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Anthropologie socioculturelle, recherches de terrain etc. sur les jeux et jouets en rapport avec le monde animal
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1
2
Aux enfants sahariens et nord-africains
à mes enfants Tania, Ben, Ruben et Pia
à mes petits-enfants Linde, Camille, Ilona, Thilda, Oona et Alvin
Photo couverture :
Mulet et muletier en courgettes et branchettes
Aït Ighemour, Maroc, 1992, photo de l'auteur.
Couverture : Johnny Friberg
Avec 107 photos et autres illustrations
ISBN 91-974811-8-1
Publié sur le CD inclus dans Rossie, J-P. (2005). Toys, play, culture and
society. An anthropological approach with reference to North Africa and
the Sahara.
© 2005 Jean-Pierre Rossie
Toute reproduction, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce
soit faite sans le consentement écrit de l'auteur ou de l'éditeur est illicite
sauf pour l'usage strictement privé du copiste ou les analyses et les
courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration
SITREC
KTH
SE–10044 Stockholm
Téléphone : +46 (0)8 790 64 98
Internet : http://www.sitrec.kth.se
E-mail : [email protected]
3
Contenu du CD
Les 144 photos couleurs et autres illustrations originales du livre Toys,
play, culture and society. An anthropological approach with reference
to North Africa and the Sahara
Les volumes de la collection :
Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines
Poupées d’enfants et jeux de poupées, 2005, 344 p., 163 ill.
L’animal dans les jeux et jouets, 2005, 229 p., 107 ill.
Bibliographie commentée des jeux et jouets, 2005, 61 p.
Les volumes de la collection :
Saharan and North African Toy and Play Cultures
Children’s dolls and doll play, 2005, 328 p., 163 ill.
The animal world in play, games and toys, 2005, 219 p., 107 ill.
Commented bibliography on play, games and toys, 2005, 61 p.
4
Jean-Pierre Rossie est né en 1940 à Gent (Gand), Belgique. Après des
études d'assistant social, puis d'africaniste à l'Université d'Etat de Gand,
il obtint en 1973 le diplôme de docteur en histoire et philologie africaine
à la même université. Sa thèse en néerlandais portait sur le thème
“Enfance et Société. Le processus de socialisation en Afrique centrale
patrilinéaire”.
Suite à un séjour de recherches auprès des semi-nomades Ghrib du
Sahara tunisien, il se consacra, depuis 1975, aux recherches sur les jeux
et jouets sahariens et nord-africains.
En 1967, il fut proclamé lauréat de la Belgische Stichting Roeping -
Fondation Belge de la Vocation. Entre 1968 et 1978 il travailla auprès du
Nationaal Fonds voor Wetenschappelijk Onderzoek - Fonds National
pour la Recherche Scientifique, Bruxelles, qui a subventionné ses
recherches et publications jusqu'en 1992.
Entre 1980 et 1990, il était attaché comme assistant social et
anthropologue socioculturel aux services sociaux pour les immigrés,
spécialement les immigrés turcs et nord-africains, de la ville de Gand.
Un premier séjour de recherche dans le sud du Maroc en février 1992,
depuis lors suivi de séjours annuels dans ce pays, ont permis à l'auteur de
compléter, de vérifier et d'actualiser les données sur les jeux et jouets
marocains.
En 1993 il fut un des membres fondateurs de l'International Toy
Research Association (ITRA), de 1997 à 2001 il fut un membre du
Nordic Center for Research on Toys and Educational Media (NCFL), et
depuis sa création en mars 2002 il fait partie du Stockholm International
Toy Research Centre (SITREC).
Le 29 octobre 2004 la Lennart Ivarsson Scholarship Foundation lui a
attribué le BRIO Prize 2004.
5
Sommaire
Résumé 9
La collection : Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines 13
Préface de Theo van Leeuwen 15
Introduction 17
Description des populations 23
Les Touaregs 23
Les Ghrib 25
Les Maures 26
Les Sahraouis 27
Les Regeybat 28
Les Chaamba 29
Les Teda 29
Les Zaghawa 30
Les Belbala 31
Les habitants de la Vallée de la Saoura 32
Les Mozabites 33
Les Chaouia 33
Les populations des campagnes marocaines 34
Les citadins de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie 37
Remerciements 40
Carte de l'Afrique du Nord et du Sahara 43
Carte du Maroc 45
6
L'animal dans les jeux et jouets
des enfants sahariens et nord-africains 47
1 Les dromadaires 49
1.1 Résumé 49
1.2 Les dromadaires en pierre taillée 54
1.3 Les dromadaires de mandibules 59
1.4 Les dromadaires en bouse de dromadaire 63
1.5 Les dromadaires avec armature en matière végétale 64
1.6 Les dromadaires en bois 74
1.7 Les dromadaires en argile 77
1.8 Les dromadaires en fils électriques plastifiés ou en tôle 85
2 Les chevaux, mulets et ânes 87
2.1 Résumé 87
2.2 Les chevaux, mulets et ânes en argile 93
2.3 Les chevaux et mulets en bois 99
2.4 Les chevaux en plante fibreuse 102
2.5 Les mulets en pierre 103
2.6 Les mulets en courgettes et branchettes 104
2.7 Les mulets en folioles de palmier 105
3 Le gros et le petit bétail 107
4 Les autres animaux domestiques 115
5 Les animaux non-domestiques 121
Conclusions et perspectives 135
1 Synthèse 137
2 Aspects environnementaux et économiques 141
3 Aspects socioculturels 143
4 Analyse sémiotique sociale 155
7
4.1 Aspect matériel 156
4.2 Aspect technique 161
4.3 Aspects cognitifs et relationnels 163
5 Perspectives 171
Catalogue des animaux jouets
sahariens et nord-africains du Musée de l'Homme 175
1 Introduction 177
2 Les dromadaires 179
2.1 Les dromadaires en pierre taillée 179
2.2 Les dromadaires de mandibule 181
2.3 Les dromadaires avec une armature en matière végétale 183
2.4 Les dromadaires en bois 186
2.5 Les dromadaires en argile 189
2.6 Les dromadaires en fils électriques plastifiés 193
3 Les chevaux, mulets et ânes 193
3.1 Les chevaux, mulets et ânes en argile 193
3.2 Les chevaux et mulets en bois 197
4 Le gros et le petit bétail 198
5 Les autres animaux domestiques 200
6 Les animaux non-domestiques 201
Table des transcriptions 203
Table des illustrations 205
Bibliographie 213
Index auteurs 225
Index géographique et ethnique 227
8
9
Résumé
Ce livre propose une analyse globale du monde animal liéE aux jouets et
aux jeux des enfants sahariens et nord-africains. En premier lieu sont
traités les dromadaires jouets, puis les jouets figurant des animaux,
mulets et ânes, le grand et le petit bétail, les autres animaux domestiques
et les animaux non-domestiques. Chacun de ces chapitres est devancé
par un résumé mettant en lumière les caractéristiques des jouets et jeux
en question. Dans les 'Conclusions et Perspectives' une synthèse est
proposée ainsi qu'une discussion de certains aspects environnementaux,
économiques, sociaux et culturels. Puis une analyse sémiotique est
proposée. En guise de perspectives, je mentionne certaines possibilités
pour rendre utile cette culture ludique. Dans le catalogue une description
détaillée et systématisée des animaux jouets sahariens et nord-africains
de la collection du Musée de l'Homme utilisée pour l'analyse est donnée.
Pour leurs jeux et jouets se référant au monde animal, les enfants
sahariens et nord-africains utilisent aussi bien certains animaux comme
jouets vivants que des animaux jouets. Mais le corps de l'enfant peut déjà
suffire pour représenter un animal comme par exemple le dromadaire ou
le cheval. Comme animaux servant de jouet vivant mention est faite de
petits dromadaires, d'ânes, de mulets, de moutons, de dindons, de chats,
de souris de sable, de gerboises, de fennecs, de lézards, de salamandres,
de tortues, d'insectes et même de scorpions. Cependant je n'ai pas trouvé
trace de lapins ou de chiens comme jouets vivants, sauf un garçon ghrib
qui jouait avec un chien de berger en 1975.
Les animaux jouets figurent des dromadaires, chevaux, mulets, ânes,
vaches zébus, moutons, béliers, chèvres, chiens, chats, lapins, hérissons,
poules, gazelles, antilopes, autruches, oiseaux, rats, serpents, singes,
scorpions. Il n'est pas du tout étonnant que c'est surtout le dromadaire qui
est le plus souvent mis en scène. Tout comme Jan Bujak le constate en ce
qui concerne le cheval en Pologne où son importance économique et
culturelle se reflète dans le petit cheval et le 'lajkonik', deux jouets
polonais à caractère populaire, l'importance du dromadaire en Afrique du
Nord et au Sahara explique sa popularité dans les jeux des enfants de
cette région.
10
De l'ensemble des données et de mes propres observations en Tunisie
et au Maroc, il me semble que l'on puisse déduire que les jeux et jouets
en relation avec les animaux sont plus limités en ville qu'à la campagne.
Une affirmation qui s'expliquerait par la plus grande familiarité que les
enfants ruraux ont avec les animaux. Dans la majorité des cas ce sont des
garçons qui jouent des jeux en rapport avec les animaux ou les rapports
entre l'homme et l'animal. Selon toutes les informations qui sont à ma
disposition, ces jeux sont moins courant chez les filles. Mais même si
mes propres observations confirment cette constatation, il faut
néanmoins tenir compte du fait que les auteurs consultés sont souvent
des hommes, que le sexe des enfants n'est pas toujours spécifié et que la
plupart de mes informateurs sur ces jeux sont des garçons ou des
hommes. Chez les Touareg, garçons et filles jouent ensemble avec des
dromadaires jouets. Pour leur fabrication les garçons et les filles se
partagent alors les tâches.
Bien que trop rarement révélé dans les informations, les animaux
jouets décrits ici n'ont de sens que dans le contexte des jeux d'enfants. Le
plus souvent il s'agit de jeux collectifs et de plein air rassemblant des
enfants de la même famille ou du voisinage. Pour ces jeux les enfants
utilisent bon nombre d'autres jouets ou instruments de jeu.
De plus, la manière de communiquer avec les animaux domestiques et
tout le langage lié au monde animal y sont pratiqués.
Si certains des jeux analysés s'inspirent directement de la vie et du
comportement des animaux, beaucoup d'autres se réfèrent à leur
utilisation par les adultes. Les enfants jouent ainsi au campement
nomade, au berger, au méhariste, au cavalier, au muletier, au caravanier,
au chasseur, à l'éleveur, au laboureur. On remarquera qu'il est presque
uniquement question d'occupations masculines.
Le moins que l'on puisse dire, et cela en passant sous silence les
aspects psychologiques, pédagogiques et de socialisation, c'est que tout
un apprentissage de l'environnement physique, végétal et animal se
réalise à travers ces jeux.
Les jouets figurant des animaux peuvent être très simples et ne
nécessitent pas de travail. Une pierre devient une chèvre, un mouton, un
dromadaire. Un long roseau ou bâton devient un cheval. Les animaux
jouets restent, sauf exceptions rares, des représentations figuratives et
11
réalistes au niveau de l'aspect global et parfois aussi au niveau des
détails.
Presque tous ces animaux en miniature sont faits par les enfants
sahariens et nord-africains eux-mêmes. Ils utilisent pour cela beaucoup
de matériaux différents d'origine minérale, végétale et animale ou de
récupération. Rarement c'est un adulte qui fabrique des jouets, comme
dans le cas des servantes, artisanes et artisans maures ou des artisans de
Rabat et de Marrakech. Sauf quelques rares exceptions, aussi bien
anciennes que récentes, ces jouets sont fait localement. Cependant,
l'importation de jouets européens existe déjà depuis longtemps.
L'animal jouet le plus ancien est le bélier, en argile peint, d'avant
1889. Les autres animaux jouets de la collection du Musée de l'Homme
datent en grande partie des années 1930 à 1960. Les animaux jouets que
j'ai vus moi-même ont été faits en 1975 et 1977 en ce qui concerne les
Ghrib du Sahara tunisien ou observés au Maroc de 1992 à 2002.
12
13
La collection :
Cultures Ludiques
Sahariennes et Nord-Africaines
Engagé depuis 1975 d'abord dans la recherche sur les jeux et jouets, puis
dans des essais de pédagogie interculturelle basée sur le ludique et dans
des organisations internationales s'intéressant au développement de
l'enfant, j'ai eu l'idée de créer une collection que je voudrais dénommer
Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Des cultures ludiques
qui devraient, à juste titre, faire partie intégrante du patrimoine culturel
de l'humanité, tout comme les chefs d'œuvres de l'art et de l'architecture.
Une première tentative pour créer une collection pareille pour
l'International Council for Children’s Play fut soutenue par André
Michelet, à ce moment directeur du Centre d'Etudes Roland Houdon à
Saran, France, et résulta dans la publication par ce Centre de mon livre
Jeux et jouets sahariens et nord-africains : poupées - jeux de poupées en
1993. Comme le Centre d'Etudes Roland Houdon a arrêté ses activités de
publications peu de temps après, cette tentative s'est terminée
prématurément.
En 1999 le Nordic Center for Research on Toys and Educational
Media a publié sur son site web la première version HTML en français
et en anglais de Poupées d'enfants et jeux de poupées, et de la
Bibliographie commentée des jeux et jouets. Une version HTML
remaniée de ces livres ainsi que la première version HTML en français
et en anglais de L'animal dans les jeux et jouets furent publiées par le
Stockholm International Toy Research Centre sur son site web en 2003.
La rédaction du quatrième volume La vie domestique dans les jeux et
jouets est bien avancée. Deux autres volumes analysant les Jeux
d'adresse et Les techniques traditionnelles et modernes dans les jeux et
jouets sont prévus.
Une périodicité fixe n'est pas planifiée pour cette collection, mais afin
de rendre disponible l'information sur les jeux et jouets sahariens et
nord-africains aussi bien à ceux lisant le français qu'à ceux lisant
l'anglais, ainsi que pour stimuler l'échange d'informations et la
14
fécondation réciproque des idées et des actions entre le monde
anglophone et francophone, trop souvent séparés par des clivages
linguistiques, les ouvrages sont publiés en français et en anglais.
Pour des raisons financières les livres disponibles de la collection :
Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines et de la collection :
Saharan and North African Toy and Play Cultures sont publiés sur le
CD inclus dans Rossie, J-P. (2005). Toys, play, culture and society. An
anthropological approach with reference to North Africa and the
Sahara.
Les volumes de la collection :
Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines
Poupées d’enfants et jeux de poupées, 2005, 344 p., 163 ill.
L’animal dans les jeux et jouets, 2005, 229 p., 107 ill.
Bibliographie commentée des jeux et jouets, 2005, 61 p.
Les volumes de la collection :
Saharan and North African Toy and Play Cultures
Children’s dolls and doll play, 2005, 328 p., 163 ill.
The animal world in play, games and toys, 2005, 219 p., 107 ill.
Commented bibliography on play, games and toys, 2005, 61 p.
15
Préface de Theo van Leeuwen
J'ai rencontré Jean-Pierre Rossie pour la première fois lors d'un congrès
sur les jeux et jouets où il donnait une conférence sur les poupées
sahariennes et nord-africaines et je fus impressionné par la richesse de sa
collection de diapositives de jouets nord-africains et par la minutie
scientifique avec lequel il en parlait.
La recherche sur les jouets est un domaine assez nouveau. La plupart
des livres sur les jouets sont ou bien des beaux livres grand format en
édition luxueuse pour collectionneurs ou bien des pamphlets pour choisir
les meilleurs jouets au jardin d'enfants ou dans le préscolaire. Les rares
livres qui essaient d'offrir une base théorique à la recherche sur les jouets
n'offrent, probablement par nécessité, que des généralités et s'efforcent
d'englober tout le domaine. A Halmstad il y avait beaucoup de
communications sur le jeu, un domaine de recherche mieux établi, et
quelques textes critiquant le stéréotype sexuel dans les poupées ou les
jeux stimulant la violence, etc., mais en général peu de contributions se
basant sur une approche de culture matérielle des jeux et jouets.
Le travail de Jean-Pierre Rossie est différent. Il est entré dans ce
domaine comme anthropologue et d'année en année il a photographié
d'innombrables jouets sahariens et nord-africains. Il a bâtit une très large
documentation sur ces jouets et la manière dont on joue avec, créant
ainsi une documentation exceptionnellement détaillée sur ce qu'il appelle
les cultures ludiques sahariennes et nord-africaines. Ceci est
extrêmement valable en soi-même mais la valeur de ses études dépasse
cela. Ses recherches peuvent fournir de nouvelles idées et ouvrir des
portes à de nouvelles perspectives sur les jouets et le jeu, non seulement
dans la région concernée mais aussi en général.
Dans notre propre culture nous avons créé des frontières rigoureuses
entre le monde de l'enfance et celui de l'âge adulte, et entre les objets
matériels appartenant à chaque période. Dans les cultures dont Rossie
décrit les jouets, pareilles délimitations sont moins prononcées. Les
enfants jouent autant avec des jouets mais les jouets, et la manière dont
on joue avec, sont d'avantage liés au monde des adultes et aident à les
préparer aux rôles futurs de berger de dromadaires, de chasseur, de jeune
16
mariée, de jeune marié etc., plutôt que de confiner les enfants dans un
monde fantastique et de faire semblant.
Les jouets ne sont que rarement tout fait. Ils sont souvent créés par les
enfants eux-mêmes avec une étonnante variété de matériaux. Quand des
jouets tout fait sont néanmoins utilisés comme dans le cas de poupées
bon marché fabriquées en masse ces poupées sont complètement
transformées. En créant des jouets les enfants acquièrent de l'expérience
avec un grand nombre de matériaux et des manières de construire. En
faisant des animaux ils apprennent l'anatomie de ces animaux, et en
jouant avec eux ils s'initient aux tâches de les soigner, de travailler avec
eux, de les chasser, etc. De surcroît, ils construisent les significations
culturelles qui ont de l'importance dans leur monde en créant des jouets
qui représentent leur monde physique et culturel, plutôt que de les
consumer passivement comme c'est parfois le cas avec nos jouets
beaucoup trop sophistiqués ou avec la télévision.
Entre temps, ces enfants sahariens et nord-africains ne vivent
nullement dans un monde figé et Rossie décrit aussi l'histoire de leurs
jouets, d’une part basé sur sa grande familiarité avec la collection du
Musée de l'Homme et d’autre part sur sa propre expérience liée à des
recherches sur et dans ces régions depuis maintenant trente ans, une
expérience qui se poursuit annuellement avec des séjours de recherches
au Maroc.
En résumé, ce livre ressort de par la richesse unique de sa collection
d'exemples ainsi que sa documentation scientifique détaillée, et parce
qu'il peut devenir une source de valeur pour d'autres chercheurs
analysant les jouets ou plus généralement pour tous ceux qui s'intéressent
au rôle des jouets et des jeux dans l'enfance.
Theo van Leeuwen,
Professor of Language and Communication,
Centre for Language and Communication Research,
Cardiff University, Cardiff, Great Britain.
17
Introduction
18
19
Le livre que le lecteur a sous ses mains est le troisième volume d'une
série de publications sur les cultures ludiques des enfants sahariens et
nord-africains. Des cultures ludiques qui, contrairement à ce qui a été fait
par Charles Béart (1955) pour l'Afrique occidentale, Fritz Klepzig (1972)
pour les populations bantoues de l'Afrique subsaharienne et Eliseo
Andreu Cabrera (2004) pour la région méditerranéenne, n'ont pas été
répertoriées et analysées de manière systématique jusqu'à présent.
L'unique tentative dans l'aire géographique en question est à ma
connaissance celle de Paul Bellin intitulée “L'enfant saharien à travers
ses jeux” (1963).
Je suis cependant convaincu que cette tâche est des plus urgentes vu
les transformations spectaculaires dans lesquelles les sociétés de cette
région se sont engagées. Suite à des changements politiques,
économiques, sociaux et culturels, cet héritage, qui a participé à part
entière au façonnage de l'identité des individus et des groupes humains
en question, risque fortement de se perdre. Ceci pourrait se révéler
vraiment néfaste parce que, d'une part, la population saharienne et nord-
africaine est dans sa majorité constituée d'enfants et de jeunes et que,
d'autre part, le domaine des jeux et jouets représente une réelle mine d'or
pour le développement et la socialisation de cette jeunesse ainsi que pour
une pédagogie et une didactique scolaire adaptées, particulièrement
propagées par des instances internationales comme l'Unesco (voir
bibliographie : Groupe Consultatif...) ou la International Federation for
Parent Education (voir bibliographie), et parfois aussi par les autorités
nationales.
Dans un environnement où les animaux étaient, et le sont parfois
encore, à la base de la survie et du système économique des populations
sahariennes et nord-africaines, l’animal ne peut aussi que jouer un rôle
important dans le patrimoine ludique de ces régions. Dès lors les
rapports entre les enfants et les animaux se trouvent directement ou
indirectement reflétés dans les jeux et jouets, ainsi que l'interprétation
enfantine des rapports entre les adultes et les animaux.
A travers cette nouvelle étude sur les jeux et jouets sahariens et nord-
africains je crois qu'il sera une fois de plus possible de relever aussi bien
la diversité des cultures, basée sur les spécificités géographiques,
historiques et sociologiques, que l'universalité de la culture humaine
suite à une réponse fondamentale à des problèmes de vie semblables.
20
Exception faite pour les Ghrib et pour le Maroc, la période sur
laquelle s'étend l'analyse s'étale du début du vingtième siècle jusqu'à la
fin des années 1960.
Plus précisément et dans le contexte de cette étude, la référence
bibliographique la plus ancienne remonte à 1915, mais l'animal jouet le
plus ancien de la collection du Département d'Afrique Blanche et du
Proche Orient du Musée de l'Homme, un bélier en argile peint, date
d'avant 1889, ce qui en fait le jouet le plus ancien de la collection. Les
données les plus récentes proviennent, d'une part, de mes recherches en
1975 et 1977 chez les Ghrib du Sahara tunisien, qui vivaient à ce
moment leurs dernières années de semi-nomadisme, complétées, jusqu'à
ce jour, par des informations sur l'évolution de la culture ludique de cette
population qui me sont transmises par mon ami et collègue Gilbert J.M.
Claus, et d'autre part de mes recherches au Maroc, en cours depuis 1992,
qui apportent de nouvelles données sur la seconde moitié du vingtième
siècle. Il existe aussi un livre sur les jeux et jouets sahraouis publié en
1999.
Le présent utilisé à travers le texte se réfère donc toujours à l'époque
d'où proviennent les données et non pas nécessairement à celle
d'aujourd'hui.
D'une manière générale on peut dire que les jeux et les jouets décrits
appartiennent ou appartenaient à des enfants vivant dans des
communautés qui, bien qu'influencés par la vie moderne et
occidentalisée, se référaient encore à la tradition ancestrale surtout dans
le domaine enfantin et féminin ainsi que dans la sphère de la
socialisation et de la transmission intergénérationnelle des normes et
valeurs. Cela veut donc dire, si l'on fait abstraction des données
recueillies dans des grandes villes marocaines, qu'il ne sera pas question
des enfants vivant dans des centres urbanisés, industrialisés et/ou
occidentalisés. Si on prend l'Algérie comme exemple, les données se
réfèrent aux enfants peu ou pas scolarisés des communautés nomades,
semi-nomades ou agricoles mais on cherchera en vain, sauf exception
rarissime, des renseignements sur les enfants scolarisés d'Alger ou des
autres grandes villes algériennes.
21
Exception faite des villes marocaines, ce volume décrit donc les jeux
et jouets en rapport avec le monde animal des enfants et des
communautés faisant parties de sociétés plus ou moins traditionnelles
mais en voie de modernisation.
De plus, les informations rassemblées se réfèrent à des enfants entre
trois et treize ans, pour les garçons peut-être jusqu'à un âge un peu plus
avancé. Donc on cherchera en vain des données sur les tout petits. Les
raisons en sont multiples : il est difficile pour un chercheur masculin
d'entrer dans le monde intérieur et domestique des femmes dans lequel le
petit enfant grandit, jouer à l'extérieur est une activité des enfants déjà
plus grands, les petits qui ont besoin d'un jouet transforment souvent un
objet en un jouet représentatif là où fabriquer soi-même un jouet ne se
fait qu'à un âge plus avancé.
Quatre sources de données sont à la base de ce livre :
La collection de jouets sahariens et nord-africains conservée dans le
Département d'Afrique Blanche et du Proche Orient du Musée de
l'Homme à Paris, complétée par les renseignements contenus dans les
fiches signalétiques et par une analyse personnelle des jouets. Comme
cette collection est en voie d'être transférée à un musée qui ouvrira en
2006 il faut contacter le nouveau Musée du Quai Branly à Paris
(http://www.quaibranly.fr).
La bibliographie ethnographique, linguistique et autre traitant de l'aire
géographique donnée, que j'ai analysée dans une bibliographie
commentée.
Mes recherches de 1975 à 1977 sur les jeux et jouets des enfants
ghrib, complétées depuis lors par quelques renseignements fournis par
Gilbert J.M. Claus.
Mes recherches en cours depuis février 1992 sur les jeux et jouets au
Maroc, plus spécifiquement dans les zones rurales et les quartiers
populaires des villes.
Bien que les données bibliographiques ne proviennent pas toujours
d'investigations détaillées ou scientifiques et qu'elles sont parfois
accompagnées de commentaires ethnocentriques, je crois pouvoir dire
22
que le soin qui a été mis à l'analyse et à la confrontation critique des
sources est garant d'un degré élevé d'authenticité des informations.
Néanmoins, une remarque importante doit être faite ici. A cause de la
valeur inégale des données et surtout leur aspect incomplet et non
représentatif, on doit être très prudent pour lier l’information spécifique
mentionnée ici à des déductions générales ou des conclusions. Par
exemple, le fait qu’une activité ludique ou un jouet a été décrit
uniquement en relation avec des garçons d’une population ou d’une
région donnée, n’a aucune valeur pour conclure que ce sont uniquement
des garçons qui s’adonnent à ce jeu ou utilisent ce jouet. Les données
contenues dans ce livre, ainsi que dans le volume précédent sur les jeux
de poupées, ne sont nullement basées sur un échantillon représentatif des
enfants de n’importe quelle population. Par contre elles ont été obtenues
suite à des contacts fortuits et l’intérêt momentané pour le thème du jeu
et du jouet. Seulement quelques auteurs ont montré un intérêt réel pour
les jeux et les jouets des enfants sahariens et nord-africains, et seulement
une poignée de ceux-là ont effectué une recherche partielle ou plus
complète dans ce domaine. En rapport avec cette même distinction entre
filles et garçons, j’ai toujours essayé de savoir si un jeu ou un jouet est
particulier aux filles ou aux garçons ou aux deux sexes. Cependant, les
informations que j’ai obtenues furent toujours le résultat d’observations
et de discussions avec des enfants et des adultes spécifiques. Dès lors, les
renseignements que j’ai recueillis personnellement n’offrent qu’une vue
partielle des réalités passées et présentes.
Toutes les populations sur lesquelles j'ai pu trouver des
renseignements ont été incorporées dans l'étude. Il s'agit de différents
groupes de Touaregs, des Ghrib, des Maures, des Sahraouis, des
Regeybat, des Chaamba, des Teda, des Zaghawa, des Belbala, des
Mozabites et des Chaouia, des habitants de la Vallée de la Saoura, ainsi
que de quelques communautés algériennes et tunisiennes, et de plusieurs
communautés marocaines.
Jusqu'à présent j'ai utilisé le vocable Berbère pour désigner la culture
et la langue des populations nord-africaines et sahariennes qui vivaient
dans ces régions avant la venue des Arabes, y vivent encore et continuent
à parler leurs propres langues. Suite à la signification péjorative de ce
vocable, lié au mot barbare, les associations culturelles concernées
mettent en avant le vocable local Amazigh, un terme que j'utiliserai
23
dorénavant dans mes publications scientifiques. Néanmoins, je continue
à utiliser le vocable Arabo-Berbère pour les descendants de ces
populations ayant perdus leur langue d'origine et parlant arabe.
Dans le texte l'ordre de ces populations suit la séquence suivante :
d'abord sont présentées les données sur les populations nomades ou
semi-nomades du Sahara, suivies par les populations sédentaires du
Sahara et finalement les populations sédentaires de l'Afrique du Nord.
Les termes géographiques et ethniques mentionnés dans le texte
peuvent être localisés sur deux cartes, une carte de l'Afrique du Nord et
du Sahara et une carte du Maroc.
Comme les différents volumes de la collection Cultures Ludiques
Sahariennes et Nord-Africaines sont des publications séparées, il me
semble indiqué afin de situer les cultures ludiques dans leur contexte
géographique, économique, social et culturel de donner une description,
bien sûr très limitée, des populations en question. Cette description se
réfère à la même période que celle d'où proviennent les informations sur
les jeux et jouets. En plus, on trouvera des changements, d'un volume à
l'autre, dans la liste des populations dont les jeux et jouets d'enfants sont
décrits.
Description des populations
Les Touaregs
Si numériquement les Touaregs ne constituent nullement la population la
plus importante de la région en question, ils sont au moins la population
la mieux documentée et représentée dans la collection analysée.
Les Touaregs vivent sur un immense territoire saharien et sahélien
entre, au nord, Ghadames en Libye, au sud-est, Agadez au Niger, et au
sud-ouest, Mopti au Mali. Leur habitat présente un relief montagneux
variant entre 500 mètres et plus de 2000 mètres.
Les estimations, toujours approximatives, du nombre de Touaregs
varient de 250.000 à 300.000 (Camps, 1984: 8), environ 350.000 (La Vie
du Sahara, 1960), et environ 700.000 (Komorowski, 1975: 101), jusqu'à
moins d'un million (Bernus, 1983: 7). Dans l'exposition de 1994 sur les
24
Touaregs au Musée de l'Afrique Centrale à Tervuren en Belgique le
chiffre de 1.300.000 Touaregs est avancé, dont 750.000 au Niger,
400.000 au Mali et 60.000 en Algérie, en Libye et en Burkina Fasso. Les
Touaregs Kel Ahaggar ne seraient que 20.000, vivant sur un territoire
algérien presque aussi vaste que la France (Bernus, 1983: 7). En juillet
1999 la population du Mali a été estimée à 10.429.124 habitants dont 47
% d'enfants de moins de quinze ans et 10 % de Touaregs (E-Conflict™
World Encyclopedia).
Toutes ces sources s'accordent pour dire que jusque pendant le
premier tiers du vingtième siècle les Touaregs menaient une vie nomade
ou semi-nomade, dans ce dernier cas se transformant momentanément en
sédentaires dans les oasis.
Les Touaregs furent avant tout des éleveurs de dromadaires mais qui,
vers 1960, “vivent essentiellement de l'élevage des moutons, des chèvres
et des bœufs au Sud” (La Vie du Sahara, 1960: 7). Depuis les années
1950, la vie traditionnelle des Touaregs se perd de plus en plus. Ceci
d'abord à cause de l'influence de la colonisation française puis de
l'intégration dans cinq états indépendants différents et finalement suite à
l'extrême sécheresse au Sahel durant les années 1970 qui a eu des
conséquences dramatiques pour les Touaregs sahéliens (Leupen, 1978:
58. Claudot-Hawad, 1992: 222). Actuellement beaucoup de familles
vivent dans des maisons avec télévision et parabole.
Du point de vue ethnique et linguistique les Touaregs sont des
Amazighs amazighophones, bien qu'ils “ne constituent ni une 'race' ni
une 'nation'. Leur dénominateur commun se situe dans une culture, un
langage, des comportements semblables... ” (Bernus, 1983: 6).
Dans le cadre de l'analyse des jeux et jouets, il faut distinguer cinq
groupements de Touaregs :
Les Touaregs Kel Ahaggar : Massif de l'Ahaggar (Algérie);
Les Touaregs Kel Ajjer : Tassili N'Ajjer (Algérie), région de Ghât
(Libye);
Les Touaregs Kel Aïr : Massif de l'Aïr;
Les Touaregs Kel Iforas : Adrar des Iforas (Mali, Algérie);
Les Touaregs Ioullemeden : plaines sahéliennes de la Boucle du
Niger (Mali).
25
Les Ghrib
L'habitat des Ghrib s'étend de la limite méridionale du Chott l-Djerid, le
lac de sel du sud-tunisien, jusqu'à la frontière algérienne. Il s'agit d'un
territoire d'environ 6000 km² dans la frange septentrionale du Grand Erg
Oriental, un immense désert de sable. Le relief est assez plat, entrecoupé
ici et là de dunes de sable.
Les Ghrib sont évalués à environ 4400 en 1975. Entre-temps cette
population s'est accrue et comporte actuellement environ 7000
personnes. Ces données sur les Ghrib et celles qui suivent proviennent
des publications de Gilbert Claus ou d'informations qu'il m'a transmises.
Bien qu'il y ait parmi ces Ghrib arabophones des fractions qui
prétendent avoir comme ancêtres des Amazighs du Sud du Maroc, il y en
a d'autres qui se disent originaire du sud de l'Arabie ou du nord du
Yémen.
L'économie était depuis l'entre guerre et jusqu'à récemment, basée sur
le semi-nomadisme avec d'un côté l'élevage de dromadaires, pour lequel
ils étaient réellement renommés, de chèvres, de moutons et d'ânes, et
d'autre côté l'agriculture d'oasis.
Depuis les années 1970, la sédentarisation dans les oasis en bordure
du Chott l-Djerid a pris de plus en plus d'ampleur. De nos jours, les
Ghrib se sont pour ainsi dire complètement sédentarisés dans les oasis de
Ghidma, Hezwa, Redjem Matoug et surtout dans l'oasis d'El Faouar qui
est devenue un centre urbain important, chef-lieu d'une délégation. De
cette manière ils ont perdu tout de leur ancienne renommée d'éleveurs de
dromadaires, bien que l'intérêt pour cet élevage reprenne quelque peu,
suite à la promotion du tourisme saharien à El Faour où un hôtel de
transit fonctionne maintenant.
26
Les Maures
Dans le Sahara occidental vivent les Maures sur un territoire limité par
l'Atlantique à l'Ouest, l'actuelle frontière avec le Maroc au nord et une
frontière imaginaire allant du fleuve Sénégal par Néma à la boucle du
fleuve Niger au sud.
A partir de la côte le relief s'élève lentement pour atteindre les 350 m
au Plateau du Dhar où se situe Oualata. Une grande partie de la
Mauritanie est occupée par d'énormes dunes, depuis l'Atlantique en
direction du nord-est en passant juste au nord de Tidjikdja.
En 1960, les Maures étaient estimés à 600.000 dont 77 % de nomades
(La Vie du Sahara, p. XXIV; Belgisch Comité voor UNICEF, 1996: 57).
Il s'agit d'une population qui, contrairement au Touaregs fortement
éparpillés sur plusieurs états, a réussi à s'organiser en état : la République
Islamique de Mauritanie. En 1996 il y a 2.400.000 habitants en
Mauritanie dont 52 % vit dans les villes et seulement 12 % sont encore
des nomades ; un tiers de la population vit dans la capitale Nouakchott et
les bidonvilles avoisinants (informations de l'UNICEF). Avec 30 % les
Maures ne constituent qu'une partie de la population totale. 40 % sont
formés par des groupes mixtes d'origine maure ou provenant d'Afrique
Noire et les autres 30 % sont des descendants d'Africains noirs. De la
population mauritanienne estimée à 2.581.738 en juillet 1999, 47 % ont
moins de quinze ans (E-Conflict™ World Encyclopedia).
Du point de vue ethnique “on appelle Maures les Arabes mêlés aux
Berbères, ainsi que les Berbères fortement arabisés du Sahara du Sud-
Ouest et du Sahara ex-espagnol” (Komorowski, 1975: 103). Mais eux-
mêmes se désignent comme les 'Beïdane', les 'Blancs'. Du point de vue
linguistique les Maures parlent un arabe maghrébin.
Ces Maures sont, certainement pendant la période à laquelle réfèrent
les jeux et jouets des enfants de ce peuple, des pasteurs chameliers, des
caravaniers, des commerçants et, dans la zone sahélienne, des éleveurs
de bœufs. Certains d'entre eux sont plutôt sédentarisés dans des petites
villes. Un de ces centres urbains est Oualata, dans les années 1970 une
agglomération de 800 à 1000 habitants. C'était “un centre spirituel et une
ville de commerce au carrefour du Maroc, du Mali et du Sénégal... (Son)
isolement lui a valu aussi le maintien de ses traditions de spiritualité,
27
d'enseignement traditionnel qui remontent au VIIIème siècle” (Gabus,
1976: 7), ainsi que de son organisation sociale et domestique.
Comme chez les Touaregs et les Ghrib, le mode de vie des Maures est
depuis une quarantaine d'années, soumis à une pression croissante
d'adaptation à un état et une économie qui s'inscrivent dans le contexte
mondial. Actuellement, environ 60 % de la population vit de l'agriculture
et de l'élevage, et environ 40 % a trouvé une subsistance en ville dans le
secteur moderne ou informelle de l'économie (Belgisch Comité voor
UNICEF, 1996: 33).
Les Sahraouis
Les Sahraouis nomadisaient dans l'immense espace saharien qu'ils
appellent 'Trab el Bidan', la 'Terre des Blancs'. Cet espace s'étend du
fleuve Sénégal jusqu'au Oued Drâa qui longe les versants sud du Jbel
Bani et de l'Anti Atlas en passant près de la ville d'Assa dans le sud du
Maroc. Cette vaste région comprend la Mauritanie, le Sahara occidental,
une partie du Nord-Ouest du Mali et du Sud-Ouest de l'Algérie. La
langue des Sahraouis est une forme locale d'arabe appelée 'hassaniya'
(Pinto Cebrián, 1999: 9).
Tout comme chez les Touaregs, les Ghrib et les Maures un processus
de sédentarisation s'est développé chez les Sahraouis, dont l'ampleur
s'accentua à partir des années 1970.
Une partie du Trab el Bidan dénommée le Sahara occidental fut une
colonie espagnole de 1904 à 1975. Actuellement, et suivant la
terminologie employée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le
gouvernement marocain est la “puissance administrante du Sahara
occidental” (Rapport du Secrétaire Général sur la situation concernant le
Sahara occidental, 25 octobre 2000, S/2000/ 1029, 6 pages, p. 6, § 30,
(http://www.un.org/french/docs/sc/reports/2000/1029f.pdf - consulté le
11.01.2001). L'agence de presse Europe Medea mentionne comme
l'unique source valable sur la population du Sahara occidental le dernier
recensement espagnol de 1974. Selon celui-ci, qui n'a pas pu prendre en
compte l'ensemble des populations nomades, il y avait à ce moment
73.497 Sahraouis dans le territoire et 21.522 Européens et ressortissants
d'autres pays. La population actuelle est sans doute de l'ordre de 200.000
28
à 300.000 personnes (http://www.medea.be/fr/index250.htm, consulté le
11.01.2001). Sous le contrôle du Polisario, le Frente Popular para la
Liberación de la Seguia el Hamra y el Rio de Oro, quelques 200.000
Sahraouis habiteraient les camps de réfugiés de la région de Tindouf
dans le sud-ouest de l'Algérie (http://www.sahara.net/people.html -
consulté le 12.01.2001).
L'ancien système économique entièrement basé sur le nomadisme et le
commerce caravanier a été remplacé en grande partie par une économie
basée sur l'industrie de la pêche et l'exploitation de gisements de
phosphates et de fer (http://www.medea.be/fr/index250.htm, consulté le
11.01.2001).
Les Regeybat
Les Regeybat ou Regueibat se déplacent sur un vaste territoire dans le
Sahara nord-occidental de l'Atlantique à l'Erg Iguidi et d'Assa à la région
de Tiris, niant les frontières entre l'Algérie, le Maroc, la Mauritanie, et le
Sahara ex-espagnol.
Il s'agit d'une région peu élevée et peu accidentée très faiblement
peuplée. Ainsi le Sahara occidental, que les Regeybat dominaient
jusqu'au début du vingtième siècle, ne comptait que 60.000 habitants
vers 1970 (Grand Atlas du Continent Africain, 1973: 105). En juillet
1999 la population du Sahara occidental était estimée à 239.333
habitants (E-Conflict™ World Encyclopedia).
Les Regeybat sont des Arabo-Berbères qui “sont les plus proches,
linguistiquement et culturellement, des tribus arabes bédouines” (Camps,
1984: 9), parlant l'arabe tout comme les Maures.
Ces nomades sont des éleveurs de dromadaires, de chèvres et, où cela
est possible, de moutons. En plus, et jusqu'à une époque assez récente, ils
s'occupaient du commerce transsaharien, qui a depuis lors perdu presque
toute signification économique.
La décolonisation au début des 1970 du Sahara Espagnol et les
revendications des pays limitrophes ont créé un mouvement
indépendantiste, le Front Polisario. Il a été dit que les Regeybat jouent un
rôle de fer de lance dans les activités militaire. Cependant, peu semble
être connu sur la situation actuelle des Regeybat.
29
Les Chaamba
Les Chaamba, eux aussi nomades dans leur majeure partie, transhument
sur tout le Sahara algérien septentrional depuis El Oued, Ouargla et le
Grand Erg Oriental, en passant par El Golea et le Grand Erg Occidental
jusqu'à l'Erg er Raoui et même au-delà. Cette immense région désertique
aux puissants massifs de dunes est entrecoupée de plaines arides peu
accidentées.
Tout comme les Regeybat, les Chaamba arabophones sont des Arabo-
berbères dont l'origine démontre l'interpénétration des populations
amazighs autochtones avec des tribus arabes venues de la Péninsule
Arabe.
Au début des années 1950, la population totale approchait les 20.000
(Cabot Briggs, 1958: 111).
