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n Costumes de Corse XVI e XX e siècle Pannu è panni Albiana Rennie Pecqueux-Barboni | | | | | | | | | | | | | | |

Costumes de Corse

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Rennie Pecqueux-Barboni 460 pages un livre magnifique (avec de splendides dessins de l'auteur) sur l'histoire du costume et de l'habillement en Corse. Un extraordinaire recueil. Grand Prix 2009 du Salon International du Livre Insulaire d'Ouessant !

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Costumes de CorseXVIe – XXe sièclePannu è panni

Albiana

Rennie Pecqueux-Barboni

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Un vestiairedisparu

Il y avait dans le salon le portrait d’une damedouce et austère, en robe montante de soie noirequ’éclairait une parure de corail.

Zia Antunietta avait épousé un Provençal,intrépide commandant au long cours, qu’il l’avaitemmenée jusqu’au Spitzberg. Bloquée dans lesglaces, le scorbut lui avait volé sa chevelure et toutesses dents. Elle avait fini ses jours centenaire dans leBastia de la Belle Époque.

Quatre générations de méandres généalo-giques plus tard, une de ses arrière-petites-niècesdésirait renouveler les costumes du groupe folklo-rique qu’elle dirigeait. On était à la fin des annéessoixante. Les élégantes des groupes en questionavaient troqué la soie pour le nylon et abandonnéles bijoux de corail.

Alors étudiant en Lettres et Arts, on mechargea de trouver des modèles anciens, authen-tiques et typiques. En ces temps, les murs étaientestampés de slogans vengeurs et de têtes de Maures.Dans une effervescence idéalement touffue et cheva-leresque, les revendications de spécificité jaillis-saient : parler sa langue natale, rechanter lespolyphonies en désuétude, restaurer les bâtimentsen ruine. Toujours de meilleure foi, potiers, tisse-rands, vanniers, luthiers requinquaient un artisanat

récemment défunt. De concert avec cette fortepulsion identitaire dont la violence révélait la déses-pérance, il semblait que le moment serait adéquatpour redécouvrir le signe d’identité par excellence :le vêtement.

La question, dès lors se posa très vite :pourquoi par exemple, les poupées en costume corseétaient revêtues de taffetas et de dentelle en usineà Nice, alors que les santons, corses aussi, fabriquésà Aubagne, étaient en cotonnade marron ? Oùétaient passées les capelines en paille d’Alata? Maisd’où sortaient ces cacciatore de velours côtelé et cesfoulards de laine noire noués sous le menton desaïeux encore vivants?

J’allai aussitôt consulter la source la plusproche : ma mammona. Née vers 1880, élevée par sapropre grand-mère, elle avait connu Zia Antuniettaet hérité de la parure de corail. Elle affirma avoir vudes femmes porter plusieurs jupons roses et bleus,des mouchoirs de tête fleuris ; qu’il suffisait deconsulter un mémorable ouvrage : l’Histoire de laCorse de l’abbé Ange Galletti pour voir commentcela se portait.

Le coup d’envoi était donné. Guidé par notreange et parachuté dans les bibliothèques de l’île, lejeune ethnographe tomba des nues. Un ouvrage enintroduisait un autre : récits de voyageurs,chroniques, images anciennes, souvenirs d’enfance,reliques familiales et inventaires de trousseaux pêle-mêle menèrent de trouvailles en redécouvertes. Lequestionnement en devint plus âpre et plus ardu.Pourquoi cette oblitération de la tradition alors quetant de preuves existaient encore? Des traces perdu-raient : rares vieux vêtement dans les greniers,gravures anciennes des collectionneurs, descriptionsdes témoins du passé, testaments, inventaires etmots de vocabulaires désuets.

Alors pourquoi cette imprécision de faitspourtant quotidiennement vécus sur une terre oùla mémoire orale est vertu ancestrale ? Pourquoicette uniformisation du costume dans l’imagerietouristique et commerciale? Il y avait tout de même

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peu de vraisemblance à ce que les bourgeoisescitadines aient été vêtues comme les villageoisesmontagnardes, que les Capcorsines aient porté lesmêmes modes que les Sartenaises à conditions etclimats différents. Pourquoi enfin ce deuil général,farouche, volontaire, obscur ? Certes, deuil est lemot. Dans la Corse de nos souvenirs, il n’y a eu degrand-mère qu’endeuillée. Sur toutes les photos ennoir et blanc du passé le noir domine. Dix ans dedeuil pour un proche et, dit-on, jusqu’à soixantepour cent de la population masculine décimée en1919, en voilà assez pour un siècle de chagrin et derobes noires.

Qu’en était-il avant l’hécatombe ? Il étaitdélicat de trouver preuves et explications dans lebrocard bleu marine ou grenat des caracos uniformesdu folklore, eux-mêmes en contradiction avec lesdraps bruns et les soies jaunes de l’iconographie duXIXe siècle. Uniformisation, confusion, imprécisionsréclamaient à l’évidence une recherche. Qu’étaientdevenues la robe de soie de Zia Antunietta et saparure de corail ? Quand elle eut rendu l’âme,suivant la tradition, on revêtit son corps si menu,desséché par tant de saisons, de la robe noire. Il fallutréajuster le corsage qui flottait et les plis du taffetasensevelirent à jamais la défunte. Elle avait aupara-vant offert la parure à la petite fille de sa sœur.Ruinée par la guerre suivante, celle-ci revendit lesautoir, les pendants d’oreille et la broche à un bijou-tier de la Traversa.

L’imbrogliuEntreprendre une étude du costume corse,

c’est se mettre dans la condition de la fille de Magu,le mage-ogre, dans ce conte corse où elle estcondamnée à une insurmontable épreuve en unenuit : démêler un tas de lin d’un monceau de lainebrute, les filer, les mettre en écheveaux. È manc’ unfilu di linu ind’a lana, è manc’ un filu di lana ind’u linu(et pas un fil de lin dans la laine, et pas un fil delaine dans le lin).

Tas gigantesque de faits accumulés inextri-cablement embrouillés, avec de surcroît lesproblèmes du bilinguisme. Le lin du faux et la lainedu vrai, locaux ou venus d’ailleurs, sont entremêlés,dans l’indifférence. Le costume traditionnel n’estplus porté, ni fabriqué. Pourquoi l’analyser, le classer,le trier? Pour qui? Que ferait-on des écheveaux etdes pelotes? Et puis, c’hè pocu da u filà à u tesse ! (ily a loin du filage au tissage). Qu’importe ! le cardagecommence.

Le costume corse n’est devenu objet d’étudeprécise et raisonnée qu’au début de mes recherches.Il a cependant été centre d’intérêt esthétique à denombreuses reprises au cours du passé. Le proposn’est donc pas une étude du pittoresque. La nécessitéd’une description organisée et fixée d’avance s’estprescrite d’elle-même devant l’absence de toutsystème d’étude établi quant au costume corse.

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Corse. S. Markaerdt. Coll. particulière.

