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Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 1
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic : the artist is present
(profs)
Séquence sur le rapport entre le corps et l’art.
Déroulement :
Séance 1 :
1) Projection de Marina Abramovic : the artist is present (106 minutes)
2) vocabulaire, étymologie, définition (50 minutes) Préraphaélites Cubisme Futurisme Surréalisme anatomie, harmonie, Homme de Vitruve Anthropomorphique Décorporéisation Dystopique Intégrité
Désexué diptyque proportion, canons de la beauté, histoire du corps, modèle, image de soi, perfection, performance, Spectacularisation Epuré
Se disloquer Réification Scientisme Hybride Agrégat Narcissisme Manichéisme Nihilisme dystopie, body art, futurisme
Réactions
Contextualisation
Marina Abramović, appelée « grand-mère de l’Art performance », utilise comme
objet de son art son propre corps. L’idée de sa création est l’exploration des
frontières de son corps. Ce corps naturel, réel, immédiat, non symbolisé, apparaît
dans toutes ses œuvres.
Par exemple, dans Freeing the Body, elle danse nue, la tête couverte d’un foulard
pendant huit heures jusqu’à tomber d’épuisement.
= pour tirer des réflexions en lien avec le thème à partir de la projection de Marina
Abramovic : the artist is present.
Lecture cursive : Roald DAHL « Peau » + Quand j’étais une œuvre d’art E E Schmitt
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 2
Séance 2) Présentation du film Marina Abramović: The Artist is Present et
analyses par groupes
Le réalisateur :
A l’origine du film :
Marina Abramović: The Artist is Present de Matthew Akers (2012)
Depuis le début de sa carrière à Belgrade dans les années 70, Marina Abramović
est une pionnière en matière de performance artistique. Connue pour ses mises en
scène convoquant fréquemment la nudité et la privation comme modes d’expression
corporelle dans lesquelles le corps est à la fois son sujet et son instrument, elle
est l’une des rares artistes de sa génération à être encore active dans ce domaine.
La rétrospective “Marina Abramović: The Artist is Present“, qui s’est tenue de
mars à mai 2010, occupait plusieurs étages du MoMA, la plupart dédiés aux
premiers chapitres de la carrière de l’artiste. Mais l’événement de cette
rétrospective était la nouvelle performance de l’artiste : deux chaises face à face,
l’une accueillant l’artiste, l’autre le public se relayant, pour un échange, les yeux
dans les yeux, en silence. Durant trois mois - chaque jour d’ouverture - l’artiste
est restée quotidiennement assise sept heures et demi sans manger, boire, ou se
lever, un exploit d’endurance mentale et physique ; un défi, même, pour une
habituée de ce type de performances. L’expérience se révèle un surprenant
facteur de rassemblement social, brassant des personnes de tous âges, de toutes
origines, de toutes catégories. Conséquence du « dialogue direct des énergies »
entre Marina Abramović et le public, l’émotion devient palpable : certains fondent
en larmes, d’autres s’illuminent de sourires transcendants. En tout, près de 750
000 personnes ont assisté à la performance.
Résumé :
The Artist is Present documente sa rétrospective au Museum of Modern Art à
New York en 2010.
Figure historique de la performance, Abramović est connue pour sa réflexion
autour de la transmission de celle-ci.
Au-delà des seuls documents (film ou vidéo, photo, texte, traces diverses...) qui ne
peuvent permettre d’accéder réellement à l’œuvre, l’artiste n’hésite pas à faire
rejouer ses performances et celles d’autres artistes (2).
Trois mois durant, aux côtés de photographies et films présentant d’anciennes
œuvres, elle va faire rejouer par de jeunes performers quelques pièces maîtresses
de sa carrière : ces œuvres données une fois, parfois plusieurs, mais de courte
durée (au maximum quelques heures) et touchant donc une audience assez limitée,
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 3
vont alors pouvoir être vues quotidiennement dans des salles d’exposition.
D’événement ponctuel, la performance se fait œuvre vivante à exposer (3).
Mais surtout, Matthew Akers s’attache à décrire la mise en place de l’œuvre
maîtresse de la rétrospective : The Artist is Present montrant Marina Abramović
assise au centre d’une salle et accueillant en silence les visiteurs sur une chaise
face à elle, trois mois durant, tous les jours aux heures d’ouverture de l’exposition.
L’œuvre fit le succès de l’exposition (près de 800 000 visiteurs) et fut beaucoup
relayée par les médias. Le film prend le temps de réinscrire The Artist is Present
dans la carrière de l’artiste.
