Cure de Petit Lait Et Traitement Maladies Chroniques

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  • tablissement thermalsulfureux d'Allevard

    (Isre). De la cure dupetit-lait dans le

    traitement des maladies[...]

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • Niepce, Bernard (1826-18..). tablissement thermal sulfureux d'Allevard (Isre). De la cure du petit-lait dans le traitement des maladies chroniques... par le Dr Niepce,.... 1875.

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  • TABLISSEMENTTHERMALSULFUREUX

    D'ALLEVARD (Isre)SE LA

    CURE DU PETIT-LAIT

    DANS LE TRAITEMENT

    DES MALADIES CHRONIQUES

    MVIIOSES, TROUBLES EOCTIOISHELS DES OllG fNHS DIGF51IFS,LES PLTHORES, LA PHTISIE TUBERCULEUSE, LES AFFECTIOSS CHRONIQUES

    DES ORGANES RESPIRATOIRES, LES MALADIES DU COEUR

    ET LES MALADIES DE LA PEAU

    par

    le Dqcteur NIPCEMDECIN INSPECTEUR

    Chev.de la Lgioiv-d'Honneur, Laurat de l'Institutet de VAcadmie de Mdecine.

    PARIS

    -LIBRAIRIE VICTOR MASSONPLACE DE L'COLE DE MDECINE

    1875.

  • ETABLISSEMENTTHERMALSULFUREUX

    D'ALLEVARD (Isre)).

    -f^\ DE LA

    A DU PETIT-LAIT"

    ":-~// DANS LE TRAITEMENT

    ^ESMALADIES CHRONIQUESNVROSES, TROUBLES FONCTIONNELS DES ORGANES DIGESTIFS,

    LES PLTHORES, LA PHTISIE TUBERCULEUSE, LES AFFECTIONS CHRONIQUESDES ORGANES RESPIRATOIRES, LES MALADIES DU COEUR

    F.T LES MALADIES DE LA PEAU

    par

    le Docteur NIPCEMDECIN INSPECTEUR

    Chef, de la Lgion-d'Honneur, Laurat de l'Institutet de l'Acadmie de Mdecine.

    PARIS

    LIBRAIRIE VICTOR MASSONPLACE DE L'.COLE DE MDECINE

    1875.

  • DE LA CURE DU PETIT-LAIT.

    Ds la plus haute antiquit le lait a t considr commeun excellent moyen hyginique et curatif dans un grandnombre de maladies chroniques; mais les anciens auteursont peu parl du petit-lait. Galien est le seul qui l'aitsignal sous le nom de Melca. Il faut venir jusqu' l'an-ne 1749 poque laquelle Hoffmann fit connatre dansun mmoire publi Halle les proprits mdicales dece produit organique et indiqua le moyen de prpareren grand le petit-lait et de l'employer en thrapeutique.

    Le clbre professeur de Halle publia plus tard unsecond mmoire dans lequel il s'effora de montrer lesprcieux avantages que la mdecine peut retirer des m-langes soit du lait, soit du petit-lait avec les eaux mi-nrales.

    Ce fut Gas, sur le plateau d'ppenzel que l'on crale premier tablissement pour cette nouvelle cure. Lessuccs obtenus engagrent les allemands multiplier lesstations de bains de petit-lait dans toute la Suisse al-lemande, dans les montagnes du Tyrol, dans la Hongrieet mme dans les chanes secondaires de l'intrieur del'Allemagne.

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    On choisit de prfrence des lieux levs, connus par-la puret de l'air, par son renouvellement facile et bientt,tout prs de Gas, dans le canton d'Appenzel (940) mtresd'altitude, on construisit l'tablissement de Weisbad (820)mtres, ceux de Gunten, d'Heiden (800) mtres, dont l'ins-tallation plus confortable, mieux entendue peut recevoir600 malades. Ce site domine le lac de Constance et offredes points de vue admirables. Les stations de petit-laitse multiplirent rapidement en Suisse et bientt fut crprs de Soleurre celui du Weissenstein. Sur les bords dulac des quatre cantons, non loin de Lucerne, on fondaceux du Righi, de Sselisberg et l'extrmit du lac deThun, au pied de la Jung-frau, dans la belle valled'Interlaken on leva la station de ce nom.

    Dans les quatre tablissements de bain de petit-lait,construits dans le canton d'Appenzel, on utilisa exclusi-vement le petit-lait de chvres. Cette nouvelle cure,les rsultats obtenus, engagrent presque tous les direc-teurs d'eaux minrales allemandes, de faire venir desbergers d'Appenzel avec quelques chvres, s'inquitantpeu si les pturages taient analogues ceux de laSuisse et si les qualits du petit-lait taient les mmes.Pourtant il suffit de parcourir les pturages des Alpes etdes hautes montagnes couvertes dplantes aromatiques,deprairies mailles de fleurs inconnues dans les plaineset sur les montagnes peu leves de l'intrieur de l'Al-lemagne pour comprendre que les qualits du petit-laitdes stations thermales, d'Erns, de Soden, de Baden, deHombourg que distribuent chaque matin, des bergersrevtus du costume d'Appenzel, aux malades de ces sta-tions, ne doit pas avoir les mmes vertus mdicatricesque le petit-lait des pturages situs une certainealtitude.

    Dans tout le Tyrol on voit de nombreuses stations pourla cure du liquide sero-lact; ainsi Kreuth, 945 mtres,au milieu de sites pittoresques fort remarquables; Rei-cheuhall, 460 mtres visit chaque anne par plus de5,000 malades qui viennent y faire usage de ses sourceschlorures sodiques, soit pures, soit mlanges avec lepetit-lait. Un peu plus loin se trouve Ischl, Ausse,

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    Gunden, stations situes dans cette magnifique valled'Ischl, sjour de prdilection des malades de l'Autriche,dont l'tablissement thermal possde des eaux chloruressodiques si rputes Vienne. Dans cette station on yfait un grand usage du petit-lait soit de vaches, de bre-bis ou de chvres.

    L'intrieur de l'Allemagne possde galement des sta-tions pour cette cure; ainsi dans le Hanovre, l'tablis-sement de Rehburg signal par les intressantes tudesdu petit-lait, du professeur Benke, attire une grandeaffluencede malades. Sur les bords du Rhin, Schlangenbad,.Gleisweiled, Baden, Creusnach, Schwalbach, Kissingen,ont annex leurs tablissements thermaux la cure depetit-lait. Partout on l'utilise l'tat de mlange avecces diverses eaux minrales.La plupart des praticiens allemands qui ont tudi l'action

    du petit-lait ont publi des travaux trs-remarquablessur ses proprits mdicales. Les plus importants sont ceuxde Lerch (i), de Liebig (2), de Seegen (3), du docteur Ha-bel (4), de Benke (5), un des plus importants, renfermanttoute sa thorie chimique sur la valeur des composs quiconstituent le petit-lait. Il faut encore signaler les tudesintressantes d'Eyl (6), de Kolsracch 0), la monographiefort tendue publie par Kramer (8), sur les rsultats ob-tenus par la cure du petit-lait l'tablissement de Kreath.

    En 1844 le docteur Heine a consign dans un excellentmmoire les bons effets obtenus Gas par le petit-laitde chvre. La monographie publie par le docteur Kleinrenferme des aperus trs-importants et des rsultats cli-niques srieux sur l'usage du liquide sero-lact observs Mran, station des plus importantes et o se rend chaque

    (1) LERCII. Enleitung in die mineralquellenlehere, Erlangen, 1837.(2) LIEBIG. 33m(J Lettre sur la chimie, page 139.(3) J. SEEGEN. Comjoendium der Allgemeinen andspeicellen Heilqullen-

    here.

    (4) HABEL. Uber die Bereitvmg der kech und schafmolken und. Vien. 1858Ihren medicinischen gebranch. Vien. 1S42.

    (5~>BENKE. die Rationalitat der Molkenkuren. Hannover, 1853.(6) EYL. die Molkenaustalt zu bad Rehburg. 1844.(7) KOLSRAUOII. Uber die Molkenaustalt zu Rebbwg. Hannover, 1841.(5) KRAMMER. die molken Badeanstalt Krenih. Munchen 1841.

  • t une trs-grande afnuence de malades, attirs parla double cure du petit-lait et de raisins, par la puretde l'air de cette belle valle et par la douceur de sonclimat qui en permet le sjour prolong pendant toutela dure de l'automne.

    Le docteur Sigmund (

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    sur l'analyse de ce liquide. Le docteur Reil (

  • J'avoue que je n'tais pas trs-convaincu de la valeurd petit-lait lorsque je fis tablir Allevard l'tablis-sement de petit-lait, annex au grand tablissement ther-mal des eaux sulfureuses, malgr les mmoires des au-teurs allemands dont je m'tais entour. L'exprienceest venue bien vite me dmontrer la vrit des faits citspar eux.

    Ce fut en 1849, que je fis installer, en France, le premiertablissement pour la cure du petit-lait, dans la belle etplantureuse valle d'Allevard, dont le climat est fort doux,dont l'air est peu mouvement et convient si bien aurtablissement des maladies nerveuses.

    Cette gracieuse valle entoure de montagnes couvertesde prairies, semes de chalets et de bouquets d'arbres,sillonnes de ruisseaux dont les eaux forment de dli-cieuses cascades, a reu le nom de Suisse du Dauphin,possde galement de vastes glaciers compltant la gran-deur, la majest du paysage. Les riches pturages decette contre dont les sommets dpassent 3,000 mtresrunit les conditions les plus favorables pour une stationde petit-lait. Plus de 500 chvres, des troupeaux de plu-sieurs milliers de brebis de race mrinos, assurent desquantits normes de petit-lait pour la boisson. Quantaux bains, ils sont assurs par plus de 3,000 vaches dis-smines dans les chalets de ces montagnes.

    Ds l'anne 1851 ('), je fis paratre mon premier mmoiresur l'action du petit-lait, en boisson et en bains, soit pur,soit l'tat de mlange avec l'eau sulfureuse d'Allevard.Je citais quelques observations dmontrant son efficacitdans les maladies nerveuses, dans celles des voies res-piratoires, du tube digestif, du foie et dans certaines for-mes d'affections de la peau.

    En 1858 (.2),je publiais un second mmoire sur ce mmeliquide o je dmontrais son utilit si prcieuse et si re-marquable dans les- maladies de coeur, et principalementdans les palpitations nerveuses de cet organe. J'indiquais

    (1) NIPCE, Mmoire sur l'action du petit-lait. Baillre 1850.(2) NIPCF de l'action des bains de petit-lait dans les maladies du coeur

    et'principalement dans les palpitations nerveuses de cet organe. J. B. Bail-

    )ire 1858.

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    l'effet si tonnant du bain du petit-lait sur la circulationqui, chez un certain nombre de malades, s'abaisse d'unemanire trs-notable, au point de ne donner quelquefoisque trente-quatre pulsations.

    La temprature ordinaire laquelle je prescris cesbains de petit-lait contre les palpitations, varie de 32 36 degrs. Les observations que j'ai recueillies sur 317malades m'ont donn des rsultats trs-intressants surlesquels je m'tendrais fort longuement un peu plus loin.Je crois devoir ici tre en droit de rclamer la prioritpour ce fait physiologique important que j'ai signal l'attention des mdecins comme pour avoir t le premier,le crateur en France d'une station de bains de petit-lait.

