’EXPLOITATION ARTISANALE

DU BOIS EN TERRITOIRE DE WALIKALE

De Décembre à Mai 2012

RESUME DU RAPPORT

Le présent rapport est le résultat de l’enquête réalisée sur

l’exploitation du bois en Territoire de Walikale, Province du

Nord Kivu. Cette enquête qui s’inscrit dans le cadre de l’appui

au renforcement du contrôle forestier a été motivée par les

irrégularités qui émaillent cette activité vis-vis des prévisions

légales. Pour la mise en œuvre de l’étude, deux missions ont

été réalisées par la RCGW et FODI en collaboration avec les

autres acteurs impliqués dans les dix sites de groupements de

walikale où se pratique les activités d’exploitation du bois dans

les deux axes du territoire. Il s’agit des sites Kalonge, Mpety,

Nkassa (en Groupement Kisimba) ; et des sites Katanga,

Kailenge, Tshonde-Rungoma (en Groupement Ihna) pour l’axe

nord du territoire. Et pour l’axe sud, les sites Mubi (Groupement

Utunda), Walikale-Centre (Groupement Bakusu), Itebero

(Groupement Bakono) et Njingala (Groupement Wassa).

Les deux missions de terrain avaient pour objectif principal de

recueillir les informations sur la manière dont s’effectue

l’exploitation artisanale du bois en rapport avec la légalité de

notre pays.

Les analyses de consultation effectuées ont permis de relever

l’existence d’une diversité d’acteurs impliqués dans

l’exploitation du bois sous le contrôle du service de

l’environnement conservation de la nature, eau et forêt.

L’analyse a ajouté que l’application de la loi forestière reste

limitée dans la perception des taxes prévues dans la

nomenclature de la province. Les exigences sur la consultation

et les cahiers de charges auxquelles seraient soumis les

exploitants ne constituent d’aucune priorité pour l’administration

forestière et les exploitants. Les communautés locales qui se

caractérisent par l’ignorance ou tout simplement la sous

information sur les prévisions légales semblent croire que cela

n’est pas leur apanage. L’apport de l’exploitation forestière sur

le développement du milieu n’est pas trop marqué, par contre

cette dernière ne fait qu’alimenter des conflits qui s’observent

entre les différentes parties prenantes sur le terrain.

En dépit de cette analyse, l’étude nous a été importante car elle

a permis de déboucher à l’impact comme repris ci-après :

a) Aux communautés locales : l’enquête a permis à cette

couche de population d’être informé sur certains droits qui

leur sont reconnus en matière de l’exploitation des

ressources naturelles des entités où elles habitent.

b) Aux organisations d’exécution du projet : l’enquête nous a

permis de réunir les informations nécessaires sur

l’exploitation artisanale du bois en territoire de walikale,

afin de proposer des stratégies pratiques pour

l’amélioration des conditions de vie socioéconomiques en

faveur des populations.

Enfin de relever les défis majeurs identifiés par l’enquête, des

stratégies décrites ci-après ont été proposées afin d’améliorer

tant soi peu la mise en œuvre effective des activités

d’exploitation du bois en Territoire de Walikale.

- Accompagner les communautés dans ’élaboration des

cahiers de charges ;

- Renforcer la vulgarisation de loi forestière et ses mesures

d’application ;

- La mise en place des forêts des communautés locales ;

- Mettre en place un Observateur Indépendant des forêts

(OIF).

Outre ces stratégies, quelques recommandations ont

également été adressées à l’endroit de différentes

personnalités afin de susciter leur responsabilité vis-à-vis des

prévisions légales en matière de la gestion forestière.

Chap. I. INTRODUCTION GENERALE

1.1. contexte et justification.

Le Territoire de Walikale est le grand massif forestier de la

Province du Nord Kivu en RDC où les communautés locales et

peuples autochtones peuvent jouir aisément des richesses

issues des ressources forestières de leurs espaces vitaux afin

d’assurer leur développement intégral. Ce qui est plus

déplorable est que l’exploitation des ressources forestières

dans ledit territoire se fait dans l’opacité et sans respect des

prescrits de la loi régissant la gestion du secteur forestier en

République Démocratique du Congo. Ce qui signifie que les

communautés locales, voire même certains agents de

l’administration forestière locale ne maitrisent pas tous les

paramètres de l’exploitation dans ce secteur.

Cela étant, la mise en place d’une banque des données

permettant de livrer les informations sur la manière dont se

déroule l’exploitation artisanale du bois en Territoire de

Walikale, est un élément capital qui nous a motivé à élaborer ce

projet, et cela, au vu de l’activisme intense observé dans le chef

des exploitants artisanaux du bois dans cette entité

administrative, entre autres les groupes armés, les particuliers

et d’autres acteurs œuvrant dans la clandestinité.

Cette enquête a permis de cerner certains problèmes en

rapport avec l’exploitation illégale du bois et proposer les

alternatives relatives à la traçabilité dans ce secteur. Le présent

rapport constitue une présentation globale des résultats en

rapport avec l’enquête sur l’exploitation artisanale du bois en

territoire de Walikale et les conclusions auxquelles le projet a

arrêté et qui seront publié dans le dépliant qui attend le dernier

transfert des fonds pour sa publication.

1.2. Objectifs

Objectif global

Ce projet veut aider à la mise en place d’une banque des

données sur l’exploitation artisanale de bois en rapport avec la

légalité des permis d’exploitation et les étendues déjà

accordées pour ces genres d’activités.

Objectifs spécifiques

- Réunir les informations qualitative et quantitative sur

l’exploitation du bois ;

- Identifier les sites où se fait l’exploitation avec acuité ;

- Identifier les titres d’exploitation et le processus

d’acquisition ;

- Evaluer la part des communautés locales dans le

processus d’exploitation,

- Identifier les acteurs impliqués directement et

indirectement dans l’exploitation artisanale du bois en

Territoire de walikale ;

- Produire un rapport de l’enquête ;

- Publier les résultats de l’enquête auprès des services

de tutelle et aussi auprès des acteurs impliqués

1.3. Méthodes de travail

Les méthodes et techniques utilisées, nous ont permis de

collecter des données disponibles pouvant nous permettre

d’acquérir la réalité sur l’exploitation artisanale du bois en

Territoire de Walikale, et cela en nous référant sur la législation

forestière en RDC. Il s’agit des recherches documentaires, de

l’interview semi-structurée à travers des questionnaires prévus

pour chaque catégorie d’enquêtés, le focus groupe dans

d’autres cas, conformément à la réalité de chaque site. De ce

fait, des descentes sur le terrain ont été organisées par les

enquêteurs dans les différents axes des groupements ciblés

par l’enquête au cours desquelles l’observation directe a permis

d’apprécier d’autres faits y relatifs.