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Ciò chì sannu e maneMétiers et savoir-faire (XIXe siècle)

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à la fin du XVIIIe siècle sont Italiens laplupart du temps. Si les états de 1781déplorent le peu de développement de l’artdu tissage, la tradition qui emplit la Corsede tilaghji, n’est-ce pas ce qui reste dans lamentalité populaire des campagnes faitespar l’administration française à la fin de ceXVIIIe siècle pour l’expansion de l’artisanattextile en Corse? Il s’est avéré impossible deconvaincre les familles corses de produire enexcédent puisque chacune se suffisait à elle-même. »

Tout en l’écoutant, j’aperçois la porte de laremise qui est restée ouverte. Près du seuil on voittrois sacs de ciment et une pile de carreaux surl’ancien sol de terre battue. Ce sera la dernière pièceà être modernisée comme si le dernier fil de chaînecoupé à la fin du dernier tissage avait arrêté laprogression des temps rythmée par le claquementdes peignes maintenant muets. Dans l’embrasurebéante le passé reprend vie. On revoit l’atelier,

l’arrière-grand-mère : la vieille Lavinia et la petiteMergherita qui la secondait. L’adolescente faisaitpartie de la maisonnée et cuisinait pour tous. Lavinian’était pas sa patronne, on dira plutôt qu’elle l’aidaitpour inghjumellà (mettre le fil en pelotes) parexemple, ou spulinà (charger les navettes) ou encoreorde (ourdir le métier). Lorsqu’on tissait le stracciu

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Pannu à carreaux

Fresi. Serge de laine de brebis.Milieu du XIX

e siècle.

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(l’étoffe de lirettes), c’était elle quidéchirait les minces bandes de tissu. C’estcomme si on l’entendait murmurer d’ici :

« De temps à autre, une femme duhameau nous apporte une sporta (corbeille) entièrede pelotes de pelu caprunu (laine de chèvre) dûmentfilé. On préfère la noire ou celle qui est brun foncé.Ici les chèvres ont le poil long et soyeux, plus facileà travailler, quenouillée après quenouillée, tout aulong de la veillée. Alors, pour une coppa ou une poule,

Zia Lavinia se met au métier. Il faut filer douzeheures pour produire une canna de fresi. »

«Le fresi, elle en fait de deux qualités.Le plus épais, sergé, serré, brun foncé, s’étaleen nappe étroite sur le cadre et sa surfacerêche boit la lumière. C’est celui qui servaità fabriquer les vêtements d’homme avantla visite de l’impératrice Eugénie. À cetteépoque, on a sorti les velours et on a

abandonné le pannu. L’autre qualité est pluslégère et écrue, ou à carreaux beiges et bruns.

Celle-ci sert à faire les iscavines (couvertures),les bisaccie (besaces) ou toutes sortes de sacs et,vers Bastia, ils font même les ghjambali (guêtres)

des pêcheurs avec. Il faut une journée dedix heures de travail à Zia Lavinia pour fabriquer

une canna, pour un lé de trois palmi de large. Pourfaire une vesta, il faut quatre canne de pannu, soitune semaine de labeur en moyenne. Après, tocca à‘ssa puara Mergherita (c’est au tour de cette pauvreMergherita) qui ébouillante l’étoffe lourde pour lafeutrer et touille dans le chaudron, qui porte l’étoffelourde et feutrée au moulin pour être foulée etl’apporte chez la cliente qui ne s’est pas rendu

Ci-dessous : Cantonsproducteurs de drap

pilone. Vers 1850.

Laine de chèvre Laine de brebis Lin Chanvre

Sergé

Lainé

Pilone

Pannulaniu

FeutréFresi

Épais Tralicciu Canavacciu

Fin Sàraga Pannulinu

Toilé

Feutré

LainéBarracanu

Épais

MoyenBurella Rasgiula

Rughettu

Fin Albasgiu Renza Canavetta

BrochéPannu

scartucciatu

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Fresi

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E stofe nustrale

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compte qu’il a fallu plus de soixante heures delabeur à se briser les reins et les coudes pour cefresi ! »

Antan, on tissait aussi la laine de brebis : dupannulaniu pour les vêtements plus fins : les rote, lescurpetti. Ça donnait un drap comme celui des frocsde fraticellu (moine franciscain).

Avec l’anghjina (la laine d’agneau) on tissaitl’abbasgiu dans lequel on taillait le spanu (le trous-seau du petit enfant), c’était comme un molletonun peu duveteux, écru et doux, mais ça feutrait viteau lavage.

Le travail est un peu moins pénible avec lelin et on voit Mergherita dérouler et tendre le fil surla lisse, inlassablement…

«Durant les brèves journées de la mauvaisesaison, quand la température le permet, on laisse laporte ouverte pour que la lumière nous éclaire parle côté. C’est ainsi que l’on n’a pas l’ombre des mainsqui se porte sur le travail. Les jours de pluie sont untemps idéal pour tisser, le fil est plus souple. »

Comme il fait froid dans l’atelier, Zia Laviniaest entortillée dans son châle et Mergherita a resserréson mezaru. Bien sûr, elles ont l’air sale et mal vêtu,elles sont poussiéreuses et fagotées, traînant dansles plis de leurs rote bouts de fil et retailles de laine.La bourre et sa poussière s’envolent au claquementdu métier et partent danser dans les rayons quitraversent la pièce. Le soleil leur donne un bal surle pas de la porte au son des manferine guillerettesd’un grillon violoneux…

«Elles procuraient ce qui préserve : l’étoffe ».L’institutrice a parlé. Elle me ramène au tempsprésent, sur la terrasse ensoleillée. Le café a refroididans sa porcelaine et les siècles ont fondu en uninstant. Le soleil glisse toujours un rayon par la portede la remise-atelier abandonnée, mais l’ombre destissaghjole s’est dissipée…

«Ancu di grazia chi u tempu sia seccu, perche àa stofa ùn li piace l’aria marina, ma si a metite à siccàà u sole, scrala prestu ».

U sgiò Grazianu n’a pas fini de se plaindre.Son entrepôt, à côté de Saint-Jean est trop petit,trop humide, trop sombre. D’ailleurs sa boutiqueaussi est sombre. Les clientes sont forcées de semettre sur le pas de la porte pour voir la vraie teintedu tissu. «Pourtant, de placer la panca (le comptoir)à droite de la porte, c’était la meilleure solution ;quelques étagères en face pour poser les rouleaux detissu et l’affaire est faite ! » Trois ans après l’arrivéede ce roi Louis-Phillipe, c’est lui, Grazianu, qui amodernisé la boutique, mais c’est son grand-pèrequi l’a ouverte. Au début, il s’approvisionnait àGênes et à Lucques et, comme dans le temps, il allaitde lui-même choisir les tissus. Après, son frère a eule bateau, il allait avec lui et c’est ma grand-mèrequi gardait la boutique. «Elle était d’U Borgu. Grand-père a été le premier à importer de l’indiana de Gênes.La première fois, il en a rapporté un coupon à magrand-mère. Elle était malade de couper dedans! Elles’est fait le casacchinu avec. Madonna quel succès !Quelle aubaine. En deux ans, toute la haute ville

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U sgiò GrazianuMercante di palmu

(1803-1869)

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avait de l’indiana de sa boutique sur le dos ! Fini letemps du pannu lourd et rêche. Il faut dire que si onavait continué à utiliser les étoffes des villages,jamais on aurait fait autant d’argent. Maintenant,il faut dire que des tissaghjole (tisserandes), il y en aencore. Sur les 70 sortes de tissu qu’on trouve enCorse, il y en a qu’une douzaine qui est faite ici.Allez ! On dira que sur cent hommes, il y en auraquarante aujourd’hui qui ont des vêtements enpannulaniu. D’ailleurs, ici, à Bastia, c’est comme çaqu’on reconnaît les villageois. De plus en plus degens préfèrent laisser le pannufrisu pour les draps deFrance : le drap de Lodève pour les vestes, le drap deBédarieux ou de Louviers pour les pantalons ou lamarzina ; parce que c’est plus doux, plus souple, maisça se salit plus vite et c’est plus cher !

