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PALAIS DU LUXEMBOURG - 15, RUE DE VAUGIRARD - 75291 PARIS CEDEX 06 TEL. : 01 42 34 48 03 - FAX : 01 42 34 49 13 - MAIL : MN.LIENEMANN@SENAT.FR Monsieur Emmanuel Macron Ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique 139, rue de Bercy, 75572 PARIS cedex 12 Paris, le mercredi 14 octobre 2015, A l’attention de Monsieur Emmanuel Macron Ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique Objet : Devenir de la Papeterie de Docelles (Vosges) Monsieur le Ministre, Je vous avais adressé le 12 mars 2015 une question écrite sur l’avenir de la Papeterie UPM de Docelles dans les Vosges. Celle-ci est restée sans réponse. Depuis plus de deux ans, les salariés de l’usine UPM Papeterie de Docelles (Vosges), avec le soutien des élus locaux, se mobilisent pour empêcher la fermeture de leur entreprise, la plus ancienne papeterie de France (site créé en 1478). Sa fermeture définitive donnerait un coup rude au tissu économique d’un territoire déjà fortement touché par la disparition de l’activité textile, avec 152 emplois supprimés. L’entreprise appartient au groupe finlandais UPM, qui a déjà fermé plusieurs usines en France ; celle des Vosges représente 0,7% de ce groupe qui par ailleurs a dégagé plus de 800 millions d’euros de bénéfices en 2014 (en progression de 23%). Ce groupe a toujours refusé les propositions d’achat qui lui étaient présentées, jouant sur les coûts de cession qui sont brutalement passés de l’euro symbolique à plus de 10 millions. Les salariés ont travaillé à la création d’une SCOP, car les conditions semblent réunies pour assurer la pérennité de l’entreprise : économiquement viable, souplesse de son outillage (un des plus performant d’Europe, qualité des papiers produits, hautes compétences de ses ouvriers. Ce projet, dont le business plan a été bouclé en février 2014, a reçu le soutien des collectivités locales, de l’union régionale des SCOP et du préfet des Vosges. Il disposait d’un financement de 12 millions d’euros, issu de mesures du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) et associant la Banque publique d’investissement et deux banques. …/… R E P U B L I Q U E F R A N Ç A I S E MARIE-NOËLLE LIENEMANN ___________ ANCIEN MINISTRE ___________ SENATRICE DE PARIS

courrier de M.-N. Lienemann à Emmanuel Macron sur l'avenir de la papeterie de Docelles (88)

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Suite à une question écrite restée sans réponse, et après que le tribunal de commerce d'Epinal a débouté les salariés engagé pour une reprise en SCOP de la papeterie, Marie-Noëlle Lienemann interpelle le ministre de l'économie pour que l'Etat intervienne enfin dans le dossier à la mesure des engagements pris en 2012 devant les Français par le Président de la République, pour des situations comparables.

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Page 1: courrier de M.-N. Lienemann à Emmanuel Macron sur l'avenir de la papeterie de Docelles (88)

PALAIS DU LUXEMBOURG - 15, RUE DE VAUGIRARD - 75291 PARIS CEDEX 06

TEL. : 01 42 34 48 03 - FAX : 01 42 34 49 13 - MAIL : [email protected]

Monsieur Emmanuel Macron

Ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique 139, rue de Bercy,

75572 PARIS cedex 12

Paris, le mercredi 14 octobre 2015,

A l’attention de Monsieur Emmanuel Macron

Ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique

Objet : Devenir de la Papeterie de Docelles (Vosges)

Monsieur le Ministre,

Je vous avais adressé le 12 mars 2015 une question écrite sur l’avenir de la

Papeterie UPM de Docelles dans les Vosges. Celle-ci est restée sans réponse.

Depuis plus de deux ans, les salariés de l’usine UPM Papeterie de Docelles

(Vosges), avec le soutien des élus locaux, se mobilisent pour empêcher la

fermeture de leur entreprise, la plus ancienne papeterie de France (site créé en

1478). Sa fermeture définitive donnerait un coup rude au tissu économique

d’un territoire déjà fortement touché par la disparition de l’activité textile,

avec 152 emplois supprimés.

L’entreprise appartient au groupe finlandais UPM, qui a déjà fermé plusieurs

usines en France ; celle des Vosges représente 0,7% de ce groupe qui par

ailleurs a dégagé plus de 800 millions d’euros de bénéfices en 2014 (en

progression de 23%). Ce groupe a toujours refusé les propositions d’achat qui

lui étaient présentées, jouant sur les coûts de cession qui sont brutalement

passés de l’euro symbolique à plus de 10 millions.