Les Chaamba trouvaient leurs moyens de subsistance, et les trouvent
parfois encore, dans l'élevage de dromadaires et de moutons. Ils étaient
des méharistes renommés qui se sont en partie intégrés dans l'armée
coloniale et celle de l'Algérie indépendante. Dans les oasis, ils s'occupent
aussi de jardinage et des palmeraies.
Aujourd'hui, ils descendent de leurs chameaux et montent dans les
poids-lourds qui circulent sur les pistes sahariennes (Komorowski, 1975:
107).
Les Teda
Les Teda, appelés Toubou par les Arabes et les Européens, vivent dans
un endroit aussi spécifique qu'isolé. Il s'agit du massif volcanique du
Tibesti au Nord-ouest du Tchad. Ce massif du Tibesti, qui a son point
culminant à 3350 mètres et une altitude moyenne entre 1000 et 1800
mètres, “s'élève tel un bastion au milieu d'une mer de sable”
(Lopatinsky, Les Teda du Tibesti: 9).
Contrairement aux autres populations qui sont des Amazighs ou
Arabo-berbères, les Teda forment ethniquement et linguistiquement un
groupe distinct qui s'apparente aux populations noires du Soudan.
Dans le massif du Tibesti, les Teda étaient en 1960 estimés à 20.000
personnes (La Vie du Sahara, p. XXIV), et probablement moins encore
30
car cette source incorpore des groupes de cultivateurs apparentés au
Teda du Tibesti. De la population totale du Tchad estimé à 7.557.436
d'habitants en juillet 1999, 44 % ont moins de quinze ans (E-Conflict™
World Encyclopedia). Le recensement de la population du Chad de 1993
donne 28.501 Teda (Ethnologue: Languages of the World).
Ces Teda sont restés très longtemps attachés à leur mode de vie et
avaient encore en 1980 “conservés des particularismes culturels qui sont
en accord avec les impératifs de leurs conditions de vie” (Bradily, 1980:
141). D'ailleurs l'influence maghrébine d'abord et française ensuite, avec
une occupation effective à partir de 1930 seulement, n'est restée faible
jusqu'en 1940.
Le semi-nomadisme fut le système socio-économique rendant possible
la survie des Teda. Une partie du groupe familial reste dans l'oasis, par
exemple à Bardaï, et s'occupe des jardins - vu comme un travail de
serviteurs - et des palmeraies, tandis que l'autre partie s'en va à la
recherche des prairies pour les chèvres, moutons, ânes et dromadaires et
fait en même temps le petit commerce caravanier (Lopatinsky, Les Teda
du Tibesti: 10, 15, 285, 288; Le Cœur, 1950: 198; Kronenberg, 1958: 3-
5).
“Traditionnellement la base de la nourriture est constituée par les
dattes et quelques céréales dont les unes sont cultivées, et les autres
sauvages” (Bradily, 1980: 141). L'importance des dattes pour les Teda se
révèle jusque dans la confection des poupées par les filles.
Les Zaghawa
Une population noire, appelée Zaghawa par les Arabes, mais qui
s'appelle elle-même les Beri, vit à cheval sur la frontière entre le Tchad
et le Soudan.
Il s'agit d'un territoire accidenté dont le centre est formé par les hauts
plateaux du Ennedi, qui délimitent au sud le Sahara. Toujours au-dessus
de 600 mètres, ce territoire s'élève jusqu'à 1450 mètres.
Dans cette région inhospitalière du Tchad vivaient vers 1975 environ
30.000 Zaghawa, et Iriba, lieu de résidence du sultan des Zaghawa, était
un centre de plus ou moins 3000 personnes (Tubiana, 1977: 99, 118).
Marie-José Tubiana (1964: 11-12) écrit :
31
Les Zaghawa, qui furent depuis longtemps soumis à l'influence de
l'Islam et de l'arabe, sont avant tout des pasteurs semi-nomades à
court rayon de déplacement tirant leurs ressources de l'élevage, de la
cueillette, de l'agriculture, de la chasse et aussi du commerce... Le
troupeau est la principale richesse du Zaghawa. Il en tire une partie
de sa nourriture, de ses vêtements et quelques-uns de ses ustensiles de
ménage. En échangeant ou en vendant des bêtes il se procure le
complément de mil nécessaire à son alimentation, du thé, du sucre,
des tissus. La richesse d'un homme, la puissance d'un chef sont
évaluées en têtes de bétail... Vaches et taureaux occupent la première
place... Les Zaghawa élèvent également des chameaux comme bête de
somme, des moutons et des chèvres. Les chevaux sont les montures
des chefs et des notables ; les ânes sont laissés aux femmes et aux
forgerons.
Les Belbala
Jusqu'à présent les populations décrites sont, ou du moins étaient, des
nomades ou semi-nomades. Par contre, les Belbala sont, bien que vivant
dans le Sahara nord-occidental, la première communauté sédentarisée à
l'oasis de Tabelbala, mais vivant en contact direct avec les Chaamba.
Tabelbala, située à une hauteur de 500 mètres, est une petite palmeraie
très isolée qui se trouve au pied de l'Erg er Raoui, entre cette zone de
dunes, et une petite chaîne montagneuse d'environ 700 mètres de
hauteur.
Les Belbala forment une population sédentaire d'environ 1600
personnes vers 1960, parlant une langue tout à fait particulière,
incomprise des autres sahariens sédentaires ou nomades. Une langue
d'origine négro-africaine avec des apports amazighs et arabes.
Dominique Champault, dont l'ouvrage Une oasis du Sahara nord-
occidental : Tabelbala est la source d'information primordiale en ce qui
concerne les Belbala, écrit que les habitants de Tabelbala ont survécu
grâce à une économie d'oasis avec palmeraies, jardinage et élevage de
chèvres, ânes, quelques moutons et quelques dromadaires
qu'entretiennent des Chaamba. De plus, et jusqu'au début du vingtième
32
siècle, Tabelbala était un lieu de séjour et d'approvisionnement du trafic
caravanier venant du Maroc.
Mais l'avenir de ce trafic caravanier et celui de l'oasis de Tabelbala
furent en 1969 décrits comme suit par cet auteur : “Que Tabelbala soit
peut-être né du transport chamelier, qu'il en ait vécu pendant de
nombreux siècles, c'est en même temps apercevoir qu'il ne peut
longuement lui survivre” (p. 447).
Les habitants de la Vallée de la Saoura
D'autres sédentaires sahariens sont les habitants des oasis de la Vallée de
la Saoura, une population sur laquelle je n'ai trouvé que très peu de
données.
La Saoura délimite le désert pierreux qui s'étend vers l'ouest, des
dunes de sables de l'Erg qui s'étendent à l'est et au sud. Cette rivière qui
prend source dans l'Atlas saharien, coule en direction nord-sud et s'enlise
après quelques centaines de kilomètres dans le désert. Elle transporte
parfois en hiver une quantité considérable d'eau.
La Vallée de la Saoura a toujours été une très importante route de
communication et de commerce trans-saharien. Dans le lit de l'Oued
Saoura se trouvent des jardins et des palmeraies, avec environ 8000
palmiers à Beni Abbes en 1944. A ce moment là, environ 5000
personnes vivaient dans cette agglomération (Naval Intelligence
Division, 1943: I 66-67, II 61).
Selon Dominique Champault la situation alimentaire était plus
tragique dans les petites oasis de la Vallée de la Saoura qu'à Tabelbala,
bien que jusque dans les années 1950 il y ait eu des petites caravanes
assez régulières dans la Vallée de la Saoura (1969: 176, 269).
33
Les Mozabites
Les Mozabites, des musulmans appartenant à une secte puritaine non
orthodoxe, se sont réfugiés au cours du XIe siècle dans la région
saharienne de l'Oued Mzab. Là ils fondèrent cinq villes fortes, Ghardaïa
étant la plus importante, et au XVIIe siècle encore deux autres villes. Le
relief est celui d’un haut plateau, situé à une altitude moyenne de 700
mètres, avec des vallées souvent larges et profondes (Naval Intelligence,
1943-1944: 69).
Le nombre de ces citadins d’oasis fut évalué vers 1950 à environ
50.000 personnes. Actuellement il y en aurait environ 200.000 (Camps,
1984: 8). Leur langue appartient à la grande famille des parlers berbères.
Zygmunt Komorowski décrit ainsi l’économie mozabite : “Depuis des
siècles ils s’enrichissaient sur le commerce transsaharien. Aujourd’hui,
ils tiennent une grande partie du petit commerce en Algérie et leur
diaspora atteint même l’Amérique” (1975: 107).
Bien que la population mozabite s’est, suite à son particularisme
religieux, volontairement isolée, elle a su tirer profit de l’insertion dans
un état moderne et dans une économie coloniale et post-coloniale.
Les Chaouia
L'Aurès, le territoire des Chaouia, est un massif montagneux
impressionnant d'environ 11.000 km2 situé entre les Hauts-plateaux du
nord-est algérien et le Sahara. Les Chaouia, 'bergers' en arabe, sont des
Amazighs parlant une langue amazighe. Ethnologue: Languages of the
World mentionne 1.400.000 Chaouia pour 1993.
Vers les années 1940, ils vivaient encore largement selon les modes de
vie ancestraux et restaient “des montagnards peu influencés par ce qu'ils
ont vu en ville. Ils gardent une ancienne organisation tribale” (Catalogue
des Collections de l'Aurès, 1943: 4).
En 1938 et selon Thérèse Rivière, les Chaouia du Nord de l'Aurès sont
sédentarisés dans des vallées fertiles où la culture intensive dans des
jardins et palmeraies est possible. Les Chaouia du Sud, au contraire, sont
34
“des semi-nomades pasteurs de chèvres et de moutons, cultivateurs de
blé et d'orge qui vivent à peu près en économie fermée”. Ces semi-
nomades hivernent au Sahara et estivent dans l'Aurès (p. 294).
A ce moment, la densité de la population atteignit dans le nord de
l'Aurès 5 à 25 habitants par km², cinq fois plus que dans le sud de
l'Aurès, et la population Chaouia tout entière devait se chiffrer dans les
quelques dizaines de milliers.
La situation actuelle en Aurès est décrite par Danielle Jemma-Gouzon
(1989: 7-8; voir aussi Ballais, 1989) :
Puis vient le temps de rompre l'isolement et, avec lui, celui de la
tentation de l'ailleurs. Les temps présents. Au fond des vallées, les
terres se vident. Les hommes partent. Dans les villages, seuls
demeurent les vieillards, les femmes et les enfants. Les gestes
s'érodent, comme les maisons de terre, en perte de sens et de
symboles. Le Temps a pénétré les montagnes de l'Aurès et, avec lui,
l'Histoire. La famille s'ouvre aussi mais se fragmente, satisfaite d'une
économie moins précaire mais moins communautaire. Aspirations
nouvelles. Modèles nouveaux.
Les populations des campagnes marocaines
Mes recherches au Maroc en cours depuis février 1992 m'ont permis
d'obtenir de nouvelles données sur les jeux et jouets des enfants de
certaines communautés arabo-berbères ou amazighes vivant dans des
villages ou petites villes des régions rurales du Maroc. Il s'agit de la
population Aït Ouirra (Moyen Atlas), des petites villes Imouzzer-Kandar
(Moyen Atlas), Goulmima, Tinerhir et Zagora (Pré-Sahara marocain),
ainsi que des villages Zhana (Kénitra), Aïn Cheggag (Fès), Ksar Assaka
(Midelt), Meski (Errachidia), Aït Ighemour (Haut Atlas), et Ignern (Haut
Atlas).
Les Aït Ouirra, une population amazighophone, vivent dans la région
d'El Ksiba, un centre administratif situé à 1130 m d'altitude dans le
Moyen Atlas. Leur territoire s'étend sur environ 600 km². Selon le
recensement de 1971 la population était de 24.019 personnes. Le mode
de vie des Aït Ouirra est le semi-nomadisme et leur vie est partagée entre
35
la montagne et la plaine. L'élevage de chèvres et de moutons occupe la
première place, mais ils cultivent aussi le blé, l'orge et le maïs. Les
données sur les Aït Ouirra et leurs jeux et jouets proviennent de la thèse
de Lahcen Oubahammou (1987).
La petite ville d'Imouzzer-Kandar est aussi située dans le Moyen Atlas
à une altitude de 1350 m, sur la route de Fès à Ifrane. Ce centre régional
avec environ 50.000 habitants voit en été sa population s'agrandir
fortement par des touristes marocains fuyant les grandes chaleurs. C'était
une ville amazighophone où l'on parle maintenant beaucoup plus l'arabe
maghrébin que l'amazigh, surtout parmi les jeunes générations.
La petite ville de Goulmima se trouve en bordure du Pré-Sahara
marocain et du versant est du Haut Atlas, sur la route de Ouarzazate à
Errachidia. Ce centre urbain amazighophone avec son grand ksar ou
ancien village fortifié, et son importante oasis n'est que très peu touché
par les circuits touristiques.
On ne peut dire la même chose de Tinerhir, à 80 km de Goulmima, sur
la route de Ouarzazate à Erfoud, à cause de la proximité des Gorges du
Todra, creusées par l'oued du même nom, et un des hauts lieux du
tourisme marocain. Tinerhir est un centre régional avec une population
amazighophone de plus ou moins 15.000 personnes.
Zagora, la dernière ville avant le Sahara marocain, se trouve sur l'oued
Dra qui s'enlise plus loin dans le sable et n'atteint l'océan que très
exceptionnellement. Comme Goulmima et Tinerhir, Zagora possède une
importante oasis et ses habitants parlent l'arabe maghrébin.
Avec ses plus ou moins 20.000 habitants, Aïn Cheggag est un grand
village urbanisé à 20 km de Fès. Par contre, Zhana, à 10 km de Kénitra,
n'est qu'un petit village. Le village de Meski, près de la très touristique
Source Bleue de Meski, se situe en bordure d'une assez grande oasis et
est un centre rural d'une certaine importance. Il se trouve à 20 km
d'Errachidia en bordure du Pré-Sahara marocain. On parle l'arabe
maghrébin aussi bien à Aïn Cheggag, à Zhana, qu'à Meski.
Par contre à Aït Ighemour, un tout petit village du Haut Atlas bien
traditionnel, pour autant que l'on puisse encore utiliser cette expression,
les gens parlent l'amazigh. Ce village, d'une centaine de familles, se
trouve dans la province de Ouarzazate à la fin d'une piste partant du
village Anezal sur la route de Tazenakht à Amerzgane. On y arrive en
grimpant cette piste de 38 km jusqu'à une hauteur de 2600 m. Aït
36
Ighemour est situé à 8 km de la montagne Jbel Siroua. L'agriculture n'y
est possible que dans les jardins en bordure du petit oued où l'eau coule
toute l'année.
Ignern et Ksar Assaka sont deux autres petits villages amazighs.
Ignern se situe à 1600 m d'altitude sur la route de Taroudannt à
Tazenakht et près de Taliouine. Ce village se trouve aussi au pied de la
montagne Jbel Siroua mais est bien moins isolé qu'Aït Ighemour. Il est
aussi un des très rares villages où l'on cultive les fleurs qui donnent le
safran.
Ksar Assaka est un village d'environ 50 familles seulement, et se
trouve à 4 km de Midelt, une petite ville située à une altitude de 1500 m
au pied de la montagne Jbel Ayachi, sur la route d'Errachidia à Meknès.
L'influence de la ville se fait sentir de plus en plus et bon nombre des
habitants ont déjà quitté le village pour aller habiter à Midelt.
Dans les villages, la population vit surtout de l'agriculture, souvent
encore suivant les méthodes séculaires, de la production des oliviers,
arganiers, pommiers et autres arbres fruitiers, de l'élevage du grand ou
petit bétail, bétail d'ailleurs souvent gardé par les filles ou les garçons.
En ville, l'artisanat, le commerce, le transport, le fonctionnariat créent
des ressources supplémentaires provoquant ainsi une plus ou moins forte
désertion des campagnes. Là où en 1960 la population rurale représentait
encore 71 % de la population totale du Maroc, elle ne compte
actuellement qu’environ 50 % de cette population.
De plus, la modernisation ne passe pas à côté des villes rurales et des
villages marocains comme c'est certainement le cas dans toute l'Afrique
du Nord ainsi que dans le Sahara. Après l'engouement pour les
paraboles, le téléphone mobile est en train de conquérir le monde rural et
surtout les jeunes hommes et les jeunes femmes. Ainsi fin 1999 le
téléphone mobile devenait le dernier cri et un objet de prestige dans la
petite ville de Midelt au Maroc central et dans le courant de l'année
2000, le téléphone mobile s'infiltrait déjà dans le petit village de Ksar
Assaka près de Midelt. Début 2002 on peut utiliser dans les villes
marocaines, même les toutes petites, l’Internet dans des magasins très
fréquentés par les adolescents et les jeunes adultes. Dans la petite ville
côtière Sidi Ifni, j’ai même vu des enfants de six à dix ans faire des
puzzles et des dessins sur l'ordinateur.
37
Parfois, j'ai mentionné une tribu ou un groupe ethnique auquel
appartiennent les enfants. Cependant, l'importance du groupe ethnique a
beaucoup diminuée dans un contexte urbain ainsi que dans les grands
villages.
Les citadins de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie
Des communautés non-ethniques ou multiethniques vivent dans les
grandes, petites et parfois très petites villes côtières ou non loin de la
côte du Maroc et de l'Algérie. Dans le cadre de l'analyse présentée dans
ce livre, se trouvent aussi mentionnées quelques agglomérations urbaines
à l'intérieur de ces pays et qui représentent une situation démographique
analogue. Ces agglomérations sont, sauf exceptions rarissimes, situées
dans les plaines côtières ou peu élevées de l'intérieur.
En juillet 1999, la population de l'Algérie fut estimée à 31.133.486
d'habitants dont 37 % d'enfants de moins de quinze ans, celle du Maroc à
29.661.636 d'habitants dont 36 % d'enfants de moins de quinze ans et
celle de la Tunisie à 9.513.603 d'habitants dont 31 % d'enfants de moins
de quinze ans (E-Conflict™ World Encyclopedia).
La population citadine vit, dans sa grande majorité et en ce qui
concerne la période couverte par ce livre, de l'artisanat, du commerce, du
fonctionnariat et de l'exécution d'autres services.
Fès, Marrakech et Rabat, où j'ai pu recueillir récemment des données,
sont aujourd'hui des villes de plus de 500.000 habitants. Khourigba est
une ville minière du phosphate.
Ce sont des villes aux visages multiples où l'on remarque aussi bien un
comportement très européen, un comportement vraiment traditionnel et
un comportement strictement islamique. Cela se voit plus
particulièrement au niveau de la population féminine : comme dans les
rues, le port du voile côtoie celui de la minijupe.
Les renseignements sur l'animal dans les jeux et jouets obtenus dans
ces villes proviennent de couches sociales populaires et moyennes.
La langue utilisée dans tous ces centres est une forme locale de l'arabe
maghrébin. Du point de vue ethnique, ces populations sont constituées
en majeure partie d'Amazighs arabisés de longue date ou depuis peu.
38
Gabriel Camps (1984: 9) écrit à ce sujet:
En fait, dans la société musulmane nord-africaine et saharienne, il
existe des maghrébins arabophones ou arabo-berbères et des
maghrébins berbérophones qui conservent le nom de Berbères que les
Arabes leur donnèrent. Parmi les Arabo-berbères, qui ne constituent
pas plus une entité sociologique que les Berbères, on distingue un
groupe ancien, citadin, aux origines souvent très mêlées, car il faut
tenir compte dans les villes des apports antérieurs à l'Islam, des
réfugiés musulmans d'Espagne (Andalous) et des nouveaux venus
généralement confondus sous le nom de Turcs, bien qu'ils fussent,
pour la plupart, des Balkaniques et des Grecs de l'Archipel.
Avant de clore cet aperçu des différents groupes socioculturels dont les
jeux et jouets liés au monde animal figurent plus loin, reprenons encore
une fois cette distinction entre maghrébins amazighophones et
maghrébins arabophones et examinons ce qu'en dit Nefissa Zerdoumi
dans son livre remarquable Enfants d'hier. L'éducation de l'enfant en
milieu traditionnel algérien (1970, 2e édition 1982: 35-36)
Pendant des siècles, la famille algérienne musulmane, malgré une
histoire mouvementée, est demeurée immuable, non pas qu'elle ait
bénéficié d'une protection religieuse ou législative particulière, mais
parce que, ayant adopté une structure défensive, elle se trouvait à
l'écart des causes susceptibles de provoquer son évolution. Elle
portait en elle des éléments statiques, absorbant ou neutralisant les
influences successives et contradictoires du cadre politico-social. Ces
influences ont tracé des zones culturelles relativement dissemblables.
Dans les massifs montagneux (Kabylie, Aurès), les parlers et les traits
coutumiers berbères se sont maintenus dans leur originalité. On y
observe une certaine indépendance à l'égard de l'Islam, notamment
dans le système juridique, un amour jaloux de la terre et de ses fruits,
un goût prononcé pour le travail lucratif individuel, une structure
sociale à tendance démocratique. En face, le pays arabe, celui des
steppes aux larges dimensions ou des plaines allongées, a conservé,
dans ses campagnes comme dans ses centres urbains, les caractères
liés à la civilisation pastorale, plus ouverte, plus classiquement
39
islamique mais moins attachée à la parcelle de terre qu'à la solidarité
tribale ou familiale. Entre ces deux systèmes, qui hors des villes
apparaissent distincts, il y a des interpénétrations nombreuses qui en
font une société aux aspects variés mais au fond commun tissé du fil
semblable des cellules familiales.
Dans ce livre je propose au lecteur une analyse globale des jeux et jouets
en rapport avec le monde animal des enfants sahariens et nord-africains.
En premier lieu sont traités les jeux et jouets en rapport avec les
dromadaires, puis avec les chevaux, mulets et ânes, avec le gros et le
petit bétail, avec les autres animaux domestiques et finalement avec les
animaux non-domestiques. Dans la section 'Conclusions et Perspectives'
une synthèse est proposée ainsi qu'une discussion de certains aspects
environnementaux, économiques, socioculturels et de sémiotique sociale,
suivis par quelques perspectives. Enfin le lecteur trouvera, sous forme de
catalogue, une description détaillée et systématisée des animaux jouets
sahariens et nord-africains de la collection du Musée de l'Homme utilisée
pour l'analyse.
La transcription des mots vernaculaires et des références géographiques
et ethniques est basée sur les sources que je crois être les plus sûres ou
les plus largement acceptées et qui se trouvaient à ma disposition. La
diversité des langages et des sources bibliographiques rend à peu près
impossible une uniformisation complète. Pour la transcription de
certaines lettres arabes des signes conventionnels sont utilisés. La liste de
ces signes conventionnels se trouve à la table des transcriptions. Les
mots arabes écrits en italique ont été transcrits de cette manière. Les
mots amazighs que j'ai notés au Maroc ont souvent été transcrit en
premier lieu en caractères arabes car les amazighophones utilisent
souvent des caractères arabes pour transcrire leur langue. Ces mots
amazighs sont aussi écrits en italique.
Les mesures sont mentionnées en centimètres: B = base, H = hauteur,
LO = longueur, LA = largeur, E = épaisseur, D = diamètre, + =
maximum, - = minimum.
40
Concernant mes contacts avec les enfants, les règles de l’éthique de la
recherche scientifique proposée par le Conseil Européen de la Recherche
Scientifique ont été suivies. Ainsi l’autorisation paternelle ou maternelle
a été demandée lors de la collecte de données ou des prises de photos
avec des enfants. Il aurait d’ailleurs été difficile de faire autrement car le
travail de terrain se faisait dans les familles ou dans l’espace public. Une
exception à cette règle existe néanmoins. Il s’agit des observations et des
photos d’enfants faites occasionnellement d’une certaine distance dans
des rues ou autres espaces publics des centres urbains marocains mais
dans ce cas des adultes se trouvaient non loin et je n'ai pas rencontré de
réactions négatives en photographiant ces enfants.
Remerciements
Avant de proposer au lecteur ce trésor social et culturel que sont les jeux
et jouets des enfants sahariens et nord-africains s'inspirant du monde
animal, il me reste à remercier tous ceux qui d'une manière ou d'une
autre m'ont permis de mener ce livre à son terme et plus spécialement :
Les familles ghrib, particulièrement les enfants des années 1970, ainsi
que Gilbert J.M. Claus du Département de Langues et Cultures
Africaines de l'Université d'Etat de Gand, pour l'accueil et le soutient
qu'ils m'ont offerts dans le cadre de mes recherches sur les jeux et
jouets ghrib.
Aïcha Ouazzani et Mustafa Trifa pour leur aide dans Kénitra, Driss
Bousalham et Ibrahim de Kénitra pour leurs informations sur Fès et
Khouribga.
Fatima Zohra Mdarhri de Rabat qui m'a informé sur Aïn Cheggag et
servi d'intermédiaire auprès de sa famille d'Imouzzer-Kandar où Driss
et Abderrahim Lakhdar m'ont laisser bénéficier de leur hospitalité et
de leurs informations.
Ali Harcherras, Hamid Amhal, Omar Derouich, Hamid Lihi, Lahbib
Oubbi, Mbarek et Omar Taous ainsi que d'autres membres de
l'association socioculturelle Tilelli, qui m'ont pris en charge et
informé pendant plusieurs séjours dans leur petite ville de Goulmima,
auquel il faut ajouter Rachida Lihi.
41
Les garçons et les filles du village Aït Ighemour ainsi que leurs
instituteurs, plus particulièrement Ihbous Noureddine, un Amazigh
d'Essaouira, qui m'a invité à deux reprises à Aït Ighemour et servi
d'interprète.
Les garçons et les filles du village Ignern et en particulier, Hamid,
Zeina et la famille Mohamed ou Ali.
La famille Eloula du quartier Daoudiyât à Marrakech, le professeur
Youssef Aït Ammou ainsi que certains de ses étudiants du
Département de Français de la Faculté de Lettres et des Sciences
Humaines de l'Université Cadi Ayyad de Marrakech.
Ainsi que nombre d'autres informateurs et informatrices marocains
qui ont contribué a rassembler les données sur les jeux et jouets
marocains.
Souad Laabib de Ksar Assaka pour son aide comme intermédiaire et
interprète pour le tamazight et l'arabe marocain de 1995 à 2000.
Le Nationaal Fonds voor Wetenschappelijk Onderzoek (Fonds
National Belge pour la Recherche Scientifique), Bruxelles, qui a
soutenu mes recherches et mes publications de 1970 à 1992.
Dominique Champault et Jean Lambert, Département d'Afrique
Blanche et du Proche Orient du Musée de l'Homme à Paris, et leurs
collaboratrices, pour leur bienveillance et leur aide.
Les photographes du Laboratoire de Photographie du même musée
qui ont réalisé toutes les photos des animaux jouets de la collection de
ce musée, de même que les responsables du Service de la
Photothèque.
Didier Henry pour la correction du texte.
Ruben Rossie pour ses conseils et son aide dans l'utilisation de
l'ordinateur.
Krister Svensson, Eva Petersson, Anders Nelson et Mattias Nilsson
de l’ancien Nordic Center for Research on Toys and Educational
Media (NCFL), et Krister Svensson, Anders Nelson, Mattias Nilsson
et Johnny Friberg du Stockholm International Toy Research Centre
(SITREC) pour leur amitié et leur aide.
42
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L'Animal
dans les Jeux et Jouets des
Enfants Sahariens et Nord-Africains
48
49
1 Les dromadaires
1.1 Résumé
Le dromadaire, cet animal si bien adapté au désert, a tout naturellement
frappé l'imagination des enfants sahariens. Il est donc normal que cet
animal se retrouve dans bon nombre de jeux de ces enfants ainsi que
parmi leurs jouets.
Les enfants touaregs jouent avant tout avec les petits animaux eux-
mêmes et surtout avec les petits dromadaires. Edmond et Suzanne
Bernus (1983: 46) écrivent à ce sujet :
Le soir, les troupeaux regagnent le campement : chèvres et brebis
sous la conduite du berger, chamelles et vaches attirées par la
présence des chamelons et des veaux. Avant leur retour, il faut
attacher les jeunes animaux pour qu'ils ne rejoignent pas leur mère
avant l'heure de la traite. Les jeunes garçons poursuivent les veaux
qui caracolent entre les tentes et s'amusent à cette corrida
quotidienne. Ce sont cependant les chamelons qui animent les fins
d'après-midi des campements touaregs : en raison de leur nombre,
l'opération doit être répétée souvent, et certains d'entre eux, rusés et
agiles, se dérobent dans un jeu où l'enfant et l'animal rivalisent
d'habilité. Approches sous le couvert des arbustes et des tentes :
l'enfant s'avance nonchalamment, feignant l'indifférence avant le bond
vers la queue du chamelon pour le traîner vers son piquet.
Qu'il est bien possible de jouer
au dromadaire sans jouets se
voit sur les photos montrées aux
figures 1 à 4. Elles ont été prises
en 1975 ou 1977 chez les
enfants ghrib (Sahara tunisien).
Il s'agit surtout de jeux de
garçons, mais de temps en
temps les filles s'y adonnent
aussi. La première photo (fig. 1)
1
50
montre un garçon de 14 ans à quatre pattes promenant sur le dos son
petit frère. La deuxième photo met en scène d'autres garçons dans une
situation plus compliquée (fig. 2).
Ces jeux sont appelés 'ej-jmel', le dromadaire, ou parfois 'el-°akkêri', le
coussin de dromadaire, car il arrive qu'un coussin soit mis sur le dos du
garçon-dromadaire. Il y a aussi le dromadaire guidé par le berger (fig. 3).
2
3
51
Enfin il y a le dromadaire aux pattes liées, appelés 'gîd ej-jmel', l'entrave
des membres antérieurs d'un dromadaire (fig. 4).
Cet enfant-dromadaire aux pattes liées est éventuellement guidé par un
'berger' qui le fait manger, boire, etc... Quand il y a deux dromadaires de
ce genre on les laisse parfois se battre. Leurs bergers crient 'arfa arfa arfa'
ou encore 'khûdha khûdha', c'est-à-dire allez-y, allez-y. Ils frappent leur
dromadaire avec un bâton et sifflent à la manière des bergers. Cependant
cette lutte entre dromadaires ne doit qu'être simulée et ne doit
normalement pas donner lieu à une bagarre. Une course de dromadaires
aux pattes liées peut être organisée. Finalement des garçons déjà assez
grand font une course de dromadaire entre eux en portant un petit sur les
épaules.
Dans ce même sud-tunisien, sur l'île de Jerba à Gallala, une pratique
ludique veut que des jeunes filles imitent des animaux domestiques
comme le dromadaire ou la vache. Cette pratique ludique fait référence
aux rituels entourant les festivités de 'bû Harrûs', selon Abderrahman
Ayoub éventuellement liées à la tradition égyptienne d'Horus, ayant lieu
lors de la fête de °ashûra ou bien au début du mois de mai comme à
Nefta et Tozeur (Ayoub, 1991: 27-28).
Charles Béart mentionne en ce qui concerne les enfants maures :
“Sans jouets, les enfants organisent ces mêmes caravanes, un certain
nombre d'entre eux jouant le rôle de chameaux. Tous les incidents qui
surviennent à une vraie caravane sont imités” (1955: 598).
4
52
La collection de jouets sahariens et nord-africains du Musée de
l'Homme comporte toute une série de dromadaires jouets en miniature
avec ou sans harnachement et parfois montés d'un méhariste ou même
d'une femme nomade. Ces exemplaires, qui datent d'entre 1934 et 1974,
proviennent des Touaregs (Sahara), des Maures (Sahara), de Zagora
(Pré-Sahara marocain), de l'oasis de Tabelbala (Sahara algérien), de la
vallée de la Saoura (Sahara algérien), des Teda (Sahara tchadien) et des
Zaghawa (Sahara tchadien). Personnellement, j'ai vu des dromadaires
jouets chez les Ghrib (Sahara tunisien) en 1975 et 1977 ainsi que dans le
Pré-Sahara marocain en 1993, 1997 et 1998.
En dehors du Sahara ou de la région pré-saharienne, les données ne
présentent des exemples de dromadaires jouets que chez les enfants
chaouia, une population amazighe habitant les montagnes de l'Aurès en
Algérie septentrionale, et ceux du village amazigh d'Ignern au Maroc.
La forme de ces dromadaires jouets varie de très schématique à très
naturaliste avec parfois une attention poussée pour les détails. Le
harnachement lui aussi peut être des plus sommaires ou bien être une
reproduction minutieuse du modèle réel.
En 1975, un garçon Ghrib de trois ans ne se servait sous la tente que
d'un morceau de bois pour se muer en dromadaire de course, comme cela
se voit à la figure 5.
5
53
Un dromadaire fait d'un sac de peau utilisé pour faire le beurre, a été
photographié par Gilbert J.M. Claus en 1973 auprès d'un garçon Sabria,
une population
vivant à côté des
Ghrib à l'oasis d'El
Faouar dans le
Sahara tunisien.
Ce dromadaire, qui
se trouve entre les
mains du garçon,
et un reptile, qui se
trouve par terre,
ont été faits par un
frère aîné (fig. 6).
Les matériaux utilisés sont en ce qui concerne les dromadaires, de la
pierre, des mandibules de chèvres ou de moutons, de l'argile, des objets
divers d'origine végétale (champignons, folioles de palmier, feuilles de
latanier, branchettes, morceaux de bois) et des fils électriques plastifiés.
Il existe aussi des dromadaires faits en bouse ou en crotte de dromadaire.
En plus, on a signalé un dromadaire en tôle. Non retrouvé dans la
collection, mais mentionné dans la bibliographie sont des dromadaires
jouets en cuir chez les Maures (Béart, 1955: 597).
Selon Fernando Pinto Cebrián les enfants sahraouis utilisent des
coquilles d'escargots pour créer un troupeau de dromadaires dans deux
de leurs jeux (1999: 116, fig. 27). Un jeu consiste à demander la main
d'une fille et à discuter du nombre de dromadaires qu'il faut donner
comme dot. Dans un autre jeu la vente et l'achat de dromadaires sont
imités. Cet auteur souligne que pour bien jouer à ces jeux, il faut en
savoir beaucoup sur les dromadaires car chaque dromadaire est indiqué
par un vocable particulier selon le sexe, l'âge, la couleur et la peau. Par
exemple le nom de 'naga' s'utilise pour la dromadaire femelle, 'hegge'
pour la dromadaire femelle de deux à quatre ans, 'seydah' pour le
dromadaire de course, 'iagha’ pour la dromadaire femelle qui a mis bas
récemment, 'yemel' pour le dromadaire male, 'vatri' pour le dromadaire
male ayant toutes ses dents, 'azouzal' pour le dromadaire castré, 'lekhal'
ou 'amxawwel' pour le dromadaire utilisé pour la reproduction, 'markub'
pour le dromadaire de somme, 'lahouar' pour le petit dromadaire, 'hegg'
6
54
pour le dromadaire male de deux à quatre ans, 'yedaa' pour le petit
dromadaire, 'edariv' pour le jeune dromadaire non castré, 'abiad' pour le
dromadaire blanc, 'ajmar' pour le dromadaire rouge, 'sgar' pour le
dromadaire rouge clair, 'ajadar' pour le dromadaire rouge foncé, 'azaraik'
pour le dromadaire de couleur rouge et blanc (1999: 115).
Les selles et les méharistes ont une armature en matière végétale ou
sont en argile, mais il y a en outre des selles en fer blanc et des
méharistes en fils électriques plastifiés. D'autres pièces du harnachement,
tapis et sacs de selle, bride etc., sont en étoffe, en laine ou en cuir.
1.2 Les dromadaires en pierre taillée
Henri Lhote qui a rapporté pour la collection du Département d'Afrique
Blanche et du Proche Orient la presque totalité des dromadaires jouets en
pierre taillée, mentionne sur une des fiches que ces jouets servent à un
jeu d'une très grande ancienneté attesté sur une aire géographique
s'étendant de la Mauritanie à la Somalie. Plus spécifiquement pareils
dromadaires jouets ont été mentionnés chez les nomades chaamba,
regeybat, touaregs et maures et chez les habitants de l'oasis de Tabelbala.
Cependant la collection n'offre que des exemples fabriqués par les
enfants touaregs Kel Ahaggar et Kel Ajjer du Sahara algérien ou Kel Aïr
du Sahara du Niger.
Trois auteurs, Henri Lhote (1952) pour les Touaregs, Denis (1952) et
Dominique Champault (1969) pour les Chaamba, nous donnent une
description de la fabrication et de l'usage de ces jouets. Quatre clichés de
R. Mauny (Béart, 1955: 141-142) nous laissent voir la confection et
l'emploi de dromadaires de pierre par des jeunes garçons maures d'Atar
(Adrar, Mauritanie).
Ces dromadaires jouets sont en général l'œuvre de jeunes garçons,
spécialement des bergers. Cependant un des informateurs de Denis, un
Chaamba d'El Golea (Sahara algérien), lui déclara que les filles “font des
chameaux jouets comme les garçons, mais ajoutent bassour (bât) et
femme de bois” (1952: 34).
Les enfants taillent ces dromadaires dans des plaques de silex, de
schiste cristallin, ocreux et ardoisier, des plaques de mécaschiste et de
quartz laiteux, de grès de teinte et de taille variées, dans des bifaces
55
acheuléens et même dans une plaque de plâtre. Le capitaine Archier
(1953: 38) mentionne aussi l'utilisation d'un fragment de poterie. La
taille se fait sur enclume de pierre au moyen d'une autre pierre servant de
percuteur. C'est surtout la bosse mais aussi le cou et l'arrière train qui
sont représentés, comme on peut le voir sur la figure 7 (H+ = 9 cm, H- =
1,7 cm; catalogue 2.1, 71.39.5.1-40, p. 180).
Les bergers chaamba et ceux de l'oasis de Tabelbala chantent une petite
chanson lors du travail de taille. Pour la taille d'un mâle ils chantent :
“frappez, frappez enfants, ma chamelle belle, mon chameau vilain” et
pour la taille d'une femelle ils chantent : “frappez, frappez enfants, mon
chameau beau, ma chamelle vilaine”. Dominique Champault y ajoute
qu'il est à remarquer que les enfants n'ignorent pas la feinte
prophylactique et annoncent le contraire de leur vœu secret dans l'espoir
que rien ne viendra troubler sa réalisation (1969: 347; voir aussi Denis,
1952: 31).
Si l'on pouvait penser à première vue que la plupart de ces
dromadaires sont uniformes, il n'en est pas moins vrai que les enfants
nomades eux-mêmes donnent une signification précise à ces jouets
suivant la forme. Pour eux il s'agit bien d'un dromadaire étalon, avec une
profonde encoche médiane à la base, d'une femelle reposant sur son
7
56
ventre gravide, avec une base épaisse, d'un chamelon, les petites pierres
(pour une description détaillée des formes voir Denis, 1952).
A côté de ces dromadaires très schématisés il existe aussi des formes
plus élaborées, comme le montrent les figures 8 (H = 7 cm, LO = 9,5
cm) et 9 (p. 56, H = 27,2 cm, B = 20 cm; catalogue 2.1, 62.128.3/4, p.
179).
La fiche signalétique du dromadaire de la figure 8 mentionne qu'il fut
taillé par un enfant des Touaregs Kel Ajjer, probablement un garçon
comme c'est le cas pour celui de la figure 9 (p. 57). Ce dromadaire, qui
est probablement un étalon vu l'encoche à la base, porte une lisière, mais
les autres exemplaires de la collection sont démunis de tout accessoire.
Cependant, il a été remarqué que les garçons chaamba et ceux de l'oasis
de Tabelbala mettent une selle d'herbes ou de fil de fer sur le dos du
dromadaire et y placent un méhariste de graminées vêtus de chiffons et
de perles qui leur ont été fournis par les filles (Denis, 1952: 35;
Champault, 1969: 347; Rossie, Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-
8
57
Africaines. Poupées d'Enfants et Jeux de Poupées, 1.2 Les poupées-
méharistes, p. 74).
Henri Lhote (1975: 410) montre un dromadaire peint par un enfant
touareg sur un galet ovulaire d'un diamètre maximum de 7,8 cm. Ces
peintures sur pierres qui datent d'environ 1960 ont été exécutées suite à
l'exemple de peintres européens qui relèvent des peintures rupestres
ornant les parois d'abris sous-roche au Tassili.
Le lieutenant Denis donne des renseignements détaillés sur la façon
dont jouent les jeunes bergers chaamba avec les dromadaires en pierre
taillée. Ils se taillent tout un troupeau de dromadaires, dans lequel sont
distingués les étalons, les chamelles pleines, les chamelles non pleines et
les chamelons. Les meilleures pièces sont parfois harnachées. Les
enfants mènent leurs dromadaires jouets aux pâturages et à l'abreuvoir,
organisent une caravane, tout en mimant les gestes et les bruits des
dromadaires et des bergers. Un abreuvoir est fait dans le sable, avec
comme point d'eau un assez gros trou et comme auge où boivent les
animaux un plus petit trou dans lequel on verse l'eau tirée du puits
imaginaire.
9
58
Denis a publié en 1955 deux photos intéressantes montrant un garçon
chaamba taillant un dromadaire dans une pierre ainsi qu'un autre garçon
chaamba abreuvant ses dromadaires jouets. Malheureusement ces photos
ne peuvent être reproduites à cause des droits d'auteur, mais la revue
Bulletin de Liaison Saharienne dans laquelle elles ont été publiées se
trouve à la Bibliothèque Nationale de France (code 8°03 1743,
http://www.bnf.fr/).
La mise à bas d'un chamelon est figuré de la manière suivante. Au
flanc d'une chamelle pleine (pierre à base épaisse et plate) est collé un
chamelon (petite pierre) avec de la salive et du sable. Lorsque le
chamelon est scindé de sa mère, la chamelle a mis bas.