De 1981 à 1987, Abramović et Ulay donnèrent à plusieurs reprises Nightsea
Crossing, où le couple était assis face à face de part et d’autre d’une table, en
silence de longues heures durant. Si le dispositif, minimal, pouvait laisser dubitatif,
Ulay évoque dans son témoignage la difficulté physique d’une telle pratique, la
douleur d'une trop longue immobilité qui le poussa à interrompre la performance,
ce qui précipita sa séparation d’avec Marina.
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 4
Avec sa performance, Abramović disait vouloir « créer une immobilité au milieu de
l’enfer », soit au cœur d’une ville où tout est mouvement et flux perpétuel, créer
un dispositif à même de ralentir le temps et les hommes. The Artist is Present est
un temps d’arrêt, une bulle au sein de l’espace clos du musée. Le documentaire ne
cherche pas à rendre l’expérience de l’œuvre - la coprésence avec l’artiste n’est
pas transmissible
Et ses effets sont aussi phénoménaux que dévastateurs, l’œuvre d'Abramović
devenant le miroir déformant de la société à l’heure de l’ultra-communication. D’un
engouement raisonnable de la part du monde de l’art et des médias, l’exposition
fait vite boule de neige et devient victime de son succès : tout le monde voulant
son quart d’heure d’Abramović bien à lui, ce qui forcera le musée à devoir repenser
son fonctionnement. Il est ainsi terrible de voir les gens se bousculer pour arriver
le premier, faire la queue des heures durant, camper devant le musée, prendre
leur ticket pour faire la queue, piquer des crises d'hystérie s'ils n'ont pu la voir,
photographier l’artiste non plus comme une bête de foire - comme elle pouvait être
considérée avant - mais comme le dernier phénomène à la mode. Au-delà de la
performance, c’est un vaste mouvement social que lance, involontairement, l’artiste
: là où les gens sont prêts à faire la queue pour des soldes, elle parvient à créer
une attente gratuite, pour de l’art, où aucun échange monnayable - si ce n’est celui
du droit d’entrée à l’exposition - ne sera produit. (à exploiter aussi seul avec tous)
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 5
« La performance devient la vie elle-même »
D’évènement quasi confidentiel dans les années 1970, la performance, par sa
présence dans une grande institution, est devenue une action visible et commentée
au cœur des médias (5).
La télé américaine n’hésite alors pas à comparer le travail et l’engagement de toute
une vie
A la provocation factice, organisée et marketée de Lady Gaga, avec une nette
préférence pour la fossoyeuse de la pop.
L’artiste est rattrapée par une marchandisation outrancière et ravalée au rang de
star face à ses groupies hystériques, se voit applaudie à tout rompre à la fin du
concert, pardon de l’exposition ou lors des retrouvailles en public avec Ulay après
vingt années de brouille.
Marina Abramović ne maîtrise pas tout, mais elle n’est pas dupe ; elle n’est pas
victime du système, mais au cœur de lui. Elle ne se doute pas de l’ampleur du
phénomène qu’elle va déclencher, mais en assume les conséquences.
Les réactions démesurées des médias et du public à The Artist is Present ne sont
alors que l’extension de celles reçues à l’occasion de Rythm 0, lors de laquelle les
vêtements de l’artiste avaient été déchirés, sa peau lacérée, un pistolet braqué
sur sa tempe provoquant une bagarre dans le lieu d’exposition.
Il ne permet peut-être pas totalement de comprendre et connaître le travail
d'Abramović, il montre sans doute avec clarté les raisons qui poussent l'artiste à
entreprendre ses actions. Comme elle, le documentaire dresse ainsi le portrait d’un
monde particulièrement effrayant dans lequel l'artiste apparaît comme un foyer
de résistance.
(1) En bien ou en mal, l’essentiel est qu’on parle de vous, Marina Abramović a ainsi
autorisé Sex & The City (un épisode de la saison 6) et Dr House (l’ultime épisode
de la saison 7) à rejouer et adapter à leur scénario deux de ses performances, au
risque de voir son travail tourné en dérision par les séries.
(2) Lors de sept soirées en novembre 2005 au Guggenheim Musem de New York,
elle rejoua avec Seven Easy Pieces sept pièces historiques des pionniers de la
performance des années 1970.
(3) La présentation de la performance sous forme d’exposition (et non plus la
présentation de documentation de performances ou d’installations créées à partir
d’elles) semble être une mouvance générale en ce début de XXIe siècle, qu’on pense
au travail de Marie Cool et Fabio Balducci ou à celui de Tino Sehgal qui exposait au
même moment en 2010 au Guggenheim Museum de New York. On peut voir en ce
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 6
moment une performance étonnante de Sehgal dans l’exposition This is a Special
Backout Edition à la Kadist Foundation à Paris jusqu’au 16 décembre.