Les salariés ont travaillé à la création d’une SCOP, car les conditions

semblent réunies pour assurer la pérennité de l’entreprise : économiquement

viable, souplesse de son outillage (un des plus performant d’Europe, qualité

des papiers produits, hautes compétences de ses ouvriers.

Ce projet, dont le business plan a été bouclé en février 2014, a reçu le soutien

des collectivités locales, de l’union régionale des SCOP et du préfet des

Vosges. Il disposait d’un financement de 12 millions d’euros, issu de mesures

du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) et associant la Banque publique

d’investissement et deux banques.

…/…

R E P U B L I Q U E F R A N Ç A I S E

MARIE-NOËLLE

LIENEMANN

___________

ANCIEN MINISTRE

___________

SENATRICE

DE PARIS

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…/…

Il prévoyait, après la préparation de la relance du site, de recruter 120

personnes pour atteindre, au bout de deux ans d’activité, un effectif de 160

personnes. À nouveau, UPM a refusé cette solution.

Les dédales juridiques de cette affaire, oscillant entre l’examen des

prud’hommes et le tribunal de commerce, ont longtemps traîné en longueur.

On peut s’interroger légitimement s’il n’y a pas eu dans cette affaire la

volonté de laisser pourrir la situation en dépassant l’échéance du 15 avril 2015

qui marquait la fin de l’obligation de maintenir le site en état de pouvoir

redémarrer.

Or, le 29 septembre dernier, le Tribunal de commerce d’Epinal a débouté les

salariés réunis dans la SCOP de leur offre de reprise de l’entreprise. L’un des

motifs invoqués sont l’absence d’accord du groupe UPM sur les prix et les

conditions de la reprise. Il faut souligner que ce groupe avait évoqué lors du

plan social la possibilité de céder l’activité aux salariés pour l’euro

symbolique. En tout état de cause, suite à une réunion d’information

consultation, le 13 décembre 2013, la société UPM a proposé de modifier le

plan de sauvegarde de l’emploi en précisant qu’une société (comme la SCOP)

pourrait reprendre le site pour « un prix inférieur à la valeur du marché ».

UPM, refusant toute tentative de faire expertiser le site pour connaître sa

valeur en fonction du prix du marché, interdit ainsi toute possibilité de se

conformer à ses engagements, ces derniers ayant été reconnues par le tribunal

de commerce qui n'a toutefois pas voulu faire droit a minima à cette demande.

Les salariés ont évidemment fait appel de la décision du tribunal de

commerce, car à ce stade elle ne permet aucune solution sérieuse pour le

maintien de l’activité sur le site.

Le groupe UPM avait accepté un PSE et un contrat de revitalisation mais s’est

toujours refusé à négocier sérieusement le maintien de l’activité, rejetant toute

offre de médiation. Il n’a donc pas agi en conformité avec les

recommandations de l’OCDE.

Aujourd’hui, la convention de revitalisation signée avec le préfet en décembre

2014, est en cours d’application. La première étape est la recherche d’un

repreneur papetier, ce qui supposait de réussir à faire fléchir UPM sur le prix

de cession grâce à une implication du gouvernement. Si cette étape échoue, la

seconde étape consistera à chercher à réindustrialiser le site, quelle que soit

l’activité.

Monsieur le Ministre, je vous réaffirme que la papeterie de Docelles est

durablement viable et peut permettre d’engager de nouveaux procédés et

produits, d’autant que les outils de production sont récents et

technologiquement avancés.

…/…

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…/…

Cette affaire me semble emblématique de deux engagements pris devant les

Français par le Président de la République à savoir, d’une part, l’obligation de

rechercher un repreneur et, d’autre part, d’accorder une priorité de reprise aux

salariés sous la forme de coopératives.

Aussi, il paraît désormais indispensable que l’État mette enfin tout son poids

dans ce dossier et que le gouvernement intervienne pour débloquer la

situation.

Les élus locaux – en particulier le maire de Docelles – sont mobilisés et on

saisi plusieurs responsables du gouvernement sans obtenir de réponses. Ils

sont particulièrement inquiets car, au-delà de cette papeterie, d’autres sites

industriels semblent menacés.

Je ne doute pas que vous aurez à cœur de dialoguer avec eux et, en tout cas,

d’apporter des solutions opérationnelles pour conserver les capacités

productives de notre pays, en particulier, lors qu’il s’agit d’une usine

moderne, performante et susceptible de conserver et d’ouvrir de nombreux

marchés.

La logique des grands groupes n’est pas toujours celle qui permet la

compétitivité et le développement de notre pays et de ses territoires. C’est

pourquoi il faut dans ce cas les amener à leur responsabilité et prévoir une

possibilité de reprise par d’autres acteurs comme par exemple la SCOP.

Restant à votre disposition, je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le

Ministre, l’expression de ma considération.

MARIE-NOËLLE LIENEMANN