1.4. Les résultats atteints,

- Trois catégories de titres d’exploitation identifiés délivrés

par les exploitants au niveau provincial et au niveau de

l’administration forestière locale (permis d’exploitation et

autorisation d’abattage et de sciage de bois et

carbonisation, sauf conduit);

- Une banque de données sur l’exploitation artisanale du

bois constituée ;

- Identification de 592ha des forêts et 15 espèces de bois

concernées par l’exploitation ;

- conflits multiformes identifiés entre agents de

l’administration forestière et les autorités politico-

administratives locales, lesquels conflits tirent origine sur

l’exploitation du bois;

- Dix sites d’exploitation artisanale du bois consultés dans

six groupements du Territoire de Walikale entre autres

Kisimba, Ihana, Bakusu, Bakano et Wassa et Utunda.

1.5. Les difficultés rencontrées

- Quelques exploitants artisanaux résistent à montrer les

documents leur permettant d’exploiter ;

- Certains enquêtés émettaient des réserves pour répondre

au protocole d’enquête leurs administrés ;

- Esprit d’attentisme très élevé observé dans le chef de

certains agents non seulement de l’Etat, mais également

d’autres partis prenantes n’a pas permis un déroulement

aisé de l’enquête dans certains sites.

- Dysfonctionnement des services étatiques sur le

terrain suite à des guerres à répétition;

- La situation sécuritaire observée actuellement en Province

du Nord Kivu n’a pas épargné le Territoire de Walikale.

Pour ce faire, une partie non négligeable dudit territoire est

actuellement prise en proie par des forces négatives avec

quelques exigences sur certains passants.

Chap. II. BREVE PRESENTATION DU PROJET ET DE

L’ONG RESPONSABLE

2.1. BREVE DESCRIPTION DU PROJET

2.1.1. Les bénéficiaires du projet

Les bénéficiaires de ces projets sont les services de

l’Administration publique en charge de l’environnement, les

organisations de la société civile et les communautés locales et

peuple autochtone. Ce projet a été conçu par les organisations

de la société civile environnementale, FODI et RCGW, actives

en Territoire de Walikale sur base du vide qui existait sur les

données de base autour de l’exploitation artisanale du bois.

2.1.2. Description des activités du projet

Les activités prévues dans le cadre de ce projet sont les

suivantes :

Recherche documentaire, réunion d’harmonisation sur les

outils de collecte des données, Descente sur le terrain, Réunion

de compilation des données, production des rapports pour

chaque phase selon l’esprit du contrat, conception et production

des dépliants. Ces activités vont s’étaler sur une durée de six

mois en dater du mois de décembre 2011 jusqu’en mai 2012, et

dont la première phase vient de se dérouler, de décembre à

février ; et la deuxième phase d’avril à juin 2012.

2.1.3. Durée et zone du projet :

Le projet est mis en œuvre pour une durée de six mois et

touche l’ensemble du Territoire de Walikale, spécifiquement

dans les groupements KISIMBA, IHANA, UTUNDA, BAKUSU,

BAKANO et WASSA. Ces groupements ont été ciblés suite à

l’activisme intense sur l’exploitation du bois qu’on observe dans

les forêts que regorgent ces entités de base. Une deuxième

raison est leur localisation conformément aux voies

d’évacuation des produits d’exploitation forestière vers les

grands centres de consommation.

2.1.4. Description des activités prévues et réalisées

Les activités pour cette première phase du projet se sont

réalisées comme suit :

Recherche documentaire :

Une recherche documentaire s’est effectuée afin de réunir les

informations utiles relatives à l’exploitation artisanale du bois en

Territoire de Walikale. Pour ce faire, des documents et des

personnes ressources ont été consultés en suivant des

méthodes précises définies à l’avance. Les questionnaires, le

focus-groupe, les interviews et entretiens ont été tenus avec les

enquêtés dans différents sites touchés par l’étude.

Harmonisation des outils de collecte des données :

Pour faciliter la collecte des données ayant trait à l’enquête sur

l’exploitation artisanale du bois en Territoire de Walikale, des

questionnaires contenant chacun une série de questions ont

été conçus pour cette fin. Pour ce faire, une réunion a été

organisée par les membres de deux organisations chargées de

la mise en œuvre dudit projet au cours de laquelle des

questionnaires d’enquête ont été validés. Les questions

formulées pour tous les questionnaires étaient centrés sur les

thèmes principaux relatifs à la gouvernance et transparence

dans le secteur forestier libellés de la manière suivante:

- De la prise des décisions relatives à l’exploitation forestière,

- De l’identification des exploitants,

- De l’attribution des titres de l’exploitation ;

- Des exigences de la consultation des communautés locales ;

- De l’évacuation des produits de l’exploitation ;

- Du processus de gestion durable des coupes des bois.

Les questionnaires ont été conçus selon, les différentes catégories des

enquêtés dont : les agents de l’administration forestière tant au niveau

local qu’à la coordination provinciale ; les exploitants artisanaux

forestiers et les communautés locales.

La descente sur le terrain pour la collecte des informations :

Deux missions ont été organisées dans les deux axes du territoire avec

quatre enquêteurs issus des organisations de la société civile

environnementale actives dans le territoire concerné par le projet.

La compilation des données et production du rapport

Cette activité consistait à centraliser les données collectées sur le terrain

dans les différents sites touchés et qui a débouché à la production du

rapport final du projet. Cette étape s’est réalisée en deux reprises selon

qu’il s’agissait des données récoltées.

La conception et production des dépliants.

Ces dépliants serviront pour la publication et partage des résultats de

l’enquête entre les différentes parties prenantes. A la phase actuelle, la

maquette déjà préparée et n’attend que la dernière tranche pour sa

production.

2.2. PRESENTATION DE LA STRUCTURE D’EXECUTION

2.2.1. Dénomination de l’organisation

La structure répondante de ce projet est dénommée Réserve

Communautaire des Gorilles de Walikale en sigle RCGW.

2.2.2. Brève historique

La RCGW est une association sans but lucratif qui a vu le jour le

16 décembre 2001, sous l’initiative des notabilités, terriens locaux avec

une poignée de pionniers naturalistes coiffés d’un absolu nécessité d’un

changement de l’homme à l’égard du milieu naturel. Ainsi, les chefs

terriens de Walikale s’étaient ressemblés en 2001 et avaient exprimé

leur souci de conserver la biodiversité de leurs forêts en protégeant plus

particulièrement les gorilles de ce territoire pour l’intérêt des générations

présentes et futures .

