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Cours n Cours n ° ° 1: 1: Une br Une br è è ve histoire ve histoire des id des id é é es linguistiques es linguistiques Licence Licence de Sciences de Sciences Cognitives Cognitives 3 3 è è me me ann ann é é e e Module Sciences du Langage Module Sciences du Langage

Cours L3 - 1 - Une brève histoire des idées linguistiqueshelene.brochard.free.fr/Sciences%20du%20langage/L2... · zLa langue d’Adam (ou langue adamique) « Yahvé Dieu modela

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  • Cours nCours n°°1:1:Une brUne brèève histoireve histoire

    des iddes idéées linguistiqueses linguistiques

    LicenceLicence de Sciences de Sciences CognitivesCognitives33èème me annannééee

    Module Sciences du LangageModule Sciences du Langage

  • Avant proposAvant propos

    Impossible en 2h00 dImpossible en 2h00 d’’aborder le quart du aborder le quart du ddéébut du commencement du sujetbut du commencement du sujet……

    Les points abordLes points abordéés seront souvent en s seront souvent en rapport avecrapport avec

    ll’’origine du langage et lorigine du langage et l’é’évolution des languesvolution des languesles liens entre cognition et langageles liens entre cognition et langage

  • Plan du Plan du courscours

    1.1. Le langage dans la pensLe langage dans la penséée antique et la religion e antique et la religion chrchréétiennetienne

    2.2. Les philosophes des LumiLes philosophes des Lumièères et la naissance res et la naissance de la linguistique historiquede la linguistique historique

    3.3. Le structuralisme et la linguistique gLe structuralisme et la linguistique géénnéérativerative

    4.4. Quelques courants de la linguistique aujourdQuelques courants de la linguistique aujourd’’huihui

  • Plan du Plan du courscours

    1.1. Le langage dans la pensLe langage dans la penséée antique et la religion e antique et la religion chrchréétiennetienne

  • Quelques unes des premiQuelques unes des premièères res questions sur le langagequestions sur le langage

    OOùù se trouve situse trouve situéée la faculte la facultéé de langage ?de langage ?

    La question du nomothLa question du nomothèète : qui est le premier te : qui est le premier crcrééateur du langage ?ateur du langage ?

    Quelle est la langue premiQuelle est la langue premièère ?re ?

    Des questions voisines de celles dDes questions voisines de celles d’’aujourdaujourd’’huihui……

  • La localisation de la facultLa localisation de la facultéé de de langagelangage

    En lien avec la localisation de lEn lien avec la localisation de l’’âme et de la âme et de la penspenséée humainee humaine……

    AntiquitAntiquitéés grecques et babyloniennes : cerveau, s grecques et babyloniennes : cerveau, ccœœur, foieur, foie

    Imhotep (3Imhotep (3èème dynastie me dynastie éégyptienne, 27gyptienne, 27èème s. me s. B.C.E.) : relation physiologique entre langage et B.C.E.) : relation physiologique entre langage et cerveaucerveau

  • Les premiLes premièères dres déémarches marches ‘‘scientifiquesscientifiques’’

    Pharaon PsammPharaon Psamméétique I, 7tique I, 7èème s. B.C.E.me s. B.C.E.

    «« PsammPsamméétique fit remettre tique fit remettre àà un berger deux nouveauxun berger deux nouveaux--nnéés, des s, des enfants du commun, enfants du commun, àà éélever dans ses lever dans ses éétables dans les conditions tables dans les conditions suivantessuivantes : personne, ordonna: personne, ordonna--tt--il, ne devait prononcer le moindre il, ne devait prononcer le moindre mot devant euxmot devant eux ; [; [……] Psamm] Psamméétique voulait surprendre le premier tique voulait surprendre le premier mot que prononceraient les enfants. [mot que prononceraient les enfants. [……] Pendant deux ans le berger ] Pendant deux ans le berger ss’’acquitta de sa tâche, puis un jour, quand il ouvrit la porte et acquitta de sa tâche, puis un jour, quand il ouvrit la porte et entra entra dans la cabane, les enfants se tradans la cabane, les enfants se traîînnèèrent vers lui et prononcrent vers lui et prononcèèrent le rent le mot mot bbéécoscos, en lui tendant les mains. [, en lui tendant les mains. [……] [Psamm] [Psamméétique] dtique] déécouvrit couvrit ainsi que ainsi que bbéécoscos est, chez les Phrygiens, le nom du pain. Cest, chez les Phrygiens, le nom du pain. C’’est ainsi est ainsi que les Egyptiens [que les Egyptiens [……] reconnurent que les Phrygiens ] reconnurent que les Phrygiens éétaient plus taient plus anciens quanciens qu’’eux.eux. »»(H(Héérodote, rodote, LL’’EnquêteEnquête, II, 1; , II, 1; ŒŒuvres compluvres complèètes, trad. A tes, trad. A BarguetBarguet, , Paris, Gallimard, BibliothParis, Gallimard, Bibliothèèque de la Plque de la Plééiade, 1964).iade, 1964).

  • Les conceptions des penseurs grecsLes conceptions des penseurs grecsPlaton (428Platon (428--387 av. J.C.)387 av. J.C.)

    HermogHermogèènene : : «« CratyleCratyle ici prici préésent dsent dééclare, Socrate, qu'il existe une rectitude clare, Socrate, qu'il existe une rectitude originelle de doriginelle de déénomination, appartenant de nature nomination, appartenant de nature àà chaque rchaque rééalitalitéé ; qu'il n'y a pas ; qu'il n'y a pas ddéénomination quand il s'agit d'une appellation dont tels hommes sonomination quand il s'agit d'une appellation dont tels hommes sont convenus nt convenus d'appeler une chose, en utilisant pour cela une partie de leurs d'appeler une chose, en utilisant pour cela une partie de leurs articulations vocales ; articulations vocales ; mais qu'une rectitude de dmais qu'une rectitude de déénomination existe originellement, pour Grecs et Barbares, nomination existe originellement, pour Grecs et Barbares, et la même pour tous, indistinctement. (...) En vet la même pour tous, indistinctement. (...) En vééritritéé, Socrate, pour ce qui est de moi, , Socrate, pour ce qui est de moi, en den déépit de nombreux entretiens avec lui comme avec beaucoup d'autrespit de nombreux entretiens avec lui comme avec beaucoup d'autres, je ne puis , je ne puis me convaincre qu'il y ait autrement rectitude de dme convaincre qu'il y ait autrement rectitude de déénomination, si ce n'est par une nomination, si ce n'est par une convention et un accord. Voici en effet mon avis : tel nom qu'auconvention et un accord. Voici en effet mon avis : tel nom qu'aura pu poser un tel ra pu poser un tel pour telle chose, c'est celuipour telle chose, c'est celui--llàà qui est le nom correct ; que plus tard, qui est le nom correct ; que plus tard, àà sa place il en sa place il en pose un autre et ne recoure plus, pour la chose dont il s'agit, pose un autre et ne recoure plus, pour la chose dont il s'agit, àà cette appellation, il n'y cette appellation, il n'y a pas du tout moindre rectitude dans le second cas que dans le pa pas du tout moindre rectitude dans le second cas que dans le premierremier…… Le fait est Le fait est que, de nature et originellement, aucun nom n'appartient que, de nature et originellement, aucun nom n'appartient àà rien en particulier, mais rien en particulier, mais bien en vertu d'un dbien en vertu d'un déécret et d'une habitude, cret et d'une habitude, àà la fois de ceux qui ont pris cette la fois de ceux qui ont pris cette habitude et de ceux qui ont dhabitude et de ceux qui ont déécidcidéé l'appellationl'appellation. . »» [Le [Le CratyleCratyle] (383a] (383a--384e)384e)

