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« LES SUCCESSIONS » par Sylvie FERRE-ANDRE MASTER I Année 2008-2009 Tous droits de propriété intellectuelle réservés 1 DROIT DES SUCCESSIONS Qu’il s’agisse des successions ou libéralités, elles constituent des modes de transmission de biens à titre gratuit. Cette transmission peut s’opérer aussi bien entre vifs qu’à cause de mort. La transmission à titre gratuit entre vifs a un caractère exceptionnel. Elle se réalise par la donation qui suppose un accord de volonté entre le donateur, (celui qui donne) et le donataire, (celui qui reçoit). La donation est un contrat unilatéral soumis à des conditions particulières qui relèvent du droit des libéralités. Elle ne peut porter que sur certains biens puisqu’en droit français, la transmission universelle entre vifs à titre gratuit est impossible. Si une personne souhaite donner tous ses biens, elle le peut mais il ne s’agira pas d’une donation/transmission universelle car elle ne portera pas sur le passif. La transmission à cause de mort : c’est le cas le plus fréquent des transmissions à titre gratuit. C’est même le cas normal de transmission du patrimoine. Au décès de la personne, mis à part ses droits viagers qui disparaissent avec elle, les biens du défunt sont transmis à ses successeurs. C’est une transmission universelle qui porte aussi bien sur l’actif que sur le passif. Il s’agit de la succession. Elle peut être testamentaire (décidée par le de cujus) ou ab intestat (selon la loi). Terminologie : De cujus = celui de la succession dont s’agit. Défunt = mort. La transmission universelle du patrimoine devient alors possible à cause de mort. Elle est même nécessaire. Il faut qu’une autre personne recueille le patrimoine qui s’est détaché du défunt dans la mesure où sa personnalité juridique a disparu. Cette transmission s’opère en droit français immédiatement dés l’instant du décès. Il s’agit de la mise en oeuvre de l’adage : « le mort saisit le vif, son hoir le plus proche ». Les successeurs d’une personne sont en principe désignés par la loi. C’est la succession ab intestat ou légale. Mais dans une certaine mesure, toute personne peut décider elle-même du sort de ses biens après sa mort au moyen d’un acte unilatéral qui est le testament. Les dispositions du testament qui attribuent les biens du de cujus au(x) légatairee(s) sont qualifiées de legs. Lorsque le droit français traite des libéralités, il désigne à la fois les donations et les testaments, nous y consacrerons un chapitre. Les libéralités sont soumises à des règles de fonds qui leur sont partiellement communes. En particulier, les donations et les legs sont limités parfois par ce qu’on appelle la réserve héréditaire. Quand une personne a des héritiers proches, c'est-à-dire des descendants ou à défaut, depuis le 1 er janvier 2007, un conjoint survivant (pas le partenaire, seulement l’époux), elle ne pourra disposer par donation ou testament de manière certaine que d’une fraction de son patrimoine que l’on qualifie de quotité disponible. L’autre partie est dévolue obligatoirement selon les règles légales. Il s’agit de la réserve héréditaire. La succession se compose en effet de deux masses : la réserve héréditaire et la quotité disponible. Terminologie : Quotité disponible = part disponible d’une hérédité.

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    DROIT DES SUCCESSIONS

    Quil sagisse des successions ou libralits, elles constituent des modes de transmission de biens titre gratuit. Cette transmission peut soprer aussi bien entre vifs qu cause de mort.

    La transmission titre gratuit entre vifs a un caractre exceptionnel. Elle se ralise par la

    donation qui suppose un accord de volont entre le donateur, (celui qui donne) et le donataire,

    (celui qui reoit). La donation est un contrat unilatral soumis des conditions particulires

    qui relvent du droit des libralits. Elle ne peut porter que sur certains biens puisquen droit franais, la transmission universelle entre vifs titre gratuit est impossible. Si une personne

    souhaite donner tous ses biens, elle le peut mais il ne sagira pas dune donation/transmission universelle car elle ne portera pas sur le passif.

    La transmission cause de mort : cest le cas le plus frquent des transmissions titre gratuit. Cest mme le cas normal de transmission du patrimoine. Au dcs de la personne, mis part ses droits viagers qui disparaissent avec elle, les biens du dfunt sont transmis ses

    successeurs. Cest une transmission universelle qui porte aussi bien sur lactif que sur le passif. Il sagit de la succession. Elle peut tre testamentaire (dcide par le de cujus) ou ab intestat (selon la loi).

    Terminologie :

    De cujus = celui de la succession dont sagit. Dfunt = mort.

    La transmission universelle du patrimoine devient alors possible cause de mort. Elle est

    mme ncessaire. Il faut quune autre personne recueille le patrimoine qui sest dtach du dfunt dans la mesure o sa personnalit juridique a disparu. Cette transmission sopre en droit franais immdiatement ds linstant du dcs. Il sagit de la mise en oeuvre de ladage : le mort saisit le vif, son hoir le plus proche .

    Les successeurs dune personne sont en principe dsigns par la loi. Cest la succession ab intestat ou lgale.

    Mais dans une certaine mesure, toute personne peut dcider elle-mme du sort de ses biens

    aprs sa mort au moyen dun acte unilatral qui est le testament. Les dispositions du testament qui attribuent les biens du de cujus au(x) lgatairee(s) sont

    qualifies de legs.

    Lorsque le droit franais traite des libralits, il dsigne la fois les donations et les

    testaments, nous y consacrerons un chapitre. Les libralits sont soumises des rgles de

    fonds qui leur sont partiellement communes.

    En particulier, les donations et les legs sont limits parfois par ce quon appelle la rserve hrditaire. Quand une personne a des hritiers proches, c'est--dire des descendants ou

    dfaut, depuis le 1er

    janvier 2007, un conjoint survivant (pas le partenaire, seulement lpoux), elle ne pourra disposer par donation ou testament de manire certaine que dune fraction de son patrimoine que lon qualifie de quotit disponible. Lautre partie est dvolue obligatoirement selon les rgles lgales. Il sagit de la rserve hrditaire. La succession se compose en effet de deux masses : la rserve hrditaire et la quotit disponible.

    Terminologie :

    Quotit disponible = part disponible dune hrdit.

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    Lorsquil est port atteinte la rserve par les libralits, il convient de les rduire la demande des hritiers rservataires au moyen dune action en rduction de manire ce que ces hritiers rservataires puissent recevoir leur crance de rserve.

    Jusqu la loi du 23 juin 2006, la rserve hrditaire tait pars hereditatis. Ctait une part de lhritage en tant que tel. Depuis le 1

    er janvier 2007, la rserve hrditaire nest plus quun droit de crance pour les

    hritiers rservataires lorsque le de cujus a dispos de ses biens volontairement.

    La rduction ne joue donc plus en principe quen valeur seulement et de surcrot, la rduction pour atteinte la rserve nest susceptible dtre mise en uvre que dans un dlai relativement court de 5 ans.

    Ainsi, on pourrait rencontrer des situations dans lesquelles le de cujus a choisi dinstituer pour lgataire universelle sa concubine adultrine plutt que son pouse ou ses enfants. Dans ce

    cas de figure, malgr laction en rduction pour atteinte leur rserve intente par les enfants, la concubine pourra conserver tous les biens charge dindemniser des descendants.

    La succession lgale et la succession testamentaire posent les mmes problmes de

    transmission de biens, de liquidation et de partage. La liquidation successorale est une

    opration globale qui intgre les biens laisss par le dfunt son dcs et les libralits quil avait consenti antrieurement.

    TERMINOLOGIE SUCESSORALE

    Succession : ce terme peut avoir deux sens.

    Un sens abstrait : il sagit de la transmission des biens et des dettes dune personne dcde ses successeurs.

    Un sens concret : il sagit de lensemble des biens et des dettes ainsi transmis.

    Succession ab intestat : Par opposition la succession testamentaire, la succession ab

    intestat est la dvolution du patrimoine du dfunt selon les rgles lgales. En droit

    successoral, on dsigne le dfunt par le de cujus. Cest labrviation de de cujus successione agitur (celui de la succession dont il sagit).

    Le droit des successions peut se justifier par des arguments srieux et varis.

    Sur le plan moral, les devoirs dun individu envers ses proches notamment ses enfants ne se limitent pas au temps de sa vie. Ils se prolongent aprs sa mort. Ainsi, chacun doit entretenir

    ses enfants mais galement leur transmettre son patrimoine pour leur faciliter lexistence. Il serait injuste que des enfants soient privs de ressources en cas de dcs inopin de leurs

    parents.

    Cet argument perd cependant de sa vigueur lorsque lon sait qu lge o lon meurt aujourdhui, les descendants ont une soixantaine danne.

    Sur le plan conomique, le droit des successions apparat comme le prolongement du droit de

    proprit. Il faut quil soit transmissible au dcs. Sinon, lindividu ne serait encourag ni lpargne ni leffort.

    Sur le plan historique, le droit de succession a t reconnu en tout temps et en tout lieu. Il a

    rsist toutes les attaques et toutes les poques politiques. Mme lpoque de lURSS, o lon avait supprim le droit de succder, il a t rtabli progressivement partir de 1919, soit deux ans aprs la rvolution bolchvique.

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    En droit positif franais, comme dans de nombreux autres droits, ce nest donc quen labsence dhritiers dsigns par la loi ou par un testament que les biens du dfunt sont dvolus lEtat. LEtat ne recueille les biens que si le de cujus na pas test en faveur dun lgataire et en outre, si cette personne na pas de famille proche jusquau 6me degr inclus.

    Jusquen 2005, lEtat tait rarement absent des successions car il percevait souvent, mme en ligne directe, et lencontre du conjoint limpt sur les mutations titre gratuit. En ligne directe la part successorale exonre de droits de succession ntait que de 50.000 euros par enfant et pour le conjoint survivant, labattement tait de 76 000 puis un abattement global de 50 000 tait mis en uvre au prorata des droits lgaux de chacun.

    Depuis la loi TEPA du 21 aot 2007, applicable aux successions ouvertes partir du 22 aot

    2007, le conjoint, comme le partenaire survivant, est exonr de droits de mutations titre

    gratuit cause de mort. Il ne bnficie que dun abattement de 76.000 euros pour les donations entre vifs.

    Pour les descendants, a t cr un abattement de 150 000 . Depuis le 1er janvier 2008, on a une majoration de 1, 3 % soit 151 950 . Pour 2009 une nouvelle hausse est intervenue. Labattement est de 156.357 euros. Le montant de ces diffrents abattements est tel au regard de ltat de fortune moyen des Franais que dsormais, en ligne directe, il est extrmement rare en pratique quune succession dgage des droits de mutation par dcs. Elles sont quasiment toutes exonres.