2.2.3. Objectifs de la RCGW : la RCGW poursuit les objectifs ci-après:

Objectif Général

Contribuer au maintien de l’équilibre écologique en Territoire de

Walikale et à la mise en place de la politique de conservation intégrée au

développement rural de manière à freiner l’utilisation abusive des

ressources naturelles en conservant des témoins à l’intérêt des

générations présentes et futures.

Objectifs spécifiques :

- Prospecter et identifier les sites naturels non exploités par l’ICCN,

- Assurer le monitoring des gorilles ainsi que d’autres resources

forestières c’est-à-dire, les ressources ligneuses et non ligneuses ;

- Sensibiliser la population environnante de la Réserve en matière

environnementale,

- Promouvoir le tourisme et les activités socio-économiques en

faveur de la population riveraine de la Réserve,

- Constituer une banque de données par la recherche scientifique.

La vision : La vision de la RCGW est de contribuer au développement

socio-économique de la Communauté locale à travers la gestion durable

des ressources environnementales au profit des générations présentes

et futures.

La mission : la mission de la RCGW est de préserver la biodiversité en

se focalisant sur le Grands Singes envoie d’extinction en Territoire de

Walikale, et ce à travers ses objectifs spécifiques.

2.2.4. Du rayon d’action

Le rayon d’action de la RCGW s’étend sur toute l’étendue du Territoire

de Wlikale en général, avec un rayon test dans les Groupements

Kisimba et Ihana et plus précisément dans les localités Banamitingi,

Banamuruhya, Banankoyo, Mukondoli, Butembo, Banantabana et

Nsunga.

2.2.5. Domaines d’intervention

Les domaines d’intervention de la RCGW sont :

Domaine de protection de la biodiversité ;

Domaine d’aménagement des routes et aérodromes ;

Domaine socio-sanitaire ;

Domaine éducatif

Domaine agro-pastoral ;

Domaine touristique et culturel.

2.2.6. Quelques Réalisations phares

- Sensibilisation sur la conservation et gestion rationnelle des ressources

naturelles pour le développement socio-économique des communautés

locales;

- Les monitorings des animaux (grands singes) et végétaux et des

activités d’exploitation des ressources dans les forêts naturelles des

communautés de 2003 à nos jours

- La cartographie participative d’utilisation des ressources forestières

par les communautés locales ;

-. La scolarisation des enfants vulnérables fils des terriens, rangers,

sensibilisateurs, ainsi que d’autres personnes influentes dans les

écoles riveraines de la Réserve de 2009 à nos jours;

- Organiser des réunions d’auto-évaluation et planification des

activités avec les communautés locales ;

- Participer aux réunions trimestrielles et annuelles de conseil de

concertation territorial en Territoire de Walikale ;

- Vulgariser le code forestier de la RDC à travers des émissions radio

diffusées en faveur des communautés locales de Pinga et ses

environs ;

- Réaliser la cartographie des droits pour la sécurisation des espaces

vitaux des communautés locales des localités Banamuruhya

(Groupement Kisimba) et Banarindirwa(Groupement Ihana) ; etc

Chap.III PRESENTATION MONOGRAPHIQUE DU TERRITOIRE DE

WALIKALE

3.1. Sur le plan géographique

Le territoire de Walikale est situé au Sud-ouest de la Province du Nord

Kivu en République Démocratique du Congo. Crée par l’ordonnance

n°21/429 du 17/12 /1953 ; il a une superficie de 23.475km2, soit plus de

1/3 de 59.849km2 qui est la superficie totale de la Province du Nord

Kivu. Il est limité par huit territoires, dont au Nord par les Territoires de

Lubero et de Bafuasende ; au sud par les Territoire de Bunyakiri et de

Kalehe ; à l’Est par les Territoires de Masisi et Rutshuru ; et à l’ouest par

les Territoires de Lubutu et Punia.

3.2. Sur le plan environnemental

Le Territoire de Walikale est le territoire qui regorge le grand massif

forestier de la Province du Nord Kivu. La flore est représentée par une

diversité spécifique. On rencontre dans les forêts de Walikale des

espèces floristiques à intérêt économiques très important. La forêt de

walikale constitue sur le plan mondial un véritable réservoir de carbone

se trouvant dans le Bassin du Congo.

Quant à la faune, on trouve dans la forêt de walikale une diversité

faunique des différentes classes entres autres : les mammifères, les

oiseaux, les reptiles, les batraciens et les poissons dans les eaux

douces. Parmi les animaux, on enregistre des espèces rares telles que

les gorilles, les chimpanzés, les paons congolais, éléphants, okapi, etc…

Pour ce qui est de l’hydrographie, la forêt de walikale est serpentée par

des grands cours d’eaux qui se trouvent dans le bassin du Congo, et

dont la plupart d’eux sont très poissonneux. On rencontre aussi dans ces

cours d’eaux d’importantes chutes capables de desservir le territoire en

énergie électrique.

Le sous-sol est riche en minerais, dont la plupart sont exploités de

manière artisanale dans les carrés miniers. Il s’agit de l’or, la cassitérite,

le coltan, etc…

Le sol contient des spécificités particulières capables de recevoir toutes

sortes de cultures ; le riz, mais, manioc, haricot, palmier à huile,

bananes…..

3.3. Sur le plan socio-économique et infrastructurel

L’économie du Territoire de Walikale est basée sur l’agriculture,

l’élevage du petit bétail; la chasse des animaux et le petit commerce. La

culture de palmier à huile contribue en grande partie sur l’économie du

territoire. L’enclavement dudit territoire est un défi majeur sur son

économie. Pour ce faire, les quelques kilomètres de routes qui relient

walikale avec les territoires voisins sont, malheureusement en mauvais

état. Toute fois, le tronçon routier asphalté Walikale-Osokari servent

des pistes d’atterrissage des aéronefs à certains endroits, notamment à

Kilambo, Kirundu. Il en est de même pour certains terrains de football qui

servent de fois à l’atterrissage des hélicoptères : stade de walikale

centre, pinga, Mubi, Mutongo, Ntoto, etc…Il existe des aérodromes dans

certains endroits, malheureusement non praticables. Le seul aérodrome

praticable est celui de Pinga utilisé actuellement par les Médecins Sans

Frontières/ Hollande et les autres organismes internationaux basés

actuellement à Pinga.