    Parmi les meilleurs traits sur la cure du liquide sro-lact, publis en France, il faut signaler l'excellent ouvragedu D1' Carrire (*). Intitul, Les cures de petit-lait et deraisins en Suisse et en Allemagne. Cet ouvrage paruten 1860 Paris, et peut tre considr comme une mo-nographie utile du traitement des nvroses, des troublesfonctionnels des organes digestifs, indiquant ses propritsremarquables et les bons effets que. les allemands en ontobtenus dans le traitement de la phtisie turberculeuse,des bronchites, etc. Ce savant, praticien s'est longuementtendu sur les thories allemandes qui considrent le petit-lait comme une eau minrale organique, plus puissanteque les eaux minrales naturelles inorganiques (2).

    Il importe galement de signaler l'intressant mmoireprsent et lu la Socit Hydrologique de Paris, par leD1'Labat, sur la cure du petit-lait, publi en 1874 (3).

    En 1867 le Dr Roubaud consigna aussi dans un mmoireles observations qu'il avait rapportes d'un voyage auxdiverses stations d'Allemagne et de la Suisse, soit Horn, Rosbach, etc., (4).

    (1) CARRIRE, Les cures de petit-lait en Allemagne.(2) CARRIRE. Les cures de petit-lait et de raisin. Paris, Victor Masson

    (.1860).(3) ROUBAUD. Les cures de petit-lait. Paris, 1867.(4) LABAT. La cure de petit-lait. 1874, Socit Hydrologique.

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    Le docteur Constantin James signale aussi dans son guideaux eaux minrales toutes les stations pour la cure dupetit-lait (5).

    (5) CONSTANTIN JAMES. Ovide aux eaux minrales.

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    CHAPITRE PREMIER

    La cure cUx petit-lait,

    Sa composition chimique, son aspect, sa fabrication,sa facilit de dcomposition, sa conservation, sa diff-rence suivant les animaux el les pturages.

    Le petit-lait, srum lactis, schotten des Suisses, melca desauteurs anciens, Galien, Pline; molken des Allemands, sierodes Italiens, wey des Anglais, est un liquide obtenu aprsla coagulation du lait et la sparation du coagulum appelfromage au moyen de la prsure, ou de liqueurs acides, tellesque l'acide sulfurique, tartrique ou actique.

    Suivant Soubeyran la vritable cause de la coagulationdu lait, est la prsence d'une certaine quantit de pepsine,ferment particulier qui prside la digestion des matiresanimales et qui jouit de la proprit remarquable de les coa-guler par une premire action et de les redissoudre par uneaction subsquente. Dans la coagulation du lait, le premiereffet est seul produit: (1) La coagulation spare du lait laplus grande partie des matires solides qu'il contient, beurre,casum et il ne reste plus dans le liquide qu'une trs-petitequantit de matires grasses, crme, fromage, du sucre, diff-rents sels et une forte proportion d'eau.

    C'est un liquide, verdtre ou lgrement opalin d'une saveurdouce aromatique. Suivant que les troupeanx paissent dansdes pturages plus ou moins levs, que leur nourriture estplus exclusivement compose de fleurs, le petit-lait au lieud'avoir une couleur vert-jauntre prend une coloration lg-rement blanchtre, sa consistance devient plus opaque, etl'on serait tent de croire qu'il contient encore un peu delait.

    (1) SOUBEYRAN. Trait de pharmacie thorique et pratique 1S74.

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    Mes analyses, mes expriences multiplies ce sujet, soiten cherchant sparer les matires grasses ou le casumqui auraient pu rester dans le liquide, l'examen au micros-cope pour trouver les globules du lait, m'ont toujours d-montr que dans ce cas, la coagulation tait complte; mais,que ce phnomne se produisait lorsque les vaches se trou-vaient une altitude de 1,700 2,000 mtres, du 20 juilletau 20 aot lorsqu'elles atteignaient les pturages situs cette hauteur.

    Le petit-lait de brebis offre presque toujours cet aspect,tandis que le lait de chvres reste constamment verdtre.

    La densit du lait variant de 1030 1035, celle du petit-lait n'est plus que de 1024 1030 aprs la sparation desmatires solides, beurre, casum. Son analyse prsente lesmmes principes que l'on trouve dans le lait, moins les subs-tances solides coagules ; cependant il contient encore quelquestraces des principes solides qu'il est trs-difficile de sparerentirement.

    Diverses analyses ont t faites de toutes les espces delait. Dans son excellent ouvrage sur le petit-lait, Die Ratio-nalilat der Molkenkuren, le Dr Benke, la page 12, donnele rsultat de plusieurs analyses faites par les chimistes Simon,Chevallier et O. Henry plus rcentes que celles qui avaientt faites auparavant.

    LAIT LAIT LAIT LAITde femme, de vache, de chvre, de brebis.

    Eau 887 842 868 919,6Parties solides . 113 158 132 161Casum ... 32 69,5 40,2 71,2Beurre. ... 31 46,5 33,2 47,3Sucre de lait . 51 39,5 52,8 50,7Sels 2,25 9,5 5,8 5,9i

    !

    De nombreuses recherches analytiques ont t faites pourdoser exactement la quantit du sucre de lait en dissolutiondans le srum. Les auteurs Allemands Spirgatis, Lersch, Helfftont rassembl dans leurs ouvrages toutes les analyses publiespar les chimistes

    Des quantits de sucre dans les laits employs enmdecine.

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    Analyses indiquant les proportions de sucre.

    DIFFRENTES Proportions de sucreNOMS DES CHIMISTES. pour chaque kilog. 1

    espces de lait. de petit-lait.

    Lait de femme . Son' Chevallier, 51 grammesHenry (Ossian).

    f Playfair, Herberger, 38 gr., 40 cent.\Poggiale, Klenke, Bze-

    Lait de vache. . / lius, Chevallier Neu-) hacier, Thomson,f Mathey, Liebig.

    Lait de brebis .! Chevallier, Valentin. 42,40Pagen, Chevallier,

    Laitde chvre . Lehmann, Liebig. 88,50Lehmann, Peligot,

    Laitd'nesse. . Simon, Pagen, Liebig, 49,50Chevallier, Henry.

    Berzelius, la 627, du tome 7, de son trait de chimie,indique que la pesanteur spcifique du lait de vache est de

    1,030.Le lait crm, donne, suivant ce chimiste :Matire caseuse contenant du beurre. . . . 2,600Sucre de lait 3,500Extrait alcoolique acide lactique et lactates. . 0,600Chlorure potassique 0,170Phosphate alcalin, potassique et sodique. . . 0,025Phosphate calcique, chaux combine avec la ma-

    tire caseuse, magnsie et traces d'oxide defer ... 0,230

    Eau. 92,875

    Pfaff et Schwartz ont trouv que 1000 parties de lait devache dessches et calcines, laissaient : cendres . . 3,742parties donnant :

    Phosphate calcique 1,805Phosphate magnsique . 0,170Phosphate ferrique 0,032Phosphate sodique 0,225Chlorure potassique 1,35Chlorure sodique . : 0,115Sulfate sodique 0,032

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    Pesanteur spcifique des diffrents laits.

    ANIMAUX DENSIT.

    Lait de vache . . 1,030Lait de chvre . . 1,036Lait de brebis,. . . 1,035Lait d'nesse . . . 1,023Lait de jument . . 1,036

    Suivant les docteurs Vernois et Becquerel, un kilogrammede petit lait de chvre donne 6 grammes 18 cent, de produitsincinrs ; 1 kilo de petit-lait de brebis donne 6 gr. 64; 1 kilode lait d'nesse fournit 5 gr. 24 cent.

    D'aprs les recherches analytiques de Haidlen, de Spirgatis,de Lersch, Benke indique encore des quantits notables desulfate sodique. La prsence de tous ces sels pourrait fairecomparer le petit lait certains types d'eaux minrales eten faire une eau minrale sans analogue puisque cette eauest de nature organique et qu'elle contient de sucre. Ce li-quide est donc un moyen thrapeutique, puissant, offrant aupraticien habile l'administrer des ressources d'autant plusactives qu'il se prsente sous deux formes organiques et chi-miques diffrentes, soit qu'on l'emploie lorsqu'il vient d'treprpar et que sa raction est alcaline, soit lorsqu'il a subila raction acide et qu'il contient de l'acide lactique. On verraplus loin combien son action sur l'organisation est diffrente,combien les effets qu'il dtermine sont diffrents, suivantqu'il est sucr et alcalin, ou qu'il est devenu acide.

    La nature des plantes qui constituent les pturages, la po-sition de ces derniers, leur altitude, la temprature, exercentune influence positive sur la composition du petit-lait.

    Plus les vaches s'lvent, plus le lait emprunte d'armeaux plantes dont se nourrissent les vaches. Lorsque les trou-peaux sont arrivs l'altitude de 1,700 2,000 mtres, lesplantes aromatiques dominent, les violettes exhalent leur suaveparfum et communiquent au lait cet arme que les bergersapprcient et qui leur produit le meilleur beurre ou le meilleurfromage. Par les temps secs, le petit-lait a un got, un parfumd'autant plus prononc, plus agrable que les pturage sontplus tourns au midi et plus aromatiques.

    Le petit lait, tel que le fournissent les chalets alpestres estun liquide jaune, verdtre, sans acidit, d'une saveur sucreet lgrement aromatique.

  • 15

    11s'obtient de la manire suivante:

    Petit-lait de vache.

    Les vaches subissent deux traites, celle du matin et celledu soir. Le Suisse, c'est--dire le berger qui fait le fromage,verse dans une chaudire place sur le feu, le lait de la traite,et lorsque la temprature est voisine de l'bullition dont ledegr varie suivant l'altitude du lieu, puisqu'on sait qu'mesure que la colonne baromtrique s'abaisse, le niveau dupoint d'bullition de l'eau s'abaisse galement, il ajoute aulait la quantit de prsure ncessaire pour le coaguler.

    La coagulation s'opre rapidement et l'on loigne aussittdu feu le liquide dont on enlve aussitt le casum que l'ondpose dans les moules fromage. Le liquide qui reste dansla chaudire est le petit-lait que l'on verse aussitt dansde petits tonneaux de la capacit de 50 litres chaque, qui,placs sur le dos des mulets, est aussitt descendu l'ta-blissement pour tre immdiatement employ en bains. Lepetit-lait qui sert la boisson se prpare l'tablissementmme. On descend le lait aussitt aprs la traite, on en sparele casum de la mme manire et les malades le boivent dsqu'il est un peu refroidi. La mme prparation se fait pour leslaits de chvre et de brebis destins la boissoa du petit-lait.

    Les analyses rapportes prcdemment indiquent de la ma-nire la plus vidente que le petit lait des divers animauxne se rassemble pas plus que leur lait; ainsi la densit dulait de brebis est plus considrable, celle du lait d'nesse,reconnu par sa lgret est la moins forte. Il contient aussimoins de matires grasses, moins de casum et de sels. Lesproprits mdicales de divers petits-laits, diffrent essentielle-ment, de mme que leurs proprits chimiques.

    Tous les auteurs Allemands qui ont crit sur le petit-lait,considrent ce liquide comme ayant une grande analogie avecles eaux minrales et peut tre compar plusieurs d'entreelles. Cependant il prsente une trs-grande diffrence bienqu'il contienne des sels semblables ceux des eaux min-rales, et il ne fautjpas oublier que c'est un liquide sucr, doude proprits organiques qui le mettent plus en rapport avecnotre conomie. Les petits-laits de chvres, de brebis et devache sont aussi diffrents que les laits de ces animaux. Lesproportions des sels sont diffrentes, les qualits du srumne sont pas les mmes, et les proprits thrapeutiques dechacun d'eux sont distinctes comme l'exprience l'a dmontr.