Afin de recréer le campement et la vie nomade, les enfants ajoutent
parfois auprès de leurs dromadaires, des palmiers, des hommes, des
tentes faites de chiffons et de bâtonnets. Ils tiennent aussi des concours
pour le plus bel exemplaire ou le troupeau le plus grand. Denis (1952:
35-36) écrit :
Des courses ont souvent lieu avec des jouets bien faits. Chaque enfant
enfourche de deux doigts la place de la rahla (selle), et court debout,
tressautant et faisant des mouvements du bras qui tient le jouet pour
simuler les incartades et les allongements du cou de sa monture. Sans
oublier ses cris d'excitation et de commandement et les blatèrements
de sa bête.
Les garçons touaregs dressent leurs dromadaires en pierre taillée sur le
sable et les disposent en ligne ou en cercle et utilisent le vocabulaire
courant des bergers dans leurs jeux (Lhote, 1952: 278; Archier, 1953:
39). Les enfants nomades délaissent la plupart de ces jouets lors des
déplacements, seul les exemplaires les plus réussis sont emportés.
Selon le capitaine Archier (1953: 39) et chez les Touaregs Kel
Ahaggar (Sahara algérien) le mot 'tifersitin' (sing. téfersit) désigne
uniquement les dromadaires en pierre taillée. Cependant, Charles de
Foucauld écrit dans son Dictionnaire Touareg-Français (1951-1952:
358) que ce mot désigne un animal ou un personnage en pierre taillée
servant de jouet : “les enfants du Ahaggar taillent grossièrement des
pierres plates en forme de chameau, de cheval, d'homme, de femme etc.”
59
Il reste à remarquer que la plus grande partie de ces dromadaires en
pierre taillée ont une forme à deux dimensions contrairement à la plupart
des jouets fabriqués par les enfants sahariens et nord-africains.
1.3 Les dromadaires de mandibule
Chez les Touaregs Kel Ahaggar du Sahara algérien et les Touaregs Kel
Ajjer du Sahara algérien et libyen, les garçons et les filles font des
dromadaires, souvent sellés et montés d'un méhariste, avec une
mandibule de chèvre ou de mouton.
Selon une information dans le fichier de la collection, on trouve les
mêmes dromadaires de mandibule sellés et montés à El Oued dans le
Sahara algérien près de la frontière tunisienne. En 1975 j'ai vu chez les
garçons des semi-nomades Ghrib du Sahara tunisien ce genre de
dromadaires de mandibule.
La collection du Musée de l'Homme nous offre des exemples datant
d'avant 1939 et provenant des Touaregs. Pour autant que l'âge des
constructeurs soit mentionné, il varie entre dix et douze ans. Certains
dromadaires ont été faits par des garçons, d'autres par une fille de douze
ans.
Ces dromadaires jouets, appelé 'aknar' chez les Touaregs Kel Ahaggar
d'Idèles en Algérie, portent le même nom chez les Touaregs Kel Ahaggar
de Ghât en Libye. Pour les Touaregs Kel Ajjer de Djanet en Algérie le
nom 'amajor' a été avancé (Duprez, fiche d'objet 34.52.42).
En haut d'une mandibule de chèvre ou de mouton est fixée une petite
selle, à pommeau en
forme de croix, faite
de tiges de graminées
couvertes de fils de
coton mercerisé de
couleur variée. Le
dessin de la figure 10 montre les différentes armatures de ces selles.
La couverture accrochée sur la croupe de l'animal et le tapis de selle,
tous les deux en tissu, font parfois partie du harnachement en miniature.
Des morceaux de peau brodée ou de vieilles lanières de cuir figurent les
sacs de selle.
10
60
Souvent un méhariste est placé en selle comme c'est le cas pour le
dromadaire de la figure 11 (H = 29 cm; catalogue 2.2, 41.19.113, p. 181;
voir aussi Rossie, 2005, Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-
Africaines. Poupées d'Enfants et Jeux de Poupées, 1.2 Les poupées-
méharistes, p. 53).
11
61
La hauteur minimale de cette série de dromadaires jouets est 19,5 cm, la
hauteur maximale 37 cm.
Comme on peut le voir à la figure 12 ce dromadaire jouet a une forme
très élaborée (H = 34 cm, LO = 17 cm; catalogue 2.2, 34.52.42, p. 182).
Il fut recueilli par le capitaine Duprez avant 1935 auprès de son
constructeur, le fils du cheikh de Djanet (Touaregs Kel Ahaggar).
La mandibule enveloppée d'étoffe kaki sert d'arrière-train du
dromadaire. Les pattes antérieures ainsi que le cou et la tête sont
confectionnés avec des tiges ou des feuilles de palmier torsadées
entourées de la même étoffe kaki. La selle est faite avec un morceau de
bois et deux brindilles figurent le pommeau en forme de croix, le tout
enveloppé de coton blanc. Le pommeau est en plus couvert d'un morceau
d'aluminium. Sous la selle se trouve un tapis de selle rouge à rayures
blanches. Un grand sac de selle en bandelettes de coton blanc et noir
pend sur le flanc du dromadaire. Le cou du dromadaire, auquel est
attachée une lisière en gaze, est orné de fils de laine tressés de couleur
blanche, jaune, verte, bleue et rouge.
12
62
Avec ces dromadaires de mandibule les enfants s'amusent à figurer
des carrousels de dromadaires ou d'autres scènes de la vie nomade.
Dans les années soixante-dix, les jeunes garçons ghrib aimaient se
fabriquer des dromadaires jouets faits avec une mandibule de chèvre. Sur
ces dromadaires ils fixaient souvent un petit coussin de selle et une selle
découpée dans du fer blanc (fig. 13, H = 15 cm).
Le pommeau de selle est en forme de croix, indiquant ainsi qu'il s'agit
d'une selle de course, non d'un bât. Une lisière en fils de laine complète
le harnais. Parfois cette selle n'est qu'une branchette brisée (fig. 14, H =
17 cm) et le méhariste un peu de cheveux de chèvre (fig. 15, H = 15 cm).
13
14
15
63
En s'amusant avec ces jouets, les garçons s'initiaient en même temps à la
garde, à l'élevage et à l'utilisation du dromadaire, un animal de première
importance pour les Ghrib du moins jusqu'au début des années 1980.
1.4 Les dromadaires en bouse de dromadaire
Comme le montre la figure 16 (H = 9 cm), il arrive que les garçons ghrib
découpent pour leurs jeux de berger la forme d'un dromadaire dans de la
bouse de dromadaire séchée. Ainsi il est un des rares jouets à deux
dimensions fabriqués par des enfants sahariens et nord-africains. La
grande pierre cylindrique représente le berger tandis que la petite pierre
cylindrique représente le chien de berger.
Pour les Chaamba du Sahara algérien, Denis (1952: 34) décrit ce
dromadaire de la manière suivante :
Je vis le Méhariste chaambi Djelloul harnacher ainsi une figurine
qu'il avait taillée dans une bouse de chameau. Une bandelette de
chiffons forma la rzama (sorte de rène), une autre la corde à queue, et
une troisième, fixée à la rahla (la selle), la sangle. Cette rahla était de
sbott. Les deux extrémités du brin, reliées à l'avant en haut de la
16
64
croix, s'écartaient vers le bas pour former le dessous de la selle, puis
la boucle remontait pour former le guerbous (dossier arrière). Un
silex formait siège, et une brindille terminait la croix. Tout ce bâti
était recouvert et consolidé par une bandelette de chiffons. Un bout de
chiffon mis sous le siège formait l'iouich (tapis de selle) et un autre
dessus, la couverture de cette rahla, ressemblante et solide. Des
chiffons sommairement cousus representaient les divers récipients de
peau ou d'étoffe (ghrair, tassoufra et dabia) du méhariste et une
branchette maintenue par un petit bout d'étoffe singeait le mousqueton
et sa bretelle.
Le type de jeux pour lesquels ces dromadaires sont utilisés, est décrit
chez les dromadaires en pierre taillée (voir 1.2, p. 54).
Chez les Touaregs Kel Ahaggar (Sahara algérien), les enfants font des
dromadaires pour lesquels ils piquent des épines d'acacia dans une crotte
de dromadaire. Une épine double figure le cou et la tête, une épine
simple les pattes ou la queue (Bellin, 1963: 99-100).
Edmond Bernus montre une belle photo d'un jeune enfant des
Touaregs Ioullemeden Kel Dinnik (Sahara malien) avec son dromadaire
construit a l'aide de crottes de dromadaires et d'épines de tiboraq
(balanites ægyptiaca) (1975: 174).
1.5 Les dromadaires avec armature en matière végétale
D'autres dromadaires jouets ont une armature
d'origine végétale : folioles de palmier,
feuilles de latanier, branchettes, champignons.
La plupart de ces jouets sont l'œuvre d'enfants
nomades. Le dromadaire à corps de
champignon provient d'un enfant de l'oasis de
Tabelbala dans le Sahara algérien. Les enfants
de cette oasis nattent aussi des dromadaires en
folioles de palmier (Champault, 1969: 346), ce
qui se fait de la même façon dans le Pré-
Sahara marocain. Si le dromadaire à corps de
champignon et pattes de branchettes (fig. 17, 17
65
H = 5,5 cm, LO = 3 cm) recueilli en 1954 chez les Belbala, reste assez
schématique le dromadaire en folioles de palmier tressées fait preuve
d'un sens esthétique remarquable. Tous ces dromadaires tressés ont une
forme à deux dimensions.
Un dromadaire se trouvant dans la collection du Musée de l'Homme,
fut natté vers 1970 par un garçon de Zagora au Pré-Sahara marocain.
Dans ce Pré-Sahara marocain, près des Gorges du Todra dans la région
de Tinerhir et à la Source Bleue de Meski dans la région d'Er Rachidia,
j'ai trouvé, entre fin 1993 et début 1997, tout à fait le même dromadaire
jouet tressé par des jeunes garçons (fig. 18, H = 15 cm, LO = 13,5 cm, H
totale = 33 cm).
A partir d'environ 5 ans les garçons s'exercent à ce tressage avec
quatre folioles, obtenues en
divisant en deux deux folioles de
palmier. Ces jouets sont
maintenant vendus aux touristes
pour environ 4 dirhams ou 0,4
euro. Lors d'une visite à la Source
Bleue de Meski en mars 1994, un
homme né à Meski vers le début
des années 1920, m'a donné
quelques détails sur la manière
dont on jouait avec ces
dromadaires mais aussi des mulets
ou gazelles. Quatre ou cinq
garçons font un jardin d'oasis en
miniature qu'ils irriguent et autour
duquel ils jouent entre autre avec
leur dromadaire ou mulet en
folioles. Avec une longue foliole
attachée à l'avant de ces animaux
jouets ou à la gazelle, ils sont tirés
d'ici à là-bas. Les deux folioles
longues, nouées à leurs extrémités,
servent a porter le dromadaire
17
18
66
jouet et autres animaux tressés autour du cou, tout comme cela se fait
encore à présent. Selon cet informateur et selon les garçons eux-mêmes
rencontrés sur place ces jeux sont tombés en désuétude.
Début novembre 1996, j'ai trouvé par terre dans les Gorges du Todra,
près de Tinerhir et là où les touristes passent, plusieurs dromadaires et
mulets en feuilles de palmier tressées. Comme je ne trouvais à ce
moment pas de garçons qui vendent ces animaux jouets, je me suis
informé dans une école primaire des environs. Là on expliquait que ce
n'est que pendant les vacances et surtout en été lors de la période
touristique que les garçons font ces animaux jouets.
Une fille touarègue Kel Ahaggar de douze ans a réalisé en 1938
l'unique dromadaire de la collection du Musée de l'Homme provenant de
cette population fait d'une armature en branchettes entourées d'étoffe
(fig. 19, H = 25 cm, LO = 27 cm; catalogue 2.3, 41.19.124, p. 183). En
plus, cette fille a fabriqué une selle et des sacs de selle qui sont une
imitation fidèle du harnachement féminin.
19
67
Une intéressante photo d'Henri Lhote, reprise à la figure 20, nous
montre une fille touarègue assise sur le sable avec à ses pieds des
dromadaires jouets de ce genre ainsi que des méharistes et guerriers en
miniature (1944: 113, planche VIII).
Sur leur dromadaire sellé les filles installent éventuellement une poupée-
femme assise. Ces dromadaires à harnachement seraient très rares
(Balout, 1959: planche LXXI), une déclaration qui est certainement à
relativiser comme on pourra lire plus loin.
Selon les informations bibliographiques, la fabrication du dromadaire
en branchettes des enfants touaregs Kel Ahaggar se fait de la manière
suivante. Deux rameaux verts, l'un formant les pattes - une avant, une
arrière - l'autre formant le cou et la tête, sont ligaturés pour leur donner
la courbure voulue. Les liens sont ôtés lorsque le bois est jugé sec, les
rameaux gardant leur courbure forcée (Balout, 1959: planche LXVIII;
Bellin, 1963: 100).
20
68
Balout, Bovis et Gast (1959, planche LXVIII) spécifient :
Avec ces deux baguettes enveloppées de misérables bouts de loques,
l'enfant nomade recrée avec sûreté et précision la silhouette
archaïque du chameau. Il reproduit parfois minutieusement les petites
décorations sur le nez du chameau (petites boules de peau incisée au
couteau), ou la queue, ou le poil sur la bosse, signe de bon état de la
bête.
Dans le document “Vie des Touaregs. Enfance et Jeux”, rédigé par un
auteur anonyme probablement dans les années 1950, une excellente
description est donnée des dromadaires jouets en armature végétale ainsi
que du jeu dans lequel ils sont utilisés. Pour la confection de ces jouets
aussi bien que dans le jeu lui-même, garçons et filles collaborent. Vu
l'importance de cette description je la reprends entièrement (p. 93-94) :
Le personnage principal, autour duquel tous les autres gravitent, est
le chameau, objet de convoitise de tous les jeunes nomades,
l'équivalent de l'automobile pour nos petits enfants de France. Son
armature en bois souple, de l'acacia ou 'mœrua crassifolia' de
préférence, est montée par les garçons, puis habillée de vieux chiffons
par les petites filles qui recouvrent ensuite le tout d'un beau morceau
de tissu blanc pour en faire une monture de chef. Parfois, lorsque la
couture de ce petit chef-d'œuvre s'avère trop délicate pour ces jeunes
doigts inexpérimentés, on va demander l'aide d'une femme de la
famille qui ne dédaigne pas d'aider à la confection du jouet. Tous les
détails de l'animal sont scrupuleusement respectés : la tête est bien
dessinée à l'aide de petits morceaux de bois minuscules, taillés et
retaillés par l'artiste de la bande : yeux, oreilles, bouche, rien n'y
manque, et la forme de la bosse est souvent très réussie ; par contre,
le chameau, vu de profil, n'a que deux pattes que l'on pique dans le
sable pour le faire tenir debout. C'est encore un garçon qui, dans un
morceau de bois tendre, tamaris de préférence, sculpte la selle, exacte
réplique de la 'rahla tamzak', décorée au feu à l'aide de pointes
d'aiguilles, puis fixée sur l'animal par une petite sangle, dont le
travail, pompon compris, est semblable à celui du harnachement
normal. Puis toute la petite troupe s'affaire à tailler dans des débris
69
de peau : la bride, les dabias, l'areg et jusqu'à la cravache et au tapis
de selle qui complètent l'équipement. La monture terminée, il faut
faire le méhariste : un squelette de bois, les filles posent les
gandouras de luxe tandis que les garçons montent les deux 'chechs' et
les cordons de noblesse et que l'artiste de la bande découpe dans une
boîte de conserve la 'takouba' de fer blanc sans laquelle un homme
appartenant à la noblesse ne saurait se déplacer. Puis, petit à petit,
autour de cette figure principale, se monte le reste de la famille : la
mère, enveloppée dans ses larges vêtements et dont les pieds de bois
sont curieusement piqués dans une grosse boule d'argile qui, posée
sur le sol permet de lui imprimer un curieux balancement censé
représenter la marche ; les enfants, de toutes tailles, puis les
serviteurs noirs. Aux personnages viennent s'ajouter animaux et objets
familiers du campement : chameaux de bât, chèvres, chiens, ânes,
tapis, marmites, outres et jusqu'à la tente taillée dans un morceau de
peau. Les santons terminés, tous les enfants jouent 'à la tribu'.
Pendant que les garçons, avec le chef de famille monté sur son méhari
blanc, les chameaux de bât chargés de sacs de sable, s'en vont au long
des pistes tracées sur le sol, tournent autour des montagnes de
cailloux et abreuvent leur convoi à des points d'eau imaginaires,
parcourant ainsi des milliers de kilomètres sur une curieuse carte en
relief où les proportions sont loin d'être respectées, les petites filles,
restées au campement, montent la tente, envoient les nègres d'étoffe
garder les chèvres d'argile, simulent une cuisine longue et savoureuse
et finissent par faire un repas succulent avec trois dattes. Lorsque les
garçons, après un long périple de cent mètres, reviennent au camp,
tout ce petit monde simule les fêtes joyeuses qui accueillent les
caravanes de retour du Soudan.
Bellin (1963: 100) ajoute à cette description :
Le jeune Targui se fabrique des spectacles avec une meule tournante
ou avec un brindille incandescente ; il taille, modèle des statuettes,
hommes ou chameaux. Dans le goût du spectacle, dans la création
artistique, le rêve a une bonne place : celle qu'il semble tenir,
précisément, dans la vie du Touareg.
70
Certains exemplaires de la
collection du Musée de
l'Homme ont deux pattes avant
et deux pattes arrières, tout
comme c'est aussi le cas du
dromadaire jouet, portant une
petite selle, de la collection du
Musée du Bardo (Balout, 1959:
planche LXVIII). Celui de la
figure 21 a en plus les pattes
liées comme cela se fait pour
empêcher le dromadaire de trop
s'éloigner (H = 38 cm, LO = 22
cm; catalogue 2.3, X.61.2.1, p.
183). Il s'agit d'un jouet
d'origine nord-africaine non
spécifiée, mais ressemblant tout
à fait aux dromadaires jouets
touaregs.
Les dromadaires jouets des enfants touaregs Kel Aïr (Sahara du Niger)
nous montrent qu'il est aussi possible d'utiliser des feuilles de latanier.
Parmi ceux déposés au Musée de l'Homme figure un magnifique
exemplaire, fabriqué par un garçon en 1960 et reproduit à la figure 22 (p.
70, H totale = 46 cm; dromadaire H = 40 cm, LO = 34 cm; méhariste
H = 24 cm).
L'armature du dromadaire et du méhariste, est en feuilles de latanier
torsadées, enroulées autour d'un fil de fer. La selle à pommeau en forme
de croix est du type dit d'Agadez. Le tapis de selle a été découpé dans un
galon. Les sacs de selle en cotonnade à rayures jaunes et blanches sont
ornés de floches en tissu et de lanières de cuir auxquelles sont attachées
des perles jaunes. Des fils de laine rouge ornent le cou du dromadaire et
sa queue est en lanières de cotonnade. Le méhariste est vêtu du costume
habituel, vêtements de dessous blancs et vêtement de dessus en couleur
indigo, la taille serrée par une courroie fermée par une boucle de fer. Le
voile de tête est fixé à l'aide d'une épine. Les vêtements du méhariste ont
été réalisés avec les tissus utilisés pour les vêtements des hommes.
21
71
Un autre type d'armature pour dromadaire des enfants de cette même
région a comme tronc un coussin de chiffons dans lequel se trouvent
fixés quatre brindilles de bois pour les pattes (fig. 23, p. 71, H totale = 48
cm; dromadaire H = 35 cm, LO = 20 cm; méhariste H = 15,5 cm;
catalogue 2.3, 74.107.6, p. 184). Le cou et la tête du dromadaire sont en
fibres ou feuilles torsadées. Le méhariste est fait en fibres de palmier
torsadées (voir Rossie, 2005, Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-
Africaines. Poupées d'Enfants et Jeux de Poupées, 1.2 Les poupées-
méharistes, p. 56).
22
72
Un très beau sac de selle en miniature des filles touarègues Ioullemeden
de Gao au Mali, confectionné par une artisane locale en 1939 est à voir à
la figure 24 (p. 73, LO = 9,5 cm, LA = 14 cm; lanières LO = 11 cm). Ce
sac de voyage de femme en miniature est en peau de chèvre, de forme
rectangulaire, avec large col au sommet.
23
73
De petites broderies ornent la partie supérieure. A la partie inférieure
se trouvent de larges bandes de peau décorées, avec de multiples lanières
(LO = 11 cm). Les anneaux d'accrochage de chaque côté sont en peau
tressée.
24
74
1.6 Les dromadaires en bois
Selon Jean-Philippe Arm, des dromadaires en bois sculpté harnachés et
chargés servent de jouets aux enfants maures de Oualata (Sahara
mauritanien) (1976: 118, 122).
Les enfants maures d'Assa dans le Sahara marocain jouent avec des
dromadaires en bois. L'exemple de la collection fut fabriqué par un
artisan en 1938 (fig. 25, H = 39 cm, LO = 45 cm; catalogue 2.4,
38.156.33, p. 186).
Les différentes parties, assemblées par des clous, sont peintes en couleur
orange et rouge. La rahla, selle d'homme à pommeau en forme de croix,
posée sur un tapis de selle en cotonnade, est en bois recouvert de cuir
rouge.
25
75
La selle d'homme, mentionnée ci-dessus, est l'imitation détaillée de la
selle de dromadaire pour homme en usage dans une partie du nord et
dans tout le centre et le sud du Sahara maure.
Une selle de femme à baldaquin en miniature (H = 33 cm, LO = 22
cm), provenant de la même région et sous lequel sont assises deux
poupées, se trouve dans la collection du Musée de l'Homme (fig. 26). Le
bât est formé de baguettes de bois peintes en rouge, assemblées au
moyen de cordonnets de poils. La litière se compose d'un morceau de
peau de chèvre noire, tendu sur un cadre rectangulaire en bois. Le
baldaquin est recouvert d'une cotonnade blanche (catalogue 2.4,
38.180.77, p. 186).
Des jouets, représentant un autre type de selle de femme, une paire de
sacs à vêtements pour femmes et leur support, ainsi qu'une selle
d'homme, proviennent des enfants maures de Tidjikdja au Tagant dans le
Sahara mauritanien et furent recueillis entre 1936 et 1938. Ils ont été
26
76
fabriqués par des artisans locaux pour la partie bois et fer et par des
artisanes locales pour la partie peau. Ce genre de selle de femme est fait
de bois non recouvert ou bien recouvert de cuir jaune et rouge (fig. 27, H
= 11 cm, LO = 22 cm; catalogue 2.4, 38.48.39, p. 187). Le support en
bois et les sacs, qui y sont accrochés par des cordelières, sont placés de
chaque côté de la selle. Cette paire de sacs, ornés de dessins rouges, verts
et jaunes, reproduit exactement les grands sacs utilisés par les femmes
pendant leurs voyages. Sous la tente, le support en bois se retourne pour
servir de porte-bagages (H totale = 23 cm; catalogue 2.4, 38.48.38/43, p.
187)
Dans La Vie du Sahara (1960: 73) un petit sac de voyage des Maures du
Tagant est décrit. C'est un jouet très soigné fait par une artisane.
Les filles sahraouies utilisent des représentations de dromadaires et de
selles d'hommes ou de femmes plus ou moins adéquates. Fernando Pinto
Cebrián nous montre plusieurs photos de ces dromadaires et selles
(1999: 106-108, 114; fig. 16-20/26). Ces dromadaires sont faits avec du
bois parfois couvert de peau. Le dromadaire non couvert de la photo 24
semble être fabriqué de plusieurs morceaux de bois, la bosse, les pattes
et la queue étant des parties séparées. Les oreilles, les yeux, le nez et la
bouche sont indiqués. Ces dromadaires et selles, qui ressemblent ceux
27
77
des enfants maures (fig. 25 p. 73, 27), s'emploient dans les jeux des filles
représentant le campement familial (voir Cultures Ludiques Sahariennes
et Nord-Africaines. La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets, 1.2 Le
campement nomade). Selon cet auteur, les anciens dromadaires n'étaient
pas aussi bien faits que ceux d'aujourd'hui car ils étaient confectionnés
avec des morceaux de peau cousus ensemble et remplis de sable (1999:
105).
1.7 Les dromadaires en argile
Les enfants sahariens des Touaregs, Maures, Teda et Zaghawa et les
enfants des Amazighs Chaouia sédentaires modèlent à tout cœur des
dromadaires. Ces dromadaires en argile crue ou cuite peuvent être
complétés d'un harnais et d'un méhariste. En plus, les filles du village
Ignern au Maroc font parfois un dromadaire en argile.
Les dromadaires de ce genre des enfants touaregs Kel Ahaggar et Kel
Ajjer du Sahara algérien sont en argile séché au soleil. Le dromadaire
jouet, appelé 'aknar', modelé par un jeune garçon touareg Kel Ahaggar
porte une selle en argile.
Benhazera mentionne déjà en 1908 (p. 21) que les enfants des
Touaregs Kel Ahaggar font des dromadaires et des chevaux en argile.
Cet auteur écrit que ces enfants :
Fabriquent ainsi un méhari avec la selle, une chamelle avec ses
chamelons, un cheval, etc., ou bien ils font un méhari avec un homme
dessus, 'aknar', ou une femme dans son bassour, 'taknart' ; c'est le
marié et la mariée, et ces jeunes modeleurs sont, paraît-il, très adroit.
Selon H. Foley (1930: 47) les jeunes garçons touaregs Kel Ahaggar, et
selon F. Nicolas (1950: 186) aussi les enfants touaregs Ioullemeden
(Touaregs Kel Dinnik, Sahara du Niger), modèlent avec de l'argile non
seulement des dromadaires mais aussi des chevaux et des bœufs.
78
Les deux dromadaires en argile séchée au soleil collectionnés auprès
des enfants touaregs Kel Ajjer (Sahara algérien) ont l'aspect massif. Un
d'eux est monté par
un méhariste lui
aussi modelé en
argile (fig. 28, H
totale = 14,5 cm;
catalogue 2.5, 37.
21.104, p. 189).
Une selle de
dromadaire, trouvée
dans la collection
du Musée de
l'Homme mais sans
son numéro d'objet,
provient plus que
probablement d'un
enfant touareg. Il
s'agit d'une selle à
pommeau arrondie
découpée et pliée
dans un morceau de
fer blanc. Elle est
entourée de cuir très fin rougeâtre et brunâtre avec application de dessins
noirs sur le pommeau et le derrière
du dossier (fig. 29, H = 5,3 cm, LO
= 3 cm).
Jean Gabus mentionne que les
enfants touaregs de Tombouctou et
de Goundam, deux villes situées sur
le fleuve Niger au Mali, jouent avec
des dromadaires et d'autres animaux
à trois pattes en terre crue, les deux
pattes antérieures étant réunies en
une seule (1958: 164).
28
29
79
La collection du Musée de l'Homme contient toute une série d'animaux
jouets à trois pattes en miniature provenant de la petite ville de Oualata
en Mauritanie et faite par les servantes noires des Maures. Parmi ces
animaux jouets de Oualata se trouve un dromadaire, ou un cheval, en
argile peint de 4 cm de haut et de 5 cm de long (fig. 30; catalogue 3.1,
38.48.80, p.194). Contrairement aux animaux à trois pattes des enfants
touaregs de Tombouctou
et de Goundam, qui sont
monochromes, ceux des
enfants maures de
Oualata sont polychromes
(voir 2.2 Les chevaux,
mulets et ânes en argile,
p. 95).
Jean Gabus a aussi
reproduit dans son livre le
croquis d'un dromadaire
sellé en terre crue à trois
pattes et d'une hauteur
d'environ 15 cm (1958:
168) provenant des Maures de Oualata (fig. 98). Ce dromadaire à trois
pattes porte un motif géométrique sur le cou et sous la selle qui le
rapproche davantage d'un fragment représentant probablement un cheval
et datant d'entre l'an 400 et 900 (fig. 105). Une analyse de cette
remarquable continuité à travers des millénaires des animaux jouets à
trois pattes dans la partie méridionale du Sahara se trouve dans les
Conclusions et Perspectives (p. 147-153).
Les enfants maures du Sahara nord-occidental jouent avec des
dromadaires à quatre pattes en terre cuite rougeâtre. Ces dromadaires
portent une selle et un méhariste en terre cuite. La selle est ornée d'un
décor incisé en lignes et pointes (fig. 31, p. 79, H tot. = 23 cm, LO =
16,2 cm).
Charles Béart (1955: 145) écrit sur le dromadaire jouet :
Dès qu'il marche, l'enfant maure essaie d'imiter le chamelier ; tout
objet, surtout de bois, mais, au besoin, une ficelle, qui traîne par terre,
sera le chameau ; il lui parlera, il essaiera d'imiter les cris
30
80
traditionnels, et les adultes s'intéresseront à son jeu. Aux Agueilat
(Gorgol), le jeune garçon du chef, qui a moins de 4 ans, conduit un
vrai chameau à la laisse jusqu'au pâturage, son père conduisant une
autre monture. Il s'asseoit sur une selle jouet, prend une badine,
organise des courses. Puis il s'asseoit sur les rahlas (selles) qui sont
déposées sous la tente jusqu'au jour où monter sur le chameau est
enfin permis.
Chez les Chaamba, les enfants modèleraient des dromadaires avec de la
boue (Denis, 1952: 32).
31
81
Dominique Champault note que les enfants de l'oasis de Tabelbala,
située dans le Sahara nord-occidental, confectionnent de superbes
dromadaires très naturalistes en kaolin blanc et ocre (1969: 346).
Les enfants teda du Tibesti (Sahara tchadien) modèlent eux-mêmes
des dromadaires avec l'argile. En plus, ils confectionnent des tapis et des
sacs de selle en peau ou en cotonnade, et des selles ou bâts de charge en
bois (fig. 32-33, H = 14,5/19,5 cm, LO = 19/20 cm; catalogue 2.5,
35.50.184, 54.51.32, p. 191) qui imitent avec beaucoup de précision les
modèles réels.
Les parties en bois de ces selles ou bâts en miniature sont ligaturés avec
des lanières de cuir ou des cordonnets en poils de chameau. Sur
l'exemple complet d'une selle ou d'un bât, montrée à la figure 34, douze
rectangles de cotonnade variée et multicolore constituent le tapis de selle
(H = 9 cm, LO = 11 cm; catalogue 2.5, 65.3.51, p. 191).
32 33
34
82
Les petits sacs de selle des figures 35-36 sont en peau brute. Celui
avec l'ouverture la plus étroite est orné d'un décor quadrillé peint en noir
(LO = 31/22 cm, LA = 11/8,5 cm; catalogue 2.5, 65.3.52/53, p. 191).
203).
Les Teda placent la selle par-dessus la bosse du dromadaire
contrairement aux Touaregs, Ghrib, Maures et Chaamba qui la placent
sur le garrot de la bête.
Peter Fuchs déclare que ces figurines sont les jouets favoris des
garçons teda, qu'ils mettent en selle des méharistes en argile et
s'engagent avec ces jouets dans des razzias réciproques (1961: 47). Bien
que ce seraient surtout les garçons qui jouent avec ces dromadaires sellés
et montés, comme on peut le voir sur la photo de Peter Fuchs reproduite
à la figure 37 (p. 82), une selle de femme en miniature faite par une
fillette démontre que les filles teda jouent eux aussi avec des
dromadaires jouets (fig. 33, p. 80). D'ailleurs le même auteur dit que
certaines filles réussissent à faire une selle de femme pour leur poupée.
35 36
83
La figure 38 montre un dromadaire, à cou, bosse et queue prononcés,
modelé en argile par un garçon zaghawa (Ouaddaï, Tchad).
38
37
84
L'animal se tient debout sur quatre pattes bien solides et fut séché au
soleil (H = 10 cm, LO = 11 cm; catalogue 2.5, 57.82.127, p. 192). Tous
les enfants zaghawa font des jouets pareils qu'on appelle 'di',
dromadaire.
Un garçon amazigh chaouia (Aurès, Algérie) de onze ans s'est créé un
dromadaire en terre cuite suivant une conception bien différente (fig. 39,
H = 9,5 cm, LO = 14 cm; catalogue 2.5, 36.2.707, p. 192).
Ce dromadaire a la tête levée et la bosse rejetée en arrière au-dessus de
la queue. Les pattes antérieures, de même que les pattes postérieures, sont
réunies en un seul tronc. Les oreilles et les lèvres ont été indiquées.
Cet exemplaire de dromadaire jouet démontre chez des garçons de dix
ans un savoir-faire non démuni de sens artistique complété par une
remarquable liberté de modelage.
A Ignern, un village amazigh
au pied du Jbel Siroua dans le
Haut Atlas marocain, des
filles modèlent parfois une
dromadaire femelle en argile,
appelée 'telrumt', qu'elles
sèchent au soleil (fig. 40, H =
8 cm, LO = 9,5 cm).
40
39
85
1.8 Le dromadaire en fils plastifiés ou en tôle
A la figure 41 (H totale = 15,5 cm) on voit un dromadaire et méhariste en
fils électriques plastifiés, jaunes pour le dromadaire et rouge pour le
méhariste, recueilli en 1956 par Dominique Champault auprès des
enfants de la Vallée de la Saoura dans le Sahara nord-occidental
(Algérie; catalogue 2.6, p. 193).
En ce qui concerne les Touaregs Kel Ahaggar (Sahara algérien), l'album
de la collection du Musée du Bardo, publié par Balout, Bovis et Gast,
montre un dromadaire fait dans un morceau de tôle.
41
86
Ce dromadaire à deux dimensions, découpé à la cisaille, est représenté
avec réalisme, les pattes, le cou et la tête à oreilles, la bosse et la queue
étant indiqués (fig. 42). Il porte en plus un tapis de selle avant la bosse,
la place où la selle doit être attachée. En 1959 Balout écrit que la
fabrication de pareils dromadaires en tôle par les enfants touaregs Kel
Ahaggar est de date récente (planche LXVIII).
Ces deux exemples démontrent qu'en utilisant des matériaux importés
les enfants sahariens restaient attachés à la représentation du dromadaire
comme un de leurs jouets préférés. Mais il reste à vérifier si cela est
toujours le cas.
42
87
2 Les chevaux, mulets et ânes
2.1 Résumé
Comme pour les dromadaires, la plupart des chevaux, mulets et ânes
servant de jouets ont été recueillis auprès de populations sahariennes, et
les références bibliographiques ne démentent pas ce fait. Une fois de
plus, c'est chez les enfants chaouia amazighs de l'Aurès en Algérie
septentrionale que ces animaux jouets provenant en dehors du Sahara ont
été collectionnés. Moi-même, je les ai trouvés dans le centre et le sud du
Maroc.
En ce qui concerne l'ancienneté, tous ces jouets datent des années
1930, sauf le cheval en terre d'un enfant zaghawa modelé en 1956, les
chevaux et mulets des enfants Ghrib datant de 1975-1977 et les animaux
jouets marocains confectionnés depuis 1992.
Le docteur Guichard mentionne dans son bref article sur les jouets
fabriqués par les ouvriers en bois de Marrakech, des juments appelées
'aouda' que montent les enfants (1921: 162) :
Découpée dans une planche avec une selle arabe à pommeau et à
troussequin surélevés, elle a un long cou, une petite tête et deux
longues oreilles... Une douzaine de crins lui sert de queue. Elle est
fixée par une cheville sur une planchette munie de quatre roulettes
moins rondes que carrées et que l'on tire avec une ficelle. Mais que
dire de sa robe, vert lézard et pommelée de blanc et de roux !
Pareils chevaux roulants étaient offerts par les parents à leurs enfants lors
de la fête de l'°ashûra et de l'°aïd-es-seghir, probablement dans les
familles aisées.
On peut distinguer différents types de chevaux, mulets et ânes. Il y a
ceux très schématisés des enfants Ghrib et ceux de forme naturaliste, à
quatre pattes, des enfants touaregs, maures et zaghawa, ainsi que des
enfants du sud-marocain. Les enfants maures de Oualata au Sahara
mauritanien jouent avec des tous petits chevaux à trois pattes faites par
les servantes noires. Chez les Chaouia les pattes antérieures et les pattes
88
postérieures sont réunies en une seule patte. Ces deux pattes supportent
un corps volumineux ce qui donne un aspect massif à ces animaux.
Chez les Touaregs et les Maures du Sahara nord-occidental les
chevaux portent une selle et sont souvent montés d'un cavalier, la selle et
le cavalier étant des pièces séparées. Les chevaux sellés et montés des
enfant maures de Oualata sont modelés d'une pièce.
Les chevaux des enfants maures sont polychromes. Les autres
animaux mentionnés ici, ont gardés leur patine naturelle, à l'exception
d'une mule en terre cuite provenant des enfants chaouia qui a une ligne
de laque marquant la crinière et le poitrail.
Les matériaux utilisés sont la pierre, l'argile et le bois, mais aussi des
folioles de palmier et des courgettes. Le Musée du Bardo possède des
chevaux en tissu confectionnés par un jeune élève de l'école nomade des
Kel Rela en 1953 (Balout, 1959, planches LXVI et LXIX, photos de
deux chevaux).
Tous ces animaux jouets utilisés pour des jeux de faire semblant
s'inspirant du comportement des chevaux, mulets et ânes, ne doivent
faire oublier que les enfants peuvent par exemple aussi jouer au cheval
sans jouets. Comme pour l'imitation des dromadaires, les enfants ghrib
utilisent parfois leur propre corps. Une manière de faire que j'ai
remarquée à El Faouar (Sahara tunisien) en 1975 et 1977, est exécutée
par deux garçons dont le premier se tient debout et l'autre se penche pour
s'accrocher à la taille du premier et avec sa tête à hauteur du dos du
garçon qui reste debout. Cette monture se livre alors à une course avec
ou sans cavalier (fig. 2, p. 49).
Bien que j'aie vu le même jeu au Maroc dans un quartier populaire de
Kénitra en 1994, il n'est pas mentionné dans la bibliographie consultée
sauf par A.M. Goichon. J'ai en plus observé à Midelt en août 1999 trois
garçons d'environ sept ans courant à travers un terrain vague, servant de
terrain de jeu aussi bien que de lieu de pâture aux moutons, et dont deux
garçons, représentant des chevaux, sont entourés à la taille par une corde
et guidés par le troisième garçon tenant la même corde.
89
A.M. Goichon écrit dans son livre La Vie Féminine au Mzab, publié
en 1927(p. 67-68), ce qui suit sur les filles mozabites du Sahara algérien:
Il y a aussi la promenade à cheval, pour autant de joueuses que l'on
veut, trois par trois : deux font chacune un étrier de leurs mains
jointes derrière le dos, et la cavalière, se maintient sur leurs épaules.
Soit successivement, soit plusieurs à la fois, les groupent marchent
rapidement jusqu'à un but déterminé, sans lutter de vitesse, tandis que
l'on chante des chansons arabes ou mozabites... Le cheval a inspiré
encore un autre jeu, où ses qualités de coursier ne sont guère
évoquées. On joue à quatre seulement : deux "chevaux" debout, les
mains calées sur les genoux, deux "cavaliers" à califourchon sur le
dos de leurs compagnes. Un cavalier jette à l'autre son voile et chante
: Va-t'en, va-t'en, ô Bûnâdam! - Reste, reste, ô Bûnâdam! répond
l'adversaire en rattrapant le mouchoir. Si le cavalier manque son
coup, sa maladresse lui vaut de prendre le rôle servile, et son
ancienne monture le monte à son tour. (Bûnâdam, abréviation de
Buna Adam, notre père Adam).
A ma connaissance, il n'existe presque pas de données sur des enfants
jouant avec des animaux domestiques, exception faite du jeu utilitaire
d'attacher les petits chamelons des enfants touaregs (voir 1.1, p. 49).
Pourtant, jouer avec des animaux domestiques doit être une activité
ludique courante comme j'ai pu le constater à Midelt au Maroc en
novembre 1998 lorsque six jeunes garçons s'amusaient à essayer de
sauter sur le dos de deux ânes et parfois arrivaient à faire un petit tour sur
leur dos. En plus, j'ai vu dans la même ville et en août 1999 deux bergers
qui s'amusent à monter un grand mouton pendant qu'ils gardent un petit
troupeau de moutons (voir 3, p. 107).
Dans les années 1980 et à Ksar Assaka, un village près de Midelt, les
filles de dix ans et plus sautaient sur les ânes en les approchant par
derrière. Les garçons par contre sautaient sur les mulets. Les jeunes
enfants aiment beaucoup se promener sur le dos de l'âne par exemple
lorsque leur mère va couper de l'herbe pour les moutons ou les vaches et
il arrive aussi qu'on mette un jeune enfant dans le grand sac qui pend de
chaque côté du mulet pour aller chercher du sable dans l'oued.
90
Aimé Dupuy est un des trois auteurs qui parlent du jeu des enfants
avec des animaux domestiques (1933: 317). Concernant les enfants
tunisiens il écrit :
Dès que le père a acheté le mouton destiné au sacrifice (de l'Aïd el
Kebir), ils le promènent très fiers de la parure dont ils ont orné sa
toison ; ils vont lui quérir les herbes les plus tendres et les plus
parfumées; ils font s'affronter les bêtes stupides et bêlantes et les
stimulent dans leur combat par leurs cris et la litanie de leurs chants.
Auprès des Aït Ouirra du Moyen Atlas, Lahcen Oubahammou a
mentionné un jeu d'adresse qui se pratique après les premières pluies de
printemps ou d'automne car le sol est alors moins dur. Ce jeu est appelé
'toutcharf n'oughyoul' ou le saut de l'âne : “Les sauteurs se placent
devant un âne et tentent de sauter par-dessus son dos dans le sens de la
largeur. C'est un exercice difficile, me dit mon informateur, mais il y en
a qui le réussissent” (1987: 83-84). Un autre animal, une vache, est
utilisé chez la même population pour un rituel pour faire tomber la pluie,
un rituel classé dans la catégorie des jeux, les 'ilihane n'ounzar' ou les
jeux de la pluie, par les informateurs Aït Ouirra de Lahcen Oubahammou
(1987: 61).