    Les noms nommentLes noms nomment--ils les choses selon leur nature (ils les choses selon leur nature (physisphysis) ou en fonction ) ou en fonction dd’’une loi ou dune loi ou d’’une convention humaine (une convention humaine (nomosnomos) ?) ?

  • Les conceptions des penseurs grecsLes conceptions des penseurs grecsPlaton (428Platon (428--387 av. J.C.) (2)387 av. J.C.) (2)

    DDéépasser les deux origines naturelle passer les deux origines naturelle ((phuseiphusei) et conventionnelle () et conventionnelle (theseithesei) des mots) des mots

    ÉÉvolution des mots : les mots complexes renvoient volution des mots : les mots complexes renvoient ààdes mots plus simples, qui euxdes mots plus simples, qui eux--mêmes renvoient mêmes renvoient àà la la valeur expressive des lettres et des sonsvaleur expressive des lettres et des sons

    →→ IIddéée d'une e d'une éévolution et dvolution et d’’une histoire des langues, une histoire des langues, qui squi séépare les formes actuelles des formes originellespare les formes actuelles des formes originelles

    Une thUne thééorie de la connaissance : notre connaissance orie de la connaissance : notre connaissance ne dne déépend pas de notre rapport avec les noms, mais pend pas de notre rapport avec les noms, mais de notre rapport avec les choses, ou mieux, avec les de notre rapport avec les choses, ou mieux, avec les IdIdééeses

  • Les conceptions des penseurs grecsLes conceptions des penseurs grecsAristote (384Aristote (384--322 av. J.C.)322 av. J.C.)

    IdIdéée d'une me d'une méédiation entre les mots utilisdiation entre les mots utiliséés par les s par les hommes et leur rhommes et leur rééfféérents :rents :

    «« Les sons Les sons éémis par la voix sont les symboles des mis par la voix sont les symboles des éétats tats de l'âme, et les mots de l'âme, et les mots éécrits les symboles des mots crits les symboles des mots éémis mis par la voixpar la voix…… Et de même que l'Et de même que l'éécriture n'est pas la criture n'est pas la même chez tous les hommes, les mots parlmême chez tous les hommes, les mots parléés ne sont s ne sont pas non plus les mêmes, bien que les pas non plus les mêmes, bien que les éétats de l'âme tats de l'âme dont ces expressions sont les signes immdont ces expressions sont les signes imméédiats soient diats soient identiques chez nous, comme sont identiques aussi les identiques chez nous, comme sont identiques aussi les choses dont ces choses dont ces éétats sont les images.tats sont les images. »» [De [De ll’’interprinterpréétation] (16a3tation] (16a3--5)5)

  • Le concept de LogosLe concept de LogosRacine du verbe grec lego, Racine du verbe grec lego, ‘‘to to saysay’’; diff; difféérentes interprrentes interpréétations tations possibles au cours de lpossibles au cours de l’’histoire grecque : argument, principe histoire grecque : argument, principe rationnel, raison, proportion, mesure, etc.rationnel, raison, proportion, mesure, etc.

    HHééraclite (6raclite (6èèmeme s. av. J.C.) et les Stos. av. J.C.) et les Stoïïciens (3ciens (3èèmeme s. av J.C.) :s. av J.C.) :Importance du logos comme principe immanent dImportance du logos comme principe immanent d’’ordre, comme force ordre, comme force divine qui produit ldivine qui produit l’’ordre visible dans la natureordre visible dans la natureLien avec le langage : le logos est reprLien avec le langage : le logos est repréésentsentéé au niveau du langage par au niveau du langage par la structure ordonnla structure ordonnéé du discoursdu discoursLa Nature et le logos sont de même nature; lien entre le logos eLa Nature et le logos sont de même nature; lien entre le logos et la t la penspenséée humainee humaine

    Le dLe dééveloppement de la rhveloppement de la rhéétorique : technique du discours, travail torique : technique du discours, travail sur la grammaire de la langue et sur ce qusur la grammaire de la langue et sur ce qu’’elle velle vééhicule (ethos, hicule (ethos, pathos, logos)pathos, logos)

    «« prouver la vprouver la vééritritéé de ce qu'on affirme, se concilier la bienveillance des de ce qu'on affirme, se concilier la bienveillance des auditeurs, auditeurs, ééveiller en eux toutes les veiller en eux toutes les éémotions qui sont utiles motions qui sont utiles àà la la cause.cause. »» (Cic(Cicééron).ron).

  • La pensLa penséée chinoisee chinoiseConfucius et la Rectification des Noms (Confucius et la Rectification des Noms (正名正名))

    «« ……Quand il ne sait pas de quoi il parle, un homme de bien Quand il ne sait pas de quoi il parle, un homme de bien prprééffèère se taire. Si les noms sont incorrects, on ne peut tenir de re se taire. Si les noms sont incorrects, on ne peut tenir de discours cohdiscours cohéérent. Si le langage est incohrent. Si le langage est incohéérent, les affaires ne rent, les affaires ne peuvent se rpeuvent se réégler. Si les affaires sont laissgler. Si les affaires sont laisséées en plan, les rites es en plan, les rites et la musique ne peuvent set la musique ne peuvent s’é’épanouir. Si la musique et les rites panouir. Si la musique et les rites sont nsont néégliggligéés, les peines et les châtiments ne sauraient frapper s, les peines et les châtiments ne sauraient frapper juste. Si les châtiments sont djuste. Si les châtiments sont déépourvus dpourvus d’é’équitquitéé, le peuple ne , le peuple ne sait plus sur quel pied danser. Voilsait plus sur quel pied danser. Voilàà pourquoi lpourquoi l’’homme de bien homme de bien nn’’use des noms que suse des noms que s’’ils impliquent un discours cohils impliquent un discours cohéérent, et ne rent, et ne tient de discours que stient de discours que s’’il dil déébouche sur la pratique. Voilbouche sur la pratique. Voilààpourquoi lpourquoi l’’homme de bien est si prudent dans ce quhomme de bien est si prudent dans ce qu’’il dit il dit »»

    Zhuangzi : le discours pratique des dZhuangzi : le discours pratique des déécoupages (coupages (辨辨) ) partielspartiels et et partiauxpartiaux dans ldans l’’unitunitéé du Dao (la rdu Dao (la rééalitalitéé comme comme totalittotalitéé) ) il faut se mil faut se mééfier du langagefier du langage

  • XunziXunzi ((荀子荀子) ca.323 BCE) ca.323 BCE

    名无固宜,约之以命,

    约定俗成谓之宜。

    名无固实,约之以命,

    约定俗成谓之实名。

    名有固善,径易而不拂,

    谓至善名。

    ““Words have no intrinsic Words have no intrinsic correctnesscorrectness; ; the correctness is established by the correctness is established by convention. When the convention is convention. When the convention is established and the custom formed, the established and the custom formed, the words are then correct.words are then correct.””

