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Croissance économique La croissance économique désigne la variation positive de la production de biens et de services marchands dans une économie sur une période donnée1, généralement une période longue. En pratique, l'indicateur le plus utilisé pour la mesurer est le produit intérieur brut ou PIB. Il est mesuré "en volume" ou "à prix constants" pour corriger les effets de l'inflation . Le taux de croissance , lui, est le taux de variation du PIB . On utilise souvent la croissance du PIB par habitant comme indication de l'amélioration de la richesse individuelle, assimilée au niveau de vie . La croissance est un processus fondamental des économies contemporaines, lié notamment à la révolution industrielle , à l'accès à de nouvelles ressources minérales (mines profondes) et énergétiques (charbon, pétrole, gaz, énergie nucléaire...) ainsi qu'au progrès technique 2. Elle transforme la vie des populations dans la mesure où elle crée davantage de biens et de services. À long terme, la croissance a un impact important sur la démographie et le niveau de vie (à distinguer de la qualité de vie ) des sociétés qui en sont le cadre. De même, l'enrichissement qui résulte de la croissance économique peut permettre de faire reculer la pauvreté 3. Certaines conséquences de la croissance économique comme la pollution et les atteintes à l'environnement, l'accentuation des inégalités sociales ou l'épuisement des ressources (voir pic pétrolier notamment) sont souvent considérées comme des effets pervers qui obligent à distinguer croissance et progrès4. Contribution (en points) de la croissance des pays à celle mondiale (2011) Définition Les économistes utilisent le terme de croissance conventionnellement pour décrire une augmentation de la production sur le long terme. Selon la définition de François Perroux , la croissance économique correspond à "l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels."5. La définition de Simon Kuznets va au-delà et affirme qu'il y a croissance lorsque la croissance du PIB est supérieure à la croissance de la population. À court terme, les économistes utilisent plutôt le terme d'"expansion ", qui s'oppose à "récession ", et qui indique une phase de croissance dans un cycle économique . La croissance potentielle estime l'écart entre la croissance mesurée et celle qui serait obtenue avec une pleine utilisation de tous les facteurs de production ; cet écart est minimal au plus fort d'une expansion. Au sens strict, la croissance décrit un processus d'accroissement de la seule production économique. Elle ne renvoie donc pas directement à l'ensemble des mutations économiques et sociales propres à une économie en développement. Ces transformations au sens large sont, conventionnellement, désignées par le terme de développement économique . Selon François Perroux, "le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rend apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global."5 1

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Croissance économiqueLa croissance économique désigne la variation positive de la production de biens et de services marchands dans une économie sur une période donnée1, généralement une période longue. En pratique, l'indicateur le plus utilisé pour la mesurer est le produit intérieur brut ou PIB. Il est mesuré "en volume" ou "à prix

constants" pour corriger les effets de l'inflation. Le taux de croissance, lui, est le taux de variation du PIB. On utilise souvent la croissance du PIB par habitant comme indication de l'amélioration de la richesse individuelle, assimilée au niveau de vie.

La croissance est un processus fondamental des économies contemporaines, lié notamment à la révolution industrielle, à l'accès à de nouvelles ressources minérales (mines profondes) et énergétiques (charbon, pétrole, gaz, énergie nucléaire...) ainsi qu'au progrès technique2. Elle transforme la vie des populations dans la mesure où elle crée davantage de biens et de services. À long terme, la croissance a un impact important sur la démographie et le niveau de vie (à distinguer de la qualité de vie) des sociétés qui en sont le cadre. De même, l'enrichissement qui résulte de la croissance économique peut permettre de faire reculer la pauvreté3.

Certaines conséquences de la croissance économique comme la pollution et les atteintes à l'environnement, l'accentuation des inégalités sociales ou l'épuisement des ressources (voir pic pétrolier notamment) sont souvent considérées comme des effets pervers qui obligent à distinguer croissance et progrès4.

Contribution (en points) de la croissance des pays à celle mondiale (2011)

DéfinitionLes économistes utilisent le terme de croissance conventionnellement pour décrire une augmentation de la production sur le long terme. Selon la définition de François Perroux, la croissance économique correspond à "l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en

termes réels."5. La définition de Simon Kuznets va au-delà et affirme qu'il y a croissance lorsque la croissance du PIB est supérieure à la croissance de la population.

À court terme, les économistes utilisent plutôt le terme d'"expansion", qui s'oppose à "récession", et qui indique une phase de croissance dans un cycle économique. La croissance potentielle estime l'écart entre la croissance mesurée et celle qui serait obtenue avec une pleine utilisation de tous les facteurs de production ; cet écart est minimal au plus fort d'une expansion.

Au sens strict, la croissance décrit un processus d'accroissement de la seule production économique. Elle ne renvoie donc pas directement à l'ensemble des mutations économiques et sociales propres à une économie en développement. Ces transformations au sens large sont, conventionnellement, désignées par le terme de développement économique. Selon François Perroux, "le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rend apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global."5

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Le terme de "croissance" s'applique alors plus part icul ièrement aux économies déjà développés.

La Commission du développement durable du gouvernement britannique souligne6 qu'il est important de distinguer trois notions qui "ne sont absolument pas les mêmes choses" :

➫ la croissance des flux biophysiques (énergie et matériaux),

➫ la croissance de la valeur monétaire de la production (PIB),

➫ la croissance du bien-être économique de la population.

Le croissantisme économique est considéré comme étant l'idéologie de la croissance par opposition à la philosophie décroissantiste.

L a m e s u r e d e l a croissanceArticles détaillés : Indicateur économique, produit intérieur brut et parité de pouvoir d'achat.

La croissance économique est généralement mesurée par l 'ut i l isat ion d' indicateurs économiques dont le plus courant est le produit intérieur brut (PIB). Il offre une certaine mesure quantitative du volume de la production. Afin d'effectuer des comparaisons internationales, on utilise également la parité de pouvoir d'achat, qui permet d'exprimer le pouvoir d'achat dans une monnaie de référence. Pour comparer la situation d'un pays à des époques différentes on peut également raisonner à monnaie constante.

L'indicateur du PIB reste cependant imparfait comme mesure de la croissance économique. Il est pour cela l'objet de plusieurs critiques : Il ne mesure ainsi pas, ou mal, l'économie in fo rmel le . Une par t impor tan te des transactions, non déclarée, est ainsi perdu pour les statistiques comme le fisc.

Même s'il prend en compte la production des activités non marchandes, il ne mesure pas l'activité de production domestique (ménage, potagers, etc.). Selon la boutade d'Alfred Sauvy, il suffit de se

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Sommaire  1 Définition2 La mesure de la croissance

2.1 Approximer le développement économique

3 Histoire4 Les déterminants de la croissance5 Les causes fondamentales de la croissance6 Les théories de la croissance

6.1 L'école classique6.2 Schumpeter : l'innovation à l'origine de la croissance et de ses cycles6.3 La croissance "sur le fil du rasoir" : Harrod et Domar6.4 Le modèle de Solow6.5 Endogénéiser le progrès technique : les nouvelles théories de la croissance

7 La croissance en question7.1 La croissance doit-elle être prévisible ?7.2 La croissance peut-elle être infinie ?7.3 Conséquences négatives de la croissance

7.3.1 Conséquences possibles sur l'environnement7.3.2 Bouleversement induits

7.4 Arguments en faveur de la croissance économique7.5 Arguments en défaveur de la croissance économique

7.5.1 Nicholas Georgescu-Roegen et les théoriciens de la décroissance7.5.2 Jacques Ellul et son approche du capitalisme

8 Autour de la croissance8.1 Croissance et satisfaction8.2 Croissance et pauvreté8.3 Croissance économique, croissance verte et développement soutenable

9 Notes et références10 Voir aussi

10.1 Articles connexes10.2 Bibliographie

10.2.1 Articles académiques10.2.2 Manuels10.2.3 Introductions10.2.4 Essais10.2.5 Prospective

10.3 Liens externes

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marier avec sa cuisinière pour faire baisser le PIB.

Il ne mesure que les apports de valeur ajoutée dans l'immédiat (sur une année). Les effets de long terme, notamment dans des services tels que l'Éducation ou la Santé, ne sont pas ou mal comptabilisés à travers leur impact sur la production.

Le PIB ne mesure que la Valeur Ajoutée produite par les agents économiques résidents. Il ne prend donc pas en compte les transferts de ressources internationaux, alors que ces derniers représentent souvent une part importante de leur richesse nationale. Il est possible d'utiliser un outil plus pertinent tel que le Revenu national brut.

Enfin, il ne prend en compte que les valeurs ajoutées, et non la richesse possédée, par un pays, sans distinguer les effets positifs ou négatifs sur le bien-être collectif. Une catastrophe naturelle (Katrina détruisant La Nouvelle-Orléans, par exemple), qui détruit de la richesse, va pourtant contribuer au PIB à travers l'activité de reconstruction qu'elle va générer. Cette contribution ne reflète pas la destruction antérieure, ni le coût du financement de la reconstruction. Cette contradiction était dénoncée dès 1850 par l'économiste français Frédéric Bastiat qui dans son Sophisme de la vitre cassée écrivait que "la société perd la valeur des objets inutilement détruits", ce qu'il résumait par : "destruction n'est pas profit."7

Cette contradiction apparente provient probablement du fait que le PIB ne mesure pas réellement le développement, le progrès en lui-même; mais juste l'activité économique, pourvoyeuse d'emploi. Peu importe s'il y a progression de la société dans l'absolu : le fait est que toute augmentation de la Valeur Ajoutée signifie in fine un emploi et des revenus pour ceux qui y contribuent. À partir de là, on suppose la création de richesse par la dynamique de l'augmentation de la production.

Dans son acception classique, le développement économique ne se résume pas à la seule croissance économique et des indicateurs ont été proposés pour mesurer plus finement celui-ci, comme l'indice de développement humain.

Approximer le développement économiqueDans un certain nombre de cas, les données de la comptabilité nationale ne sont pas disponibles ou sont de mauvaises qualités. C'est notamment un problème lorsqu'on s'intéresse à des périodes anciennes, à des pays en voie de développement avec une mauvaise comptabilité nationale ou encore lorsqu'on s'intéresse au développement économique à un niveau infra-national, par exemple au niveau d'une ville ou d'une région. Dans ce cas, plusieurs indicateurs ont été proposés.

➫ Les économistes Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson utilisent des données sur l'urbanisation et sur la densité de population pour approximer le degré de développement en l'an 15008.

➫ Les économistes David Weil, Vernon Henderson et Adam Storeygard proposent d'utiliser des images satellites pour mesurer l'augmentation de l'intensité lumineuse de nuit et utiliser cette donnée pour estimer la croissance économique9.

HistoireSi le développement des statistiques nationales a permis une mesure précise de la croissance, les économistes, les historiens et les démographes ont développés des techniques pour estimer le PIB et la population à divers époques. Cela a conduit à constater un fait essentiel : avant la Révolution industrielle, la croissance économique correspond à une croissance de la population d’une ampleur équivalente. On produit plus simplement parce qu’il y a plus d'individus pour produire. Mais le niveau de vie de ces individus reste le même. À partir du XVIIIe siècle, la croissance économique se

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déconnecte de celle de la population et l ’augmentation du niveau de vie devient exponentielle.

Estimation du PIB/habitant depuis l'an 1

Les historiens s’accordent généralement sur le fait que le niveau de vie des êtres humains sur l’ensemble du globe n’a que peu évolué depuis l’Antiquité jusqu’au xviiie siècle (entre l'an 1 et l'an 1000 l'économie mondiale aurait même décliné), mis à part une embellie en Europe occidentale entre le xe et xiiie siècles, annulée par les épidémies et les famines des xive et xve siècles. Ils s'accordent aussi à constater qu'il y a de grandes disparités selon les peuples et selon les époques, avec très tôt l'apparition d'objets très spécialisés qui supposent une grande variété de biens disponibles, et donc une division sociale du travail assez poussée.

Un millénaire de croissance mondiale, population et PIB, données Nations Unies et Michael Kremer, MIT

Sachant qu'on a affaire à des sociétés où presque toute la population est rurale, il est de toutes façon presque impossible d'obtenir la statistique de leur production consolidée, puisque celle-ci est presque complètement locale, voire familiale (bâtiment, mobilier, confection, alimentation, services,...), et très marginalement commerciale, de telle sorte qu'il est impossible de reconstituer un standard moyen de consommation et de l'évaluer en monnaie. La croissance économique, aussi bien comme phénomène que comme donnée objectivable, est donc quelque chose de récent, lié à l'urbanisation des sociétés et à l'apparition de statistiques nationales. Jusqu'aux années 1970, c'était aussi un phénomène géographiquement limité, qui concernait surtout les pays occidentaux et leurs dépendances, ainsi que le Japon.

Croissance : population et PIB, source : Nations Unies et Michael Kremer, MIT.

Les Pays-Bas sont la première société à connaître un phénomène de croissance, au xviie siècle. Comme le note Henri Lepage en reprenant les analyses de Douglass North, "pour la première fois dans l'histoire connue de l'humanité, un pays se trouvait en mesure d'offrir un niveau de vie croissant à une population croissante, et cela un siècle avant que se manifestent les premiers signes réels de la Révolution industrielle."10

Le phénomène s'est ensuite progressivement étendu ; la phase de développement économique depuis la montée en puissance de l'économie de marché au xixe siècle n'a aucun précédent historique. Après le xvie siècle, lorsque différentes parties du monde entament très lentement et à tâtons des relations commerciales, on constate des périodes de croissance économique, mais

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Année Population (millions)

PIB par Capita (dollars US 2000)

-5000 5 130-1000 50 1601 170 1351000 265 1651500 425 1751800 900 2501900 1625 8501950 2515 20301975 4080 46402000 6120 8175

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éphémères et marginales. Les écarts entre conditions de vie au xviiie siècle étaient réduits, pour certains auteurs comme Paul Bairoch, l'Inde possédait même un niveau de vie supérieur à l'Europe. On estime que la croissance globale de l'économie entre 1500 et 1820 n'est que d'un trentième de ce qu'elle a été depuis (de 247 milliards de dollars internationaux en 1500 à 695 en 1820, puis 33 725 en 1998)11. Les revenus en Europe ont été multipliés par 20 depuis 182011. L'Asie accélère aussi son rythme de croissance depuis un demi-siècle : le niveau de vie en Chine a été multiplié par six et celui du Japon par huit.

Cependant, au xixe siècle le développement économique fut apparemment dans les faits assez paradoxal, entraînant des bouleversements sociaux avec l'exode rural par exemple.

Croissance des principaux pays sur les périodes 1990-1998 et 2000-2006

Il faut dire ici que le niveau de vie et le développement n'ont commencé à être étudiés rigoureusement qu'au xixe siècle, si bien qu'il est difficile, faute de données, de faire une comparaison entre le xviiie et le xixe siècle.

En 1913, le PIB/h français était de 3 485 dollars internationaux (base 1990)11. En 1998, il était de 19 558 $. Le taux de croissance moyen du PIB/h était donc de

2,0% sur cette période. S'il avait été de 1,0%, le niveau de vie aurait été de 8 200 $ en 1998, soit un peu moins que le niveau de vie réel de l'Uruguay (8 314 $).

Les déterminants de la croissanceOn peut distinguer plusieurs types de déterminants à la croissance12 : richesses naturelles, environnement extérieur, population, innovation, investissement, connaissance, cohérence du développement. Les principales conclusions des travaux de Xavier Sala-i-Martin, économiste espagnol spécialiste de la croissance13, confirment qu'il n'y a pas qu'un seul déterminant simple de la croissance économique.

Xavier Sala-i-Martin avance par ailleurs que le niveau initial est la variable la plus importante et la plus robuste. C'est-à-dire que, dans la plupart des cas, plus un pays est riche, moins il croît vite. Cette hypothèse est connue sous le nom de convergence conditionnelle. Il considère également que la taille du gouvernement (administration, secteur public) n'a que peu d'importance. Par contre la qualité du gouvernement a beaucoup d'importance : les gouvernements qui causent l'hyperinflation, la distorsion des taux de change, des déficits excessifs ou une bureaucratie inefficace ont de très mauvais résultats. Il ajoute également que les économies plus ouvertes tendent à croître plus vite. Enfin, l'efficience des institutions est très importante : des marchés efficients, la reconnaissance de la propriété privée et l'état de droit sont essentiels à la croissance économique. Il rejoint en cela les conclusions d'Hernando de Soto14,15.