(4) Dans When Marina Abramović Dies, A Biography (Cambridge, MIT Press,
2010), James Westcott écrit à propos de Rhythm 0 : « Les critiques - incluant sa
mère - disaient toujours à Abramovic que les artistes de la performance étaient
des masochistes malsains, obsédés par l’idée de s’infliger des douleurs physiques.
Ainsi, dans Rhythm 0, à la Galleria Studio Mora à Naples au début de 1975, elle a
décidé de ne rien faire et de voir ce que le public ferait à sa place. », p.73.
(5) Elle a même eu droit à sa transcription en un parodique jeu vidéo par le créateur
Pippin Barr : The Artist is Present (trois heures de jeu, toujours pas assis devant
Marina et un abruti m’a piqué ma place dans la queue !).
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 7
Réflexions en lien avec le thème BTS « corps naturel, corps artificiel »
Le corps réel dans l’art contemporain : la création de l’artiste Marina
Abramović par Ruzanna Hakobyan*
Entre la vie et l’art ????
La biographie d’Abramović montre que l’effraction de la jouissance dans le corps
réel se manifeste depuis l’enfance.
À l’absence de la mère qui n’investit pas son enfant en tant qu’objet phallique, elle
réagit par des maladies organiques qui interrogent, chez elle, une propension aux
phénomènes psychosomatiques, que l’on constate à maintes reprises, chaque fois
que le sujet a été confronté à une situation face à laquelle il ne pouvait répondre
subjectivement. Ainsi, à la naissance de son frère, Abramović manifeste-t-elle des
symptômes qualifiés alors « d’hémophilie ». Elle réagit à cette maladie hors-sens
par une construction délirante : « C’était une forme de jalousie envers mon
frère. »[2] Plus tard, elle dira que le diagnostic de l’hémophilie n’a pas été confirmé
et que cette hémophilie a disparu après les premières règles. À l’adolescence,
d’autres manifestations somatiques surviendront : des douleurs insupportables au
moment des règles et des migraines.
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 8
Pour mettre fin à la jouissance réelle, Abramović se sert de l’art comme solution,
trait emprunté à sa mère, responsable du développement de l’art moderne à
Belgrade.
Dans ses premiers tableaux, elle dessine des accidents de voitures. Le réel qu’elle
trouve dans les accidents, dans les corps blessés, morcelés, la fascine. Elle essaye
de le traduire dans ses tableaux, mais les tableaux échouent à refléter ce réel.
« Il y a quelque chose qui s’échappe.»[3] Le tableau est une représentation
symbolique et cela ne l’intéresse pas.
La seule création possible pour Abramović devient la performance et la re-
performance. Quarante ans plus tard, au MoMA, dans l’installation The Artiste is
present, elle essaye de capter l’instant présent. Dans cette performance qui dure
onze semaines, Abramović est assise sur une chaise dans un silence complet,
immobile, invitant les visiteurs à s’asseoir l’un après l’autre en face d’elle et à la
regarder dans les yeux. Elle soutient le regard de son vis-à-vis aussi longtemps
que ce dernier reste assis face à elle.
Devant l’impossibilité d’une historisation et d’une symbolisation, sa force de créer
des performances qui reflètent le présent est la façon qu’elle a trouvée pour
donner un sens à son être, pour tenter « d’attraper le temps présent »[4].
Sa création est aussi une tentative de séparation d’avec sa mère. Au début de sa
carrière artistique, sa création est soumise à la logique spéculaire « soit moi, soit
l’Autre ». Abramović met systématiquement sa vie en danger, testant les limites
du corps sous la forme des limites de la vie. En 1971, elle voulait réaliser une
performance, Roulette Russe, dans laquelle elle serait vêtue selon les goûts de sa
mère. Elle tirerait à balles réelles et si elle était sauvée, elle pourrait enfin faire
ce qu’elle voudrait. « Quand j’étais en Yougoslavie je réalisais des performances
qui incluaient vraiment la possibilité de la mort. »[5]
Les nominations
Être une artiste fonctionne pour Abramović comme une nomination, un sinthome
qui lui permet de dépasser l’autodestruction. Cette nomination en tant qu’artiste
se réalise en trois temps.
Ulay : dans un premier temps, c’est à travers la rencontre avec Ulay, un autre
artiste performant né le même jour qu’Abramović. Il s’agit d’une rencontre avec
son double, où l’autre est situé dans l’axe imaginaire a-a’. Cette identification
imaginaire lui permet de se nommer pour la première fois comme artiste. Elle peut
sortir de la place d’où elle se trouvait en confrontation directe avec l’Autre,
confrontation où la mort apparaissait comme seule solution.