Les jeux de la pluie sont des jeux rituels qui reviennent chaque fois
que la sécheresse (taghourart) persiste trop, perturbant ainsi la saison
des labours, ou bien lorsque la pluie fait défaut au printemps et que
les céréales se dessèchent dans les champs.
Le jeu rituel en question s'appelle :
Tirghist tabakhant ou la vache noire. Les filles se réunissent et
décident de promener une vache noire dans les champs, implorant
Dieu de faire tomber la pluie. Une fillette de peau noire tire la vache
avec un cordon, lui aussi noir (le noir est considéré comme la couleur
des nuages qui font tomber la pluie, Doutté, 1905: 385). Les autres
filles accompagnent la bête en chantant : Al bagra am Labgar, Ya
rabbi °âtina lamtar. Ô vache, mère des bovins, Ô Dieu, donne-nous de
la pluie” (Oubahammou, 1987: 61).
91
Lors d'une observation détaillée des activités de quelques enfants
ghrib dans et tout près de leur maison d'El Faouar un jour de novembre
1975 entre 16 heures et 18 heures, j'ai eu l'occasion de voir comment
Bechir, un petit garçon d'à peine trois ans, donnait libre cours à son
imagination et montrait son intérêt pour l'âne en se créant un âne à lui et
en impliquant plusieurs personnes dans son jeu. Cette activité ludique se
poursuit pendant presque une heure mais avec quelques interruptions.
Bechir entre en jeu en se dirigeant vers une grande bassine qui se
trouve contre la zriba, la hutte servant de cuisine à côté de la maison. Il y
monte et la transforme en âne en l'appelant son 'bhim', c'est-à-dire âne.
Tout de suite il descend de son âne et prend un gobelet qui se trouve tout
près pour le mettre sur la bassine. Puis il veut aller chercher un coussin
dans la maison. Mohammed, son frère aîné de 24 ans, le retient et Bechir
se fait un peu mal avec sa main contre la porte. Comme il commence à
pleurer, Mohammed le console et lui laisse prendre un coussin.
Quand Bechir revient à son âne, il voit que la bassine a été déplacée ce
qui fait pleurer Bechir à nouveau. Sa mère la remet contre la hutte et
Bechir est content. Il met le coussin sur son âne, prend un sac en
plastique qui se trouve par terre et le remplit avec le gobelet et quelques
petites écuelles en plastique. Alors il veut encore y mette une écuelle en
métal mais comme cela ne va pas il met le sac sur son âne et pose
l'écuelle en métal à côté. Quelques minutes plus tard, Bechir va dans la
hutte chercher des affaires pour encore charger son âne. Mais deux
moutons ont entre temps réussi à tirer le sac de la bassine et à faire
tomber l'écuelle en métal. Bechir en voyant cela, vient chasser les
moutons en agitant un burnus, un survêtement, et en criant haluf,
cochon. Une fois qu'il a remit tout en place, il chasse les moutons au
loin. Il plie le burnous et le met sur son âne.
Bechir prend alors une planchette, nous dit que c'est sa radio et
commence à parler de son âne. Sa mère, son père et son frère aîné lui
répondent et laissent s'intégrer à son jeu. Ils lui disent de monter sur son
âne mais Bechir n'y réussit pas. Il recommence à parler de son âne et dit
qu'il va aller au magasin. Il essaye plusieurs fois de monter sur la bassine
mais ses pieds glissent à chaque fois du côté bombé. Mohammed el
Hedi, un cousin plus âgé, lui dit de se tenir au grand coussin qui se
trouve sur la bassine et Bechir réussit enfin de se mettre sur le dos de son
92
âne. Avec un bâtonnet il frappe son âne et imite l'âne et la charrette qui
avancent. Bechir remarque une branche de palmier verte qui se trouve
par terre et veut l'avoir. Mohammed el Hedi va la chercher et la lui
donne.
Soudainement Bechir glisse de son âne et tire toutes les affaires par
terre. Mohammed el Hedi remet le coussin en place, met Bechir sur son
âne et commence à jouer avec lui. Ensemble ils parlent de la route à
parcourir et Mohammed el Hedi incite Bechir à faire courir son âne plus
vite. Bechir frappe l'âne avec son bâtonnet.
Mohammed el Hedi s'en va et Bechir descend de la bassine. Il y remet
le sac en plastique et l'écuelle, puis retourne à la hutte. Il prend un verre
à thé mais son père lui dit qu'il se cassera. Bechir remet le verre à sa
place et retourne à son âne.
Quand quelqu'un de la famille passe avec un mulet tirant une
charrette, Bechir le rejoint. Le jeune homme s'arrête et Bechir parle un
peu du mulet avec lui. Après quelques moments Bechir est pris par sa
sœur Hinda de 18 ans mais il retourne bien vite à son âne. A plusieurs
reprises il monte et descend de son âne. Bechir s'en va près de quelques
garçons qui jouent un peu plus loin. Il leur parle de son âne, retourne à la
maison et continue de parler de son âne à sa sœur Hinda.
Finalement il va jouer avec quelques garçons en haut d'une dune de
sable, creusant des trous soi-disant pour chercher des souris de sable.
La fascination de Bechir pour l'âne et le mulet s'était déjà manifesté
onze jours plus tôt dans l'après-midi lors d'un jeu où à tour de rôle Bechir
et son frère Ali de cinq ans deviennent un mulet tirant avec une corde
une boîte de carton devenue charrette. Bechir marche le premier à côté
de cet attelage, agite une corde en guise de fouet et fait courir son mulet.
Quand les rôles se sont inversés, Bechir devient le mulet et est frappé
joyeusement par Ali. Bechir s'arrête, prend la main de Ali et fait
semblant d'y mordre, après quoi cet épisode se termine.
93
2.2 Les chevaux, mulets et ânes en argile
Les chevaux, les mulets et l'âne en terre crue ou cuite de la collection
proviennent de populations sahariennes, notamment les Touaregs Kel
Ahaggar et Kel Ajjer du Sahara algérien, les Maures du Sahara nord-
occidental (frontière algéro-marocaine), les Maures de Oualata (Sahara
mauritanien) et les Zaghawa du Ouaddaï au Tchad. Les références
bibliographiques n'ont pas révélées d'autres populations de la région
envisagée où le modelage de ces animaux est pratiqué. Mais j'ai constaté
que dans les villages amazighs Aït Ighemour et Ignern (Haut Atlas
marocain) des garçons modèlent un mulet et son muletier en argile.
Ces chevaux et mulets sont
modelés à la main par les
enfants eux-mêmes, sauf en
ce qui concerne ceux faits par
les servantes noires ou les
potières chez les Maures de
Oualata.
Un âne à corps svelte et
avec des oreilles énormes a
été confectionné par un
enfant touareg Kel Ajjer de
Djanet au Sahara algérien
(fig. 43, H = 8,5 cm, LO =
9,2 cm; catalogue 3.1,
37.21.94, p. 193).
Trois chevaux sellés et montés d'un cavalier ont été modelés en argile,
puis séchés au soleil. Ces jouets qui s'appellent 'aknar', furent faits par
trois garçons hartani, les serviteurs noirs des Touaregs Kel Ahaggar,
entre huit et douze ans (catalogue 3.1, 41.19.152-154, p. 193).
Malheureusement ces objets manquent. Un des cavaliers représente,
selon son créateur, le fils de l'amenokal ou 'roi' de l'Ahaggar. La hauteur
d'un des chevaux est 8 cm et son tapis de selle est un chiffon blanc.
Le modelage de chevaux en argile par les enfants des Touaregs Kel
Ahaggar est déjà attesté par Ben Hazera en 1908 (p. 21).
43
94
Il s'agit de jouets de garçons. Monter à cheval était uniquement
réservé aux hommes et bien que certaines femmes de l'Ahaggar montent
à méhari, aucune ne montait à cheval (de Foucauld, 1951-1952: 1034).
Balout, Bovis et Gast écrivent en 1959 : “Il existe encore deux ou trois
chevaux dans tout l'Ahaggar. Leur silhouette aperçue de rares fois a
frappé l'imagination des enfants, toujours passionnés d'animaux et de
montures”. Les deux chevaux jouets montrés dans leur livre furent
confectionnés par “un élève de l'école nomade, Chennani Ag Mostapha,
de la tribu des Kel Rela, sur la proposition de son instituteur”.
L'armature est entourée
d'étoffe de gandouras et
la crinière est en
véritable crin de cheval
(planche LXIX).
Les enfants maures du
Sahara nord-occidental
jouent aussi avec des
chevaux sellés et montés
mais ces jouets sont en
terre cuite (fig. 44, H =
26 cm, LO = 19 cm;
catalogue 3.1, 38.141.83,
p. 194). Ces chevaux
sont du même genre que
le dromadaire monté en
argile de cette région
(fig. 31, p. 79, H = 23
cm, LO = 16,2 cm).
Le cheval à cou incurvé en avant, au corps assez massif et à petite tête
avec oreilles modelées, se tient sur quatre pattes, ceci contrairement aux
chevaux à trois pattes de Oualata (Sahara mauritanien).
Les enfants noirs de Mopti, sur le Niger au Mali, modèlent en argile
des cavaliers et des chevaux qui ressemblent très bien à ceux des enfants
maures du Sahara nord-occidental. J.J. Mandel et A. Brenier-Estrine
nous montrent deux chevaux sellés et montés dans leur article “Clay
Toys of Mopti” (1977: 11-12).
44
95
Des chevaux en terre crue plus petits, servant de jouets aux enfants
maures de la petite ville de Oualata (Sahara mauritanien), sont faits par
les servantes noires (fig. 45, H = 7 cm, LO = 6,7 cm). Le cheval, la selle
et éventuellement le cavalier ont été modelés d'une pièce. Ces jouets déjà
remarquables par leur coloration ont en plus les deux pattes antérieures
réunies en un seul tronc. Le jouet le plus petit de cette série de chevaux
mesure 5 cm de hauteur sur 4 cm de longueur, le plus grand mesure 8,3
cm sur 9,5 cm (catalogue 3.1, 38.48.79-83, p. 194).
Des petits chevaux et
autres animaux jouets en
argile ayant les deux
pattes antérieures réunies
en un seul tronc semblent
être particulier à la région
méridionale du Sahara et à
la bordure septentrionale
du fleuve Niger. En plus
l'existence de ces jouets
est déjà attestée depuis
quelques deux mille
années. Une analyse
détaillée de la continuité remarquable des animaux jouets à trois pattes
de cette région est donnée dans les Conclusions et Perspectives (p.).
Une petite merveille de
cheval, faite par une servante
noire des Maures de Oualata,
porte une plume comme
queue et se voit à la figure 46
(H = 5 cm, LO = 4 cm;
catalogue 3.1, 38.48.83, p.
195). Une petite gourde qui
se pend à la selle existe aussi
dans la collection. Le
cavalier à casque colonial a
disparu.
45
46
96
Dans l'ouvrage Introduction à la Mauritanie se trouvent les
spécifications suivantes (Centre de Recherches et d'Etudes sur les
Sociétés Méditerranéennes/ Centre d'Etudes d'Afrique Noire, 1979: 142-
143) :
A Oualata, il existe des potières qui modèlent... d'exquis petits
animaux pour le jeu de sig... petits animaux qui servent de pions au
jeu de sig, ils sont très jolis ; on retrouve le chameau et son cavalier,
l'autruche, la vache à bosse, le mouton, le hérisson aussi. La potière
décore ces objets avec une terre blanche comme celle qui est utilisée
dans la décoration des maisons et que l'on appelle tin-l-imâm-
Hadrami. Elle trempe un brin de bois très fin dans sa 'peinture' et
faisant tourner l'objet elle dépose ses traits blancs créant de
charmants motifs géométriques. Elle utilise aussi une 'peinture' noire
ou gris foncé, et bleue.
Un cheval d'une belle forme a été modelé à la main en argile rouge par
un enfant zaghawa de l'école d'Iriba dans la région de Ouaddaï au Tchad
(fig. 47, H = 13,5 cm, LO = 12,5 cm). M.J. Tubiana qui a collectionné ce
jouet en novembre 1956, note que tous les enfants zaghawa font ces
chevaux en terre crue. Une bride en ficelle et une selle en papier d'argent
complètent ce jouet.
47
97
Chez les sédentaires Chaouia de l'Aurès en Algérie septentrionale, les
garçons jouent avec des mules et des chevaux dont les pattes antérieures
et les pattes postérieures sont chacune réunies en un seul tronc. Les deux
chevaux déposés dans la collection contrastent de par leur aspect massif
avec l'élégance du cheval précédent.
La mule à la figure 48 montre très bien la corpulence de ces animaux
jouets (H = 9 cm, LO = 14,2 cm; catalogue 3.1, 36.2.696, p. 196).
Dans le tout petit village montagneux d'Aït Ighemour (région de
Ouarzazate, Haut Atlas, Maroc) les garçons amazighs vont chercher
l'argile à flanc de montagne (fig. 49).
49
48
98
Avec cette argile ils modèlent bon nombre de jouets, entre autres un
mulet portant éventuellement son maître. Dans la tête allongée du mulet,
avec ses deux oreilles bien prononcées, le garçon a mis des yeux. Le
muletier serre entre ses grosses jambes son mulet non sellé. Ces mulets
et muletiers sont séchés au soleil. Avec ces jouets assez frustes les
garçons miment des scènes de la vie animale, de l'élevage ou du
transport (fig. 50, H totale = 12 cm).
A Ignern, un autre village amazigh du Haut Atlas, le mulet monté par un
muletier est parfois modelé en argile puis séché au soleil. Un garçon de
treize ans m'a raconté en novembre 1998 qu'il arrivait qu'il mette des
roues sous cette monture et qu'il la tirait par une ficelle.
50
99
2.3 Les chevaux et les mulets en bois
Chez les Chaouia (Aurès, Algérie) ont été recueillis des mulets et un
cheval en bois. La petite jument, découpée par un enfant dans un
morceau de bois et présentant une forme plutôt à deux dimensions, a la
tête et le cou horizontaux. Les pattes antérieures et les pattes postérieures
de ces animaux jouets sont réunies en un seul tronc (fig. 51, H = 5 cm,
LO = 12,8 cm; catalogue 3.2, 37.9.56, p. 197).
D'autres mulets en bois tirent des araires. L'exemple de la figure 52
montre deux mulets tirant un araire. L'animal est fait de quatre bâtonnets,
les pattes, fixés à un morceau de bois servant de corps, le tout étant
exécuté dans du laurier-rose (H = 12,5 cm , LO = 42 cm; mulets: H = 8
cm, LO = 9,5 cm; catalogue 3.2, 36.2.256, p. 197).
51
52
100
La manière dont les enfants utilisent ces jouets en bois dans leurs jeux
n'a pas été révélée, mais il est clair qu'ils les utilisent surtout pour
représenter la vie des adultes ou les comportements des animaux eux-
mêmes, tout comme ils le font avec leurs dromadaires jouets.
Auprès des enfants ghrib (Sahara tunisien) j'ai observé dans la seconde
moitié des années soixante-dix une forme de cheval de course
rudimentaire mais très efficace. Comme cela se fait en plusieurs endroits
du monde, les garçons ghrib, plus rarement les filles, enjambent leur
cheval qui n'est autre qu'une branche de palmier ou d'un autre arbre ou
encore un roseau (fig. 53).
On enroule parfois le haut du bâton avec un ou plusieurs morceaux
d'étoffe pour mieux représenter la tête ou la crinière du cheval. A partir
de l'âge de quatre ans, on pouvait voir les enfants courir sur les dunes en
criant 'rrr, rrr' ou 'zîd guddâm, zîd guddâm' 'avance encore, avance
encore'. Pour arrêter son cheval l'enfant crie 'îs, îs'. Parfois les enfants
organisent entre eux une course de chevaux.
Actuellement et tout à fait de la même manière des garçons de quatre
ou cinq ans du village Ksar Assaka, près de Midelt au Maroc, se créent
une monture qui représente cette fois non pas un cheval mais un mulet.
Normalement un roseau est utilisé mais un bâton plus ou moins long
peut suffire. La tête est éventuellement figurée par un sac de plastic noir
ou des fils entourant le haut du roseau. Pour se faire avancer les garçons
53
101
crient 'rra, rra' en se frappant avec un bâtonnet et pour se faire arrêter
'sha, sha' tout comme on le fait avec un vrai mulet. J'ai observé ce cheval
de roseau monté par des garçons de six ans en septembre 1999 à Midelt.
En septembre 1994 deux garçons de quatre ans et une fille de trois ans
enjambaient dans les ruelles du Ksar de Goulmima une branche de
palmier en guise de cheval ou de mulet. Selon Rachida Lihi, né en 1970
au Ksar de Goulmima, le 'cheval' pouvait aussi être un roseau, la plume
du roseau figurant la crinière du cheval. En plus, les enfants utilisaient
un petit bâton pour se rendre eux-mêmes plus vigoureux.
Près du centre urbain de Taliouine, sur la route de Tazenakht à
Taroudannt, un garçon d'environ six ans galopait début novembre 1996
avec son cheval de roseau en bordure de cette route. Le cheval est un
long roseau avec un morceau de roseau fixé à angle droit qui suggère
efficacement la tête du cheval. Afin d'exhorter son cheval à courir plus
vite il se frappait avec une longue lanière de caoutchouc.
Mais on peut aussi retrouver ce cheval dans les grandes villes. Ainsi
j'ai pu observer en février 1994 lors du mois de Ramadan, trois garçons
d'environ six ans qui enjambaient une longue branche ou un roseau en le
tenant par une main. En éperonnant le 'cheval' avec une branchette tenue
dans l'autre main, ils se livraient à une course folle à travers leur quartier
populaire de Kénitra.
Bien que ce jeu de course à cheval semble être commun en Afrique du
Nord, seulement trois auteurs de la bibliographie consultée mentionnent
ce moyen très simple de se procurer un cheval.
J. Desparmet, qui a écrit la première édition de son livre en 1905 en
arabe maghrébin, mentionne la chanson chantée par des enfants algériens
en fourchant leur cheval de roseau. Dans la traduction française de Pérès
et Bousquet (1948: 63) on peut lire :
C'est un chant que les enfants entonnent quand ils font semblant de
monter à cheval sur un roseau et qu'ils courent :
Chut, mon cheval, chut!
L'armée est arrivée,
Un cavalier l'a amenée
De Bab-el-Oued.
Chut, mon cheval, puisse-t-il ne pas te conduire!
Il te donnerait un mauvais coup qui t'emporterait!
102
Chut, mon cheval, cheval à la belle bride,
Rue en arrière, et en avant.
Chut, mon cheval, cheval aux belles "guides",
Tu galopes dans le Sahara et dans la plaine.
Chut, mon cheval, cheval de course,
Tu galopes dans le Sahel et dans les terres en friches.
Chut, mon cheval, mon étalon de quatre ans.
Grâce à son galop, mon ennemi est désarçonné.
Dans sa thèse sur les jeux des Aït Ouirra (Moyen Atlas, Maroc) Lahcen
Oubahammou écrit que les petits garçons chez cette population montent
un bâton de férule ou un roseau en courant dans toutes les directions
pendant qu'ils imitent le hennissement d'un cheval. De cette manière
l'enfant “joue au cavalier sur son cheval et apprend à communiquer avec
sa monture”. Si le cheval est un bâton de férule il s'appelle 'ayis n'ouffal'
et s'il est un roseau 'ayis n'aghanim' (1987: 51, 61).
Le même genre de cheval nous montre le pédiatre marocain Mohamed
Sijelmassi dans son livre Enfants du Maghreb entre hier et aujourd'hui
(1984: 85). On y voit une photo de deux garçons, en âge d'école
primaire, qui enjambent un long roseau en guise de cheval.
2.4 Les chevaux en plante fibreuse
Au pied du Moyen Atlas, sur la route de Khenifra à Khemisset, se trouve
Oulmès, bien connue pour sa source dont l'eau est commercialisée sous
ce nom. En 1996, des informations concordantes de Fatima Boutouil de
57 ans et de deux femmes d'environ soixante-dix ans, rencontrées lors
d'une visite à cette source et toutes nées dans la région, attestent
l'utilisation par les filles d'une plante fibreuse à longues feuilles minces
appelée 'bèrwèl' pour faire un petit cheval. Cette plante, qui pousse en
période de pluie, était aussi utilisée pour faire l'armature d'une poupée,
un bracelet ou un collier et même pour y verser, après l'avoir gonflée, du
lait de chèvre qui mis dans la chaleur donne du beurre. Pour faire un petit
cheval on coupe la plante de telle manière qu'il y ait trois bifurcations,
deux pour les pattes et une pour le cou et la tête. Avec un morceau de
cette plante une selle est faite. Puis ce cheval se tire avec un fil.
103
2.5 Les mulets en pierre
A partir de l'âge d'environ sept ans, des garçons Ghrib (Sahara tunisien)
jouent au muletier ou au commerçant avec des mulets en pierre tirant une
charrette en métal blanc. Un premier modèle, le plus simple des deux, se
compose d'un mulet avec son bât en grès. Un morceau de chiffon et de
plastique servent de tapis de bât. Deux bâtonnets forment le joug et la
charrette est une boîte de tomates aplatie d'un côté. Ce joug est retenu en
avant du bât par une cordelette (fig. 54, mulet: H = 11 cm, LO = 14 cm,
LO totale = 25 cm, LA + = 7,5 cm).
Le deuxième modèle est un peu plus sophistiqué en ce qui concerne la
charrette. Le mulet est une pierre assez dure de forme rectangulaire (fig.
55, p. 104, mulet: H = 5 cm, LO = 7,5 cm, LO totale = 20 cm, LA+ = 8
cm). Le bât est un morceau de fer blanc plié et posé sur un chiffon et un
morceau de carton, le tout attaché par une ficelle. Les roues de la
charrette sont deux petites boîtes de purée de tomates. Un bâtonnet,
retenu en place par un morceau de bois ou de grès, forme l'essieu. La
benne, aux bords repliés et avec deux longues bandes servant de joug, est
attachée au bât avec un bout de fil.
54
104
Bien que l'animal en grès de la figure 55 ressemble aux dromadaires
en pierre des enfants touaregs, il s'agit bel et bien d'un mulet comme l'a
indiqué le garçon ghrib dont j'ai reçu ce jouet.
2.6 Les mulets en courgettes et branchettes
En octobre 1992, un garçon amazigh d'environ onze ans, vivant dans le
village Aït Ighemour du Haut Atlas marocain, confectionnait en un tour
de main un mulet et un muletier en courgettes et branchettes (fig. 56, p.
105, mulet: H = 21 cm, LO = 20 cm; muletier: H = 32 cm).
Pour le mulet une grosse courgette sert de tronc dans lequel cinq
branchettes sont enfoncées, quatre pour les pattes et une pour le cou. Une
courgette plus petite forme la tête et est enfoncée sur la branchette
servant de cou. Pour le muletier le garçon a mis aux deux extrémités
d'une branchette une petite courgette, l'une figurant la tête et l'autre le
bassin. Les deux branchettes qui y ont été introduites et représentent les
jambes, sont terminées par deux morceaux de pomme de terre servant de
pieds. Dans la courgette servant de tête des petits morceaux de pomme
de terre, avec la pelure tournée vers l'extérieur, font office de bouche et
des yeux.
55
105
2.7 Les mulets en folioles de palmier
A la Source Bleue de Meski, près
d'Errachidia au Maroc, j'ai acheté à un
garçon d'environ douze ans un mulet à
sacs pour quelques dirhams (fig. 57, H
= 21 cm, LO = 10,5 cm, LA = 12 cm).
Ce mulet est fabriqué de la même façon
que le dromadaire en foliole de
palmier. Les sacs qu'il porte sont faits
séparément et fixés dans le tressage du
mulet. Deux longues folioles de 42 cm
permettent de le pendre.
La manière dont les garçons jouaient
jadis avec ces mulets tressés est décrite
chez les dromadaires en folioles de
palmier (voir 1.5, p. 65).
57
56
106
107
3 Le gros bétail et le petit bétail
Comme pour la mise en scène du dromadaire, du cheval ou du mulet, le
corps de l'enfant peut suffire déjà pour représenter le bétail. Ainsi un jeu
des jeunes de Nefta, dans le sud de la Tunisie entre Tozeur et la frontière
algérienne, consiste à se déguiser “en un troupeau de vaches qu'un berger
fait avancer en chantant : diz el-bagrât ya hnayyin wes-sahra hlât.
Pousse, Ô toi au cœur tendre, les vaches, notre soirée devient plus
agréable” (Ayoub, 1991: 31). Ce jeu, qui se pratique lors de la fête de
l'°ashûra, se rapproche de celui des filles du sud de la Tunisie dans lequel
elles imitent des animaux domestiques comme les vaches et les
dromadaires (voir 1.1 p. 51).
Mais parfois l'animal lui-même, par exemple un mouton ou une
chèvre, est utilisé par des enfants. Ainsi j’ai vu en mars 1975 dans des
campements Ghrib au Sahara tunisien qu’un garçon de deux ans ainsi
qu’une fille du même âge s’amusent avec des chèvres, par exemple en
essayant d’en attacher une en la mettant le nœud de la corde au-dessus de
la tête, en courant après des chèvres ou en imitant leur bêlement. Dans le
village saharien El Faouar et en novembre 1975, un garçonnet de onze
mois s’intéresse beaucoup aux pellicules d’orge qu’on donne à manger
aux chèvres. Il s’approche des chèvres, goûte de leur nourriture, leur tire
les oreilles, les cornes et les cheveux. A une autre occasion le même
bambin s’approche des moutons et leur tire la toison.
A Midelt au Maroc central j'ai observé en août 1999 deux bergers
marocains d'environ douze ans qui montaient à cheval sur un grand
mouton faisant partie du petit troupeau qu'ils gardaient. Une coutume
ludique liée aux moutons qui seront sacrifiés à l'Aïd el Kebir est
mentionné par Aimé Dupuy en 1933. Les enfants tunisiens promenaient
le mouton joliment décoré, lui offraient les meilleures herbes mais
s'amusaient aussi à le faire combattre avec d'autres moutons (voir 2.1 p.
90).
Tout comme les enfants sahariens se font des dromadaires, des
chevaux, des mulets et des ânes, ils se confectionnent aussi des pièces de
gros et de petit bétail. Il est question dans la collection de vaches zébus,
de bœufs, de béliers et de chèvres recueillis auprès des enfants touaregs
Kel Ajjer et Kel Ahaggar (Sahara algérien), maures (Sahara nord-
occidental et Sahara mauritanien) et zaghawa (Sahara tchadien).
108
Trois jeux de bergers, celui des garçons ghrib du Sahara tunisien, celui
des enfants Oulad Ben Sbaa et celui des enfants du village Aït Ighemour
au Maroc, démontrent que des petites pierres, des coquilles d'escargots
ou des épis de maïs vides représentent encore de nos jours des chèvres
ou des moutons.
Une chèvre ou un bœuf en pierre plate taillée fait partie de la série de
dromadaires en pierre taillée provenant des Touaregs Kel Ajjer. Ce jouet
est reproduit à la figure 58 (H = 2,3 cm; catalogue 4, 62.128.8, p. 198).
Les autres animaux ont été modelés dans l'argile et séchés au soleil, à
l'exception d'un bélier, d'une chèvre et d'un autre quadrupède, tous les
trois en terre cuite.
Les animaux jouets de cette série, dont la hauteur varie entre 1,5 et 12
cm, ont quatre pattes, sauf ceux faits par les servantes noires des Maures
de Oualata (Sahara mauritanien) qui ont trois pattes et partagent ainsi
cette particularité avec les chevaux et mulets servants de jouets et
modelés par les mêmes servantes.
Les figures 59 et 60 (p. 109) présentent
deux zébus avec les pattes antérieures
réunies en un seul tronc qui forme en même
temps la tête de l'animal, proposant ainsi
une forme exceptionnelle. Selon la fiche
signalétique, il s'agit d'un veau zébu à fond
blanc (H = 2,3 cm) et une vache zébu à fond
ocre brune (H = 6 cm), tous les deux à
bosse et à cornes.
59
58
109
Des taches brunes et bleues pour le
veau et blanches pour la vache ornent
ces animaux jouets. Les mamelles de
la vache sont bien développées
(catalogue 4, 38.48.74/77, p. 198).
Ce bétail jouet de Oualata est
polychrome ainsi que le bélier en terre
cuite d'une forme assez stylisée,
provenant de l'Algérie et datant
d'avant 1889.
Ce très ancien et remarquable bélier est reproduit à la figure 61 (H = 10
cm, LO = 8,5 cm). La tête et les cornes sont finement modelées et
contrastent harmonieusement avec le corps massif à courtes pattes. Une
petite queue droite complète l'animal. Il y a une perforation sous le
ventre et à l'anus. Sauf sous le ventre, le bélier est recouvert de traits
rouges formant sur son corps un décor à triangles. Le jouet a été vernissé.
60
61
110
Cent quatre ans plus tard, en 1993, et dans la Médina de Kénitra, un
garçon marocain d'environ six ans joue-lui aussi avec un bélier jouet
mais cette fois il s'agit d'un bélier en plastique rouge et qui a perdu ses
petites roues.
Des animaux à quatre pattes, dont un porte une bosse, furent modelés
par des enfants touaregs Kel Ajjer de Djanet (Sahara algérien). Ces
animaux de gros ou de petit bétail sont en argile crue et varient entre 3 et
8 cm de hauteur (fig. 62-64, catalogue 4, 37.21.96-98, p. 198). Ils
s'apparentent à l'âne de la figure 43, modelé par les mêmes enfants.
64
62
63
111
La manière dont les enfants, filles et garçons, des Touaregs Kel
Ahaggar et Kel Ajjer du Sahara algérien jouent avec ces animaux jouets
est décrit chez les dromadaires avec armature en matière végétale (1.5, p.
67).
Un bœuf à bosse et avec quatre pattes, en boue, figure à la planche
LXX de l'Album du Musée du Bardo comme jouet des enfants touaregs
Kel Ahaggar (Balout, 1959). Il est du même genre que ceux mentionnés
ci-dessus et reproduits aux figures 62-64.
En bas de la même planche, se trouve figuré un bœuf à bosse en étoffe
bourrée, fabriqué par un garçon Kel Rela des Touaregs Kel Ahaggar en
1953, cela suivant le même procédé que celui utilisé pour la confection
d'un cheval fait par le même garçon. Vu la rareté des animaux jouets en
étoffe bourrée, ce bœuf de la collection du Musée du Bardo est reproduit
à la figure 65.
“Les enfants de l'Ahaggar reproduisaient rarement le bœuf dans leurs
jouets. Ceux du Tamesna au contraire voient d'immenses troupeaux de
bœufs à cornes en forme de lyre ; ils utilisent la boue de daïas pour
confectionner ce jouet” (Balout e.a., 1959: planche LXX).
65
112
La figure 66 montre une chèvre en terre cuite (H = 6 cm, LO = 9 cm)
et la figure 67 un quadrupède indéterminé (H = 7,5 cm, LO = 15,3 cm),
tous les deux ayant servi de jouet à des enfants maures du Sahara nord-
occidental. Ils ont un corps massif sur quatre petites pattes (catalogue 4,
38.141.85/86, p. 198). Ces pattes ressemblent à ceux du bélier d'avant
1889 (fig. 61, p. 109). Ils ont été peints à l'ocre rouge et brune.
Dans la série d'animaux jouets en miniature faits par les potières de
Oualata se trouvent aussi le mouton et la vache à bosse. Leur fabrication
et leur utilisation est décrites dans la description des chevaux en argile
(voir 2.2, p. 95).
66
67
113
Le zébu en argile modelé par un enfant zaghawa (Sahara tchadien) au
contraire a un corps svelte porté par quatre pattes hautes (fig. 68, H = 12
cm, LO = 13,8 cm; catalogue 4, 57.82.129, p. 200). La bosse et le fanon
ont été indiqués avec une grande justesse. L'importance des zébus dans
l'économie et les institutions sociales de cette population en est
probablement la cause. Ainsi Tubiana déclare que les Zaghawa, qui sont
en premier lieu des éleveurs de bovins, “possèdent un vocabulaire
extrêmement riche pour individualiser chaque animal suivant la teinte de
la peau ou la forme des cornes” (1977: 42).
Des zébus en argile modelés et peints par les enfants de Mopti sur le
Niger au Mali, figurent dans l'article de J.J. Mandel et A. Brenier-Estrine
(1977: 9, 11, 13). Comme on peut le voir sur les photos dans cet article,
leurs pattes antérieures sont réunies en une seule patte, comme c'est le
cas pour les animaux jouets faits dans les temps anciens par les enfants
de Jenné-Jeno sur le Niger et par les servantes noires des Maures de
Oualata au Sahara mauritanien.
68
114
Tous ces jouets, figurants du petit ou du gros bétail, datent depuis un
certain temps. Le plus ancien fut collectionné en 1889, le plus récent en
1962. Personnellement, j'ai constaté qu'en 1977 des garçons ghrib
utilisaient des petites pierres comme chèvres dans leur jeu de simulation
des tâches du berger. Que ce jeu de berger continu de frapper
l'imagination des jeunes garçons villageois est démontré par le fait qu'en
1992 les enfants du village amazigh Aït Ighemour dans le Haut Atlas
marocain jouent au berger avec comme moutons des épis de maïs vides.
Abdelkhalek Naseh mentionne lui aussi le jeu de berger en ce qui
concerne les garçons, d'entre six et douze ans, des Oulad ben Sbaa de
Sidi-Moktar, situé à 98 km de Marrakech sur la route vers Essaouira.
Dans son mémoire de licence, cet auteur décrit comment les garçons font
avec de la boue un enclos dans lequel ils enferment leurs moutons et
brebis, qui ne sont autres que des coquilles d'escargots. Il s'agit d'un jeu
collectif très courant, appelé 'es sâreh', le berger, qui consiste à surveiller
et à déplacer les moutons et en général à s'initier au travail d'un vrai
berger (1993: 43-44).
Dans le jeu de poupée des filles amazighes du village Ksar Assaka
près de Midelt au centre du Maroc il arrivait que vers 1980 une des deux
scènes de la fête de mariage de la poupée-jeune mariée soit celle de faire
monter cette poupée sur une poupée-mouton. La poupée-mouton
représente le mouton que la famille du jeune marié apporte chez la jeune
mariée et que cette dernière monte pour qu'elle ait une bonne vie. Pour
figurer cela, la poupée-jeune mariée est couchée sur le dos de la poupée-
mouton et ainsi elles font une petite promenade. Cette poupée-mouton
est faite avec un vieux bidon d'huile autour duquel un morceau de peau
de mouton usé est cousu. Les pattes sont quatre pilles usées et deux
cornes de mouton sont fixées au bon endroit (Rossie, 2005, Cultures
Ludiques Sahariens et Nord-Africains. Poupées d'Enfants et Jeux de
Poupées, voir 2.14 Les poupées-femmes marocaines, fig. 81, p. 136.
Avant de parler du rôle des autres animaux domestiques dans les jeux
et jouets, je voudrais rappeler au lecteur le rôle que joue une vache noire
dans le jeu rituel pour implorer la pluie des fillettes Aït Ouirra du Moyen
Atlas marocain, décrit à la fin du résumé sur les jeux et jouets en rapport
avec les chevaux, les mulets et les ânes (voir 2.1, p. 90).
115
4 Les autres animaux domestiques
Les autres animaux domestiques qui se trouvent dans la collection
étudiée sont des chiens et un lapin. Ils ont servis de jouets aux enfants
touaregs Kel Ajjer (Sahara algérien) et zaghawa (Sahara tchadien).
Chez les Touaregs Kel Ajjer de Djanet des enfants modèlent tout une
série d'animaux en argile. Un de ces jouets représente probablement un
chien. Cet animal de 5 cm de hauteur et de 9,3 cm de longueur fait partie
de la série de chevaux, mulets et autre bétail en argile faits par les mêmes
enfants (voir 2.2, p. 93). Le corps du chien, à tête et longue queue
horizontales, repose sur quatre pattes solides.
Un chien à longue queue recourbée et un lapin modelés par un garçon
zaghawa (Sahara tchadien) nous montrent les figures 69 et 70 (H =
10,8/10 cm, LO = 9/8,2 cm; catalogue 5, 57.82.126/125, p. 200).
69
116
Ces animaux en terre crue ont le corps porté par quatre pattes hautes. Le
lapin a des yeux de graines. Sa bouche et ses narines sont incisées. Le
chien ne montre que des yeux incisés en forme de cercle.
Ces chiens et lapins confectionnés par les enfants eux-mêmes sont
dans les villes marocaines,
et plus rarement à la
campagne, remplacés par
des chiens et lapins en
plastique d'un prix tout à
fait abordable mais en
même temps de qualité
médiocre. Sur la figure 71,
le petit garçon de
Marrakech, quartier de
Daoudiate, joue avec un
lapin à roues acheté à la
Médina au printemps 1992
pour 5 dirhams ou 0,5
euros (H = 26 cm, LO = 14 cm).
Le chien à roues de la figure 72 (p. 117), que j'ai photographié en
février 1992 dans une échoppe de la Médina de Marrakech coûte bien
plus cher, environ 40 dirhams ou 4 euros (H = 50 cm, LO = 60 cm).
70
71
117
F. Castells mentionne dans sa “Note sur la fête de Achoura à Rabat” de
1915, une “poule à forme monstrueuse picotant sa planchette lorsqu'on la
balance”, vendue au Souq el Achour, le marché qui se tenait face à la
Qasbah des Oudaïa à Rabat. Cet auteur donne en même temps une
information de grande importance en signalant que c'est "un vieux
représentant de la tradition qui offre, sans beaucoup de succès... des
jouets traditionnels, concurrencés comme il est par les vendeurs de jouets
importés d'Europe. Ces jouets européens sont des “fusils, pelotes,
poupées, tambours, clairons etc.” (p. 342).
Ce qui m'étonne, c'est que ni dans la collection, ni dans la
bibliographie, ni lors de mes propres recherches je n'ai trouvé un jouet
représentant le chat. Un chat pourtant bien familier aux enfants d'Afrique
du Nord qui jouent volontiers à le caresser, à lui tirer la queue, les
oreilles ou la toison. Cependant et jusqu'à présent, cette affirmation qui
date de 1993 a été invalidée deux fois. La première fois c'était lors d'un
de mes séjours à Goulmima (Pré-Sahara marocain) en septembre 1994.
Avec la coopération de Mbarek Taous, professeur de français au lycée de
Goulmima et né dans le Ksar de cette petite ville en 1966, plusieurs
adolescents ont bien voulu me montrer comment on jouait, il y a une
dizaine d'années ou plus, avec de l'argile. Pendant qu'ils préparaient
72
118
l'argile, trois garçons entre cinq et huit ans se sont spontanément joint au
jeu avec l'argile (fig. 73).
'Anhader swalut', c'est à dire jouer avec l'argile en amazigh local, est un
jeu collectif des garçons ou des filles. Il se développe en trois étapes. La
première étape à comme but la préparation de l'argile. On cherche une
bonne argile dans l'oasis, par exemple dans un petit canal d'irrigation.
Cette argile est rendue un peu plus sèche en y mélangeant du sable fin.
Dès que l'argile est devenue manipulable, un petit jeu au nom de 'tishbua'
sert à bien pétrir l'argile. Pour cela des petites écuelles à bord peu élevé
sont faites. Quand tous ont préparés leur écuelle d'argile on la frappe
plus ou moins énergiquement par terre. A côté du bruit d'explosion, le
résultat espéré de cette action est l'éclatement du fond de l'écuelle de
telle manière qu'il se fait un trou plus ou moins grand (fig. 74).
73
74
75
119
Des rires et des cris accompagnent l'analyse du résultat. Afin
d'améliorer ce résultat et d'obtenir un joli trou, il faut cracher un peu de
salive sur le fond du plat et bien induire cette salive dans l'argile avec le
doigt. Les joueurs qui n'ont pas obtenu de trou dans leur écuelle doivent
jeter un peu de leur argile dans le trou le plus grand. Après plusieurs fois,
l'argile est prête pour en faire des jouets.
Ce modelage d'animaux jouets ou d'autres jouets, par exemple des
ustensiles de ménage, forme la deuxième étape du jeu. Avant de modeler
les figurines et si nécessaire, un peu d'humus ou de sable fin est mélangé
à l'argile.
Avec cette argile plusieurs animaux jouets sont modelés. Comme
mentionné plus haut, c'est lors de ce modelage qu'un garçon de huit ans a
façonné un chat (fig. 75, p. 118, H = 11 cm, LO = 13 cm). Un peu plus
tard un adolescent commençait lui aussi à façonner un chat comme il se
rappelait l'avoir fait quand il était enfant.
Les autres animaux jouets modelés à cette occasion sont un fouette-
queue, un serpent, un scorpion et un oiseau dont la description sera
donnée au chapitre suivant sur les animaux non-domestiques (p. 130).
L'étape finale du jeu 'anhader swalut' est la manipulation des jouets
modelés et leur mise en situation accompagnée par des jeux de rôles
joués par les constructeurs des figurines. Dans le cas de ces animaux
jouets en argile séchée au soleil, il s'agit d'imiter les mouvements et les
comportements de l'animal en question, d'utiliser le vocabulaire s'y
référant et de jouer le rôle du berger, de l'éleveur, du chasseur, du
piégeur ou tout autre personne en relation avec l'animal représenté.
La deuxième fois qu'on m'a mentionné l'existence d'un chat jouet ce
fut en novembre 1998 par les élèves de la troisième année de l'école du
village Imou Ergen près de Sidi Ifni, une petite ville au bord de la mer
dans le sud du Maroc. Selon ces élèves ils jouent avec l'argile quand il
pleut et un des jouets modelés est le chat.