    ““Words have no intrinsic Words have no intrinsic contentcontent; the ; the content is given by convention. When content is given by convention. When the convention is established and the the convention is established and the custom formed, the words then have custom formed, the words then have content.content.””

    ““Words have intrinsic Words have intrinsic appropriatenessappropriateness. . Those which are direct and not Those which are direct and not misleading are appropriate words.misleading are appropriate words.””

  • Les conceptions chrLes conceptions chréétiennestiennes

    Dieu et le Verbe : nommer les choses leur confDieu et le Verbe : nommer les choses leur confèère re un statut ontologiqueun statut ontologique

    «« Au commencement Au commencement éétait le Verbe et le Verbe tait le Verbe et le Verbe éétait avec Dieu. Et tait avec Dieu. Et le Verbe le Verbe éétait Dieu. Il tait Dieu. Il éétait au commencement avec Dieu. Tout fut tait au commencement avec Dieu. Tout fut par lui, et sans lui rien ne futpar lui, et sans lui rien ne fut. . »»

    (Evangile selon saint Jean, Prologue 1(Evangile selon saint Jean, Prologue 1--3)3)

    «« Au commencement, Dieu crAu commencement, Dieu crééa le ciel et la terre. Or la terre a le ciel et la terre. Or la terre éétait tait vide et vague, les tvide et vague, les téénnèèbres couvraient l'abbres couvraient l'abîîme, un vent de Dieu me, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux. Dieu dit : Que la lumitournoyait sur les eaux. Dieu dit : Que la lumièère soit et la lumire soit et la lumièère re fut. Dieu vit que la lumifut. Dieu vit que la lumièère re éétait bonne, et Dieu stait bonne, et Dieu séépara la lumipara la lumièère et re et les tles téénnèèbres. Dieu appela la lumibres. Dieu appela la lumièère jour et les tre jour et les téénnèèbres nuit. Il y eut bres nuit. Il y eut un soir et il y eut un matin : premier jourun soir et il y eut un matin : premier jour. . »»

    (Ancien Testament, I:1(Ancien Testament, I:1--5)5)

  • Les conceptions chrLes conceptions chréétiennes (2)tiennes (2)

    La langue dLa langue d’’Adam (ou langue Adam (ou langue adamiqueadamique))

    «« YahvYahvéé Dieu modela encore du sol toutes les bêtes sauvages et Dieu modela encore du sol toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel, et il les amena tous les oiseaux du ciel, et il les amena àà l'homme pour voir l'homme pour voir comment celuicomment celui--ci les appellerait : chacun devait porter le nom ci les appellerait : chacun devait porter le nom que l'homme lui aurait donnque l'homme lui aurait donnéé. L'homme donna des noms . L'homme donna des noms àà tous tous les bestiaux, aux oiseaux du ciel et les bestiaux, aux oiseaux du ciel et àà toutes les bêtes sauvages, toutes les bêtes sauvages, mais, pour un homme, il ne trouva pas l'aide qui lui fmais, pour un homme, il ne trouva pas l'aide qui lui fûût assortiet assortie. . »»(Ancien Testament, II:19(Ancien Testament, II:19--20)20)

    Chaque animal devaitChaque animal devait--il avoir un nom pril avoir un nom préécis, ou cis, ou Adam Adam éétaittait--il libre de choisir il libre de choisir àà sa guisesa guise ?... ?...

  • Le mythe de Babel etLe mythe de Babel etla la confusioconfusio linguarumlinguarum

    Et YahvEt Yahvéé dit : Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule ldit : Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le angue, et tel est le ddéébut de leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne sera irrbut de leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne sera irrééalisable pour eux. alisable pour eux. Allons ! Descendons ! Et lAllons ! Descendons ! Et làà, confondons leur langage pour qu'ils ne s'entendent plus les , confondons leur langage pour qu'ils ne s'entendent plus les uns les autres. Yahvuns les autres. Yahvéé les dispersa de lles dispersa de làà sur toute la face de la terre et ils cesssur toute la face de la terre et ils cessèèrent de bâtir rent de bâtir la ville. Aussi la nommala ville. Aussi la nomma--tt--on Babel, car c'est lon Babel, car c'est làà que Yahvque Yahvéé confondit le langage de tous les confondit le langage de tous les habitants de la terre et c'est de lhabitants de la terre et c'est de làà qu'il les dispersa sur toute la face de la terre. qu'il les dispersa sur toute la face de la terre. »»

    (Ancien Testament, XI:1(Ancien Testament, XI:1--9)9)

    «« Tout le monde se servait d'une même Tout le monde se servait d'une même langue et des mêmes mots. Comme les langue et des mêmes mots. Comme les hommes se dhommes se dééplaplaççaient aient àà l'orient, ils l'orient, ils trouvtrouvèèrent une vallrent une valléée au pays de e au pays de ShinShinééararet ils s'y et ils s'y éétablirent. Ils se dirent l'un tablirent. Ils se dirent l'un ààl'autre : Allons ! Faisons des briques et l'autre : Allons ! Faisons des briques et cuisonscuisons--les au feu ! La brique leur servit les au feu ! La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de de pierre et le bitume leur servit de mortier. Ils dirent : Allons ! Bâtissonsmortier. Ils dirent : Allons ! Bâtissons--nous une ville et une tour dont le sommet nous une ville et une tour dont le sommet ppéénnèètre les cieux ! Faisonstre les cieux ! Faisons--nous un nom nous un nom et ne soyons pas disperset ne soyons pas disperséés sur toute la s sur toute la terre ! Or Yahvterre ! Or Yahvéé descendit pour voir la descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient ville et la tour que les hommes avaient bâties. bâties. Pieter Brughel, The Babel Tower (1563)

  • Quelques problQuelques problèèmesmesavec le mythe de Babelavec le mythe de Babel

    (Gen(Genèèse 10)se 10) : propagation des fils de No: propagation des fils de Noéé apraprèès le Ds le DéélugelugeA propos de la race de Japhet, A propos de la race de Japhet, «« ceuxceux--ci furent les fils de Japhet ci furent les fils de Japhet dans leurs territoires, chacun selon la langue, selon leurs famidans leurs territoires, chacun selon la langue, selon leurs familles, lles, dans leurs nations respectivesdans leurs nations respectives »» (10, 5). (10, 5). Description presque identique pour les fils de Cham (10, 20) et Description presque identique pour les fils de Cham (10, 20) et de de Sem (10, 31)Sem (10, 31)

    (Gen(Genèèse 11, 1 et s.) Aprse 11, 1 et s.) Aprèès le Ds le Dééluge, luge, «« toute la terre avait toute la terre avait une seule langue et des mots identiquesune seule langue et des mots identiques »»

    L’ivresse de Noé, Michel-Ange

    pluralitpluralitéé des langues avant Babeldes langues avant Babel ??

    diffdifféérentiation des dialectes tribaux et non rentiation des dialectes tribaux et non multiplication des langues pour (Genmultiplication des langues pour (Genèèse 10) ?se 10) ?