Sur une plus longue période, l'expérience historique[réf. nécessaire], notamment celle du xviiie siècle, suggère que l'extension des libertés économiques (liberté d'entreprendre, liberté de circulation des idées, des personnes et des biens) est une condition de la croissance. Au xxe siècle, il existe plusieurs cas où une population partageant les mêmes antécédents historiques, la même langue et les mêmes normes culturelles a été divisée entre deux systèmes, l'un étant une économie de marché et l'autre une économie planifiée : les deux Allemagne, les deux Corée, la République populaire de

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Chine et Taïwan. Dans chaque cas, les zones ayant pratiqué l'économie de marché ont obtenu une croissance nettement supérieure sur le long terme. L'effondrement de l'URSS témoigne également des meilleurs résultats des économies de marché par rapports aux économies de type collectiviste[travail inédit ?].

Sur le très long terme, Angus Maddison identifie trois processus interdépendants qui ont permis l'augmentation conjointe de la population et du revenu : la conquête ou la colonisation d'espaces fertiles et relativement peu peuplés, le commerce international et les mouvements de capitaux, l'innovation technologique et institutionnelle11.

Les causes fondamentales de la croissanceDans An Introduction to Modern Economic Growth (2008), Daron Acemoglu distingue quatre causes fondamentales de la croissance : l'environnement naturel, la culture, les institutions et la chance16.

Les théories de la croissanceLes théories explicatives de la croissance sont relativement récentes dans l'histoire de la pensée économique. Ces théories ont conduit à mettre en avant le rôle primordial du progrès technique dans la croissance. Sur le long terme, seul le progrès technique est capable de rendre plus productive une économie (et donc de lui permettre de produire plus, c'est-à-dire d'avoir de la croissance). Toutefois, ces théories expliquent encore mal d'où provient ce progrès, et en particulier en quoi il est lié au fonctionnement de l'économie.

L'école classiqueLa plupart des économistes de l'école classique, écrivant pourtant au commencement de la révolution industrielle, pensaient qu'aucune croissance ne pouvait être durable, car toute production devait, selon eux, inexorablement converger vers un état stationnaire. C'est ainsi le cas de David Ricardo pour qui l'état stationnaire était le produit des rendements décroissants des terres cultivables, ou encore pour Thomas Malthus qui le liait à son "principe de population", mais aussi pour John Stuart Mill17.

Toutefois, Adam Smith, à travers son étude des effets de productivité induits par le développement de la division du travail, laissait entrevoir la possibilité d'une croissance ininterrompue. Et Jean-Baptiste Say écrivait "Remarquez en outre qu’il est impossible d’assigner une limite à la puissance qui résulte pour l’homme de la faculté de former des capitaux ; car les capitaux qu’il peut amasser avec le temps, l’épargne et son industrie, n’ont point de bornes." (Traité d'économie politique, Livre I, chapitre XII)

Schumpeter : l'innovation à l'origine de la croissance et de ses cycles

Article détaillé : Cycle économique.

Nikolai Kondratiev est un des premiers économistes à montrer l'existence de cycles longs de 50 ans, et Joseph Schumpeter développe la première théorie de la croissance sur une longue période. Il considère que l'innovation portée par les entrepreneurs constitue la force motrice de la croissance. Il étudie en particulier le rôle de l'entrepreneur dans Théorie de l'évolution économique en 1913.

Exemple de cycle économiquePour Schumpeter, les innovations apparaissent par "grappes", ce qui explique la cyclicité de la croissance économique. Par exemple, Schumpeter retient les transformations du textile et

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l'introduction de la machine à vapeur pour expliquer le développement des années 1798-1815, ou le chemin de fer et la métallurgie pour l'expansion de la période 1848-1873. De façon générale il retient trois types de cycles économiques pour expliquer les variations de la croissance :

➫ les cycles longs ou cycles Kondratieff, d'une durée de cinquante ans ;

➫ les cycles intermédiaires ou cycles Juglar, d'une durée de dix ans environ ;

➫ les cycles courts ou cycles Kitchin, d'une durée de quarante mois environ18.

Schumpeter introduit enfin le concept de "destruction créatrice" pour décrire le processus par lequel une économie voit se substituer à un modèle productif ancien un nouveau modèle fondé sur des innovations. Il écrit ainsi19 :

"L'impulsion fondamentale qui met et maintient en mouvement la machine capitaliste est imprimée par les nouveaux objets de consommation, les nouvelles méthodes de production et de transport, les nouveaux marchés, les nouveaux types d'organisation industrielle - tous éléments créés par l'initiative capitaliste. [...] L'ouverture de nouveaux marchés nationaux ou extérieurs et le développement des organisations productives, depuis l'atelier artisanal et la manufacture jusqu'aux entreprises amalgamées telles que l’US Steel, constituent d'autres exemples du même processus de mutation industrielle - si l'on me passe cette expression biologique - qui révolutionne incessamment de l'intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs. Ce processus de destruction créatrice constitue la donnée fondamentale du capitalisme : c'est en elle que consiste, en dernière analyse, le capitalisme et toute entreprise capitaliste doit, bon gré mal gré, s'y adapter."

La croissance "sur le fil du rasoir" : Harrod et Domar

Article détaillé : Modèle de Harrod-Domar.

Après la seconde guerre mondiale, les économistes Harrod et Domar, influencés par Keynes, vont chercher à comprendre les conditions dans lesquelles une phase d'expansion peut être durable. Ainsi, s'il ne propose pas à proprement parler une théorie de la croissance (expliquant son origine sur une longue période), le modèle de Harrod-Domar permet, néanmoins, de faire ressortir le caractère fortement instable de tout processus d'expansion. En particulier, il montre que pour qu'une croissance soit équilibrée – c'est-à-dire que l'offre de production augmente ni moins (sous-production) ni plus (surproduction) que la demande –, il faut qu'elle respecte un taux précis, fonction de l'épargne et du coefficient de capital (quantité de capital utilisée pour produire une unité) de l'économie.

Or, il n'y a aucune raison que la croissance, qui dépend de décisions individuelles (en particulier des projets d'investissement des entrepreneurs), respecte ce taux. De plus, si la croissance est inférieure à ce taux, elle va avoir tendance non pas à le rejoindre, mais à s'en éloigner davantage, diminuant progressivement (en raison du multiplicateur d'investissement). La croissance est donc, selon une expression d'Harrod, toujours "sur le fil du rasoir". Ce modèle, construit après guerre et marqué par le pessimisme engendré par la crise de 1929, a toutefois été fortement critiqué. Il suppose, en effet, que ni le taux d'épargne, ni le coefficient de capital ne sont variables à court terme, ce qui n'est pas prouvé.

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Le modèle de Solow

Articles détaillés : modèle de Solow et Croissance exogène.

Robert Solow propose un modèle néoclassique de croissance20. Ce modèle repose essentiellement sur l'hypothèse d'une productivité marginale décroissante du capital dans la fonction de production. Le modèle est dit néoclassique au sens où les facteurs de production sont utilisés de manière efficace et rémunérés à leur productivité marginale. Solow montre que cette économie tend vers un état stationnaire. Dans ce modèle, la croissance de long terme ne peut provenir que du progrès technique (et non plus de l'accumulation du capital).

Si on pense que tous les pays convergent vers le même état stationnaire, alors le modèle de Solow prédit un phénomène de convergence : les pays pauvres devraient croître plus vite que les pays riches.

L'une des faiblesses théoriques du modèle de Solow vient du fait qu'il considère le progrès technique comme exogène. Autrement dit, il ne dit rien sur la façon dont le progrès technique apparaît.

Endogénéiser le progrès technique : les nouvelles théories de la croissance

Article détaillé : Théorie de la croissance endogène.

L'évolution du PIB par tête aux États-Unis de 1880 à 2003 s'écarte peu d'un trend de longue période dont les nouvelles théories de la croissance cherchent à rendre compte

Les théo r i es récen tes che rchen t précisément à rendre ce facteur endogène – c'est-à-dire à construire des modèles qui expliquent son apparition. Ces modèles ont été développés à partir de la fin des années 1970 notamment par Paul Romer, Robert E. Lucas et Robert Barro. Ils se fondent sur l'hypothèse que la croissance génère par e l le-même le progrès technique. Ainsi, il n'y a plus de fatalité des rendements décroissants : la croissance engendre un progrès technique qui permet que ces rendements demeurent constants. La croissance, si elle génère du progrès technique, n'a donc plus de limite. À travers le progrès technique, la croissance

constitue un processus qui s'auto-entretient.

Ces modèles expliquent que la croissance engendre du progrès technique par trois grands mécanismes. Premièrement, le learning by doing : plus on produit, plus on apprend à produire de manière efficace. En produisant, on acquiert en particulier de l'expérience, qui accroît la productivité. Deuxièmement, la croissance favorise l'accumulation du capital humain, c'est-à-dire les compétences possédées par la main d'œuvre et dont dépend sa productivité. En effet, plus la croissance est forte, plus il est possible d'accroître le niveau d'instruction de la main-d'œuvre, en investissant notamment dans le système éducatif. D’une manière générale, la hausse du niveau d'éducation de la population – par des moyens publics ou privés – est bénéfique. Troisièmement, la croissance permet de financer des infrastructures (publiques ou privées) qui la stimulent. La création de réseaux de communication efficaces favorisent, par exemple, l'activité productive.

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"La principale [des] conclusions [de ces nouvelles théories] est qu'alors même qu'[elles] donnent un poids important aux mécanismes de marché, elles en indiquent nettement les limites. Ainsi il y a souvent nécessité de créer des arrangements en dehors du marché concurrentiel, ce qui peut impliquer une intervention active de l'État dans la sphère économique" 21. En particulier ce "retour de l'État" 22 se traduit par le fait qu'il est investi d'un triple rôle : encourager les innovations en créant un cadre apte à coordonner les externalités qui découlent de toute innovation (par exemple grâce à la protection qu'offre aux innovateurs les brevets) ; susciter celles-ci en investissant dans la recherche (notamment fondamentale) et les infrastructures dont les externalités dépassent le profit que peuvent en attendre les acteurs privés ; améliorer le capital humain en investissant dans le système éducatif. D'une manière générale, c'est le rôle des politiques structurelles de l'État, en particulier les investissements dans le capital public, qui est ainsi souligné.

Ces modèles sont toutefois très frustes en ce qu'ils n'expliquent pas les mécanismes précis qui font que la croissance économique stimule le progrès technique. En particulier, chacun des modèles de ces théories ne s'attache qu'à un seul mécanisme liant progrès technique et croissance. Comme le notent Dominique Guellec et Pierre Ralle, "Le modèle général recouvrant l'ensemble des formes du progrès technique est sans doute trop complexe pour être élaboré, ce qui limite la portée des résultats obtenus puisque les interactions entre plusieurs formes existantes sont ignorées"23.

La croissance en questionL'un des principaux critiques du modèle de croissance économique est l'économiste Nicholas Georgescu-Roegen en introduisant dans l'analyse économique la notion d'entropie mise en évidence par Sadi Carnot en 1824 et Rudolf Clausius en 1865. C'est cette analyse qui remet fondamentalement en cause la notion de croissance économique pour prôner une bio-économie que la nature nous imposera, en raison de la finitude de certaines ressources (pétrole, gaz, charbon, métaux précieux...) et de l'entropie de tous processus productifs.

La croissance doit-elle être prévisible ?Les études empiriques modernes indiquent que le niveau de l'investissement des entreprises est très dépendant de leurs anticipation sur le niveau de croissance économique attendu pour les dix prochaines années. À la fin du xixe siècle, puis dans les années 1960 et dans la deuxième partie des années 1990, la régularité des statistiques de création d'emploi positives ont donné aux entreprises le sentiment que leurs produits et services pourraient compter à moyen sur un grand marché durablement solvable, justifiant l'investissement. Cette constatation milite pour la recherche d'une croissance avant tout prévisible, sans interruption ni cycle économique trop marqué, même si son intensité est moins forte. La théorie de la "fin du cycle économique"24, à la fin des années 1990 a même généré des taux d'investissement record dans les nouvelles technologies, et une des plus grandes bulles de l'histoire des bourses de valeurs, suivie d'un krach dans ce même secteur des nouvelles technologies lorsqu'il est apparu que la vague d'investissement avait généré des surcapacités.

La croissance peut-elle être infinie ?Les tenants de la décroissance considèrent la croissance infinie comme une impossibilité physique et expriment a minima de sévères réserves sur la possibilité de poursuivre le modèle actuel de croissance, en raison de la nature finie des ressources naturelles. Rien n'indique selon eux que l'on puisse y substituer d'autres ressources, ni que les ressources renouvelables puissent rendre les mêmes services. De même, ils soulignent les éventuelles dégradations de l'environnement qui pourraient remettre en cause la croissance future. Pour les critiques de la croissance, la promesse de "développement économique pour tous" n'est donc qu'une promesse qui ne repose sur rien de tangible.

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La première critique sérieuse du modèle de croissance occidental est apparue avec le rapport commandé en 1970 par le Club de Rome à une équipe du Massachusetts Institute of Technology, intitulé The Limits To Growth. Ce rapport est encore connu sous le nom de "rapport Meadows", du nom de deux de ses auteurs. Il a fait l'objet de deux mises à jour en 1993 et en 2004, qui ne remettent pas fondamentalement en cause les conclusions du premier rapport. L'étude souligne les dangers, sur les plans écologique, économique, et humain, de différentes hypothèses de croissance économique et démographique. Elle a inspiré de multiples réflexions sur le concept de développement durable, qui s'est progressivement imposé depuis les années 1980 et 1990 dans la communauté internationale.

Une partie de la croissance économique est permise par l'exploitation des ressources naturelles : il convient donc de les gérer au mieux (par exemple par le recyclage), d'optimiser le potentiel d'extractions et de ressources. L'efficacité du système capitaliste est alors parfois remise en cause. Néanmoins, Karl Marx soulignait déjà dans Le Capital "l’acharnement fanatique des capitalistes à économiser les moyens de production", faisant tout pour que "rien ne se perde ni ne soit gaspillé"25. Les économistes libéraux soutiennent que le libre marché permet la meilleure affectation des ressources et leur gestion la plus efficace. L'économiste Pascal Salin va jusqu'à soutenir que les problèmes d'efficacité et de gestion liés à l'exploitation des ressources pourraient être résolus par la privatisation de ces ressources. En effet, un propriétaire, responsable d'une ressource naturelle, va l'évaluer et la gérer de façon à maximiser sa richesse et va donc l'entretenir. Pascal Salin prend comme exemple le problème de déforestation des forêts amazoniennes et écrit que "si des entreprises privées, véritablement capitalistes, pouvaient se porter acquéreurs de droits de propriété intégraux sur les forêts tropicales [...] elles seraient incitées à développer les plantations car la valeur de leurs terrains dépendrait de la valeur des arbres susceptibles d'y être coupés dans le futur"26. Pascal Salin insiste également sur le progrès technique et sur les "capacités d'inventivité de l'esprit humain".

Contestant la vision optimiste d'un progrès technique capable de répondre aux problèmes et questions qu'il a lui-même engendrés, des penseurs et économistes voient une autre logique à l'œuvre dans l'idéal de croissance, qui obère la saine gestion des ressources de la planète. Ainsi pour Jacques Ellul, contempteur moderne de ce qu'il a appelé le système technicien, pour une entreprise capitaliste, seul compte le profit indépendamment des effets positifs ou négatifs de son activité27.

La croissance mondiale depuis la fin du xviiie siècle a été possible grâce au charbon puis au pétrole, qui sont des ressources naturelles non renouvelables. D’autres sources d’énergie sont venues compléter les besoins croissants en énergie électrique comme l'énergie nucléaire qui elle aussi repose sur une ressource, abondante selon l'AIEA28, mais non renouvelable, l'uranium.