Le chat comme jouet, cette fois un chat en plastique, apparaît aussi
dans les souvenirs de Souad Laabib, une femme amazighe née en 1968
au village Ksar Assaka près de Midelt. Elle se rappelle que pour la fête
de l'°ashûra de 1977 son père lui a acheté, ainsi qu'à sa sœur, un chat en
plastique à roues dont on pouvait tourner la tête et même l'enlever.
120
Dans la région de Midelt des garçons et des filles jusqu'environ dix
ans provoquent un dindon pour qu'il les attaque. Afin de provoquer ce
dindon, appelé 'Bibi', les enfants répètent en chantant en amazigh :
A Bibi temmût Aïcha.
Oh Bibi Aïcha (ta femme) est morte.
Ou bien ils chantent en arabe :
A Bibi tellakhnuntu, Aïcha li mètlu.
Oh Bibi ton nez coule, Aïcha (ta femme) est morte.
121
5 Les animaux non-domestiques
Les animaux non-domestiques de la collection du Musée de l'Homme
proviennent des Maures du Sahara nord-occidental et Oualata dans le
Sahara mauritanien, des Zaghawa du Sahara tchadien et de Rabat au
Maroc. Il s'agit d'une gazelle, d'une antilope, d'une autruche et d'une
paire d'oiseaux. Elles ont été collectionnées dans les années trente. Dans
la bibliographie mention est faite de jouets figurants un rat, un serpent ou
un singe.
Mais parfois les enfants jouent aussi avec des animaux non-
domestiques vivants. Ceci est le cas chez les enfants ghrib. Sur la photo
de la figure 76, prise en 1975 dans le Sahara tunisien, un garçon ghrib de
trois ans tient en main une ficelle à l'extrémité de laquelle est attachée
une gerboise.
Comme jouets vivants servent la souris de sable, la gerboise, le petit
lézard, le tout-petit lièvre de sable d'un mois au maximum parce qu'il
devient impossible d'attraper les plus grands. Lorsque quelqu'un a attrapé
une de ces petites bêtes elle est parfois donnée à un petit enfant comme
76
122
jouet temporaire avant d'être mangée, excepté toutefois le lézard. Un fil
est attaché à une patte de la bête et le petit la laisse courir devant soi.
Des jouets vivants sont aussi connus des enfants de Tabelbala (Sahara
algérien). Chez eux il s'agit de poissons de sable, de lézards, de fennecs.
Comme chez les enfants ghrib, la plupart de ces petits animaux serviront
par après pour le repas des enfants eux-mêmes (Champault, 1969: 349).
Henri Lhote écrit que chez les Touaregs Kel Ahaggar les enfants qui
gardent les chèvres aux pâturages attrapent des lézards, uromatix,
gerboises et petits rongeurs pour les cuire et les manger (1984: 61).
Selon des informateurs marocains, originaires de la région de Fès et
que j'ai questionné en 1993 et 1994, des jeunes garçons rivalisent à faire
sortir des scorpions plus ou moins venimeux de leur trou. Selon Driss
Bousalham, né à Fès en 1950 et professeur au lycée, cela se pratiquait au
début des années soixante à Fès, surtout en été, sur un terrain où l'on fait
la prière de l'°Aïd el Kebir, appelé Messelah, près de Bab Ftouh. Pour
réussir cet exploit, le garçon utilise une herbe, le 'njem' ou 'el khort'al', le
chiendent ou une herbe similaire. Avant d'introduire cette herbe dans le
trou on met de la salive sur l'épi et on enroule l'herbe pour en faire une
longue tige. Doucement il faut retirer l'herbe pour que le scorpion
s'accroche, mais à la fin il faut tirer en une fois l'herbe et éventuellement
le scorpion hors du trou. Il arrive que les garçons fassent un cercle de feu
autour du scorpion pour voir comment il se suicide en se piquant soi-
même. De la même manière, les garçons font sortir de leur trou des
sortes d'araignées appelées 'rtilah' en arabe marocain ou '°aïn kabbût' en
arabe littéraire.
Fatima Zohra Mdarhri, une jeune documentaliste, confirme ce jeu de
garçons pour Aïn Cheggag, un village urbanisé à 20 km de Fès dans la
plaine du Saïss. Ses informations se réfèrent au début des années 1970.
Elle spécifie que les garçons d'environ dix ans, sont bien au courant du
danger que représente la queue du scorpion mais cela ajoute au jeu un
aspect de frisson.
Un autre informateur de trente ans en 1993, Brahim Mouis, m'a décrit
le même jeu pour la ville de Khouribga au centre du Maroc. Il s'agit du
scorpion jaune que les garçons d'environ onze ans recherchaient dans
une petite forêt située entre la place du marché et le centre ville.
123
Un de mes informateurs de Goulmima, un important centre urbain
amazigh avec un Ksar encore habité et situé en bordure du Pré-Sahara
marocain, avait sa propre manière d'attraper un scorpion. Ali Harcherras,
né à Goulmima en 1962 et professeur au lycée, attrapait quand il avait
l'âge d'environ dix ans le scorpion dont la piqûre est très douloureuse
pendant une vingtaine de jour. Dans certaines parties de Goulmima on
trouve pendant les jours de grande chaleur ce scorpion à l'entrée de son
trou pour s'aérer. Quand on s'approche, le scorpion s'immobilise et c'est
alors qu'Ali le piquait dans la nuque avec une épine de palmier.
Dans le quartier populaire de Saknia à Kénitra et selon Mustafa Trifa,
né dans ce quartier en 1963, lui et les garçons de son âge faisaient la
chasse au scorpion ou au lézard en utilisant un insecte appelé 'antara' par
ces enfants. Il s'agit de la courtilière qui a deux pinces. A une des pattes
de cet insecte le garçon attache un fil. Lorsqu'il a repéré le trou d'un
scorpion ou d'un lézard, il fait entrer son insecte-chasseur dans le trou en
espérant qu'il arrive à attraper avec ces pinces le scorpion ou le lézard. Si
le garçon croit que cela est arrivé, il retire doucement la courtilière pour
sortir le scorpion ou le lézard de son trou.
Sur la route de Fès à Ifrane, à Imouzzer-Kandar, une petite ville du
Moyen Atlas situé à 1350 m d'altitude, les garçons essayent de faire
sortir de la terre l'insecte 'kelb bil ma°', en traduction littérale le 'chien
d'eau'. Driss Lakhdar, de vingt-quatre ans, et son frère Abderrahim de
vingt ans déclarent en 1993 que pour cela les trois à cinq garçons qui
jouent ensemble doivent d'abord repérer la niche écologique de l'insecte,
le plus souvent près d'un ruisseau. Ce groupe de jeu se mesure parfois à
d'autres groupes pour voir qui réussit le premier à faire sortir l'insecte de
sa niche. L'endroit préféré par ces garçons pour ce jeu se situe dans le
fond de la petite vallée qui sépare le vieux quartier d'Imouzzer, appelé
Kalâa, et la forêt, là où coulait un ruisseau maintenant desséché. On
pouvait aussi chercher le kelb bil ma° en bordure des petits champs de
blé se trouvant sur le versant. Selon Driss, lui et ses amis se sont adonnés
à ce jeu à partir de l'âge de onze ans mais Abderrahim avance l'âge de
sept ans. La manière de procéder consiste d'abord à trouver et à suivre le
couloir creusé par l'insecte. Une fois trouvée sa niche, on fait avec un
bâton deux trous distancés d'environ 70 cm et d'une profondeur d'environ
25 cm. Pendant une à deux heures il faut alors verser régulièrement de
l'eau dans un des trous en espérant que l'insecte sortira par l'autre trou.
124
Pour arriver à faire sortir l'insecte, il faut bien connaître ses habitudes et
surtout patienter.
Ali Harcherras, déjà cité pour sa manière d'attraper le scorpion, m'a
décrit une manière plus ou moins semblable par laquelle les garçons de
Goulmima font sortir de sa niche l'insecte appelé 'aëeffar', 'celui qui
creuse', c'est-à-dire la courtilière commune. Dans l'oasis, sur le bord de
la canalisation, on recherche le couloir qu'a creusé cet insecte. Il faut
suivre le couloir et l'ouvrir ici et là pour trouver le trou. On élargit un peu
le haut du trou et autour de l'ouverture un petit mur est élevé avec de la
boue. Une fois ces préparatifs terminés, on verse de l'eau dans le trou.
Puis on dérange l'insecte avec une tige ou foliole de palmier longue pour
le faire sortir de son trou. Il faut essayer de l'exciter en piquant le coté de
l'insecte car si on touche sa tête il est bien possible qu'il coupe le bout de
la tige ou foliole. A cette description un garçon de neuf ans, rencontré
dans l'oasis en mars 1994, ajoutait que c'est plus efficace d'ajouter à l'eau
un peu de Tide ou autre produit de lessive ou bien on peut uriner dans le
trou. Quand la courtilière commune c'est fait attraper, elle est utilisée
comme appât dans un piège servant à capturer deux sortes d'oiseaux
migrateurs qui passent par Goulmima au printemps. Que cela se fait
encore aujourd'hui est prouvé par le fait qu'en fin mars 1994 j'ai vu en
bordure d'un jardin d'oasis cet insecte attaché avec une foliole de
palmier. Les deux oiseaux en question sont le 'usbihh', la pie-grièche à
tête rousse, et le 'amejjudd', la pie-grièche écorcheur. Pour la pie-grièche
à tête rousse il est nécessaire de camouffler le piège en fil de fer, appelé
'lbex', mais pour la pie-grièche écorcheur cela est superflu car elle se
jette immédiatement sur l'appât.
Les garçons de Goulmima attrapent aussi un autre oiseau migrateur
très colorié que l'on garde pour sa beauté, le 'gurru' ou guêpier d'Europe,
en utilisant une guêpe dont on attache une patte avec un fil de nylon.
Avec d'autres pièges, ces garçons chassent encore une sorte de
salamandre, appelé 'ahherda'. Afin d'éviter la morsure très forte de
l'animal ils essaient de lui coudre le bec. Cet animal est utilisé dans la
médecine populaire mais de nos jours des garçons le montrent aux
touristes, en bordure de la route qui descend vers Goulmima, pour qu'ils
en fassent une photo ou en achètent un moyennant quelques dirhams.
125
En juin 2000 un jeune homme m'a déclaré qu'il y a quinze ans et dans
son village de Ksar Assaka près de Midelt, lui et ses amis versaient de
l'eau dans la niche d'un grand coléoptère noir, appelé 'zarri', pour le faire
sortir et l'utiliser comme appât dans un piège à oiseau. L'oiseau était ou
bien mangé ou bien gardé pour sa beauté.
Chez d'autres populations comme les Teda (Sahara tchadien), les
Touaregs (Sahara), les Aït Ouïrra (Moyen Atlas marocain) et d'autres
encore, la chasse et le piégeage, surtout des oiseaux, bien qu'utilitaire
sont considérés comme un jeu. Ces jeux de la chasse et du piégeage
seront décrits dans un des prochains volumes de la collection Cultures
Ludiques Sahariens et Nord-Africains sur les techniques dans les jeux et
jouets de ces régions. Ce qu'il en est dit ici ne sert donc que d'exemple.
En bordure du quartier Aït Mansour à Midelt les enfants trouvent
parfois des petites tortues dans le cours d'eau qui traverse la petite vallée
après de fortes pluies. Un copain a donné la tortue de la figure 77 à un
garçon de dix ans qui en prend soin depuis quelques semaines en
septembre 1999.
77
126
Les garçons de Goulmima s'amusent à organiser une course de tortues
d'eau douce. Cela se fait surtout au printemps car les tortues sont alors
nombreuses. Les joueurs portent un grand respect à la tortue qui a gagné.
Les enfants du village Zhana, à 10 km de Kénitra, s'amusent parfois
avec une tortue qui s'est aventurée trop loin du ruisseau. Ils prennent la
petite tortue sur la main pour observer comment elle se protège en
rentrant la tête et les pattes dans sa carapace.
Dans la région de Midelt les enfants prennent une coquille d'escargot,
appelé en amazigh 'Bèlbûsh', sur la main et chantent une petite chanson
autant de fois qu'il le faut pour faire sortir la tête de l'escargot. Pour cela
ils chantent en amazigh :
Ferd a Bèlbûsh, turuw mainsh ilughmân.
Sort oh Bèlbûsh, ta mère a enfanté des dromadaires.
Pareil jeu avec l'escargot, appelé en arabe maghrébin 'Bèbbûsh', est
mentionné par Desparmet en 1905 pour des enfants algériens. Il écrit :
Si un enfant trouve un escargot, il le prend dans sa main et lui chante
cette chanson : “O boûboû, c'est-à-dire bebboûch (limaçon), sors tes
oreilles, ou bien je vais à ta maison, à ta maison, ou bien je mangerai
les oreilles de ton âne, de ton âne” (p. 71).
Le matériel utilisé pour représenter un animal, par exemple un serpent,
peut être des plus simples comme c'est le cas chez les filles et les garçons
ghrib au Sahara tunisien (fig. 78).
78
127
A partir d'environ cinq ans le jeu 'el h'anesh', le serpent, est joué avec
une longue corde. En agitant verticalement la corde pour faire des
mouvements ondulatoires, un enfant imite les mouvements d'un serpent.
Parfois deux enfants jouent ensemble en tenant chacun une extrémité de
la corde. D'autres enfants peuvent s'amuser en frappant ce serpent avec
un bâton. En agitant ou en frappant le serpent, les enfants crient :
Jâk h'anesh fûg ed-debesh,
el-yûm °amânâ u ghudwa fîj-jebbâna.
Le serpent est venu sur le mobilier,
aujourd'hui il est chez nous mais demain il sera enterré au cimetière.
Ce jeu d'adresse est joué le plus souvent par les filles car ce sont elles qui
doivent ramasser du bois mort et emportent à cette fin des cordes. Au
printemps de l'année 1977, j'ai vu comment quelques garçons ont frappé
à mort un grand serpent non-venimeux qu'ils avaient repéré dans l'oasis.
Dans la même population, un autre moyen simple pour se faire un
'serpent' consiste à gonfler un petit peu un long morceau d'intestin d'une
chèvre ou d'un mouton et à nouer les extrémités. A partir de l'âge de
deux ans ce serpent est utilisé comme jouet, sa fabrication se fait a partir
d'environ six ans (fig. 79).
79
128
Des folioles de palmier suffisent
aux garçons de l'oasis près de la
Source Bleue de Meski (Errachidia,
Maroc) pour tresser en un tour de
main le scorpion de la figure 80
(LO = 14,5 cm, LA + = 11,5 cm).
Selon l'informateur âgé qui m'a
donné des détails sur les animaux
jouets en folioles tressées, le
tressage de ce scorpion est de date
récente. Les garçons le vendent aux
touristes de passage pour quelques dirhams. Par contre, le tressage d'une
gazelle est de tradition ancienne car le même informateur le faisait déjà
vers 1930. Ces gazelles à deux dimensions, dont j'ai reçu trois
exemplaires faits par trois garçons différents, mesurent respectivement 7
cm de hauteur sur 8 cm de longueur, 11,5 cm sur 13 cm et 14 cm sur
15,5 cm. Pour pouvoir tirer cette dernière gazelle elle a été fixée avec un
petit nœud à une longue ficelle en foliole de palmier de 35 cm (fig. 81).
En ce qui concerne les jouets plus élaborés reproduisant des animaux
non-domestiques il y a l'antilope jouet à cornes, d'origine nord-africaine
non spécifiée. Il fut confectionné en tissu sur une armature de graminées
(fig. 82, p. 129, H = 12 cm, LO = 18 cm, LO de la corne 7 cm).
80
81
129
Dans la ville d'Assa au Maroc (Sahara nord-occidental) et vers 1935 un
artisan maure a fait en bois une gazelle à cornes spiralées qu'il a peinte
en rouge et en jaune comme cela se voit à la figure 83.
82
83
130
Au corps, avec le cou et la tête, ont été clouées quatre pattes longues
et deux cornes spiralées. Les oreilles sont en relief mais les yeux et les
narines ont été brûlés au fer rouge. La bouche est incisée. La queue est
en peau de mouton à poil noir. (H = 37,5 cm, LO = 31,5 cm; catalogue 6,
38.156.34, p. 201).
La série d'animaux jouets modelés vers 1935 par les servantes noires
des Maures de Oualata (Sahara mauritanien) comporte aussi une
minuscule autruche en argile crue peinte de 3 cm de hauteur. Les pattes
ont été remplacées par un socle en tronc de cône (catalogue 6, 38.48.73,
p. 201). L'utilisation de ces autruches et des hérissons du même genre est
mentionnée chez les chevaux en miniature de la même ville (voir 2.2, p.
130).
Lors du jeu 'anhader swalut', c'est-à-dire jouer avec l'argile, dont les
différentes étapes sont décrites dans le chapitre précédent (p. 118-119),
des adolescents et des garçons de la ville amazighe de Goulmima au
Maroc ont modelé en septembre 1994 un serpent (fig. 84, LO = 30 cm),
un scorpion ( fig. 85, LO = 24 cm) et une tourterelle. Un fouette-queue
fut façonné indépendamment par un adolescent et un petit garçon (fig.
86, LO = 25 cm).
84 85
86
131
Au Maroc, il est coutume que les parents donnent à leurs enfants des
jouets pour la fête de l'°ashûra au début de l'année musulmane. Un de ces
jouets, datant d'avant 1932 mais d'imitation européenne, représente deux
oiseaux qui peuvent se baisser alternativement pour picorer en donnant
un mouvement de va et vient aux réglettes. Ils sont découpés dans une
planchette, fixés par des clous à des réglettes, une supérieure et une
inférieure. Le tout était peint en noir sauf la tête des oiseaux dans
laquelle l'œil fut indiqué par un cercle noir avec un point au milieu. Ce
jouet, acheté à Rabat, fut fabriqué par un ouvrier en bois (fig. 87, H = 6
cm, LO = 23,5 cm).
Le docteur Guichard écrit dans son bref article “Joujoux Marrakchis” de
1921, que les parents de cette ville achetaient à la fête de l'°ashûra, mais
aussi de l'°aïd es-seghrir, des animaux jouets en forme de rats, de lapins,
d'oiseaux, de serpents et de singes pour les offrir à leurs enfants. Tous
ces animaux étaient peints en couleurs vives. Vu l'importance et
l'ancienneté de l'article du docteur Guichard ainsi que la difficulté pour
le retrouver, je reprends en détail son témoignage en reproduisant
comme dessins les photos qui l'accompagnent (fig. 88-92).
87
88 89 90
132
Guichard décrit ces animaux jouets de la manière suivante :
Le 'far', le rat, taillé plus ou moins grossièrement dans un morceau de
bois, le nez et les oreilles pointus, une touffe de crins en guise de
queue, est fixé sur une planche à l'aide d'une cheville, mais il n'a pas
de roulettes. De couleur grise avec des zébrures multicolores, il coûte
0 fr. 50 (fig. 88, p. 131). Le 'gounina', le lapin! Fait d'un morceau de
bois conique monté sur quatre roulettes avec deux longues oreilles en
bois, un ventre rouge et des oreilles vertes... Prix : 0 fr. 50... (fig. 89,
p. 131). Le 'bou mçici' ou branle-queue, encore dénommé la 'bellarje'
ou la cigogne est un jouet des plus ingénieux. Un triangle de bois
constitue le corps de l'oiseau. A l'une de ses extrémités s'articule un
long bec emmanché d'un long cou et à l'autre une longue queue. Le
tout est fixé par une cheville qui représente les pattes de l'oiseau sur
une planchette percée de deux trous. A la naissance du cou et de la
queue sont attachées deux ficelles qui, passant par les trous de la
planchette, viennent se fixer à une petite bille de bois formant
pendule. Lorsqu'on le fait osciller, les ficelles, en se tendant
alternativement, font relever et abaisser alternativement la tête et la
queue, et l'oiseau se met à picorer en remuant la queue. Un plumage
d'un bleu intense tacheté de rouge et de blanc donne à cet oiseau, dont
le prix est de 1 fr. 50, une allure tout à fait extraordinaire... (fig. 90, p.
131). 'L'anecha', le serpent, se compose d'une dizaine de morceaux de
bois cylindriques, taillés en biseau à l'une de leurs extrémités et
enfilés les uns au bout des autres, comme les grains d'un chapelet, sur
une double ficelle qui sert à les articuler entre eux comme les
segments de la queue d'un scorpion. Le segment antérieur ou
91 92
133
céphalique porte une entaille qui représente la bouche. Le segment
postérieur ou caudal est conique. Le tout, comme toujours revêtu
d'une couleur inénarrable, avec des arabesques de teintes aussi vives
que variées pour imiter les écailles du reptile, se vend 1 fr. 50... (fig.
91, p. 132). Voici encore une 'anecha', mais c'est un serpent d'une
autre espèce que le précédent. Formé de petites lames de bois,
articulées entre elles comme des ciseaux, il se compose de trois ou
quatre parallélogrammes. Les deux segments postérieurs se
prolongent par des poignées et suivant qu'on les rapproche ou qu'on
les écarte le serpent s'allonge ou se raccourcit. Un des segments
antérieurs se termine en triangle pour représenter la tête du reptile.
Tout cet assemblage est revêtu d'une peinture où se donne libre
carrière la fantaisie d'artistes primitifs qui cherchent à imiter les
ocelles multicolores d'un reptile exotique. Le prix est de 2 fr. 50... Le
'guerd' ou singe rappelle les singes articulés de nos bazars et qui
grimpent au bout d'un bâton. Un morceau de bois plus ou moins
dégrossi constitue la tête et le tronc de l'animal. Quatre petites
planchettes articulées à l'aide de chevilles lui servent de bras et de
jambes. Les bras s'articulent à l'extrémité d'un bâton que l'on tient à
la main et les jambes à un autre, bâton qui glisse le long du premier à
l'aide d'une rondelle en bois. En élevant ou en abaissant cette
rondelle, le quadrumane, naturellement revêtu de couleurs
extraordinaires, se livre à mille acrobaties. Ce jouet se vend 2 fr. 50
(fig. 92, p. 132).
Tous ces animaux jouets en bois faits
localement, entre autres à Rabat et à
Marrakech, ne semblent plus exister
depuis de longues années déjà. Une
tournée, en février 1992, auprès de
plusieurs artisans du bois âgés
travaillant dans la Médina de
Marrakech à démontré que s'ils se
souviennent de ces jouets ils ne les
font plus depuis longtemps déjà. Dans
ce domaine ils ont été surpassé par les
jouets en plastique et en fer blanc,
93
134
comme on peut le voir à la figure 93 (p. 133) qui montre un coq en fer
blanc et plastique, fabriqué en Chine, qu'il faut remonter pour le faire
picorer (H = 9 cm, LO = 8 cm). Il y a aussi l'acrobate en plastique
provenant lui aussi de la Chine et tout à fait semblable au singe en bois
de Marrakech montré à la figure 92 (p. 132, H = 26,5 cm).
Avant de terminer ce chapitre je voudrais attirer l’attention du lecteur
sur la page que consacre Julie Delalande aux jeux construits autour des
insectes découverts dans la cour par des enfants de classe maternelle ou
d’école primaire en France (2001: 245-246).
135
Conclusions et Perspectives
136
137
Dans ce chapitre je présente d'abord une synthèse des données sur
l'animal dans les jeux et jouets des enfants sahariens et nord-africains,
suivie par des conclusions basées sur l'analyse présentée dans la
première partie et se rapportant à des aspects environnementaux, spatio-
temporels, économiques, sémiotiques, sociaux et culturels, ainsi qu'à
l'évolution des sociétés. En guise de perspectives, je propose quelques
réflexions d'ordre méthodologique ainsi que sur certaines possibilités
pour rendre utile ce patrimoine ludique.
1 Synthèse
Pour leurs jeux se référant au monde animal, les enfants sahariens et
nord-africains utilisent aussi bien certains animaux comme jouets vivants
que des animaux jouets. Mais le corps de l'enfant peut déjà suffire pour
représenter un animal comme par exemple le dromadaire ou le cheval.
Comme animaux servant de jouet vivant mention est faite de petits
dromadaires, d'ânes, de mulets, de moutons, de dindons, de chats, de
souris de sable, de gerboises, de fennecs, de lézards, de salamandres, de
tortues, d'insectes et même de scorpions. Cependant je n'ai pas trouvé de
lapins ou de chiens comme jouets vivants, sauf un garçon ghrib qui
jouait avec un chien de berger en 1975 (fig. 94).
94
138
Les animaux jouets figurent des dromadaires, chevaux, mulets, ânes,
vaches zébus, moutons, béliers, chèvres, chiens, chats, lapins, hérissons,
poules, gazelles, antilopes, autruches, oiseaux, rats, serpents, singes,
scorpions.
Il n'est pas du tout étonnant que ce soit surtout le dromadaire qui est le
plus souvent mis en scène. Tout comme Jan Bujak le constate en ce qui
concerne le cheval en Pologne où son importance économique et
culturelle se reflète dans le petit cheval et le 'lajkonik', deux jouets
polonais à caractère populaire, l'importance du dromadaire en Afrique du
Nord et au Sahara explique sa popularité dans les jeux des enfants de
cette région.
De l'ensemble des données et de mes propres observations en Tunisie
et au Maroc, il me semble que l'on puisse déduire que les jeux et jouets
en relation avec les animaux sont plus limités en ville qu'à la campagne.
Une affirmation qui s'expliquerait par la plus grande familiarité que les
enfants ruraux ont avec les animaux.
Dans la majorité des cas ce sont des garçons qui jouent des jeux en
rapport avec les animaux ou les rapports entre l'homme et l'animal. Selon
toutes les informations qui sont à ma disposition, ces jeux sont moins
courant chez les filles. Mais même si mes propres observations
confirment cette constatation, il faut néanmoins tenir compte du fait que
les auteurs consultés sont souvent des hommes, que le sexe des enfants
n'est pas toujours spécifié et que la plupart de mes informateurs sur ces
jeux sont des garçons ou des hommes. Chez les Touaregs, garçons et
filles jouent ensemble avec des dromadaires jouets. Pour leur fabrication
les garçons et les filles se partagent alors les tâches.
Il est souvent avancé que les enfants, les filles surtout, étaient, et sont
encore sauf dans les milieux aisés, sollicités pour des tâches domestiques
dès l'âge d'environ sept ans. De ce fait, ils n'ont que peu de temps libre
pour jouer. Même si cette observation reflète assez bien la réalité, il ne
faudrait pas en conclure que ces enfants ne possèdent pas un patrimoine
ludique développé.
Bien que rarement révélé dans les informations, les animaux jouets
n'ont de sens que dans le contexte des jeux d'enfants. Le plus souvent il
s'agit de jeux collectifs et de plein air rassemblant des enfants de la
même famille ou du voisinage. Pour ces jeux les enfants utilisent bon
nombre d'autres jouets ou instruments de jeu. En plus, la manière de
139
communiquer avec les animaux domestiques et tout le langage lié au
monde animal y sont pratiqués.
Si certains des jeux analysés s'inspirent directement de la vie et du
comportement des animaux, beaucoup d'autres se réfèrent à leur
utilisation par les adultes. Les enfants jouent ainsi au campement
nomade, au berger, au méhariste, au cavalier, au muletier, au caravanier,
au chasseur, à l'éleveur, au laboureur. On remarquera qu'il s'agit presque
uniquement d'occupations masculines.
Le moins que l'on puisse dire, et cela en passant sous silence les
aspects psychologiques, pédagogiques et de socialisation, c'est que tout
un apprentissage de l'environnement physique, végétal et animal se
réalise à travers ces jeux.
Le jouet qui figure un animal peut être des plus simples, ne nécessitant
aucun travail. Une pierre devient une chèvre, un mouton, un dromadaire.
Un long roseau ou bâton se transforme en cheval. Jacques Henriot (1989:
102) met en avant l'utilité de ces objets transformés en jouets :
Qu'il n'y a pas de jouet en soi et que n'importe quoi (ou presque) peut
fournir le moyen de jouer... que l'essentiel, dans l'objet ludique, n'est
pas la destination que lui fixent les adultes, mais l'usage auquel il
donne lieu de la part d'un joueur ;... que les jouets les plus efficaces,
les plus réellement ludiques sont des objets qui fonctionnent tout
autrement que sur le mode du semblant et de la contrefaçon.
Néanmoins, la plupart des jouets figurant des animaux, des plus simples
aux très élaborés, sont confectionnés. Ils restent, sauf exceptions rares,
des représentations figuratives et réalistes au niveau de l'aspect global et
parfois aussi au niveau des détails.
Presque tous ces animaux en miniature sont fabriqués par les enfants
sahariens et nord-africains. Ils utilisent pour cela beaucoup de matériaux
d'origine minérale, végétale et animale ou de récupération. Rarement
c'est un adulte qui fabrique des jouets, par exemple des servantes,
artisanes et artisans maures ou des artisans de Rabat ou de Marrakech.
Sauf quelques exceptions aussi bien anciennes que récentes, les
animaux jouets sont d'origine locale, pourtant l'importation de jouets
européens date depuis longtemps déjà. F. Castells écrit en 1915 que des
vendeurs de jouets importés d'Europe concurrençaient avec beaucoup de
140
succès le vendeur de jouets traditionnels lors du marché de la fête de
l'°ashûra à Rabat. Partout au Maroc, bien qu'en ville surtout, j'ai vu des
animaux jouets en plastique importés de Chine, de Hong Kong ou de
Taiwan, qui remplacent les animaux fabriqués par les enfants. Ainsi, une
fille de Sidi Ifni, une petite ville côtière au sud du Maroc, jouait en
novembre 1998 avec un chien et une licorne en plastique (fig. 95).
L'animal jouet le plus ancien est le bélier, en argile peint, d'avant 1889.
Les autres animaux jouets de la collection du Musée de l'Homme datent
en grande partie des années 1930 à 1960. Les animaux jouets que j'ai vus
moi-même ont été faits en 1975 et 1977 en ce qui concerne les Ghrib ou
observés au Maroc de 1992 à 2002.
Il faut, avant de conclure cette synthèse, tirer l'attention sur le fait que
la portée de cette analyse de l'animal dans les jeux et jouets sahariens et
nord-africains se trouve limitée par les sources d'informations qui ont été
utilisées. Ainsi les jeux et jouets mentionnés n'excluent nullement
l'existence d'autres types de jeux ou de jouets en rapport avec le monde
animal en Afrique du Nord et au Sahara. Je ne peux donc qu'espérer que
d'autres complèteront, et si nécessaire corrigent, les données rassemblées
dans ce livre. Ce complément ou cette correction est d'autant plus
nécessaire que les données bibliographiques ne soient pas toujours
basées sur des analyses approfondies.
95
141
2 Aspects environnementaux et économiques
Dans les régions sahariennes et nord-africaines, une caractéristique
fondamentale des jeux et jouets s'inspirant du monde animal et des
rapports des hommes avec celui-ci, est la relation étroite qui existe entre
ces jeux et jouets et l'environnement écologique.
Pour ainsi dire, tous les matériaux utilisés sont puisés dans cet
environnement, matériaux d'origine minérale ou végétale, matériaux
d'origine domestique. Matériaux d'origine domestique qui même s'ils
sont importés, comme le fil électrique plastifié ou la tôle, sont récupérés
sur place. L'importation de jouets en plastique, qui s'imposent de plus en
plus, fournit l'exception à cette constante.
La réalité vécue par les enfants se trouve à la base des jeux et jouets
décrits dans ce livre. Il s'agit de leur interprétation du monde animal et
du monde des adultes. Ces activités ludiques enfantines se greffent
directement sur une simulation du monde réel. En plus, ces jeux ne se
déroulent pas dans les limites d'une chambre mais sous les yeux de
chacun ou ceux du groupe de jeu. Il s'agit donc presque toujours de jeux
collectifs de plein air.
Les informations qui pourraient fournir des renseignements sur
l'aspect temporel des jeux font largement défaut. De ce fait, il est
impossible de spécifier s'il existe un échelonnement des jeux suivant les
saisons. Pourtant pareil échelonnement est bien probable pour certains
jeux. Cela se confirme par exemple pour le piégeage d'oiseaux
migrateurs à Goulmima (Pré-Sahara marocain).
Exception faite des animaux jouets importés, encore assez peu achetés
en dehors des villes ou même par les parents des milieux urbains
défavorisés, les animaux jouets analysés ne font pas partie du circuit
commercial. Au contraire, ils sont fabriqués par les enfants eux-mêmes
ou éventuellement par une servante, artisane ou un artisan. Dans ce cas,
il n'est souvent pas spécifié s'il s'agit d'une fabrication pour un enfant de
la famille, suite à une commande ou comme objet à commercialiser, ce
qui se faisait par les travailleurs du bois de Marrakech et de Rabat.
142
Cependant un début de commercialisation se présente entre autre près
des dunes de sable de Merzouga avec la vente aux touristes de poupées
faites par les filles ou à la Source Bleue de Meski et aux Gorges de
Tinerhir avec la vente d'animaux jouets en folioles de palmier faits par
les garçons.
143
3 Aspects socioculturels
Les jeux et jouets dont parle ce livre, se réfèrent directement à la vie
économique, sociale et culturelle des populations en question. Le plus
souvent il s'agit de jeux de faire semblant s'inspirant des activités des
adultes, surtout des activités masculines. En même temps les enfants, en
particulier les garçons, s'exercent aux tâches qui leur incomberont bien
vite. Cependant il n'est pas question d'une imitation pure et simple mais
d'une interprétation des comportements adultes.
Pour plusieurs jeux, un type d'animaux jouets ne s'utilise pas
isolement mais ensemble avec des jouets figurant d'autres animaux ou
même avec des jouets représentant des personnages ou des ustensiles.
C'est par exemple le cas pour les jeux de campement nomade, de berger,
de la caravane, ainsi que pour les jeux de poupées (Rossie, 2005,
Cultures Ludiques Sahariens et Nord-Africains. Poupées d'Enfants et
Jeux de Poupées).
Les données rassemblées ne permettent pas d'analyser les relations
entre les générations qui s'expriment dans les activités ludiques mais il
ne fait aucun doute que la relation adulte-enfant se manifeste dans
d'autres activités ludiques comme j'ai eu l'occasion de démontrer ailleurs
(voir Toys, Play, Culture and Society. An Anthropological Approach
with Reference to North Africa and the Sahara, chapter Toys, Play and
Generations, p. 117).
Comme déjà indiqué en rapport avec les poupées sahariennes et nord-
africaines, la relation adulte-enfant à travers le don d'un jouet si général
dans d'autres sociétés plus tournées vers les biens de consommation,
semblait être très rare dans les sociétés dont j'ai parlé, les enfants faisant
eux-mêmes leurs animaux jouets dans la plupart des cas. Si ce n'est pas
l'enfant lui-même, c'est un frère ou une sœur, un cousin ou une cousine
qui les font. Et même si le jouet est fait par un adulte, il ne semble pas
s'insérer, sauf rares exceptions, dans un système de récompenses ou de
gages d'affection. Ce n'est qu'exceptionnellement que ce jouet sert
d'objet cadeau, tout au moins en situation plus ou moins traditionnelle.
D'ailleurs, ces animaux jouets ne sont point des jouets qui puissent servir
de support affectif pour un bébé ou un bambin comme c'est le cas avec
les nounours ou autres animaux en peluche si important pour les enfants
européens et nord-américains. Dans les villes et villages urbanisés
144
d'Afrique du Nord et du Sahara, l'habitude d'offrir des jouets comme
cadeaux aux enfants s'est propagée dans tous les milieux sociaux,
naturellement suivant les moyens de chaque famille.
En ce qui concerne les nounours, j'en ai vu un en novembre 1994 dans
une maison de Midelt au Maroc. Ce nounours avait été acheté au Souk
Melilla de Nador, un marché de la contrebande dans le Nord-est du
Maroc. Ce nounours n'était point destiné à un bébé mais était exposé sur
la télévision comme objet décoratif. Cependant en novembre 1998 et
dans la même ville, une fille d'environ trois ans se trouvant sur le seuil
de la porte de sa maison tenait un nounours dans ses bras. En février
2002 et dans un quartier populaire du centre rural côtier Sidi Ifni j’ai vu
une fille de cinq ans en train de jouer avec un Donald Duck en peluche
qui appartenait à une voisine d’environ deux ans. En octobre de la même
année et dans la même ville un garçon de trois ans marchait avec son
nounours dans une rue du quartier où j’habite. Parlant un peu avec lui il
m’a raconté que c’est lui qui a acheté ce nounours au marché local, que
son nounours n'a pas de nom et que son nounours ne pouvait parler car il
n’y a pas d’indication de la bouche. Dans ce cas, il s'agit d'un nounours
avec lequel le petit garçon entretient une relation personnelle. Le terme
utilisé pour parler de ce nounours est 'muliko'. D'autres utilisent plutôt
'muniko', le masculin de 'munika' désignant la poupée en général. Selon
un étudiant au baccalauréat pareils nounours se fabriquent à Agadir.
Les jeux ici décrits, se réalisent très souvent dans des groupes de jeu et
constituent ainsi un apport important pour la socialisation et
l'apprentissage des enfants. Le groupe de jeu des petits enfants jusqu'à
l'âge d'environ sept ans sont sous la supervision de filles plus âgées, ou
plus rarement de garçons plus âgés. Pareil groupe de jeu se compose
d'enfants de la même famille ou du voisinage.
Nefissa Zerdoumi (1982: 224) confirme cette situation lorsqu'elle écrit :
Les parents..., en Algérie traditionnel, ne s'occupent pas des jeux de
leurs enfants, sauf pour en sourire à l'occasion ou en réprimer les
excès. Mais les enfants, dès qu'il ne sont plus des bébés, n'ont plus
besoin des parents pour se distraire. Ils se transmettent directement
entre eux, par imitation ou simple contact, les façons de jouer.
145
A partir de l'âge de sept ans les garçons se détachent de ce groupe de jeu
sous la conduite des filles plus âgées et forment leur propre groupe de
jeu duquel les filles sont exclues. Dans ces groupes de jeu les garçons se
retrouvent régulièrement et profitent d'une certaine liberté d'action pour
autant que les normes ne soient pas trop ouvertement transgressées. Ils
ont aussi la possibilité de s'éloigner des habitations, échappant ainsi au
contrôle direct de leurs parents ou d'autres adultes.
Les filles, au contraire, ne peuvent normalement pas s'éloigner de trop
car elles doivent rester assez près de leurs mères afin de les aider dans
les tâches domestiques ou pour surveiller les petits enfants. En
s'occupant des petits, les filles trouvent certainement l'occasion de jouer.
Néanmoins, la limite entre l'obligation d'amuser les petits enfants et de
s'amuser soi-même est difficile à tracer.
Aucun doute n'existe sur le fait que les jeux et jouets analysés ont une
réelle importance dans la socialisation et l'éducation des enfants
sahariens et nord-africains. Une formation basée sur un apprentissage du
milieu naturel, social et culturel. Ceci est d'autant plus vrai que dans le
milieu rural, d'où proviennent la majorité des jeux et jouets décrits dans
ce livre, l'éducation scolaire de type moderne n'était pas une réalité
journalière jusqu'à récemment.
Pour autant que cela puisse se vérifier dans les données, les jeux
s'inspirant du monde animal et des rapports entre l'homme et l'animal ne
mettent en scène que des situations et personnages localement valorisés
auxquels l'enfant devrait s'identifier. A travers les jeux collectifs de ce
genre, dans lesquels des enfants plus jeunes se mêlent à d'autres plus
âgés, bon nombre de comportements non-verbaux, de langage,
d'informations sur l'environnement naturel et social, de savoir-faire,
d'idées, de symboles, de normes et de valeurs sont acquis et développés.
Comme dans chaque population de ces régions les jeux et animaux
jouets semblent être partagés par tous les enfants, cette similitude des
expériences ludiques facilite l'élaboration et la communication de
significations partagées. Cette élaboration et communication de
significations partagées se trouvent raffermies par le fait que les enfants,
sauf dans quelques cas, confectionnent eux-mêmes leurs animaux jouets.
Ainsi ces jouets et les jeux pour lesquels ils sont utilisés peuvent se
concevoir comme un moyen efficace de communication en fonction du
maintien du système socioculturel.
146
Les comportements et les objets et jouets utilisés dans ces jeux de
faire semblant font partie du système de communication visuelle de la
communauté où grandit l'enfant et par lequel un échange se réalise, à
travers des signes conventionnels, entre l'enfant et son environnement.
Les jeux ne se limitent nullement à une communication visuelle. D'autres
formes de communication non-verbale et verbale y sont d'une grande
importance. Ou selon l'expression de D.S. Clarke jr., il s'agit d'un
ensemble de signes significatifs utilisé pour communiquer entre les
membres d'une société (1987: 96).
Pourtant, voir les enfants comme figés dans une attitude passive en
face des modèles de la vie des adultes serait une erreur. Au contraire, ils
se les approprient, les adaptent et les changent suivant leurs besoins.
D'ailleurs, les sociétés dont les jeux et jouets ont été analysés, ne sont
point des entités statiques mais des sociétés qui ont évolué à une plus ou
moins grande allure durant le vingtième siècle. Déjà en 1915, F. Castells
mentionne l'influence grandissante des jouets européens sur les enfants
de Rabat. Et que dire de l'importation massive de certains jouets
fabriqués à Hong Kong, Taiwan ou en Chine, jouets à bas prix que l'on
voit de plus en plus entre les mains des enfants marocains, surtout en
ville. Selon le journal l'Economiste du 21 octobre 1993, ce sont
aujourd'hui les fabricants de jouets espagnols qui tentent une percée sur
le marché marocain (p. 4). Comme pour les ustensiles ménagers, où le
plastique à souvent remplacé les matériaux locaux, cela est aussi le cas
pour les animaux jouets du moins dans les ménages urbains (fig. 96).