Les routes de dessertes agricoles sont presque inexistantes sur toute

l’étendue du territoire. Elles nécessitent des réouvertures et entretiens

par un cantonnage permanent. Pour les grands cours d’eaux qui

traversent le territoire : LOWA, LUKA, UTU, OSSO, on utilise les

radeaux et pirogues traditionnels.

Il existe dans l’ensemble du territoire des écoles primaires, secondaires

et des institutions supérieures universitaires qui contribuent à la

formation de la jeunesse ; et des infrastructures sanitaires se trouvant

dans des conditions incommodes. Les infrastructures sanitaires sont

sous la gestion des quatre zones de santé : Kibua, Walikale, Itebero et

de Pinga. La télécommunication reste encore un sérieux problème sur

l’ensemble du territoire, seules les cités de walikale et Mubi restent

couvertes par les réseaux de télécommunication CCT, VODACOM, AIR

TEL. A part la radio communautaire de Walikale, tout le territoire est

dépourvu des chaines de radio pour informer les populations sur les

actualités tant locales, nationales qu’internationales qui sont à la une.

3.4. Situation démographique

Le territoire de Walikale est peuplé en grande partie par des ethnies

autochtones du territoire. Il s’agit des Nyanga, Tembo, Hunde, Bakobo,

Kusu, Kumu, Kano et les pygmées. On enregistre aussi un grand

nombre de population issue des territoires et provinces voisins. Il s’agit

entre autres des Bashi du sud kivu, les nande de lubero, et les lokelés le

la province orientale. Par rapport à la démographie, nous nous sommes

intéressés à population des groupements qui ont été touchée par

l’enquête. Actuellement les six groupements touchés ont une population

estimée à 875.432 habitants selon les données du recensement des

populations de l’année 2009.

3.5. Sur le plan socio politique et sécuritaire

Le territoire de Walikale est subdivisé administrativement en deux

secteurs. Il s’agit du secteur des Wanianga et des Bakano.

Le secteur des Wanianga est subdivisé en 13 groupements dont

KISIMBA, IHANA, IKOBO, USALA, UTUNDA, LUBERIKE, BAKUSU,

BAFUNA, BANABANGI, WASSA, WALOA UROBA, WALOA YUNGU,

WALOA LOANDA. Tandis que le secteur des Bakano a deux

groupements BAKANO et BAKONJO. Dans l’ensemble, le territoire est

géré administrativement par un administrateur de territoire et des deux

chefs de secteur, qui travaillent en étroite collaboration avec des chefs

des postes d’encadrement administratifs.

Sur le plan sécuritaire, il convient de signaler, la présence des forces de

la MONUSCO et des FARDC dans les grandes agglomérations comme

walikale, pinga, Kibua, Kolonge, itebero, mubi, Mpety,etc … qui

contribuent tant soi peu à la sécurisation des personnes et de leurs

biens.

Toute fois, l’on signale dans certains villages la présence des forces

négatives mai-mai et fdlr qui continuent à semer la désolation aux

populations locales, et pourtant longtemps meurtries par des guerres en

répétition.

Chap.IV. DEROULEMENT ET OBSERVATIONS DE L’ENQUETE

1. Les missions organisées

Pour l’exécution du projet de l’enquête sur le terrain, deux missions ont

été organisées dans les cinq groupements ciblés par le projet en

Territoire de Walikale. La première mission s’est réalisée en février 2012

et était composée de quatre enquêteurs sélectionnés ; repartis en deux

équipes déployées dans les deux axes du territoire pour la mise en

œuvre dudit projet. Pour la première phase, la première équipe était

composée par Thaddée TWENDI MURUHYA et MOVICKY MARUO ;

respectivement assistant des programmes et secrétaire administratif de

la RCGW, pour l’axe nord du territoire. La deuxième équipe était

composée de Maurice NSASE SOKI et Célestin Lwamiango Lukisa,

respectivement coordinateur et chargé des programmes de la FODI,

pour l’axe sud du territoire. En ce qui concerne les axes touchés par

l’étude, il sied de dire que ces derniers sont répartis de la manière

suivante :

Axe nord composé des groupements : Kisimba et Ihana

L’axe sud composé des groupements : Bakusu, Wassa, Utunda et

Bakano.

Pour la deuxième phase du projet les enquêteurs ont été repartis dans

les deux axes comme décrit ci-après : Rousseau KISUBA MULIRO et

Thaddée TWENDI MURUHYA ; respectivement coordinateur et assistant

des programmes de la RCGW pour l’axe nord du territoire. La deuxième

équipe était composée par Maurice NSASE SOKI et Célestin Lwamiango

Lukisa, respectivement coordinateur et chargé des programmes de la

FODI, pour l’axe sud du territoire.

Tableau n°2. Présentation des enquêtés selon le groupement touchés

Phase Axe nord Axe sud

Enquêteur Groupements enquêteur Groupements

touchés

Première

phase

Twendi

Muruhya

Movicky

Maruo

Kisimba

Ihana

Maurice Nsase

Sioki

Célestin

Lwamiango

Bakusu, Wassa,

Utunda et

Bakano

Deuxième

phase

Rousseau

Kisuba

Twendi

Muruhya

Kisimba

Ihana

Maurice Nsase

Sioki

Célestin

Lwamiango

Bakusu et

Wassa

2. Les moyens utilisés

Pour les deux missions, différents moyens ont été mobilisés afin de

mener à bien le processus de la mise en œuvre de l’enquête. Il s’agit

des matériels et équipement suivants :

- Ordinateurs et leurs accessoires ;

- Appareil photographique ;

- Fourniture (papier, stylos, carnet de ter, etc…) ;

- Moyen de transport (Avion, véhicule, moto et pieds…) pour

atteindre les sites ciblés par l’étude.

3. Les sites touchés par l’enquête

Les deux missions organisées dans les deux axes ont touché six

groupements et six sites d’exploitation du bois à l’intérieur du Territoire

de Walikale.