S’hè fattu un’e pocchi di stofe casagne in Corsica…(il s’est fait de nombreuses étoffes du cru en Corse)de laine de chèvre surtout, de brebis un peu moins,et puis pas mal de lin et un peu de chanvre, exclu-sivement de teinte naturelle : brun, marron, beige,écru, blanc, le plus estimé, c’était le poil de chèvrenoir. C’était rarement du tissu fin. Quand on faisaitde la rasgiula ou de la canavetta, certains la teignaienten rouge avec de la garance. Antan on en envoyaità teindre en bleu à Gênes » (voir tableau p.35).

«On estime l’étoffe à sa longueur. Un palmude tissu est si ardu à fabriquer que la mensurationprime sur la nature même de ce qu’elle mesure. Tant

et si bien que nous ne sommes pas marchands detissu, mais mercanti di palmu (marchands d’empan).On utilise de moins en moins notre système demesure. La première chose cependant que j’ai apprisà ma fille pour le métier, ce sont les mesures : lacanna, le palmu, le scumessu…

Tandu, avà, quante stofe chi c’hè ! u più ch’ejuvendu, ghjè l’indiana.

(Par contre, maintenant, qu’est-ce qu’il y acomme étoffes ! celle que je vends le plus, c’estl’indienne).

Celle que les clientes aiment le plus, c’est celleà fond bleu : turchinu (turquin) ou culor di mare(indigo), puis il y a testa di moru ou caffè (brun foncé),castagninu (marron), trois sortes de vert et de noir,mais les motifs, je les choisis toujours plus petitsque ma main. On en vend jamais avec le fond orangeet très rarement on en trouve à fond violet, mais çadépend de ce qu’on veut faire avec. Le fond rougec’est pour les rote ou les sculzali. Le fond blanc ourose, c’est pour les camisgie et les rote di sottu.L’indiana à petits motifs ou à guirlandes vient

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Indienne. Milieu du XIXe siècle.

Pour le textile, trois systèmes de mesure

1 canna = un mètre environ1 canna se divise en 2 bracci (2x50 cm)1 bracciu se divise en 2 mazzeti (2x25 cm)1 mazzetu se divise en 2 palmi (2x12 cm)

1 canna = 80 cm environ1 canna se divise en 4 palmi1 palmu se divise en nodi1 nodu = 3 cm environ

Le palmu (empan) est compris entre l’extrémité dupouce et celle de l’auriculaire écartés (de 18 à20 cm)

Le nodu correspond à la première phalange dupouce

1 scumessu se divise en 2 mansumè1 mansumè = 8 à 10 cm environLe scumessu est la mesure comprise entre l’extré-

mité du pouce et celle de l’index écartés

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[10] Indiana. En haut : provenance marseillaise, vers 1830.

En bas : provenance marseillaise (indienne « ramoneur »), vers 1840. [11] Indiana. Provenance alsacienne (indienne à médaillons), vers 1860.

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avec ça. Le casimiru est aux draps de laine ce que lebrocart est aux étoffes de soie.

Maintenant, on vend de plus en plus develours depuis quelques années. On en a plusieursqualités. Mon grand-père vendait du velours ciseléde Gênes, on en a toujours ; à ramages de plusieurscouleurs, beaucoup de vert, de bleu et de rouge, maisce qu’on nous demande le plus, c’est le viluttinu noir,lisse : le velours de soie. Ça, dans toute la Corse, c’estla vente assurée. Au début, les femmes se faisaientle casacchinu avec, mais les hommes s’y sont mis,pour le gilet, puis ça a été le velours de coton. Lanouveauté, c’est le velours d’Amiens, lisse et solide.Quelquefois on nous le demande arigattu (côtelé).On vend beaucoup de vert et de culor d’oliu (jauneverdâtre). À Aiacciu, ils aiment le bleu.

À Bastia, on écoule aussi beaucoup de sempi-ternu, avec les marins et les ouvriers. Mais c’est trèssolide, ça ne renouvelle pas beaucoup la clientèle…»

U sgiò Grazianu se redresse, tire sur le bas deson ghjileccu pour le défroisser : un beau gilet debrocart italien bleu et noir qui est son enseigne, puisreferme son registre de comptes. Le soleil plongedans les vagues sombres lustrées de traînées manda-rine. C’est l’heure de fermer boutique. Des odeursde soupe aux haricots parcourent la ruelle. Il esttemps de regagner le logis, demain une longuejournée l’attend, Anghjulu Santu, le traculinu vients’approvisionner en fournitures.

Dans les inventaires des grossistes en tissu de Bastia,d’Isula Rossa ou d’Aiacciu, on trouve un large choixd’étoffes durant la première moitié du XIXe siècle(voir ci-contre). Or la dénomination de ces étoffesen français ou en italien ne correspond pas exacte-ment aux réalités des critères du corse, tant pour lanature du textile que pour l’armure ou la qualité dutissu. Un lexique des termes en langue corse facili-tera davantage la connaissance des étoffes utilisées(voir tableau ci-contre).

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Dénominations des étoffes dans les inventaires des grossistes (Bastia et L’Ile-Rousse, 1800-1850)

u Les tissus de laine–Les draps de Bédarieux, de Clermont,

de Lodève, de Louviers–Les draps fins d’origine imprécise. Le londrin.–Le casimir–Le cadis, la sergette–La serge–Le bordât

u Les tissus de laine mélangée– La prunelle, la polonaise (laine et soie)– Le droguet (laine et lin)

u Les tissus de soie– Le damas– Le taffetas– La filoselle– Le doupion– La faille– La bourrette– Le satin, la levantine– L’ottoman– La moire– Le brocart

u Les tissus de lin– Les toiles unies de Laval, des Flandres

u Les tissus de coton– Les toiles unies – de Saint-Gall

– l’étamine – la percaline – la longotte

– Les toiles imprimées – l’indienne – la quadrille, la guinée

– Le molleton– Le piqué– Le jaconas– Le nankin

u Les métis (lin et coton)– Le coutil– Le cadis– Le basin– La futaine

u Les tissus de chanvre– La toile de Foligno– La toile (d’origine imprécise par Marseille)

u Le velours– Les velours de soie lisse, la panne– Le velours ouvré– Le velours de lin, la peluche– Le velours de coton– La castorine