  • 16

    CHAPITRE II.

    Effets therapexitiqti.es.

    Les tudes que j'ai faites depuis vingt ans, les observationssi multiplies que j'ai recueillies l'tablissement thermald'Allevard, m'autorisent a formuler ici toute ma pense surls proprits mdicatrices du liquide sero-lact.

    Il faut arouer que les mdecins Allemands qui ont publitant de travaux sur les vertus du petit-lait, en ont exagrla valeur. Ils en ont fait pour ainsi dire une panace uni-verselle. Ils l'ont prescrit dans un si grand nombre de maladiesqu'ils ont fait natre des doutes. Je me bornerai a dire iciles rsultats de mon exprience et signaler franchementet avec toute la sincrit dans quelles maladies, son usagepeut tre conseill et les services qu'il peut rendre. Sa com-position, ses effets le doivent faire considrer au dbut commeexerant une action purgative et dterminant des effets quile range parmi les mdicaments altrants, modifiant les li-quides et les solides de l'organisme. Cette action altranteest manifeste lorsqu'on en prescrit l'usage dans les affectionscutanes. Dans son excellent travail sur la cure de petit-lait,Lersch s'exprime ainsi: Les effets altrants du petit-laitn'ont pas besoin de dmonstration. L'altration est un chan-gement molculaire favorable qui se produit dans les humeurset les parties solides de l'organisme. Le petit-lait dtruisantles obstructions dans les organes, modifie les molcules or-ganiques, comme il modifie et change certains coulementsmuqueux vicis ou trop abondants, et amliore videmmentles liquides et produit dans le sang des changements mo-dificateurs vidents. Ce phnomne d'altration se manifestesurtout dans les affections cutanes qu'il amliore et guritsouvent. Son efficacit est manifeste, relle dans les cas d'-rthisme nerveux et d'irritabilit qu'une cause morale ouphysique place dans un tat d'excitation assez grave pourtroubler profondment l'organisme. Le petit-lait est souveraindans le cas de cette catgorie ; il introduit des lments d'ordred'quilibre dans la circulation, au point de calmer tous lessymptmes d'agitation et de ramener la sant. C'est encore pardes effets sur le sang que peuvent s'expliquer ces phnomnes .

  • 17

    Dans les pays chauds, en Italie, en Espagne, dans le sudde la France, tous les ans, au printemps, on utilise le petit-lait comme dpuratif et laxatif. Dans ces contres o la biledomine chez un grand nombre d'individus, le petit-lait estpris comme purgatif. Cette boisson modifie les scrtions in-testinales. Il agit sur le foie comme agent dsobstruant etfacilite l'coulement de la bile.

    Cependant il arrive que certains malades ne peuvent enfaire usage sans tre fatigus. Quelques estomacs ne peuventpas le digrer, malgr l'exercice recommand aux personnesqui en font usage. Il pse sur l'estomac, donne des coliqueset dveloppe des gaz.

    La dose de la boisson du petit-lait est d'environ 500 800grammes le matin, pris par verres de 120 grammes de liquide 20 minutes d'intervalle. A Allevard, son mlange avec l'eausulfureuse en facilite la digestion et la tolrance. Il prvientla constipation produite si souvent par la boisson de l'eausulfureuse. C'est une sorte de tisane animale dont le got n'estpas dsagrable; mais ne convient pas tout le monde. Prisseul, lorsqu'il est bien tolr, il devient un laxatif doux etproduit des vacuations faciles. J'en ai retir d'excellents r-sultats dans les embarras gastro-intestinals, chez les individuschez lesquels l'tat bilieux domine, dans certaines gastro-entrites chroniques, chez les malades disposs aux coliqueshpatiques, chez ceux dont les urines sont troubles, paisseset rares. J'en ai retir de bons effets dans les cas de plthoreabdominale. Il exerce une action temprante, sdative, ma-nifeste sur les reins et la vessie. Il favorise l'excrtion dela gravelle et calme les douleurs, les spasmes qui compliquentles catarrhes de la vessie, chez les personnes ges.

    Les mdecins Allemands accordent une grande confianceaux proprits curatives du petit-lait dans les principalesdyscrasies, et lui attribuent galement les meilleurs effets dansles affections hyposthniques.

    Il est vident que ce liquide prsente des proprits remar-quables que les observations rapportes plus loin ferontressortir.

    Dans tous leurs travaux sur le petit-lait, les Allemandsdveloppent une thorie chimique qu'il me parat fort difficiled'admettre sur l'action de ce liquide dans les diverses maladiespour lesquelles son usage est conseill. Benke (1) dans samonographie du petit lait, Lersch (2) dans son trait de balno-

    (1) BNKE. Die Rationnait^ [&r' Molewuren.(2) LERSCH. Enleitung infdi Mineraq'uetftyMlehee, Erlanyca 1871.

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    graphie, tablissent un rapport qui existerait entre les vicesdes humeurs et les qualits du remde qui, introduit dansl'conomie rtablirait leur condition normale. Ces praticiensveulent que le petit-lait rtablisse dans les liquides de l'or-ganisme, l'quilibre de composition lorsque tel principe estou un excs ou que ses proportions ont diminu. Il est vi-dent que si cette thorie tait admise, tait vraie, la mdecineserait bien facile et la thrapeutique singulirement simplifie.Il faudrait avoir recours l'analyse chimique et lui demanderde rechercher si la composition des diverses humeurs de l'-conomie prsente tous les principes qui peuvent y exister;mais auparavant, il faudrait que la chimie ait reconnu lavritable composition de ces humeurs, et que les proportionsdes principes des liquides organiques fussent constantes.

    Que l'on admette ou que l'on rejette la thorie chimiquedes Allemands, l'exprience, l'observation, bases sur lesquellesles vrais praticiens doivent toujours s'appuyer, dmontrentque le petit-lait est un puissant moyen, qui, dans un grandnombre d'affections, contre lesquelles choue si souvent lamdication ordinaire, rend de grands services et doit-treconsidr comme un puissant moyen curatif. Telle est maconviction appuye sur vingt ans d'tudes sur le petit-lait.

    Suivant le docteur Lersch, le liquide sero-lact priv desmatires grasses, du beurre et du casum ne contenant pasd'azote est un excellent moyen prconiser et mettre enusage dans les maladies o l'azote domine. Ce savant n'admetaucun changement dans l'organisme qui ne soit occasionnpar un changement dans l'tat des humeurs. Ainsi suivantlui, dans la tuberculose, et la scrofulose, l'albuminurie quel'on observe chez les malades, l'excs d'ure, d'acide uriqued'oxalates dans leurs urines dmontrent videmment un trou-ble dans la composition des liquides organiques. Dans cesmaladies excs d'azote ou de produits albumineux, le petit-lait produit d'excellents effets que l'on ne saurait rcuser.Ainsi si chez un grand nombre de goutteux le petit-lait pro-duit de bons effets, les faits avancs par Lersch ne se vrifientpas toujours dans la scrofule si rpandue, si commune parmiles populations des montagnes dont le petit-lait forme unegrande partie de l'alimentation.

    Dans son trait (Einleitung), Lersch dit : Lorsque l'alcalidu sang tend se porter sur les parties adipeuses, pour yconstituer des formations nouvelles ou fournir leur accrois-sement, le petit-lait est trs-utile. Lorsqu'il y a dans la masse

  • - 10 -

    du sang augmentation d'azote soit l'tat libre, soit l'tatde combinaison, il s'y passe d'autres changements; les pro-portions de phosphate de chaux et celles du fer s'abaissent,tandis que les proportions des bases alcalines s'lvent : de lun surcroit d'un principe dont l'excs, en se transportant dansles diverses rgions de l'conomie, doit servir de cause unphnomne de l'ordre anormal ou pathologique. Ainsi d'a-prs les observations des praticiens allemands, le petit-laitpeut tre conseill trs-avantageusement dans les congestionssanguines du foie qui en augmentent le volume, qui modi-fient sa texture, dans les affections catarrhales pulmonaires excrtion abondante et entretenus par des paississementssous-muqueux, dans les maladies cutanes formes humides,dans les ulcrations de la peau, les caries des os entretenuespar un mouvement fluxionnaire difficile a enrayer.

    Si l'exprience a dmontr l'efficacit du petit-lait dans lesmaladies prcdentes, sa puissance mdicatrice est. encorebien plus manifeste contre les affections du systme nerveux,les nvralgies et les nvroses multiples que l'on observe chezles personnes nerveuses et irritables. J'ai vu des nvroses gra-ves ayant rsist toutes les ressources de la mdecine, l'action si puissante de l'hydrothrapie prsentant les ph-nomnes les plus graves, tre rapidement modifies et gu-ries par les bains de petit-lait. Lersch, Benke, Moisisoviezsont dans le vrai, quand ils affirment que le petit-lait rendles plus grands services dans l'hypocondrie et les crises hys-triques. Mes observations viennent l'appui des crits de cessavants praticiens et je possde plus de 80 observations biencaractrises qui m'ont acquis la conviction que chez les hy-pocondriaques et surtout chez les hystriques la maladie gu-rissait rapidement.

    Il est vident que la boisson du petit-lait agissant commemdication dlayante, purgative, fondante et altrante produitsur le foie, sur les organes gastro-splniques et intestinauxune action manifeste qui modifie ces organes et rtablit l'-quilibre, troubl soit dans les liquides, soit dans les solides.Toutefois il est indispensable dans ces cas de conseiller auxmalades l'usage des bains sro-lacts qui sont le complmentindispensable de la cure.

    Dans l'hypochondrie affection complexe dans laquelle on' observe des troubles abdominaux, et des phnomnes nerveux

    dpendant du cerveau, on voit si c'est la premire qui domine,une vritable affection du foie, manifestant ses phnomnes

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    caractristiques. Alors les symptmes spleno-gastriques agis-sent videmment sur l'appareil gauglionnaire du grand sym-pathique dtermine la forme nvropathique trs-accentue.Lorsque la maladie affecte la forme, nerveuse pure et offreles caractres attribus la lypmanie par certains auteurs,lespraticiens allemands considrent toujours cette forme, commeune consquence de troubles abdominaux et dans ces cas l,ils ont toujours recours aux remdes rsolutifs, purgatifs etfondants et c'est alors qu'ils conseillent les sources de Carlsbad,de Kissingen, etc., soit pures, soit concurremment avec lacure du petit-lait. Le clbre praticien Hufeland prconisaitsurtout le petit-lait contre ces affections.

    Les observations que j'ai recueillies et qui seront rapportesplus loin seront la preuve de l'efficacit du petit-lait pris soiten boisson, soit en bains, dans les cas les plus prononcsd'hypochondrie. Il est vident pour nous que si chez certainshypochondriaques, chez lesquels, on observe une successiond'tats nvropathiques, privant cesmalades de calme, de repos,les tenant constamment dans un tat d'inquitude douloureuse,d'agitation les rendant tristes, colres, incapables de se livrer aucun travail, ces troubles nerveux ne sauraient trouver demeilleur remde que le petit-lait. Dans l'hystrie, caractrisepar ces crises convulsives, cette vritable rvolte des organesdu bassin, alors qu'on voit ces secousses si terribles de tousles membres, de tous les muscles du tronc avec ces contracturesmusculaires si nergiques, auxquelles succde un abattementtrs-profond, le liquide sero-lact produit alors des effets s-datifs aussi rapides que remarquables. J'ai pu constater la v-rit, l'exactitude des faits avancs par le professeur de Viennequi prconise l'usage de la boisson et celui des bains de petit-lait dans les affections utrines.

