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ESSAIS / RECHERCHES
Cultiver nos rues
Prises par lâassaut du modernisme et accaparĂ©es par les machines, nos ruessont parfois devenues des milieux hostiles oĂč il est dangereux de sortir des«âclousâ» ou des voies dĂ©diĂ©es. Câest le monde de la vitesse, oĂč lâon passesans vouloir sâarrĂȘter, sauf sous la contrainte des feux de circulation. Unmonde oĂč les voitures sâaccaparent la majeure partie de lâespace public,
par les chaussĂ©es, les rĂ©seaux techniques, les espaces de stationnement, oudes infrastructures qui segmententâŠ
Par SĂ©bastien Goelzer 6 JUILLET 2021
Certains citadins sây aventurent malgrĂ© tout, armĂ©s de
quelques outils, mais surtout pas mal de ténacité. Ils ont une
maniĂšre de lutter, en marchant, contre la dissolution de lâex-
périence urbaine. Contre cette expérience par écran interpo-
sĂ©, ou sur des sites propres et sursĂ©curisĂ©s, oĂč le nez nâest
plus en lâair, mais sur le smartphone.
Vers une agriculture urbaine de situation
Leurs armes sont des outils de jardinage. Jardiner la ville est
opportuniste par nature. Comme lâart peut ĂȘtre un sujet de
dérive situationniste
1
avec une agriculture urbaine de situa-
tion, le glaneur peut se faire flĂąneur et vice versa. Lâacte du
jardinage suscite la dĂ©rive urbaine, lâalĂ©atoire, lâinattendu, la
sérendipité
2
. Ce hasard heureux qui nécessite des espaces
pour se dĂ©ployer, ou de lâinteraction, tant avec les gens quâa-
vec la nature. Cette dérive se cultive. Henri Lefebvre, marqué
par les situationnistes, souligne le besoin de spontanéité et la
découverte de la quotidienneté comme lieu de combat. Pour
lui, la ville a un rÎle de médiatrice, entre le global et le priva-
tif.
Il sâagit de faire face Ă une variĂ©tĂ© de situations : lâĂȘtre hu-
main souhaite le calme et le bruit, ĂȘtre seul ou avec les
autres, ĂȘtre Ă la fois en ville et Ă la campagne. Il sâagit de rĂ©-
pondre à diverses volontés, sans niveler vers un milieu sans
saveur, trop fade, qui, finalement, ne conviendrait au goût
dâaucuns. Les situationnistes dĂ©fendent un urbanisme uni-
taire, crĂ©ateur dâespace social, permettant lâaventure : un es-
pace ouvert, sans rĂšglement. Lesquels nâont, de toute façon,
pas les moyens dâĂȘtre appliquĂ©s.
Sortir la nature de ses enclos
Jardiner nos rues est une maniĂšre de faire sortir la nature de
ces enclos que sont les jardins partagés, squares, parcs⊠et
passer Ă lâacte pour investir la rue, les places, ou plus large-
ment la ville. Par une action qui relie directement les indivi-
dus entre eux et Ă leur environnement. Une action qui per-
met de combiner la pratique avec la théorie, par des mo-
ments de partage de savoir-faire oĂč les diffĂ©rences culturelles
de langage sont reconfigurées en atout. Car au-delà de la bar-
riÚre du langage et des différences sociales, une connexion
physique sâĂ©tablit et donne lieu Ă une expĂ©rience collective
qui permet un changement de regard sur son quartier, un
changement de comportement.
Câest ce qui pourrait sâappeler «âmettre en communâ» (en
rĂ©fĂ©rence Ă lâanglais «âcommoningâ»). Ce concept ne peut
pas ĂȘtre mis en pratique sans un processus actif de rĂ©approp-
riation des habitants.
Cet acte est au cĆur dâun mouvement contradictoire, entre,
dâune part, ce que beaucoup considĂšrent comme un retour
ou une renaissance des communs et, dâautre part, un retour
des enclosures, lâaccĂ©lĂ©ration du phĂ©nomĂšne de privatisation
des espaces collectifs ou publics. Lâagriculture urbaine, dans
la foulée des jardins partagés, contribue fortement à une re-
découverte des communs, en permettant de transformer radi-
calement le paysage, pour en faire des espaces accessibles Ă
tous, producteurs de services communs, alimentaires entre
autres. Câest aussi de nouvelles maniĂšres de gĂ©rer le terri-
toire qui sont redĂ©couvertes et font lâobjet de multiples expĂ©-
riences dâimplications citoyennes. Car face au manque de
maĂźtrise de la collectivitĂ©, certains citoyens sâauto-organisent
alors pour impulser, faire pression ou mettre en place, avec
ou sans la participation de la ville.