  • Mythe des indiens QuichMythe des indiens Quichéé--Maya Maya

    Le problLe problèème de la diversitme de la diversitéé des langues sdes langues s’’est est posposéé dans de nombreuses civilisations.dans de nombreuses civilisations.

    Indiens QuichIndiens Quichéé--Maya du Guatemala :Maya du Guatemala :Une lUne léégende en miroir du mythe de Babelgende en miroir du mythe de Babel

  • La recherche de la langue parfaiteLa recherche de la langue parfaite

    Pendant plusieurs siPendant plusieurs sièècles, recherche de la langue cles, recherche de la langue adamique et/ou de la langue parfaiteadamique et/ou de la langue parfaite

    Puissance crPuissance crééatriceatrice de la langue (cf. Dieu et le Verbe)de la langue (cf. Dieu et le Verbe)AccAccééder der àà la parole de Dieula parole de Dieu

    La place centrale de lLa place centrale de l’’HHéébreubreuPour beaucoup, langue primordiale de lPour beaucoup, langue primordiale de l’’humanithumanitéé prprééservservéée par e par le peuple le peuple éélu aprlu aprèès ls l’é’épisode de Babelpisode de Babel

    La tradition kabbalistique :La tradition kabbalistique :Incantations et permutations Incantations et permutations àà partir des 22 lettres de lpartir des 22 lettres de l’’alphabet alphabet hhéébreu (breu (ggéématriematrie, , notarikonnotarikon, , ttéémourahmourah) ) Le golem : les mots peuvent donner la vieLe golem : les mots peuvent donner la vie

  • Les expLes expéériences autour de la riences autour de la langue parfaite (1)langue parfaite (1)

    FrFrééddééric II de Hohenstaufen (1194ric II de Hohenstaufen (1194--1250)1250)Langue originelle : hLangue originelle : héébreu, latin, grec ou arabe ?breu, latin, grec ou arabe ?

    «« [Fr[Frééddééric II] voulut faire une expric II] voulut faire une expéérience pour savoir quels rience pour savoir quels seraient la langue et lseraient la langue et l’’idiome des enfants, idiome des enfants, àà leur adolescence, leur adolescence, sans qusans qu’’ils aient jamais pu parler avec qui que ce fils aient jamais pu parler avec qui que ce fûût. Ct. C’’est ainsi est ainsi ququ’’il ordonna aux nourrices dil ordonna aux nourrices d’’allaiter les enfants [allaiter les enfants [……] avec la ] avec la ddééfense de leur parler. Il voulait en effets savoir sfense de leur parler. Il voulait en effets savoir s’’ils parleraient ils parleraient la langue hla langue héébrabraïïque, qui fut la premique, qui fut la premièère, ou bien la grecque, ou re, ou bien la grecque, ou la latine, ou lla latine, ou l’’arabearabe ; ou s; ou s’’ils parleraient toujours la langue des ils parleraient toujours la langue des parents dont ils parents dont ils éétaient ntaient néés. Mais il se donna de la peine sans s. Mais il se donna de la peine sans rréésultat, parce que les enfants ou les nouveauxsultat, parce que les enfants ou les nouveaux--nnéés mourraient s mourraient tous.tous. »»

    SalimbeneSalimbene de Parme, de Parme, CronacaCronaca [Chronique], n. 1664[Chronique], n. 1664

  • Les expLes expéériences autour de la riences autour de la langue parfaite (2)langue parfaite (2)

    James IV dJames IV d’’Ecosse (1473Ecosse (1473--1513)1513)des enfants des enfants éélevlevéés par une nourrice muette s par une nourrice muette aurait spontanaurait spontanéément parlment parléé HHéébreu. breu.

    Akbar le Grand (1542Akbar le Grand (1542--1605)1605)la la Gang MahalGang Mahal ou ou «« maison des idiots maison des idiots »»

  • Plan du Plan du courscours

    1.1. Le langage dans la pensLe langage dans la penséée antique et la religion e antique et la religion chrchréétiennetienne

    2.2. Les philosophes des LumiLes philosophes des Lumièères et la naissance res et la naissance de la linguistique historiquede la linguistique historique

  • Les philosophes des lumiLes philosophes des lumièères :res :RenRenéé Descartes (1596Descartes (1596--1650)1650)

    «« C'est une chose bien remarquable qu'il n'y a point d'hommes si C'est une chose bien remarquable qu'il n'y a point d'hommes si hhéébbééttéés et si stupides, sans excepter même les insenss et si stupides, sans excepter même les insenséés, qu'ils ne s, qu'ils ne soient capables d'arranger ensemble diverses paroles, et d'en soient capables d'arranger ensemble diverses paroles, et d'en composer un discours par lequel ils fassent entendre leurs penscomposer un discours par lequel ils fassent entendre leurs penséées; es; et qu'au contraire il n'y a point d'autre animal, tant parfait eet qu'au contraire il n'y a point d'autre animal, tant parfait et tant t tant heureusement nheureusement néé qu'il puisse être, qui fasse le semblable. Ce qui qu'il puisse être, qui fasse le semblable. Ce qui n'arrive pas de ce qu'ils ont faute d'organes, car on voit que ln'arrive pas de ce qu'ils ont faute d'organes, car on voit que les pies et es pies et les perroquets peuvent profles perroquets peuvent proféérer des paroles ainsi que nous, et rer des paroles ainsi que nous, et toutefois ne peuvent parler ainsi que nous, c'esttoutefois ne peuvent parler ainsi que nous, c'est--àà--dire en tdire en téémoignant moignant qu'ils pensent ce qu'ils disent; au lieu que les hommes qui, qu'ils pensent ce qu'ils disent; au lieu que les hommes qui, éétant ntant néés s sourds et muets, sont privsourds et muets, sont privéés des organes qui servent aux autres pour s des organes qui servent aux autres pour parler, autant ou plus que les bêtes, ont coutume d'inventer d'eparler, autant ou plus que les bêtes, ont coutume d'inventer d'euxux--mêmes quelques signes par lesquels ils se font entendre mêmes quelques signes par lesquels ils se font entendre àà ceux qui ceux qui éétant ordinairement avec eux ont loisir d'apprendre leur langue.tant ordinairement avec eux ont loisir d'apprendre leur langue. »»