Conséquences négatives de la croissance

➫ Conséquences possibles sur l'environnementArticle connexe : Effets des croissances démographique et économique sur l'environnement.La production économique engendre dans certains cas des perturbations dans les équilibres écologiques, du fait de la surexploitation des ressources naturelles : émissions de gaz à effet de serre (énergies fossiles), surpompage (eau), surlabourage (terres arables), surpâturage (ressources végétales), surpêche (ressources halieutiques). Augmenter la production de biens matériels ou le transport (pour répondre à l’accroissement démographique par exemple) peut aggraver ces perturbations. Ces effets sont particulièrement visibles depuis les années 2000 dans la plaine du Nord de la Chine par exemple, qui manque cruellement d'eau par suite d'une activité économique en très forte croissance depuis les années 198029.

Le réchauffement climatique amène l'ensemble des économies du monde à prendre en compte leurs émissions de gaz à effet de serre et à rechercher au maximum une "croissance propre". La

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communauté internationale envisage la mise en place de contraintes collectives, comme le protocole de Kyoto.

Certaines études montrent les conséquences de la croissance économique mesurée par le produit intérieur brut sur l'évolution du capital naturel30.

➫ Bouleversement induitsLes critiques de la croissance insistent enfin sur les déséquilibres qui peuvent naître de la croissance : bouleversements sociologiques, politiques et écologiques.Ainsi, les exodes ruraux ou les nouveaux moyens de transport ont entrainé un exode rural et des transformations urbanistiques majeures, qui changent durablement les rapports sociaux. De plus, certains critiques[Qui ?] considèrent que la croissance bénéficie surtout à une minorité qui tire profit de cette augmentation de productivité, alors que la majorité subit ces transformations de façon souvent traumatique (car les impacts sur l'environnement socio-familial peuvent être dramatiques dans certains cas), et ne retire aucun bénéfice ni en niveau de vie, encore moins en qualité de vie, de la croissance économique.[réf. nécessaire]

Arguments en faveur de la croissance économiquePour ses partisans, la croissance économique permet la diminution des inégalités de revenu des individus à l'échelle supranationale31. Quand c'est le cas, des enquêtes d'opinion sur la qualité de vie montrent que celle-ci augmente de concert avec le revenu par habitant, du moins jusqu'à un seuil de 15 000 dollars par an32.

La diminution rapide de la pauvreté dans le monde dans la seconde moitié du xxe siècle est établie33. Elle est largement due à la croissance économique, selon la Banque mondiale34 C'est dans les régions où la croissance a été la plus faible, en particulier en Afrique subsaharienne, que la pauvreté a le moins diminué et qu'elle risque d'augmenter à l'avenir35.

Toutes les prédictions de bornes absolues au développement depuis Malthus se sont révélées fausses, en raison de la capacité de l'homme à trouver de nouveaux usages aux ressources : le travail humain a été remplacé par le travail animal, puis mécanique, avec le développement progressif d'énergies nouvelles : bois, charbon, électricité, pétrole. Ainsi, l'économiste Julian Simon affirme dans The Improving State of the World que les conditions matérielles de l'humanité s'améliorent rapidement36.

Arguments en défaveur de la croissance économique

Nicholas Georgescu-Roegen et les théoriciens de la décroissanceCette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !

Jacques Ellul et son approche du capitalismeCette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !

Autour de la croissanceCroissance et satisfaction

Article détaillé : Paradoxe d’Easterlin.

En 1974, Richard Easterlin publie une étude empirique montrant que le PIB par habitant n'a pas d'effet sur le niveau de satisfaction des individus. Ce paradoxe est connu dans la littérature économique sous le nom de "paradoxe d'Easterlin"37. Il a été remis en cause en 2008 par l'étude de

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Justin Wolfers et Betsey Stevenson, montrant à l'aide de données individuelles collectées dans un grand nombre de pays qu'il existe bien un lien entre le PIB par habitant et le degré de satisfaction des individus38.Croissance et pauvretéDans les années 1950, Simon Kuznets avait supposé l'existence d'une relation générale entre croissance et inégalités (courbe de Kuznets), celles-ci augmentant d'abord, puis diminuant lorsque les revenus sont assez élevés. Les études empiriques successives ont largement invalidé cette hypothèse et, en première approximation, la croissance est neutre par rapport aux inégalités.Dans une étude empirique célèbre publiée pour la Banque mondiale, David Dollar et Art Kraay ont conclu que les revenus des populations pauvres (le quintile inférieur) augmentaient proportionnellement avec le revenu moyen, de manière presque systématique quelles que soient les périodes et les pays concernés39.

Croissance économique, croissance verte et développement soutenableArticle détaillé : Effets des croissances démographique et économique sur l'environnement.Le fait que la croissance économique se définit comme une augmentation de la production sur le long terme, et qu'elle puisse avoir des effets négatifs sur l'environnement, crée les préoccupations du développement durable. Celui-ci comporte trois piliers : l'environnement, le social, et l'économique.

La croissance économique résulte d'une augmentation de la production qui dépend pour partie de l'augmentation des facteurs de production, de ressources naturelles, foncières et humaines souvent pas, peu, difficilement, couteusement ou lentement renouvelables... et pour partie du progrès technique. Certains auteurs40 soulignent que la croissance économique mesurée par le PIB tend à détruire le capital naturel. Certains économistes contemporains, comme Paul Romer, intègrent dans leurs réflexions la limitation des ressources naturelles, et le fait que le progrès technologique et la connaissance peuvent générer une nouvelle croissance.

De nombreux critiques de l'économie de marché affirment que l'environnement est mal pris en compte dans les modèles économiques actuels, sauf peut-être à travers le progrès technique dans le modèle de Solow (d'inspiration néoclassique avec deux facteurs de production capital et travail), dans la mesure où celui-ci tient compte des contraintes environnementales, ce qui n'est pas toujours le cas. Lorsque le progrès technique ignore les contraintes environnementales, la croissance issue d'une meilleure productivité peut avoir des effets négatifs sur l'environnement, ce que dénonçait déjà le philosophe Hans Jonas dans Le principe responsabilité dès 1979.

L'un des secteurs où ces déséquilibres apparaissent le mieux est celui de l'agriculture, où le modèle p roduc t i v i s te de l ' ag r i cu l tu re in tens ive p ra t iquée depu is l a Seconde Guer re mondiale[précision nécessaire] a généré des impacts environnementaux négatifs (avec les pesticides notamment).

Un modèle dit de "croissance verte", défini par l'OCDE comme "la voie à suivre pour passer de l’économie actuelle à une économie durable" consisterait à "promouvoir la croissance et le développement tout en réduisant la pollution et les émissions de gaz à effet de serre, en limitant le plus possible la production de déchets et le gaspillage des ressources naturelles, en préservant la biodiversité et en renforçant la sécurité énergétique. Elle nécessite de "découpler" davantage les impacts environnementaux et la croissance économique et d’adopter des modes de consommation et de production plus respectueux de l’environnement tout en réduisant la pauvreté et en améliorant les perspectives des populations en matière de santé et d’emploi. La croissance verte implique de faire de l’investissement environnemental une nouvelle source de croissance économique"41. En France, un "Observatoire national des emplois et métiers liés à la croissance verte" a été créé en 201042, qui vise à fournir "un diagnostic partagé de méthodes et de chiffrages sur les emplois, métiers et formations de la croissance verte", qui a défini plusieurs périmètres ("activités de la croissance verte ; métiers verts et verdissants"). Au sens large, pour un "périmètre étendu au-delà

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des seules activités environnementales et prennent en compte les champs du Grenelle de l’environnement", selon l’observatoire (publication 2010), environ 950000 emplois (en équivalent temps plein) étaient concernés en 2008. Des métiers et des emplois verts sont maintenant identifiés dans le répertoire de Pôle emploi et dans la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles de l'Insee ; et 9 professions vertes ont été identifiées fournissant 132000 emplois en 200743.

Notes et références

• (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé "Economic growth" (voir la liste des auteurs)

1. ↑ Site L'Économie canadienne [archive]2. ↑ en 1957, Robert Solow publie un article devenu célèbre (Technical Change and the

Aggregate Production Function) où il attribue 7/8e de la croissance américaine entre 1909 et 1949 au progrès technique.

3. ↑ Le Monde du 27.08.08 [archive]. "le total des personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour s'élève à 2,5 milliards, chiffre inchangé depuis 1981", ce malgré l'augmentation de population

4. ↑ "La croissance a donc - il faut le répéter - des effets pervers : extension incontrôlée des villes, pollution, destruction des ressources naturelles. l'erreur souvent faite est la confusion entre croissance et progrès. Ce dernier implique la diminution des inégalités des revenus et des conditions de vie alors que la croissance économique accentue souvent les inégalités sociales et spatiales." Jean-Pierre Paulet, Géographie urbaine, Armand Colin, 2009, p. 92

5. ↑ a et b François Perroux, Dictionnaire économique et social, Hatier, 19906. ↑ Sustainable Development CommissionRedefining prosperity: resource productivity,

economic growth and sustainable development [archive]7. ↑ Frédéric Bastiat : Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas, chapitre 1 : la vitre cassée, 1850,

Texte intégral sur Wikisource8. ↑ D. Acemoglu, S. Johnson et J.A. Robinson, "Reversal of Fortune: Geography and Institutions

in the Making of the Modern World Income Distribution", The Quarterly Journal of Economics, vol. 117, no 4, 2002, p. 1231--1294

9. ↑ (en) David Weil, Vernon Henderson et Adam Storeygard, "A Bright Idea for Measuring Economic Growth", American Economic Review, vol. 101, no 3, mai 2011, p. 194-99

10. ↑ Henri Lepage, Demain le capitalisme, 1978, p.9311. ↑ a, b, c et d Angus Maddison, The World Economy: A Millennial Perspective, OCDE, Paris,

2001, page 4612. ↑ Pierre Maillet, La Croissance économique, Presses Universitaires de France, 197613. ↑ Xavier Sala-i-Martin, 15 Years of New Growth Economics: What Have We Learnt?,

Barcelone, 2002.14. ↑ Hernando de Soto, Le Mystère du capital : pourquoi le capitalisme triomphe en Occident et

échoue partout ailleurs, 2005, Flammarion (ISBN 978-2-08-120077-7)15. ↑ Sur ce point des institutions, Gérard Dréan, dans un article intitulé Le modèle libéral et

comment s'en servir (dans la revue libérale Sociétal, 1er trimestre 2003, p. 45) souligne également que "Les facteurs les plus étroitement corrélés avec la prospérité sont ceux qui garantissent un état de droit : droits de propriété, absence de corruption, système juridique efficace."

16. ↑ Acemoglu 200817. ↑ John Stuart Mill Principles of Political Economy (1848) "…the increase of wealth is not

boundless. The end of growth leads to a stationary state. The stationary state of capital and wealth … would be a very considerable improvement on our present condition."

18. ↑ Joseph Schumpeter, Les cycles des affaires, 1939

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19. ↑ Joseph Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie, 1942, Payot, édition française de 1951, p. 106-7

20. ↑ (en) Robert Solow, "A contribution to the theory of economic growth", Quarterly Journal of Economics, 1956

21. ↑ Dominique Guellec et Pierre Ralle, Les Nouvelles Théories de la croissance, La Découverte, 1995, p. 112

22. ↑ Guellec & Ralle, ibid, p. 10923. ↑ Guellec & Ralle, ibid, p. 9024. ↑ "Jeudi noir sur les places boursières : L'Europe a donné le ton de la chute, l'euro accuse le

coup", par Christian Losson et Vittorio de Fillipis, dans Libération du 23 mars 2001 []25. ↑ Karl Marx, Le Capital, critique de l'économie politique, Livre III, chapitre V, section 1, Paris :

Éditions Sociales, 2000, p. 9426. ↑ Pascal Salin, Libéralisme, 2000, p. 475-47627. ↑ "Je voudrais rappeler une thèse qui est bien ancienne, mais qui est toujours oubliée et qu'il

faut rénover sans cesse, c'est que l'organisation industrielle, comme la "post-industrielle", comme la société technicienne ou informatisée, ne sont pas des systèmes destinés à produire ni des biens de consommation, ni du bien-être, ni une amélioration de la vie des gens, mais uniquement à produire du profit. Exclusivement" in Jacques Ellul, Le Bluff technologique (1988), éd. Hachette, coll. Pluriel, 2004, p. 571.

28. ↑ (en) Global Uranium Resources to Meet Projected Demand [archive], Agence internationale de l'énergie atomique, juin 2006

29. ↑ Lester R. Brown, Éco-économie, une autre croissance est possible, écologique et durable, Seuil, 2001, p. 69

30. ↑ Sommes-nous déjà en décroissance ? [archive] sur le site de Jean-Marc Jancovici31. ↑ Global Inequality Fades as the Global Economy Grows [archive] Xavier Sala-i-Martin. 2007

Index of Economic Freedom32. ↑ In Pursuit of Happiness Research. Is It Reliable? What Does It Imply for Policy? [archive]

The Cato institute. April 11, 200733. ↑ Le Monde du 27.08.08 [archive]. "Entre 1981 et 2005, le nombre des pauvres dans le monde

a diminué de 500 millions, et leur proportion dans la population totale est tombée de 52 % à 26 %." mais "Les experts estiment que 500 millions de personnes pourraient basculer à nouveau dans la pauvreté."

34. ↑ Poverty, Growth, and Inequality [archive] World Bank35. ↑ Stanley Fischer, Globalization and Its Challenges, American Economic Review, mai 2003, p.

13.36. ↑ The Improving State of the World [archive]37. ↑ (en) Richard Easterlin, "Does Economic Growth Improve the Human Lot?", dans Paul A.

David et Melvin W. Reder, Nations and Households in Economic Growth : Essays in Honor of Moses Abramovitz, New York, Academic Press, 1974.

38. ↑ (en) Justin Wolfers et Betsey Stevenson, "Economic Growth and Subjective Well-Being: Reassessing the Easterlin Paradox", Brookings Papers on Economic Activity, vol. 39, no 1, printemps 2008, p. 1-102 [texte intégral [archive] (page consultée le 15 mai 2012)].