Espaces de frictions et préfiguration
DiffĂ©rentes luttes locales et expĂ©riences sociales participent Ă
lâĂ©mergence des communs. Ce sont parfois des pratiques prĂ©-
figuratives, ou utopies concrĂštes. Un nouveau rĂ©cit dâĂ©manci-
pation, post croissance, qui peut fédérer les initiatives. Un
foisonnement, une ligne de fuite ou de contournement.
Certaines formes dâagriculture urbaine sont les hĂ©ritiĂšres des
luttes paysannes qui se sont développées au moyen ùge, par
la dynamique de réappropriation des terres.
En ville cette fois, elles sâinscrivent dans lâhistoire des mouve-
ments sociaux avec les diggers
3
ou indirectement et plus réc-
emment, avec les mouvements des places tels que OWS (Oc-
cupy Wall Street) ou Madrid â 15-M Puerta del sol
4
. La green
guerilla a ensuite pris la relÚve en tant que mouvement de ré-
cupĂ©ration dâespaces dĂ©laissĂ©s, soumis Ă la spĂ©culation immo-
2
biliÚre. Le jardinage de rue est une premiÚre expérience avec
les communs, ouvrant vers dâautres champs et vers la notion
de partage.
Reconquérir les rues, 10 ans aprÚs
Cela fait bientĂŽt dix annĂ©es quâa Ă©tĂ© Ă©crit lâouvrage «âRe-
conquérir les rues
5
â», par Nicolas Soulier. Ouvrage Ă charge
contre la stĂ©rilisation des rues et lâemprise consacrĂ©e Ă lâauto-
mobile. Des rues sans vie, cernées de hautes clÎtures, murs
aveugles, fenĂȘtres en forme de meurtriĂšres, matraquĂ©es Ă
coups de barreaux et dispositifs anti stationnement. RĂ©gies
par des rÚglements et normes contribuant à dénuer les es-
paces communs de toute vie par diverses interdictions. Inter-
diction de sécher son linge, de marcher sur la pelouse, de lais-
ser trainer des objets personnels partagés (tel que des jardi-
niĂšres devant chez soi). LâidĂ©e des «âfrontagesâ», autre-
ment dit les pas de porte, est de laisser se développer une
troisiĂšme catĂ©gorie dâespace, un «âentre-deuxâ» ni complĂš-
tement privatif, ni complĂštement public. Un peu des deux,
une interface, entre les deux sphĂšres, entre lâintime et le pub-
lic, entre lâintĂ©rieur et le dehors. Un espace qui ne soit pas
quâun lieu de circulation ou de stationnement. Il peut aussi
bien accueillir la vie du quartier que sa vie personnelle. Des
petits riens qui font beaucoup pour la vie de la rue, pour don-
ner envie dây flĂąner, dĂ©velopper le plaisir de la marche ou
juste se poser.
MalgrĂ© cela, aujourdâhui, les habitudes perdurent lors des
projets de requalification de lâespace public : goudron, ab-
sence de retrait entre le trottoir et la façade. Et quand ils
existent, ils nâinvitent pas Ă sây attarder, mais juste Ă passer,
dâun pas rapide, sans regarder. Ces dispositifs se concrĂ©t-
isent par une grille opaque et sĂ©curitaire, le panneau «âat-
tention chien mĂ©chantâ» et une haie peu champĂȘtre.
La création de Vergers urbains, pour créer des espaces com-
muns
La crĂ©ation de lâassociation Vergers Urbains. en 2012 est le
fruit de toute cette histoire, tous ces mouvements. Avec
comme idĂ©e principale ce souhait dâintervenir, partout oĂč ce-
la est possible pour développer des dynamiques collectives
autour du nourricier, du vĂ©gĂ©tal. Avec la crĂ©ation dâespaces
du troisiÚme type, situés entre le jardinage récréatif, et le ma-
raĂźchage (bio) intensif. Lâassociation intervient avec une pos-
ture de médiation entre les dynamiques informelles et les lo-
giques institutionnelles ou Ă©conomiques, entre revendica-
tions et approches consensuelles.
Car lâespace public est indispensable Ă lâĂ©mergence de la civi-
litĂ©, de lâurbanitĂ©, du vivre ensemble, Ă la formation dâune
conscience politique. Sâil a parfois perdu la capacitĂ© Ă gĂ©nĂ©r-
er du lien social, comme une zone qui appartient Ă tout le
monde et Ă personne Ă la fois il reste par nature un espace Ă
partager avec dâautres, une sorte de commun quâil faut gĂ©rer.
Il est donc aujourdâhui le terrain dâaction privilĂ©giĂ©e de lâasso-
ciation Vergers Urbains.