    Rq ! Si avant la crise la question pouvait tre pose de savoir sil fallait supprimer les droits de succession. La question nest plus dactualit face aux besoins grandissants de Bercy.

    Paiement de limpt sur les mutations par dcs.

    Sur le plan doctrinal, limpt sur les mutations par dcs a pu apparatre comme une contribution utile au nivellement des fortunes.

    Sur le plan pratique, cest pour lEtat une ressource qui tait apprciable jusqu la loi TEPA. On pouvait la qualifier de 1

    er impt sur la fortune. Cet impt est amnag en fonction de

    proccupations familiales. Il varie en taux selon le lien de parent. Il varie selon des

    abattements spcifiques en fonction de la proximit de la parent mais il peut atteindre

    jusqu 60 % lorsquil concerne le concubin. (De 5 40% dascendant descendant, ce montant est plus lev pour les frres et surs = de 35 45%. Il est mme de 55% oncle/neveu. 60% = concubins).

    Modes de dvolution de la succession.

    Ds lors que le principe du droit successoral est admis, il faut se demander selon quelles

    rgles il sera attribu.

    On peut envisager deux systmes.

    - 1. La succession peut tre dvolue par la volont du dfunt : Ici, on conoit le droit successoral comme le prolongement du droit de proprit. La loi

    intervient seulement titre suppltif. Le testament a alors la primaut. Ce systme tait celui

    du droit romain. Il fut repris en France dans les pays de droit crit au Sud.

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    - 2. Dans le systme de droit germanique on connaissait en revanche un systme oppos.

    Le testament tait inconnu. La proprit reposait sur lide de coproprit familiale. Les biens dune personne ne sont pas sa proprit individuelle et exclusive. Ils sont affects lensemble de son groupe familial donc son dcs, ils doivent aller lensemble du groupe. Chaque personne a envers sa famille, le devoir de lui transmettre ses biens son dcs. Dans

    ce systme, la dvolution des biens est rgle par la loi qui organise la constitution de la

    famille. Historiquement, ce systme tait pass en France dans les pays de coutumes. Le

    testament ne sy est introduit que de faon limite et il confrait non pas la qualit dhritier mais la qualit infrieure de lgataire. Cest cette ide quexprimait ladage, En France, institution dhritier na lieu . Toutefois, en mme temps que la rserve hrditaire est devenue un droit de crance, cet adage a beaucoup perdu de sa vracit.

    Le droit positif franais a ralis une transaction entre ces deux systmes.

    Depuis 1804, la libert testamentaire est reconnue mais limite dans bien des cas par

    linstitution de la rserve hrditaire qui correspond la quotit de la succession qui revient certains hritiers du sang : les descendants et leur dfaut, le conjoint survivant.

    Depuis la loi du 23 juin 2006 et la mise en oeuvre dune galit en valeur, il nest plus certain que lon puisse considrer le statut de lgataire comme tant infrieur au statut dhritier. La rserve sanalyse en un droit de crance, on la vu. On peut mme renoncer laction en rduction pour latteinte la rserve au moyen d une renonciation anticipe laction en rduction pour atteinte la rserve (RAAR) dans les conditions des articles 929 et suivants

    C.civ.

    Inexorablement, le droit successoral franais se rapproche dun systme individualiste.

    Dans la conception germanique, les rgles lgales du droit successoral ne pouvaient tre mises

    en chec que par un testament unilatral, rvocable par le testateur jusqu' son dcs.

    Le droit franais, lui connat aussi linstitution contractuelle cest--dire la dsignation dun successeur irrvocable par contrat. Linstitution contractuelle nest autorise quexceptionnellement et par contrat de mariage. Toutefois, le caractre irrvocable de linstitution a perdu de sa superbe depuis la rforme du divorce du 26 mai 2004, on admet que toutes les libralits cause de mort entre poux sont caduques en cas de divorce, en ce

    compris linstitution contractuelle issue dun contrat de mariage. Lintrt dune institution contractuelle faite par contrat de mariage est quelle peut profiter au conjoint et aux enfants. En pratique, cependant on la rencontre trs rarement en raison

    faible nombre de contrats de mariage et du nombre croissant des divorces.

    Ceci expos, on voit quil existe aujourdhui encore, des limites la volont du de cujus sur la dvolution de ses biens mme si elles sont actuellement repousses par le droit positif.

    La loi de 2004 rformant le divorce puis la loi de 2006 rformant les successions

    assouplissent les principes directeurs de la succession mme si contrairement certaines

    propositions, la loi du 23 juin 2006 na pas remis en cause les quotits rservataires au profit des descendants puisque en prsence de 3 enfants et plus, la rserve hrditaire est demeure

    de de la succession alors que Monsieur le Professeur Pierre Catala avait propos

    loccasion de la prparation de la rforme de 2006 une rserve des 2/3 au maximum en prsence de deux enfants et plus.

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    Quoi quil en soi, lvolution est en marche. Certainement que dici une dizaine dannes, la rserve hrditaire disparatra.

    Linterdiction des pactes sur succession futurs en droit franais : la prohibition de ces conventions sur les successions non encore ouvertes est formule en termes gnraux par

    larticle 1130 alina 2 du code civil. Elle est reprise propos de la renonciation succession larticle 929 du c. civ ainsi qu larticle 1389 du c. civ propos du contrat de mariage et larticle 1600 sagissant de la vente. Cette prohibition connat des exceptions, il en va ainsi par exemple de la donation partage

    qui est un partage anticip de succession. La prohibition de principe a dailleurs t limite par la loi du 23 juin 2006 qui tablie la possibilit de renoncer par anticipation laction en rduction pour atteinte sa rserve.

    Historiquement, la prohibition des pactes sur succession future remonte au droit romain mais

    il interdisait seulement les conventions sur la succession dautrui pour viter le votum mortis (vu de mort). Le C. civ a repris la prohibition et la gnralis. Sont prohibs en droit franais, mme les conventions qui pourraient tre faites par le de cujus lui-mme.

    Deux raisons sont voques titre de justification :

    1 un souci dgalit entre les enfants, cest--dire la crainte dun retour aux pratiques nobiliaires contraires,

    2 le souci de ne pas porter atteinte la libert testamentaire. Il ne fallait pas que cette

    libert soit annihile parce que la personne aurait trop tt trait irrvocablement le sort de sa

    succession.

    Aujourdhui, aucun des deux arguments nest vritablement dcisif au soutien du maintien de la prohibition: les conventions immorales pourraient toujours tre annules sur le fondement

    du principe gnral de larticle 6 du cciv sans que soit ncessaire un texte spcifique. De plus les pactes sur successions futures ne crent pas forcment un votum mortis mais

    ne font que le dplacer. Ce nest plus X mais Y qui aura intrt la mort de Z. Le droit franais admet certaines oprations de plus en plus nombreuses qui crent un

    votum mortis telle que la rente viagre, lassurance sur la vie. Plus de 200 ans aprs linstauration du C.civ, le retour aux anciennes pratiques ingalitaires de certaines familles nest plus craindre. Dailleurs, de nombreux Etats ignorent la rgle de prohibition des pactes sur successions futures.

    En pratique la prohibition des pactes sur successions futures peut tre gnante dans la mesure

    o elle fait obstacle des conventions qui pourraient tre utiles. Cest pourquoi la pratique notariale sest efforce de diminuer cette prohibition. Dans un premier temps, la pratique notariale sest heurte la jurisprudence qui donnait un sens extensif cette prohibition.

    La C. cass dfinit le pacte sur succession future comme une stipulation ayant pour objet

    dattribuer, en dehors des cas limitativement prvus par la loi, un droit privatif sur tout ou partie dune succession non ouverte mme avec le consentement de celui de la succession duquel il sagit . Toujours selon la C. cass, constitue un pacte de succession future et est donc prohib, toute

    convention qui tente de modifier la dvolution dun bien du de cujus . En revanche, nest pas ce genre de pacte, une convention qui tendrait teindre une obligation au dcs du crancier

    parce quelle nattribue au dbiteur aucun droit privatif sur la succession.

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    Par ailleurs pour terminer sur les pactes succession future, il faut bien les distinguer des

    pactes post-mortem qui eux sont licites. Ils sanalysent comme lengagement dune personne vivante, affect dun terme suspensif. A titre dexemple, est valable comme constituant un pacte post mortem la constitution dune dot dclare payable la mort du constituant.

    En revanche une clause ayant pour rsultat de mettre la charge des hritiers une obligation

    ne aprs la mort de leur auteur et dont celui-ci ntait pas tenu de son vivant (ex :un cautionnement) nest pas valable : il sagit dun pacte sur succession future prohib.

    Pour distinguer ce qui tait valable de ce qui ne ltait pas, en matire de promesse, la Cour de cassation tablissait la distinction suivante :

    si loption pouvait tre leve du vivant du promettant, il y avait promesse post-mortem donc stipulation licite.

    Si loption ne pouvait pas tre leve avant mais aprs le dcs du promettant, alors lopration tait nulle car elle apparaissait comme un pacte sur succession future. Dsormais, la jurisprudence semble fixe : on considre en principe que la promesse de vente

    ne constitue pas un pacte sur succession future mme si son bnficiaire ne peut lever loption quaprs louverture de la succession. De la mme faon, les tribunaux ont fini par valider les clauses de tontine qui sont insres

    lors dachats frais communs exerces par deux personnes (souvent des concubins) mais avec stipulation quau dcs de lun des acqureurs, le bien acquis appartiendra rtroactivement et exclusivement au survivant.

    De nombreux pactes sur successions futures ont t valides par la lgislation franaise telles

    que les substitutions fidi-commissaires : les disposants chargent le gratifi de transmettre

    les biens quil a reu a titre gratuit un tiers dsign. Un exemple de libert graduelle : un pre de famille va donner a son fils la maison de famille

    a charge de transmettre a son propre fils. Le grev, premier bnficiaire, va bnficier dune proprit temporaire et a son propre dcs, il naura pas le choix de la destination du bien. Celui qui donne va donner deux fois ( son fils et son petit-fils).

    Pour les donations partage, en application des articles 1075 s cc, un de cujus peut fixer a

    lavance avec ses prsomptifs hritiers la composition des lots de sa succession. Depuis la loi du 23 juin 2006 la donation partage est galement envisageable mme en labsence de descendants au profit de prsomptifs hritiers de toute personne.

    Mme chose pour larticle 1070 al3 C.civ, on admet un autre pacte sur succession future : est valable la clause insr dans un contrat de socit selon laquelle en cas de dcs dun associ, la socit continuera et les associs pourront acqurir la part de lassoci dfunt.

    La clause commerciale, article 1390 cciv, permet dans un contrat de mariage un poux de

    prlever un bien dans la succession du prmourant moyennant indemnit.