    (Descartes, 1637, Discours de la m(Descartes, 1637, Discours de la mééthode)thode)

    La parole est la manifestation de lLa parole est la manifestation de l’’âmeâme

  • Critique de la position de Descartes (1)Critique de la position de Descartes (1)

    Samuel Pepys (1633Samuel Pepys (1633--1703)1703)

    «« Saturday 24 August 1661Saturday 24 August 1661At the office all the morning and did business; by and by we areAt the office all the morning and did business; by and by we arecalled to Sir W. Battencalled to Sir W. Batten’’s to see the strange creature that Captain s to see the strange creature that Captain Holmes hath brought with him from Holmes hath brought with him from GuinyGuiny; it is a great baboon, but ; it is a great baboon, but so much like a man in most things, that though they say there isso much like a man in most things, that though they say there is a a species of them, yet I cannot believe but that it is a monster gspecies of them, yet I cannot believe but that it is a monster got of a ot of a man and sheman and she--baboon. I do believe that it already understands much baboon. I do believe that it already understands much English, and I am of the mind it might be taught to speak or makEnglish, and I am of the mind it might be taught to speak or make e signs.signs. »»

    (Samuel Pepys, The Diary of Samuel Pepys)(Samuel Pepys, The Diary of Samuel Pepys)

  • Critique de la position de Descartes (2)Critique de la position de Descartes (2)

    Julien Jean Julien Jean OffrayOffray de La de La MettrieMettrie (1709 (1709 -- 1751)1751)

    «« Mais ce vice estMais ce vice est--il tellement de conformation, qu'on n'y puisse apporter aucun il tellement de conformation, qu'on n'y puisse apporter aucun remremèède? En un mot de? En un mot seroitseroit--il absolument impossible d'apprendre une Langue il absolument impossible d'apprendre une Langue àà cet cet Animal? Je ne le Animal? Je ne le croicroi paspas…… Je Je prendroisprendrois le grand Singe prle grand Singe prééfféérablement rablement àà tout autre, tout autre, jusqu'jusqu'àà ce que le ce que le hazardhazard nous enous eûût fait dt fait déécouvrir couvrir quelqu'autrequelqu'autre espespèèce plus semblable ce plus semblable àà la nôtre, car rien ne rla nôtre, car rien ne réépugne qu'il y en ait dans des Rpugne qu'il y en ait dans des Réégions qui nous sont gions qui nous sont inconninconnüüeses. Cet Animal nous ressemble si fort, que les Naturalistes l'ont . Cet Animal nous ressemble si fort, que les Naturalistes l'ont apellapellééHomme Sauvage, ou Homme des bois. Je le Homme Sauvage, ou Homme des bois. Je le prendroisprendrois aux mêmes conditions des aux mêmes conditions des Ecoliers d'Amman ; c'estEcoliers d'Amman ; c'est--àà--dire, que je dire, que je voudroisvoudrois qu'il ne fqu'il ne fûût ni trop jeune, ni trop vieux t ni trop jeune, ni trop vieux ; car ceux qu'on nous apporte en Europe, sont commun; car ceux qu'on nous apporte en Europe, sont communéément trop âgment trop âgéés. Je s. Je choisiroischoisiroiscelui qui celui qui auroitauroit la physionomie la plus spirituelle, et qui la physionomie la plus spirituelle, et qui tiendroittiendroit le mieux dans mille le mieux dans mille petites oppetites opéérations, ce qu'elle m'rations, ce qu'elle m'auroitauroit promis. Enfin, ne me trouvant pas digne d'être promis. Enfin, ne me trouvant pas digne d'être son Gouverneur, je le son Gouverneur, je le mettroismettrois àà l'Ecole de l'excellent Mal'Ecole de l'excellent Maîître que je viens de nommer, tre que je viens de nommer, ou d'un autre aussi habile, s'il en est.ou d'un autre aussi habile, s'il en est. »» (La (La MettrieMettrie, L, L’’Homme Machine, 1748).Homme Machine, 1748).

  • Les philosophes des lumiLes philosophes des lumièères :res :JeanJean--Jacques Rousseau (1712Jacques Rousseau (1712--1778)1778)

    Rousseau, 1781 :Rousseau, 1781 :«« Essai sur l'origine des langues, oEssai sur l'origine des langues, oùù il est parlil est parléé dede

    la mla méélodie et de l'imitation musicalelodie et de l'imitation musicale »»..

    «« La parole, La parole, etantetant la la premierepremiere institution sociale, ne doit sa forme qu'a des institution sociale, ne doit sa forme qu'a des causes naturellescauses naturelles. . »» (chap. I)(chap. I)«« On ne On ne commencacommenca pas par raisonner, mais par sentir. On prpas par raisonner, mais par sentir. On préétend que les tend que les hommes inventhommes inventèèrent la parole pour exprimer leurs besoins ; cette opinion rent la parole pour exprimer leurs besoins ; cette opinion me parame paraîît insoutenablet insoutenable…… De cela seul il suit que l'origine des langues n'est De cela seul il suit que l'origine des langues n'est point due aux premiers besoins des hommes ; il serait absurde qupoint due aux premiers besoins des hommes ; il serait absurde que de la e de la cause qui les cause qui les ecarteecarte vvîînt le moyen qui les unit. D'ont le moyen qui les unit. D'oùù peut donc venir cette peut donc venir cette origine ? Des besoins moraux, des passions. Toutes les passions origine ? Des besoins moraux, des passions. Toutes les passions rapprochent les hommes que la nrapprochent les hommes que la néécessitcessitéé de chercher de chercher àà vivre force vivre force àà se se fuir. Ce n'est ni la faim, ni la soif, mais l'amour, la haine, lfuir. Ce n'est ni la faim, ni la soif, mais l'amour, la haine, la pitia pitiéé, la col, la colèère, re, qui leur ont arrachqui leur ont arrachéé les premiles premièères voix. Les fruits ne se dres voix. Les fruits ne se déérobent point robent point àà nos nos mains ; on peut s'en nourrir sans parler ; on poursuit en silencmains ; on peut s'en nourrir sans parler ; on poursuit en silence la proie dont e la proie dont on veut se repaon veut se repaîître : mais pour tre : mais pour éémouvoir un jeune coeur, pour repousser un mouvoir un jeune coeur, pour repousser un agresseur injuste, la nature dicte des accents, des cris, des plagresseur injuste, la nature dicte des accents, des cris, des plaintes. Voilaintes. Voilààles plus anciens mots inventles plus anciens mots inventéés, et voils, et voilàà pourquoi les pourquoi les premierespremieres langues langues furent chantantes et passionnfurent chantantes et passionnéées avant des avant d’’être simples et mêtre simples et mééthodiques.thodiques. »»(chap. II)(chap. II)