Place Moro Giaferi, Paris, dans le cadre de Végétalisons le 14e ©Sébastien Goelzer
Le projet des Fermiers Généreux
Le projet des Fermiers Généreux, en cours de développement
sur le Boulevard de La Chapelle, Ă lâinterface entre les 18
Ăšme
,
10
e
et 19
e
arrondissements de Paris, fait suite Ă un appel Ă
projets lancé par la ville dans le cadre de Parisculteurs
6
. Il est
le premier Ă ĂȘtre lancĂ© sur un espace public.
Cet espace public cumule divers enjeux, au cĆur de ce qui
doit devenir une promenade urbaine, située entre BarbÚs et
Stalingrad, sous les voies de la ligne 2 du métro, au-dessus du
faisceau ferrĂ© de la gare de lâEst et entre les 2 voies du boule-
vard de La Chapelle.
Projet Fermiers GĂ©nĂ©reuxâ, Boulevard La Chapelle.©Vergers Urbains
Lâenjeu pour lâassociation et ses partenaires est de faire de ce
lieu un espace inclusif et de définir le rÎle que peut jouer un
tel projet dâagriculture urbaine face aux tensions persistantes
qui se concentrent sur cet espace public, oĂč se percutent les
problématiques sociales, environnementales, politiques, pay-
sagĂšres et sĂ©curitaires. Câest lâoccasion dâexplorer et dâexpĂ©ri-
menter de nouvelles maniÚres de gérer les communs, de nou-
velles façons dâimpliquer les habitants Ă travers des activitĂ©s
tournées vers des cultures nourriciÚres. Le projet vise à créer
une sorte de tiers-lieu dĂ©diĂ© Ă lâagriculture urbaine, un es-
pace ressources, comportant entre autres la crĂ©ation dâune pĂ©-
piniĂšre de quartier, un espace de fabrication et une cuisine
partagée.
3
Site des Fermiers Généreux, Boulevard de la Chapelle. Paris Janvier 2020 ©SébastienGoelzer
Institutionnalisation versus spontanéité
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale lâagriculture urbaine peut permettre de
retrouver ce rapport Ă la rue, redonner sens Ă lâespace public,
ce que lâurbanisme moderne a supprimĂ©, rĂ©duit Ă un simple
lieu de circulation oĂč tout Ă©lĂ©ment perturbant ces flux est Ă©li-
minĂ©, par des Ă©lĂ©ments de canalisation : potelets, barriĂšresâŠ
Face à la stérilisation, les mauvaises herbes usent de formes
de rĂ©sistance dont pourraient bien sâinspirer les humains en
lutte pour leur droit Ă sâexprimer, Ă sâapproprier lâespace en
mettant Ă profit les ressources du lieu.
LâĂ©volution culturelle et rĂ©glementaire tarde Ă se mettre en
place, mais des outils se multiplient pour permettre ce type
dâusage : zones de rencontre, la rue aux enfants, les permis
de végétaliser. Le partage de la rue est remis en question, no-
tamment la place de la voiture, celle du piéton, et surtout
celle des riverains, qui habitent cette rue.
De nombreuses villes ont répondu à cette demande ci-
toyenne, en mettant en place des outils incitatifs inspirés du
permis de végétaliser lancé par la ville Paris. Vergers Ur-
bains a accompagné les premiÚres opérations de végétalisa-
tion participative Ă Paris, en mĂȘme temps que lâĂ©mergence
du mouvement des Incroyables comestibles
7
et un peu aprĂšs
les premiĂšres initiatives de guerilla gardening
8
.
Nous avons ainsi pu tĂ©moigner de lâĂ©volution des enjeux, des
projets, des ambitions, avec notamment le début des projets
de débitumage parisiens, comme une nouvelle perspective de
végétalisation permettant de rompre avec les projets hors
sol, aller plus en profondeur et gagner en pérennité.
Impasse Molin, Paris 18e, plantations suite à une opération de débitumage ©SébastienGoelzer
Le cas des «âgens de Cottinâ»
Les motivations pour la végétalisation sont diverses : amener
la nature en ville, créer du lien social, améliorer son cadre de
vie, ou gĂ©rer des conflits dâusagesâŠ
Le cas des «âGens de Cottinâ» est reprĂ©sentatif de ces di-
vers enjeux et constitue le premier projet accompagné par
Vergers Urbains. NĂ© en 2014, rue Jean Cottin, Ă Paris 18
e
, de
la volontĂ© dâhabitants isolĂ©s, dâembellir leur rue, tout en lut-
tant contre des dépÎts sauvages. Ce projet qui partait de la
volontĂ© de poser 3 bacs dans un recoin sâest vite transformĂ©
en 10 modules, comportant treilles, bancs, coffre à outils, ré-
serve dâeau, composteur, le tout construit lors dâun chantier
dâinsertion sociale et avec les habitants.