    En application de larticle ??? , pour la sparation de corps, les poux qui font lobjet dune sparation de corps sur demande conjointe peuvent insrer dans leurs conventions une

    renonciation a leurs droits hrditaires.

    La loi du 23 juin 2006 a renouvel la matire des pactes sur successions futures en admettant

    une libralisation importante du droit successoral qui passe par la contractualisation de la

    matire.

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    Il sest opr un rapprochement du droit franais avec le droit positif allemand. Lobjectif de la loi du 23 juin 2006 est conomique, plus de 200 ans aprs le Cciv, il tait temps dapprhender lvolution du patrimoine et lvolution de la famille pour amnager au mieux la transmission de la succession non plus de lagriculteur mais du chef dentreprise.

    (Fin premier cours LYON 3) PARTIE 1 : LA

    DEVOLUTION SUCCESSORALE AB INTESTAT

    Dvolution de la succession = rgles qui dterminent les hritiers.

    La dvolution du patrimoine du dfunt se fait selon les rgles dtermines par la loi.

    Elle peut sappliquer la totalit de la succession si le dfunt na pas fait de testament, ou une partie seulement en prsence dun testament, soit que le dfunt ait volontairement limit ses legs certains de ses biens, soit quil ait des hritiers qui ont le droit une rserve hrditaire. La mise en uvre du droit de rserve la suite dune libralit excessive ne prendra la forme que dun droit de crance. La succession lgale va galement sappliquer aux biens que le dfunt avait donn de son vivant et qui sont remis dans la succession par leffet du dcs pour la reconstitution du patrimoine du dfunt. La dvolution de la succession lgale peut donc sappliquer certains biens que le dfunt avait donn de son vivant qui seront remis comptablement dans la

    succession pour viter toute atteinte la rserve des hritiers.

    Les libralits consenties entre vifs par le de cujus pourront parfois mme tre rduites la

    suite du dcs. Cependant depuis lentre en vigueur de la loi du 23 juin 2006, laction en rduction des libralits excessives ne plus tre envisage quen valeur et plus en nature sauf si le donataire est daccord pour remettre les biens en nature dans la succession (V. article 924-1 c.civ)

    CHAPITRE 1 : DES CONDITIONS REQUISES

    POUR SUCCEDER AB INTESTAT

    Le dfunt doit tre mort.

    Lhritier doit exister, tre capable et ne pas tre indigne.

    Section 1 : Lexistence du successible

    Le principe en la matire, cest que pour tre appel une succession, il faut exister au moment du dcs du de cujus. Il faut donc dune part avoir t conu avant cette date et dautre part ne pas tre dcd avant cette date.

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    Il en rsulte que la date du dcs peut tre parfois dune grande importance.

    1 : La conception avant le dcs du de cujus

    En principe, il faut tre n avant le dcs du de cujus. Mais en droitr successoral, on fait

    application du principe infans conceptus pro nato habetur quoties de commodis egus

    agitur : lenfant conu est considr comme dj n quand son intrt le rclame. Ainsi, un enfant en gestation lpoque du dcs du de cujus peut tre appel la succession. Cela permet lenfant posthume de recueillir la succession de son auteur. Il faut pour cela que lenfant naisse vivant et viable (article 725 c.civ). Il sera sinon considr rtroactivement comme nayant jamais exist.

    Pour dterminer la date de conception, on applique la prsomption de larticle 311 c.civ.

    Article 311 c.civ : La loi prsume que lenfant a t conu pendant la priode qui stend du trois centime au cent quatre-vingtime jour, inclusivement, avant la date de la naissance.

    La conception est prsume avoir eu lieu un moment quelconque de cette priode, suivant

    ce qui est demand dans lintrt de lenfant. La preuve contraire est recevable pour combattre ces prsomptions

    Puisque la marge dincertitude joue en faveur de lenfant, on ne retient que la dure limite de 300 jours. Il faut que lintervalle dcs/ naissance nexcde pas 300 jours pour que celui-ci hrite. Par ailleurs, il sagit dune prsomption simple.

    2. La survivance au de cujus

    Longtemps le droit franais a connu la thorie des co-mourants supprime par la loi du 3

    dcembre 2001 entre en vigueur le 1er

    juillet 2002.

    Pour tre appel une succession, il ne faut pas dj tre dcd soi-mme au jour du dcs

    du de cujus ce qui implique deux difficults : lune tenant aux dcs concurrents, lautre lie la prsomption dabsence.

    - Lhypothse du dcs concurrent est rgle par larticle 725-1 du code civil : La preuve de lordre des dcs peut tre rapporte par tous moyens. Si lordre des dcs ne peut tre dtermin, on ne prend pas en compte lautre personne dans la dvolution en revanche ses hritiers peuvent tre appels par reprsentation de

    cette personne prdcde, selon l ordre et le degr.

    - Dans lhypothse dabsence, on envisage deux cas :

    Si lhritier est prsum absent, il peut succder car il jouit dune prsomption de vie. (article 725 al2)

    Si lhritier est en tat dabsence dclar, il ne peut pas recueillir la succession car il est considr comme mort, assimil une personne

    dcde. (article 128)

    Si son existence est par la suite judiciairement constate, les biens lui

    seront alors restitus dans les conditions de larticle 130 c.civ cd dans la mesure du possible.

    Lindignit successorale quant elle est envisage par les art. 726 s C. civ.

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    Section 2 : Lindignit successorale

    Depuis la loi du 3 dcembre 2001, elle est vise par les articles 726 729-1.

    Elle a t profondment remanie puisque dsormais, on admet la reprsentation de lindigne la succession du de cujus par ses propres descendants dans les cas de dvolution qui

    admettent la reprsentation cd dans lordre des descendants et dans lordre des collatraux privilgis (frres/ soeurs ; neveux/ nices).

    Attention lindignit ne joue que dans les successions ab intestat. Il existe des causes premptoires et facultatives dindignits qui sont lies la nature des infractions pnales commises par lhritier. Dans les cas les plus graves, lindigne est automatiquement cart de la succession. Dans les cas les moins graves, la mise en uvre de lindignit est laisse au libre arbitre du juge.

    A lire : Rpertoire du notariat defrnois2003 n2 art. sur lindignit p 92 s (lire surtout partir du n26 jusquau n 29)(FIN 1ER COURS DIJON)

    CHAPITRE 2 : LA DETERMINATION DES

    HERITIERS ET DE LEUR PART

    Malgr les rformes de 2001 et 2006, le systme franais reste trs marqu par le droit

    intermdiaire en ce qui concerne le droit des successions ab intestat.

    Il constitue dans ses principales dispositions, une nette raction contre le systme de lancien droit dans la mesure o ce dernier sinspirait de proccupations nobiliaires. Depuis 1804 et malgr la loi du 23 juin 2006, notre droit successoral est encore marqu dun caractre galitaire et unitaire.

    En 1804, le Code civil en matire successorale a fait uvre de conciliation. Il a recueilli toutes les traditions franaises (ancien droit, droit romain, coutumes). Lesprit essentiel du droit successoral est anim dides issues de la rvolution moins les excs de celles-ci.

    Ainsi, le code Napolon a mis en place un systme unique de dvolution. Il ny a plus de dvolution des biens en considration de leur origine.

    En 1804, le code civil confrait toutefois aux enfants naturels une situation dinfriorit trs marque par rapport aux enfants lgitimes ce qui sloignait de lancien droit. Cette situation na pris fin quavec la loi du 3 janvier 1972. Le principe dgalit totale des filiations (suppression de la notion denfant adultrin) ne se fera en droit franais quavec la loi du 3 dcembre 2001. Il a en effet fallu attendre la condamnation de la France par la CEDH avec laffaire Mazurek pour que le Lgislateur franais supprime toute discrimination successorale entre les descendants.

    La loi de 2001 a permis lgalit totale entre les descendants quelles que soient les conditions de leur naissance.

    La rgle btard ne succde pas ne sapplique enfin plus.

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    10

    Longtemps, la lgislation de 1804 est reste inchange.

    1re

    rforme : loi du 9 mars 1891 : a cr des droits pour le conjoint survivant. Avant cette loi,

    il navait pas de droits sur la succession du prdcd. Mais en 1891, il a droit seulement de la succession en usufruit en prsence denfants. Ce nest en ralit quavec la loi du 3 dcembre 2001, que le conjoint accde statut successoral de vritable hritier.

    Tout au long du XIXme, des critiques ont t menes contre les ides du Code civil et des

    ides nouvelles ont t avances. Par exemple, Le Play reprochait au Code son trop grand

    individualiste.

    La division de la succession entre les enfants impose par le code tait un mal car elle

    morcelait les hritages. On disait que le Code civil tait une machine hacher le sol .

    En 1804, il sappliquait entre les hritiers une stricte galit en nature. Chacun devait recevoir une part de la succession sur chacun des biens. Ce systme imposait donc un morcellement

    sans fin des proprits foncires.

    Le dcret-loi du 17 juin 1938 a amorc une volution du principe dgalit en nature vers un principe dgalit en valeur avec lintroduction de lattribution prfrentielle de lexploitation agricole. Samorce alors une volution ultrieure.

    Dsormais, avec la loi du 23 juin 2006 est pass un principe gnral unique et dfinitif

    dgalit en valeur.

    Art 826 c.civ : Lgalit dans le partage est une galit en valeur. Chaque copartageant reoit des biens pour une valeur gale celle de ses droits dans

    lindivision. Sil y a lieu tirage au sort, il est constitu autant de lots quil est ncessaire. Si la consistance de la masse ne permet pas de former des lots dgale valeur, leur ingalit se compense par une soulte.

    On peut donc dire que depuis 1804, le Code civil a fait lobjet dune rforme densemble en deux temps :

    - Loi du 3 dcembre 2001 : qui a boulevers les rgles relatives la dvolution.

    - Loi du 23 juin 2006 : qui a modifi surtout les rgles de liquidation des successions

    et entirement le droit des libralits.

    Section 1 : Les rgles ordinaires de dtermination des hritiers

    Sous-section 1 : Les principes directeurs de la dvolution successorale

    Avertissement : Concernant la technique de la dvolution successorale, la dtermination des

    hritiers est fonde sur trois principes qui se combinent entre eux. Le second et le troisime

    limitent la porte du premier.

    1er

    principe : la classification des successibles seffectue en ordre et par degr. 2

    me principe : celui de la fente successorale qui droge au principe de la classification par

    degr lintrieur dun ordre avec un amnagement dans la loi du 23 juin 2006 : art 738-1 cc. 3

    me principe : celui de la reprsentation successorale qui droge la classification par degr

    dans deux des ordres hritiers (lodre des descendants et celui des collatraux privilgis).