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ALBASGIU Blanchet, flanelle blanche fine de brebis localeALPACÀ Alpaga, drap fin de laine de vigogne d’importation

BAMBACCINA Basin, serge de lin et coton fine, damasséeBARRACANU Bourracan, bure de brebis et chèvre, lainée, brune ou noire

BROCCA Guipure au fil de lin, localeBRUCCATU Brocart, étoffe de soie brochée multicolore, à fond toilé

BRUSGIU Tulle broché, dentelle de Calais ou ChantillyBURELLA Molleton de laine de brebis locale, brun ou écru

CALICÒ Calicot, toile de coton fine blanche ; plus épaisse, on la nomme BAMBACCINA

CAMBRISINA Cambresine, mousseline de lin d’importationCANAVETTA Toile de chanvre fine, locale, écrue

CANAVACCIU Serge de chanvre épaisse, locale, brunâtreCASIMIRU Casimir : drap fin de laine de chèvre du CachemireCUTUNINA Cretonne de coton épaisseDAMASCU Damas : taffetas de soie broché à motif satiné, monochromeFILUSELLA Filoselle : toile de soie grossière, légère, à tissage irrégulier

FRESI OU PANNU FRISU Drap de poil de chèvre localFUSTANA Futaine : toile de coton et lin, fine et lustrée

GHJACUNETTA Jaconas : damas de coton finGRUSSUME Teille : toile de lin épaisse, locale, écrue

INDIANA Indienne : percale ou calicot imprimé multicoloreLAPAZZU Lampas : brocart à fond sergé multicolore

LUNDRINA Londrin : drap de laine mérinos, fin, lustré, appelé aussi MIRINOSU

LUSTRINA Percale épaisse fortement lustrée à l’apprêtMAREZZU Moire : toile de soie épaisse calandrée

MUSSULINA Mousseline de soieNANCHINA Nankin : taffetas de coton jaune chamoisNANZUCCU Nanzouk : mousseline de coton apprêtée ou organdi.

PANNULANIU Drap de lainePANNULINU Serge de lin fine, écrue, locale

PAPALINA Popeline : toile de coton très fine et très serrée

PERCALA Toile de coton légère, serrée, apprêtée, blanche, écrue ou noire ; de couleur unie, on lanomme CULORE

PICHINU Pekiné : taffetas de soie à rayures satinéesPILONE Drap sergé à chaîne double, de laine de chèvre non désuintée, feutré et lainé, local

PILUCCIA Peluche de lin d’importation ou ratinePILUSELLA Pilou : toile de coton grattéPUNTETTA Dentelle de fil au crochet (di caviglia)

QUADRIGLIA Quadrille, madras : toile de coton à fils teints, à carreauxRASGIULA Toile de lin serrée fine, parfois à chaîne de chanvre, écrue, noire ou rouge, locale

RASU Satin de soieRENZA Batiste de lin d’importation ou toile de lin fine locale

RUGHETTU Droguet de laine de brebis à chaîne de lin, localSATINETTA Satin de coton, noir ou rouge

SÀRAGA Serge de laine locale fineSARAGHETTA Cadis : serge de laine fine d’importationSEMPITERNU Coutil : serge de lin et coton serréeSETA CRUDA Bourrette de soie d’importation

SETA NAPULITANA Faille : taffetas épaisSETA PADUANA Doupion : taffetas serré, à grain irrégulier et finSETA RIGATTA Ottoman ou reps : toile de soie côtelée à chaîne de coton

SILESIANA Polonaise : satin de laine et soieSTAMINA Étamine de laine

TAFITÀ Taffetas, pongéTELA PUCCIAJA Longotte : toile de coton écru ordinaire

TRALICCIU Serge de lin épaisse, localeTRINA Dentelle au fuseau ou dentelle mécanique en fil de cotonTULLU Tulle de soie, blanc, écru, noir ou bleu ciel

VILUTTU Velours de cotonVILUTTINU Velours de soie| | | | | | | | | | | |

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Fiametta

Rossu

Chjarasginu

Culor di vinu

Terra cotta

Rusulinu

Culor di rosula

Culor d’aranciu

Ghjallu

Ghjallu di limone

Ghjallettu

Culor d’oliu

Verde

Smirallinu

Robbiu

Verd’aliva

Verdilacqua

Fior di cuccu

Grisgiu

Carbone

Culor di fume

Grisgiu viulettu

Verdiramu

Caffè

Testa di Moru

Castagninu

Ghjallimoru

Bisgiu

Nanchina, culor di mele

I culori

Turchinu

Turchinu oscuru

Culor di mare

Azuru

Celincu cilestu

Indacu

Viulettu

Purpureu

Spicu

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Guipure au fil de lin, c’est une dentelle sansfond dont les motifs sont faits de brides et de picotsau point de feston, agencés et reliés entre eux.L’intérieur des motifs est parfois rempli d’un lacisde fils au point de toile ou de rouelles au point dereprise sur des fils au point lancé «en toile d’arai-gnée». Cette dentelle peut s’exécuter sans carreaumais les ouvrages de large dimension nécessitentun coussinet rigide sur lequel on les épingle.

Si on destine la brocca à border une pièce,le tissu du support est bordé sur la lisière d’unpremier rang de gros fil recouvert au point de festonpar un fil plus fin. Cela constitue le pied. Le restede la dentelle s’accroche à ce pied élément parélément.

Si l’ouvrage doit être sans bord fixé on letravaille en commençant par les œillets du ou desmotifs centraux. Ces œillets sont faits sur un gabaritou un fuseau de fileuse, objets pointus qui ontdonné leur nom à la dentelle (hrok : pointe, fuseauen germanique ancien?) ou plus simplement surle dé de l’exécutante pour les diamètres impor-tants. Chaque œillet doit être solidaire duprécédent et du suivant pour éviter lesnœuds de fil apparents.

Les barrettes qui réunissentles œillets et le réseau de gros fil quisont l’armature des motifs se recou-vriront de fil fin au point de feston,et se garniront de picots.

D’exécution très longue,demandant une solideexpérience et un tour de mainspécial, cette dentelle a étésupplantée par la dentelleindustrielle, mais satechnique est parvenuejusqu’à nous.

Avant d’entreprendrel’ouvrage, on dessine avecune solution de bleu dansl’eau et une plume les motifsque l’on reproduira. Le papierde ce patron est épinglé sur lecoussinet, u cuscinu.

Pour toutes les variétésde dentelle, la plus grandeliberté est de règle dans le choix

des motifs et leur disposition, improvisés en coursd’exécution. Techniques et motifs s’apprennent etse transmettent par copie d’ouvrage ou imitationdes gestes de l’exécutante.

Ces motifs sont cependant, de préférence,des rosaces à six éléments (le segnu di Salamone),des chevrons, des rinceaux, des entrelacs que l’onretrouve dans la broderie, mais encore le travail dubois ou de la pierre.

