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Page 1/4 - Edition Septembre 2011
Créer un atelier poulets de chair
en Agriculture Biologique Données technico-économiques pour le secteur du val d’Adour
La production de volaille de chair est l’une des
production les moins développée dans les Hautes-
Pyrénées. Le secteur du Val d’Adour dispose
pourtant de caractéristiques pouvant permettre
le développement d’une telle production.
Contrairement à l’élevage de ruminant, les volail-
les consomment des céréales. Dans une région
propice aux cultures, l’implantation d’ateliers de
volailles pourrait permettre de favoriser le déve-
loppement de productions biologique, et par voie
de conséquence, un mode de production qui par-
ticiperait à améliorer la qualité de l’eau.
Point réglementaire
Origine des animaux Les animaux naissent et sont élevés
dans des exploitations biologique. Ce-
pendant, compte tenu de l’organisation
de la filière, des poussins non biologi-
ques peuvent être introduits et devront
être élevés au minimum 10 semaines
pour pouvoir être certifié.
Conversion des terres Les volailles doivent évoluer sur des
sols certifiés bio pour pouvoir prétendre
à la certification. Il faut 2 ans pour une
conversion normale, mais peut être ré-
duite à 1 an ou 6 mois pour les parcours
et en fonction de leur utilisation précé-
dente. Cette durée est à définir avec
l’Organisme Certificateur.
Condition de logement Le logement peut être fait en bâtiment
fixe ou en bâtiment mobile. Les ani-
maux doivent avoir accès à un parcours
pendant au moins un tiers de leur vie.
La densité de peuplement est limitée
pour ne pas dépasser la limite de 170 kg
d’azote par an et par ha. Soit pour les
parcours : 914 poulets/ha en bâtiment
fixe et 1030 en bâtiment mobile. Le sol
doit être couvert d’une litière (pas de
caillebotis ou de grille).
Pratique d’élevage Les animaux sont soit des croissance
lentes (Hubbard JA57, JA 87), soit des
races plus commune, mais l’âge d’abat-
tage ne peut être inférieur à 81 jours
pour les poulets.
Alimentation Les volailles doivent être nourries avec
des aliments bio. Une dérogation jus-
qu’au 31 décembre 2011 autorise l’intro-
duction de 5% de composés non bio.
Prophylaxie Les méthodes de prévention doivent être
privilégiés. En dehors des vaccinations,
traitement antiparasitaire et plan d’éradi-
cation obligatoire, il est possible d’utili-
ser au maximum 1 traitement allopathi-
que (le poulet ayant une durée de vie de
moins d’un an).
Bâtiment
fixe
Bâtiment
mobiles
Parcours (m² en
rotation/poulet) 4 2.5
Bâtiment (nb de
poulet/m²)
10 (< 21 kg vif/
m²)
16 ( < 30 kg
vif/m²
Trappes de sortie
Surface max du
bâtiment 1600 m² 150 m²
4m pour 100 m²
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«
Créer un atelier poulets de chair
Quelle efficacité technique ?
Les deux fermes étudiées sont situées proche du secteur
du Val d’Adour. Michel Cambayou a débuté récemment,
il y a trois ans, et Sylvie et Benoit Colas sont en place
depuis une vingtaine d’années. Les deux fermes ont op-
tés pour une commercialisation en direct et produisent
des céréales en partie autoconsommées.
Adapter ses volumes à la demande !
A la lecture de ces données, deux lignes paraissent non-
maitrisées, l’IC et les pertes. Il sera important de noter que
nous comparons des données sur deux ateliers ayant choisi
un mode de commercialisation en direct et une moyenne
(source ITAB) incluant plutôt des fermes en circuit long.
La vente directe n’est pas sans conséquences. Elle impose
une production régulière
qui n’est réalisable que
par un fonctionnement
en « multi-bandes ».
Techniquement, la
conduite de tels élevages
va demander plus de
temps de travail, les
bandes étant à des stades
physiologiques diffé-
rents.
Elevage Cambayou
Elevage Colas
Moyenne (source itab)
Nombre de bâtiments 12 20 25
Densité (poulet/m²) 16 16 16.3
Nb de poulets par bandes 1200 600 -
Nb de bandes par an 13 25 3.34
% de pertes 15 % 20 % 4.5 %
Durée d’élevage minimum (j) 100 105 92.1
Age moyen d’abattage (j) 120 105 90.8
Poids moyen d’abattage (kg vif) 2.2 2.1 2.3
Indice de consommation 5.71 5.50 3.25
Lors de visites d'un élevage, l'observation des poulets et
l'écoute de l'éleveur sont des points essentiels.