Tableau n°3. Présentation des sites touchés par groupements

N° Sites touchés Localités Groupement Secteur

01

02

03

04

05

06

07

08

09

10

KALONGE

MPETY

NKASSA

KATANGA

KAILENGE

MITUKO-

RUNGOAMA

MUBI

NJINGALA

ITEBERO

WALIKALE

CENTRE

Nsuka

Banakindi

Banamitingi

Butembo

Butembo

Butembo

-

-

Banisamasi

Kailenge

Kisimba

Kisimba

Kisimba

Ihana

Ihana

Ihana

Utunda

Wassa

Bakano

bakusu

Wanianga

Wanianga

Wanianga

Wanianga

Wanianga

Wanianga

Wanianga

wanianga

Bakano

Wanianga

A coté de ces sites touchés à l’intérieur du territoire, d’autres données

ont été récoltées en ville de Goma, précisément au bureau de la

coordination provinciale de l’environnement, auprès du chef de bureau

chargé de la conservation de la nature eau et forêt ; ainsi qu’au niveau

du comité des transporteurs et vendeurs des produits et sous-produits

du bois provenant du Territoire de Walikale en ville de Goma.

Le choix porté sur ces sites touchés par l’enquête se justifie par le

simple fait que ce sont des lieux où les activités et les produits de

l’exploitation du bois de walikale s’observent directement ou

indirectement.

Sur le terrain, l’enquête a touché différentes catégories d’enquêtés telles

que prévus dans les protocoles de récolte des données. Il s’agit

notamment des :

a) Les agents de l’administration forestière : le chef de bureau de

la conservation de la nature, eau et forêt, à la coordination

provinciale de l’environnement du Nord Kivu, auprès des

superviseurs et agents forestiers de l’environnement au niveau de

la base ;

b) Les exploitants artisanaux forestiers dont parmi lesquels les

exploitants forestiers, les carbonisateurs, les grumiers, etc…

c) Les communautés locales : dont différentes couches ont été

contactées ; agriculteurs, enseignants, pasteurs, responsables

d’écoles, les animateurs de ONGD locales, les chefs coutumiers et

leaders locaux.

d) Les agents de l’administration publique : les chefs de poste

d’encadrement administratif et autres chefs de services techniques

actifs sur le terrain.

Tableau n°4: présentation des enquêtés selon leurs catégories socio-

professionnelles

N° Catégories professionnelle Axe

nord

Axe

sud

total %

01

02

Agents de l’administration

forestière

6

40

7

28

13

68

5,6

29,2

03

04

05

Exploitants artisanaux du

bois

Communautés locales

Transporteurs et dépositaires

Administration publique

80

2

8

53

5

4

133

7

12

57

3

5,2

TOTAL 136 97 233 100

Sources : Données de nos enquêtes sur le terrain.

Commentaires : Au total 233 enquêtés ont été touchés par l’enquête,

dont 136 dans l’axe nord et 97 enquêtés contactés dans l’axe sud.

4. Les constats observés

Durant les différentes missions de terrain, l’enquête a constaté les faits

suivants en rapport avec l’exploitation artisanale du bois comme

présentés dans ces paragraphes. Les constats ont été axés sur les

différents thèmes qui englobent l’enquête. Il s’agit entre autres de :

- Constats en rapport avec les titres d’exploitation ;

- Constats en rapport avec les superficies exploitées ;

- Constats en rapport avec les catégories d’exploitants ;

- Constats en rapport avec les exigences de la consultation ;

- Constats en rapport avec les qualités d’essences exploitées et les

engins utilisés ;

4.1. Constats en rapport avec les titres d’exploitation

Tel que prévu par la loi et ses mesures d’application, tout exploitant doit

être muni des titres qui autorise ses activités d’exploitation forestières

quelle soit sa nature. Ces titres se distinguent selon la qualité du

demandeur et l’activité à exercer. Pour le cas de notre enquête, nous

avons identifié les titres délivrés à différents niveaux du service de

tutelle.

Tableau n°5 : les titres identifiés autorisant l’exploitation du bois en

Territoire de Walikale

N° Titre délivré Délivreur Qualité

bénéficiaire

Objet du titre Durée

de

validité

01 Permis

d’exploitation

Gouverneur de

province en

collaboration

avec la

coordination de

l’environnement

Exploitant

forestier

propriétaire

d’une coupe

de bois

Exploitation et

commercialisation

du bois.

Un an

02 Autorisation

d’abattage et

de sciage

Superviseur de

l’environnement

et les agents

forestiers

locaux

Les

grumiers

Construction 3 à 6

mois

voire

une

année

03 Sauf conduit Superviseur de Les Construction 3 à 6

l’environnement

et agents

forestiers

locaux

grumiers mois

voire

une

année

04 Bordereau

d’expédition

Superviseur de

l’environnement

Transporteur Le transport des

produits de

l’exploitation vers

un centre de

consommation

externe du lieu

d’exploitation

6 mois à

1 an

05 Permis de

circulation

Superviseur de

l’environnement

Transporteur Transport des

produits

d’exploitation

6 mois à

1 an

Sources : données de nos enquêtes sur le terrain.

Sur le terrain, l’enquête a identifié quelques irrégularités en matière de la

livraison de ces titres par rapport aux prévisions légales. Il s’observe des

autorisations d’exploitation délivrées par les agents forestiers locaux

chez certains clandestins sans aucun objet légal.

Quelques documents considérés

comme titres d’exploitation délivrés par l’administration forestière locale

Documents tenant lieu de titre, détenus par Mathias Vinghoth pour la

concession Ikore, en Groupement Ihana

4.2. Constats sur les catégories d’exploitants identifiés et les

superficies exploitées

L’enquête a constaté différentes catégories des personnes impliquées

directement dans d’exploitation du bois dans les deux axes du territoire

de Walikale.

Tableau n°6 : présentation des exploitants selon leurs catégories

N° Catégorie d’exploitants effectif Description

Axe

nord

Axe

sud

01 Exploitants forestiers

(reconnus à la coordination

provinciale et le service de

l’environnement à la base)

07 00 Ce sont des

propriétaires des

concessions forestières

prévues pour

l’exploitation.

02 Les grumiers 40 38 Ce sont des exploitants sans

coupe de bois

03 Les autorités coutumières 03 4 Ces sont les chefs de

groupement et de localité

impliqués dans l’exploitation.

04 Les agents de l’administration

forestière et publique

2 0 Ici on a cité médecins et autres

agents de la fonction publique

05 Animateurs des ONG locales 2 1 Ce sont les animateurs des

ONG locales et internationales

actifs sur le terrain.

06 Autres 1 Ce sont les militaires et autres

groupes armés

Total 54 44

Sources : Les données de nos enquêtes sur le terrain

4.3. Constats observés sur la superficie exploitée

Selon les informations recueillies sur base de l’enquête la superficie exploitée et reconnue

par l’administration forestière locale et provinciale était estimée à 529 ha identifiés

uniquement dans la partie.