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 9
Les performances de cette période sont une espèce de dédoublement de la même
image. Par exemple, dans Relation in Time, elle reste assise dos à dos avec son
compagnon, tous deux immobiles, dans la même posture pendant seize heures, avec
leurs cheveux attachés ensemble. Cet appareillage par branchement sur le corps
d’un double lui permet une régulation du vivant, une régulation de la jouissance, qui
donc s’apaise et envahit moins le corps.
MoMA : dans un second temps, la nomination vient de l’Autre. D’abord l’Autre
comme public, puis comme MoMA. En 2010, le MoMA organise une rétrospective
de sa création de quatre décennies sous le titre The artist is present. Le MoMA
la nomme comme The artist et reconnaît son œuvre comme de l’art. Le MoMA
prend la place de la mère : « The mama was a kind of MoMA. »[6]
Ainsi, la nomination The artist, et non An artist, est à situer dans la même logique
que lorsque Lacan parle du cas de Joyce dans Portrait of The artist as a Young
man. C’est une nomination sinthomatique où elle essaye de « savoir faire » comme
artiste.
MAI : comme conséquence de cette exposition, Abramović monte un nouveau
projet MAI Marina Abramović Institute, un espace où il est possible de faire des
performances en continu et d’organiser des séminaires.
Aujourd’hui, elle collecte de l’argent avec l’aide de célébrités pour réaliser son
projet. C’est un work in progress que l’on peut considérer comme le troisième
temps de la nomination. Si jusque-là sa création était une suppléance liée au corps
réel, avec MAI il semble qu’Abramović soit en train de construire un corps
institutionnel, hors de son propre corps. À la différence de The artist, MAI est
un nom qui n’a pas besoin d’être répété et réactualisé constamment. C’est un
signifiant qui reste du côté de la métaphore.
On suppose que MAI fonctionne à la fois comme un nouage sinthomatique, réussi
et toujours in progress, et à la fois comme un point de capiton efficace qui arrête
enfin quelque chose d’un glissement infini du rond de l’imaginaire l’obligeant à se
refaire sans cesse un corps.
*Ruzanna Hakobyan est membre de la NLS, elle vit et travaille à Montréal.
[1] Laurent É., cité par G. Wajcman., présentation des « Conversations sur tout
ce qui tombe », Lacan Quotidien, no 245, Paris, Navarin, 24 octobre 2012.
[2] Westcott J., When Marina Abramović Dies: A Biography, Cambridge MA, The
MIT Press, 2010, p.16.
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 10
[3] Westcott J., When Marina Abramović Dies : A Biography, op. cit., p. 33.
[4] Abramović M., « Documenting performance »,
http://www.youtube.com/watch?v=6Rp_av9kLPM
[5] Biesenbach K., Marina Abramović. The Artist Is Present, New York, The
Museum of Modern Art, 2010, p. 31.
[6] Hakobyan R., « La solution par l’art moderne : la création de M. Abramović »,
Mental, n° 30, 2013, p. 104. Ce texte fut présenté au congrès de la NLS,
Athènes en 2013, « Le sujet psychotique à l’époque geek », lors de la séquence
« Des solitudes possibles », animée par J.-A. Miller.
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 11
Marina Abramovic : the artist is present Analyse de Séquence
8’58’’ à 10’22’’
: Why is that art ?
13’07’’/ 18
Les 30 jeunes artistes : Faire rejouer le corps, est-ce encore du corps naturel ?
20’30’’ à 23’12’’
Le dispositif de la chaise trouée
Les différentes performances qui mettent le corps à mal.
Parents communistes, grand-mère pieuse.
25’40’’ à 28’49’’
Ulay
Marina vue par Ulay
Endurance physique hors du commun.
43’06’’ à 48’25’’
Ulay et Marina
57’28’’ à 1h02’12’’
Ulay et Marina à l’exposition
1h07’24’’ à 1h10’35’’
Autres visiteurs
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 12
Séance 3
Diaporama histoire de l’art, histoire des corps Prise de notes
Reprise de la prise de notes.
Diaporama quizz : qu’avez-vous retenu ? (Immédiatement après la prise de notes)
Diaporama quizz : qu’avez-vous retenu ? La séance suivante.
Séance 4
Diaporama les distopies du corps : Prise de notes
Les dystopies du corps : Corps en crise, crise du corps
Le corps entre survalorisation et dépréciation
Nous vivons une époque de profonde transgression,
- époque de mutations
En fait, on peut parler de mutation anthropologique : l’individu hypermoderne
face à un monde qui a dépassé ses limites, a dû se chercher d’autres abris
pour y loger son corps.