Par exemple, des poulets présentant une conjonctivite peuvent
subir une irritation des yeux par un taux d'ammoniac élevé
dans l'air à quelques centimètres du sol. Est-ce une litière trop
humide? Une ventilation inadaptée? A nous d'enquêter !
Autre exemple, un éleveur nous rapporte des déformations
des pattes. La ration alimentaire a été vérifiée. Nous obser-
vons, par ailleurs, des symptômes rares, curieux : les jours de
pluie, plus de poulets boitent, le
cloaque est rouge et proéminent
sans diarrhée. Ces symptômes ne
sont pas spécifiques de telle ou
telle maladie. Ils nous ont permis
de donner Calcarea fluorica avec
succès.
L'homéopathie est très simple d'utilisation en élevage de vo-
lailles, elle se dilue dans l'eau de boisson.
Nathalie Laroche, vétérinaire GIE Zone verte
... A NOUS D’ENQUETER !
En général on surestime le nombre de poulet élevé pour satis-
faire la demande. Par conséquent, des poulets sont « en attente »
et la durée d’élevage et âge moyen d’abattage augmente. Ceci a
pour effet d’augmenter fortement l’indice de consommation. En
phase de lancement de l’activité, des poulets peuvent atteindre
150 j par manque de débouché, l’IC devient important. C’est
parfois le cas pour Michel Cambayou
Des pertes forcément importantes en multi-
bandes.
En système « multi bandes », des lots « jeunes » et des lots plus
vieux sont en permanence présent sur l’élevage. Il faudra s’atta-
cher à ne pas transmettre des maladies entre lots.
Le cahier des charge bio autorise certains traitements mais il est
important de rechercher les problèmes qui déclenchent les symp-
tômes. Les paramètres internes (paillage, densité, abreuve-
ment...) sont les points critiques qui faut s’attacher à bien gérer.
Les maladies comme le choléra peuvent avoir des conséquences
importantes et de façon très rapide, une surveillance régulière
sera obligatoire pour subvenir à ces problèmes.
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«Approche économique, quels résultats ?
Pour diversifier l’activité céréalière bio, Michel Cambayou
se lance il y a trois ans dans la création d’un atelier de pro-
duction de volaille de chair.
« Le contact avec les clients
est enrichissant et valori-
sant ». C’est donc naturelle-
ment qu’il se dirige vers un
système en vente directe.
« un système intégré aurait
été plus simple » mais ces
contrats semble saturés au-
jourd’hui.
Le temps de travail est alors important lorsqu’on transforme
et commercialise (l’atelier d’abattage se situe à près de 80
km), mais la plus value générée a permis l’embauche d’un
salarié qui s’occupe de l’abattage, du conditionnement et de
quelques livraisons pour 25h par semaines. Une seconde
personne devrait être embauché pour la partie élevage pour
améliorer les résultats techniques. Sans main d’œuvre sup-
plémentaire, M. Cambayou n’aurait certainement pas lancé
cette activité !
Michel Cambayou, éleveur de volaille à Cosledaa (64)
LE CONTACT AVEC LES CLIENTS EST VALORISANT !
Un atelier qui doit valoriser les céréales de la
ferme Sur le plan économique, la moins bonne efficacité technique
(IC et pertes) sont à l’origine de charges assez élevé pour nos
deux fermes. Elles sont maitrisées néanmoins par la fabrica-
tion d’aliment à la ferme (presque 50 % d’économie par rap-
port à un aliment du commerce). Un investissement à amortir
est à prévoir (broyeur, presse, mélangeur...),
Le temps de travail pour la fabrication de l’aliment à la ferme
est aussi à prévoir et à ne pas négliger.
Le temps lié à la commercialisation doit être
rémunéré
Avant d’ajouter les charges liées à la commercialisation
(transformation et transport), on obtiens des marges brutes
(MPA) assez élevé pour nos deux systèmes en VD comparé
aux ateliers en filière longue (4 à 6 fois plus). Apres avoir
déduit les charges de commercialisation, abattage et condi-
tionnement et transport, il reste une marge nette de 4,79 eu-
ros pour l’atelier de Sylvie Colas et 4,28 pour Michel Cam-
bayou.
Apres déduction des charges de commercialisation, il faut
évaluer si le temps de travail après abattage est rentable.
Avec une rémunération au SMIC, on estime une plus value
supérieure au système en filière longue entre 10 et 50 cts.
La ferme de Sylvie Colas possède un abattoir à la ferme,
l’amortissement et le temps de travail doit être évalué.
Michel Cambayou fait faire ce travail en prestation, il
faut évaluer le cout du transport et le montant de la pres-
tation.