Tableau n°7 : superficie identifiée selon les axes

Axe Concession/coupe Superficie Titulaire Groupement

Nord Kifuma 100ha Muhindo Bulenda Kisimba

Bukumbirwa 100ha Kasay Kulu Kisimba

Ihula 90ha Nkuba Kihubi Kisimba

Kazumba 68ha Nyataba

Bagiribwira

Kisimba

Ikore 171ha Mathia Vinghoth Ihana

Axe sud RAS RAS RAS RAS

NB : La partie sud ne connait pas des coupes de bois, l’exploitation des bois se fait par

coupe sélective.

Ces concessions forestières font objet de conflits entre les titulaires, les communautés

locales et les terriens suite à la violation des droits des uns et des autres. Le cas le plus

problématique est celui de la concession d’IKORE à Katanga, en groupement Ihana, qui

actuellement constitue une bombe à retardement, entre la population supposée bénéficiaire

et Mathias Vinghoth, le détenteur des documents tenant lieu de titre.

4.4. Constats en rapport avec les exigences de la consultation des

communautés locales

Un des objectifs de l’enquête consistait à disposer des informations sur le niveau de

consultation des communautés locales avant tout processus d’exploitation. L’enquête a

révélé que la consultation dans la partie nord s’évalue à 15,5% soit 36 sur les 136 enquêtés

qui l’ont avoué.

Selon les résultats de l’enquête, cette consultation se justifierait par la négociation entre

l’exploitant et les terriens, ou le propriétaire du champ abritant l’arbre faisant l’objet de

l’exploitation. Pour les grumiers, elle s’explique encore par le versement des droits

coutumiers auprès du chef terrien du lopin de terre où se trouvent les essences à exploiter.

4.5. Constats observés sur la qualité et les outils utilisés par les exploitants

Les différentes missions ont noté l’existence des divers outils qui servent pour l’exploitation

du bois en territoire de Walikale. De ce fait, nous avons inventorié les outils comme les

tronçonneuses, les scies à longs, les haches, les bêches, etc.

Par rapport à la qualité des essences exploitées, l’enquête a identifié les espèces ci-après :

Tableau n°8 : les qualités de bois exploités et leurs usages

N° Nom scientifique Nom vernaculaire usage

01 Entandrophragma candollei Libuyu Planche (bois d’œuvre)

0 Entandrophragma cylindricum Muhazi Planche (bois d’œuvre)

03 Marchamia lutea musave Charpente et meuble

04 Cordia abyssinica Mungomangoma(Nsingati) Meuble et construction

05 Sterculia tragacatha Iyungu Construction ponts

06 Celtis mildibraedii Muro carbonisation

07 Altonia congensis Muntongo construction

08 Albizia spp Musebere Carbonisation

09 Ocotea usambaraensis Licheche Planche (bois d’œuvre)

10 Parkia filicoidea Munchenche Carbonisation

11 Canarium schweinfurthii Musuku Meuble

12 Amphumas spp Kibambe Construction

13 Tabernaemontana spp Nkusare Construction

14 Treculia africana Busesa construction

15 Indéterninée spp Kirehe Construction, carbonisation

Sources : données de nos enquêtes sur le terrain et recherches documentaires.

Le Musave et le Libuyu sont les essences les plus exploitées dans l’axe nord du territoire

puis sont exportées en grande quantité à Goma où la vente est organisée. Une autre

quantité traverse la frontière jusqu’au Rwanda et de là, elles sont exportées vers l’Afrique du

sud voire même l’Europe. Le Musave est le Libuyu blanc à l’extérieur de l’Afrique

centrale.(information livrée par le président du comité de vendeurs et dépositaires des

planches provenant de walikale ).

4.6. Constats par rapport aux relations entre exploitants, population et

administration forestière.

a. Relation entre exploitants et population locale

Lors de différentes missions sur le terrain, l’enquête a prouvé qu’il existe des conflits ouverts

ou latents entre les acteurs impliqués directement ou indirectement dans l’exploitation du

bois. La plupart de ces conflits sont d’origine économique. Chacune des parties prenantes

voudrait retrouver son intérêt à travers les revenus de l’exploitation du bois. Outre cela,

d’autres conflits ont comme origine l’expropriation des zones d’exploitation forestière. Le cas

de la concession de Monsieur Mathias Vinghoth avec les communautés Banabuhini de

Katanga, en groupement Ihana reste le cas le plus pratique. Cette communauté se plaigne

de voir leur espace équivalent à 171 ha appartenir à Mathias Vinghoth sans leur

consentement ; et pourtant ; elles l’ont exploité il y a de décennies. La communauté s’indigne

aussi par le silence observé dans les es autorités de l’administration forestière tant au niveau

du territoire qu’au niveau local. L’administration forestière locale est citée parmi ceux –là qui

seraient au service de Mathias Vingonth. Le chef de groupement de l’entité interrogé à ce

sujet, il reconnait ce problème et promet y apporter une solution le moment venu, pourtant il

aurait déjà légalisé, après une légère motivation, les documents détenus par le Mathias.

Dans la plupart des sites inspectés, les communautés n’entretiennent pas de bonne relation

avec les exploitants. Plusieurs populations soit disant ayants-droits des superficies

concernées par l’exploitation, accusent qu’elles se retrouvent dans une situation de

spoliation de leurs espaces vitaux par les soit disant exploitants.

Les exploitants forestiers du bois qui négocient et obtiennent du service de l’environnement

tous les documents officiels autorisant leur exploitation semblent ne pas reconnaitre que les

communautés locales ont également les droits d’être contacté avant toute exploitation.

Ainsi, pour certains cas où les terriens auraient été consultés préalablement pour achat de

leurs arbres, leur niveau de vie reste paradoxal avec la valeur et la qualité des sous produits

tirés de l’arbre qu’il a vendu pour l’exploitation. Le plus grand profit semble donc appartenir à

l’exploitant.

b. Relation entre exploitants et autorités publiques et coutumières

Un conflit ouvert s’observe entre à ce niveau. Ces derniers s’accusent mutuellement pour

violation des droits des uns et des autres. Les autorités administratives et coutumières se

reconnaissent les droits de percevoir certaines taxes auprès des exploitants forestiers, chose

qui ne se fait jamais. Les exploitants à leur niveau reconnaissent les agents de

l’administration forestière comme les seules autorités qui ont le droit de regard à leurs

activités.