    1 : Classification des successions en ordre et par degr

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    11

    A) Lordre

    Il dsigne une catgorie de parents soit en ligne directe descendante (ordre des descendants)

    soit en ligne directe ascendante (ordre des ascendants) soit en ligne collatrale (ordres

    collatraux, cd des successibles qui ont avec le de cujus un ascendant commun).

    Exemple : De cousin germain cousin germain:lascendant commun est le grand pre. De frre frre : lascendant commun est le pre . Les collatraux sont dits privilgis (cest le cas des frres, surs neveux et nices) ou ordinaires (cest le cas des oncles, tantes, cousins).

    B) Le degr

    Il dsigne lintervalle qui spare deux gnrations aussi bien en ligne directe quen ligne collatrale.

    Comment seffectue la computation des degrs? En ligne directe, il suffit de compter les gnrations qui sparent lhritier du de cujus. Exemple : le fils est parent de son pre au premier degr. Le petit fils lest au deuxime degr de son grand pre.

    En ligne collatrale, on additionne le nombre de gnrations qui sparent de lauteur commun lhritier et le de cujus. Le plus proche degr est donc le deuxime degr (de frre frre).

    De cousin cousin : 4

    De neveu neveu : 3

    2me degr = frre/frre

    FRERE FRERE

    PERE

    3e degr = oncle/neveu

    GRD PERE

    PERE

    NEVEU

    ONCLE

    4e degr = cousin/cousin

    GRD PERE

    PERE

    COUSIN COUSIN

    ONCLE

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    12

    En droit successoral, la classification principale se fait par ordre, cd par catgorie de

    successibles. Le principe, cest que les ordres sont rangs/ classs par rang de prfrence. Ainsi, tous les parents dun ordre donn passent avant ceux de lordre suivant. Exemple : aucun ascendant du de cujus ne sera appel la succession tant quil y a aura des descendants mme plus loigns en degr.

    Il existe une primaut de lordre sur le degr. Nous sommes sur un systme successoral descendant.

    La classification par degr nest donc que subsidiaire. Elle ne joue qu lintrieur de lordre pour faire venir effectivement la succession le parent le plus proche en degr dans lordre considr.

    Exemple = Ordre des descendants : le dfunt laisse son petit-fils et un arrire petit-fils tous

    deux issus du fils unique prdcd : le petit fils est au deuxime degr et donc il a la

    primaut sur lautre qui est au 3me degr.

    C) Distinction des 4 ordres dhritiers : la mise en uvre des articles 734 et suivants C. civ.

    Ici, on va considrer quil ny a pas de conjoint survivant lequel vient en concours avec les descendants et leur dfaut avec les pre et mre, on y reviendra. Depuis 2001, il prime les

    frres et soeurs et les grands parents.

    Les hritiers ayant un lien de parent avec le de cujus se rpartissent en 4 ordres dhritiers.

    1) Le premier ordre : lordre des descendants

    Tant quil existe un descendant, aussi loign soit il du de cujus, personne dautre ne peut hriter. Font parti du premier ordre, tous les descendants : Enfant, petit enfant, arrire-

    petit-enfant, .parmi eux le plus proche en degr exclut les degrs les plus loigns mais cela peut tre limit par le jeu de la reprsentation successorale.

    2) Le deuxime ordre : un ordre mixte compos des pre et/ou mre (ascendants privilgis) ainsi que les frres et surs avec leur descendance (neveux/nices) qui sont qualifis de collatraux privilgis.

    A lintrieur de ce 2me ordre appel, dfaut de descendants seulement, la succession se rpartit selon des modalits relativement complexes : par exemple, si le de cujus laisse

    son pre, sa mre et des frres et surs, alors, chaque ascendant a le droit au de la succession et le solde est dvolu aux frres et surs quel que soit leur nombre.

    GD PERE de cujus

    FILS (mort)

    PETIT-FILS

    ARRIERE PETIT-FILS

    Il prime : recueille tt (2e degr)

    Na rien (3e degr)

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    La totalit de la succession a bien t rpartie (1/4+1/4= )+( 3/6=1/2)= 1

    3) Troisime ordre : l ordre des ascendants autre que pre et mre.

    Il est appel succder dfaut de reprsentants des deux premiers ordres : article 734-3

    C. civ. Avant la loi de 2001, cet ordre comprenait tous les ascendants y compris les pre et

    mre lorsquil nexistait pas de frres et surs, neveux et nices.

    La rforme de 2001 a fait surgir de petites difficults car lorsquun fils tait dcd la suite du dcs de sa mre, laissant sa survivance son pre et ses grands parents

    maternels, quand bien mme les biens qui taient sa proprit taient issus de la

    succession de sa mre, la totalit de la succession tait dvolu son pre. La branche

    ascendante ordinaire (ex : grands parents maternels tait carte au profit de lascendant privilgi survivant (ex : le pre).

    Larticle 738-1 issu de la loi du 23 juin 2006 applicable rtroactivement depuis le 1er juillet 2002 permet dappeler la succession en parallle de lascendant privilgi survivant les grands parents de lautre ligne : on a rintroduit un systme de fente successorale qui joue cette fois-ci entre deux ordres dhritiers. On a admis un concours, une dvolution en concours entre le deuxime et troisime ordre lorsque le de cujus laisse

    un ascendant privilgi pre ou mre et un ou des ascendants ordinaires dans lautre ligne.

    Dans le 3me

    ordre, on applique le principe de la fente entre la ligne paternelle et la ligne

    maternelle systmatiquement, et la moiti de la succession est dvolue chacune des

    lignes.

    Cest donc dans chacune des lignes, le plus proche parent en degr qui vient la succession.Donc dans le troisime ordre la computation des degrs se fait ligne par ligne.

    A galit de degr, il y a galit de droits au sein de la ligne.

    Si le de cujus laisse pour lui succder son grand pre paternel, sa grand mre maternelle et

    son grand pre maternel. Comment rpartissez-vous la succession ?

    Dans la ligne paternelle, il y a un reprsentant donc il est le plus proche en degr : il aura

    la moiti.

    Dans la ligne maternelle, ils sont deux au mme degr, ils vont donc se partager lautre moiti, chacun 1/4.

    4) Quatrime ordre : celui des collatraux ordinaires.

    Il se compose des oncles, des tantes et des cousins du de cujus.

    Dans cet ordre, joue aussi le mcanisme de la fente. La reprsentation ne joue pas.

    PERE : 1/ 4

    SUR : 1/ 6 De cujus SUR : 1/ 6

    MERE : 1/ 4

    FRERE : 1/ 6

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    2 : La fente successorale

    Sil y a des descendants (1er ordre) : la fente ne joue pas. Sil y a des ascendants (3me ordre) : la fente produit tous ses effets : article 746 c.civ : la parent se divise en deux branches.

    Sil ny a pas de descendants, de collatraux privilgis et de conjoint, mais un ascendant dans chaque ligne, chacune des lignes prend la moiti de la succession.

    Lascendant dune ligne droit la totalit si dans lautre ligne il ny a pas dascendant (et bien sr si le dfunt na pas de conjoint survivant, de descendants, ni de collatraux privilgis).On dit que la fente se referme.

    Dans le cas o une succession est dvolue soit des ascendants, soit des collatraux

    ordinaires (4me

    ordre), elle se divise en deux parts gales (article 746 et suivants c.civ).

    La moiti va la ligne paternelle, donc les parents qui se rattachent au de cujus par son pre

    (parents consanguins) et lautre la ligne maternelle (parents utrins).

    La fente est une technique drogatoire au classement par degr lintrieur dun mme ordre, sauf exception de larticle 738-1 c.civ.

    Quand le de cujus, en labsence de tout descendant ou de tout collatral privilgi, laisse des ascendants dans les deux lignes, alors la fente sapplique. La succession est dvolue par moiti aux ascendants de chaque ligne ( Cest lide du vieil adage paterna paternis, materna maternis ).

    Mais si le dfunt ne laisse dascendants que dun cot, on dit que la fente se referme, quelle ne sapplique pas : les ascendants de lautre ligne vont prendre toute la succession.

    A dfaut dascendants, donc de reprsentants du 3me ordre, la succession est dvolue au 4e ordre, pour moiti au profit de chaque ligne selon le principe de la fente (article 749) mais sil nexiste de collatraux que dans une seule ligne, alors ceux-ci recueillent la succession en totalit en application de larticle 750 al.2 : la fente se referme.

    Il est un autre cas o joue la fente successorale : il sagit de la succession ordinaire de lenfant adopt simple en labsence de descendants et de conjoint de celui-ci. Aprs la dvolution de la succession anomale qui est compose des biens quil avait recueilli titre gratuit de chacune de ses familles adoptive et par le sang et qui font retour lascendant donateur ou ses descendants, on divise les autres biens de lenfant adopt simple dcd sans postrit en deux masses selon le principe paterna paternis et materna maternis entre sa famille par

    le sang et sa famille adoptive (368-1).

    Dans lancien droit, la fente permettait dattribuer des biens la famille dont ils provenaient : les biens de la ligne paternelle taient dvolus aux hritiers de la ligne paternelle et ceux de la

    ligne maternelle aux hritiers de la ligne maternelle.

    Le code civil a recueilli cette tradition en contradiction avec le principe qui veut que la loi ne

    considre ni la nature, ni lorigine des biens pour la succession. Mais la rgle paterna paternis a t altr dans la mesure o lapplication de la fente conduit un partage en valeur et non en nature : les biens issus de la ligne maternelle peuvent

    aller la ligne paternelle et inversement.

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    On voit donc naturellement que la fente ne peut pas jouer pour les descendants car ils

    conjuguent en eux mme les deux lignes en une mme personne donc la fente ne peut jouer

    que pour les ascendants ou collatraux ordinaires.

    Ainsi, la fente influence la rpartition de la succession entre les hritiers qui ne sont parents

    du dfunt que par son pre ou par son mre, lexclusion cependant des frres et surs ou neveux et nices.

    3 : La reprsentation successorale

    Larticle 751 du code civil dfinit la reprsentation comme une fiction de la loi dont leffet est de faire entrer le reprsentant dans la place, dans le degr mais aussi les droits du

    reprsent. Ainsi, prenant la place du reprsent, le ou les reprsentants va/vont donc pouvoir

    venir en concours avec des hritiers dun degr plus proche que le sien/leur. On voit donc que la reprsentation est un moyen utilis par la loi pour viter que lordre des successions quil a tabli ne soit fauss par des dcs contraires lordre naturel. Exemple : le fils est mort avant son pre.

    Supposons quun homme ait deux enfants F1 et F2. F2 est prdcd laissant 2 enfants. Sans reprsentation : cest toute la succession qui serait dvolu F1, le fils survivant puisquil est au 1

    er degr. La dvolution se ferait au dtriment des petits enfants qui ne sont quau 2me

    degr.