= Face à ce monde mutant, monde sans idéal, sans quête, sans transcendance,
répond l’idée de corps-spectacle, de corps médiatique, de corps augmenté,
amélioré, seules possibilités pour l’humain de dépasser ses limites.
1) Le corps comme « matériau expérimental »
- Décorporéisation du corps qui est en fait étroitement associée à une quête
pour l’homme de son corps utopique
- La vie artificielle
- corps dystopique ?
Nul mieux que l’art à partir du XXe siècle n’a en effet exprimé ce
désenchantement du corps qui est fondamentalement une crise de l’Humanisme.
Malmené et asservi par la science, déconnecté de la pensée humaniste, noyé au
sein d’une machine sociale qui le submerge, le corps devient le lieu
d’expérimentation de l’humain.
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 13
Prisonnier entre l’utopie d’une jeunesse éternelle et la dystopie d’une trop longue
vieillesse, il subit à partir du vingtième siècle une crise fondamentale, qui est
d’abord une crise de l’identité corporelle.
René Magritte Entr’acte (huile sur toile), 1928. Collection privée.
* le corps perd d’une part son intégrité physique : il cesse d’avoir une forme
absolue
* il devint variable et ouvert à toutes les déformations possibles
Magritte, Entr’acte, peinte en 1928 : on y voit depuis le fond de scène d’un
théâtre des fragments de corps désexués et sans visage semblant regarder les
rangs d’un public absent remplacé par un étrange décor volcanique.
= renversement des valeurs morales : en perdant son unité organique, le corps
perd conséquemment son intégrité métaphysique.
=Aux conceptions religieuses traditionnelle du corps —marqué par l’unité originelle
et promis à la résurrection—, s’oppose un corps morcelé soumis à toutes les dérives
plastiques de l’objet et à tous les fantasmes de l’imaginaire.
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 14
Ce renversement de la relation entre le corps et la réalité sera l’une des
constantes de l’art du vingtième siècle, à commencer par le Cubisme.
Picasso « Femmes devant la mer » (1956)
En introduisant dans sa peinture des distorsions, des schématisations
géométriques, des morcellements, le peintre provoque une remise en question
des normes de beauté du corps.
Épuré, dépouillé, schématisé, le corps se disloque, se distend, explose,
et passe finalement du domaine de la représentation au domaine de
l’abstraction.
En déformant le visage et le corps humains, l’art moderne s’inscrit ainsi dans un
esprit de révolte par rapport au réel. Délivré de son obligation de ressemblance,
le corps devient un instrument d’exploration et progressivement, de transgression
sociale.
2) La désublimation du corps dans l’art moderne
Les deux guerres mondiales et les nombreux conflits du vingtième siècle ont sans
nul doute accentué cette réification de l’Homme. La guerre constitue donc une
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 15
rupture et une remise en cause brutale du corps comme univers de référence.
Dante Gabriel Rossetti
« Lady Lilith », 1866, Wilmington (USA), Delaware Art Museum
Ce qui subsiste de l’humain, c’est l’inhumain : corps tordus dans la souffrance,
cris des blessés déchirant la nuit, mosaïques de cadavres entassés pêle-mêle dans
les fosses…
À la quête idéale du corps parfait dont les Préraphaélites, héritiers du puritanisme
victorien avaient fait leur matière, répond la représentation du corps en douleur
au XXe siècle : le corps perd son unité
Marcel Gromaire (1892-1971) peint dans « La Guerre » (1925), ce ne sont pas
des corps d’hommes, ce sont des corps-machines, mécanisés, déshumanisés et
pétrifiés dans l’attente de la mort. Statufié dans un espace vide, le corps
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 16
devient un monument funéraire
Marcel Gromaire, « La Guerre » , 1925
(Musée d’art moderne de la Ville de Paris. © ADAGP/RMN – Bulloz)
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 17
L’histoire de l’art moderne serait ainsi celle de l’identité perdue.
Pablo Picasso, « Guernica », 1937 (détail)
Madrid, Musée Reina Sofía
3) L’exemple du corps artificiel chez les Futuristes italiens
Une démesure du corps humain…
Le Futurisme apparaît à une époque de profonds bouleversements idéologiques
dans la culture européenne.
- Le culte du progrès et du scientisme débouche donc sur l’affirmation d’un
corps artificiel et hybride, identifié à la machine, privé de son affectivité,
et obsédé par la toute-puissance.