39. ↑ David Dollar et Aart Kray, "Growth is Good for the Poor", Journal of Economic Growth, vol. 7, no 3, 1er septembre 2002, p. 195-225 [texte intégral [archive]]

40. ↑ Jean-Marc Jancovici Sommes-nous déjà en décroissance ? [archive]41. ↑ OCDE, 2010. "L’OCDE et la croissance verte [archive]", PDF, 5 p.42. ↑ Tristan Klein (CAS), Sabine Bessière et Nicolas Le Ru (Dares), Timothée Ollivier (DG

Trésor), Amélie Mauroux (Insee), Sophie Margontier, Bernard Poupat et Karim Tachfint (SOeS), Activités, emplois et métiers liés à la croissance verte, Périmètres et résultats [archive] , 1er rapport, Commissariat général au développement durable Études & documents observation et statistiques ENVIRONNEMENT Service de l'observation et des statistiques, PDF, 36 pages

43. ↑ Ministère de l'écologie Activités, emplois et métiers liés à la croissance verte : périmètres et résultats - 14 juin 2011 - Développement durable [archive]consulté 2011/07/04

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Articles connexes

• Théorie économique• Moses Abramovitz• Économie du développement• Les Trente Glorieuses• Club de Rome• Décroissance• Commission pour la libération de la croissance française• Produit intérieur brut de la France• Effets des croissances démographique et économique sur l'environnement• Taux de croissance• Commerce éthique• Responsabilité environnementale• Responsabilité élargie du producteur• Loi d'Okun• Dette• Masse monétaire

Bibliographie

Articles académiques• (en) Robert Solow, "A contribution to the theory of economic growth", Quarterly Journal of

Economics, 1956• (fr) Paul Romer, Endogenous Technological Change, Journal of Political Economy,

octobre 1990(Article fondateur de la théorie de la croissance endogène)• (en) Gregory Mankiw, David Romer et David Weil, "A Contribution to the Empirics of Economic

Growth", Quarterly Journal of Economics, vol. 107, no 2, 1992, p. 407-437• (en) Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson, "Reversal of Fortune: Geography

and Institutions in the Making of the Modern World Income Distribution", Quarterly Journal of Economics, vol. 117, no 4, 2002, p. 1231-1294

Manuels• (en) Robert Barro et Xavier Sala-i-Martin, Economic Growth, 2003, MIT Press

(ISBN 978-0-262-02553-9)• Jean Arrous : Les Théories de la croissance, Seuil, 265 p (ISBN 978-2-02-021506-0)• Dominique Guellec et Pierre Ralle : Les Nouvelles Théories de la croissance, La Découverte,

2003, 128 p (ISBN 978-2-7071-4092-0)• (en) Daron Acemoglu, An Introduction to modern economic growth, Princeton University

Press, 2008, 1008 p.• Philippe Aghion et Peter Howitt, L'économie de la croissance, Economica, coll. "Corpus

Economie", juin 2010, 1re éd. (ISBN 978-2717858655)

Introductions• (en) Elhanan Helpman, The Mystery of Economic Growth, The Belknap Press, 7 mai 2010,

1re éd., 240 p. (ISBN 978-0674046054)

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Essais• Patrick Darmon : Il est urgent de ne rien faire : les Français et la croissance économique,

Édition du Temps, 2006 (ISBN 978-2-84274-346-8)• Christ ian Blanc : La Croissance ou le chaos , Odi le Jacob, 2006, 237 p

(ISBN 978-2-7381-1715-1)• Serge Latouche : Le Pari de la décroissance, Fayard, 2006 (ISBN 978-2-213-62914-8)• Gérard Moreau : Dictature de la croissance, Ginkgo, 2005 (ISBN 978-2-84679-033-8)

Prospective• "Développement économique, innovation - Croissance verte : France : les perspectives de

croissance économique" (Futuribles, N°386, juin 2012, p. 33 à 46), DOC00291753

Liens externes• [PDF] Croissance potentielle et développement, rapport du Conseil économique et social,

2007.• (fr) "La croissance économique", fiche sur le site Le-Politiste.com, 2012.• (fr) Conseil économique pour le développement durable - Le financement de la croissance

verte• (fr) Synthèse sur la croissance

• Portail de l’économie44 Catégorie : Croissance économique | [+]

Dernière modification de cette page le 8 avril 2013 à 15:36.

Décroissance (économie)La décroissance est un concept à la fois politique, économique et social fondé sur le rejet de l'objectif, en tant que tel, du maintien d'un taux de croissance économique positif. Soutenu notamment par certains mouvements anti-productivistes, anti-consuméristes et écologistes, il remet en cause l'idée d'une croissance source de bienfaits à long terme pour l'humanité, ce qui l'oppose au développement durable. Le terme "décroissance" est occasionnellement complété par des adjectifs tels que "soutenable" ou "convivial". Une autre appellation, plus récente, est "objection de croissance".

Allant parfois jusqu'à prôner une réduction contrôlée de l'activité économique, c'est-à-dire une croissance négative, les objecteurs de croissance, également appelés "décroissants" dans la presse, contestent l'idée d'un développement économique infini. Selon eux, le taux de production et de consommation ne peut pas être durablement accru ni même maintenu, étant donné que la création de richesses mesurée par les indicateurs économiques comme le PIB repose sur l'exploitation et la destruction d'un capital naturel épuisable.

Les objecteurs de croissance prônent au plan individuel la démarche dite de simplicité volontaire et, au plan global, une relocalisation des activités économiques afin de réduire l'empreinte écologique et les dépenses énergétiques.

OriginesRelativement récente, l'idée de décroissance trouve son fondement chez différents penseurs du xixe siècle et du xxe siècle qui ont en commun de critiquer le concept même de croissance selon une optique civilisationnelle, du fait qu'elle met en péril l'équilibre des liens séculiers unissant l'homme et

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Graffiti pro-décroissance sur la colonne de Juillet, p lace de la Bast i l le à Par is durant les manifestations contre le CPE du 28 mars 2006.

Graffiti décroissance pour notre salut sur un mur de Neuchâtel.

Graffiti Penser un autre monde sur un banc de Neuchâtel.

la nature (fondements de l'écologie) et, corollairement, le socle des valeurs qui scellent ces liens (principes politiques ou plus largement éthiques). C'est en particulier le cas, à partir des années 1930, de deux penseurs bordelais : Jacques Ellul et Bernard Charbonneau.

Le concept de décroissance n'apparaît qu'à la fin des années 1960 et se présente comme une recherche de solution (politique, économique, juridique...) aux nuisances majeures (écologiques, économiques et/ou d'ordre psycho-social) qu'engendre la croissance, laquelle est alors à son zénith dans les pays dits développés (période des Trente Glorieuses). Les premiers efforts de théorisation

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Sommaire1 Origines

1.1 Origine des mouvements décroissants1.2 Thèses d'Ellul et Charbonneau1.3 Rapports du Club de Rome1.4 Thèse de Nicholas Georgescu-Roegen1.5 Problématiques écologiques et sociales

2 Présentation2.1 Critique des catégories de l'économie2.2 Décroissance et développement durable2.3 Décroissance et pays peu développés2.4 Décroissance et technologie

2.4.1 Une analyse parmi d'autres2.5 "Effet rebond"2.6 "Effet débond"2.7 Décroissance soutenable2.8 Décroissance équitable2.9 Acteurs2.10 Actions2.11 Processus de mise en place

3 Critiques3.1 Critiques sur le plan économique

3.1.1 Autorégulation du marché3.1.2 Anti-malthusianisme économique3.1.3 Contestation de l'épuisement des ressources

3.1.3.1 Ressources pétrolières3.1.3.2 Ressources en métaux

3.1.4 Développement des pays du Sud3.2 Dématérialisation de l'économie3.3 Critiques sur le plan physique et scientifique

3.3.1 Théorie de la destruction créatrice3.3.2 Confiance dans les progrès de la science3.3.3 Critique de Georgescu-Roegen3.3.4 Critique ellulienne3.3.5 Critique marxiste

3.4 Opinion de la classe politique ou médiatique en France

4 Annexes4.1 Bibliographie

4.1.1 Ouvrages4.1.2 Médias4.1.3 Articles

4.2 Filmographie4.3 Dessin animé4.4 Articles connexes4.5 Liens externes

5 Notes et références

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se manifestent au sein du Club de Rome et chez l'économiste et mathématicien roumain Nicholas Georgescu-Roegen, lequel est à l'origine du terme décroissance.

Portant un intérêt particulier à l'articulation de l'individuel et du collectif, notamment via la démarche de simplicité volontaire, de nombreux partisans de la décroissance reconnaissent une dette intellectuelle envers Gandhi. Des considérations d'ordre spirituel sont ainsi invoquées pour dénoncer l'idéologie de croissance en tant qu'avatar d'une conception du monde étroitement matérialiste et marchande, qui ne prend en considération que les intérêts financiers des individus, qui plus est uniquement à court terme. On retrouve par exemple aujourd'hui cette approche chez Pierre Rabhi.

Ancien prêtre, Ivan Illich fonde comme Ellul (dont il est un fervent lecteur1) sa critique du productivisme sur des arguments associant dialectiquement le spirituel et l'analyse sociologique.

Mais la majorité des critiques de la croissance sont centrés sur la sociologie. Citons, en France, les cas de Jean Baudrillard et d'André Gorz ainsi que les penseurs de la Revue du MAUSS (en particulier l'économiste Serge Latouche). Tous avancent des thèses invitant à approfondir l'idée de décroissance dans une perspective politique. André Gorz est d'ailleurs le premier à utiliser le terme de décroissance, il y a 40 ans à l'occasion du rapport du Club de Rome sur les limites de la croissance2[réf. insuffisante].

Mais le problème rencontré par l'ensemble des théoriciens de la décroissance (qu'ils soient de sensibilité spiritualiste ou matérialiste) est précisément leur incapacité à modéliser leurs idées, c'est-à-dire à les traduire dans le champ politique. Jacques Ellul fera de cette incapacité même un de ses principaux objets d'étude3.

Origine des mouvements décroissantsLes mouvements en faveur de la décroissance peuvent trouver comme précurseurs le vieux courant de pensée anti-industriel du xixe siècle, situé à la lisière du christianisme et de certaines tendances du socialisme, qui s'est notamment exprimé en Grande-Bretagne à travers John Ruskin et le mouvement Arts & Crafts (1819-1900), aux États-Unis à travers Henry David Thoreau (1817-1862) et en Russie à travers Léon Tolstoï (1828-1911). On pourrait aussi citer comme autres précurseurs possibles, le luddisme, mouvement de sabotage sélectif de certaines machines, et aussi les premières formes du syndicalisme ouvrier.

La critique de la société de consommation véhiculée par ces mouvements, et l'esprit du mouvement antipub souvent proches de la décroissance, peuvent trouver des similitudes sur certains points avec les courants de pensée soixante-huitards, ainsi que certaines thèses de l'Internationale situationniste. Cette influence n'est cependant pas totale, car les décroissants adoptent généralement une vision plus réformiste que révolutionnaire.

Thèses d'Ellul et CharbonneauEn 1934, au sein de la mouvance personnaliste, Bernard Charbonneau et Jacques Ellul, que l'on considère souvent comme les fondateurs de l'écologie politique4, font partie des tout premiers en France à critiquer l'idéologie productiviste, allant jusqu'à prôner une "révolution" pour la combattre5, mais une révolution dans laquelle l'État ne jouerait aucun rôle et devrait même être écarté6.

Si la notion de décroissance traverse toute l’œuvre d'Ellul7, celui-ci n'emploiera jamais le terme lui-même, considérant en effet dès ces années 1930 que le préalable à l'abandon du productivisme est un travail que chaque personne doit mener sur elle-même : "Toute révolution doit être immédiate, c’est-à-dire qu’elle doit commencer à l'intérieur de chaque individu par une transformation de sa façon de juger (...) et d’agir. C'est pourquoi la révolution ne peut plus être un mouvement de masse et un grand remue-ménage (…) ; il est impossible de se dire révolutionnaire sans être révolutionnaire, c'est-à-dire sans changer de vie"8. En 1988, il intitule "Inventer l'homme" la conclusion de son livre Le bluff technologique.

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Ellul considère que l'économie conditionne la politique, la technique conditionne et détermine l'économie. Il faut "dépasser Marx", écrit-il en 1954, c'est-à-dire "réactualiser sa pensée" : "il est vain de déblatérer contre le capitalisme : ce n'est plus lui qui crée ce monde mais la machine"9. Il précise en 1981 : "Le capitalisme est une réalité historiquement dépassée. Il peut bien durer un siècle encore, cela n'a plus d'intérêt historique. Ce qui est nouveau et déterminant, c'est le développement de la technique."10. Non seulement "croire que l'on modifiera quoi que ce soit par la voie institutionnelle est illusoire"11, mais la politique dans son ensemble est une illusion dans la mesure où elle est désormais tout entière gouvernée par la technique12.

Concernant la question "comment l'homme peut-il reprendre le contrôle de la technique ?", lire infra : "Critique ellulienne".

Rapports du Club de Rome

Articles détaillés : Club de Rome et Halte à la croissance ?.

En 1968, le Club de Rome commande à une équipe de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology un rapport pour analyser les conséquences planétaires des hypothèses envisageables pour les politiques économiques et industrielles. Ce rapport publié en 1972, intitulé Limits to Growth (Halte à la croissance ? dans son édition française), est la première étude importante soulignant les dangers économiques de la croissance de la consommation des matières premières et de la croissance démographique que connaît alors le monde.

Un second rapport intitulé Sortir de l'ère du gaspillage : demain fut publié en 1974. Un troisième rapport, non traduit en français, existe : Review of Limits to Growth: The 30-Year Update13.

Ces rapports, également connus sous le nom de rapports Meadows, ne sont pas au sens strict des textes fondateurs de la décroissance, car ils ont alors été présentés comme défendant la "croissance zéro"14. Ils sont cependant considérés comme les premières études "officielles" présentant explicitement la croissance économique comme un facteur essentiel de l'aggravation des dérèglements planétaires (pollution, pénuries de matières premières, destruction des écosystèmes, etc.), et sont parmi les premiers écrits qui remettent en cause le modèle de croissance de l'après-guerre.

Thèse de Nicholas Georgescu-RoegenNicholas Georgescu-Roegen est considéré comme l'inventeur du concept de décroissance15 et son principal théoricien16. Il publie en 1971 un ouvrage intitulé The Entropy Law and the Economic Process. En 1979, Jacques Grinevald traduit l'ouvrage sous le titre Demain la décroissance. Entropie, écologie, économie17.

Nicholas Georgescu-Roegen estime que le modèle économique néoclassique est fondé sur le paradigme de la mécanique newtonienne18 et ne prend pas en compte les phénomènes de dégradation de l'énergie et de la matière. Il fonde quant à lui son modèle économique sur le deuxième principe de la thermodynamique et la notion d'entropie. Par le biais des différents processus de production, la matière et l'énergie se dégradent de manière irréversible. Par exemple les matières premières utilisées pour la construction des ordinateurs sont fragmentées et disséminées à travers toute la planète et il devient pratiquement impossible de reconstituer les minerais d'origine. Quant à l'énergie utilisée pour leur fabrication, elle est dissipée en chaleur19.

Problématiques écologiques et socialesLe concept de décroissance rencontre un écho important dans le débat public pour différentes raisons, problématiques, et conjonctures :

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• Épuisement des ressources énergétiques : pétrole (pic pétrolier mondial arrivant entre 200620 et 2040 selon les prévisions des compagnies et des gouvernements21, ou qui serait déjà passé en 2005 selon Colin Campbell de l'ASPO), gaz (70 ans), uranium (entre 50 et 220 ans)22,23, charbon (200 ans24) (au rythme actuel de consommation).

• Augmentation du prix de l'extraction des ressources qui diminuent (et qui nécessitent un investissement en énergie et en matériaux, supérieurs au investissements passés)

• Raréfaction de nombreuses autres ressources minières : indium, nickel, cobalt25,26 (ces deux derniers éléments entrent dans la composit ion de certains aciers), cuivre, iridium[réf. nécessaire], etc.

• Dégradation de l’environnement : effet de serre, dérèglement du climat, diminution de la biodiversité, pollutions diverses. Dégradation de la santé des populations27.

• Évolution des modes de vie : transports, traitement des déchets, alimentation (obésité dans les pays développés, malnutrition dans les pays pauvres.

• Exploitation des ressources des pays du Sud au profit de ceux du Nord, ressources énergétiques et minières, et ressources agricoles (cultures fourragères au détriment des cultures vivrières). Exploitation parfois considérée comme "néo-coloniale" ou "post-coloniale".Les estimations montrent, par exemple, qu'il faudrait entre 3 et 8 planètes Terre pour que la population mondiale puisse vivre à la manière d'un Européen28.

• Répartition inéquitable de l'accès aux ressources et aux richesses produites dans les pays développés, et entre les pays développés et les pays en voie de développement.

• Déclin d'autres explications de la crise écologique, telles que le marxisme. Le fait que les pays se réclamant du marxisme ne protégeaient pas mieux la planète que les autres pays menait à la conclusion que le marxisme était incapable de proposer une solution à la crise écologique.

Le concept de décroissance tente de montrer qu'augmenter constamment la production de biens et services augmente nécessairement la consommation des ressources naturelles, ne faisant donc qu'accélérer le moment de leur épuisement complet. Il tente de montrer aussi que la dématérialisation de l'économie29, espérée par les partisans de la croissance, est un leurre.

Pour certains de ses partisans, l'arrêt de la croissance sera, tôt ou tard, imposé par la raréfaction des ressources naturelles, en particulier des ressources en énergie (pétrole, gaz, charbon et uranium). Selon Yves Cochet, "On n'a pas à choisir si l'on est pour ou contre la décroissance, elle est inéluctable, elle arrivera qu'on le veuille ou non"30. La question est donc selon eux de la choisir maintenant afin d'enrayer les risques qui peuvent survenir dans un futur assez proche : pénuries, dépassement des pics de l'énergie et tensions géopolitiques qui pourraient en découler, ou d'attendre que ces événements arrivent pour la choisir. C'est dans cette logique qu'ils critiquent vivement la partie de la classe politique contemporaine qui considère la croissance comme la solution aux problèmes actuels de société.