    Avec la reprsentation, les petits-enfants prennent la place de leur pre prdcd et peuvent

    concourir avec leur oncle la succession de leur grand pre en remplacement de leur pre.

    La reprsentation qui se justifie par lquit ne joue quen cas de succession ab intestat. Elle ne joue pas en prsence dune succession testamentaire sauf volont du disposant en ce sens. Il faut donc rechercher en fait si le testateur avait entendu instituer galement dfaut des

    lgataires, tous les appels du 1er

    ordre, donc mme les descendants des lgataires prdcds.

    Par ailleurs, mme en matire de succession ab intestat, la loi limite la reprsentation la

    ligne directe descendante (740 c.civ) et aux collatraux privilgis (frres surs et leur descendance donc neveux et nices) (742 c.civ).

    Donc la reprsentation ne joue pas dans lordre des ascendants ni des collatraux ordinaires. (FIN 2eme cours Lyon)

    La reprsentation est soumise des conditions :

    Avant la rforme de 2001 pour que joue la reprsentation, le reprsent devait tre prdcd

    ou disparu ou dclar absent.

    Il fallait aussi que le reprsent ait t capable de succder sil avait survcu.

    Dsormais, depuis la loi du 3 dcembre 2001 entre en vigueur le 1er

    juillet 2002, il est

    galement possible de reprsenter un indigne dans les deux ordres dans lesquels la

    reprsentation est admise (ordre des descendants et collatraux privilgis).

    Depuis la loi du 23 juin 2006 entre en vigueur le 1er

    janvier 2007, on peut aussi reprsenter

    un renonant si cest un descendant ou un collatral privilgi.

    Le reprsentant doit avoir lui-mme la capacit successorale donc ne pas tre lui-mme

    indigne au regard de la succession du de cujus et il doit tre descendant du reprsent.

    Il nest pas ncessaire quil ait accept la succession du reprsent ni quil nait pas t frapp dindignit lgard du reprsent. il suffit que le lien de filiation soit tabli.

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    Lide gnrale est que la reprsentation est une institution en vertu de laquelle certains successibles descendants dune mme souche et en concours avec des successibles dautres souches vont exercer dans la succession les droits quauraient eu leur ascendant prdcd ou indigne ou renonant sil avait survcu au de cujus ou pu hriter. La reprsentation droge donc la rgle de classement des hritiers par degr

    lintrieur dun mme ordre. Il faut savoir que la reprsentation a lieu linfini.

    Quant aux effets de la reprsentation, ils sont inclus dans la dfinition de linstitution puisque la reprsentation conduit un partage par souche. Ainsi, les reprsentants, sils sont plusieurs vont prendre ensemble la part quaurait recueilli le reprsent sil avait survcu. En revanche, le partage par souche na pas lieu quand la reprsentation nest pas admise. Il y a alors lieu partage par tte. ( FIN 2eme cours Dijon et Lyon 3).

    Sous section 2 : Lapplication des principes : la dtermination des droits successoraux des diffrents ordres dhritiers

    Pour quun ordre ou lautre soit appel succder au dfunt, encore faut-il que la succession soit ouverte.

    La succession souvre par la mort de la personne : 720 c.civ. Ce ne peut plus tre la mort civile puisquelle a t abolit en 1854 : il sagit du dcs.

    La succession ne souvre que par dcs ou exceptionnellement : - par jugement dclaratif du dcs si la personne a disparu dans des conditions de

    nature mettre sa vie en danger : 88 c.civ

    - par jugement dclaratif dabsence : 128 c.civ

    Il est donc important de connatre la date du dcs car cest en se plaant ce moment l que lon doit appliquer les rgles de dvolution.

    En rgle gnrale, la dtermination de la date douverture ne pose pas de difficult. Elle figure dans lacte de dcs o lon indique le jour et lheure. Parfois, cette mention a t omise.

    Si elle existe, elle ne fait foi que jusqu preuve contraire dans la mesure o elle na pas t constate par lofficier dEtat civil lui-mme.

    Sil y a eu disparition, la date douverture de la succession est fixe par le jugement daprs les circonstances de la cause. La date retenue va tre celle du jugement dclaratif dabsence.

    Quant au lieu douverture de la succession, il nest pas le lieu du dcs. En effet, la loi dispose que la succession souvre au lieu du domicile du dfunt (720). Ce lieu est donc trs important notamment pour la mise en uvre des rgles du DIP quant la dtermination de la juridiction comptente. En effet, la comptence judiciaire appartient au

    tribunal du lieu douverture de la succession pour la liquidation et le partage. La loi du domicile du dfunt va rgir la succession mobilire en DIP et la lex rei sitae la

    succession immobilire.

    Attention aux critres rsidence/ domicile qui sont distinguer. On traite ici de domicile.

    1 : Lordre des descendants

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    17

    Cest celui qui est appel au premier rang des hritiers et droit franais. Il exclut tous les autres ordres. Ainsi, un seul descendant (mme loign) prime tout autre hritier du sang.

    Exemple : Le de cujus laisse son frre et un arrire arrire petit fils. Celui-ci va primer le

    frre.

    A) Composition de lordre des descendants

    Il comprend tous les descendants lgitimes, naturels ou adoptifs du de cujus. Les enfants

    adoptifs font parti de cet ordre, quils bnficient dune adoption plnire ou simple.

    Un enfant adopt simplement nacquiert pas la qualit dhritier rservataire lgard des ascendants de ladoptant : cette rgle ne concerne que la rserve hrditaire et non pas la dvolution ou vocation successorale. Donc lenfant adopt simplement est hritier de ses grands parents sauf si ceux-ci lexhrde.

    Sur le plan successoral, il faut remarquer que si lenfant adopt plnirement perd tout droit successoral dans sa famille par le sang pour devenir hritier de ses ascendants adoptifs, en

    revanche, ladopt simple conserve ses droits hrditaires dans sa famille dorigine auxquels sajoutent ses droits dans sa famille adoptive.

    Tout enfant adoptif plnirement vient la succession de ladoptant et celle des ascendants de ladoptant. Les enfants adopts plnirement ne souffrent pas dun statut particulier au regard de la rserve hrditaire.

    Quant aux descendants de lenfant adoptif, ils ont les mmes droits que ce dernier dans la succession de ladoptant et de leurs ascendants quelle que soit la nature de la filiation (naturelle, lgitime, adoptive).

    Sagissant des enfants naturels ns hors mariages, quils soient des enfants naturels simples, incestueux ou adultrins ; ils ont dans la succession de leurs auteurs et autres ascendants les

    mmes droits quun enfant lgitime (tous les enfants sont placs sur un pied dgalit).

    En revanche, pour les enfants incestueux, la filiation ne peut tre tablie que dun seul ct. Il y a donc une discrimination mais dans lintrt de lenfant.

    Pour tre retenu comme descendant dans la dvolution, doit donc avoir t tabli lgalement

    un lien de filiation. Ce nest pas le cas devant certains phnomnes culturels et sociologiqaues, par lenfant faamu en Polynsie franaise qui ne cr pas de lien juridique de droit et qui ne peut pas hriter.

    B) Les modalits de dvolution de succession dans lordre des descendants

    La dvolution lintrieur de lordre est rgie par le classement selon le degr. Cette rgle se prsente elle-mme sous un double aspect :

    - Dune part, les plus proches en degr excluent les plus loigns ; - Dautre part, entre les hritiers de mme degr, il y a partage gal selon les rgles

    de dvolution lgale (succession ab intestat).

    Ce double principe est cependant corrig par la technique de la reprsentation quand les

    conditions en sont remplies.

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    18

    Ainsi, tout enfant prdcd est reprsent par ses propres descendants ce qui provoque un

    partage par souche et a pour rsultat soit de faire concourir des descendants de degr ingal,

    soit de faire recueillir des parts ingales par les descendants de mme degr.

    Les descendants succdent par tte et par portion gale quand ils sont tous au premier degr et

    quils sont appels de leur chef. En revanche, les descendants succdent par souche et non par tte quand ils viennent tous ou en parti par reprsentation, c'est--dire lorsque lun deux ou plusieurs dentre eux ou tous sont morts ou indignes ou renonant en laissant une postrit.

    2 : lordre des ascendants privilgis et collatraux privilgis.

    Nest appel la succession qua dfaut de tout descendant.

    A) La composition de lordre

    Le qualificatif privilgi (qui nest plus utilis depuis la loi de 2001) indique quil sagit de part et dautre des parents les plus proches du de cujus : ses pre, mre pour les ascendants, les collatraux privilgis sont ses frres, surs et neveux et nices, petits neveux peties nices. Ils ont la qualit de collatraux privilgis quand ils viennent la succession de leur

    chef ou par reprsentation.

    En ce qui concerne le pre ou la mre du dfunt : bien qutant des ascendants, ils font toujours parti du 2

    me ordre mme sils en sont les seuls reprsentants et quils ny a pas de

    frres et soeurs.

    Mais en labsence de collatraux privilgis et en cas de survivance dun pre ou dune mre, la fente peut jouer entre les pres et mres qui font partie du deuxime ordre et les ascendants

    de lautre ligne bien quil fassent partie du troisime ordre : 738-1 C. civ. Cette rgle avait

    D.C

    PE B (1/4)

    PE A (1/4)

    E 2 1er ordre et vient de son propre chef (1/2)

    E

    mm

    mor

    tm1

    mor

    t

    Ils viennent en reprsentation de leur pre

    prdcd

    D.C

    PED

    1/9

    PEC

    1/6

    PEE

    1/9

    PEF

    1/9

    PEB

    1/6

    PEA

    1/3

    E3

    1/3

    E2

    1/3

    E1

    1/3

    PEC na rien

    Souche 1 Souche 2 Souche 3

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    19

    disparu en 2001 avec la nouvelle prsentation de larticle 734 mais a rapparu avec la loi de 2006.

    B) Les modalits de dvolution de la succession

    Dans le 2me

    ordre, il faut distinguer deux situations pour dterminer les droits des uns et des

    autres.

    1er

    cas : le de cujus laisse la fois des collatraux privilgis, son pre et sa mre. Dans cette

    situation, la dvolution sopre alors pour moiti pour les collatraux privilgis et un quart pour chacun des pres et mres : 748 et 751 c.civ

    2me

    cas : le de cujus laisse des collatraux privilgis et un seul de ses pre ou mre. Les

    collatraux privilgis ont droit au . Quand lascendant privilgi, il droit au de la succession.

    3me

    cas : le de cujus ne laisse que des collatraux privilgis : ils prennent toute la succession

    excluant tous les autres parents : article 750 code civil.