    L'action bienfaisante et utile du petit-lait ne se borne pas autraitement desmaladies dont il vient d'tre question. Ce liquidea une action relle, manifeste contre la phthisie maladie sigrave, si frquente qui dcime les populations et si rebelle toutes les mdications usites. La tuberculose, suivant les pra-ticiens allemands, peut tre facilement modifie et gurie parle petit-lait. Que devons-nous admettre des faits, des asser-tions avancs par Mojsoviez (1), dans son rapport mdical surle grand hpital de Vienne, dont il est le principal mdecin.Suivant cet habile praticien, la page 70 de son rapport, il dit :

    (I) MOJSOVIEZ. Aerztlicher Berieht, ans dem K. K. Allgemeinen Kram-kenhause zu Vien. Civiljahre (1858).

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    La puissance du petit-lait va jusqu'au miracle. J'avoue qu'ilne m'est pas permis d'avoir une foi aussi grande et que, commeles mdecins franais, je n'ai pas une croyance miraculeusedans le petit-lait. Je me contente de dire que ce liquidemodifie assez souvent les caractres morbides de cette terriblemaladie, qu'il exerce une influence trs-heureuse, fort remar-quable au 1erdegr de la phthisie ; mais si Mojsoviez, Benkene veulent considrer que les bons effets du petit-lait dans lescas seuls, o la maladie prend la forme aigu, fbrile, alorsque la disposition congestive sanguine est manifeste, qu'il seprsente des signes vidents d'rthisme nerveux, en un motque la phthisie revt la marche galopante, oui dans un certainnombre de cas, l'effet sdatif est puissant, rapide et j'ai vusouvent la maladie enraye dans sa marche fatale sans pourcela m'enthousiasmer au point de croire au miracle. Quedevons-nous croire des assertions des mdecins allemands quiprconisent si nergiquement le petit-lait dans la phthisie et leconsidrent comme le meilleur mdicament contre cette ter-rible maladie? Nous allons ici exposer le rsultat de notrelongue exprience et parler sans exagration et sans enthou-siasme. Nous avons lu avec la plus grande attention les critsde Lersch, empreints d'une savante rudition et d'une sagecritique. Ce praticien ne doute pas de l'efficacit du petit-laitdans cette cruelle maladie. D'ailleurs tout observateur quiparcourt, visite les diverses stations de bains de petit-laitrpandus dans toute l'Allemagne, qui y rencontre un con-cours de plus en

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    plus considrable de phthisiques au retourde chaque saison, ne saurait douter de l'importance de cemoyen curatif. Les faits que i'ai recueillis dans ma pratique Allevard m'ont dmontr la vrit des crits Allemands et mefont considrer le petit lait comme un trs-puissant moyencapable de rendre des services dans un grand nombre de cas dephthisie, principalement au 1" degr, mais auparavant, il estncessaire de rechercher dans la composition du petit-lait, lesprincipes qui peuvent exercer cette remarquable action. Ona vu que ce liquide est un compos de diffrents sels. Or d'aprsles analyses des chimistes ce serait le phosphate de chaux quidomine, puis le chlorure de sodium, le sulfate de soude, etc.;ce sont l les mmes sels que l'on prconise contre cette mala-die et que l'on prescrit journellement aux malades. Les auteursAllemands insistent sur la double action du soufre, et de sescomposs qu'il renferme. Mojisoviez conseille l'usage des eauxsulfureuses concurremment avec ce liquide, et cette associa-

  • tion telle que je la pratique Allevard en faisant prendrele petit-lait mlang l'eau sulfureuse m'a toujours produitles meilleurs rsultats. Ce liquide contient en outre un selphosphore dose assez leve. Prparation si prconisemaintenant.

    Suivant Benke, Helfft, le sang subissant de notables mo-difications dans la tuberculose, c'est dans ces changementsqu'il faut tudier la maladie, en rechercher la cause, et c'est l'azote et l'albumine dont les quantits augmenteraientconsidrablement qu'il faut attribuer la maladie. Il est vi-dent que chez les phthisiques, l'air ne pntrant pas en quan-tit suffisante dans les vsicules pulmonaires, l'oxygne n'estpas suffisant pour brler les matriaux apports par la cir-culation veineuse, pour oprer et produire cette activitcombustive, l'hmatose qui entretient l'quilibre des liquidesorganiques. Il rsulte videmment de cette premire altrationdes conditions du sang, une diminution des doses du fer, desphosphates et un accroissement notable des quantits des autressels. Ainsi suivant les auteurs allemands, la maladie dpen-drait, du changement dans les proportions de l'azote et del'albumine ; mais d'aprs les analyses chimiques, le contraireexisterait. Loin d'augmenter, ds le dbut de la phthisie, laquantit d'albumine diminue du chiffre de 80 l'tat normal etdescend 71 (2). La quantit de phosphate ne subissant pasde diminution, elle augmente de 0,360 0,493. La seule modifi-cation relle qui existe dans les proportions du fer, c'est sadiminution constate par Andral et Gavarret (3) qui dmontrentqu'il doit en tre ainsi, puisque le nombre des globules quiseuls contiennent l'oxyde de fer, diminuant, l'hmatosine perdses proportions. Suivant Liebig (4) les proportions de chloruresodique diminuent aussi sensiblement dans le srum du sang.

    Mialhe dans son excellent ouvrage, Becquerel et Rodier,dans leur trait de chimie pathologique, ont dmontr aussila diminution du chlorure de sodium. Si nous examinons lacomposition chimique du tubercule que nous devons considrercomme l'origine et la cause apprciables des phnomnessrieux de la phthisie, nous verrons que Thnard a dmontrque le chlorure de sodium en forme peu prs la 50mepartie.Suivant le chimiste de Berlin, Reus, ce sel s'y trouve dans de

    (1) BENKE, HELFFT Handbuch der Balnotherapie,. Berlin.(2) BECQUEREL et RODIEH, trait de chimie pathologique, ptijre 65. Paris.(3) AUDRAI. et GAOARET trait d'hmatologie. Paris.(4) LIEBIG nouvelles lettres sur la chimie, 34e.

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    plus fortes proportions, associs avec des phosphates calciqueet sodique, d'autres sels alcalins et l'oxyde ferrique. Aussi sui-vant la thorie Allemande, le chlorure sodique en moinsgrande quantit dans le sang, se reporte sur le tubercule. Ily aurait donc ainsi dplacement du sel qui du sang se porteraitsur la matire tuberculeuse. D'aprs Liebig il n'est pas faciled'apprcier le rle du sel marin dans l'conomie, tandis qu'ilest facile d'expliquer celui des phosphates qui sont les vri-tables matriaux de reconstitution du corps, tandis que leschlorures ne se trouvent ni dans les muscles, ni dans les os.Ce sel doit tre ncessaire certaines fonctions gnrales ; ilest l'intermdiaire, le mdiateur de certaines actions organi-ques. Il ne produit pas la chair, mais il neutralise les conditionsdfavorables sa composition normale. Telles sont les idesmises par Liebig qui dmontre que le sel a un grand rle aremplir dans l'conomie, car s'il ne produit pas les substancesplastiques, il domine de toute l'influence qui donne cetteproprit vitale les qualits qu'elle doit avoir pour la bonnecomposition des organes et des muscles qui constituent le sang,Carrire, page 67. Le sang est de la chair coulante, a-t-on ditavec raison. Sans le sel, ce serait encore de la chair l'tatliquide, mais non cette bonne chair ncessaire la sant et la vigueur. Puisque ce compos est le principe qui maintientl'tat chimique du sang, l'abaissement de ses dosesdoit y porterle trouble, et il doit en rsulter ncessairement une aberrationprofonde dans cette force plastique qui alimente et renouvelleles parties solides de l'conomie. De l, dit Mialhe, des cr-ations, des dpts de constitution organique, ou inorganique,qui se dveloppent dans les divers systmes, en dehors deslois de la vie ; de l le tubercule. Il est vrai cependant suivantBecquerel et Rodier, que la diminution du chlorure sodiquedans le sang ne se constate pas seulement dans la phthisiepulmonaire; car on l'observe dans d'autres maladies. Si leschangements qu'il subit dans ses proportions, prcdent lespremiers dsordres au lieu de les suivre, il faut croire qu'ilsont une influence directe sur le dveloppement de cette ma-ladie ; et en mdecine, une mme cause peut produire des effetsdiffrents.

    Telles sont les deux thories allemandes. L'une se base surdes donnes gnralement adoptes, l'autre sur des donnesplus faciles a discuter. Dans la thorie de Liebig, il n'y apas de doutes a opposer ses ides sur le rle du sel dansl'organisme ; il s'appuie sur des faits incontestables.

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    Dans la thorie de Benke, est-il bien prouv qu'il y aitexcs de principes azots dans le sang, au dbut de la phthisie?Que ce phnomne, s'il est positif, soit moins une concidenceque la cause elle-mme de l'volution du tubercule ? On peutadmettre que, dans cette maladie, la transformation des l-ments rparateurs s'opre lentement, et qu'il en rsulte unesorte d'encombrement des produits de l'assimilation.

    Liebig cite des faits chimiques, acquis la science, d'aprslesquels on peut admettre une relation de cause effet entreCet ordre de phnomnes et la dgnrescence tuberculeuse despoumons. Benke compose une thorie de toutes pices, avecdes faits faciles contredire et d'autres qui rsultent des con-ditions cres par le caractre particulier de la maladie, les-quelles nuisent la facile assimilation des matires azotes.Les deux thories, ont cela de commun qu'elles iustifientl'emploi du remde dont elles entranent l'indication. Ainsila cure du petit lait dans la phthisie est passe en Allemagne l'tat de croyance populaire car ce liquide non azot et con-tenant le chlorure sodique renferme les deux principes des deuxthories. Le liquide sro-lact a donc une action double, di-ttique parce qu'il est priv de produits azots, et moyencuratif par les sels qu'il contient; aussi les Allemands quiattribuent aux sels du petit-lait ses qualits curatives, consi-drent ce liquide comme une vritable eau minrale doue deproprits organiques, plus en rapport avec l'organisme vi-vant, plus assimilables et s'attaquant plus facilement aux mala-dies contre lesquelles on la conseille. L'exprience m'a dmontrque son association avec les principes sulfureux de l'eaud'Allevard qui agissent avec une grande puissance commersolutifs pour combattre l'irritation du systme respiratoire,m'a dmontr que toutes les fois que j'ai eu traiter des ma-lades chez qui la susceptibilit est vive, l'irritation manifeste,l'hmoptysie redouter, le mlange du petit-lait avec cette eausulfureuse produisait des effets de sdation trs-remarquable,ces faits sont d'accord avec ceux observs par les praticiensallemands, qui prescrivent souvent ce mlange de petit-laitavec des eaux sulfureuses, qu'ils considrent comme le meil-leur moyen a employer contre la phthisie. Dj en 1850, j'avaispubli un mmoire intitul de l'Action du petit-lait soit enboisson, soit sous forme de bains, soit pur, soit l'tat demlange avec l'eau sulfureuse d'Allevard dans les affectionschroniques de la poitrine. Depuis cette poque vingt-cinq an-nes d'exprience sont venues me confirmer la vrit des faits

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    que je signalais alors. De mme, que l'avait annonc le docteurBenke, j'ai reconnu que le petit-lait ne russissait pas toujourslorsque la maladie tait hrditaire ; mais qu'il exerait tou-jours une action utile, favorable et produisait les meilleurseffets, toutes les fois que la maladie reconnaissait pour causeces influences physiques ou morales qui altrent profondmentla vitalit, soit chez les jeunes gens, soit l'ge mr. Ilproduit de bons effets associ l'eau sulfureuse, dans la phthi-sie lie la scrofulose existant depuis la naissance. Malgrla puissance curative du petit-lait contre la phthisie, on nedoit pas perdre de vue que la tuberculose est une maladie qui,lorsqu'elle a dtermin sa marche, ne s'arrte que trs-diffici-lement et que l'on doit commencer le traitement le plus prspossible de son dbut. C'est alors qu'il ne faut pas perdre devue la maladie, manquer l'occasion favorable et agir ds queles symptmes deviennent vidents.