96
147
Il serait pourtant inopportun de concevoir la relation entre la tradition
et la modernité comme une contradiction. Il ne s'agit pas, à mon avis,
d'un choix déchirant pour les enfants mais plutôt d'un engrenage de l'une
dans l'autre, d'une infiltration en douceur de la tradition par la modernité
et parfois aussi d'une résurgence de la tradition dans la modernité. De
nos jours l'on peut voir que dans un groupe de jeu certains enfants
utilisent des animaux jouets traditionnels faits par eux-mêmes tandis que
d'autres manipulent des animaux jouets en plastique achetés au magasin.
L'introduction d'une nouvelle matière, en occurrence la plasticine, peut
stimuler la créativité. Ainsi un garçon marocain de huit ans, habitant la
petite ville de Midelt, a créé avec de la plasticine, que l'on peut parfois
acheter dans les épiceries, son propre dinosaure (fig. 97). Cela se passait
fin 1997. L'intérêt pour cet animal est probablement lié à la trouvaille
d'os de dinosaure non loin de Midelt, ce qui en a fait tout un temps un
thème majeur des conversations. La forme de ce dinosaure a certainement
été influencée par des images montrées à l'école ou à la télévision.
Qu'à côté du changement et de la modernisation il peut exister des
constantes au delà des siècles ou même des millénaires est prouvé entre
autres par un type très particulier de dromadaires et de chevaux avec les
deux pattes antérieures modelées en un seul tronc.
Ce remarquable exemple africain de continuité dans la conception et
l'élaboration d'un jouet, est démontré par la distribution dans l'espace et
dans le temps des animaux jouets en argile, particulièrement l'animal
jouet modelé avec les deux pattes antérieures réunies en une seule patte.
Dans la collection de jouets sahariens et nord-africains du Musée de
l'Homme j'ai trouvé des animaux jouets à trois pattes fabriqués dans les
années 1930 par les servantes des Maures de Oualata, une petite ville
dans le Sahara mauritanien. Ces dromadaires jouets, chevaux jouets et
autres animaux jouets en argile crue mesurent entre 5 et 9 cm de haut, 4
97
148
et 9,5 cm de long (fig. 31 p. 79, 45-
46 p. 95). Jean Gabus (1958: 168)
montre un dessin de pareil
dromadaire jouet à trois pattes, un
dessin reproduit à la figure 98. Cet
auteur mentionne que les enfants
touaregs de Tombouctou et de
Goundam, deux villes situées le
long du fleuve Niger au Mali,
jouent avec des dromadaires jouets
et autres animaux jouets à trois
pattes (1958: 164).
Dans une publication sur une autre collection du Musée de l'Homme
concernant des objets archéologiques trouvés en 1904 en bordure du
fleuve Niger au Mali, j'ai trouvé le même genre d'animaux jouets
(Lebeuf et Pâques, 1970: 53-54). Ces animaux jouets en argile, ayant les
deux pattes antérieures réunies en un seul tronc, représentent un
dromadaire (fig. 99) et cinq moutons (fig. 100).
De plus, deux articles décrivant les fouilles de la ville la plus ancienne de
l'Afrique de l'Ouest, la vieille citée de Jenné-Jeno dans le delta intérieur
du fleuve Niger, montrent des animaux jouets, une fois de plus en argile,
qui datent d'environ deux mille années. Susan and Roderick McIntosh,
les archéologues en charge des fouilles, écrivent que des jouets modelés
avec de la boue du fleuve, des animaux jouets en miniature, se voient
couramment dans le Jenné moderne. Des morceaux d'argile brisés,
encore reconnaissable comme des vaches, moutons et un manaté du
fleuve Niger, trouvés dans l'ancienne Jenné étaient immédiatement
identifiés comme des jouets par les ouvriers, qui ont spécifié qu'un de
98
99 100
149
ces jouets d'enfants en argile, âgés de deux mille ans et fabriqués en
grand nombre, était un taureau (fig. 101) (1982: 407, 410, 413).
En regardant de près un de ces animaux jouets (fig 102), jadis utilisés par
les enfants de l'ancienne Jenné et se trouvant avec d'autres animaux
jouets de la même fouille sur la couverture du Courrier de l'UNESCO de
mai 1984, je pensais que probablement il n'y avait qu'une patte
antérieure. Entre temps, une correspondance par e-mail avec Susan
Keech McIntosh, professeur d'anthropologie à la Rice University,
Houston, Texas, a confirmé le fait qu'il s'agit bel et bien d'un animal
jouet avec une patte antérieure. Dans son e-mail du 21 mars 1998 elle
écrit que parmi les jouets figurant sur la couverture du Courrier de
l'UNESCO les deux animaux jouets à droite dans la partie supérieure
n'ont qu'une patte antérieure.
Les animaux jouets à trois pattes trouvés le long du fleuve Niger au
Mali - ceux de Jenné-Jeno, ceux trouvés en 1904 ou faits par des enfants
touaregs dans les années 1950 - ensemble avec ceux des enfants des
Maures de Oualata au Sahara mauritanien, appartiennent à la même
tradition de création de jouets. Dans le e-mail mentionné ci-dessus,
Susan Keech McIntosh m'écrit qu'elle est tout à fait d'accord avec
l'observation que la continuité dans le sujet et le style à travers les siècles
est très frappante dans ces jouets en argile. En plus, j'ai l'impression
qu'un des animaux jouets en argile, modelé vers la
fin des années 1970 ou le début des années 1980 et
que deux garçons de l'actuelle Jenné montrent sur
une photo dans l'article de Susan and Roderich
McIntosh, a lui-aussi les deux pattes antérieures
réunies en une seule patte (1982: 410). Il s'agit d'un
dromadaire jouet qui est monté par un méhariste
(fig. 103).
101 102
103
150
Comme les informations sur des jouets très anciens d'enfants africains
doivent être vraiment exceptionnelles, comme c'est le cas pour cet
exemple bien documenté de continuité dans la forme et dans la matière
d'un type d'animaux jouets, il est sans aucun doute profitable d'étudier les
animaux jouets en argile de Jenné-Jeno plus en détail. En 1995, Susan
Keech McIntosh à édité un livre Excavations at Jenné-Jeno,
Hambarketolo, and Kaniana (Inland Niger Delta, Mali), the 1981
Season. En analysant la liste des statues et figurines animales en argile
(p. 219-221) on remarque que la grande majorité des figurines animales
qui montrent des indications sur les pattes n'ont qu'une patte antérieure.
Des vingt-six animaux jouets, vingt-quatre ont trois pattes et deux ont
quatre pattes. Ces vingt-quatre animaux jouets à trois pattes de Jenné-
Jeno ont les numéros SF (small find) suivants comme mentionné dans la
liste des statues et figurines animales (Table 4.1) dans McIntosh, 1995:
219-221: 1474, 1552, 385, 507, 817, 23, 916, 917, 1039, 1092, 1024,
1194, 1331, 1401, 1435, 803, 801, 729A, 737, 1028A, 1165, 1204, 497,
236. Les deux autres figurines animales ont été identifiées comme des
fragments de vaches à quatre pattes : SF numéros 1477 et 1554. De ces
vingt-quatre figurines animales à trois pattes, treize ont été identifiées
comme des vaches, six comme probablement des vaches et une comme
probablement un mouton (fig.
104). Un dromadaire jouet à
trois pattes n'est cependant pas
mentionné, comme c'est pourtant
le cas parmi les autres animaux
jouets de ce genre trouvés en
1904 ou modelés entre les
années 1930 et les années 1950.
Pour vingt-trois figurines animales à trois pattes une datation précise
fut possible. La plus ancienne a été datée à environ 100 av. J.-C., quatre
autres entre cette date et 400 ap. J.-C., neuf entre 400 ap. J.-C. et 900 ap.
J.-C., trois vers 900 ap. J.-C. et six entre 900 ap. J.-C. et 1400 ap. J.-C.
Ainsi ces trouvailles archéologiques attestent à elles seules une
continuité dans la matière, la technique, la forme, le thème et la tradition
du jouet et du jeu pour au moins 1500 ans.
104
151
Comme mentionné, j'ai trouvé quatre groupes d'animaux jouets en
argile à trois pattes, trois localisés le long du fleuve Niger au Mali et un
du Sahara mauritanien : les trouvailles archéologiques de Jenné-Jeno
(100 Av. J.-C. - 1400 ap. J.-C., McIntosh, 1995: 219-221, ill. 237-241,
plate 36, et McIntosh, 1982: 407-413), les trouvailles archéologiques de
1904 dans la région de Rhergo (non daté, Lebeuf et Pâques, 1970: 53-
54), les animaux jouets des enfants touaregs de Tombouctou et Goundam
(années cinquante, Gabus, 1958: 164) et les animaux jouets de Oualata
(années 1930 - années 1950, collection du Musée de l'Homme,
Département d'Afrique Blanche et du Proche Orient, 38.48.79-83;
Gabus, 1958: 164, ill. 168).
Une analyse comparative de ces quatre groupes d'animaux jouets a
donné des informations intéressantes :
1. Pour autant que des mesures soient données, ces animaux jouets sont
des représentations miniaturisées, le plus souvent variant en hauteur
entre environ 4 et 9 cm et en longueur entre environ 4,5 et 10 cm.
Les mesures trouvées pour les différents groupes d'animaux en argile
à trois pattes sont :
les trouvailles archéologiques dans la région de Rhergo :
dromedaire H = 5,2 cm, L = 4,8 cm ;
les trouvailles archéologiques de Jenné-Jeno : pour les animaux
jouets trouvés assez complet pour donner une bonne idée de la
hauteur et longueur réelles, la hauteur varie entre 4,3 cm et 11 cm
et la longueur entre 4,6 cm et 11,5 cm, il y a deux figurines
complètes qui mesurent 4,3 cm de haut et 5 cm de longueur ou 5,1
cm de hauteur et 4,6 cm de longueur ;
les animaux jouets de Oualata : ceux de la collection du Musée de
l'Homme mesurent entre 5 cm et 9 cm de hauteur, 4 cm et 9,5 cm
de longueur ; la hauteur et longueur des dromadaires jouets de
Oualata montrés par Gabus (1958: 168) sont environ 13 cm ;
dans le cas des animaux jouets faits par les enfants touaregs de
Tombouctou et Goundam les mesures n'ont pas été indiquées.
2. Tandis que les animaux jouets à trois pattes de Oualata et des enfants
touaregs le long du fleuve Niger sont en argile crue, ceux trouvés en
1904 sur les bords de la même rivière sont en argile cuite, les
152
animaux jouets en argile de Jenné-Jeno étant aussi bien en argile crue
qu'en argile cuite.
3. Les animaux jouets des enfants touaregs des années cinquante, ceux
trouvés en 1904 et plusieurs de ceux trouvés à Jenné-Jeno semblent
être monochrome, cela en opposition avec les animaux jouets très
coloriés de Oualata. Cependant, deux ou trois des animaux jouets de
Jenné-Jeno montrent quelques traces de peinture et le méhariste sur le
dos du dromadaire en argile trouvé en 1904 fut sans aucun doute
peint.
4. En regardant tous ces animaux jouets à trois pattes, j'ai été frappé par
deux aspects : d'un côté, l'élaboration plutôt grossière de l'ensemble
et, de l'autre côté, l'attention portée aux détails. Tous les examples de
la collection du Musée de l'Homme, ceux trouvés en 1904, ceux des
enfants touaregs et beaucoup de ceux de Jenné-Jeno ont été décrit
comme grossièrement modelés. Plusieurs animaux jouets de Oualata
ont le cou et la tête élongés, une description qui est aussi utilisée pour
plusieurs animaux jouets de Jenné-Jeno. Les animaux jouets de
Oualata de la collection du Musée de l'Homme et ceux montrés par
Gabus ont une queue élaborée, comme tous ceux trouvés en 1904 et
quelques-uns trouvés à Jenné-Jeno. D'autres détails se remarquent
dans les quatre groupes d'animaux jouets ou du moins dans trois
groupes, des détails comme l'indication des yeux, des oreilles et de la
selle. Mais seulement dans le cas des animaux jouets de Jenné-Jeno le
modelage de cornes ou d'un pis sont mentionnés.
5. Un dernier détail remarquable se trouve sur deux des animaux jouets
à trois pattes de Jenné-Jeno, sur un “fragment fired black clay cow
figurine; incised 'ladder' pattern on right side” (SF 758, 10e siècle) et
sur un autre fragment, reproduit à la figure 105, décrit comme
“fragment animal figurine, possibly horse; incised cross-hatching
over body” (SF 1537, 8e siècle) (McIntosh, 1995: 219-220).
105
153
Quand on regarde les incisions sur l'animal jouet de Jenné-Jeno
montré à la figure 105 (p. 152), prend en compte la mention d'un
motif en échelle sur un autre, et compare cela avec les lignes en
zigzag sur le dromadaire jouet à trois jambes de Oualata (années
1950) montré à la figure 98 (p. 148), la ressemblance est vraiment
intrigante.
Bien que probablement peu de gens ont pensé trouver dans la partie
méridionale du Sahara une pareille tradition de jouets existant depuis
deux mille ans, et probablement bien plus longtemps encore, cette
continuité dans la forme des animaux jouets et dans la matière utilisée
pour les créer n'est nullement surprenante si l'on pense à la similarité
frappante entre certains jouets chinois, égyptiens, grecs ou indiens très
anciens et certains jouets modernes comme les poupées, les animaux
jouets, les osselets, les billes, les toupies, les disques ronflants, les cerf-
volants, les balançoires et les hochets... (Beaumont, 1994; Durand, 1992;
Eady, 1989-1990; Schofield, 1978).
154
155
4 Analyse sémiotique sociale
Ma connaissance de la sémiotique sociale est basée sur les publications
de Gunther Kress et Theo van Leeuwen (1995-1999) et sur une
communication personnelle avec Theo van Leeuwen. Selon ces deux
auteurs la sémiotique sociale est une manière de décrire et de
comprendre comment les gens produisent et communiquent des
significations dans des environnements sociaux spécifiques, des
environnements sociaux de petite taille comme la famille ou des
environnements sociaux dans lesquels la production de significations est
bien institutionnalisée et prescrite par des habitudes, des conventions et
des règles. La sémiotique sociale s'intéresse à la production de
significations dans la société (Kress and van Leeuwen, 1996: 264). Dans
ce contexte les jouets sont à voir comme des ressources sémiotiques
pouvant s'utiliser pour produire des significations, des significations
aussi bien d'ordre cognitif qu'affectif, mental que corporel (van Leeuwen
and Caldas-Coulthard, 1999: 1).
L'analyse socio-sémiotique des données sur l'animal dans les jeux et
jouets des enfants sahariens et nord-africains présentée dans ce chapitre
se réfère à l'aspect matériel, technique, cognitif et relationnel. Je tiens à
souligner que mon analyse sémiotique sociale se limite au niveau
descriptif sans essayer d’atteindre le niveau d’élaboration théorique.
Parlant de cela Theo van Leeuwen m’écrivait :
Tu utilise la terminologie sémiotique seulement par intermittence et
d‟une manière qui ne me pose aucun problème. Mais tu semble avoir
une hésitation pour généraliser et la sémiotique, naturellement, vise
une structure théorique générale avec laquelle il devient possible de
faire des interprétations (le morceau sur la représentation
schématique est un exemple d‟introduction d‟une certaine
généralisation).
Il y a deux raisons principales pour mon hésitation à généraliser,
premièrement, je n’ai pas été formé comme théoricien, deuxièmement,
j’ai rencontré plusieurs théories construites trop hâtivement ou basée sur
des informations unilatérales. Peut-être un jour, après avoir terminé
l’analyse de la documentation complète sur les jouets et les jeux de ces
156
enfants, il me sera possible d’offrir une approche plus théorique. Ou bien
d’autres pourront le faire mieux que moi.
4.1 Aspect matériel
Dans l'analyse sémiotique d'objets culturels comme les jouets un aspect
fondamental est lié à la matérialité. Il est donc nullement étonnant que
l'aspect matériel des jouets fabriqués par les garçons et les filles me soit
venu à l'esprit en premier lieu.
Quatre thèmes sont analysés ici, celui des matériaux utilisés par les
enfants pour réaliser leurs animaux jouets, celui de la relation entre
l'utilisation d'un matériel spécifique et une signification
représentationelle particulière, celui de la couleur et celui de la non-
durabilité ou la durabilité des jouets.
Je commence la description des matériaux utilisés par les enfants
sahariens et nord-africains pour figurer des animaux par le corps de
l'enfant bien que traiter le corps comme un objet puisse sembler
discutable.
Il se dit que le corps de l'enfant est un de ses premiers jouets mais plus
tard ce corps peu encore servir pour des activités ludiques comme
l'imitation des animaux. Les données réfèrent à l'imitation du dromadaire
par les garçons ghrib, rarement les filles ghrib (fig. 1-4, p. 48-50), ainsi
que par les enfants maures (voir 1.1, p. 51). Des enfants ghrib, mozabites
ou marocains utilisent leur corps pour se transformer en cheval ou mulet
(voir 2.1, p. 87). Pour le sud de la Tunisie, un auteur a mentionné que les
filles et les garçons se déguisent en vaches durant la fête de l'°ashûra
(voir 3, p. 107).
Les 'jouets' les plus réalistes restent néanmoins les animaux eux-
mêmes, aussi bien les petits que les grands animaux, les animaux
domestiques que les animaux non-domestiques. Les animaux vivants
servant de jouets mentionnés dans ce livre sont l'âne, le mulet, le petit
dromadaire, le mouton, le dindon, le chat, le fennec, la tortue, l'escargot,
la gerboise (fig. 76, p. 121), la souris de sable, le lézard, la salamandre,
le scorpion et des insectes.
Dans certains cas la frontière entre jeu et occupation utilitaire est
difficile à tracer car le jeu se rapproche plutôt de la chasse, une chasse
157
par des enfants ce qui n'exclut nullement l'aspect ludique (voir 5, p. 123-
125).
Pour réaliser des animaux jouets les enfants sahariens et nord-africains
utilisent une grande diversité de matériaux d'origine animale, minérale et
végétale ainsi que provenant de la récupération d'objets domestiques
usés. Le matériel d'origine minérale comprend différentes sortes de
pierres utilisées pour représenter le dromadaire (fig. 7-9, p. 54-56), le
mulet (fig. 54-55, p. 103-104), le chien (fig. 16, p. 62), du bétail (fig. 58,
p. 108). L'argile est un des matériaux souvent utilisée pour faire des
dromadaires (fig. 28 p. 77, 30-31 p. 78-79, 37-40 p. 82-83), des chevaux,
mulets et ânes (fig. 43-48 p. 93-97, 50 p. 98), du bétail (fig. 59-64 p.
108-110, 66-68 p. 112-113), des chiens (fig. 69, p. 115), des chats (fig.
75, p. 118), des serpents (fig. 84, p. 130), des scorpions (fig. 85, p. 130),
des fouettes-queues (fig. 86, p. 130). Bien que très rarement mentionnée,
la boue sert aussi à fabriquer des animaux jouets comme le dromadaire
ou le bœuf.
Certaines parties du corps animal sont utilisées par les enfants pour
figurer un animal. Il est surtout question de la mâchoire d'une chèvre ou
d'un mouton qui dans la main d'un enfant saharien devient un dromadaire
(fig. 11-15, p. 59-61). Dans la bouse sèche d'un dromadaire la forme le
dromadaire est parfois découpée (fig. 16, p.62), mais les crottes de
dromadaire peuvent aussi servir. Une fois, dans le Sahara tunisien, j'ai
observé l'utilisation d'un morceau d'intestin d'une chèvre pour
représenter le serpent (fig. 79, p. 127). Pour le jeu de berger des
coquillages d'escargots servent parfois comme petit bétail (voir 3, p.
114). La peau d'animal, traitée ou non-traitée, fut aussi utilisée pour faire
un animal mais plus souvent pour des accessoires.
C'est cependant le domaine végétal qui offre le plus de matériaux pour
créer un animal. Pour faire des dromadaires les enfants utilisent des
feuilles (fig. 18 p. 64, 22 p. 70), des fibres (fig. 23, p. 71), des morceaux
de bois (fig. 25, p. 73), des branchettes (fig. 19 p. 65, 21-22 p. 69-70),
des champignons (fig. 17, p. 64). Des chevaux ou des mulets sont faits
avec des feuilles (fig. 57, p. 105), des morceaux de bois (fig. 51-52, p.
99), des roseaux (fig. 53, p. 100), des courgettes (fig. 56, p. 105). Une
fois j'ai rencontré l'utilisation d'une plante fibreuse pour faire un cheval
(voir 2.4, p. 102). Il y a aussi les moutons en épis de maïs (voir 3, p. 108,
114), la gazelle et le scorpion en folioles (fig. 80-81, p. 128), ainsi que la
158
gazelle (fig. 83, p. 129), la paire d'oiseaux (fig. 87, p. 131), la cigogne
(fig. 90, p. 131), le rat (fig. 88, p. 131), le lapin (fig. 89, p. 131), le singe
(fig. 92, p. 132) et le serpent (fig. 91, p. 132) en bois.
Les enfants sahariens et nord-africains excellent dans la réutilisation
de matériaux de rebus qu'ils trouvent sur place. Ainsi certains
dromadaires sont faits avec un vieux sac de beurre (fig. 6, p. 52), des
chiffons (fig. 19-22, p. 65-70), des fils électriques plastifiés (fig. 41, p.
84), ou de la tôle (fig. 42, p. 85). J'ai aussi trouvé dans la littérature
consultée un bœuf en tissu (fig. 65, p. 111) et le Musée de l'Homme
possède une antilope en tissu (fig. 82, p. 129).
L'utilisation de matériaux nouveaux comme les fils électriques
plastifiés montre comment des jouets peuvent se renouveler et s'adapter
au changement socio-économique en transmettant des significations
anciennes par un nouveau design.
Tous ces matériaux d'origine animale, minérale, végétale ou de
récupération sont souvent combinés pour créer des animaux jouets et
leurs accessoires. Finalement il faut signaler le remplacement des
animaux jouets fabriqués par les enfants eux-mêmes par des animaux en
plastique importés comme le chien (fig. 72, p. 117), le lapin (fig. 71, p.
116), le chat (voir 4, p. 117-119), le coq (fig. 93, p. 133) et la licorne
(fig. 95, p. 140).
Il n'y a aucun doute quant à l'importance de l'aspect matériel dans la
création des jouets ni pour l'analyse sémiotique des jouets. Pourtant il
reste difficile de donner une signification sémiotique aux choix des
enfants de l'un ou l'autre matériel lorsqu'ils font des jouets, excepté celui
de la conformité de leurs choix avec l'environnement écologique et
socioculturel dans lequel vivent ces enfants.
En analysant les raisons éventuelles du choix du matériel par les
enfants sahariens et nord-africains lorsqu'ils créent des animaux jouets,
le premier aspect qui m'est venu à l'esprit est celui de la forme. En
regardant la forme d'une mâchoire de chèvre ou de mouton il n'est pas
trop difficile de s'imaginer l'attrait de cet objet pour figurer un
dromadaire (fig. 11-15, p. 59-61). En plus la possibilité de tenir en main
ce 'dromadaire' par le bout allongé de la mâchoire, facilite l'imitation des
mouvements du dromadaire. Il y a aussi le creux en haut de la mâchoire
qui semble se prédisposer à l'emplacement d'une selle et d'un méhariste.
Un autre exemple est offert par les dromadaires en pierre, des pierres
159
souvent choisies en raison de leur forme et qui serviront après une taille
éventuelle à représenter l'étalon, la chamelle, la chamelle pleine et le
chamelon (fig. 7, p. 54). La forme ovale des courgettes se prête bien à
figurer le corps et la tête d'un mulet (fig. 56, p. 105).
Un autre aspect qui peut être mis en avant est celui de la facilité de
manipulation du matériel choisi, comme dans le cas de l'argile, de la
boue, de la bouse, des feuilles, des fibres, des fils électriques plastifiés.
Parfois c'est la particularité de l'objet ou d'une partie de l'objet qui
suscite le choix de l'enfant, comme lorsqu'il prend un roseau avec une
plume bien développée pour représenter la crinière de son cheval. Le
choix d'une petite plume d'oiseau comme queue d'un cheval en argile
modelée par une servante maure supporte cette idée (fig. 46, p. 95). Un
garçon a spécialement choisit deux graines pour donner des yeux au
lapin qu'il a modelé en argile (fig. 70, p. 116).
Même s'il est parfois possible de lier le choix d'un matériel ou d'un
objet particulier à une signification représentionnelle spécifique comme
pour les quelques exemples donnés ci-dessus, cela sera beaucoup plus
difficile, sinon impossible, dans d'autres cas. Il serait donc intéressant de
questionner les enfants sur leur choix de matériel ou d'objets quand ils
créent des jouets mais souvent ils trouveront pareilles questions stupides
ou insensées. Leur réponse à la question “qu'est-ce que les enfants
diront-ils quand on leur demande pourquoi ils ont choisit tel ou tel
matériel” posée par Theo van Leeuwen (e-mail, 14 juin 1998) pourrait
bien être 'cela à toujours été ainsi', 'tout le monde le fait de cette
manière', 'c'est ainsi que je l'ai appris', ou 'c'est cela qu'on peut utiliser'.
Mais même pareilles réponses générales et évasives peuvent être
révélatrices.
Dans une analyse sémiotique la signification des couleurs est
importante mais comme les enfants sahariens et nord-africains utilisent
pour la fabrication de la plupart de leurs animaux jouets une grande
diversité de matériaux naturels et artificiels, et que le même animal jouet
est souvent fait avec plus qu'un matériel ces jouets montrent des couleurs
diverses. En plus les animaux jouets de ces régions n'ont le plus souvent
pas été peint. L'exception majeure à cette constante vient des animaux
jouets polychromes modelés en argile par les servantes maures de
Oualata, un petite ville dans le Sahara mauritanien (fig. 31 p. 79, 45-46
p. 95, 59-60 p. 108-109). Les figures 66 et 67 (p. 112) montrent que des
160
animaux jouets en argile faits par des enfants maures du Sahara nord-
occidental étaient parfois peints, ainsi que certains de ceux créés par les
enfants de Mopti sur le fleuve Niger (voir 4, p. 113). L'habitude de
peindre des animaux jouets n'a rien de nouveau comme le prouve le
bélier collectionné avant 1889 (fig. 61, p. 109). Les animaux jouets faits
par des artisans du bois et dont j'ai trouvés trace furent eux aussi peint,
souvent en couleurs vives (fig. 25 p. 73, 83 p. 129, voir aussi la
description des couleurs irréalistes des animaux jouets des figures 88 à
92, p. 131-132).
Il ne m'a pas été possible de donner une signification sociale et
culturelle aux couleurs des animaux jouets décrits dans ce livre.
Néanmoins il a été dit que l'utilisation d'un beau morceau de tissu blanc
peut donner à un dromadaire jouet l'aspect d'une monture de chef touareg
(voir 1.5, p. 68). Il reste aussi à signaler que les animaux jouets en
plastique importés sont de couleur uniforme ou très peu variée (fig. 71-
72 p. 116-117, 93 p. 133, 95 p. 140).
Dans le chapitre "Toys, Play, Signs, Meanings and Communication"
de mon livre Toys, Play, Culture and Society. An Anthropological
Approach with Reference to North Africa and the Sahara, je parle des
aspects de la durabilité et de la non-durabilité des jouets des enfants
saharaniens et nord-africains (2005: 56). Comme cela est écrit en anglais
je reprendrai ici les mêmes arguments en français.
Il est clair que presque tous les jouets créés par les enfants sahariens et
nord-africains le sont avec du matériel non-durable ou peu durable. Mais
peut-on pour autant dire que cela est le fait du hasard ou bien n'est-il pas
plutôt ainsi qu'à la base de cette donnée se trouve la pratique de faire un
nouveau jouet chaque fois que l'enfant en a besoin pour son jeu? Il s'agit
certainement d'une pratique fondamentale car même si les jouets durent
un certain temps, il ne sont que rarement utilisés à nouveau pour un jeu
suivant. Au contraire, les jouets sont volontairement délaissés ou même
détruit, la fabrication d'un nouveau jouet faisant partie des plaisirs de
l'activité ludique.
161
Theo van Leeuwen (e-mail, 14 juin 1998) m'a écrit :
L'accent que tu mets sur la non-durabilité est sémiotiquement très
intéressant. En dépit de notre tendance pour les objets fabriqués nous
avons gardé un certain intérêt pour le non-durable comme dans le cas
de notre appréciation du théâtre qui est une production sémiotique
non-durable. Mais certainement cet intérêt est beaucoup plus
prononcé dans des cultures où de nouvelles poupées sont faites pour
chaque jeu. Il y a un investissement culturel dans des caractéristiques
comme la non-durabilité, la dureté ou la douceur.
La non-durabilité des jouets faits par les enfants eux-mêmes contraste
avec la durabilité des jouets importés, le plus souvent des jouets en
plastique. Bien que je ne puisse pas en dire plus, l'utilisation de pareils
jouets durables doit exercer une influence sur les enfants habitués à faire
eux-mêmes leurs jouets. Ces jouets en plastique, achetés localement ou
amenés par des émigrés de retour au pays et par des touristes, se voient
attribuer un certain prestige basé sur leur rareté ou leur aspect financier
et ils sont encore utilisés même si par exemple les roues manques.
4.2 Aspect technique
L'analyse de la technicité impliquée dans la création de jouets est un
autre aspect important. Deux thèmes seront abordés, l'utilisation des
technologies manuelles et la réalisation du mouvement.
Les enfants sahariens et nord-africains se trouvent limités à ce que
Gunther Kress et Theo van Leeuwen appellent les technologies
manuelles, des technologies où les représentations sont dans tous leurs
aspects articulées par la main de l'homme aidée par des outils manuels
(1996: 233). Pour les enfants de ces régions ces outils sont le plus
souvent des objets qu'ils trouvent eux-mêmes, comme des pierres ou
autres objets lourds pour frapper, les dents ou autres objets tranchants
pour faire des trous, et non pas des outils d'adultes.
Un aspect technique à résoudre par les enfants est celui du mouvement
de leurs jouets, le mouvement de parties du jouet ou le mouvement du
jouet entier. Certains jouets sahariens et nord-africains ont des parties
162
mobiles, par exemple les moulins à vent, les armes et les véhicules.
Cependant, je n'ai trouvé jusqu'à présent qu'un exemple d'un animal jouet
avec des pattes articulées, le mulet tirant une araire (fig. 52, p. 99) et
deux informations qui parlent de petites roues placées en-dessous d'un
animal jouet. Le premier animal à roues, un cheval, fut fabriqué par des
artisans du bois de Marrakech dans le premier quart du vingtième siècle.
Le deuxième animal à roues, un mulet en argile à roues, m'a été
mentionné en 1999 par un garçon marocain (voir 2.2 p. 98).
Le fait que je n'ai pas d'autres exemples à donner ne veut nullement
dire que les enfants en question manquent l'expérience technique, une
expérience technique qu'ils démontrent parfaitement en créant tout sorte
de véhicules. Une explication simple pourrait souligner qu'il n'y a point
de nécessité car les enfants assurent eux-même le mouvement de leurs
animaux jouets quand ils les prennent en main, mais aussi que ce n'est
que le jouet d'un instant. Une autre explication d'ordre idéologique peut
se trouver dans l'interdiction coranique de créer des êtres vivants
(Rosenthal, 1982: 616). Les animaux jouets avec des parties mobiles
ressembleraient dès lors plus à des animaux vivants que des animaux
jouets immobiles.
Le mouvement de l'animal rigide est sous le contrôle direct de l'enfant
qui le manipule. Il ne s'agit pas de mouvements naturalistes mais
conventionnels basés sur une simplification de la réalité et sur des
mouvements que les membres du groupe de jeu trouvent adéquat pour
simuler le déplacement. Ce qui est important est la signification des
mouvements, non pas leur réalisme.
L'inventivité technique dans la création d'animaux jouets et de leurs
accessoires est plutôt à chercher du côté de l'utilisation ingénieuse de
toute sorte de matériel. Selon toutes les données rassemblées, les
animaux jouets sahariens et nord-africains fabriqués par des adultes sont
rares mais c'est dans ce cas que l'aspect technique laisse voir une plus
grande habilité et des moyens qui ne sont pas disponible aux enfants.
163
4.3 Aspects cognitifs et relationnels
Pour autant que des informations existent, il est clair que les enfants
sahariens et nord-africains utilisent leurs animaux jouets le plus souvent
dans un cadre de jeu figurant l'utilisation de l'animal par l'homme. Il est
question de garder les animaux, de les amener à l'abreuvoir et au
pâturage, d'organiser un campement ou une razzia, d'être un guerrier,
d'engager une course, de chasser, de piéger, de labourer et de transporter.
Parfois ces enfants construisent un espace de jeu dans lequel un
campement est élaboré ou bien un terrain de ferme et dans lequel des
animaux jouets comme le dromadaire, le cheval, le mulet et le petit bétail
évoluent.
La manipulation des animaux jouets et l'activité ludique dans laquelle
ils jouent un rôle comportent souvent un aspect linguistique. L'imitation
des cris d'animaux et l'exercice du vocabulaire lié à l'utilisation des
animaux ont non seulement leur importance pour le développement
cognitif de l'enfant mais ils font partie intégrante de la transmission des
significations propre à ces jeux et ces jouets.
Les jouets faits par les enfants sahariens et nord-africains sont presque
toujours des objets à trois dimensions. C'est parmi leurs animaux jouets
que j'ai trouvé les premiers exemples de ces jouets n'ayant que deux
dimensions. Il s'agit d'animaux en pierre (fig. 7-9 p. 54-56, 58 p. 108), en
bouse (fig. 16, p. 62), en tôle (fig. 42, p. 85) ou en folioles (fig. 18 p. 64,
57 p. 105, 81 p. 128).
Souvent certaines parties significatives du corps de l'animal sont
soulignées comme la bosse du dromadaire (fig. 7-9 p. 54-56, 16 p. 62,
18-19 p. 64-65, 21-22 p. 69-70, 38-39 p. 82-83, 42 p. 85) ou du bœuf
(fig. 59-60 p. 108-109, 62-64 p. 110, 68 p. 113). D'autres exemples sont
la crinière du cheval, les oreilles de l'âne (fig. 43 p. 93, 50 p. 98), la
queue du cheval (fig. 46, p. 95), la queue du chien (fig. 69, p. 115), les
cornes du bélier (fig. 61, p. 109). Les enfants chaamba distinguent parmi
leurs dromadaires en pierre à première vue assez uniforme, le
dromadaire étalon par une profonde encoche médiane à la base, la
femelle par une base épaisse représentant un ventre gravide et le
chamelon par une petite pierre (voir 1.2, p. 56-57).
164
Bien qu'il soit régulièrement question d'un choix arbitraire, il me
semble quand même utile de faire la distinction entre les animaux jouets
de forme très simplifiée, de forme schématique ou de forme élaborée.
J'espère que les exemples donnés ci-après suffiront à démontrer la
différence entre ces trois catégories.
Pour le groupe d'animaux jouets de forme très simplifiée je ne peux
présenter que les dromadaires des figures 5 (p. 51), 7 (p. 54), 11 (p. 59),
13-15 (p. 61), le cheval de la figure 53 (p. 100), les mulets des figures
54-55 (p. 103-104) et les serpents des figures 78 et 79 (p. 126-127).
A côté des quelques animaux jouets très simplifiés, il a en a beaucoup
plus que je classerai dans le groupe des animaux jouets de forme
schématique, une forme schématique que je décrirais comme des
modèles simplifiés où manquent une ou plusieurs parties du corps de
l'animal et sans ou peu de traits marquant la tête. J'ai aussi mis dans cette
catégorie les animaux jouets avec deux ou trois pattes. Ces animaux
jouets sont les dromadaires des figures 6 (p. 52), 8-9 (p. 55-56), 16-19
(p. 62-65), 25 (p. 73), 28 (p. 77), 30-31 (p. 78-79), 38-42 (p. 82-85), 98-
99 (p. 148), 102-103 (p. 149) et 106 (p. 173); les chevaux, mulets et ânes
des figures 43 (p. 93) 45-46 (p. 95), 48 (p. 97), 50-52 (p. 98-99), 56-57
(p. 105), 105 (p. 153) et 106 (p. 173); les autres animaux domestiques
des figures 58-64 (p. 108-110), 66 (p. 112), 69 (p. 115), 100-102 (p. 148-
149); les animaux non-domestiques des figures 6 (p. 52), 76-77 (p. 121,
125), 85-92 (p. 130-132) et 101 (p. 149).
Les animaux jouets de la troisième catégorie ont une forme élaborée
souvent marquée par un sens du détail. Toutes les parties du corps de
l'animal sont représentée de même que la plupart des traits marquant la
tête. Cependant, cela ne veut nullement dire qu'il s'agit d'une copie
réaliste d'un animal. Dans cette catégorie j'ai classé les dromadaires des
figures 12 (p. 60), 21-23 (p. 69-71); les chevaux des figures 44 (p. 94) et
47 (p. 96); les autres animaux domestiques des figures 65 (p. 111), 67-68
(p. 112-113), 70 (p. 116) et 74 (p. 118); les animaux non-domestiques
des figures 82-83 (p. 129).
165
Un aperçu des animaux jouets avec une forme simple, schématique ou
élaborée se trouve ci-dessous :
Formes de
l'animal
Droma-
daire
Cheval
Mulet
Animal
domestique
Animal non-
domestique
Total
Forme
simple
6
3
0
2
11
Forme
schématique
21
11
9
12
53
Forme
élaborée
4
2
5
2
13
Total
31
16
14
16
77
Chaque fois qu'un enfant crée un animal jouet il aura recherché une
forme spécifique qui pour lui figure l'animal voulu. Mais quelquefois il
est possible de trouver des exemples qui démontrent un effort particulier
pour y arriver. Ainsi il y a les dromadaires avec armature de branchettes
(fig. 21, p. 69) modelée de la manière suivante (Balout, 1959: planche
LXVIII; Bellin, 1963: 100) :
Deux rameaux verts, l'un formant les pattes - une avant, une arrière -
l'autre formant le cou et la tête, sont ligaturés pour leur donner la
courbure voulue. Les liens sont ôtés lorsque le bois est jugé sec, les
rameaux gardant leur courbure forcée. D'autres exemples se trouvent
parmi les animaux jouets faits avec des folioles de palmier ou modelés
en argile.
L'analyse des animaux jouets met en avant l'existence d'un certain
traditionalisme des enfants sahariens et nord-africains dans le choix du
matériel et dans le design. Cela ne devrait pourtant pas porter à conclure
qu'il y a un manque de créativité, une créativité que j'ai essayé de décrire
au chapitre Toys, Play and Creativity de mon livre Toys, Play, Culture
and Society. An Anthropological Approach with Reference to North
Africa and the Sahara (2005: 93).
166
Suite à la description des formes d'animaux jouets donnée ci-dessus et
en me référant à la remarque de Theo van Leeuwen et Carmen Rosa
Caldas-Coulthard par rapport aux voitures jouets (1999: 7), il me reste à
voir comment définir les 'caractéristiques minimales' que chaque jouet
doit avoir pour qu'il soit reconnu comme la représentation d'un animal.
En passant de revue les données et les figures de ce livre, j'ai d'abord
ressenti une impasse car certains animaux jouets ont une forme si
simplifiée qu'il ne m'est pas possible de trouver les caractéristiques
minimales qui en font un animal jouet comme dans le cas du petit garçon
manipulant son dromadaire de bois à la figure 5 (p. 51), celui des mulets
en pierre des figures 54 et 55 (p. 103-104), ou encore les serpents en
corde ou en morceau d'intestin des figures 78 et 79 (p. 126-127). Ce n'est
que lorsque j'ai pensé à faire la distinction entre le point de vue de
l'enfant qui utilise un objet qu'il a choisit ou fait lui-même, le point de
vue des autres joueurs, et celui d'enfants et d'adultes qui ne participent
pas à l'activité ludique que j'ai pu avancer.
Dans le cas d'un joueur isolé, comme le garçon de trois ans qui a pris
un morceau de bois rectangulaire pour figurer un dromadaire (fig. 5, p.
51), il me semble que n'importe quel objet pourrait servir. Ce qui à mon
avis en fait un 'dromadaire' n'est que très vaguement lié à la forme du
morceau de bois mais doit tout à l'intention, j'oserai dire la 'vision', du
garçon et à la manière qu'il le manipule. Le même constat pourrait être
fait pour un roseau se transformant en cheval (fig. 53, p. 100) et à fortiori
dans le cas où un enfant utilise son corps pour se transformer en
dromadaire (fig. 1-4, p. 48-50).
Quand il s'agit d'un groupe de jeu il est indispensable que chaque
joueur retrouve dans un objet donné les caractéristiques minimales qui
selon ces joueurs en font un jouet, un animal jouet en l'occurrence.
Quand le groupe de jeu n'utilise que le corps des joueurs pour créer une
monture de dromadaire (fig. 2, p. 49), il me semble que c'est l'idée
représentationelle qui est à la base de cette transformation, non pas le
corps comme 'objet'. Mais même s'il est question d'objets choisis par un
groupe de jeu pour représenter un animal, la forme de ces objets ne suffit
pas toujours pour expliquer le choix. Je pense qu'il en est ainsi pour les
pierres rectangulaires servant de mules (fig. 54-55, p. 103-104) ou la
corde servant de serpent (fig. 78, p. 126). Dans le cas des mulets en
pierre, les pierres pris isolément ne figurent nullement des animaux, mais
167
ces pierres le font de manière très adéquate une fois qu'elles sont mises
ensemble avec une charrette jouet ayant un design basé sur une
représentation réaliste d'une vraie charrette. Même en dehors du jeu cette
charrette jouet avec ces mulets de pierre sera vu par les membres du
groupe de jeu en question, mais aussi par d'autres enfants et par des
adultes, comme une charrette tirée par des bêtes de somme. Pour la corde
qui de par sa forme tubulaire, sa souplesse et sa longueur peuvent
aisément donner à des enfants l'idée de s'en servir comme serpent, il est
quand-même nécessaire que cette corde est manipulée dans une activité
ludique pour qu'elle se transforme en serpent. Une corde immobile n'est
pas un serpent, elle n'offre qu'une possibilité à devenir serpent et elle ne
le devient que lorsque le groupe de jeu en prend la décision. La même
chose pourrait se dire des petites pierres, des coquillages d'escargot et
des épis de maïs utilisés par des enfants pour représenter le petit bétail
dans leurs jeux de berger (voir 3, p. 108, 114).