    4me

    cas : Le de cujus ne laisse que ses pre et mre. Chacun recueille la moiti de la

    succession.

    Ces 4 solutions sont simples car on napplique pas la fente successorale. Depuis la loi du 3 dcembre 2001, la fente successorale qui jouait auparavant parfois entre les frres et surs ne sapplique plus au sein du 2me ordre des hritiers. Mais depuis la loi du 23 juin 2006, la fente existe parfois entre le 2

    me et le 3

    me ordre des hritiers.

    P 1/4 M 1/4

    D.C F2 1/6

    E3 a rien E2 E1 1/12

    F1 F3

    E4 1/6

    PE1 1/12

    GPP 3eordre a rien

    PERE MERE 1/4

    D.C

    E1 3/8

    F2 F1 3/8

    La fente ne joue quen labsence de frres/surs et survivance de pre ou mre en prsence dascendant de

    lautre ligne.

    dun ascendant dans lautre lignbe

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    20

    En effet, il faut envisager un 5me

    cas qui sera celui dans lequel le de cujus laisse dans le 2me

    ordre son pre ou sa mre et dans le 3me

    ordre des ascendants dans la ligne paternelle ou

    maternelle qui est vacante dans le 2me

    ordre : dsormais, joue la fente dans cette situation.

    Le pre ou la mre vivant recueille la moiti de la succession tandis que les ascendants du

    3me

    ordre dans la ligne vacante du 2me

    ordre recueillent lautre moiti de la succession.

    Exemple : Le de cujus laisse son pre, son grand pre paternel, sa grand-mre maternelle et

    son grand-pre maternel

    . RESULTAT :Moiti pour le pre et moiti pour la grand-mre et le grand-pre maternels

    hauteur de chacun.

    Lautre grand-pre est prim par le 2me ordre dans sa ligne qui nest pas vacante.

    Dsormais, depuis loi du 23 juin 2006, il existe galement le cas chant au profit du pre et

    ou mre, un droit de recours lgal envisag par larticle 738-2 c.civ. Ce texte est peu clair. Il ne semble pas avoir t situ la bonne place dans le code civil.

    Il pose de nombreuses difficults dinterprtation. Quand pre et mre ou lun deux ... concurrence des quotes-parts.. . Ainsi si les pre et ou mre survivent leur descendant qui dcde sans postrit aprs quils lui ont consenti une libralit entre vifs, alors les pre et ou mre bnficient dun droit de retour lgal. Ce droit de retour slve au mais avec un doute quant savoir sil est du des biens donns ou du de la succession. Comme Pierre CATALA, nous considrons quil sagit du des biens donns, comme ltait auparavant la rserve des ascendants laquelle ce droit de retour a t substitu.

    Ce droit de retour est sui generis, il joue en nature lorsque les biens donns figurent encore

    dans le patrimoine du de cujus et joue en valeur lorsque les biens donns en sont sortis mais

    alors avec une limite maximale qui correspond lactif hrditaire.

    3 : Lordre des ascendants

    Il est appel lorsque le de cujus ne laisse ni descendants ni collatraux privilgis, ni pre ni

    mre : 739 c.civ

    A) Composition de lordre des ascendants

    Il comprend tous ceux dont le de cujus tait un descendant, condition que la filiation soit

    tablie.

    GP

    P 1/2

    F1 DC

    M

    F2

    PE2

    GM 1/4 GP 1/4

    PE1

    Il ny a pas de frres et surs, donc la Fente successorale (FS) peut jouer

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    21

    B) Modalits de la dvolution de la succession dans lordre des ascendants ordinaires

    Dans cet ordre, joue la fente. Lascendant le plus proche dans une ligne exclut les ascendants plus loigns de sa ligne, 747 c.civ.

    Quand il y a des ascendants dans les 2 lignes, la succession se partage par moiti. Dans

    chaque ligne, les ascendants les plus proches en degr excluent les plus loigns sans

    reprsentation.

    Les ascendants de mme degr concourent galit.

    A supposer quil ny ait des ascendants que dans une ligne, alors la fente se referme au profit des ascendants de la seule ligne reprsente qui vont recueillir la totalit de la succession, 750

    c.civ.

    La loi du 3 dcembre 2001 applicable depuis le 1er

    juillet 2002 a ajout au profit des

    ascendants un article 757 -2.

    En labsence denfant ou de descendant du dfunt ou de ses pre et mre, le conjoint survivant recueille toute la succession. La matrimonialit dsormais, peut passer lascendance. Mais dans un tel cas, la loi de 2001 a prcis que si les ascendants autres que les pre et mre sont

    dans le besoin, ils bnficieront dune crance daliment contre la succession du de cujus. Il sagit l dun nouveau droit crance alimentaire du contre la succession. Le dlai pour le rclamer est de un an partir du dcs ou du moment partir duquel les

    hritiers cessent dacquitter les prestations quils fournissaient auparavant aux ascendants. Ce dlai pour rclamer la pension alimentaire contre la succession se prolonge jusqu lachvement du partage lorsquil y a indivision. Cette pension alimentaire comme celle qui peut exister au profit du conjoint survivant dans le besoin est prleve sur la succession.

    Elle nexiste donc quen prsence dune succession bnficiaire et pas dficitaire. Si elle est dficitaire, rien nest du lascendant quand bien mme il est dans le besoin. Cette pension est supporte par tous les hritiers et en cas dinsuffisance, par les lgataires particuliers bien quil ny ait pas hritiers et ce proportionnellement leur molument,758 C. civ.

    GP 1/4 GM 1/4

    P

    D.C

    M

    GM 1/4 GP 1/4

    3e ordre- 2e degr-fente

    fente joue

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    22

    4 : Lordre des collatraux ordinaires

    Depuis la loi du 26 mars 1957, cet ordre ne reoit la succession quautant que le dfunt ne laisse aucun des parents par le sang des trois premiers ordres ni aucun conjoint survivant.

    Cette place du conjoint survivant, pas trs favorable, a t amliore avec la loi du 3

    dcembre 2001. Dsormais, le conjoint prime les ascendants du 3me

    ordre. Il prime mme les

    frres et surs du deuxime ordre, on y reviendra.

    GP GM

    P a tout

    D.C

    M

    GM GP

    Pas de Fente car pas de reprsentants. maternels. Le

    pre prime le 3e ordre.Il recueille tout.

    GP

    D.C

    P - 2e ordre M

    GM

    AG AG - 3e ordre 3e degr

    Fente entre le 2e ordre et le 3

    e ordre

    GP - 3e ordre 2e degr

    D.C

    P M

    GM FS dans le 3e ordre

    AG - 3e ordre 3e degr

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    23

    A) La composition de lordre des collatraux ordinaires

    Il sagit de tous les collatraux, autres que privilgis. Ce faisant les collatraux ordinaires sont les oncles, tantes, cousins, cousines.

    La loi du 31 dcembre 1917 avait limit dans cet ordre la vocation successorale au 6me

    degr

    au lieu du 12me

    degr prvu par le Code napolon en 1804. Mais il tait des cas o la

    limitation au 6me

    degr ne sappliquait pas. En effet, la vocation lgale demeurait admise jusquau 12me degr quand le de cujus tait dcd incapable de tester.

    Dsormais, depuis le 1er

    juillet 2002, le nouvel article 745 c.civ dispose que les parents

    collatraux ne succdent pas au-del du 6me

    degr. Donc il nexiste plus dexception la rgle de la dvolution au 6

    me degr maximum au profit des collatraux. Cette disposition

    nouvelle a simplifi la vie des gnalogistes. Ils nont plus dsormais remonter la dvolution jusquau 12me degr, ce qui en pratique tait un exercice extrmement difficile.

    B) Les modalits de dvolution de la succession dans lordre des collatraux ordinaires

    Ils ne sont appels la succession qu dfaut de tout ascendant et conjoint survivant. La fente rgne lintrieur de cet ordre. Elle domine donc le classement par degr. En prsence de collatraux dans les deux lignes, sopre tout dabord un partage par moiti entre les deux lignes paternelle et maternelle du fait de la fente. Puis dans chacune des lignes

    paternelle ou maternelle, le plus proche en degr exclut les plus loigns. Les collatraux

    hritiers de mme degr concourent par tte lintrieur de la ligne. La reprsentation nest pas admise lintrieur de cet ordre (le 4me). Quand il ny a pas de collatraux ordinaires dans une ligne, la fente se referme. Les autres recueillent la totalit de la succession. On procde alors une dvolution par degr au sein de

    la seule ligne reprsente.

    GP GM GP GM

    D.C

    P O M O - 3e

    degr

    C5 4e degr

    C4

    PC1 5e degr

    C2 C3 C1

    PPC3 6e degr

    PC2 PC1

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    24

    (Fin du 3

    me cours virtuel Dijon et Lyon 3 )

    Section 2 : La vocation hrditaire lgale du conjoint survivant

    Depuis la rforme du 3 janvier 1972, la vocation hrditaire du conjoint survivant tait

    dfinie jusquau premier juillet 2002, date dentre en vigueur de la loi du 3 dcembre 2001 par les articles 765 767 anc c.civ.

    Depuis la loi du 3 dcembre 2001, par les articles 756 758-5 C. civ.

    La loi du 23 juin 2006 est venue modifier le sens de la mise en uvre des droits lgaux du conjoint survivant en crant un nouvel article 758-6 C. civ.

    Les droits dvolus au conjoint survivant par la loi sont tantt des droits en pleine proprit,

    tantt des biens en usufruit, selon la qualit des autres hritiers qui viennent en concours avec

    lui.

    Pour que le conjoint hrite, il doit encore avoir la qualit de conjoint au moment du dcs du

    prdcd. Il doit tre poux et il ne doit pas tre divorc.

    GP GM GP GM

    D.C

    P M O - 3e

    degr

    C5 4e degr

    C4

    PC1 5e degr

    PPC3 6e degr

    Germain

    Issu de germain

    A tout

    Ici, la fente ne joue pas car il ny a que des parents dans la ligne maternelle : rpartition par degrs

    GP GM GP GM

    D.C

    P M FM -

    maris

    C2 1/4

    C1 1/2 + 1/4 = 3/4

    C1 est issu de lunion de deux cousins (maternel et paternel) il a des droits dans les deux lignes

    SP -

    maris FP

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    25

    La seule date en matire de divorce que lon trouve sur le registre dtat civil est la date du jugement. Or, cette date nest pas intressante, elle ne produit aucun effet. Le jugement doit avoir t pass en force de chose juge pour avoir dissous le mariage, dfaut le mariage

    nest pas dissous. Donc si le dcs survient avant que la dcision de divorce soit passe en force de chose juge, alors la cause de dissolution du mariage est le dcs. Ce faisant le

    conjoint est alors hritier. Il ne faut donc pas loublier dans la dvolution, sauf sil a t exhrd au moyen dun testament, par exemple.