  • La naissance de la linguistique historiqueLa naissance de la linguistique historique

    Sir William Jones (1746Sir William Jones (1746--1794)1794)

    «« The Sanskrit language, whatever be its antiquity, is of a wonderThe Sanskrit language, whatever be its antiquity, is of a wonderful ful structure ; more perfect than the Greek, more copious than the structure ; more perfect than the Greek, more copious than the Latin, and more exquisitely refined than either, yet bearing to Latin, and more exquisitely refined than either, yet bearing to both of both of them a stronger affinity, both in the roots of verbs and in the them a stronger affinity, both in the roots of verbs and in the forms of forms of grammar, than could possibly have been produced by accident ; sogrammar, than could possibly have been produced by accident ; sostrong, indeed, that no philologer could examine them all three,strong, indeed, that no philologer could examine them all three,without believing them to have sprung from some common source, without believing them to have sprung from some common source, which, perhaps, no longer existswhich, perhaps, no longer exists. . »»

    (In (In StockdaleStockdale, J. (1807). Troisi, J. (1807). Troisièème discours me discours anniversaire: On the anniversaire: On the HindusHindus, 1786, , 1786, AsiaticAsiatic Society of Society of Calcutta. Calcutta. The The CollectedCollected Works of Sir William Jones IIIWorks of Sir William Jones III))

  • Le dLe dééveloppement de la veloppement de la linguistique historique (1)linguistique historique (1)

    Comparaison scientifique et rigoureuse de nombreuses Comparaison scientifique et rigoureuse de nombreuses langues du monde, afin dlangues du monde, afin d’é’étudier leur tudier leur histoirehistoire et leur et leur parentparentéé. (. (àà partir du 19partir du 19èème s.)me s.)

    ÉÉtude de la famille indotude de la famille indo--europeuropééenne (Thomas Young, enne (Thomas Young, Friedrich Friedrich vonvon Schlegel et Franz Bopp)Schlegel et Franz Bopp)

    Relation entre langues europRelation entre langues europééennes et indiennesennes et indiennesDDééchiffrement de langues anciennes (vieux perse, tokharien, chiffrement de langues anciennes (vieux perse, tokharien, hittite) hittite) caractcaractéérisation des risation des éétats ancestraux de ltats ancestraux de l’’IEIE

    ÉÉtude dtude d’’autres familles de langues :autres familles de langues :Continent asiatique : tibContinent asiatique : tibéétains, dialectes chinois, langues tains, dialectes chinois, langues birmanes etc.birmanes etc.Continent africain etc.Continent africain etc.

  • Le dLe dééveloppement de la veloppement de la linguistique historique (2)linguistique historique (2)

    La thLa thééorie de la sorie de la séélection naturelle lection naturelle (Darwin, 1859) : (Darwin, 1859) :

    ll’’homme est replachomme est replacéé dans le rdans le rèègne animal, gne animal, une une éévolution humaine devient possiblevolution humaine devient possibleun parallun parallèèle intle intééressant pour lressant pour l’é’évolution des volution des langues (par ex. langues (par ex. vonvon Schleicher)Schleicher)

  • LL’’interdit sur les recherches sur interdit sur les recherches sur ll’’origine du langageorigine du langage

    Un article Un article trtrèèss ccééllèèbrebre

    Article II des statuts de la SociArticle II des statuts de la Sociééttéé Linguistique de Paris Linguistique de Paris (approuv(approuvéés par ds par déécision ministcision ministéérielle du 8 mars 1866)rielle du 8 mars 1866)

    «« ART. 2. ART. 2. -- La SociLa Sociééttéé n'admet aucune communication n'admet aucune communication concernant, soit l'origine du langage, soit la crconcernant, soit l'origine du langage, soit la crééation ation d'une langue universelle.d'une langue universelle. »»

    LiLiéé entre autre au refus des thentre autre au refus des thééories spories spééculatives (cf. culatives (cf. positivisme et behaviorisme en psychologie)positivisme et behaviorisme en psychologie)

  • Plan du Plan du courscours1.1. Le langage dans la pensLe langage dans la penséée antique et la religion e antique et la religion

    chrchréétiennetienne

    2.2. Les philosophes des LumiLes philosophes des Lumièères et la naissance de la res et la naissance de la linguistique historiquelinguistique historique

    3.3. Le structuralisme et la linguistique gLe structuralisme et la linguistique géénnéérativerative

  • Deux grands courants du 20Deux grands courants du 20èèmeme s.s.

    Le structuralisme est un courant scientifique Le structuralisme est un courant scientifique majeur du 20majeur du 20èèmeme s., qui a marqus., qui a marquéé non seulement non seulement la linguistique, mais aussi lla linguistique, mais aussi l’’anthropologie (Lanthropologie (Léévivi--Strauss), lStrauss), l’’archarchééologie (Leroiologie (Leroi--Gourhan), la Gourhan), la sociologie etc.sociologie etc.

    La linguistique gLa linguistique géénnéérative a rrative a réévolutionnvolutionnéé la la linguistique linguistique àà partir des annpartir des annéées 1960es 1960

  • La naissance du structuralismeLa naissance du structuralisme

    Ferdinand de Saussure (1857Ferdinand de Saussure (1857--1913)1913)

    Cours de linguistique gCours de linguistique géénnéérale (1916)rale (1916)Nombreux concepts fondateurs de la Nombreux concepts fondateurs de la linguistique moderne :linguistique moderne :

    la notion d'arbitraire du signela notion d'arbitraire du signel'opposition entre langue et parolel'opposition entre langue et parolela distinction entre synchronie et diachronie etc.la distinction entre synchronie et diachronie etc.

  • La naissance du structuralisme (2)La naissance du structuralisme (2)Le langage est un systLe langage est un systèème ``fonctionnel'' dont le but est l'expression et la me ``fonctionnel'' dont le but est l'expression et la communication. communication.