    Connaissant tout le parti que les Allemands retirent de l'u-sage du petit-lait dans la phthisie, j'ai cherch a propager cettecure en France et ds l'anne 1849, j'avais fait crer Allevardun tablissement de bains de petit-lait. J'ai runi tous mesefforts pour faire adopter cette cure en France jusque ltributaire de l'Allemagne. Je m'tais appuy sur ce passaged'Huffeland. Toute phthisie est curable, ne perdons jamais nil'esprance ni le courage et faisons tout ce qui dpend de nouspour atteindre ce but celui de la gurison. Je n'ai eu qu'me fliciter de ce moyen que je -dsire faire mieux connatrepar la publication de ce mmoire. Je fais donc ici un nouveleffort pour appeler l'attention des mdecins franais sur untraitement aussi simple d'une maladie si grave, par un moyen la porte de tous, si peu employ en France et si largementusit en Allemagne, qu'il est devenu populaire tellement l'ex-prience en a confirm les bons effets. Esprons que le petit-laitacqurera dans notre pays la faveur dont il jouit dans tout lereste de l'Europe.

    Ainsi que nous l'avons dj dit plus loin, les propritscuratives du petit-lait en boisson, en bains, admises sans con-testation, sont celles qui ont pour but de modifier les affectionsdu systme splno-gastrique, ou, en d'autres termes, la plthoreabdominale. Suivant Lersch et Mojsisoviez le petit-lait exerceune influence favorable dans les affections abdominales enproduisant une action drivative et bienfaisante sur le tubeintestinal, sesbons effets dans les coulements hmorrhodaires,dans quelques formes de la diarrhe, dans les hydropisies etdans les scrtions vesicales ou vaginales.

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    La mdication sro-lacte, dit Benke, dans son ouvrage,page 60.Ces phnomnes pathologiques consistent dans cet tatplthorique des viscres qui se fait remarquer par une gnemarque dans la rgion des fausses ctes, par l'affaissement,le dfaut d'nergie, la difficult du travail, signes de l'em-barras de la circulation ; dans l'hypochoftdrie qui a pour ca-ractre la difficult de digestion avec toutes les complicationsqu'elle entrane. Dans l'hyprhmie de la rgion du bas ventre,qui se manifeste par le flux hmorrhoidal et par une gne plusou moins douloureuse dans l'excrtion urinaire ; dans cet tatpathologique qui a pour symptmes la suspension chroniquedes fonctions de la peau, la permanence du froid aux extrmits,signes qui dnotent la concentration du sang, la turgescencedes vaisseaux veineux ou artriels de l'appareil digestif. Dansces diverses conditions qui sont la maladie ou la prparent,le systme nerveux est toujours en souffrance, le moral estaffect et Benke ajoute que la cure du petit-lait doit trecontinue jusqu' ce que la sensibilit se soit releve de sonaffaissement et qu'une nergie renouvele ait mis un terme l'tat physique et moral qui caractrise la plthore abdo-minale. Dans les hydropsies, les allemands en ont obtenu lesmeilleurs effets, soit qu'elles dpendent d'un principe rhuma-tismal ou qu'elles aient pour cause des lsions dans les organesles plus importants de la vie.

    Dans la phthisie le petit-lait de brebis est celui que l'on doitprfrer. Dans les affections abdominales c'est au petit-lait devache qu'il faut donner la prfrence.

    Utilit des bains de petit-lait.

    Ces bains dont j'ai obtenu de si prcieux rsultats, si forte-ment prconiss par Mojsisoviez, produisent des effets trs-remarquables dans un grand nombre d'affections dpendantdes troubles dans les fonctions de l'innervation.

    Les femmes qui ont t puises par des pertes de sang oude nombreux accouchements voient leur forces revenir ra-pidement et renatre leur fracheur. Les enfants dlicats ourachitiques se transforment rapidement sous cette influencefortifiante. Les personnes puises par toutes les causes qu'en-gendre la civilisation moderne et le sjour des grandes villesy reprennent leurs forces perdues. Les plaisirs des grandes

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    villes, les veilles prolonges assurent frquemment des acci-dents nombreux dans l'organisme. Les jeunes femmes puisespar la fatigue des plaisirs, des ftes pendant l'hiver, au lieude se livrer au sommeil pendant la nuit, prennent seulementpendant le jour quelques heures d'un repos factice qui ne suffitpas pour rparer les forces perdues, perdent l'apptit et arriventpeu peu ne pouvoir prendre qu'une trop faible quantitd'aliments dont la nature ne peut fournir des lments assezrparateurs. Cette perte d'apptit, le dfaut d'assimilation,amnent de la maigreur, de la pleur dans le visage; les fonc-tions digestives, celles de l'organe utrin, s'altrent ; des pal-pitations se manifestent, des douleurs nvralgiques survien-nent; la malade perd ses forces et bientt elle ne peut plusquitter sa chaise longue et l'air de l'appartement qu'elle respiren'est plus assez vif, assez pur, pour entretenir les poumonsdans les conditions d'oxygnation ncessaire.

    Les fivres typhodes graves laissent souvent aprs ellesdes troubles fonctionnels graves. Dans ce cas, la boisson dupetit-lait et les bains produisent d'excellents rsultats.

    Les maladies de l'utrus qui, chez un grand nombre defemmes, sont accompagnes et suivies de troubles si frquentset si graves dans les fonctions de l'innervation, sont puis-samment modifies par l'usage de la boisson et des bains depetit-lait. Nous avons vu de jeunes femmes qui, jusqu'alorsavaient t condamnes un rgime svre, au repos continu,retrouve promptement la sant. Non seulement elles faisaientusage des grands bains, mais encore des bains de sige etd'injections de petit lait.

    Les affections dpendant du systme nerveux de la moellepinire sont trs-souvent guries par ce moyen. Ainsi lesmouvements convultifs des membres, la danse de St-Guy,cdent facilement l'action prolonge des bains de petit-lait;mais c'est surtout dans les accidents hystriques graves chezles jeunes filles que le bain de petit-lait produit des effetscuratifs trs-rapides. J'ai recueilli de nombreuses observationsde gurisons compltes de cette affection existant dj depuisplusieurs annes. Il en est de mme des douleurs nvralgi-ques si douloureuses, si cruelles chez certains malades quiont t heureusement modifies et guries par l'usage intuset extra de ce liquide. J'ai pu vrifier l'utilit du petit-laitdans l'entralgie, la gastralgie, dans toutes les nvroses dontles symptmes varis et bizarres ne peuvent les faire attribuerplutt tel organe qu' tel autre. L'ensemble des accidents

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    que l'on observe constitue un vritable tat morbide contrelequel chouent trs-souvent les divers moyens thrapeuti-ques et hyginiques mis en usage pour les combattre Danscertaines affections de la peau', le petit-lait soit l'intrieur,soit sous forme de bains, lorsqu'elles revtent la forme aigu,tel que l'eczma rubrum, le prurigo, etc., sont rapidementsoulages par ces bains. Le mlange du liquide sro-lactavec l'eau sulfureuse d'Allevard qui, n'aurait pas pu tre sup-porte seule devient par son association avec le petit lait unmoyen curatif excellent, et si maintenant un grand nombrede spcialistes ne conseillent plus l'usage des eaux sulfureusesdans les maladies cutanes parce qu'ils en redoutent l'activit,ils reviendront trs-vite les prescrire lorsqu'elles pourronttre mlanges avec du petit-lait. Ils en retireront alors lesmeilleurs effets curatif s.

    De l'action des bains de petit-lait dans lesmaladies du coeur et surtout dans les palpitations

    nerveuses.

    Il est, de plus, un autre genre d'affections trs-graves, pourlesquelles les bains de petit lait ont t trs-efficaces. Je veuxparler des maladies du coeur et je crois tre le premier quiait signal ce fait, il y a dix-huit ans.

    Ayant remarqu que, chez la plupart des malades, alorsqu'ils taient plongs dans le bain de petit lait, le pouls s'a-baissait d'une manire trs-notable, j'observais avec soin l'tatde la circulation chez tous les malades.

    La temprature ordinaire laquelle je prescris les bains depetit-lait varie de 32 34 degrs centigrades. Cette diffrencede temprature est sans influence sur la circulation, puisquej'ai vu des malades qui, bien que prenant des bains 35 degrs,prsentaient un plus grand abaissement dans les battementsdu pouls, que d'autres qui ne les prenaient qu' 32 ou 34degrs.

    Les observations que j'ai recueillies sur 327 malades quiont fait usage des bains de petit lait depuis les annes 1849,jusqu'en 1870, m'ont donn les rsultats suivants:

    Chez 69 malades, le nombre des pulsations s'est abaiss 35Chez 93 - 38Chez 91 42Chez 74 45

    Total 327

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    Chez les 69 premiers malades, les affections se divisaientainsi :

    Hystrie 18Gastro-entralgie 11Nvroses non localises 17Nvroses du coeur 8

    Total ... 69

    Chez les 93 suivant, les affections consistaient:Gastralgie. . 12Gastro-entralgie 21Nvralgies diverses 26Gastro-entrique chronique ... 17Nvrose du coeur 10Hypertrophie du coeur 4Anvrisme des cavits du coeur . . 3

    Total ... 93

    Pour les 91 malades dont le pouls tombait 42 pulsations,j'ai constat:

    Nvralgies diverses 42Entralgie 19Nvroses de l'utrus 30

    Total ... 91

    Chez 74 malades:

    Gastralgie 15Gastro-entrite chronique .... 7Mylite chronique 26Nvralgies diverses 34Eczma rubruni 2

    Total ... 74

    C'est videmment l'acide lactique que l'on doit en partieattribuer cette sdation dans la circulation ; mais lorsqu'il s'a-git d'valuer les proprits thrapeutiques d'un mdicament,c'est d'aprs ses effets sur l'conomie qu'il faut raisonner,plutt que d'aprs les notions chimiques obtenues sur sa com-position. Cependant, ces notions chimiques sont toujours uti-les, et j'ai cru devoir m'en servir, propos de la compositiondu petit-lait, pour chercher comprendre son action sur lacirculation.