La majorité des Objecteurs de croissance provient des diverses familles des gauches. Elle croise les réflexions des milieux antiproductivistes, elle s'inscrit aussi dans la mouvance du Buen-vivir (Bien vivre) au sens de l'Amérique du Sud. Les objecteurs de croissance sont aussi très actifs dans les milieux qui prônent l'adoption d'un revenu social inconditionnel. Le journal La vie est à nous ! /le sarkophage travaille depuis 2007 à cette convergence des gauches objectrices de croissance et amoureuses du Bien vivre, selon la formule de Paul Ariès.

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PrésentationLe concept de "décroissance" naît d'une remise en cause du concept de croissance économique et de l'outil privilégié de sa mesure, le PIB.

• Les promoteurs du concept de décroissance affirment que la croissance telle que mesurée par le PIB n'est que quantitative et non qualitative, puisqu'elle ne mesure que l'augmentation de la production et de la vente de biens et services sans tenir compte du bien-être des populations et de la santé des écosystèmes. Ils privilégient d'autres indices de développement tels que l'Indice de développement humain, l'empreinte écologique, l'indice de santé sociale.

• Les partisans de la décroissance affirment que la croissance telle que mesurée par le PIB est fausse sur le plan économique car elle ne comptabilise pas l'épuisement du stock des matières premières indispensables au système. Elle ne tient pas compte du fait que la Terre est limitée aussi bien dans ses ressources naturelles que dans sa capacité à supporter la destruction de son biotope (résilience).

La théorie appelée "bioéconomie" telle qu'exprimée par Nicholas Georgescu-Roegen dans The Entropy law and the Economic Process (1971) fait partie des fondements de la décroissance, comme le philosophe Martin Heidegger "la question de la technique", Günther Anders (L'Obsolescence de l'homme, 1956), d'Hannah Arendt (Condition de l'homme moderne, 1958) et du Club de Rome, à travers notamment le rapport Meadows de 1972 qui a pour titre français Halte à la croissance ?, ou encore celle d'Ivan Illich avec La Convivialité (1973).

Critique des catégories de l'économieLes partisans de la décroissance affirment que la recherche d’une évaluation de l’évolution des richesses, liée aussi bien à des besoins politiques que scientifiques, a conduit les économistes à créer des indicateurs ne prenant en compte que les aspects mesurables des richesses qui sont unifiées à travers leur équivalence monétaire. Les tenants de la décroissance arguent que la mesure du PIB est une mesure abstraite ne prenant pas en compte le bien-être des populations ni la pérennité des écosystèmes.

En effet, de nombreux éléments de la richesse ne sont pas pris en compte dans la mesure du Produit Intérieur Brut : les ressources naturelles, mais aussi les loisirs non marchands, les activités sociales et politiques qui représentent des déterminants importants de la qualité de vie perçue. Réciproquement, certaines activités sont prises en compte dans la mesure du PIB, qui sont pourtant généralement perçues comme n'allant pas dans le sens de "l'utilité et la jouissance de l'espèce humaine31". L'exemple souvent repris dans la littérature sur la décroissance est l'exemple économique classique, critiqué par Frédéric Bastiat dans son sophisme de la vitre cassée, mis en lumière par John Maynard Keynes32 et repris par Jean Gadrey et Florence Jany-Catrice33.

De ces décalages entre le concept de richesse et sa représentation par le PIB, il peut résulter des critiques sur les moyens de mesure de la richesse plutôt qu'à la notion de croissance elle-même. Elles ne forment cependant pas l'intégralité des approches discutées dans le cadre de la décroissance puisque d'autres sont fondées sur la critique, à la fois plus radicale et plus générale, de l"'invention de l'économie"34. Une partie de la mouvance de la décroissance propose de "sortir de l’économie »35 et remet en cause les catégories de base de l’économie : les "besoins", les "ressources", la "rareté", la "valeur", la "richesse" , etc.

Décroissance et développement durableLa décroissance s'oppose au productivisme économique proposé comme modèle depuis l'ère industrielle36. Elle s'oppose donc en partie au développement durable lorsqu'il est défini comme

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nécessitant une croissance durable ou continue des facteurs de production matériel et des échanges de biens et de produits financiers.

Pour les partisans de la décroissance, une société qui consomme toujours plus de ressources ne peut pas être respectueuse de l'environnement et sera rapidement confrontée au manque de certaines ressources vitales. Ils estiment que pour être durable et soutenable sur une planète finie, le développement humain devra au contraire pouvoir se passer d'une croissance matérielle perpétuelle, au profit de réponses justes aux besoins matériels et sociaux. La critique de la croissance passe toutefois nécessairement par une réflexion sur ce qu'est le "progrès", qui comme le "développement", est une vision unidirectionnelle de l'histoire.

Ce productivisme est, depuis peu, partiellement remis en question par le "développement durable", concept qui est souvent vu par les partisans de la décroissance comme un oxymore : ceux-ci soutiennent qu'avec les déséquilibres qu’il entretient37 , le développement ne peut pas être durable. La croissance économique pourrait cependant être conjuguée avec une diminution des ressources naturelles consommées si l'intensité énergétique diminue plus vite que l'économie ne croît.

Décroissance et pays peu développésCertains tenants de la décroissance envisagent une croissance pour les zones peu développées et les communautés et individus les plus pauvres, mais considèrent que le processus n'est pas "durable" :

Un développement durable impliquerait de toujours différencier le développement qualitatif et humain (le développement du bien-être, scolaire, culturel et de règles de fonctionnement communautaires harmonieuses, etc.) des aspects matériels limités par leur consommation de ressource. La biodiversité doit être préservée. Le développement devient alors nécessairement un "écodéveloppement" plus respectueux de l'environnement et de l'Homme (d'où les idées émergentes de haute qualité environnementale et d'écocertification plus ou moins bien appliquées selon les cas).

Pour atteindre ce but :• Il faut préserver les populations d'une conjoncture mondiale de fin des ressources vitales. La

relocalisation des économies (priorité à la production et à la consommation locales et à la réduction des transports motorisés) en est un des moyens proposés.

• Il est nécessaire de faire profiter les zones pauvres des meilleures techniques et stratégies en matière d'efficacité énergétique et écologique.

• Des idées récemment reformulées, mais qui étaient embryonnaires dans l'écodéveloppement d'Ignacy Sachs ou de René Dumont puis de René Passet sont la notion de "remboursement de la dette écologique", voire d'une dette sociale, et une réduction partagée et équitable de l'empreinte écologique, dans une vision de développement solidaire.

Décroissance et technologieSi la croyance en un "sens de l'histoire" semble avoir disparu38, survit une vision scientiste et surtout "technicienne" de l'humanité, dernier avatar d'une conception évolutionniste de l'homme et de l'histoire. Reprenant les thèses de Jacques Ellul (qui, dès 1954, dans La technique ou l'enjeu du siècle, affirme qu'à partir du xxe siècle, la technique est devenue un "facteur autonome", "régissant les destinées de l'homme bien plus que celui-ci ne croit la maîtriser"39), un certain nombre de militants de la décroissance s'attachent à poser le problème de la fuite en avant technologique comme à l'origine de tous les grands types de crises40.

Leur combat ne vise pas la technique en elle-même mais le mythe du progrès technique et ce qui le fonde : "la recherche en toute chose du moyen absolument le plus efficace"41, cette quête étant elle-même l'expression la plus aboutie de la volonté de puissance 42. Le caractère autonome de la

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technique y est perçu comme résultant du fait que, dans les mentalités, l'usage des moyens est désormais privilégié à la définition des finalités : on produit un bien pour la raison que l'on peut techniquement le produire et on le consomme tout simplement parce qu'il est produit. Sous cet angle, la société est une "société de production" avant d'être une "société de consommation". Et c'est le cycle incessant production-consommation qui confine la société dans une vision matérialiste étroite, l'exposant du coup à une situation critique à tous les niveaux : environnemental, économique, politique, social et culturel.

Une analyse parmi d'autresCette impasse socio-technique se révèle à deux niveaux: le premier est atteint dès le choix technologique qui a présidé à la naissance de la société industrielle, celle de l'affirmation de la puissance à l'aide du moteur thermique, ce qui nous permet de caractériser la société moderne, à la suite de Jacques Grinevald et Alain Gras, comme "thermo-industrielle"43.

Le second niveau est atteint avec la dépendance du pétrole qui, fut un processus d'une rapidité inouïe: elle commence aux début du XXième siècle mais c'est dans les années 1950 seulement que le système bascule. En un peu plus d'un siècle l'énergie fossile s'empare de presque toute la technologie, mais en un demi-siècle le pétrole va assurer 40 % des besoins des pays industrialisés.La solution proposée est celle de la "fuite en avant technologique" grâce aux technologies vertes. Censées remédier aux problèmes elles ne feraient que les aggraver par la prédation accélérée de la nature qu'elles introduisent. Le nickel, le cuivre, l'étain, et nombre de métaux classiques voient leurs réserves diminuer rapidement, mais les autres métaux nouvellement utilisés - cobalt, indium, gallium, etc. et les terres rares – lanthanides… - exigent la destruction d'immenses surfaces dans des endroits encore sauvages. Le pic de pétrole, n'est qu'un des aspects énergétiques de la situation, des pics de production seront franchis dans tous les composants des technologies de pointe, "peak of everything" nous avertit Philippe Bihouix44.

La décroissance implique une sobriété de consommation et donc un terme à l'obsession de "l’innovation" technique : les produits ne doivent pas être "nouveaux" mais simples, durables, recyclables, fabriqués en quantité nécessaire et suffisante, diffusés dans un périmètre limité (pour éviter les dépenses liées au transport). Avant tout, ils doivent répondre à des besoins vitaux et non superflus.

"Effet rebond"

Article détaillé : Effet rebond.

L'"effet rebond", couramment utilisé en économie de l'énergie, décrit l'effet d'une amélioration d'efficacité de l'utilisation d'une ressource sur sa demande : si l'efficacité d'utilisation augmente d'1 %, la consommation diminue dans une proportion bien moindre, et peut même augmenter dans certains cas. Certains partisans de la décroissance postulent un "effet rebond" systématique : selon eux, tout progrès technique, toute amélioration de productivité, au lieu de diminuer la consommation de matières premières et d'énergie, conduirait au contraire à produire beaucoup plus, donc à consommer davantage. La théorie économique a étudié ce phénomène dès le xixe siècle. Les travaux de l'économiste anglais Jevons ont ainsi donné naissance au paradoxe de Jevons. En 1980, cette question a été reprise de manière indépendante par les économistes Khazoom et Brookes dont les travaux sont à la base du postulat de Khazzoom-Brookes. Ce postulat globalise deux types d'effets, des effets microéconomiques - les comportements du consommateur ou du producteur individuel - et des effets macroéconomiques - les effets sur le fonctionnement général de l'économie. Si les premiers entraînent généralement un effet rebond nettement inférieur à l'économie d'énergie réalisée, les seconds induisent, selon le postulat, un rebond supérieur à cette économie. Ces constats sont compatibles aussi bien avec la théorie économique qu'avec les observations45. Il n'en reste pas moins que le postulat de Khazzoom-Brookes fait l'objet de débats46.

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Par exemple, l'avènement de l'informatique et des réseaux dans ses débuts a laissé penser à une disparition possible du support papier. En fait, on en a constaté dans un premier temps une augmentation de la consommation47. Selon le fabricant de fournitures de bureau Esselte, la demande de papier a progressé de 40 % dans les entreprises qui ont instauré un système de courrier électronique, parce que les employés ont tendance à imprimer leurs e-mails avant de les lire. La diminution a par ailleurs été compensée par l'essor des pays émergents devenus consommateurs.

Voitures dans un embouteillage.

Autre exemple : l'industrie automobile. Il est aujourd'hui possible de produire des véhicules moins polluants par unité de puissance qu'il y a quelques dizaines d'années ; mais comme leur nombre, leur puissance, leur masse, les ki lomètres parcourus, les habitacles climatisés augmentent, la pollution automobile augmente aussi. Le même argument est avancé concernant le recyclage dont l'effet, pourtant important, ne suffit pas toujours à compenser l'augmentation de production de déchets par habitant48.

Serge Latouche avance : "les baisses d'impact et de pollution par unité se trouvent systématiquement anéanties par la multiplication du nombre d'unités vendues et consommées."49.

"Effet débond"Répondant au principe sus-évoqué, François Schneider introduit le concept d'effet débond qui, sur le plan individuel, passerait par une acceptation d'un mode de vie personnel en harmonie avec une simplicité volontaire : autrement dit, les gains de productivité doivent être investis en temps gagné pour des loisirs non "consommateurs" de ressources pour la planète, et non pas réinvestis par effet rebond pour accélérer cette consommation.[réf. souhaitée] La réduction du temps de travail est un de ces actes volontaires qui correspondent à l'effet débond.

Les militants de la décroissance proposent par conséquent des solutions qu'ils considèrent comme pratiques et rationnelles pour réduire autant que possible toute forme de gaspillage ou de dépendance énergétique.

Décroissance soutenableLe concept de "décroissance soutenable"50 fait référence au développement durable. Il en reprend l'objectif, qui est de "répondre aux besoins des générations actuelles, sans pour autant compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins". Les tenants de la "décroissance soutenable" ajoutent que cet objectif ne peut correspondre qu'à une diminution de l'empreinte écologique collective et individuelle dans les situations où le seuil de durabilité est dépassé. Cela conduit à la nécessité politique d'organiser, voire d'imposer les changements requis. Le terme "soutenable" traduit alors le souhait que les politiques engagées ne provoquent pas d'effondrement catastrophique de la société51.

Décroissance équitableLa décroissance équitable regroupe les objecteurs de croissance qui souhaitent concilier les contraintes environnementales avec le souci de justice sociale par un retour au politique. Ces militants se sont retrouvés en 2006 lors des États Généraux de la décroissance équitable à Lyon. Ils comptent aussi parmi les organisateurs du contre-Grenelle de l'environnement. Ces militants sont souvent adeptes du revenu de base inconditionnel et du revenu maximal autorisé. Paul Ariès est l'un des principaux théoriciens de ce courant avec sa proposition de nouveau paradigme de gratuité de

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l'usage et de renchérissement du mésusage. Ces thèses sont notamment développées dans les journaux La Décroissance et Le Sarkophage.

ActeursLes partisans de la décroissance soutenable proposent des démarches d'initiative individuelle (voir par exemple la simplicité volontaire) et des démarches collectives de sensibilisation, notamment en organisant des conférences et des marches.

En France, un Parti pour la décroissance (PPLD) a été créé en 200552,53. Après des débuts difficiles, ce parti a été relancé en janvier 2008 pour finalement participer aux élections européennes de 2009 à travers la campagne Europe-Décroissance. En septembre 2009, il fonde avec le Mouvement des Objecteurs de Croissance l'Association d'Objecteurs de Croissance (AdOC) 54.Le parti politique français Les Verts a, depuis 2004, formalisé une position favorable à la notion de décroissance qui s'est étayée depuis, tout en y apportant la notion de "décroissance sélective et équitable"55.

Une partie du mouvement libertaire reprend à son compte les idées de la décroissance, notamment Jean-Pierre Tertrais dans sa brochure "Du développement à la décroissance" sous-titrée "De la nécessité de sortir de l'impasse suicidaire du capitalisme". De même Alternative libertaire a adopté une motion sur ce sujet à son congrès de 200656. L'approche libertaire est bien plus portée sur la volonté de changer radicalement les structures économiques et sociales de la société que de tabler sur des initiatives individuelles ou étatistes. Pour eux, c'est le mécanisme capitaliste de la plus-value qui est à la base de la surproduction et de la destruction des éco-systèmes57. La solution serait de promouvoir une organisation de la société en fédération de communes libres, la pratique de l'autogestion sur les lieux de travail et dans les quartiers ainsi que la relocalisation de l'économie.