Tout cela démontre que les animaux jouets créés par les enfants
sahariens et nord-africains sont, suivant la terminologie de Gunther
Kress et Theo van Leeuwen, des 'structures analytiques' et pas des
'structures naturalistes'. Ainsi se trouve confirmé ce que j'ai pu écrire à ce
sujet sur les poupées des filles sahariennes et nord-africaines (voir
Rossie, 2005, Toys, Play, Culture and Society. An Anthropological
Approach with Reference to North Africa and the Sahara p. 61-72, 76).
Bien que les aspects relationnels des activités de jeu et de création de
jouets des enfants sahariens et nord-africains ont une importance
majeure, il faut avouer que faute d'études très peu est connu à ce sujet et
que ce que j'en dit moi-même reste bien vague.
Les relations entre les membres d'un groupe de jeu sont marquées par
une grande intimité. C'est d'ailleurs ce qui est probable vu que les
membres d'un groupe de jeu sont des enfants de la même famille ou des
voisins, en tout cas des enfants faisant parti d'un groupe social
microcosmique et ayant des interactions quotidiennes.
La relation affective de l'enfant avec ces animaux jouets semble être
dirigée vers la représentation plutôt que vers le support. La réalisation
matérielle du modèle, le jouet, n'est qu'un moyen seulement valable si
longtemps que le jeu continu. On pourrait avancer que la fonction d'un
animal jouet est restreinte à l'activité ludique, que ce jouet ne s'anime
que lorsque le joueur le manipule et qu'il entre dans une série de
168
relations mutuellement acceptée et représentée par les membres du
groupe de jeu. Lorsque le jeu s'arrête le jouet redevient un objet qu'on
délaisse ou jette. Une fois de plus il faut relativiser cette proposition
générale car un auteur mentionne pour les enfants touaregs Kel Ahaggar
que bien que la plupart des animaux jouets en pierre taillée sont
délaissées lors des déplacements, les exemplaires les plus réussis sont
emportés (voir 1.2, p. 58). Néanmoins, les animaux jouets des enfants ne
jouent nullement le rôle joué par les nounours des enfants européens ou
nord-américains.
Le plus souvent les enfants sahariens et nord-africains utilisent les
animaux jouets qu'ils ont fait pour mettre en scène des histoires en
rapport avec la chasse, l'élevage, la transhumance, la course,
l'agriculture, le transport, le commerce, la razzia, la guerre. Une
supposition déduite des données rassemblées, me porte à dire que ces
jeux et les animaux jouets qui y sont utilisés, démontrent un fort intérêt
pour la réalité familiale immédiate. La dimension historique tournée vers
le passé ou le futur n'a pas été révélée, une dimension historique typique
pour certains jouets artisanaux ou industriels.
De même je n'ai pas trouvé des jouets figurant des modèles fictifs.
Néanmoins, pareils modèles imaginaires s'infiltrent dans les jouets et les
pensées des enfants nord-africains par le biais d'animaux–jouets importés
comme le chien à chapeau et l'unicorne de la figure 95 (p. 140) ou
l'animal hybride à roulettes et la tortue à roulettes de la figure 96 (p.
146). Quand le garçon marocain de huit ans a créé son propre dinosaure
avec un peu de plasticine en 1997, il était sans aucun doute question
d'une approche imaginative (fig. 97, p. 147).
Je n'ai pas rencontré d'exemple, ni dans la bibliographie consultée ni
lors de mes propres recherches, d'adulte utilisant les animaux jouets des
enfants sahariens et nord-africains à des fins d'éducation informelle ou
formelle. C'est beaucoup plus par l'imitation active des adultes que les
enfants s'initient aux activités et responsabilités liées à l'utilisation des
animaux pour des besoins de subsistance et de transport.
Theo van Leeuwen et Carmen Rosa Caldas-Coulthard mettent en
avant comme un des trois aspects clefs de l'étude des ressources
sémiotiques, la description de la manière dont des ressources
sémiotiques sont utilisées dans des contextes spécifiques (1999: 1).
169
Il ne fait aucun doute que les animaux jouets et les jeux qui s'y
référent décrits dans ce livre, appartiennent à des environnements
spécifiques situés en grande partie dans un habitat désertique ou rural,
rarement dans un cadre citadin. Les conditions de vie passées et actuelles
dans le désert ou à la campagne ont influencé aussi bien le choix des
matériaux et des techniques que la conception et la réalisation de ces
jouets.
Un exemple assez bien documenté de la relation entre une vie nomade
en voie de sédentarisation et des jouets d'enfants se trouve parmi les
animaux jouets créés par des enfants ghrib, des animaux jouets
démontrant à travers les dromadaires l'attachement à la transhumance et
à la vie dans le désert (fig. 13-16, p. 61-62) mais à travers les mulets à
charrette le changement vers une vie sédentaire d'agriculteurs dans une
oasis (fig. 54-55, p. 103-104).
Les populations vivant dans le désert ou à la campagne ne sont
certainement pas des entités statiques et des significations nouvelles
peuvent donc s'attacher à des jouets anciens. Comme preuve je peux
avancer la recontextualization ou réinterprétation des animaux jouets en
foliole de palmier qui dans la première moitié du vingtième siècle
servaient aux jeux des garçons du Pré-Sahara marocain, mais qui dans
les années 1990 sont devenus des objets touristiques fabriqués par les
garçons des mêmes régions pour être vendus à des touristes de passage
(fig. 18 p. 64, 57 p. 105, 80-81 p. 128).
Suite à l'importation en Afrique du Nord et au Sahara de jouets
industriels provenant de l'Asie du Sud-est et de l'Europe une
réinterprétation des jouets créés localement s'impose aux enfants. Il faut
souligner que l'influence de ces jouets industriels ne date pas
d'aujourd'hui car F. Castells écrit déjà en 1915 qu'à Rabat le “vieux
représentant de la tradition offre, sans beaucoup de succès... des jouets
traditionnels, concurrencés comme il est par les vendeurs de jouets
importés d'Europe. Ces jouets européens sont des fusils, pelotes,
poupées, tambours, clairons etc.” (p. 342). Néanmoins, il est certain que
hors des villes les jouets industriels restent plus ou moins rares.
Là où le jouet industriel remplace le jouet fait par l'enfant un
changement fondamental s'opère. Ainsi la création personnelle est
remplacée par un apport extérieur créant une dépendance au jouet acheté
et à celui qui l'achète, c'est-à-dire l'adulte, et provoquant une
170
dévalorisation du jouet créé par soi-même. Il doit en résulter aussi un
changement dans l'attitude de l'enfant envers les matériaux, les matériaux
artificiels détrônant les matériaux d'origine animale, minérale et
végétale. Ce phénomène est particulièrement visible en ville où les
lapins, les chiens et autres animaux en plastique se retrouvent plus qu'à
la campagne (fig. 71-72 p. 116-117, 95 p. 140, 96 p. 146).
L'influence du monde industriel ne se limite pas à l'importation de
jouets. Indirectement les jouets fabriqués par les enfants sahariens et
nord-africains changent aussi à cause de l'utilisation grandissante d'objets
usés provenant de la production industrielle, comme les boîtes de
conserves et de carton, les fils de fer, les bouchons et les récipients en
plastique, les pièces détachées de voitures. Une autre influence
fondamentale qui s'exerce sur les jouets faits par les enfants et sur les
activités ludiques dans lesquelles ils sont utilisés vient des médias de
masse, spécialement la télévision, ainsi que du système scolaire
occidental. Ces puissants facteurs de changement introduisent de
nouveaux modèles de jeux et de jouets.
Pourtant, l'utilisation de matériel importé comme les fils électriques
plastifiés pour créer un dromadaire démontre que l'inverse se produit
aussi et que le matériel d'origine industrielle peut se plier à l'élaboration
d'un concept et d'un modèle ancestral (fig. 41, p. 84).
171
5 Perspectives
Les données sur les jeux et jouets se référant au monde animal et aux
rapports entre l'homme et l'animal, analysées dans ce livre, font
apparaître une assez grande richesse d'activités ludiques des enfants
sahariens et nord-africains, même si l'insuffisance des données ne permet
pas de faire tout à fait droit à ce patrimoine.
Bien que l'idée semble prévaloir que les enfants de ces régions n'ont
que peu ou très peu de jouets, je crois que le lecteur a pu constater que
les données contredisent ou du moins rendent relatif cette affirmation.
Naturellement, il ne faudrait pas prendre comme critère le nombre de
jouets que les enfants reçoivent dans la plupart des familles vivant dans
des sociétés de consommation.
Après ce constat, il faut quand même attirer l'attention sur quelques
limites ou problèmes auxquels l'analyse des données sur l'animal dans les
jeux et jouets sahariens et nord-africains s'est heurtée.
Il y a d'abord le problème des sources bibliographiques et
muséographiques. Les auteurs et les collectionneurs n'ont pas toujours
procédé avec le même esprit scientifique. Parfois il y a manque de
précision sur le plan ethnique ou géographique lorsque les informations
sont attribuées à telle population ou à telle région. Une autre restriction
fort regrettable est que trop souvent les animaux jouets sont décrits
comme des objets et non pas comme des instruments de jeu. Ainsi
l'activité ludique n'est pas analysée avec le même soin que l'est l'animal
jouet lui-même. Enfin il y a ici et là imprécision terminologique quant
aux termes et expressions utilisés pour les animaux jouets et les jeux
dans lesquels ils sont employés.
En tenant compte de ces limites, ce que j'ai voulu faire en assemblant
de manière systématique et critique toutes les données à ma disposition,
c'est d'élaborer une analyse de base qui pourra stimuler et servir de
fondement, d'une part, à des recherches sur le terrain afin de relever la
spécificité d'un jeu ou jouet local et, d'autre part, à mettre cette culture
ludique saharienne et nord-africaine en relation avec les jeux et jouets
s'inspirant du monde animal d'autres aires socioculturelles ainsi que dans
une perspective mondiale. Car si certains aspects des animaux jouets et
certains comportements dans les jeux sont certainement particuliers à
une aire socioculturelle, voire à une communauté, une famille ou même
172
un enfant, d'autres rôles et comportements semblent bel et bien
universels.
Donc il reste beaucoup plus à faire que j'ai pu réaliser ici, même si j'ai
essayé dans mon livre Toys, Play, Culture and Society. An
Anthropological Approach with Reference to North Africa and the
Sahara (2005) à intégrer des informations sur les jeux et jouets des
enfants sahariens et nord-africains dans le débat plus général et les
préoccupations théoriques sur les jeux et jouets.
Dans Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées
d'Enfants et Jeux de Poupées au chapitre 'Utiliser la culture ludique
nord-africaine et saharienne' (2005: 233-260), j'ai exposé plus en détail
les possibilités pour une utilisation pratique de cette culture ludique. Je
renvoie donc le lecteur intéressé à ces pages.
Je voudrais attirer l'attention du lecteur sur le site Internet de
l'UNICEF Teachers Talking about Learning, (www.unicef.org/teachers,
consulté en décembre 2004), un site créé pour échanger des idées, des
opinions et des recherches sur l'enseignement et l'apprentissage
spécialement entre les enseignants eux-mêmes. Dans la section 'Learning
games from around the world, basée sur le Vietnamese Multigrade
Teacher's Handbook, il est écrit que les enfants adorent jouer. S'ils en
ont l'occasion ils créent des règles pour des nouveaux jeux, utilisant des
ballons, des bouchons et tout ce qu'ils trouvent comme matières
premières. Des jeux impliquant le jeu de rôle, la résolution de problèmes
simulés ou l'utilisation de compétences et connaissances spécifiques. Les
jeux peuvent être structurés pour qu'ils mènent à un apprentissage actif.
Un apprentissage qui développera la communication, l'analyse, la prise
de décision et autres aptitudes cognitives (www.unicef.org/teachers, voir
la section 'Explore Ideas', puis la section 'Games from around the
World'). Dans une section suivante 'Journal activity: Games for learning'
les enseignants sont stimulés à créer des situations pédagogiques basées
sur les jeux des enfants.
Flemming Mouritsen of the Danish Odense University souligne dans
son 'working paper' Child Culture - Play Culture, qui était disponible sur
Internet en août 2001, l'importance de la recherche sur les jeux et les
jouets des enfants. Ce professeur du 'Department of Contemporary
Cultural Studies' de l'Université de Odense écrit qu'il est nécessaire de
changer la perspective du point de vue de l'adulte vers une perspective
173
du point de vue de l'enfant car la pédagogie a été basée, aussi bien en
théorie qu'en pratique, sur ce que les enfants doivent devenir au lieu de
s'intéresser à ce que sont réellement les enfants et leurs vies. Une
observation et une analyse culturelle et sociale du vécu ludique, des jeux
et des jouets des enfants avec le moins de présuppositions adultes
possible peuvent certainement contribuer à développer le point de vue
des enfants.
Finalement, je peux mentionner une utilisation réellement
pragmatique d'un jouet comme je l'ai vue à la place Jemaa El Fna de
Marrakech en octobre 1993. Pour gagner sa vie, un homme d'environ
soixante ans, né dans la région de Ben Slimane à 58 km de Casablanca,
vendait depuis quelques mois aux touristes des chevaux et des
dromadaires en folioles de palmier (fig. 106, dromadaire, H = 15,5 cm,
LO = 20 cm; cheval, H = 12 cm, LO = 14,5 cm). Avant de venir vendre
ces animaux jouets à Marrakech, il les vendait déjà depuis environ huit
ans aux touristes visitant la région de Casablanca.
Suite à notre conversation, cet homme a confectionné devant moi ces
animaux jouets qui ne sont autre que des jouets de son enfance (fig. 107,
p. 174). Il m'a précisé qu'il confectionnait ces animaux jouets depuis son
jeune âge mais qu'il ne les utilisait pas pour des jeux de faire semblant.
Selon lui, les autres enfants de son entourage ne faisaient pas d'animaux
jouets de ce genre. La manière de procéder utilisé par cet homme est
106
174
différente de celle employée par les enfants du Pré-Sahara marocain pour
confectionner leurs animaux jouets en folioles de palmier (fig. 18 p. 64,
57 p. 105, 80-81 p. 128).
107
175
Catalogue des Animaux-Jouets
Sahariens et Nord-Africains
du Musée de l'Homme
176
177
1 Introduction
Sans l'existence du fichier des animaux-jouets sahariens et nord-africains
de la collection du Département d'Afrique Blanche et du Proche Orient
du Musée de l'Homme, l'étude de cette collection aurait été impossible.
La grande majorité des renseignements mentionnés dans ce catalogue a
dès lors été puisée dans ce fichier.
Les jouets dont la provenance est mentionnée dans la liste des objets
déposés au Département d'Afrique Blanche et du Proche Orient mais
pour lesquels une fiche signalétique n'a pas été rédigée sont décrits par
l'auteur qui a aussi complété les renseignements du fichier si nécessaire.
Les jouets décrits dans ce catalogue sont, à l'intérieur de chaque
section, classés suivant la population dont ils proviennent.
En ce qui concerne l'animal jouet lui-même, d'abord l'origine est
indiquée - provenance géographique, provenance ethnique,
collectionneur et/ou donateur - suivie par la description et si possible le
constructeur du jouet.
Après ces données ont été mentionnés des renseignements sur les
joueurs et sur d'éventuels dessins ou photos retrouvés dans la
bibliographie. S'il existe dans le Service de la Photothèque du Musée de
l'Homme des photos d'animaux jouets non reproduites dans ce livre, cela
est indiqué.
Les mesures sont mentionnées en centimètres : B = base, H = hauteur,
LO = longueur, LA = largeur, E = épaisseur, D = diamètre, + =
maximum, - = minimum.
Les deux premiers chiffres du numéro d'objet indiquent l'année de
l'entrée de ce jouet dans la collection du Département d'Afrique Blanche
et du Proche Orient du Musée de l'Homme.
178
179
2 Les dromadaires
2.1 Les dromadaires en pierre taillée
Touaregs Kel Ahaggar : 65.2.20/21
Origine : Ahaggar, Sahara, Algérie. Recueilli au pied du col de l'Asekrem
(20) et près des gueltas d'Imlaoulaouène (21). Touaregs Kel Ahaggar,
nomades.
Mission G. de Beauchêne, décembre 1964.
Description : ces deux dromadaires-jouets ont été taillés grossièrement
dans une plaque de schiste. Une protubérance centrale peu accusée
représente la bosse du dromadaire n° 20, tandis qu'une protubérance très
accusée représente celle du n° 21.
20 : B = 6; H = 9. 21 : B = 6; H = 8,5.
Touaregs Kel Ajjer : 62.128.1-21 (sauf 8) (fig. 8-9 - 62.128.3/4, p. 55-56)
Origine : Tassili n'Ajjer, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Ajjer, nomades.
Touaregs Idjeradjirouen : les n° 1, 6, 9, 13, 15 ont été trouvés à l'Oued
Djerat, le n° 7 à Ouan Arab et le n° 11 à Titerast n'Elias; tous sur
l'emplacement d'un ancien campement.
Touaregs Kel Medak : les n° 7, 16-18, 20 furent trouvés à Ouan Arab sur
l'emplacement d'un ancien campement, terrain de parcours des Touaregs
Kel Medak; les n° 19, 21 à Titerast n'Elias.
Mission Henri Lhote, 1959.
Description : la pierre utilisée est une plaque de schiste ocreux (1, 2, 4, 6,
9), une plaque de schiste ardoisier (18) ou une plaque de grès (7, 10-17,
19-21). Une protubérance centrale représente la bosse, avec une avancée
antérieure schématisant le cou. La base rectiligne, avec évidement
central, figure les membres antérieurs et postérieurs lorsque l'animal s'est
accroupi.
180
B+ = 20 (4: H = 27,2; E = 0,4). B- = 5,4 (9: H = 3,1; E = 0,4). H+ = 27,2
(4). H- = 3,1 (9). E+ = 2,1 (16: H = 11,8; B = 14,7). E- = 0,3 (6: H = 3,6;
B = 5,8). 62.128.4: B = 20, H = 27,2, E = 0,4.
Constructeurs : les n° 2 et 4 ont été taillés par un garçon, pour les autres
numéros le sexe de l'enfant qui a fait le travail de taille n'est pas
mentionné.
Remarques : Henri Lhote a aussi fait don à la collection d'une autre série
de dromadaires en pierre taillée (56.27.1-7) faits dans des bifaces
paléolithiques, pièces archéologiques de gisements de surface ou
plaquettes naturelles. De ces jouets sahariens manquent les références
géographiques et ethniques.
B+ = 12,1 (2: H = 9,2; E = 1,2). B- = 6,2 (7: H = 5,4; E = 1,3). H+ = 9,2
(2). H- = 5,4 (7). E+ = 1,9 (3: B = 10,7; H = 7). E- = 1,2 (2).
Photothèque du Musée de l'Homme : photo du n° 56.27.1.
Touaregs Kel Aïr : 71.39.5.1-40
(fig. 7 - 71.39.5.2/3/5/6/8/27/29/36, p. 54)
Origine : Oued Mammamet, Aïr, Niger. Recueilli dans le lit de l'Oued
Mammamet près des stations de gravures rupestres du même oued, dans
lequel il y a de nombreux dromadaires (plus de 250) représentés.
Touaregs Kel Aïr, nomades.
Mission Henri Lhote, avril 1971.
Description : ces pièces furent taillés dans des plaques de grès de teinte et
de taille variées ou d'autres matériaux lithiques trouvés sur place. Une
série de percussions à la diagonale du triangle indique généralement un
mâle, la gravidité des femelles se marquant par un bord sans retouches.
La stylisation triangulaire très poussée ne laisse apparente que la bosse.
B+ = 9,5 (1: H = 9; E = 2,2). B- = 2,7 (40: H = 1,7; E = 0,3). H+ 9 (1). H-
= 1,7 (40). E+ = 2,2 (1). E- = 0,25 (35: B = 4; H = 3).
181
Figures de dromadaires en pierre taillée dans la bibliographie : Lhote,
1952, croquis de quatre dromadaires-jouets d'enfants touaregs, dont deux
étalons, une chamelle pleine et un chamelon. Denis, 1952: photos de
deux séries de dromadaires en pierre taillée des Touaregs Kel Ahaggar
(p. 26), d'un garçon pendant la taille de ces jouets (p. 26) et d'un autre
garçon jouant avec son troupeau de dromadaires en pierre taillée à
l'abreuvoir imaginaire (p. 35).
2.2 Les dromadaires de mandibule
Touaregs Kel Ahaggar : 41.19.101/109-115/137 (fig. 10 - armatures de
selles : 41.19.112/115/137, fig. 11 - 41.19.113, p. 58-59)
Origine : Idèles, Ahaggar, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Rela (109-115),
Touaregs Kel Azi (101), nomades.
Mission Henri Lhote, 28 septembre 1938 et les jours suivants.
Description de quelques jouets :
41.19.110 : dromadaire de mandibule de chèvre, méhariste en armature
de roseau, tissu bleu indigo comme vêtement, baudrier en fils de coton
blancs; la selle est figurée par des tiges de mrokba entourées de coton
mercerisé, et une étoffe bariolée, ficelée, représente la couverture que les
Touaregs accrochent généralement sur la croupe de leur dromadaire. H =
27.
41.19.112/113 : dromadaire de mandibule de chèvre, selle en tiges de
mrokba couvertes de coton mercerisé; des morceaux de peau brodée
figurant les sacs de selle. Méhariste en armature de tiges de mrokba, tissu
blanc et bleu indigo comme vêtements, baudrier et ceinture en fils de
coton mercerisé multicolore; ces fils entourent aussi le cou et la tête. H =
28 et 29.
41.19.115 : dromadaire de mandibule de chèvre, selle en tiges entourées
de fils rouges, bleus et blancs. Méhariste en armature de bois de tamarix,
tissu bleu indigo comme vêtement, baudrier en fils de coton blancs, verts
et rouges; la tête est enveloppée des mêmes fils figurant la coiffure
typique des hommes. Le cou est entouré de fils blancs, verts et jaunes. H
= 27.
182
41.19.137 : dromadaire de mandibule de mouton, la selle - entourée
d'étoffe indigo - et le méhariste ont une armature en tiges. Le méhariste,
aux jambes entourées d'étoffe indigo, porte comme vêtements cinq
gandouras de couleur kaki, multicolore, blanche, indigo et rouge. Son
baudrier est en fils de laine bleue et verte et en fils de coton blanc et
rouge. La tête est entourée de fils de laine bleue et jaune et de fils de
coton blanc et rouge. H = 28.
Constructeurs : garçons et filles, ces jouets ont été faits par un garçon Kel
Azi de onze ans (101), un garçon Kel Rela de douze ans (112/113), un
autre garçon (137) et par une fille Kel Rela de douze ans (110/115).
Touaregs Kel Ajjer : 37.21.28, 34.52.42 (fig. 12 - 34.52.42, p. 60)
Origine : Ghât, Sahara, Libye (37.21.28); Djanet, Ajjer, Sahara, Algérie
(34.52.42). Touaregs Kel Djanet, nomades.
Acheté par René Pottier le 14 décembre 1934 à un jeune garçon d'environ
dix ans (37.21.28) ou recueilli par le capitaine Duprez avant 1935
(34.52.42).
Description : le dromadaire 37.21.28 est une mandibule de mouton; pour
le méhariste ont été utilisées quatre brindilles, deux pour le corps et deux,
ligaturées en forme de croix, pour les bras. Ces brindilles sont
enveloppées de chiffons faisant figure de vêtements. H = 27,5. Ce jouet
n'a pas été retrouvé dans la collection du Musée de l'Homme, mais une
photo figure dans le fichier, ainsi que dans 'La Vie du Sahara'.
La description du dromadaire 34.52.42 est donnée dans la première partie
(1.3. Les dromadaires de mandibule, fig. 12, p. 60).
Figures dans la bibliographie : La planche 28 du catalogue La vie du
Sahara montre une poupée-méhariste touarègue et sa monture faite d'une
mandibule de chèvre. La planche 4 du même livre présente une belle
photo d'un dromadaire sellé dont ces jouets donnent une représentation
fidèle.
Photothèque du Musée de l'Homme : photo du n° 37.21.28.
183
2.3 Les dromadaires avec armature en matière végétale
Touaregs : X.61.2.1 (fig. 21, p. 69)
Ce dromadaire aux pattes liées, d'origine nord-africaine non spécifiée, est
construit de la même manière que le dromadaire précédent, sauf qu'il est
entièrement recouvert d'étoffe kaki. Sous la selle pour homme, à
pommeau en forme de croix particulière aux Touaregs, se trouve le
coussin de selle. A la selle est accrochée une imitation du sac de selle.
Touaregs Kel Ahaggar : 41.19.124 (fig. 19, p. 65)
Origine : In Amedgel, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Rela, nomades.
Mission Henri Lhote, 3 octobre 1938.
Description : l'armature du dromadaire est en branchettes de tamarix
entourées d'étoffe bleue sauf les pattes antérieures qui sont entourées
d'étoffe couleur kaki. La lisière et les franges ornant l'animal sont en
lanières de cuir brun. L'armature en branchettes de la selle est entourée
d'étoffe kaki. Le harnachement féminin est complété par un sac de selle
en cuir. Un autre sac de selle en miniature fait par la même fille est en
toile bleue et blanche, avec des floches de laine violette, et représente les
sacs en peau que les femmes fixent à la selle de leur dromadaire
lorsqu'elles se déplacent (41.19.116).
Constructeur : une fille Kel Rela de douze ans.
Touaregs Kel Aïr : 69.108.1, 36.44.89, 74.107.6/7
69.108.1 (fig. 22, p. 70)
Origine : Alarsès, région d'Agadez, Sahara, Niger. Touaregs Kel Aïr,
nomades. Reçu par Mr. J. Decallas du constructeur du jouet en 1960.
Description : voir première partie (1.5 Les dromadaires avec armature en
matière végétale, fig. 22, p. 70).
184
36.44.89
Origine : Aïr, Sahara, Niger. Touaregs Kel Aïr, nomades. Mission Henri
Lhote, 1934-1935.
Description : le corps du dromadaire est fait d'un morceau d'étoffe kaki
bourré de vieux chiffons. On y a introduit quatre branchettes servant de
pattes. Le cou et la tête, en feuilles torsadées enveloppées d'étoffe kaki,
ont été cousus au corps. Une petite selle en bois, à pommeau en forme de
croix, recouverte de peau ornée de traits noirs est fixée en avant de la
bosse. H = 32. LO = 18.
74.107.6/7
Origine : Talat, Aïr, Sahara, Niger. Touaregs Kel Owey et Touaregs Kel
Timili, nomades.
Recueilli par A. Bourgeot en mars 1974.
Description :
74.107.6 (fig. 23, p. 71) : le dromadaire est fait de quatre brindilles de
bois pour les pattes, fixées dans un coussin de chiffons servant de tronc.
Le cou et la tête sont en fibres de palmier torsadées. La selle en bois
pyrogravé fut ornée de floches en cuir et en laine rouge. Le méhariste a
un corps en fibres de palmier torsadées recouvert d'un vêtement en étoffe
blanche. Il a une coiffure noire avec floches de laine rouge et verte
maintenues par une épingle double.
74.107.7 : le dromadaire a le tronc en chiffons, les pattes en brindilles de
bois, la tête et le cou en fibres de palmier torsadées. Excepté les pattes, le
dromadaire est enveloppé d'un tissu noir. On a découpé la selle dans un
morceau de fer blanc et des deux côtés pendent un sac de selle en cuir et
de longues floches de laine rouge. Le méhariste en corps de fibres de
palmier torsadées porte un vêtement de dessus noir. H = 32. LO = 17.
185
Touaregs Ioullemeden : 41.19.1364 (fig. 24, p. 72)
Origine : Gao, Sahara, Mali. Touaregs Ioullemeden, nomades.
Mission Henri Lhote, 10 mars 1939.
Description : voir première partie (1.5 Les dromadaires avec armature en
matière végétale, fig. 24, p. 72).
Figures dans la bibliographie : Balout, 1959: photo d'un dromadaire à
branchettes avec quatre pattes (planche LXVIII); une selle de femme-
jouet, non enveloppée d'étoffe, fabriquée par une fille touarègue Kel Rela
se trouve dans le même album (planche LXXI). Ces deux jouets viennent
des Touaregs Kel Ahaggar. Gabus, 1958: le modèle réel d'un sac à effets
avec un col au sommet des Touaregs Icherifen de la région de Gao (208).
Belbala : 54.74.38 (fig. 17, p. 64)
Origine : Tabelbala, Sahara nord-occidental, Algérie. Belbala,
sédentaires.
Recueilli par Dominique Champault en 1954.
Description : le corps du dromadaire est fait dans un champignon. Quatre
bâtonnets tiennent lieu de pattes. L'exemplaire de la collection a deux
pattes brisées.
Maroc : 70.87.4
Origine : Zaghora, Pré-Sahara, Maroc. Sédentaires.
Don de T. de Bollardière, avant 1971.
Description : ce dromadaire fut tressé avec trois folioles de palmier. La
partie figurant le cou et la tête de l'animal présente un tressage plus serré
que le reste du corps. Une foliole divisée en deux prolonge verticalement
la bosse sur 24 cm. H = 12 (l'animal). LO = 13.
Constructeur : un garçon d'une dizaine d'années.
186
2.4 Les dromadaires en bois
Maures : 38.156.33, 38.180.77, 38.48.39/43/44, 38.48.45
38.156.33 (fig. 25, p. 73)
Origine : Assa, Sahara nord-occidental, Maroc. Maures, nomades et
sédentaires.
Recueilli par le commandement militaire des confins algéro-marocains en
1938, achat pour l'exposition temporaire du Sahara maure de 1939.
Description : le dromadaire est formé de plusieurs pièces de bois clouées
ensemble. Le corps, peint en rouge et orange repose sur quatre pattes
dont les faces externes sont peintes en orange. Le cou et la tête sont de
couleur orange. La queue fut découpée en peau de mouton à poil noir. Un
tapis de selle en cotonnade, couture en fil noir et bords peint en orange,
supporte la selle en bois recouvert de cuir rouge et rehaut noir. Cette selle
a un pommeau en forme de croix. Une lanière de cuir sert de sous-
ventrière. La corde de queue et la bride de nez sont en fine cordelière de
cuir rouge. Pattes : H = 16; LA = 2,5. Cou et tête : LO = 17. Corps : H =
8; LO = 28. Bosse : H = 6. Dromadaire : H = 28. Selle : H = 21,5. H
totale = 39. LO totale = 45.
Constructeur : un artisan d'Assa.
38.180.77 (fig. 26, p. 74)
Origine : Sahara nord-occidental, frontière algéro-marocaine. Maures,
nomades et sédentaires.
Recueilli par le commandement militaire des confins algéro-marocains en
1938.
Description : le bât est formé de baguettes de bois peinte en rouge,
assemblées au moyen de cordonnets de poils. La litière se compose d'un
morceau de peau de chèvre noire tendu sur un cadre rectangulaire en
bois. Le baldaquin est recouvert d'une cotonnade blanche. Sous le
baldaquin se trouvent deux poupées. Le corps des poupées est formé par
187
un os barbouillé de rouge à l'endroit du visage. Les cheveux sont nattés
en crin. Ces poupées portent des robes de cotonnade blanche et bleue
indigo et une parure en perles et chaînettes.
38.48.39 (fig. 27, p. 75)
Origine : Tidjikdja, Cercle du Tagant, Sahara, Mauritanie. Maures
Idéïchilli, nomades et sédentaires.
Mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.
Description : cette selle de femme en miniature se compose de deux
supports de bois gainés de cuir jaune, en forme d'étriers, la fourche de
l'un emboîtant la garrot, l'autre les côtés de la bosse du dromadaire. Les
deux pièces sont réunies de chaque côté par deux bâtons incurvés fixés
aux palettes des supports, se croisant, solidement amarrés sous la gaine
de cuir aux dossiers des supports et pointant deux à deux en avant et en
arrière de l'ensemble. La fourche antérieure est garnie de deux coussins
rectangulaires en cuir jaune bourrés de chiffons; la fourche postérieure
plus large est garnie d'un coussin ovale en cuir jaune liseré de cuir rouge,
plié en deux. Un bâti léger posé sur les X entre les dossiers des supports
et garni de couvertures et de coussins recevra la voyageuse. Selle : LO =
22. Supports : H = 11. Ecartement des dossiers 10.
Constructeur : un artisan local.
38.48.38/43/44
Origine : Tidjikdja, Cercle du Tagant, Sahara, Mauritanie. Maures
Idéïchilli, nomades et sédentaires.
Mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.
Description : Il s'agit d'une paire de sacs à vêtements pour femmes (43) et
de leur support (38), ainsi que d'un autre sac à vêtements de femmes (44).
38.48.38/43 : cette paire de sacs reproduit exactement les grands sacs
utilisés par les femmes pendant leurs voyages. Le support en bois et les
sacs qui y sont accrochés par leurs cordelières sont placés de chaque côté
de la selle précédente. Les sacs à fond rectangulaire (LO = 13. LA = 16)
188
sont en basane mince, naturelle. Les petits côtés sont faits de pièces
trapézoïdales sur lesquelles les côtés larges sont rabattus par des coutures
d'angle en biais, retournées à l'intérieur. Une quatrième pièce de cuir
cousue autour du sac, forme goulot souple (H = 9,5. LO = 29,5). Cette
bande est en peau d'agneau mince, ornée de dessins rouges, verts et
jaunes. A deux centimètres du goulot, de chaque petit côté, une cordelière
ronde en lanières fines (LO = 14 et 23) est prise par ses deux extrémités
dans les coutures d'angle. Dans la couture réunissant chaque petit côté au
fond est pris un demi-anneau de cordelière. A chacun de ces anneaux est
nouée une cordelière de cuir rouge dont l'autre extrémité reste libre. Les
sacs sont bourrés de paille. Le support de ces sacs est la réduction du
modèle courant. Sous la tente, il se retourne pour servir de porte-bagages.
H = 23. LO = 36. LA = 17.
38.48.44 : ce sac qui se place sur le dromadaire au-dessus des sacs
précédents, est à fond rectangulaire (LO = 14. LA = 10). La partie
formant sac est en peau d'agneau mort-né noir. Chaque petit côté est orné
de trois rubans de cuir à dessins rouges, jaunes et verts. Le bord de la
bande formant goulot est muni de quatre demi-anneaux en cordelière de
cuir.
Constructeurs : le support est fait par un artisan local, les sacs sont faits
par une artisane locale.
38.48.45
Origine : Tidjikdja, Cercle du Tagant, Sahara, Mauritanie. Maures
Idéïchilli, nomades et sédentaires.
Mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.
Description : la selle d'homme en bois est recouverte de peau de mouton
teinte en rouge, serti de noir. Une housse en peau de gazelle bordée d'une
bande de cuir rouge à sa partie inférieure recouvre cette selle. Quatre
ouvertures laissent passer des anneaux de fer rivés, par deux, de chaque
côté de la selle. La partie inférieure de la selle est doublée d'un tapis
triangulaire, évidé en son centre, fait en peau de mouton noir, bordé d'un
gros bourrelet de cuir rouge, bourré de paille. Une sangle de poil de
chèvre tressé (LO = 40) est attachée aux deux anneaux de fer du côté
189
gauche de la selle par une petite cordelière de cuir rouge à deux brins.
Son extrémité libre, terminée en fanges, est repliée dans une boucle de
cuivre guilloché à laquelle elle est retenue par une lanière de cuir rouge
formant broderie. Deux lanières de cuir vert formant contre-sanglons sont
passées dans les anneaux de fer du côté droit de la selle (H = 11,5. LO =
14. LA = 11).
Constructeur : un artisan local pour la partie bois et fer, une artisane
locale pour la partie peau.
2.5 Les dromadaires en argile
Touaregs Kel Ahaggar : 41.19.151
Origine : Tamanrasset, Ahaggar, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Ahaggar,
nomades.
Mission Henri Lhote, 10.10.1938.
Description : H = 8,5. Ce jouet manque dans la collection.
Constructeur : un jeune garçon hartani (descendant d'esclaves noirs) de
Tamanrasset.
Touaregs Kel Ajjer : 37.21.99/104
Origine : Djanet, Tassili n'Ajjer, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Ajjer,
nomades.
Mission René Pottier, 1934-1935.
Description :
37.21.99 : dromadaire modelé en argile et séché au soleil. Les oreilles
sont indiquées. La selle est en fer blanc entourée d'étoffe. Dromadaire : H
= 13,7; LO = 16,2. Selle : H = 5,8; LO = 3,6.
37.21.104.1/2 (fig. 28, p. 77) : dromadaire et méhariste modelés en argile
séché au soleil. Les bras du méhariste forment une croix avec le tronc et
190
la tête, qui n'est qu'une pointe. Deux jambes courtes permettent de tenir le
méhariste sur la selle en fer blanc. Dromadaire : H = 9; LO 9,5.
Méhariste : H = 7,2. H totale = 14,5.
Maures : 38.141.82 (fig. 31, p. 79)
Origine : Sahara nord-occidental, frontière algéro-marocaine. Maures,
nomades.
Recueilli par le commandement militaire des confins algéro-marocains,
1938.
Description : voir première partie (1.7 Les dromadaires en argile, fig. 31,
p. 79). Dromadaire : H = 13; LO = 16,2. Méhariste : H = 11,5. Selle H =
5,2; LO = 7; LA = 4,7. H totale = 23.
Teda : 35.50.184-186, 54.51.32, 65.3.50-53
Origine :
35.50.184-186 : Tibesti, Sahara, Tchad. Teda, nomades et sédentaires.
Mission Le Cœur, 1934.
65.3.50-53 : Bardaï (50-51), Zouar (52-53), Tibesti, Sahara, Tchad. Teda,
nomades et sédentaires.
Recueilli par 0. Lopatinsky, 1962 (53), 1963 (50-51), 1968 (52).
54.51.32 : Tibesti, Sahara, Tchad. Teda, nomades et sédentaires.
Recueilli par G. Moberg, avant 1955.
Description :
35.50.185 : il s'agit d'une chamelle modelée à la main dans de la terre
rouge pétrie. H = 14,5. LO = 18. LA = 6.
35.50.186 : ce dromadaire modelée à la main dans de la terre blanche
pétrie porte une petite selle d'homme avec coussinet d'étoffe à laquelle est
accrochée un modèle de sac figurant le sac de selle mala mala et sur
laquelle est posée une couverture (manque dans la collection).
191
35.50.184 (fig. 32, p. 80) : bât de monte formé de deux fourches reliées
par des traverses ligaturées avec des lanières de cuir. La fourche arrière
forme un coude dirigé vers l'arrière. H = 14,5. LO = 19. LA = 10,4.
Constructeur : un petit garçon teda.
54.51.32 (fig. 33, p. 80) : deux fourches de bois tendre sont reliées par
quatre traverses. Les deux traverses supérieures sont fixées à l'extérieur
des fourches, les deux traverses inférieures sont fixées à la base et à
l'intérieur de chaque fourche. Elles sont fixées avec des lanières. Il s'agit
d'un modèle reproduisant les selles ordinaires des femmes. H = 19,5. LO
= 20. LA = 18.
Constructeur : une petite fille teda.
65.3.50 : dromadaire en terre non cuite, pattes et tête cassées. La selle est
une réduction exacte du terké, à la fois selle et bât de charge. A droite et à
gauche du bat sont fixés deux sacs rectangulaires en tissu, imitation des
sacs en peau, sougoumbi. Le bride et le mors ne manquent pas. Trois
pièces de cotonnade imprimée tiennent lieu de tapis de selle sous
lesquelles sont fixés, à droite et à gauche, deux sacs de cotonnade à
franges, reproduction de la mala mala en peau de mouflon. H et LO = 14.
65.3.51 (fig. 34, p. 80) : cette selle ou bât de charge, en armature en bois
est composée de deux fourches qui sont réunies par des traverses. Les
traverses qui réunissent les fourches sont ligaturées avec des lanières de
cuir ou des cordonnets en poils de chameau. Douze rectangles de
cotonnade variée et multicolore constituent le tapis de selle.
65.3.52/53 (fig. 35-36, p. 81) : le sac de selle, mala mala, en miniature
(52) est un petit étui en peau brute avec base rapportée semi-circulaire
constituée par quatre éléments triangulaires pointes en bas. De la couture
pendent de longue bandes de cuir de 11 cm, formant floche. Un décor
quadrillé peint en blue orne le sac. Une pièce est posée à mi-hauteur à
l'aide d'une lanière de cuir. LO = 22. LA = 8,5. LA à l'ouverture = 6,5.
Le deuxième sac de selle, mala mala, en miniature (53) est un étui de cuir
brut en plusieurs pièces inégales cousues et effrangées à la base, fermée
par une couture en lanière de cuir apparente. Quelques franges sont
192
cousues à mi-hauteur. Des trous sont découpés le long de l'ouverture pour
le passage de la lanière de fermeture. LO = 31. LA = 11.
Constructeurs : des enfants teda, les sacs de selles (52/53) furent faits par
des petits garçons.
Zaghawa : 57.82.127 (fig. 38, p. 82)
Origine : Iriba (Hiri-ba), Dar Zaghawa, Ouaddaï, Sahara, Tchad.
Zaghawa, nomades et sédentaires.
Missions des Confins du Tchad, J.M. Tubiana, novembre 1956.
Description voir première partie (1.7 Les dromadaires en argile, fig. 38,
p. 82).
Constructeur : un garçon zaghawa de l'école d'Iriba.