    ÉÉtude du systtude du systèème linguistique en soi et en tant que structure (dme linguistique en soi et en tant que structure (déécomposable)composable)

    Postulats d'indPostulats d'indéépendance de la forme et d'autonomie du langage :pendance de la forme et d'autonomie du langage :La forme linguistique constitue un systLa forme linguistique constitue un systèème autonome de composants en interaction, me autonome de composants en interaction, chaque chaque éélléément du systment du systèème me éétant dtant dééfini par rapport aux autres ;fini par rapport aux autres ;un signe linguistique ne relie pas une expression et un objet duun signe linguistique ne relie pas une expression et un objet du monde, mais un monde, mais un signifiant et un signifisignifiant et un signifiéé. Les signes se closent en un syst. Les signes se closent en un systèème indme indéépendant et doivent pendant et doivent être être éétuditudiéés comme tel, plutôt que par le biais de leurs relations au domais comme tel, plutôt que par le biais de leurs relations au domaine ne extraextra--linguistiquelinguistique..IntIntéérêt portrêt portéé àà la synchronie plus qula synchronie plus qu’à’à la diachroniela diachronie

    Travaux du Travaux du Cercle Linguistique de PragueCercle Linguistique de Prague ::FondFondéé en Octobre 1926 par S.O. en Octobre 1926 par S.O. KartsevskiKartsevski, N.S. , N.S. TrubetskoyTrubetskoy et R. Jakobson.et R. Jakobson.AvancAvancéées dans le domaine de la phonologie (et de la morphologie) :es dans le domaine de la phonologie (et de la morphologie) :

    diffdifféérence entre phonologie et phonrence entre phonologie et phonéétiquetiqueddééfinition du phonfinition du phonèème comme plus petite unitme comme plus petite unitéé fonctionnelle, dfonctionnelle, dééfinie par un systfinie par un systèème me d'oppositions permettant de distinguer deux unitd'oppositions permettant de distinguer deux unitéés ss séémantiques (les paires minimales)mantiques (les paires minimales)

  • La naissance de la linguistique gLa naissance de la linguistique géénnéérativerative

    NoamNoam A. Chomsky (1928 A. Chomsky (1928 -- ))LinguisteLinguisteSpSpéécialiste de la politique amcialiste de la politique amééricainericaine

    DDééveloppement du courant formalisteveloppement du courant formalisteen opposition frontale avec la position ben opposition frontale avec la position bééhavioristehavioristell’’objet dobjet d’é’étude de la linguistique est ltude de la linguistique est l’’ensemble des ensemble des mméécanismes cognitifs mis en jeu dans lcanismes cognitifs mis en jeu dans l’’activitactivitéélinguistiquelinguistique

    IndIndéépendance de la syntaxe et de la spendance de la syntaxe et de la séémantiquemantique«« ColorlessColorless green green ideasideas sleepsleep furiouslyfuriously.. »»

  • SyntacticSyntactic Structures (1957)Structures (1957)

    Le concept de Le concept de transformationtransformation (1957)(1957)Ensemble ordonnEnsemble ordonnéé de rde rèègles qui permet le passage gles qui permet le passage d'une forme profonde d'une forme profonde àà une forme de surface.une forme de surface.

    Forme profonde Forme profonde ↔↔ des reprdes repréésentations mentales du langage sentations mentales du langage manipulmanipuléées par l'appareil cognitif et qui contiennent le sens es par l'appareil cognitif et qui contiennent le sens de la phrasede la phraseForme de surface Forme de surface ↔↔ structure linguistique telle qu'elle structure linguistique telle qu'elle apparaapparaîît dans la langue (mots et sons)t dans la langue (mots et sons)

    Grammaire transformationnelleGrammaire transformationnelle ou ou ggéénnéérativerative : : ensemble des transformations pour une langue ensemble des transformations pour une langue particuliparticulièèrere

  • La Grammaire UniverselleLa Grammaire Universelle

    LL’’argument de la pauvretargument de la pauvretéé du stimulusdu stimulusLL’’enfant ne dispose pas denfant ne dispose pas d’’assez dassez d’’information pour acquinformation pour acquéérir rir aussi rapidement les structures de sa langueaussi rapidement les structures de sa langue

    Le concept de Grammaire Universelle :Le concept de Grammaire Universelle :LL’’ensemble des rensemble des rèègles syntaxiques permises pour les langues gles syntaxiques permises pour les langues du mondedu mondeMise Mise àà profit lors de lprofit lors de l’’apprentissage (apprentissage (LanguageLanguage Acquisition Acquisition DeviceDevice))Base gBase géénnéétique de la GUtique de la GUDDééveloppement de la thveloppement de la thééorie :orie :

    ThThééorie des principes et des paramorie des principes et des paramèètres (1981)tres (1981)GovernmentGovernment and and BindingBindingMinimalistMinimalist ProgramProgram

  • Le problLe problèème de lme de l’é’évolution du langagevolution du langage

    DDéésintsintéérêt du courant grêt du courant géénnéérativiste pour rativiste pour les questions dles questions d’é’évolution du langage :volution du langage :

    «« There There isis no no debatedebate, , soso I have no opinionI have no opinion »»(N. Chomsky)(N. Chomsky)Une Une macromacro--mutationmutation àà ll’’origine du langage ?origine du langage ?

    PinkerPinker & Bloom (& Bloom (BBSBBS, 1992) :, 1992) :Inscrire le LAD dans une perspective Inscrire le LAD dans une perspective éévolutionnistevolutionniste

  • Plan du Plan du courscours1.1. Le langage dans la pensLe langage dans la penséée antique et la religion e antique et la religion

    chrchréétiennetienne

    2.2. Les philosophes des LumiLes philosophes des Lumièères et la naissance res et la naissance de la linguistique historiquede la linguistique historique

    3.3. Le structuralisme et la linguistique gLe structuralisme et la linguistique géénnéérativerative

    4.4. Quelques courants de la linguistique aujourdQuelques courants de la linguistique aujourd’’huihui

  • La linguistique cognitiveLa linguistique cognitiveObjectif : dObjectif : déémontrer comment divers mmontrer comment divers méécanismes linguistiques peuvent être canismes linguistiques peuvent être relireliéés au reste des processus cognitifs. s au reste des processus cognitifs.

    hors du paradigme hors du paradigme ChomskienChomskien d'd'éétude du langage.tude du langage.

    «« In contrast to this sharply autonomous view of language structurIn contrast to this sharply autonomous view of language structure, e, cognitive linguistics has resurrected an older tradition. In thacognitive linguistics has resurrected an older tradition. In that tradition, t tradition, language is in the service of constructing and communicating mealanguage is in the service of constructing and communicating meaning, and ning, and it is for the linguist and cognitive scientist a window into theit is for the linguist and cognitive scientist a window into the mind. Seeing mind. Seeing through that window, however, is not obvious. Deep features of othrough that window, however, is not obvious. Deep features of our thinking, ur thinking, cognitive processes, and social communication need to be broughtcognitive processes, and social communication need to be brought in, in, correlated, and associated with their linguistic manifestationscorrelated, and associated with their linguistic manifestations…… Language in Language in only the tip of a spectacular cognitive iceberg, and when we engonly the tip of a spectacular cognitive iceberg, and when we engage in any age in any language activity, be it mundane or artistically creative, we drlanguage activity, be it mundane or artistically creative, we draw aw unconsciously on vast cognitive resources, call up innumerable munconsciously on vast cognitive resources, call up innumerable models and odels and frames, set up multiple connections, coordinate large arrays of frames, set up multiple connections, coordinate large arrays of information, information, and engage in creative mappings, transfers, and elaborations.and engage in creative mappings, transfers, and elaborations. »»((FauconnierFauconnier, Methods and Generalizations, 2000), Methods and Generalizations, 2000)

    G. Fauconnier & M. Turner (G. Fauconnier & M. Turner (blendingblending), R. ), R. LangackerLangacker (fondements cognitifs (fondements cognitifs des phdes phéénomnomèènes snes séémantiques et syntaxiques), L. mantiques et syntaxiques), L. TalmyTalmy (classes ouverte / (classes ouverte / fermferméée pour les mots), G. e pour les mots), G. LakoffLakoff (m(méétaphores et cattaphores et catéégories conceptuelles)gories conceptuelles)

  • La linguistique fonctionnelleLa linguistique fonctionnelleDDééveloppement // veloppement // àà la linguistique cognitive (1970sla linguistique cognitive (1970s--1980s)1980s)DDéérivrivéée partiellement du courant structuraliste et des conceptions fone partiellement du courant structuraliste et des conceptions fonctionnelles de ctionnelles de Saussure.Saussure.