En 2007, Alain de Benoist, représentant de la "Nouvelle Droite", a publié le livre Demain la décroissance. Penser l'écologie jusqu'au bout, un essai reprenant l'idée de décroissance. Des tenants français de ce mouvement, venus de la gauche, l'ont fustigé comme une "récupération"58, d'autres l'ont soutenu59, ou du moins accepté le débat60. Alain de Benoist s'inscrit dans la critique traditionnelle du progrès et de la modernité ancrée dans un antilibéralisme de droite.

Au Canada, le Mouvement Québécois pour une Décroissance Conviviale (MQDC) a été fondé en juillet 2007. En Belgique, il existe un Mouvement Politique des Objecteurs de Croissance, créé le 18 octobre 2009.

ActionsLes partisans de la décroissance défendent leurs convictions par le biais de certains événements comme la "journée sans achat" ou des "marches pour la décroissance". Ces marches s'inscrivent, aux yeux de leurs participants, dans la tradition des marches de désobéissance civile comme la marche du sel menée par Mohandas Karamchand Gandhi61. Elles sont généralement autogérées et autonomes : aucun véhicule motorisé n'est utilisé pour transporter la nourriture et les tentes. Les objets lourds ou volumineux sont transportés par des ânes, des vélos ou sur des carrioles. Même si toutes les marches ne se réclament pas explicitement de la décroissance, ces événements constituent un aspect du militantisme décroissant. Avec la lenteur et la convivialité comme valeurs principales, les "marcheurs de la décroissance" sillonnent les routes et peuvent prendre le temps de s'arrêter pour discuter avec les personnes rencontrées en chemin. Les débats et la transmission des idées se font de personne à personne, plutôt que par l'intermédiaire des médias de masse.

Plusieurs marches se sont tenues depuis 200562, rassemblant jusqu'à 500 personnes. En particulier, le 3 juillet 2005, environ 500 personnes63 ont défilé sur 15 km pour demander la suppression du Grand Prix automobile de France de Formule 1, considéré comme symbole de la société de croissance et de gaspillage des ressources. José Bové, Albert Jacquard, Serge Latouche et François Schneider ont pris la parole sur la place du village de Magny-Cours.

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Processus de mise en placeLa décroissance n’est pas envisagée comme un projet politique dont l'objectif serait de bâtir une "société de décroissance" qui serait un renversement régi par le dogme d'une croissance négative. Les objecteurs de croissance décrivent leur projet comme une tout autre organisation dans laquelle le loisir est valorisé à la place du travail, où les relations sociales priment sur la production et la consommation de produits jetables inutiles, voire nuisibles64.

En particulier, le processus de réduction de l'empreinte écologique de l'activité humaine et du niveau de vie des populations des pays les plus développés est pour les tenants de la décroissance rendu inévitable par la raréfaction des ressources et l'augmentation de la population mondiale. Mais cette question de plus en plus prégnante du partage des ressources et des richesses qui en sont tirées, traduite sur le mode volontariste par la démarche de "simplicité volontaire", n'épuise pas les questions politiques posées par la reconsidération du mode de développement actuel.

Si le modèle théorisé par les partisans de la décroissance, passant en grande partie par une relocalisation complète des activités économiques, ne trouve pas encore beaucoup d'applications à grande échelle, on voit cependant apparaitre des initiatives locales qui s'inscrivent dans une démarche décroissante. On peut citer en exemple les associations pour le maintien d'une agriculture paysanne qui sont une alternative à l'industrie agro-alimentaire et qui illustrent ce que Serge Latouche nomme la "sortie de l'économie"65, c'est-à-dire la transformation du rapport client-fournisseur en un lien relocalisé de coproduction et de cogestion. Ainsi au sein des AMAP la valorisation des produits (fruits et légumes) ne dépend pas de la loi de l'offre et de la demande. La relation entre le producteur et les adhérents est une relation d'entraide et de soutien qui dépasse le cadre économique du simple rapport marchand66.

CritiquesCritiques sur le plan économiquePour la majorité des économistes actuels, que ce soit ceux d'orientation libérale ou keynésienne, la croissance économique permet la création de richesses, d'emploi, l'amélioration du niveau de vie, l'amélioration de l'éducation et des systèmes de santé et l'allongement de l'espérance de vie. Dans ce schéma, la décroissance va générer une récession et son corollaire : hausse du chômage, perte de pouvoir d'achat des ménages et violences sociales.

Autorégulation du marchéLes principales théories macroéconomiques67 privilégient une économie de marché, où "l'allocation des ressources est guidée par les mécanismes de prix"68, système d'allocation estimé bien plus efficace que celui géré par une autorité centralisée, car la production s'oriente dans le sens des préférences révélées par le système des prix. La recherche du profit pousse à financer des activités qui assurent la perpétuation de la croissance. Le capitalisme permet ainsi l'arbitrage vers des ressources plus abondantes ou vers d'autres biens, et signale par les prix du marché une ressource qui se raréfie. Toute manne financière procurée par la hausse des prix peut être affectée au financement de la recherche de nouvelles sources d'énergie et d'efficacité pour perpétuer la production et diminuer ses coûts. Ainsi le prix du pétrole, soumis à une demande soutenue et une offre limitée augmente, ce qui rend profitable l'exploitation de gisements qu'on avait auparavant ignoré car trop coûteux à exploiter (par exemple : gisement très profond ou situé dans une zone sans état de droit) ou la recherche relative à de nouvelles sources d'énergie.

Selon Robert Solow et Joseph Eugene Stiglitz, répondant directement au défi posé par la théorie de Nicholas Georgescu-Roegen, le capital et le travail peuvent se substituer aux ressources naturelles que ce soit directement ou indirectement dans la production, assurant la pérennité de la croissance ou tout du moins un développement durable69.

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Anti-malthusianisme économiqueCertains opposants à la décroissance l'assimilent à une forme de néo-malthusianisme économique70, ou à une résurgence de formes antérieures du malthusianisme sous-tendant que la croissance est conditionnée par l'exploitation des ressources, les thèses "anti-malthusiennes" prônant au contraire que l'exploitation des ressources dépend du développement économique. Ainsi, l'économiste du développement et géographe Sylvie Brunel considère que le succès de la décroissance et du développement durable participe d'une "résurgence du malthusianisme"71. Selon elle, le monde n'est pas près de manquer de ressources, "des réserves de production considérables existent, autant en augmentant les rendements [...] qu'en étendant les surfaces cultivées [...]. La planète est parfaitement capable de nourrir une population qui ne doublera plus jamais. Elle est en réalité loin d'avoir atteint sa "capacité de charge""72.

Le Milliardaire Britannique Edward Goldsmith fut un ardent partisan de la Décroissance, il créa la revue L'Écologiste.

Raymond Aron rapporte dans ses Mémoires qu'une partie de la gauche dans les années 1950 accusait les capitalistes de refuser la croissance qui mettrait en danger leur position73.

Contestation de l'épuisement des ressourcesUn des présupposés essentiels de la décroissance est que le monde manquera de matières premières et qu'il faut donc en limiter l'usage. Cette façon de poser le problème est fortement critiquée par le « Prix Nobel » d'économie Robert Solow. Selon lui, se demander quelle quantité de tel ou tel produit nous pouvons nous permettre d’utiliser est "une façon étroite et préjudiciable de poser la question"74. Ce qui est important, c'est le capital humain, la capacité des hommes à inventer de nouvelles solutions : "Il est très facile de substituer d'autres facteurs aux ressources naturelles, il n'y a donc pas de 'problème' de principe. Le monde peut, en fait, se débrouiller sans ressource naturelle, donc l'épuisement n'est qu'un événement, pas une catastrophe." Toutefois Solow est partiellement revenu sur ce point de vue en déclarant qu'"il est possible que les Etats-Unis et l'Europe se rendent compte que ... soit la croissance continue sera trop destructrice pour l'environnement et qu'ils sont trop dépendants de ressources naturelles rares, soit ils feraient mieux d'utiliser l'augmentation de la productivité sous forme de loisirs."75

Bjørn Lomborg reprend cette analyse en soulignant également la difficulté de se mettre d'accord sur l'importance d'une éventuelle réduction. Quelle que soit cette baisse, les ressources finies s'épuiseront dans le schéma intellectuel de la décroissance. Il réaffirme également l'importance du progrès et de l'inventivité de l'esprit humain, accusant les partisans de la décroissance d'irresponsabilité en faisant selon lui l'apologie d'une société primitive. Lomborg écrit ainsi : "Si notre société, qui a épuisé le pétrole et le charbon, a simultanément mis au point un nombre considérable de connaissances, de capital et de moyens techniques afin d’être en mesure d’utiliser d’autres sources d’énergie à moindre frais, c’est un acte plus responsable que de laisser l’énergie fossile sous la terre telle quelle."76

Ressources pétrolièresPar le passé, certaines prévisions sur l'épuisement des ressources énergétiques se sont révélées inexactes. Cécile Philippe de l'Institut économique Molinari rappelle ainsi que, par exemple, dès 1914, le Bureau des mines aux États-Unis estimait que la production future de pétrole était limitée à 5,7 millions de barils, soit peut-être dix ans de consommation. Elle prétend77 également, entre autres exemples, que le rapport Meadows prévoyait en 1972 pour avant la fin du xxe siècle un épuisement de certaines ressources dont la substitution paraissait impossible78.

À l'inverse des prévisions sur l'épuisement des ressources énergétiques, Daniel Yergin, spécialiste américain de l'énergie, considère que, grâce aux réserves et aux progrès techniques, "le monde n'est pas près de manquer de pétrole"79. Toutefois le géologue Marion King Hubbert, qui a étudié le phénomène du pic pétrolier et a donné son nom au modèle appelé "pic de Hubbert", annonça avec

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justesse en 1956 que la déplétion pétrolière commencerait en 1970 aux États-Unis80. Hormis les pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient, pratiquement tous les autres pays producteurs ont dépassé leur pic de production81.

Ressources en métauxLe géochimiste Claude Allègre avance que la problématique d'épuisement des ressources en métaux peut être résolue par le recyclage. Aujourd'hui, 50 % du fer utilisé est recyclé, 90 % du platine et 80 % de l’or82. M. Allègre appelle de ses vœux un développement de ces filières pour toutes les ressources terrestres : "À une économie unidirectionnelle à ressources infinies (on produit – on utilise – on jette) doit se substituer une économie cyclique à ressources finies."83. Il est à noter que le recyclage nécessite lui-même de l'énergie (haute température) et des matériaux précieux et polluants (solvants, catalyseurs), ce qui diminue l'efficacité du recyclage.

Cela dit, les matériaux high-tech produits en masse par les sociétés de croissance reposent sur des ressources et des procédés de fabrication qui ne peuvent se contenter des qualités médiocres des productions issues du recyclage. Par ailleurs, une conception "orientée recyclage" d'un produit peut en limiter les performances : elle peut être incompatible avec un certain niveau de miniaturisation et d'intégration des composants84.

Développement des pays du SudUne des principales critiques opposées à la décroissance par ses détracteurs est que les classes bourgeoises des pays développés, sous couvert de protéger l'environnement, souhaiteraient en fait empêcher les pays dits "sous-développés" d'emprunter le même chemin économique que les pays occidentaux. L'économiste du développement et géographe Sylvie Brunel estime ainsi que les mouvements de développement durable et de décroissance sont nés dans l'affolement des années 1970 face à la montée de la population du Tiers Monde. Elle ajoute : "la peur du nombre suscite des prévisions catastrophiques"85. Elle considère qu'en est sortie une politique qui a stigmatisé les pauvres, accusés de "dilapider les ressources de la planète"86. Selon Sylvie Brunel, le développement des pays du Nord permet, entre autres, de tirer celui des pays du Sud. Avec son raisonnement, faire décroître les pays développés aurait donc fatalement des conséquences négatives pour les pays en développement qui perdraient des marchés pour exporter leurs matières premières, leurs produits manufacturés et leurs services.

Selon Serge Latouche87, il n'est pas question de décroissance pour les pays les plus pauvres, mais seulement d'emprunter le bon chemin de leur développement vers une société de "décroissance choisie".

Dématérialisation de l'économieLa théorie de la croissance endogène considère que les facteurs humains, la connaissance et l'innovation technique prennent le relais d'une croissance basée sur des facteurs matériels.

À la marge, un courant de pensée estime que le xxie siècle sera celui de la noosphère88, où la principale ressource sera l'information et la culture. Par exemple les partisans de la société de l'information, considèrent que l'humanité est entrée dans une nouvelle ère technologique, et qu'il est désormais possible, grâce à l'informatique et aux télécommunications, de créer de la richesse (i.e. de la croissance) en produisant des services et de l'information. Cette production "immatérielle" est considérée comme non-polluante. Ce qui permet à certains penseurs (notamment Joël de Rosnay ou Bernard Benhamou) d'affirmer qu'il est possible de générer de la croissance sans produire de déchets.

Cela dit, un réseau utilise des supports matériels (satellites, câbles, actifs réseaux et ordinateurs) et le traitement et la diffusion des informations a un coût énergétique (voir informatique et développement durable). Pour les tenants de la décroissance, même s'il existe une richesse "immatérielle" mesurable et représentant une part importante de la croissance économique des pays

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développés, la composante matérielle (et énergétique) des activités "immatérielles" ne permet pas à leurs yeux d'envisager que ce type de croissance puisse garantir la prospérité des populations.

L'informatique utilise des métaux rares89 très précieux, des plastiques polluants et des substances ch imiques comme, par exemple , des re tardateurs de f lamme ( les PBDE, ou Polybromodiphényléther). Les ordinateurs sont très vite dépassés et sont envoyés en masse vers les pays du Sud90, où ils sont démontés et recyclés par des ferrailleurs improvisés, qui vivent dans un environnement pollué et très dangereux91.

Critiques sur le plan physique et scientifique

Théorie de la destruction créatriceLe concept économique de la décroissance est fondé sur l'hypothèse que produire toujours plus implique de consommer de plus en plus d'énergie ou de matières premières, tout en diminuant la main-d'œuvre pour la remplacer par des machines. Cette analyse est toutefois contestée par certains[Qui ?], qui estiment que la technique et le progrès technologique permettent de produire plus avec moins, y compris dans le domaine des services. C'est que l'on appelle la destruction créatrice, c'est-à-dire le processus de disparition de secteurs d'activité conjointement à la création de nouvelles activités économiques. Cette théorie a été fondée par l'économiste Joseph Schumpeter en 1911, dans son ouvrage Théorie de l’évolution économique : toute innovation technologique importante entraîne un processus de destruction créatrice.

L'une des critiques qu'on pourrait apporter aux théories économistes classiques sont qu'elles sont découplées des contingences matérielles, comme les matériaux, les déchets ou les dommages écologiques. Un secteur d'activité peut disparaître, mais pas les déchets que ce secteur a créé.

Confiance dans les progrès de la science

Évolution de l'intensité énergétique des grandes économies mondiales depuis 1980

Une forme de critique de la décroissance défend l'idée que le progrès technique résoudra la question des énergies, des déchets et de la raréfaction des matières premières. Elle s'appuie sur l'esprit des Lumières pour développer une vision technophile et optimiste de la recherche scientifique. Ainsi, le géochimiste Claude Allègre considère que c'est la croissance qui peut contribuer à résoudre les problèmes écologiques92.

Le Prix Nobel d'économie Amartya Sen déclarait, lui : "Le développement [humain] au fond est un processus de responsabilisation et ce pouvoir peut être utilisé pour préserver et enrichir l’environnement au lieu de le décimer."93.

Ils s'appuient par exemple sur l'évolution de l'intensité énergétique des grandes économies mondiales qui a fortement baissé depuis 20 ans (cf. graphe), bien que plus lentement que la croissance du PIB. Par exemple, les activités de R&D dans le domaine de l'énergie nucléaire pourraient fournir des solutions de substitution face à la probable pénurie de pétrole. À plus long terme, les partisans de la fusion nucléaire prédisent que les réacteurs de type ITER seront des sources d'énergie quasiment inépuisables et peu polluantes.

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L'intensité énergétique est un des facteurs de l'équation de Kaya, qui tend à démontrer, comme l'explique par exemple Jean-Marc Jancovici94, que soit la décroissance économique, soit la décroissance de la population sont indispensables pour éviter la catastrophe écologique.