    Parmi les maladies du coeur, compliques de palpitations,et les cas les plus nombreux pour lesquels les malades sontvenus prendre les bains de petit-lait, je dois citer les pal-pitations nerveuses du coeur, si bien dcrites par MM. Bouil-laud et Andral, et qui sont caractrises par des mouvements

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    tumultueux, forts- et rpts du coeur, chez les individus quine sont atteints d'aucune lsion matrielle apprciable de cetorgane. Chez certains sujets, elles ne sont que passagres etde courte dure, tandis que chez d'autres, elles persistentpendant un temps quelquefois fort long.

    Les bruits du coeur auxquels elles donnent lieu augmententpendant leur dure. Ils sont entendus mme distance, etles mouvements qu'elles produisent sont sentis par les malades.Ces palpitations s'accompagnent frquemment d'un lger bruitde souffle, qui cesse ds qu'elles s'arrtent. Les malades qui ensont atteints prouvent, pendant qu'elles se manifestent, unsentiment de malaise et d'anxit la rgion prcordiale trs-intense, accompagn parfois de tendance la syncope.

    Cette maladie est plus frquente chez les individus tem-prament nerveux, qui ont une vritable prdisposition auxdiverses affections nerveuses. Toutes les sensations vives del'me peuvent les dterminer: telles sont la tristesse, la m-lancolie, les chagrins, les travaux intellectuels prolongs, lesveilles, les excs vnriens, les passions vives, et surtout lamasturbation chez les jeunes sujets.

    Ces palpitations s'observent souvent chez les femmes hys-triques, chez les individus affects d'hypocondrie, chez lesjeunes filles, l'poque de la pubert, et chez les femmes ma-ries, l'ge critique, alors qu'un grand nombre de causes setrouvent runies pour amener un trouble dans l'action nor-male du systme nerveux. On les remarque trs-frquemmentchez les individus anmiques et chlorotiques, soit que cestats morbides apparaissent aprs d'abondantes hmorragies,ou qu'ils dpendent de quelques lsions organiques qui s'op-posent une bonne hmatose.

    De mme que la plupart des maladies nerveuses, ces palpi-tations sont intermittentes, irrgulires et rarement continues.Leur diagnostic est quelquefois difficile, et souvent on les aconfondues avec des palpitations dpendantes d'affections or-ganiques du coeur, dont elles peuvent produire les mmesphnomnes gnraux et locaux. Dans l'tat de repos du coeur,eur diagnostic est galement peu facile ; car, de ce que le

    . malade parat tre en pleine sant, lorsqu'elles ont cess, onne peut pas en conclure que ces palpitations sont purementnerveuses, puisque souvent, dans le dbut d'une lsion or-ganique du coeur, les symptmes qui surviennent et la carac-trisent peuvent tre suspendus pendant un certain temps, etque, dans les. palpitations uniquement nerveuses, dans les

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    intervalles de repos, les battements du coeur peuvent prsenterquelque irrgularit ou tre accompagns d'un bruit de soufflesouvent indpendant de toute lsion organique.

    Les malades qui en sont atteints conservent souvent, unedyspne plus ou moins intense, que l'on remarque plus frquem-ment chez les jeunes sujets disposs aux congestions pulmo-naires. Cet ensemble de symptmes est semblable ceux quisurviennent dans le dbut de plusieurs maladies, organiquesdu coeur, et ces battements irrguliers, tumultueux du coeurtendent modifier sa nutrition, et les palpitations, qui, dansle principe, existent sans lsion organique, peuvent tre le pointde dpart de celle-ci.

    Le moyen le plus certain pour reconnatre ces palpitationsde celles qui accompagnent les lsions organiques, c'est depercuter, d'ausculter le coeur ; ce qui permettra de s'assurer siles valvules fonctionnent bien ou mal, si les orifices sont sains,si les parois ont subi quelque modification; car, dans les palpi-tations nerveuses, on petit toujours, mme lorsqu'elles ont lieu,s'assurer, par un examen attentif, du volume du coeur et dela manire dont le sang circule dans ses divers orifices etcavits. D'ailleurs, dans les palpitations nerveuses, on ne re-marque jamais de congestions veineuses, de coloration violaceau visage, d'hydropisies qui accompagnent les lsions des val-vules, et diffrentes affections du coeur.

    Par une exploration attentive, et comme l'a si bien dit M.Bouillaud, grce au progrs de la clinique exacte, on peuttoujours aujourd'hui distinguer les unes des autres, les diversespalpitations dsignes sous le nom de palpitations nerveuses,et celles qui accompagnent les grandes lsions organiques ducoeur. Les cas dans lesquels il serait le plus facile de se trompersont ceux o il existe la fois des palpitations dpendantesd'une lsion organique du coeur, et despalpitations d'une naturenerveuse. Ces cas se prsentent dans la pratique plus souventqu'on ne serait tent de le croire au premier abord.

    Tout ce qui vient d'tre dit dmontre que les palpitationspeuvent concider avec un certain nombre d'tats morbidesgnraux ou locaux, diffrents les uns des autres sous plusieursrapports et qu'il est trs-important de bien dterminer, si l'onveut leur opposer des moyens rationnels ; car les moyensthrapeutiques employer contre les palpitations nerveuses,doivent varier suivant la nature d'o elles semblent dpendre.

    Malgr toutes ces prcautions, il arrive souvent que ces bat-tements nerveux rsistent aux moyens qu'on leur oppose, et

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    c'est pour cette raison que plusieurs malades ont t envoys Allevard pour y prendre les bains depetit-lait, si utiles contreles affections nerveuses en gnral, et qui, dans tous les casde ces nvroses du coeur, ont procur des rsultats les plusheureux.

    Dans un grand nombre de chloroses accompagnes de cespalpitations, les malades qui en taient atteintes ont trouv Allevard toutes les conditions voulues pour y gurir: lesbains de petit-lait, la boisson de l'eau ferrugineuse et man-gansifre dont la source vient d'tre annexe l'tablissementsulfureux, les toniques, un bon rgime, l'air pur de cette bellevalle des Alpes, la vue des sites pittoresques des gorges sivaries, des glaciers des environs, un exercice modr surles montagnes. Tous ces moyens runis forment la based'un traitement auquel ne sauraient rsister ces tats chloro-tiques, et de nombreuses jeunes filles leur ont d le retour dela sant.

    Des malades affects de palpitations nerveuses qui ne recon-naissaient pas pour cause la chlorose, ont galement trouvla gurison par l'usage de ces bains de petit-lait, et il en estde mme de plusieurs malades atteints de palpitations dues des lsions organiques du coeur, ainsi que le dmontrent lesdiverses observations ci-jointes et que j'ai choisies parmi cellesque j'ai recueillies et que je crois les plus propres faire bienapprcier l'action des bains de petit-lait.

    Palpitations nerveuses proprement dites.

    PREMIRE OBSERVATION.

    Mme G-., de Lyon, m'est adresse, le 16 juillet 1851, par M.le docteur Vacher, avec la lettre suivante de cet honorableconfrre: Mm6G-.,ge de 41 ans, d'un temprament nerveux,d'une constitution affaiblie, s'est aperue, depuis quelques an-nes, de quelques palpitations lgres, d'un certain malaise duct du coeur. Les craintes et les motions que lui ont causesles nombreux vnements qui se sont accomplis depuis fvrier1848, d'autres contrarits ou chagrins prouvs depuis, quoi-que supports avec rsignation, ont paru augmenter sensible-ment cet tat; si bien qu'au mois de mai 1849, Mme G. fut

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    tout fait malade, oblige de s'aliter. Il y avait alors de nom-breuses intermittences, un bruit de souffle continuel, de la dys-pne, impossibilit de monter une rampe sans prouver de vio-lentes palpitations. La malade fut soumise un traitementrationnel : les prparations de digitale sous toutes les formes,les vsictoires sur la rgion prcordiale, etc. Au bout de sixsemaines, la malade alla beaucoup mieux. Elle fit cette po-que un voyage d'agrment, o elle se fatigua beaucoup ; sonretour, les palpitations et les intermittences reparurent. Ellescdrent de nouveau un traitement moins nergique que lepremier, mais ce ne fut pas pour longtemps. Elles ont reparudepuis, plus opinitres et plus tenaces que jamais, sans ce-pendant que la maladie ait repris de suite le caractre de gra-vit qu'elle avait en mai 1849. Aprs de nombreux traitementsqui n'ont fait que soulager plus ou moins, la malade en estarrive aujourd'hui tre tellement habitue aux remdes,que leur action sur elle est peu prs compltement nulle ; lesprparations de digitale, par exemple, sont dans ce cas.

    Les choses en tant l, nous avons alors song prendreconseil de quelques confrres, M. de Polinire, entre autres. J'aipropos les bains de petit-lait, me fondant sur ce que lamaladie reconnat pour cause une perturbation du systmenerveux. M. de Polinire a partag mon opinion, et il lui asembl, comme moi, que le traitement le plus rationnel taitl'usage des bains de petit-lait. C'est d'aprs ces ides que nousavons engag la malade se rendre Allevard. >

    Tel est l'tat de Mme G. son arrive Allevard. Je luiprescris le traitement suivant:

    Prendre tous les matins un bain de petit-lait 26 degrscentigrades, d'une heure et demie le 1erjour, de deux heuresle 2e, de deux heures et demie le 3e, de trois heures le 4% detrois heures et demie le 5" ; repos le sixime.

    Le soir de son arrive, MmoG., la suite de la fatigue duvoyage, a des palpitations trs-fortes ; le pouls donne 128 pul-sations.

    Le lendemain, avant d'entrer dans son bain, le pouls donne72 pulsations ; une demi-heure aprs, il ne donne plus que 46pulsations ; aprs une heure, il s'est abaiss 42 et se main-tient ce chiffre. La huit suivante a t plus calme. En en-trant dans le second bain, le pouls est 68 pulsations; unedemi-heure aprs, il esta 44, et, en sortant, il n'en donne que40. Le soir, Mm* G. est prise de palpitations qui n'ont durque 25 minutes. Il y avait alors 90 battements. Pendant leur

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    dure, la malade est moins fatigue que d'habitude, et le bruitde souffle moins prononc. En entrant au troisime bain, lepouls donne 63 pulsations; au bout d'une heure, 42, et, ensortant, il n'est qu' 37. Dans le jour, MmeG. a deux crisespeu longues et moins fortes ; cependant la nuit a t agite,et elle a eu d'assez fortes palpitations qu'elle attribue unedigestion difficile.

    Le 4* jour, le pouls prsente les mmes caractres que ceuxqu'il avait la veille. La nuit et la journe ont t meilleures.

    Le 5' jour la malade, en se dshabillant pour se mettre aubain, prouve de lgres palpitations qui cessent aprs unquart d'heure de sjour dans le bain. Pendant la crise, le poulsbattait 96 fois. TJune demi-heure aprs, il ne donnait plus que42 pulsations, et, en sortant du bain, qui a t de trois heuresde dure, il n'y en avait plus que 36.

    Repos le 6" jour. Pendant la journe, le pouls est calme. Le7* jour, la dure du bain est de trois heures et demie. Le poulsdescend 35pulsations. MmeG. a repris de l'apptit, du sommeil,et la gat est revenue. Elle fait tous les jours une prome-nade de plusieurs heures, soit pied, en voiture ou sur ne.