    Postulat : la structure du langage n'est pas la rPostulat : la structure du langage n'est pas la réésultante d'un encodage gsultante d'un encodage géénnéétique ou d'un tique ou d'un module cmodule céérréébral spbral spéécifique, mais plutôt d'une adaptation aux fonctions qui y font acifique, mais plutôt d'une adaptation aux fonctions qui y font appel. Le ppel. Le langage est une manifestation particulilangage est une manifestation particulièère de capacitre de capacitéés cognitives gs cognitives géénnéérales.rales.

    «« Functional grammar is based on a functional view of natural langFunctional grammar is based on a functional view of natural language: A language is uage: A language is regarded in the first place as an instrument by means of which pregarded in the first place as an instrument by means of which people can enter into eople can enter into communicative relations with one another. From this point of viecommunicative relations with one another. From this point of view language is primarily a w language is primarily a pragmatic phenomenon pragmatic phenomenon ---- a symbolic instrument used for communicative purposes. a symbolic instrument used for communicative purposes. According to the functional view, the structure of a language caAccording to the functional view, the structure of a language cannot be adequately nnot be adequately understood if these pragmatic purposes are left out of consideraunderstood if these pragmatic purposes are left out of considerationtion……. In this view there is . In this view there is no room for such a thing as 'autonomous' syntax. On the contraryno room for such a thing as 'autonomous' syntax. On the contrary, to the extent that a clear , to the extent that a clear division can be made between syntax and semantics, syntax is thedivision can be made between syntax and semantics, syntax is there for people to be able to re for people to be able to form complex expressions by means of which complex meanings can form complex expressions by means of which complex meanings can be expressed, and be expressed, and such meanings are there for people to be able to communicate in such meanings are there for people to be able to communicate in differentiated waysdifferentiated ways……Syntax is subservient to semantics, and semantics is subservientSyntax is subservient to semantics, and semantics is subservient to pragmaticsto pragmatics.. »» (S. (S. DikDik, , 1980)1980)

    R. van R. van ValinValin ((RoleRole and and ReferenceReference GrammarGrammar), S. ), S. DikDik ((FunctionalFunctional GrammarGrammar). T. ). T. GivonGivon(fonctionnalisme linguistique dans un cadre plus large), Wallace(fonctionnalisme linguistique dans un cadre plus large), Wallace ChafeChafe (langues indiennes (langues indiennes dd’’AmAméérique, diffrique, difféérences rences éécrit/oral, fonction de la prosodie, lien langagecrit/oral, fonction de la prosodie, lien langage--conscience)conscience)

  • La typologie des languesLa typologie des langues

    ÉÉtude de la diversittude de la diversitéé linguistique et des linguistique et des schschéémas de variation des languesmas de variation des langues

    Comment expliquer cette diversitComment expliquer cette diversitéé ??Explications par des Explications par des ééllééments historiquesments historiquesExplications fonctionnellesExplications fonctionnelles

    Le plus souvent : capacitLe plus souvent : capacitéé de langage de langage replacreplacéée dans le cadre de dans le cadre d’’une cognition une cognition ggéénnééralerale

  • La sociolinguistiqueLa sociolinguistique

    ÉÉtude des connexions entre langage et phtude des connexions entre langage et phéénomnomèènes sociauxnes sociauxen particulier, variation de la parole en fonction de diffen particulier, variation de la parole en fonction de difféérents contextes rents contextes sociaux (langage comme outil social pour le positionnement sociasociaux (langage comme outil social pour le positionnement social dl d’’un un individu)individu)

    Importance des variations Importance des variations interinter--individuellesindividuelles et de leurs causeset de leurs causesÀÀ contrecontre--courant du courant gcourant du courant géénnéérativiste, qui nrativiste, qui nééglige ces variationsglige ces variations

    Un courant important :Un courant important :William William LabovLabov1960s : Martha1960s : Martha’’s s VineyardVineyard Island (Island (LabovLabov, 1972), 1972)CorrCorréélation entre le sentiment dlation entre le sentiment d’’insularitinsularitéé + ou + ou –– fort des habitants et un fort des habitants et un aspect de leur systaspect de leur systèème phonme phonéétique.tique.

  • LL’é’étude des origines du langagetude des origines du langage

    Un thUn thèème assez me assez ééludludéé par les grands cadres thpar les grands cadres thééoriques oriques du 20du 20èèmeme s., aprs., aprèès ls l’’excitation du 19excitation du 19èèmeme s. s.

    Comment expliquer lComment expliquer l’’origine du langage dans un cadre origine du langage dans un cadre éévolutif compatible avec les thvolutif compatible avec les thééories de lories de l’é’évolution ?volution ?

    éévolution graduelle vs. volution graduelle vs. éévolution plus abrupte ?volution plus abrupte ?continuitcontinuitéé avec les systavec les systèèmes de communication animaux ?mes de communication animaux ?facultfacultéé de langage ancrde langage ancréée dans la cognition ge dans la cognition géénnéérale, rale, éévolution volution ««mosamosaïïque que »» ??

    Multiples sources de donnMultiples sources de donnéées : es : ééthologie, informatique, thologie, informatique, archarchééologie, anthropologie, linguistique etc.ologie, anthropologie, linguistique etc.

  • ConclusionsConclusions

    Les grandes cadres de pensLes grandes cadres de penséée ont influence ont influencééle dle dééveloppement des idveloppement des idéées linguistiques en es linguistiques en leur seinleur sein

    Nombre des disciplines modernes trouvent Nombre des disciplines modernes trouvent leurs racines dans la rleurs racines dans la rééflexion des penseurs flexion des penseurs du passdu passéé

  • ShakespeareShakespeare

    Romeo & Juliet II,ii,43 :Romeo & Juliet II,ii,43 :

    ““WhatWhat’’s in a name? That which we call a s in a name? That which we call a rose. By any other name would smell rose. By any other name would smell as sweet.as sweet.””