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 18
Umberto Boccioni le protagoniste le plus important du mouvement futuriste :
dans sa célèbre sculpture, Formes uniques de la continuité dans l’espace (1913), il
représente un agrégat de formes censées figurer un homme.
- Mais un homme sans bras
- Cette déshumanisation du corps naturel correspond inévitablement à une mise à
l’écart de l’homme.
Umberto Boccioni (1882-1916), Formes uniques de la continuité dans l’espace
(1913) New York, MOMA
4) L’atteinte au corps dans l’art : du corps narcissique à la remise en cause
de l’intégrité corporelle
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 19
Paradoxalement, cet « adieu au corps » se traduit par une survalorisation du
corporel, des postures et des dévoilements.
Jeu sur les limites, la provocation corporelle ainsi que le narcissisme hyperbolique,
la culture excentrique qui explose dans la deuxième moitié du XXe siècle préfigure
l’adieu au corps
Elle précipite le corps dans l’Underground : tatouages, piercings, style punk,
épingles à nourrice, vinyle, zips, etc = traduisent plus fondamentalement un
profond dérèglement existentiel.
Clip Big girls cry réalisé en 2015 par Daniel Askill pour la pop-star australienne Sia
: on y voit la jeune danseuse Maddie Ziegler dans une scène forte évoquant un
étranglement. Le symbolisme très élaboré de la chorégraphie de Ryan Heffington
interroge immédiatement le rapport au corps et suggère un abus sexuel.
Proche du Body Art, le travail artistique sur le corps est inséparable d’un
processus de manipulation corporelle : il s’agit presque pour le corps d’éprouver
ses propres limites.
Cette remise en cause de l’intégrité corporelle est évidemment particulièrement
sensible de nos jours où confronté brutalement aux enjeux bioéthiques de la
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 20
génétique, le mythe du corps artificiel semble le point d’ancrage d’un profond
désordre social qui résulte en fait d’une culpabilité du corps naturel.
Jamais assez jeune, jamais assez beau, jamais assez mince, le corps est devenu le
souffre-douleur de l’Homme.
Au-delà même de la représentation, le corps devient outil, trace et empreinte :
corps-mémoire, mais aussi corps hybride, noueux, déformé, découpé, tordu,
morcelé…
Alighiero Boetti (« Moi qui prends le soleil à Turin le 19 janvier 1969 »
Etrange assemblage de boules de ciment réalisé en 1969 par Alighiero Boetti
(« Moi qui prends le soleil à Turin le 19 janvier 1969 »)
Derrière ces 111 boules de ciment figurant une forme humaine = le corps séché
d’un cadavre gisant sur le sol, déjà raidi ?
Liée à l’Art corporel (ou Body-Art), Paul McCarthy n’hésite pas à s’automutiler et
à maculer son corps de tâches de peinture.
McCarthy fait du corps le creuset d’une profonde angoisse
existentielle : « J’utilise le corps comme réceptacle des peurs, des obsessions,
des conflits générés par notre société »¹.
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 21
Paul McCarthy, « Two heads », 1971-1993. Diptyque cibachrome (© Galerie
Georges-Philippe Vallois, Paris)
= Le corps, à travers l’art, n’a cessé de rendre compte de cette crise de la société
dont nous sommes les témoins.
En dépassant ses limites, le corps s’affranchit de tout manichéisme pour donner
consistance à ce qui relevait hier de la Science-fiction, voire du nihilisme.
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 22
Ángela Burón, « Anatomie surréaliste », 2016
Il ne fait guère de doute en effet qu’au XXIe siècle, l’art accompagnera les
tendances actuelles aux transformations du corps et à l’hybridation. Cette
tendance n’est en rien un quelconque abandon du corps
naturel
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 23
Stelarc, Handswriting, Maki Gallery, Tokyo 1982.
Une telle conception n’est cependant pas évidente : de fait, ce qui est
radicalement nouveau dans l’art contemporain, c’est la façon dont les artistes
s’accommodent des possibilités inouïes de la science pour façonner le corps au
gré de leurs envies ou de leurs fantasmes.
Au contraire de cet humanisme, l’art moderne suppose un changement dans la
représentation de notre propre corps. Ainsi, l’attrait fantasmé pour les techno-
sciences amène à reconstruire l’identité même de l’humain.
En manipulant le corps comme s’il s’agissait d’un appareil, d’une machine, les
artistes ne mettent-ils pas en évidence le vide du soi corporel dans le monde
moderne ?
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 24
Claes Oldenburg posant devant l’une de ses œuvres (Giant toothpaste tube, 1964)
=Réification de son propre corps
5) Conclusion : Vers un art « post-humain » ?