Chaouia : 36.2.707 (fig. 39, p. 83)
Origine Ain Kerma, Djebel Tadjmout, Aurès, Algérie. Ouled Khallaf,
Ouled Abderrahman, Chaouia, sédentaires.
Mission Thérèse Rivière, 1936.
Description : ce dromadaire en terre cuite a la tête levée et la bosse
rejetée en arrière au-dessus de la queue. Les pattes avant, de même que
les pattes arrières, sont réunies en une seule patte. Les oreilles et les
lèvres ont été indiquées.
Constructeur : un jeune garçon chaouia de onze ans.
Figures dans la bibliographie : Balout (1959: planche LXX) a reproduit le
bœuf à bosse en terre crue des enfants touaregs du Tamesna.
Fuchs (1961: 48) montre une photo d'un garçon teda en train de jouer
dans le sable avec des dromadaires en argile (fig. 37, p. 82).
193
2.6 Le dromadaire en fils électriques plastifiés
Vallée de la Saoura : 62.60.29/30 (fig. 41, p. 84)
Origine : Vallée de la Saoura, Sahara nord-occidental, Algérie. Nomades
et sédentaires. Recueilli par Dominique Champault, 1956.
Description : le dromadaire en fils électriques plastifiés jaunes est monté
par un méhariste en fils électriques plastifiés rouges. Le méhariste est
tenu en selle par une lisière en fil électrique plastifié rouge qui le relie à
la tête du dromadaire. Dromadaire : H = 11; LO = 6,5. Méhariste : H =
6,5; envergure des bras = 11. H totale = 15,5.
3 Les chevaux, mulets et ânes
3.1 Les chevaux, mulets et ânes en argile
Touaregs Kel Ajjer : 37.21.94 (fig. 43, p. 93)
Origine : Djanet, Tassili n'Ajjer, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Djanet,
nomades.
Mission René Pottier, 1934-1935.
Description : âne en terre cuite à corps svelte sur quatre pattes, tête avec
deux oreilles énormes, courte queue dressée.
Touaregs Kel Ahaggar : 41.19.152-154
Origine : Tamanrasset, Ahaggar, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Ahaggar,
nomades.
Mission Henri Lhote, 10.10.1938.
Description et constructeur : voir première partie (2.2 Les chevaux,
mulets et ânes en argile, p. 93).
194
Maures : 38.141.83/84, 38.48.79-83
Origine :
38.141.83/84 : Sahara nord-occidental, frontière algéro-marocaine.
Maures, nomades.
Recueilli par le commandement militaire des confins algéro-marocains en
1938.
38.48.79-83 : Oualata, Hodh oriental, Sahara, Mauritanie. Maures,
sédentaires.
Recueilli par la Mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.
Description :
38.141.83 (fig. 44, p. 94) : les quatre pièces de ce jouet - le cheval, la
selle, le cavalier et son chapeau - sont en terre cuite rougeâtre. Le tout a
été passé à l'ocre rouge à l'exception cependant du cheval. Le cou de ce
cheval à quatre pattes est incurvé en avant et les oreilles sont modelées
sur une petite tête. La queue est bien mise en relief. La selle est du type à
pommeau en latte arrondie. Le cavalier se tient en selle par les deux
jambes écartées. Il a les bras étendus et porte un chapeau sur la tête. Il n'y
a pas d'indications de visage. Cheval : H = 16. Cavalier : H = 12.
Chapeau : H = 3,5. Selle : LO = 6. H totale 26, LO = 19.
38.141.84 : même genre de cheval sellé et monté que le numéro
précédant mais avec le cavalier sans chapeau. Cheval : H = 12,4.
Cavalier: H = 16,5. Selle H = 5. H totale = 20.
38.48.79 : figurine en terre crue représentant grossièrement un cheval
sellé. Le cou est incurvé en avant et les deux pattes antérieures sont
réunies en une seule. Un cordonnet de coton de 6 cm pris dans la terre,
représente la queue de l'animal. L'objet est recouvert d'un enduit blanc
pointillé d'ocre. La selle, la sangle, les sabots sont peints en ocre. En
avant du poitrail une protubérance est ornée d'une ligne ocre. H = 8,3. LO
= 9,5. LA = 5.
38.48.80 (fig. 30, p. 78) : un cheval ou bien un dromadaire sellé. Le cou
de la figurine en terre crue est tendu en avant. La tête est indiquée par de
légers reliefs au museau et aux deux oreilles. Les pattes antérieures sont
réunies en une seule peinte en bleu. Le corps est recouvert d'un enduit
blanc. La patte postérieure gauche est brune, la droite est jaune. La
crinière est indiquée par une ligne brune et une bleue. Le front et la
195
croupe sont marqués de traits jaunes. La selle et sa sangle sont brunes. H
= 4. LO = 5. LA = 2,2.
38.48.81 : figurine en terre crue représentant grossièrement un cheval
harnaché et son cavalier indigène. Le cou est incurvé en avant et la tête
forme un relief à peine sensible. Les pattes antérieures sont réunies en
une seule. La queue est en ficelles. L'avant-train était peint en blanc.
L'arrière-train est peint en ocre rouge, ainsi que la selle et le sabot
antérieur. Le poitrail porte une protubérance demi-cylindrique décorée
d'un ornement cruciforme ocre. La sangle est ornée de lignes noires,
jaunes et ocres. Sur le côté droit du cou, des lignes noires dessinent la
crinière. Les brides sont marquées par des lignes ocres. Le cavalier est
peint en jaune. H = 6,5. LO = 7. LA = 3,6.
38.48.82 (fig. 45, p. 95) : figurine en terre crue représentant
grossièrement un cheval sellé et monté d'un cavalier indigène. Le cou est
incurvé en avant et la tête forme un très faible relief. Les deux pattes
antérieures sont réunies en une seule. La queue est faite d'un brin de
coton. Le jouet fut recouvert d'un enduit blanc. Les sabots et la selle sont
peints en ocre. La sangle est en ocre ornée de dessins jaunes et noirs. Le
cavalier est peint en jaune. Des lignes ocres et bleues dessinent le
harnachement. En avant du poitrail une protubérance semi-cylindrique est
ornée d'une croie composée, ocre et noire. H = 7. LO = 6,7. LA = 3,3.
38.48.83 (fig. 46, p. 95) : figurine en terre crue représentant
grossièrement un cheval et un cavalier portant le casque colonial (le
cavalier manque). Les deux pattes antérieures sont réunies en une seule.
Une plume représente la queue de l'animal. L'objet est recouvert d'un
enduit blanc orné de lignes et de points bleus, ocres et jaunes. Le sabot
antérieur est ocre, l'un des postérieurs jaune et l'autre bleu. Sur le poitrail
une protubérance est ornée de lignes de couleur. Une petite gourde peinte
à l'indigo complète ce jouet. Un fil de coton bleu de 4 cm permet de la
pendre à l'épaule du personnage. H = 5. LO = 4. LA = 2. La gourde : H =
1,8; LO = 1,5.
Constructeurs des nos. 38.48.79-83 : les servantes noires des Maures de
Oualata.
Photothèque du Musée de l'Homme : photo du n° 38.48.79 (se trouve
dans le fichier signalétique).
196
Photos dans la bibliographie : Gabus, 1958: 168, deux croquis de
chevaux sellés servant de jouets aux enfants maures de Oualata.
Zaghawa : 57.82.128 (fig. 47, p. 96)
Origine : Hiriba, Dar Zaghawa, Ouaddaï, Tchad. Zaghawa, nomades et
sédentaires.
Mission des confins du Tchad, M.J. Tubiana, novembre 1956.
Description et constructeur : voir première partie (2.2 Les chevaux,
mulets et ânes en argile, fig. 47, p. 96).
Chaouia : 36.2.696/706, 37.9.126
Origine : Aïn Kerma, Djebel Tadjmout, Aurès, Algérie. Ouled Khallaf et
Ouled Abderrahman, Chaouia, sédentaires.
Mission Thérèse Rivière, 1936 (36.2.696/706).
Mission Germaine Tillion, 1936-1937 (37.9.126).
Description :
36.2.696 (fig. 48, p. 97) : cette figurine en terre cuite représente une
mule. Elle a la tête horizontale, deux pattes et une petite queue. Les
oreilles et la crinière sont en relief. Les yeux, les naseaux, l'anus et le
vagin ont été incisés. Les lèvres sont indiquées. Le bât est figuré par deux
saillies sur la dos. Une ligne de laque marque la crinière et le poitrail.
36.2.706 : cheval à deux pattes et queue très forte. La tête manque. La
figurine est en argile crue. H = 10. LO = 10,4.
37.9.126 : cheval à deux pattes en terre crue. La tête est horizontale et la
queue a été légèrement indiquée ainsi que le poitrail. H = 7. LO = 10,5.
Constructeurs : des jeunes garçons chaouia; le n° 36.2.696 est l'œuvre
d'un garçon chaouia des Ouled Khallaf de onze ans.
197
3.2 Les chevaux et mulets en bois
Chaouia : 36.2.256, 37.9.56
36.2.256 (fig. 52, p. 99)
Origine : Aïn Kerma, Djebel Tadjmout, Aurès, Algérie. Ouled
Abderrahman, Chaouia.
Mission Thérèse Rivière, 1936.
Description : voir première partie (2.3 Les chevaux et mulets en bois, fig.
52, p. 99).
37.9.56 (fig. 51, p. 99)
Origine : Djebel Tadjmout, Aurès, Algérie. Chaouia, sédentaires.
Mission Germaine Tillion, 1936-1937.
Description : voir première partie (2.3 Les chevaux et mulets en bois, fig.
51, p. 99).
Figures dans la bibliographie : Balout, 1959, planche LXVI et LXIX :
chevaux en tissu, avec armature en branchettes probablement. Ces
chevaux furent confectionnés par un jeune élève de l'école nomade des
Touaregs Kel Rela de l'Ahaggar en 1953, sur proposition de son
instituteur.
198
4 Le gros bétail et le petit bétail
Touaregs Kel Ajjer : 62.128.8, 37.21.96-98
Origine :
62.128.8 : Oued Djerat, sur l'emplacement d'un ancien campement,
Tassili n' Ajjer, Sahara, Algérie. Touaregs Idjeradjirouen, nomades.
Mission Henri Lhote, 1959.
37.21.96-98 : Djanet, Tassili n'Ajjer, Sahara, Algérie. Touaregs Kel
Djanet.
Mission René Pottier, 1934-1935.
Description :
62.128.8 (fig. 58, p. 108) : une petite plaque de schiste ocreux est taillé
par l'enfant afin de figurer un mammifère, une chèvre ou un bœuf. La
plaque est découpée à la base, en dents de scie, de façon à schématiser les
pattes de l'animal. Le dos est rectiligne, la tête manque. H = 2,3. B = 5,4.
E = 0,4.
37.21.96-98 (fig. 62-64, p. 110) : animaux-jouets en terre crue, à quatre
pattes figurant du gros ou du petit bétail. Un d'eux (96) avec une
protubérance sur le dos représente peut être un zébu. H = 7,8 (96); 7,2
(97); 3,1 (98). LO = 9,6 (96); 10,2 (97); 5,8 (98).
Maures : 38.48.74-77, 38.141.85/86
Origine :
38.141.85/86 : Sahara nord-occidental, frontière algéro-marocaine.
Maures, nomades.
Recueilli par le commandement militaire des confins algéro-marocains en
1938, achat pour l'exposition temporaire du Sahara maure.
38.48.74-77 : Oualata, Hodh oriental, Sahara, Mauritanie.
Mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.
199
Description :
38.141.85 (fig. 67, p. 112) : il s'agit d'un quadrupède à bosse en terre
cuite recouverte d'ocre rouge. Le corps est soutenu par quatre pattes
courtes. Le cou et la tête à cornes sont incurvés en avant. Les sabots sont
peints en ocre brune. La tête porte une ligne de la même couleur. H = 7,5.
LO = 15,3.
38.141.86 (fig. 66, p. 112) : petite chèvre en terre cuite à quatre pattes
courtes. Le cou et la tête sont incurvés en avant. Le jouet est peint à l'ocre
rouge et brune. H = 6. LO = 9.
38.48.74 (fig. 59, p. 108) : la vache zébu en argile séchée au soleil a la
tête à peine indiquée. Les pattes antérieures sont réunies en une seule et
les mamelles sont très développées. Elle porte deux cornes incurvées. Le
corps peint en ocre brune est décoré d'un trait blanc sur la bosse et de
points blancs. H = 2,8. LO = 3.
38.48.75 : la tête de ce veau zébu en argile séchée au soleil n'est indiquée
que par les cornes courtes qu'elle porte. Les pattes antérieures sont
réunies en une seule. Le corps, peint en ocre brune, est décoré de taches
blanches. La bosse est blanche. H = 1,5. LO = 1,2.
38.48.76 : la tête de ce veau zébu en argile séchée au soleil est indiquée
par les reliefs du museau et des cornes courtes. Les pattes antérieures sont
réunies en une seule. Le corps, peint en blanc, est parsemé de taches
brunes et noires. Le museau et la bosse sont peints en noir. H = 2,3. LO =
2.
38.48.77 (fig. 60, p. 109) : la tête de ce veau zébu en argile séchée au
soleil n'est indiquée que par les deux cornes. Les pattes antérieures sont
réunies en une seule. Le corps est peint en blanc parsemé de taches
brunes et bleues. La corne droite est bleue, la corne gauche est brune et la
bosse est blanche. H = 2,3. LO = 1,8.
Constructeurs des nos. 38.48.74-77 : les servantes noires des Maures de
Oualata.
Algérie : 89.120.67 (fig. 61, p. 109)
Origine : Algérie.
Don du Gouvernement Général de l'Algérie, avant 1889.
200
Description : voir première partie (3 Le gros bétail et le petit bétail, fig.
61, p. 109). H = 10. LO = 8,5.
Zaghawa : 57.82.129 (fig. 68, p. 113)
Origine : Hiriba, Dar Zaghawa, Ouaddaï, Tchad. Zaghawa, nomades et
sédentaires.
Mission des Confins du Tchad, M.J. Tubiana, novembre 1956.
Description : voir première partie (3 Le gros et le petit bétail, fig. 68, p.
113).
Constructeur : un enfant zaghawa de l'école de Hiriba.
Figures dans la bibliographie : Balout montre un zébu en argile et un
autre zébu en étoffe bourrée, confectionnés par des enfants touaregs Kel
Ahaggar (1959, planche LXX) (fig. 65, p. 111).
5 Les autres animaux domestiques
Touaregs Kel Ajjer : 37.21.93
Origine : Djanet, Tassili n'Ajjer, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Djanet,
nomades.
Mission René Pottier, 1934-1935.
Description : voir première partie (4 Les autres animaux domestiques, p.
115).
Zaghawa : 57.82.125/126 (fig. 69-70, p. 115-116)
Origine : Hiriba, Dar Zaghawa, Ouaddaï, Tchad. Zaghawa, nomades et
sédentaires.
Mission des Confins du Tchad, M.J. Tubiana, novembre 1956.
201
Description :
57.82.125 (fig. 70, p. 116) : voir première partie (4 Les autres animaux
domestiques, fig. 70, p. 116). H = 10. LO = 8,2.
57.82.126 (fig. 69, p. 115) : voir première partie (4 Les autres animaux
domestiques, fig. 69, p. 115). H = 10,8. LO = 9.
Constructeurs : des jeunes garçons zaghawa.
6 Les animaux non-domestiques
Afrique du Nord : X.66.1.56 (fig. 82, p. 129)
Description : voir première partie (5 Les animaux non-domestiques, fig.
82, p. 129).
Maures : 38.156.34, 38.48.73
Origine :
38.156.34 : Assa, Sahara nord-occidental, Maroc. Maures, sédentaires.
Recueilli par le commandement militaire des confins algéro-marocains.
Achat pour l'exposition temporaire du Sahara maure en 1939.
38.48.73 : Oualata, Hodh oriental, Sahara, Mauritanie. Maures,
sédentaires.
Recueilli par la mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.
Description :
38.156.34 (fig. 83, p. 129) : voir première partie (5 Les animaux non-
domestiques, fig. 83, p. 129). H = 37,5. LO = 31,5.
38.48.73 : la figurine modelée en argile crue séchée représente
grossièrement une autruche. Les pattes sont remplacées par un socle en
tronc de cône. L'objet est recouvert d'un enduit blanc. Un large trait bleu
entoure le socle. Les ailes et le cou sont ornés de lignes bleues, jaunes et
ocres. La tête est peinte en bleu d'un côté et en ocre de l'autre côté. H =
2,9. LO = 4,2. LA = 2,2. Cet objet n'a pas été retrouvé dans la collection.
202
Constructeurs :
38.156.34 : l'artisan maure Ait Oussa de Assa.
38.48.73 : une servante noire des Maures de Oualata.
Maroc : 31.45.76 (fig. 87, p. 131)
Origine : Rabat, sédentaires.
Don de Jeanne Jouin, avant 1932.
Données spatio-temporelles :
Acheté au marché le jour de la fête de l'°ashûra.
Description : voir première partie (5 Les animaux non-domestiques, fig.
87, p. 131).
Figures dans la bibliographie :
Guichard, 1921 : 163-164, photos d'animaux jouets en bois de
Marrakech: le rat (fig. 88), le lapin (fig. 89), l'oiseau branle-queue (fig.
90), le serpent (fig. 91), le singe (fig. 92) (p. 131-132).
203
Table des transcriptions
Certaines lettres arabes sont indiquées par des signes conventionnels :
th =
j =
h' =
kh =
dh =
sh =
ç =
d' =
t' =
z' =
º =
gh =
q =
^ = indique une voyelle longue
204
205
Table des illustrations
Tous les clichés des animaux-jouets de la collection du Département
d'Afrique Blanche et du Proche Orient du Musée de l'Homme ont été
réalisés par M. Delaplanche et D. Ponsard du Laboratoire de
Photographie du Musée de l'Homme, sauf trois photos faites par l'auteur
et reproduites avec la permission de Jean Lambert, responsable du
Département d'Afrique Blanche et du Proche Orient.
1. Garçon-dromadaire monté d'un enfant, Ghrib, 1975, p. 48, photo de
l'auteur.
2. Garçon-dromadaire guidé et monté par d'autres garçons, Ghrib,
1975, p. 49, photo de l'auteur.
3. Garçon-dromadaire monté et guidé, Ghrib, 1975, p. 49, photo de
l'auteur.
4. Garçon-dromadaire aux pattes liées, Ghrib, 1975, p. 50, photo de
l'auteur.
5. Garçon de trois ans animant son dromadaire, Ghrib, 1975, p. 51,
photo de l'auteur.
6. Garçon avec un dromadaire-jouet dans ses mains et un reptile-jouet à
ses pieds, Sabria, 1973, p. 52, photo Gilbert J.M. Claus.
7. Dromadaires en pierre taillée, Touaregs Kel Aïr, p. 54, Collection du
Musée de l'Homme, n° 71.39.5.29/36/5/6/27/2/8/3, 1971, cliché
Laboratoire de Photographie.
8. Dromadaire en pierre taillée, Touaregs Kel Ajjer, p. 55, Collection
du Musée de l'Homme, n° 62.128.3, 1959, cliché Laboratoire de
Photographie.
9. Dromadaire en pierre taillée, Touaregs Kel Ajjer, p. 56, Collection
du Musée de l'Homme, n° 62.128.4, 1959, cliché Laboratoire de
Photographie.
10. Selles-jouets pour dromadaires, Touaregs Kel Ahaggar, p. 58,
Collection du Musée de l'Homme, n° 41.19.112/115/137, 1938,
dessin de l'auteur.
11. Dromadaire-jouet et poupée-méhariste, Touaregs, p. 59, Collection
du Musée de l'Homme, n° 41.19.113, 1938, cliché D. Ponsard.
206
12. Dromadaire de mandibule, Touaregs Kel Ajjer, p. 60, Collection du
Musée de l'Homme, n° 34.52.42, avant 1935, cliché D. Ponsard.
13. Dromadaires de mandibule à selle en fer blanc, Ghrib, 1975, p. 61,
photo de l'auteur.
14. Dromadaire de mandibule avec selle, Ghrib, 1975, p. 61, photo de
l'auteur.
15. Dromadaire de mandibule et poupée-méhariste, Ghrib, 1975, p. 61,
photo de l'auteur.
16. Dromadaire découpé dans de la bouse flanqué par le berger et un
chien, Ghrib, 1975, p. 62, photo de l'auteur.
17. Dromadaire de champignon, Belbala, p. 64, Collection du Musée de
l'Homme, n° 54.74.38, 1954, cliché D. Ponsard.
18. Dromadaire en folioles de palmier, Source Bleue de Meski, 1993, p.
64, photo de l'auteur.
19. Dromadaire à selle, Touaregs Kel Ahaggar, p. 65, Collection du
Musée de l'Homme n° 41.19.124.1/2, 1938, cliché D. Ponsard.
20. Fille touarègue jouant avec des dromadaires-jouets et des poupées-
hommes, p. 66, photo Henri Lhote (1944: 113, planche VIII).
21. Dromadaire à pattes liées, Afrique du Nord, p. 69, Collection du
Musée de l'Homme, n° X.61.2.1, cliché D. Ponsard.
22. Dromadaire à méhariste, Touaregs Kel Aïr, p. 70, Collection du
Musée de l'Homme, n° 69.108.1, 1960, cliché D. Ponsard.
23. Dromadaire-jouet et poupée-méhariste, Touaregs, p. 71, Collection
du Musée de l'Homme, n° 74.107.6, 1960, cliché M. Delaplanche.
24. Sac de selle en cuir, Touaregs Ioullemeden, p. 72, Collection du
Musée de l'Homme, n° 41.19.1364, 1939, cliché D. Ponsard.
25. Dromadaire en bois, Maures, p. 73, Collection du Musée de
l'Homme, n° 38.156.33, 1938, cliché D. Ponsard.
26. Selle à baldaquin portant des poupées-femmes, Maures, p. 74,
Collection du Musée de l'Homme, n° 38.180.77, avant 1939, cliché
M. Delaplanche.
27. Selle de dromadaire-jouet, Maures, p. 75, Collection du Musée de
l'Homme, n° 38.48.39, 1936-1938, cliché D. Ponsard.
28. Dromadaire-jouet et poupée-méhariste, Touaregs, p. 77, Collection
du Musée de l'Homme, n° 37.21.104.1/2, 1934-1935, cliché M.
Delaplanche.
207
29. Selle-jouet sans numéro, p. 77, Collection du Musée de l'Homme,
photo de l'auteur.
30. Dromadaire ou cheval en argile, Maures, p. 78, Collection du Musée
de l'Homme, n° 38.48.80, 1938, cliché D. Ponsard.
31. Dromadaire à méhariste en argile, Maures, p. 79, Collection du
Musée de l'Homme, n° 38.141.82, 1938, photo de l'auteur.
32. Bât de monte-jouet pour dromadaire, Teda, p. 80, Collection du
Musée de l'Homme, n° 35.50.184, 1934, cliché D. Ponsard.
33. Selle de femme-jouet, Teda, p. 80, Collection du Musée de
l'Homme, n° 54.51.32, avant 1955, photo de l'auteur.
34. Selle ou bât de charge, Teda, p. 80, Collection du Musée de
l'Homme, n° 65.3.51, 1963, cliché D. Ponsard.
35. Sacs de selle, Teda, p. 81, Collection du Musée de l'Homme, n°
65.3.52, 1968, cliché D. Ponsard.
36. Sacs de selle, Teda, p. 81, Collection du Musée de l'Homme, n°
65.3.53, 1962, cliché D. Ponsard.
37. Garçon jouant avec des figurines d'argile, Teda, p. 82, photo de Peter
Fuchs (1961: 48).
38. Dromadaire en argile, Zaghawa, p. 82, Collection du Musée de
l'Homme, n° 57.82.127, 1956, cliché D. Ponsard.
39. Dromadaire en terre cuite, Chaouia, p. 83, Collection du Musée de
l'Homme, n° 36.2.707, 1936, cliché D. Ponsard.
40. Dromadaire en argile, Ignern, 1998, p. 83, photo de l'auteur.
41. Dromadaire-jouet et poupée-méhariste, Vallée de la Saoura, p. 84,
Collection du Musée de l'Homme, n° 62.60.29/30, 1956, cliché M.
Delaplanche.
42. Dromadaire en tôle, Maures, p. 85, photo dans Balout (1959: planche
LXVIII).
43. Âne en argile, Touaregs Kel Ajjer, p. 93, Collection du Musée de
l'Homme, n° 37.21.94, 1934-1935, cliché D. Ponsard.
44. Cheval-jouet et poupée-cavalier, Maures, p. 94, Collection du Musée
de l'Homme, n° 38.141.83, 1938, Cliché M. Delaplanche.
45. Cheval-jouet et poupée-cavalier, Maures, p. 95, Collection du Musée
de l'Homme, n° 38.48.82, 1938, cliché M. Delaplanche.
46. Cheval en argile, Maures, p. 95, Collection du Musée de l'Homme,
n° 38.48.83, 1936-1938, cliché D. Ponsard.
208
47. Cheval en argile, Zaghawa, p. 96, Collection du Musée de l'Homme,
n° 57.82.128, 1956, cliché D. Ponsard.
48. Mule en terre cuite, Chaouia, p. 97, Collection du Musée de
l'Homme, n° 36.2.696, 1936, cliché D. Ponsard.
49. Garçons cherchant de l'argile, Aït Ighemour, 1992, p. 97, photo de
l'auteur.
50. Garçon animant son mulet monté d'un muletier, Aït Ighemour, 1992,
p. 98, photo de l'auteur.
51. Jument en bois, Chaouia, p. 99, Collection du Musée de l'Homme, n°
37.9.56, 1936-1937, cliché D. Ponsard.
52. Deux mulets tirant un araire, Chaouia, p. 99, Collection du Musée de
l'Homme, n° 36.2.256, 1936, cliché D. Ponsard.
53. Fille montant son cheval de roseau, Ghrib, 1975, p. 100, photo de
l'auteur.
54. Mulet en pierre tirant une charrette, Ghrib, 1975, p. 103, photo de
l'auteur.
55. Mulet en pierre tirant une charrette, Ghrib, 1975, p. 104, photo de
l'auteur.
56. Mulet et muletier en courgettes et branchettes, Aït Ighemour, 1992,
p. 105, photo de l'auteur.
57. Mulet à sacs en folioles de palmier, Source Bleue de Meski, 1993,
p. 105, photo de l'auteur.
58. Chèvre ou bœuf taillé dans la pierre, Touaregs Kel Ajjer, p. 108,
Collection du Musée de l'Homme, n° 62.128.8, 1959, cliché D.
Ponsard.
59-60 Zébus en argile, Maures, p. 108-109, Collection du Musée de
l'Homme, n° 38.48.74/77, 1936-1938, cliché D. Ponsard.
61. Bélier en argile cuite, Algérie, p. 109, Collection du Musée de
l'Homme, n° 89.120.67, avant 1889, cliché D. Ponsard.
62-64 Bétail en argile, Touaregs Kel Ajjer, p. 110, Collection du Musée
de l'Homme, n° 37.21.96/97/98, 1934-1935, cliché D. Ponsard.
65. Bœuf en étoffe, Touaregs Kel Ahaggar, p. 111, photo dans Balout
(1959: planche LXX).
66. Chèvre en argile, Maures, p. 112, Collection du Musée de l'Homme,
n° 38.141.86, 1938, cliché de D. Ponsard.
67. Quadrupède en argile, Maures, p. 112, Collection du Musée de
l'Homme, n° 38.141.85, 1938, cliché de D. Ponsard.
209
68. Zébu en argile, Zaghawa, p. 113, Collection du Musée de l'Homme,
n° 57.82.129, 1956, cliché D. Ponsard.
69. Chien en argile, Zaghawa, p. 115, Collection du Musée de l'Homme,
n° 57.82.126, 1956, cliché D. Ponsard.
70. Lapin en argile, Zaghawa, p. 116, Collection du Musée de l'Homme,
n° 57.82.125, 1956, cliché D. Ponsard.
71. Garçon jouant avec un lapin en plastique, Marrakech, 1992, p. 116,
photo de l'auteur.
72. Chien à roues en plastique, Marrakech, 1992, p. 117, photo de
l'auteur.
73. Préparation de l'argile avant son modelage, Goulmima, 1994, p. 118,
photo de l'auteur.
74. Préparation de l'argile pour le modelage, Goulmima, 1994, p. 118,
photo de l'auteur.
75. Chat en argile, Goulmima, 1994, p. 118, photo de l'auteur.
76. Garçon de trois ans jouant avec une gerboise vivante, Ghrib, 1975,
p. 121, photo de l'auteur.
77. Tortue gardée par un garçon de dix ans, Midelt, 1999, p. 125, photo
de l'auteur.
78. Le serpent de corde, Ghrib, 1975, p. 126, photo de l'auteur.
79. Le serpent fait d'un morceau d'intestin, Ghrib, 1975, p. 127, photo de
l'auteur.
80. Scorpion en folioles de palmier, Source Bleue de Meski, 1993,
p. 128, photo de l'auteur.
81. Gazelles en foliole de palmier, Source Bleue de Meski, 1993/1997,
p. 128, photo de l'auteur.
82. Antilope, Afrique du Nord, p. 129, Collection du Musée de
l'Homme, n° X.66.1.56, cliché D. Ponsard.
83. Gazelle en bois, Maures, p. 129, Collection du Musée de l'Homme,
n° 38.156.34, 1938, cliché D. Ponsard.
84. Serpent en argile, Goulmima, 1994, p. 130, dessin de l'auteur.
85. Scorpion en argile, Goulmima, 1994, p. 130, photo de l'auteur.
86. Fouette-queue en argile, Goulmima, 1994, p. 130, photo de l'auteur.
87. Oiseaux qui picorent, Rabat, p. 131, Collection du Musée de
l'Homme, n° 31.45.76, avant 1932, cliché D. Ponsard.
88. Rat en bois, Marrakech, p. 131, dessin de l'auteur basé sur une photo
de Guichard (1921: 163).
210
89. Lapin en bois, Marrakech, p. 131, dessin de l'auteur basé sur une
photo de Guichard (1921: 163).
90. L'oiseau branle-queue en bois, Marrakech, p. 131, dessin de l'auteur
basé sur une photo de Guichard (1921: 163).
91. Serpent en bois, Marrakech, p. 132, dessin de l'auteur basé sur une
photo de Guichard (1921: 163).
92. Singe en bois, Marrakech, p. 132, dessin de l'auteur basé sur une
photo de Guichard (1921: 164).
93. Coq en métal et plastique, Marrakech, 1992, p. 133, photo de
l'auteur.
94. Garçon jouant avec son chien de berger, Ghrib, 1975, p. 137, photo
de l'auteur.
95. Chien et licorne en plastique, Sidi Ifni, 1998, p. 140, photo de
l'auteur.
96. Fille sur animal-jouet en plastique tirant un autre animal-jouet en
plastique, Goulmima, 1994, p. 146, photo de l'auteur.
97. Dinosaure en plasticine, fait par un garçon de huit ans, Midelt, 1997,
p. 147, photo de l'auteur.
98. Dromadaire en argile, années 1950, H = 13 cm, p. 148, dessin de
l'auteur basé sur un dessin publié dans Gabus, 1958: 168.
99. Dromadaire en argile, H = 3,5 cm, Mali, p. 148, dessin de l'auteur
basé sur un dessin publié dans Lebeuf et Pâques, 1970: 53.
100. Mouton en argile, H = 5,2 cm, Mali, p. 148, dessin de l'auteur basé
sur un dessin publié dans Lebeuf et Pâques, 1970: 54.
101. Taureau en argile de l'ancienne ville de Jenné-Jeno en Afrique de
l'Ouest, p. 149, dessin de l'auteur basé sur un dessin publié dans
McIntosh, 1982: 407.
102. Dromadaire en argile de l'ancienne ville de Jenné-Jeno, p. 149,
dessin de l'auteur d'un des animaux-jouets figurant sur la couverture
du Courrier de l'UNESCO, mai 1984.
103. Dromadaire en argile fait par un enfant de la ville moderne de
Jenné, p. 149, dessin agrandi par l'auteur et basé sur un détail de la
photo dans McIntosh, 1982: 410.
104. Vache ou mouton en argile de l'ancienne ville de Jenné-Jeno, 8e
siècle, p. 150, dessin de l'auteur basé sur un dessin publié dans
McIntosh, 1982: 410.
211
105. Cheval (?) en argile de l'ancienne ville de Jenné-Jeno, 8e siècle,
p. 153, dessin de l'auteur basé sur un dessin publié dans McIntosh,
1995: 240.
106. Dromadaire et cheval en folioles de palmier, Marrakech, 1993,
p. 173, photo de l'auteur. 107. Constructeur des animaux en folioles de la figure 106 en train de
faire le dromadaire, Marrakech, 1993, p. 174, photo de l'auteur.
212
213
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197, 200, 207-208, 213
Béart, Ch., 19, 51, 53-54, 79
Beaumont, L., 153
Belgisch Comité voor Unicef,
26-27
Bellin, P., 19, 64, 67, 69, 165
Brenier-Estrine, A., 94, 113
Cabot Briggs, L., 29
Cabrera E. A., 19
Camps, G., 23, 28, 33, 37
Castells, F., 117, 139, 146, 169
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Claudot-Hawad, H., 24
Claus, G. J. M., 20-21, 24, 40, 53,
205
Delalande, J., 134
Doutté, E., 90
Dupuy, A., 90, 107
Durand, A., 153
Eady, D. L., 153
E-Conflict™ World
Encyclopedia, 26, 28, 30, 37
Ethnologue: Languages of the
World, 30, 33
Foley, H., 77
Fuchs, P., 82, 192, 207
Gabus, J., 27, 78-79, 148, 151-
152, 196, 210
Goichon, A. M., 88-89
Grand Atlas du Continent
Africain, 28
Guichard, 87, 131-132, 202,
209-210
International Federation for
Parent Education, 19
Jemma-Gouzon, D., 34
Klepzig, F., 19
Komorowski, Z., 23, 26, 29, 33
Kress, G., 155, 161, 167
Kronenberg, A., 30
Lebeuf, A. M. D., 148, 157, 210
Le Cœur, Ch., 30, 190
Leupen, A., 24
Lhote, H., 54, 57-58, 67, 122,
179-181, 183-185, 189, 193,
198, 206
226
Lopatinsky, O., 29-30, 190
Mandel, J-J., 94, 113
McIntosh, S., 148-152, 210-211
Naseh, A., 114
Nicolas, F., 77
Oubahammou, L., 35, 90, 102
Pâques, V., 148, 151, 210
Pinto Cebrián, F., 27, 53, 76
Schofield, A., 153
Sijelmassi, M., 102
Tillion, G., 196-197
UNICEF, 26-27, 172
van Leeuwen, T., 15-16, 155,
159, 161, 166-168
La Vie du Sahara, 23, 24, 26,
29, 76, 182
Zerdoumi, N., 38, 144
227
Index Géographique et Ethnique
Adrar (Mauritanie), 54
Adrar des Iforas, 24
Agadez, 23, 70, 183
Agadir, 144
Ahaggar, 23-24, 54, 58-59, 61,
64, 66-67, 77, 85-86, 93-94,
107, 111, 122, 168, 179, 181,
183, 189, 193, 197, 200, 205-
206, 208
Aïn Cheggag, 34-35, 40, 122
Aïn Kerma, 196-197
Aïr, 24, 54, 70, 180-183-184,
205-206
Aït Ighemour, 34-36, 40, 93, 97,
104, 108, 114, 208
Aït Ouirra, 34-35, 90, 102, 114
Alarsès, 183
Algérie, 20, 22-29, 33, 37-38,
52, 54, 58-59, 63-64, 77-78,
84-85, 87, 89, 93, 97, 99, 101,
107, 109-111, 115, 122, 126,
144, 179, 181-183, 185, 189,
192-193, 196-200, 208
Amazigh, 22, 24-25, 29, 31, 33-
41, 52, 77, 84, 87, 93, 97-98,
104, 114, 118-120, 123, 126,
130
Arabe, 22, 26-31, 33, 35, 37-39,
41, 87, 89, 101, 120, 122,
126, 133, 203
Arabo-Berbère, 22, 28-9, 34, 38
Assa, 27-28, 74, 129
Atar, 54
Aurès, 33-34, 38, 52, 84, 87, 97,
99, 192, 196
Bardaï, 30, 190
Belbala, 22, 31-32, 52, 54-56,
64-65, 81, 122, 185, 206
Berbère, voir Amazigh
Chaamba, 22, 29, 31, 54-58, 63,
80, 82, 163
Chaouia, 22, 33-34, 52, 77, 84,
87-88, 97, 99, 192, 196-197,
207-208
Djanet, 59, 61, 93, 110, 115,
182, 189, 193, 198, 200
El Faouar, 25, 53, 91, 107
El Oued, 29, 59
Erg er Raoui, 29, 31
Errachidia, 34-36, 105, 128
Essaouira, 41, 114
Fès, 34-35, 37, 40, 122-123
Gao, 72, 185
Ghât, 24, 59, 182
Ghrib, 4, 9, 11, 20-22, 25, 27,
40, 49, 52-53, 59, 62-63, 82,
87-88, 91, 100, 103-104, 107-
108, 114, 121-122, 126, 137,
140, 156, 169, 205-206, 208-
210
228
Goulmima, 34-35, 40, 101, 117,
123-124, 126, 130, 141, 209
Goundam, 78-79, 148, 151
Haut Atlas, 34-35, 84, 93, 97-98,
104, 114
Iriba (Hiriba), 30, 96, 192, 196,
200
Idèles, 59, 181
Ignern, 34, 36, 41, 52, 77, 84, 93,
98, 207
Imou Ergen, 119
Imouzzer-Kandar, 34-35, 40, 123
In Amedgel, 183
Jbel Siroua, 36, 84
Jenné (-Jeno), 113, 148-153, 210
Kénitra, 34-35, 40, 88, 101, 110,
123, 126
Khouribga, 40, 122
Ksar Assaka, 34, 36, 40, 89, 100,
114, 119, 125
Libye, 23-24, 59, 182
Mali, 23-24, 26-27, 64, 72, 78,
94, 113, 148-151, 185, 210
Maroc, 4, 10-11, 16-28, 32, 34-
35, 39-41, 52, 64-65, 74, 77,
84, 87-89, 93, 97, 100, 102,
104-105, 107-108, 114, 116-
117, 119, 121-123, 125, 128-
131, 138, 140-141, 144, 146-
147, 156, 162, 168-169, 174,
185-186, 201-202
Marrakech, 11, 37, 41, 87, 114,
116, 133-134, 139, 141, 162,
173, 202, 209
Maures, 11, 22, 26-28, 51-54,
74, 77, 79, 82, 87-88, 93-95,
107-108, 112-113, 121, 130,
139, 147, 149, 156, 159, 186-
188, 190, 194-195, 198-199,
201-202, 206-209
Mauritanie, 26-28, 54, 74-75, 79,
87, 93-96, 107-108, 113, 121,
130, 147, 149, 151, 159, 187-
188, 194, 198, 201
Merzouga, 142
Meski (Source Bleue de), 34-35,
65, 105, 128, 142, 206, 208-
209
Midelt, 34, 36, 88-89, 100-101,
107, 114, 119-120, 125-126,
144, 147, 209-210
Mopti, 23, 94, 113, 160
Mozabites, Mzab, 22, 32, 89,
156
Nador, 144
Nefta, 51, 107
Niger, 23-24, 26, 54, 70, 77-78,
94-95, 113, 148-151, 160,
180, 183-184
Ouaddaï, 83, 93, 96, 192, 196,
200
Oualata, 26, 74, 79, 87-88, 93-96,
108-109, 112-113, 121, 130,
147, 149, 151-153, 194-196,
198-199, 201-202
Ouarzazate, 35, 97
229
Oulad ben Sbaa, 108, 114
Pré-Sahara marocain, 34-35, 52,
64-65, 117, 123, 141, 169,
174, 185
Rabat, 11, 37, 40, 117, 121, 131,
133, 139-141, 146, 169, 202,
209
Regeybat, 22, 28-29, 54
Rhergo, 151
Sabria, 53, 205
Sahara nord-occidental, 28, 31,
79, 81, 85, 88, 93-94, 107,
112, 121, 129, 160, 185-186,
190, 193-194, 198, 201
Sahara occidental, 26-28
Sahraoui, 20, 22, 27-28, 53, 76
Saoura (Vallée de la), 22, 32, 52,
85, 193, 207
Sénégal, 26-27
Sidi Ifni, 36, 119, 140, 144, 210
Tagant, 75-76, 187
Taliouine, 36, 101
Talat (Aïr), 184
Tamanrasset, 189, 193
Tamesna, 111, 192
Taroudannt, 36, 101
Tassili n'Ajjer, 24, 179, 189, 193,
198, 200
Tazenakht, 35-36, 101
Tchad, 29-30, 52, 81, 83, 93, 96,
107, 113, 115, 121, 125, 190,
192, 196, 200
Teda, 22, 29-30, 52, 77, 81-82,
125, 190-192, 207
Tibesti, 29-30, 81, 190
Tidjikdja, 26, 75, 187-188
Tinerhir, 34-35, 65-66, 142
Tombouctou, 78-79, 148, 151
Touareg, 10, 22-27, 49, 52, 54,
56-59, 61, 64, 67-70, 77-79,
82, 85-89, 93, 104, 107-108,
110-111, 115, 122, 125, 138,
148-149, 151-152, 160, 168,
179-185, 189, 192-193, 197-
198, 200, 205-208
Tozeur, 51, 107
Tunisie, 4, 10, 20, 22, 25, 37, 49,
51-53, 59, 88, 90, 100, 103,
107-108, 121, 126, 138, 156-
157
Zaghawa, 22, 30-31, 52, 77, 83-
84, 87, 93, 96, 107, 113, 115,
121, 192, 196, 200-201, 207-
209
Zagora, 34-35, 52, 65
Zhana, 33-34, 126
Zouar, 190