Une caractéristique pourtant est communequelle que soit la technique et les motifs : unecertaine épaisseur, surtout pour la brocca et lapuntetta. Un observateur du XVIIIe siècle parle de«grosse dentelle ».

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Tout en tirant l’aiguille, l’aïeule couturièredisait que chaque fille doit savoir filer et coudre,mais c’était elle, spécialement si elle ne se mariaitpas, qui composerait le trousseau de ses sœurs, deses nièces. Elle aurait en charge la couture pour lamaisonnée, comme si lui incombait, pensait-elle, dedébrouiller les conflits exemplaires de l’enfance etles nœuds des aiguilles maladroites dans un mêmesystème d’éducation. Pumpelia semblait dire qu’elleaurait pour tâche de joindre les membres de lafamille qu’elle vêt, d’unifier le clan comme elle réunitles pièces de vêtements. Bien sûr que ce serait lamère de famille et non elle la pourvoyeuse qui finan-cerait le trousseau.

Célibataire, par décision dans les cas limitesou par abnégation ; mère de famille ; il y a toujoursdans un groupe une fille ou une femme qui, par goûtou par talent, se consacre à la couture. Cusgidorasignifie «celle qui coud», toute femme qui accomplitl’action de coudre. Elle prenait un ton sérieux pourdire : «Ce n’est pas comme ce que j’ai entendu diresur les couturières du continent. Nous, quand onparle de la cusgidora di u paese, il s’agit de celle quia choisi de mettre son talent au service de la commu-nauté contre une rétribution, ce qui est plus unmode d’entretien par échange qu’un salaire ! Encoreque les produits de première nécessité échangés nelui échoient pas personnellement, mais profitent àsa maisonnée entière la plupart du temps…» et les

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On emploie pour ce faire : curdunetta (cordonnetou cordelière), trecciula (tresse), gallone (soutache), etpassapelu (passepoil) mais aussi de la chenille. Tous cesarticles, la plupart du temps d’importation italienne, sonten soie, écrue, noire ou jaune, plus rarement d’autrescouleurs.

L’ouvrage se fait directement à la main, ou mieux,sur un petit coussin rigide bourré de crin ou de paille : lecuscinu. Ce dernier est de dimensions plutôt réduites (unempan de côté environ), et recouvert de toile ou de flanellerouge.

Les motifs à obtenir sont dessinés sur un papierfixé par quelques points sur le cuscinu. Le lacet (curdunettaou autre) est fixé à son tour sur le papier, en suivant letracé des motifs, par de petites épingles plantées vertica-lement. Le travail s’exécute sur l’envers. Les entrelacs etboucles sont maintenus par quelques points de couture.Pour consolider les parties creuses on les remplit parfoisde brides croisées ou de roues au point de feston ou dereprise.

Le mot passamanu, « passemens», évoque avanttout les multiples façons de passer les fils et cordons à lamain. Itinéraires et passes magiques se reconnaissentdans les dédales des fils. C’est l’apprentissage dynamiquedu comportement et des structures sociales tout autantque celui de la dextérité manuelle. Chaque fil, chaque galona sa place et suit son chemin tout comme celle qui l’entre-lace doit déterminer sa route dans le labyrinthe de l’exis-tence. Dans l’inextricabilité apparente des comportements,dans l’écheveau des traditions au sein du clan ou de lafamille, il faut, sans hésiter, remonter le fil – de lin ou dutemps. Ne sont-ce point dentelles que les interminablesgénéalogies ; et réseaux que les structures de la famille?Ne parle-t-on pas de «nouer des relations »?

Passements et dentelles sont un jeu du plein et ducreux. C’est par le creux, le trou, que l’on aperçoit ce quiétait invisible, caché. C’est la révélation d’une présence.La dentelle porte avec elle, par conséquent, une série deconnotations érotiques. La peau entrevue au travers destextiles ajourés prend une couleur nouvelle, appelle et serefuse en même temps, excite la convoitise. Les fils entre-croisés réfèrent aux membres que l’on enlacera.

Si on a ici l’immédiateté de l’attrait sexuel, on aaussi le symbole d’un monde autre, d’un au-delà révélépartiellement rendu visible donc plus attractif encore.

Les fils de la dentelle, les cordons de la passe-menterie sont des symboles des chemins initiatiques quiremontent au chaos primordial : celui de l’emmêlementdésordonné de la toison animale ou végétale ; leurordonnancement technique et esthétique est la carte,l’image humanisée du monde, qui permet de trouver lechemin d’un ordre idéal.

U passamanuPumpelia,cusgidora(1854-1946)

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On taille un petit carré d’étoffe, on le plie en deux,on le replie encore pour faire un carré plus petit, etvoilà le pinzettu. On le place la pointe en bas pourle coudre sur l’ourlet du tissu.Ces pinzetti que l’on nomme parfois « cocottes » en

français, sont très employés commeornement en Corse. Outre des bordures de

vêtements ou de coussins, de couvre-pieds, onpeut en recouvrir totalement l’ouvrage.

D’un prix de revient minime,puisqu’on l’obtient en utilisantles tombées, il reste unornement profane, puisqu’on ne

le trouve jamais sur un vêtementou un linge liturgique. Le pinzettu

peut être obtenu à partir d’un carré, d’un rondou d’un triangle, mais une fois achevé, il

apparaît comme un triangle fendu aucentre par un pli, dont la succession

forme une rangée de dents).

I pinzetti

A guaina

[31]

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percale, le lampas, la filoselle, la batiste et le calicot.Quand tout est cousu, on écrase les coutures au fer.Maintenant,… puis,… tu prends de la laine biencardée et propre, ou bien de la ouate ou de la charpiepour ouatiner. Quelquefois on ne bourre pas ; maison met plutôt du molleton, ou de l’étamineordinaire, ou une étoffe usagée entre les deux bandesde pièces. Tu mets ton ouatinage sur l’envers de labande de doublure, et puis tu rabats l’autre, et tucouds à points de piqûre serrés [29]. Le bord finipeut être garni de pinzetti.

On taille ensuite un petit morceau de cartonque l’on encoche de la largeur souhaitée entre deuxlignes de piqûres. Ce petit carton permettra degarder les mêmes mesures tout au long du travail.En piquant le tissu d’une épingle à la hauteur del’encoche, le bord du carton sur la piqûre précé-dente, on marque la ligne à coudre. Le travailse fait au point devant en prenant les deuxépaisseurs de tissu et le ouatinage. Ungrand nombre de motifs est possible.

On peut aussi piquer la premièrebande au point d’épine avec du fil de linblanc ou des brillantés de couleur. On espace peules broderies, ou les piqûres pour donner du corpsau travail et obtenir une bande qui se tienne. Labande posée sur une table, on la roule pour ne pasla salir et occuper peu de place.

On coud ensuite la première bande terminéeentre deux autre bandes de pièces placées endroitcontre endroit, au point de piqûre (cf. ci-dessous).On ouatine ensuite, puis on pique.