Par ailleurs, la décroissance implique une baisse globale de la consommation énergétique, ce qui ne contredit pas la recherche d'énergies nouvelles, moins polluantes.

Critique de Georgescu-RoegenL'économiste roumain Nicholas Georgescu-Roegen a fondé sa "théorie bioéconomique" sur une interprétation de la seconde loi de la thermodynamique (négligeant la première loi "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme")pour s'opposer à une croissance matérielle et énergétique illimitée, invitant à une décroissance économique. Le psychanalyste Jean Zin estime que cette analogie contredit l'analyse scientifique des phénomènes d'émergence et de néguentropie qui affectent les systèmes dynamiques complexes tels que l'organisation sociale humaine95.

Il est à noter que le phénomène de néguentropie se passe sur une durée de temps qui dépasse largement le siècle, voire le millénaire. Ce phénomène paraît donc négligeable pour l'épuisement des ressources au xxie siècle.

Critique ellulienneJacques Ellul (lire supra : "Thèses d'Ellul et Charbonneau") affirme que notre société est productiviste pour une raison essentielle : elle s'est "technicisée" à outrance, tant et si bien que la technique est devenue un phénomène autonome.

Se demandant comment l'homme peut reprendre le contrôle de la technique, il affirme d'abord que "ce n'est pas la technique (en elle-même) qui nous asservit mais le sacré transféré à la technique"96. Il convient donc, précise t-il, de ne pas aborder celle-ci en seuls termes rationnels mais aussi en réintégrant une dimension métaphysique que le rationalisme a effacé en même temps qu'il a imposé le travail, l'efficacité, la concurrence, la technicité, etc. au rang de valeurs. Chacun ne peut critiquer la technique qu'en interrogeant son propre rapport à la puissance (qu'il exerce sur le monde et/ou sur autrui) et qu'en des termes qui "transcendent" la raison. En 1982, en conclusion de son livre Changer de révolution. L'inéluctable prolétariat, Ellul fait état de sa foi chrétienne en indiquant qu'elle seule lui a permis de déceler à quel point la technique est sacralisée mais en précisant qu'il ne s'exprime qu'au seul titre du témoignage et de la conviction personnelle : en aucun cas il ne conçoit le christianisme comme solution universelle aux problèmes matériels, d'autant qu'il formule à l'endroit de celui-ci une critique extrêmement sévère97.

La question de savoir ce qui peut "transcender la raison" si l'on ne vit pas l'expérience de la foi reste entière chez les "héritiers d'Ellul"98.

Critique marxistePour de nombreux mouvements marxistes, le point de vue marxiste s'oppose au concept de la décroissance, considérant qu'il ne différencie pas entre la croissance d'une production utile pour les êtres humains, et la croissance qui vise simplement à augmenter les bénéfices des entreprises (construire un nouvel hôpital ou un porte-avions militaire provoquent tous les deux de la croissance). Ils considèrent ainsi que c'est la nature et le contrôle de la production qui est déterminant, et non pas sa quantité dans l'absolu, et pensent donc que c'est le contrôle et la stratégie de la croissance qui permettront un développement social et écologique.

De plus, s'ils peuvent reconnaître de la part des décroissants certaines critiques justes des aberrations de l'économie capitaliste, les communistes marxistes reprochent au courant de la décroissance de ne pas distinguer les classes sociales et de rendre responsable, par exemple de la pollution, aussi bien voire davantage chaque consommateur individuel que les capitalistes qui dirigent l'économie en fonction des profits qu'ils espèrent réaliser. Pour les communistes, une telle

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idéologie, en cherchant à culpabiliser les travailleurs, ne peut que nuire à leur mobilisation pour défendre leurs conditions d'existence, seule force capable de transformer la société.

Cette critique est très courante parmi les militants de Lutte ouvrière99 et du PCF100.

Jean Zin, tout en reconnaissant un "effet pédagogique" à la mise en avant du concept de décroissance et la justesse de sa mise en cause du développement durable, voit dans le courant décroissant "un certain volontarisme idéaliste" et "une surévaluation du politique alors que les forces sociales qui seraient nécessaires manquent absolument"101.

Cette critique marxiste est toutefois contrecarrée par le point de vue de Serge Latouche, théoricien de la décroissance qui affirme qu l'"on pourrait paradoxalement présenter la décroissance comme un projet radicalement marxiste. Que le marxisme (et peut-être Marx lui-même) aurait trahi. La croissance n’est, en effet, que le nom "vulgaire" de ce que Marx a analysé comme accumulation illimitée de capital, source de toutes les impasses et injustices du capitalisme."102

Opinion de la classe politique ou médiatique en FranceClaude Allègre considère que la décroissance conduirait à imposer une réduction de la croissance des pays pauvres103. Dans ses livres, Claude Allègre a également nié que le réchauffement climatique soit dû aux activités humaines.

Christian Blanc exprime cela par l'expression "la croissance ou le chaos"104.Cyril Di Méo critique l’irrationalité de ce concept dans "La face cachée de la Décroissance"105'106.

AnnexesBibliographie

Ouvrages• Vincent Liegey, Stéphane Madelaine, Christophe Ondet, Anne-Isabelle Veillot, Un projet de

décroissance. Manifeste pour une dotation inconditionnelle d’autonomie, préface de Paul Ariès, Les Éditions Utopia, janvier 2013, (ISBN 978-2919160099).

• Maurizio Pallante, La Décroissance heureuse, Ed. Nature & Progrès, mai 2011, (ISBN 978-293038643-0)

• Yves-Marie Abraham, Louis Marion et Hervé Philippe, Décroissance versus développement durable, Écosociété, 2011 (ISBN 978-2923165516)

• Jean Aubin, Croissance infinie, la grande illusion, Éditions LME, mars 2010, (ISBN 978-2-36026-003-4)

• Paul Ariès, Décroissance & gratuité, Golias, 2010, (ISBN 978-2354720711)• Tim Jackson, Prospérité sans croissance, De Boeck, 2010, (ISBN 978-2804132750)• Timothée Duverger, La Décroissance, une idée pour demain, Éditions Sang de la Terre, 2011.• Serge Latouche et Didier Harpagès, Le Temps de la décroissance, éditions Thierry Magnier,

2010• Jean Gadrey, Adieu à la croissance, Les Petits Matins, 2010, (ISBN 978-2915879780)• La décroissance économique (pour la soutenabilité écologique et l’équité sociale) par collectif• Frédéric Durand, La décroissance: rejet ou projets? Croissance et développement durable en

question, Éditions Ellipses, Paris, 2008 (ISBN 9782729837440)• Alain de Benoist, Demain, la décroissance ! Penser l'écologie jusqu'au bout, E-dite, 2007,

(ISBN 978-2846082235)• Serge Latouche, Petit traité de la décroissance sereine, Mille et une nuits, octobre 2007,

(ISBN 978-2-75500-007-3)• Serge Latouche, Le Pari de la décroissance, Fayard, 2006, (ISBN 2213629145)

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• Cyril Di Méo, La face cachée de la décroissance. La décroissance : une réelle solution face à la crise écologique ?, Éditions L'Harmattan, Paris, septembre 2006 (ISBN 2296012248)

• Nicolas Ridoux, La décroissance pour tous, Éditions Parangon, 2006, (ISBN 2841901556)• Gérard Moreau, Dictature de la croissance, Ginkgo éditeur, 2005• Michel Bernard (dir), Objectif décroissance, vers une société harmonieuse, Éditions Parangon,

2003, (ISBN 2841901211)• Michel Bernard (dir), Objectif décroissance, vers une société harmonieuse, Éditions Parangon,

2003, (ISBN 2841901211)• Nicholas Georgescu-Roegen, Demain la décroissance. Entropie, écologie, économie.

Traduction, présentation et annotation Jacques Grinevald et Ivo Rens. Lausanne, Pierre-Marcel Favre, 1979. 21 cm, 157 p. [lire en ligne][La décroissance. Entropie, écologie, économie. 2e édition revue et augmentée. Traduit et présenté par Jacques Grinevald et Ivo Rens. Paris, Sang de la Terre, 1995. 21 cm, 220 p. ; 3e édition revue. Paris, Sang de la Terre et Ellébore, 2006. 22,5 cm, 304 p.]

• Paul Ariès, Décroissance ou barbarie, éditions Golias, 2005.• Paul Ariès (dir.), Décroissance ou récession. Pour une décroissance de gauche, éd.

Parangon, 2011.• Jean-Pierre Tertrais, Du développement à la décroissance, éd. du Monde Libertaire, 2006.• Stéphane Lavignotte, La décroissance est-elle souhaitable?, éd. Textuel, 2009.• Denis Bayon, Fabrice Flipo et François Schneider, La décroissance. Dix questions pour

comprendre et en débattre, éd. la découverte, 2010.• Michel Lepesant (dir.), Notre décroissance n'est pas de droite, éd. Golias, 2012.• Jean Cornil et Bernard Legros, La pertinence de l'escargot. En route vers la décroissance!, éd.

Sang de la Terre, 2013.

MédiasLa revue alternative S!lence a publié dès 1993 un premier dossier intitulé "Le temps de la décroissance", puis s'est spécialisée sur cette question et fait paraître de nouveaux dossiers sur cette thématique environ trois à quatre fois par an depuis février 2002. Elle a également publié le livre Objectif décroissance en 2003 aux éditions Parangon, ouvrage qui rassemble un très grand nombre d'articles publiés sur le thème de la décroissance dans la revue S!lence, et qui a déjà été vendu à plus de 12 000 exemplaires.

D'autres revues sont également consacrées à cette thématique : Entropia (revue d'étude théorique et politique de la décroissance), Passerelle Éco ou encore L'Âge de faire. L'association Casseurs de pub édite quant à elle une revue (ex Revue de l'environnement mental) et le journal La Décroissance. Le Mouvement québécois pour une décroissance conviviale publie le trimestriel L'Objecteur de croissance.

Articles• Vincent Liegey, "Un projet décroissant : "Faire payer le prix réel de ce qu’on consomme"",

Rue89, février 2013• Eric Dupin, "La décroissance, une idée qui chemine sous la récession", Le Monde

diplomatique, août 2009.• Timothée Duverger, "Ecologie et autogestion dans les années 1970. Discours croisés d'André

Gorz et de Cornelius Castoriadis", in Ecologie & Politique, n°46, Paris, Presses de Sciences Po, 2013/1.

• Dossier "Décroissance et socialisme", Pages de gauche, no 64, février 2008, [lire en ligne]• Dossier "Travailler moins pour vivre mieux", Courrier international, no 896, 3 janvier 2008, [lire

en ligne]• "La décroissance est-elle un remède", La Nef, no 187, novembre 2007• Dossier "Sens de la décroissance", Ecorev', no 26, printemps 2007, [lire en ligne]• Jean-Marie Harribey, "Les théories de la décroissance : enjeux et limites", Cahiers français,

Développement et environnement, no 337, mars-avril 2007, p. 20-26.32

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• (en) From limits to growth to degrowth within French green politics. Baris Gencer Baykan, Environmental Politics p. 8° 5887 (2007-06) vol.16:no 3, p. 513-517.

• Jacques Grinevald, "Histoire d'un mot. Sur l'origine historique de l'emploi du mot décroissance", Entropia, Parangon, no 1, automne 2006, p. 185-188.

• "Décroissance : penser la transition" in S!lence, no 336, juin 2006.• "Les objecteurs de croissance", Le Monde 2, no 110, 25-31 mars 2006, p. 18-25• "Décroissance : prise de conscience individuelle et démarche collective" in No pasarán, no 33,

octobre 2004.• Geneviève Azam, "Entre croissance et décroissance, réinventer le politique", Mouvements,

no 32, mars-avril 2004. [lire en ligne] [PDF]• "Objectif décroissance", collectif, revue S!lence.• "Défaire le développement, refaire le monde", numéro spécial, L'Écologiste no 6, Hiver 2001.

Filmographie• Consommer à en mourir : vivez, prospérez, consommez ! La crise du consumérisme (2010)

(Titre original : Shop 'Til You Drop, The Crisis of Consumerism) Film documentaire de Gene Brockhoff, Media Education Foundation (USA) et Radio Canada

• Prêt à jeter (2010).• La Fin de la pauvreté ? (2009) un film de Philippe Díaz avec la voix de Charles Berling, réalisé

par Cargo Films (Titre original : The End of Poverty)• Hommage à Nicholas Georgescu-Roegen avec Jacques Grinevald, un film documentaire de

Vincent Liegey, réalisé par Debora Blake, Paris, juin 2008. [présentation en ligne]• Pour mieux comprendre la Décroissance Politique : 10 entretiens filmés de Vincent Moreau

avec Vincent Liegey (2012) [présentation en ligne]• Simplicité volontaire et Décroissance, trois documentaires de Jean-Claude Decourt

(UTOPIMAGES 2007, 2009, 2010) [présentation en ligne]• Volem rien foutre al païs (2007) et Attention danger travail (2003), documentaires de Pierre

Carles, Christophe Coello et Stéphane Goxe• Les Glaneurs et la Glaneuse d'Agnès Varda (2000)• La Belle Verte (1996) de Coline Serreau• L'Île aux fleurs (1989) court-métrage de Jorge Furtado• L'An 01 (1973) une comédie de Jacques Doillon et Gébé

Dessin animé• Il était une fois... l'Homme d'Albert Barillé (1978) : Le dernier épisode de ce dessin animé,

intitulé Il était une fois… la Terre cherchait déjà à dénoncer à la fin des années 70, les conséquences néfastes d'une consommation à outrance pour l’environnement et l'humanité. Vingt ans plus tard, Albert Barillé refit une série télévisée d'animation de 26 épisodes à destination des enfants, nommée Il était une fois... notre Terre consacré au développement durable.

Articles connexes

Sur les autres projets Wikimedia :• Décroissance (économie), sur Wikiquote• Jacques Ellul• Bernard Charbonneau• Nicholas Georgescu-Roegen• Herman Daly• Bioéconomie, Système de garantie participatif• Simplicité volontaire• Après-développement, Ville en transition• Halte à la croissance ?• Développement économique, Croissance économique

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• Économie bouddhiste, Économie du bonheur• Anticonsommation• Effets du commerce international sur l'environnement• Bonheur national brut, Indice de développement humain,• Indicateur de progrès véritable• Technophobie, Courants anti-industriels• Écologisme, Écologie politique• Malthusianisme économique• Troc• Don (offrande)• Consommation collaborative

Liens externes• La Vie est à nous!/Le Sarkophage : journal des gauches antiproductrices et objectrices de

croissance.• decroissance.org : Institut d'études économiques et sociales pour la décroissance soutenable• decroissance.qc.ca : Mouvement québécois pour une décroissance conviviale (MQDC)• (en) Déclaration de la Conférence Internationale de Paris 2008• (en) 2nde Conférence Internationale sur la Décroissance. Barcelone 26-29 mars 2010

Notes et références1. ↑ Hommage d'Illich à Ellul en 1993 [archive]2. ↑ Michel Bosquet/André Gorz, Critique du capitalisme quotidien, Paris, Galilée, 19733. ↑ Notamment à partir de 1965, à travers son livre L'illusion politique4. ↑ en particulier Jean Zin : La question de la technique [archive]5. ↑ Le personnalisme, révolution immédiate, Journal du groupe de Bordeaux des amis d’Esprit ;

réédition in Cahiers Jacques Ellul n°1, décembre 2004, pp. 81-94.6. ↑ Bernard Charbonneau, L'État, édité en 1950 à compte d'auteur, publié en 1990 chez

Economica. Ellul exprimera plus tard ses sympathies pour l'anarchisme, en qui il verra "la forme la plus complète et la plus sérieuse du socialisme" (Anarchie et christianisme, 1988. 3e édition, La Table Ronde, 2008)

7. ↑ "La décroissance selon Jacques Ellul et Alain Charbonneau" [archive] sur la-cen.org8. ↑ Le personnalisme, révolution immédiate, op. cit.9. ↑ Jacques Ellul, La technique ou l'enjeu du siècle, 1954. 3e édition, Economica, 199010. ↑ Jacques Ellul, À temps et à contretemps. Entretiens avec Madeleine Garrigou-Lagrange, Le

centurion, 198111. ↑ Jacques Ellul, De la Révolution aux révoltes, 197212. ↑ Jacques Ellul, L'illusion politique, 196513. ↑ Review of Limits to Growth: The 30-Year Update, Chelsea Green, 3e édition (1er juin 2004),

(ISBN 978-1931498586)14. ↑ Patrick Piro, écrit dans un article intitulé "En finir avec la religion de la croissance" [archive],

Politis, 11 décembre 2003 : "Le Club [de Rome] se fait le héraut d’une "croissance zéro", afin de mettre un frein à la consommation effrénée de biens, énergie et ressources planétaires qu’engendre l'expansion économique."