Chaque annĂ©e, avec lâappui de la mairie du 18
e
, le projet sâest
Ă©tendu avec lâimplantation de nouvelles jardiniĂšres (36
aujourdâhui), de systĂšmes de rĂ©cupĂ©ration dâeau⊠Le collectif
sâest Ă©largi, en se constituant en association, et porte de nom-
breux projets au sein du quartier. Ainsi, il a commencé par
organiser des fĂȘtes de quartier en fermant la rue Ă la circula-
tion et sâimplique dorĂ©navant dans lâorganisation de la
Bonne Tambouille à proximité, tous les premiers samedis du
mois, qui rassemble de nombreuses associations locales sur
les questions alimentaires.
Dâautres projets sont parfois moins inclusifs et visent princi-
palement à lutter contre les mésusages et à exclure par le vé-
gĂ©tal certaines populations ou Ă dĂ©caler loin des fenĂȘtres cer-
tains problĂšmes.
Depuis 2015, plus de 2500 permis de végétaliser ont été dépo-
sĂ©s. Une soixantaine de projets ont Ă©tĂ© accompagnĂ©s par lâas-
sociation, dont une trentaine dans le 18
e
arrondissement.
Rue Jean Cottin, Paris 18e. Par lâassociation Gens de Cottin ©SĂ©bastien Goelzer
Les intervenants sur la vĂ©gĂ©talisation de lâespace public de-
viennent multiples, chacun avec ses propres méthodes ou at-
tentes, parfois divergentes, quâil faut concilier ou accompag-
ner. Entre aspiration au sauvage et aspiration à la propreté,
entre dynamique collective et dynamique privative. Câest une
politique Ă double face, qui permet dâinciter les habitants Ă
se lancer, Ă investir lâespace public, tout en signifiant aux rĂ©f-
ractaires Ă lâadministration, Ă la technocratie quâil convient
quâils se conforment aux rĂšgles. Le permis de vĂ©gĂ©taliser a
parfois cassé la spontanéité qui prévalait, faite de bon sens et
de confiance.
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Rue Simplon, Paris, dans le cadre de Végétalisons notre 18e ©Sébastien Goelzer
Rue Didot, Paris, dans le cadre de Végétalisons le 14e ©Sébastien Goelzer
La question de la pérennité
Câest dorĂ©navant lâaccompagnement de ces projets qui est en
jeu : pour leur donner plus dâampleur, tout en confortant les
dynamiques collectives. Câest dans ce cadre que Vergers Ur-
bains est sollicitĂ©, pour accompagner la vĂ©gĂ©talisation de lâes-
pace public (pour les arrondissements parisiens), ou des es-
paces collectifs au sein du patrimoine des bailleurs sociaux.
Nous agissons en interface entre lâinstitution et lâhabitant, via
des activités de sensibilisation, mobilisation, co-conception,
chantiers participatifs ou par lâanimation dâateliers.
Rendez-vous de concertation de dans le cadre de la végétalisation de la rue des poisson-niers, Paris 18e ©Sébastien Goelzer
Il est judicieux de se demander si ces initiatives participent
toujours au dĂ©veloppement des communs urbains. Câest le
cas lorsquâils sont effectivement portĂ©s par un collectif dâac-
teurs ayant pour volonté de développer un espace commun.
La procĂ©dure du permis nâimpose pas et nâincite pas non
plus à un portage et une gestion commune, ni à une dé-
marche de co-construction. Cela peut aussi générer une tragé-
die du non-commun (Dardot et Laval). Certains y voient une
déliquescence du paysage, un appauvrissement esthétique de
lâespace public et appellent Ă une reprise en main par la ville,
face Ă ces initiatives qualifiĂ©es de «âbobosâ». La question
du beau et du bon goĂ»t met rarement tout le monde dâac-
cord. La pérennité est, en effet, la principale problématique.
Certains citoyens spectateurs, consommateurs de lâespace,
sâoffusquent parfois de ces initiatives dĂ©rangeantes, jugĂ©es
trop anarchiques, hors cadre, pour défendre un ordre social
prĂ©dĂ©fini comme seul lĂ©gitime, porteur dâun intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral
«âprĂ©mĂąchĂ©â».
Câest Ă la condition dâarriver Ă faire germer la dynamique du
Commun que les espaces végétalisés pourront incarner autre
chose que notre incapacité collective à prendre soin de ce qui
nous est proche.
L'AUTEUR
SĂ©bastien Goelzer
SĂ©bastien Goelzer est urbaniste indĂ©pendant, spĂ©cialisĂ© en permacultureurbaine, coâfondateur de lâassociation Vergers Urbains et du CollectifBabylone. Il est impliquĂ© dans de nombreux projets dâagriculture urbaineet dâurbanisme collaboratif.
POUR RĂFĂRENCER CET ARTICLE
Sébastien Goelzer, Cultiver nos rues, Openfield numéro 17, Juillet 2021
https://www.revue-openfield.net/2021/07/06/cultiver-nos-rues/