Dès la fin de la première bande, on travailleen plaçant l’ourlet fermé qui commence le travail versle haut devant soi, de façon à avoir le travail le plusmaniable possible. On peut aussi procéder par lésverticaux ou par carrés. Mais à chaque fois,la pièce, matelassée et piquée, terminée,sera jointe à la suivante, en intercalantson bord entre dessus et doublure; cousueau point de piqûre comme indiqué plushaut.

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Chaque bande achevée est doncimbriquée dans la suivante. On peutalors la travailler en aponsure. Outrela grande tenue et l’aspect «fini»du travail, on obtient unegrande solidité del’ouvrage.

A pizzera c’estaussi un travail depatience, mais cen’est pas cher, ça ne coûte riensi ce n’est de la peine. C’est une techniqueancienne, de l’époque où l’indiana coûtait cher.En fait, c’est la façon qui est corse… Comme labroderie, ce sont toutes les femmes qui peuventle faire, pas besoin d’être experte ! Je pense quec’est le sens de l’économie et l’habitude decombiner avec ce qu’on a à la maison qui ontconduit les gens à faire ainsi. C’est comme un jeuqui transformerait ce qu’on va jeter en choseprécieuse. »

[28] , [29], [30] A pizzera.

[30]

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Investa o cocculu?Le trousseau feminin

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Les techniques de confection, d’ornementa-tion et d’entretien sont la gestation du vêtement.Achevé, le voici au monde. Les vies des vêtementsvont se suivre l’une après l’autre au fil du temps,inséparables des générations qui les font et les défontpatiemment. Un décalage dans le temps existecependant entre ces vêtements et ces générations :la mère coud pour la fille. Les plus âgées cousentpour les plus jeunes, avant que la période d’appren-tissage achevée ne leur permette de posséder lestechniques et de se vêtir elles-mêmes. Elles coudrontalors ensuite pour la génération qui les suit. Le lienentre les générations est le savoir technique. Il estdonc impératif qu’il soit transmissible.

Le trousseau est donc savoir et avoir. Chaquetrousseau est un champ d’expérimentation.

Il s’agit à chaque fois de conserver le savoirdes anciens et de faire preuve de sa connaissance desdernières inventions de l’élégance, savoir se vêtir estun savoir-vivre : « curtesia, galateju, crianza, duvere »(courtoisie, au sens que l’on donnait à ce mot auXVIIe siècle, raffinement dans le comportement,bonne éducation, obligeance).

Des règles coutumières – assez peu claire-ment définies par les Corses eux-mêmes – présidentà la préparation puis la confection de ce trousseau.

Aussitôt après les relevailles, s’il vient de naîtreune fille, la mère commence à se soucier du trousseaude la nouvelle née. Elle épargnera assez d’argent pouracheter la laine et le lin si la famille n’en produit pas,les tissera ou les portera à la tisserande. Elle complé-tera ces avoirs en étoffes ménagères par des couponsde tissus industriels divers. Mais la bourse de certainesfamilles ne suffisait pas toujours aux achats d’étoffe.Dans les familles pauvres, il n’était pas rare qu’avecdu vieux on fasse du neuf. Les courtes-pointes et lescutiglioni (jupes piquées) réunissaient les meilleursmorceaux de tissus récupérés. Dans les vêtementsdémodés ou démesurés, mais sans usure – souventdes vêtements du dimanche – on en taillait denouveaux en retournant parfois l’étoffe. Par ailleurs,on avait l’habitude de faire cadeau de coupons de

tissu pour les noces. Cette coutume était imman-quable dans les villages aux environs de Bastia – parti-culièrement à Lota –, on le comprend facilement grâceà la proximité de la ville et de ses commerces en étoffesimportées. On retrouve cet usage un peu partout enCismonte, un peu moins en Pumonti. Ces couponspouvaient être des étoffes d’importation donc, oudes produits locaux. Il était difficile à la future épousede se constituer de cette façon, à l’avance un trous-seau sans risquer les doubles emplois et les manques.Aussi, gardait-elle pour les besoins du ménage ou pourle trousseau des enfants qui lui viendraient cescoupons offerts.

Vers l’âge de sept ans, la fillette verra sa mèrecommencer la confection intensive du linge demaison qui lui sera plus tard nécessaire.

Il n’y a pas d’heure ni de lieux précis pour cetravail. Autour du fucone (foyer central) l’hiver,devant la maison au soleil d’été ou sous l’ombraged’un arbre voisin, dès que le jardin est sarclé, que leménage permet quelque répit, aux heures creusesde la journée. Chacune aménage son temps commeelle l’entend, et souvent se fait seconder par lesautres. Par sa propre fille d’abord, par les parentesensuite. Si dans la famille une sœur célibataire vitau foyer familial, la mère se déchargera de la prépa-ration et de la fabrication sur elle. Mais elle choisiraet achètera tissus et fournitures pendant que sa filleira réquisitionner sœurs, belles-sœurs et cousines à

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Margaret d’Este, Through Corsica with a camera.New-York, 1905.

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A B

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A casacchina La casacchina est un gilet ajusté à

manches plus ou moins étroites, ouvertdevant, dont l’encolure n’est jamaismontante et souvent découpée. Le bas de cevêtement, à la taille, peut-être coupé droit ouavoir de courtes basques festonnées, à scacchi(échiquetées) ou à cudoni (à languettes). Lacasacchina est cintrée par deux découpes dorsales.

Dans le Capicorsu, elle se croise sur l’estomacoù elle se ferme par trois épingles. Son encolure estchantournée et bordée d’un mince biais de couleurcontrastée. Le bas des poignets est garni d’un ruchéétroit.

On fait ce vêtement en indienne doublée detoile, en étoffe légère piquée et, à la fin du XIXe siècle,en tricot [42].

On l’enfile sur la chemise ou sur la casacca,ainsi que le précise Falcucci. Par-dessus ce gilet quirecouvre toujours la ceinture de la jupe, on porte lecorsage à la mode du canton : statu, vesta ou ghjac-chetta.

Page ci-contre : [42] A casacchinaEn haut : Casacchina. Indiana. Capicorsu, vers 1840.

En bas : Casacchina. Brucattu. Balagna, vers 1850.

n I N V E S T A O C O C C U L U ?

Pann

i di s

ottu

A casacchina

Casacchina, Capicorsu, vers 1840.De gauche à droite, en haut : devant, côté, dos.En bas : ruché du poignet, manche.

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U ghjubbone Ce corsage, d’usage général dans toute la

Corse dès le XVIe siècle, d’étoffe ordinaire ou localeet sans garniture pour les femmes de conditionmodeste, mais de riche tissu et galonné pour lesdames fortunées, a été porté jusque vers 1860. Ilétait aussi nommé casacchinu.

De nombreux boutons ou des agrafes invisi-bles closent le ghjubbone du cou à la taille, toujoursporté fermé et montant. De là l’origine du termeaghjubbatu (boutonné). Ajusté au torse, il est sanscol et sans basques. Le plastron peut-être garni deparements boutonnés, à l’instar des rabats d’uni-formes, et le bas du vêtement descend en pointe surle ventre, sauf à Lota où la taille en était placée sousla poitrine. Les manches d’ampleur médiocre etsouvent ajustées sont montées plates à l’emman-chure avec un passepoil, reliquat des maheutresgarnissant les épaules des plus anciens modèles. Lespoignets sont garnis d’un ruché à Lota ou deparements dans la Castagniccia.