4.7. Contribution de l’exploitation au développement local

Les différentes missions de terrain ont révélé que l’exploitation artisanale du bois fournie

des sous-produits tels que les planches, les chevrons, les braises,…. Ce sont ces sous-

produits qui sont utilisés par les communautés pour usage locale ; dans la construction des

maisons, fabrication des meubles, construction des ponts, préparation des aliments,….

Toute fois, un grand défi reste à relever car nombreuses infrastructures dans les différents

sites sont encore dans des situations non commodes. Il en est de même pour les villages où

se pratique l’exploitation. Les écoles, marchés, bureaux administratifs sont en pisé et en état

de délabrement très avancé.

La réalisation des infrastructures socio-économiques serait la voie la mieux indiquée pour

répondre aux besoins des communautés locales dans ces différents sites. Avec l’esprit

d’attentisme qui domine les membres des communautés locales des sites touchés,

considère que ces tâches incomberaient seulement aux ONG ou au gouvernement.

Vues des infrastructures scolaires dans les villages de Pinga, groupement Kisimba

Vue du bureau du CPEA Pinga, Pont de la rivière Osso/Pinga, Route Goma-Kalembe-Pinga.

4.8. Constats sur les collines affectées par l’exploitation

L’enquête a identifié nombreuses collines affectées par l’exploitation dans les différents sites.

Tableau n°9 : les collines affectées par l’exploitation du bois dans les différents sites

touchés.

axe Sites

touchés

Colline affectées Groupement Essences les

plus exploitées

Types

d’exploitants

Nord Kalonge Matenge, Muhanga,

Mabeshe, Muka,

Mpaka

Kisimba Bois blancs

(Markhamia

lutea)

Exploitants

forestiers recon

nus; et grumiers

Mpety Bironga,Mpombi,

Kiriba, kishongya

Kisimba Bois blancs

(Markhamia

lutea)

Bois rouges

Grumiers

Nkassa Mbeberi, Itayo,

Mulema, Ibimbo,

Mishikiri, Kakungo

minkene

Kisimba Bois rouge

Bois blancs

Autres espèces

Grumiers

Katanga Chumbu, Mirao,

Mirasano, Kimona,

karima, Ikore

Ihana Bois rouge

Bois blancs et

Autres espèces

Grumiers

Kailenge Misandu, Bukabuka Ihana

Bois rouge

Bois blancs

Autres espèces

Grumiers

Tshonde-

Rungoma

Inju, Ntakwere, Tukoka Ihana Bois rouge, Bois

blancs et autres.

Grumiers

Axe RAS RAS Utunda,

Wassa,

Bakusu,

Bakano

Bois rouge, Bois

blancs et autres

Grumiers

Sources : données de nos enquêtes sur le terrain

Commentaires : La coupe de bois dans la partie sud est sélective et donc sans visibilité très

inquiétante. Seuls certains vides de dégradations aux pieds de l’arbre abattu sont

observables.

L’exploitation multiforme du bois dans les différents sites touchés par l’enquête

Des stocks de planches attendent d’être évacués dans le centre de consommation à Goma

Des stocks de planches attendent d’être évacués dans le centre de consommation à Goma

Chap. V. IMPACT DU PROJET DE L’ENQUETE ET LES STRATEGIES D’AMELIORATION

1. Impact :

L’impact du projet de l’enquête a été évalué en différents niveaux, entre autres au niveau

des communautés locales et à la structure d’exécution.

c) Au niveau des communautés locales : l’enquête a permis à cette couche de la

population d’être informé sur certains droits qui leur sont reconnus en matière de

l’exploitation des ressources naturelles des entités où elles habitent.

d) Au niveau de la structure d’exécution du projet : l’enquête nous a permis de

réunir les informations nécessaires sur l’exploitation artisanale du bois en territoire de

walikale, afin de proposer des stratégies pratiques pour l’amélioration des conditions

de vie socioéconomiques en faveur des populations forestières.

2. Les stratégies d’amélioration

Pour espérer améliorer et lutter contre les conflits multiformes constatés par l’enquête et

pousser vers des obligations sociales à l’endroit des communautés locales, les stratégies

suivantes restent une des voies d’amélioration.

2.1. Accompagner les communautés dans l’élaboration des cahiers de

charges :

Le code forestier dans ses articles 88, 89, 112,… règlent la question des cahiers des

charges et disposent que les clauses du cahier de charge se rapporte à la réalisation

d’infrastructure socio-économique au profit des communautés locales ; entre autres :

- Construction et aménagement des routes ;

- Réfaction des équipements, des installations hospitalières et scolaires ;

- Facilitation en matière de transport des personnes et des biens.

Un arrêté ministériel prévoit un modèle d’établissement du cahier de charge. L’exploitation

forestière ; et particulièrement du bois en territoire de walikale sera profitable aux

communautés locales si les exploitants artisanaux sont soumis à cette obligation

réglementaire de ce cahier de charge.

2.2. Renforcer la vulgarisation de loi forestière et ses mesures d’application

L’ignorance et la sous information des lois forestières par les parties prenantes impliquées à

l’exploitation du bois restent le défi majeur à relevé dans les grands nombres de sites

consultés. La vulgarisation de ces lois entre autres la loi n°011/2002 (portant code forestier),

l’arrêté n°035 (portant exploitation des ressources forestières) constitue une solution durable

pour non seulement prévenir les conflits, mais également remettre chacun dans ses droits.

2.3. Mettre en place un Observatoire Indépendant des forêts (OIF) :

Cet observatoire forestier s’occupera du monitoring permanent de l’exploitation du bois et

des dispositions légales et réglementaires en faveur des sites concernés par l’exploitation.

L’OIF mettra en place des mesures de surveillance de l’exploitation tout en veillant de ce fait

sur la lutte contre l’exploitation abusive des ressources forestières.

2.4. La mise en place des forêts des communautés locales

Cette approche donne plus de responsabilité aux communautés locales sur la gestion des

ressources de leurs espaces vitaux.

3. Recommandations

Au vue de tout ce qui précède, il nous revient le temps de formuler quelques

recommandations à différentes personnalités afin de susciter leur responsabilité vis-à-vis des

prévisions légales en matière de la gestion forestière.

3.1. Au gouvernement de la RDC

Adopter et promulguer le projet de décret sur les forêts de communautés locales ; pour

permettre aux communautés locales de jouir favorablement des ressources de leurs espaces

vitaux ;

3.2. Au Ministère de l’environnement, conservation de la nature, eaux et

forêts

- Poursuivre la production des mesures d’application du code forestier et les vulgariser

en faveur des communautés locales.