    Le 8* jour se passe sans souffrance. Les 9', 10', 11* et 12*sont trs-calmes. Elle continue de prendre ses bains de quatreheures de dure. Dans la nuit et dans le jour, le pouls nes'lve jamais au-dessus de 58 pulsations.

    Le 13e jour, elle reoit une lettre qui devait fortement l'im-pressionner, et c'est peine si cette motion acclre un peula circulation. A dater de ce jour jusqu'au 23e, poque laquelle apparurent les rgles, elle prit tous les jours un bain.Les rgles arrivrent sans douleur, le flux fut abondant etla malade n'prouva pas la moindre trace des battements decoeur. Elle fait un voyage de plaisir la Grande-Chartreuse,distante d'Allevard de quelques heures seulement. Ce voyaged'agrment ne l'a pas fatigue.

    Ellerecommence son traitement aprs six jours d'interruption,et, aprs avoir pris 27 bains de petit lait, elle quitte l'tablis-sement, trs-contente d'y avoir trouv un aussi grand soulage-ment, et' la gat en mme temps que le sommeil et l'apptit.

    Sept mois aprs, ayant vu son mari, il m'a assur que safemme avait pass un trs-bon hiver, et qu'elle n'attendaitque le mois de juin pour reprendre encore des bains de petit-lait.

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    DEUXIME OBSERVATION.

    M. P., g de 35 ans, demeurant Nmes, m'est adress,le 25 juin 1851, par M. le docteur Imbert, de Lyon. Ce jeunehomme, d'un temprament nerveux, d'une constitution faible,a eu de nombreux revers de fortune, par suite de procs. Pen-dant quatre annes conscutives, il a prouv une srie d'mo-tions trs-pnibles. Depuis trois annes, il a t pris de douleursvives la rgion prcordiale, qu'il compare des lancementsse faisant sentir en avant et en arrire de cette rgion. Il nepeut rester couch sur le ct gauche sans prouver de suitedes palpitations trs-fortes, et qui, lorsqu'elles se prolongentdterminent une dyspne trs-intense qui amne quelquefoisla syncope. Il a perdn le sommeil et l'apptit. Depuis six mois,il a considrablement maigri. Il suffit de trs-peu de chose pourrveiller ses palpitations, qui s'accompagnent d'un bruit desoufflet assez fort.

    L'auscultation et la percussion ne dnotent rien d'anormaldans les bruits du coeur, dans les cavits et les orifices, lors-qu'il est calme. Le coeur n'a pas augment de volume. Lect de la poitrine ne prsente aucune voussure. L'intermit-tence, si marque pendant que les palpitations ont lieu, cessecompltement lorsque l'organe est au repos. La main appliquesur la rgion prcordiale ne sent aucun froissement cataire.Le bruit de soufflet que l'on entend existe sans rtrcissementdes orifices: il est d, je crois, la rapidit convulsive dupassage du sang contenu dans les ventricules, lors des palpi-tations prcipites du coeur.

    Tel est l'tat de ce jeune homme son arrive Allevard.Le nombre des pulsations, lorsqu'il a ses palpitations, s'lvejusqu' 118, t l'tat de calme, le pouls en donne encore 76.

    Outre ses palpitations, le malade prouve de temps en tempsdes douleurs nvralgiques la rgion cervicale droite.

    Je prescris l'usage des bains de petit-lait de la manire sui-vante :

    Le 1" jour, bain d'une heure et demie, 26 degrs centigra-des. Ds la premire heure, le nombre des battements s'abaisse 56, et, en sortant du bain, il n'y en a plus que 52.

    Le 2e jour, bains de deux heures ; le pouls ne donne plusque 52, et, en sortant, je n'en compte que 40. Le sommeil estplus calme, les palpitations ont une dure un peu moins longue ;pendant qu'elles ont lieu, le pouls ne dpassepas 100 pulsations.

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    Le 3* jour, bain de deux heures et demie. Au milieu du bain,le pouls ne donne que 50, et la fin 37 pulsations. Le maladeprouve un bien-tre rel, pendant qu'il est dans le bain. Dansla journe, il fait une promenade de deux heures. Il a un peuplus d'apptit. Dans la nuit, il a eu deux fois des palpitationssans dyspne ni disposition la syncope. Le 4ejour, mme traitement, mme tat.

    Le 5* jour, mme traitement. Le malade se sent dcidmentmieux. Il respire plus librement en sepromenant. Il peut monterles escaliers sans avoir de battements de coeur aussi violents,et il est moins impressionnable.

    Le 6* jour, mme tat. Le soir, son pouls ne donne que 61pulsations.

    Le 7* jours, repos.Le S* jour, bain de quatre heures. En entrant au bain, le

    pouls offre 63 battements: ils ne sont plus que de 35, aprstrois heures de bain. Durant la journe, il n'a qu'une fois despalpitations, et, pendant leur dure, il me fait appeler. Jene constate alors que76 pulsations; elles n'ont dur que28 mi-nutes. Il a de l'apptit et un sommeil plus long et plus calme.

    Les 9, 10e, 11e, 12e, 13", 14e et 15e jours, mme traitement,c'est--dire bains de quatre heures de dure. Le pouls s'abaissejusqu' 36 pulsations, et, dans la journe, il ne s'lve jamais plus de 60. Le malade reprend de la gat et regrette de n'avoirpas t envoy plus tt ici, au lieu d'avoir pris, pendant troisans, tant de prparations antispasmodiques et de digitale.

    ' Us se repose les 16* et 17* jours. Il profite de ces deux jour-nes pour faire de longues promenades cheval, sur les mon-tagnes, sans en prouver de grandes fatigues.

    Il n'a eu que de trs-courtes et lgres palpitations.Il continue son traitement pendant encore quinze jours, en

    prenant seulement des bains de trois heures. Dans le milieudu bain, le pouls descend toujours 36 pulsations, et ce n'estque trois heures aprs que le pouls remonte insensiblement 60. Le sommeil est revenu, l'apptit est bon, l'embonpointrenat, ainsi que la gat. Depuis que ce malade recouvre lasant, il oublie ses chagrins passs, heureux, dit-il, de ne plusprouver les cruelles angoisses auxquelles il tait en proie.

    Le malade m'a crit, au mois de mars, qu'il allait beaucoupmieux, et qu'il viendrait achever sa gurison dans le courantde la saison des eaux.

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    TROISIME OBSERVATION.

    Hypertrophie pure et simple du coeur, sans lsiondes valvules.

    Mm#S***, de Paris, nous est envoye pour prendre les bainsde petit-lait, afin de combattre une chore qui date de plusieursannes et qui a rsist de longs traitements. Cette affectionnerveuse existe la rgion droite du coeur, qui prouve con^-tinuellement des mouvements dsordonns. Aprs avoir lon-guement interrog cette dame, je constate les phnomnessuivants :

    Cette dame, ge de 37 ans, d'un tempramment sanguin,d'une constitution forte, a eu, la suite d'une fausse couche,il y a quatre annes, une suppression menstruelle qui a durcinq mois. C'est alors que les premiers symptmes de la chorese sont manifests. C'est aussi cette poque qu'elle s'estaperue que les battements du coeur devenaient plus violents.La chore a t vainement combattue par les bains de mer,les antispasmodiques, les bains hydrothrapiques. Les mou-vements convulsifs sont presque incessants et la fatiguentbeaucoup ; ils ne cessent que couche ; aussi est-elle obligede rester alite. Elle se plaint aussi de battements de coeur.L'examen de cet organe prsente les phnomnes suivants :

    Le malade a le teint anim, l'oeil brillant, tendance auxpistaxis, et la peau prsente une chaleur plus leve qu'l'tat normal. La circulation veineuse s'opre librement. Ellen'a jamais eu de congestions passives, soit de sang ou de s-rosit, dans les diffrents organes et dans les cavits sreuses,La respiration n'est pas sensiblement gne.

    Les battements du coeur se font principalement sentir dansla rgion des cartilages des 5* et 6e ctes. Le pouls est fort,tendu, vibrant, et il se manifeste, des intervalles plus oumoins loigns, des bouffes de chaleur vers la tte, des tour-dissements et des saignements au nez. En appliquant la mainsur le coeur, on sent un frmissement vibratoire ou catairelger. La percussion pratique sur cette rgion et gauchedonne un son mat. La rgion prcordiale elle-mme rend unson clair partout ailleurs. Les bruits qui accompagnent lesbattements du coeur sont un peu forts et concentrs, surtoutceux du ventricule gauche.

    Je reconnus avec vidence que cette dame tait atteinted'une hypertrophie simple du ventricule gauche. Le pouls radiaj

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    fournit 64 pulsations. Je la mis l'usage des bains de petit-lait. De mme que chez les malades prcdents, pendant ladure des bains, les battements du coeur se ralentissent ets'abaissent au chiffre de 37. Aprs dix jours de traitementpendant lesquels la dure des bains est porte quatre heures,le malade sent que le sang se porte moins la tte ; les pistaxissont moins frquents, et le pouls me parat moins dur. Lachore diminue d'intensit. Aprs vingt jours de traitement,le coeur semble avoir diminu de volume, et le pouls est moinsfort, moins vibrant. Le visage est moins anim, et la maladen'a plus d'pistaxis. Tous les symptmes de chore et de lamaladie du coeur paraissent finis au 33e jour de traitement.

    QUATRIME OBSERVATION.

    D'une jeune fille chlorotique, affecte de palpitationsfrquentes qui ont rsist diffrents traitements.

    Mademoiselle V..., ge de 18 ans, d'un temprament lym-phatique, d'une constitution faible, prsente depuis deux anstous les symptmes d'une chlorose prononce, accompagnede palpitations et d'un bruit de soufflet.

    La peau du visage est d'un blanc jauntre. La pleur estsurtout trs-marque sur la muqueuse des lvres, l'orificedes narines et des paupires ; les yeux sont cerns, la con-jonctive est d'un blanc bleutre. La malade est indolente, lemoindre exercice lui est pnible; elle a des maux de ttetrs-violents, fixs principalement la rgion temporale droite,et offrant des caractres d'intermittence. Le pouls est petit,acclr ; les battements du coeur sont irrguliers, confus etfaibles, et s'entendent dans une grande tendue de la poitrine.Le bruit de soufflet se fait entendre pendant les palpitations.Sous l'influence du moindre exercice, son coeur bat avec vio-lence, et l'auscultation on entend les battements dans unegrande tendue, parfois mme ils repoussent assez fortementl'oreille. On entend dans les artres principales presque cons-tamment un bruit de soufflet, de ronflement; la respirationest souvent gne.

    L'apptit et la digestion sont troubls; elle n'a d'apptitque pour les mets les plus sapides, tel que les acides, etc.Elle est constipe, et les urines sont trs-dcolores. La mens-truation est trs-faible, le sang excrt est en petite quantit,sreux et ple. Cette menstruation incomplte, loin de la sou-

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    lager, aggrave ses souffrances. Elle a des pertes blanches.L'auscultation de la poitrine, la percussion, ne dnotent riende remarquable dans les poumons, qui paraissent sains.

    Cette jeune personne, qui appartient une famille riche,a subi de nombreux traitements. Les ferrugineux sous toutesles formes, les antispasmodiques, les bains de mer Cette,ont t mis en usage. Elle a eu des moments o sa santparaissait revenir, et, malgr ces moyens rationnels, depuissix mois, sa maladie parat s'aggraver; et, d'aprs les conseilsd'un professeur de la Facult de Montpellier, elle est venue Allevard pour y prendre la fois des bains de petit-lait,boire de l'eau ferrugineuse, et terminer son traitement pardes douches sulfureuses.