    Quand il y a eu sparation de corps, en principe, le conjoint spar de corps est hritier. Mais

    exceptionnellement, si les poux sont spars de corps aprs une convention et que la dcision

    a t rendue la suite dun consentement mutuel par laquelle les poux se sont privs de leur vocation hrditaire, dans ce cas le conjoint spar de corps nhrite pas : article 301 c.civ.

    La loi du 3 dcembre 2001 a considrablement accru les droits du conjoint survivant dans

    plusieurs domaines.

    1 : Des droits successoraux du successible part entire.

    La loi du 3 dcembre 2001 (entre en vigueur le 1er

    juillet 2002) a eu pour 1er

    effet de faire

    du conjoint survivant un successible part entire ds lors quil est non divorc et quil nest pas spar de corps dans le cadre dun consentement mutuel qui aurait engendr une convention privative de droits successoraux (art. 732 et 301 C. civ).

    Par ailleurs, la quotit et la nature des droits successoraux du conjoint survivant sont fonction

    des autres hritiers du dfunt.

    Dans la plupart des cas, le conjoint survivant est un hritier qui nest pas rservataire, il est donc mme dtre exhrd. En revanche, depuis la loi du 3 dcembre 2001, le conjoint est parfois hritier rservataire.

    Jusquau 1er janvier 2007, il tait un hritier rservataire du 3me rang. Dsormais, il est un hritier rservataire de 2

    me rang car les pre et mre ont perdu leur

    qualit dhritier rservataire.

    A) La vocation du conjoint survivant en prsence de descendant du dfunt

    La loi a distingu deux cas selon que les descendants du dfunt, sont des descendants

    communs avec son conjoint ou non.

    - Quand tous les enfants du dfunt sont des enfants communs au

    couple, compos du de cujus et de son conjoint survivant, alors ce conjoint dispose dune option lgale entre la totalit de la succession en usufruit et le en proprit : 757 c.civ.

    Cette option sest substitue au en usufruit dont bnficiait le conjoint en prsence de descendants avant la loi de 2001.

    Le conjoint dcide au dcs dexercer ses droits selon ses besoins et en tenant compte des prrogatives attaches chacun de ses droits.

    Loption est rpute faite en usufruit si le conjoint survivant garde le silence pendant trois mois aprs quil ait t mis en demeure dopter par les descendants ou sil dcde sans lui-mme avoir opt : 758-3 et 758-4 c.civ.

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    26

    Sinon, (si pas mis en demeure) la loi ne fixe aucun dlai pour opter pour le conjoint. Il est

    donc enferm dans les dlais lgaux de loption hrditaire qui sont de 10 ans compter de louverture de la succession : 780 c.civ.

    Si le conjoint choisit lusufruit : ses droits ne porteront que sur les biens existants au jour du dcs. En effet, le conjoint survivant nest pas crancier du rapport des libralits alors que pourtant, depuis le 1

    er janvier 2007, il est dbiteur de ce

    rapport du fait des dispositions de larticle 758-6 C. civ.. Si le conjoint a choisi lusufruit, alors, les hritiers nu-propritaires et le conjoint

    lui-mme peuvent demander la conversion en justice de cet usufruit en rentre

    viagre : article 759 s c.civ.

    Le rgime de la conversion de lusufruit lgal est le mme que le rgime de la conversion de lusufruit conventionnel qui peut exister quand le conjoint est bnficiaire dune libralit. Cette facult de conversion est dordre public mais la conversion des droits du conjoint sur le logement de la famille et le mobilier le garnissant nest possible judiciairement quautant que le conjoint en est daccord. Larticle 761 du Code civil envisage que lusufruit lgal du conjoint survivant pourrait faire lobjet dune conversion en capital. Dans cette situation, la conversion nest possible que de laccord du conjoint survivant et des autres successibles (unanimit des hritiers) : 759 761 c.civ.

    Si le conjoint opte pour le en pleine proprit. Ce nest pas toujours un effectif. Il est dtermin selon des modalits complexes dtermines aux articles

    758-5 et 758-6 C. civ. Il peut varier de 0 la totalit des biens existants.

    Pour le calculer, il faut faire un double calcul distinguant une masse de calcul et une masse

    dexercice :

    On applique larticle 758-5 du code civil. Ces dispositions ont t compltes depuis le 1er janvier 2007 par larticle 758-6.

    Vont figurer dans la masse de calcul, les biens existants au jour du dcs, ainsi que ceux qui

    ont fait lobjet dune libralit rapportable (cd constituant une simple avance sur part successorale ou toute donation entre vif reue par le conjoint survivant de la part du dfunt).

    Sur cette masse de calcul, on dtermine les droits thoriques du conjoint survivant qui sont de

    en prsence denfant. On multiplie alors la masse de calcul par la quotit du quart dvolue au conjoint en prsence de descendants (moiti en prsence des pres et mres, 3/4 en

    prsence du pre ou mre) pour obtenir les droits thoriques du conjoint. Mais ensuite il faut

    sassurer que le conjoint peut effectivement exercer ses droits thoriques. Pour ce faire il faut vrifier quil pourra exercer ses droits sur la masse dexercice qui va correspondre au solde de quotit disponible dtermin aprs imputation des libralits faites par le dfunt.

    La masse dexercice est celle sur laquelle le conjoint va pouvoir prlever ses droits. Cest une masse rsiduelle.

    Pour dterminer la masse dexercice, il faut procder par soustraction et dduire de la masse de calcul, les biens qui composent la rserve hrditaire des descendants dvolue en dehors de

    toute charge (rserve globale) mais galement la quote-part des libralits rapportables qui se

    sont imputer sur la quotit disponible.

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    27

    Le rsultat de cette double soustraction dtermine alors la masse dexercice. Cest une deuxime limite aux droits effectifs du conjoint.

    Si la masse dexercice est suprieure aux droits thoriques du conjoint, cest quil a le droit la totalit de ces droits thoriques.

    Si en revanche, la masse dexercice est infrieure aux droits thoriques, alors le conjoint ne peut prlever que le contenu de la masse dexercice

    Ainsi, on peut constater que les droits effectifs du conjoints sont gaux au plus petit des deux

    maxima dtermin dune part entre lassiette thorique de ces droits et dautre part, la masse dexercice.

    RECAPITULATIF DU CALCUL

    Masse de calcul des droits du conjoint

    biens existant au dcs (ceux qui nont pas t lgus) + Les biens donns

    =MC (masse de calcul)

    Droits thoriques du conjoint = Masse de calcul X

    Masse dexercice :

    Masse de C alcul

    - (moins) la rserve hrditaire des descendants

    - (moins) la quote-part des rapports qui sest impute sur la quotit disponible. =Masse dexercice

    On constate que ce en pleine proprit ne reprsente parfois que trs peu de chose pour le

    conjoint survivant. Il peut mme tre gal 0.

    De mme, la masse dexercice est toujours gale au solde de la quotit disponible aprs imputation des libralits.

    Les droits effectifs du conjoint sont gaux au plus petit des deux rsultats entre droits

    thoriques et masse dexercice.

    Avant la loi de 2001, on sarrtait ce stade de calcul.

    Depuis le 1er

    janvier 2007, les choses ont chang. Il sapplique aprs la deuxime tape (dtermination du plus petit des deux maxima) une troisime tape de calcul relative la mise

    en uvre du nouvel article 758-6 c.civ.

    Cette troisime tape relative la mise en uvre de larticle 758-6 C. civ. voit le jour non seulement lorsque le conjoint opte pour le quart en pleine en pleine proprit mais galement

    lorsquil opte pour la totalit en usufruit.

    Cet article prvoit limputation des libralits faites par le de cujus au conjoint sur ses droits lgaux. Le conjoint ne reoit effectivement que le surplus au titre de ses droits lgaux.

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    28

    Le texte de larticle 758-6 C. civ. dispose galement que le maximum cumul des libralits et des droits lgaux du conjoint survivant ne peut jamais dpasser la quotit disponible

    spciale entre poux telles que dtermine par larticle 1094 c.civ : L'poux, soit par contrat de mariage, soit pendant le mariage, pourra, pour le cas o il ne laisserait point d'enfant ni

    de descendant, disposer en faveur de l'autre poux en proprit, de tout ce dont il pourrait

    disposer en faveur d'un tranger .

    Exemple 1:

    DC laisse un CS et deux enfants : . Les poux taient maris en sparation de biens, il ny a pas dindivision post-communautaire entre eux. Le dfunt na que des biens personnels Il opte pour le quart en pleine proprit :

    Biens du de cujus: maison (300 000), compte bancaire (50 000), valeurs (50 000) : 400 000 . Pas de passif ;

    De son vivant, de cujus a donn chacun de ses enfants, la moiti indivise dun bien dont la valeur totale est de 200 000 au jour du dcs Donc au dcs, le patrimoine hrditaire reconstitu est: 600 000 (400000 de biens existants et 200000 de biens donns qui sont runis fictivement aux biens existants, on y reviendra).

    Masse de calcul : biens existants au jour du dcs (diffrent de larticle 922 : on ne prend pas en compte les biens lgus) : 400 000 + libralits rapportables (200 000 ) = 600 000 Droits thoriques conjoint : 600 000*1/4 = 150 000 (maximum)

    Masse dexercice : 600 000 rserve globale ( 2 enfants donc 2/3 de la succession) Lire 922 du code civil pour dterminer la masse de calcul de la rserve hrditaire :

    La rduction se dtermine en formant une masse de tous les biens existant au dcs du

    donateur ou testateur.

    Les biens dont il a t dispos par donation entre vifs sont fictivement runis cette masse,

    d'aprs leur tat l'poque de la donation et leur valeur l'ouverture de la succession, aprs

    qu'en ont t dduites les dettes ou les charges les grevant. Si les biens ont t alins, il est

    tenu compte de leur valeur l'poque de l'alination. S'il y a eu subrogation, il est tenu

    compte de la valeur des nouveaux biens au jour de l'ouverture de la succession, d'aprs leur

    tat l'poque de l'acquisition.

    Toutefois, si la dprciation des nouveaux biens tait, en raison de leur nature, inluctable

    au jour de leur acquisition, il n'est pas tenu compte de la subrogation.

    On calcule sur tous ces biens, eu gard la qualit des hritiers qu'il laisse, quelle est la

    quotit dont le dfunt a pu disposer.

    Rserve Hrditaire :

    Art 922 C. civ. :

    biens existants + donation entre vifs dettes X quotit de rserve variable selon le nombre denfant, ici 2/3 = 600 000X2/3 = 400 000. Il sagit de la rserve globale qui revient chacun des enfants pour moiti, sa rserve individuelle.