Elevage Cambayou
Elevage Colas
Système en filière longue *
Coût du poussin (€) 0.46 0.46 -
Coût de l’aliment (€) 4.14 4.65 -
Charge d’élevage (gaz, edf, vétérinaire...) 0.28 0.53 -
Charges fixes (investissements amortis) 0.17 0.08 -
Prix de vente moyen (kilo) 6.8 7.3 2.8
MPA (€) 6.96 8.07 -
Marge brute (avant commercialisation) 6.51 7.46 1.17
Charges liées à la commercialisation 2.23 3.20 0
Marge nette (après commercialisation) 4.28 4.79 1.17
Total Charges 5.05 4.95 4.71
Poids moyen (carcasse) 1.7 1.7 2.1
* Source : GABB 32, chiffres 2007
Créer un atelier poulets de chair
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«
GAB 65 - Groupement de l’Agriculture Biologique des Hautes Pyrénées
Chemin de l’Alette BP 449 - 65004 TARBES Cedex
05 62 35 27 73 - www.bio65.fr - [email protected]
FRAB Midi-Pyrénées- Fédération Régionale des Agriculteurs Biologiques 61, allées de Brienne - BP 7044 - 31069 Toulouse Cedex
Tél/Fax: 05 61 22 74 99 - [email protected] - www.biomidipyrenees.org
Avec le soutien de
Approche environnementale de l’élevage bio
Créer un atelier poulets de chair
La prairie est un très bon « piège à nitrate » et pour les éleva-
ges qui ne valorisent pas l’herbe, la gestion de la pollution
par les déjection devient plus difficile. Cependant, le cahier
des charges de l’Agriculture Biologique et les pratiques in-
duites par les réalités économiques de production permettent
tout de même de maîtriser ces pollutions.
Une densité d’élevage pour favoriser l’enherbe-
ment La densité dans les parcs est calculée pour limiter le tasse-
ment, l’érosion et la pollution des sols par les déjections ou
l’épandage. La densité totale doit permettre de ne pas dépas-
ser la limite de 170 Kg d’azote par hectare soit 74 porcelets,
ou 6.5 truies reproductrices ou bien encore 14 porcs à l’en-
graissement. Pour les poulets se sont 914 en bâtiment fixe et
1030 en bâtiment mobile. L’objectif est aussi de favoriser
l’enherbement de ces parcours pour s’approcher d’un sys-
tème prairial et ainsi piéger les nitrates.
Conserver un lien au sol est économiquement
indispensable Bien que le nouveau cahier des charges européen en vigueur
depuis le début de l’année 2010 permet à un producteur de ne
plus produire les céréales pour l’alimentation de ces ani-
maux. On observe que très peu de nouveaux ateliers de type
« intégrés » en bio. Pour cause, le prix des intrants certifiés
bio est, en général, assez onéreux (engrais, céréales...). Le
lien au sol est d’ailleurs obligatoire dans le cahier des char-
ges « biocohérence » marque privée du réseau FNAB
L’agriculteur bio doit chercher à être autonome. Pour mainte-
nir un certain niveau de fertilité dans ses sols et constituer
une ration équilibré pour les animaux, il devra mettre en
place un
rotation. Cette technique aura pour effet :
• De limiter la prolifération de certaines adventice et de
l’emploi d’herbicides et aussi d’éviter des maladies et
la prolifération d’insectes ravageurs par l’alternance
des variétés et des dates de semis.
• De limiter les pertes en azotes en alternant les cultures
d’hiver et de printemps et les CIPAN en limitant la
présence de sols nu.
• D’améliorer la structure du sol par l’alternance de
cultures à enracinements différents.
Les conséquences liées à la pollution par les nitrates sont
bien connues, notamment dans l’Ouest de la France où ce
problème fait souvent la une de l’actualité.
Moins connue, s’est le coût de potabilisation. Dans un rap-
port de la cours de compte publié en septembre 2011, ce coût
à charge des collectivités a été ramenée par hectare cultivé, il
représente entre 800 et 2400 euros/ha.
L’impact de l’élevage bio sur l’environnement est maitrisé
par des chargement modérés et des méthodes de cultures qui
favorise l’enherbement et le piégeage de l’azote. Le lien au
sol, permet lui d’associer à l’élevage, une surface conduite en
bio qui ne reçoit pas de pesticides ni d’herbicides susceptible
de polluer les sols et l’eau. Le cahier des charge encourage la
gestion sanitaire du troupeau par la prévention, les résidus
médicamenteux seront peu présent.
Favoriser l’AB dans les zo-
nes de captage de l’eau pota-
ble ne serait-il pas plus co-
hérent ? Cela reviendrait à
traiter le problème de la pol-
lution de l’eau à sa source !
Mathieu Gerbault, animateur au GAB 65
PROTEGER L’EAU EN AMONT !