Ce corsage a été supplanté par le caracò.

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[53] U ghjubboneDe haut en bas :

Ghjubbone, Damascu. Balagna, fin du XVIe siècle.

Ghjubbone, lundrina. Lota, vers 1830-1860.Ghjubboni, silesiana. Corte, vers 1840.

Pann

i di d

ossu

Ghjubbone, Ascu, vers 1850.De gauche à droite, en haut : parementure devant,laticlave devant, côté.En bas : laticlave dos, incrustation dos, milieu dos,dessus de la manche, dessous de la manche.En dessous : poignet.

Ghjubbone

Casacchinu

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U ghjubboneDe haut en bas :

Villutinu, tafità. Ascu, vers 1840.Fresi. Niolu, vers 1850.

Pann

i di d

ossu

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cintré par les découpes du dos, parfois arrondies, etdes côtés. Une fente laissée ouverte mais toujoursagrafée à l’encolure, partage le plastron en deux, etdescend jusqu’au-dessous de l’estomac.

Cette fente et l’encolure sont bordées d’unebande de drap ou de velours rouge, bleu turquin,violine ou jaune. Elles peuvent s’enrichir desoutaches, de broderies, d’étroite guipure ou deghjumelli au début du XIXe siècle ; mais toujours avecune sévère simplicité et d’une seule teinte, même sicelle-ci est vive. Dépourvues de manches, les emman-chures ne dépassent pas l’arrondi de l’épaule. Cetterobe descend jusqu’à la cheville. Des pièces triangu-laires, les rocchji, sont cousues entre les lés pour élargirle vêtement dans le bas, formant de nombreuxgodets. La saccula peut faire ainsi plus de six mètres

A SACCULA

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Pann

i di d

ossu

SuttanaÀ gauche : corps de la robeÀ droite en haut : rochju intercalaireà droite en bas rochju de côté.

À droite : rochji intercalaires milieu devant et dosDe gauche à droite : corps de robe, rocchju intercalaire,fianchera, rocchju intercalaire de côté.

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[81] Vestutu. Indiana. Casinca,

1840-1880.

U VESTITU

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A faldetta «Une espèce de jupe fort longue par-derrière

et plissée qu’elles révèlent dessus leur tête en formede voile. »

Abbé de Germanes, 1775

«Faldetta : Vêtement que les femmes mettentsur la tête en guise de mezaro, et qu’elles attachentderrière la taille avec de petits cordons; elle est plutôtample, de couleur noire ou bleu céleste foncé le plussouvent, et recouvre même les bras et les mains. »

Falcucci, 1892 (traduction)

« Les faldette consistaient en une immensejupe de soie noire que l’on attachait à la ceinture etdont la partie postérieure était relevée par-dessus latête et rabattue sur la figure. Quand elles étaientveuves plus de distinction ; riches ou pauvresportaient les faldette. »

Frédéric Ortoli, 1898

«La faldetta, pour les cérémonies religieusesou les convois mortuaires. C’était une espèce de jupedont le bas était doublé intérieurement d’une largebande de soie violette. Elle était portée relevée surla tête en guise de capuchon, et la bordure de soiese trouvant ainsi au dehors, formait comme unelarge garniture encadrant le visage et le buste […]»

Bastia-Journal, 1890

Ci-dessus : A. Duruy. In Abbé Galletti, Histoire illustrée..., 1863.

Ci-dessous : Femmes portant la faldetta, 1960, V. Armani. Musée de Bastia.

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Page 38: Costumes de Corse

Ce vêtement est un insulaire de vieille date,le plus caractéristique du costume féminin en Corse,la faldetta figure déjà sur le recueil de costumesitaliens de Vecellio au XVIe siècle. Les illustrateurs duXIXe siècle – dont J. PetitJean dans l’Histoire de laCorse de l’abbé A. Galletti – représentent cettefaldetta qui est la seule pièce du vestiaire traditionnelinsulaire portée jusqu’à la fin du XXe siècle.

La faldetta n’a pourtant plus l’usage quotidiend’antan. On ne la voit pratiquement qu’à Branduet ses environs pour la cerca, durant les festivitéspascales où elle est tenue de procession obligée. Entreles buissons blancs et roses de ciste fleuri, les faldettebleues serpentent dans le maquis derrière la croixornée de palmes tressées qui tangue.

Il existe six modèles de faldetta en Corse,diversement nommés, suivant les cantons, mais unefois le type et le nom adoptés, la forme resteinchangée tout au long de son usage.

Le modèle le plus simple consiste en unrectangle de tafità, noir (180 ´ 80 cm environ) dontun des grands côtés est bordé d’une balzana d’à peuprès dix centimètres de large. Il est porté comme unvoile dont un pan est coincé dans la ceinture de la jupe.On le nomme veleri [92 HAUT].

Le second modèle est un rectangle de percalaidentique au précédent mais dont le deuxièmegrand côté est monté sur une ceinture qui le fixeà la taille et que l’on porte comme untablier arrière retroussé. Lespetits côtés du rectanglereposent sur les bras et legrand bord libre posé surla tête descend de chaquecôté du visage jusqu’à lataille où l’on glisse lescoins. Ce modèle-là est plussouvent bleu foncé [93].

A FALDETTA

vête

men

ts d

e pro

tect

ion

Faldetta, début du XXe siècle.

Musée de Bastia.

Les formes de la faldetta

Veleri rectangulaires [92 haut]

Faddetta [93]

Faldetta ronde [94]

Faldette [96]

Cappona [95]

Vitese [92 bas]

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Les teintes de la faldetta

Bleu

Noir

Rayé bleu-blanc

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Page 39: Costumes de Corse

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[94]

De haut en bas : Faddetta. Sempiternu. Aiacciu, XIX

e siècle.Faldetta. Fustana. Niolu, XIX

e siècle.

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Page 40: Costumes de Corse

A FALDETTA

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vête

men

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[95] A cappona. Culore. Gravona-Zicavu, 1780-1920

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Page 41: Costumes de Corse

SartèAlta Rocca

Portivechju

Rocca

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La région que nousappelons Rocca comprend

le Sartenais proprementdit mais s’étend,

en ce qui concerne les usi,à l’ensemble Istria, Viggiani,

Taddà, Scupamè, Carbini,Portivechju et Figari.