    La rserve individuelle hrditaire est donc de 200 000 chacun.

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    Puisque la libralit a t consentie des hritiers rservataires en avance de part successorale

    (on y reviendra) sur un bien qui au jour du dcs vaut 200 000 , chacun a reu une avance de 100 000. Une avance sur part successorale simpute prioritairement sur la rserve de lhritier et ce nest quautant quelle la dpasse quon limpute ensuite sur la quotit disponible.

    Puisque ici, la quote-part de rserve individuelle est de 200 000 , les 100 000 peuvent simputer totalement sur la rserve. : 200 000 100 000 = 100 000 . Il ny a donc aucune imputation de libralit sur la quotit disponible qui reste totalement vierge dimputation et peut profiter au conjoint pour la mise en uvre de ses droits lgaux.La quotit disponible aprs imputation reste entire 200000 euros.

    MAIS, en application de larticle 758-5 C. civ. pour dterminer les droits effectifs du conjoint on retient la plus faible des deux maxima dtermins entre les droits thoriques 150000 et la

    masse dexercice 200000. Donc les droits effectifs du conjoint sont ce stade de -150 000

    Dans cet exemple, on a appliqu 758-5 ; pas besoin de recourir 758-6 puisque le dfunt

    navait consenti aucune libralit son conjoint.

    Si en revanche le conjoint avait reu entre vifs des libralits de la part du de cujus, alors ces

    libralits sont dduire des droits lgaux ce stade dans le cadre dune nouvelle soustraction au plus petit des deux maxima (des exercices seront faits en amphi mon retour).

    Si le de cujus souhaite gratifier son conjoint survivant de lusufruit de sa succession, en plus de ses droits lgaux en proprit, ou inversement, il peut le faire mais il doit alors en disposer

    ainsi dans une institution contractuelle ou dans un testament toujours rvocable en cours

    dunion. Au maximum, le conjoint peut alors recevoir le quantum de la quotit disponible spciale entre poux telle que dtermine par larticle 1094-1 C. civ.

    Depuis la loi de 2006, la technicit du calcul des droits du conjoint sest accrue puisque dsormais, on y reviendra le conjoint dduira de ses droits lgaux les droits quil a reu du de cujus entre vifs (art. 758-6 C. civ).

    Sinon, lorsque le conjoint survivant opte pour la totalit en usufruit, il peut exercer son

    usufruit sur tous les biens existants au jour du dcs (sauf les biens lgus).Et bien sr, l

    encore sil a reu des libralits du de cujus, il doit les imputer sur ses droits lgaux dans les conditions de larticle 758-6 C. civ.

    - Tous les enfants ne sont pas communs au couple : dans cette hypothse le lgislateur a pens que lusufruit lgal universel au profit du conjoint survivant non parent pourrait priver durablement les enfants dun autre lit de lusufruit de leur rserve. Cest pourquoi, il a t refus une option hrditaire lgale au profit du conjoint survivant dans ces situations.

    Ainsi, le conjoint survivant en prsence de beaux-enfants na de vocation quau quart lgal en proprit, dtermin dans les conditions (758-5 et 758-6 C. civ).

    Lgalement, le conjoint survivant en prsence denfants non commun est rduit de la succession en pleine proprit : 758 c.civ.

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    Bien sr, le De Cujus a la possibilit de protger son conjoint la hauteur de lusufruit de toute la succession. Il lui consent alors une libralit. Il ne peut le faire que par lexpression dune disposition de volont . Une donation ou un testament sont les seuls qui pourront confrs au conjoint survivant, lusufruit de la totalit de la succession en prsence de beaux enfants.

    Cf. Le conjoint survivant, un hritier pas comme les autres, JCP 2003 p. 2215, Mme

    MAZERON

    Cf. Defrnois, juillet 2002 p.863 et S. Ferr-Andr (fin du 4me

    cours)

    B) La vocation du conjoint survivant en prsence des pre et mre du dfunt et en labsence de descendant :

    Dans une telle situation le pre et la mre sont rduits au quart de la succession chacun en

    pleine proprit. Le conjoint recueille quant lui, la moiti de la succession en pleine

    proprit.

    Jusquau 31 dcembre 2006, la part successorale des pre et mre correspondait alors une rserve hrditaire (1/4) chacun, ce qui nest plus le cas aujourdhui. La loi du 23 juin 2006 a supprim leur rserve hrditaire.

    Donc depuis le 1er

    janvier 2007, les pre et mre ont perdu leur vocation rservataire :

    dsormais, le conjoint survivant est substitu aux pre et mre en ce qui concerne la qualit

    dhritier rservataire hauteur de . La part du revenant chacun des pre et mre nest quune part de quotit disponible, ils peuvent donc en tre exhrd sauf la mise en uvre du nouvel article 738-2 C. civ dont on reparlera.

    Si lun des pre et mre est prdcd le conjoint survivant recueille, selon 757-1 alina 2, les 3/4 de la succession en pleine proprit. Il prime les frres et surs du dfunt (depuis la loi de 2001).

    Rq les frres et surs ne bnficient que dune protection rsiduelle consistant en un droit de retour lgal prvu larticle 757-3 du Code Civil condition que les pre et mre soient morts.

    Lorsque les pre et mre ou lun deux survivent au dfunt et que celui-ci na pas de postrit, larticle 738-2 prvoit depuis le 1er janvier 2007 un droit de retour lgal au profit des pre et mre. Les pre et mre peuvent alors dans tous les cas exercer ce droit de retour concurrence

    des quotes-parts fixes au 1er

    alina de larticle 738 (1/4) sur les biens que le dfunt avait reu deux par donation. La valeur de la portion des biens soumis au droit de retour simpute en priorit sur les droits successoraux des pre et mre, prcise le texte.

    De surcrot, il est prvu que lorsque ce droit de retour ne peut sexercer en nature, il sexcute alors en valeur dans la limite de lactif successoral. Cest le texte le plus mal rdig de la loi du 23 juin 2006 : il pose des difficults dinterprtation.

    Il signifie que lon peut priver les pre et mre de leur vocation hrditaire mais pas quand ils ont fait des libralits leur enfant, on substitue leur ancienne rserve ce droit de retour

    lgal. Si les biens donns ont t alins, le droit de retour sexerce en valeur. Lorsque les biens sont encore entre les mains du de cujus au jour de son dcs ces biens vont faire retour

    cest dire profiter aux pre et mre, alors mme quon les aurait priv de leur quart

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    suppltif dans la succession mais dans la limite de leur droit de retour. Ce droit de retour est

    un droit de retour impratif.

    Ainsi de suppltifs, les droits des pre et mre peuvent devenir impratifs mais condition

    quils aient donn des biens de leur vivant leur enfant prdcd.

    Ce droit pose cependant plusieurs questions :

    Dabord, ce droit joue-t-il en prsence dun conjoint ?

    J. SAUVAGE avait rdig un article ce sujet dans lequel il considrait que non au vu de la

    place de larticle 738-2 dans le Code des droits des pre et mre en labsence de conjoint .

    Pour Pierre Catala, ce texte joue dans tous les cas mme en prsence dun conjoint, position laquelle nous nous rattachons. Depuis lors F. Sauvage sest rang lavis de P. Catala. Pour autant, il ny a pas unanimit en doctrine.

    Prcisons par ailleurs quen principe, dans les situations de concours du CS et du pre ou mre, il faudrait appliquer 758-6 la dtermination de la quote-part lgale du conjoint aprs la

    mise en uvre de 758-5. Cest la lettre de 758-6 qui limpose. Cependant cette analyse serait aberrante dans la mesure o larticle 758-6 limite alors la vocation lgale du conjoint survivant en prsence de libralit son profit la QD spciale entre poux prvue en

    prsence denfants. Or, nous rflchissons ici dans un cas o il ny a pas denfant. Ce faisant, il faut admettre que dans ces situations, sauf la mise en uvre du droit de retour lgal au profit des pres et mres dtermin dans les conditions nbuleuses de larticle 738-2, le CS peut se prvaloir de la totalit de la succession lorsquil a t institu lgataire universel dans la mesure o il est alors le seul hritier rservataire.

    Il serait en effet aberrant que le CS ne puisse pas recevoir plus du quart de la succession en

    pleine proprit et les en usufruit alors que cette vocation maximale prvue par larticle 1094-1 est envisage par le texte de la faon suivante pour le cas o lpoux laisserait des enfants ou descendants .

    Il doit donc en rsulter les rsultats chiffrs suivants :

    Exemple 1 : pre, mre et CS : pas de libralit.

    Patrimoine : logement (300 000), compte bancaire (100 000) = 400 000

    Le pre et la mre ont droit chacun en pleine proprit sils nont pas t exhrd et le CS en pleine proprit ( dans les conditions des articles 757-1 et 758-5).

    Mais si le CS a t institu lgataire universel alors les pre et mre nont pas de droit de retour lgal puisquils navaient pas consenti de libralit de cujus. Les pre et mre nont donc droit rien. Le CS a donc en principe vocation au tout. Si on mettait en uvre les dispositions de 758-6 C. civ. ce serait aberrant 758-6 car le conjoint ne pourrait recevoir plus

    qu en PP et en usufruit.

    Exemple 2 : on a un CS que lon a institu lgataire universel mais le de cujus avait reu son logement titre gratuit de ses pre et mre.

    LArticle 738-2 prcise : Lorsque les pre et mre ou l'un d'eux survivent au dfunt et que celui-ci n'a pas de postrit, ils peuvent dans tous les cas exercer un droit de retour,

    concurrence des quotes-parts fixes au premier alina de l'article 738, sur les biens que le

    dfunt avait reus d'eux par donation.

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    La valeur de la portion des biens soumise au droit de retour s'impute en priorit sur les droits

    successoraux des pre et mre.

    Lorsque le droit de retour ne peut s'exercer en nature, il s'excute en valeur, dans la limite de

    l'actif successoral.

    Ce texte joue comme un substitut de rserve au profit des pre et mre. Mais il faut

    dterminer alors si le quart dont parle le texte est le quart des biens donns ou le quart de la

    succession.

    Pour P. Catala, il sagit du quart de la succession. Cest comme si on navait pas supprim la rserve dans un tel cas. En cas de libralits, les parents ne peuvent avoir plus ou moins de

    droits quils nen avaient avant. Admettre quil sagit du des biens donn serait curieux notamment lorsque les biens donns ont t alins car alors sils reprsentaient une somme importante par rapport au patrimoine successoral ce droit de retour pourrait englober la

    totalit de lactif et ds lors, le conjoint serait moins bien protg que lorsquil ntait pas rservataire. Telle na pas