Evolution de l’art qui fait du corps un espace d’expérimentation sans limite est
fondamentalement une crise de l’humain. Corps en crise, crise du corps, perte de
soi, désir de changer de peau, d’apparence, de sexe, recherche d’une nouvelle chair
dans le corps artificiel, exploration des limites par la mise en danger du corps…
Reprise de la prise de notes.
Diaporama quizz : qu’avez-vous retenu ? (Immédiatement après la prise de notes)
Diaporama quizz : qu’avez-vous retenu ? La séance suivante.
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 25
Séance 5v) Entrainement SYNTHESE. Le corps et l’art.
Document A : Ovide, les Métamorphoses, (1er siècle avant JC)
Document B. « L’homme multiplié et le règne de la machine » de Filippo
Tommaso Marinetti (1910)
Document C. David Le Breton « Lukas Zpira ou le hacker corporel (2005)
Document D : Paul McCarthy, « Two heads », 1971-1993. Diptyque
cibachrome (© Galerie Georges-Philippe Vallois, Paris)
EXPLICATION DE CHAQUE DOCUMENT
Document A : Ovide, les Métamorphoses, (1er siècle avant JC)
Pygmalion, pour les1 avoir vues mener une existence vouée au crime, plein
d'horreur pour les vices que la nature a prodigalement départis à la femme, vivait
sans épouse, célibataire, et se passa longtemps d'une compagne partageant sa
couche. Cependant, avec un art et un succès merveilleux, il sculpta dans l'ivoire à
la blancheur de neige un corps auquel il donna une beauté qu'aucune femme ne peut
tenir de la nature ; et il conçut de l'amour pour son oeuvre. Elle avait toute
l'apparence d'une véritable vierge, que l'on eût crue vivante et, si la pudeur ne
l'en empêchait, désireuse de se mouvoir : tant l'art se dissimule grâce à son art
même. Pygmalion s'émerveille, et son coeur s'enflamme pour ce simulacre de corps.
Souvent il palpe des mains son oeuvre pour se rendre compte si c'est de la chair
ou de l'ivoire, et il ne s'avoue pas encore que c'est de l'ivoire. Il lui donne des
baisers et s'imagine qu'ils lui sont rendus ; il lui parle, il la serre contre lui et croit
sentir céder sous ses doigts la chair des membres qu'ils touchent ; la crainte le
prit même que ces membres, sous la pression, ne gardassent une marque livide.
Tantôt il lui prodigue les caresses, tantôt il lui apporte les présents qui sont
bienvenus des jeunes filles, des coquillages, des cailloux polis, de petits oiseaux et
des fleurs de mille couleurs, des lis, des balles peintes et des larmes tombées de
l'arbre des Héliades2. Il la pare aussi de vêtements, passe à ses doigts des bagues
de pierres précieuses, à son cou de longs colliers ; à ses oreilles pendent de légères
perles, des chaînettes sur sa poitrine. Tout lui sied, et, nue, elle ne paraît pas moins
belle. Il la place sur des coussins teints avec le murex de Sidon3, il lui décerne le
nom de compagne de sa couche, il fait reposer son cou incliné sur un mol amas de
plumes, comme si le contact devait lui en être sensible.
Le jour de la fête de Vénus, que tout Chypre célébrait en foule, était venu
; les génisses4 au cou de neige, l'arc de leurs cornes tout revêtu d'or, étaient
tombées sous le couteau, et l'encens fumait à cette occasion ; Pygmalion, les rites
1 Les femmes. 2 Les Héliades sont les sœurs de Phaéton, mort de n’avoir su maîtriser le char de son père le soleil (Hélios) qu’il conduisait. Elles se sont transformées en peuplier, pleurant encore des larmes de chagrin, sous forme de sève. Ovide en fait le récit dans les Métamorphoses. 3 Coquillage dont on tire une teinture de couleur pourpre. 4 Vaches n’ayant jamais mis bas.
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 26
accomplis, se tint debout devant les autels et, d'un ton craintif : « S'il est vrai, ô
dieux, que vous pouvez tout accorder, je forme le vœu que mon épouse soit - et
comme il n'ose dire : la vierge d'ivoire - semblable à la vierge d'ivoire » dit-il.
Vénus, qui assistait en personne, resplendissante d'or, aux fêtes données en son
honneur, comprit ce que voulait dire ce souhait et, présage de l'amitié de la déesse,
la flamme trois fois se raviva et une langue de feu en jaillit dans l'air.
Rentré chez lui, Pygmalion se rend auprès de sa statue de jeune fille et, se
penchant sur le lit, il lui donna des baisers. Il lui sembla que sa chair devenait tiède.