    Le 4 juillet 1850, je prescris cette jeune malade de boiretous les matins trois verres d'eau ferrugineuse, de prendreun bain de petit-lait de deux heures, et le soir quatreheures; de boire galement deux autres verres d'eau ferru-gineuse; de faire tous les jours un exercice modr, sur unne, dans les montagnes, et une nourriture tonique, avec duvin de Bordeaux. Aprs six jours de ce traitement, la maladese sent mieux : les palpitations sont moins frquentes et moinsfortes, les bruits artriels moins prononcs ; le pouls s'abaisse 34 pulsations dans le bain. Elle suit le mme traitementpendant 20 jours, aprs lesquels les forces reviennent ; l'apptitest plus prononc, le sommeil plus calme ; la respiration estmoins gne, et elle peut se promener pied sans tre fatigue.Elle prend, matin et soir, depuis son arrive, une douchevaginale d'eau sulfureuse, de vingt minutes de dure. Lespertes on cess sous l'influence de ce moyen, et l'tat desa sant s'amliore sensiblement.

    Le vingt-septime jour, elle prend ses rgies, qui sont unpeu plus colores et plus abondantes. Elle n'prouve plus lesmmes souffrances que celles qu'elle avait pareille poque.

    Le visage est plus color, les gencives sont moins ples,les bruits artriels ont diminu de moiti, ls palpitationsont cess et les forces ont plus que doubl.

    Le vingt-neuvime jour, je prescris une douche sulfureuse 34 sur tout le corps et en affusions sur le rachis. Elle con-tinue les prendre pendant cinq jours. Ces douches rveillentl'organisme sans rappeler les palpitations, etl'apptit augmente,et la jeune personne peut se promener, monter les escalierssans tre trop fatigue. Elle continue encore son traitementpendant six jours, et quitte l'tablissement dans de bonnesconditions.

  • . :- ., ^40

    1 II,me serait facile de citer d'autres observations pour prou-ver rhereuse action du petit-lait sur les mouvements du coeur,comme moyen de sdation.

    CHAPITREIII.

    Affections pulmonaires chroniques, phthisie,

    Ayant remarqu que la fiiyre lente qui accompagne lesinflammations chroniques des intestins, cdait le plus souvent l'usage des bains de petit-lait, j'ai cru devoir essayer sil'tat fbrile qui se manifeste chez les phthisiques l'approchede la nuit ne pourrait pas prouver de modification par cemoyen. J'ai donc prescrit l'usage de ces bains un certainnombre de phthisiques, et j'ai t assez heureux pour obtenirde bons rsultats qui m'ont encourag persvrer. J'ai re-marqu d'abord que la peau, sche auparavant, devenait onc-tueuse, que la fivre diminuait, que la langue tait moinsrouge et la toux moins frquente. Chez plusieurs de ces malades,la fivre cessa compltement, la soif disparut, et les sueurs quise manifestaient pendant la nuit, diminurent un peu et fini-rent par cesser ; l'aspiration des vapeurs sulfureuses continuependant ce traitement, amena un soulagement plus prononc,l'expectoration devint moins abondante, de puriforme elle de-vint simplement muqueuse, et ces malades nous quittrentdans un tat d'amlioration tel, que je fus assez heureux pourapprendre plus tard par eux-mmes qu'ils allaient toujours demieux en mieux.

    L'auscultation chez ces malades, que j'avais pratique avecle plus grand soin, me tenait elle-mme au courant des bonsrsultats que j'obtenais chaque jour, et de ce qui se passaitdans les poumons malades.

    Pour arriver obtenir des rsultats satisfaisants, ces bainsont besoin d'tre administrs avec prudence et suivant cer-taines rgles.

    Les malades atteints d'affections bronchiques graves pren-nent ordinairement la fivre aprs leur dner du soir, l'ap-proche de la nuit. La soif survient galement, et c'est l'heureo ils sont plus fatigus.

    Pour combattre cet tat fbrile, je fais prendre le bain versles cinq heures du soir la temprature de 34 centigrades.

  • 41 :

    Le malade prend un repas lger aprs son bain. Les alimentsse composent de mets d'une digestion trs-facile. Les quatrepremiers bains sont d'une dure d'une heure. Immdiatementaprs, le malade, envelopp de linges trs-chauds, est emportdans son lit lgrement chauff. Aprs ces quatre bains,, lemalade y reste de une heure deux heures. Dans les autresbains une. Ce traitement est celui que j'emploie ordinairement,et il est rare qu'aprs huit ou dix jours de traitement,.la fivren'ait pas disparu ainsi que les sueurs nocturnes et la diarrhequi si souvent les accompagne.

    Les observations qui sont exposes plus loin donneront uneide des faits que j'ai observs avec tout le soin possible.J'ai expos l'tat des malades au commencement du traitement;tel que l'auscultation et la percussion me l'ont fait recon-natre, l'tat du malade au quart du traitement, la moitiet son dpart de l'tablissement.

    J'ai apport le plus grand soin l'exposition des faits, afinque mes confrres puissent mieux juger la valeur de ce nou-veau traitement.

    , PREMIRE OBSERVATION.

    Mlle V***, des environs de Lyon, ge de 19 ans et demi, la suite d'une suppression brusque de ses rgles, dues cequ'elle eut les pieds mouills pendant un enterrement, a tprise d'une simple bronchite. Malgr l'usage de tisanes adou-cissantes pectorales, la toux a continu ainsi depuis le 17janvier 1848 jusqu' son arrive - Allevard le 6 juillet 1849.Les rgles sont revenues seulement trois fois pendant l'in-tervalle de ces six mois. Elle prouve un gne assez prononcedans la respiration. Lorsqu'elle monte les escaliers pour arriver sa chambre, situe au premier tage, elle est prise de quintesde toux qui la fatiguent beaucoup. Elle expectore des crachatspurulents en assez grande abondance, le matin surtout. Lors-qu'elle se couche, elle tousse pendant prs d'une heure ; elledort peu, si ce n'est vers le matin ; lorsqu'elle se rveille,elle est couverte de sueur. Sa peau est sche, son teint ros,sa figure est amaigrie.

    La poitrine, ausculte avec soin, laisse entendre dans largion latrale droite du poumon droit, au niveau du seinet un peu en arrire, des craquements secs des rles humidessous crpitants du souffle bronchique, la respiration rude, del'expiration prolonge. La percussion dnote une matit assez

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    tendue. Le bruit respiratoire normal ne s'entend que dansquelques points du poumon. Les crachats ont un aspect puri-forme, quelquefois ils sont un peu rouilles. Ils reprsententdes plaques nummulaires, isoles les unes des autres, surna-geant un liquide comme gommeux. Elle est prise de tempsen temps de diarrhe, alternant avec de la constipation.

    Divers traitements ont t employs : les tisanes pectorales,balsamiques, l'eau de goudron, les opiacs, tout a t em-ploy sans produire de soulagement.

    Pour combattre l'tat inflammatoire qui donne lieu sontat fbrile, je lui prescris vers les quatre heures du soir,le lendemain de son arrive l'tablissement, un bain depetit-lait de trois quarts d'heure, et 33 centigrades. Aprsle bain, elle fait un lger repas consistant en un petit potageau riz et un plat de lgumes. Matin et soir deux verres depetit-lait. Elle passe tous les jours une heure dans les sallesd'inhalation gazeuse.

    L'inflammation du tube digestif a notablement diminu aprsles huit jours de ce traitement. La soif a cess, l'tat fbrilene se montre plus, et la malade trouve dj une lgre am-lioration sa position.

    Je continue ce traitement pendant une deuxime semaine,en ayant le soin de continuer le traitement sulfureux. Toutefoisje prescris de plus, sur les trois heures de l'aprs-midi, l'usaged'un bain de pied d'eau minrale. Je dois dire ici que cesbains donns dans le milieu du jour, produisent gnralementde trs-bons rsultats chez les malades atteints de catarrheschroniques. Le calorique appelle aux extrmits l'afflux dusang, et cela au bnfice des organes pectoraux et abdominaux.

    Le quatorzime jour du traitement, la malade a repris meil-leur apptit, la diarrhe a cess, les nuits sont meilleures,le sommeil plus long, moins agit, et les sueurs ont disparu.

    La toux revient un peu moins souvent, les crachats sontmoins abondants, ils viennent avec une grande facilit.

    Le seizime jour je mlange les bains de petit-lait avecmoiti eau sulfureuse, je continue les pediluves et le mmergime; au vingt-cinquime jour, les crachats deviennent plusrares et plus muqueux. Les autres accidents ont presque touscess. La malade reprend des forces, l'oppression a notablementdiminu, elle peut faire une petite promenade et monter danssa chambre sans prouver la gne dans la respiration dont ellese plaignait son arrive.

    Elle continue galement de boire tous les matins trois demis

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    verres d'eau minrale chaude coupe avec du petit-lait. Letrentime jour de son arrive je renvoie la malade en bonnevoie d'amlioration depuis que sa sant s'tait toujours demieux en mieux trouv, et qu'en ce moment la malade secroit compltement gurie.

    DEUXIME OBSERVATION.

    M. H , g de 43 ans, d'une constitution sanguine, ayanttoujours joui d'une bonne sant jusqu' l'ge de 42 ans, prsen-tait son arrive, le 29 juin 1849, l'ensemble des symptmesd'une double lsion pulmonaire et intestinale. Le malade ac-cusait, en particulier, une toux frquente, pnible, accompa-gne d'une sensation dsagrable, de picotement derrire le ster-num et sous les deux clavicules. De temps en temps de la diar-rhe et un peu de fivre le soir en se couchant.

    Les forces ont notablement diminu et chaque soir ilprouve de la chaleur, un malaise gnral. L'auscultationme dmontra l'existence d'une affection du parenchyme pulmo-naire. La matire expectore, mise en contact avec de l'eauordinaire, puis avec de l'eau sale, s'est prcipite au fond del'eau sous forme de gros flocons, s'y divisait en une foule depetits grumeaux d'un blanc mat ; l'eau perdait en mme tempssa transparence et acqurait une teinte laiteuse trs-prononce,moiti sous claviculaire, raies muqueuses, craquements secset humides, respiration rude, expiration prolonge.

    La surface de la langue prsentait une teinte rouge fonce;il en tait de mme pour les lvres. La soif, assez vive, semanifestait plus particulirement le soir.

    Le sommeil tait agit, et le matin le malade tait obligde changer de chemise et de flanelle, parce qu'une sueur abon-dante avait eu lieu. La peau tait sche ; le visage amaigrirevtait une teinte rosace.

    Le lendemain de son arrive, je soumis le malade au trai-tement suivant:

    Le matin, deux verres de petit-lait;Le soir, quatre heures et demie, un bain de petit-lait

    de trois quarts d'heure la temprature de 33 centigrades.Un rgime trs-doux, compos de lgumes.

    Chaque jour le malade passe une heure dans les salles d'inha-lation de vapeurs sulfureuses. Les bains de petit-lait et cetraitement minral sont continus pendant dix jours; au boutde ce temps, la langue a perdu sa teinte rouge, la fivre a

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    cess ainsi que la soif, l'ppetit s'est rveill, les sueurs ontdiminu, et le malade, apprciant le mieux qu'il prouve,prend courage. Je continue ce traitement pe