- Respecter et faire connaitre le droit au consentement libre, informé et préalable ;

3.3. Aux autorités provinciales

- Mettre en place une loi relative à la gestion forestière qui reconnait les droits et les

devoirs des uns et des autres ;

- Mettre en disponibilité publique la liste des exploitants artisanaux agréés par

l’administration forestière.

CONCLUSION GENERALE.

Dans le cadre de la gouvernance et transparence forestière en Province du Nord Kivu ; un

projet conjoint d’enquête a été conçu et exécuté par la RCGW et FODI afin de recueillir les

informations relative à la thématique dans le domaine de l’exploitation artisanale du bois en

Territoire de Walikale.

Pour y parvenir, dix sites dans six groupements de walikale ont été consultés où on observe

des activités d’exploitation artisanale du bois.

Les constats et analyses du présent rapport ont montré que les violons ne se raccordent pas

entre les différentes parties prenantes impliquées directement ou indirectement dans

l’exploitation artisanale du bois en Territoire de Walikale.

L’application des prévisions légales reste utopique dans la conduite des activités

d’exploitation du bois, cette application reste pratique uniquement dans le sens de percevoir

les frais et les taxes prévues par l’administration forestière. La notion des cahiers de charges

qui reconnait certains droits en faveur des communautés locales semble être méconnue par

tous les acteurs impliqués dans l’activité. Les observations sur le terrain ont prouvé par la

suite que les frais perçus de l’exploitation artisanale du bois par l’administration forestière

tant au niveau local, territorial que provincial sont gérés de manière à ce que les

communautés locales ne peuvent aucunement accéder à une information en rapport avec

les retombées issues de l’exploitation des ressources dans leurs espaces vitaux.

Outre cela, les procédures selon lesquelles les titres d’exploitation sont accordées

n’impliquent pas très souvent les communautés locales, ce qui entrainent des conflits

multiformes tels que décrits dans le présent rapport.

L’absence des cadres de concertation entre l’administration forestière, les exploitants, les

communautés locales et les autres acteurs impliqués serait à la base de tout le malentendu

que l’enquête a révélé.

L’insécurité grandissante qui prévaut dans cette entité limite les droits de regard et contrôle

de l’administration forestière sur tous les acteurs impliqués à l’exploitation du bois en

Territoire de Walikale.

Pour le reste, les stratégies plus détaillées proposées par les organisations d’exécution dans

le cadre du présent rapport, si elles sont prises en compte, peuvent apporter une contribution

tant soi peu à l’amélioration du cadre global de l’exploitation du secteur forestier en Territoire

de Walikale.

Ainsi, nous tenons à remercier plus particulièrement le RRN et ses partenaires car c’est

grâce à leur appui financier que nous sommes parvenus à la réalisation de ce projet

d’enquête. Nos sincères remerciements s’adressent aussi au Réseau CREF, pour son

accompagnement technique en tant que point focal du RRN en Province du Nord Kivu.

Enfin, nous ne manquerons pas à remercier toutes les parties prenantes contactées sur le

terrain pour leur bonne volonté sans laquelle il serait pour nous difficile de réaliser cette

enquête.

Fait à Goma le 11 juin 2012

Pour la RCGW

Rousseau KISUBA MULIRO

Coordinateur

Annexe

LISTE DE QUELQUES PERSONNES IMPLIQUEES DANS L’EXPLOITATION

ARTISANALE DU BOIS IDENTIFIEES DANS L’AXE NORD DU TERRITOIRE

N° NOMS ET POST NOMS SITES STATUT/ QUALITE PRODUIT

01 NYANTABA BAGIRIGWIRA KALONGE Exploitant Bois d’œuvre

02 CBCA/KALONGE Grumier Bois d’œuvre

03 MUKUNDA Grumier Bois d’œuvre

04 MUSHENDIMU TUSSI SND Bois d’œuvre

05 KISHIKO YALALA Exploitant Bois d’œuvre

06 KASSAY KULU Exploitant Bois d’œuvre

07 BULENDA Exploitant Bois d’œuvre

08 NKUBA KIHUBI Exploitant Bois d’œuvre

09 SHIMISHI SND Bois d’œuvre

10 MBAFU MUTAKA SND Bois d’œuvre

11 MUSOKA RUKENSA SND Bois d’œuvre

12 MATUMO MBUSU SND Bois d’œuvre

13 DJUMA PILIPILI SND Bois d’œuvre

14 KINYONDO SND Bois d’œuvre

15 MUHINDO BAHINDULWA SND Bois d’œuvre

16 YALALA GUSTAVE SND Bois d’œuvre

17 MUTIA SHEROBE SND Bois d’œuvre

18 MADEMBA KABAKI SND Bois d’œuvre

19 MULIRO KAMUTAKI SND Bois d’œuvre

20 MUSOKA RUKEUSA SND Bois d’œuvre

21 BATSURWA SND Bois d’œuvre

22 MATATA NGULU SND Bois d’œuvre

23 KAHEHERO MPETY SND Bois d’œuvre

24 LUENDO MWAMBAMBA SND Bois d’œuvre

25 THOMAS KINKONE SND Bois d’œuvre

26 KUBUYA NKASSA Grumier Bois d’œuvre

27 MUMBERE Grumier Bois d’œuvre

28 MAMAN LOLA Grumier Bois d’œuvre

29 MACHOCHO Grumier Bois d’œuvre

30 WEMA AMEMA Grumier Bois d’œuvre

31 BWEGE Grumier Bois d’œuvre

32 DEMBUNSU Grumier Bois d’œuvre

33 HILAIRE Grumier Bois d’œuvre

34 CHANDI MANGALA Grumier Bois d’œuvre

35 BANTEA KINDI Grumier Bois d’œuvre

36 BUNDA HUBERT Grumier Bois d’œuvre

37 GIVE Grumier Bois d’œuvre

38 NYAGOMBE KATANGA Grumier Bois d’œuvre

39 MATHIAS VINHOTH Grumier Bois d’œuvre

40 NGEE KAWISHO Grumier Bois d’œuvre

41 KABASHA BENOIT Grumier Bois d’œuvre

42 JCQUES MIRASANO Grumier Bois d’œuvre

43 PATEUR THEOPHILE Grumier Bois d’œuvre

44 MARCEL MITUKO Grumier Bois d’œuvre

45 JP NYAROBA Grumier Bois d’œuvre

NB : Cette liste n’est pas exhaustive, d’autres exploitants sont actifs et leurs noms ne

figurent pas sur cette liste. Nombreux de ces artisans ont un statut non déterminé (SND).