Il approche de nouveau sa bouche ; de ses mains il tâte aussi la poitrine : au
toucher, l'ivoire s'amollit, et, perdant sa dureté, il s'enfonce sous les doigts et
cède, comme la cire de l'Hymette5 redevint molle au soleil et prend docilement
sous le pouce qui la travaille toutes les formes, d'autant plus propre à l'usage qu'on
use davantage d'elle. Frappé de stupeur, plein d'une joie mêlée d'appréhension et
craignant de se tromper, l'amant palpe de nouveau de la main et repalpe encore
l'objet de ses voeux. C'était un corps vivant : les veines battent au contact du
pouce. Alors le héros de Paphos6, en paroles débordantes de reconnaissance, rend
grâce à Vénus et presse enfin de sa bouche une bouche qui n'est pas trompeuse.
La vierge sentit les baisers qu'il lui donnait et rougit ; et, levant un regard timide
vers la lumière, en même temps que le ciel, elle vit celui qui l'aimait. A leur union,
qui est son ouvrage, Vénus est présente. Et quand, pour la neuvième fois, le
croissant de la lune se referma sur son disque plein, la jeune femme mit au monde
Paphos, de laquelle l'île tient son nom. Ovide, les Métamorphoses, (1er siècle avant JC)
Texte B : « L’homme multiplié et le règne de la machine » de Filippo Tommaso
Marinetti
Il faut préparer aussi la prochaine et inévitable identification de l’homme avec le
moteur, facilitant et perfectionnant un échange continuel d’intuitions, de rythmes,
d’instincts et de disciplines métalliques, absolument ignorées aujourd’hui par le
plus grand nombre, et devinées seulement par les esprits les plus lucides.
[…] nous aspirons à la création d’un type inhumain, en qui seront abolis la douleur
morale, la bonté, la tendresse et l’amour, seuls poisons corrosifs de l’intarissable
énergie vitale, seuls interrupteurs de notre puissante électricité physiologique.
Nous croyons à la possibilité d’un nombre incalculable de transformations
humaines, et nous déclarons sans sourire que des ailes dorment dans la chair de
l’homme. Le jour où il sera possible à l’homme d’extérioriser sa volonté de sorte
5 Montagne bordant Athènes, connue pour la qualité de son miel, avec lequel on fabrique la cire. 6 Cité de Chypre, île consacrée à Aphrodite / Vénus
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qu’elle se prolonge hors de lui comme un immense bras invisible, le Rêve et le Désir,
qui sont aujourd’hui de vains mots, régneront souverainement sur l’espace et sur
le temps dompté.
Le type non humain et mécanique ; construit pour une vitesse omniprésente, sera
naturellement cruel, omniscient et combatif. Il sera doué d’organes inattendus :
des organes adaptés à un environnement fait de chocs continus.
F. T. Marinetti, L’Homme multiplié et le règne de la machine (extraits). Article rédigé en
Français en mai 1910.Cité par Giovanni Lista,
Le Futurisme, textes et manifestes (1909-1944),
Éditions Champ Vallon 2015
Texte C : David Le Breton « Lukas Zpira ou le hacker corporel (2005)
L’atteinte corporelle est une attaque du corps de l’espèce, elle perturbe les formes
humaines et suscite ainsi le trouble et le rejet. Celui qui s’incise, se brûle ou se
suspend dit son mépris ou son indifférence face au corps lisse, hygiénique,
esthétique, achevé qui est de mise dans nos sociétés contemporaines. La sacralité
diffuse qui entoure socialement le corps est altérée, profanée. En « abîmant » son
corps, comme le dit le discours commun, l’individu entre dans une sorte de
dissidence. Attenter à l’image du corps (et donc de soi), s’infliger délibérément
une douleur, ce sont là deux transgressions essentielles aux yeux de la société, et
pour l’individu deux manières de dire son refus des conditions d’existence qui sont
les siennes. En brisant les limites du corps, l’individu bouleverse ses propres limites
et s’attaque simultanément aux limites de la société, puisque le corps est un
symbole pour penser le social.
David Le Breton « Lukas Zpira ou le hacker corporel », in : Lukas Zpira, Onanisme Manu Militari
II, Hors Éditions, 2005
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Document 4 : Paul McCarthy, « Two heads », 1971-1993. Diptyque cibachrome (©
Galerie Georges-Philippe Vallois, Paris)
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 29
Corpus sur corps et art. Problématique ?
EP : En quoi l’art est-il le reflet de l’image que l’individu et la société se font du
corps ?
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 30
Synthèse rédigée (au propre).
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