15. ↑ Martin Parker, Valérie Fournier et Patrick Reedy, The Dictionary of Alternatives: Utopianism and Organization, Zed Books, 2007, p. 69.

16. ↑ "C'est sans doute Nicolas Georgescu-Roegen qui est le maître-penseur de la décroissance. C'est lui qui a incarné le mieux cette pensée radicale et a fourni une identification forte au mouvement de la décroissance" écrit Beat Bürgenmeier in Economie du développement durable, De Boeck, 2005, p. 21.

17. ↑ "Décoloniser notre imaginaire de croissance ? Ça urge !" [archive], sur le site de la commission économique et sociale des Verts, 7 avril 2004.

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18. ↑ Dans ses réflexions épistémologiques sur les rapports entre économie et sciences de la nature, Georgescu-Roegen (cf. La Science économique, première partie) met en évidence l'importance de cette notion d'économie de pensée développée à la du xixe siècle, et notamment dans son histoire de La Mécanique, par le philosophe des sciences autrichien Ernst Mach, suivi d'ailleurs sur ce point par Karl Pearson.

19. ↑ [PDF] Nicholas Georgescu-Roegen, La décroissance. Entropie - Écologie - Économie [archive], 1995.

20. ↑ (en) In ternat ional Energy Agency : WORLD ENERGY OUTLOOK 2009 FACTSHEET [archive] "Crude oil output reaches an undulating plateau of around 68-69 mb/d by 2020, but never regains its all time peak of 70 mb/d reached in 2006, ..."

21. ↑ Selon un rapport du Ministère français de l'industrie & de la Direction générale de l'énergie et des matières premières, intitulé "L'industrie pétrolière en 2004 [archive]", la production pétrolière aura atteint son pic de production et entrera en déclin à partir de 2013. Information relayée par la BBC : "'Peak oil' enters mainstream debate" [archive], 10 juin 2005.

22. ↑ "Besoins en énergie et ressources en uranium" [archive], discours de Dominique Maillard, directeur général de l'énergie et des matières premières (DGEMP), convention de la SFEN, 13 et 14 juin 2006.

23. ↑ "Uranium : l'abondance au rendez-vous" [archive] sur cea.fr.24. ↑ "Panorama minier 2000 : le charbon" [archive], Armand Coumoul, Claude Heinry.25. ↑ Voir l'article de The Inquirer : "Certains métaux se font rare et les prix grimpent [archive]"26. ↑ Veille OMNT, Les matériaux critiques dans les nouvelles technologies : enjeux et

perspectives, Eric Drezet, EcoInfo, CNRS, septembre 2011 [archive]27. ↑ Voir par exemple Dominique Belpomme, Ces maladies créées par l'homme : Comment la

dégradation de l'environnement met en péril notre santé, Albin Michel, 2004.28. ↑ (en) Global Footprint Network [archive], site de référence concernant l'empreinte écologique.29. ↑ La "dématérialisation de l'économie" (manicore.com [archive]) désigne le déplacement de

l'économie vers un secteur tertiaire qui utiliserait moins de ressources naturelles, et notamment moins d'énergie. Mais si l'"intensité énergétique de l'économie" baisse légèrement, on ne peut, selon les décroissants, en espérer trop : [1] [archive]

30. ↑ conférence du 22 mai 2008, à Paris Pic de pétrole et décroissance (5/6) [archive]31. ↑ Thomas Robert Malthus, Principes d'économie politique, 1820.32. ↑ Keynes déclarait ainsi ironiquement : "The government should pay people to dig holes in the

ground and then fill them up. [..] The point is it doesn't matter what they do as long as the government is creating jobs".

33. ↑ Ils écrivent de manière imagée que "si un pays rétribuait 10 % des gens pour détruire des biens, faire des trous dans les routes, endommager les véhicules, etc., et 10 % pour réparer, boucher les trous, etc., il aurait le même PIB qu'un pays où ces 20 % d'emplois (dont les effets sur le bien-être s'annulent) seraient consacrés à améliorer l'espérance de vie en bonne santé, les niveaux d'éducation et la participation aux activités culturelles et de loisir. Jean Gadrey et Florence Jany-Catrice, Les nouveaux indicateurs de richesse, La Découverte, 2005, p. 21.

34. ↑ Serge Latouche, L'invention de l'économie, 2005, Albin Michel35. ↑ Serge Latouche, Sortir de l'économie, Politis [archive]36. ↑ Reynald Evangelista, agronome et responsable développement durable au sein du groupe

Dagris, écrit dans les Cahiers d'études et de recherches francophones / Agricultures [archive], volume 15, Numéro 1, 123-7, Janvier-Février 2006 : "Les politiques productivistes, qui ont vu le jour avec l’ère industrielle à la fin du xixe siècle, ont connu leur pleine expansion, dans le monde occidental, à l’issue de la seconde guerre mondiale."

37. ↑ Selon un rapport du Fonds des Nations Unies pour la population sur l’État de la population mondiale en 2001, Les pays les plus riches du monde, avec 20 % de la population mondiale, représentent 86 % de la consommation privée tandis que les 20 % les plus pauvres n’en représentent que 1,3 %. Un enfant né aujourd’hui dans un pays industrialisé ajoutera plus à la consommation et à la pollution, tout au long de sa vie, que 30 à 50 enfants nés dans les pays en développement. sources : L’État de la population mondiale en 2001 [archive]

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38. ↑ Thèse développée par Jean-François Lyotard en 1979 puis par l'ensemble des philosophes "post-modernes", avant que ne soit consacrée celle de "la fin des idéologies"

39. ↑ Jacques Ellul, La technique ou l'enjeu du siècle, 1954. 3e édition, Économica, 200040. ↑ Voir en particulier le site de Technologos Marseille-Aix : " Sortie(s) de crise(s) " [archive]41. ↑ Ellul, ibid. p. 1342. ↑ D. Janicaud, La puissance du rationnel, Gallimard, 1985 ; B. de Jouvenel, La civilisation de

puissance, Fayard, 1976 et A. Gras, Fragilité de la puissance, Fayard, 200343. ↑ J.Grinevald, L'effet de serre et la civilisation thermo-industrielle 1896-1996, Revue

Européenne des Sciences Sociales, n.51, 1980, p.59-75. ; A. Gras, Le choix du feu- Aux origines de la crise climatique, Fayard, 2007

44. ↑ Philippe Bihouix, B. de Guillebon, Quel futur pour les métaux ?, EDP Sciences, 201045. ↑ (en) [PDF] Does Energy Efficiency Save Energy: The Implications of accepting the

Khazzoom-Brookes Postulate. [archive], sur le site www-dse.ec.unipi.it46. ↑ (en) Chapitre 3 du Second Rapport (Session 2005-2006) du Comité sur la Science et la

Technologie de la Chambre des Lords du Royaume-Uni : The Economics of Energy Efficiency [archive] consulté le 6 novembre 2012]

47. ↑ Dominique Lachenal, "Le papier, un matériau complexe" [archive], EFPG, 2004 (VI - L'industrie papetière mondiale, Croissance prévue jusqu'en 2015)

48. ↑ [PDF] Exemples en chiffres au Québec [archive], sur gouv.qc.ca49. ↑ Serge Latouche, Le pari de la décroissance, Fayard, 2006, p. 49.50. ↑ Institut d'Études Économiques et Sociales pour la Décroissance Soutenable [archive]51. ↑ J. Martinez-Alier, U. Pascual, F.D. Vivien and E. Zaccai, "Sustainable de-growth: Mapping

the context, criticisms and future prospects of an emergent paradigm", Ecological Economics, doi:10.1016/j.ecolecon.2010.04.017. Cet article compare des théories de Steady State Economics, comparables à la décroissance soutenable, avec celles de la décroissance française

52. ↑ decroissance.info - Création du Parti pour la décroissance [archive]53. ↑ - Historique du Parti pour la décroissance [archive]54. ↑ Etes-vous prêts à voter décroissant ? [archive]55. ↑ La position des Verts vis-à-vis de la décroissance peut être analysée à partir de la lecture de

cette page [archive]56. ↑ Face au défi écologique, trois révolutions sont nécessaires [archive], sur le site

alternativelibertaire.org57. ↑ Face au défi écologique, trois révolutions sont nécessaires [archive], acte du VIIIe congrès

d'Alternative libertaire, Agen, octobre 2006.58. ↑ Ainsi, Paul Ariès a dénoncé Alain de Benoist sur la base de son passé politique, ainsi que

sur l'anti-égalitarisme professé selon lui dans le livre (cf. "Demain la décroissance d'Alain de Benoist : un livre dangereux !" La Décroissance, février 2008)

59. ↑ Pour Bernard Langlois, "ce n'est pas parce que certains considèrent Benoist comme le diable que je me priverai de dire du bien de Demain la décroissance, un essai bien intéressant, notamment dans sa dimension philosophique." (Cf. "Les ponts du potomac", Politis, 30 avril 2008)

60. ↑ Cf. "La Décroissance est-elle réactionnaire ?" [archive], Revue du MAUSS, 10 avril 200861. ↑ Les références à Ghandi et plus généralement les réflexions sur la non-violence et

désobéissance civile sont omniprésentes lors des marches pour la décroissance, par exemple lors des Ateliers de la marche du Nord-Pas de Calais [archive] en 2006.

62. ↑ decroissance.info - En Avant Marches ! [archive]63. ↑ Marche pour la décroissance [archive]64. ↑ Serge Latouche, dans Politis le 9 janvier 2003, dans un article intitulé "Sortir de

l’économie" [archive]65. ↑ "Sortir de l'économie ça veut dire quoi ?" [archive]66. ↑ Qu'est-ce qu'une AMAP ? [archive]67. ↑ Denis Clerc, De l'état stationnaire à la décroissance, in L'Économie politique68. ↑ lexique d'éconoclaste, l'économie pour les nuls et les autres [archive]

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69. ↑ (en) William D. Sunderlin, Ideology, Social Theory, and the Environment, Rowman & Littlefield Publishers, 2002, p. 154-155.

70. ↑ malthusianisme économique : "Ce terme désigne l'attitude ou des pratiques reposant sur la réduction volontaire de la production.", Dictionnaire d'Économie et de sciences sociales, Hatier, p.490 ("Malthusianisme économique")

71. ↑ Brunel, 2008, p.13372. ↑ Brunel, 2008, p.134 et 136.73. ↑ Raymond Aron in Mémoires p.457 : "Jean Pouillon reprenait la thèse favorite de Jean-Paul

Sartre (note de bas de page : il l'avait emprunté à Alfred Sauvy sans bien comprendre la pensée de celui-ci.) : le malthusianisme des capitalistes français, leur refus de la croissance parce que celle-ci mettrait en péril leur pouvoir et leurs privilèges."

74. ↑ Solow, Robert M. 1986 “On the intergenerational allocation of natural resources.” Scandinavian Journal of Economics 88:141-9.

75. ↑ cité par Peter A. Victor - Bigger isn’t Better (2009)76. ↑ Bjorn Lomborg, L'écologiste sceptique, Cherche-midi, p.17877. ↑ Cette soi-disant prévision ne se trouve pas dans le rapport.78. ↑ Cécile Philippe, C'est trop tard pour la terre, 2006, Éditions Jean-Claude Lattès, p. 29.

(ISBN 2709629194).79. ↑ "Le monde n'est pas près de manquer de pétrole : Grand angle avec Daniel Yergin,

spécialiste américain de l'énergie", Les Échos, 14 novembre 2007.80. ↑ Jean-Luc Wingert, La Vie après le pétrole, pp. 49-51.81. ↑ BP Statistical Review, 2008.82. ↑ Claude Allègre, Ma vérité sur la planète, p. 144.83. ↑ Claude Allègre, op. cit., p. 145.84. ↑ "Les enjeux des nouveaux matériaux métalliques" [archive], Christian Hocquard, BRGM,

2005.85. ↑ Sylvie Brunel, A qui profite le développement durable, Larousse, 2008, p. 42.86. ↑ Sylvie Brunel, op. cit., p. 12.87. ↑ Serge latouche, Petit traité de la décroissance sereine, Éditions Mille et une nuits, p91 "Le

défi de la décroissance pour le Sud" : (Serge Latouche répète habituellement cette phrase "il faudrait être Fou ou économiste pour croire a une croissance infinie sur un monde fini") Paradoxalement, l'idée de décroissance est née en quelque sorte au Sud, et plus particulièrement en Afrique."

88. ↑ "…l’avènement de l’homme marque un palier entièrement original, d’une importance égale à ce que fut l’apparition de la vie, et que l’on peut définir comme l’établissement sur la planète, d’une sphère pensante, surimposée à la biosphère, la noosphère. En elle, l’immense effort de cérébralisation qui commença sur la terre juvénile va s’achever, en direction de l’organisation collective ou socialisation…" Pierre Teilhard de Chardin

89. ↑ Tempête sur les terres rares : l\'économie verte en danger [archive], sur le site pro-at.com du 10 octobre 2009 - consulté le 17 octobre 2012

90. ↑ Gestion des E-Déchets - Quand les ordinateurs de seconde main polluent l'atmosphère sénégalais [archive], sur le site balancingact-africa.com de juillet 2009 - consulté le 17 octobre 2012

91. ↑ Déchets, les recycleurs et les recyclés [archive], de février 2006 - consulté le 17 octobre 2012

92. ↑ "le programme de décroissance [...] tourne le dos au progrès", Claude Allègre, Ma vérité sur la planète, p.31. Il écrit ainsi à propos de la décroissance : "Or, c’est exactement le contraire qui est souhaitable pour développer l’écologie. Il faut en faire le moteur d’une croissance vigoureuse, un élément essentiel du progrès économique et social !".

93. ↑ Rapporté par le journaliste S. Kaufman, dans Le Monde du mardi 13 février 200794. ↑ Qu'est-ce que l'équation de Kaya ? [archive] sur manicore.com95. ↑ Article de Jean Zin dans EcoRev' "Entropie et décroissance [archive]", critiquant l'argument

entropique de Nicholas Georgescu-Roegen96. ↑ Jacques Ellul, Les nouveaux possédés, 1973. 2e édition, Les mille et une nuits, 2003, p. 316

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97. ↑ Jacques Ellul, La subversion du christianisme, 198498. ↑ Frédéric Rognon, Générations Ellul. Soixante héritiers de la pensée de Jacques Ellul, Labor

et Fides99. ↑ Dossier de Lutte Ouvrière contenant des textes sur la décroissance [archive]100.↑ Croissance, décroissance ou nouveau type de développement [archive], compte-rendu de la

Commission territoires - écologie - décentralisation du PCF.101.↑ Jean Zin, L'écologie politique à l'ère de l'information, Ere, 2006, p. 68-69.102.↑ Politis n° 1115, jeudi 26 août 2010103.↑ Claude Allègre écrit : "Aux objecteurs de croissance, Toute limitation de la croissance se fait

au détriment des pauvres ! C'est une vision de riches !" dans Le Monde le 8 novembre 2006104.↑ Biographie de Christian Blanc [archive], sur premier-ministre.gouv.fr105.↑ La face cachée de la décroissance par Cyril Di Méo [archive], sur le site alternatives-

economiques.fr - Alternatives Economiques n° 252 - novembre 2006 - consulté le 17 octobre 2012

106.↑ Blog de Cyril Di Méo [archive], sur le site cyril-dimeo.over-blog.com - consulté le 17 octobre 2012

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