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Page 42: Costumes de Corse

Rocca

Les modes féminines caractéristiques de cescontrées requièrent la camisgia à a longa à petitecollerette ou la casacca de même sur la camisgia smanic-cata, le port de deux suttaneddi (jupons) de couleur àvolants sur la suttanedda blanche. Le jupon supérieurest souvent une rucchina à rocchji, en saraghetta, tafitàou ghjacunetta dont les découpes et l’ourlet sont garnisd’une soutache ou de rubans de velours appliqués enchevron. La vita, sans bretelle, est souvent fermée surl’estomac par une rangée de petits boutons maisd’étoffe très variée. Le corsage très ajusté à basquecourte se porte par-dessus. La coda (ou cialdredda)traînante est noire et le scuzali en indienne est fréquem-ment garni d’un volant dans le bas. À la fin duXIXe siècle, le scialu de lundrina noir remplace la pianettade velours noir ou la mantellina de laine tricotée noire.Le mezaru, nommé ici rasu, est aussi quasimenttoujours noir. On le replie pour le porter spartitu épinglésur un mandile noir, rose ou blanc, cintu. La caletta –un béguin de pichè, de renza ou de canavetta – se portedans l’intimité, par grand frais ou la nuit.

Dans la partie orientale de la région, pour lesfunérailles et le deuil, un large rectangle de soie noire– seta paduana, tafità ou rasu – tient lieu de faldettasous le nom de mezaru ou veleri, posé sur la tête etenveloppant les épaules et le dos jusqu’à la taille, uncoin souvent glissé dans la ceinture.

Plus qu’ailleurs en Corse, les tenues decérémonie demandent des vêtements brodés, maisen toutes circonstances, ce sont le vert et le noir quidominent.

Dans le Sartenais précisément, les femmes decondition aisée revêtent la suttana de soie noire àmanches étroites et au corsage brodé de perles de jaiset le vilettu de brusgiu noir, bleu pâle pour les jeunesfilles. Les cheveux sont coiffés en torchjuli et frisés aufer puis recouverts, vers 1850 par une resiglia en filetnoir ou violette. Le caracò noir assestatu supplante laghjacchetta vers 1870.

La prédominance des teintes sombres et descoupes ajustées donne aux costumes du lieu uneélégance un peu austère pleine de dignité.

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Alta Rocca, 1830-1850. Ghjuvanotta anch’i sopanni di festa (jeune fille en tenue de fête).

n378

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Ci-dessus et ci-dessous : Manche et devant dela ghjacchetta.

Mezaru spartutu.

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nPortivechju| | | | | | | | | | | |380

Portivechju, 1830-1850. Signora in panni di festa(dame en tenue de fête).Ci-dessus : Manche de la ghjacchetta.

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Sartè, 1840-1850. Signorain suttana (dame ensuttana).

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nSartè| | | | | | | | | | | |382

Sartè – Costume de cérémonie – vers 1840

1. Camisgia à pilusa à la longa (telalina)Calzi (maglia-cuttone)

2. Bunedda di sottu (calicò). SuttaneddaCuscineddu (culore)Scherpine à fioccu (coghju-seta)

3. Bunedda portée sur la bunedda di sottu (culore)Vita, boutonnée devant (rasu)

4. Rucchina portée sur la bunedda (tafità, frisghjettu di viluttu)5. Suttana (seta paduana)6. Mezaru (brusgiu)

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383n| | | | | | | | | | | |

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nBrandu| | | | | | | | | | | |

A. Brandu. Villageois aisé, vers 1850Camisgia. Percala, blancCravatta. Lundrina, noirCurpettu. Bruccatu à fond ocreBraghe. Sempiternu, rayé bleu et grisMarzina. Villutu, vert sapinScherpi. Cuir de bœuf, noirBaretta misgia. Lundrina, noir.

B. Bastia. Jeune citadin, vers 1840Camisgia. Percala, blanc

Cravatta. Tafità, noirCurpettu. Indiana, rayée multicolore

Braghe. Pannulaniu, bleuAmerganetta. Pannulaniu, turquin

Scherpi. Cuir de bœuf, noirCappellu tondu. Feutre, gris.

C. Bastia. Marin pêcheur, vers 1850Camisgia. Tela pucciaja, écru

Mandile di collu. Quadriglia, multicoloreCurpettu. Pannulaniu, bleu indigo

Braghe. Pannulinu, bleu indigoFascia. Lundrina, bleu outremer

Sbernia. Pannulaniu, noirGhjambali. Fresi, brun et beige

Zocculi. Cuir de bœuf, semelles de boisBaretta. Pannulaniu, vermillon.

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A

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395n Bastia| | | | | | | | | | | |

B

C

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nCastagniccia

Castagniccia. Villageois, vers 1850Camisgia. Pannulinu, blanc.Curpettu. Villutu, marron.Braghe. Pannufrisu, brun.Vesta cacciatora. Villutu, vert olive. Boutons enacier rimagé.Carchera. Cuir de sanglier.Scherponi. Cuir de bœuf.Baretta à visiera. Pannulaniu, noir.

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397n Corti

Corti. Villageois du canton, vers 1850Camisgia. Pannulinu, blanc.Curpettu. Villutu, culor d’oliu.Pantaloni. Pannulaniu, marron.Marzina. Fresi brun. Boutons d’acier.Carchera. Cuir de sanglier.Scherponi. Cuir de veau, noir.Scucozzu. Casturina, noir.

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nAscu| | | | | | | | | | | |398

Ascu. Villageois portant la chjoppula et lesghjambali, vers 1840.

Ascu. Villageois, vers 1850Camisgia. Pannulinu, blanc.Curpettu. Villutu, écarlate.

Pantaloni. Pannulaniu, brun.Cappottu. Fresi, brun, bordures de toile rouge.

Scherponi. Cuir de bœuf, noir.

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Niolu. Villageois, vers 1850Camisgia. Pannulinu, blanc.Curpettu. Lundrina, turquin.Braghe. Fresi, brun.Vesta. Fresi brun, boutons de corne.Pilone (cape). Pilone (drap), brun.Ghjambali. Chjoma capruna, brunBaretta misgia. Pannulaniu, noir.

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L’éditeur tient à remercier tout particulièrement

le musée de la Corse : monsieur Jean-Marc Olivesi, conservateur,

Clarysse Binet, documentaliste,

le musée ethnographique de Bastia : madame Élisabeth Cornetto, conservateur,

ainsi que mesdames Simone Barbieri, Patricia Grimaldi, Letizia Chiappini, Anna de Tavera

et messieurs Dédé Simongiovanni et Joseph Raffalli.

Crédits iconographiques

Les œuvres sont de l’auteur

© Musée de Bastia

D.R. : p. 32 (haut gauche), 184

© Musée de la Corse

D.R. : pp. 304, 309, 310, 319, 339, 340

Christian Andreani : pp. 294, 346

© Musée de l’Homme

D.R. : p. 232

© Coll. Simone Barbieri

D.R. : p. 284

© Coll. Général Santini

D.R. : pp. 27, 28

© Albiana/ VB

Photos des reconstitutions sur mannequins

ISBN: 978-2-84698-199-6

Achevé d’imprimer le 15 novembre 2008.

Dépôt légal : 4e trimestre 2008

Maquette et mise en page

Valérie Biancarelli

Albiana

BP 83 –20176 Ajaccio Cedex

Tél. 04 95 50 03 00

[email protected]

www.albiana.fr

©Tous droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays. Albiana 2008

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